cours d'agriculture

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COURS D'AGRICULTURE ET I)'ÉCONO MIE RURAL E ET DOMESTIQUE. PA IA M. Lovas DU BOIS. PARIS, RAYNAL , LIBRAIRE , A LTA PAVtg -SAINT - AADRli - DPA - ARCS,

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Page 1: COURS D'AGRICULTURE

COURSD'AGRICULTURE

ET

I)'ÉCONO MIE RURAL EET DOMESTIQUE.

PA IA M. Lovas DU BOIS.

PARIS,RAYNAL , LIBRAIRE ,

A LTA PAVtg -SAINT - AADRli - DPA - ARCS,

Page 2: COURS D'AGRICULTURE

AVIS.

MM. les Acquéreurs du Cours complet et

simplifié d'Agriculture sont priés de ne pasfaire relier ce volume avant d'avoir reçu la Tablegénérale alphabétique de tout l'ouvrage. Elle nepeut paraître qu'avec le tome premier, qui estsous presse , et sera délivrée gratuitement enmême temps que ce volume.

Page 3: COURS D'AGRICULTURE

COURS

D'AGRICULTURE.VI.

Page 4: COURS D'AGRICULTURE

COURSCOMPLET ET SIMPLIFIE

D'AGRICULTUREET

D'ÉCONOMIE RURALE

ET DOMESTIQUE;

PAR M. Louis DU BOIS,Membre de plusieurs Académies de Paris , des Départemens

et de l'Etrauger ; ancien Bibliothécaire , et l'un des

Collaborateurs du Cours d'Agriculture rédigé d'apnéeRozier.

TOME VI.

PARIS ,

RAYNAL , LIBRAIRE,RUE PAVÉE - SA TNT— ANDRÉ — DES— ARCS, N

° 13.

1825.

Page 5: COURS D'AGRICULTURE

oy

vee vsa.,o S L./a-o ma^u^uevo^se,weyowo.00 :r o^^arovo^e-„on.nvtSone

COURSD'AGRICULTURE.

JARDINS ET VERGERS.

LIVRE PREMIER.

POTAGER.

CHAPITRE PREMIER.

Considérations prélimina re8 ;

U x Jardin, bien entretenu, offre partout beau-coup d'agrément et d'utilité; mais, à la campagne,il est i ndispensable au ménage, puisqu'on ne peuts'y procurer autrement les légumes dont on aconstamment besoin.

Le Potager, bien fumé et bien cultivé,.,ge selasse jamais de produire. A étendue égale,. il

6 1

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2 CONSID2LRATIO\S PIII LI7IIINAIRI S.

rapporte trois ou quatre fois plus qu'un champ,et, toute l'année , on y recueille une foule deproductions utiles pour la table.

On doit donc apporter beaucoup d'attentionau choix du terrcin , à l'emplacement, à la clô-ture et aux travaux des Potagers.

Placé à proximité de la maison , afin qu'ilsoit mieux surveillé , et parce qu'on a souventbesoin d'y icourir , peu éloigné de l'eau , à causedes arrosemens , offrant un bon terrein substan-tiel et profond , pour que les légumes y soientplus beaux , il sera bien exposé au soleil , afinque ses produits aient à la fois plus de précocitéet de saveur , et une forte clôture , telle qu'unmur ou du moins une haie, le mettront à l'abrides incursions des animaux.

Le meilleur terrein pour un Potager doit êtrefrais sans être tout-à-fait humide , et sain sans

.. aridité.

Ii est bien_important que, tourné au sud, ex-posé aux bienfaits du soleil pendant toute l a jour-née , il soit mis à l'abri des vents du nord-ouest,du nord et du nord-est, qui empêchent de leverles premiers semis , font périr les premièresplantes délicates à mesure qu'elles lèvent , arrê-tent la végétation , retardent la maturité, et di-minuent la saveur des légumes et éles fruits. Lesvents d'ouest , uuoiquc moins froids, ont l'incon -

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CONs1D ANTIONS i'RLLIM1N4IRES . ;ve' tient d'ébranler, par la violence de leur at-teinte , les rames des haricots , de tourmenterles tiges élevées de certaines plantes, et de bri-ser même celles dont la contexture n'est pas

tres solide.Le Potager doit , autant qu'il est possible ,

être pourvu d'une réserve d'eau pour les arrose-

mens, et d'une fosse pour recevoir les sarclureset le grattage des allées, qui s'y mûrissent pen-dant l'automne et l'hiver, et sont bons à em-ployer comme engrais aux premiers labouragesdu printemps.

Nous avons parlé des avantages d'une bonneclôture : ils sont considérables , puisque , si elleest composée d'une muraille, indépendammentde la sûreté et de l'abri qu'elle offre , elle re-

ç oit des espaliers qui rapportent beaucoup d'ex-cellens fruits, et qu'elle favorise la culture desprimeurs sur les bordures qui sont â sa proxi-mité.

On construit les murs, suivant les lieux et aumeilleur marché qu'il est possible. Toutefoisc'est une économie bien entendue que de tra-vailler solidement. Les meilleurs murs sont debriques; ensuite ceux de pierre, et de caillouxliés à chaux et ciment , et même ceux de pisédans les localités on la brique et la pierre sontrares.

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CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

A défaut de murailles, on élève une forte haied'aubépine à triple ou quadruple rang , bienserrée, bien touffue, et de la hauteur qui con-vient. On la protége , au pied, par un fossé assezlarge et assez profond pour que les animaux n'yentrent pas. Cette baie doit avoir un mètre à unmètre et demi (5 à 4 pieds 6 pouces) au sud , ausud-est, et au sud-ouest. Il est à désirer quepartout ailleurs , et surtout au nord, elle soitbeaucoup plus haute. Faute de mieux, il seraitconvenable de planter sur ces points , on il fautélever un bon abri , quelques arbres que; l'onpût dresser en éventail au moyen du croissant :le charme , le tilleul , le hêtre , seraient propresà cet emploi. Il est toutefois une sorte de clôtureque je ne cesse de recommander, et qui est su-périeure à toutes celles que nous connaissons :c'est une haie d'ifs , qui ont le triple avantage

(I : conserver leurs feuilles, de s'élever haut, etde se garnir de rameaux touffus depuis le piedjusqu'à la cime. Cette baie est même très solide,parce qu'une fuis que l'if a acquis une certainehauteur , son bois est dur, et offre une granderésistance. fine telle baie vaut presque un mur :elle peut s'élever à cinq mètres et plus (i 5 pieds).Nous ne parlons pas du buis, parce qu'il vienttrop lentement, qu'il s'élève peu, et que, lors-qu'un pied vient à mourir, il laisse une brèche

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CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

désagréable qu'il est presque impossible de fer-mer proprement.

Ce que nous avons dit de la nature des terresdans le premier volume de cet ouvrage , reçoitici en partie son application. La variété de laterre du Jardin bien connue, on s'appliquera àla perfectionner, à la corriger par des mélanges,s'il le faut, et on lui procurera l'espèce d'engraiset de compôts qu'elle peut exiger. Quoi qu'il ensoit, on ne doit pas négliger d'avoir à sa dispo-sition une provision de terreau, parce qu'il estindispensable pour faire lever certaines graineset pour dle "ver quelques plantes délicates. On leforme avec de la terre recueillie au pied des haieset produite par la décomposition des feuilles etdes bois pourris; on le retire des fumiers con-sommés dans les couches ; on l'obtient des sar-dures que l'on a jetées dans des fosses. Le ter-reau si propre à faire lever les graines et à fairecroître les plantes délicates ne serait pas bon ,sans mélange, pour la culture des légumes et - desfruits qui n'acquerraient de volume qu'aux dé-pens de la saveur.

On amende communément le sol des Pota-gers avec du furnier, soit de cheval, soit de bêtesà cornes, soit de bêtes à laine : tous ces engraissont bons chacun dans son genre , ainsi que nousavons eu occasion de le dire. Il faut les employer

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G CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

avec discernement, mais il ne faut pas négligerde faire usagedes charrées , des cendres, des brû-lis de sarclure , des marnes , des curures bienmûries, et même du sable, si le fond est trop duret compacte.

Quel que soit le fumier dont on fera usage, ilne faut pas en mettre ou du moins il finit l'en-fouir profondément, s'il est placé dans une partiedestinée à recevoir des racines. C'est dans cettepartie, qui doit être ameublie, qu'il faut mettre,de préférence aux fumiers, des curures , desmarnes légères, du sable et un peu de terreau.

Au surplus, on améliore beaucoup k Potager,en relevant en rayons, au mois de novembre,tout le terrcin qui n'est plus occupé. La terre semûrit, devient légère, et au printemps elle sebêche avec une grande facilité. A ce moyen, ondétruit beaucoup de plantes parasites, et les cul-tures poussent avec rapidité. On est amplementdédommagé de ce travail d'automne au retourdu printemps, précisément à l'époque oit l'on abesoin d'opérer promptement.

C'est en carrés égaux qu'on distribue le Pota-ger. On peut leur donner une étendue plus oumoins considérable , mais leur subdivision enplanches a des règles déterminées. Ces planchesne doiveut être larges que d'un mètre à un mètretrente centimètres (3 à 4 pieds), afin qu'on

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CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 7

puisse les ensemencer, les sarcler, les serfouir ety recueillir les produits, sans être exposé à lespiétiner fréquemment.

Chaque carré doit présenter sur chacune deses quatre faces, le long des allées, une plate-bande dont la largeur sera d'un mètre au plus( 3 pieds), et qui, à ses extrémités , sera cou-pée par un petit. sentier pour faciliter l'accès desplanches. On borde la plate-bande avec des frai-siers du côté des planches, et avec de l'oseille, dupersil et d'autres fournitures du côté de l'allée :nous conseillons cette disposition , parce qu'ellenous semble avoir moins d'inconvénicns quetoute autre. En effet, on n'a que rarement besoind'aborder les fraisiers , tandis qu'il arrive fré-quemment que l'on est Obligé de' cueillir del'oseille et des autres plantes dont nous venonsde parler.

Bêcher souvent et à fond, amender par desfumiers et des compôts , biner , serfouir, sarcleret tenir le sol propre et meuble : tels sont lesmoyens d'obtenir d'un Potager des produits trisbeaux, abondans et savoureux.

Ordinairement on plante sur les plates-bandeside groseillers , tant à. grappes qu'épineux, lescassis, et quelques poiriers ou pommiers. Lesquenouilles et les pommiers nains sont préfé-rables à l'espalier en. éventail , parce qu'il in-

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8 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.

tercepte la circulation de l'air et les rayons dusoleil. Il ne sera admis que dans le cas où l'ex-position trop ardente du jardin et la nature ha-bituellement aride de son sol , rendent un peud'ombrage nécessaire et font redouter les couransd'air trop multipliés et trop violons.

Il a bien fallu fixer des époques pour les tra-vaux du jardinage, afin de ne pas laisser les ou-vriers s'égarer arbitrairement, et savoir à peuprès quand il convient de se disposer à travailler,pour faire de son temps une utile répartition.Toutefois cette fixation ne saurait être qu'ap-proximative, puisque telle année est précoce,puisque tel tcrrein , telle exposition favorisentde bonne heure la végétation , tandis que, dansd'autres années, et sur un sol moins léger etmoins chaud , la végétation s'opère beaucoupplus tard. C'est donc à l'observateur intelligentqu'il convient de faire en temps opportun sestravaux et ses ensemencemens . Ce temps est in-diqué par la nature elle-même qui, dans les au -

nées dites précoces, produit des fleurs et desfeuilles, quelquefois un mois plus tôt dans uneannée que dans l'autre. Ainsi nous avons crufaire une chose utile , en donnant en têtenotre Année de culture une sorte de calendr rvégétal et naturel , plus sûr que les indicationsdes almanachs astronomiques. En effet, lorsque

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CONSIDTRATIONS PRÉLIMINAIRES. 9telle plante se couvre de fleurs, lorsque tel arbrese revêt de son feuillage, il est certain due la terreest assez pourvue de calorique et la végétationpar conséquent assez avancée , pour que l'on .puisse se livrer à certaines cultures et confier àla terre certains enseinencemens .

Si le temps est froid, si la terre est lourde, ilfaut employer plus de semence que s'il fesaitchaud , ou si le-sol était léger. Les circonstancesles plus favorables au succès des enscmencemens ,comme des plantations, sont une terre légère,bien exposée au soleil , une température humideet chaude.

Dès que le mois de février est arrivé, les tra-vaux du jardinage commencent pour durer jus-qu'en novembre, Ce sont alors de continuellesopérations : bêcher, fumer, ensemencer, ser-fouir, arroser, sarcler, tailler, arracher, éclaircir,remplacer, transplanter, recueillir; faire uneguerre non interrompue aux plantes parasites,aux insectes et aux autres animaux nuisibles.

Les plantes que l'on établit à demeure doiventêtre choisies parmi les individus les plus beaux,les plus sains, les plus vigoureux et les mieuxenracinés. Les graines que l'en sème doivent,avoir été recueillies bien mûres et conservéesbien sainement au frais, être à la fois bien grosseset bien pesantes. C'est le moyen d'obtenir plus

L .

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tO CONSIDÉRATIONS PRI'LIDIIN_1IRES .

tôt et d'avoir des produits meilleurs, ainsi que depropager et de maintenir les bonnes espèces.

Nous répéterons, car il ne faut pas craindrede revenir à la charge contre la routine et lespréjugés qui sont opiniâtres dans leur erreur,qu'il est inutile d'avoir égard aux phases de lalune pour les ensemencemens , les émondages oules tailles; qu'il est au moins inutile de fairetremper les graines dans le vin, lelait ou telle autreliqueur, qui ne sauraient communiquer aux fruitsà venir aucune espèce de qualité, et qui peuventnuire à la germination qui ne s'opère nulle partaussi bien que dans une terre légère, humide etchaude.

Les graines ont besoin d'être dépaysées, parceque celles que l'on sème au lieu où elles' ont mûrifinissent à la longue par produire des plantesabâtardies. En, général on doit tirer de Paris lesgraines dont on veut faire usage. C'est une faibledépense dont on est amplement dédommagé parla bonne qualité des variétés que l'on veut cul-tiver.

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FLV E S. 11

CHAPITRE II.

Graines légumineuses.

Nous réunirons clans ce chapitre, les princi-pales graines légumineuses que l'on cultive dansnos jardins, et que l'on sert sur nos tables : telssont les Fèves, les Haricots , les Pois, et les Len-

t i nes .

FÎ vrs . ( . Fal.a major.)

Désignées communément sous le nom de Fèvesde marais, parce que, à Paris, on cultive laplus grande partie des légumes dans l'ancien ma-rais qui touchait aux murs de la capitale ( 1), cesFèves sont les plus grosses et les plus recher-

cluses . Elles sont très délicates tant qu'elles sonttendres. C'est un mets fort prisa dans sa pri-meur. La Fève réussit mieux dans les terres

(i) C'est de là qu'est venu le nom de maraîcher,,donné , à Paris, anx jardiniers qui cultivent les legn:nes.•

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12 FÉ VFS .

compactes que dans les fonds légers. On la sèmedès la fin de janvier, en février, en mars , afind'en pouvoir cueillir pour la table en mai, enjuin et en juillet. Afin d'en avoir plus tard, orsdoit en semer dans le courant d'avril et de mai.

Le terrein ayant été bien fumé et bêché pro-fondément, on sème les Fèves en rayons , distansl'un de l'autre de trente à quarante centimètres(1 pied à 15 pouces ). L'espace entre chaqueFève doit êtrede trente-deux centimètres (1 pied),et on la recouvre de cinq à douze centimètres(2 à 4 pouces) de terre , selon qu'elle est légèreou forte, c'est-à-dire, de cinq dans les teereinscompacts et de douze dans ceux qui ne le sontpas. II est même bon dans cette dernière espècede sol, de piétiner un peu l'ensemencement,. afinque la racine des Fèves soit mieux affermie.Comme le germe de cette plante est très gros etrobuste, il trouve toujours le moyen de se fairejour quand elle vient à lever. Si on n'est pas sûrde la bonté des graines qu'on emploie, on lesmet deux à deux, et si toutes deux viennent àprospérer, on arrache ou brise la plus faible.

Aussit8t que ces plantes ont acquis une hauteurde dix centimètres (4 pouces ), on les rechausseavec une petite houe ou binette, qui leur procurel'avantage de nettoyer le sol, de l'ameublir unpeu et de fortifier leur pied. Cette opération peut

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e

FÈVES. I 3

se faire à deux reprises'afin de mieux détruire lesplantes parasites; alors on enfonce moins la bi-nette, et on fait le second travail quinze à vingtjours après le premier, et toujours de manière àprofiter du temps où la Fève, peu élevée encore,n'a pas à craindre d'être endommagée par lesoutils.

En général le binage ou serfouissage écono-mise les sarclages qui sont plus difficiles et pluslongs; il ameublit le terrein , il rechausse lesplantes, il permet à l'air, à l'eau, au soleil deparvenir facilement aux racines, et par consé-quent d'accélérer les progrès et la force de lavégétation.

Cultivée en grand , dans les champs où elleréussit bien, pourvu qu'il y ait du fond, la Fèveest abandonnée à elle-même, et rapporte né-cessairement moins que celle qui reçoit les soinsdu jardinier. En effet, il est nécessaire de l'arrêterou pincer aussitôt que ses premières fleurs, cellesd'en bas , sont fanées. On se sert de l'ongle pourcette opération qui est aussi facile que prompte .on enlève le bout de la plante qu'il faut recueillirdans une corbeille, et brûler s'il est couvert depucerons , comme il arrive trop souvent, afind'empêcher ces insectes de se multiplier et de sejeter sur toutes les cultures du jardin ; sans cetteamputation qui enlève environ douze à trente

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FcvES .millimètres ( 6 lignes à i pouce) de la sommité,la Fève rapporterait beaucoup moins et serait.moins bene,

Si on recueille les Fèves en vert, époque àlaquelle la tige est forte et en pleine sève, on peut,au lieu de l'arracher pour substituer un autreensemencement, se borner à la couper rez-tcrre :elle repousse d'autres jets et produit une seconderécolte, surtout si le temps est chaud et humide,et si la terre est ameublie par un bon serfouissage.Les jeunes tiges vertes sont recherchées par lesbestiaux; elles peuvent aussi faire du fumier, oubien mises au feu elles donnent une cendre abon-dante. Desséchas , elles ne servent plus qu'àbrûler soit au foyer, soit dans les fours.

Nous avons conseillé de semer les Fèves enrayons: généralement ce mode de culture est bonparce qu'il facilite le sarclage et l'opération de labinette, et qu'il donne à L'air et au soleil un librepassage. Toutefois quelques cultivateurs sèmentleurs Fèves par touffes composées chacune detrois ou quatre graines , et distribuent ces touffesà une distance de quarante centimètres (i 5 pou-ces). On serfouit, on sarcle, on pince comme àl'ordinaire.

Pour obtenir de bonnes graines on laisse mûrirquelques pieds, choisis parmi les plus vigoureux,et on reconnaît la maturité à la couleur noire des.

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I'üVES . 1J

gousses, et â I'état de dessèchement des tiges. Onen fait la récolte par un beau temps et cm sus-pend ces tiges dans un grenier a l'air libre, pourque la maturité se complète; puis on détacheles gousses pour ne les ouvrir qu'au mo-ment où on veut semer, a moins qu'on necraigne de voir attaquer la. Fève par les bruchesdu pois. Dans ce cas on écosse, et de temps entemps on vanne pour nettoyer de plus en plus etécarter ces insectes nialfesans . Toutefois, a moinsque le germe n'en soit dévoré, la Fève percée etrongée n'en est guere moins bonne pour l'ense-mencement.

Croyant accélérer la germination de leurs grai-nes, quelques personnes ont l'habitude de lesmettre tremper dans de l'eau. C'est une précau-tion au moins inutile, ainsi que l'a remarqué unpraticien éclairé (i). Il dit avec raison :

« Avant que de semer les Fèves, beaucoupde personnes, esclaves des anciennes pratiques,les font tremper, soit clans l'eau naturelle , soitdans l'eau de fumier, dans l'opinion que cela lesfait plus tôt germer et lever; pour moi qui en ai

( r ) De Combes , Erole du Jardin Potager, dont lameilleure édition , accompagnée eUailleurs de quelquesnotes, a paru en 1822, Paris, RAYNAL . 3 vol. in-12 .

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16 HARICOTS.

fait l'expérience pour ma règle , le seul effet quej'en aie aperçu, c'est qu'après les avoir ainsitrempées, il en pourrissait beaucoup en terre quine levaient pas, et que les autres n'avançaient pasdavantage : chacun pourra l'éprouver. »

Les meilleures espèces de Fèves sont : 1. laGrosse Fève ordinaire; 2° la Fève d longuesCosses; 3° la Fève de Windsor, toutes trois àgrosses semences; 4° la petite Fève Julienne;5° la Fève Naine, très propre à faire des bor-dures autour des carrés et le long des plates-ban-des; et 6° la Fève verte de la Chine, qui , quoi-que mûre, reste toujours verte, et qui produitbeaucoup.

HARICOTS ( Phaseolus . )

Ce légume est de tous ceux que nous cultivonsle plus fréquemment employé, et il le serait plusencore si les gelées tardives et les froids précocesde notre climat , ne bornaient pas sa culture et savégétation à quelques mois. En effet on ne peutguère le semer qu'au commencement de niai ,et dès la fin d'octobre il a tout à craindre. Tou-tefois dans le cours de ces cinq à six mois, ilproduit beaucoup et a le temps de parvenir à lamaturité. Ainsi on peut le manger en vert et en

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HARICOTS. 17sec. C'est une des principales ressources alimen-taires pendant l'hiver, pour les amateurs de lé-gumes.

Le Haricot ne craint ni les oiseaux ni les insec-tes : ainsi on peut l'établir dans les parties les plus

écartées , et les plus éloignées de la surveillance.Dès la mi-avril, ou la fin de ce mois, quand la

saison est douce et que d'ailleurs on a quelquesabris, on peut déjà mettre en terre quelquesHaricots. Cependant ce n'est qu'au commence-ment de mai qu'on les seine avec sécurité; car lesplus faibles gelées les détruisent en naissant, etil faut recommencer sa plantation.

La terre qui convient le mieux à ce légume estcelle qui est plutôt sèche qu'humide, légère quecompacte, chaude que froide, pourvu qu'ellesoit substantielle. Il n'est pas nécessaire de met-tre de fumier, ni même de terreau dans lesplanches destinées aux Haricots, mais ils réussi-ront mieux si, pendant l'hiver, la terre a été re-levée en rayons, et engraissée l'année précédenteavec du fumier de vaches.

On a l'usage, dans beaucoup d'endroits, de se-mer les Haricots par pincée, par exemple quatre

A cinq dans chaque trou que l'on éloigne d'envi-ron trois décimètres ( 1 pied ). Cette méthodeest expéditive, mais elle présente l'inconvénient(l'employer inutilement beaucoup de semence

Page 22: COURS D'AGRICULTURE

13 HARICOTS.

de rapprocher tellement les tiges, que, surtoutdans les années humides, c11es se nuisent et s'é-chauffent . C'est encore le cas de semer par rayons,procédé supérieur à tous les autres, toutes les foisqu'on peut en faire usage; on met entre les rayonsun espace de trente deux centimètres { I pied ),et quatorze à seize centimètres ( 5 à 6 pouces )•entre les graines. On recouvre de quatre à six cen-timètres (i à a pouces), afin de ne pas trop offrird'obstacle au germe délicat du Haricot. Il est mêmeprudent, lorsque la terre s'est durcie après l'en-semencement , soit par le hâle , soit par les fortespluies, de l'ameublir en passant la binette dans lesrayons et même en arrosant un peu pour amol-lir la cro ûte qui s'oppose au développement dugerme. Aussitôt que les Haricots sont levés, ondoit remplacer ceux qui ont manqué, afin de nepas perdre de terrein , et pour que les nouveauxsemés puissent grandir en même temps que lesautres et ne soient pas étouffés par eux.

Lorsque le jeune semis est haut de huit centi-mètres (3 pouces) on bine les rayons afin de rt;-chausser les pieds et d'extirper les mauvaisesherbes. C'est une opération qu'il faut renouvelertous les quinze jours jusqu'à ce que les feuillesdes haricots couvrent le sol.

Les Haricots nains exigent un binage plu sprolongé que les autres Haricots , qui ne tar-

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Hi al cors. 1 gdent pas à ombrager leur pied et à réclamer desrames. C'est ce qu'on leur doit procurer aussitôtque les filets montent et se contournent, afin dene pas les laisser s'enchevêtrer et se nuire. Lesmeilleures rames sont celles qui sont les plusdroites et les plus nettess-de branchages. C'estle contraire pour les Pois qui sont pourvus devrilles qui s'attachent partout, tandis que le filetdu Haricot se tourne en spirale autour d'uneseule branche de rame. Pour n'être pas obligéde se procurer tons les ans des rames, il fautn'employer que celles qui sont, soit de châtaignier,soit mieux encore de chêne pelard, c'est-à dire dé-pouillé de son écorce, que l'on a durcies au feu,surtout par la partie qui s'enfonce en terre. Re-tirées à temps, et mises à l'abri pendant l'hiver,ces rames servent plusieurs années.

On doit les placer avec quelque précaution,afin de ne pas offenser les racines des Haricots,et les établir droites, afin que, lorsqu'elles serontchargées de gousses, elles ne se déplacent pas cine s'affaissent pas sur les rames voisines.

Pour se ménager le plaisir de manger des Hari-cots verts le plus long-temps qu'il est possible, onen sème à diverses reprises, mais on ne doit pasaller au-delà du mois de juillet, parce que lesfroids de la fin d'octobre empêcheraient la flo-raison , et le développement des gousses.

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20 H!1RICOTS .

On peut cueillir, dans les mêmes planches, lesHaricots soit verts, soit secs, à mesure qu'onles trouve bons. Pour la semence de l'année sui-vante, on réserve sur pied jusqu'à maturité par-faite les plus belles gousses. Le Haricot craintl'humidité qui ne tarde pas h l'échauffer et mêmeà le faire pourrir aussitôt qu'il est mûr. C'estpourquoi, lorsque la saison est pluvieuse, il fautvisiter fréquemment les planches et faire sa ré-colte. On suspend dans un grenier, on expose àquelques courans d'air et même au soleil les pa-quets de gousses, afin qu'elles se sèchent complé-ternent et puissent se conserver sainement.En général les ;raines se gardent plus facilementet plus long-temps dans les enveloppes dont lanature les a pourvues , que lorsqu'elles sont à nuexposées à l'air, à la lumière même. Ainsi onn'écosse que pour semer, et à mesure qu'on ena besoin pour la cuisine.

Les tiges et les enveloppes des gousses du Ha-ricot servent à faire de la litiêre ou à chaufferles fours : elles donnent d'ailleurs une bonnecendre.

Quoique l'on ait constaté l'existence de plusde soixante variétés du Haricot, il faut réduire àun nombre beaucoup moindre celles qui mé-ritent l'attention et le choix du cultivateur.

Page 25: COURS D'AGRICULTURE

HARICOTS. 2 t

On distingue ce légume précieux en Haricotsa rames et en Haricots nains.

HARICOTS A RAMES. Les meilleurs de cettedivision sont : 1°. le Haricot de Soissons, blanc,gros, applati , excellent à manger en sec; le

Prédome ou Prodomet , tant le blanc que le jau-ne, dont le grain est presque rond, dont la saveurest délicate, surtout en vert, et dont on mange lagousse même, tant qu'elle n'est pas desséchée;3°. le Haricot de Prague, à grain arrondi, soitbicolore, soit rougeâtre , montant très haut, pro-ductif, sans parchemin, mais ayant l'inconvé-nient d'être un peu tardif; excellent en vert eten sec; 4°. le Haricot Sabre, produisant delongues et larges gousses, montant à une grandehauteur, rapportant beaucoup, d'une excellentesaveur, que l'on peut presque partout considérercomme supérieure â celle du Haricot de Soissons,qui ne jouit guère de sa bonne qualité que dansles environs de la ville qui lui a donné son nom :ses graines sont blanches et applatics z 5°. le Ha-ricot Sophie, à grain blanc et gros, sans parche-min , très bon en vert, ayant beaucoup de rap-port avec le Haricot de Prague, qui donne desproduits plus petits; 6°. le .Haricot Riz, ainsinominé de sa petitesse et de sa couleur; rond etlong , très productif , délicat en vert , soit en

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22 HARICOTS.

gousse, soit récemment écossé; et 7". le HaricotEcarlate ou Haricot d'Espagne, dont la goussevolumineuse, au lieu d'être lisse comme dans lesautres variétés , est chagrinée et d'un vert foncé.La fleur est d'un très beau rouge, le grain estviolet et marqueté de noir. Il y en a une variétéà fleurs blanches. Ces Haricots ne sont pas d'unesaveur délicate, mais ils sont bons et produisentbeaucoup. Malheureusement quand les automnessont froids et humides , ces deux variétés ne par-viennent pas à une maturité complète.

HARICOTS NAINS. Ils ont l'avantage de ne pasexiger de rames, et de pouvoir être cultivés dans

ics plates-bandes et en bordures. Voici les va-riëtes auxquelles on accorde la préférence : t°. leHaricot Fageolet (1) ou Haricot nain &V if deLaon , s'élevant fort peu , très précoce , et re-cherché surtout en vert pour les primeurs; àgrain long et arrondi, de couleur blanche; assezbon en sec; 2 ° . le Haricot nain de Soissons .précoce aussi , excellent en vert, passable encorelorsqu'il est sec, et produisant beaucoup, grainblanc, gros et applati ; 5°. Haricot nain blancsans parchemin , ne convenant que dans les

(i) Et non pas Flageolet. Fageoict vient de l'italienÎ nqirrkz . i

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HARICOTS. 25terreins secs, parce que ses gousses longues etlarges trament jusqu'à terre; à grain blanc etmoyen; bon en vert et en sec; produisant beau-coup et s'étendant au large ; 4°.1e Haricot Sabi enain, fort ressemblant au précédent, excepté queses gousses sont encore plus longues et plus élar-gies; 5°. le Haricot nain blanc d'lnaérique ,dépourvu aussi de parchemin, s'élevant peu ets'étendant beaucoup, très productif, ayant quel-quefois de la propension à filer, mais que l'on asoin de pincer; à grain blanc et petit , très bonen sec; 6". le Haricot Suisse, soit rouge, soitblanc, soit gris, tous a grain allongé, excellent envert , bon en sec , et comme le précédent filantquelquefois; 7°. le Haricot gris de Bagnolet,qui est le meilleur à employer pour confire et

eons mer ; 8". le Haricot ventre de Biche, qui abeaucoup de ressemblance avec les HaricotsSuisses et avec celui de Bagnolet; g °. le Haricotrouge d'Orléans, à grain petit et applati , ex-cellent en sec; 10°. le Haricot Nègre, excellenten vert, productif et précoce; i i•. le Haricot

nainjaunedu Canada, très précoce, s'élevanttrès peu, à grain arrondi; très bon, soit en vert.soit en sec , et récemment écossé; et I 2 ° . leHaricot de la Chine, à grain arrondi, soit jaunepâle , soit jaune bronze ; productif cc.mnie leprécédent, bon tant en sec qu'en vert.

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24 POIS.

POIS ( Pisuna ).

C'est de tous les légumes â grain que l'onmange en vert (I) le plus recherché. Il est peudifficile sur le choix du terrein et de l'exposi-tion , et , si les oiseaux et les insectes ne l'atta-quaient pas, il réunirait tous les avantages.

On le sème sur terrein défoncé, bien ameu-bli, engraissé plutôt avec des terreaux qu'avecdu fumier ; son ensemencement, sa culture et lamanière de ramer ne diflèrent nullement de ceuxdes Haricots, excepté que pour le Pois les ramesn'ont pas besoin d'être très hautes et doiventêtre branchues afin qu'il puisse s'attacher avecses vrilles partout où il projete ses rameaux nom-

breux . On met seulement un peu plus de distanceentre les grands Pois qu'entre les petites variétés.

Comme les premiers sont partout recherchéset par conséquent ont de la valeur, il est bon desemer des pois dès la fin de novembre et dans le

(i) Le Pois, même sec, serait plus agréable au goût,si , au lieu de le faire cuire tel qu'il est, ou le fesaitgermer dans l'eau , afin de développer son principesucré , comme on en use pour les grains destinés ùfaire la bière .

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POIS. 2 i

courant de l'hiver, sauf à les placer à l'abri d'unmur ou sur des ados, et à les couvrir pendant lesgelées avec de la balle de vannures ou mieux en-core avec des tiges brisées de chanvre et de lin.Les Pois que l'on emploie aux ensemencemensd'hiver sont les Michaux et autres variétés pré-coces et robustes.

Au reste, afin de se ménager long-temps la sa-tisfaction de recueillir et de manger des petitsPois , il est à propos d'en semer assez fréquemmentdepuis le commencement du printemps jusquedans le mois d'août.

Les terres trop grasses ou trop fumées ne cou-ti iennent pas au Pois, parce qu'elles le font pous-ser trop en branches et nuisent à la fécondité deses fleurs. C'est pourquoi on doit lui procurerune terre légère et sablonneuse, des terres rap-portées, des curures mûries, de la marne, etmême du sable. Toutefois si le sol était trop peusubstantiel, il faudrait l'amender avec du terreauou des curures jetées sur l'ensemencement, etnon pas mis en terre.

Quand on manque de rimes , ou lorsqu'onvise plus à la beauté et à la précocité des produitsqu'A leur abondance , on pince les jeunes piedsau-dessus de leur troisième fleur ou de leur qua-trième, s'ils sont très vigoureux.

On reconnaît que les Pois sont secs et bons à6 2

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2 6 POIS.

recueillir, quand les tiges et les gousses sontbien desséchées. On les arrache, et on sépare lagousse pour la lier en paquets que l'on suspenddans un lieu sec, pour n'écosser qu'au momentdes enseinencemens et à mesure des besoins de lacuisine.

Les Pois se divisent en deux sections : 1u'5Pois à écosser, et les Pois sans parchemin.

Pois A i:COSsEB . Les meilleurs de ces Poistout i°. le Pois nain hâtif; que l'on peut sedispenser de ramer, mais qu'il fiut pincer ; bon,et à petite gousse , produisant des fleurs dés ledeuxième ou le troisième noeud ; z °, le Pois nainde Hollande , à petites gousses , à petit grain,plus tardif que le précédent et de plus petitetaille; 3°. le Pois nain de Bretagne, très proprepour les bordures à cause de sa petitesse qui lefait rechercher beaucoup plus que ses qualitésinférieures â celles des précédens ; 4 i . le Poisgros nain sucré, bien supérieur aux trois varié-tés dont nous venons de parler; il n'est pas trèsprécoce, mais il produit beaucoup, et sa gousseest grosse ainsi que ses grains; 5°. le Pois nardvert de Prusse, plus élevé que ceux dont il vient

d'ètre question; assez fécond, et passablementsucré ; 6°. le Pois Michaux de Hollande , trkprécoce , et à la rigueur pouvant se passer-de

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rois. 27rames pourvu qu'il soit pincé; 7°. le Pois Mi-chaux de Paris ou petit Pois de Paris, préfé-rable à tous pour les ensemencemens d'hiver; pré-coce, très sucré, excellent; (fie Michaux de Ruelleen est une sous-variété perfectionnée ). On peutaussi se borner Ales pincer, à moins que leur végé-tation ne se trouve très vigoureuse; 8°. le Pois Mi-chaux d oeil noir, aussi précoce , mais plus groset très sucré; 9°. le Pois d'Angleterre ou Pois

hâtif ci la moëlle , presque aussi précoce que lesMichaux, plus fort en végétation , très sucré etproductif; i. o" le Pois Dominé, ressemblant beau-

coup au précédent, mais ayant la gousse plusapplatie ; 11°. le Pois de Marli, moins précoce,mais plus grand et produisant un-grain plus gros;très fécond; i 2°. le Pois de Clamart, plus tar-dif, excellent , productif, très propre aux cnse-

mencemens qui doivent donner en automne leurrécolte; i3°. le Pois carré blanc et lois carré cioeil noir, plus tardif encore; très grand, trèsbon ; i4°. le Pois gros vert Nornzancl , trèstardif s'élevant très haut, excellent en sec pourles purées; i5°. le Pois de Knight, à graingros, ridé, très moëlleux et très sucré, tardif,très élevé, mais un peu délicat.

Pois SANS PARCHEMIN. On donne une-justepréférence parmi les Pois de cette section à ceux

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23 POIS .

dont nous allons faire connaître le nom : 1°. lePois nain hcitif : belles gousses, bon grain, maispeu fécond; 2°. le Pois nain ordinaire, s'éle-vant peu, chargeant baucoup , à petites gousses;5°. le Pois en éventail , très petit et le plusnain de ceux dont il est ici question; tardif, peuproductif, à rameaux étalés; 4°. le Pois Cornede bélier ou â grandes cosses blanc , trèsfécond, très bon, mais un peu tardif; 5°. le lois

demi-rames , à plus petites gousses, très bonaussi, et plus précoce; 6°. le Pois Turc ou PoisCouronné, parce que ses fleurs se grouppent enforme de couronne; très productif, à grandesgousses , très sucré, très tendre et , par rapport àers qualités mêmes, très souvent dévoré par lesoiseaux. La variété fleurs pourpres n'est guèrecultivée que parmi les plantes de parterre.

LENTILLES ( Ervum Lens).

Ce n'est guère qu'en plein champ que l'oncultive ce légume, même la grosse Lentille, laLentille Blonde et la petite Lentille rouge ouLentille d la Reine. La première est recherchéeà cause de son volume, et les deux autres par rap-port à la bonté de leur saveur.

Ou sème les Lentilles soit à la volée, soit en

Page 33: COURS D'AGRICULTURE

LENTILLES. 29toull'es , soit en rayons. C'est en avril qu'on lesm et en terre plutôt légère que forte , amendéetoutefois un peu , et plus sèche qu'humide.Quand elles sont disposées en rayons , ou leurprocure deux binages pour ameublir et nétoyerle sol, beaucoup plus que pour rechausser laplante qui a peu besoin de ce secours. Si le prin-temps est aride, il est à propos d'arroser un peules Lentilles qui alors ont besoin de quelque hu-midité pour se fortifier, tandis que pendant l'étéelle leur ferait pousser des rameaux en trop

(n'aride abondance et aux dépens de la produc-tion en graines.

11 ne faut pas négliger de les recueillir aussitôtqu'elles sont mûmes, ce qui arrive ordinairementi la fin de juillet ou peu de temps après. Leurmaturité se reconnaît facilement à la couleurrembrunie des gousses , à la couleur et à la con-sistance de la graine , ainsi qu'aux feuilles qui sefanent au pied de la plante. Si on ne les cueillaitpas alors, on serait exposé â en perdre beaucouppar l'ouverture spontanée des gousses , et parceque (livers animaux qui les recherchent nemanqueraient pas de les attaquer. La récoltes'en fait comme celle des pois; c'est-4-dire qu'on

arrache les pieds , qu'on les lie par paquets , etqu'on les suspend au sec et â l'air pour complé-ter leur maturité.

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rSo LENTILLE:;.Comme toutes les graines, les Lenti lles se con-

servent plus long-temps et plias délicates dansleurs gousses qu'écossées ( I ). Pour les extrairedes gousses, on les bat au fléau, et, si l'on s'aper-

çoit qu'e]ks soient attaquées par les larves desBruches , on les met au four un peu chaud. Enusant de cette précaution de temps en temps, onpréserve les graines de leur atteinte ; mais cemoyen n'est bon que pour celles que l'on ne des-tine pas â la semence, parce que la chaleur dufour, mCrne peu chaud, suffit pour altérer lesgermes.

Les tiges des Lentilles mêlées avec d'autresfourrages, sont mangées par les bêtes 'a cornes,ou servent en litière.

(i) Ce que nous avons dit , dans la note précédente ,par rapport aux Pois , peut également s'appliquer aux.Lentilles et aux Fèves. Nous ferons observer aussi quelorsque l'on veut n'être pas incommodé par les légumesen grain , employés secs, il est A propos de les faireconcasser, o-i la manière du gruau , entre deux meulespeu serrées : ce procédé enlève les enveloppes coriacéesqui sont indigestes et rendent la cuisson plus difficile,ainsi que l'assaisonnement moins parfait. •

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POMMES - DE- TERRE. 31

CHAPITRE III.

Tubercules et Racines.

J'O rx1 MES-DE--TERRE ( Solcznunz tu beros um.)

C'est surtout aux efforts et aux conseils de.Parmentier que l'on doit la faveur qu'a'enfin ob-

tennece précieux tubercule; quoiqu'il soit pour-tant vrai de dire que dès 1763 M. Mustel hit à lasociété d'Agriculture de Rouen un Mémoire surles Pommes-de-terre et sur le pain économiquequ'on en peut tirer. Ce service rendu par l'agro-nomie à l'économie rurale et domestique estd'autant plus grand qu'un champ semé de Po1n-

mes-de-t erre ne produit pas?noins de substance nu-tritive que la même étendue de terrein consacréeà la culture du riz, dans les contrées on il réussitle mieux. On a constaté qu'un acre, qui ne ren-drait que mille kilogrammes (2,000 livres) deblé, donne en Pommes-de-terre six mille kilo-grammes (12, o00 livres) de tubercules qui , ré-duits par la perte des parties aqueuses non nour-rissantes, à moitié de leur poids, sont encore le

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52 POMMES-DE-TERRE .

triple de la production du blé ( t ). Si au lieud'un million d hectares environ que la Francepasse pour cultiver de ce tubercule qui ne craintpas de mauvaises années ni de moissons funestes,elle y consacrait six fois plus de terrein , elle seraitdésormais à l'abri des disettes et des chertés ex-cessives de grains. L'autorité ne saurait doue fairetrop d'efforts pour encourager cette culture quine s'est bien étendue que depuis la révolution,grâces aux diverses disettes réelles ou factices quieurent lieu au commencement de cette mémo-rable période de notre histoire.

La Pomn.e-de-terre est d'autant meilleure-que le sel est plus léger, plus sablonneux, plusexposé au soleil.

Pour ne pas courir le risque devoirs'alté rer lesbonnes variétés et pour en acquérir de nouvelles,on devrait faire des semis , qui , souvent dès la

Vit ,

(t) - Nous emprunterons à M. Bose, dont les connais-sances sont aussi étendues (pic variées , la note sui-

vante : « On a calculé , cri Angleterre , qu'un acre deterre , planté eu Pommes-de-terre , suffisait pour pro-curer un•repas à t6,895 personnes , tandis que le

même terrein , semé en froment , ne pouvait fournircc même repas qu'à a 745 personnes d'oit il suit qu'ily a cinq fois plus de profit â cultiver les l'onnoes-do-

terre.,»

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POMMES- DE - TERR) . 55première année, produisent des tubercules assezgros pour être mangés; et toujours assez pour êtreplantés l'année suivante. Cette opération sc fera enterre légère et bien ameublie, un peu amendée pardes terreaux , et chargée au fond non de fumier,mais delitière ; ou de fougère, oumême de bruyère,afin de maintenir la porosité du sol et l'introduc-tion de la pluie, de la chaleur et de l'air. Onsème en petites rigoles dès la fin de mars ou lecommencement d'avril, en mettant entre chaquerigole un intervalle de quarante a cinquantecentimètres (i 5 a 18 pouces ) , afin de pouvoirbiner et rehausser a diverses reprises. Le semisdoit être clair, afin que les jeunes plantes nepuissent pas s'étouffer; si elles ét ' nt trop pres -

sées , il serait bon d'éclaircir iu di ses reprises,eu même temps que l'on sarcle et que l'on re-hausse.

En général on emploie pour l'ensemencementcelles des Pommes-de-terre qui sont les m.oiusvolumineuses, et alors celles des semis seraienttrès convenables; ou bien on coupe par oeilletonscelles qui sont très grosses. De simples filets quiont poussé leur tige, et qui n'ont plus de partiecharnue, produisent aussi très bien : tant ce pré-cieux végétal a de fécondité et offre de moyensfaciles de reproduction!

Le terrein doit ètre bien défont, bien amen -2 .

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34 T PahYIDS-DE-TERRE ,

bii , et , pendant l'hiver , avoir été relevé engrands rayons. On peut l'amender avec des cu-

rures et des terreaux , mais mieux encore avecdes sables , des marnes mûries , des débris deconstruction , chaux et enduits. La terre seraencore - plus meuble , si , en bêchant , on jetteau fond de la bruyère, ou de la fougère, ou dela litière , ainsi que nous l'avons conseillé pourle semis.

C'est en mars ou en avril que l'on plante lesPommes-de-terre, en rigoles éloignées les unesdes autres d'environ soixante centimètres ( près

tle 2 pieds ). Chaque tubercule ou fragment seradistant de quarante à cinquante centimètres ( i5à 18 pouces). La terre dont ou recouvre ne doitpas avoir pluie huit centimètres (3 pouces)d'épaisseur. Aussitôt que les tiges se montrent ,il faut serfouir autour, afn de nétoyer et d'a-

meublir le terrein . Dès que ces tiges ont quinzecentimètres (6 pouces) de haut, on commenceà les rechausser avec la terre conservée entre lesrayons que l'on rabat vers elles de mois en mois.A ce moyen , Ics tiges buttées forment de nou-velles racines , et ces racines de plus nombreuxtubercules qui grossissent considérablement leproduit de la récolte.

Plus le terrein est pesant et la températurefroide, plus il faut employer les tubercules ou

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POMMES - DE - TERRE'. 35

leurs fragmens gros et sains, parce que alors ilssont exposés à rester plus long-temps sous terre,et ont plus d'efforts à faire pour porter leur tigenaissante à la surface du sol.

Il faut mettre plus d'espace entre les Pommes-de-terre d'un gros volume qu'entre les variétésdont le tuberculo est plus petit.

On a conseillé de semer quelques graines demais entre les Pommes-de-terre qui n'en souf-frent pas sous terre, et qui gagnent de la frai-

eheur et un ombrage favorable. Il a même étéconstaté que la récolte des Pommes-de-terreétait d'un quart plus considérable que clans lesportions de terrein analogues où l'on n'avait passemé de maïs. Ainsi il y a un double avantage àfaire usage de ce mode que nous recommandons.

Suivant quelques observateurs, les Ponmies-de-terre , plantées et abandonnées à elles-mêmes,ne produisent que neuf pour un tandis que sielles sont buttées ou rechaussées une fois, elles.

Adonnent treize, et peuvent meure rendre jusqu'àsoixante et plus, si les tiges sont couchées etchargées par plusieurs binages.

Un peu avant que les Pommes-de-terre semettent à fleurir , il est utile de pincer le som-met des tiges : il en résulte une plus prompteformation et un volume plus gros des tuber-cules. On prétend qu'ils auront une saveur plus

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36 POMMES -DE - TER E.

agréable , si on enlève les fleurs aussitôt qu'ellesse disposent à éclore: mais il ne faut pas couperles tiges , comme quelques personnes l'ont con-seillé : ce serait retarder beaucoup l'accroisse-ment et diminuer le produit de la récolte.

Aussitôt que l'on s'aperçoit pie les tiges jau-nissent et se fanent , il est à propos de s'assurersi les Pommes-de terre sont mûres, ce que l'onconstate en en fesant cuire quelques-unes sousla cendre. Si elles sont parvenues à maturité ,il faut les tirer de terre , les exposer dans ungrenier. à un courant d'air, pour leur enleverl'humidité qui les ferait pourrir; mais ne pas leslaisser sur la terre , en plein air, parce qu'ellescontracteraient promptement une saveur de verttrès peu agréable.

Les Ponames-de-terre recueillies par un beautemps, séchées et nétoyées , se conservent dansdes paniers , des barriques, ou même en mon-ceaux établis sur des planches , et bien recou-verts de fïaui.lcs sèches et de paille. Tant quel'on ne craint pas la gelée, cette provision peutrester dans un grenier Ou Sous des hangars bienclos; mais à l'approche des gelées , il est indis-

pensab!e de les mettre à l'abri , sait dans unecave , soit dans un ,appartement bien fermé, soitdans une lisse recouverte. Au surplus , cesmoyens de conservation ne diffèrent pas de ceux

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POMMES-DE-TERRE. 57

:l ue nous avons prescrits , et auxquels ori peutavoir recours , en les proportionnant à ses be-soins. On les trouve décrits dans notre tome V,pages 20, 101, 122 et 123.

Quand on ne peut s'assurer la conservationque d'une petite quantité de Pommes-de-terre,on la réserve pour l'ensemencement. Le surplus,ce que l'on destine à la consommation alimen-taire , sera desséché au four , après une demi-cuisson sur le feu , par les procédés ordinaires,qui leur enlèvent une partie de leur eau de vé-gétation que la chaleur du four y concentrerait.On peut , au surplus, en les râpant dans l'eau ,en extraire cette fécule abondante qui est si nu-tritive ; on en fait aussi des pâtes, des vermicelleset autres préparations faciles à conserver. Mêmelorsqu'elle est gelée et ne semble plus, au dégel,présenter qu'un suc rempli d'eau , elle peutfournir encore de bonne fécule. Au reste, plon-gée dans l'eau froide aussitôt que le dégel com-mence , et avant qu'il ne l'ait amollie , dle nesouffre pas d'altération sensible, si on l'y laissese dégeler par degrés , et qu'ensuite on la s a cheassez pour qu'elle ne pourrisse pas.

Comme c'est l'abondance de la fécule qui faitle grand mérite des Pommes-de-terre , il fauts'attacher à ne cultiver que les espèces qui en

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58 POMMES - DE- 'i'.EnRE .

produisent le plus , et ensuite celles qui ont lemérite du volume et de la précocité.

On a remarqué qu'une livre de Pommes-de -terre communes contient :

1°. Fécule. ............... 2 onces 4 gros.2°. Fibres .................... 1 »5°. Mucilage et sels. . » 440 . Eau de végétation. 12 »

Total 16 onces » gros.Ces proportions varient considérablement ,

selon la variété , la nature soit du terrein , soitde l'année , et le degré de maturité à laquellele tubercule est parvenu. M. Vauquelin a faitl'an alise de quelques variétés , parmi lesquellesnous signalerons la Des Croizilles et la Petite -Hollande , lesquelles lui ont rendu , sur cinqparties de pulpe , un cinquième de fécule ; quel -

ques autres , telles que la Patate jaune et laTruffe d'aon.t , en contiennent un dixième demoins que les variétés précédentes.

Ainsi il faudrait, si l'on pouvait regarder cettedonnée comme invariable. se borner à cultiverde préférence ces variétés, si riches en fécule.Toutefois on doit les rechercher et les cultiver

• soin , puisque cette grande quantité defécule annonce qu'elles sont éminemment nour -

rissantes .

4

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POMMES-DE-TERRE . 59Voici le nom .des variétés les plus recherchées

â Paris : i °. le Cornichon jaune ou Hollandejaune de la halle de Paris; 2 ° . la Truffe d'août :précoce et rouge pâle; 3°. la Des Croizilles :ronge clair, oblongue, et d'une longue conser-vation , ainsi qu'abondante en fécule ; 4°. laNaine hdlive : ronde et jaune, la plus précoce,et, dans les bonnes années, propre être man-gée en juin; 5°. la Shaw, ou Chave , comme onprononce généralement : précoce , jaune , ar-

rondie , et préférable à la Truffe d'août pour laprécocité, le volume et la fécondité; et 6°. laTardive d'Irlande ou Pomme - de - TerreSuisse, qui présente le grand avantage de pou-voir être conservée très long-temps .

La nomenclature donnée par le NouveauCours complet d'Agriculture est plus considé-rable. fous allons l'offrir, afin que les agricul-teurs puissek v faire un choix plus étendu :1°, la Grosse Blanche tachée de rouge, ou Pa-tate blanche, et Blanche â Vache : oblongue,offrant intérieurement des taches rouges assezprononcées ; vigoureuse , peu difficile sur lechoix du terrein ; 2 0 . la Grosse Rouge ou Pa-tate rouge; 3°. la Grosse Jaune ou Patatede New-Yorck : très bonne; 4e. la BlancheLongue : bonne qualité, exigeant un terreinléger; 5°. la Jauneltre ronde aplatie, ou Hd

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40 POMMES-DE — TERRE.

Cive jaune ou .Anglaise : farineuse, très bonne;terrein léger; 6°. la Rouge oblongue, V itelote,Souris ou Rognon : rouge foncé â l'extérieur,blanche en dedans ; féconde et savoureuse, fermeet consistante à la cuisson ; terre un peu forte;7°. Hollande rouge ou Rouge longue : rabo-teuse , forme de rognon , féconde, délicate, tar- -dive ; sol un peu substantiel ; 8°. la Longuerouge ou l'orne de hache : longue, applatie etpointue â l'une de ses extrémités; écorce ronge,chair blanche ; précoce, bonne ; terrein gras

g". la Jaune (le Hollande, Pelure d'Ognonon Langue de Boeuf : ressemblant , pour laforme , à la précédente ; précoce , excellente ;terre légère ; Io". la Petite Jaune aplatie ou

l' Fssprt noie : tubercule en rognon plat; bonne;terre profonde ; 1 i °. la Rouge longue marbrée :chair très rouge; productive, rouste , ayantbeaucoup de rapports extérieurs avec la GrosseBlanche , n°. i ; 12 °. la Rouge ronde ou Trup

d'ao et : précoce, féconde, savoureuse ; dif5c leà conserver long- temps ; 15°. la L iolette ouViolette HollandaiAe : ronde, oblongue, ta-chée de violet et de jaune pâle ; chair blanche ;bonne qualité ; terrein substantiel ; et s4'. laChinoise , sucrée d'Hanovre, ou Petite Blan-che : fleurs bleu céleste , tubercules petits et ar-

rendis : peu productive.

I

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POMMES-DE-TERRE . 4nTerminons cette liste par celle des variétés

que nous avons trouvées les meilleures, du moinsdans les terreins argilo-calcaires siliceux. Nousnous servirons des dénominations données parla Société d'Agriculture de Paris, qui, en 18 [5,fit un envoi gratuit de plus de cent variétés, quenous avons examinées avec beaucoup de soin ,et comparées dans diverses années.

i°. et l °. la Pomme-de-Terre de . Douai ,première et troisième division ; excellentes ; 5°.des Ardennes : abondante en fécule; 4°. de la

Cêle-cl'Or : farineuse , et d'une saveur stipe,rieure ; 5°. la Trufé d'août de Paris ; 6°.l'Août de Jemmapes : ferme et savoureuse ;7°. la Bonne Jaune des Forêts; 8°. la Bleue-

Noirdtre de Des Croizilles : très bonne , etmédiocrement productive ; g°. la Berbouig ;

tu .. la Petite Rose-Pdle de Des Croizilles :délicate , farineuse ; 11°. la Halle de Paris,gosse Jaune : très productive , farineuse ,très bonne ; 12°. la Halle de Paris, jauneronde moyenne : mcmes qualités que la précé-dente ; et i3°. la Frise, grosse variété an-glaise , assez féconde ; bonne, et d'une longuegarde.

La Pomme-de-terre a été appelée , pendantquelque temps , Truffe , et ensuite Patate , àcause d'un peu de ressemblance avec ces végé .

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42 P:1,TATî .

taux. La Truffe , qui est le nom que lui donnaitDe Combes , dans son excellente Ecole du Jar-din Potager, la Truffe proprement dite ( Lyco-perdon Tuber) vient sans culture et dans laterre , et n'a nul autre rapport , que pour saforme , avec la Pomme-de-terre ( Solanum Tu-

berosum ) , qui est une solanée , pour laquelleM. le comte François de Neuf-Château a pro-posé, avec beaucoup de raison, la dénomination(le Solanée - Parmentière .

PATATE ( Convolvulus Batatas ).

La Patate, proprement dite, est un liserond'Amérique, dont la racine très moelleuse et lasaveur sucrée forment un mets aussi agréableque sain.

Cette Patate, connue généralement sous lenom de Patate douce, soit blanche, soit rouge,ne réussit en France, surtout dans les parties lesmoins chaudes du royaume, que sur une bonneCouche, comme celle que l'on destine à la cul-ture des Melons. Après avoir établi le fumier onle recouvre de seize à vingt-cinq centimètres( G à 8 pouces ) de bonne terre préparée, à lafois légère et sufstantielle . A la fin d'Avril, etdés que le feu de la couche est amorti, on y

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PATATE. 43fufonce à vingt centimètres ( ô pouces) de dis-tance , et â cinq centimètres ( 2 à 3 pouces) deprofondeur , des tranches de Patate de deuxcentimètres ( s pouce ) d'épaisseur, â peu prés.Quand les jeunes pousses sont parvenues à unelongueur de vingt à vingt-six centimètres ( 8 à

i o pouces) on les enlève, et on les effeuille ,jusque à la pointe qu'il ne faut pas dégarnir; onles transplante couchées sur une planche debonne terre, bien défoncée, bien ameublie, etsubstantielle. La distance que l'on met entre cha-

que pied de Patate, est de six décimètres au moins( 2 pieds environ ). On sarcle et on ameublit,on arrose amplement s'il fait trop sec , commepour les autres cultures du jardin. Dans le cou-rant d'octobre on arrache avec précaution lesPatates afin de ne pas les endommager, et onles conserve dans du sable sec et fin à l'abri del'humidité et du froid qui les altéreraient consi-dérablement en peu de temps.

Comme la variété rouge est la plus sucrée etla plus savoureuse , c'est â elle qu'iI faut donnerla préférence.

TOPINAMBOUR ( Helianthus tuberosus ).

Ce tubercule que l'on appelle mal à propos

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44 TOPINAMBOUR.

Poire-de-terre ( I ), et qu'Olivier de Serres dési-gnait sous le non de Cartouf , est moins avan-tageux et moins nourrissant que la Pomme-de-

terre . Toutefois il n'st pas à dédaigner : il réus-sit très bien dans les fonds humides et tnémeombragés; il est vivace; il ne redoute pas l'effetdes gelées ; et il fournit un fanage volumineux ,très utile en vert pour les bestiaux, et qui devenusec est propre au chauffage des fours. Ses tuber-cules peuvent aussi servir crus à la nourrituredes animaux herbivores.

Comme toutes les racines , le Topinambourexige un sol profond , amendé, bien défoncé ,substantiel, frais plutôt que sec, et plus gras quemaigre.

L'ensemencement se fait comme celui desPommes-de-terre, et à la mcme époque, parpetits tubercules ou par oeilletons , de trente-deuxà quarante centimètres ( t pied à 20 pouces) entout sens entre les rayons comme entre les plants.On bine ou butte à deux époques, quand laplante est haute de quinze centimètres au moins( 6 à 7 pouces ) et vers le mois de juillet. Les

(t) Comme sa saveur approche de celle du cul d'Ar-tichaut, quelques personnes l'ont appelé Artichaut deterre.

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CAROTTES. 45tiges couchées et enterrées ne tardent pas à s'en-raciner et à multiplier d'autant cet utile vé-gétal.

Aussitôt qu'on s'aperçoit que les tiges se fanent,on peut arracher la fourche de fer les Topinam-bours qui dés ce moment sont bons à manger;mais comme ce légume ne souffre aucune alté-ration en terre on peut ne l'en tirer qu'à me-sure du besoin. En ayant soin de laisser assezde petits tubercules, on se dispensera d'en se-mer au printemps : il suffira d'ameublir avec le

rateau de fer ou avec la binette la surface du ter-rein pour le nettoyer d'herbes et pour le dis-poser à favoriser la végétation de la plante qu'ilrecouvre.

CAROTTES ( Daitcus Carotta ).

Des racines que nous cultivons dans nos jar —clins , la Carotte est la plus savoureuse , la plussaine , et la plus facile 1 digérer. Le terreinqu'elle préfère est celui qui est à la fois léger etsubstantiel ; quand il réunit ces deux qualités ,plus il a de profondeur, plus la racine a de faci-lité pour se développer et devenir grosse , ten-dre et de bon goût.

C'est ordinairement de février à mai qu'on

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46 c_1norTEs .

sème les Carottes à la volée ou en rayons : nousne parlons pas de la pépinière pour repiquer.Les racines qui proviennent de cc dernier mode,à moins que la terre ne soit très légère et qu'onait bien ménagé le pivot, se bifurquent et se ra-bougrissent. ll faut donc s'en tenir au semis à lavolée que l'on peut éclaircir, ou mieux auxrayons qui offrent la facilité de biner , de re-chausser, d'ameublir la terre, et de sarcler avecplus de facilité. Ces rayons seront éloignés lesuns des autres de quinze à vingt-deux centimè-tres ( 6 à 8 pouces ) : on y sème la graine aprèsl'avoir un peu froissée pour l'isoler et la jeterclair avec moins de peine; on recouvre de vingt-cinq à cinquante millimètres (i à 2 pouces) deterre légère, et , s'il fait sec, on arrose un peu.Si , malgré la précaution que l'ou a prise de nepas semer trop dru, le plant est trop serré, onl'éclaircit à diverses époques par un temps hu-mide et avant qu'il ne se gêne. Chaque foisque l'on éclaircit ou que l'on bine , il convientd'arroser afin de bien disposer la terre et de lareplacer au pied des racines. On bine entre lesrayons deux ou trois fois pendant les deux moisqui suivent la levée de la graine , et ensuite onabandonne les Carottes à elles-mêmes : alors laterre a été suffisamment nétoyée et ameublie; lesplantes ont pris de la force , et se suffisent pour

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c:11t0TTES . 47étouffer les herbes parasites. Au moment où lesjeunes Carottes viennent à lever , il est à pro-pos , comme pour plusieurs autres semis , devisiter soigneusement soir et matin les planchesoit ne manquent guère de s'établir divers insec-tes voraces, entre autres les limaces et les lima-çons que l'on tue facilement avec une fourchettede fer. Do la suie en poudre , semée clair surles planches nouvellement ensemencées , écarteces insectes des jeunes plantes qui en peu detemps acquièrent de la force et n'ont plus rienà craindre.

Le produit des éclaircis donne de jeunes Ca-rottes qui servent à regarnir les points des plan-ches qui en ont besoin.

Pour obtenir des Carottes à la fois belles etsavoureuses , il est à propos de n'engraisser laterre où on les sème qu'avec du terreau ou des<mures, et même de ne les placer que sur la por-tion du potager où l'année précédente on avaitcueilli soit des pois ou des haricots , soit de l'o-

gnon , soit des chous , et autres plantes qui ne crai-gnent pas le fumier , et qui en profitent pendantla première année de son enfouissement.

C'est à tort qu'on a recommandé de faucher lesfeuilles des Carottes. Cet enlèvement , au lieude favoriser l'accroissement des racines, nuit aucontraire à leur développement , puisqu'il les

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48 CAROTTES.

oblige à fournir de nouvelles feuilles en mêmetemps qu'il les prive de la sève qu'elles auraientreçues du feuillage.

Dans les années où l'hiver n'est pas rigoureux ,les Carottes , semées en septembre, donnent auprintemps une récolte précieuse, mais qui n'estabondante que dans les climats du midi et lors-que la terre est légère et le jardin bien exposé ausoleil.

Ce n'est pas sans inconvénient que pendantl'hiver on laisse les Carottes en terre pour les entirer â proportion de la consommation : elles s'ydétériorent beaucoup; leur saveur s'y altère, etquelques insectes les attaquent. Il convient dansle mois de novembre de les arracher avec lafourche de fer , de les nettoyer de la terre qui yest adhérente , de les faire hâler et sécher soitau soleil, soit à l'air libre, de leur couper la têfe ,et de les ranger par lits avec du sable sec dans uncaveau ou sous un hangar.

Les Carottes que l'on réserve pour grainesdoivent être choisies parmi les plus belles et res-ter en terre à la place où elles ont crû.

Parmi les principales variétés de la Carotte .les plus recommandables sont les suivantes : i ".La Grosse Rouge ; 2". La Grosse Jaune; 3°. LaCarotte courte de Hollande, excellente, tendre.savoureuse , et assez précoce ; 4'. La Rouge

A•mitialLftsZi

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NAVETS. 49Hâtive; 5°. La Jaune Hdtive , et 6°. La Vio-lette d'Espagne , qu'il faut semer seulementen avril pour qu'elle ne monte pas trop tôtgraine.

Quelques pieds de fève plantés à soixante cen-timètres ( près de s pieds) de distance les undes autres dans les rayons des planches de Ca-rottes , lorsqu'elles ont reeu le premier binage ,

donnentunbonproduitet ne nuisent pas i ces ra-cines qui, dans les temps secs, en reçoivent unléger ombrage qui leur est salutaire.

NAVET ( Brassica Napus ).

Malheureusement on n'obtient de bons Navetsque dans un petit nombre de contrées privilé-giées : presque partout ils sont fadēs , aqueux ,insipides. Ils ont d'ailleurs l'inconvénient de pro-duire beaucoup de vents et de gêner souventles personnes délicates , surtout celles qui sontsédentaires. C'est au reste une récolte assez im-portante qui n'occupe pas long-temps la terre.Ordinairement ils n'acquièrent un volume con-sidérable qu'aux dépens de leur saveur sucrée.

On: les sème en avril ou en mai à la volée oupar rayons comme les Carottes. On peut aussien jeter légèrement sur le sol, lorsqu'on a donné

6 5

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:)0 NAVETS.

le dernier binage aux haricots et aux pois. Ils lé-veront très bien et réussiront si l'on a soin d'ar-roser un peu copieusement après cet ensemence-ment sur terre. Dans les diverses cultures, onpeut jeter quelques graines de Navets, pourvuque ce ne soit pas après le mois de juin. Aprèsles récoltes on trouve çà et là ces Navets éparsqui n'ont pas employé de terrein spécial, quin'ont pas nui à l'abondance ni à la qualité desautres productions, et qui n'en sont pas moinsbons et beaux si le sol est léger et sablonneux.

Au moment où le Navet lève et sort de terre ,il redoute les limaces qu'il faut tuer, ou quel'on écarte avec la suie semée légèrement et àdiverses reprises.

On considère comme variétés supérieures :i°. Le Navet de Freneuse ; 2°. Le Navet deMeaux; 5°. Le Saulieu , dont la peau est brune;4°. Le Petit Navet de Berlin ou nitrai ; 5°.Le .Aravet de Vertus ; 6°. Le Navet rose diPalatinat ; q°. Le Gros Long d'Alsace , quin'est recommandable que par son volume; 3°.Le Navet de Claire-Fontaine ; 9°. Le NavetBlanc plat hdtif ; io ". Le Navet Rouge plat

hdtif ; n°. La Rave, ou Rabiole , ou Turneps ,qui a une saveur plus agréable et est plus tendreque la plupart des autres Navets ; 12°. Le Navetjaune de Hollande; i3°. Le Navet jaune d'E -

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SALSIFIS. 51

cosse; 14°. Le Navet noir d'Alsace, dont lasaveur est douce et agréable , et 15°. Le Navetgris de Morigni , qui est presque rond.

SALSIFIS ( Tragopogon porr folium ).

Il faut à cette racine comme aux précédentes,un terrein profond, gras, meuble et frais, maisnon humide, ni engraissé par le fumier. Onl'amende avec du terreau, ou bien on emploie âcette culture un emplacement qui, l'année pré-cédente, a reçu du fumier. Le mode du semis enrayons, et des binages, s'appliquent aux Salsifisdont l'ensemencement a lieu de février à mai ,selon le temps propre au travail et la qualité du

terrein . On ne met que vingt centimètres ( en-viron 8 pouces) d'intervalle entre chaque rayon,et au moyen des éclaircis on ne laisse que dixcentimètres à peu près (4 pouces) entre chaquepied. Comme la graine pourrirait en terre , s'ilferait trop froid ou si le temps était trop sec, ilfaut ne semer que lorsque la végétation commenceà se mettre en mouvement et arroser de temps entemps pendant la sécheresse.

Quelques personnes sèment des Salsisfis enseptembre afin d'en avoir de tendres au prin-temps : il est rare que ces cultures d'hiver réus -

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J^2 SALSIFIS.

sissent bien, à moins que le beau temps de rau-tomne ne se prolonge, qu'il ne survienne pas degelées fortes et durables , et que la végétationsoit précoce et continue. Ce sont de ces chancesfavorables qu'il est fort rare de réunir.

Ou peut tirer de terre les Salsifis pour les met-tre dans la serre durant l'hiver ; toutefois c'estun soin qu'il n'est pas indispensable de prendre ;ces racines se conserveront assez bien dehors.

Leurs feuilles mêmes sont très bonnes i man-ger soit crues, en salades, soit cuites, à la sauceou à l'huile. Quand on en veut ainsi faire usage,il est nécessaire de les couper avant qu'elles soientdevenues - dures , c'est-à-dire avant le mois deseptembre. On peut même, durant ce mois et leprécédent, les mettre en coupe réglée et lesmanger à mesure, jusqu'à ce que l'on finisse parles arracher pour en manger la racine qui estleur partie la plus importante et la plus propre ânourrir.

Il eft assez difficile de recueillir la graine desSalsifis, parce que, à mesure qu'elle mûrit, ellese disperse et s'envole. Ainsi il faut la surveilleravec soin, et tous les matins la recueillir, sauf àla faire achever de sécher à l'air libre ou à unsoleil peu ardent.

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SCORSONNERE . :)J

SCORSONERE ( Scorsonèrn H ispanica ;.

On appelle aussi cette racine , qui est trèsbonne et qui a beaucoup de rapport avec la pré-cédente, Salsifis d'Espagne ou Salsifis noir, parceque, en effet, telle est la couleur de son écorce.Cette plante n'est pas bisannuelle comme le Sal-sifis commun : elle est vivace. La Scorsonère n'est

tout-à-fait bonne à manger qu'à sa seconde an-née ; et, comme elle produit en conséquencemoitié moins que les autres légumes , qu'ellen'est guère plus délicate que le salsifis, elle estmoins généralement cultivée.

C'est en avril ou même en mai qu'on la sèmeen terre profonde, légère, substantielle et unpeu humide. Comme la graine est long-tempsà lever , il faut arroser assez souvent si le tempsest sec, surtout lorsque l'on fait son ensemence-ment en juillet ou même en août sur le ierreinqui a déjà produit des fèves ou des pois. Cetteméthode a l'avantage de n'occuper le terreinpour la même plante que quinze mois au lieu cedix-neuf à vingt.

Le mode d'ensemencement et de culture est lemême que pour les salsifis. Cependant il n'estpas nécessaire d'arracher les Scorsonères qui

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54 C1IERVIS .

montent en fleur : il suffit de couper la tige sansattaquer les feuilles, qui d'ailleurs ne sont pasd'usage en cuisine.

CIIERVIS ( .Siu n Sisaruna ).

Cette petite racine qui se réunit en une espècede griffe, est sucrée, très délicate et d'une sa-veur très fine qui paraît fade à certaines per-sonnes.

Il existe deux manières de la cultiver. On lasème ou bien on la plante. Dans le premier cas,on einploie de la graine obtenue de plant de deuxans et on la met en terre au mois de mars oud'avril , par rayons qu'il est â propos de serfouirtous les quinze jours. Si on replante des racineséclatées , on doit aussi les disposer par rayons àla distance de quinze centimètres au moins ( &pouces ). Le serfouissage est nécessaire aussi ,parce que cette racine veut une terre très meu-ble. Il faut que cette terre soit en outre fraîche ,amendée , substantielle et fréquemment arroséepour peu qu'il fasse sec. Sans ces soins, les ra-cines restent chétives et ne se groupent pas.

Les Chervis qui proviennent de grailles sonttoujours plus beaux que ceux que l'on obtient deracines éclatées.

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CIIERVIS . 55

Si quelques plantes viennent à monter , il faut

couper ces tiges qui affameraient la racine.Quelques personnes sèment des Chervis au

commencement de septembre afin d'en avoir auprintemps pour la table.

Comme cette racine ne redoute pas la gelée,on peut se borner â l'arracher h mesure du be-soin que l'on en a, en ayant seulement soin des'en précautionner si l'hiver menace d'être rigou-reux.

On peut encore multiplier le Chervis en ré-servant pour les planter, les têtes de tous ceuxque l'on a Lit préparer pour la cuisine. On lesenterre légèrement et on les arrose s'il fait sec.Ce mode est inférieur au semis, mais il est boaet assez productif.

BETTERAVE ( Beta 'vulgaris ).

Cette racine volumineuse est d'un produitavantageux. On la sème en rayons, et on éclair-cit â mesure que le jeune plant acquiert de laforce et on laisse entre chaque un espace de qua-rante centimètres (15 pouces); la distance entreles rayons sera de vingt-deux centimètres aumoins ( g pouces ); on bine â diverses reprises etl'on tient le sol bien nettoyé. Pour que ces raci -

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56 BETTERAVES.

lies parviennent à toute la grosseur qu'elles sontsusceptibles d'acquérir, il est indispensable quele terrein soit gras , bien défoncé et suffisammentfrais et léger. Comme pour toutes les racines, ilrie faut semer que sur un fonds qui n'ait pas étéfumé dans l'année. Le meilleuramendement pourles Betteraves est le terreau, à moins qu'on ne 1csfasse succéder h une culture qui ait exigé du fu-mier dont elles profitent à leur tour quand il nepeut plus leur communiquer une saveur désa-gréable.

Les Betteraves repiquées, de même aussi queles autres racines , viennent moins belles quecelles qui ont été semées en place : les premièressont sujettes à être fourchues, rabougries et engénéral moins grosses.

Aussitôt que la végétation a cessé, c'est-à-diredans le courant de novembre , on arrache lesBetteraves , en choisissant un temps sec , afind'emporter avec elles le moins de terre que l'onpeut; on Ies nettoie, on les expose au soleil ouà quelque exposition à l'abri, mais aérée, afinqu'elles perdent leur humidité, et on les conservepour l'usage, soit dans le sable, soit sous deshangars,

Les principales variétés de la Betterave sont :r°. La Grosse Rouge qui est la plus générale-.

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PANAIS. 57ment cultivée; 2°. la Petite Rouge; 3 0 . la Jaune,

qui est très sucrée; 4°. La Blanche , très sucréeaussi; 5°. La Jaune-Blanche de Castelnau -

dari très nourrissante et fort bonne; 6°. LaRouge de Casteinaudari , distincte de la PetiteRouge ., et 7°. La Chanzpetre ou Disette , ouVeinée de rouge , qui n'est guère cultivée quepour les animaux.

PANAIS ( Pastirzaca oleracea ).

La culture du Panais est absolument la même quecelle de la Carotte. Celui que l'on a semé en sep-tembre est propre au printemps à être mangé dansles potages i une époque oh la provision de Ca-rottes est épuisée. Le Panais est sucré , mais pâ-

teux : il nourrit bien et produit beaucoup quandle terrein est profond et substantiel. Toutefois.on peut le cultiver avec succès dans les terres

mCdiocres pourvu qu'on les ameublisse en lesbêchant à fond.

Cette racine peut sans inconvénient passerl'hiver en terre.

On ne tonnait guère que deux variétés du Pa-nais : 1°. Le Panais long , qui ne convientqu'aux terreins qui ont de la profondeur; 2°, Le-

3.

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58 RAYES , ET RADIS.

Panais de Siam, dont la chair est jaunâtre. Oucite encore; 3°. Le Panais de Hollande, trèsgros et moelleux; et 4°. Le Panais rond con-venable pour les terres qui ont peu de fond.

RAYES ET RADIS ( Raphanus sativus oblongus ;Raphanus sativus rotundus ).

Nous ne parlons ici de ces deux petites racinesqui sont de peu d'usage à la campagne, que pourne pas laisser incomplet ce traité de Jardinage.En effet , elles ne sont pas nourrissantes. C'estun légume de luxe et qui ne doit une grande par-tie de son mérite qu'à sa précocité.

Comme leur principale qualité est d'être ten-dres, il faut les semer en terreau , même sur cou-che, â une exposition chaude , et dès le mois defévrier jusque au mois de mai ; plus tard ellesseraient dures et d'une saveur peu agréable. Onsème ces légumes â la volée , et on les recouvrelégèrement; on arrose un peu , on sarcle s'il estnécessaire, et on veille à ce qu'ils ne soient pri-vés ni de chaleur ni d'humidité.

Les principales variétés , sont : I . L a Ravede Corail , ou Rouge Longue , 2°. La Petite

Hdtive ; 5°. La Rave couleur de rose ou Sau

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RAVES , ET RADIS. 59

monée ; 4°. La Blanche;' 5°. La Rave tortil-lée du Mans.

Ou cite parmi les Radis comme les meilleurs :1°. Le Radis blanc Hdtif ; 2°. Le Blanc com-mua ; 3°. Le Petit Rose ou Saumoné; 4°. LePetit Rouge; 5°. Le Petit Violet; 6°. Le RadisPetit Gris; 7°. Le Radis jaune; et 8°. Le Grosblanc d'llusbour .

RAIFORT ( Raphanus sativus ).

C'est aussi sous les noms de Cran ou Cransonque l'on tonnait cette racine très épicée qui semange crue et dont on se sert , comme de mou-tarde , pour réveiller l'appétit.

La terre meuble, profonde, fraîche et substan-tielle est celle qui convient le mieux à la culturedu Raifort que l'on sème depuis le commence-ment de mai jusque dans le courant de septem-bre. Quand l'hiver n'est pas trop rigoureux leRaifort peut rester en terre. Comme on le sert

à tous les repas et qu'il est l'accompagnementobligé des viandes bouillies, et méme sur quel-ques tables du beurre que l'on présente aux dé-jeuners , il est bon d'en avoir d'ensablé dès lemois de novembre, afin de le trouver sous sa mainen cas de besoin.

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6o RAIF"ORT .

On distingue plusieurs variétés de Raifort :ce sont , 1 .. le Gros Raifort noir , saveur trèspiquante ; 2 °

. le Petit Raifort gris , plus dé-licat ; 3°. le Gros Raifurt blanc , moins épicéque les précéderas.

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CHOU. 61

CHAPITRE I V.

Légunies Berbacés .

cnou ( Brassica oleracea ).

Ce légume qui offre tant et de si longues res-sources pour les hommes comme pour les ani-maux, vient heureusement avec facilité et n'estguère difficile ni sur la qualité du terrein , ni sur la .

température du climat. On en mange toute l'an-née et on peut encore, au moyen de la Sauer -

Kraut ( vulgairement Chou -Croûte ), en conser-ver pendant fort long-temps .

Les variétés du Chou sont très nombreuses :elles s'élèvent à plus de cinquante.

Le Chou , dont les racines ont peu d'étendue ,exige moins un sol profond qu'une terre subs-tantielle , bien amendée, fraîche, et tenue pro-pre au moyen du serfouissage qui sert aussi àbutter la plante. Toutefois c'est en terre légèrequ'il faut le semer et le tenir jusqu'à ce qu'onle transplante à demeure. Si du semis qu'on afait , il lève un grand nombre de plants , ois

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ir 62 CHOU.

éclaircit aussitôt qu'ils ont une hauteur de dix àquinze centimètres (4 à 5 pouces ) pourles éta-blir en pépinière où on leur donne une distanceproportionnée à la durée du temps qu'ils y doi-vent passer avant d'être repiqués définitivement.

Ordinairement c'est de juillet à septembre quel'on sème les Choux à la volée sur une terre bienameublie et qui a reçu du fumier. Dans le cou-rant d'octobre, on forme sa pépinière par rayonsau cordeau, et à la fin de l'hiver, ou établit lesChoux à demeure. Telle est la culture générale;mais il est des variétés que l'on sème et repiqueà d'autres époques de l'année, ainsi que nousallons l'indiquer.

II existe dans les jardins trois divisions prin-cipales de ce légume : les Choux verts, dont lesfeuilles sont l'unique production ; les Chouxà pomme, ou Choux Pommés, ou Choux Cabus;et les Choux-fleurs, les plus délicats de tous.

Parmi les variétés de la première division oncultive de préférence : i °. le Chou vert d largesfeuilles ou Chou de ileauvais ; a °. le Choublond a larges côtes : plus tendre , mais moinsrobuste pie le précédent; 5°. le Chou Cavalier,Chou Chèvre, Chou Yache , ou Chou en ar-bre ; le plus grand des Choux verts ; vivantquatre ans; 4°. le Chou du Maine , qui produitde fréquentes récoltes de feuilles; 5°. le Chou ri

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choux. 63rejets, ou Chou d petites pommes qui s'élève àplus d'un mètre (3 à 4 pieds) ; 6°. le Chou deBrabant ou de Bruxelles ou Chou frisé d'Al-lemagne, qui produit autant de rejets qu'on luiarrache de feuilles, et qui n'est bien tendre quelorsqu'il a un peu ressenti les effets de la gelée;7°. le Chou- vert frangé is aigrettes rouges: trèstendre ainsi que les trois suivans ; 8°. le Choufrisé rouge d'hiver; g°. le Chou frisé vert d'hiver;10°. le Chou tricolore; 11 0 .1e Chou d'Espagne,ou Chou de Hollande, ou Chou de Savoie ,plus connu sous le none de Pancalier ou Chouvert frisé. Ces variétés se sèment en avril, etsont bonnes à manger à la fin de l'automne etpendant l'hiver.

La seconde division présente les variétés sui-vantes : 1°. le Chou Cubage : petit, mais trèsprécoce , bon à manger dans le courant d'avril,lorsqu'il n'y a plus rien à attendre des Chouxverts; 2°. le Chou d'Yorck hdtif : un peu plustardif que le précédent , ruais aussi un peu plusgros; 3°. le Pain de sucre hdtrf : bon en mai ;4°. le Coeur de Bceuf , gros et allongé; 5°. leChou de Bonneuil hdt f : très bon ; 6°. le Choupommé d'Aubervilliers ou de Saint-Denis :très bon et gros; d'un excellent produit ; 7°. lepetit Chou rouge : propre à être mangé en saladeet à confire au vinaigre ; 8°. le Chou pommé

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64 choux .blanc d'44lsace , à tête aplatie et à feuilles ser-rées; 9°. 1; Chou pommé blanc de Hollande ,plus gros, mais moins serré; bonne production;Io'. le Chou pommé rouge , à feuilles très ser-rées ; 11°. le Chou Cabus ou Chou pommécommun; très gros et fort bon à cultiver; i2°. teChou Quintal , Chou d'automne , chou deStrasbourg, ou Chou d'Allemagne; plus grosque le Chou Cabus , et le plus propre à la Sauer -

Kraut ; 15 °. le petit Chou de Milan hdt, f: boni} manger au mois de mai ; 14°. le Chou de Mi-

lan tapus ou frisé court : moins élevé que leprécédent , mais aussi gros et aussi délicat ;1.5°. le Chou de Milan doré très tendre et trèsbon ; 16.. le Chou de Milan d'été; 17 °. le grosChou de Milan, ou Chou de Milan tardif, ou

gros Chou frisé d'Allemagne. désigné quelque-fois aussi sous le nom de Pancalier : belle pomme,feuilles tendres, bon goût, excellente produc-tion.

Nous avons parlé de l'ensemencement desChoux; le repiquage se fait au plantoir, dansune terre bien fumée . bien amendée et fraîche ;s'il fait sec, on a soin d'arroser. Quand on plante

à demeure il faut user des mêmes soins , maisenfoncer la tige à peu près jusque aux premièresfeuilles, parce que cette tige produit de nouvel-les racines qui, avec les racines primitives, don-.

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cuoux . 65nent à la plante un surcroît de force et de nour-

riture .- C'est aussi pour parvenir à ce but en-core plus que pour affermir le pied des Choux ,qu'on les bine et les butte à deux ou trois re-prises dans le courant de l'été.

Les Choux Cabus se sèment à plusieurs épo-ques : en février et mars sur couche; au com-mencement d'avril , à une exposition chaude ; enseptembre , à une exposition ombragée ou dumoins peu frappée du soleil.

11 est bon de les relever pour les aligner enpépinière , à une bonne exposition , jusqu'à cequ'ils soient assez forts pour être établis à de-meure où on les plante en quinconce.

Dans les hivers rigoureux il est bon de couvrirle semis de septembre , avec un peu de fou-gère, de paille, ou de chenevottes .

Le dernier semis se plante ordinairement enmars ou en avril , et même au commencementde mai si le sol est argileux et compact.

C'est en juillet qu'on replante les semis duprintemps, et l'on continue d'en mettre en terretous les mois afin d'en avoir de bons à mangerpendant une plus longue période de temps.

Il est difficile de déterminer au juste quelle estla distance qu'il convient de mettre entre chaqueplant : elle dépend de la variété plus ou moinsgrosse qui tient peu ou beaucoup d'espace , du

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66 CHOUX.

terrein plus ou moins amendé qui donne uneproduction volumineuse ou chétive. En généralil faut établir les Choux de petit volume à vingt-cinq centimètres ( Io pouces) et les plus gros àcinquante ( 2o pouces) et même près d'un mètre( 3 à 5 pieds ). Pour ne pas perdre de terrein ,quand on plante e de longs intervalles, on peutle mettre à profit en intercalant des fèves , desharicots nains ou des laitues , qui se trouventenlevés quand l'accroissement du Chou vient,àréclamer plus d'espace.

Si le sol n'est pas très meuble , il faut planteravec une pioche plutôt qu'avec le plantoir qui al'inconvénient de durcir la terre autour des jeunesracines.

Pendant les étés ardens , les Choux ont be-soin de fréquens arrosemens faits avec abon-dance.

Quand les Choux pommés sont parvenus à lafin d'octobre, ils ne sont plus susceptibles d'ac-croissement : il faut alors veiller à leur conserva-tion. Tant que les pluies ne sont pas trop con-tinues, tant qu'il ne gèle pas, on peut les laisserdehors sur pied; mais à l'arrivée des mauvaistemps , on doit les arracher, les nétoyer , lesfaire sécher au grand air, au soleil, ou clans unhangar; et, quand ils n'offrent plus d'humidité,on les pend dans un grenier , ou bien on les

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CHOUX. 67plante en serre dans le sable , ou enfin on lesmet à la cave. Ils doivent être visités souvent;car, quelque soin qu'on prenne , ils sont toujoursexposés â pourrir.

Les Choux réservés pour graine doivent êtreentourés (l'un filet qui la préserve des oiseauxqui en sont très friands.

Indépendamment des variétés de Choux, quenous avons fait connaître, il en existe encorequelques autres qui ne sont pas à dédaigner :telles que I °. le, Chou de Brunswick; 2°. leChou d'Ecosse : tous deux très bons, robusteset fort beaux; 5°. le Chou vivace de Daubenton;4°. le Caponsta ou grand Chou frisé rouge ;5°. le Chou-rave ou Chou de Siam, soit blanc,soit violet, soit nain lidtif , dont la houle pré-sente la saveur réunie du Chou et du Navet ;6°. le Chou-navet , ou de Laponie , ou Chou

turneps , soit blanc, soit à collet rouge ; et 7°. leRutabaga ou Navet de Suède, de couleur jau-nâtre et supérieur au Chou de Laponie.

CHOU- FLEUR.

Ce légume est plus délicat que les autresChoux; il exige plus de soins; mais sa bonneproduction et la délicatesse de sa saveur k font

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bû CHOU-FLEUR.

généralement rechercher. A force d'attention ,on est parvenu à s'en procurer toute l'année.Pendant l'hiver on en sème sur couche , souscloche ou sous châssis ; on repique ces premierssemis également â l'abri , et on les protège avecdes paillassons.

Au milieu du printemps on peut semer leChou-fleur en pleine terre, et on continue d'euplanter de mois en mois.

La terre qui convient le mieux 'n ce légumeest celle qui est légère et substantielle, bienamendée par les fumiers consommés et les ter-reaux , profonde, en pente vers le soleil, fraîcheou du moins rendue telle par des arrosemenssuffisons. Dans les grandes chaleurs on sème àl'ombre, et on a soin d'arroser afin que le jeuneplant ne manque jamais de fraîcheur.

On remarque, dans cette précieuse variétédu Chou i°. le Chou-fleur dur commu n ; 2°. leChou fleur dur d'Angleterre , plus blanc etd'une consistance plus ferme que le premier ,3°. le Chou-fleur tendre, soit de Malte, soitd'Italie, soit de Chypre, soit de Hollande :très délicat, très tendre, mais moins gros que lesdeux précédens ; 4°. le Chou-fleur demi dur :variété qui réunit une partie des qualités de cha-cune des deux variétés dure et tendre.

Pour les semis d'hiver on donne la préférence

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CHOU-FLEUR. 69Am Choux-fleurs durs, parce qu'ils sont plus ro-nistes .

A la fiu de mai, on sème en plein air les Choux-fleurs soit demi-durs , soit tendres : ces dernierssont les meilleurs pour l'été; mais ils ne gardentpas long- temps leur pomme. C'est pourquoi onLeur préfère le demi - dur, à moins qu'on n'ensème peu à la fois. Cet ensemencement de mai ,le premier que l'on-puisse faire sans le secoursdes cloches et des chassis, peut se faire sans lerepiquage qui retarde toujours plus ou moins lesplantations. La production en est bonne à man-ger dés le mois de juillet et dure jusqu'au moisde septembre. Le Chou-fleur , demi-dur, réunitbeaucoup d'avantages; c'est ce qui le fait presquetoujours préférer.

Le semis d'été , dont la production est bonneà recueillir dans l'automne, se fait pendant lemois de juin, d, l'ombre. C'est le plus communet le plus aisé. La culture s'en fait avec la plusgrande facilité , pourvu que la terre soit bienpréparée et qu'en cas de besoin on n'épargne pasles arrosemens . On commence à en manger dansle mois d'août et on peut en conserver jusquedans l'hiver. Pour cette dernière destination, onles coupe à huit centimètres (5 pouces ) au-des-sous de la pomme; on les dépouille de toutes

kurs feuilles, on les sèche au soleil, et on les

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7O CHOU-BROCOLI .

suspend â la cave ou dans un cellier sain, sanshumidité.

Quand on craint que le Chou-fleur parvenu âtout son accroissement ne monte trop vite â graine,et qu'on n'en peut pas faire usage sur-le-champ,on le conserve quelque temps dans le même étaten le recouvrant d'une large feuille de Chou quel'on contient au moyen d'une pierre ou d'unetuile.

ICHOU BROCOLI.

Ce Chou a beaucoup de rapport avec leChou-fleur ; il a plus de saveur , et est plusrobuste ; il est moins blanc, et ses feuilles sontondulées.

On le sème en automne ; et , pendant les ri-gueurs de l'hiver , on abrite le semis avec deschenevottes ou de la fougère. A. la fin d'avril oudans le commencement de mai on plante à de-meure. Alors les jeunes Brocolis ont sept ou huitfeuilles. On met soixante-cinq centimètres ( 2pieds ) d'intervalle entre chaque plante que l'ondispose en quinconce; on sème aussi le Brocolitant blanc que violet â la fin de mai et en juin;et le nain en juillet. Comme pour tous les autresChoux, la terre doit être assez profonde, et sur-

tout fumée et bien amendée. Les terreaux, les fu -

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CHOU-BROCOLT . 7 1miens consommés sont préférables aux fumiers

récens qui ont toujours plus ou moins l'inconvé-nient de communiquer aux productions du jar-dinage une saveur désagréable. Les arrosemensne seront pas épargnés; on serfouira et on butteraen binant.

On cultive de préférence les variétés suivantes :1°. le Brocoli blanc dont la pomme est à peuprès semblable à celle du Chou-fleur ; 2°. leBrocoli violet , et 3 °. le Brocoli nain huîtif , lemoins bon des trois , mais que l'on recherche àcause de sa précocité.

A l'approche de la gelée on a dans quelquescontrées l'usage de traiter les Brocolis ainsi qu'ilsuit : on fait au nord de la plante une petite fosseoù l'on couche la tige avec précaution et par de-grés; puis on la couvre de terre à l'exception dusommet que l'on abrite avec de la litière, et parles moyens que nous avons déjà indiqués.

CHOU ➢TARIN (Crambe maritima ).

On sème à demeure dans de petits trous gar-nis de terreau et espacés de soixante-cinq centi-mètres ( 2 pieds) au moins, quatre à cinq grainesdont on ne réserve que le pied le plus vigoureux.Cet ensemencement se fait à deux époques prin -

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'2 CHOU MARIN.

cipales , en mars ou en août. On arrose quand ilest nécessaire , puis on sarcle et on bine afin detenir le terrein propre et meuble.

Si l'on avait semé en pépinière on léverait lejeune plant au printemps de l'année qui suitl'ensemencement.

Quand le Chou marin a deux ans on le cou-vre d'un pot à fleur renversé pour le faire blan-chir. La litière étendue sur la plante produit àpeu près le même effet. A ce moyen les poussesblanchissent à mesure qu'elles sortent de terre.Aussitôt qu'elles ont de quinze â vingt centimè-tres ( 5 ' 8 pouces) on les coupe proprementprès du collet, et on les fait cuire pour les man-ger comme les Choux-fleurs. C'est un mets trèsbon. Le pied produit beaucoup et renouvellelong-temps ses pousses depuis le mois de févrierjusque dans le printemps.

CÉLERI ( A piurn graveolens ).

C'est surtout au Céleri qu'il est indispensablede procurer un sol profond , bien amendé , biensubstantiel, et fiais autant qu'il est possible.

Quand on veut en avoir de bonne heure, onest obligé de le semer en pleine terre au moisd'avril. Afin qu'il ne monte pas trop tôt à graine ,

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CELERI .

i1 convient de n'employer que de la graine dedeux ans que l'on sème à la volée, et peu pressée,

puis avec le rateau on recouvre légèrement. Pourpeu qu'il fasse sec , on arrose avec soin le matin zon sarde et on éclaircit le jeune plant afin qu'ilse fortifie.

Quand il a acquis assez de force, ou le trans-plante â demeure soit eu terrein droit , soit enrigole , mais eu se ménageant les moyens de lebutter : car sa racine et son collet étant ses par-ties recherchées , on doit l'enterrer à mesure deson accroissement, afin que ces parties blanchis-

sent et deviennent tendres.De quelque manière qu'on le plante, on mé-

nage entre chaque pied seize à dix-huit centimè-tres ( 6 à 7 pouces) et entre chaque ligne soixante-six centimètres ( 2 pieds environ ). C'est dans cedernier intervalle que l'on prend la terre néces-saire soit pour butter , soit pour rechausser, àmesure quele Céleri croît et s'élève. Le fond de larigole qui aura de quinze à quarante•centin►ètres

6 à ► 6 pouces doit être bien défoncé, bien meu-ble, bien engraissé de terreau plutôt que de fu-miers et toujours tenu frais au moyeu d'arrose-

mens suffisans . Pour y détruire les mauvaisesherbes et tenir le terrein propre et léger , on ser-fouit de temps en temps.

Il est bien nécessaire de ne transplanter queG 4

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74 CÎ:LERT .

du Céleri de force égale, parce que, au momentoù on le rechausse, si les pieds n'étaient pas égaux,les uns seraient simplement buttés, tandis qued'antres seraient tont-à fait enfouis.

Onelques jardiniers, au lieu (le butter ou derechausser le Céleri, le laissent acquérir toutl'accroissement dont il est susceptible ; puis ilsl'arrachent après l'avoir lié comme la chicorée,et l'enfoncent dans des couches où l'ou a re-cueilli des melons . ou bien dans de la terre trèslégère. on il ne tarde pas à prendre •la blaueheurqui fait son prix.

Le Céleri semé en janvier ou en février est bonlier au mois de juin. On procède par un beau

jour à cette opération qui se fait pour chaquepied avec trois liens de jonc, de laiche ou depaille , que l'on assujettit à la base, au milieu, etvers le haut des tiges. Avec de la litière sècheet propre on garnit les intervalles de manière àbien recouvrir la totalité de la plante. Eu arro-

sant tous les deux ou trois jours, et en regarnis-sant de paille à mesure qu'elle s'affaisse , on ob-tient du Céleri bienblanr et t rés tendre en moinsd'un mois. Plus tard on ne pourrait user de cetteméthode parce que le plant serait exposé à pour-rir. Alors oui a recours au buttage..

Avant de rabattre la terre dans les rigoles ,ou de l'élever autour des pieds que l'ou butte ,

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CF:LER7. 7 5°o'n lie les tiges de Céleri ou on les rapproche âla main, ce qui suffit quelquefois. Au surplus ilfaut éviter de jeter de la terre dans le coeur dela plante qui .en souffrirait beaucoup. Cette opé-ration se continue tous les dix 'a douze jours,selon que le Céleri pousse vite ou lentement.

Dans les contrées humides et froides, on nedoit lierle Céleri et•le butter ou l'enterrer que

d'ans le'cöurant d'Octobre;' et, s'il' survient desgelées, le couvrir de fongère et de paille pour l'enpréserver soigneusement, car les gelées et lespluies le font pourrir en totalité ou en partie ètaltèrent 'considérablement sa saveur agréable.

Quand on peut disposer d'une serre ou mêmed'un cellier- que 1'on 'Are -avec facilité , on ytranspbrfe lé'Célcri et on l'enfonce dans le sableun peu humide, mais très peu : -car 'il le lérait'pourrir milieu de lé faire blanchir. •

La - culture d'ti 'Céleri dépend beaucoup de lanature du terrein dont on dispose : s'il est bu-iride et froid,'on - bien s'il n'a pas'assez de pro-fondeur, on aie fera pas de rigoles; alors on k

i' ûltive en planches et on le butte. Si au - con-traire - le sel est profond, les rigoles offrent ungrand avantage': il est ,plus fade d'y entretenir

lé" lä fraiclieur' e't `d'y introduire la chaleur dusrleil qui s ' eQucentre au moyen des ados- mo-

inentänés qtre'fornre la 'terre p"on en a tirée;

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7 c)c E rt1 .

les arrosemeus y profitent 'mieux ; le terrent desados est plus aisé à rabattre graduellement qu'il

pie l'est de l'élever eu buttage.Les meilleures variétés du Céleri sont : i°. le

Céleri creux ; z° . le Céleri ci coupe, qui est Iresbort pour fournitures de salades ; 3°. le Céleriblanc plein, qui est ordinairement tendre et debon goût, 4°. le gros Céleri blanc , ou Céleri dePrusse ou Céleri Turc : excellente variété ;5°. le Céleri plein , soit rose, soit rouge , d'unesaveur agréable , 6°. le Céleri nain frisé; et7°. le Céleri branchu , dont la saveur est douceet parfumée.

Le CÉLERI NAVET ou Céleri â grosse racineest une variété distincte que l'on ne cultive quepour cette racine qui se mange cuite et qui estexcellente. Elle a quelquefois la forme d'un navet,quelquefois celle d'une rave. Ce céleri qui se sèmeen mai exige un sol gras, frais et meuble. 11 sesème et se cultive comme les carottes : il n'a

besoin ni de rigoles, ni de buttage.Sur les pieds conservés et choisis , bien en-

tendu, parmi les plus beaux , ou recueille lesgraines de quelque variété de Céleri que ce soitvers la ,fin de l'été quand elles sont bien . mûres ,

par un beau temps et avant que la roséesoit dis-sipée, pour que la sécheresse ne les dispetsepas .

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ÉPINARD.

On les fait ensuite sécher sur des papiers gris :r

Vair libre ou à un demi-soleil.

ÉPINARD ( spinacia oleracea ).

Les Epinards se sèment à diverses époques,parce que c'est un légume très recherchétoute l'année et que par conséquent il faut tou-jours avoir à sa disposition. Les planches qu'onleur consacre seront ficméeside bon fumier; le

terrein en serâ meuble, substantiel et frais. De-- ,puis le mois de mars jusqu'en octobre on sèmedes Epinards en rayons éloignés les uns clés au-tres de quinze centimètres ( 6 ponces ); on ar-rose, s'il fait sec , on bine, on sarcle, on éclair-cit si le plant est par trop serré."A ee moyen onobtient abondamment des coupes de feuilles belleset tendres.

Les planches d'été doivent être un peu ombra-gées , et tenues fraîches, parce que la sécheressefait promptement monter la plante à graine,avant qu'elle ait donné ses feuilles.

La meilleure graine est celle qui provient dessemis de mars et (l'avril, parce que les tiges sontmieux nourries et plus fortes et que la semencemûrit mieux et est plus grosse.

On en cultive deux variétés principales : Li

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78 . i@TNAR I?'.•première et la plus commune est celle qui a lesgraines épineuses ,.et les-feuilles petites : c'est laplus robuste : la seconde , â semences lisses , estcelle qu'on appelle Epinard de Hollande. Safeuille est productive mais moins délicate quecelle de la variété commune. On doit donner lapréférence à une troisième.v frété : c 'e st , eélle fuiest à graines épineuscs.età larges féuilreu..

La meilleure. mànicre : dg 'récolter les - feuillesd'Épinards n'est. pas de les-couper , -ce qui épuisela plante et nuit à:la reproduction des feuilles,niais de les détacher une à une. . ..

.e.

rr

CARDON. ( Çynara C'ardunculus .

Pour avoir des Cardons de primeur, c'est-à-dire que l'on puisse manger dès le mois de mai,il faut des le mois de janvier semer la. graine decette plante sur couche, sous' châssis, Ou souscloches , parce que le froid la ferait périr. Ceuz

^Iue l'on cultive en pleine terre doivent être semés,vers la fin d'avril 'ou le commencement de niai,.dans une bonne terre très amendée et bien fu-mée., tenue fraîche au moyen d'arrosemens qui.deviendront d'autant plus. aboudans que la tem-

pérature sera plus aride.: .On .peut. aussi semer le Cardan au mois de

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CARDON. 7 9

mars sur couche , pour le repiquer en pleineterre aussitôt que la saison le permet. Alors pouréconomiser le fumier , on fait, de mètre en mètre

( de 3 en 3 pieds), des trous profonds et largesde trente-deux centimètres (i pied; on les em-plit aux deux tiers de bon fumier consommé eton recouvre de terreau dans lequel on établit lesjeunes plants de Cardon. On met. deux pieds outrois au plus dans chaque trou où on-n'en doitlaisser qu'un aussitôt qu'on voit la reprise assu-rée. Ou les arrose et on les couvre d'abord pourles mettre à l'abri du grand bile ou du soleil , eten même temps pour les préserver du' froid desnuits. Il faut avoir soin de serfouir et d'arrosersouvent.

Quand la plante est parvenue à son accroisse-ment, on choisit un beau jour et vers midi oumôme plus tard ou la lie avec précaution aumoyen de trois ou quatre liens de paille et onl'empaille avec de le litière sèche , de manière àne laisser exposée à l'air que l'extrémité des feuil-les. Si le temps est sec, on jette tous les deuxjours (le l'eau sur cet empaillement, vers le centrede la plante, afin de la disposer à blanchir pluspromptement. Elle acquiert la blancheur conve-nable en une vingtaine de jours, au bout desquelson la coupe.

Ordinairement c'est dans le courant de juillet

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ûo CARDON.

qu'on peut lier des Cardons de pleine terre ,qui ont été semés de bonne heure. Quant auxtardifs, on les lie dans le courant d'octobre pourprévenir l'effet désastreux des gelées ; on se dis-.pense de les empailler ; mais on les butte , puisaussitôt qu'il gèle, on les entoure de litière, jus-que à ce que le froid , devenant rigoureux , forcede recourir à de plus grandes précautions. Alorson les arrache en motte , puis on les déposedans la serre ou tout au moins dans une cave, ouenfin dans une rigole creusée sur un terrein sec.Dans ce dernier cas , il est à propos de donnerà la rigole un métre ( 3 pieds) de profondeursur un mètre vingt-sept centimètres (4 pieds )de largeur. C'est là que sur un chevet de pailleon adosse trois pieds de Cardons que l'on re-couvre d'un autre chevet de paille, puis de troisautres Cardons et ainsi de suite , afin qu'il setrouve alternativement une couche de paille et unecouche de légumes. On couvre ces couches avecde la litière pressée , maison laisse à l'air l'extré-mité des feuilles jusqu'au moment où les geléesacquérant de l'intensité forcent à recouvrir soi-gneusement le tout. Il faut aussi tâcher que lapluie et l'humidité ne pénètrent pas dans les Car-

dons qu'elles feraient pourrir.Quand on n'a pas facilement de pailles :i sa

dis position on peut faire blanchir des Cardons en

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c:t tnov . 8 t

les liant comme nous avons dit ci - dessus, et en

les buttant très haut avec - la terre de la planche

oit ils ont poussé. Ces Cardons sont blancs enmoins de vingt jours, mais il faut se hâter d'enfaire usage pour prévenir l'accident de la pourri-ture. C'est pourquoi .crpand an lus cultive pourson usage , on en butte une certaine quantité tousles quinze jours , afin d'en avoir plus souvent etplus long-temps à 'sa disposition. •

Les Cardons destinés à la graine sont coupés ftquinze centimètres ( prèsde ti pouces) au-dessusde terre à l'approche des - gelées et traités commeles artichauts, • c'est-à-dire.un Pen buttés et biencouverts de litière assnjétietontre les efforts desvents jusqu'au retour du printemps. -

Le nombre des variétés dit Cardon se borneâ deux ; savoir , 1°. le Cardon d'Espagne quin'est pas épineux , mais qui est sujet à montertrop vite en graine et dont lcs feuilles sont peucharnues; 2°. le Cardon de Tours qui a l'incon-vénient d'ètre armé d'épines , niais dont la qua-lité est à tous égards si supérieure au premierqu'on ne balance 'pas à lui donner partout lapréférence .

4.

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Û2 OGNON .

CHAPITRE V.

Légumes Turbinés. •

•OGNON ( «Ilium . cep. a ). .

La terre la plus propre à la culture de l' Ognonest celle qui est meuble, légère, sablonneuse,un peu substantielle, exposée au soleil, mais te-nue fraîche par les•arrosemens . Le terrent doitavoir été relevé en rayons ou tombes au moisd'octobre , bêché et fu mé au mois (le février,et bien ameubli à sa surface au. moyen de curures .consommées, de charrées , et de sable mêlé deterreau.

- Si la terre était par elle-même meuble et lé..gère, il 1i+udrait après l'avoir bêchée la fouler aurouleau ou même la piétiner (l'une manière uni-forme ; puis. avec le rateau de fer en gratter lasurface jusques à la profondeur de cinq centimè-

tres ( z pouces environ ) , semer la graine à lavolée comme il est convenable, et recouvrir avecdu terreau environ deux centimètres ( 5 à 1 o li-gnes ). Cc travail a pour objet de forcer l' Ognon

i

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OGNON . 8^ic former à la surface du sol où il s'arrondit et

grossit, taudis qu'il arrive quelquefois que, danscertaines terres, il est sujet à s'enfoncer et â s'al-longer.

Quand le temps est sec, on arrose. On sarcleavec soin . on éclaircit à proportion de l'accrois-sement de la plante. Quand on craint que la nuit

nesoit froide, on arrose lr matin vers le lever (lusoleil , et si le temps est sec en même temps qu'ilest froid , on abrite un peu la planche d'Ognondepuis onze heures jusqu'à deux. Cette planteest très délicate tant qu'elle est jeune.

Dans les climats un peu chauds , dans les jar-dins abrités et lorsque l'hiver n'est pas - trop ri-goureux , les Ognons d'hiver , c'est • à-dire ceuxque l'on sème en août on au commencement deseptembre , réussissent très bien et produisentde bonne heure une récolte avantageuse. Ausurplus , outre l'abri du sol,. on peut eucnredonner à ces jeunes plantes une autre protectioncontre le froid; on jette snr la planche des ehe -

nevottes clair-semées et même u-n peu de fou-gère..

Toutefois on n'est Lien sûr du succès •quelorsque l'on. attend le mois de mars et mêmed'avril dans .quelques contrées froides pour fairel'ensemencement de l' Ognon .

Lorsque la récolte afourui beaucoup de petits

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84 OGNON .

Ognons , on en tire parti ainsi que de ceux qui'proviennent des éclaircis : on les pique enplanches par rayons, pour fournir les uns leurtige ou ciboule , les autres pour les laisser ac-quérir de la grosseur et parvenir à la maturité.Cette plantation se fait au plantoir, et, si laterre n'est pas naturellement très légère , on seborne à jeter vautour de chaque Ognon un pende terreau sans le presser , afin qu'il ait plus defacilité à grossir et à devenir rond. Comme c'estau cordeau qu'on procède à cette opération, onplante comme il convient afin de ne pas perdrede terrein . En conséquence on met treize cen-timètres ( 5 pouces) entre chaque Ognon, etdix-huit centimètres (7 pouces) entre chaquerayon afin de se ménager le moyen de biner et(l'ameublir la terre. Pour peu que le temps soitsec, il faut arroser souvent, et veiller à ce quedans les premiers jours les Ognons ne se dépla-

cent pas.Quand le moment de la maturité de ce légume

est arrivé, il faut bien se garder de tordre la tige;mais il faut déchausser et découvrir les bulbes quisont trop enfoncées en terre, afin qu'elles puissen tprofiter du bénéfice du soleil et mûrir sans retard.Les tiges étant bien desséchées, on enlève ce quiest mûr, et on expose les Ognons au soleil afinqu'ils y complettent leur maturité par l'évapo -

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OGNON . 85

ration de leur eau surabondante. On les nétoieet on lie les plus beaux en paquets ou chaînesou glanes que l'on assortit par grosseur et quel'on suspend dans un Ueu sec et froid à l'abri dela gelée. Quant aux petits, on les étend dans ungrenier, où on les couvre de bottes de paille encas de gelées rigoureuses.

C'est parmi les Ognons les plus gros et lesplus sains qu'il faut choisir ceux que l'on destineà la reproduction. On les met en terre au plan-toir à la distance de vingt centimètres ( 7 à 8pouces ) en tout sens. Lorsque la graine est par-venue â sa complète maturité, on coupe les tigesdont on fait des paquets que l'on conserve, latète en haut, dans un grenier bien sain pour enfaire usage an besoin. La meilleure à employerest celle qui est ti gée de deux ans.

On considère comme les meilleures variétésde cette plante 1 0 . l' Ognon rouge , gros , ap

-glati, robuste ,-et de saveur prononcée ; 2°. 1' O -gnon pale , moins gros et plus piquant , delongue garde, et préféré généralement par lesjardiniers; 5". l' Ognon blanc : très gros, trèsrobuste, de saveur piquante; 4°. l' Ognon deFlorence blanc hritif : moyen, mais de saveurplus douce, précoce et de longue durée; 5°, l' O-

gnon rouge d'Espagne, ovale, allongé, gros etde saveur sucrée; 6°. l' Ognon blanc d'Espagne,

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86 OG NO V.

réunissant les mêmes qualités que le précédentmais tous devenant moins doux à mesure qu'ilss'éloignent des climats chauds; 70.1'Ognon jaune,qui ne diffère de l' Ognon pâle que par sa couleurencore moins prononcée; 8°. l' Ognon d'Egyptequ'on multiplie, ainsi que le n°. suivant, par les.bulbes qui au lieu de graines croissent au sommetde sa tige ; g°. la Rocambole, Ail d'Espagne,ou Ognon bulbifère ; variété mitoyenne pour lasaveur entre l'Ail et les O-gnons .

AIL ( Allircnt ).

C'est surtout dans les contrées méridionales'de la France que l'on fait un grand usage desAulx , regardés ailleurs comme ayant une odeurtrop forte pour pouvoir être employés habituel-lement dans-les préparations de la cuisine. L'Ail'est pourtant cultivé avec plus ou moins d'étendre ,et sert parfois â l'assaisonnement du gigot et dessalades de chicorée.

Ses bulbes ou caïeux se réunissent sous le nomde gousses en.une tête enveloppée par une pel-licule de consistance assez ferme, de laquelle i•lfaut les détacher pour les planter en rayon aumois de mars dans un terrein plutôt sec qu'hu-

mide , qu'on arrosera si la. séchcrcss;: est trop

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AIL. 37continue. On enfonce peu les Aulx , de mêmeque les ognons à repiquer, afin qu'ils formentune plus belle tête et parviennent plus facilementà maturité.

L'ensemencement des graines n'est pas avan-tageux; il produit trop tard puisqu'il Lut ausemis deux ans entiers pour qu'il ait acquis unegrosseur suffisante.

On établit les Aulx â la distance de treize cen-timètres ( 5 pouces), dans des rayons écartés deseize centimètres ( 6 pouces) environ. On sarcleet on bine.

Quand les tiges ou fanes s'étendent trop etpeuvent gêner , il ne faut pas les couper maisles réunir et - les nouer jusqu'à ce que , flétrieset un peu desséchées, elles annoncent la maturitédes gousses. Alors on arrache et on laisse quel-ques jours les têtes réunies en paquets ou bottil-

lons exposées à l'air et au soleil afin qu'elles sè-chent suffisamment; puis on les conserve sus-pendues dans un lieu sec et frais..

ECIIALOTTE ( dirham 1scalonieu,n ).

Comme pour l'Ail il Lut détacher les caïeux etles planter au mois de mars en terrein sec et subs-tantiel, par rayons, et de manière à pouvoir les.

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83 TCII:ILOTTE .déchaussera mesure que la tète grossit. Sans cette

précaution , surtout lorsque la terre est forte et letemps humide, l'Echalotte est exposce à s'échauf-

fer et à pourrir. On la conduit, on la récolte eton la conserve comme l'Ail.

Cette plante croît promptement et clans les-bonnes aunées on en peut faire deux- récoltesconsécutives.

CIBOULE ( A llium fissile ).

Il existe deux espèces diffi1rentes de Ciboule,la Vivace et l'z!,anuelle . La première se met enbordure , et, une fois bien établie dans une terreprofonde, substantielle et un peu fraîche , elleprospère pourvu que tous les trois ans onla déplante pour diviser les touffes trop vo-lumineuses. Quant à la Ciboule Annuelledont il existe trois variétés principales. 1°, la Ci-boule commune ou la Rouge , 2° . la CibouleBlanche, et 5°. la Ciboule Hâtive, ou la sème

en mars dans une terre hgre.et amendée et onrepique le jeune plant aussitôt qu'il est devenirassez fort pour pouvoir sans inconvénient sup-porter la transplantation. C'est par rayons et auplantoir que l'on fait aussi cette:opération commepour l'Ail et lEchalotte . On établit un inter-

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CIBOULE. 89valle de quinze centimètres ( 6 pouces) entreles rayons comme entre les Ciboules, afin qu'ellespuissent former de belles touffes.

On peut encore semer en juillet les CiboulesAnnuelles : mais il faut qu'elles passent l'hiverpour donner leur production qui sera bonne sielles n'ont pas eu:, souffrir des rigueurs de l'hivercontre lequel on peut les préserver au moyen des

chenevottes ou de la fougère dont on les couvrelégèrement.

CIBOULETTE ( 1111iuna schoenoprasum ).

Cette plante est encore désignée assez commu-nément sous le nom de Cive, de Civette, et d'Ap-pétit. Elle est vivace, et exige toutefois une cul-ture assez soignée, parce que, comme elle est trèspetite et délicate , la terre trop forte l'emptcbede se propager , les herbesl'étouffent , et l'humi-dité la fait pourrir. Pour la cultiver avec succès,il faut l'établir en terrcin frais, léger, sain etsubstantiel , la serfouir souvent, la sarcler atten-tivement et la saupoudrer de terre fine et grassequand on s'aperçoit qu'elle se déchausse. A la find'octobre , quelques jours après avoir coupé lesfeuilles de la Ciboulette, on la couvre légèrementde terreau consonuné , afin qu'elle ne soit pas

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go PaRREAU ,

exposée à tre déracinée pendant les longues•pluies de l'hiver. Plus on coupe les feuilles outiges de cette plante, plus elle eu pro.uit eu'abondance qui sont tendres et savoureuses.

PoRRE. U ( Alliu,n Porrniii).

- ('est dans-une terrelégi're , mais substantielle, -

que l'on le sème à la volée, comme Pognon, dansle courant de février et de mars, selon la tempé-rature de la saison et la nature du climat.- Onsarcle et on arrose, et même on éclaircit si le plantest trop pressé. Dis qu'il a pris une hauteur devingt à vingt-cinq centimètres( 8 à so pouces . ),on l'arrose amplement pour pouvoir l'arrachersans le briser, et on l'établit à demeure sur un

terrein bien défoncé , profond , substantiel etmeuble. Au moyen du plantoir, on enfonce la

Porrette ou jeune Porreau dans des trous pro-fbnds de dia à treize centimètres (4 à 5 pouces) ,et distans l'un de l'autre de quinze centimètres(6 pouces ). La distance entre les rayons sera lamême : elle facilitera les moyens de serfouir etde butter. Pour peu qu'il fasse sec, il faut arro-ser amplement et fréquemment.

Quand le sol du Potager est assez profond it ya beaucoup d'avantage 'a planter le Porreau eu

1

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rar;l;^.tv . y•r.rigole et â le rechausser ù peu près comme lecéleri. A ce moyen , la partie blanche est pluslongue et la plante a plus de valeur.

On cultive deux vatiétes du Porreau , i°. lePorreau long qui est le plus profitable, 2°. le

Porreau court (pli a plus. de saveur et craintmoins les gelées.

Dans les pays froids, lorsque l'on craint unhiver rigoureux, ii• est A propos en novembred'arracher les Porreaux , de les exposer quelquetemps s l'air pour qu'ils sèchent un peu., et de -

les établir soit dans une serre,. soit daus une cave.sèche et saine.

On réserve pour la graine les plus beaux in-dividus qui vaudront d'autant mieux qu'ils n'au-ront pas été replantés après leur accroissementacquis. On la recueille et on la conserve comme

'celle de Pognon,

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9 2 ASPERGES.

CHAPITRE VI.

Légumes vivaces.

ASPERGES.

La formation d'une Aspergerie est coûteuseet assez difficile; mais, comme le produit en estavantageux, que ce kgurne est délicat et cher,et qu'une fois bien établie l' Aspergerie rapportependant quinze à trente ans, un propriétaiàedoit cri posséder une dans son potager.

Le lieu le plus convenable est celui qui est sainet suffisamment exposé au soleil ; la meilleureterre est celle qui offre ou qui est devenue uncomposa de terre calcaire on marneuse, de sable,

de terre franche et de terreau.Puisque l'Aspergerie est d'une longue durée,

il faut , dans le potager, lui choisir le local leplus avantageux pour ce genre de culture, etlui donner tous les soins convenables.

On défonce le sol de quarante-cinq centimé=ires au moins (18A 20 pouces). Quand on n'a à sadisposition qu'un fond humide, il est propos de

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ASPERGES. 95l'égoutter, de l'assainir, et de faire le défonce-ment beaucoup plus profond : dans ce derniercas qui est très fâcheux , parce que les eaux quiséjournent sur les argiles sont funestes aux plan-tations et surtout aux griffes d'Asperges, on en-lève le terrein du fond de l'Aspergerie , on leremplace par des pierres de grosseur inégale, en. tremelées de briques et de tuiles qui ménagentdes vides pour l'écoulement des eaux que l'on di-rige vers un tcrrein plus bas que cette couchesur laquelle on dispose un lit .de rameaux ou degros buisson. Au-dessus de ce lit qui •doit cireaussi a quarante-cinq centimètres au-dessous du

_niveau du potager, ou étend onze centimètres(4 pouces) de bonne terre mêlée de fumier ,presque consommé : ce que nous prescrivons ici:convient aux deux genres de terreins dont nous-nous occupons. Sur cette couche de terre , onplace une griffe d'Asperge dont on dispose bienles racines et qui a été arrachée depuis peu detemps; on la recouvre d'une petite butte en cônede bon terreau , et on ménage entre chaquegriffe alignée au cordeau et en quinconce un in-

tervalle de trente-cinq centimètres ( 14 pouces).Les griffés dont on fait usage ne doivent pas

Cire • êgées de plus de trois ans. C'est au com--menccuient de nit u •s ou du moins dans le cou-rant de cc mois , tsar un beau temps . que l'on

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94 ASPERGES.

doit procéder à ce travail qui exige beaucoupd'attention. Ou recouvre ensuite de quinze à vingtcentimètres (6 ou 7 pouces) de bonne terre pas-sée à la claie et composée, comme nous l'avonsdit plus haut , de terre calcaire, de sable, de't erreaux , de terre franche. Quand on a des plâ-tras de démolitions , des débris de chaux et de Isable , ainsi que des curares de fossés et de ma-

res , dés terres de voiries , des issues (le bouche-ries, on les entremèle dans cette couche de terreque l'on étend avec -le râteau. Alors le vide dequarante-cinq centimètres se trouve en partierempli , puisqu'on y a étendu au moins vingt-six

'-ccntitriêrtees '9-pouces environ) de terre qui entassa ut n'offrira pent-ètre au bout .d'un an

que vingt centimètres au plus ( à 8 pouces ).Il est à propos de ficher au pied de chaque

griffe d'Asperge à mesure qu'on la place un pi-quet de titis durable pour indiquer le lieu onelle a été établie , afin que dans les divers tra-

aux annuels on• ne - soit pas • exposé à marcherdessus.

Cette première année, le travail consiste à biensarcler, biner et ameublir la surfiice du sol , ohil faut veiller avec la plus minutieuse attention à-ce qu'il ne s'établisse pas de mauvaises- herbesà fortes racines, tels que' les chiendents, les pa-

tiences , etc. Si le tempa était trop src , il faudrait

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ASPERGES. '95lie pas négliger d'arroser le jeune plant -qui estencore délicat.

Au mois de novembre on coupe les tiges des-séchées des Asperges et on sarcle sans biner.

La seconde année , au mois de février ou dansles commencemens de mars, on déchausse pro-prement ht surface des. griffes d'Asperges que lespiquets indiquent d'une manière certaine ; onétend dessus une petite couche de terreau con-

somlné , épaisse de trois à six centimètres ( 1 à 2

pouces) et au dessus huit centimètres (5 pouces )de fumier bien enfui et devenu presque terreau.Vu recouvre ensuite l' Aspergerie - de huit autrescentimètres (3 pouces ) de bonne terre parexemple de celle que l'on avait, l'année précé-dente , extraite de la fosse ; si elle est de bonnequalité elle suffira , sinon on la mélangera pour

l'a mender ; on continura , et c'est le même tra-vail tous les ans , de sarcler , de nétoyer et debiner. A cette seconde année, des quarante-cinqcentimètres (18 pouces au moins ) de creuxqu'offrait l' Aspergerie , on a déjà comblé vingt-huit centimètres à peu près ( 11 pouces ); il restedonc a remplir pour les années subséquentes dix-sept centimètres ( près de 7

pouces ).Parvenue à la troisième année , le jardinier

renouvellera l'opération de la précédémie et par.conséquent élévcra le sol de l' Aspergerie à ui.e

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96 ASPERGES.

hauteur de trente-six centimètres ( i4 pouces )tout au plus , puisque l'affaissement des terrespar le tassement diminue plus ou moins cettehauteur. Jusqu'alors , on a coupé les tiges sè -dies au commencement de novembre, et c'est cequ'il faut toujours faire.

Cette troisième année , on peut sans crainted'altérer les griffes , couper quelques-uns des tu-rions ou jeunes pousses les plus vigoureux , maisseulement jusqu'à la mi-mai.

La quatrième année, on continue de fairel'opération des années précédentes : on dé-

chausse , on rechausse avec du terreau, et onrecouvre d'une nouvelle couche de bonne terre,oui amène la surface de l' Aspergerie à une éléva-

i i on presque égale à celle du terreiu voisin queVon atteindra l'année suivante. Dans le cours de

ette quatrième année on peut couper les plusfortes Asperges jusqu'au mois de juin. Les an-nées qui suivront seront celles du bon rapport :alors ce sera sans inconvénient qu'on pourra lescueillir jusqu'au premier juillet. Désormais onne laissera subsister dans 1 Aspergcrie que lespetites, Asperges, les tiges les moins vigoureuses,à moins qu'on ne veuille obtenir- de la graine :dans ce cas on conserve quelques-unes des pre-

mières et des plus belles que l'on remarque.• ll serait préjudiciable aux griffes et l'on ne

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ASPERGES., 97tarderait pas à a1térer notablement le plant , sion ne laissait pas quelques turions monter à fleuret à graine, afin de procurer aux racines les bien-faits de la sève descendante, que leur envoientles tiges et les rameaux pendant le printemps etl'été.

Les soins annuels de l' Aspergerie deviennentmoins considérables c on serfouit en février, onameublit, et on sarcle; on enlève, si la dépensen'est pas trop forte, cinq centimètres ( s pouces)de la terre de la surface , que l'on remplace parune quantité égale de fumier consommé ou deterreau gras. On se borne , tous les ans , à 'cetravail, ainsi qu'à couper, au commencementde novembre , les tiges des Asperges que l'on aconservées.

C'est toujours 'a cinq centimètres ( s pouces )au-dessus du sol, que l'on doit couper les tigesdes asperges desséchées , en novembre ou dès lafin d'octobre.

Quand on craint les fortes gelées , qui ne fontpas périr l'Asperge, mais qui, si elles sont tar-dives , retardent la pousse des turions ; quandd'ailleurs on n'a pas de terreaux à sa disposition,et que l'on veut amender la surface de l'Asper-

gerie , on y étend , au mois de novembre , desfèuilles sèches, des fougères et de la bruyère, qui,pendant la durée de l'hiver , y pourrissent en

6 5

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gS ASPERGES.

partie et laissent quand on les enlève au rateaudans le courant de février une petite portion deterreau qui est un bon amendement quoiqu'ilsoit malheureusement peu considérable.

Nous avons supposé le cas où l'on manque deterreau. Ce cas doit être rare : car dans - uneexploitation bien entendue, on doit avoir dufumier pour le jardin, soit qu'on le tire des écu-ries, soit qu'on l'obtienne des étables, soit qu'onrecueille dehors les bouses desséchées vers le moisde mars. Ces engrais jetés dans la fosse à fumieravec les déchets des cuisines , les balayures, les

sarclures , des feuilles recueillies en automne, etquelques terres de curure bien mûries, forment

^tn dépôt où l'on peut puiser pour l' Aspergerieet les autres besoins du jardinage qui ne peutêtre productif qu'autant que l'on engraisse etdivise le terrein .

Ainsi on emploie cet amendement pour re-couvrir annuellement l' Aspergerie ; comme onenlève tous les ans une petite couche de la sur-

face pour l'y mettre en remplacement , on peutalors disposer de cette surface, qui n'est autrechose que du terreau très consommé, pour les ra-cines, les ognons et les semis délicats, auxquelsil convient même mieux et donne plus de saveurque le fumier proprement dit ou les terreauxtrop récens .

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ASPERGES. 99C'est parce que les griffes d'Asperges remon-

tent tous les ans vers la surface du sol que nousn'avons pas prescrit de paver le fond de l'Asper-gerie ainsi que le fesaient les anciens jardiniersqui, mauvais observateurs, prétendaient par cemoyen empêcher les racines de s'enfoncer enterre et les forcer de remonter pour former desturions; tandis que ces turions partent du colletet que les racines n'en produisent pas ; tandisqu'au lieu de tendre vers le fond du sol, l'As-perge en recherche la superficie. Ainsi il con-

► ient de recharger l'Aspergerie , afin que la plantese trouve suffisamment nourrie et recouverte parla terre.

Quelques cultivateurs qui n'ont pas facilementdes griffes d'Asperges à leur portée préfèrent lesemis des graines à la plantation. A la vérité, ilretarde de deux ans la jouissance du propiétaire ,mais l'Aspergerie en sera plus durable , et sou-vent même plus productive.

On suit, pour la préparation du terrein , laméthode que nous avons prescrite; mais, au lieud'établir les griffés et de ficher auprès d'elles despiquets de reconnaissance , on sème autour dechacun de ces piquets sur le terreau trois ouquatre graines recueillies bien mûres , bien con-servées , de bonne espèce , et que l'on recouvrede deux à trois centimètres (s pouce au moins )

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1 00 ASPERGES.

de bon terreau. On sarcle , on rechausse un peuaprès avoir réduit les graines levées à une seulepar piquet , et on arrose au besoin. A la fuid'octobre il est à propos d'établir sur toute l'é-tendue de la fosse pour bien recouvrir le planthuit centimètres (3 pouces) de bonne terre. Aureste on suivra ce qui vient d'être conseillé pourla culture de la plantation des griffes.

La récolte des Asperges exige une certaine at-tention. Comme pour le travail que l'on fait an-nuellement , il ne faut entrer dans l'A.spergeriequ'en se dirigeant entre les piquets , afin de nepas s'exposer à écraser les griffes , et les jeunespousses qui arrivent à fleur de terre.

Pour ne pas fatiguer les pieds, il est à proposde couper les turions h cinq centimètres( 2 pou-ces) au-dessous du sol, et de manière à ne pass'exposer à offenser, ou mêane à briser ceux quisont près de poindre.

Quoiqu'il existe un plus grand nombre de va-riétés de l'Asperge, ou ne cultive que les troissuivantes : 1°. l'Asperge blanche ou Asperge

ale Hollande 2 la plus profitable i 2 0. la grosseAsperge ou Asperge violette, et 5 0 l'Aspergeverte,

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AIXTIclIAUTS . loi

ARTICHAUT ( Cynara Scolynnas ).

Ordinairement on consacre aussi un quartierparticulier du potager pour la culture de l'Arti-chaut qui est une de ses meilleures productions.C'est à tort , puisqu'il convient d'alterner lescultures.

Ainsi on doit varier l'emplacement des Arti-chauts qu'il est bon d'ailleurs de renouveler tousTes cinq ou six ans par moith ou, ce qui vaudraitmieux, par sixième chaque année , puisqu'il estreconnu que les pieds plantés en avril donnentpresque toujours des têtes en septembre et queces t@( es sont plus tendres. Les vieux pieds offrentl'avantage d'en produire de plus gros et de plussavoureux ; ils résistent aussi beaucoup mieuxaux gelées puisque leurs racines étant plus pro-fondes se dérobent mieux-à l'effet de ces météoresdestructeurs.

Les semis faits au commencement d'avril et xdemeure, ou les oeilletons que l'on nomme aussifilleuls et que l'on détache des vieux pieds avecun couteau, sont les deux modes de formationemployés pour les plants d'Artichauts. Quel qu'ilsoit, il fiut défoncer, amender, ameublir le

terrcin ; employer plutôt du terreau gras que da

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1 02 ARTICHAi TS.

fumier et y mélanger de la terre franche de ma-nière à composer un fonds substantiel , qui aitenviron quarante-cinq centimètres ( 18 pouces )de profondeur.

C'est sur ce terrein qu'à la distance d'un mètreen tout sens ( 3 pieds), on sème, on plante aucordeau. Si on se sert de graines, on les enfonceà cinq centimètres (près de 2 pouces ), au nombrede trois ou quatre, pour ne réserver que le piedle plus fort aussitôt qu'elles sont levées et que lejeune plant pourrait se gêner. On sarcle, onbine; on arrose aussi s'il est nécessaire.

Comme les deux premières années les semiset même les jeunes oeilletons n'occupent qu'unepartie du terrein où on les a placés , on peutcultiver dans les intervalles non occupés soit dessalades , soit quelques pieds de fèves ou mêmede haricots , qui d'ailleurs auront l'avantage deprocurer un léger ombrage et de la fraîcheur.

Pendant l'hiver et dés les premières gelées onbutte un peu les Artichauts, on lie les feuillesque l'on a raccourcies dans le commencementd'octobre, et on les empaille ou on les couvreavec de la litière, de la fougère, des tiges de poisou des rameaux garnis de feuilles desséchées .que l'on assujétit avec des branches flexibles en-foncées en terre par leurs deux bouts et crpiséessur l'empaillement. C'est seulement dans les terres

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ARTICHAUTS. i e5légères, dans un sol sain, qu'il faut butter lesArtichauts; on doit se borner à les couvrir dansles terres humides. Dans tous les cas on ne doitles couvrir que lorsque les feuilles et les tiges nesont pas imprégnées. d'eau qui les ferait pourrir'sous leur abri.

Tant que les gelées sont faibles , il suffit dejeter quelques poignées de litière sur chaquepied , sauf à compléter l'empaillement quand lefroid devient rigoureux.

Si l'hiver est doux il faut bien se garder decouvrir les Artichauts que l'on ferait pourrir,que l'on; affaiblirait et' dont on retarderait l'ac-

eroisseuaent et le produit.Quand les gelées sont passées , il faut par de-

grés découvrir les Artichauts afin de leur donnerun peu d'air et de lumière et de les accoutumerinsensiblement au plein air qui leur serait funeste

fil les frappait tout-à-coup.C'est alors qu'on les bêche , et qu'on enterre

une partie de la litière pour amender et ameublirle sol; puis dans le courant de l'année on pro-

cure à ces plantes les serfouissages qui peuventêtre nécessaires pour tenir la terre meuble etpropre..,

Comme il peut arriver que, dans les hiverstrès rigoureux , surtout lorsqu'ils exercent leursravages sur un terrein naturellement humide ou

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] ot ARTICHAiīTS .

subitement après de longues pluies, les Arti-chauts viennent à périr, il est prudent de se pro-curer de bonne graine. A cet effet on réserve uneou deux des premières et des plus belles têtesdont on recueille avec soin la graine bien mûre,pour la semer au printemps suivant ou , mieuxencore, au bout de deux ans . Ces semis mêmeseraient utiles , faits en pépinière tous les ans ,pour fournir des sujets de remplacement et con-server les bonnes espèces; ces sujets bien pour-vus de racines , bien francs de pied, seraientpréférables à la plupart des oeilletons qu'il estquelquefois assez difficile de faire reprendre. Afinque les Artichauts de semis produisent plus tôtet donnent des productions plus volumineuses,il est indispensable de• couper leur pivot qui neservirait qu'à donner aux feuilles une plus grandedimension.

Quant aux oeilletons , on les détache au prin-temps des vieux pieds qu'ils affaibliraient parleur trop grande multiplicité. Cette opérationn'est pas sans inconvénient, du moins dans cer-taines contrées où la terre est lourde et la végé-tation tardive. Dans ce cas, il faut au commence-ment d'octobre détacher les oeilletons disponibles ,et les planter en pépinière. Avant l'arrivée 'dufroid les vieux pieds ont le temps dose rétablir;et les oeilletons de reprendre racine et d'acquérir

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•p1'rIcn4Ü'Ts: 105une certaine force qui les- rend très propres auxplantations d'avril.

Lorsque l'on cueille les tètes d'Artichauts, il estnécessaire de couper les tiges le plus bas qu'ilest possible, et, lorsqu'elles sont entièrement dé-

poudlées , de les raser au niveau du sol sans tou-tefois endommager les feuilles. Si les pieds ontproduit de bonne heure; si les tiges ont été cou-pées comme il convient; si la terre a été bienserfouie et arrosée, et que la saison soit favorableà la vég4tation , ces pieds donnent quelquefoisune seconde récolte à la fin de septembre ou aucommencement d'octobre.

Quelques oeilletons ou quelques pieds destinésà êtreremplacés peuvent être empaillés clans lecourant d'octobre pour blanchir. Leurs feuillesdonnent ainsi des produits analogues aux car-dons et très bons à manger.

Les principales variétés des Artichauts sont :1°. l'Artichaut 'vert ou Artichaut commun ,gros, productif, et assez robuste; 2°. l'Artichaut

violet , moins fécond , moins gros , mais plussavoureux surtout quand on veut le manger cru;5^. l'Artichaut rouge, le meilleur pour ce der-nier usage seulement, 4°. l'Artichaut blanc,précoce, mais plus petit encore que le précédent,peu savoureux et peu robuste; 5°. l'Artichaut

de Gênes, vert, peu volumineux , sucré , tendre5.

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1 06 ARTJMAU Tg .

la gelée, mais dégénérant promptement sur-tout dans les contrées qui ne sont pas très chau-des; 6°. l'Artichaut blanc de BretaNne , excel-lent, ires gros et productif, et 7 °. P rlichautcamus, aussi bon que le précédent , mais unpeu plus tardif.

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MELONS. 109

CHAPITRE VII.

Légumes Cucurbitacées.

MELONS.

Excepté dans les contrées méridionales , quisont chaudes et propres par elles-mêmes â l'é-ducation des Melons en pleine terre , on les élèveen terreau composé, et même sous l'abri deschàssis , des cloches et des verrines , si l'on veuten obtenir de précoces.

Cette culture. exige beaucoup de soins de dé-tail.

Ou place la Melonnière , dont on ne craintpas de fatiguer le terrein , puisque tous les anson le travaille et le renouvelle, dans lapartie duPotager qui est la mieux exposée 'a l'ardeur dusoleil et la plus à l'abri des vents froids et secs del'est et du nord ainsi que du vent froid et humidede l'ouest.

La Melonnière sera éloignée de l'emplacementoù l'on cultive les autres cucurbitacées telles'que les citrouilles, les potirons et les concombres

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^ oû MELONS.

dont les étamines mêlées à celles des Melons enfleur ne pourraient qu'en abâtardir la graine' eten dépraver les espèces pures.

Dans la plus grande partie de la France, lesMelons ne réussissent bien que sur couche, etsous la protection des abris que nous venons dedésigner.

La fosse pour cette couche sera creusée deplus de soixante centimètres ( 2 pieds au moins )sur une largeur de plus d'un mètre (3A 4 pieds).Le fond en sera rempli par quarante centimètres

( 1.5 pouces ) de fumier de chevaux bien rc-ceut ,privé de crottin et seulement imbibé d'urine del'animal. Cette paille sera pressée. et foulée avecforce, avant qu'on la recouvre de vingt-neuf

entimètres (i o pouces) de bon terreau disposé,de manière qu'il forme du nord au sud une lé-

gère pente , afin que le soleil l'échauffe plus fa-cilement : ainsi la couche de terreau élevée devingt-neuf centimètres au nord ne sera épaisseque de dix-sept (6 a 7 pouces) au sud de la

Melonnière .C'est ainsi qu'il suit que l'on doit composer

Te terreau destiné à couvrir la couche : 1°. moitiéterre franche; un quart de terreau ,gras-et vif;

et 3°. un quart du Mélange suivant s crottin decheval, de mulet ou d'âne; crottin de mouton;.Gente de pigeon; bouse de vaches bien consom -

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MELONS. 2O9

mec, et poudrette ou poudre végétative , com-posée d'excrémens humains desséchés. Au lieudu terreau gras , ou , mieux encore, en l'y fe-

sant entrer pour moitié , on pourrait se serviravec succès de terres d'égout , de boues de voirie,de curures de fossés ou de mares , bien mûries ,bien maniées à l'avance , et devenues bienmeubles.

La terre ou terreau dont on recouvre le fu-mier des couches doit être passé à la claie pourqu'il soit plus fin, mieux ameubli et prive desubstances étrangères. On mélange avec beau-coup de soin les diverses espèces de terreins quel'on emploie afin de les amalgamer convenable-ment.

Les Jardiniers de Hollande et d'Allemagne ontl'habitude de composer la terre de leurs couches

à Melons d'un tiers de terre grasse ou bonneterre végétale non engraissée récemment par lefumier , d'un tiers de curures , et d'un tiers deterreau bien consommé. Ils laissent mûrir le toutbien mélangé, pendant une année durant laquelleon le mêle et manie fréquemment.

Miller, célèbre agronome anglais connu parun savant Dictionnaire du Jardinage, recom-mande l'emploi de cieux tiers de terre grasse etlégère unie à un tiers de fumier de vache, réduiten terreau et bien manipulé pendant l'été et

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110 MELONS.

l'hiver qui précèdent la formation des 'couchesà Melons.

Les Amateurs riches peuvent, au moyen deschâssis, cultiver des Melons dès le mois de févrieret même de janvier ; mais c'est faire de grandsfrais pour obtenir des produits médiocres quin'ont que le mérite de la précocité.

En général, c'est dans le courant d'avril etmême seulement au commencement de mai ,selon que l'année est avancée ou retardée danssa végétation, et que le climat est plus ou moinsavantageux pour Ies primeurs , qu'il convientdans la plus grande partie de la France de se li-vrer aux travaux de la culture des Melons.

Quand le fumier a été disposé et la terre éta-blie sur la couche, la fermentation ne tarde pas àse développer du fond de la fosse vers sa surfaceoù elle échauffé bientôt fortement le terreau. Enenfonçant un peu la main on s'aperçoit qu'il estbrûlant et qu'il jette son feu : ordinairement c'estce qui arrive du troisième au huitième jour àpeu près. On laisse passer ce premier feu quibrûlerait les graines et les plantes; niais quand ilest devenu moins vif et qu'il n'y a plus rien defâcheux à redouter pour ce qu'on lui confie, ony établit sous chacune , soit des verrines , soitdes cloches de verre ou tout au moins de papierhuilé, placées à une distance d'un 4 deux mètres

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MELONS.

( 3 à 6 pieds ), cinq ou six graines de Melon ,ou bien trois jeunes plants que l'on a fait lever àl'abri. Dés que ce plant est bien repris et a quel-que force , on n'en laisse qu'un ou deux piedspar cloche ou par verrine .

On met mieux à profit la chaleur de la couchepour la végétation des Melons , quand au lieude l'employer pendant quelques jours à . faire le-ver les graines de Melon , on y plante des piedsdéjà forts, âgés de dix à douze jours, et que l'ona fait lever sous châssis dans de petits pots faitsexprès et remplis de bon terreau d'où on les tirefacilement en renversant ces vases dans la main.Ce n'est que lorsque l'on est privé de la ressourcedes châssis que l'on est obligé de semer surcouche.

Si on ne peut pas faire lever les Melons dansde petits pots , et que l'on ait du jeune plant àtransporter sur la couche , on coupe avec l'ongleou un canif bien acéré le pivot de la racine, onpique avec le doigt dans la terre, et on presselégèrement autour de chaque pied pour l'affer-mir. Il suffit ensuite d'arroser un peu, et decouvrir soigneusement les cloches afin que l'ar-deur du soleil ne flétrisse pas, avant qu'ils soientrepris, ces jeunes plants qui sont d'abord fortdélicats. En peu de jours ils reprennent et netardent pas à pousser, surtout si, en même temps

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112 MELONS.

qu'on les défend du soleil , on a soin de leurdonner tous les jours un peu d'air en élevant uncôté de la cloche 'a peu de hauteur et seulements'il fait chaud. Il est â propos de couvrir ces clb -

ches toutes les nuits avec des paillassons , tantque la saison reste froide et que lesMelons , faiblesencore , n'ont pas franchi les limites de leurscloches.

Aussitôt que la cime et les quatre bras ouconnais latéraux du Melon sont suffisammentmarqués et distincts, on doit couper, soit avecl'ongle, soit avec un canif bien acéré, la cime etdeux bras parallèles : il n'importe pas que cesbras soient enlevés sur les cotylédons ou oreilles,

ou bien à côté Ces cotylédons, que quelquesignorans coupent sans ménagement , doiventêtre soigneusement conservés, puisqu'ils contri-buent pendant quelque temps à la nourriture dela jeune plante. Il en est de Même des fleursmâles qu'on a tort d'appeler fausses fleurs oufolles fleurs : elles sont nécessaires pour féconderles fleurs femelles et produire des fruits.

Les couches , surtout si la température estfroide, ne tardent pas long-temps â avoir besoind'être réchauffées : c'est ce que l'on fait avec dufumier de cheval semblable à celui que l'on a em-ployé d'abord pour garnir le fond de la fosse :on le tasse dans (les rigoles étroites et profondes

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MELONS. t15

d'environ trente-deux centimètres ( 1 pied ) toutautour des couches ; on le recouvre de terre bienpressée afin que la chaleur qu'iI doit développerse reporte vers l'intérieur de la couche.

Comme les autres cucurbitacées, les Melonssont des espèces de plantes grasses qui ne récla-ment que de légers arrosemens et dont les feuilleset les branches craignent l'eau et même l'humi-dité. Ainsi il faut employer l'arrosoir à bec afin:de conduire l'eau avec précaution vers les ra-cines sans qu'elle puisse s'étendre au-delà dtrpied. Cette eau doit n'être pas crue ; elle a dûêtre exposée au soleil et l'air, au moins autantque celle dont on fait usage pour l'arrosementdes plantes délicates qui souffrent toujours plusou moins du contact de l'eau froide, surtoutquand la température est chaude et que le tissudes végétaux est tendre encore.

Après les amputations dont nous venons deparler , les deux bras conservés poussent avecvigueur et ne tardent guère à sortir de l'enceintedes cloches, que l'on a exhaussées au moyen depetites planchettes posées debout , que l'on ap-pelle des , hausses, et que l'on enlève à mesure ,soit que l'on veuille aérer, soit que la plante,devenue plus volumineuse, indique le besoin deplus d'espace. Ces bras que l'on réduit ordinai-rement à deux, et que dans certains cas on peut-

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1 .L 4 MELONS.

conserver en totalité après l'amputation de lacime , doivent, ainsi que les branches qu'ils pro-duisent, être rabattus ou coupés au-dessus datroisième nœud si la pousse en est forte, et au-dessus du deuxième seulement si elle est faible,grêle et peu vigoureuse.

Pour cicatriser promptement les plaies que lesamputations occasionnent , on jette dessus unpeu de verre pilé , on de poussière sèche , ou detabac capé, afin de dessécher en peu de tempsla sève qui , en s'écoulant , affaiblirait la plante.

Ce n'est pas sans raison que l'ou donne lapréférence aux graines de deux et même de troisans: elles produisent des plantes moins disposéeà s'emporter par suite de la vigueur surabon;dante qui est à la vérité une preuve de force,mais un luxe stérile et la cause de la coulure dela plupart des fleurs du Melon.

Quand on y voit des fruits arrêtés, bien noués,bien assurés et déjà gros comme un œuf , on de'-place les cloches qui couvraient le pied de laplante pour les établir sur ceux de ses fruits quisont les plus beaux : c'est le moyen de les fairecroître et mûrir plus vite. S'il arrivait , ce quin'est pas rare à l'époque où les couches se cou-vrent de Melons, que la chaleur devînt forte etvive , il serait à propos, depuis onze heures du

matin jusques 'à deux et même trois heures de

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MELONS. 113

l'après-midi, de couvrir un peu la cloche avec unepetite pièce de grosse toile , afin de préserver lesplantes ou les fruits de la violence des coups desoleil.

Dès que les Melons sont devenus gros à peuprès comme le poing, il est nécessaire de placerdessous une petite planche, une tuile, ou mieuxencore une ardoise.

Tous les deux ou trois jours , il est indispen-sable de visiter la melonnière , qu'il faut tou-jours surveiller, sarcler et serfouir avec soin, etdans laquelle il y a souvent des amputations àfaire, surtout dans les premiers temps.

Une fois que -le Melon est arrêté, il parvientà maturité en quarante à soixante jours, suivantla variété, la température ou l'exposition. Il estmûr, et propre à être cueilli , dès qu'il est de-venu bien formé, odorant, et qu'autour de labase de sa queue , il s'est établi une petite dé-chirure. Quelques variétés deviennent alors jau-nâtres : c'est une indication de plus.

Dans les contrées méridionales, on peut semerles Melons eu plein champ, dans de petites fos-settes carrées, de quarante à quarante.cinq cen-timètres (15 à i$ pouces) d'ouverture, au fonddesquelles on établit quelques pouces de fumier,tel que nous l'avons prescrit, sur lequel on étendquinze à vingt-cinq centimètres ( 6 à 9 pouces )

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r

I

1 18 MELONS.Melons et le plus petit; chair orangée, sucrée,excellente; i o". Cantaloup orange; très précoceaussi, petit; chair de couleur orangée; sucré etbon; t 1°. Cantaloup noir des Carmes : précoceaussi et également propre aux cultures de pri-meur que l'on fait sous châssis; vineux et sucré;chair fondante ; 12°. Petit Prescott ; pour lesqualités, il a beaucoup de rapports avec les Can-taloups qui précèdent; souvent mème il est plussucré ; 15". Gros Prescott noir ; 14°. GrosPrescott blanc : tous deux, h la couleur de leurécorce près, se ressemblent en précocité et enqualité supérieure; Melons excelleras ; 15°. Can-taloup Boule de Siam ; galeux ; côtes pronon-cées et de couleur noirâtre; très bon, mais in-férieur aux Prescott; 16°. Gros Cantaloup noirde Hollande; 17 °. Gros Cantaloup de Por-tugal; 18°. Cantaloup Mogol , soit à chair f ,.verte , soit à chair blanche ; 19°. Cantaloup

d'Astracan ; chair orangée; saveur très sucrée ;so °. Cantaloup du Chili; très bon, mais sujet

se crevasser, surtout dans les années humides.

MELONS ORIENTAUX. 21°. Melon de Malted chair rouge, c'est-à-dire de couleur orangée;très précoce ; sucré , parfumé ; 22°. Melon deMalte à chair blanche ; précoce aussi , et trèssucré; 230 Melon du Pérou : oblong, sucra;

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MELONS. 1 19

chair verte ; 24°. Melon Muscat des Elats-Unis , ou Muscade des Etats-Unis ; petit ,

liais très sucré et très bon; chair verte (1).

MELONS D'HIVER. 25 °. Melon de Candie,

ou de Morée , ou encore Melon de Malted'hiver ; chair verte; très sucrée et parfumée;propre à ètre conservé dans la fruiterie ou à lacave jusqu'à la moitié de l'hiver, ainsi que lesuivant; 260. Melon de Perse ou Melon d'O-dessa; très long; chair verte; sucré et fondant.

CONCOMBRE ( Cucuinis ).

C'est à la fin de mars ou bien au commence-ment d'avril que l'on sème les pépins du con-combre sur couche ou clans du terreau étendu

â une épaisseur de quinze centimètres au moins .(6 pouces ) sur vingt à vingt-cinq centimètres ( 7à Io pouces) de bon fumier de cheval. Ces pé-pins se sèment sous cloches comme les Melons.Quand on n'a pas de cloches à sa disposition ,oit retarde cet ensemencement jusqu'au mois de

(t) Nous avons réuni ces deux dernières variétéssous le noie de Melons orientaux , parce qu'ils parti-cipent aux principales qualités dès Melons de Malte.

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I

120 CONCOMBRE.

mai , parce que les gelées du commencementdu printemps et la rigueur souvent assez fortede l'atmosphère d cette époque feraient périr lesjeunes pieds de Concombre. Cette plante exigepeu d'arrosemens ; il faut tenir la terre meuble;il faut sarcler soigneusement. On pince le Con-combre comme le Melon ; cependant quand lesbras conservés sont forts il suffit de couper auquatrième oeil .

Le Concombre, qui produit les cornichonspropres â confire dans le vinaigre , ne diffère enrien pour la culture de celui qui donne des fruitsbons â manger.

Les variétés suivantes sont considérées commeles meilleures de cette cucurbitacées I °. le Con-combre blanc de Paris; 2 °. le Concombre hâtifde Hollande; 5°. le Concombre jaune long;4°. le Concombre à cornichons vert petit ; et

le Concombre vert long.

CITROUILLES ( Cucurbita Pepo ).

La Citrouille ou Potiron est une des meilleuresproductions des jardins. On peut la semer surles tas de fumier, sur les amoncellemens de terreexposée pour mûrir, clans des points écartés,mais au grand air et au grand soleil qui seuls ;a

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CITROUILLES. 121

font prospérer. Comme les Concombres, on peutla semer, au mois d'avril, sur une petite fosse defumier de cheval recouverte de terreau. Il estinutile, et peut-être même serait-il préjudicia-

ble de soumettre à la taille cette plante quipousse au loin ses vastes rameaux et produit desfruits quelquefois énormes, susceptibles de seconserver pendant plus d'une année, mais trèssensibles à la gelée dont il faut les préserver soi-gneusement dans la fruiterie. Quoique l'on netaille pas la Citrouille , cependant quand elleprésente trois à six fruits bien noués et groscomme les deux poings, ou pince l'extrémitédes bras pour les arrêter. Le fruit en sera plusbeau et même meilleur. Comme pour les Melonset même les Concombres, on place une ardoiseou une planchette sous ces fruits, afin que leurcontact immédiat avec l'humidité du sol ne lesfasse pas pourrir.

C'est aux variétés suivantes tant de la Citrouilleproprement dite que de quelques plantes analo-gues, qu'on donne une légitime préférence: Jo. lePotiron à écorce, soit verte, soit jaune, soittachetée , tant rond qu'oblong ; 2

°. le Potiron

d'Espagne , dont la chair est très savoureuse ettrès sucrée ; 3°. le Giraumon turban , sucré ,excellent; 4". la Courge Dlelonnée ou lblusquéede Marseille; 5°. a Courge de Bourgogne; 6°.

e 6

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2 _ CITROUILLES.

le Giraumon noir; 7°. le Giraumon long deBarbarie ou Courge longue ci bandes; 8°. laCourge à la cooëlle , à chair très douce, et ,comme celle de la Courge de bourgogne , trèsdélicate en sauce, en flan et en potages ; g °. lePalisson ou Bonnet d'Elecleur , nommé aussi(mais mal à propos) Artichaut de Jérusalem, sansdoute parce que, assaisonné, il rappele la saveurdu cul d'artichaut.

On peut multiplier de boutures la plupart descucurbitacées, mais c'est un moyen auquel ona rarement recours, parce que l'ensemencementest pour toutes les cultures la plus sûre et la plusavantageuse de toutes les méthodes .- Ces fruits très jeunes encore peuvent are

mangés cuits avec l'assaisonnement ordinairedes légumes , et mieux encore en pâte frite.

MLLONGE E ( Solanum lllelongena ).

Les Mélongènes bd Aubergines ne viennentbien dans les parties de la France qui n'appar-tiennent pas à ses contrées méridionales, quelorsqu'on les sème sur couche , qu'on les y cul-tive et qu'on leur donne d'abord les clocheset les paillassons qui leur sont nécessaires tantqu'elles sont encore jeunes et que la chaleur nes'est pas fait sentir d'une manière durable.

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MELON'G E NE . 123Cette culture ressemble à celle du Melon.

Toutefois lorsque la Mélongène est un peu forte,on la transporte au pied d'un mur bien exposéau midi , ou d'une palissade ou d'un ados quil'abrite. Dans tous les cas il faut la soutenir pourl'empêcher de ramper et pour procurer à ssfruits plus d'air et plus de chaleur.

C'est au mois de septembre que ce fruit estmir et bon à manger soit frit, soit grillé.

Dans les années chaudes , il suffirait de culti-ver la Mélongene au pied d'un mur dans du ter-reau établi sur un petit fond de fumier : on sepasserait de la couche et même des cloches. Alorson serrerait seulement en mai.

Pour obtenir de bonnes graines des cucurbi-tacées , il est nécessaire de laisser les plus beauxfruits parvenir à -leur complète maturité , etmême un peu au delà quand on ne craint pasd'en sacrifier quelques-uns. Ces fruits doiventêtre choisis parmi les premiers mûrs. Enlevés etexposés au soleil sur une planche, on attend

qu'ils se décomposent pour extraire leurs pépins,qu'il ne faut pas laver, et qu'on fait sécher aucourant d'un air libre ou à un demi-soleil, jus-qu'à ce qu'on puisse les envelopper sainementdans du papier pour les conserver au frais nonhumide.

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MACHE.

CHAPITRE VIII.

Salades.

Nous réunirons dans ce chapitre les principalesplantes dont on fait usage en Salades : commeelles sont, dans la cuisine d'une exploitation ru-rale, un objet de peu d'importance, nous nousétendrons fort peu sur leur culture.

MACHE ( haleriana locusta).

La Mache , ou Boursette , ou Doucette, ouBlanchette, ou Salade royale, comme on l'appelledans diverses contrées , est d'autant plus agréa-ble et recherchée qu'on peut s'en procurerà peu près toute l'année , pourvu qu'on enjette tous les quinze jours un peu de grainedans les plates-bandes ou dans celles des cultu-res qui ne couvrent pas trop le sol et qui n'ontplus besoin d'être binées. Au surplus une foisque quelques pieds de Mache ont grainé dans lepotager, elle se sème et lève d'elle - même, etouestassuré d'en avoir toujours si on eu laisse monter

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MACIIE . 7 2 J r

à graine çà et là dans les diverses parties des car-rés et des plates-bandes . Même en hiver, à moinsqu'il ne soit rigoureux , on peut recueillir de laMache, et c'est alors surtout une salade pré-cieuse.

On peut aussi en obtenir beaucoup dansles terres labourables : il suffit d'y suspendre 4des gaulettes éparses quelques pieds chargés deleurs graines mûres , aussitôt qu'on a semé leseigle et le blé; et dès la fin de l'automne on enrecueille abondamment.

Comme cette graine est petite, elle n'a pasbesoin d'être recouverte : il suffit de la semerpendant la pluie ou de l'arroser à deux ou troisreprises. Si le sol était compact et sa surface dur-cie , on pourrait passer le rateau sur la graineou la saupoudrer plutôt que la couvrir d'un peude terre légère.

Ainsi qu'on en use pour répandre la grainede Mache dans les champs labourés, on doit ensuspendre aux rames des haricots et aux que-nouilles des plates-bandes, d'où elle se détachefort bien et se sème aux environs.

Plusieurs variétés de cette salade sont recor.►-mandables , ce sont i°. la Madre commune;2°. la Illache ronde qui est la plus tendre et laplus délicate; 5°. la Mache d'ltalie à feuilles

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1 26 RAIPONCE.

plus amples que les précédentes, plus pâles ' etmoins tendres, mais plus•savoureuses .

RAIPONCE ( Campanula Rapunculus ).

Ce n'est pas sans peine qu'on parvient à fairelever la graine de cette plante : elle est si fine etson germe si délicat, que pour peu qu'elle soitenfoncée eu terre, elle n'en pçut pas sortir et ypourrit. Pour la faire lever . on la sème en juiysur terreau très meuble, que l'on arrose , quel'on saupoudre ensuite de charrée mêlée avecdu terreau bien sec et bien fin. On recouvre

tris légèrement de menue paille, ou de moussesèche pendant quelques jours pour enip ciel; hsurface de cette terre de se durcir et de se séchertrop. On peut aussi la 'semer â l'ombre , et tou-jours sur terre où on l'enfonce suffisamment aumoyen d'un arrosement répété pendan t plusieursjours, le soir et le matin. Dès le - mois de mars etjusqu'au mois de mai, on peut manger, en saladeles racines et les feuilles de cette plante.

CRESSON D'EAU ( Nasturtium.)

Le Cresson d'eau ou Cresson de fontaine est

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CRESSON. - 121

fort recherché soit pour salades , soit pour ac-compagnement de boeuf bouilli et surtout de vo-lailles rôties. Pour le multiplier facilement , ilsuffit d'en jeter quelque rameaux enracinés, quel-ques racines , ou quelques graines dans l'eau desfontaines, des ruisseaux et même des mares etdes étangs pourvu que l'eau n'y ait pas trop deprofondeur. Le Cresson préfère les parties un peuvaseuses que recouvrent seulement quelquesdoigts d'eau tranquille ou du moins peu agitée.

Quant on n'a pas d'eau vive à sa proximité ,on n'en a pas moins la &cuité d'obtenir de bonCresson. On le sème , ou bien on le plante dansun cuvier au fond duquel on établit cinq centi-mètres ( 2 pouces au plus) de terre sur laquelleon jette une petite couche de sable , et que l'onremplit d'eau qu'il finit entretenir à mesure quel'évaporation la fait. trop baisser. On y jette desplants de Cresson ou de simples épluchures en-racinées, et l'on ne tarde pas à avoir une bonneproduction dont on prolonge la jouissance jus-que pendant l'hiver, si l'on met alors â l'abriles cuviers à Cresson.

Tant, qu'on veut cueillir du Cresson tendreet de bon goût, il est à propos de le couper tousles dix à quinze jours, suivant que la végétation estactive; sinon il durcirait beaucoup trop. Dès quisle mois de juillet est arrivé, époque à laquelle

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128 CRESSON.

on a grande abondance de salades , on laisse leCresson monter à graine : ce qui le multiplietrès bien , et donne pour l'automne de nouveauxpieds frais et tendres. Cette méthode est lameilleure pour propager cette plante , commetous les végétaux.

CRESSON ALL 7 No1S ( Lepidium Sativum ).

Cette plante de saveur piquante, à peu prèscomme le Cresson proprement dit, s'emploieaux mêmes usages. Elle se sème à partir du moisd'avril en terre légère et amendée, et, commeelle ne tarde guères à monter â graine, on enrenouvelle le semis tous les quinze jours pouren avoir jusques à l'hiver. Cet ensemencementa besoin d'arrosement , et le Cresson Alénois ,pour être tendre et. de bon goût, doit êtxe coupéfréquemment.

Ses variétés cultivées le plus généralementsont i°. le Cresson Alénois commun; 2°. leCresson Alénois fri. ; 3°. le Cresson Alénoisdoré , et 4°. le Cresson Alénois d largesfeuilles.

Le CRESSON DE TERRE, ou Cresson vivace,ou Yclar Barbaréc ( Eiysimum proeco r ) , semé

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POURPIER. 129

en bordure , y subsiste plusieurs années , etdonne des feuilles analogues pour la saveur auxdeux Cressons dont nous venons de parler.

Le CRESSON DES PRÉS ( Cardanzina Praten-sis ) , que l'on sème au printemps en terre lé-gère dans les terreins humides, peut , en cas debesoin , remplacer le Cresson.

POURPIER ( Portulaca oleracea ).

Salade et fourniture â la fois, le Pourpier nepeut être semé en pleine terre que lorsque letemps est devenu doux , vers la mi-mai. Pouren avoir de tendre, on renouvelle ce semis tousles quinze jours jusqu'au mois de juillet. On enjette la graine sur terre légère et grasse, on re-couvre très peu et on arrose fréquemment.

On n'en cultive que deux variétés : r°, lePourpier doré; z ^. le Pourpier vert. C'est aupremier qu'on donne avec raison la préférence.

L.AITUE ( Lactuca ).

Une terre substantielle, grasse même, maislégère , est celle qui convient le mieux pourtaire lever la graine de Laitue. On peut la semer

6.

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130 L.IITUE .

à demeure soit dans les cultures peu serrées, soiten bordure, soit même en planche; on la sèmeaussi en pépinière pour la repiquer en rayons

distans de quarante centimètres ( i5 pouces , entous sens, afin d'avoir la facilité de biner lesrayons et le pied de la plante, qui doit être sar-clée et serfouie avec soin, et même arrosée dèsqu'il fait sec.

Pour avoir de la Laitue au retour du prin-temps , on doit en semer au mois de septembre.et la repiquer en octobre, sur des ados, ou aupied d'un mur ou d'une baie qui l'abrite. Si l'hi-ver devient rigoureux, il est prudent de la recou-vrir légèrement de cbenevottes , ou de paillecourte , ou (le fougère. Dans ces temps froids,les jeunes Laitues, exposées souvent aux alter-natives des nuits glaciales et du soleil de midipérissent presque toutes ou du moins souffrentconsidérablement. En effet, ces alternatives sont,généralement parlant, plus funestes aux plantesdélicates que la continuité du froid qui les tientcomme engourdies.

Elevées et conservées en pépinière, les Lai-tues dont la culture est la plus facile et la pro-duction la plus certaine, se plantent en borduredans le courant de mars ou au commencementd'avril.

Pour la culture de la belle saison , on doit se-

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LUTE. t 3 tmer la Laitue depuis le mois de mars jusqu âla fin de juillet. Quand l'été est chaud et aride,les laitues d'été ne réussissent pas même avec les

arrosemens : elles montent avant d'avoir forméleur pomme.

Les variétés de la Laitue sont très nombreu-ses. Voici les meilleures : t°: la Laitue Gotte;2°. la Laitue ci, bord rouge; 3". la LaitueDauphine ; lesquelles sont très bonnes et onten outre l'avantage d'être précoces ; 4°. la Lai-tue blonde ci graine noire ; 5". la Laitueblonde paresseuse , ou Laitue jaune d'été;6°. la Laitue blonde trapue ; 7". la Laitue deBatavia ou de Sibérie , blonde aussi ; 8°. laLaitue Chou ou Laitue brune de Batavia ;9°. la Laitue Turque; 100. la Laitue Impé-

riale ; tt °. la Laitue de Gênes; 12 ". la LaitueMéterelle ; t 3°. la Laitue grosse brune pares-seuse ; t4^. h Laitue Palatine: 15.. la Laituesanguine , soit â graille blanche, soit â grainerouge: toutesces onze dernières variétés sontpro -pres pour les cultures de la belle saison ; t b ° laLaitue de la Passion ; t 7°. la Laitue 1dlorine ;

18 °. la Laitue petite crêpe : toutes trois d'hiver;19°. la Laitue chicorée parce que ses feuillessont crêpues , et 20°. la Laitue Epinard cloutles feuilles sont découpées. Ces deux dernièresvariétés peuvent être soumises â une coupe ré-

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1 52 LAITUE.pétée . plusieurs fuis. Au reste, pour les Laitues

A couper, on donne la préférence aux variétésprécoces telles que la Laitue Cotte et la Laituecrêpe, celles dont la feuille a une teinte blonde ,parce qu'elles sont plus tendres.

Le CHICON ou Laitue Romaine est une variétéde la Laitue qui a quelques caractères distinctifs.Ses feuilles ont une contexture plus charnue, et,pour être plus tendres et de meilleur goût, doi-vent être liées comme les chicorées. La culture duChicon est comme celle des Laitues que l'onplante pour l'hiver ou que l'on sème au prin-temps. Quand elles sont parvenues â leur gran-deur naturelle, on les lie par un temps secaprès avoir relevé et rapproché les feuilles sansles meurtrir. On se sert pour cette opération dejonc, de glaïeul sec ou laiche , ou de laine ,ou d'écorces d'urine_ C'est ainsi qu'au boutde huit h dix jours les Chicons sont bons àmanger en salade. Les variétés les plus estimées,sont tQ . le Chicon vert lidtif ; ?°. le Chicon vertmaraîcher; 5°. le Chicon gris maraîcher ;

•4°. le Chicon vert d'hiver; 5°. le Chicon grosgris d'été et d'hiver ; G°. le Chicon rouge d'hi-

ver; 7°. 1'1llphange blonde; 8°. le Chicon pa-

naché ou sanguin; g°. le Chicon blond moral -

cher ; et tu°. le Chicon blond de BFunoi .

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CHICORÉE . 153

,.f

CIIICOR.LE ( Cicorium Endivia ).

La terre, l'époque de l'ensemencement, et laculture de la Chicorée sont les mêmes que ceuxde la Laitue du printemps.

Pour faire blanchir la Chicorée , l'attendrir etdiminuer son amertume , on la lie comme leChicon, ou, par un temps sec depuis plusieursjours, on pose sur ses feuilles étendues à platune ardoise, ou une tuile, ou une planchette.

On cultive aussi la Chicorée pour la soumettreà des coupes répétées, pendant qu'elle est jeuneencore.. Pour cet usage on donne la préférence • âla chicorée sauvage , la même que I'ou réserve àproduire pour l'hiver, dans la cave, ces coupesle jeunes pousses que l'on appelle Barbe de Ca

-pucin. Voici dans ce dernier cas le procédé donton fait usage : au mois de novembre ou mêmedès la fin d'octobre, on dispose dans une caveou dans un cellier , un tonneau posé deboutet percé de trous dans sa circonférence ; ou leremplit de sable et de terre légère mélangée.

C'est dans ces trous faits avec une forte tarièreque l'on plante des pieds de chicorée sauvage unpeu vigoureux ; on humecte légèrement pourtenir la terre fraîche. On peut aussi parvenir au

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1J4 CVtC0RE .

niéme but , en élevant un petit mur de briquesou de. pierres, entre lesquelles on laisse à diver-ses assises quelques ouvertures pour recevoir lesplants de chicorée; dans ce petit encaissementon jette le sable et la terre légère mélangée. Aubout de quelques jours , on peut déjà couperles jeunes feuilles qui, privées de la lumière etdu grand air , poussent blanches et tendres etsont susceptibles de produire toutes les semainesdes coupes répétées qui durent tout l'hiver.

Indépendamment de la Chicorée sauvagedont nous venons de parler, on cultive dans lespotagers i°. la Chicorée blanche ou frisée;l'Endive ou Chicorée de Meaux; 5°. la Chi-.,

corée fine d'Italie; 4°. la Chicorée toujoursblanche : toutes très tendres et très bonnes ; et

J°. la Scarole ou Chicorée-Laitue , variété excel-lente et dont les feuilles plus charnues ont aussiplus de saveur.

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OSEILLE. l7J

CHAPITRE IX.

Herbages potagers. ;

OSEILLE ( Rumex acetosa ).

La meilleure manière d'obtenir un plant d'O-seille productif et durable, est de la semer auprintemps; la plus prompte est d'en piquer deséclats au mois d'octobre ou de février. C'est enbordure qu'il convient de cultiver l'Oseille, afinde ne pas lui consacrer un terrein qu'on peut em-ployer avantageusement â d'autres cultures. Cette

:méthode est d'autant plus recommandable , queles lignes d'Oseille déterminent bien les bordures,contiennent les terres et présentent un coup d'oeilagréable.

• Quand on prend le parti de semer, on prati-que au cordeau un rayon profondément ameubli ,et, dans le courant d'avril, ou même de mai, oit

y jette légèrement la graine, qui, très fine, n'abesoin d'être recouverte que d'une petite quan-tité de terreau. Pour peu que le temps soit sec,on arrosera suffisamment , afin de tenir le ter-

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13Ô OSEILLE.rein frais. On éclaircit, on sarcle, et ou abritemême, si les premières chaleurs surviennentavant que le pivot de l'Oseille soit assez fortementenfoncé en terre pour les lui faire braver impu-nément. Vers le mois de septembre , ou , au plustard dans ic mois d'octobre, on arrache les piedsgrêles et on réduit le plant de manière que chacunsoit distant de son voisin d'environ vingt à trentecentimètres (8 pouces à 1 pied). Ces jeunes pieds,

bien empattés , dureront de cinq à dix ans, sansavoir besoin d'être arrachés pour le rafralchisse-

ment des racines et l'enlèvement. des rejetonstrop nombreux : opération qu'il faut faire dès

qu'ou s'aperçoit que l'Oseille, soit replantée..soit semée, offre, à fleur de terre, des racinesgrosses, raboteuses , sèches en partie, et servantd'asile à divers insectes.

Comme l'Oseille est d'un fréquent usage , ilfaut s'en procurer une récolte presque continuelle.On y parvient en tenant son plant frais et bienrechaussé; en cassant ou coupant les feuilles avantque la tige monte à graine; en serfouissant etsarclant; en jetant au mois de novembre autourde chaque pied un peu de terreau ou de bousesde vaches demi-consommées , ou même de fientede poulailler, mêlée de terre et réduite en amen-dement ; en nétoyaut au mois de mars et serfouis -

saut les bordures.

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OSEILLE. 1 3 7Pour avoir toujours de bonne Oseille, il faut

renouveler tous les ans une ou plusieurs des bor-dures, de manière que, pendant que quelques-uns sont rajeunies et produisent peu, les autressoient en plein rapport.

Quelques bordures bien exposées au soleil demidi et 'a l'abri des vents froids, donnent des pro-ductions précoces; les bordures un peu ombra-

gées les fournissent même pendant le temps leplus aride et le plus chaud. Ces dernières offrentmême l'avantage de procurer des feuilles moins •acides que celles qui croissent au grand soleild'été.

C'est seulement lorsque l'on a besoin de se-mences qu'on doit laisser l'Oseille monter àgraine, parce que le travail de là fructificationaltère considérablement et fatigue beaucoup lesplantes.

Les meilleures variétés de l'Oseille, sont :1

°. l' Oseille Vierge, qui ne donne presque ja-

mais de graine et qu'on ne peut guère propagerque de ses rejetons; 2

°. l'Oseille de Hollande,

clout les feuilles sont amples et la productionabondante ; 5°. l'Oseille d fèuilles de laitues, ouOseille d feuilles cloquées, très belle et trèsbonne; 4°. l'Oseille de Belleville, la plus fré -

quemment cultivée aux environs de Paris, à causede la beauté et de l'abondance de ses feuilles;

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1 38 ARROCIIE .

et 5 ° . la Petite Oseille à feuilles rondes, peuamples et très acides.

ARROCHE ( Atriplex horten•sis ;.

On n'emploie guère cette plante que dans lespotages pour adoucir l'acidité de l'oseille , etpour accompagnement des racines et des autresplantes potagères.

Au mois de mars ou au commencement d'avril,on sème la graine d'Arroche à la volée à traversle jardin; et ensuite pour pcu que chaque annéeon laisse quelques pieds grainer, cette plante sepropage suffisamment et même assez souvent au-delà des besoins de la cuisine.

Les variétés cultivées, sont : 1°. l' Arrochejaune, qui est la meilleure ; 2 °. l'Arroche rouie,qui est bonne aussi et teint les potages; et 3°.l'Arroche sanguine, qui est d'une couleur plusfoncée que la précédente.

BETTE ( Beta) .

► _ 1 a Bette ou Poirée, offre deux variétés trèsdistinctes et d'un emploi d irent.

La Bette commune n'est propre comme l' Arro-che , qu'à corriger la trop grande acidité de PO-

i

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BETTE. 159seille , et à augmenter dans les potages la variétédes fournitures. On la sème en mars pour avoirses feuilles pendant l'été, et en août pour qu'elleles produise dès le printemps. Quelques piedssuffisant aux besoins de la cuisine, on l'établitdans quelque coin négligé du potager, au boutdes planches , dans une partie de plate- bande oude bordures. De même que pour L'Arroche, ondétache ses feuilles au lieu de les couper , et afinqu'elles soient plus tendres, on enlève celles quisont fortes pour en faire naître de plus jeunes.

La Carde-Poirée est une variété de la Bette ,dont les côtes des feuilles sont très-bonnes àmanger cuites, soit au gras, soit au maigre. Ellese sème en mars en pépinière pour être-repiquée ,ou, cc qui vaut mieux, eu planche par rayons,que l'on serfouit et que l'on éclaircit, afin. .de . neLisser entre chaque pied que la distance de trenteà quarante centimètres , (L pied à i5 pouces ),Le semis de mars produit - pour la fin de l'automneet pour l'hiver; on peut, en faire un second, enjuillet, pour le printemps suivant.

Ces deux plantes sont bisannuelles et ne réus-sissent bien que dans une terre amendée , subs-

taneielle et un peu fraîche.

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14o PERSIL.

PERS IL ( Apiurn Pelroselinum ).

Le Persil est une plante bisannuelle, et quel-quefois même trisannuelle , quand on ne la laissepas monter à graine. Comme il est d'un emploià peu près journalier, il faut toujours en avoirsous la main ; pour cet effet on en sème tous lesans au printemps dans les plates-bandes , - ouen bordures qu'il garnit bien. Il réussit parfaite -ment , et sa saveur est plus prononcée, dans lesterres sèches, dans le caillou, au pied des murs, àtravers les pierres des constructions peu liées deciment. C'est toujours au soleil qu'il faut le culti-ver. La graine ne levant qu'au bout de quarantejours environ, il faut arroser'légêreinent , et nesarcler qu'avec précaution afin de ne pas lefaire pourrir en terre , et de ne pas briser les ger-

mes quand ils se développent.En coupant fréquemment le Persil pendant sa

végétation , on l'empêche de monter à graine ,ses feuilles en sont d'ailleurs plus tendres, et l'onconserve les pieds en plein rapport pendant deuxou trois ans.

On ne cultive généralement que six variétés dePersil : 1°. le Persil â grosses racines, que l'onpeut manger cuites; 20. le Persil ci larges feuil-

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PERSIL. I 4 L

les , qui est le plus productif; 5°. le Persil f-isr ;4'. le Persil nain très frisé, fort bon et quimonte difficilement; 5°. le Persil panaché : et6°. le Persil commun, le plus robuste et lemeilleur pour la saveur.

Nous ajouterons le Persil de Naples ou Per-sil-Céleri qui se cultive comme le Céleri et semange en salades, ou cuit au gras comme lui.

CERFEUIL ( Scandix Cerefolium ):

On sème le cerfeuil tous les quinze jours afind'en avoir de tendre toute l'année. Le premiersemis se fait en mars, et le dernier en septembre.Ceux qui ont lieu pendant l'été doivent êtreabrités contre les grandes chaleurs qui empêche-raient la graine de lever, ou du moins la plantede pousser avec vigueur. Quand les hivers nesont pas rigoureux et que la plante établie aupied d'un mur revoit quelque abri , on jouit touteannée de cette fourniture agréable et parfumée.

Le terrein qu'elle préfère est celui qui est légeret amendé, doux et frais; le semis se fait parrayons.

Les variétés cultivées du Cerfeuil, sont : i°. leCerfeuil commun ; 2°. le Cerfeuil frisé, tousdeux annuels; et 3°.le Cerfeuil musqué ou Cer -

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•1 ßt2 CERFEUIL.

feuil d'Espagne, qui est vivace, et serait d'uneculture très facile et d'un usage commode, si sonparfum convenait plus généralement et si sesfeuilles étaient plus tendres : on le multiplie soitd'éclats détachés des vieux pieds, soit de grainessemées peu de jours après leur maturité.

ACHE ( A pium graveolens ).

On cultive peu l'Ache qui n'est que le Céleriabandonné â lui-même après qu'il a levé, et quipar conséquent, resté vert, conserve une saveurprononcée. L'usage que l'on en fait se borne auxpotages où il sert a les assaisonner en le réunis-sant aux Carottes, aux Navets, aux Porreaux etc.Pour qu'elle pousse bien et donne de belles feuil-les en abondance, on doit serfouir l' Ache etmène l'arroser si le temps est sec. Le terrein quilui convient le mieux est celui qui est frais, pro-fond et substanciel .

BOURRACHE ( Borrago a^cinalis ).

Une fois que la bourrache a grainé clans unÎardin elle s'y multiplie d'elle-même, comme lesArroches et les niches. Cette plante est d'unefaible utilité. Toutefois on fait usage de ses i

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BOURRACHE. 143feuilles tendres dans les potages avec l'Oseille ,la bette et autres herbages de ce genre; ses fleursd'un beau bleu servent â décorer les salades surlesquelles on les jette ainsi que les fleurs de la Ca-pucine. La Bourrache prospère mieux dans lesparties fraîches et même un peu ombragées dupotager que partout ailleurs , pourvu que la terre

en_soit grasse.

ESTRAGON (. riernisia Draconculus)•

L'Estragon est vivace, et s'établit à demeuredans une plate-bande, où il ne réclame d'autressoins que le serfouissage et le sarclage. Lesfeuilles très parfumées et très agréables del'Estra-gon , lesquelles ne paraissent que du printempsà la fin l'automne, sont d'un emploi fréquent etsont d'autant meilleures qu'elles sont plus tendres.Ainsi il faut couper souvent les tiges aGn qu'ellesse renouvellent et pour les empêcher de monterà graine. On les emploie dans les salades, dansles vinaigres; on en fait usage aussi en les fesantcuire avec les Arroches, et les autres légumes despotages.

C'est par ses éclats enracinés qu'on multipliel'Estragon au mois d'avril ou dès la fin de mars.

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144 FOURNITURES.

CHAPITßE X.

Fournitures.

Parmi les plantes potagères que nous venonsde désigner dans le chapitre précédent, il en estplusieurs que l'on emploie comme fournitures etqui servent fréquemment à cet usage. Celles quisont l'objet de ce chapitre reçoivent plus parti-culièrement cette destination.

PIMPRENELLE ( Poterium Sanguisorba ).

C'est dans un terrein plus maigre que gras ,plus sec qu'humide, qu'il convient de semer auprintemps la graine de Pimprenelle. Les feuillesde cette plante vivace ont besoin d'être coupéessouvent , afin qu'elles soient plus tendres : ellesservent à parfumer agréablement la Laitue , la

Maclic et quelques autres salades.

FENOUIL ( Anethum fieniculum ).

Cette plante très odorante ne réussit très bien

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F.ENOC'iL . 1 !J

que dans un terrein substantiel et léger, exposéau soleil, et cependant un peu frais. On Iivitusage de ses tiges pour parfumer la chair du m:.-quereau que l'on y roule et fixe avant de le faire.griller. Il en faut très peu dans les salades pourleur communiquer une odeur prononcée. Dansquelques contrées:on mange ses tiges vertes tou-tes crues. Les graines sont d'usage pour les rata-fias, les anisettes.

Le petit Fenouil ou Fenouil doux ou Anisde Paris est le plus agréable : cultivé comme leCéleri, et rechaussé à propos, il est bon à man-

ger comme lui.

SARIETTE ( Salurela ho'tensls ).

Une fois que la sariette a grainé dans un jardin,elle s'y propage d'elle-même. Elle préfère un

terrein léger, amendé et un peu frais à tout au-tre. Ses jeunes pousses servent à parfumer la fèvede marais que l'on fait cuire avec elles.

On ne connaît que deux variétés de la Sa-riette : 1°. la Sariette annuelle que l'on sèmeen avril, ou qui se sème d'elle-même après lamaturité de ses graines en été : 2 ° . la Sariette demontagne ou Sariette vivace, dont le parfumest un peu moins agréable que celui de la précé-

R 7

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46 &ÀRiETTF .

dente : cette dernière variété se multiplie ou degraines, que l'on sème au printemps, ou de piedséclatés que l'on établit en bonne terre à la finde septembre ou bien au mois de mars.

ANGfII.IQUE ( Angelica archangelica ).

C'est au printemps, à un demi-ombrage, suruu terrein très léger et substantiel , que l'onsème la graine d'Angélique. On la recouvre fortpeu d'une pincée de terreau fin, et on l'arrrosejusqu'à cc qu'elle soit levée. Dès que les piedsont acquis un peu de force, on les transplanteà demeure dans un lieu où les racines trouvent dela fraîcheur et les feuilles jouissent d'un beau so-leil. Cette plante est bisannuelle et tout au plustrisannuelle. Comme les Graines que l'on re-cueille à la fin de l'été ne lèvent que très diffici-lement, on trouve souvent de l'avantage à lessemer au mois de septembre.

Les tiges se confisent au sucre , et les grainesentrent dans la composition des liqueurs de des-sert.

CORIANDRE ( Coriandrum sativum ).

On sème la graine de Coriandre dès le mois

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CORIANDRE. 147

de mars , en place, dans une terre amendée ,niais légère et meuble. Les semences que l'on re-cueille à la fin de l'été servent en cuisine pourquelques assaisonnemens ; on les emploie aussidans les ratafias.

CAPUCINE ( Tr-opreolum ;.

- Cette plante, que la rigueur de nos hivers faitpérir tous les ans, est considérée chez nous commeannuelle. Ses fleurs très belles servent commecelles de la Bourrache à décorer les salades; sesboutons confits au vinaigre sont un assaisonne-ment très agréable ainsi que ses graines jetéesvertes dans cette liqueur. On sème la Capucineau mois d'avril ou même au commencement demai quand ou ne redoute plus les gelées auxquel-les cette plante est très sensible. On lui procuredes ramilles pour la soutenir, à moins qu'établieà proximité d'un mur elle n'y trouve les appuisqui lui sont nécessaires.

On cultive deux variétés de la Capucine pourles usages de la table : 1°. la Grande Capucine ,qui est la plus répandue ; 2 ° . la Petite Capucine,très productive et qui a l'avantage de n'avoir pasbesoinde rsmiés ui d'appuis.

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J43 4 SENEVF:.

SE\EVÉ ( Sinnpis,.

Au mois de mars, dans une terre bien amen-dée et meuble, on sème la graine du Sénevé ouMoutarde. Au mois de septembre, cette plantedonne ses grailles mûres qui écrasées et prépa-rées avec le vinaigre servent â la confection desmoutardes. Les jeunes feuilles du Sénevé s'em-ploient en fournitures de salades : celles du Cres-son alenois sont toutefois préférables.

Les deux variétés de Sénevé ont les mêmesqualités: ce sont, 1°. le Sénevé noir: et a °. leSénevé blanc.

CORNE DE CERF ( Plantago Coronopus ).

Cette plante est annuelle comme la précédente.Ou la sème à la fin de mars, dans une terre lé-gère , fraîche et substantielle , que l'on arrosefréquemment. Les jeunes feuilles donnent unefourniture agréable pour les salades.

PIDtFNT ( Capsicum annuum ).

Ce n'est qu'à une exposition chaude et lfirs-que les chaleurs du printemps sont arrivées,

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PIMENT. 149

que l'on peut semer. la graine du Piment.Cette plante est annuelle et délicate. Il' est bondel semer sur couche et sous Châssis , et de latransplanter en pleine terre au pied d'un murau midi. Sans cette précaution, pour peu quel'été soit humide et que l'automne soit peu chaud,le Piment ne parvient pas à maturité clans lescontrées du centre et de l'ouest de la France etmoins 'encore au nord.

L 'es fruits formés, verts encore, se confisentau vinaigre et sont très bons à manger avec lesviandes, la manière des Cornichons. Ces fruitssont en outre propres à fortifier le vinaigre, et,réunis â l'estragon , lui communiquent une .sa-

veur et une force agréables.Les variétés suivantes sont celles due l'on pré-

fère : t °. le Piment annuel, que l'on appelleaussi Poivron, ou Poivre long; a ". k Pimentrond; 3°, le gros Piment doux d'Espagne; et4°. le Piment Tomate.

TOMATE ( Solanum I.yeopersicon ).

Les procédés de enflure et les soins qu'il con-vient de donner à la Tomate, sont les mêmesque ceux qui sont réclamés pour le Piment. Onn'emploie que le fruit mûr qui est très beau, et

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150 TOMATE.

d'un rouge vif incarnat. Le jus acide et sucré dece fruit a une saveur qui lui est particulière etqui le fait rechercher pour quelques assaisonne-mens de la cuisine.

Quand la plante a acquis de la force, et qu'elledéfleurit , on pince ses jeunes pouces pour fairegrossir et mûrir ses fruits; on enlève aussi quel-ques feuilles pour leur procurer les avantagesdu soleil. Cette plante ne réussit que lorsqu'elleest bien exposée au pied d'un mur au soleil , etqu'on l'arrose copieusement. Elle exige un ter -rein gras et bien amendé , mais 1 4er .

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ß:isrL1C . .151

CHAPITRE XI.

Plantes aromatiques.

ma1L1C ( Oc ymum Basilicum ).

La graine (le cette plante lèvera bien et debonne heure, si on la sème sur couche, souschâssis ou au moins dans un pot rempli de terreaufin. Quand la plante est un peu forte, on la trans-porte à demeure dans le courant de mai ' en terrelégère, fraîche, substantielle. On arrose fré-

quemment et on serfouit. C'est des feuilles etdes jeunes pousses que l'on fait usage en cuisinepour communiquer aux viandes une saveur etune odeur regardées généralement comme agréa-bles.

Les variétés suivantes sontles plus recherchées.1°. le Grand Basilic; 2°. le Petit Basilic;3°. le Basilic moyen; 4°. le Basilic a grappesvertes ; 5°. le Basilic â grappes 'violettes; 6°. leBasilic c1 feuilles découpées ; etc.

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153 ABSINTHE.

ABSINTHE ( Artemisia Absinthium ).

Cette plante et les quatre suivantes sontvivaces, et par conséquent peuvent être éta-blies h demeure dans une plate-bande h part.

La feuille et les jeunes pousses de l'Absinthesont très amères et servent pour aromatiserquelques liqueurs , soit vin, soit poiré, soit ra-tafias. On la sème au printemps, ou bien on laplante h cette époque au moyen d'éclats enraci-

n_s . L'Absinthe senne en pl,.ce n'est pas difficilesur le choix du terrcin . Rcptant'e , elle préfèreune terre fraîche et substantielle, et une expo-sition- chaude. C'est dans cette position qu'elledonne des feuilles pourvues plus abondamment

glu principe amer qui fait son mérite.On ne cultive que les deux variétés suivantes :

r " la Grande Absinthe ou. Absinthe Romaine;1 ". la Petite Abs inthe, que l'on appelle aussiAbsinthe Pontidue .

THYM ( Thymus Yulgaris ).

- Le Thym se multi plie facilement d'éclats enrc-

cinés . On en peut faire des bordures pour soute-nir les terres des plates-bandes; mais le coup-

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THYM . 1 55

d'oeil en est peu agréable, de même que celui dela Lavande que l'on emploie aussi au même usage.Le Thym entre dans plusieurs préparations dev iandes et doit en conséquence se trouver danstous les potagers.

Les v.riétés les plus recherchées, sont : i^. leThym à larges feuilles ; 2". 1e Thym panaché;

3°;.le Thym Serpolet ou à odeur de Citron; et4°.. le Thym commun qui est le plus fréquem-ment employé.

LAVANDE ( Lavandulci Spica).

Les feuilles de la Lavande servent dans lesviandes comme le Thym et le Laurier noble; lesfleurs parfument le linge dans les armoires, etsont propres il aromatiser les eaux-de-vie donton fait usage pour la toilette ; on en fait aussiune eau particulière. Les moyens de propaga-tion et la culture de la Lavande sont en toutsemblables la ceux du Thym et de l'Absinthe.

ROMARIN ( Rosmarinus officinalis ).

ll en est de cette plante comme des précéden-tes , tant pour les moyens de la multiplier, quepour le terrein et l'exposition qui lui convien -

7 .

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154 ROBIARIN .vent. Ses feuilles et ses fleurs sont aussi d'usagepour la cuisine. On en fait également des eauxparfumées.

SAUGE (Salvia ofcinalis ).

RUE ( Ratagraveolens ).

HYSSOPE ( Hyssopus o*icinalis ).

Ces arbrisseaux réclament les mêmes soins queles précédens . Comme eux ils ont besoin d'êtredéplantés, rafraîchis et remplacés par des in-dividus fiais et bien faits, aussitôt que leurbois est devenu grêle et dégarni. Sans cette pré-caution, ils offrent un coup d'eeil désagréable,et ne produisent plus que des jets rabougris, etdes feuilles dures , à peu-près sans utilité.

Outre ces plantes aromatiques, le potagerdoit être pourvu de divers autres arbrisseauxutiles pour la cuisine, tels que :

1°. Le LAURIER NOBLE OU LAURIER SAXON( Laurus nobilis ), qui ne prospère que dansune exposition chaude, qui se multiplie de sesrejetons, et qui, pendant les hivers rii;oureui ,a besoin d'être un peu abrité;

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7.SuR 173R . i 5;r2°. Le LAURIER CERISE ( Ce! zsus Lau, -

Cerasus ), dont les feuilles communiquent aulait une saveur d'amande, et qui, employées au-

trement , seraient d'un usage dangereux: Cetarbrisseau est robuste et réussit à ,toutes les ex-positions ; il préfère toutefois un sol frais etgras.

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56 PETITS FRUITS.

CHAPITRE x11 .

Petits Fruits.

Quoique les arbustes dont nous allons nousoccuper dans ce chapitre semblent appartenirau Verger, nous avons cru devoir les réuniraux cultures du Potager, parce que c'est làprincipalement qu'on les établit : soit dans des

hors-d'oeuvres , soit en haie, soit en plate-bande.

GROSEILLES A GRAPPES ( Ribes ).

Ce Groseiller a beaucoup de rapports, à tous■'gards , avec le Groseiller épineux ou à maque-reau, et avec le Cassis ou Groseiller noir. Aussiles moyens de les multiplier et les procédés (leleur culture sont-ils les mêmes. Le semis seraitla meilleure méthode h employer pour les pro-pager et pour avoir de beaux individus; maiselle serait longue , et comme on est pressé dejouir, en a recours aux boutures et mieux en-core aux drageons enracinés.

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GR OSEILLEn . }57

On les plante soit en haies, soit isolémentdans les plates-bandes, dans un terrein défoncé,un peu amendé , et frais s'il est possible. Au sur-plus, ces arbrisseaux ne sont pas difficiles sur lechoix du sol ni de l'exposition ; toutefois , lesfruits sont plus délicats lorsqu'ils viennent ausoleil.

Cette plantation se fait en octobre ou novem-bre; les boutures s'établiraient seulement en mars.Une fois repris, ces arbrisseaux n'ont pas besoind'être taillés; si on les élague, c'est pour lesempêcher de s'étendre trop au Ioin et de nuireaux autres cultures. Il suffit de les nétoyer demousses, de les serfouir une fois par an an prin-temps, et de remplacer, tous les six à sept ans,les pieds soit rabougris de vieillesse, soit dé-chaussés et trop buissonneux, par des plants plusjeunes, plus vigoureux et mieux faits.

Le Groseilles à grappes est avec raison le plusrecherché, le plus généralement cultivé , à causede l'excellence de ses fruits qui servent à faire d-esconfitures, des gelées, des sorbets très délicats.C'est la variété à fruit rouge que l'on emploie âcet usage. La variété à fiu t blanc est moinsacide, et, comme elle ne parait pas mûre, estplus rarement et plus tard attaquée par les oi-seaux.

En empaillant le Groseiller chargé de ces fruits

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153 GRO'sÈILLEft .presque' Int%rs , on peut est conserver jusqu'auxgelées. Ces fruits mûrissent dans le mois déjuillet.

indépendamment du Groseilier â fruit rouge,et du Groseillcr à fruit blanc, il en existe deuxautres variétés, l'une Perlée blanche et l'autrePerlée rouge.

CASSIS .

Le fruit noir de cet arbrisseau, le bois et lesfeuilles sont très odorans . Il est un peu plusgrand et plus fort en tout que le Groseiller àgrappes. Son fruit qui est à grappes aussi, dontla couleur et l'extérieur est noir, est tonique etbon pour l'estomac; mais son odeur et sa saveurplaisent à peu de personnes. On en fait un bou

ratafiat , et on- ne le cultive guère que pour cetemploi.

GROSE1LLEÂ BYINEUX .

C'est parce que ses fruits, verts encore, ser-vent à l'assaisonnement des maquereaux, qu'onlui adonné le nom de ce poisson , dans la sauceduquel on les fait cuire.

Cet arbrisseau à cause de ses aiguillons, peut

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GROSEILLEIt . 159

jusqu'à un certain point , servir de defense et declôture contre les petits animaux. Ce sOrit ces

épines qui rendent sa récolte difficile à faire. Acela près, son fruit est très sucre et très délicat.On en prépare aussi des confitures , mais ellesn'ont ni l'arome , ni l'acidité agréable de cellesque l'on fait avec la Groseille rouge à grappes.

Les principales variétés du Groseiller e'pineuxsont : I °. Groseiller ci petit fruit jaune, bonpour les clôtures; 2°. le Groseiller et fruit am-bré; 3°. le Groseiller ci fruit long couleur dechair; le mème ci fruit rond; .5 °. et 6°. le

Groseiller â frasil soit blanc, soit vert; 7°. leGroseiller ci gros fruit jaune; 8°. le Groseib-

1er cl gros fruit rond couleur d'olive, excellentet très tardif; 9°. le Groseiller de la Nouvelle —

Angleterre , très gros : tous neuf à peau hérissée ;10°. le Groseiller cigros fruit vert arrondi; 1 1°.le même et fruit allongé;. i a". le Groseiller r:gros fruit lobé; 13°• le Groseiller ci gros fruitambré; 14°. le groseiller â très gros fruitjaune : tous cinq ayant la peau unie et lisse.

F.PINE-VINETTE ( Berberin vulgrrris )

Cet arbrisseau épineux est très propre auxclôtures et s'élève à la hauteur de deux à trois

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16o ÉPINE - FINETTE .mètres ( 6 à g pieds ). On le multiplie de graineset de rejetons enracinés , ou mène de marcoteset de boutures. Il n'est pas difficile sur le choixdu terrein . Cependant il réussit mieux quand lesol est frais et substantiel, et quand on a soin dele serfouir au printemps. Il n'exige aucune sortede taille et pousse rapidement. Son fruit acideest propre à faire des confitures et des sorbets ;

on'l'emploie aussi pour les dragées. On préfèrepour ces usages les Epines-Vinettes sans pepins .Les meilleures variétés de cet arbrisseau sont : 1°,l ' Epine-Yinette d fruit blanc; 2". l' Epine-Yi-

nette d fruit rouge; 3°.1 ' Epine-F ci fruitviolet, qui donne un fruit moins acide. Lavariété dite sans pepin n'offre cet avantage quesur les vieux pieds. Ses fruits mûrissent en au-

tomne .

FRAMBOISIER ( Ru bus Lieus).

Arbuste à racines traçantes et à bois bisan-nuel, le Framboisier vient très bien à l'ombre,pourvu qu'il trouve un sol frais , substantiel etmeuble, fût-il me de cailloux. Comme il tracebeaucoup , il faut l'établir dans un coin 'a part,d'où il ne puisse pas s'étendre au loin vers d'au-tres cultures qu'il étoufferait.

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FRAMBOISIER. 16 t

Ou multiplie le Framboisier de drageons en-racinés; on nétoie un peu le terrain au prin-temps ; on y jette un peu de terreau ou de bousesde bêtes â cornes, et on enlève le bois sec. Telleest la culture de cet arbuste dont le fruit, mûren juillet, est d'une saveur exquise et d'un par-fum charmant, mais qui a quelquefois l'incon-vénient de recéler des vers qui le rongent et qu'ilest difficile d'en extraire. ll a peu de durée ; iltombe promptement, et doit être cueilli d pointpour être employé aussitôt. Comme tous lesfruits dont nous parlons dans ce chapitre, ilfait partie (les desserts , compose d'excellentesconfitures, et a de plus l'avantage de parfumerles gelées de groseilles et les liqueurs de table.

Ses principales variétés sont 1 °. le Framboisierd fruit rouge; 1 °. le Framboisier d fruit blanc;5". le Framboi s ier des Alpes ou de tous lesmois , qui produit pendant l'été et une partiede l'automne ; 4°. le Framboisier à gros fruitsrouges; et 5", le Framboisier d gros fruits cou-

. leur de chair, les plus gros et les plus délicatsde cet arbuste.

FRAISIER ( Frageria ),

On peut cultiver le Fraisier soit en planche,

r

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16 2 FRAISIER.

soit simplement en bordure. Il réussit très biendans les terrains secs; il préfère cependant un

demi-ombrage , un sol substantiel , une posi-tion fraîche et même légèrement humide. Ausurplus, lorsque les pieds ont été mis eu terre àla fin d'octobre, et qu'ils ont bien pris racine,ils prospèrent partout.

Le Fraisier se multiplie de graines que l'onsème à l'ombre, aussitôt que le fruit très mûrest desséché , sur une terre fine , douce , grasse,ombragée , et arrosée fréquemment pour peuque le temps soit sec. On le propage aussi soit defilets enracinés pour les variétés qui tracent,soit d'éclats pourvus de racines pour les variétésqui n'ont pas de courans .

Pour que le Fraisier produise beaucoup defruits et pour qu'ils soient excellens , il fautnétoyer les pieds au mois de février, les ser-fouir et les rechausser, et remplacer ceux qnisont trop vieux et dont les racines sont devenuestrop grosses. Les filets seront coupés soigneuse-ment , à diverses époques de l'année, parce qu'ilsaffament les pieds, et qu'ils couvriraient le ter-rain voisin. Si le Fraisier est de l'espèce qui nefile pas, il faut, tous les deux ou trois ans, aumois d'octobre, déplanter la touffe, la diviser etrepiquer les plus beaux rejetons.

En général, on doit renouveler les vieux pieds

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FRAISIER. i 63de Fraisiers par parties, c'est-à-dire tous les ansun cinquième, afin de conserver des pieds qui,forts et vigoureux, donnent d'abondantes pro-ductions pendant que les jeunes se disposent äleur succéder. Pour que les Fraises soient trèsdélicates, il ne faut pas jeter de fumier ni de ter-reau gras autour des Fraisiers, mais seulementde la terre de bonne qualité , légère et un peuSubstantielle.

Il existe un moyeu de perfectionner la culturedes Fraisiers en planches , qui , sans ce procédé,exigerait beaucoup plus de soins et causerait plusd'embarras. Il consiste dans l'empaillement.Pour cet effet, on jette sur la planche bien sar-clée et serfouie non-seulement entre les rayons,mais encore entre chaque pied, un peu de paillecourte qui, en couvrant la terre , l'empoche dese gercer, de se dessécher et de reproduire beau-coup de plantes parasites. Cette paille offre enoutre l'avantage, lorsque les Fraises mûrissent,de les préserver de la salissure que les pluies oules arrosemens y font jaillir de la terre humectée.

Les variétés principales du Fraisier sont lessuivantes : i°. le Fraisier buisson , sans filets ,propre aux bordures , mais dont le fruit est mé-diocre en grosseur et en qualité ; i ° . le Fraisiercommun ci fruit soit rouge soit blanc , origi-naire de nos bois où on doit le prendre pour re-

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r 64 FRAISIEI .

nouveler les planches cultivées; 3°. le Fraisierdes Alpes ra filets, d fruit soit rouge soit blanc,produisant tout l'été et une partie de l'automne;4°. le mèmesans filets, ou Fraisier de Gaillon ,propre aux bordures; 5 0 . le Fraisier de Mon-treuil, très productif et très bon ; 6°. le Fraisierde Ba►gernont , petit, très bon, produisant uneseconde récolte en Automne, si après les chaleursil survient un peu de pluie à la fin de l'été ; leFraisier vert d'Angleterre , dont le fruit rouge -brun du côté du soleil, est verdâtre dans ses au-tres parties; 8°. le Fraisier Gaperon ou Cipilon ,dont Je fruit est fort gros, niais médiocrementsucré et peu parfumé; g ". le Fraisier Ananas,'a très gros fruit très délicat; ro°. le Frai-sier de Virginie ou'Fraisier écarlate, précoce,propre pour les primeurs, d'une saveur fine , etd'une couleur vive fort agréable ; 110.1e Fraisierde la Cardine , bien coloré aussi, assez gros,mais de saveur médiocre; ►•i °. le Fraisier deBath, à gros fruit, pen savoureux ; i 3°. le. Frai-

sier du Chili ou Frutiller , dont les fruits trèsgros sont peu sucrés dans nos climats.

Le Fraisier, surtout lorsqu'il est vieux et quepar conséquent ses racines sont très charnues, estexposé à être attaqué par le ver blanc. Comme cet.insecte fait de grands ravages en peu de temps,il convient , aussitôt qu'on s'aperçoit qu'un

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FRAISIER. 165

pied souffre et languit , de le déchausser avecsoin, d'y poursuivre et tuer les insectes, et, pourqu'il n'en éprouve pas de résultats fâcheux , delui donner de bonne terre et de l'arroser pen-dant plusieurs jours.

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166 CONSIDÉRATIO.\ S PRÉLI M IN AIRES.

K11MaN16Ni Wl Y6011/601N0.Y66YN vo, Y61 Y61 - aNAflS saNl'.Niy

LIVRE Ii.

FARTER RE , ET FLEURS.

CHAPITRE PREMIER.

Considérations préliminaires.

LE Jardin fleuriste, objet d'agrément plus qued'utilité excepté pour quelques individus qui fontle commerce des fleurs et des arbustes d'ornement,doit être , comme le potager , â proximité de l'ha-bitation qu'il contribue d'ailleurs à embellir, peuéloigné des eaux qui serviront à l'arroser , et en-touré de murs ou au moins de palissades. Lesmurs et l'exposition ne sont pas à négliger puis-que d'eux dépend la précocité et même la beautédes plantes : le vent du nord et du nord-est em-pêche les graines de lever, retarde la végétationet souvent même fait périr les plantes délicates ;le vent d'ouest fatigue et flétrit les fleurs, briseles jeunes rameaux, et tourmente les plantations.

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CONS1Di .RATIONS PRÉLIMINAIRES . 167

Ce Jardin sera pourvu de châssis , de bâches ,de couches, pour les plantes dont l'éducation est

difficile . On tiendra à disposition un dépôt de ter-reaux, de terre de bruyère, de tan et de'sable pourpouvoir s'en servir au besoin. Des caisses et despots seront mis en réserve pour établir les plantesqui en ont besoin et pour remplacer sans retardceux qui viendraient à se briser ou qui seraientdevenus trop petits.

Quoique le Parterre soit susceptible d'admet-tre plusieurs espèces de compartimens et desdistributions plus ou moins compliquées, il sera

d'autant plus agréable à voir et plus commode àparcourir, qu'il offrira un dessein plus simple.Depuis que les Jardins-Paysagers sont devenusun juste objet de mode, les Parterres se sontsimplifiés et ont même beaucoup diminué denombre. Toutefois il est des personnes qui lesaiment encore , et il est des positions resserrées

oul ils sont assez convenables.On ne multipliera donc pas les festons, les lo-

sanges, les fleurons et les plates-bandes à formesbizarres. Quoi qu'il en soit, les compartimensdevront être assez étroits pour que l'on puisseserfouir ,sarcler, arroser et travailler sans s'expo-ser à ;marcher sur eux. -

Pour contenir les terres, pour maintenir larégularité des distributions, on borde les plates-

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S 68 CON'SJD1;RAIIONS PR ;LIiWINAIRES .

bandes et tous les compartimens , soit tempo -rairement avec des primevères , des statices vul-gaires , des auricules, des pieds-d'alouette nains,et des buis qui gardent bien, leur place , maisqui servent d'asile aux limaces, soit durablementavec des petites dalles de pierre taillée , desbriques assujéties , ou des planches de chênepeintes à l'huile.

La disposition des fleurs et des arbustes, quidoit tendre 'a procurer un coup d'œil diversifiéet gracieux , dépend du goût du jardinier quidoit ménager des harmonies sans recherche etdes oppositions sans bizarrerie. Ainsi il doit s'é-tudier iz faire convenablement tantôt assortir ettantôt contraster les couleurs , en même tempsqu'il est indispensable qu'il produise une succes-

siou continue de fleurs agréables.Sans doute la propreté est utile dans tous les

genres de cultures : elle est indispensable danstoutes les parties du jardin fleuriste qui est unobjet de luxe et d'ornement, et qui doit son plusgrand mérite à une élégance et à une parure soi-gneusement entretenues.

Les plantes de parterre sont des arbustes ,des fleurs vivaces, des fleurs annuelles ou depeu de durée, des ognous ou bulbes, et desgriffes.

Quelques plantes, celles qui sont d'une na-

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CONSIDkRATIONS PRÉLIMINAIRES. 169

turc délicate, ne peuvent croître et prospérerque dans la terre de bruyère, terreau léger méléde sable fin que l'on peut rendre plus substan-tiel dans certains cas, en y ajoutant plus ou moinsde terreau de couche et de terre franche. Cer-tains végétaux , originaires des pays chauds, nesont pas assez robustes pour passer l'hiver enpleine terre , et réclament ou l'abri de l'oran-gerie ou même la chaleur des serres.

Les détails que nous allons donner serontfort circonscrits, parce que le Cours d'Agricul-

ture n'est pas destin( aux riches propriétairesqui s'occupent plutôt de l'agréable que de l'utile,et préposent au soin de leurs parterres, de leursjardins, de leurs serres et de leurs orangeries, desjardiniers et des ouvriers spécialement chargés(le leurs travaux. Toutefois, comme il est desagriculteurs aisés qui ont le gont des fleurs etqui aiment à joindre l'agrément à l'utilité, nousles mettrons à portée de soigner ou de faire soi-gner leurs fleurs et leurs plantes d'ornement.

Nous nous bornerons aux plus remarquables ,puisque la nomenclature seule de toutes cesplantes et fleurs occuperait un volume, et parcequ'il suffit d'indiquer cc qu'il y a de plus agréableun ce genre , aux personnes qui ne peuvent pastout admettre.

En général les fleurs sont d'autant plus belles,6

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17O CONSIDFR2TIONS PRÉLINIIN^IRES .

leurs couleurs sont d'autant plus pures, plusriches et plus éclatantes, que le sôl oit elles sontcultivées est moins gras et moins compact. sanstoutefois être tout-à-f<1it maigre et par trop loger.Elles auront une plus longue durée, si, pendantleur épanouissement, on petit les mettre h l'abrides pluies et des 'côups de soleil, au moyeu detentes de grosse toile.

La vigueur de la plante dépend beaucoup dess germination et de sa première végétation :c'est pourquoi il est â propos de faire lever laplupart des graines de fleurs, surtout celles quiont un très mince volume et un germe faible,dans une terre légère et un peu grasse , surcouche, même sous ch;îssis , bien exposées ausoleil et bien arrosées, eu ayant soin de lesaccoutumer peu à peu au grand air avant deles transplanter, de peur qu'une transition tropbrusque ne les fasse languir et même périr.

Quant aux plantes vivaces, quoiqu'elles soientnaturellement robustes, elles ont besoin d'ê-tre déplantées pour are remises de suite enplace , après qu'on en a rafraîchi les racines, re-jeté les vieilles tiges mal fhites et épuisées , etchoisi les jeunes pousses les plus franches et lesplus vigoureuses clout on forme les nouveauxpieds.

Les ognons ou bulbes et les griffes, aussitôt

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CONSIDÉRATIONS PRSLIMINAIPJ s. i t

que leurs feuilles sont desséchées, sont mûrs etpropres, 'si le temps est beau , à être retiréesde terre pour n'y rentrer qu'en automne ou auprintemps.

Pour ne pas être obligés d'entrer dans des dé-tails oiseux et (les répétitions continuelles, nousindiquons dans l'Année du Jardinier , l'épo-que du semis et de la plantation des fleurs : c'estlà que l'on trouve les divers travaux qu'il con-vient d'exécuter mois par mois.

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172 FLEURS A SIMPLES RACINES.

CHAPIT R E II.

Fleurs d simples. racines,

U£ILLET .

Cette plante qui a l'avantage d'être vivace ,mais qu'il convient pourtant de renouveler detemps en temps par le marcottage , offre quel-ques belles variétés. L'OEillet est assez robuste;il est facile â cultiver, et ses fleurs, qui paraissenten juillet, sont d'une longue durée, surtout lors-qu'elles sont préservées des atteintes de la pluieet du grand soleil.

Quoique l'OEillet vienne très bien en pleineterre , qu'il figure agréablement dans les plates-bandes , et qu'il produise un bon effet en plan-ches, quelques amateurs préfèrent l'élever en potafin de pouvoir ;r leur gré combiner et varierjournellement, sur un amphithéâtre de gazonou de planches, les divers OEillets fleuris etqui restent long-temps dans cet état brillant.l•'OEillet ayant peu de volume , et cette plantese réduisant tous les ans au moyen des marcottes.qui donnent au bout de huit â dix mois de fort

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FLEURS A SIMPLES RACINES . I 75

belles fleurs, il suffit de leur consacrer des potsde dix centimètres (6 pouces) de diamètre à leur .

ouverture et de seize centimètres ( û pouces) de

hauteur.Celte plante, qui ne craint que la grande buni i-

dilé et les terres compactes , réussit à merveille -

dans un mélange clé terre franche et de terreau.Quand on l'élève en pot , il faut que le tert'einsoit un peu plus substantiel.

Pour obtenir de nouvelles variétés, et pourse procurer d'ailleurs de bèaux individus , oitsème, au printemps, de la graine obtenue sur desŒillets doubles où dominent des couleurs viveset pures nettement déterminées ; on jette surcette graine de la terre de bruyère on de la terretrès meuble mélangée de sable.

Les OEillets se multiplient facilement de7ōū = "turcs et mieux encore de marcottes. Les bouturessont de jeunes rameaux détachés de la plante etpourvus de pousses de deux ans ; on les enlève àla tin d'août, on les feud proprement en cieuxjusqu'au dessus d'un noeud autour duquel naî-tront les jeunes racines ; on maintient l'écarte-ment des deux parties séparées au moyen d'unpetit caillou ou d'un morceau de bois. C'est aufrais, à l'ombre, dans du terreau mêlé de terrede bruyère, que l'on établit ces boutures qu'il fautarroser de temps en temps. •

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] 74 FLEURS A SIMPLES RACINES.

Les marcottes se font ordinairement au com-mencement de septembre. Leur reprise est pluscertaine que celle des boutures auxquelles onn'a recours que lorsque l'on a rencontré et quel'on veut emporter avec soi une variété qui plaît.Quelques personnes font leurs marcottes dès lemois d'août , afin de pouvoir les détacher aucommencement d'octobre et les mettre en placeou les disposer provisoirement en pépinière jus-qu'au retour du printemps. L'opération du mar-

cotlage se fait ainsi qu'il suit : autour du piedd'OEillet que l'on veut propager , on fait choixdes branches les plus vigoureuses et les plusrapprochées du sol ; on les coupe en-dessousjusqu'à la moitié de leur épaisseur, de manièrequ'elles tiennent bien <l la tige principale quicontribūēra â les nourrir; puis on biaise une en-taille de deux â trois centimètres ( i pouce en-'

viron ) de prolongement depuis la première in-cision en avançant le long du rameau. Cette por-tion inférieure du rameau est fixée en terre debonne qualité disposée et légèrement pressée au-tour du pied principal , de manière que cette por-tion forme l'équerre avec la portion supérieuredu rameau opéré. Afin de contenir la marcotteet de la fixer en terre, on l'assujétit au moyend'un petit crochet de bois. Il est nécessaire d'ar-roser et de tenir frais le pied d'OEillet et les mar-

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FLEURS SIMPLES RACINES. 17 5

cottes qu'on y a pratiquées, afin d'accélérer lapousse des jeunes racines , et de rendre de la vi-gueur à la plante fitiguée par l'opération du mar-cottage. La reprise étant devenue certaine, et lajeune marcotte étant pourvue de bonnes racines,on la détache en coupant la partie du rameau quiétait restée adhérente àlamère plante, et on éta-blit le nouveau pied soit en pépinière, soit enpot, soit dans la partie du parterre qui lui estdestinée.

Les plus belles variétés de l' OEillet sont1°. l' QI filet d ratafat ou Grenadin, gros rouge;2°. l' @'illet prol Père , très grand , ayant undouble bouton et se crevassant si on ne contientpas son calice au moyen d'une carte dans laquelleon le fait entrer avant qu'il soit développé;3°. l'Q3'illetjaune ; et 4°. l'lllillet des amateurs,dont les pétales ne doivent pas être dentelées nitiquetées de petits points coloras , mais qui doitprésenter sur un blanc net, soit une simple cou-

leur ou violette, ou rose, ou cramoisie, ou in-carnate, ou isabelle, ou marron, soit deux de cescouleurs bien tranchées et bien distinctes.

Indépendamment de ces variétés du grandOEillet proprement dit , il existe de l' OEilleteu général plusieurs variétés qui ne sont paspropres â être marcottées, mais que l'on mul-tiplie avec facilité soit de graines, soit de dra -

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176FLEURS A SIMPLES RACINES.

geons enracinés, soit mî:me de boutures éclatées.Tels sont :

1 ". L'OEILLETIN au OEILLET MIGNARDISE ;

qui , au commencement de l'été, produit unegrande quantité de jolies petites fleurs odorantessoit blanches, soit roses, soit rouges , soit pourpre -puce .

2°. L'OEILLET DE POSTE, qui n'est (lue tri-sannuel et qui, dans le courant de juin et dejuillet , produit des ombelles fort agréables, oublanches, ou rouges, ou pourpres, ou panachées.

3°. L'OEILLET d'ESPAGNE , qui paraît avoirquelques rapports avec l' OEillet de poëte , maisdont le feuillage est d'un vert plus foncé, les fleursplus doubles, le calice plus agréable et plus am-ple, les ombelles plus petites et la couleur d'unbeau rouge cramoisi.

4 ° . L'OEILLET DE LA CHINE, qui est bisan-nuel , et dont les fleurs charmantes , rouge vif,pourprées, ou panachées, paraissent et se pro-longent depuis le mois de juin jusqu'au moisde novembre , surtout quand la fin (le l'été est hu-mide et que la chaleur de l'automne est modérée.

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FLEURS A SIMPLES RACINES. 177

PRIMEVBRE .

C'est surtout pour les bordures que cette jolieplante convient beaucoup; elle les déterminebien ; elle y figure agréablement par ses fleursvariées , nombreuses , charmantes et très du-rables. On la propage (le semis faits à la fin del'été , ou. de drageons enracinés qui reprennentfacilement. Le terrein qui convient le mieux auxPrimevères est un mélange de terreau et de terrefranche, à une exposition demi-ombragée , etsur un fond un peu frais. Ses variétés recherchéessont :

^°. La PRIMEVÈRE COMMUNE, qui fleurit dèsla fin de l'hiver et souvent recommence en au-tomne à produire des fleurs que les gelées seulesviennent interrompre. On est parvenu à eu obte-nir de beaucoup de couleurs , et de formes, soitsimples, soit doubles, soit semi-doubles , blan-ches, jaunes, roses, rouges, violettes, brunes,ou mélangées de velouté brun , de feu, de rosevif, de lilas, ou bien bordées, de ces couleurs surfond jaune ou blanc, et parfois tiquetées au bordextérieur des pétales. C'est surtout cette variétéqui convient. aux bordures. •

8.

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1-8 FLEURS A SIMPLES RACINES.2 ° . L'OREILLE D'OURS, PRIMEVÈRE AUItI-

CULE , ou simplement AURICULE, qui fleurit auprintemps, mais dont le feuillage plus lisse est pluspetit et beaucoup plus pâle. Elle produit desfleurs charmantes par la vivacité, la diversité etla pureté de leurs couleurs plus nombreuses quecelles de la Primevère commune, puisqu'il y ena , outre celles dont nous avons parlé , de bleues,(le vert-olive, de marron , etc., â diverses nuancessur centre ou œil soit blanc, soit jaune.

5°. La PRIMEVÈRE A FEUILLE DE CORTUSE ,qui donne , en avril et dans le mois de maisurtout, de jolies fleurs de couleur pourpre.

Les amateurs de belles collections n'en peu-vent pas réunir de plus agréables que celles del'Auricule et de la Primevère commune qui ,bien disposées en pots sur un amphithéâtre, pro-

duiscnt l'effet le plus flatteur et le plus gracieuxen même temps qu'on peut le varier et qu'il seprolonge , si on met ses fleurs, au moyen d'unetente , â l'abri du grand soleil et des pluies. Onpeut se dispenser de ce soin pour la Primevèrecommune qui est très robuste, et dont la fleur abeaucoup de durée.

Le nombre des fleurs que les voyages, les se-

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FLEURS A SIMPLES RACINES. i79

mis et une culture soignée ont multipliées pres-qu'à l'infini, est devenu tellement considérablequ'il est impossible, vu le cadre de cet ouvrage,de consacrer à chacune d'elles une certaine éten-due de détails. La plupart des agriculteurs n'ontd'ailleurs pas le temps de se livrer à la culturedes plantes de pur agrément; quelques-uns seu-lement en font l'objet de leurs délassemens . Ainsiil serait à peu près inutile d'entrer ici dans desdéveloppemens qui n'appartiennent qu'à des tra i-

tés spéciaux.Nous allons donc nous borner à désigner les

fleurs les plus agréables que nous classerons1°. en plantes vivaces; 2°. en plantes bisan-nuelles et au-delà; et 3°. en plantes purementannuelles.

PLANTES VIVACES.

PLEINE TERttE . Les Achillées , les Aconits,l'Alisse , les Ancolies, les Anthémis ou Camo-milles, les Apocius , l'Arénaire , les Arums dontquelques-uns réclament l'orangerie pendant l'hi-ver, les Asclépiades, les Asters, les Astragales,la Bétoine à grandes fleurs , la Brunelle à grandesfleurs , les Buphtalmes , des Campanules dontquelques-unes ne sont pas vivaces, la Coque -

lourde fleur de Jupiter, le Coqueret, la Cup -

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180 FLEURS A SIMPLES RACINES.done bleue, les Dauphinelles , les Digitales , le

Doronic , les Epilobes , les Ficoïdes , dont quel-ques-unes sont annuelles , la Fraxinelle, le Ga-

léga , les Gentianes , la Gesse vivace ou poisvivace , la Giroflée soit jaune , soit brune, ouViolier ou Ravenelle, les Gnaphales ou Immor-telles, la Guimauve , les hellébores , les Iris, les

Joubardes , les Juliennes, les Ketmies , les Lo-bélies, les Lychnides dont la plus belle (la Lych-

nide de Calcédoine) est plus connue sous le nomde Croix de Jérusalem , les Marguerites , la Ma-tricaire, les Mauves, les Mélisses , les Mjnyan-

thes , les Millepertuis , la Mollene de Mycon , leMuflier, les Muguets , les Nénuphars , l'Origanou Marjolaine, l' Orobe , les Panicauts, les Per-

venches , le Plrlomis , les Phlox , le Phitolacca ,le Pigamon à feuilles d'Ancolie, les Pivoines, les

Podophylles , les Polémoiues , les Pulmonaires ,les Roseaux , le Sainfoin animé ou oscillant, laSalicaire , la Saponaire , les Sauges , les Saxi-frages , les Sceaux de Salomon , le petit Soleil ,les Spirées , les Staticés , le Tussilage odorant ,les Valérianes, les Varaires , la Verge d'or, lesVéroniques, Ies'Verveines , et les Violettes.

ORANGERIE. L'Arum d'Ethiopie , la Capu-cine i+ fleurs doubles, le Dahlia (dont il faut pla-cer sainement à nu les lubcrcules pour les pré-

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FLEURS A SIMPLES RACINES. 181

server de la gelée et de l'humidité , pendantl'hiver , lorsqu'on le cultive eu pleine terre) .les Géraniums , les Ibérides , les Immortelles;les Ipomées , les Monsonies , le Réséda , et les

Stévies .

SERRE. Les Agavés , les Aloés , les Cactus ,la Commeline tubéreuse , la Dionée attrape-mouche , la Pitcairne , la Pontéderie , le Ricinles Sédum , et les Strélitzias .

PLANTES BISANNUELLES ET TRISANNUELLES.

PLEINE TERRE. Les Alcées Roses-Tremiéresou Passeroses, les Giroflées, le Sainfoin, et lesScabieuses.

ORANGERIE. Le Lotier Saint-Jacques , et laMichauxie .

PLANTES ANNUELLES.

PLEINE TERRE. Les Adonides , les Ama-ranthes , la Balsamine, les Basilics, les Belles denuit, la Capucine, le Carthame, la Célosie ou

Passevelours , les Centaurées , les Chrysanthè-mes , les Coquelourdes , les Crépis, la Dauphi-nelle ou Pied d'Alouette, les Enothères ou Ona -

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18 2 FLEURS A SIMPLES RACINES.

gres , les Gesses dont une variété charmante estconnue sous le nom de Pois de Senteur, les Gi-roflées, la { omphrene ou Amaranthe globu-

leuse , le Haricot d'Espagne, les Lavateres , leLiseron tricolore, le Lotier rouge, les Lupins ,dont le jaune est odorant, la Nigelle, les Pavots,le Réséda ( qui n'est vivace que dans l'orange-rie), les Seneçons , les Silènes, le Soleil à grandesfleurs, les Soucis , les Stramoines , les Tagétèsou OEillet d'Inde ou Rose d'Inde, la Violettetricolore ou Pensée , et les Zinnies .