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Philippe Guillot
La dmocratie est-elle en crise ?
Remarques prliminaires
Nous sommes ici en prsence dune question simple, au moins en apparence. Bien entendu, la rponse le sera beaucoup moins car il faudra peser l'essentiel des lments qui entrent en ligne
de compte et ils sont nombreux ! pour valuer ce qui nous permettrait d'affirmer que la dmocratie est en crise ou pas, et ce mme si chacun de nous est prt donner un avis
l'emporte-pice. Le propre de la dissertation est justement d'viter ce type de rponse et de
s'assurer, par la rflexion, de tout ce qui peut contribuer l'argumentation.
Il n'en reste pas moins qu'il faut viter de biaiser. Un dfaut frquent des copies de CAPES
tient au fait que, bien souvent, soit parce qu'on trouve la question trop simple, soit parce qu'on
n'a pas grand chose dire son propos, on rpond ct de la question, voire une autre
qu'on aurait aim voir pose ! Autrement dit, beaucoup de candidats, bien qu'tant de qualit,
sont limins du concours s'liminent eux-mmes par une (ou deux) copie(s) hors-sujet. Rappelons ici qu'un tel devoir, mme quand le hors-sujet n'est que partiel, aura
ncessairement une note infrieure la moyenne. Au problme pos ici, vous devez donc
fournir une rponse aussi claire que possible, mme si on s'attend ce qu'elle soit nuance.
La proposition de corrig qui suit tente, prcisment, de le faire, sans pour autant prtendre
tre exhaustive. Elle espre simplement correspondre ce qu'on est en droit d'attendre d'une
(trs ?) bonne copie le jour du concours.
Proposition de corrig
Cest une banalit de dire que, dans les socits occidentales, la politique passionne de moins en moins les foules. Nombreux sont les indicateurs de cette dsaffection, commencer par la
tendance gnrale une augmentation de labstention lors des lections, le dclin des partis ou laudience de plus en plus faible, la tlvision tout particulirement, des missions, dailleurs de moins en moins nombreuses, que lon qualifie habituellement de politiques .
Or ces socits sont connues pour tre des dmocraties, probablement les plus acheves
de la plante. De l se demander si ce type de rgime est en crise, il ny a quun pas. Si cest le cas, cela signifie quil pourrait, plus ou moins brve chance, disparatre au profit dun autre, par exemple une forme dautoritarisme qui, elle-mme, pourrait son tour se muer en rgime totalitaire. Cela sest vu il ny a pas si longtemps, dans la premire moiti du sicle dernier, et mme plus rcemment. Beaucoup de ceux qui lont connu sont encore vivants et peuvent en tmoigner. Et il ne faut pas croire que la bte immonde du nazisme, du
fascisme ou du stalinisme est dfinitivement terrasse. Si le pire nest jamais sr, du moins peut-il renatre. Cest sans nul doute ce que se sont dits les manifestants de lentre-deux-tours de la dernire prsidentielle franaise, en 2002, lorsquils ont manifest, avant de retomber dans une certaine apathie, contre lventuelle lection dun candidat susceptible, leurs yeux, de mettre ma la dmocratie. On le voit, lenjeu est dimportance.
Pour savoir si la dmocratie est en crise, il faut dabord la dfinir, ce qui nest pas si facile tant il vrai quon peut placer sous ce terme bien des choses. Pour faire simple, on peut affirmer, comme le rappelle la Constitution franaise de 1958, quelle est le gouvernement du peuples par le peuple, pour le peuple . Autrement dit, tous les individus, supposs gaux,
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peuvent, et mme doivent, participer la gestion de la Cit (la polis grecque qui est lorigine du mot politique ). La dmocratie serait donc le gouvernement des citoyens , ceux-ci
tant non seulement gaux, mais aussi libres. Ce rgime garantit donc les liberts
fondamentales, celles de penser ce que lon veut, de lexprimer, de sassocier, de se runir, de circuler, etc. Dans sa forme la plus pure, il faudrait que tous soccupent des affaires du pays. Ce type de dmocratie a pu exister dans lAntiquit eu gard au nombre restreint dindividus qui la citoyennet tait reconnue, mais aujourdhui, sauf exceptions trs limites, elle est remplace par un systme o les citoyens-lecteurs dsignent des reprsentants. Cest videmment ce type de dmocratie reprsentative, donc impure en quelque sorte, que nous
allons examiner ici, puisque celui qui est, de loin, le plus rpandu.
Nous allons voir que, si les motifs dinquitude sont bien rels, il y a nanmoins aussi des raisons desprer ou, du moins, de ne pas dsesprer. Si nous pourrons voquer, ici ou l, le cas dautres pays, il nen reste pas moins que le cas de la France sera privilgi.
I. Une situation critique
Plusieurs motifs incitent penser que la crise de la dmocratie est bien relle, qui tiennent la
fois la participation des citoyens la vie de la Cit et au fonctionnement des institutions.
A. La dmocratie nest pas un sport de spectateurs
Cette affirmation dAntoine Bevort rsume la premire raison de sinquiter de lavenir du rgime dmocratique dont on soulignera ici deux aspects essentiels : la monte de
labstentionnisme et le dclin du militantisme politique et syndical.
Le premier aspect, soulign par les mdias lors de chaque lection, est bien connu. Il y a
de moins en moins dlecteurs qui se dplacent jusquaux bureaux lectoraux pour placer un bulletin dans lurne. Si linscription sur les listes lectorales, dans les pays o elle nest pas automatique, est, selon Pascal Perrineau, le degr zro de la participation politique , le
vote, une ou deux fois par an, nest gure plus haut sur lchelle de cette participation eu gard aux sacrifices quil suppose : sinformer pour pouvoir choisir en toute connaissance de cause et prendre quelques minutes ou dizaines de minutes sur son temps de loisir pour aller
voter. Nanmoins, dans des populations pourtant mieux formes et plus informes, les
abstentionnistes sont toujours plus nombreux, quelles que soient les lections, mme sil y en a qui intressent plus que dautres et drainent encore une majorit dlecteurs (en France, les lections prsidentielles ou, un degr moindre, les municipales) alors que dautres sont massivement boudes. Ainsi, aux dernires lections au parlement europen, en 2004, ce sont
environ 52 % des lecteurs franais inscrits qui nont pas vot, et 74 % de ceux des pays officiellement admis dans lUnion un mois auparavant ! En France, un tiers environ des abstentionnistes ne vont jamais voter. Ces abstentionnistes sont hors-jeu , selon le mot
dAnne Muxel, dans la mesure o ils se sentent, tort ou a raison, exclus du jeu politique. Ce sont surtout des jeunes (ou des trs vieux) peu instruits, en majorit de sexe fminin et mal
intgrs dans la socit (pour cause de chmage, par exemple).
Une majorit dabstentionnistes, en revanche, vote de temps en temps, mais de moins en moins souvent. Quand ces lecteurs votent, il y a de fortes chances quils alimentent la masse croissante, mme si elle est encore marginale, des bulletins blancs ou nuls, ou quils sexpriment en faveur de candidats qui nont jamais eu, ou pas eu depuis longtemps, de responsabilits, ce qui a pour effet de gonfler le nombre de voix en faveur des extrmistes, de
gauche ou de droite, qui proposent des solutions dautant plus radicales quil y a peu de chances pour quils aient les appliquer, moyen terme en tout cas. En France, ce vote protestataire profite surtout ces derniers, le Front national lextrme droite de lchiquier
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politique, Lutte ouvrire et la Ligue communiste rvolutionnaire lextrme gauche. Ainsi, la prsidentielle 2002, Jean-Marie Le Pen pour le premier, Arlette Laguiller et Olivier
Besancenot pour les seconds, ont capitalis prs de 30 % des suffrages exprims. Leur vision
trs critique de la dmocratie telle quelle est pratique en France sduit une bonne partie de ceux qui considrent que les politiciens forment une caste ( ltablissement selon M. Le Pen, traduction littrale de langlais establishment) suppose coupe des ralits quotidiennes de M. Tout-le-monde, insuffisamment lcoute de lopinion publique, plus soucieuse en fait de ses intrts particuliers que de ceux du pays. Ils seraient galement incomptents,
puisquincapables de faire face la fois la crise conomique, que manifeste le maintien dun haut niveau de chmage, et la mondialisation qui est accuse dalimenter ce dernier en raison des dlocalisations quelle engendre et de limmigration quelle facilite. Pour certains lecteurs, ils vendraient mme notre pays lEurope, dont les rglements tatillons rdigs par des eurocrates murs dans leur tout divoire ne tiendraient aucun compte des ralits du pays et dont la monnaie, leuro, alimenterait la hausse du cot de la vie. Last but not least, la corruption y ferait des ravages, ce que semble corroborer la multiplication des affaires
judiciaires. Ainsi, 83 % des personnes interroges dans le cadre du Panel lectoral franais
2002, parmi lesquels beaucoup de jeunes, considrent que les politiciens ne se proccupent
pas de ce quils pensent, soit 24 points de plus quen 1978, et 59 % quils sont corrompus.
Si le nombre des abstentionnistes saccrot, celui des militants, au contraire, dcrot. On sait que ce mot a la mme tymologie que le mot militaire : le latin miles. Le militant se
bat pour une ide, pour une cause. Si lon en croit le chiffre dj trs faible, et nanmoins en baisse, des adhrents des partis, le militantisme serait peut-tre en voie de disparition. Du ct
des syndicats, o leur nombre est trs variable dun pays lautre, la rgression semble aussi vidente. Or le dclin des grandes organisations, qui ne semble pas mouvoir grand monde,
est sans doute aussi un motif dinquitude pour le bon fonctionnement de la dmocratie. Les partis politiques jouent en effet un rle de mdiateur. Ils sont supposs synthtiser les souhaits
et les dolances de la population dans des programmes. Ce faisant, ils contribuent la
socialisation politique de la population en lui faisant comprendre les rgles du jeu et en
lobligeant avoir une vision moins troite de ses intrts. Ils donnent en outre des moyens leurs candidats de faire campagne, sans quoi seuls les candidats dots dune fortune personnelle pourraient se faire lire. Quand ils sont au pouvoir, ils ont un devoir de
pdagogie, dexplication et de justification des dcisions prises ou, au moins, envisages. Bref, ils constituent ou devraient constituer un lien entre les lecteurs et le gouvernement. Quant aux organisations syndicales, qui ne sont pas dans le champ politique au sens strict,
elles permettent des individus qui, sinon seraient isols, de se dfendre contre larbitraire et les abus.
Or, justement, ces dernires annes sont marques, un peu partout dans le monde, par le
triomphe du libralisme conomique qui saccompagne non seulement de la monte de la prcarit et des ingalits, mais aussi dune vision unilatrale des politiques conomiques.
La vie active commence de plus en plus par des petits boulots lis des contrats
dure dtermine quand ce nest pas par une priode de chmage. La part des CDD, en France notamment, saccrot fortement par rapport celle des contrats dure indtermine qui apportent une scurit inapprciable ceux qui en bnficient. cette ingalit face au
march du travail sajoute le fait que le partage de la valeur ajoute entre les facteurs de production est de plus en plus favorable au capital. La volont de drglementer pour laisser
les coudes franches aux entreprises afin quelles puissent crer plus de richesses dbouche sur des remises en cause, comme celle des salaires minima. La conjoncture conomique
fabrique des exclus dont on a vu plus haut quils ne votaient pas parce quils se sentaient rejets et de lingalit alors que la dmocratie suppose non seulement la libert, mais aussi
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lgalit. Aprs tout, comme le disait Gambetta, ce qui constitue la vraie dmocratie, ce nest pas de reconnatre des gaux, cest den faire . laide dune discrimination positive conomique, comme le prconise ric Keslassy dans un ouvrage rcent ? Quoi quil en soit, la crise du militantisme nest donc pas a priori chercher dans le manque de causes dfendre.
Elle est peut-tre chercher dans la tendance vouloir tout expliquer par lconomie ou plus exactement par les contraintes conomiques. Il faudrait prendre telle ou telle mesure
conomique parce quon ne pourrait pas faire autrement. Et les grands partis qui gouvernent ont dans leurs programmes des mesures souvent trs proches qui consistent faire confiance
au march, mme si sest au dtriment des plus dmunis. Cest ainsi que 50 % des personnes interroges dans le Panel lectoral franais ne faisaient, en 2002, aucune diffrence entre les
programmes de Jacques Chirac et Lionel Jospin. Le discours politique simprgne ainsi du vocabulaire conomique et de lide que, les faits conomiques tant ttus, on ne peut pas faire autrement . Une sorte de fatalisme conomique se substitue ainsi au volontarisme
politique et contribue vacuer le politique de la vie sociale : quoi bon aller voter puisque le
politique est domin par lconomique ? Les tats, par exemple, ne doivent-ils pas, souvent, sincliner devant la volont des grands groupes internationaux ?
B. Une crise institutionnelle
Ne doivent-ils pas aussi sincliner devant la volont suprieure dinstances internationales dont un nombre croissant de directives doit tre appliqu nationalement. Pour les membres de
lUnion europenne, cette situation va de soi. Vingt-cinq pays de lEurope ont en effet abdiqu volontairement et dmocratiquement une partie de leur souverainet au profit des
institutions communautaires. LUnion est constitue de dmocraties. Pour autant, fonctionne-t-elle de faon parfaitement dmocratique, cest--dire en toute transparence et en faisant participer les citoyens europens la prise de dcisions. Ce nest pas le sentiment dominant. Le Parlement europen, instance lgislative lue au suffrage universel, na pas autant de pouvoir que les parlements nationaux qui, dailleurs, sont eux-mmes largement dpouills de leur pouvoir lgislatif par les gouvernements. En France, par exemple, deux textes lgislatifs
sur trois proposs au vote des dputs et des snateurs manent du gouvernement dont le rle,
sil tait parfaitement conforme au souhait de Montesquieu dune relle sparation des pouvoirs pour viter les abus, devrait se cantonner excuter les lois votes par les
reprsentants du peuple. Au niveau europen, cette tendance de lexcutif, en loccurrence la Commission des communauts europennes, priver le lgislatif dune partie significative de ses prrogatives est encore plus vidente. Elle est encore accentue par le caractre technique
de nombreuses dcisions et le fait quelles proviennent dune instance lointaine sur laquelle les citoyens nont pas le sentiment davoir la moindre prise. En outre, le lobbying, dj trs prsent aux tats-Unis, est aussi trs utilis pour influencer les autorits de Bruxelles. Or cest l videmment un moyen de pression discret, voire souterrain, qui chappe au contrle
dmocratique. Quon ne stonne pas, ds lors, quil ne semble pas y avoir encore de vritable citoyennet europenne dautant que mme les reprsentants du peuple europens, les parlementaires, ne sont pas lus par un collge lectoral unique qui couvrirait tout le territoire
de lUnion (soit tout de mme 25 pays habitus leur indpendance), mais par des collges nationaux, voire, pour la France, rgionaux. Au final, on a ce paradoxe que la construction
europenne donne le sentiment quelle fait reculer la dmocratie alors quelle regroupe les pays les plus dmocratiques de la Terre.
Bien entendu, la domination des techniciens observe au niveau europen, se retrouve
au niveau national. Les textes proposs par les gouvernements sont luvre, la plupart du temps, des spcialistes non lus qui peuplent les cabinets ministriels qui concentrent entre
leurs mains des pouvoirs que le peuple ne leur a pas confrs. En France, ces technocrates
jouent un rle particulirement important dans la mesure o, bien que forms pour diriger
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ladministration, ils se retrouvent souvent la tte de grandes entreprises. Ce pouvoir des grands corps de ltat est surtout celui de lcole nationale dadministration (ENA), do le rgime d narchie que nous subirions. videmment, la domination de hauts fonctionnaires le plus souvent issus des couches suprieures de la socit (reproduction sociale oblige) et qui
sont passs directement des grandes coles des postes de responsabilits accentue le
sentiment que nos dirigeants sont coups des ralits quotidiennes des citoyens ordinaires.
Elle donne le sentiment de constituer avec les lus une sorte de nomenklatura, comme dans la
dfunte URSS, dautant que ces derniers ont des caractristiques sociologiques qui les rapprochent deux et les diffrencient du commun des citoyens. Ne sont-ils pas, eux aussi, en majorit issus des classes moyennes et suprieures, avec une surreprsentation, pour la
gauche, des enseignants, et, pour la droite, des avocats et des mdecins ? Comme les hauts
fonctionnaires aussi, ce sont en majorit des hommes.
C. Individualisme et communautarisme la hausse
La sous-reprsentation des femmes dans les instances dirigeantes des dmocraties peut aussi
tre considre comme un dysfonctionnement de ce type de rgime. En France, o elle est
particulirement sensible, elle a justifi le vote dune loi sur la parit qui oblige les partis prsenter autant de femmes que dhommes aux lections. Bien que fonde sur une intention fort louable de rquilibrage entre les sexes, elle pose nanmoins un problme grave : faut-il
traiter les femmes comme une catgorie part ? Aux tats-Unis, les mesures de
discrimination positive (affirmative action) en faveur des minorits ethniques ont montr leurs
limites et engendr nombre deffets pervers dont le moindre nest pas le risque dun dveloppement spar des communauts limage de lapartheid dsormais aboli en Afrique du Sud. Pourtant, dautres minorits, ailleurs, rclament aussi un traitement de faveur, par exemple les minorits musulmanes en France qui auraient voulu pouvoir arborer des signes
religieux dans le cadre de lcole de la Rpublique. On le sait, le dbat rcent sur la lacit a, lui aussi, dbouch sur une loi suppose empcher tout proslytisme lcole. Autre exemple : celui des dpartements franais doutre-mer qui nont de cesse, pour ne pas subir trop durement les effets de textes qui ne leur conviennent pas, de faire rfrence leurs
spcificits locales . Bref, de plus en plus de groupes de toute nature cherchent chapper
la loi commune, posant ce redoutable problme analys par Alain Touraine : Pourrons-
nous vivre ensemble en tant la fois gaux et diffrents ?
Cette demande de droits spcifiques nest-elle pas, au fond, le prolongement au niveau de chaque groupe social de la monte de lindividualisme dans nos socits. Dj Tocqueville, dans La Dmocratie en Amrique, sinquitait du repli de chacun quil voyait poindre sur sa sphre prive, son cocon familial, et du dsintrt pour la chose publique (la res publica) qui,
pensait-il, risquait fort de dboucher sur la tyrannie, tous deux suscits par laction dun pouvoir tutlaire de plus en plus omnipotent, mais bienveillant. Nest-ce pas ce repli que lon constate aujourdhui, que la pression la consommation prive encourage au nom des ncessits de la croissance (toujours lconomie) et de la ralisation dun hypothtique bonheur matriel ? Et le dsintrt pour la politique ne se nourrit-il pas du sentiment, dj
relev par Tocqueville, quau fond, si les choses ne vont pas parfaitement bien, elles ne vont pas si mal grce notre tat-providence souvent vilipend, mais jug dsormais indispensable
par la majorit ? Ce dsintrt est sans doute amplifi par les mdias, o la politique se joue et
se donne en spectacle, en raison du frquent simplisme de bien des dbats et de la drision
systmatique des politiques qui y est pratique.
Pour le dfenseur de la dmocratie, tout cela nest gure susceptible dengendrer loptimisme. Heureusement, la situation actuelle est porteuse de quelques raisons desprer, ou du moins de ne pas dsesprer.
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II. Des raisons desprer ?
Une premire consisterait constater que la dmocratie semble gagner du terrain dans le
monde. la chute de lapartheid voque plus haut, on pourrait ajouter celles du mur de Berlin qu'on imaginait pas, l'poque, devoir tomber si vite et si brutalement, des talibans en
Afghanistan, de Didier Ratsiraka Madagascar ou de Saddam Hussein, par exemple, encore
que, concernant celle du dictateur irakien, rien ne dit quelle dbouchera ncessairement sur la dmocratie pluraliste telle quelle est conue en Occident. Et puis imposer la dmocratie par la force comme le font les Amricains, est-ce bien dmocratique ? De toute faon, il serait
facile de trouver dautres territoires du tiers monde o la dmocratie est bien fragile. Notre propos est plutt ici dvoquer des raisons de penser que, l o elle est durablement implante, dans les pays dvelopps occidentaux en gnral et en France en particulier, la
dmocratie peut rsister, non seulement aux assauts du terrorisme, mais aussi une sorte de
dgnrescence que nous avons cherch mettre en valeur dans la premire partie. Ces
raisons, nous allons les trouver dabord dans le fait que lapathie de la population est peut-tre moins profonde quil ny parat, ce que laisse apparatre un certain renouvellement des formes de la participation, et ensuite dans le fonctionnement des institutions.
A. Une apathie moins grave quil ny parat
Elle apparat, me semble-t-il, trois niveaux :
- tout dabord dans le fait que la dmocratie semble admise comme tant dfinitivement le meilleur systme politique ;
- ensuite dans le maintien dune certaine capacit se mobiliser ; - enfin, dans le renouvellement des formes de participation.
Soulignons, en premier lieu, la popularit de lide mme de dmocratie, aussi bien l o elle nexiste pas, ou mal, que chez nous. Dans les pays o elle nexiste pas, les citoyens y aspirent. Le simple fait quon puisse leur demander leur avis sur la conduite des affaires est, pour eux, quelque chose dextraordinaire.
Quand on interroge les lecteurs franais qui, eux, sont habitus donner leur avis, ce
qui peut les rendre quelque peu blass, ils montrent nanmoins leur attachement ce type de
rgime et au fonctionnement des institutions correspondantes, et ce une crasante majorit, y
compris chez ceux qui votent pour des candidats ou des mouvements qui semblent les mettre
en cause. Ceci souligne quel point, pour nombre des lecteurs de ces derniers, le vote est
une faon de protester contre les dtenteurs actuels du pouvoir et non une adhsion un
programme que, bien souvent dailleurs, ils ne connaissent pas dans les dtails, ny retenant que quelques arguments simplistes (exemple : il faut interdire les licenciements ou encore
renvoyer les trangers chez eux, ils prennent notre travail). De nombreux lecteurs du Front
national se plaignent mme du mauvais fonctionnement de la dmocratie ! Il est vrai que le
scrutin majoritaire qui est le plus souvent utilis en France ne leur permet pas davoir une reprsentation lAssemble nationale.
La majorit des abstentionnistes eux-mmes ne sabstient pas systmatiquement. Du reste, dans Le Vote de tous les refus, ouvrage faisant, sous la direction de Pascal Perrineau et
Colette Ysmal, le bilan et lanalyse des lections franaises de 2002, Anne Muxel remarque quil y a de plus en plus dabstentionnistes dans le jeu , par opposition ceux qui seraient hors-jeu parce que se sentant quelque peu en marge de la socit, donc exclus du champ
politique. Contrairement ces derniers, ce nouveau type dabstentionnistes aurait un profil assez proche des votants. Plutt jeunes comme nombre dabstentionnistes traditionnels, ils seraient en revanche plus cultivs queux, se montrant capables de se mobiliser quand cela leur semble ncessaire, lorsque, par exemple, la dmocratie leur semble en danger ou quand
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lenjeu leur parat important. Ainsi, nombre dentre eux se sont mobiliss lors du second tour de la dernire lection prsidentielle. On y a en effet enregistr une participation nombreuse :
80,9 % de votants, soit huit points de plus quau premier tour pour tenter de faire barrage au candidat Le Pen jug inquitant pour la dmocratie. Sur cent suffrages exprims en faveur de
Jacques Chirac lors de ce tour dcisif, vingt provenaient des abstentionnistes du tour initial,
un apport de voix significatif puisquil correspondait prs de la moiti de ces derniers (43 %). De mme, les lections rgionales de 2004 ont mobilis un nombre de votants bien
suprieur aux attentes, sans doute dans le but de faire connatre un certain mcontentement
lgard du gouvernement Raffarin. Notons enfin que, quand sorganisent des formes de dmocratie directe, par exemple des rfrendums locaux sur limplantation dun aroport ou le passage dune autoroute, la participation au vote est massive et indique bien que, quand les intrts sont bien perus, la majorit de la population nhsite pas donner son avis.
Dune certaine manire, le constat quil existe de plus en plus un abstentionnisme dans le jeu conforte une thse dj ancienne, inspire de la thorie micro-conomique, qui
souligne que des populations mieux formes intellectuellement, mieux informes aussi, sont
plus aptes quautrefois jauger loffre et la demande politiques pour dcider sils doivent aller voter ou non, et si oui, pour qui.
B. Un renouvellement des formes de participation
La participation la vie politique ne se limite pas au vote. Bien dautres formes, moins conventionnelles, existent que lon synthtise sous lexpression daction collective dans la mesure o elles ncessitent, pour tre efficaces, la mobilisation de nombreux citoyens. Ces
derniers ont, en outre, la possibilit de se regrouper en associations.
Il y a longtemps que les citoyens utilisent dautres formes dexpression que le vote, le plus souvent pour marquer leur mcontentement. Le syndicalisme a souvent appuy ses
revendications sur des grves et des manifestations, et le fait encore. Les partis, de gauche
surtout, ont aussi beaucoup utilis la manifestation. Avec le recul des organisations syndicales
et du phnomne partisan, avec sans doute aussi le renforcement de ltat-providence, laction collective a chang de forme. Il y a, dsormais, moins de grands mouvements nationaux faisant lobjet dune mise en scne prouve. Aujourdhui, les revendications lies au travail sont plus catgorielles, comme celle des intermittents du spectacle en France en
2003, ou plus localises, ne concernant quune entreprise ou une rgion. Il nen reste pas moins quil subsiste une capacit mobiliser les foules quand les enjeux semblent suffisamment importants, comme lont montr lentre-deux-tours de la dernire prsidentielle franaise, ou la dfense de la Scurit sociale et le refus de certains aspects de la
dcentralisation des services publics en 2003.
Dautres ne cessent de se dvelopper, qui mettent en scne des actions qui chappent laffrontement classique des salaris et des patrons. Ces nouveaux mouvements sociaux sont parfois trs matrialistes quand il sagit, par des occupations dglises ou dimmeubles, de dfendre les sans-papiers ou les mal logs. Ils sont pourtant en gnral moins matrialistes
que les mouvements traditionnels, plus post-matrialistes , pour reprendre la terminologie
de Ronald Inglehart. Ils portent moins, en effet, sur les conditions de vie matrielles que sur
un dsir dpanouissement personnel, de ralisation de soi, et sont le fait dune population plus jeune et cultive que la moyenne qui se bat pour lgalit des sexes, pour la reconnaissance de lhomosexualit ou encore une culture rgionale, en variant les formes daction, nhsitant pas user de lhumour et de la drision.
Une autre faon dexercer sa citoyennet activement est de participer la vie associative. Si des groupes intermdiaires comme les partis et les syndicats sont en dclin, en
revanche, le mouvement associatif est bien vivace, facilit dans notre pays par la loi de
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1901 chre Waldeck Rousseau. Certes, la plupart des associations ne sont pas politiques
au sens strict dans la mesure o elles noccupent pas, habituellement, lespace du mme nom. Les nombreuses crations concernent en effet plutt le sport, la culture et les loisirs. Il nen reste pas moins que mme dans ce cas, elles permettent aux citoyens de participer activement
la vie sociale, voire, pour certaines catgories marginalises, de mieux sy intgrer. Cest ainsi que Catherine Withol de Wenden et Rmy Leveau montrent, dans un de leurs ouvrages,
comment, grce au rseau des associations, a pu merger, chez les enfants des immigrs
dAfrique du Nord, les beurs , ce quils appellent une beurgeoisie . En outre, toute association, quelle quelle soit, peut tre amene intervenir auprs des pouvoirs publics, ne serait-ce que pour obtenir des subventions, a fortiori si elles se situent clairement dans le
champ politique, comme celles qui luttent contre le racisme ou pour aider les plus dfavoriss,
celles qui, gravitant autour des partis, leur servent de botes ides , ou encore tous les
petits groupes qui dfendent des intrts particuliers les groupes dintrts ou de pression , souvent dans la coulisse, do leur nom de lobbies ( couloirs en anglais, l o se jouent les luttes dinfluence, loin de la foule et de la rue et du contrle dmocratique).
C. De nouveaux quilibres institutionnels
Au-del des imperfections que lon peut constater et des critiques que lon peut faire sur le fonctionnement des institutions des dmocraties reprsentatives occidentales, nous
voquerons brivement ici des aspects qui nous semblent plutt favorables la prennit du
systme. Certes, il nest gure question, en dehors de certaines expriences, encourageantes, sans doute, mais encore fort limites, celles dcrites, notamment, par Antoine Bevort dans
Pour une dmocratie participative, de revenir une dmocratie plus directe. Et les efforts de
certains gouvernements comme le ntre pour reconstruire une citoyennet lcole en gnral, et au lyce en particulier avec linstitution de cours dducation civique, juridique et sociale, aussi louables soient-ils, risquent fort de ne procurer que des bnfices assez limits.
Mais certaines volutions rcentes, qui tiennent lexercice du pouvoir, mritent dtre soulignes.
Remarquons tout dabord que, dans plusieurs pays occidentaux, des mesures viennent progressivement renforcer les pouvoirs locaux. Ainsi, paradoxalement, les pouvoirs
supranationaux psent de plus en plus sur les tats, mais ces derniers se dpouillent aussi
dune partie de leurs prrogatives au profit dinstances plus proches des citoyens et de leurs proccupations, comme les dpartements et les rgions en France o ce mouvement de
dcentralisation se poursuit linitiative du gouvernement Raffarin au point parfois dinquiter ceux qui pensent y perdre lgalit de traitement dont ils bnficiaient jusqualors, cest--dire certaines garanties demploi ou de salaire.
Mentionnons ici aussi une certaine pacification de la vie politique. Les alternances au
pouvoir sont devenue monnaie courante dans les dmocraties occidentales : Tony Blair peut
succder sans heurts John Major, Jacques Chirac Franois Mitterrand, Gerhard Schroeder
Helmut Kohl ou Geoge W. Bush Bill Clinton, personne ne sen tonne. Lancienne majorit, devenue opposition, lutte pacifiquement pour revenir au pouvoir. Sans doute utilise-
t-on parfois, dans le dbat politique, le sarcasme des petites phrases , mais on use rarement
de linvective, jamais dsormais lattentat. Et si la politique politicienne irrite bon nombre dlecteurs, elle nen est pas moins pacifique. Quand attentat il y a, il est luvre de groupes extrmistes, souvent extrieurs ces pays. Quand il sagit de luttes armes internes, il semble bien que, tant en Irlande du Nord quen Corse, elles sessoufflent. Quant aux Brigades rouges en Italie, la bande Baader en Allemagne ou Action directe en France, leurs actions
sanglantes relvent dsormais de lhistoire. De leur ct, les dirigeants de ces pays nutilisent plus que trs rarement la force pour rprimer les pratiques non conventionnelles de
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participation, fussent-elles illgales. Ils nusent plus non plus depuis longtemps de larrestation et de la dtention pour se dbarrasser dopposants encombrants comme cela a pu se faire autrefois et comme cela se pratique encore dans certains rgimes du tiers monde qui,
de ce fait, ne mritent pas le qualificatif de dmocratiques dont ils saffublent. Dans le mme ordre dides, on peut avancer lide que la cohabitation telle quelle
a eu lieu ces dernires annes dans notre pays, de 1986 1988, de 1993 1995, et de 1997
2002, entre un gouvernement et un prsident reprsentant des courants opposs a atteint un
sommet dans la pacification de la vie politique et dans lexercice dmocratique du pouvoir dans un rgime fond sur la reprsentation, mme si cela a accrdit lide, chez certains, que la gauche et la droite, ctait, pour reprendre lexpression dun ancien dirigeant communiste, bonnet blanc et blanc bonnet . Ainsi, deux des raisons qui ont contribu au
dsenchantement de la politique dans les pays occidentaux alternance au pouvoir et cohabitation sont aussi des raisons de juger que la dmocratie nest pas en si mauvaise sant que cela.
Il en est de mme, paradoxalement, des affaires lies la corruption. Ce nest pas, en effet, parce quelles se sont multiplies ces dernires annes, allant jusqu concerner le chef de ltat ou des ministres, que, dune part, il y a plus de corruption, et que, dautre part, la dmocratie va mal.
Dabord, on remarquera que la dcentralisation a rapproch les instances dcisionnaires des citoyens donc les risques de corruption. En effet, il est plus facile, pour tout un chacun, de
prendre contact avec un conseiller municipal, un maire, un conseiller gnral ou un conseiller
rgional quavec un ministre ou, a fortiori, un membre de son cabinet totalement inconnu du grand public pour essayer de les influencer, au besoins avec des moyens illgaux. Notons au
passage que, dune part, ce genre de pratique nest pas habituellement rprim dans les autres rgimes, et, dautre part, que le nombre daffaires, en France par exemple, rapport celui des milliers dlus est finalement infime. Autrement dit, contrairement une image trs rpandue, lcrasante majorit des politiciens est honnte.
Remarquons, en second lieu, que, sil y a tant de procs mettant en cause des politiques, cest que, face au lgislatif et lexcutif, le troisime pouvoir, la justice, fait son travail avec une indpendance quelle ne connaissait pas auparavant. Elle est mme utilise de plus en plus systmatiquement, ce qui peut faire craindre un nouvel excs : alors quautrefois, la justice tait systmatiquement contrle par le ministre qui lavait en charge, donc par lexcutif gouvernemental, elle serait peut-tre en train, sous la pression de citoyens qui hsitent de moins en moins faire appel elle, non seulement de contrler le pouvoir, mais
aussi de le dominer. La judiciarisation en cours pourrait alors driver vers un
gouvernement de juges, non lus (sauf aux tats-Unis), donc non contrls par des moyens
dmocratiques. Autre risque de drive la justice charge dviter les abus de pouvoir, on peut associer celle quon qualifie
frquemment de quatrime pouvoir : la presse. Il est vrai que sa libert est aussi une garantie
contre ces abus. Le mouvement de concentration que les entreprises de ce secteur connaissent
comme le reste de lconomie est sans aucun doute une menace pour le pluralisme de lexpression. Lempire de laustralien Murdoch couvre aujourdhui une bonne partie de la Terre, non seulement son pays dorigine mais aussi le Royaume-Uni et les tats-Unis. De mme, la famille Hersant en France et le groupe Bertelsmann en Allemagne ont fait main
basse sur de nombreux journaux et magazines. Nanmoins, il semble bien que la presse ait
conserv une relle indpendance. Cest mme elle qui est souvent lorigine des enqutes et des actions en justice concernant les politiciens. Son pouvoir, associ celui du judiciaire,
serait tel quon pourrait considrer avec ric Zemmour que presse et justice sont les nouveaux aristocrates de la V
e (Pouvoirs, n 99, p. 163) !
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La libert de parole, si elle est menace par la constitution dempires mdiatiques, pourrait tre renforce par lusage dInternet. Il est toutefois encore bien difficile denvisager une vraie cyberdmocratie tant cause des abus que peuvent entraner les excs dune libert non contrle que du fait que laccs ce nouveau moyen de communication est encore circonscrit une minorit des populations des pays dvelopps, la plus riche et la plus
cultive, alors quelle ne concerne quune partie encore trs faible des autres pays.
Au terme de cette partie o nous avons pu temprer limpression dapathie des populations des dmocraties occidentales, reprer de nouvelles manires de faire de la
politique et une pratique du pouvoir plus pacifique et quilibre, nous pouvons affirmer que la
dmocratie nest pas aussi fragile quon pouvait le penser au premier abord.
Conclusion
Nous avions vu, dans la premire partie de ce travail, que leffritement de la participation, la fragilisation dinstitutions et la monte la fois de lindividualisme et du communautarisme pouvaient accrditer lide dune crise de la dmocratie. Bien entendu, il sagit uniquement ici de la dmocratie reprsentative qui serait, entre autres choses, victime la fois de la drive
oligarchique que craignaient les philosophes de lAntiquit, un petit nombre d aristocrates sarrogeant le pouvoir au grand dam du reste de la population, de lincapacit de ltat-providence devenu dmocratie providentielle , selon lexpression de Dominique Schnapper, satisfaire les multiples demandes des groupes les plus divers, et de la
mondialisation gnratrice de nouvelles tensions et de nouvelles inquitudes. La seconde
partie, nanmoins, nous a permis de recenser des raisons de penser que ce type de rgime
connat sans doute moins une priode de crise que de mutations.
Il nen reste pas moins que si lon veut dfendre la pire des formes de gouvernement lexception de toutes les autres , selon cette expression clbre tire dune dclaration de Winston Churchill la chambre des Communes, il faut rester vigilant.
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Bibliographie
En rapport avec ce sujet, vous trouverez mentionns de nombreux travaux intressants dans la
direction de travail concernant la science politique et les socits contemporaines, pages 35-
36 et 54-56, en particulier :
- Martine BARTHLEMY, Associations : un nouvel ge de la participation ?, Presses de
Sciences po, 2000.
- Janine MOSSUZ-LAVAU, Les Franais et la politique. Enqute sur une crise, Odile Jacob,
1994.
- Anne MUXEL (sous la direction de), Les Franais et la politique , La Documentation
franaise, Problmes politiques et sociaux, n 865, 2 novembre 2001 [en peu de pages, une
excellente synthse].
- Alexis de TOCQUEVILLE (1981), De la dmocratie en Amrique, Garnier-Flammarion, deux
volumes (1re dition : 1835-1840).
- Alain TOURAINE, Quest-ce que la dmocratie ?, Fayard, 1994.
ces rfrences, on peut en ajouter trois autres :
- Antoine BEVORT, Pour une dmocratie participative, Presses de Sciences-Po, La
Bibliothque du citoyen , 2002 [avec des exemples actuels de dmocratie directe].
- Simone GOYARD-FABRE, Quest-ce que la dmocratie ? La gnalogie philosophique dune grande aventure humaine, Armand Colin, U , 1998.
- Pascal PERRINEAU et Colette YSMAL (sous la direction de), Le Vote de tous les refus. Les
lections prsidentielles et lgislatives 2002, Presses de Sciences po, 2003.
Voici dautres ouvrages qui vous permettront, si vous le dsirez, dapprofondir : - Marlne COULOMB-GULLY, La Dmocratie mise en scnes. Tlvision et lections, CNRS,
Communications , 2001.
- Xavier CRETTIER et Isabelle SOMMIER (sous la direction de), La France rebelle Tous les
foyers, mouvements et acteurs de la contestation, Michalon, 2002.
- Genevive FRAISSE, Muse de la raison. Dmocratie et exclusion des femmes en France,
Gallimard, Folio / Histoire , 1995 (1re
d. : 1989).
- Pierre LVY, Cyberdmocratie. Essai de philosophie politique, Odile Jacob, 2002.
- Dominique SCHNAPPER, La Dmocratie providentielle. Essai sur lgalit contemporaine, Gallimard, "NRF Essais", 2002.
- Alain TOURAINE, Pourrons-nous vivre ensemble ? gaux et diffrents, Fayard, 1997.
- Alain WEBER (sous la direction de), Internet et la dmocratie , Aprs-demain, n 430-
431, janvier-fvrier 2001.
- Catherine WITHOL de WENDEN et Rmy LEVEAU, La Beurgeoisie. Les trois ges de la vie
associative issue de l'immigration, CNRS, 2001.
Certains aspects de la vie politique voqus ici ont fait lobjet de dossiers dans : - Alternatives conomiques, n 193, juin 2001 : Associations : le bel avenir , pp. 36-48.
- Esprit, n 240, fvrier 1998 : Urgences dmocratiques [lire plus particulirement le texte de Gil Delannoi, Dmocratie, le mot et le critre , pp. 60-73.]
- Le Monde, dimanche-lundi 3-4 fvrier 2002 : La dmocratie en dbat , pp. 13-20.
- Le Monde, supplment au n 18 068 du mercredi 26 fvrier 2003 : Staline, 50 ans aprs :
ce quil fut, ce quil fit et ce quil en reste. - Le Monde / Dossiers et documents, n 313, octobre 2002 : Rpublique : renouer le lien
dmocratique .
- Pouvoirs, Femmes en politique , n 82, juillet 1997, pp. 4-143.
- Pouvoirs, Islam et dmocratie , n 104, janvier 2003, pp. 1-142.