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Date : 08 / 14 DEC 16 Pays : France Périodicité : Hebdomadaire OJD : 555239 Page de l'article : p.94-105 Journaliste : Karen Isère Page 1/12 PAULSEN 4519099400524 Tous droits réservés à l'éditeur

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LAURENT BALLESTA A PHOTOGRAPHIE LES PROFONDEURS DE LANTARCTIQUE

Un monstre comme sur lepoint d'engloutir les frêlessilhouettes... C'est la face

immergée d'un iceberg.Pour prendre la mesure deces géants largués par les

glaciers, il faut explorer deseaux à moins 1,8 *C.

Laurent Ballesta et sonéquipe l'ont fait chaque jourdurant un mois et demi, lors

d'une expédition en terreAdélie, sous la houlette du

réalisateur Luc Jacquet. Deces abysses inexplorés, le

specialiste mondial duGrand Bleu est revenu

ébloui, et meurtri : « Là-bas,on doit souffrir pour

s'exprimer. On ne fait plusdes photographies, on

enfante des images... » Une| aventure extrême, à

retrouver dans ledocumentaire « Antarctica,

sur les traces de l'empereur»le 28 janvier sur Arte.

P H O T O S L A U R E N T BALLESTA

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SOUS L'UNIFORME BLANC DE LA BANQUISE, UN FESTIVAL DE COULEURS

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Le plongeur vient de quitter undésert blanc. Dès les premiersmètres, il dëcouvre un univers aussivivant que chatoyant. Au bleu deseaux répondent les jaunes et les

verts de micro-organismes mêlés au soudain en cas de fissure. Leurventre de la banquise. Quand la mer contenu coule à pic et se couvregèle, elle expulse une partie de sonsel. Dans la glace se créent despoches de saumure, qui se libèrent

d'une pellicule givrée. D'oùdes stalactites ephémères. On lesappelle « les doigts de glace».

Sous li surfact d'eau libre où flottent des paillettes de glace en formation, un manchot empereur intrigué par une drôle de créature..

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A L'AISE DANS LES CANYONS DE GLACE, LE PHOQUE DE WEDDELL REMONTE RESIPas d'ours blancs dansl'Antarctique, ni même delièvres ou de renards desneiges. Les seuls mammi-fères sont marins: orques,baleines... La chasse étant ,interdite depuis des décen- —nies, aucun ne craintl'homme. Sous le regardimpassible de sa mère, unbébé phoque de Weddellviendra même toucherl'appareil photo de Laurent.Cette espèce endémiquepasse l'hiver sous la ban-quise, grâce à une épaissecouche de graisse. De quoitrouver l'eau confortablepuisque la températuredêscend «seulement» à •moins 1,8 * C, contremoins 90 *C en surface.Champion d'apnée, ceCarnivore peut retenir sonsouffle plus d'une heurepour chasser, y réduisant safréquence cardiaquede 140 à 16 battements parminute. Et quand il doitrespirer, il ronge la glacejusqu'à l'air libre.

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IRERALASURFAC

Inê «Boussole» interne, dans sa tête, permet a cette femelle de se diriger dans un tel labyrinthe.

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*rès ae la surrace, la viesouffre des changements desalinité quand la glace fond

, ou se forme. Un vrai poison.Alors, les créatures préfèrent

les profondeurs. A partir de15 ou 20 mètres, les plon-

geurs se croiraient presquedans les Caraïbes: gorgones,

crustacés, corail mou,éponges... Mais, dans ce

milieu glacial et ténébreux,six mois par an, les espèces

sont moins nombreuses.1 L'absence de compétition

leur permet de grandir à leuraise, comme l'isopode géant :

1 un centimètre de longueursous nos latitudes contre une

quinzaine ici. Surtout,[ Laurent Ballesta va réussir

deux grandes premièresphotographiques, dont cette

anémone des glaces.

Un amphipode dts méduses, qui pisse sa vie à leur contact, près de leur bouche.

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PLUS ON S'ENFONCE DANS LES ABYSSES, PLUS LAVIE EST INTENSE

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•^•ï ;__ig£a//es hydrodynamiques des mancbbts'empereuffptuvent les propulsera JO km/h.

Des heures à les attendredans l'eau glaciale, avec

1 une seule certitude : ilsfiniront bien par plonger. A

la fin de l'hiver passé dansle blizzard, les manchots

1 empereurs doivent se gaverde poissons pour reprendre

du poids et nourrir leurspoussins. Sur le sol, ces

drôles d'oiseaux ont toutd'un Chariot titubant.Mais, après des heures

i d'hésitation, quand ils se! mettent enfin à l'eau, le

spectacle est digne de la' Patrouille de France. Ils

savent que le léopard des; mers, un phoque de

3 mètres, peut les guetter[ sous la glace. Alors ils

accélèrent en libérant lesbulles d'air prises dans leur

plumage et disparaissenten zigzaguant dans de

longs panaches... jusqu'à500 mètres de profondeur.

LÈOPARDS DE MER, LES MANCHOTS S'ÉLOIGNENT DU BORD COMME DES FUSÉES

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Prête a plonger lèquipe sponsorisée par Blancpam

(manufacture de haute horlogerie) Deg a dr Cedric Gentil

Laurent Ballesta Thibault Raubyet Yamck Gentil

LÉQUIPE S'EST PRÉPARÉE UN AN ET DEMIPOUR AFFRONTER UNE EAU À MOINS 1,8 °CSANS COMBINAISON, UN HOMMEY PÉRIT EN MOINS DE DIX MINUTESPAR K A R E N I S È R E

Antarctique ce sont les plongées lesI plus éprouvantes de ma vie Le froidI a tellement attaque les nerfs de mesI pieds qu il m a fallu six mois pour reçuI perer des sensations dans les orteils »| Quand il se lance dans cette aventure

I Laurent Ballesta 42 ans estpourtant dëja lompu aux profondeurshostiles Biologiste specialiste mondialde la photo sous marine il a notammentpalme parmi les crocodiles de 1 Oka-vango et les requins de Polynésie mul-tipliant les scoops comme les premièresimages du cœlacanthe poisson le plusancien de la planète Fin 2015 au pnntemps austral il va séjourner un mois etdemi près du pôle Sud a 1 invitation deLuc Jacquet Pour le dixieme anniver-saire de son documentaire oscanse «Lamarche de l'empereur» le réalisateurretourne en terre Adehe et v filme deuxgrands photographes Vincent Munier,a terre et Laurent Ballesta sous 1 eauL'expédition organisée par 1 associationWild-Touch du cinéaste sera accueilliesur la base française Dumont d Urville(DDU) des bâtiments iso-les dans le grand desert blanca plus de 66 degrés de lati-tude Hormis de rares cher-cheurs nul ne vit sur cecontinent dedie a la scienceet méconnu Les toutes pre-mières explorations ne datent

que du XIXe siecle Isolée par les ventset les courants circumpolaires cette terremontagneuse bat tous les records de froidet de secheresse

Première epreuve la traverséede 2 700 kilometres depuis la Tasmame abord de «LAstrolabe» un navire polairede 65 metres qui ravitaille les scientifiquesde la DDLJ Quarantièmes rugissants cmquantièmes hurlants Une tempête serévèle si périlleuse que le capitaine doitrebrousser chemin et jeter l'ancrequèlques heures sur une île Péripétiebanale a ces latitudes. En fait de naufragece sont surtout les estomacs qui chavirentlors des onze jours du vovage Certainssurnomment d ailleurs le navire «le gas-trolabe » Seule la banquise finit par cas-ser la houle II faut se frayer un chemindans le pack pour franchir les dërnierskilometres Aux elements liquides etdéchaînes succède alors un univers sidé-rant de beaute maîs comme fige La glacerecouvre tout la terre ferme les îles et lamer Quèlques trouées permettent d'en-trevoir les fonds marins «Les eaux sont

Au sein de cet enfercongelé, le diablese niche dansles dêtails pratiques

d une limpidité absolue dit LaurentBallesta Je n'en avais jamais vu d aussipures. Apres six mois de nuit et de banquise il n') a plus aucune particule Lesroches semblent nettovees on voit lesveines du granit »

Pour cette expedition il est accompagne de trois plongeurs et d un medecm hvperbare specialiste des accidentsde décompression Objectif atteindredes profondeurs inédites L'équipe s estpréparée un an et demi pour affronterune eau a moins 1 8 °C Sans combinaison un homme v périt en moins de dixminutes Le vent lui refroidit encore1 air a moins 20 °C Au sem de cet enfercongelé le diable se niche dans les dêtailspratiques II faut plusieurs heures de vehicule a chenilles pour atteindre les sites deplongée monter une tente protectriceavaler une soupe brûlante et se changer Attaque par le froid le materiel seretracte les pas de vis ont du jeu D'oùde longues et minutieuses vérificationsjuste avant de plonger Sous leur com-binaison etanche les hommes enfilentcinq épaisseurs dont un tissu conducteurparsemé de plaques chauffantes et conçuspécialement pour eux «Performant ditLaurent Maîs au dëbut on etait si engon-ces qu on av ait l'impression d'être redev enus des plongeurs dëbutants » Difficile depalmer de garder! equi libre et de manierles appareils photo II faudra utiliser des

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propulseurs electriques. Les plongeursdoivent surtout eviter dè be perdre sousla couverture de glace. Pas question des aventurer sans un fil d Ariane lumineuxpour retrouv er son chemin. La plupart desexplorations se font à partir d'une baserocheuse. Maîs, unjour.i'équipe demandeà la DDU de percer un orifice en pleinebanquise Le lorage prend une journéeentière. Le lendemain, Laurent passe enpremier, se faufile difficilement dans lepassage. Une tois dans l'eau, il s'apprôtcà descendre maîs jette un dernier coupd'œil vers le haut: «Je vois que le pla-fond est couvert d'une épaisse couche depaillettes de glace Avec le courant quej'ai cree, elles convergent vers lc trou,comme un evier qui se vide à l'envers. Jeme précipite pour remonter,] 'enfonce unbras, mais la bouillie est dëja trop denseet c'est moî qui recule. Enpleine eau, je n'ai rien pourprendie appui. Je me lusseun peu avec la corde et finiscoince, fmpossible d'envoyerun parachute d'alerte auxgars. Soudain, je nie prendsun grand coup sur la têteEn fait, ils avaient compris ctcommence a creuser avec une pelle...»Endolori, maîs sauve.

Si les plongées durent en moyennedeux heures et demie, les explorateurspasseront jusqu'à cinq heures dans l'eaupour guetter l'arrivée des manchotsempereurs. Cc sont les seuls animaux àpasser tout l'hiver sur la banquise, agglu-tines pour se protéger de températuresqui peuvent tomber à moins 90 °C. Auprintemps naissent les poussins II fautpêcher pour les nourrir et reprendre dcsforces après tant d'épreuves. Mais, sur larive, les parents hésitent longuementavant de plonger. «C'est vrai qu'on n'apas vraiment envie de se baigner », com-mente lc photographe montpclhérain.

plongeurs un manchot empereur etLaurent Bal/esta avec son appareil photo

Une fois à l'eau les oiseaux vont 1 "éblouir.«Dc vrais avions à réaction... Je com-prends pourquoi Cousteau était choquéqu on les ait appelés manchots, ce nom dehandicap.» Il va les suivre d'un univers àl'autre, a travers le miroir. En surface, labanquise etait blanche ct presque plane.Sous 1 "eau, c'est un chaos multicolore. Lescourants onl taillé des colonnades, cre usedes galeries. «L'ensemble est plutôtsombre, obseï ve Ballesta, maîs l'eclaiiageévoque un studio photo. La lumière entrepar une fissure ici, un trou là-bas. .»Encore plus surprenant, la mer se tapissede jardins de plus en plus luxuriants àmesure qu'on descend. «Tous les desertsont leurs oasis, dit Laurent. Celles dudesert blanc sont sous la surface.» On ycroise des algues brunes géantes, dcs pan-topodes, sortes d'araignées graciles et

La plus grandemenace: se perdresous la couverturede glacedoiees, des veis de plus de 2 mètres, deschamps de pétoncles à perte de vue. AuQuébec, on les cueille quand ils ont entre15 et 20 ans la, ils sont encore en pleinef orme à... 90 ans.

Si les plongeurs ont l'impressiond'évoluer dans dcs fonds tropicaux, latempérature dissipe aussitôt l'illusion.« On réglait les fusibles au minimum pourpousser nos chauffages à fond, raconteLaurent. Alors on a eu des courts-circuitsA un moment, je vois Yamck faire unedrôle de gymnastique en se pliant bruta-lement en deux, ll prenait des déchargesdans les abdos. Moî, j'ai eu un problèmeapres avoir utilise le penilex, un etuipénien équipé d'un robinet qui permet

d'uriner dans l'eau de mer sansqu'elle pénètre la combinaison Jesens que ça coule sur ma cuisse, c'estdouloureux. Je me dis qu'il y a eu unefuite ct que ça gèle. Maîs quand je mc dés-habille dans la tente je sens une odeur dechair cramée et je m'aperçois que je mcsuis brûlé pendant la plongée. » Quand ilsémergent, l'équipe de tournage de l'expé-dition les attend parfois avec une camérapour recueillir leurs impressions. «Onvoulait raconter les lumieres incroyables,le phoque qui se glisse dêrrière unecolonne de glace. . Et, en même temps,on avait envie d'éclater dc rire parcequ'on avait des visages tout plies, ankvlo-scs. Pitoyables!»

Sans oublier les pannes... Pour lephotographe cela arrivera au moment leplus my thique. Depuis le «Titanic », l'hu-manite frémit en imaginant les monstresdc glace qui la guettent. Théoriquement,tout le monde sait qu'un glaçon plongedans un verre garde l'essentiel de sonvolume sous la surface. «Mais à quoiressemble vraiment la face cachée d'uniceberg? C'était un fantasme», ditBallesta Après avoir avisé un dôme quiémerge de la banquise à quelque 4 mètresde hauteur, l'équipe découvre son pro-longement sous-marin, neuf fois plus pro-fond. Pour l'immortaliser, elle va tendreun quadrillage de cordes verticales ethorizontales où Laurent se déplace, pho-tographiant des morceaux pour lesassembler plus tard sur son ordinateur.Soudain, plus de chauffage autour desmains « On avait tous eu ce problème.Pas question d'abandonner, parce que lesplongées exigeaient trop de préparation.A fortiori celle-là La seule solution:mettre un bras en l'air, puis l'autre, pourqu'un peu d air monte dans le gant. Deuxheures comme ça... Quand on sort del'eau, le sang revient d'un coup. » Douleurintense, épuisement. Maîs en quinze ansde travail en équipe, jamais les quatreplongeurs ne se sont sentis aussi proches,solidaires et éblouis. Pour le chanteurRenaud, c'est la mer qui pi end l'homme,lantarctique fait dc môme. Dc cetteterre insoumise ce sont les explorateursqui reviennent conquis. •A découvrir le coffret « 4délie, terreet mer », éd Kobalann /Paulsen Deux recueilsphotographiques, l'unsigné de Laurent Ballesta,l'autre de \ lucent Munier,avec des textes deLuc Jacauet.