de la connaissance du principe Étienne gilson revue de métaphysique et de morale
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7/24/2019 De La Connaissance Du Principe tienne Gilson Revue de Mtaphysique Et de Morale
1/26
De la connaissance du principe
Author(s): tienne GilsonSource: Revue de Mtaphysique et de Morale, 66e Anne, No. 4 (Octobre-Dcembre 1961), pp.373-397Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40900630.Accessed: 26/09/2013 17:02
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7/24/2019 De La Connaissance Du Principe tienne Gilson Revue de Mtaphysique Et de Morale
2/26
Revue
de
Mtaphysique
et de
Morale
De la
connaissance
u
principe
Ces rflexions
e
voudraientussi
brves
que
la
matire
ermet
e
l'tre.
lles
s'exprimeront
onc
ur
un
ton
dogmatique
n
ce
sens
qu'elles
ne
s'accompagneront
'aucune
des
ustifications
tailles
ue
e
lecteur
auraitdroit 'attendre, ais ce ton nedevrapas faire llusion.l signi-
fiera
implement
ue
la
position
e rfre
une
tradition
hilosophique
connue
e
tous
et
tenue
pour
ccorde. i
elle ne 'est
pas,
l
suffira
'in-
terrompre
a
lecture,
out le
reste
ne
serait
plus qu'une
occasion
de
multiplier
es
malentendus.
n demandera
eut-tre pourquoi
e
pas
apporter
es
justifications
cessaires
Simplement
arce que
les
rflexions
uivantes
oudraient
tre
une
rponse
cette
question.
Supposons
onc
accord
ue
la
mtaphysique
st
la
science
es
pre-
miers
rincipes
t des
premires
auses.Un raisonnement
imple
onduit
la
conclusionu'elleest avant tout a connaissanceu premier rin-
cipe,
dans a lumire
uquel
out e reste st connu. a mme
osition
se
complte ar
une
deuxime
ouchant a naturede la connaissance
des
principes.
l
est
admis
ue
leur
onnaissance
ppartient
l'intellect
qu'elle
est,
dans e
cas du
premier
rincipe,
mmdiate,t,
pour
es sui-
vants,
directement
ductible
celle
du
premier
enfin,
u'elle
est
vidente,
t,
puisqu'elle
st une
opration
aturelle ie
la nature
mme e
'intellect,
nfaillible,
e sorte
ue
nul ne
peut gnorer
es
prin-
cipes
ni
se
tromper
leur
ujet.
Une
premire
rcision
'impose,
qu'il
semble
gitime
'accepter
comme cessairementie la doctrine. ettenotion esprincipes evaut
que pour
eur onnaissance
pontane,
n
tant
qu'elle
ne fait
u'un
avec
'exercice
aturel
e
l'intellect.
out
homme
ense
t
parle
comme
s'il
connaissait
'existence t
le sens
des
principes,
ar
il ne
peut
vivre
373
Rbvub
db
Mta.
-
No
4,
1961.
25
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3/26
Etienne
Gilson
sans
penser,
ni
penser
ans mettre
n uvre
es
principes.
Leur connais-
sance explicite st au contraire elativement are peu d'hommesrpon-
draient
la
question
quel
est
le
premier rincipe
de
la connaissance
?
Ce
petit
nombre
est
celui
des
philosophes
et,
plus particulirement,
des
mtaphysiciens,
ui
sont
par
l
mme les seuls dont on
puisse
attendre
qu'ils
aient
une
opinion
prcise
sur les
proprits
ui
carac-
trisent
a
connaissance des
principes
immdiatet,
vidence,
univer-
salit,
nfaillibilit.
C'est
ici
que
se
pose
le
problme
sur
lequel
nous
dsirons
rflchir.
Si la
connaissance
du
premier
rincipe
st
telle,
comment e
fait-il
ue
l'accord
ne
rgne
pas
entre
mtaphysiciens
ouchant sa nature et son
sens ? S'il existait,cet accord assurerait a reconnaissanced'une vrit
mtaphysique
ommuneuniversellement
dmise comme
vraie,
mais on
sait
assez
qu'il
n'existe
pas.
La notion
qui
aurait
le
plus
de
chances
de
se faire universellement econnatre
comme
principe
premier,
serait
celle
d'tre,
mais certains
philosophes
a
rejettent
comme
philosophi-
quement
strile,
par
exemple,
Descartes,
dont
le
point
de
dpart
est
tout
autre,
et mme
entre
ceux
qui
se
rclament
e
cette notion
comme
premire,
e
dsaccord
rgne
touchant
son
sens.
Aristoteen
parle
dj
comme
de
l'enjeu
d'un dbat
jamais
conclu
:
qu'est-ce que
l'tant
?
Les
thologiens hrtiens,
ui
s'accordaient
presque
tous
pour
en faire
l'quivalentphilosophiquede la notionde Dieu, ne s'entendaient ucu-
nement
ur le
sens de la
notion.
Les
interminables ontroverses
ur
les
rapports
de l'tre
(esse)
l'tant
(ens)
et
l'essence
(essentia)
suffisent
tablir
ce
dsaccord.
Il
dure
encore.
Les
scotistes
et les suarziens
n'entendent
as
l'tre comme font
es thomistes t tous
les thomistes
ne
l'entendent
as
de
la
mme manire.
En
somme,
mme si
l'on rduit
e
champ
de la
rflexion celles
des
mtaphysiques
le
premier
rincipe
est
l'tre,
le
dsaccord
est
manifeste.
Or
ce dsaccord sur
le
principe
premier
ntranefatalement
es
divergences
ur toutes
les
autres
posi-
tions occupespar
les
philosophies
n
cause.
Mme
s'ils disent ittrale-
ment es mmes
choses,
deux
mtaphysiciens
ui
n'entendent
as
l'tre
au
mme
sens ne s'accordent sur
aucun
autre
point.
Ainsi
le
veut
la
nature
de cette notion
en tant
que premire.
l
y
a donc dsaccord
entre
de
nombreuses
mtaphysiques
elles
ne sont mme
plusieurs
que
parce
qu'elles
ne
s'accordent
pas
entirement,
t si l'on
remonte
l'origine
de
leurs
diffrences,
n
arrivera
t ou
tard
constater
une
divergence
ni-
tiale touchant
a
nature
ou
le
sens
du
premier rincipe.
Faible
au
point
de
dpart,
a
divergence
'accuse
naturellement mesure
qu'on
en
dve-
loppe
les
consquences.
Inutile
d'insister,
es
philosophes
sont
connus
pour leur aptitude ne pas s'accorder le faitn'est que trop
vident.
C'est
pourtant
un fait
paradoxal.
Si les
principes
et leur connais-
sance
sont ce
que
l'on
dit,
le
dsaccord
devrait tre
impossible.
Deux
philosophes
entrans
au
raisonnement
mtaphysique,
d'accord
sur
374
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4/26
De la
connaissance
du
principe
l'objet
de leur
recherche
ommune,
tant,
n
outre,
onvenus
u'il
s'agit
de dgager e l'exercice ctuelde la pensee principeremieruepr-
supposent
outes
es
oprations
e
la
connaissance,
emblent estins
se
mettre
nvitablement'accord.
n
effet,'objet
de
leur
enqute
st
une
notion mmdiatement
onnaissable,
vidente t
sur
aquelle,
pour
un
esprit apable
de
l'expliciter,
'erreur st
impossible.
l
s'agit
donc
de
savoir
comment
e
dsaccord
mtaphysique
st
possible.
Le
seul
espoir
e
trouver
ponse
cette
question
st de la
chercher ans une
rflexion
xpressment
irige
ur
a manire
ontnous connaissons
es
principes,
t
d'abord
elui
d'tre,
ui,
premire
ue,
devrait
tre
mi-
nemment
vident.
Prenantettenotion ommeypique e la classe ntire esprincipes
mtaphysiques,
ssayons
d'en
prciser
'objet.
Mais
il
est
caractris-
tique
de
l'objet
de
notre
nqute
ue
nousne
puissions
mme
as
y
faire
le
premier
as
sans
commencer
ar
choisir
ntre u
moins eux
manires
diffrentes
'en
entendre
es
termes.Admettons ans
discussion
u'il
y
ait
lieu de
distinguer
ntre eux
oprations
e
l'esprit,'apprhension
simple
ou
conception
u
concept
uidditatif)
t le
jugement,
t limi-
tons-nous
l'objet
de
l'apprhension
imple
u
concept,
u'entendons-
nous
par
cette
pprhension
Quel
en
est
'objet
?
Par
hypothse,
'est
le
concept,
mais
encore, uel genre
e
contenu
ouvons-nous
ttribuer
au concept Il estpossible ue deuxphilosophesccordentue le pre-
mier
rincipe
es
apprhensions
imples
st la notion
'tre
t,
en
elle,
l'tre
mme,
ans
s'accorder
ourtant
ur
la nature
de
l'apprhension
qu'ils
en
ont.
Deux
manires e
voir
s'opposent
raditionnellementur
ce
point.
L'une,
celle
qui
se
rclame
tortou
raison
de
Platon,
onsidre'in-
tellection
es
notions
remires
omme
btenue
u termed'un
effort
de
la
pense our
ranscenderes
images
ensibles.
a
sensation
'y
aide
pas,
elle
y
est
plutt
n
obstacle,
tel
point
ue
a
rmanencees
mages
dans
'me du
philosophest 'obstaclee plussrieuxux progrsu'ildsire airedans a connaissance
mtaphysique.
st-il
possible
u non
de
librer
otalement
'intellect e la
connaissance
ensible Il n'est
pas
certain
ue
ce soit
possible
n
cette
ie,
mais l
est tout
fait ertain
que,
dans
la
mesure
l'intellect
onnat
raiment,
on
objet
soit de
l'intelligible
u
par
a fine
ointe
e
l'esprit.
a
condition
dalede
'in-
tellect
humain
erait
'intuition
irecte e
l'Ide
intelligible
sa
condi-
tion
prsente
n
est une
intuition
bscurcie
ar
des
images ensibles,
mais
c'en
est
une
certaine
ntuitiona
deuxime
osition,
ie
la
phi-
losophie
d'Aristote,
onoit
'objet
de
Pintellection
omme
une forme
intelligiblebstraite e la sensationt de l'image ensible,maistelle-ment ie cette
mage
que,
sans
elle,
a connaissance
st
impossible.
La doctrine
st
assez
connue
our
qu'il
suffise
e
la
rappeler.
n
peut
dire
qu'
la
notion
platonicienne
'une
intuition
e
l'intelligible,
lle
37S
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7/24/2019 De La Connaissance Du Principe tienne Gilson Revue de Mtaphysique Et de Morale
5/26
Etienne
Gilson
oppose
a notion
ristotlicienne
'une
onnaissance
btenue
ar
abstrac-
tion partir e la quiddit ensible. ssurment,npeut, i Tonveut,
attribuer
l'intellect
e
type
aristotlicien
ne
intuition
irecte
e
la
forme
u'il
abstrait
ui-mmeu
sensible,
mais
i
l'on
reste
idle l'es-
prit
de
la
doctrine,
l faudra
maintenir
ue
l'objet
de
cette
ntuition
n'est
pas
un
ntelligible
ur,
t-il u
confusmentson
objet
st
a
forme
abstraite
u sensible t
apprhende
ans le
sensiblemmedont on
l'abstrait
on
ne
pensepas
sans
mages.
omme
hez
Platon,
lus
'abs-
traction
'lve
au-dessus
u
sensible,
lus
a
connaissancest
leve,
mais
rien
ne
lui
permettra
amais
de
changer
e
nature
son
objet
ne
sera
amais,
dans
a
condition
rsente
e
l'homme,
u'une
abstraction.
Cettedifficult'affecten rien 'vidence i la solidit u premier
principe,
ar
il
ne
dpend
aucun
degr
d'une
ustification
hiloso-
phique.
Avec
ou
sans
philosophie,
'intellect
ontinuera
e
ne
rien
pou-
voir
penser
utrement
ue
commeun
tre,
t de
commencer
ar
les
mots
c'est
toute
proposition
oncernant
a
nature
d'un
objet
quel-
conque.
Au
contraire,
ette
premire
ndtermination
ffectera
ces-
sairement
out
effort
hilosophique
our
lucider
e
sens
de ce
principe.
A
la
question,
qu'est-ce
ue
l'tre
,
on
ne
rpondra as
exactement
de
la
mme
manire
elon
qu'on
fera
de
cette
notion
'objet
de l'intui-
tionintellectuelle
'un
pur intelligible
u
celui
de l'intuition
ntellec-
tuelle d'un concept bstraitdu sensible t insparable 'une image.
En
ce
sens,
ien
ue
sa certitude
este e
toutemanire
ssure,
a nature
du
premier
rincipe
e
sera
pas
conue
e
la
mmemanire elon
qu'on
en
cherchera
a
connaissance
ans es
voies
d'Aristoteu dans
cellesde
Platon.
Nous
choisissons
elle
d'Aristote,
on
ans
raison,
mais
parce ue
nous
constatons
'impossibilit
u'il
y
a
pour
nous
jamais
penser
ans
mages.
Platon
ne
l'a
d'ailleurs
as
formellement
i,
car
sa
doctrine 'a
pas
pos
la
question
n
ces
termes.
lle
conseillait,
omme
mthode e
rflexionhilosophique,n effortersvrantourtranscender'ima-
gination
or
Aristote t les aristotliciensontaussi de cet effort
d'abstraction
ne
condition
e la
connaissance
taphysique
la
ques-
tion
de
savoir
i
l'effort
eut
trecouronn
'un
plein
uccs dans
la
condition
rsente
e
l'homme,
st
diffrente.
laton
ui-mme
e
parle
d'une
telle
russite
ue
comme
'une
exception
ort are.
l
n'y
a donc
pas
d'inconvnient
rave,
our
'accord
es
esprits,
tenir
our
ccorde
la
rponse
raie
u
problme
on
ne
conoit
amais
a notion
remire
d'tre
ans
maginer
n
mme
emps
'image
confuse
e
quelque
chose
qui
est.
Commentonoit-onetobjetde pensedonton ditqu'il est ? Pour
viter
es
confusions,
onvenons
e le
nommer
n
tant
(to
onf
ns,
a
being,
as
Seiende,
ente).
Nous
'avons
rappel,
l est
traditionnel,
dans
l'cole
d'Aristote
e
distinguer
eux
oprations
rincipales
e
,376
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6/26
De
la
connaissance
u
principe
l'intellect,
'apprhensionimple
ou
formation
u
concept)
t le
juge-
ment ou liaison ffirmativeu ngative es concepts ans a proposi-
tion).
l est exact
que
les deux
oprations
ont
distinctes,
ais,
n
fait,
elles sont
nsparables,
ar
on
peut
aussi
bien
tenir
e
concept
our
e
rsultat
'un
ugement ue
e
jugement
our
'explicitation
'un
concept.
Tel est
du moins
e
cas
au
niveaude
la connaissance
hilosophique.
la
question
Qu'est-ce
u'un
tant?
,
saint
Thomas
pond
c'est
un
ayant
'tre
habens
sse).
Cet
exemple
lassiqued'apprhension
imple
est le
rsultat
'un effort
'analyse ong
et
compliqu
onduisant
u
jugement
un tant
st
ce
qui
a
l'tre.A
partir
e
ce
moment,
e
nom
tre
devient
e
signe
qui
tient
ieu de toutes
es
oprations
ont
l
rsumea conclusionle contenu e l'apprhensionimple t celuidu
jugement
st
e
mme
uoique
diversement
ormul.
Puisque
notre
bjet
est
d'examiner
e
sens
de la notion
ui
constitue
le
premier
rincipe,
ous admettrons
e le considrer
ous
sa forme
a
plus
imple,
ui
est celledu
concept.
a
simplicit
e
rvle
ussitt
lu
apparente
ue
relle.
l
est certain
ue
les
deux notions
ncluses
an
habens sse
peuvent
aire
'objet
d'une seule
apprhension,
ais
e
pro-
blme
e
pose
de
savoir
i
ces deux
lments ont
conus
omme
'en
formant
u'un
seul
ou,
au
contraire,
ommedistincts.
n
reconnat
aussitt e
problmemtaphysique proposduquel
e sont
divises
e
colesdu MoyenAge : l'essence st ellerellementistincte e l'tre
actuel
existence)
ans
le
compos
hysique
Quand
elle est
fidle
son
matre,
'cole homisteffirme
a ralit
e la distinction.
a dfini-
tion
mme
qui
vient
d'tre
rapporte
n est la
preuve
dans
habens
esse,
e
mot
habens,
ce
qui
a
,
reprsente
'essence
le mot
esse,
ou
tre
ctuel,
eprsente
'tre
pris
dans son actualit.
'cole
de Scot
et
de
Suarez,
our
ne
rien
direde
certains
homistes
llustres,
ejette
ette
distinction.
insi,
lors
que
la notion 'tant
ignifie
our
es uns
une
essence oue
d'un
cte
qui
a fait
tre,
lle
ignifie
our
d'autres
'essence
elle-mmen tantqu'amenede puissance acte par l'efficacee sacause. Encore ne
faut-il
as
oublier a
classe,
nombreuse
emble-t-il,
de
ceux
pour
qui
cette
notion
n'est
qu'un
nom
commun
signant
a
gnralit
es
chosesdont
on dit
qu'elles
existent,
mais rien
de
plus,
Gabriel
aillesdisaitun
jour
devant es
tudiants
Le P.
Peillaube
m'assure
ue
j'ai
l'intuition e
l'tre.
Vous
ne
pouvezpas
ne
pas
voir
l'tre,
ne
cesse-t-il e
me
rpter.
Mais
non,
e
ne
vois
rien
du tout.
La
situation st
paradoxale.
Commente dsaccord
st-il
possible
touchant
e
premier
rincipe
On
pourrait
ussi
bien
demander
com-
ment e
peut-il
u'il
y
ait des
mtaphysiques
iffrentes
t
opposes
Les rponses ces questionsne manquentpas. A celui qui refuse
d'admettre
e
qu'il
tient
our
a notion
raie
de
l'tre,
n
mtaphysicien
peut opposer
u'il
a
l'esprit
rop
faible
our
'lever ces
hauteurs,
u
que
les
prjugs
bscurcissent
a
vue,
ou
simplement
ue
son
ncapacit
37T
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7/24/2019 De La Connaissance Du Principe tienne Gilson Revue de Mtaphysique Et de Morale
7/26
EtienneGilson
de
chasser
es
images
ensiblesui rend
mpossible
'accs
de
ces abstrac-
tionsntellectuelles.es argumentsece genreontbonspour a contro-
verse,
mais
'usage
philosophique
n
est
nul,
pour
a
raison
u'ils
peuvent
se
retournerontre elui
qui
en fait
usage.
Le
partisan
e la
distinction
d'essence t
d'existence
eut
soutenir
ue
son adversaire st
aveugle,
mais
celui-ci
eut
ui
reprocher
e voir
double,
t comme hacundes
deux
opposants
ait
ppel
l'vidence
ntuitive u
principe,
a discus-
sion est sans
ssue,
omme
n ne le voit
que
trop
par
a
leon
de l'his-
toire.
Pourtant,
l ne
devrait
as
y
avoir
de discussion.
eux
qui
s'en
accommodent
n
dconsidrant
implement
eurs
adversaires,
estent
eux-mmes
ans
rponse uand
on les met
en
demeure
'expliquer
pourquoi e qui est poureux une videncemmdiate,remire,ni-
verselle
t infailliblee l'est
pas
aux
yeux
de
tous.
Le
problme
st
analogue
celui
que
pose
la
possibilit
e
l'erreur
en
mathmatiques.
ant
qu'il s'agit
simplement
'expliquer
es fautes
de
raisonnement
ccidentelles,
l suffit
e
recourir
des
raisons
sycho-
logiques,
aiblesse
u
fatigue
e
l'attention,
omplication
e certains
raisonnements
u mme
imples
ccidents 'criture.
l
est,
u
contraire,
difficile
'expliquer ourquoi,
vant mme
de
pouvoir
'y tromper,
certains
sprits
e
plaignent
e ne
pouvoir
entrer.
escartes
e
flattait
de ne rien
ntroduire
ue
d'vident
artout
il
pouvait
user
de
la
mthode esmathmatiques,lorsqu'enfait l nemanquepas d'esprits
tout
fait
normaux,
ouvent
mme ien
dous d'autres
gards, our
qui
es
raisonnements
athmatiques
ont bscurs
t mme
ncomprhen-
sibles.
La
diffrencentre es
deux
cas
est
pourtant u'en
fin
e
compte
une
dmonstration
athmatique
onduit
des
rsultats
ont
a
correc-
tion
est
objectivement
montrable,
e
sorte
que
l'accord
de
tous
ceux
qui
peuvent
omprendre
es dmonstrationsinit
nvitablement
par
se
faire.Mme
eux
qui
ne se sentent
as capables
e les suivre ont
l-dessus
onfianceux
autres,
ont
'accord
st
pour
ux une
garantie
suffisante.
l
n'en
va pas
ainsien
mtaphysique,arcequ'il
ne
s'y agit
plus
simplement
e
correction,
aisde vrit. e deux
mtaphysiciens
galement
omptents
t
jouissant
'une
gale
habilet ans e manie-
ment
es
arguments
ialectiques,
ucun
ne
russira
amais
convaincre
l'autre. Ici
encore 'histoire
e
la
philosophie
onstitue
omme
une
exprience
ollective
'une
ampleur
mmense. es
mtaphysiques
co-
lastiques,
ont
on
sait
combien
lles
taient
pposes
ntre
lles,
nt
t
collectivementonsidres
omme
rimes
ar
es
philosophes
u xvne
et
du xvine sicles.
eurs
propres hilosophies
nt
t
mises
u
rebut,
comme
ntaches
e
dogmatisme
,
par
a
critique
e
Kant,
cependant
que desespritsntirementormaux ontinuaientn toustemps t entous
pays
philosopher
elon es
principes
e l'aristotlismeraditionnel
comme i la
mtaphysique
e l'tren'avait
amais
t
conteste.
e
tels
esprits
e sont
encore
as
rares
ujourd'hui,
mais ls
mnent ne
sorte
378
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7/24/2019 De La Connaissance Du Principe tienne Gilson Revue de Mtaphysique Et de Morale
8/26
De
la connaissance
du
principe
de
combat
d'arrire-garde
t
jamais
on
ne
les a vus moins
apables
de
rendreux autres ne foien la valeurde leurpremier rincipe ui fut
jadis
partage
e
tous.
Ce
qui
est
vident
our
ux
ne
l'est
pas
pour
es
autres t l'on
observe
mme
ue
leurs nciens
dsaccords
'ont
amais
t
concilis.
ls
font
igure
e
survivants
ans
un monde
ui
es
a
dpas-
ss
depuis ongtemps,
ais leurs
adversaires
ont
aussi
incapables
de
les
rfuter
u'eux-mmes
e
sont de
convaincre
eux
qui
tiennenteur
philosophie
our
prime.
ien
ne convient
mieux
ux
sceptiques
u'une
telle
ituation,
ais nous
a
considrons,
u
contraire,
u
point
de
vue
de ceux
qui
tiennent
ue
toute a connaissance
hilosophique
pend
d'un
premier
rincipe
mmdiatement
vident,
ui
est
l'tre,
t c'est
de ceux-l u'il est curieux u'incapables e faire artagerux autres
une
vidence mmdiatet
premire,
ls
soient
pourtant
apables
de la
maintenirndfinimentivantedans leur
esprit.
ndestructible
elle
est, mpossible imposer
elle
n'est
pas,
cette ertitude
e ressemble
aucune
utre
de
celles
qui
se
rclament
e la lumire
aturelle e la
raison.
Une
description
atisfaisante
e
la
connaissance
taphysique
evrait
donc
rendre
aison
du
caractre
'vidence
u'elle
a
revendiqu
s
l'origine
e
son histoire
t
qu'elle
conserve
n
beaucoup d'esprits,
mais,
n mme
emps,
lle
devrait
xpliquerourquoi,
utre
u'elle
offre
matire de nombreux saccords, lle apparat d'autrescomme
videet sans
objet.
L'tant s'offre
la
pense
omme
a
notion 'un
objet
rel
ou
pos-
sible,
mais a
possibilit
me st celle
d'une
ralit.
On
peut
e
dcrire
simplement
omme
a notion 'un
objet
qui
existe
ou
qui peut
exister.
En
quel
sens
ette
notion st-elle
rincipe
Elle
ne
prsente as
l'esprit
un
objet
privilgi,
ui
serait
'tre
mme,
t dont a notion nclurait
cellesde tous es autres
objets
rels
ou
possibles.
A
ce
premier
egr,
l'tre st
principe
n
ce
sens
qu'il
est une absoluencessit
e
penser.
Il
est
impossible
e
rien oncevoir
utrement
ue
comme
n
tre.
Ceci
ne
suppose as que
toute
angue
ontienne cessairementnmot
pour
signifier
ce
qui
est
,
au
sens e
plus
gnral
e
la
formule
ens
emble
avoir
t un mot
tranger
u latin
classique
t
Snque
faisait
ncore
des
difficults
our
admettre
e mot essentia
u'avait
pourtant ropos
Cicern
mais
mme
le
motfait
dfaut,
e
langage
rouve
es
qui-
valents
our
n
signifier
e
sens,
qui
est celui
d'un
objet
en
gnral.
e
toute
manire,
outes
es
langues
philosophiques
rives
u
grec
font
de
ce
motun
usage
tel
que
la
pense
erait
ans
ui
impossible.
'est
e
premier
aractre
u'il
convient
e ui attribuer.
Peut-on rouvern contenu ropre cettenotion En essayant 'endterminer
n,
on rencontre'abord e
mot,
puis
une
image
vague
de
quelque
hose,
u
mme 'une
forme
ymbolisant'importe
uelle
hose
particulire
ossible.
On
ne
trouve
pas
l'image
prcise
t dfinie
ui
379
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7/24/2019 De La Connaissance Du Principe tienne Gilson Revue de Mtaphysique Et de Morale
9/26
Etienne
Gasn
reprsente
our
nous un
homme,
un
cheval
ou
telle maison
que
nous
avons vue. En effet, es imagesdrivent outes de perceptions ensibles
dont
les
objets
taient
rels,
mais
tre
n'existe
pas
titre
d'objet
donn
dans
l'exprience,
t
c'est
bien
pourquoi
Gabriel
Sailles
ne
voyait
rien
quand
on
prononait
e
mot
devant
lui.
Sa riche
magination
plas-
tique
donnait
alors
sur e
vide. Il
n'y
a donc
d'abord dans la
pense
que
le
mot
li
l'image
d'un
objet
quelconque,
ubstitutde tout
autre
objet
imaginable.
L'image
ne
joue
mme
pas expressment
e rle d'un
substi-
tut,
elle est
simplement
comme ce dont
la
pense
se
contente
n
fait
de
contenu.
Supposons
prsent que
nous
soyons
mis en
demeure de
prciser
e
sens du mot tre, ou tant , un nouvel lmentparatra nces-
sairement,
e
jugement.
A la
question,
Qu'est-ce
qu'un
tant ?
,
nous
rpondrons
uelque
chose comme
c'est
ce
qui
a
l'tre,
ou encore c'est
une essence
qui
est. Toute
dfinition
e
ce
genre
prsente
deux
carac-
tres,
sa ncessit et son
vidence,
mais
l'un
et
l'autre tiennent ce
qu'ici
la dfinition u
concept
consiste
rpter
e
concept.
Ceci
rsulte
du
caractre
absolument
premier
de
la notion
d'tre donne dans
l'apprhension imple.
Tenter
de
dfinir
e
principe,
'est se condamner
la
tautologie
on
y
est
install,
chaque
fois
que
l'on
forme
comme
jugementpremier
a
proposition
l'tre,
c'est
ce
qui
est.
Cette tautologien'est pourtant pas strile.Quand on y rflchit,n
se
demande
si elle ne constituerait
as prcisment
e contenu
ntelli-
gible
du
mot
dont
nous
cherchons
e sens.
L'tre
est
ce
dont
l est
impos-
sible de
ne
pas penser
qu'il
est. Le sens du
mot est
donc
un
jugement
ce
jugement
est
vident
parce qu'il
consiste
affirmer
'elle-mme
a
notion en
question
il
est
ncessaire
en
vertu
de son vidence
mme,
mais en
mme
temps
la
tautologie
qu'il
constitue
est
d'un
genre
tout
particulier
ur
lequel
il est utile de
rflchir.
n
effet,
l
s'agit
d'une
proposition
ont
le
sens
peut
tre
tautologique
ou non
selon
la manire
de la comprendre. 'tre
est
ce qui est,peut signifierimplement ue
l'tre
est
l'tre,
auquel
cas il
y
a,
en
effet,
imple
rptition
u
concept
mais
on
peut
l'entendre
n ce
sens,
que
l'tant est ce
qui
est,
comme
si
tre
tait
l'acte
exerc
par
l'tant.
Il
faut
choisir
ntre ces
deux
sens,
mais
comment airece choix
?
Avant
d'y
procder,
a nature
mme du
choix
demande tre
pr-
cise en
mme
temps
que
son
objet.
Celui-ci
n'est
pas
le
sens
mme
du
premier
rincipe.
Nous
le connaissons
dj. L'objet
qui
correspond
ans
la
pense
au mot
tre n'est
ni le mot
ui-mme,
i
l'image plus
ou
moins
vague qui
se
joint
au
mot,
ni
quelque
reprsentation
bstraite
de ce
que serait 'treen gnral, ui n'existepas ; pourformer ette dernire
notion,
l
nous
manque
d'avoir
vu
dans
l'exprience
sensible
un tre
qui
ne serait
que
cela. Pourtant
e mot a
un
sens,
et
ce
qu'il
signifie
st
prcisment
a
ncessit
o nous sommes
de tout concevoir
en
termes
380
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7/24/2019 De La Connaissance Du Principe tienne Gilson Revue de Mtaphysique Et de Morale
10/26
De
la
connaissancedu
principe
d'tre,
ce
qui
entrane a ncessit
complmentaire
'affirmer
e
l'tre
qu'il est. Le contenude ce premier onceptest donc le premier uge-
ment en
lequel
il
s'explicite,
et
qu'il
rsume.
Jusqu'ici,
vidence
et
ncessit
ont
absolues. C'est
la dcouvertefaite
par
le
pre
de
la
mta-
physique,
Parmnide
d'le,
lorsque
dans
la
pense
de
ce
grand
anctre,
l'esprit
humain
dcouvrit
pour
la
premire
ois,
et une fois
pour
toutes,
que
l'tre
est l'toffemme dont
notre connaissance st faite.
l
en dfi-
nissait
en
mme
temps
es attributs
mtaphysiques
ssentiels
n
termes
qui
n'ont
jamais
t modifis
epuis,
sauf
peut-tre
n
ce
qui
concerne
l'infinit,
ue
Melissos devait bientt
lui
reconnatre
un,
immuable,
ternel,
imple,
ncessaire,
'tre
de Parmnide
devait continuer e
s'impo-
ser tel quel la pense mtaphysique u cours des sicles, commeil
s'impose
encore
la
ntre
aujourd'hui.
Il
n'y
a
donc aucune
option,
ni mme
aucun choix
oprer
ouchant
le
premier
rincipe
de la
connaissance,
non
plus que
sur ceux
qui
en
dpendent,
mais ceux
qui pensent
que
le
problme
de
l'objet
de la
mta-
physique
se
trouve
rgl
par
l,
confondent a
sagesse
avec
la
simple
reconnaissance
t le bon
usage
des
principes
traits en
instruments
d'intellect
pour
l'acquisition
et la
rgulation
de la
connaissance.
l
est
vrai
que
les
principes
ont
de tels
instruments t c'est
bien
par
eux
que
la
mtaphysique
xerce sa fonction
gulatrice,
ont
dpend
la
totalit
du savoirhumain. l est ncessaire
que
tout soit connudans la lumire
des
principes
reconnus
par
la
mtaphysique,
mais sa
fonction a
plus
haute n'est
pas
de fairebon
usage
de ces
principes,
lle
est de
les
prendre
eux-mmes
our
objets
de sa
mditation t
d'en
approfondir
a
nature.
C'est
au
cours
de cet
approfondissement,
t
l'intrieur
du
principe
premier
ui-mme
ue
des
alternatives 'offrent
la
pense,
que
des
choix
s'imposent
t,
qu'en
fait,
ls
se sont
exercsau
cours
des
sicles comme
e
fait
voir l'histoire
de
la
mtaphysique.
Les
raisons de
ce
fait
doivent se
trouver
dans
la
nature mme de
ce
plus
haut des
objets
de
rflexion
offerts l'homme ce sontelles que l'on aimerait avoirdiscerner.
S'il
y
a
une
marge
d'indtermination
ans
notre
apprhension
du
premier
principe,
n
peut
s'attendre
que
la
philosophie
mette tout
en
uvre
pour
la
rduire
et,
si
possible,
pour
l'liminer.
On
y
russirait
si les
concepts
mtaphysiques pouvaient
tre
assimils aux
notions
mathmatiques.
A
prendre
e
problme
n
gros,
ce fut e
projet
de
Des-
cartes,
t
puisqu'il
l'a mis
excution,
e
rsultatest
connu.
On
admire
chez lui
la hardiesse de
pense
et
la
puissance
de
construction,
mais
c'est un
esprit pour qui
les
concepts,
ou,
comme il
dit,
les
ides,
sont
maniables
comme e
seraient des
dfinitions
omtriques
u les
signes
qui les reprsentent. laire et distincte, haque ide est un bloc qu'il
s'agit
d'amener
sa
place
selon
l'ordre
du
raisonnement,
e
l'y
poser
et
de
faire en
sorte
qu'il
y
reste.
Le
philosophe
a
raison de
nommer on
uvre
mditations
mtaphysiques
,
car les
problmes
traits sont
381
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11/26
Etienne
Gilson
bien
ceux de
la
mtaphysique,
mais
il mdite ur
'usage
mthodique
des
ides plutt que sur leur contenu,dont il ne retientque ce qui peut
servir
on
propos, qui
est
de
fonder
a
science.
La
mtaphysique
y
est
vraiment
racine,
mais c'est la nature
de
Parbre
qui
dtermine
ci
celle
des racines et
ds
que
Descartes
a
pu
s'assurer
qu'une
notion
contient
l'lmentclair et distinctdont
l a besoin
pour
'intgrer
son
uvre,
l
l'y
introduit ans en scruter e
reste.
De
l
le
simplisme
e ses notions
de
pense
et
mme
d'tendue,
i
souvent
not
par
ceux
qui,
venus
aprs
lui,
les ont
reprises
pour
les
soumettre
un
examen
qui
les
considrt
en
elles-mmes t dont
l'objet
ft ce
qu'elles
sont
plutt que
la
place
qu'elles
peuvent
occuper
dans
un
systme.
Claire
et distincte
ux
yeux
de Descartes, a pense le sera beaucoup moins ceux de Maine de
Biran.
Aprs
'avnement
des notions
de
subconscient
t de
psychologie
des
profondeurs,
e
Cogito
se
chargera
d'obscurits
mpntrables ui
s'paississent
un
peu plus chaque
jour.
Gela n'est
pas
une
objection
contre
l'uvre
de Descartes
elle est
ce
qu'il
a dlibrment oulu
qu'elle
ft et l'on
serait
mal venu
lui
reprocher
e
l'avoir voulue
telle. Ses
Mditations
ont
exactement ce
qu'elles
devaient
tre
pour
alimenter
n
sve
le
grand
arbre
du savoir
humain,
il
s'agit
seulement d'observer
que,
telles
que
Descartes
les
conoit,
es
notions
qu'il y
met en uvre
sont
dj,
non
quant
leurs
objets,mais
quant
l'espritdans lequel il les traite,des notionsphy-
siques beaucoup plus que
mtaphysiques.
n
fait,
puisque
la
mathma-
tique
est devenue a
science
rgulatrice
t fournit
ne
mthodeuniver-
sellement
pplicable,
on
peut
dire
au moins
ceci,
que
la
mtaphysique
ne
peut requrir
ci du
philosophe
ucune
attitude
spcifiquement
utre
que
celle
qu'exige
en
gnral
a
mthode
pour
bien conduire
on
esprit
t
chercher
a vrit
dans
les sciences.
De l
l'impression
'tranget
es-
sentie
par
ceux
qui
abordent
'uvre
de Descartes
partir
des tholo-
gies
et
philosophies
dont
il a
us
comme
de carrires
pour
s'approvi-
sionner n notionsmtaphysiques quarrir
t
ajuster
au niveau
de
la
raison. Les
premiers
architecteschrtiensusaient ainsi des
temples
paens.
Quand
on
avait
besoin
de
matriaux
pour
une
glise,
on
com-
menait
par
en dmolir
un,
puis
on
lui
empruntait
es
colonnes,
enfin
on
en
ajustait
les
dbris
aux besoins
du nouvel
difice.
C'est
pourquoi,
dans certains
murs,
une
pierre
aisse
parfois
paratre
e
visage
mutil
d'un
dieu.
Mme
en
la
considrant
u dedans
de
l'uvre,
a
mthode
cartsienne
posait
des
problmes
nsolubles
pour
un
mtaphysicien.
es
concepts
mathmatiques
euvent
tre
clairs
et
distincts,
uand
ils le
sont,
parce
que la pense qui les manie opre le plus souvent sur des notionset
des
symboles
dont
elle
dfinit
lle-mme
e
sens
et
l'usage.
L'exactitude
parfaite
dans
le
raisonnement,
mme
en
mathmatiques,
st
peut-tre
un idal
inaccessible,
mais a
difficult
e tient
pas
la
naturede
l'objet
;
382
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7/24/2019 De La Connaissance Du Principe tienne Gilson Revue de Mtaphysique Et de Morale
12/26
De la connaissance
du
principe
la cause
en est
plutt
la
complication
des
oprations
dont
l'analyse
va
pour ainsi dire l'infini. l n'est pas certainque la tche entreprise ar
Bourbaki
comporte
un
terme.
Pourtant,
chaque
moment
de la construc-
tion
mathmatique
est
l'objet
d'une
description
et d'une
dfinition
qu'on peut
tenir
pour
exhaustives
du
point
de vue de
l'usage
que
la
raison se
propose
d'en faire. En
dernire
nalyse,
les
rsultats
peuvent
'exprimer
ous forme
de
nombres,
i
bien
que
le
contenu
d'une notion
mathmatique,
uoique
ouverte
des
dveloppements
ultrieurs
ou-
jours
possibles,
est en
principe
transparente
elle-mme
partir
du
moment elle a
russi
se
dfinir.
Les
notions
mtaphysiques
diffrent
cet
gard
des notions
math-
matiques.A la diffrencees nombres, lles ne se composentpas d'uni-
ts
interchangeables
t
pratiquement
ndiscernables.
En
outre,
quand
on tente
de
l'analyser,
a
notion
mtaphysique
ne
se
rsout
pas
en
rgles
oprationnelles ignifiablespar
des
symboles
applicables
des
gran-
deurs
quelconques.
Au
contraire,
e
premier
egard
pos
sur une
notion
mtaphysique
e
perd
dans
un
enchevtrement
mpntrable,
omme
si
la notion
exigeait
d'tre
prise
dans
sa
totalit et
refusait e
se
laisser
analyser.
A
vrai
dire,
elle ne se
compose pas
d'lments dfinissables
part
et dont on
pourrait
faire
usage
pour
en
dterminer
e
sens et le
contenu.
Quand
on
veut en
prendre n,
tous
veulentvenir n mme
emps.Le mot, qui constitue a matiredu symbolismede la mtaphysique,
refuse
donc de
signifier
ucune
notion
de
ce
genre
comme dfinissable
part.
Sur
ce
point
encore
a
doctrine
de Parmnide
st une
exprience
mta-
physique
dcisive.
Formule
vers a findu
vie
sicle
ou vers
e
commen-
cement du
ve sicle
avant
Jsus-Christ,
lle
constituait
a
dcouverte
mtaphysique
de
l'tre
et le
dcrivait
en termes tels
que vingt-cinq
sicles
de
rflexion 'ont rien rouv
y
changer
ils
n'ont
pu que l'appro-
fondir. e
plus
important
st
qu'elle
se soit
prsente
d'abord comme
ce
complexede notions nextricablementmles dont on ne peut prendreaucune sans
que
toutes es autres ne viennent la fois.C'est bien
pour-
quoi
Parmnide es a toutes vues d'un
seul
coup.
Oblig
de les
numrer
successivement,
arce
que
telle est
la
loi du
discours,
l ne semble avoir
fait aucune
tentative
pour
les dduire :
ncessit,ternit,
mmutabi-
lit,
identit
soi-mme,
homognit
t
simplicit,
e
ne
sont
pas
l
des
consquences
qui
suivraient
de la notion
d'tre ce
ne
sont
mme
pas
proprement
arler
des
proprits
u
des attributsde
l'tre on
dirait
plutt
que
ces
notions en
apparence
diverses
ne
sont
que
celle de
l'tre
mme,
laquelle
elles
n'ajoutent
rien
puisqu'il
est
tout
ce
qu'elles
disent,qu'il est seul l'tre,et qu'elles-mmes ont dnues de sens ds
qu'on
cesse
de les lui
rapporter.
La formuledevenue
classique
d'Avi-
cenne
exprime
parfaitement
ette
involution
mutuelle des notions
pre-
mires
tre,
chose
et
ncessaire ont
les
premires
otions
qui
tombent
383
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7/24/2019 De La Connaissance Du Principe tienne Gilson Revue de Mtaphysique Et de Morale
13/26
EtienneGilson
dans
'esprit.
Nous
urons revenirurce
point.
our
e
prsent,
l suf-r
firade mettren relief ue la premireonnede l'intellectst riche
d'une
pluralit
e
notions
onnes outes nsemble omme tant
celle
de
'tre
mme
perue
ous
des
aspects
iffrents
t
dsigne
ous
divers
noms
ui
ne
signifient
ourtant
ue
lui.
C'est
pourquoi
'effort
u
mta-
physicien
e saurait voir
pour
objet
premier
t
principal
e
dduire,
ni mmede
cataloguer
t de
classer,
mais
plutt
de
s'habituer vivre
dans
'paisseur
e la
notion
remire
n
s'accoutumant
en
prouver
les
richesses,
ont n
ne
peut
dire
u'elle
es
a,
mais
plutt
u'elle
es
est,.
Ce
fait interdit
e
traiter
es
problmes
mtaphysiques
ar
des
mthodes
ialectiques
u
sens
logique
du
terme.
Platon lui-mme
souventd la tentation ulogicisme, ais l s'en ibrait u moment
d'atteindrees
genres
uprmes.
a
philosophie
'Aristote st souvent
celle
d'un
logicien
t
d'un
naturaliste,
meen
mtaphysique
t en
thologie
aturelle
elle conduit affirmer
a
transcendance,
lle
ne
s'y
installe
as
et ne
cherche
u' peine
y pntrer.
n
ne
peut
ci
parler
que
de ce
qui
subsiste 'une
uvre
ruellement
utile,
mais
c'est
ce
reste
qui
a
marqu
de son
empreinte
'innombrables
flexions
ta-
physiques
t
thologiques
t
quel qu'ait
t
l'Aristote
el,
celui
de
l'histoire,
ui
est
rel
sa
manire,
st e seul
dontnous
puissions
arler.
Cet Aristote
est celui
dont es
preuves
e l'existence e Dieu
peuventcouronnera physiqueussi bienque la mtaphysique.'estaussi celui
qui engendra,
ans en
avoir
'intention,
ne
igne
e
dialecticiens
our
qui
la
mtaphysique
onsistait
urtout
n une suite
d'exercices
ogiques
dont
es
notions
remires
taient
'enjeu.
Ces exercices
taient
gitimes,
car
a dduction
ogique
st
ncessaire
ourdvelopper
es
consquences
des
principes
t en
contrler
'usage,
mais
toutedduction
e
ce
genre
prsuppose
a
mditation irecte
ur
e sens du
principe
ontelle
tire
toute
a
substance.
n
comprendu'un mtaphysicienpris
de
logique
s'efforce
e
rduire 'abord
a notion
u'il
se fait des
principes
des
dfinitions
igoureuses
ont
l lui
suffirait
e
dduire nsuite es cons-
quences,
mais e GrandArtde
Lulle,
a
caractristique
niverselleont
rvait
Leibnizn'eussent t
possibles ue
si
les
notions
mtaphysiques
avaient
pu
se
constituer n
concepts
ompltement
termins.
el
n'tant
pas
le
cas,
Wolf donn
e
parfait
xemple
'une
philosophie
entirement
nalytique,
u moins
d'intention,
'introduisant
ans les
concepts
ucun lment
ui
n'et
t
pralablement
fini. l en
est
naturellement
sult
ne
philosophie
laire
t
sans
mystres,
ar
soit
dans
es
principes,
oitdans
a
liaison
es
consquences,
out e
qui
n'tait
pas
analytiquement
finissablen a
d'abord t limin.
Si les principesmtaphysiquese sontdesnotionsusceptiblesi dedfinition
athmatique
idedfinition
ogique,
e
quel
genre
econnais-
sance
relvent-ellesCe
sont des
ncessits
e
pense
ultimes,
t
qui
sont telles
parce
qu'elles-mmes
ont
mpliques
ans
tout essai
de
les
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14/26
De la connaissance
du
principe
dfinir.
uisqu'elles
ont
comme es formes
cessaires e toute
ntel-
lection, etelles otionsont videntestpremires,ais l est en mme
temps
ertain
ue,
puisqu'elles
ont
premires,
out essai
de dfinition
les
impliquera
nvitablementlles-mmes.
uand
a
pense
rouve
un
objet
de
ce
genre*
lle entre
n
contact vec
le domaine
ropre
e
la
rflexion
taphysique.
'est
aussi
le moment la
dcision
apitale
doit tre
prise.
i
l'intellect
de
sa
pente
naturelle,
l se
htera
de
substituer
chaque
objet
de
ce
genre
ne
dfinition
ominale
ui per-
mette
e le
manier
n
toute curitans
se soucier e la
ralit orres-
pondante.
e
procd
st
lgitime
t
mmencessaire
aucune
objec-
tionne
peut
trelevecontre on
emploi,
mais
on
ne saurait 'lever
tropvivementontrea prtentione l'identifiervec la connaissance
mtaphysique.
l
n'est
ien e
tel
il
n'en
stmme
as
e commencement
on
dirait
plutt
qu'il
constitue
our
a
plupart
des
esprits
'obstacle
majeur
ur
a
voie
de
la
connaissance
taphysique.
ar
exemple,
l
est
correct
e
dfinir
'tant
omme ce
qui
possde
'tre
,
mais si l'on
demande
nsuite e
que
c'est
que
l'tre,
a
seule
rponse
ossible
era
c'est
ce
qui
fait
e a
chose,
u de
'essence,
n
tant.
De
quelque
manire
qu'on
s'y
prenne,
n ne
remontera
as
plus
haut.
De
mme
ncore,
l
est
vrai
de dire
u'une
auseest
ce dont
a
prsence
ntrane cessairement
celle
de
quelque
hose
d'autre, ue
l'on
nomme
'effet. a dfinition
st
juste,car mme i la cause n'estpas ncessite produireon effet,
comme
'est
e
cas
pour
a
cause
contingente
u
libre,
l reste rai
que,
si
elle le
produit,
e
qu'on
nomme on effet n
suit
ncessairement.
eci
dit,
a
naturedu
lien causal
reste
nveloppe
ans
une
obscurit
ro-
fonde,
ar i 'on
demande
uelle
st
a
nature
e
a connexion
ui
explique
cette
onsecution
cessaire,
u bien
l
faudra efuser
e
rpondre,
u
bien
l
en faudra evenir la
notion
e
cause
conue
omme
ne sorte
de
pouvoir
e
produire
e
qu'on
nomme
on
effet.
ette
ncessit
e
pen-
se
est
d'ordre
mtaphysique,
arce
qu'elle
est ultime
t,
par
l
mme,
prisedanssa propre finition.Cesnotions
remires
e sont
pourtant
as
simples.
n se fixantur
Je
premier rincipe,
'attentione fait
pparatre
omme
la
fois
nces-
saire
et
fluide.
l
change
'aspect
ous
e
regard
t
tend
prendre
uc-
cessivement
a forme
de tous
ses transcendentaux.'est
invitable,
puisque
a
nature
des
transcendentauxst
prcisment
'treconver-
tibles avec l'tre.
Leur
convertibilit
ient
ce
qu'ils
signifient
'tre
mme
conu,
non
plus
directement,
ais sous un
certain
apport.
e
rapport
tant
oujours
n
rapport
e l'tre
l'tre
en tant
qu'tre,
l
jouit
des
mmes
roprits
ue
le
principe.
n
e
connat ans
a lumire
de la notion remireui constituea ralit.Ainsi, 'un,qui est 'tre
dans son
indivision
'avec
soi-mme,
e vrai
qui
est
l'tre
apprhend
comme
ntelligible,
e bien
qui
est
encore 'trevoulu
pour
on
actualit
mme,
ui
est
perfection,
utantde notions
ui
s'offrent
'elles-mmes
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15/26
Etienne
Gilson
comme autant de facettes
du
premier
objet
de
connaissance.
Mais
on
pourraiten ajouter d'autres, commencer ar celles de chose , ou
substance,
et
de
ncessaire
,
dont
nous avons
rappel
qu'Avicenne
les tenait
pour
premires
t s'offrant
d'abord
ensemble
l'intellect.
Cette
diversit
dans l'unit
permet
de
comprendre
ourquoi
des
mta-
physiques
diffrentes
euvent
sortir
d'une
rflexion uivie
sur
l'tre.
Prendre
avec
Plotin l'Un
comme
principe,
'est
encore
philosopher
ur
l'tre
pousser,
vec
Platon,
la
dialectique
des
essences
usqu'
un
pre-
mier
erme
itu au
del
de
l'essence,
t
qui
est le
Bien,
c'est
rester
fidle
au mme
principe,
t ce n'est encore
pas
le dlaisser
que
de
suspendre
le monde
une Pense
suprme,
omme
fait
Aristote,
ar un
suprme
intelligible ui se pense soi-mme, 'est l'tre pos comme vrit.Ces
mtaphysiques
ne sont
pas
seulement
distinctes,
lles
peuvent
l'occa-
sion
s'opposer.
En
effet,
n
transcendental
evient
principe
de division
partir
du
moment
il se
pose
la
place
de
l'tre,
car l'tre nclut
ous
les
transcendentaux,
mais
aucun
transcendental n'inclut
les
autres,
puisque
chacun
d'eux est une dtermination
e
l'tre en tant
qu'tre.
C'est
ce
qui
explique
la
multiplicit
des
mtaphysiques,
eurs dsac-
cords
partiels
en
dpit
d'un accord
profond
t
jusqu'
ce
qui peut
sem-
bler
parfois
des contradictions
ormelles.
nutile
de nier
l'opposition
radicale des intellectualismes
t
des
volontarismes
de tout
genre
de
telles doctrinesn'en ont pas moins eur sourcedans le vrai et le bien^
qui
sont
des
proprits
ranscendentales
e
l'tre,
considr cette
fois
dans
les actes
qui
les
apprhendent.
e
premierprincipe
est
donc
une
ncessit
de
pense
dont
'objet
contient
de
quoi
justifier
lusieurs
hoix:
possibles,
ous
lgitimes
n
tant
qu'ils
trouvent
n
lui
leur
fondement.
Une
proposition
e
ce
genre
fait
contre
elle
l'unanimit
de
ceux
qui
ont
dj
choisi
en admettant
la
possibilit
d'une
certaine
diversit
dans
l'interprtation
u
principe,
elle semble
faire
dpendre
a vrit
d'une libre
dcision
de
la
volont,
ce
qui
revient
en
ruiner
a ncessit*
Mais, en fait,cettediversit xiste et la meilleure
manire
de la
rduire
est
peut-tre
d'en
comprendre
d'abord
l'origine.
Ensuite,
il s'en faut
que
les dcisions
de cet ordre
oient
arbitraires
chacune
d'elles
exprime,
au
contraire,
'intention
e
donner
on assentiment la
vrit.
l
y
aurait
arbitraire
'il
s'agissait
d'opter
entre
des
partis
galement cceptables
l'intellect
mais
il
n'y
a
jamais d'options
pures
dans la recherche
e
la
connaissance,
ar
la
pense
y
suit
normalement
ertaines
gles
gnrales
dont l'efficace
st
connue,
ou
bien
elle dfre
une
sorte de
sentiment
confus
de ce
qu'elle
croit
tre
a vrit.
La
recherche
mathmatique
st
faite
de
choix
successifs,
ous
lgitimes
n eux-mmes
t
dont
pourtant
il faut avoirfait 'preuve usqu' ce que l'on ait trouv a bonnerponse
la
question.
l en va de mme
en
mtaphysique.
A moins
que
la
pense
ne se
jette
tout entire
t
de
prime
bord
du
ct
d'un seul
des transcen-
dentaux,
elle
procde
ce
qui
n'est
pas
une
option
arbitraire,
mais
un
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16/26
De
la
connaissance
du
principe
choix
rflchi.
Nier
qu'il
y
ait
place
pour
un tel
choix
dans la
recherche
de la vrit, 'est simplement ouloir mposer ux autres,par voie d'au-
torit,
elui
que
l'on a
fait soi-mme.
Excellente
pour
s'assurer dans
la
jouissance
personnelle
de la
vrit,
cette
mthode ne
permet
ni
de
la
justifier
i
d'y
gagner
es
autres.
Lgitime
n
soi,
elle
ne
doit
pas
interdire
d'autres
maniresde
philosopher.
En
prsence
de
possibilits
ntelligibles
iverses,
a
pense qui
ne se
fie
pas simplement
u hasard
se
laisse
ordinairement
uider
par
un ins-
tinct
divinatoire
ui
la conduit
du
ct
de
la
vrit a
plus
riche
d'intel-
ligibilit.
Cette
vrit est
par
l
mme
celle
qui
permet d'ordonner,
n
les
justifiant,
e
plus
grand
nombred'autres vrits. Elle n'est
pas plus
vraie que les autres,mais elle l'est d'une vriten quelque sorte ant-
rieure
la leur
et,
commeon
dit,
plus
haute.
Le
choix
faire
n'est donc
pas
alors entre
e
vrai
et le faux une fois
ngage
dans le
transcendental
convertible
vec
l'tre,
a
pense
ne
peut
hsiter
qu'entre
des
vrits,
t
puisqu'elle
ne
saurait
vouloir en
sacrifier
ucune,
le
seul
objet
de
choix
qui
lui reste
concerne 'ordre tablir
entre elles.
Cet ordre n'a
rien
de
srcret.
l
consiste
disposer
es vrits elon
qu'elles
se
conditionnent
les
unes
es
autres,
vec
le dsir
d'arriver
connatre
elle
dont
toutes es
autres
dpendent
et
d'y
donner son
assentiment,
uelle qu'elle
soit. Il
n'est
pas
seulement
nhumain,
l
est contraire
la
philosophie
de
pr-tendre dterminera vrit sans tenir compte des dispositions ubjec-
tives
de
celui
qui
la
cherche.
La
vrit
est le
bien de
l'intellect,
nul ne
la
trouve
qui
ne la dsire
et l'aime
;
nul
ne
la
saisit
qui
ne soit
d'abord
rsolu
l'accueillir
parce
que, quelle qu'elle
soit,
c'est elle
qu'il
aime.
Un tat
de
disponibilit
ntrieure
otale,
non
pas
tout,
mais
la
vrit
seule,
est
la condition
premire
u
succs
dans sa
recherche.Rien n'est
plus
rare. Une
exprience
n
peu
longue
en ces matires
ait,
u
contraire,
assez voir
que
la
vrit st
un
obstacle
plus
difficile vaincre
que
l'erreur
dans
la
poursuite
de
la vrit.
En
effet,
uand
on demande
un
philo-
sophe
de
dplacer
on
point
de vue
sur
e
premier rincipe,
l
pensequ'onlui demandede
l'abandonner,
et
puisque
tout transcendental st
vrai,
c'est
le
vrai
qu'il
refusede
trahiren maintenant
on
point
de
vue.
La
strilit es
discussions
mtaphysiques
ne
tient
pas
ce
que
des
prin-
cipes
vrais
chouent fairereconnatreeur
vrit,
mais
plutt
ce
que
l'attachement
des vrits
partielles
nterdit
'accs
de
la
vrit
abso-
lue.
Cet attachement
peut
avoir
les
causes les
plus
diffrentes.
i
l'on
pense
l'histoirede la
philosophie
chrtienne,
ar exemple,
on
obser-
vera
que,
transport
ur
le
terrain
de
la
philosophie,
e
celui
de la
pit
o il est en effet
remier,
'amour de
l'amour
est un
des
plus
srieux
obstacles la reconnaissance e la primautde l'tre. C'est que le pre-
mier
principe
de
quoi
justifier
a
pit,
mais
celle-ci,
mme
ous la forme
de
la
charit,
n'est
pas
le
premier
rincipe.
Dans
les
philosophies ui
se
dveloppent
xclusivement
u
niveau
de la
nature et
de la
raison,
toute
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7/24/2019 De La Connaissance Du Principe tienne Gilson Revue de Mtaphysique Et de Morale
17/26
Etienne
Gilson
tentative
our
mettrea recherche
hilosophique
u
service
'une
cause
quelconque,i elleest autre ue a dcouverteela vrit hilosophique,
conduit
nvitablement
substituer
u
premier rincipe uelque
prin-
cipe
subordonn.es
philosophies
e la
volont,
e
Pefficace,
e
l'action,
de
la
personne,
e
l'humanisme
t d'un
Dasein
qui
ne soit
pas
le
Sein,
tant
d'autres
ncore,
ne
sont
pas
des
philosophies
ausses,
mais
des
vritsmal
ordonnes,
onc
ncompltes
t telles
que
la
part
de vrit
qu'elles
nt
ustement
onscience
e
dtenir
es
empche
e voir
a
vrit
plnire
ui
leur
permettrait
ourtant
eule
de
justifier
elle
qu'elles
dtiennent
t,
en mme
emps,
eur ouvrir 'accs
de celles
qu'elles
ne
voient
as
encore.
Il s'agitdonc,pour 'intellect,'exercerne sortede discernement
l'intrieuru
principe,
n se laissant onduire
ar
'intention
'atteindre
e
dont
'intelligibilit
ropre
conditionne
elle
du
reste.
Nous retrou-
vons
ci une aire
ouvent
xplore
ar
es
mtaphysiciens.
n
peut
mme
dire
qu'ils
'ont
parcourue
n tous
sens,
puisque
'est
celle
du
trait
dit
des
transcendentaux
,
dont e
plus
ancien emble
emonter
u
dbut
du
xme
sicle.
Ce
n'est
pas
ici
e
lieu de le
refaire
ne
fois
de
plus,
mais
nous devonsdu
moins
noter
ue,
de
quelque
manire
u'il
procde,
e
mtaphysicien
'y
trouve ux
prises
vec une srie
de notions
ui
ouent
les
unes
dans
les
autres t
participent
es unes
des
autres
parce
que
toutes ignifient'tremme ousun certain apport. a dialectiquee
l'tre t de 'un
remonte
Platon,
elle
de
'tre
t
du
vrai
tteinton
plein
dveloppement
hez
Aristote,
elle
de
'tre
t du bien
st
un deslments
majeurs
du
no-platonisme,
ais le
platonisme
ncluait
dj
les
trois
dialectiques,
inon sous
leur
forme
ystmatique,
u
moins
quant
leurs
ntuitions
nratrices.
insi e sont
progressivement
onstitues,
au sein de
l'ontologie,'enologie,
'althologie,'agathologie
t
mme,
si l'on veut
y
faire
lace
cette
dernire
enue,
a
callologie.
hacune
de ces considrations
istinctes
ntre
tout
moment
ur e terrain
e
sesvoisines,arceque l'un estl'tre ui-mmele vrai, 'tre dquate-ment onnu le
bien,
'tredsirableomme
tteignant
a
plnitude
e
son
actualit, u,
comme
n
dit,
a
perfection.
uant
u
beau,
c'est
tou-
jours
'tre,
maiscette ois
omme ien
de
l'acte
auquel
l
offre
n
objet
d'apprhension
ien
proportionn,
'o
rsultent'admiration
t e
plaisir
qu'il
cause.
l
est
difficilee
parcourir
e
champ ar
a
pense
ans
abou-
tir
la
conclusion
ue
la
notion
nique laquelle
e
rduisent
es autres
est
celle
de l'tre celle de
l'un suit
de
prs,
puisque
a
pense
ne
fait
qu'y
constater
'indivision
e l'tre
avec soi-mme
l'agencement
es
autres
notions,
ui
sont,
dans l'ordre
d'immdiatet
croissante,
e
vrai, e bienet le beau,s'ordonneansdifficult.Cen'est
pas
dire
u'il
n'enreste ucune.Au
contraire,
a
plusgrave
est
incluse
ans
a
notion
remire,
ui
est
celle
de l'tre
mme
nous
en avons
dj signal
a
prsence
t rien
usqu'ici
ne
nous
permis
e
la
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De
la
connaissance
du
principe
lever.
l
fautdonc
ui
faire ace
pour
n
reconnatre
u
moins
a nature
et,sipossible, finire que 'onpourraiteut trenommerneattitude
comprehensive
son
gard.
Pour
e
porter
u cur e a
difficult,
l convient
e
s'interdire
'abord
les
facilits
ue
e
vrai,
e
bien t le
beau
offrent
u discours.
hacune
e
ces
notions
ignifiant
'tre
sous
un
certain
apport
,
et
en
rapport
avec
un
sujet
qui
le
connat,
e
dsire u
l'admire,
l
est ais
de l'in-
clure
dans
un
nombre llimit e
propositions.
l est
facile
de
parler
quand
on
dispose
e deuxtermes o
il n'en
reste
u'un,
a
simple
ue
est seule
possible
t
il est
malais
de
l'exprimer
ans
en
rompre
'unit,
qui
est ici son
objet
mme.
n
effet,
ans 'tonnant
ragment
ont
n
a vu qu'ilcontientngermea totalit e l'ontologie,armnide not
que,
toute
diffrencenterne
mpliquant
e
non-tre
u diffrent
ar
rapport
ce dont l
diffre,
'tre st entirement
dentique
soi-mme.
En
un
sens,
'est
simplement
edire
u'il
est
un,
mais
'unit n
question
devient lors
elle
ui
consisten
sa
parfaite
omognit
vec
soi-mme.
L'tre
n'est
plus simplementos
comme
dentique
soi,
mais
comme
tant soi-mme
ne
parfaite
dentit
ui
exclut toute
possibilit
e
division.
La rflexion
taphysique
'a
fait
au cours
des sicles
ue
prendre
de
plus
en
plus
clairementonscience
es
implications
e cette
xigencefondamentale.onduite sa forme ure,elle lui a donn e nomde
simplicit
. Tout dfaut
e
simplicit,
ar
dfaut
d'homognit
t
d'unit,
st
un dfaut 'tre.
l
fautdonc
que
l'tre
n tant
qu'tre
oit
parfai