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BA SE Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2015 19(3), 247-261 Connaissances ethnobotaniques du baobab (Adansonia digitata L.) au Togo Adjéya B. Kébenzikato (1) , Kperkouma Wala (1) , Wouyo Atakpama (1) , Kangbéni Dimobé (1, 2, 3) , Marra Dourma (1) , Agblésséssi Y. Woégan (1) , Komlan Batawila (1) , Koffi Akpagana (1) (1) Université de Lomé. Faculté des Sciences. Laboratoire de Botanique et Écologie végétale. B.P. 1515. Lomé (Togo). E-mail : [email protected] (2) Université de Ouagadougou. UFR-SVT. Laboratoire de Biologie et Écologie Végétales. 03 B.P. 7021. Ouagadougou 03 (Burkina Faso). (3) Universität Rostock. Institut für Biowissenschaften, Allgemeine und Spezielle Botanik. DE-18051 Rostock (Deutschland). Reçu le 12 aout 2014, accepté le 1 avril 2015. Description du sujet. Une étude ethnobotanique a été réalisée en 2010 et 2011 à travers tout le territoire togolais sur les connaissances ethnobotaniques du baobab (Adansonia digitata L.). Objectifs. L’objectif de cette étude est de contribuer à la conservation de l’espèce et à la valorisation de ses produits. Spécifiquement, il s’agit de (i) évaluer la variation des connaissances endogènes des usages du baobab suivant les ethnies, le sexe, l’âge, la religion et la profession et (ii) déterminer la convergence d’usage interethnique de différentes parties de l’espèce. Méthode. La collecte des données est basée sur des enquêtes ethnobotaniques semi-structurées par interviews individuelles et par focus group de 205 séries d’enquêtes pour 712 personnes appartenant à 16 ethnies. L’évaluation de la connaissance s’est basée sur quatre indices d’utilisation : le nombre d’usages rapportés par partie de la plante, la valeur d’usage de la partie de la plante, l’usage spécifique et la valeur d’usage interspécifique. Résultats. Les résultats montrent une variation significative des connaissances d’usage au sein des ethnies (p = 0,000). Par contre, le sexe, l’âge, la religion et la fonction n’influent pas sur le niveau de connaissance. Les ethnies Kabyè, les Moba, les Gourma et les Nawdba localisées dans la partie septentrionale du pays ont présenté le niveau le plus élevé de connaissances d’utilisation des différentes parties du baobab, tandis que les Akposso, les Ewé et les Mina situées dans la partie méridionale sont les moins utilisatrices. Les usages alimentaire (99,51 %) et thérapeutiques (80 %) sont les plus rapportés. Les parties de plante les plus utilisées sont la pulpe (92,20 %) et les feuilles (87,32 %). Conclusions. Vu l’importance (alimentaire, thérapeutique, économique, etc.) sans cesse croissante de l’espèce, promouvoir sa conservation par l’utilisation rationnelle de ces différentes parties devient une action prioritaire dans la stratégie globale de la conservation des ressources phytogénétiques. Mots-clés. Adansonia digitata, utilisation traditionnelle, groupe ethnique, conservation des ressources, parties de plante (organes), Togo. Ethnobotanical knowledge of baobab (Adansonia digitata L.) in Togo Description of the subject. An ethnobotanical study was conducted from 2010 to 2011 across the country of Togo in order to investigate the population’s ethnobotanical knowledge of the African baobab tree (Adansonia digitata L.). Objectives. The overall objective of this study was to contribute to the conservation of the baobab species and the promotion of its products. The specific objectives were: (i) to assess the variation in endogenous knowledge of uses of baobab according to ethnic group, gender, age, religion and occupation, and (ii) to determine the inter-ethnic convergence of the use of different parts of the species. Method. Data collection was based on a series of 205 ethnobotanical semi-structured individual and focus group interviews, involving 712 respondents from 16 ethnic groups. The assessment of the participants’ knowledge was based on four use indices: the mean reported use of the plant, the plant part value, the specific use value and the interspecific use value. Results. The results showed a significant difference in use knowledge between ethnic groups (p = 0.000). However, sex, age, religion, and occupation did not affect the level of knowledge. The following ethnic groups such as the Kabyè, Moba, Gourma, and Nawdba, located in the northern part of the country showed the highest level of knowledge regarding the use of different parts of the baobab, while the ethnic groups composed by the Akposso, Ewé and Mina, located in the southern part, used the

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BASE Biotechnol. Agron. Soc. Environ.201519(3),247-261

Connaissancesethnobotaniquesdubaobab(Adansonia digitataL.)auTogoAdjéyaB.Kébenzikato(1),KperkoumaWala(1),WouyoAtakpama(1),KangbéniDimobé(1,2,3),MarraDourma(1),AgblésséssiY.Woégan(1),KomlanBatawila(1),KoffiAkpagana(1)(1)UniversitédeLomé.FacultédesSciences.LaboratoiredeBotaniqueetÉcologievégétale.B.P.1515.Lomé(Togo).E-mail:[email protected](2)UniversitédeOuagadougou.UFR-SVT.LaboratoiredeBiologieetÉcologieVégétales.03B.P.7021.Ouagadougou03(BurkinaFaso).(3)UniversitätRostock.InstitutfürBiowissenschaften,AllgemeineundSpezielleBotanik.DE-18051Rostock(Deutschland).

Reçule12aout2014,acceptéle1avril2015.

Description du sujet.Uneétudeethnobotaniqueaété réaliséeen2010et2011à travers tout le territoire togolaissur lesconnaissancesethnobotaniquesdubaobab(Adansonia digitataL.).Objectifs. L’objectif de cette étude est de contribuer à la conservation de l’espèce et à la valorisation de ses produits.Spécifiquement,ils’agitde(i)évaluerlavariationdesconnaissancesendogènesdesusagesdubaobabsuivantlesethnies,lesexe,l’âge,lareligionetlaprofessionet(ii)déterminerlaconvergenced’usageinterethniquededifférentespartiesdel’espèce.Méthode.Lacollectedesdonnéesestbaséesurdesenquêtesethnobotaniquessemi-structuréesparinterviewsindividuellesetparfocus groupde205sériesd’enquêtespour712personnesappartenantà16ethnies.L’évaluationdelaconnaissances’estbaséesurquatreindicesd’utilisation:lenombred’usagesrapportésparpartiedelaplante,lavaleurd’usagedelapartiedelaplante,l’usagespécifiqueetlavaleurd’usageinterspécifique.Résultats.Lesrésultatsmontrentunevariationsignificativedesconnaissancesd’usageauseindesethnies(p =0,000).Parcontre,lesexe,l’âge,lareligionetlafonctionn’influentpassurleniveaudeconnaissance.LesethniesKabyè,lesMoba,lesGourmaetlesNawdbalocaliséesdanslapartieseptentrionaledupaysontprésentéleniveauleplusélevédeconnaissancesd’utilisationdesdifférentespartiesdubaobab,tandisquelesAkposso,lesEwéetlesMinasituéesdanslapartieméridionalesontlesmoinsutilisatrices.Lesusagesalimentaire(99,51%)etthérapeutiques(80%)sontlesplusrapportés.Lespartiesdeplantelesplusutiliséessontlapulpe(92,20%)etlesfeuilles(87,32%).Conclusions.Vul’importance(alimentaire,thérapeutique,économique,etc.)sanscessecroissantedel’espèce,promouvoirsaconservationparl’utilisationrationnelledecesdifférentespartiesdevientuneactionprioritairedanslastratégieglobaledelaconservationdesressourcesphytogénétiques.Mots-clés.Adansonia digitata, utilisation traditionnelle, groupe ethnique, conservation des ressources, parties de plante(organes),Togo.

Ethnobotanical knowledge of baobab (Adansonia digitata L.) in TogoDescription of the subject. Anethnobotanicalstudywasconductedfrom2010to2011acrossthecountryofTogoinordertoinvestigatethepopulation’sethnobotanicalknowledgeoftheAfricanbaobabtree(Adansonia digitataL.).Objectives.Theoverallobjectiveofthisstudywastocontributetotheconservationofthebaobabspeciesandthepromotionofitsproducts.Thespecificobjectiveswere:(i)toassessthevariationinendogenousknowledgeofusesofbaobabaccordingtoethnicgroup,gender,age,religionandoccupation,and(ii)todeterminetheinter-ethnicconvergenceoftheuseofdifferentpartsofthespecies.Method.Datacollectionwasbasedonaseriesof205ethnobotanicalsemi-structuredindividualandfocusgroupinterviews,involving712 respondents from16 ethnic groups.The assessment of the participants’ knowledgewas based on four useindices:themeanreporteduseoftheplant,theplantpartvalue,thespecificusevalueandtheinterspecificusevalue.Results.Theresultsshowedasignificantdifferenceinuseknowledgebetweenethnicgroups(p=0.000).However,sex,age,religion,andoccupationdidnotaffectthelevelofknowledge.ThefollowingethnicgroupssuchastheKabyè,Moba,Gourma,andNawdba,locatedinthenorthernpartofthecountryshowedthehighestlevelofknowledgeregardingtheuseofdifferentpartsofthebaobab,whiletheethnicgroupscomposedbytheAkposso,EwéandMina,locatedinthesouthernpart,usedthe

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248 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201519(3),247-261 KébenzikatoA.B.,WalaK.,AtakpamaW.etal.

1. INTRODUCTION

L’Afrique est l’un des continents les plus richesen biodiversité (White, 1986; Myers et al., 2000;Wieringa et al., 2004).Desmilliers de personnes enmilieururaldépendentdecettebiodiversitépourleurnourriture,leursrevenusetpourdenombreusesautresfonctions(Akinnifesietal.,2006).Malgrécetterichesseet le progrès du front de développement humain,ce continent reste le plus pauvre et sous-alimenté(PNUD,2013).Unedessolutionsàceproblèmerestela valorisation des ressources naturelles disponiblesdéjàintégréesdanslaculturedespopulationsrurales.Aunombredecesressourcesfigurelebaobabafricain(Adansonia digitataL.),uneespèceàusagesmultiples,reconnue et largement intégrée par les communautésrurales(Codjiaetal.,2001;Assogbadjoetal.,2006;Diop et al., 2006; Chadare et al., 2008; Buchmannet al., 2010; Kaboré et al., 2011; Rabi’u et al.,2013).Cesmultiplesusagesontmotivélestravauxderecherchedeplusieurs thématiques surcetteplanteàtravers des projets sous-régionaux, dont SAFRUIT,SUNetDADOBAT,financésparl’Unioneuropéenne.

Dans le cadre de la valorisation et de la gestiondurable des ressources phytogénétiques du Togo,plusieurs études spécifiques ont été consacrées auxplantes médicinales (Gbogbo et al., 2006; Karouet al., 2011; Tchacondo et al., 2011; Tchacondoet al., 2012; Hoekou et al., 2013; Titikpina et al.,2013),aux légumessauvages(Batawilaetal.,2007),aux plantes alimentaires (Kébenzikato et al., 2006;Akpavi et al., 2008;Moukaïla, 2010;Akpavi et al.,2011)etauxplantescosmétiques(Pérékietal.,2012).En dépit de ces nombreuses études, les informationsrelativesaubaobabafricainrestentfragmentaires.Lesconnaissances sur les déterminants socio-culturels,de même que le mode de gestion de l’espèce, sontégalement lacunaires (Atato et al., 2010). Or, sesproduits dérivés sont très prisés par les ménages etleursusages,quiétaientjadisréservésauxpeuplesduNord-Togo,sontentrésaujourd’huidansleshabitudesalimentairesdelapopulationméridionale.

CetteétudeseproposedecontribueràlavalorisationdesproduitsdubaobabafricainauTogoetdecomblerles lacunes susmentionnées. Plus spécifiquement, ils’agit:

–d’évaluerlavariationdelaconnaissancedesusagesdeA. digitata suivant les ethnies, le sexe, l’âge, lareligionetlaprofession;

–dedéterminerlaconvergenced’usageinterethniquededifférentespartiesdel’espèce.

2. MATÉRIEL ET MÉTHODES

2.1. Milieu d’étude

Cetteétudeaétéréaliséesur l’ensembledu territoiretogolais. Situé sur la côte ouest africaine entre 6et 11° de latitudeNord et entre 0 et 2° de longitudeEst, leTogo couvre une superficie de 56600km². Ilest limité au Nord par le Burkina Faso, au Sud parl’OcéanAtlantique, à l’Est par leBénin et à l’Ouestpar leGhana (Figure 1).LeTogo est habité par unequarantaine d’ethnies qui se répartissent en troisgrandsgroupesethniquesprincipaux:legroupeAdja-Ewé au Sud, le groupe para-Gourma au Nord et legroupeKabyè-TemauCentre(Kuevi,1981).En2010,sa population était de 6191155habitants, dont 65%vivaientenmilieurural(DGSCN,2011).Lereliefestmarquéparlachainedemontagnesdel’Atakora,quiprendenécharpe lepaysduSud-OuestauNord-Est.Surleplanphytogéographique, leTogoestsubdiviséencinqzonesécologiques(Ern,1979),I,II,III,IVetVrespectivementduNordauSudreprésentéesparlesplainesduNord, lesmontagnesduNord, les plainesduCentre,lasectionméridionaledesmontsduTogo,la plaine côtière duSudTogo.Le climat est de typesoudanien au Nord de 8° latitude Nord et de typeguinéenauSud.Leréseauhydrographiquesesubdiviseen troisbassinsprincipaux: auNord, lebassinde laVoltaqui,parl’intermédiairedufleuveOti,collecteleseauxduKoumongou,delaKaraetduMô;auCentre,le bassin duMono et au Sud, le groupe des rivièrescôtières(ZioetHaho)quise jettentdansle lacTogo(lacleplusimportantsituéauSudduTogo).

2.2. Description de Adansonia digitata L.

Appartenant à la famille des Bombacaceae selon laclassificationclassique(Bruneletal.,1984)oulafamilledes Malvaceae pour la classification phyllogénique

plantless.Dietary(99.51%)andtherapeuticusesofthebaobab(80%)weremostreported.Theplantpartsreportedasbeingthemostusedwerethepulp(92.20%)andtheleaves(87.32%).Conclusions. Inviewoftheeverincreasingimportanceofthebaobab(dietary,therapeutic,economic,etc.),itisimperativethatthepromotionoftheconservationofthisspeciesthroughtherationalutilizationofitsdifferentpartsbeapriorityaspartoftheglobalstrategyforphytogeneticresourceconservation.Keywords.Adansonia digitata,traditionneluses,ethnicgroups,resourceconservation,plantparts,Togo.

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ConnaissancesethnobotaniquesdubaobabauTogo 249

(APG III, 2009), le baobab africain (Adansonia digitata)estunarbremassifde18à25mdehauteuretdontletroncpeutdépasserundiamètrede12m.Ilest notamment indigène dans la partie semi-aride del’Afrique sub-saharienne. La distribution actuelle del’espèce au travers des zones arides de l’Afrique estprincipalementdueàl’homme.

Constitué d’une masse spongieuse, le tronc estlisse, quelquefois irrégulièrement tuberculé en formede bouteille ventrue (Figure 2). L’écorce est lisseet grise.Les feuilles, caduques en saison sèche, sontalternes, longuement pétiolées (8-16cm), composéesdigitées,à5à9folioles(5-16x2-6cm),à13-20pairesdenervures secondaires, à limbeentier oudenticulé.Lesfleurssontblanches,grandes(10à20cmdelong),pendantes au bout d’un pédoncule pouvant atteindre1mdelongueur,solitaireouparpaire,hermaphrodite.Ellespossèdentdenombreusesétaminesblanchesetun

Figure 1. Localisationdelazoned’étude—Location of the study area.

Figure 2. Deux pieds de Adansonia digitata L. dans lazoneI—Two stems of Adansoniadigitata L. in the zone 1.

Legend Water areas

Rivers

Eco-floristic zones

I: Northern plain, dry savannahsII: Northern mountains, savannahs, open and dry forestsIII: Central plain, savannahs and dry forestsIV: Southern mountains, semi-deciduous forestsV: Costal plain, mosaic of savannahs and forest islets

Economic regionsSavannahs KaraCentre PlateauxMaritime

0 50 100 km

N

Gh

an

aatlantic Ocean

Be

nin

Legend

TogoWest African countriesAfrica

atlantic Ocean

0 3 000 km

Legend Togo

West African countries

0 500 1 000 km

alGeria

Wes

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ovaireà5à10loges.Lesboutonsflorauxapparaissentaudébutdelafeuillaisonetlafloraisonsefaitpendantlasaisondespluies.Lapollinisationestprincipalementassurée par des chauves-souris. La forme des fruitsvariedesubsphériqueàglobuleuxouovoïdede7,5à54cmdelong.L’enveloppedufruit(lepéricarpe)de0,5à1cmd’épaisseurestligneuse,dure,vert-brunâtreou jaunâtre-gris et remplie d’une pulpe de couleurblanchâtreàrose-pâle.Sesgrainessontparfoisrondes,ovalesoudeformesirrégulièresetdecouleurvariable,noireàrougeâtre.

2.3. Collecte des données

Les données ont été collectées de septembre 2010 àfévrier 2011 à travers des enquêtes ethnobotaniquessemi-structurées par interviews individuelles etpar focus group (groupe de deux ou plusieurspersonnes)dansleslocalitéschoisiessurlabased’unéchantillonnagestratifié.Troisniveauxdestratificationontétéretenus(Atatoetal.,2012;Pérékietal.,2012;Atakpamaetal.,2013):lescinqrégionséconomiques(premier niveau), les ethnies (deuxième niveau) etles villages (troisième niveau) tels des grappes ontété choisis. Les questionnaires ont été précédés parl’obtention de l’accord des autorités locales en leurexposantl’objectifdel’étude,puisdesenquêtés,choisisde façon aléatoire (Uprety et al., 2012; Atakpamaetal.,2013).Cesenquêtesontétécomplétéespardesobservationsdirectesdanslesformationsvégétalessurleterrain,lesménagesetlesmarchés.

2.4. Traitement des données

LetableurMicrosoftExcel®2010aétéutilisépourlasaisie et la codification des données.Les traitementsdes données ont consisté en une analyse statistiquedescriptive et en des analyses multivariées dont laclassificationascendantehiérarchique(CAH)desethniesselonlaméthodeWard’s.CetteanalyseaétéeffectuéegrâceaulogicielCommunityAnalysisPackage(CAP)etapermisdediscriminerlesgroupementsdesethniesenfonctiondespartiesutilisées,destypesd’usage,dela répartition géographique et des usages spécifiquesdesdifférentesparties(organes)del’espèce.

L’évaluation des connaissances s’est réalisée àpartir des calculs des indices des valeurs d’usage delaplantetelsquedéfinisparGomez-Beloz(2002)lorsd’une étude sur plusieurs espèces, ensuite adaptéesauxétudesspécifiquesàuneespèce(Avocèvouetal.,2009;Atakpamaetal.,2012;Atakpamaetal.,2013).Au total, quatre valeurs d’usage ont été calculées:le nombre d’usages rapportés par partie de la plantedéfinie (reported use for plant part, RUplant part), lavaleurd’usagedelapartie(plant part value,PPV),lavaleurd’usage spécifique (specific reported use,SU)

et lavaleurd’usageinterspécifique(Interspecific Use Value, IUV). Le nombre total des usages rapportéspourlaplante(reported use,RU)estégalàlasommedes usages rapportés par partie de la plante: RU=∑RUplantpart.Lavaleurd’usagedelapartiedelaplante(PPV) est égale au ratio entre la somme des usagespourunepartiepar rapportaunombre totald’usagespour la plante (PPV=RUplant part/RU). La partie dontlePPVestplusélevéauseind’uneethnieestlaplusutilisée par cette dernière. L’usage spécifique estl’usagetelquerapportéparenquêté.Lavaleurd’usagespécifique (SU) correspond au nombre de citationsrapportées pour cet usage. L’usage interspécifique(IUV)estleratiodel’usagespécifiquerapportéparlenombred’usagesrapportépourunepartiedelaplante(IUV=SUplantpart/RUplantpart).Ilpermetdedéterminerl’usagespécifiqueleplusimportantpourchaquepartiedelaplantepourchaqueethnie.LorsqueIUVestélevépourunorgane,celasignifiequel’utilisationdecettepartiepourunusagespécifiqueenquestionestconnueparlamajoritédesenquêtéspourlapartiedelaplante.Les tests statistiques (test de Fisher) de différentesvaleursontétéréalisésàl’aidedulogicielMinitab16.Cestestspermettentdedéterminersilesvariationsdesindicescalculéssontsignificatives.

3. RÉSULTATS

3.1. Profil des enquêtés

Au total, 205 fiches d’enquête ont été renseignées,soit 712 personnes appartenant à 16 ethnies ont étéenquêtées(Tableau 1).LesethniesauxeffectifslesplusélevéssontlesKabyè(19,38%),lesMoba(16,57%)etlesEwé(12,08%).Lamajoritédesrépondantsont50 ans révolus (75,22 %) et sont de sexe masculin(64,61%).Lescultivateurssontlesmieuxreprésentés(41,46%).Lesanimistesreprésentent47,33%dutotaldesenquêtés,tandisqueleschrétiensetlesmusulmansreprésententrespectivement37,22%et15,45%.

3.2. Parties du baobab utilisées

Touteslespartiesdel’espècesontutiliséesdepuislesfeuillesjusqu’auxracines.Ondistingue12différentesparties utilisées de la plante (Figure 3). Les partiesles plus rapportées sont la pulpe et les feuilles et lafréquencedecitationestrespectivementde92,20%et87,32%dutotaldesenquêtés.Lefruitentier,lesfleursetlestégumentsdesgrainessontmoinscités.

3.3. Types d’usage

DifférentespartiesdeA. digitatasontexploitéesàdesfinsdiversespartouteslesethniesdupays.Notreétude

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ConnaissancesethnobotaniquesdubaobabauTogo 251

distingueautotalsepttypesd’usage.Ils’agitdel’usagealimentaire, thérapeutique, agropastoral, domestique,psycho-magique (qui agit sur la psychologie del’individupourdonnerunrésultatpositifounégatifet

demanièremystique),cosmétiqueetdedivertissement.Parmi ces usages, l’usage alimentaire de l’espèceest reconnuparpresque tous les enquêtés (99,51%),suivi des usages thérapeutique (80%), agropastoral(37,56%) et domestique (29,76%). Les autrestypes d’usage, à savoir psycho-magique (10,73%),cosmétique (8,29%) et de divertissement (0,49%)sontpeucités.

3.4. Variation de connaissance des usages de A. digitata

Connaissances d’usages selon les ethnies.Lecalculdu nombremoyen des usages rapportés par enquêtémontre que l’importance de ces usages varie suivantles ethnies.Les tests statistiques (ANOVAOne-way)attestent que cette variation entre les ethnies estsignificative (p= 0,000). Par ordre décroissant dunombremoyendesusagesdeA. digitatarapportés,ondistinguequatregroupesd’ethnies(Tableau 2).

Uneclassificationascendantehiérarchique(CAH)des ethnies suivant la méthodeWard’s a permis dediscriminer trois grands groupes (GI, GII et GIII).GIIestsubdiviséendeuxsous-groupes:GIIaetGIIb(Figure 4).Quatrefacteursexpliquentladiscriminationde ces groupes, il s’agit de la diversité des partiesutilisées,dutyped’usage,delarépartitiongéographiqueetdesusagesspécifiques.LesusagesspécifiqueschezlesethniesduGIIasontpresquelesmêmesquechezcelles duGI,mais avec celles duGIIb il existe unedifférencequi résideauniveaude l’importancede lavaleurmoyennedesusagesrapportés.Elleestde9,5±3,69dansleGI;9,32±2,19dansleGIIa;8,42±3,38dansleGIIbet3,32±1,72dansleGIII.

GI rassemble les ethnies telles que les Nawdba,Kabyè,MobaetGourma,toutessituéesdanslapartieseptentrionale du pays, lesMoba etGourma dans larégion des Savanes et lesNawdba etKabyè dans larégiondelaKara.Cesethniesontrapportéuntotaldeneufpartiesdelaplante.Ils’agitdelaracine,l’amande,lepéricarpe, lapulpe, lesgraines, lespoilsurticants,l’écorce, lesfibres et les feuilles.LesNawdba et lesKabyèutilisent,enplusdesneufparties,letégumentdelagraine,c’estcequiexpliqueleurdissociationdugroupedesMobaetdesGourma.

GIIrenfermelesethniesNgangam,Peuhl,Lamba,Tem, Tamberma, Ifè, Konkomba, Kpéssi et Bassar.Il est subdivisé enGIIa:Ngangam, Peuhl et Lambaet GIIb: Tem, Tamberma, Ifè, Konkomba, Kpéssiet Bassar. Géographiquement, les ethnies du GIIse répartissent dans quatre régions économiques:les savanes (Ngangam), Kara (Lamba, Tamberma,Konkomba, Bassar), centrale (Kpéssi, Tem) et lesplateaux(Ifè).LesethniesduGIIbontétédissociéesdecellesduGIIaen raisondu faitquecesdernièresutilisent les graines à des fins alimentaires (sauce),

Tableau 1. Répartition des enquêtés suivant lesgroupes ethniques, le sexe, l’âge, la fonction et lareligion—Repartition of respondents according to ethnic groups, sex, age, occupation and religion.Facteurs Nombre des

enquêtésProportion del’échantillon (%)

EthniesAkposso 12 1,69Bassar 32 4,49Ewé 86 12,08Gourma 72 10,11Ifè 59 8,29Kabyè 138 19,38Konkomba 18 2,53Kpéssi 36 5,06Lamba 17 2,39Mina 13 1,83Moba 118 16,57Nawdba 38 5,34Ngangam 20 2,81Peuhl 7 0,98Tamberma 12 1,69Tem 34 4,78Classesd’âge≤50ans 177 24,88[50-75ans] 368 51,71≥75ans 167 23,41SexeFéminin 252 35,39Masculin 460 64,61FonctionAutoritélocale 149 20,98Commerçant 49 6,83Cultivateur 295 41,46Fonctionnaire 76 10,73Ménagère 142 20,00ReligionAnimistes 337 47,33Chrétiens 265 37,22Musulmans 110 15,45

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cequin’estpaslecaspourcellesduGIIbquinelesutilisentpasdutout.

GIII est composé des ethnies Akposso, Mina etEwésituéesdanslapartieméridionaledupays.C’estlegroupedesethniesquiutilisetrèsfaiblementl’espèce.Les parties utilisées sont l’amande, l’écorce, la

feuille et la pulpe qui sont exploitées en communparlestroisethnies.LafleurestutiliséeparlesMinaseules. Pour la plupart des parties, leurs usages sontprincipalement du type alimentaire et thérapeutique,accessoirement cosmétique, agropastoral etdomestique.

Lestestsstatistiques(ANOVAOne-way)attestentque cette variation est très significative entre lestrois groupes discriminés (p= 0,000).Cependant, onnote que les connaissances d’usage des organes sontpresquesimilairesentreGIetGIIetqu’ellesdiffèrentsignificativementduGIII(Figure 5).

Usages selon l’âge et le sexe. En ce qui concernel’âge, trois classes d’âge ont été définies, à savoir:âge≤50ans, compris entre 50 et 75ans et ≥75ans.Lesmoyennesdesusagesdestroisclassesd’âgesontvoisinesetégalesrespectivementà7,02±4,20;7,86±4,22 et 8,97± 3,60. Le test de Fisher montre qu’iln’existepasdedifférencesignificativeconcernantlestroisclassesd’âges(p=0,071).

Concernant le sexe, les moyennes des usages deA. digitata sont presque identiques, que ce soit chezl’homme (7,81± 4,07) ou chez la femme (8,08±4,30),montrantainsique lesusagesde l’espècesontbienconnuspar lesdeuxsexes.Les tests statistiquesréalisés avec la méthode de Fisher confirment cesrésultats(p=0,69).

Usages selon la fonction et la religion.L’impactdelafonctionetdelareligionsurlesusagesdel’espèceaétéabordéetilressortqu’ilyalemêmeniveaudeconnaissancesurlesusagesdeA. digitata.Quellequesoitlafonctionoccupée(autoritélocale,commerçant,

0 20 40 60 80 100

Fréquences (%)

Fruit entier

Fleurs

Téguments

Fibres

Graines

Poils urticants du fruit

Racine

Péricarpe

Amande

Écorce

Feuilles

Pulpe

Figure 3. Fréquenced’utilisationdesdifférentespartiesdeplantedubaobab— Frequency of use of different plant parts of baobab.

Tableau 2. Moyennes des usages spécifiques deAdansonia digitata L. suivant les groupes ethniques auTogo — Mean reported use of Adansonia digitata L. according to ethnic groups in Togo.Groupe Ethnies Moyenne d’usage (RUmoyen)G1 Tamberma 12,60±2,30

Nawdba 11,73±3,80Bassar 11,00±4,08

Kabyè 10,07±3,22G2 Gourma 9,80±4,01

Lamba 9,67±2,60Ngangam 9,60±2,07Konkomba 9,25±2,99Peuhl 8,40±1,52

G3 Moba 7,84±3,57Tem 7,40±2,80Kpéssi 7,00±1,63Ifè 6,63±3,20

G4 Mina 3,60±1,67Ewé 3,50±1,77Akposso 2,29±1,25

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ConnaissancesethnobotaniquesdubaobabauTogo 253

cultivateur,fonctionnaireouménagère),leRUmoyenest presque identique et égal à 4,00± 2. Les testsstatistiques de variabilité (ANOVAOne-way) de cesvaleursattestentqu’iln’yavraimentpasdevariationsignificative (p = 0,32). De même, les trois groupesdereligion(animistes,chrétiensetmusulmans)ontàpeu près unmême niveau de connaissance avec unemoyenne d’usage voisine de 7± 3 (p= 0,56). La

valeurdepétantsupérieureà0,50,ellenedoitpasêtreconsidéréecommeunevariationsignificative.Chezlesanimistes,leschrétiensetlesmusulmans,lamoyenned’usageestrespectivementégaleà6,78±3,28;6,49±3,96et7,29±2,29.

3.5. Convergence d’usage interethnique de différentes parties de l’espèce

Lesvaleursd’usagedes12parties rapportéesvarientsuivantlesgroupesethniques.Certainespartiestellesque la pulpe, les feuilles, les amandes sont utiliséesde lamêmefaçon.Cependant, il arriveque lemêmeorgane ait des usages spécifiques différents selon lesethnies. Les tableaux 3 et 4 présentent les indicesd’usage (RU,PPV, IUV)au seindedeuxethnies lesplusutilisatricesdubaobab.

Les feuilles fraiches et sèches constituent un deslégumes les plus connus et les plus consommés partouteslesethniesdupays(0,47≤IUV≤1).Ellessontbeaucoup utilisées dans l’art culinaire où elles sontpréparéessousformedesaucequiaccompagnelapâtede céréales telles que lemaïs (Zea mays), le sorgho(Sorghumsp.),lepetitmil(Pennisetum typhoides)etlefonio(Digitariasp.).Lavaleurd’usageinterspécifique

Figure 4. RegroupementdesethniesselonuneClassificationAscendanteHiérarchiqueenfonctiondelaconnaissanced’usagedubaobabauTogo—Ethnic grouping with Ascendant Hierarchical Classification according to the baobab use knowledge in Togo.

GI GIIa GIIb GIII

Groupes

Qua

ntité

d’u

sage

s

20

15

10

5

0

Figure 5. Niveau de connaissances des usages rapportés(RU) par les différentes ethnies—Level of knowledge of reported uses (RU) by different ethnic groups.

Indice de dissimilarité

1,18 0,884 0,589 0,2950 0

GIII

GII

GIIb

GIIa

GI

Akposso

Ewé

Mina

Bassar

Kpéssi

Konkomba

Ifè

Tamberma

Tem

Lamba

Peuhl

Ngangam

Gourma

Moba

Kabyè

Nawdba

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Tableau 3. Indicesdesvaleursd’usagededifférentespartiesdeAdansonia digitatachezlesKabyè—Use indices of different plant parts of Adansoniadigitata L. among Kabyè(RU=413).

Organes RUplant part PPV Usages spécifiques SU IUVAmande 64 0,155 Diarrhée 1 0,016

Hémorroïde 1 0,016

Mauxdepoitrine 1 0,016

Mauxdeventre 2 0,031

Moutarde 16 0,25

Piège 1 0,016

Plaiesd’accouchement 1 0,016

Plaiesintestinales 1 0,016

Sauce 39 0,609

Saucerituelle 1 0,016

Écorce 38 0,092 Agalactie 1 0,026

Cache-sexe 1 0,026

Complémentnutritionnel 4 0,105

Corde 16 0,421

Diarrhée 1 0,026

Épilepsie 3 0,079

Fracture 2 0,053

Litpourbébéprématuré 1 0,026

Mauxdepoitrine 1 0,026

Plaiesincurables 1 0,026

Plaiesintestinales 2 0,053

Stérilitéféminine 1 0,026

Tachescutanées 1 0,026

Tétanos 1 0,026

Toux 1 0,026

Troublesmentaux 1 0,026

Feuilles 53 0,128 Anémie 2 0,038

Engraisvert 1 0,019

Anorexie 1 0,019

Avitaminose 1 0,019

Brûlure 1 0,019

Fusilnocturne(spirituel) 1 0,019

Dysenterie 1 0,019

Fourrage 1 0,019

Plaies 1 0,019

Plaiesintestinales 1 0,019

Provendedevolailles 1 0,019

Sauce 40 0,755

Vermifuge 1 0,019

10 0,024 Allume-feu 2 0,2

Combustibledesfusilstraditionnels 1 0,1Abréviations:voirtableau 4 — Abbreviations :seetable 4. ./..

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ConnaissancesethnobotaniquesdubaobabauTogo 255

Tableau 3 (suite). Indicesdesvaleursd’usagededifférentespartiesdeAdansonia digitata chezlesKabyè—Use indices of different plant parts of Adansoniadigitata L. among Kabyè(RU=413).

Organes RUplant part PPV Usages spécifiques SU IUVFibres Éponge 7 0,7

Graines 4 0,010 Amaigrissement 1 0,25

Croqueravectégument 1 0,25

Sauce 2 0,5

Péricarpe 87 0,211 Antidote 7 0,080

Boisdefeu 10 0,115

Combustibleenpoterie 1 0,011

Conservationduharicot 1 0,011

Conserve-feu 1 0,011

Contremauvaisespritssursorgho 2 0,023

Contrevoleursauchamp 2 0,023

Origined’undécès 1 0,011

Potassepoursauce 34 0,391

Potassepoursavon 6 0,069

Potassepoursel 14 0,161

Protectiondeschamps 1 0,011

Récipient 2 0,023

Ritesfunéraires 4 0,046

Retardstaturo-pondéral 1 0,011

Poilsurticantsdufruit 21 0,051 Antidote 19 0,905

Morsuredeserpent 2 0,095

Pulpe 114 0,276 Abcès 1 0,009

Agalactie 2 0,018

Bouillie 37 0,325

Diarrhée 1 0,009

Jus 39 0,342

Mauxdeventre 1 0,009

Paludisme 29 0,254

Plaiesintestinales 2 0,018

Poterie 1 0,009

Provendedeporc 1 0,009

Racine 14 0,034 Complémentnutritionnel 1 0,071

Corde 2 0,143

Épilepsie 3 0,214

Ictère 1 0,071

Potassepoursauce 2 0,143

Potassepoursel 2 0,143

Racine Stérilitéféminine 2 0,143

Troublesmentaux 1 0,071

Téguments 8 0,019 Boisdefeu 1 0,125

Combustible 6 0,75

Génèredestermites 1 0,125

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Tableau 4. Indices d’usage de différentes parties deAdansonia digitata L. chez lesMoba—Use indices of different plant parts of Adansoniadigitata L. among Moba (RU=243).Organes RUplant part PPV Usages spécifiques SU IUVAmande 20 0,082 Avitaminose 1 0,05

Mauxdeventre 1 0,05Moutarde 4 0,2

Sauce 14 0,7Écorce 23 0,095 Abcès 3 0,130

Boufféedechaleur 1 0,043Boursouflure 2 0,087Complémentnutritionnel 1 0,043Corde 1 0,043Angine 2 0,087Mauxdepoitrine 6 0,261Mauxdeventre 1 0,043Mortrépétéedesbébés 1 0,043

Plaies 5 0,217Feuilles 69 0,284 Anémie 3 0,043

Anorexie 4 0,058Apéritif 1 0,014Avitaminose 1 0,014Décanteurdebièrelocale 1 0,014Désengorgeur 1 0,014Diarrhée 13 0,188Dysenterie 2 0,029Angine 1 0,014Mauxdepoitrine 2 0,029Mauxdeventre 4 0,058Paludisme 1 0,014Sauce 31 0,449Toux 3 0,043

Vomissement 1 0,014Fibres 1 0,004 Éponge 1 1Graines 29 0,119 Abcès 1 0,034

Anorexie 1 0,034Ballonnementduventre 1 0,034Désintoxication 1 0,034Facilitel’accouchement 1 0,034Galeanimale 1 0,034Mauxdepoitrine 1 0,034Moutarde 5 0,172Pesteaviaire 2 0,069

Sauce 15 0,517Péricarpe 16 0,066 Abcès 2 0,125

Anorexie 1 0,063

./..

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ConnaissancesethnobotaniquesdubaobabauTogo 257

de cette forme d’usage est voisine de 1, sauf chezlesGourma (IUV=0,47) et lesMoba (IUV=0,45).Danscesdeuxethnies,endehorsdel’usageculinaire,les feuilles sont beaucoup plus utilisées à des finsthérapeutiques.Rendues en poudre après séchage au

soleil,cesfeuillessontutiliséespoursoignerplusieursmaladies: ladysenteriechez lesGourma, ladiarrhéechezlesMoba,l’anémiechezlesNawdba(IUV=0,14)et lesBassar.Lamêmepoudresertàguérir l’anémiechezlesNawdba.Lesfeuillesfraichessoignentl’abcès

Tableau 4 (suite). Indicesd’usagededifférentespartiesdeAdansonia digitataL.chezlesMoba—Use indices of different plant parts of Adansoniadigitata L. among Moba(RU=243).

Organes RUplant part PPV Usages spécifiques SU IUVPéricarpe Boisdefeu 2 0,125

Furoncle 1 0,063

Mauxdegenoux 1 0,0625

Oreillon 1 0,063

Plaies 2 0,125

Potassepoursauce 3 0,188

Récipient 1 0,063

Règlesdouloureuses 1 0,063

Toux 1 0,063

Poilsurticantsdufruit 4 0,016 Antidote 1 0,25

Angine 1 0,25

Plaies 1 0,25

Toux 1 0,25

Pulpe 72 0,296 Agalactie 3 0,042

Anémie 1 0,014

Anorexie 1 0,014

Bouillie 28 0,389

Diarrhée 3 0,042

Angine 1 0,014

Jus 26 0,361

Mauxdemiction 1 0,014

Mauxdepoitrine 1 0,014

Mauxdeventre 1 0,014

Paludisme 3 0,042

Plaiesintestinales 1 0,014

Rougeole 1 0,014

Vomissement 1 0,014

Racine 9 0,037 Abcès 1 0,111

Facilitel’accouchement 1 0,111

Mauxdegenoux 1 0,111

Morsuredeserpent 1 0,111

Plaies 3 0,333

Ritesfunéraires 1 0,111

Toux 1 0,111RU:nombredecitationspourlaplante—reported use ;RUplantpart:nombredecitationsparpartiedelaplante—reported use for plant part;PPV:valeurdelapartiedelaplante—plant part value;SU:nombredecitationsd’unusagespécifique—specific reported use;IUV:valeurd’usageinterspécifique— interspecific use value.

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chezlesLamba(IUV=0,1),leverdeGuinéechezlesKonkomba (IUV= 0,2) et facilitent l’accouchementchezlesIfè(IUV=0,1).

Les amandes extraites des graines sont utiliséescomme un épaississant des sauces (0,5≤IUV≤1),primordialement ou sous forme de moutardetraditionnelle pour rehausser la qualité des sauces,secondairement(IUV≈0,5).ChezlesNawdba,Kabyè,MobaetGourma,savaleurd’usageinterspécifiqueestrespectivementégaleà0,5;0,61;0,7et0,5.

L’usagedelapulpesousformedebouillieetdejusglacéounonest reconnusur l’ensembledu territoire(Figure 3). Son usage sous formed’antipaludéen estconnudanstouteslesethnies,saufchezlesAkposso.CertainsusagessontspécifiquesàdesethniescommelesNawdbaetlesTambermaoùlapulpeestmélangéeà la farinedecéréalepourpréparer lapâteacidequipeutdureraumoinsseptjourssansêtreattaquéeparlesmoisissures(IUV=0,05;IUV=0,05).

Les poils urticants sont utilisés principalementcomme antidote de démangeaisons. Ils sont aussiutiliséscommepoisondans levindepalmechez lesTem (IUV= 0,33), lesKpéssi (IUV= 0,5) et les Ifè(IUV=0,33),pourluttercontrelesvoleurs.Eneffet,pour éviter que les voleurs retirent le vin de palme(sève extraite du tronc du palmier à huile) avant leretraitdupropriétaire,certainspropriétairesmettentlespoilsurticantsdesfruitsdeA. digitatadansleréservoir(jarre,gourde,bidon)avantd’yextrairelevin.Toutepersonnequiboirauntelvinauradesmauxdeventresuivisdeballonnements,quiseterminentparfoisparlamortenfonctiondel’importancedespoilsingurgités.Bien que ces poils soient utilisés comme poison, ilsinterviennent également en association avec d’autresproduits dans le traitement de certaines affectionstellesquel’hémorragienasale,latoux,latuberculose,lesmorsuresdeserpent,l’angine,lesplaies.

Les graines servent à préparer les sauces oula moutarde. Les moutardes interviennent dans letraitementdecertainsmaux,particulièrementlapesteaviaireoudubétail.Maislasaucefermentée,appelée«Btoofama », est la spécialité de l’ethnieTamberma(IUV=1).Eneffet,lesgrainesdufruitdebaobabsontconcasséesavecleurs téguments;àcetensemble,onajoutede l’eaupuison legardeausoleilpendantaumoins4h,jusqu’àfermentation.Cetensemblefermentéestutilisépourpréparerunesaucefermentée.ChezlesNawdba,lesgrainessontutiliséesdansdeuxdomainestrèsimportants:soitlorsdesritesderéincarnation,soitdanslesritesfunéraires.Letégument(enveloppedelagraine)estutilisécommecombustiblemélangéaufeuchezlesKabyè(IUV=0,87)etlesNawdba(IUV=1).

Les fibres qui relient les graines à l’intérieur dufruit,quantàelles,sontutiliséessousformed’épongetraditionnelle (0,33≤IUV≤1). La valeur d’usageinterspécifiquedesfibresestégaleà1chezlesethnies

duNordduTogo, telles lesBassar,Gourma,Kabyè,Lamba,Moba,Nawda,Ngangam,TambermaetTem.Lesrevendeusesdebièrelocale«Tchoukoudou»chezlesKabyè,«Raam»chezlesNawdba,«Tchakpalo»chezlesMobas’enserventpourlaverleurscalebasses(unité demesure pour la vente de bière locale).Cesfibres sont aussi utilisées comme combustible chezles Nawdba, Kabyè, Lamba, Peuhls, Tamberma. Parcontre,lesethniesduSud(Akposso,EwéetMina)nefontaucunusagedecesfibres.

Le péricarpe sert de conserve-feu (les braises defeu y sont conservées pour être amenées au champpouren faireusage)chez lesAkposso (IUV=1).Lepéricarpe est utilisé sous forme de poison chez lesKpéssi(IUV=0,5)etlesIfè(IUV=0,33).Surleplanmédicinal,iltraitelateigne,lestachescorporelles,lesabcès,lesplaies,latoux,lesfuroncles,l’anorexie,lesmauxdegenoux,lesoreillons,lesrèglesdouloureuses,leKwashiorkor(maladiedueaumanquedevitamineDchezlesenfants,doncils’agitd’uneavitaminose).Iljoueaussilerôled’anti-flèche(c’est-à-direprotègecontre les flèches), de récipient pour la conservationdeprovendepourvolailleetestutilisépourlepartagede viande de chasse et lors des rites funéraires. Lepéricarpe calciné donne de la cendre dont le filtratsert de potasse traditionnelle à multiples fonctions(0,33≤IUV≤1) appelé «Djim », «N’zona »,«Djingnou » et «N’djem » respectivement chez lesNawdba,Kabyè,MobaetGourma.Cettecendrejoueplusieursrôleschezlesdifférentesethniesrencontrées:–préparationdecertainslégumes,telsquelesfeuillesduniébé(Vignasp.)etdugombo;

–fabricationdusavontraditionnelchezlesKpéssi,lesTem,lesEwé;chezlesBassaretlesKonkomba;

–fabrication du sel gemme appelé «Sakplim/Rakplim »enNawdba,«Riyalim »enKabyè,utilisécomme substituant du sel de cuisine ou destiné àsoigner certaines maladies telles que l’angine, lesplaies buccales appelées «Norinn-Notte » chez lesNawdba (IUV=0,23)et«Nondah-heen »chez lesKabyè (IUV=016),usagesabsents chez lesMobaetlesGourma;

–fabricationdusavontraditionnelappelé«Kabyfofoh »enKabyèet«Djimfofoh »enNawdbaoùlavaleurdesonusageinterspécifiqueestrespectivementégaleà:IUV=0,07etIUV=0,04.

L’écorce du baobab est beaucoup exploitée àcause de sa fibre pour la fabrication de la corde(0,14≤IUV≤0,62)etlesobjetsd’artdansl’artisanat.LesethniesEwéetMinasituéesausuddupaysrestentles plus grandes utilisatrices de la fibre de l’écorcepour lecordageet la fabricationde l’éponge, suiviesdesLambaetdesIfè.Dansledomainedelamédecinetraditionnelle, cette écorce est beaucoup utiliséedans le traitement des plaies intestinales, des plaies

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ConnaissancesethnobotaniquesdubaobabauTogo 259

corporellesetlorsd’accouchement,demêmequedansle traitementdumaldepoitrineetduverdeGuinéeparplusieursethnies.Lapartienonfibreusestimulerait(complément nutritionnel) la croissance chez lesnouveaux-nés et traite l’agalactie et l’hypogalactiechezlesmammifères.CettepratiqueestconnuechezlesBassar(IUV=0,25)etlesKonkomba(IUV=0,14).

Les racines ont presque les mêmes usages quel’écorce: complément nutritionnel et cordage etinterviennent dans le traitement de l’agalactie/hypogalactie et des plaies. Les Bassar les utilisentpour améliorer la production des ignames et pourla protection spirituelle des champs et des maisons(famille).LesTemlesutilisentpoursoignerlamastite,les Tamberma pour la gonococcie et la convulsionappelée«Simka »enKabyè.LesPeuhlslesintègrentà la terre (pour améliorer la qualité de celle-ci) quisert de crépissage des bâtiments et les utilisent poursoigner leshémorroïdes.LesNgangamlesexploitentpour confectionner l’éponge et les cordes. La racineest un désenvoutant chez les Akposso (IUV= 0,5)etEwé(IUV=0,12)etsertdepotassepour lasauce(0,25≤IUV≤0,5)etlesavon(IUV=0,12).

Les Nawdba et les Kabyè utilisent la racinepour obtenir la potasse pour la sauce et le sel avecdes valeurs d’usage comprises entre 0,14 et 0,33(0,14≤IUV≤0,33). Elle est également utiliséecomme complément nutritionnel, dans le traitementdelastérilitéféminine,desplaies,encasd’épilepsie,demorsuredeserpent,d’abcès,d’ictère,danslesritesfunérairesetcommeaversiondeserpent.

4. DISCUSSION

Laprésente étude s’est basée sur le calcul de quatreindices importants pour déterminer le niveau deconnaissance des usages de A. digitata suivant lesgroupes ethniques, l’âge, le genre, la fonction etla religion d’une part, et la convergence d’usageinterethniquededifférentespartiesdel’espèce,d’autrepart. Ces indices ont déjà fait l’objet de plusieursétudes dans la sous-région (Avocèvou-Ayisso et al.,2011 ;Atakpamaet al., 2013).Les résultats révèlentque le niveau de connaissance de l’espèce variesignificativement selon les ethnies. Par contre, iln’existepasdedifférencestatistiquementsignificativesuivantlegenre,l’âge,lafonctionexercéeetlareligion.

Ladifférencedeconnaissancede l’espècepar lesethniesseraitdueàl’héritageculturel,lesconnaissancesétant transmises de génération en génération au seind’une même ethnie. Cette différence de l’usage deA. digitata a été aussi relevée par d’autres auteurs(Assogbadjo et al., 2006; De Caluwé et al., 2009).Des études similaires réalisées sur d’autres espècesà valeur socio-économique importante dans la sous-

régionconfirmentcesconstats(Fandohanetal.,2010;Assogbadjoetal.,2011;Kouraetal.,2011;Atakpamaetal.,2012).L’ethnierestealorsundesfacteursmajeursde différences dans les usages et connaissances desplantesentrelescommunautés.

Leniveaudeconnaissancede l’usagede l’espèceestplusélevédanslapartieseptentrionaledupaysquedanslapartieméridionale.Cesrésultatssontsimilairesà ceux rapportés parAtakpama et al. (2013) qui onttravaillé sur S. setigera au Togo. Selon ces auteurs,le niveau élevé de connaissance des plantes dans lazone septentrionale du pays est lié non seulement àla culture,mais aussi au taux de pauvreté élevé despopulations et à la faible urbanisation de cette zone.En effet, les populations de cette zone sont plustributaires des ressources naturelles. Elles utilisentces ressources à des fins économiques, médicinaleset alimentaires. L’urbanisation, quant à elle, entrainesouventlapertedesconnaissancesendogènes(Pérékiet al., 2012), c’est ce qui traduit le faible niveau deconnaissancedel’espècedanslapartieméridionaledupays.Une différenciation de la connaissance suivantla zone géographique a été aussi rapportée auBéninpar Avocèvou-Ayisso et al. (2011) et Gouwakinnouet al. (2011) qui ont travaillé respectivement surPentadesma butyracea et Sclerocarya birrea. Lasimilaritédeconnaissancesentrelesgroupesethniquesvoisinsseraitliéeauxéchangesdeconnaissancesentrelesethniesàtraverslesmariagesinterethniquesetlesliens d’amitié (Atakpama et al., 2012). Par ailleurs,l’occurrencede la ressource est aussi décrite commel’un des facteurs susceptibles d’influencer son usage(Gouwakinnou et al., 2011;Atakpama et al., 2013).Ceci pourrait être une cause aussi de différence deconnaissancedesusages,puisquel’espèceétudiéeestplusabondantedanslazonesoudaniennequedanslazoneguinéennedupays(Kébenzikatoetal.,2014).

Lespersonnesd’âgesupérieurouégalà75ansontuneconnaissanceplusgrandedesusagesdeA. digitata.L’impactdel’âgesurlaconnaissancedesplantesdanstouteslesethniesestaussipartagéparAyantundeetal.(2008)quiontdémontréquelaclassed’âgesupérieureà 50ans a plus de connaissances que celle compriseentre 25 et 50ans. Le niveau de connaissance desusagesdeA. digitatachezlesexeestpresqu’identique.CesmêmesrésultatsontétéauparavantrapportésparAvocèvou-Ayissoetal.(2011).

Il n’existe pas de différence significative sur leniveau de connaissance des usages selon la fonctionsocialedesenquêtés.CelasignifiequeA. digitataestune espèce largement connue de toutes les classessociales,d’oùlesmesuresdesaconservations’avèrentindispensablesafind’éviteroude limitersonérosionliée à la pression anthropique exercée sur elle (Walaetal.,2005).Lesreligionsn’ontpasd’impactmajeursurlesusagesdeA. digitata.

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260 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201519(3),247-261 KébenzikatoA.B.,WalaK.,AtakpamaW.etal.

L’usage de la pulpe sous forme d’anti-paludéensepratiqueenAfriquedel’Est,centraleetdel’Ouest(deAlbuquerqueetal.,2005;Krishnappaetal.,2012).L’usage du filtrat de la cendre du péricarpe du fruitcommelapotassetraditionnelleaétéaussirapportéparAkpoetal.(2004)auSoudan.SafumigationauneffetvalviciderapportéaucoursdelaprésenteétudechezlesEwé.CeteffetvalvicideaétéégalementdémontréparKrishnappaetal.(2012)enInde.

Enfin, les présents résultats sur les connaissancesethnobotaniques(concernantlesutilisationsenfonctiondesethnies,de l’âge,dusexe,de lafonctionetde lareligion)deA. digitatasontconformesàceuxtrouvésdans la sous-région (Rabi’u et al., 2013 auNigéria;Ayantunde et al., 2008 auNiger;Assogbadjo et al.,2006;Assogbadjoetal.,2011;DeCaluwéetal.,2009auBénin)oùdestravauxsimilairesontétémenés.

5. CONCLUSIONS

Ilressortdecetteétudequ’autotal12partiesdifférentesdeA. digitataontétéidentifiéescommefaisantl’objetde différents usages au sein de 16communautésethniquesauTogo.L’usagedelapulpeetdesfeuillesdecetteespècesontbienconnuesetcesproduitssontconsommés par toutes les ethnies togolaises. Lesusages spécifiques et le nombre de ces usages pourchaque organe varient significativement d’une ethnieougrouped’ethniesà l’autreainsiqu’en fonctiondeleur situation géographique. La partie septentrionaledu pays regroupe les ethnies les plus utilisatrices del’espèce,tandisquelesethnieslesmoinsutilisatricesseretrouventdanslapartieméridionale.Laconnaissancedesusagesestpresque identiqueselon l’âge, lesexe,la fonction et la religion.Aussi, cette étude a révélél’importancedesdifférentespartiesdeA. digitatasurleplansocio-économique,psycho-magiqueetmédicinaldanslaviedesutilisateurs.Decefait,promouvoirlaconservation de l’espèce par l’utilisation rationnelledecesdifférentespartiesdevientuneactionprioritairedans la stratégie globale de la conservation desressourcesphytogénétiques.

Remerciements

Les auteurs remercient particulièrement les populationslocales qui ont volontiers accepté de partager leursconnaissances, ainsi que lesguides et assistants de terrainpourtoutletempsconsacré.

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