cérémonie des voeux 2011 : un grand moment de...

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Fédération internationale Autonome de Junomichi TRIMESTRIEL n˚ 37 2011 Cérémonie des Voeux 2011 : Un grand moment de Junomichi ! magazine trimestriel de diffusion interne à la fédération internationale Autonome de Junomichi - fondé par S. Bourgeon

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Fédération internationaleAutonome de Junomichi

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L n˚ 372011

Cérémonie des Voeux 2011 :Un grand moment de Junomichi !

magazine trimestriel de diffusion interne à la fédération internationale Autonome de Junomichi - fondé par S. Bourgeon

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Som

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Editorial 3

La vie des Clubs 4

Stage à compains 8

Un beau soir de mai 2010 12

Les jardins Zen & le JUnomiChi 14

mon premier stage 27

La verticalité et la mobilité 27

Agenda 31

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Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans la lecture de ce 37ème numéro du Junomichi Magazine.

Nous vous proposons un voyage au grès de pérégrinations successives : Nous commencerons par «notre» Auvergne, vu par Julien CHOLLAT NAMY. Puis, nous enchaînerons en Normandie, par une visite de Me AWAZU au Dojo Club d’Évreux, décrite par Christian DEMARRE.

Après ceci, et à la demande générale (après les prémices auxquels vous aviez eu droit précédemment), nous vous convions ici à une promenade, visite de jardins en jardins, par Bruno PETTA, qui nous régale d’un voluptueux développement…Nous l’évoquions dans l’éditorial du numéro 36, souvent les Kyu parlent au mieux du Junomichi, par l’expression d’impression qui viennent du coeur, en voici un nou-vel exemple, avec l’écrit de Sylène, de l’EJTP Do du Beaujolais.

Si vous y voyez ici une invitation à nous donner par écrit vos impressions, vécu et sensations… cela pourrait ne pas être tout à fait le fruit du hasard !

À l’instar de notre pratique, nous continuerons par arpenter ensemble la suite de la vision par Jérome VOISIN de l’attitude corporelle au service des principes : II - La Verticalité.

Nous vous remercions d’avoir choisi «Air-Junomichi Magazine», et nous vous sou-haitons un bon voyage, en vous conviant tous à aller visiter le site de la fédération, dans sa nouvelle mouture, (par un «web-master» heu-reux-nommé) à l’adresse suivante : www.fiaj.fr

Pour finir, nous sommes heureux d’accueillir dans l’équipe du Junomichi magazine Jean-Pascal COLAS (dit JP pour les intimes…on va bien de marrer!) de St Sylvain d’Anjou, près d’Angers, et Julien CHOLLAT NAMY de Paris.

Pour se concentrer au mieux sur sa tache de président de la fédé-ration, Christian ARNAUD leur laisse place, et il fallait bien ça pour eux deux!

L’équipe de rédaction.

éditorial

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«

«L’esquive c’est d’anticiper dans l’action, par l’orientation»Maxime de IGOR CORREA :

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La vie des ClubsUn nouveau Dojo au milieu des vignobles bourguignonsLe hasard fait encore bien les choses puisqu’un Dojo de Junomichi a vu le jour en ce début d’année 2010-2011, à Tannay (58), au cœur de la Bourgogne Nivernaise. Cédric Bonvillain (Renshi), après 3 années de travail avec la municipalité, a obtenu l’octroi d’une salle qui devient Dojo les mercredis après-midi. Pas de douches et seulement 40 m² de tatamis mais l’esprit du dojo est bien présent et les jeunes locaux ont répondu présents avec 21 inscriptions pour cette première année.L’ouverture de cette salle a été possible grâce au don du Club de Recey sur Ource (21) (professeur David Lesprit), de 50 m² de tatamis à l’École Tanaysienne de Junomichi (ETJ) ainsi qu’au concours administratif de Christian Arnaud et Samuel Guyomard qui ont guidé Cédric Bonvillain dans ses démarches de création de l’association.A quand un stage mêlant pratique intense du Junomichi et découverte du patrimoine gastronomique de cette région ?

Stage national de Junomichi à Couzeix : une première réussieUn stage National de Junomichi s’est déroulé le week-end du 16 et 17 octobre, à Couzeix (87), près de Limoge. Sous la direction de huguette Knoll, le stage a porté sur les possibilités d’attaques dans divers temps sur recul ou avancée du partenaire notam-ment. La magnifique salle (plus de 200 m² de surface de tatamis) a permis d’accueillir l’ensemble des pratiquants venus nombreux de toute la France contribuer au succès de l’événement.Saluons le travail courageux de François Veauvy qui avec une équipe très restreinte est parvenu à orchestrer magistralement ce stage national de Junomichi. Merci pour l’accueil et à très bientôt en pays Limousin.

Le Junomichi honoré de la présence de maître AwazuLe Dojo Club d’Evreux, par le truchement de son président, Ludovic métivier avait invité me Awazu à diriger un entraînement en octobre 2010, au Dojo Club d’Evreux.Rappelons que me Awazu est un spécialiste reconnu du travail au sol.La présence de me Awazu au repas du soir, donné en son honneur, après l’entraîne-ment, était incertaine. Tout laisse à penser que l’atmosphère studieuse et l’attention portée à son enseignement, sans la cohorte de « judokas fanatiques du film numéri-que » qui sacrifient l’entraînement à l’immortalisation de l’instant, a plu à me Awazu qui a finalement participé à la soirée au restaurant avec tous les membres du club. me Awazu a accepté une nouvelle invitation le samedi 18 décembre 2010, avec plaisir.

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Les conditions météo désastreuses sur la Normandie ont contraint à annuler la rencon-tre. Elle a été reportée en Janvier 2011. Il est encourageant de constater que la rigueur de notre pratique et la tenue des pratiquants sur le tatami semblent jugées favorable-ment par un grand Maître du Judo. Serions-nous sur la bonne Voie ?

Créer son club de Junomichi :c’est simple comme un coup de main …Un groupe de travail planche actuellement sur la création d’un guide pratique à la création de son club de Junomichi. Ce guide sera disponible pour les adhérents à la FiAJ, ceintures noires et titulaires du professorat de Junomichi, sur simple demande auprès du secrétariat de la Commission Technique (Jacques Lair).Il comprendra notamment : les documents CERFA à remplir pour la création de l’asso-ciation, avec des modèles de rédaction, des modèles d’affiches à personnaliser pour promouvoir votre club, le rappelle des obligations légales notamment en matière de sécurité des Dojos, la fourniture d’un « kit » de démarrage du club comprenant un portrait des Maîtres (M. Kano et M. Correa), des diplômes de ceinture de Kyu, des modè-les de fiches d’inscription et le rappelle des modalités d’adhésion à la FIAJ.Vous pourrez, le cas échéant, demander l’assistance d’un référent au sein de la Commission Technique de la FIAJ pour vous accompagner dans votre démarche.Avec ce document, les petites tracasseries administratives céderont vite la place au plus passionnant : la transmission et le partage de votre Art.

L’origine du Judo et Junomichi no Kotoba :le deux en un indispensable du pratiquant

Comment parler d’une pratique ? Comment communiquer par des mots ce qui ne se conçoit

que par des actes,ce qui a pour seule vocation de se faire ?

Comment dire le Junomichi ?Comment décrire un usage particulier du corps,

un mode de relation singulier, un registre d’action précis ? Comment dire le Junomichi sans le distordre, ni le dénaturer ?

Le livre JUnomiChi, L’oRiGinE DU JUDo suivi de JUnomiChi no KoToBA tente de relever ce défi de deux manières, en deux parties distinctes. Ces deux par-ties, « L’origine du judo » (le long entretien auquel s’est prêté igor Correa à la fin de sa vie) et « Junomochi no kotoba » (c’est-à-dire « les mots du Junomichi » : un lexique de

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l’ensemble des termes japonais couramment employés au sein de la pratique) se complètent pour exposer la tradition, le projet, l’histoire, les principes, les modèles, les notions, les techniques et l’exigence du Junomichi. L’ouvrage est disponible dans les librairies (BUDO EDITION).La FiAJ dispose d’un stocke limité de livres au prix très avantageux de 10€ au lieu de 17€ en librairie. N’hésitez pas à contacter Rudolf di Stéfano ([email protected]) pour toute commande.

Le Junomichi prend un ancrage dans les Pyrénées

Le Junomichi est lancé dans les Pyrénées (Atlantiques) et plus précisément dans le hameau de Pédehourat qui est rattaché au village de Louvie-Juzon dans la vallée d’Ossau. Les cours enfants ont pu commencer dès le 12 septembre ; les cours adoles-cents/adultes ont suivi début octobre. Ce lancement du Junomichi a bénéficié d’une impulsion supplémentaire et bien venue à travers les 2 stages qui ont eu lieu : les 30 et 31 octobre sous la direction de Christian Demarre et qui, outre les 7 adul-tes et adolescents locaux a réuni des judokas venus de Normandie, de l’Anjou , de Montauban et d’Espagne (René) les 12 et 13 novembre animé par Romain Gauthier qui avait traversé la France avec une petite bande de joyeux Lorrains dont certains sont devenus des inconditionnels de la garbure du pays .Ces stages se sont chaque fois déroulés dans une ambiance sympathique qui a permis aux débutants de se faire une idée plus précise de ce qu’est le Junomichi et de l’esprit dans lequel il doit être pratiqué. Que ceux qui ont participé à ces stages en soient remerciés.

Alain Brunet

Stage régional de montlebon (25)Les 05 et 06 février 2011, au stage régional de Montelbon (25), Werner Knoll (Honkioshi et DTN de la FIAJ) a proposé un travail aux pratiquants de tout niveau de la Région Grand Est. Plusieurs ceintures blanches de l’École Tannaysienne de Junomichi (58) avait notamment répondu présent. L’organisation des stages régionaux sur la région est une première en cette année 2010-2011. maxime Bournez (Deshi) a bien voulu s’y col-ler après le stage organisé à Pouilly le Monial (69) chez Christian monnier (Honrenshi).Le succès rencontré par ces événements largement plébiscités par les jeunes prati-quants conduit les professeurs locaux à poursuivre dans cette voie.Les stages régionaux, à la différence des stages Nationaux, sont ouverts aux kyus, ce qui leur permet de découvrir l’intensité d’un travail mené sur un week-end entier et la

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convivialité de ces moments. Il est utile de rappeler que ces stages qui sont maintenant bien rodés en Pays de Loire-Bretagne peuvent être initiés par les responsables régio-naux de la Fédération, « individus » qui ont pour rôle de promouvoir et accompagner la dynamique des clubs sur une région. La région Normandie a débuté une initiative avec un stage destiné aux jeunes, en Novembre 2010. L’année prochaine, un stage régional ouvert aux adultes kyus serait le bienvenu.

Yannick Viaud, un technicien « amoureux du beau judo »À l’initiative du Dojo de la Croix Blanche, à Angers, dirigé par mathias Leroux (Renshi), Yannick Viaud, ancien international de Judo, a été invité à diriger un stage technique avec les pratiquants de Junomichi de toute la France, le 26 et 27 février 2011. Yannick Viaud est « tombé dans la marmite étant petit » avec un père Conseiller Technique Régional de Judo en Bretagne. Forgé au judo de Monsieur Fukami et monsieur Leberre dès son plus jeune âge, l’obstiné Yannick Viaud est de ces combattants taillés pour gagner mais pas par n’importe quel moyen. Il se définit lui-même comme un « amou-reux du beau judo et notamment le judo des Japonnais » et illustre parfaitement qu’efficacité et technicité, voire esthétique du mouvement, vont de paire …. mais nécessitent un travail acharné. Les pratiquants de Junomichi se sont formidablement reconnus dans ce travail où les études de direction (recul, avancée, rotation du partenaire) et le rythme dans l’exécution du mouvement sont au cœur de l’étude. Seuls les mots employés pour expliquer les mouvements ou les sensations sont différents. L’ouvrages Junomichi no Kotoba affirme à quel point monsieur Corréa avait une exigence à tra-duire les termes japonnais selon la pensée du Junomichi pour une restitution précise et minutieuse de la sensation et de l’idée.L’expérience a été très largement appréciée. Elle nous confirme que, loin de nous exclure de l’art de maître Kano, le Junomichi poursuit une recherche que d’autres personnes, en d’autres lieus mènent également : l’échange entre ces pratiquants est toujours d’une grande richesse.

Stage la Plaine sur merC’est devenu un rendez-vous important pour les jeunes adolescents à partir de 10 ans. Le stage de la Plaine sur Mer (44) organisé par mathias Leroux (Renshi) et encadré par des professeurs de Junomichi bénévoles aura lieu cette année du samedi 02 juillet au lundi 04 juillet 2011. Ce stage est l’antichambre des grands stages d’été qui s’adressent aux adultes sur une semaine (Stage de Valloire avec Ch Demarre ou Stage de Compains avec W. Knoll). Les inscriptions sont à réaliser rapidement. Tous les clubs de Junomichi ont été destinataires du document d’information. Merci de l’afficher dans vos clubs si ce n’est déjà fait. Un excellent stage et du beau temps pour nos jeunes pratiquants !

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Stage à CompainsLibère-toi, sois là ....

Du 25 juillet au 06 août 2010, s’est déroulé le stage national d’été de Junomichi à Compains, dirigé par Werner Knoll. Durant le stage, Cédric Bonvillain m’a demandé d’écrire, pour la revue Junomichi, un article « au sujet du stage ». Cédric savait en effet que ce stage revêtait un caractère exceptionnel pour moi : s’il s’agissait de mon troisième séjour estival à Compains, c’était la première fois que je m’aventurais à assis-ter aux deux semaines d’enseignement.Par ailleurs, j’y ai présenté, et obtenu, le grade de Gakusei. À ces titres, ce stage avait pour moi des airs de « première fois ». Et lorsqu’on vit consciemment des choses pour la première fois, on leur porte une attention particulière. Je vais donc m’efforcer, à travers ces lignes, de rendre compte de ce que j’ai perçu de ces deux semaines. Qu’il soit bien clair que je ne parle qu’au nom de mes propres sensations, de leurs limites. Je ne prétends aucunement faire analyse de l’enseignement de Werner Knoll, ni iden-tifier quelles furent ses intentions. Comment le pourrais-je ? Qui, à part lui, pourrait les exprimer ? Je m’efforcerai donc de ne dire que ce que j’ai vu, entendu, perçu et ressenti. Les premières données objectives qu’il faut communiquer sont les suivantes : il faisait beau la première semaine, et nous étions plus de trente sur les tatamis. Le groupe comportait un grand nombre de pratiquants très gradés. Le temps était moins agréable en deuxième semaine, le nombre de pratiquants plus faible (25 envi-ron), la moyenne d’âge et de grade plus faible également. Les renshi qui se trouvaient en milieu de ligne lors du salut en première semaine se sont décalés vers l’extrémité en deuxième. Entrer dans une longue période de pratique intense, c’est se préparer à creuser. Creuser ses sensations, approfondir la compréhension de notre pratique et de ses principes. Savoir que, lors des cours ou des temps de pratique libre, avec nos partenaires, nous aurons le temps de revenir, nous nous donnerons le temps de revenir sur ce qui a été dit ou montré. Je consacre une grande partie de mon existence au cinéma. Un historien du cinéma, Jean mitry, a théorisé ce qu’il nommait « le principe d’implication ». C’est une idée simple, qui dit que le début d’un film contient le film tout entier. Qui dit qu’un film est beau lorsque les promesses qui nous sont faites par les premières images se déploient dans tout le film. Le début, ce qui vient en premier, est aussi un horizon, ce vers quoi il faut aller. Werner Knoll a débuté le stage par des indications sur l’attitude, notre attitude de Junomichikas sur les tatamis. C’est un air connu, pour chacun d’entre nous : nous sommes droits, détendus, une présence dans notre ceinture abdominale, vigilants, et le poids un peu en avant, devant nous. Déjà mobiles. Si nous nous déplaçons, seule l’épaisseur d’une lame de rasoir entre nos talons et le sol. Dans cette attitude, nous nous lierons au partenaire dans un kumikata qui n’est pas pour le manipuler avec la force de nos bras, mais qui est pour nous permettre d’amplifier notre mobilisation.

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libère-toi, sois-là ...

Trouver cette attitude.

Trouver cette attitude pour pratiquer. Mais aussi, peut-être, dans l’idée du retourne-ment dialectique, ou du principe d’implication, pratiquer pour trouver cette attitude. Soient, dès lors, un mouvement, et une direction. Cette année, à Compains, o-Soto-Gari, sur l’avancée du partenaire. Étude de déplacement, tout d’abord. Uké va faire deux pas, jambe gauche, puis droite. Tori épouse et comprend son déplacement, et prend son impulsion quand Uké va avancer sa jambe gauche. Dans cette impulsion, par le recul de tout son corps et par un coup de fouet de sa hanche, il va esquiver et aspirer Uké. Uké poursuit dans sa direction, avançant dès lors sa jambe droite, mais il est derrière Tori, déjà. Ce dernier n’a plus qu’à l’amener plus loin, encore plus loin derrière lui, à l’infini. Cela n’est pas Arai-Goshi, et n’y ressemble pas. Rassembler le mouvement. Un pas. Le coup de fouet de la hanche vient immédiatement, Uké n’avance que sa jambe droite, il est derrière Tori, loin. Faire cela. Le faire vraiment. Avoir trouvé la possibilité de le faire, c’est-à-dire s’être placé dans une attitude juste. Pour Tori et pour Uké, la même attitude !Nous savons tous ce que peuvent signifier des expressions comme reculer le poids en avant, se hisser vers le bas. Nous savons comprendre ce que ces expressions insensées signifient dans notre corps, et dans l’efficacité de notre pratique.Une direction, un mouvement. Dans l’exercice, puis dans Uchikomi, puis dans Gaku-Suku-Geiko, puis dans Randori. Cela pendant deux semaines. Si bien qu’en définitive, j’en viens à me dire que ce stage de Compains ne fut absolument pas consacré à o-Soto-Gari, mais plutôt à comment solliciter une attitude juste, dans les différents registres de notre pratique. Au point qu’il a souvent été dit qu’un Kata, c’était Randori. Que notre pratique était toute entière dans le premier pas du nage-no-Kata. C’est ainsi que pro-gressivement, l’attention de tous se portait sur l’attitude générale de chacun. Je suis peu avancé dans la pratique. Et donc avide des propos que peuvent me tenir les plus gradés, lorsque je travaille avec eux. J’ai été frappé dans ce stage de voir évoluer le registre des conseils qui m’étaient prodigués. Très vite, il n’a plus été question de placement, de tempo, de gestuelle (tous conseils dont j’ai pourtant grand besoin), mais de propos comme plus intimes :

Se rendre totalement présent à notre pratique. Trouver ces moments où l’on arrive même à oublier de bien faire (ce qui, particulièrement en tant que Uké, peut être paradoxalement nuisible à la qualité de la pratique, quand on s’allège jusqu’à devenir mou).Il a ainsi été souvent question du salut. De comment se placer le plus rapidement pos-sible dans la sincérité de notre pratique. Une autre façon de dire : être là, tout de suite, dans l’attitude nécessaire au Junomichi. Ne pas procrastiner, en somme. Il a aussi beau-coup été question, dans des études et des démonstrations de Kata, de ne pas perdre la liaison avec le partenaire, de ne pas se relâcher entre deux mouvements. o-Soto-Gari, donc, chaque jour, chaque matin, pour que dans ce mouvement, par lui, nous puissions

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essayer mieux de nous faire agir dans les principes de notre pratique. Souvent, les après-midi, nous avons travaillé le Kime-no-Kata. Décider d’être présent, d’être dans cette attitude. Pas en deux temps (décider, et s’y placer). Tout de suite. Esquiver, tout de suite. Bien sûr, de tant d’heures passées sur les tatamis, il ne saurait être question de faire entendre ici la totalité des conseils, des mouvements que nous avons travaillés. Bien sûr, o-Soto-Gari a donné lieu à des variations. iza-Guruma par exemple, l’un comme une variante de l’autre.Werner Knoll a longuement insisté sur le fait qu’o-Soto-Gari n’était pas Arai-Goshi. Une seule fois, dans la deuxième semaine, il a montré qu’il était possible de faire évoluer o-Soto-Gari en Arai-Goshi, en fonction du contrôle de Uké. Les pratiquants n’ont guère dû lui sembler inspirés, car il n’a pas insisté. Quelques points sur lesquels Compains fait porter l’attention. En tant que stage long, et que lieu coupé du monde. Nous som-mes dans une promiscuité imposée, celle des tatamis, la journée durant. Celle du bar, celle du champ où beaucoup d’entre nous campent. Nous sommes dans les traditions de la durée de nos stages : le repas du jeudi, auquel on ne se défile pas, ou guère, les chants qui s’ensuivent, les tournées chez les Espinoux, le feu dans le champ, le pot de l’amitié. Nous partageons notre pratique, et autour d’elle, dans ce lieu, dans ce hameau volcanique, nos existences, un temps bref. C’est finalement un grand nombre d’humains qui forment une communauté éphémère, à Compains, l’été. Des gens, jeunes, vieux, pauvres, riches, vivant des vies fort différentes. L’atmosphère festive aide sans doute, mais c’est notre pratique qui nous fait nous réunir, là-bas, tous. Qui rend possible, dans ce temps coupé du monde, qu’existe entre nous cette chose qu’on appelle amitié. Tant de littérature à ce sujet. Je ne pense pas que seul le Junomichi soit bon à rendre cela tan-gible : que des hommes et des femmes, qui pourraient s’écharper à tout sujet, puissent se réjouir chaque jour de se voir. Puissent s’entraider, rire. Partager des moments scabreux, se sentir émus, les uns par les autres, les uns pour les autres. J’espère que d’autres prati-ques que le Junomichi, que d’autres lieux que Compains permettent cela : une fraternité choisie. Une fraternité qui peut triompher de tout, semble-t-il. Moi qui n’ai jamais ren-contré monsieur Corréa, je sais, à Compains, quelque chose de lui. Je sais le cadeau qu’il me fait, au présent, ici et maintenant, d’être là, et de chercher ce que le Junomichi peut nous apporter.Quand la première semaine toucha à son terme, Werner Knoll a souhaité dédier le stage achevé. Nous venions de nous saluer au sol. Il s’y est repris à plu-sieurs fois, submergé par l’émotion, sa voix entrecoupée de sanglots, et s’exhor-tant lui même (« je vais y arriver, je vais y arriver »). Il nous a parlé, brièvement, de sa mère, défunte. Je n’aurais jamais pensé qu’une pratique martiale pût m’amener à écouter ces paroles, à ressentir à ce point mon intimité. J’ai, plus tard, un instant, au bar, voulu dire quelque chose à Werner, simplement lui dire mon émotion. Il m’a répondu : « moi qui vous demande toute la journée de vous maîtriser, j’ai été incapable de le faire ». C’est compliqué, cette histoire de maîtrise.J’en parle d’autant plus librement que ma connaissance du Junomichi m’interdit de me

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sentir maître, de quoi que ce soit. Une anecdote : en première semaine, j’étais Kyu, et les cours de l’après-midi se terminaient par des éléments de Kuatsu. Les Kyu étaient donc priés de quitter les tatamis prématurément. Nous nous retrouvions, donc, quatre, moi pouvant en gros être le père des trois autres Kuy, un peu en avance chez Espinou.Plus tôt dans l’après midi, un Gakusei et un Deshi ont été appelés à présenter une série du Katame-no-Kata. Le Deshi, ému, était sans cesse repris par Werner Knoll, car il ne parvenait pas, de mouvement en mouvement, à garder son attitude. Dans la ligne des spectateurs, des hauts gradés manifestaient leur réprobation devant l’attitude du Deshi. Ostensiblement. Nous, Kyu, attablés, sans nous concerter, nous tous, à l’issue de l’entraî-nement, étions choqués de ce que nous avions vu comme une « humiliation publique » (pas du fait de Werner Knoll, mais de commentateurs). Nous avions (en tous cas, moi, personnel-lement) participé de cette moquerie : j’avais du mal à contenir des sourires devant cette bronca. La fatigue abaisse la vigilance. En fait, autant que ceux qui étaient au centre, nous étions déconcentrés, sortis collectivement de notre attitude. Si le Deshi ne savait plus garder son attitude, nous non plus.Sauf Werner Knoll, qui insistait, simplement, sans signes d’irritation, auprès des prati-quants sous ses yeux, qui s’efforçait de corriger, de leur permettre, puis de nous permet-tre de ne pas oublier pourquoi nous étions là. De cet instant, j’ai essayé de comprendre en quoi le Sensei se trouvait parmi nous, durant les cours. Il a une place de maître, une place d’enseignant, au-dessus de la mêlée, en somme. Mais je constatais alors que ses propos, le rythme qu’il imposait au cours, était évidemment entièrement lié à la façon dont collectivement nous pratiquions.

Une oscillation harmonique, entre nous, et lui.

Je comprenais alors ma responsabilité, en tant que pratiquant, qu’élève, sur l’ensemble du stage. Ce que je renvoie, dans mon attitude, ne concerne pas, clandestinement, moi et mon partenaire durant l’exercice. Ce que nous faisons, chacun, individuellement, rejaillit sur la forme collective de notre pratique. La qualité d’un stage doit alors aussi tenir à la capacité de l’enseignant à saisir l’énergie des pratiquants. Et il y a eu à ce sujet un moment qui a frappé beaucoup d’entre nous. Durant les deux semaines, souvent, nous avons vu et un peu pratiqué le nanatsu-no-Kata.Werner Knoll insistait sur le caractère explosif et décidé des mouvements dans le nanatsu, et particulièrement sur Uchi-mata. Aucune indication technique sur le mouve-ment en lui-même, mais une indication musicale : la main sur l’épaule, son rebond, c’est l’impulsion, le diapason, ce qui permet de lancer le corps.Dans les derniers jours de la deuxième semaine, il appelle, pour ce mouvement, le plus jeune et le moins gradé d’entre nous. Le moment est détendu, parce que le Kyu ne com-prenait pas tout d’abord qu’il était appelé, et parce que le Uké qui lui avait été désigné portait le même prénom que lui. Deux Matthias au centre. Et le jeune Kyu (il a moins de quinze ans...) de faire Uchi-mata dans la forme du nanatsu de manière magnifique.

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Un beau soir de mai 2010au Dojo Club d’EvreuxPetit hommage à notre ancien président, Alain Dupont, qui pour des raisons profes-sionnelles et familiales a du quitter son poste qu’il occupait avec brio et dévouement depuis de nombreuses années. L’ensemble des adhérents a donc été très heureux de le remercier en lui offrant un magnifique sabre japonais. Vous aurez la joie, désormais, de vous adressez à Ludovic métivier qui a accepté la présidence de l’association et nous le félicitons. Une de ses premières actions a été de contacter avec moi, maître AWAZU pour le faire venir à Évreux et nous dispenser un cours de 2 heures.L’importance de cette visite est due surtout à l’histoire de maître AWAZU qui est liée à l’arrivée du Judo en France. Actuellement âgé de 87 ans, il marche avec difficulté et à l’aide d’une canne, mais dès qu’il monte sur le tatami, il se redresse et son autorité

Vraiment magnifique : explosive, simple, efficace, précise. Un silence admiratif, et de larges sourires, s’emparent de la ligne des observateurs. Comment nous faire être ensem-ble, tout en proposant à chacun de travailler et progresser à son niveau. Et cela, durant deux semaines. C’était le dixième Compains que Werner Knoll animait. Il a conclu la deuxième semaine par cette phrase : « j’ai mis longtemps à comprendre o-Soto-Gari ».

Julien ChoLLAT nAmY

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arti

clenaturelle s’impose immédiatement ainsi que son sens de l’humour.

maître ShoZo AWAZU est né le 18 avril 1923 à Kyoto, ancienne capitale du Japon. Suite à une entorse de la cheville à l’âge de 11 ans, le père de ShoZo, n’ayant pas de médecin, l’emmène chez le maître niShi, professeur au BUDoKUKAi, le grand centre d’étude du judo de KYOTO, l’équivalent du KoDoKAn de TOKYO, qui lui rendit bien vite l’usage de sa cheville. Le professeur recommanda la pratique du Judo pour consolider la cheville blessée. Shozo fît de rapide progrès et se classa parmi les meilleurs élèves. Ses brillants résultats en compétition portèrent leurs fruits. Il passa rapidement 1er DAN et devint capitaine de l’équipe de KYOTO qui gagna le cham-pionnat national du Japon en 1939. Après la guerre, en 1949, il est classé parmi les 16 meilleurs judokas japonais. Pendant ce temps, en France, le nombre de judokas augmentant, maître KAWAiShi sentit le besoin d’une aide. Il lui fallait l’assistance d’un expert qui fût jeune, combattant exceptionnel et technicien confirmé. Il s’adressa à son ancien professeur, maître KURihARA 9e DAN, ancien assistant de JiGoRo KAno. Celui-ci proposa ShoZo AWAZU qui arriva chez nous en 1950 et qui y resta après avoir fait venir sa femme. Spécialiste incontesté du travail au sol (Maître CORREA s’en inspira), il était également un redoutable combattant et un remarquable technicien

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petit essai sur les

& le Junomichijardins ZEN

Le but de cette présentation est double : vous faire partager mon amour des jardins Zen (et des jardins japonais en général) et tenter d’expliquer pourquoi le jardin peut devenir un art comme le Junomichi au lieu de n’être qu’une simple détente et un agréable passe-temps.

debout (HANE GOSHI, USHI MATA et HARAI GOSHI).Le nE-WAZA, c’est aussi subtil et aussi complexe que l’art des projections. Au sol, il cherche sans cesse le trou pour l’étranglement, la position pour la clé de bras, le désé-quilibre pour la sortie d’immobilisation. Il cite souvent maître JiGoRo KAno : « Le JUDO, c’est la voie qui vous amène à utiliser le plus efficacement l’énergie corporelle et mentale afin d’atteindre la perfection de la personnalité humaine car le but final, c’est l’épanouissement de soi-même et dans la vie, être utile à la société. »maître AWAZU ne devait pas rester dîner avec nous le soir mais devant l’ambiance qu’il a qualifiée de « camarade », il est resté au repas. Lorsqu’il est sorti de table, nous l’avons fort applaudi. Très touché, il a dit : « Je reviendrai à Évreux. ». Nous étions une quarantaine sur le tapis du Dojo. Evidemment, beaucoup d’anciens étaient présents. Ludovic métivier, notre président, qui l’a raccompagné en voiture chez lui, nous a dit qu’il avait chanté tout au long du chemin.

Longue vie maître AWAZU et à bientôt.

Christian Demarre

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essa

i

Il est souvent plus facile de définir quelque chose par son contraire. Ainsi, pour répon-dre à la question « Qu’est ce qu’un jardin Zen ?» ou « qu’est ce qu’un jardin japo-nais ? », on peut s’interroger sur ce qui le différencie d’un jardin « à la française » ou « à l’anglaise ».

opposition jardin japonais / zen et jardin à la française

Nous savons tous reconnaitre un jardin à la française : ses lignes régulières et symétri-ques, ses topiaires (donner des formes à un végétal en le taillant), ses statues, ses allées qui se croisent à angles réguliers, ses bassins aux formes géométriques et parfois sa démesure comme à Versailles dont la superficie même et le travail de génie civil ne cesse de nous impressionner.

Mais que nous disent ces constructions géométriques, ces fontaines majestueuses qui ont demandé tant de travail aux mathématiciens (Euler, Descartes), aux spécialistes italiens des fontaines (Francine) et au jardinier en chef Le Notre, aux ingénieurs qui ont fabriqué la colossale machine dite de Marly qui faisait remonter l’eau de la Seine 163 m en contrebas grâce à 22 kilomètres de chaines, 40 kilomètres de canalisation, 250 pompes, 800 tonnes d’acier, 17 000 tonnes de fer et 100 000 tonnes de bois ? 7 ans de construction pour que le roi puisse voir l’eau jaillir en n’importe quel endroit de ce parc gigantesque et impressionner ses visiteurs.

On l’aura compris, le jardin à la française et Versailles en particulier montre la domi-

Le Grand Canal de Versailles, crée en 1667

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Le bassin de Neptune, Versailles

nation de l’homme sur la nature, qui devient domestiquée et docile : l’eau jaillit parce que le roi le veut.

Le jardin japonais n’est pas cela. Sa superficie réduite et sa simplicité l’oppose à cette déme-sure. Il est intimiste et modeste. Même lorsqu’il est de grande taille (comme le parc Oriental de Maulévrier à 12 km de Cholet dans le sud du Maine et Loire http://www.parc-oriental.com/contact/plan-d-acces/) sa promenade invite au calme. Et que dire du jardin du musée d’Adachi plusieurs fois élu jardin préféré des japonais : on le voit sur les photographies, Adachi s’intègre dans le paysage environnant, il ne marque pas de frontière par des lignes droites et symétriques :

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Ces deux photographies du jardin d’Adachi montrent bien que la frontière entre nature et jardin n’est pas vraiment définie. Notez aussi les formes irrégulières des topiaires qui rappellent celle des rochers auxquels ils sont associés. L’harmonie ne vient pas de la symétrie IMPOSÉE et CALCULÉE mais de la prise en compte du décor vallonné : le jardin et la montagne environnante ne font qu’un dans un désordre « RAn » qui n’en n’est pas vraiment un. On commence à se rapprocher du Junomichi n’est-ce pas ?

Contrairement à Versailles, on ne vient pas se divertir et s’émerveiller de telle prouesse technique mais on y recherche l’harmonie. Ce n’est pas une harmonie qui parle à l’intellect (géométrie, perspective, problème de mécanique des fluides posé par telle ou telle fontaine). La paix que dégage ce lieu vient d’une non—opposition. Nature et jardin sont intiment lié. Aucun ne heurte l’autre. À Versailles, la nature est asservie pour le roi et repoussée au-delà de frontières rectilignes arbitraires.

Le jardin japonais et le jardin à l’anglaise

Même un oeil non exercé trouvera bien des similitudes entre le jardin japonais et le jardin à l’anglaise : ses lignes courbes, une intégration réussie entre le paysage et le jar-din ou parc. Launcelot « Capability » Brown (1716-1783) a poussé tellement loin cette idée que ses critiques n’ont pas manqué de lui faire remarquer que remuer des tonnes de terre et créer des vallons pour un résultat identique à ce que la nature fait, n’en valait pas la peine. Regardez l’image ci-dessous : si l’on exclut le pont, ce paysage pourrait être naturel. Cette tendance d’abolir les haies et

Capability Brown : parc à Sheffield

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Sissighurst, jardin crée par Gertrude Jekyll :Camaïeu de bleus, du bleu pâle au bleu soutenu.

Jardin enclos de Barrington Court par Gertrude Jekyll

les murs lancée par Capability Brown a donné naissance aux parcs à l’anglaise (Londres, ou bien Central Park à New York). On voit cependant bien la limite du genre : il s’agit de créer un lieu pour la promenade en famille : de grandes allées, des pelouses, de grandes pièces

d’eau : une sorte de forêt aménagée, débarrassée de tous danger. Le jardin japonais n’est pas cela non plus.

Le jardin japonais apparait bien comme une création de l’homme, pas une simple imitation de la nature. Il s’agit d’un exercice difficile : on veut que le jardin semble naturel et pourtant il doit représenter quel-que chose, signifier quelque chose.

Plus proche dans le temps, il y a bien sûr le jardin anglais du 19ème La célèbre créatrice de jardin, Gertrude Jekyll, (1843-1932) a fait porter ses recher-

ches sur l’équili-bre des couleurs : p l a t e s - b a n d e s , mix-borders, jar-dins boisés, plan-tes grimpantes et rosiers. Elle a montré l’importance de la proportion, des textures et du parfum dans les jardins.

On retrouve ce côté intimiste et peu formel dans les jardins japonais et les jardins anglais hérités du 19ème siècle. Mais l’abondance de fleurs et de couleurs du

jardin anglais marque une différence très nette avec le jardin japonais.

Il me semble que le jardin anglais du 19ème siècle est avant tout un reflet des préoc-cupations de l’époque : un goût pour le naturel, le romantique ou le gothisme, l’inti-miste. L’Angleterre industrielle en pleine mutation, vaste empire assoiffé de conquêtes, fascine et fait peur : le jardin peut être vu comme la tentation d’un retour au naturel et au sauvage dans un lieu sécurisé entouré de murs, un retour à un idéal pré-industriel insouciant comme dans les tableaux de Constable (1776- 1837) où l’homme apparait

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minuscule mais comme protégé par les canopées des chênes centenaires et les ciels immenses. Décor bucolique et romantique qui probablement ne fut jamais réel.Pour faire court, et en simplifiant grossièrement, toute l’histoire des jardins en Europe me parait être un reflet de l’air du temps, des idées qui circulent sur ce qui est beau ou pas, à la mode ou pas. Le jardin projette les aspirations et des craintes des commandi-taires ou des créateurs de jardins ; voire leur mégalomanie ou leurs peurs.

Je ne nie pas que le jardin japonais lui aussi s’inscrive dans son époque, mais il pour-suit aussi d’autres objectifs plus personnels et humains qui se prolongent dans une branche bien à part, le jardin Zen. Je dirai que d’une certaine façon, le jardin japonais et surtout Zen nous offre une promenade à l’intérieur de nous même, le jardin euro-péen une promenade à l’extérieur. (Ces commentaires bien sûr n’engagent que moi)

Il peut s’agir d’un « do », d’une voie à suivre pour ceux que l’aventure intéresse.

Quelques caractéristiques du jardin japonais

a) La symbolique

À la fin de notre Moyen Âge, les jardins européens étaient fonctionnels : jardin de sim-

ples pour soigner, jardin de subsistance pour nourrir. Ils étaient parfois symboliques, mais leur symbolique est simple et très codifiée : souvent composé autour du symbole chrétien de la croix dans les cloîtres des abbayes ou dans certains châteaux de la Renaissance comme à Villandry sur les bords de la Loire. Ainsi à Villandry, le Jardin d’Ornement est au dessus du potager il constitue la prolongation des salons du château. Il est composé de quatre carrés ayant chacun une signification symbolique se rappor-tant au thème de l’amour :

‘’L’amour tendre’’: il est symbolisé par des coeurs séparés par de petites flammes. Au centre : les masques que l’on mettait au cours des bals qui permettaient une grande liberté de parole.

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‘’L’amour volage’’: dans les angles, on aperçoit quatre éventails évoquant la légèreté des sentiments et le mensonge féminin ! Entre les éventails, figurent les cornes de l’amour trompé et au centre des billets doux que la dame envoyait à son amant.Pour qui connaît les codes de représentation, le dess(e)in des parterres est clair ! le plaisir de compréhension est tout intellectuel. C’est une question de connaissance, pas de perception.

Pour le jardin japonais, il n’en va pas toujours ainsi. Bien évidemment certains jar-dins demandent une culture japonaise que je n’ai pas. Par là même, leur signification m’échappe. L’exemple auquel je pense est le jardin Rikugi-en (Tokyo) qui représente

en miniature 6 styles de poèmes qui apparaissent dans l’ouvrage ancien de poésie chinoise, le Mao-Shi. Ici donc s’arrête mes connaissances sur le sujet : on le voit, c’est peu pour comprendre ce jardin dont voici une photographie :Mais passons maintenant au temple bouddhiste Tenryu – ji et son jardin zen. Il date du XIVème siècle, ce qui correspond à la fin de notre Moyen Âge comme pour Villandry. Si l’on regarde une vue prise l’été, ce jardin n’a même pas l’air d’un jardin : c’est un simple abord de forêt. Cependant la vue d’automne et la profusion harmo-nieuse des couleurs vives des érables montrent que cette création est un « marqueur » des saisons. Mais il y a plus encore : la pierre dressée symbolise une cascade. On trouve différents styles d’agencement de cascade dans les jardins, la plus connue étant celle-ci, la ryûmonbaku (litt. «cascade de la porte du dragon», Tenryû-ji), reconnaissable à une pierre disposée verticalement à la base de la cascade. Cette pierre (rigyoseki) est la représentation d’une parabole chinoise enseignée dans les monastères Zen Soto, sur les efforts que demande la vie et leurs (éventuelles) récompenses. Elle symbolise

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voir avec la forme de l’animal. Ainsi, la carpe est symbolisée alors que les cœurs, les masques et les billets doux de Villandry sont représentés et reconnaissables.

Différence capitale ! Contrairement au jardin de Villandry qui s’affiche comme symbo-lique avec ses formes codifiées (flamme, cœur, papillon) le jardin japonais ne cherche pas à repré-senter fidèlement la forme de tel animal ou tel objet. Il la codifie. Entrer dans un jardin japonais, c’est déjà apprendre les codes. Cette scène ci-dessus semble donc naturelle et pourtant elle a

ses codes.NB : Le terme «Tenry» signifie littéra-lement “dragon du ciel”. Nous voici donc avec un jardin qui n’a pas l’air d’un jardin mais d’un décor naturel. Pourtant Le maître Zen muso (1275-1351), créateur du jardin, transmet à qui veut regarder au-delà des appa-

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rences, une voie à suivre. Mais comme en Junomichi, il faut d’abord apprendre les katas et les mouvements avant d’être capable de comprendre et de s’exprimer. Sans rentrer dans les détails voici maintenant quelques éléments du code.Commençons par les deux éléments fondateurs utilisés dans le jardin bouddhiste-zen dédié à la méditation.

L’eau et la montagne

L’eau est essentielle à la création d’un jardin. Même dans les jardins secs (c’est-à-dire sans lac ou rivière) cet élément doit figurer. Avant même le jardin Zen de l’école Rinzai, l’art du Karesansui (« paysage sec ») existait déjà. Les rochers symbolisent donc les mon-tagnes et le sable ou gravier ratissé, l’eau et les vagues. Sansui signifie littéralement montagne + eau. Ces deux éléments complémentaires symbolisent la fluidité et la

solidité. Un bon mouvement de judo intègre ces deux composantes indissociables : pas d’opposition (eau) mais un bon équilibre (montagne).

Ryoanji ou temple du dragon au repos (Kyoto). Exemple extrême ou le végétal n’a pas sa place. On pense que le jardin date de la fin du 15ème siècle (1499). Il serait l’œuvre du peintre Soami. Le jardin se compose simplement d’un lit de fins graviers harmonieusement ratissés sur lequel sont disposées 15 roches basaltiques entourées de mousse. Elles sont réparties en 5 groupes : un de cinq, deux de trois et deux de deux. Les pierres ont été disposées de telle sorte qu’il ne soit pas possible de voir les 15 pierres à la fois, d’où que se trouve l’observateur. Le kaolin ratissé symbolise

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l’océan, les rochers les montagnes. Le fait qu’un élément soit toujours absent du champ de vision de l’ob-servateur nous met sur la piste : le maître jardinier nous parle de l’in-visible, de ce qui nous échappe. Le jardin zen existe donc par le vide. Voici des jardins du temple boudd-histe-zen de nanzen-ji.

Dans un monastère zen, le jardin sec se double toujours de son pendant, le jardin d’arbres et de buissons (peu de fleurs

et d’herbe). Ce dernier marque les saisons par le changement des couleurs des feuilles. Les moines bouddhistes ne conçoivent pas le Nirvana (monde de paix) différemment du Samsara, cycle infernal des renaissances et des souffrances. Sans m’aventurer dans des explications plus ou moins fondées, le jeu entre le vide et le plein parait de toute première importance. Les deux jardins ci-dessus utilisent les mêmes symboles, mais les résultats produits sont très différents :

tout est arrondi et sans heurt dans le premier jardin, que ce soit les pierres ou les buissons taillés très proches du sol. Même les deux arbres sont « ronds ». La partie « verte », qui pourrait symboliser l’esprit et le mouvement, est maîtrisée et assagie. L’esprit est éveillé mais blotti au fond du jardin. Il a laissé la place au calme et au repos symbolisé par la mer de gravier aux vagues douces.À l’inverse, le jardin avec ses pierres dressées, son « œil » central et ses îles me semble plus révélateur d’un éveil où le calme et la tension se côtoie dans un équilibre plus fragile. Les îles semblent cernées par un ratissage plus « agressif ». Le rocher le plus haut domine le rocher le plus bas. Le ratissage circulaire s’oppose au ratissage linéaire. Les contraires sont en tension.

Bien évidemment, ces commentaires n’engagent que moi et ne sont nullement une interprétation autorisée. Peut être me suis-je trompé par manque de culture bouddhis-te-zen. Mais je crois que si ces jardins ont une telle force, c’est que même le débutant que je suis peut ressentir une partie du message originel.Ce que je veux souligner ici, c’est que ces jardins ne se laissent pas comprendre « intellectuellement » comme les jardins européens. Il faut un « tori » actif qui accepte

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les codes et les symboles mais va jouer avec pour mettre une idée ou un sentiment en forme ; et ce sentiment doit être accessible à un « uke » prêt à recevoir, éveillé et cher-chant en lui-même ce que le maître jardinier veut transmettre. Bien évidemment nous ne pouvons percevoir autant que le maître confirmé car nous ne maîtrisons pas tous

les codes. Mais on peut cheminer un moment ensemble. Sans cette attitude d’éveil, sans tori et uke, ces jardins zen ne sont rien que des amas de rochers et de graviers sans intérêt. Notez le ratissage harmonieux et sans lignes heurtées. Les lignes droites

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encadrent les lignes ondulantes. C’est une onde apaisée qui aborde un rivage aux lignes douces, aux rochers polis et ronds. Encore un exemple, moderne cette fois ci, de jardin Zen : Temple de nanzenji “les vagues”

Autres symboles :

Si le cœur vous en dit, nous examinerons une autre fois, les symboles couramment utilisés dans les jardins au Japon. Je ne voudrais pas vous noyer sous mes vagues de gravier… les lanternes (indissociable du grand maître de thé Sen no Rikyu), les différents types de cascades, les ponts, les îles (grue et tortue), les végétaux (ceux qui symbolise l’éternité et ceux qui marque le passage du temps), la taille et la simplicité : choisir d’enle-ver plutôt que d’ajouter

Conclusion

Le jardin m’a toujours passionné tant comme Tori (jardinier) que Uke (visiteur contem-platif). J’y retrouve la même exigence qu’au Junomichi. On ne peut se contenter de faire « joli », il faut y mettre son âme. Si le jardin est réussi, les visiteurs ne man-queront pas de percevoir, ressentir une vérité s’établissant par delà le bien et le mal. Le jardin est comme la musique : il ne se laisse pas facilement décrire par les mots. Le Junomichi non plus : essayez donc d’expliquer à un non-pratiquant ce que vous ressentez pendant la pratique ! bon courage… surtout quand vous allez tenter de lui parler du « vide » que vous essayez de créer, de la « non-opposition » ou autre terme que nous utilisons régulièrement entre nous. Vous risquez de passer pour un doux-dingue. Musique, poésie, jardin, Junomichi : le point commun est dans le « faire », dans « l’expérience partagée ». Et pour progresser sur ce chemin, le maître et l’élève ont besoin l’un de l’autre, tout comme tori et uke. Parfois les rôles s’inversent, car rien n’est figé. Nous tentons de saisir et d’exprimer le mouvement et l’immobilité, le vide et le plein et mille autres choses qui ne se voient pas. Pour que cela fonctionne, il faut se plier à une discipline: l’apprentissage des codes et des symboles comme on apprend un kata. Il faut faire ses gammes. Le jardinier doit inlassablement visiter de nombreux jardins et développer sa perception.

Je n’ai pas eu le temps d’évoquer cette pratique du jardinier japonais qui vise à enle-ver, simplifier, tailler et élaguer pour ne garder que la quintessence et se débarrasser de ce qui encombre et obscurcit le propos. Ce que ne font généralement pas les jardiniers occidentaux qui ajoutent et combinent les couleurs et les formes dans des schémas parfois très complexes.

Parfois aussi, ils accumulent et amassent : cela rappelle la collection botanique plus que la création artistique. De telles pratiques peuvent produire de fort beaux jardins.

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Mais cette forme de jardinage n’est pas une voie ou un art... à moins de considérer l’art comme un exercice uniquement intellectuel comme on a trop tendance à le faire en occident. Le créateur de jardin Zen comme le pratiquant de Junomichi cherche à se dépouiller du superflu pour aller à l’essentiel.

Cette quête l’amène à se découvrir progressivement, se révéler lentement à lui-même. … tout en sachant qu’il restera toujours des zones d’ombres invisibles (le quinzième rocher du jardin de Ryoanji).

C’est ce que j’ai appelé le voyage intérieur, notre « Do » ou voie.

Cet exposé est bien sûr très incomplet et imparfait. Mais j’espère qu’il vous aura donné envie de découvrir les jardins japonais et zen.

Merci à Cédric de m’avoir encouragé à mettre en mots la filiation que je ressentais entre le Junomichi et l’art des maîtres jardiniers du Japon (…et d’ailleurs).

Bruno PETTA

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7. LA VERTiCALiTé ET LA moBiLiTé par Jérôme Voisin

ii La verticalité Comme j’ai essayé de l’expliquer plus haut, habiter son hara permet de retrouver notre base. C’est aussi la base sur laquelle va se déployer notre verticalité. Selon les anciennes traditions orientales comme le taoïsme, l’homme est le trait d’union entre la terre et le ciel. Il est donc traversé et nourri par ces deux entités. La verticalité est d’ailleurs le propre de l’homme et il semblerait que notre discipline nous incite à la vivre pleinement.

mon PREmiER STAGEpar Sylène (14 ans) kyu à l’E.J.T.P. Do

J’ai appris beaucoup de choses lors de ce stage ; déjà, avoir un autre professeur m’a permis d’apprendre sous un angle différent de mes habitudes, aussi de travailler avec d’autres personnes expérimentées avec lesquelles j’ai pu bénéficier de beaucoup de conseils gratifiants, qui se rajoutent à ceux qui me permettront de progresser, et enfin, d’avoir fait plusieurs rencontres ! En conclusion, j’attends le prochain stage avec enthousiasme! Merci à tous !

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arti

cle

1er L’axe. Quant on parle de l’axe, nous vient l’image de la colonne vertébrale. En orient on l’appelle l’arbre de vie. Souple et solide à la fois elle est garante de notre bonne santé. Cet empilement de vertèbres, et donc d’articulations, nous offre une diversité de mouvement vertigineuse. C’est autour d’elle que va pouvoir se construire les mul-tiples mouvements dans les différentes directions, tout en gardant l’unité corporelle nécessaire pour être efficace. Il sera donc nécessaire de ne pas briser cet axe lors du mouvement mais nous développerons cela plus tard. Pour l’instant concentrons nous sur la prise de conscience du schéma corporel. Bien sur quand nous parlons d’axe nous induisons l’idée de rotation. Avec le hara nous avons découvert un centre et se rajoute a cela la colonne comme axe. Rappelons que la première vertèbre cervicale « Atlas » soutient le crâne et que donc la colonne peut induire son mouvement à la tête mais aussi est surtout que la tête peut induire le mouvement à la colonne. La tête devrait reposer tranquillement sur la colonne dans l’axe de celle-ci et tourner autour de celle-ci, sans basculer d’un côté ou de l’autre.

2ème La verticalité dans la conscience globale du corps dans l’espaceMais la verticalité ne peut pas s’appréhender uniquement par la colonne vertébrale. Car elle part des pieds. Aussi il faut trouver le lien entre le buste et les jambes. Lors de l’apprentissage du Junomichi, on nous dit : • 1) le poids du corps est sur l’avant des pieds • 2) les genoux sont relâchés ni tendus ni fléchies • 3) le hara repose sur les hanches • 4) la colonne est droite (certains insistent sur le fait que la puissance se déploie dans le dos et l’arrière de la nuque) • 5) la tête est dans le prolongement de la colonne et doit rester centrée • 6) les bras sont relâchés paumes vers le sol

Dans la tradition chinoise et japonaise basée sur la notion du Qi, des souffles, la struc-ture corporelle subit l’influence de la structure énergétique et même dépend d’elle. Cette structure s’articule autour de 12 méridiens (dits d’acupuncture ), de 2 méridiens centraux sur l’axe du corps, de 8 merveilleux vaisseaux et d’une multitude de méri-diens qui unissent les uns aux autres. Cette structure constitue une toile sur lesquelles sont situés des points (dits d’acupuncture) qui sont des points de régulations de la circulation énergétique et aussi des portes qui assurent la communication entre l’in-terne et l’externe. C’est la libre circulation du Qi dans ce système qui va assurer le bon fonctionnement du corps et l’expression de ces pleines facultés. Or il apparaît que cette structure subtile et ses points des plus importants illustrent l’importance des 6 points cités ci-dessus.

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1 le poids du corps est sur l’avant des pieds Dans le creux situé entre la 2ème et la 3ème articulation métatarso-phalangienne se trouve Yongquan le point d’entrée du méridien des reins qui est le lieu de passage privilégié de l’énergie terrestre. Garder le poids du corps sur l’avant des pieds maintient cette connexion et va dynamiser la circulation du Qi. 2 les genoux sont relâchés ni tendus ni fléchies Les genoux comme toutes les articulations sont des possibles lieux d’accumulations de tensions. Relâchées, elles accélèrent le mouvement3 le hara repose sur les hanches Le hara est relâché mais à la fois tonique et rempli du souffle accumulé de la respiration. Il faut donc habiter tout le tour de la ceinture et le bassin. Pour que Mingmen et Qihaï respirent. 4 la colonne est droite(certains insistent sur le fait que la puissance vient du dos et l’arrière de la nuque) On dit que l’axe énergétique est huiyin au niveau du périné et Baïhui au sommet du crâne. Ils appartiennent pourtant à deux méridiens différents. huiyin appartient au vaisseau conception qui remonte sur l’axe du coté antérieur. C’est le méridien mère de tous les méridiens yin il est indiqué dans certaines techniques de diriger le souffle le long de ce méridien jusqu’au dan tien inférieur (point de rencontre des trois axes cités au chapitre 1) pour le nourrir. Baïhui lui appartient au vaisseau gouverneur, père de tous les méridiens yang. Il est intéressant de constater qu’il est très important de garder la tonicité en arrière du corps car l’énergie yang contrairement à l’énergie yin, a plutôt le rôle d’expression et de défense car elle est la plus exposée (comme la face externe du corps). Je rajouterai l’importance du coccyx et de Changqiang qui se situe à son extrémité. Le coccyx pointé vers le sol relie la colonne aux membres inférieurs et aux appuis nous verrons plus loin que quand le coccyx est étiré vers le bas il y a une légère rétroversion du bassin qui s’opère unifiant la colonne dans une mise en tension.5 la tête est dans le prolongement de la colonne et doit rester centrée Baïhui, le point des cent réunions se situe au sommet du crâne, il est le lieu d’échange privilégié du Qi céleste, comme yonchuan (sous les pieds) l’est pour le Qi terrestre. La verticalité s’organise donc entre ces deux points et au-delà.6 les bras sont relâchés paumes vers le sol Un des grands problèmes est de garder les épaules relâchées pour que les informa-tions données par le hara puissent s’exprimer par Laogong point qui se situe au centre de la main. De plus si nous crispons nos 5 doigts lors de la saisie nous bloquons Laogong contrairement à quand nous relâchons la pince pour la direction et non pour la saisie.

iii La mobilité

mr Corréa nous dit au travers du recueil l’origine du Judo que la mobilité c’est « Etre suspendu et toujours en vibration ». Cette petite phrase d’abord énigmatique a

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entamé en moi une réflexion qui me mène aujourd’hui à cette tentative d’éclaircisse-ment. D’une manière générale le hara guide nos mouvements et, nous enseigne t’on, est garante de la mobilité. Après quelque temps de pratique et en approfondissant notre réflexion, on s’aperçoit que l’unique prise en compte de ce dernier point est non seulement insuffisant mais peut nous induire en erreur. Car le phénomène, comme mr Corréa essaye de nous faire comprendre, apparaît plus complexe et plus complet.

1er « Suspendu »On retrouve dans d’autres arts martiaux cette notion. On dit en Taïji Quan qu’il faut se mouvoir comme étant suspendu par un fil. Mais ne nous méprenons pas. Suspendu ne veut pas dire déraciné, bien au contraire. Le fait de chercher à être suspendu nous invite à être dans notre verticalité qui nous l’avons vu précédemment prend racine dans le point d’entrée du méridien du rein. Cette posture érigée ne doit pas résulter d’un effort volontaire pour se raidir vers le ciel, ce qui a pour effet de remonter le centre de gravité et créer des tensions qui vont gêner la fluidité du mouvement. Le fait d’être suspendu résulte d’un relâchement général qui nous fait prendre appui sur le sol pour y puiser une force. L’énergie prend source dans les pieds, se développe dans les jambes, la taille, la colonne vertébrale jusqu’au sommet du crâne et les mains. Cette notion du relâchement, les chinois l’appellent « Song Jing * ». « Et quand le corps entier est relâché il est possible de descendre son centre de gravité. Ainsi les gestes sont liés et l’énergie ne rencontre pas le moindre obstacle. Tous les gestes sont légers, agiles, ronds et naturels* ». Suspendu nous invite donc à habiter son hara soit notre verticalité et notre centre.

2ème « Toujours en vibration » Tout élément vivant vibre, et sa qualité de vibration change suivant ces états. Je pense que cette notion de vibration nous parle du vivant. Être en vibration c’est être pleinement vivant, disponible, en éveil, dans cette présence tranquille et qui à la fois contient tous les possibles. C’est cette présence que l’on aiguise sur le tatami, à la fois concentration et lâcher-prise. Pour le praticien de Shiatsu que je suis, vibration m’évoque la circulation du Qi et notamment la libre circulation du Qi. Par l’attitude correcte on va dynamiser, favoriser l’écoulement et l’expression du Qi. Notons également que mr Corréa nous dit « toujours en vibration ». Ce qui va compliquer notre tâche. Car il est non seulement question de trouver la mobilité mais aussi et surtout de la garder. Et cela, dans le temps, dans le mouvement, dans l’exer-cice du randori et du shiai, sans se laisser perturber ni physiquement ni mentalement, par aucun facteur externe ou interne. Au risque de prendre un raccourci trop simpliste, je pourrai dire que fort de cette mobilité il serait aisé de trouver l’esquive, le control et nos tensions internes (physiques et psychiques) ne feraient pas barrage à la décision pour une plus grande efficacité.

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agenda2011

lieu date commentairePerros-guirec(Bretagne)

21 au 22 mai 2011 Rencontreinternationale de junomichi

PoUiLLY-LE-moniAL(Beaujolais)

11 au 12 juin 2011 Examen de GradeSous la direction techniquede Monsieur

Compains (Auvergne)

24 au 29 juillet 2011 Examen de GradeSous la direction techniquede Monsieur Werner KNOLL

Compains (Auvergne)

31 juillet au 05 août 2011

Examen de GradeSous la direction techniquede Monsieur Werner KNOLL

La Plaine sur mer(Loire-Atlantique)

02 au 04 septembre 2011

Séminaire des professeurset assistantsSous la direction techniquede Monsieur Christian DEMARRE

Pour tous renseignements :Siège social FIAJ

(FÉDÉRATION INTERNATIONALE Autonome de Junomichi)tél. : 02 32 38 48 92

Site Internet : http://www.fiaj.fr

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58 190 TANNAY

Trimestriel

Rédaction :Cédric BONVILLAIN, Julien CHOLLAT-NAMY Jean-Pascal COLASRomain GAUTHIER Matthieu GUYOMARD

Conception & réalisation graphique : Claude TOUCHAIS

Ont collaboré à ce numéro :

Alain Brunet 06 Julien Chollat Namy 08 Christian Demarre 12 Bruno Petta 14 Sylène Monnier 27 Jérome Voisin 27

12 Faubourg de Villiers 58 190 TANNAYe-mail : [email protected]

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Entretien avec me AWAZUpar Ludovic MITIVIER

La dualité par Sigismond WRONA

Paroles de m. CoRREApar D-Y BIERI

La projection de Jérome VOISIN

Dans notre prochain numéro :

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