culture dentreprise et interculturalite: exploitation …...culture d’entreprise et...

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Culture d entreprise et interculturalite: exploitation pedagogique 企業文化と異文化:その教育的活用 -13Olivier J amet <要旨> 本論では,多くの「企業文化」が共存可能であるとういう観点において,「衆文化j と結びつくであろう「企業文化jについて述べ,その教育的価値を示している。 企業文化と典文化の概念を明確にし,もっとも重要な特徴がどのようなものである かを説明し,そして大型スーパーの発案者である(1960 年),フランスの巨大多国籍流 通企業のカルフール社と,ウォルト・ディズニ一社のテーマ・パークであるディズニー ランド ・パリの 2 例で,企業文化 と災文化を例証した後,非常に特徴的であると学生 が思える企業の文化を紹介する教育的活用例や,ビジネスフランス語のように,特に 「専門 フランス語J 教育分野において,企業文化がどのような教行的活用をもたらす かを確認している。 そして,化粧品会社の資生堂が20i 止紀後半に発表した広告から読 み取れる企業文化を紹介 し,我々自身が模擬練習問題 を作成している。 本論の内容の概略は次の辿りである。 1 . r 企業文化J を紹介し, その歴史を振 り返り,「国の文化J の概念から生じた f 業文化J を定義し, その形成過程に着目する。 2.もっとも特徴的な構成要素にどのようなものがあるのか,また企業文化が伝機し, 生み出し た基本的価値を振 り返る 。 3. 企業文化の具体例を挙げる。フランスの流通企業のカルフール社の例と パ リ・デイ ズニーランドの奨文化の例である 。 4. 企業文化により可能 となる多くの教育的活用の概略を示す。紙記棋援練潔問題。 (資生堂の広告に|縛する記事や紹介文の形) 企業文化 を学ぶこ とは,活気があり ,「奨文化J の現実’世界に,学生が大きな興味を 抱き,その語学能力やフランス文化・生活の知識を伸ばす大いなるモチペーションと なる。 <Mots cles> Entreprise,culture,interculturalite, identit 邑, pedagogie <キーワード > 企業,文化,英文化,アイデンティティ,教育 Dans cetarticle,nousdesirerionsparlerd'unsujetquipourrait surprendreapremi revue, C est-a-dire de cultured entrepriseκalaquele setrouveraassocieel'<intercultural it dansle

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Culture d’entreprise et interculturalite: exploitation pedagogique

企業文化と異文化:その教育的活用

- 13一

Olivier J amet

<要旨>

本論では,多くの「企業文化」が共存可能であるとういう観点において,「衆文化j

と結びつくであろう「企業文化jについて述べ,その教育的価値を示している。

企業文化と典文化の概念を明確にし,もっとも重要な特徴がどのようなものである

かを説明し,そして大型スーパーの発案者である(1960年),フランスの巨大多国籍流

通企業のカルフール社と,ウォル ト・ディズニ一社のテーマ・パークであるディズニー

ランド ・パリの2例で,企業文化と災文化を例証した後,非常に特徴的であると学生

が思える企業の文化を紹介する教育的活用例や,ビジネスフランス語のように,特に

「専門フランス語J教育分野において,企業文化がどのような教行的活用をもたらす

かを確認している。そして,化粧品会社の資生堂が20i止紀後半に発表した広告から読

み取れる企業文化を紹介し,我々自身が模擬練習問題を作成している。

本論の内容の概略は次の辿りである。

1 . r企業文化Jを紹介し,その歴史を振り返り,「国の文化Jの概念から生じた f企

業文化Jを定義し, その形成過程に着目する。

2.もっとも特徴的な構成要素にどのようなものがあるのか,また企業文化が伝機し,

生み出した基本的価値を振り返る。

3.企業文化の具体例を挙げる。フランスの流通企業のカルフール社の例とパリ・デイ

ズニーランドの奨文化の例である。

4.企業文化により可能となる多くの教育的活用の概略を示す。紙記棋援練潔問題。

(資生堂の広告に|縛する記事や紹介文の形)

企業文化を学ぶことは,活気があり,「奨文化Jの現実’世界に,学生が大きな興味を

抱き,その語学能力やフランス文化 ・生活の知識を伸ばす大いなるモチペーシ ョンと

なる。

<Mots cles>

Entreprise, culture, interculturalite, identit邑,pedagogie

<キーワード>

企業,文化,英文化,アイデンティティ,教育

Dans cet article, nous desirerions parler d'un sujet qui pourrait surprendre a premi色revue,

C’est-a-dire de《cultured’entrepriseκa laquelle se trouvera associee l'<interculturalit岳, dansle

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- 14一 外国語教育

sens ou plusieurs《culturesd’entreprise> seront mises en parall在leet coexisteront dans une

entreprise apr色sune fusion entre deux societes ou apres le rachat d’une societe, coπune la

cohabitation de 2 cultures tres differentes, la culture Peugeot et la culture Citro邑na !'int邑rieur

du groupe PSA, toujours nettement differenciees 25 ans apres la reprise en 1974 de la soci邑t邑

Citro邑11,伺xsangue》 financi邑rement.Apres avoir clefini cette notion de culture d’entreprise,

l’avoir illustree par deux exemples qui nous ont semble representatifs de ce que signifie cette

notion de culture d’entreprise, ceux de Carrefour, grand groupe multinational frarn;ais de dis-

tribution, concepteur de l'idee d’hypermarche (1960) et de Dysney Land Paris, pare a白色m巴S

de la Walt Disney Company, situe en Seine-etふ/famea Marne-la-Vallee, ouvert en 1992, nous

ve1Tons quelle exploitation pedagogique nous pourrons en faire, en particulier dans le domaine

de l'enseign巴mentde 《frarn;aisde specialite>, comme l'enseignement de Civilisation ou le

franc;ais des affaires.

Nous souhaiterions tout cl'abord indiquer que ce sujet nous a vivement int岳ress邑pour!es 3

ra1sons SUI vantes:

.D’abord, parce que les entreprises japonaises qui nous environnent illustrent tres bien ce

qu’on entend par《cultured’entreprise>, evoquant immediatement la societ吾NationalPanasonic

et la personnalite charismatique de Konosuke Matsushita (1894-1989), <<lieu du management》,

ou l'entreprise Toyota avec ses《Toyotaboys》 etle fondateur de Toyota, Sakichi Toyoda, son

fils, Kiichiro Toyoda, et l'ingenieur Taiichi Ohno, a l’origine d’un systさmede production maison

original (SPT, pour csysteme de production Toyota>), souvent consid吾recomme l’un des plus

performants au monde, avec quelques concepts devenus tres populaires, tels que《juste-a-temps>

OU《sansgaspi》(lean manufacturing <la fabrication maigre》)• <k,αizen> (amelioration continue),

methode de gestion de la qualit邑, z邑rod吾faut,esprit d’邑quipe,kanban.

. Egalement des fac;ons de faire clans les entreprises japonaises tres particuli邑resapparaissent

comme autant d’elements constitutifs de cette culture d’entreprise japonaise. Citons le

りiemawashi>qui est, comme tout le monde le sait bien au Japon, un processus informel

permettant de preparer tranquillement un changement important ou un projet en parlant avec

Jes personnes concemees et en essayant d’obtenir leur soutien et leur adh邑sion.Un bon

<nemawashi> est considere comme un element important dans tout chang巴mentmajeur. La

traduction litterale de nemawashi est ctourner autour des racines>, (ηe, racine) et (mawasu,

toumer autour de)). Nemawashi est souvent cite en exemple, comme une expression

redoutablement difficile a traduire, car ce terme est profond吾mentlie a la culture japonaise.

Une tentative de traduction en a邑tedonnee clans !es annees 1980 par le consultant interna-

tional Mitchell Deutsch, avec cl’arbre des relations humaines>.

. Ensuite, c’est parce que ce concept de《cultured’entreprisc》巴sttres aime par les th邑oriciens

du management a partir des annees 80, qu’une v吾ritable<coqueluche> s’est instauree a ce propos

a cette epoque et que se sont constitueees une reflexion et une litterature tres int邑ressantes

autour de ce sujet, dont les deux auteurs Jes plus importants en France sont Maurice Thevenet,

professeur au CNAM (Conservatoire National des Arts et Metiers) et a l’ESSEC (t:cole

superieure des sciences economiques et commerciales) et Eric Godelier, professeur des

universites, charge du cours《Entrepriseet sciences sociales> et President du Departement

Humanite et Sciences Sociales de !'Ecole Polytechnique. Nous n’avons en consequence que

l’embarras du choix pour trouver des grilles d’analyse de cette fameuse《cultured’entreprise>.

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Culture d’entreprise et interculturalite: exploitation pedagogique - 15ー

Ainsi, dans cet article, nous tenterons bri邑vement:

1. D’introduire cette《cultured’entreprise>, d’en dresser l'historique, de la definir en partant

de la notion de 《culturenational白 etd’en observer le processus de formation.

2. De voir quelles en sont !es composantes !es plus caracteristiques et de rappeler les valeurs

fondamentales qu’elle vehicule et fait emerger.

3. D巴 donnerdes exemples concrets de culture d’entreprise: nous presenterons le cas du dis-

tributeur frarn;ais Can「efouret celui, polyculturel, du pare a th色meDisneyland Paris

4. D’esquisser Jes nombreuses exploitations pedagogiques que l’on peut en ressortir.

1. Dresser l’historique de cette《cultured’entreprise》 etla definir

A. Introduction:

Apres l'achat de TFl par le groupe de Batiment et Travaux publics Bouygues en 1987, le

journal Le Monde titra“le choc des cultures”, titre pour le moins symbolique et evocateur. II

n’y avait rien de commun en apparence entre une chaine de television 《generaliste>et une

entreprise de Travaux Publics (1).

Partons d’une petite anecdote pour mettre en lumiをrele theme de <la culture d'entreprise》.

Ecoutons le temoignag巴 d'undirigeant d’une entreprise r邑cemmentcreee par la fusion de deux

entreprises industrielles:“Quand j’ai besoin d’une nouvelle piece, je peux demander a quelqu'un

de l’entreprise A de s’en occuper: ii rentrera clans son bureau et je ne le reverrai pas de cleux

mois mais ii reviendra avec un dossier de 2, 5 kg contenant tous les plans, croquis et dessins

possibles de la pi邑ceen question, des machines permettant de la fabriquer, des ateliers et des

usines nouvelles pour installer !es machines. Face a ce meme probl色me,quelqu'un de

l'entreprise B ira immediatement chercher un sous-traitant dans Jes pages jaunes de l’annuaire.”

Cette histoire caracterise bien la culture d'entreprise comme une mani色respecifique a une

entreprise donnee de repondre a un prob!きme,pouvant differer singulierement de J'une a

l’autre, m色mesi elle se trouve dans le meme secteur d’activite.

Le concept de culture d’entreprise est ancien. Depuis longtemps, Jes chefs d’entreprise ont

cherche a creer un“esprit maison", caracterisant la specificite de leur savoir-faire vis-a-vis des

entreprises concurrentes. Dans cette premi色reconstatation, la culture d’entreprise permet a un

etablissement de se clemarquer de ceux qui l’entourent, cependant, ce concept touche l’interieur

meme de l'entreprise. L’entreprise est, en effet; une zone de conflits et de tensions entre

plusieurs cultures aussi bien professionnelles que regionales, voire nationale dans le cadre d’une

Multinationale, si frequente a !万poquede la mondialisation. Cette communaute economique et

sociale heterogene a le plus grand besoin de coherence pour fonctionner de fac;on optimale. La

culture d'entreprise peut contribuer a forger une vision commune de tous !es salaries qui

composent cette comrnunaute.

B. Historique :

Sur le plan academique des sciences sociales cette notion de《cultured’entreprise》 S’est

developpee tardivement en France, peut-etre parce que les dirigeants voulaient prot邑gerle

secret de leurs affaires et que la connaissance du pass邑neleur paraissait pas du plus haut

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- 16一 外国話 教 育

interet. La notion de culture d’entreprise remonterait au XIX邑mesiecle avec I'idee tres forte de

pratiques《paternalistes>dans Jes entreprises et trouverait son origine dans trois m邑taphores:

l’entreprise serait une <famille》,l'entrepriseserait une <maison》 etenfin, I’entreprise serait <une

equipe sportive》

Apparue tout d’abord en Angleterre, puis en Allemagne au debut du XIX色mesiecle, c’est au

xx邑mesiecle que cette notion arrive en France et, plus precisement, c’est au cours des

annees 1980 que cette expression s’est soudainement impos邑esous l’influence des《culturalismes》

americain et japonais. Ne aux t:tats-Unis sous l’impulsion principale de Ruth Benedict ( The

Chrysanthemum and the Sword le chrysantheme et le sabre f菊と力J)et de Ralph Linton, le

culturalisme tente une description de la societe sous Jes points de vue conjugues de

l'anthropologie (science qui etudie les etres humains sous tous leurs aspects,主 la fois physiques

et culturels) et de la psychanalyse et, empruntant la notion de culture aux anthropologues,

il cherche a rendre compte de l’integration sociale.

Le courant culturaliste americain nalt du constat qu’une《bonne>culture (forte et coherente)

reflete la force d’une entreprise. Le courant culturaliste japonais, quant a lui, se base sur des principes ancres depuis fort longtemps dans la culture japonaise: famille, modestie, tradition,

respect...

Cet engouement soudain pour la culture d’entreprise a egalement trouve ses origines dans

l’ancienne culture <taylorienne>. Avec les mutations technologiques et les crises a repetition, la

notion de culture d’entreprise s’est trouvee au coeur du d邑batdu changement. L’hoπun巴 trop

souvent neglige doit reprendre sa plac巴.II faut donner un sens au travail et donc transformer

Jes anciennes methodes de conduite du personnel. On voit se dessiner ici la culture d’entreprise

sous l'angle du management.

C. Definition de la culture d’entreprise:

a. La “culture nationale”

La culture nationale est un des constituants essentiels de la culture d’entreprise. Elle peut etre

definie comme l'ensemble des elements propres a un groupe humain specifique, qui sont

explicatifs des fa<;ons de penser et d’agir des membres de ce groupe.

Plusieurs definitions cherchent a expliquer ce concept de 《culturenationale> et a montrer la

dependance du fonctionnement social (r5le de l’etat, des institutions) envers les val巴urs

culturelles. Ainsi, la notion de culture est elle per<;ue comme generale et partagee, c’est a dire qu'elle explique le comportement de i’ensemble du corps social. Ces valeurs peuvent etre

stereotypees et ma! interpretees par un autre groupe social qui ne les connalt pas. Ces images

deform邑essont r吾velatricesde barrieres culturelles et de sentiments de rejet que peuvent

exprimer des individus appartenant a des groupes sociaux differents.

Ainsi, la connaissance de la culture de l’autre procure une meilleure compr吾hensiondes valeurs

《convergentes>et《divergentes>qui s’etablissent entre deux groupes. Connaltre l'autre, c’est

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Culture d’entreprise et interculturalite: exploitation pedagogique -17-

connaitre sa culture, son identite en tant que membre d’un corps social specifique. Vouloir imposer ses propres valeurs, c’est etablir une relation de domination. Celle-ci記 manifestedans

le processus de colonisation, mais邑galementa l’interieur d’une meme soci吾t吾.Les membres des

groupes minoritaires sont contraintes d’adopter ces valeurs jugees百ormales’\

La culture nationale englobe !'ensemble des valeurs, des mythes, des rites et des signes partag邑s

par la majorite du corps social.

Les valeurs representent les id白色 lescroyances fondamentales, la morale (le sacre, le pro-

fane) qui sont transmises d’une gen邑rationa l’autre. Les valeurs conditionnent les comporte-ments admis, acceptes. La religion, en tant que croyance, fait partie des valeurs culturelles

et, clans Jes societes religieuses, elle devient la valet』rcentrale.

Les mythes sont associ邑sa l'histoire nationale et fabriqu白 pourrenforcer Jes valeurs

admises. Quant aux rites, ce sont toutes les ceremonies qui font revivre les valeurs et Jes

mythes. Les f色tesnationales, les mariages, Jes funerailles sont commemorees d’une fa,;on

specifique par Jes differents groupes sociaux. Le rituel de la repr吾sentationdu pouvoir (une

famille royale) est un rite fondamental clans la mesure oil il conditionne les rapports de

force instaures clans la soci吾te.

Les signes sont des emetteurs qui peηnettent a ceux, qui ne font pas partie du groupe social

de r吾ference,de capter certains elements de la culture du groupe. Le langage, les symboles

nationaux, la danse et la musique, les vetements folkloriques sont des exemples de ces

signes邑mispar un group巴specifique.

La bonne reception du message depend de la volonte de comprendre l’autre avant de porter un

jugement de valeur. La culture nationale n’est pas figee. Elle est evolutive. L’introduction de

nouvelles valeurs, 1’apparition de nouveaux mythes ou rites sont fortement liees a l’ouverture de la societe a l'environnement. La culture est vitale pour la survie d'un groupe qui a besoin

d'etre structure, c’est a dire d’avoir des r色gles,des normes qui guident !es actes de leurs

membres et servent a resoudre les conflits internes.

Caracteristiques Finalitiis

Globale Assurer la survie du groupe

Partagee

CULTURE 己Communiquer

Sch邑ma1 : Caracteristiques et finalites de la culture

b. L’entreprise a-t-elle une culture?

Toute entreprise, quelle que soit sa taille, forme un《sous-groupesocial》 composed’individus

appartenant a une ou plusieurs cultures nationales, regionales et professionnelles.

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- 18一 外国語教育

Pour assurer la coherenc巴 decette mosaique, I’entreprise a besoin de creer une identite collec-

tive, qui deviendra le point de rep色rede tous ses membres. Au fur et a mesure que l'entreprise

se transforme en institution, elle tend a d邑velopperune culture d’entreprise qui est l’elaboration

d'un syst色mea la fois culture!, symbolique et imaginaire. Toute entreprise a une culture

specifique,邑laboreeau long de son histoire. Toute entreprise est une affaire de societe

puisqu’elle est marquee par la culture nationale.

c. Culture d’entreprise: definition

La culture d’entreprise peut etre definie comme <I’ensemble des邑l邑mentsparticuliers qui

expliquent Jes bases du fonctionnement d’une entite specifique>. Elle est, dans un certain sens,

un《sous-produit>de la culture nationale et par consequent un ensemble de valeurs, de mythes,

de rites, de tabous et de signes partages par la majorite des salaries.

La culture d’entreprise appara!t comme une variable essentielle pour expliquer le vecu

quotidien et les choix strategiques realises par un groupe social.

Les V aleurs: Comme nous l’avons vu dans le paragraphe a. sur la culture nationale, Jes valeurs

sont les《preferencescollectives> qui s’imposent au groupe, les croyances essentielles, les

normes qui definissent Jes fa~ons d’agir et de penser. Plus concrさtement,les valeurs torment ce

que l’on designera sous le nom de《philosophiede l'entreprise>. Elles determin巴ntsa《chartede

conduite>, exprimee par le r邑glen淀川 int吾rieur,par Jes descriptifs des postes, ainsi que par le

sy討をmede recompense et de sanctions adopte. Les valeurs etablissent !es interdits, les tabous,

les marges de liberte qui ne doivent pas etre violees.

Les mythes: Les mythes sont les legendes, les histoires associees au passe de l'entreprise. Ils

servent a renforcer Jes valeurs communes. Ils peuvent etre lies aux personnalites qui marquent

ou qui ont marqu吾lavie de l'entreprise. Le mythe du fondateur, du p色rede l'entreprise, est tr飴

exploit邑, enparticulier dans Jes PME. Le successeur doit s’imposer aux salaries sans pour

autant vouloir detruire le mythe qui entoure la personnalit邑del'ancien patron qui est souvent

le p邑reou le grand-p在re.《L’heritier》 nedoit pas demeriter. Certains chefs d’entreprise

deviennent des mythes dont la r吾putationdepasse le cadre de leur entreprise (exemple:

Georges Besse, ancien PDG du groupe Renault, assassine a la porte de son domicile). Certaines

entreprises creent des musees (Philips ou BMW) pour rappeler leur paぉ邑 etles progres

accomplis par l'entreprise Les entreprises Saint・Gobainet Alcatel ont fait appel a des historiens professionnels pour retracer leur passe. Pour que !es salaries soient mobilises, pour

qu'ils s’identifient a leur entreprise, ils doivent s’approprier son histoire.

Les rites: Les rites sont des pratiques qui d邑coulentdes valeurs partagees. Le recmtement, les

reunions de travail, !es receptions, !'evaluation du personnel sont des exemples de ces

pratiques. Le recrutement apparait comme un《rited’mitiation, de passage>. De plus en plus, les

entreprises cherchent des candidats techniqu巴mentcapables, mais surtout ayant des valeurs et

des aspirations correspondant a la culture en place. Si cette procedure favorise !'integration de

l'individu, elle freine neanmoins !'evolution de la culture interne dans la mesure ou celle-ci n’est pas contestee et ne peut s’enrichir par un rapport exteme. Le regard critique d’un nouveau

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Cultured’entreprise et interculturalite: exploitation pedagogique

salari邑peutcontribuer a la remise en cause de certaines pratiques.

- 19一

Les syrnboles: La culture regroupe egalement Jes symboles tels que le port de i’uniforme ou d’un badge qui permet de distinguer Jes membres de l’organisation de ceux qui Jui sont

ext邑rieurs.De fa<;on plus subtile, le langage apparalt comme le symbole le plus expressif de la

culture. La mise en place d’un langage commun facilite la circulation de l’information, la com-

munication sociale et la prise de decision. Ce langage unique se manifeste non seulement par

un vocabulaire specifique, mais egalement par les formulaires adopt邑s,le style de communica-

tion retenu (lettres, rapports, ordres ecrits), ainsi que par les procedures de controle. Ainsi, au

si邑gesocial de Peugeot, Jes differences de statut hierarchique sont marquees par l’utilisation

systematique de“monsieur”,“madame”OU “YOUS”, signes de respects. Pour un cadre, le

tutoiement est fait pour empieter sur le territoire de l'autre et influencer ses decisions.

Quant au groupe l’Orea!, il est fier de sa culture. Selon回 direction,celle-ci regroupe quatre

valeurs fondamentales: Ia qualite maximale (respect des clients); la passion du produit (d邑fi

de l’innovation) , la culture de la performance et un climat d’harmonie humaine, qui passe par

le respect de la difference. Un salarie doit connaltre et邑pouserces valeurs pour 色tre

“Orealien”.

d. Comment se forme la culture d’entreprise?

La culture d'entreprise est la combinaison de differents mat邑riauxculturels, chacun ayant ses

caracteristiques propres. Le schema ci-dessous presente les differentes sources contribuant a

l’apparition et a !'evolution de la culture d’entreprise.

Sources

La cultur巴 nationaleet la culture regionale

\冶

La personnalite des fondateurs -....企

La culture professionnelle des salaries

Les evenements vecus par I’entreprise et ayant marque son histoire

/司F

Culture /平

d'entreprise '---..注

Finalites

Assurer la coherence et la suivie du groupe

Am邑liorerla communication entre Jes membres qui ont des visions clifferentes

Schema 2 : differentes sources contribuant a l’apparition et a !'evolution de la culture d’entreprise

La personnalite des fondateurs est un rnythe rnajeur (mythe d’origine). Dans le groupe IBM,

par exemple, la vision de son fondateur T. J Watson Sr est toujours une reference primordiale

dans la conduite du groupe (le respect de la personne, le meilleur service client, la passion de

la vente). Lors de la creation de l'entreprise, le createur est plus qu'un apporteur de capitaux.

11 pr邑parel'avenir de l’entreprise selon ses connaissances, mais egalement en fonction de ses

croyances, de sa personnalite et de sa philosophie.

A ce propos, la compagnie IBM a souvent岳民 decritecomme possedant une culture fortement

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-20- 外国語 教 育

toumee vers les affaires. Ses cadres et directeurs gen邑rauxont traditionnellement ete

selectionnes parmi ses representants. Ce recrutement aurait, par ailleurs, souvent ete motive

par l’objectif de concretiser des perspectives de ventes a d巴sclients importants. En outre, IBM

serait probablement l'une des structures qui aurait developp邑leplus fortement et precocement

le principe de culture d’entreprise. Durant la majeure partie du XX0 siecle, I’uniforme, constitue

d’un costume bleu, d’une chemise blanche et d'une cravate foncee, y etait de rigueur. Ces codes

ont commence a s’assouplir a la fin des ann邑es1970, puis l’ont ete consid邑rablementdans Ies

annees 1990.

En ce qui conceme la culture professionnelle, certains travaux prouvent que, dans une meme

entreprise, il y a des profils culturels differents. La culture professionnelle邑tantIa culture au

travail acquise dans une autre entreprise.

Les evenements marquants, ce sont les mythes hero'iques, c’est a dire, les moments de gloire

v邑cuspar l'entreprise. L’histoire unique de I'entreprise forge les mythes et les rituels qui y sont

admis.

La culture d’entreprise apparait donc co打rmeun ensemble complexe, peu palpable, qui devrait

permettre a chaque individu de s’identifier a l’organisation. Toutefois, il convient de souligner

qu'il arrive qu’un individu ne s’identifie pas a la culture de son entreprise. S’il a un esprit de

“leadershipぺilpeut essayer de faire evoluer la societ邑danslaquelle il travaille. S'il echoue

dans cette tentative, il sera marginalise par le groupe (postes de <voie de garage>).

2. En voir les composantes caracteristiques et en rappeler les

valeurs fondamentales

a. Composantes caract岳ristiquesde la culture d'entreprise: Conune nous venons de le voir dans

le chapitre prec邑dent,de nombreuses composantes sont identifiables; citons, par exemple:

. Histoire de l'entreprise (grands hommes, fondateurs, evolution des produits,…)

. Rites

. Contexte culturel initial (professionnel ou national)

. Symboles

. Structures de pouvoir

. Heros

目 Valeurs(implicites ou explicites)

. Croyances collectives

. Mythes (ex: entreprise fondee dans un garage)

. Codes vestimentaires

. Langage precis

.M邑thodesde travail

Habitudes socio-culturelles

Ces composantes ne sont bien sOr pas uniques et la liste doit etre adaptee au cas par cas a l'entreprise etudiee. Elles sont differentes selon le pays (France, Japon ... ) oil I’entreprise se

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Culture d’entreprise et interculturalite: exploitation pedagogique - 21ー

situe, avec ses propres moeurs et son rapport au travail specifique. Les mod邑!esculturels sont

aussi nombreux et varies que le sont !es entreprises, tant l'abondance des elements constitutifs

de la culture permet de combinaisons differentes. Quelle profusion de richesses va-t-elle done

s’offrir a !'exploitation pedagogique!

Voici apropos, ci-dessous, une enum邑rationde 《valeursfondamentales>, vehicul白sde mani色re

sous・jacentepar la culture d’entreprise et pretes a emerger:

ftthique

Engagement

Orientation prise a l'egard des cli巴nts

Esprit d’equipe et primaute de 1’int邑relcollectif

Justice

Honnet巴t邑

Simplicite

Convivialite

Ouverture au debat democratique

Professionnalisme

Competences en《management>

Confiance

Communication ...

3. Donner des exemples concrets: Carrefour et Disneyland Paris

Nous avons choisi de presenter deux exemples complementaires de culture d’entreprise.

La premiere 《culture>est celle d’une entreprise tres《franco-fran巴aisり quiest devenue une

multinationale au prestige mondiale, le groupe Carrefour, et la seconde sera celle d’un groupe

americain, ayant pour《fondsde commerce> le metier de vehiculer sa culture nationale, Dis-

neyland Paris.

a. L’exemple de Carrefour:

II montre comment la culture d'entreprise peut servir a la fois comme argumentaire de

vente a destination de la clientele et de《sediment》 pourassurer la cohesion du personnel

par le biais de deux vecteurs d’information, un journal destine a la client色leet un journal

d’entreprise.

1-Iistorique:

Comme l巴 montreJacques Le Goff dans son ouvrage Marchands et banquiers du Mayen-age, cit吾

par J.M. Villermet (1991), chaque epoque engendre une forme de revolution commerciale.

L’acc邑l邑rationdu developpement industriel avait modifi邑lepaysage economique. A vec l’arrivee

du machinisme, le commerce a ete contraint d’吾voluerafin de vendre au rythme des machines,

vite et bon marche. La premiere revolution fut la creation du grand magasin au milieu du XIX在mc

si邑cle,avec pour la premiere fois la marchandise exposee a la vue et au toucher des clients.

L’apparition du supermarche date des ann邑es1930 aux f:tats Unis, et des annees 1950 en

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- 22 - 外国務 教 育

France, avec la mise en place du libre service: pas d'intervention du personnel vendeur, mise a

la disposition du client d’un contenant, aujourd’hui le caddie.

Au debut des ann吾es1960, le mot commerce, traduisant une vieille pratique, fait place au mot

distribution. Mais le changement ne s’arrete pas a la terminologie. II se trouve consacr邑avec

la creation de la societ邑Carrefouren 1959, parses deux fondateurs: Louis Defforey et Marcel

Fournier, et avec celle de l'hypermarche de Sainte-Genevi邑ve-des-Bois,surface de vente de plus

de 2500 mi'!tres carres.

Cette mutation n’est pas quモconomiqueet commerciale, elle est aussi culturelle, notamment

avec le“boom”du parc automobile, qui modifie les rapports a l’espace. Desormais on peut

aller faire ses courses ailleurs que dans son propre quartier. Et c’est la que se trouve, en termes

d'urbanisme et de commerce, la conception novatrice de l’hypermarche:

ーlaconstruction, sur une vaste superficie, d'une surface de vente de plain -pied (acc色sfacilite

pour Jes camions de livraison), et cette implantation se situe a la p邑ripheriedes agglom邑rations,

ce qui coOte moins cher que de construire en centre ville, jumelee avec:

-un vaste parking prive permettant des achats massifs: les clients remplissent leur coffre de

voiture en libre service integral (d’oil une diminution des frais de personnel de vente), avec

l’implantation d’un poste a essence a tarif preferentiel. Carfuel, filiale de Carrefour, specialis邑e

dans la foumiture de carburant, vend environ deux milliards et demi de litres par an, ce qui la

positionne dans les six premiers distributeurs de carburant en France.

・cesachats massifs entra!nent des rotations de stocks plus rapides; les prix sont considerable-

ment abaisses par Jes negociations avec Jes foumisseurs.

Ainsi I’hypermarche est un instrument de consommation de masse s’adressant au grand public,

en pr6nant“tout sous le meme toit”. La vari邑tedes articles vise a satisfaire tous Jes besoins, de

far;on a susciter une consomrnation optimaJe, voire une surconsommation. Le client n’ach邑te

plus necessairement un produit parce qu’ii en a besoin, mais par simple desir. C’est Ja《vente

par impuJsion>; la “came”(comprendre la marchandise dans le jargon de la grande distribu-

tion), remplissant Jes tetes de gondoJes, accroche Jes clients par un panneau-promotion. C’est

“l’effet de masse”du produit, crεe par Ja capacit吾deJa tete de gondole a concentrer une tres

forte quantite de marchandise sur un minimum d’espace. La specificite de l’hypermarch邑estde

s’adresser a tous, des classes bourgeoises aux classes populaires. II y a homogeneisation de la

consomrnation; on se rend a l'hypermarche en famille ...

Culture d’entreprise et communication chez Carrefour:

La cuJture d’entreprise de Carrefour peut se resumer a son sJogan :“Avec Carrefour, je posi-

tive!’'. Le saJari邑deCarrefour, par Je biais de la culture “positive", devient“homo-positivus",

se metamorphose en“homo-positivus”… PJus l’adhesion des saJaries est grande a la culture

d’entreprise, pJus l田 individuss'integreront dans Ja collectivit邑querepresent疋 cett疋 entreprise.

Une entreprise qui se veut efficace tendra donc a avoir une cuJture d’entreprise forte, a

l’am吾ricaine.

Pour cefa, Carrefour, Jeader de Ja grande distribution, utiJise deux types de communication:

Page 11: Culture dentreprise et interculturalite: exploitation …...Culture d’entreprise et interculturalite: exploitation pedagogique 企業文化と異文化:その教育的活用-13

Culture d’entreprise et interculturalite: exploitation pedagogique - 23-

・ la communication externe. destinee a la client吾le.il. travers le journal de Carrefour;

ー lacommunication inteme, il. travers le journal Positif !, qui a pour objectif annonce la

fid邑lisationdu client. En fait, le but de ce journal est non seulement de promouvoir des actions

commerciales en vue de pousser Jes consommateurs a l'achat, mais de mettre le client en

position de participant il. la culture d’entreprise. Ainsi les rubriques

‘‘Humeur, <;a va mieux en le disant", permettent aux clients de faire part de leurs remarques.

lei, on fait appel aux clients en terme de partenariat. Ces rubriques“tribunes d’expression

libre" consacrees aux clients peuvent se transformer en outil au service de l’interet de

l'entreprise.

Par exemple, lorsque le President de la R吾publique(Jacques Chirac) d邑clare(Le Moηde, 20

mars 96):《Ledevelo伸抑制tdes grandes suゆcesest une em側 Ysur leρIan de l’emploi, de la

qualite de la vie et de l'amenagement du terntoire. C'est un phenomene qui va s’enrayen, on peut

lire, dans le journal Carrefour de mai 1996:“En 1995 Carrefour a cree 2. 800 emplois; En

s’attaquant au commerce moderne, le gouvemement penalise le secteur d’activite qui a permis

le plus d’embauches ces demi在resannees. Chez Carrefour, 25. 000 emplois en dix ans, dont 2. 800

en 1995.

Nous vous invitons vous aussi, clients de Carrefour, il. participer il. ce d邑baten nous ecrivant.

Nous ne manquerons pas de publier vos reactions’\

Ainsi, une rubrique valorisant la culture d’entreprise de Carrefour “Libert邑d’expressiondu

consommateur", se transforme en un outil, au nom de cette meme “liberte d’expression”, en un

outil quasi-politique au service de l'entreprise.

La communication interne s’appuie sur la pyramide inversee, un des fondements de la culture

d’entreprise il. Carrefour: Se poser la question: que veut le clientえdoitetre notre obs俗sion.(Positif!

n・29).En inversant la pyramide, les clients se trouvent au sommet de la hierarchie; juste en dessous

figurent les employes-ouvriers materialises par des petites taches de couleur, puis les cadres et

enfin le directeur, qui occupe une place au bas de la pyramide. Chaque cadre a田 photographie

d’identite.

La presentation de l'entreprise il. travers cet organigramme a deux buts principaux:

. faire integrer au personnel l’importance que represente le client dans la culture d’entreprise:

c’est le client qui de,α'de et Jes salaries qui executent. On valorise le role essentiel du salari邑,qui

est d’邑treau service et en contact permanent avec Jes clients. L’employ吾“debase”se trouve

done en haut du schema et a !'illusion d’etre au sommet de la pyramide hierarchique, par l’effet

optique de ce schema, affich邑al'entree des bureaux. Souvent, I’organigramme se trouve sur le

trajet menant il. la machine il. cafe, ce qui favorise son int吾riorisationpar Jes salaries qui le vi-

sualisent sans meme y prendre garde chaque fois qu'ils se rendent a leur pause-cafe. Le

salarie a le sentiment d’etre acteur il. part enti吾rede son travail, dans la mesure oil il execute

Jes desiderata des clients. Le directeur, tout en bas, n’est que la personne qui approuve la

marche des choses. Comme le dit un des fondateurs de Carrefour, (Positif ! n・29,p. 8) : Ceci con-

stitue le Joηdement meme de notre organigramme, qualifi’e de pyramide il. l’envers ou les clients

sont les seuls vrais patrons de l'entr,ゆがse.

marquer une certaine reconnaissance de l'entreprise vis a vis de ses cadres qui sortent de

l’anonymat par le biais de leur portrait photographique. Cela renforce la motivation au travail

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- 24ー 外国語 教 育

des employes-ouvriers qui voudront etre plus qu'une petite tache de coulet』r’quivoudront色tre

reconnus comme individt』.'‘

Le journal est exclusivement destine aux salan邑sde Carrefour. II est a la base de la communi-

cation interne qui a pour objectif de developper la motivation au travail, done la productivite,

de donner un sentiment d’appartenance a une collectivite, de canaliser les ambitions

personnelles vers les objectifs de l’organisation, afin que les salari岳S adh色rentau projet de

l'entreprise qui est la satisfaction du client.

Dans le journal, les activites et les performances de !'organisation sont mises en valeur a travers des articles oil sont mis en vedette des salaries.

b. L’exemple de Disneyland Paris

Presentation:

Les informations pr岳senteesci-dessous sous forme de corpus proviennent de trois sources

majeures: interviews aupr在sdes salaries, observation et analyse du nombre important d’articles

publies dans la presse fran~aise.

Valeurs

• La qualite totale du service rendu.

・Lereve, I’imaginaire, le spectacle.

・Lacourtoisie et la ponctualit邑des“cast members" (toute incorrection dans ce domaine

peut etre source de licenciement).

Mythes

• Walt Disney: mythe d’origine.

• Disney World: my the de reussi te.

・L’Arnerique:mythe heroique.

• La jeunesse eternelle: mythe de l’homme enfant.

Rites

• Le recrutement: premier rite initiatique. Trois entretiens sont prevus pour d邑celerles

candidats parfaitement bilingues (voire trilingues) et ayant le profil correspondant aux

valeurs du groupe. La brochure d’accueil donne le ton:’'venez jouer le role de volre vi・e.

Entrez dans le monde magique de Disηの”

• La formation: deuxiさmerite initiatique. Les nouveaux“cast members" suivent un stage

a l'universite Disney pendant lequel ils apprennent non seulement le nom du premier

personnage de Disney, mais邑galementcomment sourire.

• Pour tous les "cast members”, y compris les cadres: se deguiser au moins une fois dans

un personnage !

・Lesmanagers, quant a eux, suivent un stage de forn1ation aux Etats-Unis.

Tabous

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Culture d’entreprise et interculturalite: exploitation pedagogique - 25-

• Tout nouveau“cast member" re<;oit une brochure de 13 pages, qui pr邑sentetous !es

“interdits”qui “vont a J'encontre de I’image Disney’'. Par exemple, ii est specifie que“ni la decoloration, teinture, m色chesou balayage ne sont autorises”; pour Jes hommes, ii faut

imp邑rativementle port des chaussures et chaussettes noires. Ni barbe, ni moustache n’y

sont admis. La taille des ongles, et des jupes, ainsi que la dimension des boucles d’oreilles

y sont d邑termin邑es.II est egalement conseille l’utilisation d'un deodorant, et“le port de

sous vetements appropries pendant le temps de travail”.

Symboles

• Mickey: symbole maj巴urde ce monde de “reve".

・ “Disneylook”: i’uniforme, mais egalement toutes !es recomrnandations des “interdits”. • Le port des badges: pour !es hates: badge avec !es oreilles de Mickey; pour !es“cast

members”, mention de leur prenom.

・Langage:directement importe des pratiques americaines: utilisation de prenom, tutoie-

ment; forte utilisation de l'anglais.

Analyse/Comrnentaires:

L’exemple que nous venons de voir illustre, de fa<;on《douce>,cette confrontation entre《culture

mondialis是e>,incarnee par le pare d’attractions Paris-Dysney, et《culturelocale> que symboli-

serait le Pare Asterix, pare a th邑meeonsaere a l’univers de la bande dessinee d’Uderzo et Goseinny, Aste,匂 leGaulois, et se situant a la troisi色meplace des parcs fran<;ais, derriere le

Futuroscope de Poitiers (deuxi邑meplace) et le eoncurrent amerieain Disneyland Paris

(premiere place). Mais il eonviendrait de souligner que l'espaee eulturel francais s’est toujours

nourri de relations de proximite et de confrontation avee les autres.

II faudrait aussi relever, aussi bien pour le Parc Disney-Paris que celui d’Asterix, l’aspeet de

marehandisation de la culture, dont nous a de nombreux siecles protege une notion provenant

d’un eoneept de droit eanon, le叩邑chede simonie》 venantdu texte des Actes des Ap5tres a propos de Simon le Magieien qui avait l'audace de vendre des objets ou des aetes sacres. Et

les hommes de culture eurent longtemps pour habitude de considerer comme <simoniaque》celui

qui vendait de la culture.

A l’origine, le mot《culture》 futinvent邑parCieeron pour qui <laρhiloso戸hieest la culture de

l'ame>. Cette premi邑redefinition de la culture s’inscrit dans une vision humaniste que les

philosophes du XVIe siecle ont reprise a leur compte donnnant naissance a la tradition de

<I’honnete homme》.Le deuxi邑mesens de la culture est allemand et fut utilise pour la premiere

fois par Kant pour d吾signerl’ensemble des proeessus acquis dans une soci邑t岳 humaine.La

troisieme definition, beaucoup plus r邑cente,est celle de la culture eomme une marchandise

<mondialisable》 quecaracterise si bien l’exemple du Pare Dysney et de sa culture propre ou

celui du film Titanic, Jes entreprises realisant des profits colossaux en comrnercialisant des

objets culturels. Fermer les frontieres pour resister a cette culture mondialisee serait absurde et

antieeonomique. II est preferable de laisser eoexister et s’equilibrer ees deux types de culture

d’entreprise loeale et mondialisee.

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- 26ー 外国語教育

Dans ce domaine l’exemple de Carrefour est frappant. Incarnant en France une <culture locale》

puisque son concept est d’origine frarn;aise, il a reussi remarquablement a s’exporter et, de ce

fait, a se <mondialisen.

D’autres exemples aussi pertinents pourraient etre cites. Nous verrons dans la partie suivante

consacr邑ea !'exploitation pedagogique celui de la publicite de la societe japonaise Shiseido. La

culture d’entreprise est foisonnante.

4. Esquisser de nombreuses exploitations pedagogiques

Les materiaux sont done la a foison. Nous disposons ainsi d’une methodologie rigoureuse en

mati色red’analyse des entreprises pour rechercher cette culture d'entreprise. Nous avons de

nombreuses grilles d’analyse…

Les exercices qui peuvent etre proposes a nos邑tudiantssont de differente nature et permettent

de consolider avec efficacite !es 4 competences (comprehensions orale et ecrite; productions

ecrite et orale) pour arriver a la maltrise de la Ian思1efranr,;aise et a mieux connaltre la societ邑

franr,;aise, ainsi que le monde de l'entreprise et ses mecanismes.

Dans ce cadre, I’etudiant se verrait confier la mission de rechercher, d’enqu色teret de presenter

al’oral OU a l’ecrit un aspect ou la totalit邑dela culture d’une entreprise qu’il connaitrait t1色s

bien (pour y travailler ou y avoir travaill邑,parexemple) .

Nous proc邑derionspar !es etapes suivantes:

A la confection de questionnaires (se poser a soi-m色me!es questions importantes; poser

des questions a d’autres)

A cet effet, !es etudiants seraient invites eux-memes a etablir des questionnaires en reprenant

les elements constituants fondamentaux de la culture d’entreprise:

. Histoire de l'entreprise (grands hommes, fondateurs,邑volutiondes produits ... )

. Rites

. Contexte culturel initial (professionnel ou national)

. Syrnboles

. Structures de pouvoir

.H邑ros

. Valeurs (implicites ou explicites)

ー Croyancescollectives

. Mythes

. Codes vestimentaires

. Langage specifique

. Methodes de travail specifiques

. Habitudes socio-culturelles specifiques ...

a les faire remplir par leurs camarades de classe et a d’autres personnes, francophones, de leur connaissance, a !es depouiller et a en rediger une synth邑se.

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Culture d’entreprise et interculturalite: exploitation pedagogique - 27-

B la description des differents邑lementsconstitutifs de la culture d’entreprise, en reprenant

par exemple les邑i邑mentsrecueillis au cours des enqu~tes.

C l’expose oral ou la redaction ecrite sous forme d’article de la culture d’une entreprise

donnee. (Niveau B 2 cadre de r邑ferenceeuropeen) (2)

A titre d’exemple, pour illustrer ce type d’application pedagogique C, en nous mettant nous・

meme a la place d’un apprenant, nous expliquerons ci-dessous, sous la forme d’un court article destin邑主 la preぉefrancophone ou d’une communication orale preparee a l’intention d’un colloque, la culture d’entreprise tout a fait specifique de l'entreprise japonaise de cosmetique et

de produits de beaute Shiseido en mati色rede marketing et de publicite.

Nous avons adopt邑leplan classique en deux parties, proposant d’abord la pr邑sentationde

cette culture d’entreprise originale de Shiseido, puis l’analyse-commentaires que nous en avons

faites:

I Presentation:

La publicite de Shiseido, soci邑t邑japonaisede cosmetiques et produits de luxe de renommee

internationale, dont 011 dit qu'elle est la plus ancienne entreprise cosmetique au monde, 11’est

pas seulement un moyen de communication, un simple <mediulTl.>, elle incarne egalement un art

veritable. La publicit邑deShiseido refl色tefid色lementa nos yeux la philosophie et la culture de l’entreprise fo11d邑een 1872 par Ari11obu Fukuhara, un ancien pharmacien en chef de la marine

imperiale japonaise, qui cr白 lapremiきrepharmacie Shiseido, et elle est devenue, au fil des

annees, un capital important et intangible de la societe.

La tradition de Shiseido en publicit吾remontea Shinzo Fukuhara, premier president de la societ邑etfils du fondateur Arinobu Fukuhara. Shinzo fut profondement marque par ses annees

de voyages et d’etudes aux Etats-Unis. Elles influenc色rentce qui devie11dra plus tard l’approche

白山邑tiquefondatrice d’un design et d’une publicite encorejamais vus au Japon. En effet, e111916,

Shinzo cr吾aun d邑partementDesign et engagea des collaborateurs charg邑sde se co11sacrer

exclusivement il. la creation publicitaire, alors que Shiseido ne possedait, il. l’邑poque,qu’une

seule parfumerie. Cette equipe de jeu11es artistes innova a la fois da11s le design des produits et

en publicit邑.Le design s’inspirait des styles Art 11ouveau et y melait des i11flue11ces Art dεco

et l'utilisation de l’arabesque. Cette interpretation cr邑ativedu raffinement de l’es出邑tique

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一28- 外国語 教 育

europeenne constitua peu a peu ce qu’on peut appeler le Style Shiseido, un style tout a fait unique. Shinzo Fukuhara pensait qu'il fallait吋ela richesse en tout> et que de produit

devait parter de lui-m色me>.Cette philosophie determine encore aujourd'hui la formulation

et l’inventivite des produits Shiseido.

Le camelia apparut pour la premi色refois en tant que logo de la societe Shiseido en 1915. Le

choix de cette fleur fut inspire par le plus cel色breproduit de Shiseido "Camellia Hair Oil”-

lotion capillaire Camelia. A la fin des annees 1890, I’embl邑mede la pharmacie Shiseido邑taitun

faucon figurant sur le tube de dentifrice sanitaire Fukuhara. Mais, dans les ann邑es1900,

l’orientation de la societe vers les cosmetiques imposait la creation d’un nouveau logo plus

feminin. Le dessin original du camelia a 9 feuilles fut cree par Shinzo lui・meme.En 1918

apparut un camelia a 7 feuilles, tres proche de celui qui fut redessine en 1974 et encore utilise

aujourd’hui.

Au milieu des annees 1930, la publicite de Shiseido ne se contenta plus d’assimiler des idees

occidentales, elle crea un style tres different, un style bien a elle. Une nouvelle femme, une fem-

me idealis邑e,non seulement a l’avant-garde de la mode mais egalement consciente d’elle et

de son potentiel, emergea de cette synth色seetonnante dモl邑mentsoccidentaux et japonais. Les

publicites suggeraient une beaut吾venantde l’int吾rieuret ref!邑taientla perception que la femme

avait de sa propre identite.

Au fur et a mesure que la technologie de l’appareil photo et de la pellicule progressait, la

photographie devint naturellement le principal mode d’expression de la er吾ationpublicitaire.

Le Japon connaissant une croissance economique sans precedent dans les annees 1960, la con-

sommation fit un bond en avant et la publicit邑 sedeveloppa pour soutenir l'euphorie

economique. A vec les progr邑sdes techniques de la photographie et de l'impression, la photo

joua un role de plus en plus important en publicite. Les promotions saisonni色resdu maquillage

Shiseido profit色rentde la reproduction fid邑ledes couleurs et devinrent, des 1961, les vitrines

des derniers maquillages et de la derniere mode. Les styles photographiques commerciaux, qui

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Cultured’entreprise et interculturalite: exploitation pedagogiqu巴 - 29-

virent le jour dans !es annees 1960, continuent d’influencer fortement la publicite japonaise con-

temporaine.

Au milieu des annees 1960, une nouvelle image de la femme naquit au Japon. Shiseido rompit

av巴cla tradition qui mettait la blancheur de la peau au rang d’une vertu et lanca le 《bronzage

bonne mine>. La promotion estivale ou figurait le mannequin Bibari Maeda connut un tel

succ~s qu’on en deroba les affiches dans Jes magasins de tout le pays.

Dans les annees 1970. la creation publicitaire de Shiseido prit un nouveau toumant. La plupart

des societes japonaises de cosmetiques choisissaient alors des mannequins eurasiens dont

l'allure occidentale etait tres a la mode a l'epoque. Shiseido n’hesita pourtant pas a faire poser Sayoko Yamaguchi, un mannequin qui ressemblait a une poupee traditionnelle japonaise, pour

promouvoir un maquillage des yeux plus adapt吾auxasiatiques. Le choix d’un mannequin

incontestablement japonais participa a renforcer l'estime que !es femmes japonaises avaient

d'elles-m色mes.

En 1980, I’artiste frarn;ais Serge Lutens fut charge de la conception d’une image de marque

pour le developpement des activites intemationales de Shiseido. Serge Lutens a corn;u et

d邑veloppeen collaboration directe avec !es divers departements de Shiseido des lignes de

produits qui furent de grands邑venementsdans l'industrie mondiale de la cosm邑tiqueet de la

parfume1匂.Par leur style unique et leur haute creativite, les images de S巴rg巴 Lutensont

permis a Shiseido d’邑trereconnues dans le monde entier.

En conclusion, par une politique publicitaire volontariste de presence constante sur le marche

et d巴demarchescreatives sans ceぉerenouvelees, Shiseido a su progressivement grignoter et

gagner des parts de marche dans un secteur extremement concurrentiel.

II Analyse / Comrnentaires:

Contrairement a ce qui ressort de l’exemple de culture d’entreprise offert par Carrefour (cul-

ture locale exportee et mondialisee) ou par Dysney-Paris (culture mondialisee import邑eet

reussissant a detenir la place de leader), Shiseido nous presente un mod色leparfaitement

original, homogene et harmonieux, d’integration en son sein dモlementslocaux et mondialises,

veritable fusion dモl邑mentsproprement japonais et d’elements occidentaux, inspires des styles

Art nouveau ou se melent des influences Art deco et !'utilisation de l’arabesque. Toute la cul-

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- 30一 外国間 教 育

ture publicitaire de Shiseido fonde son identit邑surcette fusion provenant d’m mouvement

dialectique continu orient-occident, realisant a chaque etape chronologique successive de son

developpement (annees 1915・1916;annees 30; annees 60 avec Bihari Maeda; annees 70 avec

Sayoko Yamaguchi; annees 80 avec Serge Lutens…) une etonnante syn白色seremarquablement

reussie, parvenant a fondre ainsi culture 《locale》 (japonaise)et culture 叩 1ondialisee>.

Nous avons et邑toutparticuli邑rementfrappe par l'apport a cette culture publicitaire, si

originale, de Claude Lutens, artiste frarn;ais, photographe et cineaste, architecte de la mode,

cr吾ateurde parfums, a qui le groupe Shiseido avait confi邑lamission de repenser son image

dans la perspective d’un developpement international. En 1982, ii con~ut dans ce cadre le

design d’un parfum, Nombre No均endeclinant la conjugaison du noir mat et du noir brillant,

prefigurant des codes incontoumables des annees 1990. On trouvera ici une fusion avec une

autre《culturelocale》,celledes odeurs orientales du souk et notamment du bois de cedre, ce

style de senteurs caracterisant d在s!ors ses cr邑ationsde parfums pour Shiseido pr吾sentantdes

noms邑vocateurstels Ambre Sultan,λ la Nuit, Arabie, Sa Majeste la Rose, se rattachant

directement a la culture locale du proche et Moyen Orient, les《Milleet une nuits ... >

Un autre exemple caracteristique de cette <fusion culturelle》 estcelui qu’a offert l’ouverture

pour Shiseido, proposee par Claude Lutens, d'un magasin prestigieux, Les Salo間 duPalms Royal,

dans la galerie de Valois, au Palais Royal, a deux pas de la rue de Rivoli et du Mus邑edu

Louvre pour lesquels ii imagine jusqu’aux moindres details la decoration int吾rieureet qui cons-

tituera l'unique magasin vendant directement ses parfums, faisant fusionner ainsi des elements

culturels qu’on aurait pu juger disparates, voire opposes, voire contradictoires et antinomiques,

Occident (le classicisme fran巳aiset europeen), Orient (Arabie et Per明) et Extreme-Orient.

Voila un exemple, parmi bien d’autres, d’une production ecrite de niveau B 2 du cadre de

reference europ白n,qui peut etre tiree d'une analyse d'un element d’une culture d’entreprise,

celle de la culture publicitaire de Shiseido que nous pouvons proposer a nos etudiants.

Dans un tel cadre, I’apprenant travaille sur le r邑el,sur le vivant, sur <I’interculturel>, et cela le

motive singuli邑rementa developper ses capacites linguistiques. C’est pourquoi, compte tenu du

foisonnement d’exercices possibles et de la stimulation de la motivation des apprenants, nous

preconisons fortement la grande valeur didactique du recours systematique a la mise en

lumiere de la culture d’entreprise dans le cours de Civilisation et, bien sOr, de celui de fran巳ais

des affaires.

En conclusion, dans le cadre d’une approche didactique renouvelee, d’essence communicative,

nous avons souligne dans les pages qui precedent la grande impo1tance du gisement de

mat邑riauxpotentiels pour les apprenants que constitue cette culture d’entreprise. Nous avons

vu que nous disposions desorn1ais, grace a l'apport th邑orique,d’excellentes grilles d’analyse

syst吾matiquede cette culture, s’appuyant etroiternent sur les recherches effectuees en mati色re

de culture <nationale>. Nous venons de voir egalement l’abondance d’exercices que peut

permettre l’exploitation pedagogique de tels mat邑riauxdans le cadre de 1’apprentissage du

francais de niveau avance (niveau B2, Cl et C2) et de specialite (fran巴aisdes affaires) aussi

凶ensur le plan de la production orale qu'ecrite.

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Cultured’entr巴priseet interculturalit吾: exploitationpedagogique - 31-

En effet, l’interet primordial qui r邑sidea nos yeux dans l’utilisation de la culture d’entreprise

dans l’apprentissage de la langue francaise est de faire considerablement progresser ce que l’on

appelle la <comp邑tencede communication>, c’est-a-dire la capacite de communiquer efficace-ment dans une langue (materηeJle, seconde ou etrangere). Rappelons que ses differentes

co町1posantessont:

. la competence linguistique: ha bi let邑昌 interpreter et a appliquer Jes r邑glesdu code linguis-

tique dans une situation de communication.

la competence sociolinguistique: habilete a interpr邑teret a utiliser differents types de discours

en fonction d’une situation de communication.

. la comp吾tencesocioculturelle: habilete a interpreter et a utiliser les objets culturels li邑sa une

situation de communication.

la competence r邑ferentieJle:habilete a interpreter et a utiliser des domaines d’experience, des

objets du monde et de leurs relations dans une situation de communication.

. la competence strategique: habilet邑autiliser des strat邑giesverbales et non-verbales pour

maintenir le contact avec les interlocuteurs et gerer l’acte de communication en fonction de

l’intention des locuteurs.

Et tout ce que nous avons vu precedemment montre a lモvidencea quel point l’exploitation

pedagogique de la culture d'entreprise permet de mettre en eveil, de developper et d’am邑liorer

considerablement ces 5 competences, linguistique, sociolinguistique, socioculturelle, refer巴n-

tielle et strat邑gique.

Nous n’avons donc plus qu’un souhait profond, c’est que le plus grand nombre possible

d’enseignants de francais langue岳tranger巴soientconvaincus par nos propos!

Notes:

1. En 1970 la societe Bouygues (secteur Batiment Travaux Publics) est introduite en bourse. Les

annees suivantes, Bouygues construit des plateformes p吾troli€!res off-shore, au moment ou la

societe commence aussi 11 se diversifier. Cette diversification passe d’abord par la prise de

controle en 1984 de SAUR, un des principaLLx groupes de distribution d’巴au,et en 1987 de TFl,

dont la privatisation a et吾decideepar le gouvernement. La diversification s’accel邑redans !es

annees 1990 avec la creation de LCI en 1994 (chalne de tel邑visionfram;aise d’information

payante, accessible notamment sur la TNT, le cable, le satellite et !es reseaux de t邑l邑communi-

cation a haut debit), le lancement du troisi邑meoperateur fran~ais de t吾lephoniemobile, Bouygues

Telecom, en 1996, et du 《bouquetnumerique TPS> pour concurrencer la cha!ne payante Canal+.

Malgre la diversification, I’activite BTP reste importante pour Bouygues, qui a notamment

profit吾dela politique de grands travaux (grande arche de la D邑fense,Biblioth€!que Nationale de France, Pont de Normandie, Stade de France .. ), ainsi que de grandes commandes 11 l’是tranger

(Mosquee Hassan II a Casablanca, palais des congi・是sde Hong Kong, renovation de La Mecque,

Turkmenistan ... ).

2. Le Cadre europeen commun de reference pour les langues: Apprendr,ιEnseigneπ£valuer

Page 20: Culture dentreprise et interculturalite: exploitation …...Culture d’entreprise et interculturalite: exploitation pedagogique 企業文化と異文化:その教育的活用-13

- 32ー 外国語 教 育

(CECRL) est un document publi是par le Conseil de l’Europe en 2001, qui definit des niveaux de maitrise d’une langt店長trang色reen fonction de savoir-faire dans differents domaines de

competence. Ces niveaux s’imposent actuellement en Europe comme la r邑ferencedans le domaine

de l’apprentissage et de l’enseignement des langues. Ce document definit 6 niveaux communs de

reference:

Al・Niveau lnlroductif ou Deco11verle

A2・NiveauIntermediaire ou de Survie

Bl・NiveauS注uil

B2 ・ Niveau Avance ou Iηd秒間danl

Cl・NiveauAulonome. pour un usage regulier dans des contextes de difficulte raisonnable

C2 ・ Niveau Mafhise

Acquisition du niveau B2: Lモtudiantpeut comprendre le contenu essentiel de sujets concrets ou

abstraits dans un texte complexe, y compris une discussion technique dans sa specialite. 11/elle

peut communiquer avec un degre de spontaneite et d’aisance telle qu'une conversation avec un

locuteur natif ne comporte de tension ni pour l’un ni pour l'autre. ll/elle peut s’exprimer de fa,;on

claire et d邑tailleesur une grande gamme de sujets, emettre un avis sur un sujet d’actualite et

exposer Jes avantages et inconvenients de differentes possibilites.

Bibliographie:

DELA VALLEE E., La culture d’entreprise pour manager autrement. Editions d’organisation

DEVILLARD 0, Piloter la strategie par la culture d’entreprise, Les Echos 2007

DEVILLARD 0, La Culture d’entreprise : un actif strategique, Editions Dunod, 2008

GODELIER E, La culture d’entreprise, Collection Rep色res,Editions La Decouverte, 2006

THEVENET M., La culture d’entreprise, Collection Que sais-je?, numero 2756, Presses Universitaires

de France, 1陀 edition,1993, 5 さmeedition, 2007