cours de terminale sur la notion de "perception"

8/18/2019 Cours de Terminale sur la notion de "perception"

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La perception

Les sens sont-ils trompeurs ?___________________________________________________1

Toute perception est interprétation_______________________________________________2

Le caractère holiste (global) de la perception__________________________________________ 2

Les lois de la perception___________________________________________________________ 3

Perception et interprétation________________________________________________________ 5

L’attention sélective_______________________________________________________________ 5

La vie est-elle un rêve ____________________________________________________________ !

L’efficacité de la perception____________________________________________________7

Les perceptions sont utiles " la vie___________________________________________________ #$rreur ponctuelle et erreur générale_________________________________________________ #

La théorie et la prati%ue___________________________________________________________ #

L’ob&ectivité des di''érences________________________________________________________

Conclusion_________________________________________________________________ 8

Les sens sont-ils tropeurs

Je regarde un joli paysage et je me dis : « Ah, que la nature est belle ! »

A première vue, la perception est un processus tout simple l y a le paysage qui s"#tale

devant moi Le soleil l"#claire, mes yeu$ captent ces rayons lumineu$, et mon cerveau %orme

l"image des ces jolies collines verdoyantes

La perception, c"est le processus par lequel notre corps & nos organes, nos cinq sens &

%abriquent une image du monde

'ais comment savoir si cette image correspond réellement au monde ( )omment en *tres+r ( ar%ois, nous r*vons : nous percevons quelque chose, mais il n"y a rien ar%ois encore,

nous sommes victimes d"illusions d"optique : nous percevons une image, par e$emple de

l"eau qui scintille sur le sol, alors qu"il n"y a rien

uisque nos sens nous trompent quelque%ois, comment savoir s"ils ne nous trompent pas

tout le temps ( )omment savoir si nous pouvons leur %aire con%iance ( -t si, après tout, le

monde entier, tel que nous le connaissons, n"#tait qu"une illusion ( -t si la vie tout entière

n"#tait qu"un r*ve ( )omment savoir (

.


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*oute perception est interprétation

our savoir si la perception est %iable, int#ressons/nous 0 son %onctionnement 1n pourrait

penser que le %onctionnement des sens est tout simple 2u"ils se contentent de capter un

stimulus 3par e$emple, pour l"4il, un rayon lumineu$5 et de le restituer au cerveau, qui %ait« la somme » de ces touches de couleur, pour constituer l"image globale du paysage

Le caractère holiste (lo!al" de la perception

-n r#alit#, les sens ne %onctionnent pas de cette manière )e que nous apprend la

psychologie de la %orme 3ou 6estaltpsychologie, car elle a vu le jour en Allemagne5, c"est que

nous percevons des %ormes globales 'ieu$, nous percevons d"abord le tout, et c"est 0 partir

du tout que nous r#interpr#tons les parties, que nous les percevons et les construisons 1n dit

que la perception est holiste, du grec holos, qui signi%ie « le tout »

ar e$emple, la couleur d"une partie d"une image est per7ue en %onction des couleurs quil"environnent 8e m*me, la hauteur d"une note est per7ue en %onction de la note qui la pr#cède

et de la note qui la suit

-$emple : les cases A et 9 sont de la m*me couleur 'ais la case A semble plus %onc#e que

la case 9 car nous percevons chaque case en %onction de celles qui l"entourent

Autre e$emple : sur l"image ci/dessous, la barre centrale est d"une couleur homogène :


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-ncore un e$emple qui montre le caractère holiste de la perception : quand nous lisons

nous ne lisons pas chaque lettre, mais nous lisons chaque mot « d;un bloc », nous

reconnaissons d;un coup l;ensemble du mot

tujoruos lrie snas

porlbème );est prace que le creaveu hmauin ne lit pas chuaqe ltetre elle/mm*e, mias

le mot cmome un tuot

La peruve

Arlos ne veen> puls m;ememdrer aevc les corerticons otrahhgropqiues

Les lois de la perceptionLa psychologie de la %orme permet ainsi de mettre 0 jour les lois %ondamentales de la

perception :

•


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#erception et interprétation

8e plus, le cerveau interprète les donn#es de sens pour « comprendre » l"image, pour lui

donner du sens ar e$emple, que voye>/vous dans l"illustration ci/dessous (

@


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1n peut y voir un canard 'ais on peut aussi y voir un lapin sche dit que « le monde est pro%ond » : il est in%ini, car il est

susceptible de recevoir une in%init# d"interpr#tation

L’attention sélecti$e

'ais on peut aller encore plus loin )ar l"esprit ne se contente pas de d#%ormer les parties

#l#mentaires d"une perception l peut carr#ment « d#cider » d"ignorer complètement certains

#l#ments )"est ce qu"on appelle l"attention s#lective )e que nous percevons d#pend de notreattention, de notre concentration our le dire simplement : nous ne voyons que ce que nous

voulons voir, nous n"entendons que ce que nous voulons entendre )"est pourquoi, selon

iet>sche, on invente les trois quarts de ce qu"on per7oit :

=n lecteur d"aujourd"hui ne lit pas tous les mots 3ou toutes les syllabes5 d"une page, B

sur vingt mots il en prend tout au plus cinq, au hasard, et par ces cinq mots il devine le

sens suppos# 8e m*me nous ne voyons pas un arbre d"une %a7on e$acte et dans son

ensemble, en d#taillant ses %euilles, ses branches, sa couleur et sa %orme C il nous est

beaucoup plus %acile d"imaginer un 0 peu près d"arbre Au milieu des #v#nements les

plus e$traordinaires, nous agissons encore de m*me : nous inventons la plus grande

partie de l"aventure, et il n"est guère possible de nous contraindre 0 assister 0 un#v#nement quelconque, sans y *tre « inventeurs »

iet>sche, Par-delà bien et mal , D .E

)onclusion : la perception n"est d#cid#ment pas un processus « simple » et « naF% » ni

« honn*te » -lle est pleine de pr#jug#s, d"habitudes -lle est p#trie de pens#e, car le cerveau

tente constamment de donner du sens 0 ce qu"il voit 9re% : la perception est mensonge

Gout cela veut dire que nous sommes %oncièrement et dès l"origine B habitués au

mensonge 1u, pour m"e$primer d"une %a7on plus vertueuse et plus hypocrite, je veu$

dire d"une %a7on plus agr#able : on est bien plus artiste qu"on ne le pense

iet>sche, Par-delà bien et mal , D .E

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our iet>sche, toute perception est perspective : toute connaissance est %onction de la vie

et de nos int#r*ts Ainsi nous percevons les %ruits en couleurs vives, rouge sur %ond vert 'ais

comment savoir si ces couleurs e$istent r#ellement ( "est/il pas #vident qu"elles sont au

contraire notre propre cr#ation ( La preuve en est qu"une mouche ou un autre animal percevrale monde d"une toute autre manière '*me au sein de l"humanit# la perception des couleurs et

des choses varie consid#rablement en %onction de la culture et du mode de vie Les nuits, par

e$emple, disposent d"une di>aine de mot pour dire « blanc », car ils ont appris 0 discerner les

di%%#rentes nuances de la neige

-t cette objection touche l"ensemble de nos sens : tout ce qu"ils nous disent n"est rien

d"autre que leur propre cr#ation, c"est/0/dire notre propre cr#ation : qu"y a/t/il d"objecti% l0/

dedans ( )omme dit a, la perception du soleil comme petit disque jaune en dit bien

plus long sur la constitution de notre corps 3notre 4il et notre cerveau notamment5 que sur la

constitution du soleil lui/m*me

La $ie est-elle un r%$e ?

ire encore : il se pourrait bien que l"ensemble du monde visible ne soit rien d"autre qu"une

illusion, comme une ombre projet#e sur le mur d"une caverne, pour reprendre la c#lèbre

all#gorie de laton, ou encore un simple r*ve, dont nous nous r#veillerons lors de notre mort

)omment, en e%%et, *tre s+rs que nous ne r*vons pas ( )omment savoir que notre image du

monde correspond bien 0 celui/ci ( our cela il %audrait pouvoir comparer cette image & c"est/

0/dire nos sensations & avec le monde lui/m*me )omparer notre image de la cerise 0 la cerise

elle/m*me 'ais c"est malheureusement impossible car nous n"avons pas accès 0 la « cerise

elle/m*me », 0 la chose en soi ous sommes en%erm#s dans notre t*te, dans le monde des

ph#nomènes et des apparences ous ne pouvons « sauter au/del0 de nous/m*mes » Ainsi

selon laton le monde r#el n"est pas le monde %luctuant r#v#l# par les sens, mais un monde

id#al et #ternel que nous ne pouvons connaItre que par la raison, c"est/0/dire les yeu$ de

l"esprit Le seul %ait, d"ailleurs, que le monde auquel nous donnent accès nos sens soit si

%luctuant est un argument contre sa r#alit#, car ce qui change sans cesse n"e$iste pas

v#ritablement La v#ritable r#alit# est une d#e #ternelle, dont le monde temporel n"est que le

re%let

ous pourrions donc *tre en%erm#s dans nos perceptions %ausses, totalement coup#s du

monde r#el ! eut/*tre que nous sommes des l#gumes, stoc#s dans une cuve, et que tout le

monde que nous connaissons n"est qu"une illusion, constitu#e par des signau$ #lectriques

3nerveu$5 qu"une machine envoie 0 nos cerveau$, comme dans le %ilm Matrix

L’e''icacité de la perception

Les perceptions sont utiles & la $ie

)ontre une hypothèse aussi e$tr*me, il n"y a pas vraiment d"arguments 1ui, toute la vie ne

pourrait *tre qu"un r*ve 1ui, peut/*tre que tout ce monde est %au$ 'ais comment savoir ( -t

surtout : que vaut cette hypothèse, puisque nous ne pouvons pas connaItre le « vrai monde »

qui se cache derrière les apparences ( -n quoi cela nous int#resse/t/il (

on seulement nous ne pouvons rien y %aire, mais cela n"a pas vraiment d"int#r*t si la vie

qui nous int#resse est cette vie/ci, telle que nous la connaissons 1r pour vivre, et s"orienter dans ce monde, nos perceptions ne sont pas si trompeuses que cela

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iet>sche montre bien que les perceptions construisent et inventent en %onction de nos

int#r*ts vitau$ 'ais puisque cette interpr#tation est au service de nos int#r*ts vitau$, elle doit

*tre e%%icace, et utile, donc vraie, pourrait/on r#pondre

'rreur ponctuelle et erreur énérale9ien s+r, les perceptions peuvent nous tromper ponctuellement ar e$emple, un bton

plong# dans l"eau semble cass# 'ais pour le savoir, on peut toucher le bton, ou le sortir de

l"eau )"est/0/dire qu"on peut corriger la perception trompeuse en %aisant appel 0 d’autres

perceptions l ne %audrait donc pas dire que c"est « les perceptions » en g#n#ral qui sont

mensongères, mais plutMt une perception particulière, et qu"elle est mensongère par rapport à

d’autres perceptions -t ces autres perceptions sont le seul moyen de savoir que la première

perception #tait mensongère 1n ne peut donc pas rejeter toutes les perceptions en bloc, ou du

moins, si on le %ait, c"est gratuit : cela ne repose sur aucun indice Nien n"indique que toutes

nos perceptions sont %ausses, et il serait m*me di%%icile de donner un sens 0 cette id#e

La théorie et la pratiue

)ontre l"id#alisme platonicien, soyons pragmatiques ourquoi le monde « id#al », celui

des id#es et des notions math#matiques, serait/il « plus vrai » que le monde de la matière, le

monde des objets, des sens et des apparences ( Après tout c"est dans ce monde mat#riel que

nous vivons -t pour survivre, nous sommes bien oblig#s de %aire con%iance 0 nos sens, de

supposer qu"ils ne nous trompent pas

Ainsi la r#ponse varie sensiblement selon qu"on se place dans la perspective de l"action ou

dans la perspective de la connaissance pure -t nous pouvons d#j0 dire que, pour ce qui est

d’agir et de vivre, nous pouvons %aire con%iance 0 nos sens 8"abord parce que nous n"avons

pas le choi$, n"ayant pas d"autre guide C ensuite parce qu"ils ont %ait leurs preuves, puisquenous avons surv#cu grce 0 eu$, et qu"ils nous permettent chaque jour de nous orienter dans le

monde et d"#chapper 0 la mort 3en regardant les voitures arriver, par e$emple5

-t on peut esp#rer, 0 partir de l"ensemble de nos perceptions, cr#er une image de la r#alit#,

un modèle du monde, qui peut *tre un modèle math#matique ou scienti%ique )e modèle doit

e$pliquer l"ensemble de nos perceptions 'ais toute th#orie, scienti%ique ou math#matique, si

abstraite soit/elle, se ramène toujours, %inalement, 0 des e$p#riences, 0 des perceptions

)omme le dit 'ontaigne : « Goute connaissance s"achemine en nous par les sens : ce sont nos

maItres OPQ La science commence par eu$ et se r#sout en eu$ OPQ Les sens sont le

commencement et la %in de l"humaine connaissance ».

1n pourrait m*me d#%inir la connaissance comme #tant ce qui est v#ri%iable par les sens,

a%in d"e$clure toutes les sp#culations inv#ri%iables sur les « arrières/mondes » )"est ce que propose le positivisme, courant de pens#e philosophique du d#but du RRe siècle

L’o!)ecti$ité des différences

1n peut dire encore mieu$ que 7a )ertes, dans la perception, par e$emple quand je

regarde le soleil couchant, il y a une contribution de l"objet 3le soleil5, mais aussi une

contribution du sujet 3moi5, qui d#%orme l"objet en l"interpr#tant 0 sa %a7on, en construisant

une image qui n"a sans doute pas grand/chose 0 voir

'ais on peut contourner cette di%%icult# en s"int#ressant au$ différences 2uand je vois un

objet unique, je ne peu$ pas savoir ce qui appartient r#ellement 0 l"objet et ce qui vient de

moi/m*me Je ne peu$ pas savoir ce qui est objectif et ce qui est subjectif -n revanche, si je

. 'ontaigne, Essais, livre , chap R 3Apologie de Naimond


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considère plusieurs objets, je sais que les différences que j"observe entre eu$ sont objectives

)ar c"est toujours moi qui les per7ois Je n"ai pas chang# Les di%%#rences entre les objets que

je vois viennent donc n#cessairement des objets -lles sont objectives, elles sont le signe de

quelque chose d"objecti%

Ainsi je vois le ciel bleu, et cela ne m"apprend rien du ciel, car la couleur bleue est une

cr#ation de mon cerveau 'ais si je me tourne vers l"herbe, et que je vois qu"elle est verte, je peu$ au moins savoir ceci : le ciel et l"herbe ne sont pas de la m*me couleur )"est/0/dire : ils

ont une di%%#rence objective 3cette di%%#rence ne vient pas de moi5 qui les %ait paraItre de

couleur di%%#rente ls doivent avoir des propri#t#s chimiques, intrinsèques, di%%#rentes

+onclusion

)onclusion : nous ne pouvons pas d#passer la perception )"est une erreur que de vouloir

la d#passer 'ais nous devons comprendre quelle est sa place La perception nous donne une

image du monde )ette image n’est pas le monde 1n ne peut m*me pas vraiment savoir si

elle lui ressemble, car la question n"a pas de sens : on ne peut comparer une image qu"avec

une autre image 'ais elle entretient certains rapports avec le monde qui lui donnent un sens

et nous permettent de nous orienter

-n un mot : la perception devient vraiment utile, et cesse d"*tre trompeuse, quand on sait

qu"elle ne nous dit pas tout, qu"elle d#%orme, qu"elle construit les choses Alors on peut

l"utiliser 0 bon escient, sans lui %aire dire ce qu"elle ne dit pas, pour progresser vers une

meilleure connaissance du monde, qui ne pourra jamais *tre, tant qu"on parle de ce monde,

une th#orie qui e$plique au mieu$, de %a7on coh#rente, nos di%%#rentes perceptions

Tinalement, en nous interrogeant sur la perception nous en sommes venus 0 a%%iner notre

conception de la v#rit# et de la science, en prenant conscience de l"e$igence positiviste, pour

toute connaissance, de se relier 0 une e$p#rience, 0 une perception possible Le monde que

nous percevons est peut/*tre un r*ve, mais c"est de celui/ci que nous devons parler, car il estle seul dont on puisse parler -t « sur ce dont on ne peut parler, il %aut se taire » 3LudUig

Vittgenstein5

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