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Savoir-devenir

dans la société du numérique : Pertinence de l’EMI pourl’action et la formation

Divina Frau-MeigsANR TRANSLIT

Chaire UNESCO « savoir devenir »

Introduction

EMI peut-elle aider à penser l’augmentation numérique et à l’utiliser de manière responsible ? Quel est le rôle du médiatique dans le numérique ?

Prendre cela sous l’angle de la théorie de l’information-communication maisaussi de la sociologie de l’action, sous l’angle des pratiques professionnelleset des politiques publiques.

Quels modes de communication? Quelles postures pédagoqiues ?Quels modes d’accès et de formation? Avec quelles communautés ?

4 risques : la” forme” scolaire et sa capacité à former ; le périmètre de l’EMIet sa capacité à performer efficacement ; le découplage entre médiatique, informatique et numérique ; la montée du « robotique » sans équilibrage par le « médiatique ».

I. Penser les usages du numérique

�Question de perspective essentielle�Discours de ruptures

�Entre générations�Entre hors ligne/en ligne�Entre école et hors école, travail/ privé

�Ou regarder autrement �Quel sens pour les acteurs ? �Quelle articulation entre les différents outils, supports, espaces ? �Quelles compétences ? �Quels besoins de formation ?

Situation écran-navette 1.0

ordinateur

Revues TIC

Écran broadcast

Video/DVD

CD et DVD

Téléphone mobile

Joystick… caméra

numérique…

Écran broadband

Clés USB

K7 et jeux vidéo

Source: Verniers 2007

Situation écran-navette 2.0

Sous l’écran navette, l’univers informationnel des jeunes

Elisabeth Schneider, ESPE-Caen

I. Hybridation des usages hors ligne/En ligne

�Construction d'une trans-littératie à travers les médiations techniques

�Processus de socialisation et d'individuation en s'appuyant sur l'ensemble des dispositifs (y compris médiatiques)

�De nouveaux espaces d’écriture, de lecture et de publication (de consommation des médias à production de médias)

I. → des usages aux compétences : poursuivre l’observa7on

• Projet ANR TRANSLIT « La translittératie comme horizon de convergence des littératies médiatiques, info documentaires et informatiques » 2013-2016•appel « Métamorphoses des sociétés. Emergences et évolutions des cultures et des phénomènes culturels »

�4 tâches :1- Epistémologie et cartographie (GRHIS Rouen)2- Dispositifs et usages (IMS Bordeaux) 3- Traitement des données (ENS Cachan)4- Modélisation et politiques publiques (CREW Sorbonne Nouvelle) + Portage général du projet: Sorbonne Nouvelle

I . Une première définition

Avant les réseaux sociaux (2005--)

�« Littératie » : être capable de chercher, évaluer, tester,valider, modifier l’information avec tous les outils à disposition(de l’écrit à l’image, du livre au wiki)�« Trans » : transférabilité de diverses pratiques et habiletésdans des contextes informationnels différenciés, scolaires et nonscolaires�Au croisement de 3 « éducations à » : médias, information etinformatique�Vers des « cultures de l’information »

II. Quelques résultats préliminaires de recherche TRANSLIT

En milieu scolaire :

• Il se confirme l’existence d’une translittératie en émergence dans la mesure où les jeunes érigent le numérique comme cadre de référence tandis que les enseignants l’utilisent dans le discours d’accompagnement.

• L’organisation des activités est en hybridation (enligne/hors ligne, papier/numérique) et dépend des situations.

• Le sentiment d’expertise est très présent et se produit de manière « répartie », selon les tâches, entre apprenants.


En milieu scolaire

• Les outils numériques utilisés varient énormément, et diffèrent selon l’usage formel et non formel (en liaison partielle aux contraintes de l’institution).

• Les observations en contexte de projet montrent que les compétences se transforment largement dans le cadre du groupe.

• La distribution des compétences et de la connaissance dans le cadre du groupe s’observe autour de trois axes : la collecte de l’information, l’écriture et la synthèse, la communication.

• Les modalités de travail observées montrent que la fracture la plus large est celle qui sépare la culture scolaire des pratiques culturelles individuelles, particulièrement dans les modes de représentation et de légitimation de l’information.


En milieu informel :

• Les tensions existent en matière de créativité, entre « le faire en créant » et « le faire en imitant » qui reflètent, même dans les terrains informels, un difficile « lâcher prise » des modèles mimétiques et transmissifs plus traditionnels.

• Les distinctions se manifestent entre les compétences opératoires et les compétences d'éditorialisation, celles envisageables en ligne étant sous-utilisées mais très prégnantes (injonction).

• Pas d’évidence de transférabilité des pratiques de loisir (informel) aux pratiques scolaires (formel)

III . Quelles implications pour l’école?

1/ La nécessité d’une modélisation

Avant le numérique: 4 modèles qui se chevauchent, plus ou moins en place dans les écoles et les pratiques, diversement distribués en Europe.

• Transmission = faire sens ; efficacité d’usage ; patrimoine et culture.

• Compétence = conscience de l’impact et de l’usage ; jugements normatifs.

• Citoyenneté = engagement et pouvoir d’agir dans la sphère publique.

• Créativité = utilisation des médias comme pratique et développement de soi et de sa communauté.

Culture

Créativité Critique

Pouvoir d’agir

Citoyenneté

Dan

s l’éco

le H

ors

l’é

cole

« EMI » pré-numérique : les 3 C

Usages Pédagogiques

compétences

connaissances

Education aux Médias


1/ La nécessité d’une modélisation Avec le numérique:

Modèle de Participation se rajoute à Créativité.

Lier les cultures de l’information au numérique et besoin de donner corps au terme flou de « littératie numérique ».

Besoin de redéfinir « translittératie ».

Avant les réseaux sociaux (2005--)

�« Littératie » : être capable de chercher, évaluer, tester, valider,modifier l’information avec tous les outils à disposition (de l’écrit àl’image, du livre au wiki).

�« Trans » : transférabilité de diverses pratiques et habiletés dansdes contextes informationnels différenciés, scolaires et non scolaires.

�Au croisement de 3 « éducations à » : médias, information etinformatique.

�Vers des « cultures de l’information ».


Après les réseaux sociaux (2015)

�« Trans-Littératie » : être capable de chercher, évaluer, tester, valider,modifier l’information avec tous les outils à disposition (de l’écrit à l’image, dulivre au wiki).

�Au croisement de 3 « éducations à » : médias, information et informatique.

�Vers des « cultures de l’information »�+ Convergence entre Compétences distribuées:

Opératoires (code, computation, design)Editoriales (écriture, lecture, publication)Organisationnelles (recherche, navigation)

+ Réseaux et Numérique



1/ La nécessité d’une modélisation

*Augmentation : le suffixe « -tion » se rajoute au préfixe « trans »: un cadre d’action et de médiation, allusion au processus, aux pratiques et aux modes de faire.

�Info-médias : du scénario à la scénarisation et de l’édition à l’éditorialisation. � Info-doc : du document à la documentarisation et à l’indexation�Info-data : de la vision à la visualisation


Un domaine éducatif nouveau* � « savoir devenir » :

- une capacité projective, où les apprenants s’approprient le potentiel informationnel des environnements distribués mis à leur disposition.

- par le biais des translittératies.

- sur la base d’une pédagogie du projet engageant (motivation).

*cf rapport Delors: les 4 piliers de l’éducation : apprendre à connaître, apprendre à faire, apprendre à vivre ensemble, apprendre à être.


4 besoins socio-cognitifs fondamentaux appuyés aux affordances numériques pour définir référentiel de compétences

Mise à jour de soi

Choix réorientés

Modélisation ludique

Engagement civique

SimCity

InfoMédias

InfoData

InfoDocument

Identité+pouvoir d’agir

citoyenneté

Dan

s l’éco

leh

ors

l’é

cole

Translittératie :les 3 cultures de l’information

Usages pédagogiques

compétences

connaissances

translittératies

Usages Sociaux


2/ La nécessité d’une médiation pédagogique

• Médiation entre le non scolaire et le travail scolaire.

• Nécessité de dispositifs avec conditions minimales d’apprentissage : un projet explicité, des consignes, la levée de blocages techniques éventuels, l’accompagnement par des enseignants qui eux-mêmes sont mobilisés sur les questions de littératies et pas seulement sur les contenus de programmes.

• La proposition assumée et mise en visibilité de l’étayage cognitif et des formats d’apprentissage � grammaire des usages.

• Trois facteurs d’intégration : 1/ les stratégies individuelles et collectives, 2/les compétences instrumentales mises en place autour d’outils et de dispositifs 3/ l’accompagnement pédagogique proposé.


2/ Médiation pédagogique et processus de socialisation

* Engagement (motivation, participation)* Anticipation (mémoire, expérience vécue, sentiment de contrôle) * Interprétation (évaluation, mobilisation des aptitudes)* Réflexivité (pratiques accumulées, auto-évaluation, mise à jour) * Performance (attentes, rôles, engagement civique)* Co-construction (jeu, création de contenus: curation, agrégation,

commentaire) * Révision (feedback, rétroaction et proaction, désir d’avenir)

(Frau-Meigs, 2011)


3/ La nécessité d’une médiation numérique : le répertoire des e-stratégies (communication interactive) avec médiatisation et pédagogie

* Jeu (résolution de problèmes) * Simulation et visualisation des données (modélisation dynamique) * Agrégation de contenus (alternatives, découverte de soi)* Echantillonnage (remix) * Multitâches (interactions avec outils) * Pooling (intelligence distribuée) * Navigation transmedia (contrôle du savoir)* Réseautage (collaboration)* Coordination pair-à-pair (négociation entre communautés)

(adapté de Jenkins 2009).


3/ La nécessité d’une médiation numérique

• Articulation de structures cognitives, de modes de représentation, et de cadres d’action socialisés.

• Impact sur les communautés de pratiques, les interfaces homme-machine, les productions/réalisations en sortie.

• Gains exponentiels en termes d’engagement et motivation.

• EMI apporte perspective critique, créative et citoyenne dans contraintes informatiques.

• A terme, modification de la façon de percevoir le savoir et de construire la connaissance (modèles ouverts, co-construction, …).


4/ vers des positions sociales nouvelles et empilées (identité)

• pratiques numériques maîtrisées par l’usager.

•Participation individuelle ou collective au cœur des enjeux (y compris du financement par crowd-funding et crowd-sourcing)

•Nouvelles transitions sociales et culturelles « supercultures personnelles » (James Lull)« individualisation réciproque » (Ulrick Beck)« communautés personnelles » (Barry Wellman)« individu plus » (David Perkins)

IV . Quelles implications pour les politiques publiques?

PRINCIPES :

•Un curriculum/socle, pas seulement des programmes (voir le socle commun des connaissances, compétences et culture).

•Un cadre conceptuel autour des compétences translittéraciques(opératoires, éditoriales, organisationnelles).

•Dans les disciplines, avec un dispositif socio-technique, sans rupture entre informatique et information (cultures de l’information).

•Une pédagogie du projet, avec étayage cognitif et répertoire de e-stratégies (jeu, simulation, navigation, curation, programmation…).


PRINCIPES

• Un socle commun avec infomédia, infodoc et infodata, avec des sous-sections par secteurs.

• Une articulation de ce socle translittéracique avec le socle commun par le biais d’un référentiel trans-disciplinaire :

1. Les langages pour penser et communiquer (traitement)2. Les méthodes et outils pour apprendre (recherche infodoc)3. La formation de la personne et du citoyen (réseaux)4. Les systèmes naturels et techniques (systèmes géo-temp)5. Les représentations du monde et de l’activité (visualisation)


MISE EN OEUVRE : une entité qui « donne corps »

• Une équipe pédagogique (avec un référent EMI ++).

• Un temps dédié (investir « le parcours citoyen »).

• Un tiers lieu, hors la classe (CDI, fablab, médiathèque).

• ET un quart lieu en ligne (plateformes d’échange…).

• Des évaluations spécifiques projet.

• Des formations tout au long de la vie et des modalités hybrides (MOOC, formations par VAE…) (Voir le projet européen ECO France « fondamentaux du numérique »).

Compétences (7C)Compréhension, Critique, Créativité Citoyenneté, Conflit, Consommation, Communication

Répertoire de e-stratégiesS1 agrégation/curationS2 remix/échantillonnageS3 intéractivté multitachesS4 mise en communS5 navigation transmédiaS6 réseautageS7 coord pair à pairS8 simulation

Médias

jeu

animation

vidéo

audio

image

texte

Cube pédagogique

S1 S2 S3 S4 S5 S6 S7 S8

Styles d’apprentissage : déduction, induction,par sérendipité, par imitation

enseignant

apprenant


MISE EN OEUVRE : une formation cohérente

Ce qui apparaît dans le cube :

• Formation en miroir (enseignant comme apprenant).• Modèles d’apprentissage diversifiés.• Socialisation tout au long du processus (culture).• Innovation pédagogique ou pédagogie créative.

�Rôle des institutions (IREPS….): incubateurs pédagogiques, animateurs et évaluateurs du socle, formateurs aux modalités hybrides …

IV . Quelles implications pour les politiques publiques ?l’enjeu de la formation initiale et continue

Apports enseignants

Apports apprenants

CONTENUS

USAGES

APPRENTISSAGES

DISPOSITIFS

RÉALISATIONS

Approches Disciplinaires

Approches Socio-

techniques

Didac que

Evalua on

Ges on du

changement

Langages informa ques

Ou ls de

produc on

Visioconférences

Bases de

données

Tutorat

Expériences

Stages

E-por olios Rapports

Produc ons web

Mémoire

recherche-ac on

Méthodologies

Co-construc ons

Source: FRAU-MEIGS

• Frau-Meigs, E. Bruillard et E. Delamotte (dir.) (2012) E-dossiers de l’audiovisuel.L’éducation aux cultures de l’information.http://www.ina-sup.com/ressources/dossiers-de-laudiovisuel/les-e-dossiers-delaudiovisuel/e-dossier-leducation-aux-cultures

• Liquète V., Delamotte E. & Chapron F. (dir.) (2012) « L’éducation à l’information, aux TIC et aux médias : le temps de la convergence ? », Études de Communication, 38

• Delamotte E., Liquète V. et Frau-Meigs D. (2014), « La translittératie, ou la convergence des cultures de l’information : supports, contextes et modalités », Spirale, 53, p. 145-156

• Schneider E., (2013), Economie scripturale des adolescents, enquête sur les usages de l'écrit des lycéens, accessible en ligne sur TEL SHS.

www.translit.fr

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