de l'age industrelle a la mondialisation

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Séquence 5 De la société industrielle à la mondialisation : économie et société de 1850 à nos jours 1 Séquence 5 – HG11 Sommaire Introduction 1. Croissance économique et économies-monde 2. Mutations des sociétés de 1850 à nos jours © Cned - Académie en ligne

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  • Squence 5

    De la socit industrielle la mondialisation : conomie et socit de 1850 nos jours

    1Squence 5 HG11

    Sommaire

    Introduction

    1. Croissance conomique et conomies-monde

    2. Mutations des socits de 1850 nos jours

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  • 2 Squence 5 HG11

    IntroductionLa rvolution industrielle qui prend son essor dans lAngleterre de la fin du XVIIIe sicle ouvre une priode de croissance conomique sans quivalent dans lhistoire de lhumanit. De nos jours, en Europe et dans lensemble des pays dvelopps, lindustrie tient cependant moins de place que par le pass. Nombre dusines ont ferm, des pans entiers dactivits sculaires comme le charbon, la plupart des usines mtal-lurgiques ont en grande partie cess leur activit pour cder une place, toujours plus importante aux activits tertiaires. Certains conomistes nhsitent dailleurs pas parler dconomie post-industrielle pour dsi-gner lconomie des pays occidentaux (tats-Unis, Canada et pays dEu-rope occidentale ou encore le Japon).

    Il est exact que dans la plupart des pays dvelopps, le secteur secon-daire noccupe gure plus de 20 % de la population active, et la part des ouvriers est partout en dclin.

    Pourtant, la rvolution industrielle, qui dbute en Angleterre dans la seconde moiti du XVIIIe sicle, et les bouleversements conomiques et sociaux quelle a entrans ont t la cause de profonds changements dont nous sommes encore les hritiers :

    E Grce la rvolution agricole, le spectre de la famine disparat pour lessentiel en Europe ( lexception notable de lIrlande, voir : le pre-mier chapitre dhistoire de seconde).

    E Lurbanisation sacclre et se gnralise dans les pays qui connaissent la rvolution industrielle. Alors que les ruraux constituaient de 80 85 % de la population des tats occidentaux vers 1800, la population urbaine reprsente dsormais plus de 80 % des habitants dans len-semble des pays dvelopps.

    E Le passage dune conomie agricole partout le travail de la terre occupe limmense majorit des hommes avant 1800 une conomie industrielle se traduit par laugmentation de la productivit du travail. Et laugmentation de la richesse produite finit par entraner une hausse gnrale du niveau de vie des populations.

    E Avant 1800, les femmes travaillent dans lagriculture le plus sou-vent mais sont pour lessentiel exclues du monde du travail salari. Elles pntrent pourtant, ds la 1re moiti du XIXe sicle dans certains secteurs industriels, en particulier le textile. Cest alors le dbut dun lent mouvement qui a profondment modifi les rapports entre les hommes et les femmes, premire tape vers la libration de la femme et lgalit entre les sexes au sein de la socit.

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  • 3Squence 5 HG11

    E de nouvelles classes sociales apparaissent ou se dveloppent consid-rablement : la classe ouvrire dabord, les classes moyennes ensuite

    E les besoins de la population changent, lenrichissement gnral per-met la majorit, aux tats-Unis dabord, puis dans les autres pays occidentaux, de ne plus se limiter la satisfaction des besoins pri-maires (se nourrir, se loger, se vtir) mais de disposer dun revenu croissant pour des dpenses moins immdiatement indispensables. Le monde entre alors dans lre de la consommation de masse (ou socit de consommation).

    Quelles sont les grandes tapes de la croissance conomique mondiale de 1850 nos jours ? Quelle est la nature et lampleur des changements co-nomiques et sociaux engendrs par celle-ci depuis 1850 ?

    Problmatique

    Plan : traitement de la problmatique

    Problmatique Repres

    1. Croissance conomique et conomies-monde

    A. Les moteurs de la croissance conomique : modes de pro-duction et rvolutions tech-nologiques

    B. Les phases de la croissance conomique depuis 1850

    C. De lconomie-monde la Mondialisation multipolaire

    Croissance conomique Crise conomique Rvolution industrielle Capitalisme Libralisme Fordisme Productivit Economie-monde Trente Glorieuses Socit post-industrielle Economies-monde Monde multipolaire

    tude dun ensemble docu-mentaire : la rvolution de llectricit

    Analyse et lecture dune pho-tographie : Chane de montage des carrosseries aux usines Renault

    Lecture de carte : le rseau ferr europen en 1850 et en 1900

    Commentaire de photographie : photo de Dorothea Lang

    2. Mutations des socits de 1850 nos jours

    A. La population active reflet des bouleversements conomiques et sociaux : lexemple de la France

    B. Limmigration : la place des immigrs dans la socit franaise

    Population active Classe sociale Salariat Urbanisation tat-Providence Socit de consommation Culture de masse Socialisme et marxisme Fminisme

    Lecture de photographie : couple attabl devant une 4 CV (1954)

    Etude de texte : Le temps des Copains dEdgar Morin (extraits)

    Commentaire de textes : la vie des maons du Massif central Paris

    Mthodologie : lecture de gra-phique, la natalit franaise

    Etude documentaire : Les avant-gardes artistiques et la socit industrielle.

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  • 4 Squence 5 HG11

    1 Croissance conomique et conomies-mondeLes moteurs de la croissance co-nomique : modes de production et rvolutions technologiques

    Le monde entre, partir du dbut du XIXe dans la priode de croissance conomique la plus importante quil a jamais connue. Cette croissance conomique, marque par des phases dexpansion et des priodes de crises est rythme par une srie de rvolutions technologiques. On considre dordinaire que trois rvolutions technologiques se succdent des annes 1850 jusqu nos jours :

    E celle de la vapeur et du charbon entre la fin du XVIIIe sicle et la premire moiti du XIXe.

    E celle de llectricit et du moteur explosion dans les annes 1880-1900.

    E celle de linformatique qui prend son essor partir des annes 1960 et sacclre des annes 1980 nos jours.

    n La premire rvolution industrielle, qui dbute en Angleterre vers 1760 lingnieur cossais James Watt fait breveter la machine vapeur qui porte son nom en 1769 fut celle de la vapeur et du char-

    bon. Les applications industrielles de la machine vapeur permet-tent une augmentation consid-rable de la productivit du travail. Celle-ci est particulirement sen-sible dans lindustrie textile (notamment dans lindustrie cotonnire), les hauts fourneaux (fabriquant la fonte et lacier dont lindustrie a besoin), les mines.

    n La rvolution de llectricit et du moteur explosion constituent une nouvelle tape dans le dveloppement de la civilisation industrielle.

    A

    Histoire de llectricit : chronologie

    1871 : le Belge Znobe Gramme invente la premire dynamo, premier gnrateur de courant lectrique.

    1873 : lAmricain Thomas Edison invente la lampe lectrique filament, point de dpart dune aven-ture industrielle qui donnera naissance General Electric en 1892, multinationale qui est aujourdhui une des plus importantes de la plante.

    1880 : lingnieur allemand Werner von Siemens, fondateur de la multinationale du mme nom, invente lascenseur lectrique

    Entre 1896 et 1899, utilisant les travaux du physicien franais Edouard Branly, lingnieur italien Guglielmo Marconi invente la TSF (tlgraphie sans fil).

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  • 5Squence 5 HG11

    Llectricit rvolutionne la vie quotidienne des villes occidentales. Plus pratique et moins dangereuse que le gaz, elle permet dclairer les bou-levards et les rues. Dans les immeubles o elle est prsente, elle per-met, pour la premire fois dans lhistoire de lhumanit, de saffranchir de la nuit. Elle bouleverse encore les transports urbains, aboutissant la cration des premiers tramways lectriques dans les annes 1870 et surtout la construction du mtropolitain (abrg rapidement en mtro). Le mtro de Londres, le premier du monde, dont les travaux dbutent en 1853 est lectrifi ds 1890. Le mtro parisien, lectrifi ds lorigine, ouvre sa premire ligne en 1900.

    La TSF avec ses chansons, ses missions dinformation ou ducatives, fait pntrer le monde extrieur dans lespace priv pour la premire fois (en attendant la tlvision, partir des annes 1950 puis lordinateur personnel partir de la fin des annes 1970). Il faut cependant remar-quer quen raison de son cot lev, la radio reste assez peu rpandue dans les foyers et quelle ne deviendra un produit de grande consomma-tion quaprs linvention du transistor aux tats-Unis en 1947.

    Lascenseur lectrique contribue, quant lui, rvolutionner larchitec-ture des centres- villes en rendant possible la construction de gratte-ciel. Cest lcole darchitecture de Chicago, et en particulier larchitecte amricain William Le Baron Jenney, qui popularise ce type de construc-tion, dabord Chicago puis surtout New York.

    tude dun ensemble documentaire : la rvolution de llectricit

    Le palais de llectricit, Exposition universelle de Paris, 1900, akg-images.

    Document 1

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  • 6 Squence 5 HG11

    Llectricit lExposition universelle de 1900

    Cest alors que retentit un rire trange, crpitant, condens : celui de la Fe lectricit ; [], elle triomphe lExposition ; elle nat du ciel comme les vrais rois. Le public rit des mots : Danger de mort, crits sur les pylnes. Elle sait quelle gurit tout ; llectricit, mme les nvroses la mode. Elle est le progrs, la posie des humbles et des riches ; elle prodigue lillumination []. A lExposition, on la jette par les fentres []. Cest llectricit qui permet ces espaliers de feu de grimper le long de la porte monumentale. Le gaz abdique. []. La nuit, des phares balaient le champ de Mars [], ce ne sont que retombes vertes, jets orchide, orchestration du feu liquide, dbauche de volts et dampre. La Seine est violette, gorge de pigeon, sang de buf. Llectricit [], cest le flau, cest la religion de 1900.

    Paul Morand, 1900, Les ditions de France, 1931.

    Lettre dune paysanne en 1924

    Ne tinquite pas : je ne mennuie plus avec la TSF (Transmission sans fil, cest--dire la radio). On vient me la mettre en marche et jcoute. Cest merveilleux. Jai entendu un roman extraordinaire : Mare-Moto. Cest donn avec tous les bruits, comme si on y tait. Jai entendu Sacha Guitry, et tous les chanteurs. Et puis on na presque plus besoin de me lire le journal. Jai entendu Damia, et Mistinguett qui chantait Mon homme. Ici, les gens ne trouvent pas a convenable. Bien sr, cest un peu os, mais aprs tout jai connu des femmes, mme au village, qui avaient un homme dans la peau , et ce nest pas monsieur le cur qui peut en juger .

    Lettre dicte par une paysanne briarde aveugle en 1924, cite par D. Desanti, La femme au temps des Annes folles, Stock, 1984.

    1 Quelle est la nature des documents ?

    2 En quoi llectricit apparat-elle une rvolution technologique ?

    3 Pourquoi Paul Morand utilise-t-il lexpression consacre, la Fe lectricit ? Llectricit na-t-elle pas un ct magique pour les hommes du dbut du XXe sicle ? Justifiez votre rponse.

    4 Pourquoi peut-on dire, en analysant le document 3, que llectricit constitue une rvolution dans la vie de la femme voque par le texte ?

    Rponses page suivante EE

    Document 2

    Document 3

    Questions

    Conseils gnraux

    E Avant de vouloir rpondre aux questions, prendre le temps danalyser les documents deux ou trois reprises si ncessaire, avant

    de se prcipiter sur les questions. Ltude de documents ne consiste pas lire les docu-ments de manire transversale en allant la

    lire avant de rpondre aux questions

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  • 7Squence 5 HG11

    Rponses page suivante EE

    pche la rponse . Ceci aboutit le plus souvent au mieux, des rponses incom-pltes, et bien souvent une paraphrase, ce qui est videmment proscrire. La para-phrase est souvent le premier dfaut des copies des candidats qui choisissent ltude documentaire au baccalaurat. Il ne sagit jamais de recopier des morceaux entiers de texte, il sagit de montrer au correcteur quon a compris les documents et quon est capable de mettre en exergue leur intrt. Nanmoins, citer une phrase, un morceau de texte pas trop long afin de dmontrer ce que vous crivez est au contraire trs bienvenu. Cela montre que vous avez su vous appro-prier le document.

    E Dans le cadre dune analyse de document iconographique, ne jamais se contenter dun vague coup dil. Essayez de hirarchiser les plans (1er, 2e plan, arrire-plan, etc.), de com-prendre ce que le document cherche mettre en valeur par la composition (quel lment est le plus visible ? Gnralement, il se trouve au centre de limage, mais pas toujours), par le choix des couleurs (vives, sombres), le choix des contrastes (zones de clart, zones dombre) sil sagit dune image en noir et blanc, quels sont les sentiments (tonne-ment, merveillement, rejet, dgot, etc.) quil cherche faire natre chez le spectateur.

    E Prendre le temps de bien observer, ce nest pas une perte de temps ; cest au contraire la meilleure faon de russir lexercice propos.

    E Pensez prter attention aux dates et la source qui figurent sous les documents. Dans certains cas, comme dans le document 2 qui vous est ici propos (lextrait dun ouvrage de lcrivain Paul Morand) la date ddition, 1931, ne concorde pas avec celle de lv-nement voqu (lExposition universelle de Paris, en 1900). Attention cependant aux conclusions htives. Dans le document 3, la source, en loccurrence un livre de lhisto-

    rienne Dominique Desanti, date de 1984 mais le texte qui vous est propos nest pas de lhistorienne. Elle sagit dune lettre de 1924 qui est donc contemporaine des vnements quelle voque.

    Remarques introductivesDocument 2E Le champ de Mars : vaste jardin public du

    VIIe arrondissement de Paris, situ aux pieds de la Tour Eiffel.

    E Le gaz abdique , lauteur fait ici rfrence lclairage public des villes qui, jusquau dbut du XXe sicle, se faisait au gaz.

    Document 3E Mare-Moto : pice radiophonique de Pierre

    Cusy et de Gabriel Germinet (1924). Mare-moto est un mot espagnol qui dsigne un tsunami. La pice de Gabriel Germinet raconte le rcit dun naufrage. Cest la pre-mire pice crite spcifiquement pour la radio et qui, en consquence utilise les res-sources de celle-ci, en loccurrence le son, en multipliant les bruitages, notamment pour la tempte.

    E Sacha Guitry (1885-1957), grand auteur franais, en particulier connu pour ses pices de thtre et ses films.

    E Damia (1889-1978) et Mistinguett (1875-1956) chanteuses franaises clbres dans lentre-deux-guerres.

    E Mon Homme , chanson de Maurice Yvain et dAlbert Willemetz qui raconte lamour fatal dune femme pour un homme qui la bat et lui prend son argent. Grand succs de lentre-deux-guerres.

    E Ladjectif briarde renvoie la Brie, grande rgion agricole qui situe lest de Paris, elle dbute aux alentours de Meaux (Seine-et-Marne).

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  • 8 Squence 5 HG11

    1 Le premier document est une lithographie ralise loccasion de lExposition universelle qui se tient Paris davril novembre 1900.

    Le deuxime est lextrait dun livre de lcrivain franais Paul Morand. La date ddition qui figure sous texte (1931) nous permet de sup-poser quil sagit dun rcit voquant les souvenirs de jeunesse de lauteur.

    Le troisime document est une lettre de 1924, cite dans un ouvrage historique de 1984.

    2 Le document 1 nous montre le palais de lElectricit illumin de mille lumires dans la nuit. La Fe lectricit , cest le progrs, elle pro-digue lillumination . Les villes, mal claires par le gaz, voques par Paul Morand la fin du document 2, seront dsormais illumines. Llectricit ne permet pas seulement une rvolution des transports urbains, elle est source de lumire et lobscurit millnaire de la nuit sefface dsormais devant le gnie de cette nouvelle invention humaine. Llectricit ne modifie pas seulement le cadre urbain en affranchissant la ville de lobscurit de la nuit et en rvolutionnant les transports urbains, elle permet galement de changer galement profondment la vie prive. Cest grce llectricit, nouvelle source dnergie, que la TSF fait son entre dans les foyers comme dans celui de cette paysanne de la Brie, en 1924 (voir : doc 3).

    3 Lexpression la Fe lectricit nous dit quel point cette nou-velle invention a pu apparatre comme quelque chose de magique aux hommes du dbut du XXe sicle (Remarque : Ne commencez pas votre rponse par une formule du type OUI ou NON - llectricit a un ct magique ! Cest maladroit et parfaitement inutile !). Le docu-ment 1 nous montre un palais digne des contes de fes. Avec ses tor-rents de lumire qui jaillissent du palais, llectricit a quelque chose de surnaturel. Grce elle, la nuit, des phares balaient le Champ de Mars . Les lumires repeignent ainsi la Seine qui prend des teintes violettes, semblables celles de la gorge dun pigeon, ou rouges, comme le sang dun buf. Grce llectricit, la ralit, en loccur-rence le ciel de Paris et la Seine, est transfigure.

    4 La femme voque par le texte est une paysanne briarde qui dcrit, dans une lettre, en quoi larrive de la TSF a rvolutionn sa vie. La TSF lui permet dsormais de souvrir sur le monde. Elle est enthousias-me par le rcit radiophonique, Maremoto, quelle vient dentendre, en particulier les bruitages. Cest comme si les chanteuses la mode, Damia, Mistinguett chantaient dsormais pour elle. Elle peut se culti-ver en coutant Sacha Guitry et prendre connaissance des nouvelles du monde grce aux informations.

    La sensation de libert nouvelle est sans doute accentue par le fait que lauteure de cette lettre est aveugle mais il nen demeure pas moins quavec la TSF, pour la premire fois, le monde extrieur pntre pleinement lintimit du foyer mme si cela ne se fait pas sans diffi-cult. La lettre nous montre en effet que certaines femmes du village et que le cur sont choqus par le ton de certaines chansons comme

    Rponses

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  • 9Squence 5 HG11

    Mon homme. La morale rurale de lpoque a des difficults accepter ce type de distraction mais on peut supposer que cette opposition est galement due la jalousie dans la mesure o, dans les annes 1920, et plus encore dans les campagnes, la TSF demeure un objet onreux et rare.

    1. La rvolution de lautomobile

    Document 4

    The first oil well akg-images.

    Un des premiers derricks construit Titusville (Pennsylvanie) par le colonel Drake en 1859. Le Colonel Edwin Drake est ici au premier plan, droite, devant un derrick de 23 mtres de hauteur.

    Histoire de lautomobile : chronologie

    1859 : Titusville, Pennsylvanie (Etats-Unis), le colonel Drake lance lexploitation indus-trielle du ptrole.

    1863 : cration de la Standard Oil par John D. Rockefeller.

    1889 : lingnieur allemand Gottfried Daimler met au point sa premire automobile. Il cre une entreprise automobile qui prendra le nom de Mercedes-Benz en 1926.

    1891 : lancement des firmes automobile franaises Panhard et Levassor et Peugeot.

    1898 : Louis Renault construit sa premire voiture.

    1908 : lAmricain Henry Ford met au point la Ford T, la premire voiture populaire.

    1946 : la rgie Renault lance la premire voiture populaire en France la 4 CV (prononcez 4 chevaux).

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  • 10 Squence 5 HG11

    partir du dbut du XXe sicle, lindustrie automobile simpose comme un des secteurs phares de lconomie et le demeure encore aujourdhui.

    Les premiers travaux sur le moteur explosion datent de la premire moiti du XIXe sicle mais cest seulement dans les annes 1890 que cette technologie trouve son application avec la naissance de lindustrie automobile (voir le tableau ci-dessus).

    Des pionniers de gnie Ren Panhard et mile Levassor, Armand Peu-geot en France, Gottfried Daimler en Allemagne, Henry Ford aux tats-Unis se lancent dans cette nouvelle activit industrielle qui connat un dveloppement extrmement rapide. Cest aux tats-Unis quHenry Ford a lide de dvelopper la premire automobile pour les classes populaires, cest la fameuse Ford T popularise par le cinma burlesque amricain des annes 1910-1920. Pour abaisser les cots de fabrica-tion, il met en place, ds les annes 1910, un nouveau mode de produc-tion appel le fordisme. Celui-ci reprend en partie les thories de lin-gnieur Frederick Taylor (appeles Organisation scientifique du travail ou taylorisme) en gnralisant le travail la chane et lintressement des ouvriers afin de leur faire accepter laugmentation considrable des cadences de travail.

    Analyse dune photographie

    Chane de montage des carrosseries aux usines Renault, Boulogne-Billancourt, 1931.

    Exercice

    Document 5

    Jacques Boyer/Roger-Viollet.

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  • 11Squence 5 HG11

    1 Quelle est lactivit des ouvriers que vous pouvez voir sur la photo-graphie ?

    2 Expliquez en quoi consiste le travail la chane daprs ce document ?

    3 Pouvez-vous expliquez pourquoi ce type dactivit a pu gnrer une opposition de la part du monde ouvrier ?

    1 On remarque deux postes de travail. gauche de la photographie, les ouvriers mettent en place la carrosserie, tenue par des chanes, sur le chssis de lautomobile. droite, les ouvriers semblent travailler sur le moteur du vhicule.

    2 On peut remarquer que les vhicules sont placs sur un rail qui per-met de les dplacer la fin de chaque opration.

    3 Les tches quon peut observer sur cette photographie sont extrme-ment rptitives, en particulier celles de droite. Louvrier que lon voit de dos doit sans doute visser le mme boulon tout au long de la jour-ne. Ces mthodes de travail se gnralisent dans lindustrie, aux tats-Unis et en Europe aprs la Premire guerre mondiale et connat son ge dor dans les annes 1950 malgr la dnonciation du carac-tre alinant de ce type dactivit par les syndicats ou par certains artistes, en particulier Fritz Lang dans Mtropolis (1927) ou Charlie Chaplin dans son film intitul les Temps Modernes (1936).

    Lautomobile poursuit son essor aprs la Seconde guerre mondiale, notamment en Europe, o les grands constructeurs se mettent leur tour produire des voitures populaires comme la 4 CV en France. Pro-duit phare de la socit de consommation, lautomobile est vante par la publicit comme un symbole dindpendance et de libert.

    Lautomobile contribue modifier les paysages urbains avec la construc-tion dautoroutes urbaines au cur des grandes villes amricaines (lexemple par excellence tant Los Angeles), ou encore la voie Georges Pompidou sur les berges de la Seine, Paris. Les pays dvelopps se couvrent galement de voies rapides, partir des annes 1950, afin de rpondre laugmentation du trafic automobile et routier, le transport routier de marchandises tendant prendre le pas sur le transport ferro-viaire ds les annes 1960.

    Les annes 1980 voient cependant un changement. Les populations euro-pennes en particulier sont dsormais plus sensibles aux thmes co-logiques et limage de lautomobile devient plus ambivalente. Mme si elle peut continuer faire rver, elle devient aussi synonyme de pollution atmosphrique et sonore, dembouteillages, daccidents de la route

    Questions

    Rponses

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  • 12 Squence 5 HG11

    2. La rvolution informatique: la troisime rvolution industrielle

    Les technologies de linformation et de la tlcommunication (TIC) dbu-tent leur essor, dabord aux tats-Unis, dans les annes 1950. Elles sont lorigine souvent lies, dans le contexte de la guerre froide, aux activi-ts militaires et au Pentagone (Ministre de la Dfense amricain). Les travaux mens dans les universits californiennes de Stanford (Silicon Valley) et de UCLA (University of California, Los Angeles) aboutissent en 1972 la mise au point du courrier lectronique, suppos permettre lchange dinformation en dpit de la destruction des rseaux tlpho-niques par une ventuelle attaque nuclaire

    Ds le dbut des annes 1980, linformatique envahit tous les domaines de lconomie : la bureautique (activits de bureau), la gestion dentreprise, les activi-ts financires. Ds 1986, la City (centre daffaires de Londres) met en place un rseau de transaction informatis qui permet la bourse de Londres dtre relie 24 heures sur 24 aux autres places finan-cires de la plante. Linforma-tisation des transactions sest depuis lors gnralise toutes les grandes places boursires de la plante gnrant une accl-ration et une augmentation expo-nentielle des flux financiers. Sans

    linformatique, la mondialisation financire (galement nomm partir de langlais, globalisation) naurait pas t possible.

    A partir des annes 1980, linformatique envahit galement lespace priv avec la vogue du PC. Dabord rserv une lite sociale, celui-ci se dmocratise au cours des annes 1990, la plupart des machines tant dsormais fabriques, non aux tats-Unis, mais dans des pays dEx-trme-Orient bas salaires. Linternet acclre encore cette rvolution. Il y aurait aujourdhui 1,59 milliard dinternautes. A travers lordinateur ou la tlphonie mobile, linformatique occupe dsormais une place cen-trale dans la vie quotidienne de la plupart des Occidentaux

    Les grandes dates de linformatique

    1947 : invention du transistor la Silicon Valley

    1958 : lAmricain Jack Kilby invente le premier cir-cuit intgr.

    1972 : mise en place, aux tats-Unis, du rseau de tlcommunication ARPANET, aux finalits essen-tiellement militaires. Cest lanctre du rseau INTERNET.

    1977 : la firme Apple lance lApple II, le premier ordinateur familial.

    1981 : la firme amricaine IBM met en vente le pre-mier PC (personnal computer) de lhistoire.

    1992-1995 : apparition du rseau INTERNET (cour-rier lectronique, web).

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  • 13Squence 5 HG11

    Les phases de la croissance conomique depuis 1850

    1. Lconomie capitaliste : une conomie cyclique

    Lessentiel du XIXe, marqu par une croissance de 1 2 % par an, consti-tue une priode dessor pour lconomie mondiale. La croissance nest cependant jamais continue. Les priodes dessor conomique cdent rgulirement la place des priodes de crise. La crise peut apparatre comme un phnomne inhrent lconomie capitaliste et depuis sa naissance, lconomie capitaliste a altern phases de croissance et de dpression.

    Ces crises, loin dannoncer la fin du capitalisme comme lont cru un temps Karl Marx puis, sa suite, Lnine, constituent en fait des phases dajustement des conomies. Ds les annes 1860, lconomiste fran-ais Clment Juglar mit en lumire lexistence de cycles conomiques de 8 10 ans alternant priodes de croissance et priodes de dpression ou de stagnation. Ceci correspond ce quon appelle le cycle de Juglar. En 1926, lconomiste russe Nicola Kondratieff mit en vidence lexis-tence de cycles longs (cycle de Kondratieff), de 40 60 ans, alternant une phase de croissance, appele phase A, et une phase de dpression, appele phases B. Le passage dune phase lautre est marqu par lclatement de la crise proprement dite.

    2. Les cycles de la croissance

    La phase A dessor dbute au lendemain des guerres napoloniennes (1815) prend fin avec la crise de la fin des 1840s qui dbuta, comme les crises conomiques dancien type, par une crise de subsistance et se poursuivit par une crise industrielle.

    La crise des annes 1870, qui se poursuit jusquaux annes 1895, est marque par les difficults du secteur agricole et laugmentation des tarifs douaniers en Allemagne, puis en France (protectionnisme). Lco-nomie mondiale entre alors dans une phase B.

    La phase A qui prend son essor la toute fin du XIXe sicle est brutale-ment interrompue par la 1re guerre mondiale. Dans les annes 1920, passe la priode de Reconstruction, en particulier en France, la crois-sance conomique est globalement moins forte quavant guerre.

    La premire guerre mondiale puis lentre-deux-guerres sont marqus par une relative stagnation, notamment visible dans lvolution du com-merce international. Cette tendance la fermeture des conomies sur leur espace national ou colonial, particulirement visible dans le cas de lconomie franaise, est encore renforc par la crise de 1929.

    B

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  • 14 Squence 5 HG11

    n La crise de 1929 : la grande dpression

    Lanne 1929 est celle de la crise conomique la plus grave de lhistoire du capitalisme en raison de ses consquences sociales et politiques.

    La crise clate le 24 octobre 1929 avec le krach de Wall Street, cest le fameux Jeudi noir o la bourse perd 10 % en une seule journe. Dans les jours qui suivent le cours des valeurs continue chuter et la crise financire se transmet lensemble de lconomie. Lagriculture est par-ticulirement touche avec leffondrement des cours des produits agri-coles. Les photographies de Dorothea Lange tmoignent de la misre qui touche alors le monde rural amricain et notamment ces Okies (paysans de lOklohoma) et ces Arkies (paysans de lArkansas) galement ruins par le Dust Bowl (sries de tornades et de vents extrmement violents qui ravagea les terres agricoles du centre des tats-Unis dans les annes 1930.

    Les difficults sont galement terribles dans lactivit industrielle. Les usines Ford de Dtroit, symbole de la prosprit, employaient 128 000 employs en 1929. Elles nen emploient plus que 37 000 en 1931 Au dbut des annes trente, plus 20 % de la population active amricaine est alors au chmage. Cette situation sociale dramatique contribue la victoire lectorale du candidat dmocrate, Franklin Delano Roosevelt, llection prsidentielle de 1932. Celui-ci propose au peuple amricain une nouvelle politique conomique, le New Deal (la Nouvelle Donne) qui fait de ltat un acteur majeur de lconomie. Roosevelt semploie alors crer un Welfare State (tat-Providence) avec des mesures comme la cration de la CWA (Civil Work Administration) qui emploie 4 millions de chmeurs, pour la construction de 80 000 km de routes secondaires et de la TVA (Tennessee Valley Authority), vaste programme, essentiel-lement financ par ltat, consistant construire une srie de barrages hydrolectriques dans la valle du Tennessee. En 1935, Roosevelt cre une assurance chmage finance par les employeurs et une assurance vieillesse finance par les employeurs et les employs. Cette politique, en partie inspire des ides de lconomiste britannique John Meynard Keynes met provisoirement fin lre du capitalisme libral o le rle de ltat dans lconomie se limitait pour lessentiel garantir la paix sociale et fixer les droits de douane.

    Au niveau mondial, la fermeture des conomies nationales conscutive la crise, se traduit par une guerre des monnaies (dvaluations succes-sives) et des tarifs douaniers (augmentation des tarifs douaniers pour freiner limportation des produits trangers), autant dlments qui jou-rent sans doute un rle non ngligeable dans lclatement de la Seconde Guerre mondiale.

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  • 15Squence 5 HG11

    Commentaire dune photographie

    Mre de famille travailleuse itinrante, Photographie de Dorothea Lange, 1936.

    akg-images.

    1 Observez la date et le lieu de cette photographie. Que pouvez-vous en dduire ?

    2 Dcrivez la scne reprsente par cette photographie.

    3 Pourquoi la photographe a-t-il photographi cette femme dans une telle situation ? Qua-t-elle cherch montrer par cette photographie ?

    1 Cette photographie a t prise en 1936, par la photographe Dorothea Lange, aux tats-Unis. Elle nous montre que cette femme est une des victimes de la crise et du Dust Bowl.

    2 Cette femme allaite son enfant. Elle semble particulirement marque par la fatigue, la souffrance et les privations, alors que la photographe nous apprend son ge : 32 ans. Elle est en haillons et vit sous un abri de fortune, une simple couverture tendue sur des piquets de bois.

    3 Dorothea Lange a voulu montrer ses compatriotes une autre Am-rique, celle des dmunis, celle de ces paysans du centre des tats-Unis, de lOklahoma et de lArkansas, qui dj terriblement prouvs par la crise de 1929, ont fini dtre totalement ruins par le Dust Bowl. La scne quelle choisit, une femme encore jeune mais prmaturment vieillie par la misre nourrissant son enfant, a pour objet dmouvoir les spectateurs sur le sort de ces compatriotes dshrits.

    Exercice

    Document 6

    Questions

    Rponses

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  • 16 Squence 5 HG11

    3. Les Trente Glorieuses 1945-1973 et lexplosion du commerce mondial

    La fin de la Seconde Guerre mondiale marque le dbut dune priode de croissance conomique sans prcdent pour les pays occidentaux et le Japon. Lexpression Trente Glorieuses , qui dsigne cette priode, a t invente par lconomiste franais Jean Fourasti dans un livre de 1979 (Les Trente Glorieuses ou la rvolution invisible de 1946 1975) pour dsigner les formidables bouleversements conomiques et sociaux que la socit franaise connat alors.. Au cours des Trente Glorieuses, les pays dEurope de lOuest, en particulier la France, et le Japon ont une croissance conomique variant entre 3 et 5 % par an en moyenne. LEurope occidentale rattrape alors les tats-Unis et redevient le premier espace conomique mondial ds la fin des annes 1960. La priode est marque par une hausse rapide du niveau de vie et par lentre dans la socit de consommation en raison de la disparition quasi totale du chmage, de la hausse gnrale des salaires et de la gnralisation en France, en Allemagne, mais aussi en Grande-Bretagne sous le gouverne-ment travailliste de Clement Attlee (1945- 1951) et dans une moindre mesure en Italie, de ltat-Providence.

    La croissance conomique est par ailleurs vigoureusement soutenue par lexplosion du commerce mondial. Cette volution sexplique notam-ment par les accords du GATT (General Agreements on Tariffs and Trade, qui donne naissance lOMC Organisation mondiale du commerce en 1995) signs Genve en 1947, sous lgide de lO.N.U.. Ils visent la suppression progressive des droits de douane et la gnralisation du libre-change la plante. Dans le contexte conomique des Trente Glorieuses, les changes de marchandises explosent. Les flux mari-times, les plus importants pour les marchandises, passent de 550 M de t en 1950 plus de 7 MM de t en 2004. Cette ouverture des conomies nationale contribue largement la croissance conomique en gnral.

    4. Les deux chocs ptroliers de1973 et1979 et la fin des Trente Glorieuses

    Le 1er choc ptrolier de 1973, consquence indirecte de la guerre du Kippour opposant Isral aux tats arabes du Proche-Orient (voir la Squence 5 du cours) provoque une brusque envole des prix du ptrole et met brutalement fin la croissance. En fait, les changes commer-ciaux internationaux avaient eu tendance se contracter ds la fin des annes 1960. De mme, le chmage avait fait une timide rapparition ds cette priode. Nanmoins, aprs 1973, les faillites se multiplient dans les pays occidentaux, notamment dans les industries de main duvre (sidrurgie, textile, automobile, charbonnages) et le chmage devient nouveau une constante de la vie conomique comme il lavait t au XIXe sicle et dans la premire moiti du XXe sicle. En 1979, la

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  • 17Squence 5 HG11

    rvolution iranienne faisant craindre une pnurie ptrolire provoque le second choc ptrolier, renchrissant encore le cot de lnergie.

    En 1979, le nombre de chmeurs augmente de 29 % en Allemagne fd-rale, de 65 % au Royaume-Uni. En 1980, on compte plus d1,5 millions de chmeurs en France, soit 7,3 % de la population active, linflation senvole et la croissance conomique scroule.

    5. Lconomie mondiale lre de la Mondialisation

    Le concept de Mondialisation, forg dans les universits amricaines partir des annes 1960 se rpand dans les mdias partir des annes 1990 pour dsigner cette explosion des changes matriels et imma-triels (par exemple les flux dinformations, de capitaux), des flux touristiques ou migratoires et des conomies mondiales de plus en plus interdpendantes les unes par rapport aux autres Les tats-Unis demeurent le centre de lactuelle mondialisation, au travers du poids de leurs activits financires, Wall Street, New York, reste de trs loin la premire bourse du monde du monde, et de leur avance dans le domaine des hautes technologies en gnral et des TIC en particulier. Les annes 1990-2000 sont nanmoins marques par lmergence dun monde de plus en plus multipolaire avec la formidable croissance conomique de la Chine qui fait dsormais de ce pays le premier concurrent de la puis-sance amricaine ct de lEurope de lOuest et du Japon.

    6. La drgulation gnralise de lconomie et la Globalisation

    Les annes 1980-2000 sont marques par la drgulation de lcono-mie mondiale dans la foule de la politique conomique de Ronald Rea-gan. Cest le secteur de la finance qui fait lobjet de la drglementation la plus totale. Les tats abandonnent aux marchs boursiers le contrle de lactivit financire. Aux quatre coins de la plante, dans les annes 1980, les flux financiers explosent donc en mme temps que les profits des investisseurs, cest ce quon appelle la mondialisation financire ou globalisation . La spculation boursire se poursuit un rythme effrn jusqu nos jours en dpit de crises ponctuelles et de krachs boursiers comme celui de 1987, la crise asiatique de 1997 ou encore lclatement de la bulle Internet en 2000 qui se traduit par lcroulement de lindice NASDAQ (cest--dire lindice des valeurs de haute technolo-gie la bourse de NewYork).

    La faillite de la banque dinvestissement Lehman Brothers en 2008, aux tats-Unis, fragilise une grande partie du systme financier et bancaire international et marque le dbut de la crise dans laquelle nous nous trouvons actuellement : faillite de pays entiers comme lIslande, la Grce

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  • 18 Squence 5 HG11

    ou de lIrlande, menaces sur la stabilit de leuro, monte du chmage, notamment aux tats-Unis (actuellement plus de 10 % de la population active sont au chmage aux tats-Unis), ralentissement de la croissance conomique mondiale, hormis en Chine

    Les conomies-monde successives (Grande-Bretagne, tats-Unis, conomie multipolaire)

    1. Les conomies-monde successives

    La notion cl dfinir ici est bien celle dconomie monde, forge par lhistorien Fernand Braudel la fin des annes 1940 : selon lui, il sagit dun morceau de la plante conomiquement autonome, capable pour lessentiel de se suffire lui-mme et auquel ses liaisons et changes confrent une certaine unit . On peut rappeler que, dans lesprit de Braudel, cette notion apparat avec les Grandes Dcouvertes de la fin du XVe sicle et se manifeste dabord lchelle de villes, ports domi-nants de lconomie europenne. Cette conomie-monde est dabord lchelle des cits-tats italiennes, tournes vers la Mditerrane et lOrient avant de se dplacer vers le Nord de lEurope : villes hansa-tiques, Provinces-Unies (Pays-Bas) puis Grande-Bretagne partir du milieu du XVIIIe sicle. Cette notion ne se rfre donc pas uniquement un niveau de richesse, mais bien un rle de centre dimpulsion des changes mondiaux.

    Lconomie monde britannique (1850-1914)

    OcanAtlantique

    Ocan

    Pacifique

    Ocan

    Indien

    84

    92

    79

    53121

    316

    197

    65

    110

    88

    4250

    3700

    1800

    1850

    1050

    2800

    2000

    ROYAUME-UNICanada

    Argentine

    AmriqueLatine

    Inde

    Japon

    gypte

    Pays-BasAllemagne

    France

    Londres

    SoudanGhanaNigria

    Rhodsie

    Knya

    tats-Unis

    Australie

    Nlle Zlande

    Afriquedu Sud

    Europe

    Royaume-Uni et dominionsbritanniquesAutres territoires de lEmpire

    Pays de culture anglo-saxonne

    Principaux marchs pour les exportationsbritanniques en 1912 (en millions de $)Principale place financirePlacements britanniques ltrange(en millions de $ en 1914)

    C

    Document 7

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  • 19Squence 5 HG11

    Lconomie-monde amricaine son apoge dans les annes 1970

    TATS-UNIS

    6

    12

    10

    7

    85

    75

    80

    50

    100

    NOUVEAUX PAYSINDUSTRIALISS

    D'ASIE

    AUSTRALIENOUVELLE-ZLANDE

    AMRIQUELATINE

    AFRIQUE

    MOYENORIENT

    tats lis par une alliance aux tats-Unis

    Importations amricaines (en milliards de $)

    Directions rgionales de CNN hors tats-Unis

    Centre financier

    Flottes amricaines

    Principales bases amricaines

    Une conomie mondiale dsormais multipolaire

    OcanIndien

    OcanAtlant ique

    Ocan Paci f ique

    Brsil

    Sngal

    Nigria

    Afrique du Sud

    Argentine

    Mexique

    tats-Unis Canada

    Russie

    Inde

    Chine

    JaponAustralie

    Indonsie

    gypte ArabieSaoudite

    Roy-Uni

    FranceAllemagne

    Italie

    TelesurCNN

    Fox NewsNHK World

    ChannelNews Asia

    Al Arabiya

    Euronews

    TV5 Monde

    BBC WorldDeutsche

    Well

    Medi 1 Sat Al jaziraEnglish

    RussiaToday

    CCTVInternational

    Membres permanents duConseil de Scurit delONU et membres du G20

    Autres membres du G20

    LUE, membre du G20,est reprsente par lePrsident du conseilet celui de la Banquecentrale europenne

    Principales chanestlvisuelles internationales

    Pays souhaitant devenirmembre permanent duConseil de Scurit de lONU

    Document 8

    Document 9

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  • 20 Squence 5 HG11

    2. Lconomie monde britannique (1850-1914)La Grande-Bretagne prend une avance dcisive sur les autres pays au dbut du XIXe sicle car cest dans ce pays que le phnomne de lindus-trialisation a dbut.

    Les fondements de sa domination au XIXe sicle sont les suivants :

    Cest latelier du monde ( the workshop of the world ) : sa puissance conomique est dabord une puissance industrielle reposant sur lex-ploitation des mines du charbon du nord de lAngleterre et du pays de Galles le charbon, abondant dans ces rgions, tant lnergie cl de la premire industrialisation, sur le dveloppement de lindustrie textile (notamment Manchester), sur la prcocit de la rvolution des transports (chemin de fer et marine vapeur), sur limportance de lou-verture maritime et lexistence de ports tourns vers le reste du monde (Liverpool).

    Cest la mtropole dun immense empire colonial, dont la conqute sachve au XIXe sicle, sous le rgne de la reine Victoria (voir cours sur la colonisation).

    En 1850, la Grande-Bretagne produit plus de 40% des produits manufac-turs de la plante. Cette domination conomique est aussi une domi-nation financire, symbolise par le quartier de la City, un quartier dun mile carr (260 ha), qui regroupe les activits bancaires et dassurances et voit le dveloppement de la Bourse avec la diffusion de la capitali-sation des entreprises. Cette puissance financire se traduit par une puissance montaire : la livre-sterling devient la premire monnaie des changes internationaux.

    Pourtant, cette puissance connat une certain dclin la fin du XIXe sicle : la Grande-Bretagne est alors dpasse par les tats-Unis puis par lAllemagne, qui saffirme comme la premire puissance industrielle europenne la veille de la Premire Guerre mondiale.

    The Royal Stock Exchange, la Bourse de Londres, au cur de la City. Photo de 1895.

    Document 10

    akg-images / Ullstein Bild.

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  • 21Squence 5 HG11

    3. Les tats-Unis premire superpuissance de rang mondial

    La primaut conomique des tats-Unis sest affirme ds la fin du XIXe sicle : ils sont la premire puissance conomique mondiale depuis 1914, le premier crancier de la plante dans lentre-deux-guerres.

    Mais au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les tats-Unis devien-nent une superpuissance mondiale, victorieuse de lAllemagne nazie et du Japon mais pargne par les combats et les grands massacres qui ont ravag lEurope et lAsie.

    Les grandes confrences conomiques consacrent la domination de cette nouvelle conomie monde . Les accords de Bretton Woods (1944) font du dollar, considr comme as good as gold , la monnaie de rfrence du nouveau systme montaire international qui se met alors en place. De plus, le GATT (1947) favorise la libralisation et le dveloppement des changes internationaux, au profit des grandes firmes amricaines. Ces firmes multinationales impulsent la libralisation des changes et laug-mentation significative du commerce international partir des annes 1950.

    Le Chrysler Building New York, langle de la 42 Rue et de Lexington Avenue. Clich de 1933.

    Construit par larchitecte amri-cain William Van Alen entre 1928 et 1930, il mesure 319 mtres de haut et compte 77 tages. Cest le premier immeuble au monde avoir dpass une hauteur de 300 mtres.

    Question

    Pourquoi ce btiment peut-il reprsenter laffirmation de la puissance mondiale des tats-Unis dans les annes 1920 ?

    Rponse

    Le Chrysler Building a t construit en plein cur conomique de New York dans les annes 1920 et 1930, Manhattan. Dans les annes

    Document 11

    Rue des archives / Spaarmestad

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  • 22 Squence 5 HG11

    1920, lconomie des tats-Unis est prospre, et la place manque pour construire des btiments qui doivent aussi symboliser la puissance de leurs commanditaires. Ds lors, le choix de la forme architecturale du gratte-ciel peut-il tre compris comme une rponse au manque de place : la verticalit permet doffrir un grand nombre de mtres carrs de bureaux, en plein cur conomique. Mais cette manire de construire correspond aussi un dfi architectural. Enfin, il sagit pour lindustriel Walter Chrysler, la tte de lentreprise de construction automobile du mme nom, et un des chefs dentreprise majeurs de cette poque, de symboliser sa propre ascension spectaculaire.

    Pourtant, le record battu par le Chrysler Building fut rapidement clips : la construction de lEmpire State Building, haut de 381 mtres, com-mence lanne suivante. Paradoxalement, ces btiments spectaculaires ont t construits la veille de lentre du pays dans la plus grave crise de son histoire, retardant pour longtemps leur rentabilit.

    4. Une conomie mondiale multipolaire

    Les tats-Unis demeurent la premire puissance conomique mondiale. Toutefois, depuis la fin du XXe sicle, leur domination conomique est de moins en moins univoque : des puissances nouvelles, appeles pays mergents, apparaissent de plus en plus comme de srieux challen-gers de la superpuissance mondiale.

    Depuis les annes 1980, le nombre des pays participant aux changes mondiaux augmente. Cette croissance a accompagne le rveil co-nomique des pays asiatiques, marchant sur les traces du succs japo-nais depuis les annes 1950. Ont suivi les Nouveaux Pays Industriali-ss dAsie (NPIA) dans les annes 1980 : Core du Sud, Tawan, Hong Kong avant son rattachement la Chine en 1997 et Singapour. Surtout, depuis les annes 1990, les deux gants dmographiques mondiaux, la Chine et lInde sont devenus des gants conomiques qui connaissent aujourdhui des taux de croissance conomique annuels de lordre de 10%.

    Lacronyme de BRIC Brsil, Russie, Inde, Chine a t forg pour dsi-gner ces puissances particulirement dynamiques mme si trs diff-rentes qui revendiquent une place croissante sur la scne internatio-nale, et notamment au sein des grandes institutions de la gouvernance conomique internationale comme le FMI. Mais incontestablement, la nouvelle puissance majeure du monde des premires dcennies du XXIe demeure la Chine qui voit son conomie senvoler, porte par des taux de croissance conomique deux chiffres, le premier march de consommation intrieure et sa position de nouvelle usine du monde. Crancire des tats-Unis, acteur majeur dans le commerce mondial la Chine entend dsormais peser sur la diplomatie mondiale et veut deve-nir lune des deux super puissances militaires.

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  • 23Squence 5 HG11

    Alors que les consquences conomiques et sociales de la crise ne cessent de sapprofondir dans lensemble du monde dvelopp, et que les tats-Unis sont toujours impliqus dans une guerre en apparence sans fin contre le terrorisme en Afghanistan, le basculement du monde vers lAsie en gnral, et plus particulirement la Rpublique popu-laire de Chine (RPC), semble inluctable. Limage dune superpuissance chinoise est vhicule dans les mdias et intgre par les opinions publiques et les dcideurs politiques. Dans ces conditions, la question est pose dun monde rebipolaris, o la RPC, dores et dj dominante dans lespace asiatique, occuperait la place qui tait celle de lURSS face aux tats-Unis.

    ()

    Cette image dune superpuissance chinoise mergeant triomphalement du champ de ruines de la crise mondial sappuie sur des actes symbo-liquement forts et calculs, comme le rachat de la prestigieuse marque Volvo par le constructeur chinois Geely.

    Introduction du chapitre Asie du RAMSES 2011, Un monde post-amricain ?, sous la direction de Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges,

    Dunod, 2010

    Il ny a donc plus un centre unique de lconomie mondiale mais des centres qui sont lis entre eux par une interdpendance croissante. Linterdpendance entre les conomies des tats-Unis et de la Chine a mme pu contribuer crer le terme de Chinamrica. Cette interdpen-dance entrane la fois des relations rciproques mais aussi une forte comptition entre les diffrents territoires

    Document 12

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  • 24 Squence 5 HG11

    2 Mutations des socits de 1850 nos joursLa population active : reflet des bouleversements sociaux

    1. Une classe ouvrire politise et syndique

    Le dbut des annes 1920 marquent une rupture dans lhistoire du monde ouvrier, au moins en Europe en raison de la seconde rvolu-tion russe qui porte au pouvoir Lnine et le parti bolchevik en Russie. Le mouvement socialiste se divise alors sur la question du choix entre voie rvolutionnaire et voie rformiste. Ds 1919, Berlin, le mouvement spartakiste, aile gauche du SPD, tente de lancer une rvolution de type communiste. Le SPD, alors au pouvoir, choisit de sallier larme et aux corps francs afin de rtablir lordre. La rvolution spartakiste est crase mais les communistes allemands qui fondent le KPD (Parti communiste allemand) peroivent lattitude du SPD comme une trahison et mne-ront une lutte froce contre la Rpublique de Weimar jusqu sa chute en 1933.

    En France, cest au congrs de Tours, en dcembre 1920, que le mouve-ment socialiste se divise, la majorit allant crer le PCF (Parti commu-niste franais). Lon Blum fait partie de ceux qui dcident de rester fidle la vieille maison , cest--dire la SFIO. Communistes et socialistes sopposent de manire violente tout au long des annes 1920 et au dbut des annes 1930. Larrive au pouvoir dHitler, le 30 janvier 1933 et la manifestation des ligues dextrme droite Paris, le 6 fvrier 1934 poussent les communistes adopter une nouvelle attitude qui aboutit la conclusion dun accord politique, appel Front populaire, avec les deux autres partis de gauche, le parti radical et la SFIO en 1935. Cest cette coalition de gauche, le Front populaire, qui gagne les lgislatives davril-mai 1936. Avant mme la formation du gouvernement, Lon Blum devient prsident du Conseil le 5 juin 1936, un vaste mouvement de grve se dclenche, stendant bientt tout le pays. En mai - juin 1936, on compte 12 000 grves avec 9 000 occupations dusines, forme nou-velle de lutte qui simpose sans violence ce moment. Ces grves sont lorigine directe des accords Matignon, signs le 8 juin 1936 entre les reprsentants du patronat et de la CGT.

    EE

    A

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  • 25Squence 5 HG11

    Les grves de 1936 en France

    Cette photo nous montre des ouvriers en grve devant lusine Sautter-Harle qui fabrique du matriel darmement militaire. En octobre 1936, les ouvriers sont en grve depuis 34 jours, la direction vient de procder au licenciement de 20 dentre eux pour faits de grve et pratique le lock-out, la grve patronale, les portes de lusine sont fermes et les ouvriers manifestent leur soutien aux licencis lextrieur des btiments. Sur la banderole, on lit le nom du syndicat CGT et leur revendication : contre les affameurs, les patrons partis avec la paie de ouvriers, Vive la CGT, aux licenciements, opposons les 40 heures .

    Les grves de mai-Juin 1936, totalement spontanes, constituent un moment despoir et demeurent une priode cl de la mmoire ouvrire dans la mesure o celle-ci semble, pour la premire fois, trouver une place au sein de la nation franaise. Cest galement dans les annes trente, et en particulier pendant le Front Populaire (1936-1938) que louvrier fait son apparition dans lart, et en particulier le cinma. De grands cinastes, souvent proches du parti communiste, mettent en scne lpoque dans des films qui se veulent des hommages la classe ouvrire. Cest La vie est nous de Jean Renoir (1936), cest la Belle quipe de Julien Duvivier (1936), et lacteur Jean Gabin impose lcran au cours de ces annes la figure de louvrier et de lhomme du peuple. Des photographes comme Henri Cartier-Bresson ou Willy Ronis prennent

    Document 13

    Suddeutsche Zeitung/Rue des Archives.

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  • 26 Squence 5 HG11

    sur le vif les scnes de la vie ouvrires et latmosphre de kermesse des grves de mai - juin 1936. Le groupe Octobre, galement proche du parti communiste, prtend crer un thtre populaire, oppos au thtre bourgeois. De 1932 1936, ses membres jouent ainsi dans les usines en grve, lors des meetings politiques, dans les rues. Parmi ses membres, on trouve Jacques Prvert, les acteurs Raymond Bussires ou Maurice Baquet et Paul Grimault, auteur dun des plus grands films du cinma danimation franais, Le roi et loiseau.

    Chronologie des lois sociales

    France :

    1864: droit de grve

    1884 : autorisation des syndicats

    1892 : journe de 10 heures pour les femmes et les enfants, interdiction du travail de nuit, 12 heures pour les hommes.

    1906 : dimanche chm

    1910 : retraites paysannes et ouvrires

    1919 : journe de 8 heures dci-de par le gouvernement Cl-menceau

    1936 : congs pays (deux semaines), semaine de travail de 40 heures mis en place par le gouvernement de Front populaire

    1945 : ordonnance du 4 octobre sur la cration dun systme gnralis de scurit sociale (assu-rance maladie, chmage, vieillesse).

    1950 : cration dun salaire minimum, le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti qui devient le SMIC (salaire minimum interprofession-nel de croissance) en 1970.

    1956 : troisime semaine de congs pays.

    Autres pays

    1853 : en Prusse, interdiction du travail au moins de 12 ans

    1860 : aux tats-Unis, la journe de travail est limi-te 10 heures

    1875 : reconnaissance du droit de grve en Grande-Bretagne

    1883-1889 : lois sociales en Allemagne du chan-celier Otto von Bismarck portant sur la maladie, les accidents du travail, la retraite

    1911 : en Angleterre, assurances chmage et mala-die

    1948 : National Health Service

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  • 27Squence 5 HG11

    2. Lentre des populations dans la socit de consommation et des loisirs

    a) Les travailleurs deviennent des consommateurs

    Aprs la Seconde guerre mondiale, la croissance conomique reprend enfin, souvre alors la priode des Trente Glorieuses. La fin de la guerre ne marque pas immdiatement la fin des difficults, en particulier dans lEurope dvaste. Le rationnement des denres de premire ncessit est maintenu jusquau dbut des annes 1950 en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne.

    Lanne 1947 est marque, en particulier en France par de trs impor-tantes grves qui prennent parfois un caractre quasi insurrectionnel.

    On peut admettre quen France le revenu par tte a augment d1,4 % par an entre 1814 et 1913 ce qui revient une multiplication par 4 en un sicle. Dsormais, le niveau de vie augmente beaucoup plus vite, sou-vent de 2 5 % par an. Avec la Reconstruction et lessor conomique, les annes 1950 constituent une sorte dapoge pour la classe ouvrire.

    En France, vers 1950, les ouvriers sont 6 millions, soit le tiers de la population active. Beaucoup dentre eux viennent des campagnes car la mcanisation des campagnes qui prend son essor dans les annes 1950 entrane une chute du salariat agricole et corrlativement une acclra-tion de lexode rural.

    Cette classe ouvrire largie constitue une clientle lectorale prioritai-rement tourne vers le PC qui connat alors son ge dor en France et en Italie. De mme, le syndicalisme franais, qui ntait devenu un syndi-calisme de masse quavec le Front populaire, atteint son apoge, la CGT comptant 4 millions dadhrents en 1945-1946.

    Lessor conomique et laugmentation des salaires permet la classe ouvrire, mais aussi aux petits employs du tertiaire, aux petits com-merants daccder, pour la premire fois de leur histoire la socit de consommation. Symbole de cette volution, laccession lautomobile de franges de plus en plus larges de la population. Dsormais, lindustrie automobile europenne suit la voie trace par Ford ds les annes 1910.

    En Allemagne, la Volkswagen, appele Coccinelle en France, conue avant guerre, devient, comme son nom lindique, la voiture du peuple. En France, la 4 CV est prsente au salon de lautomobile de Paris ds 1946 (la Rgie Renault en vendra 1 105 000 exemplaires avant den arrter la production en 1961). En 1955, on ne compte encore que 7 % douvriers parmi les acheteurs de voitures neuves, mais doccasion, la voiture nest plus forcment un rve inaccessible et en 1970, plus de 70 % des mnages de contrematres et douvriers qualifis possdent une automobile.

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  • 28 Squence 5 HG11

    Couple attabl devant une 4 CV, en Camargue, 1954, France.

    1 Dcrivez cette photographie en distinguant le premier plan, le deu-xime plan, larrire-plan. Quest-ce que reprsente cette scne ?

    2 Quels sont les lments qui vous permettent de supposer que cette photographie reprsente une scne de la vie des classes populaires ?

    1 Nous pouvons distinguer au premier plan de la photographie un couple attabl pour un pique-nique. On trouve au deuxime plan lau-tomobile du couple, une 4 CV. Celle-ci, est en bordure de route. En arrire-plan, on remarque des cabanes de pcheurs caractristiques de la Camargue, et au del une tendue deau. On peut supposer que nous sommes un dimanche ou lors dune journe de vacances. Le couple est venu se dtendre de la tension de la vie urbaine.

    Document 14

    Questions

    Roger-Viollet.

    Rponses

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  • 29Squence 5 HG11

    2 Le couple, tel qui nous est prsent, est typique des classes popu-laires des annes 1950. A cette poque, le vtement est encore lar-gement reprsentatif de la classe sociale laquelle on appartient. Lhomme porte la casquette des ouvriers, ainsi quun maillot de corps et vraisemblablement un pantalon de bleu (cest--dire le vtement de travail des ouvriers en grosse toile). La 4 CV, est, quant elle, par excellence la voiture des classes populaires.

    La nourriture qui reprsentait souvent le premier poste de dpense des mnages populaires avant guerre laisse dsormais plus de place pour dautres achats. Le mot prt--porter apparat dans la langue franaise en 1949 ; il transcrit un nouvel usage pour les catgories populaires et moyennes, celui dacheter ses vtements dans les supermarchs qui apparaissent alors. Edouard Leclerc ouvre son premier magasin parisien Issy-les-Moulineaux en 1959, Carrefour ouvre sa premire grande sur-face Annecy en 1960.

    Les changements des socits industrielles sacclrent encore dans les annes 1960. Entre 1960 et 1975, le revenu par habitant double en France. Dautres objets symboles de la socit de consommation enva-hissent alors les foyers, le rfrigrateur, le lave-linge, llectrophone qui va de pair avec le dveloppement de lindustrie du disque et lapparition dune culture destination des adolescents, ou encore la tlvision.

    b) La socit de loisirs pour tous

    Le XIXe sicle est marqu par le dveloppement des premiers loisirs de masse. La presse, la littrature de gare sous forme de romans poli-ciers bon march Arsne Lupin du Franais Maurice Leblanc, Sherlock Holmes du Britannique Conan Doyle, Harry Dickson du Belge Jean Ray ou de feuilletons en revue connaissent un formidable essor dans la deu-xime moiti du XIXe sicle en raison de la gnralisation progressive de lcole. Le dbut du XXe sicle voit lapparition de nouvelles formes de loisirs promises un grand succs, le cinma, art populaire sil en est, mais aussi le sport spectacle. Au XVIIIe sicle, la pratique du sport simpose dans laristocratie britannique. La priode qui suit voit la gn-ralisation progressive de certaines activits sportives aux autres classes sociales. Le football, n en Angleterre devient trs populaire sur le conti-nent ds la fin du XIXe Le Havre Hatletic Club, premier club franais, est cr ds 1894. Ce sport commence alors la formidable ascension qui en fait le premier loisir de notre poque. Le vlo est galement particulire-ment apprci des classes populaires comme en tmoigne la naissance du Tour de France cycliste en 1903.

    Mais cest partir des annes 1960 que le monde occidental entre rel-lement dans la civilisation des loisirs . La hausse du niveau de vie permet de plus en plus de personnes de partir en vacances ; mme si ceux qui ne partent pas reprsentent encore environ 40 % de la popula-tion dun pays comme la France. Par ailleurs, le baby boom contribue au

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  • 30 Squence 5 HG11

    rajeunissement des populations europennes et lmergence dans les annes 1960 de classes dge plus nombreuses et disposant dun plus grand pouvoir dachat. Ces conditions socio-conomiques expliquent lapparition, la fin des annes 1950, dune culture jeune , dabord aux tats-Unis, avec sa musique, le rock, ses hros, James Dean, ses films, Graine de violence de Richard Brooks (1955) ou Lquipe sau-vage avec Marlon Brando (1953) En France, larrive du rock et du twist dbouche sur le phnomne y-y Dans la nuit du 22 au 23 juin 1963, place de la Nation Paris, lappel de Daniel Filipacchi, sur Europe 1 et du journal Salut les copains, premier journal franais spcifiquement destin aux adolescents, 150 000 jeunes viennent applaudir leurs idoles, Sylvie Vartan, Richard Anthony et Johnny Hallyday.

    Johnny Hallyday et son pouse Sylvie Vartan dans une scne de Do viens-tu Johnny, film franais de Nol Howard (1964)

    Salut les copains (extraits)

    La nouvelle classe adolescente

    Ladolescence surgit en classe dge, dans le milieu du XXe sicle, incontestablement sous la stimulation permanente du capitalisme du spectacle ().

    Document 15

    Rue des Archives/AGIP.

    Document 16

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  • 31Squence 5 HG11

    Ladolescence en tant que telle apparat et se cristallise lorsque le rite de linitiation dprit ou disparat, lorsque laccession ltat dhomme se fait graduellement. Au lieu dune rupture, sorte de mort de lenfance et de renaissance ltat adulte, se constitue un ge de transition () qui fournit le terrain favorable lventuelle constitution dune classe dge adolescente ().

    La constitution dune classe dge adolescente nest pas quun simple accs la citoyennet conomique (). Cette promotion constitue un phnomne complexe qui implique notamment une prcocit de plus en plus grande ().

    La formation de la nouvelle classe seffectue dans un climat de promo-tion des valeurs juvniles dans lensemble de la socit, rester jeune est devenu lambition du croulant (cest--dire ladulte).

    La classe dge sest cristallise sur :

    une panoplie commune qui du reste volue au fur et mesure que les croulants avides de juvnilit se lapproprient : ainsi ont t arbors blue-jeans, polos, blousons et vestes de cuir, tee-shirts imprims, chemises brodes ()

    laccession des biens de proprit pour les dcagnaires (cest--dire des jeunes gens dune dizaine dannes) : lectrophone, guitare de prfrence lectrique, radio transistor, collection de disques, etc.

    un langage commun ponctu dpithtes superlatives comme ter-rible , sensass ()

    ses hros. Un culte familier didoles-copains est n.

    Sociologie de Edgar MORIN, Librairie Arthme Fayard, 1984.

    1 Quelles sont les caractristiques de la nouvelle classe dge adoles-cente ?

    2 Quelles sont les raisons de lapparition de cette classe dge ? Que signifie lexpression citoyennet conomique ?

    1 Ladolescence est une cration du XXe sicle, et tout particulirement des annes 1950-1960. Auparavant, on passait de lenfance lge adulte sans gure de transition. Cette nouvelle classe dge adoles-cente se constitue, selon le sociologue Edgar Morin, autour de modes vestimentaires communes le jeans, le polo, le blouson, de pra-tiques culturelles la musique rock, les films de jeunes, le culte des idoles comme James Dean, la possession dobjets gnrationnels comme les disques, llectrophone, ou encore un langage particulier fait donomatopes, de superlatifs

    2 Les raisons de lapparition de la classe dge adolescente sont mul-tiples. Le baby-boom et la prsence dune jeunesse dsormais plus nombreuse dans les annes 1950-1960 sont sans doute un lment

    Questions

    Rponses

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  • 32 Squence 5 HG11

    de rponse. Mais, il faut galement prendre en compte louverture de lcole secondaire aux enfants des classes moyennes, la dure des tudes qui se prolonge retarde dautant lge moyen dentre dans le monde du travail. Enfin et surtout, llvation continue du niveau de vie permet dsormais aux enfants des classes moyennes daccder vers lge de dix ans une citoyennet conomique , cest--dire la capacit dacheter des objets fabriqus spcialement pour eux, grce largent de poche que leur donne leurs parents. Cest comme si, dsormais, la capacit dacheter constituait un lment constitutif essentiel de la citoyennet des classes dge issues du baby-boom.

    Le sociologue Edgar Morin voit dans cet vnement la dmonstration du fait que ladolescence ce quil appelle alors la gnration des copains constitue dsormais une classe dge part entire, coupe de lenfance et en rupture avec la socit des adultes, disposant de ses propres repres, de son langage, de sa propre culture Cette individua-lisation de la jeunesse en classe dge part entire sexplique encore par la gnralisation de lenseignement secondaire. Avant la Seconde guerre mondiale, lenseignement secondaire tait rserv llite sociale. Aprs la guerre, les collges et les lyces ou leur quivalent, souvrent largement aux enfants des classes moyennes, dabord pour les garons, puis pour les filles qui rattrapent les effectifs masculins au milieu des annes 1960. Lentre dans lge adulte, gnralement mar-que par lentre dans le monde du travail, recule largement au cours des Trente Glorieuses. Dans les annes 1950, les enfants des classes populaires entraient le plus souvent dans le monde du travail vers lge de 15 ans, au dbut des annes 1970, lentre en activit se situe dsor-mais au del de 18 ans et cet ge continue reculer jusqu nos jours.

    c) De nouvelles formes durbanisation

    Pour rpondre la concentration humaine des villes de lge industriel, et la circulation toujours plus importante, des architectes et urbanistes cherchent des solutions audacieuses.

    Ainsi, larchitecte allemand Walter Gropius cre le Bauhaus, situ Wei-mar de 1919 1925 puis Dessau de 1925 1932 et enfin Berlin de 1932 1933. Cette cole darchitecture ambitionne dunir larchitecture et les arts (sculptures, peintures) et Gropius prtend rvolutionner lar-chitecture grce au nouveau matriel que lui offre lge industriel : le bton, lacier, le verre.

    Le Corbusier se propose de rsoudre le problme de lentassement dans les centres villes en densifiant lhabitat grce larchitecture verticale et en repensant la totalit de lespace urbain sur une base gomtrique. Ainsi le Plan Voisin de 1925 prvoyait de raser le centre de Paris pour y tablir un grand axe autoroutier Nord-Sud / Est -Ouest. Des tours de 60 tages auraient log les Parisiens. Les quartiers du Marais et du Temple auraient t rass, sauf quelques glises.

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  • 33Squence 5 HG11

    Plus modestement, lentre-deux-guerres voit la multiplication des lotis-sements ouvriers sous formes de petits immeubles ou de pavillons bon march dont la trame suit celle des voies ferres.

    Les plus grands changements surviennent cependant aprs la Seconde guerre mondiale. Au lendemain du conflit, lEurope, dtruite, manque cruellement de logements. Lexode rural sacclre rapidement, les campagnes se vident crant dans certaines rgions un vritable dsert humain. Cest ce quvoque, en 1967, le sociologue Henri Mendras dans un livre intitul La fin des paysans. De vritables bidonvilles, occups en particulier par les populations immigres qui arrivent en grand nombre dans une France qui, en plein essor conomique, manque cruellement de main duvre, se dveloppent la priphrie des grandes villes fran-aises. Le bidonville de Nanterre, prs de Paris ne disparat quau dbut des annes 1970.

    Le bidonville de Nanterre et des barres HLM larrire-plan, 1965

    d) Lheure des grands ensembles

    Lheure est la rationalisation de lespace et la solution retenue en Europe est souvent celle du grand ensemble. Cest en particulier en France que ltat semploie dvelopper ce type dhabitat, sous la forme de ZUP, cres en 1958, puis de ZAC partir de 1967. Ces grands

    Document 17

    Rue des Archives/AGIP.

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  • 34 Squence 5 HG11

    ensembles, plutt sous forme de barres dimmeubles dans les annes 1950-1960 puis sous celle de tours dans les annes 1970, taient cen-ss rpondre un souci dorganisation rationnel de lespace, offrant aux nouveaux habitants tout le confort moderne, notamment en matire de douche et de sanitaires, dans un pays o, avant la guerre, la plupart des appartements en taient dpourvus. On voit donc des villes entires sor-tir de terre, un des exemples les plus connus tant celui de Sarcelle.

    Critiqus parfois ds leur construction, le langage populaire utilisant des expressions images comme celles de cages poules ou plus encore de cages lapins pour dsigner ces types de construction, les grands ensembles font lobjet dune rprobation gnrale partir des annes 1970-1980. A lorigine, ces constructions avaient servi despace de rsi-dence aux classes populaires, et notamment ouvrires, de laprs-guerre. Avec la hausse du niveau de vie, la plupart de ces familles sen vont en grande banlieue, o le terrain est moins cher, pour se faire construire un pavillon. Mais, partir du milieu des annes 1970, avec la crise, tout change. Le chmage augmente rapidement et frappe tout particulire-ment les populations des grands ensembles il nest pas rare que le taux de chmage y atteigne 40 % pour une moyenne nationale denviron 10 % - et celles-ci ne peuvent dsormais plus gure esprer en partir. Souvent extrmement dlabrs peine quinze ans aprs leur construction, encla-vs au cur du tissu urbain et souvent mal relis au centre, lieux de toutes les pathologies sociales, chmage, clatement des cellules fami-liales, dlinquances, trafic divers, ces espaces urbains reoivent souvent lappellation ds les annes 1980 de quartiers sensibles .

    3. Une nouvelle place pour la femme

    La socit industrielle est galement marque par lirruption de plus en plus massive des femmes dans le salariat. Contrairement une ide reue, les femmes travaillent avant la guerre de 1914-1918, outre celles qui sont paysannes, elles sont galement largement majoritaires dans lindustrie textile ds le XIXe sicle. Nanmoins, la Premire guerre mon-diale marque un saut quantitatif et qualitatif, permettant aux femmes daccder de nouveaux emplois industriels, par exemple dans les industries mcaniques comme le montre lexemple de Renault, ou chimiques o les salaires sont plus levs que dans le textile, ou et des emplois de service de plus en plus nombreux comme secrtaires, employes de bureau, institutrices.

    La place des femmes dans la socit commence galement voluer. Cela se traduit notamment par lapparition des suffragettes en Grande-Bretagne. Ces femmes, appartenant le plus souvent la bonne socit britannique mnent des actions spectaculaires afin dobtenir le droit de vote lgal des hommes. En 1913, Emily Davison est mortellement blesse en tentant darrter le cheval du roi George V lors dune course. Les femmes britanniques obtiennent le droit de vote (30 ans contre 21

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  • 35Squence 5 HG11

    ans pour les hommes) en 1918, les Allemandes et les Amricaines en 1919 mais les Franaises devront attendre lordonnance du 5 octobre 1944 prise par le Gouvernement provisoire de la Rpublique pour exer-cer elles aussi leur devoir civique.

    Une suffragette

    Christabel Pankhurst est la fille ane de Emmeline Pankhurst, une des suffragettes britanniques les plus clbres. On la voit ici Manchester, en janvier 1909, peu aprs sa libration de prison.

    Laprs-guerre est galement mar-que par la mode des garonnes, celles-ci symbolisant un nouveau type de femmes. Nanmoins, pour la plupart des femmes les choses changent peu encore, elles demeurent sous ltroit contrle des hommes.

    Encore une fois, cest la seconde guerre mondiale qui constitue la csure fondamentale. Les femmes profitent elles aussi de la gnralisation de lcole secondaire lensemble de la jeunesse. La mixit entre garons et filles se rpand dans les annes 1960 en France, en Allemagne, aux tats-Unis, un peu plus tardivement en Grande-Bretagne. Les femmes

    Document 18

    Christabel Pankhurst Manchester en 1909. The Granger Collection NYC / Rue des Archives.

    Taux dactivit des femmes de 15 ans et plus en France

    1906 39 % 1975 38,9 %

    1954 36,2 % 1982 43,4 %

    1968 36,1 % 1990 46,4 %

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  • 36 Squence 5 HG11

    travaillent galement de plus en plus et leur mode dactivit change par rapport lavant-guerre. Auparavant, elles travaillaient souvent avant leur premier enfant, sarrtaient jusqu lore des quarante ans pour lever les enfants avant de reprendre une activit. Dsormais, beaucoup de femmes ne sarrtent que le temps dune, de deux ou de trois mater-nits. En France, en 1962, 38 % des femmes travaillent entre 20 et 40 ans mais elles sont 65 % en 1990.

    Mais, ce nest gure avant les annes 1960 que les socits occidentales mettent en place les rformes qui permettent la femme de conqu-rir son autonomie : autorit parentale sur les enfants partage avec le pre, possibilit de disposer de ses biens et douvrir un compte bancaire sans le contrle de lpoux Les tats-Unis jouent le rle pionnier en la matire. La pilule contraceptive y est autorise ds 1960 (1967 avec la loi Neuwirth en France) et le fminisme, dans latmosphre dmulation idologique des annes 1960, y prend une forme particulirement viru-lente avec la cration du Womens Liberation movement (Mouvement de Libration des femmes) qui milite pour le droit la contraception et lavortement. A travers ce combat, les femmes rclament le droit de pouvoir disposer de leur corps lgal des hommes. Ces mouvements amricains sont lorigine directe de la cration du MLF franais (Mouve-ment de libration des femmes) En France, il faut attendre la loi Veil sur lIVG (interruption volontaire de grossesse) en 1975 pour que lavorte-ment soit dpnalis.

    Depuis la Seconde guerre mondiale, les femmes ont gagn une autono-mie nouvelle mais, comptences gales, elles ont encore bien souvent un salaire infrieur celui des hommes et demeurent largement minori-taires dans toutes les fonctions de direction ou dencadrement.

    4. De la critique de la socit de consom-mation la socit post-industrielle

    a) Lexplosion de 1968

    Avant mme 1968, la socit de consommation donne lieu de nom-breuses critiques, notamment lextrme gauche, et mme parfois dans certains milieux de droite. LInternationale situationniste, groupe dextrme gauche qui prend son essor dans les annes 1950, notam-ment en France et en Italie, prtend rompre avec le malheur historique de la socit de classes et la dictature de la marchandises par lorga-nisation de la rvolution. Parmi ses figures les plus connues, le philo-sophe franais Guy Debord qui se rend notamment clbre en publiant, en 1967, la Socit du spectacle, un ouvrage qui dnonce les nouveaux mdias, notamment la tlvision, et les formes modernes du spectacle de masse comme autant dentreprises dabrutissement des masses.

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  • 37Squence 5 HG11

    Lanne 1968 est celle dune formidable explosion contestataire de la jeunesse, en particulier aux tats-Unis, en France et en Allemagne, et mme dans le Bloc de lEst o le Printemps de Prague se comprend au moins en partie en cho aux soubresauts de la jeunesse des pays occidentaux. La contestation commence sur les campus universitaires, notamment ceux de Californie, une poque o luniversit est encore largement rserve aux enfants de la bourgeoisie. Aux tats-Unis, lagita-tion universitaire sexplique en grande partie par lopposition la guerre du Viet-Nam et par le refus de partir mais pas seulement. Des romanciers comme Jack Kerouac, en particulier avec son roman Sur la route, publi en 1957, invitent la jeunesse amricaine sengager dans un voyage sans fin le long des highways des tats-Unis, loin du conformisme de la socit capitaliste.

    La beat generation

    Jai connu Dean peu de temps aprs quon et rompu ma femme et moi. Jtais peine remis dune grave maladie dont je nai rien dire sinon quelle na pas t trangre cette lamentable et dprimante rupture, mon impression que tout tait foutu. Avec larrive de Dean Moriarty com-mena le chapitre de ma vie quon baptiser ma vie sur la route . Aupa-ravant, javais souvent rv daller vers lOuest pour voir le pays, formant toujours de vagues projets que je nexcutais jamais. Pour la route, Dean est le type parfait, car il y est n, sur la route, dans une bagnole, alors que ses parents traversaient Salt Lake City en 1926 pour gagner Los Angeles.

    Jack Krouac, Sur la route, Gallimard, collection Folio, traduction Jacques Houbart, 1972.

    Des groupes de rock comme les Doors dont les textes, souvent oni-riques, sont signs par leur chan-teur charismatique Jim Morrisson, un film grand succs comme Easy Rider, sorti sur les crans amricains en 1969, participent de la mme contre-culture qui pr-tend rejeter la socit de consom-mation et son culte de la russite matrielle.

    Grand succs cinmatographique de lanne 1969 aux tats-Unis, Easy Rider raconte lodysse de

    deux motards amricains qui traversent le sud des tats-Unis douest en est, se confrontant au passage une Amrique conservatrice et raciste. Cette traverse de cette Amrique ractionnaire leur sera fatale.

    Document 19

    Document 20 Photographie dEasy Rider

    COLUMBIA PICTURES / ALBUM / akg-images.

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  • 38 Squence 5 HG11

    En France, le mouvement de 1968 dbute sur le campus de Nanterre avec le mouvement du 22 mars, autour de la figure dun jeune tu-diant en sociologie, Daniel Cohn Bendit. A la suite de lvacuation des locaux de luniversit de Nan-terre le 2 mai 1968, il fait partie

    des tudiants qui partent occuper la Sorbonne. Cest le dbut du mouve-ment de mai 1968 qui va si profondment bouleverser la France. Les tu-diants dnoncent le capitalisme, latmosphre dordre moral qui rgne dans la France du gnral de Gaulle laquelle ils opposent la libert sexuelle et sont bientt rejoints, le 13 mai, par le monde ouvrier qui se lance dans une grve gnrale, la plus importante de lhistoire franaise (8 millions de grvistes le 22 mai). Fin mai, lessence a disparu des sta-tions, le pays est totalement bloqu. Le 27 mai, les Accords de Grenelle, signs linitiative du Premier ministre Georges Pompidou, entre la CGT et le CNPF (Confdration nationale du patronat franais) aboutissent laugmentation de 25 % du salaire minimum (SMIG). Ceux-ci ne mettent pas fin immdiatement aux grves et aux manifestations tudiantes mais le mouvement reflue dbut juin et se clt sur la victoire crasante du parti gaulliste aux lections lgislatives des 23 et 30 juin 1968.

    Le mouvement de 1968 a pourtant profondment marqu la socit fran-aise. La jeunesse en tant que groupe est dsormais un acteur part entire de la socit. Les anciens rapports hirarchiques sont remis en cause dans les annes qui suivent, par exemple luniversit. Lensei-gnement suprieur commence galement dans les annes 1970, aprs le secondaire, sa massification avec une explosion des effectifs dtu-diants

    b) La crise conomique des annes 1970 et ses consquences

    Le premier choc ptrolier met fin la priode des Trente Glorieuses. La croissance conomique ne disparat pas, mais elle retrouve dsormais les niveaux du XIXe sicle, de 1 2 % par an pour la plupart des pays dve-lopps, trop peu pour empcher le chmage de senvoler. Le second choc ptrolier de 1979, li la rvolution islamique en Iran vient renforcer le marasme. Les chocs ptroliers ne sont pas seuls en cause. Le dbut des annes 1970 marque galement la fin dun cycle conomique, celui des industries tayloriennes. Dsormais, les industries de main duvre occi-dentales ou japonaises, utilisant des travailleurs peu qualifis ne sont plus comptitives face des pays mergents comme le Brsil, ou plus tardivement la Chine qui offrent pour le mme travail une main duvre bien meilleur march. Aux tats-Unis, en France, en Grande-Bretagne, en Belgique, en Allemagne dans une moindre mesure, les secteurs de la sidrurgie, du textile, des charbonnages voient leurs effectifs fondre.

    Vous pouvez chercher des informations sur votre moteur de recherches en monde image sur le film Easy Rider.

    Pour aller plus loin

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  • 39Squence 5 HG11

    En France, entre 1975 et le dbut des annes 1990, la sidrurgie perd prs de 90 % de ses emplois et les grands groupes comme Usilor-Saci-lor ne survivent quen automatisant au maximum leurs usines et en se reconvertissant vers les activits de plus haute technologie comme la fabrication daciers spciaux.

    Usine sidrurgique entirement automatise Usinor de Longwy (Meurthe-et-Moselle) en 1979

    Lindustrie automobile, galement touche se restructure beaucoup plus vite en Europe quaux tats-Unis mais elle licencie galement. Suivant lexemple du Japon, elle robotise la plus grande partie du processus de fabrication de lautomobile afin dabaisser les cots de fonctionnement et faire face la concurrence.

    Les grandes rgions de vieilles industries, celles qui avaient t le fer de lance de la rvolution industrielle en Angleterre, en France, en Belgique, aux tats-Unis senfoncent dans une crise durable qui, dans bien des cas, na pas encore trouv de solutions quarante ans aprs. La grve des mineurs de 1984-1985 en Grande-Bretagne nempche pas le gouvernement Thatcher de fermer de trs nombreux puits de mine, ren-tables ou non. En France, le Nord-Pas-de-Calais ou la Lorraine, perdent la plus grande partie de leurs activits industrielles, de mme dans le Borinage, dans la rgion de Charleroi, en Belgique, les mines ferment les unes aprs les autres. A Lige, ancien cur industriel du pays, la sidrurgie, notamment autour du groupe Cockerill, perd lessentiel de

    Document 21

    Roger-Viollet. Coule dacier automatise. Lusine fonctionne avec un personnel trs peu nombreux.

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  • 40 Squence 5 HG11

    ses emplois au cours des annes 1990. Aux tats-Unis, le Manufacturing Belt, ancien poumon industriel du pays autour des Grands Lacs, sombre galement dans le marasme. Les usines ferment les unes aprs les autres, les friches industrielles se multiplient tout comme dans le nord de lAngleterre et en Europe continentale. Lindustrie automobile, cen-tre en particulier sur Detroit, connat galement dimmenses difficults et le 3e grand constructeur amricain, Chrysler, est au bord de la faillite au milieu des annes 1980. La Ruhr connat galement une situation difficile. L aussi, les vieilles usines ferment, les friches industrielles se multiplient certaines donneront lieu de brillantes rhabilitations sous forme de muses, de salles de spectacles au cours des annes 1990 mais la qualit de la production allemande contribue faire que la crise y est moins grave quailleurs. Aujourdhui encore, la Ruhr demeure un des premiers espaces industriels dEurope, o une partie des activits sest roriente vers les hautes technologies, mme si le taux de chmage y reste bien plus fort que dans le Pays de Bade voisin ou la Bavire davan-tage tourns vers le tertiaire suprieur ou les industries de pointe.

    c) La tertiarisation acclre des conomies occidentales

    Les annes 1970 marquent donc la fin dun ge dor de la classe ouvrire. Si les ouvriers constituent encore de nos jours 20 % de la population active en France et 33 % en Allemagne ils ne constituent plus une classe homogne dote dune culture et de solidarit spcifiques. A linverse, la crise a acclr la tertiarisation des conomies des pays dvelop-pes. Dsormais, dans la plupart de ceux-ci lexception de lAlle-magne le tertiaire reprsente plus de 75 % de la population active. Les secteurs du commerce et de la finance ont t ceux qui ont cr le plus demplois depuis les annes 1970. Cette situation amne parfois certains conomistes parler dconomies post-industrielles expression quil faut cependant nuancer. Dune part, dans de nombreux pays dve-lopps, dont la France, le secteur secondaire na jamais reprsent plus de 50 % de la population active ; par ailleurs, mme si lindustrie a vu fondre ses effectifs depuis une trentaine dannes, cest bien souvent ce secteur qui entrane par son dynamisme le reste de lconomie. Ainsi le secteur de linformatique et le secteur militaro-industriel aux tats-Unis, la chimie, lagro-alimentaire, lautomobile ou larospatiale ou larme-ment en France, la chimie, llectronique ou galement lautomobile en Allemagne, llectronique, avec des groupes comme Sony, linforma-tique ou encore lautomobile au Japon

    d) Les nouvelles formes de prcarit

    La pauvret na jamais disparu des socits industrialises, pas mme durant les Trente Glorieuses. La socit amricaine o la rvolution conservatrice sest accompagne, tout comme en Grande-Bretagne, dun

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    accroissement considrable des ingalits, compte rarement moins de 15 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvret.

    En France, au cours de lanne 1954, marque par un hiver particulire-ment rigoureux, labb Pierre, de son vrai nom Henri Grous, attire lat-tention de lopinion et des pouvoirs publics sur le sort des sans-abris. La crise et laugmentation du chmage conduisent lexplosion de la prcarit partir des annes 1980.

    Le nombre de ceux quon appelle dsormais les sans domicile fixe (SDF) en France, Homeless aux tats-Unis crot rapidement et les associations caritatives, comme le Secours catholique ou les Restos du cur crs par le comdien et humoriste Coluche en 1985, en France, reoivent des foules croissantes danne en anne.

    La prcarisation dune partie de la population saccompagne partir des annes 1980 de la hausse de la dlinquance dans les quartiers dfa-voriss des grandes villes. Aujourdhui, ce sont 7,2 % des Franais qui vivraient selon lINSEE sous le seuil de pauvret.

    Les restos du curDocument 22

    Coluche, lors de louverture des restos du cur le 21 dcembre 1985.

    Louis Monier/Rue des Archives.

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    5. La France : Un modle socio-conomique original

    a) La rvolution des campagnes

    Le poids dmographique et conomique des campagnes diminue gra-duellement jusquaux annes 1950, puis tout sacclre partir de cette date. Alors que le gographe Jean-Franois Gravier voquait dj, dans un ouvrage clbre, Paris et le dsert franais, publi en 1947, la ten-dance de Paris concentrer lessentiel du dynamisme humain et co-nomique franais, laprs Seconde guerre mondiale voit lapparition de vritables dserts ruraux. De 1946 1954, le monde rural perd 1 mil-lion dactifs et encore 700 000 de 1954 1962. Ceux qui partent sont tout dabord les journaliers. Avec la mcanisation acclre de lagricul-ture franaise, ceux-ci trouvent de moins en moins de travail dans les campagnes. Ils vont alors sembaucher dans les industries tayloriennes en plein essor. Le projet de modernisation trouve un cho important dans la gnration des jeunes agriculteurs, souvent forms par la JAC (Jeunesse agricole chrtienne) qui, ne avant guerre, atteint son apoge au dbut des annes 1950.

    Des rgions jusqu l moins touches que dautres par lmigration rurale comme la Bretagne, peut-tre en raison de la langue, sont dsor-mais touches par lexode rurale. Dautre rgions continuent se dpeu-pler et finissent par former de vritables dserts humains, notam