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ENAC Faculté Environnement naturel architectural et construit INTER Institut du développement territorial

Chôros Laboratoire

Bâtiment polyvalent CH- 1015 LAUSANNE Téléphone secrétariat: 021 / 693 32 97 Téléfax: 021 / 693 38 40 ÉCOLE POLYTECHNIQUE

FÉDÉRALE DE LAUSANNE

Développement territorial et urbanisme I Notes de cours étudiants ENAC : Bachelor 5 / Master 1 et 3

Monique Ruzicka-Rossier architecte SIA urbaniste FSU 2005-2006

URBANISME ET DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL 2

Chôros INTER ENAC EPFL MRR 2005-2006


TABLE DES MATIERES

PREAMBULE 7

URBANISME ET URBANISATION 9 De l’action des urbanistes à l’évènement des aires urbanisées ............................................................ 9

1. Pratique ancienne et discipline récente................................................................................ 9 1.1. Expression du fonctionnement social de la ville à celle du pouvoir................................. 9

Dodécapole égéenne 9 Ephèse : Ville de prestige 10

1.2. Hygiène des espaces urbains jusqu’à l’éclatement....................................................... 10 Ville pré-industrielle 10 Ville industrielle 11 Ville-jardin 12

1.3. Traités ............................................................................................................................ 13 Ildefonso Cerda 13 Ebenezer Howard 13 Marcel Poète 13 Camillo Sitte 13

1.4. Chartes .......................................................................................................................... 14 Charte d’Athènes 14 Charte de Torremolinos du 20 mai 1983 15 Charte d’Aalborg du 27 mai 1994 15 Charte d’Athènes II, avril 1998 16

2. Termes usuels ....................................................................................................................... 17 Aménagement du territoire 17 Espace 17 Territoire 18 Paysage 18 Sol 19 Ville 20 Ubiquité de la ville 20

3. Règles et dispositifs légaux ................................................................................................. 23 3.1. Lois sur l’aménagement du territoire ............................................................................. 23

Buts 23 Principes 24

3.2. Instruments .................................................................................................................... 25 Trois types d’instruments 25 Trois niveaux décisionnels (Suisse) 26 Autres niveaux de planification (Suisse) 27 Tableau Instruments-Planification directrice et réglementaire / CH / F 27 Coordinations verticale et horizontale 28 Inventaires (Suisse) 28

3.3. Dispositifs d’utilisation du sol ......................................................................................... 29 Zones 29 Classification des surfaces et répartition des zones 31 Surfaces d’habitat et d’infrastructure 31 Dispositions hors zone à bâtir 33

3.4. Equipement.................................................................................................................... 36 Equipement et les équipements 36



4. Planification locale ................................................................................................................ 39 4.1. Acteurs et pesée des intérêts ........................................................................................ 39

Multitude des acteurs 40 Intérêts publics et privés 40

4.2. Typologie des communes (suisses) .............................................................................. 41 4.3. Instruments de planification locale ................................................................................ 41 4.4. Planification communale générale................................................................................. 42

Objectifs 42 Contenu 42 Démarche 45 Bases légales 45 Forme 46

4.5. Projet de quartier ........................................................................................................... 46 Planification à l’échelle de l’homme 46 Trois types principaux de planification spéciale 46 Objectifs 46 Démarche 47 Procédure d’adoption 49 Conditions de réussite 49

4.6. Evolution de la planification ........................................................................................... 50 Dysfonctionnements de la planification générale communale 50 Atouts de la planification par secteurs appuyée sur des processus de coordination 51 Références : autorités fédérales et cantonales de l’aménagement du territoire (Suisse romande) 51

URBANISATION ENTRE TRANSLATION ET HOMOTHETIE 53 « Ville » comme constante de l’homme et projetée avec lui dans son accélération............................ 53

1. Densité et Mixité .................................................................................................................... 54 1.1. Définitions générales ..................................................................................................... 54

Densité 54 Mixité 56

1.2. Villes-agglomérations et modification des densités....................................................... 57 Proportion de la population vivant dans les villes 57 Centre dense et couronne éparse 57 Moteurs de l’urbanisation et dispersion 58

1.3. Incidences des densités ................................................................................................ 58 Densité et mixité …nécessaires …non suffisantes ! 59 Indicateurs de la densité et de la mixité 60

2. Ville sur Ville .......................................................................................................................... 77 2.1. Cycles de l’urbanisation................................................................................................. 77 2.2. Renouveau urbain ......................................................................................................... 77 2.3. Habiter : fonction principale des villes ........................................................................... 79

Mode d’habiter ouvrier 79 Mode d’habiter des couches moyennes 79 Mode d’habiter des indépendants 79 Mode d’habiter des couches sociales supérieures urbaines 79 Mode d’habiter des couches sociales supérieures périurbaines 79

2.4. « Urban renaissance » au Royaume-Uni ...................................................................... 80 Constat 80 Gestion urbaine 80 Mesures 81 Recommandations 81 Souhaits 82 Conclusion 82

2.5. « Urbanismo de la renovaciòn » à Barcelone................................................................ 82



2.6. « Renouveau urbain » en Suisse .................................................................................. 83 2.7. Ville…autrement ............................................................................................................ 83

« Egopolis : la ville « sur mesure » 84 3. Espace du partage................................................................................................................. 85

3.1. De l’espace public à l’espace du partage ...................................................................... 85 3.2. Espace public traditionnel remis en question ................................................................ 85 3.3. Concept « espace public » ............................................................................................ 86

Voirie et domaine public 86 Forme, fonction, usage 86

3.4. Rôle de l’espace public.................................................................................................. 87 3.5. Approches fonctionnelle et environnementaliste........................................................... 88

Acteurs 89 Financement 89 Sécurité 89

3.6. Espace du partage encore à qualifier............................................................................ 89

BIBLIOGRAPHIE 91

ANNEXES 95



PRÉAMBULE

L’enseignement du développement territorial et de l’urbanisme a pour objectif de former une réflexion critique et transdisciplinaire sur la manière dont l’homme s’approprie le cadre qui reçoit ses activités ordinaires, qui contient ses lieux d’habitation, de déplacement et de travail, de détente, de culture ou de méditation. L’observation du milieu bâti dans lequel nous évoluons pour étudier, travailler, manger, dormir et ainsi de suite, porte à nos yeux des territoires de tous genres. Certains sont harmonieux et plaisants, d’autres nous dérangent par les bruits et les odeurs qui en émanent, par les séquences d’images quelconques ou torturées qu’ils offrent à notre regard. Certains nous attirent, d’autres nous repoussent. De longue date les territoires stratégiques sont planifiés, aménagés selon les exigences du moment. Des villes sont construites, agrandies, modifiées, des routes sont tracées. Aujourd’hui, chaque fois qu’une voirie le permet, des urbanisations se développent. La planification territoriale agit de l’échelle de la ville à celle des pays.

Deux échelles se confrontent lors de la planification des territoires : l’échelle territoriale pour les grands territoires tels les pays, les grandes régions, les cantons, et l’échelle locale pour les localités, les villes, les communes, les ensembles de communes, et les agglomérations. Une planification territoriale équilibrée prend en compte les deux échelles, celle des réseaux et celle de l’homme. Le territoire planifié à l’échelle territoriale est principalement perçu comme un ensemble de réseaux : réseaux d’infrastructures de déplacement, de communication, d’échanges économiques, de connaissances, les réseaux écologiques, etc. A cette échelle des grands réseaux, le territoire est coupé de sa caractéristique sociale. C’est à l’échelle locale que la dimension humaine apparaît. La planification des quartiers, des villes, des agglomérations nécessite de toujours poser les problèmes au niveau scalaire, social et civique de la dimension de l’homme.

Les premiers chapitres abordent la planification territoriale dans ses deux dimensions territoriales et locales, et particulièrement sous le biais des instruments sur lesquels s’appuient nos sociétés humaines pour organiser et marquer leurs espaces. Les derniers chapitres se concentrent prioritairement sur les domaines de l’aménagement de l’espace urbanisé à l’échelle de l’homme. Les thèmes de la réglementation qui régit les interventions territoriales sont abordés comme un existant confronté à une réalité qui n’est plus celle de la création de ces outils. Les dysfonctionnements amènent des adaptations et de nouveaux instruments qui cumulés aux anciens forment un arsenal lourd et compliqué de règles à respecter. L’objectif de cet enseignement est de construire une vision critique des mécanismes qui régissent l’organisation des espaces habités. la planification locale est aussi décodée à travers le pluriel des acteurs, les pesées d’intérêt et les modes d’intervention. Les rôles pris par les processus d’information, de participation, de concertation sont approchés. Le projet territorial est abordé comme un processus liant acteurs concernés et conception de projet. En dernière partie, les thèmes parents de l’espace habité par les citadins, de la ville aux aires urbanisées, sont esquissés. Un ensemble de questions émergent : Les territoires institutionnels sont-ils représentatifs du fonctionnement des aires urbanisées ? Quelles sont les facultés nouvelles qui caractérisent nos villes actuelles ? Pourquoi les urbanistes parlent-ils tant de densité et de mixité? Quelles notions sont évoquées quand les politiciens parlent de « renouveau urbain » ? Quels sont les lieux privilégiés de rencontre collective dans nos espaces d’évolution journalière ? Qu’en est-il de l’ « espace public ?



URBANISME ET URBANISATION De l’action des urbanistes à l’évènement des aires urbanisées

1. PRATIQUE ANCIENNE ET DISCIPLINE RECENTE

1.1. Expression du fonctionnement social de la ville à celle du pouvoir

Dodécapole égéenne La Confédération des douze villes de Ionie, au10ème siècle av JC, était organisée en réseau. Chaque ville se distinguait, l’une par les arts, l’autre comme centre financier ou lieu de cure. L’une d’elle Priène, dessiné par Hippodamos de Milet1, laisse des traces suffisamment nettes pour lire encore l’inscription géométrique, volontairement marquée au sol, d’une division en classe d’une société alors souhaitée idéale. La ville est planifiée comme une expression du fonctionnement de la société. Le cadre urbain, équilibré et limité, est celui d’une communauté politique bien définie et harmonieuse où les éléments essentiels de la vie privée et celle de la vie commune sont fournis aux citoyens. La ville est découpée en zones ayant chacune une fonction déterminée, publique ou privée. La population est limitée à 5 040, au maximum. Les fonctions de la ville (politiques, économiques, sociales, religieuses) s’expriment dans un plan en damier organisé, où toutes les zones reçoivent une destination dont l’emplacement et l’étendue sont fixés d’après leur fonction : habitations, sanctuaires, agoras et places marchandes, édifices de représentations et de concours, théâtres, gymnases, édifices à caractère politique et administratif. Priène Expression du fonctionnement social de la ville

Trois classes : artisans, agriculteurs, combattants. Triple division du territoire : parties sacrée (avec les prêtres), publique (avec les combattants), et privée (avec les agriculteurs). Trois sortes de lois où l’élection des magistrats se fait par les trois classes de citoyens. Triple spécification des lieux: centre religieux, centre administratif, zone économique.

(environ 800m x 600m)

1 Philosophe, théoricien politique, urbaniste et architecte, descendant de l’école philosophique de Milet, héritier de Thalès et acquis au pythagorisme, développe une pratique fondée sur les mathématiques et la réflexion philosophique. D’après Aristote, il fut essentiellement un théoricien, celui qui inventa la division des villes et adapta leur tracé aux conceptions philosophico-politiques des penseurs du siècle précédent, Platon devait tirer beaucoup de ses préceptes dans la "République".('Encyclopédie Universalis)



Ephèse : Ville de prestige L’essor d'Ephèse date du 10ème siècle av JC, avec l'arrivée des Ioniens. La ville, très rapidement, acquit la prépondérance sur les 12 autres cités ioniennes avec lesquelles elle fonda une confédération. La ville fut gouvernée par une dynastie de financiers pendant quatre siècles, et devint de plus un centre intellectuel dominé par l'Ecole ionienne et le philosophe Héraclite. Capitale commerciale de l'Asie Mineure depuis deux siècles elle devient, en 129 av JC, une province romaine. Ephèse compte 200 000 habitants. En 27 av JC, Auguste décide de faire d'Ephèse la capitale de la province d'Asie à la place de Pergame. Ce nouveau statut propulse la ville au rang de première métropole d'Asie. Ephèse expose son pouvoir à travers de somptueux monuments de marbre, ceux qui ont traversé l’histoire jusqu’à nos jours. Ephèse Capitale de la province d’Asie au Ier sciècel av JC, sous l’empire d’Auguste.

1.2. Hygiène des espaces urbains jusqu’à l’éclatement

Ville pré-industrielle Avant la révolution industrielle, le « dessin de la ville » était généralement le « geste du Prince » qui cumulait pouvoirs civique et religieux. Le Prince décidait de « l’appropriation » du sol (exemples : Palmanova en Italie, Berne et Fribourg en Suisse). La ville était le lieu de la rencontre, des échanges, du commerce, ainsi que le lieu « protégé » où se trouvaient les représentants de l’autorité. En dehors des villes, se dressait un territoire ressenti souvent comme dangereux, la « campagne ». Le territoire autour de l’espace habité avait une fonction principalement nourricière. L’ensemble urbain est ici planifié, dessiné. C’était le geste du Prince.

Berne, Suisse



L’intervention humaine peut être en faite en opposition par rapport à l’espace existant. C’est alors une action violente et significative. Par exemple au Cinquecento Venise édifie une place forte, Palmanova, magnifique expression d’urbanisme militaire, comme défense contre les menaces des Habsbourgs cherchant une ouverture sur l’Adriatique, et des Ottomans envahissant progressivement l’Europe.

Palmavova, Italie ville forteresse du XVIe siècle /

dans le Friuli au nord-est de Venise.

D’autres interventions répondent à d’autres règles ; celles de la symbiose. Des cavités naturelles peuvent être transformées et aménagées pour l’homme.

Ajanta, Inde Monuments rupestres boudhiques

II -Ie sciècles av. J.C. V et Ve sciècles ap.J.C

Ville industrielle Avec la révolution industrielle, la ville s’est libérée de ces frontières, elle éclate. Les voies ferrées, les industries ont repoussé l’urbanisation hors des murailles.

Les autoroutes urbaines tranchent les villes tout en rapprochant les hommes par la voiture.

De même, le pouvoir a été recentré vers le peuple ; la gestion des villes est passée en de multiples mains.



Palimpseste de la « ville à quatre temps » : la ville médiévale, la ville renaissance, la ville industrielle, la ville des NTICS – Nouvelles technologie de l’information et de la communication.

Des grands travaux d’assainissement urbains débutèrent. Deux ingénieurs, Haussmann et Cerda, précurseurs des urbanistes du XXème sciècle, transforment respectivement Paris, Barcelone et Madrid. Les quartiers médiévaux sont ceinturés, ou découpés, par de larges « avenues » ou « boulevards ». Et, de nouveaux quartiers organisés selon des voiries à composition orthogonale agrandissent les villes.

Barcelone Ildefonso Cerda

Plan des alignements de l’Extension de Barcelone (1861) Cerdà est attentif aux besoins essentiels de la nouvelle ville industrielle: «aujourd’hui, tout est mouvement, expansion, "communicativité"».

Il définit les paramètres qui permettent d’ordonner la complexité d’un tissu urbain pour élaborer un urbanisme basé sur la liberté de l’individu ; l’héritage est l’Eixample de Barcelone

Aujourd’hui, ne peut-on pas observer un palimpseste de la « ville à quatre temps » : la ville médiévale, la ville renaissance, la ville industrielle, la ville des NTICS – Nouvelles technologie de l’information et de la communication.

Historiquement les premiers « urbanistes », au sens moderne du mot, furent en France des spécialistes de compétences diverses qui fondèrent, les uns, l’Association générale des hygiénistes et techniciens municipaux (1905), les autres la Section d’hygiène urbaine et rurale du Musée Social (1908). En 1912, est créée la Société française des architectes-urbanistes, devenue en 1919, la Société française des urbanistes.

En Suisse, c’est aussi vers la fin du XIXème siècle qu’apparaissent les premiers « plans de quartiers » dans les villes comme Zürich, Bâle et Genève, pour accueillir soit les « ouvriers » près des usines, soit les « cadres » dans d’autres secteurs résidentiels. Ce n’est que dans les années 1940, que commencent les premières réflexions sur l’organisation du territoire.

Ville-jardin L’industrialisation des villes génère un malaise social et environnemental qui, en Angleterre, fait naître une tendance de retour à la « nature ». Ebenezer Howard dessine un modèle de ville idéale « durable » qui combine les avantages de la ville et de ces activités industrielles avec ceux d’une situation en campagne. Il crée en 1899 la Garden City Association ; en1903, Letchworth, la première Garden city est construite en périphérie de Londres, suivie en 1920 de Welwyn Garden City.



Garden City 33 000 habitants

1.3. Traités Fin du XIXéme et tout début du XXème, quatre écrits tracent les grandes lignes de l’urbanisme en tant que future discipline scientifique.

Ildefonso Cerda (1815 – 1876) ingénieur des ponts et chaussée de Madrid, agit comme un progressiste convaincu que des idées simples peuvent catalyser de grandes solutions. 1859 Projet d’Extension de Barcelone 1867 Théorie Générale de l’Urbanisation

Ebenezer Howard (1850-1928) urbaniste (town planner), principal fondateur du mouvement English garden-city. 1898 To-morrow: a Peaceful Path to Real Reform 1902 (ré-édition) Garden Cities of To-morrow

Marcel Poète (1866 – 1950) créateur et conservateur de la Bibiothèque des travaux historiques de la ville de Paris, co- fondateur de l'Ecole des Hautes Etudes urbaines. 1929 Introduction à l’urbanisme

Camillo Sitte (1843-1903) architecte et historien d'art viennois 1889 Der Städtebau nach seinen künstlerischen Grundsätzen (L'Art de bâtir les villes)



1.4. Chartes Charte d’Athènes, 1933 Congrès international de l’architecture moderne

Charte de Torremolinos, 1983 Réunion des ministres européens responsables de l’aménagement du territoire, sous l’égide du Conseil de l’Europe

Charte d’Aalborg, 1994 Conférence européenne des villes durables

Charte d’Athènes II, 1998 Conseil européen des urbanistes

Charte2 d’Athènes Le texte fondateur de l’urbanisme est la Charte d’Athènes de 1933 rédigée par l’architecte Le Corbusier, et les membres du CIAM (Congrès International de l’Architecture Moderne). Il est demandé pour la ville et sa région une organisation harmonieuse des fonctions essentielles présentes sur les territoires bâtis : - habiter ; - travailler ; - se récréer ; - circuler.

Deux préoccupations sont absentes : - la participation de la population ; - l’environnement.

En 1946, au début de son ouvrage Manière de penser l’urbanisme, Le Corbusier soutient que « l’urbaniste n’est autre chose que l’architecte ». Différemment, le sociologue Henri Lefebvre soutient que « l’architecture et l’urbanisme doivent être distingués avec soin » ; l’architecture se situe au niveau « microsociologique », et l’urbanisme pose des problèmes « macrosociologiques » au niveau de « la société dans son ensemble ». Pour lui, l’urbanisme est une idéologie.

La diversité des expressions utilisées pour parler des interventions sur le territoire confirme que les spécialistes qui travaillent sur le territoire sont nombreux : aménagement du territoire, urbanisme, développement territorial, planification territoriale, prospective territoriale, projet urbain, économie urbaine, sociologie urbaine, protection des paysages ruraux ou urbains, écologie du paysage, etc.

Une multiplicité de termes désigne également ce qui a trait à l’urbanisation: ville, vieille-ville, ville ancienne, ville nouvelle, agglomération, zone suburbaine, zone périurbaine, métropole, mégalopole, « métapole »3, « nouveaux territoires »4, « troisième ville »5, « non-lieux »6, réseaux de villes, etc. Depuis une vingtaine d’années, de nouvelles données, comme les NTIC - nouvelles technologies de l’information, sont en phase d’opérer des changements majeurs dans la distribution des territoires. Si la coupure ville-campagne a été abolie avec la révolution industrielle, aujourd’hui, dans les pays occidentaux, les territoires urbanisés ne sont plus contenus dans les territoires ruraux, mais les contiennent. En Suisse, par exemple,

2 Charta, en latin, désigne le papier. C’est un texte qui n’a pas de signification juridique, mais peut orienter la législation, les objectifs, les conceptions, et les pratiques. 3 FRANÇOIS ASCHER, 2000, Ces événements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs, essai sur la société contemporaine, édition de l’Aube, F-La Tour d’Aigues. 4 Sous la direction d’HELENE RIVIERE D’ARC, 2001, Nommer les nouveaux territoires urbains, éditions Unesco, éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris. 5 OLIVIER MONGIN, 1995, Vers la troisième ville, édition Hachette « Questions de société », F- Beaume-les-Dames. 6 MARC AUGE, Non-Lieux, la Librairie du XXe siècle, Seuil, 1992.



la diagonale entre Genève et Saint-Gall se présente comme une urbanisation presque continue. Là, la « campagne » est prise dans la toile des réseaux urbains.

Charte de Torremolinos du 20 mai 1983 Il faut attendre cinquante ans pour assister à une nouvelle réflexion commune d’acteurs concernés par le développement des territoires. Les ministres européens responsables de l’aménagement du territoire se réunissent à Torremolinos, en 1983, sous l’égide du Conseil de l’Europe. La charte qui en résulte précise que l’aménagement du territoire est : - un instrument important dans l’évolution de la société en Europe, - l’expression spatiale des politiques économique, sociale, culturelle et écologique de toute

société, - une action qui met l’homme et son bien-être au centre des préoccupations, - démocratique, global, fonctionnel, et prospectif.

L’aménagement du territoire assure la coordination entre les différents secteurs concernés. - répartition de la population ; - habitat, - activités économiques ; - équipements collectifs ; - sources d’énergie ; - transports, - protection de l’environnement, - patrimoine ; - etc.

L’aménagement du territoire organise la coordination et la coopération entre les divers niveaux de décision et la péréquation des moyens financiers. Les objectifs principaux sont - le développement socio-économique équilibré des régions - l’amélioration de la qualité de vie - la gestion responsable des ressources naturelles et la protection de l’environnement - l’utilisation rationnelle du territoire

Les objectifs particuliers sont définis pour les territoires suivants - les régions rurales - les régions urbaines - les régions frontalières - les régions de montagne - les régions présentant des faiblesses de structures - les régions en déclin - les régions côtières et îles

Ensuite, ce sont les pouvoirs locaux et régionaux des villes européennes qui décident de se concerter en 1994. Des principes sont émis sur la bonne gestion urbaine à l’échelle locale.

Charte d’Aalborg du 27 mai 1994 « Charte des villes européennes pour la durabilité » Points nouveaux :

Les plans locaux de la durabilité (1.3) :



Nous, villes, sommes convaincus d’être à la fois les plus grandes entités capables de gérer, en premier lieu, les nombreux déséquilibres qui touchent actuellement les constructions, la société, l’économie, la politique, l’environnement et les ressources naturelles, et les plus petites collectivités à même de résoudre les problèmes d’une manière vraiment intégrée, holistique et durable. Chaque ville étant différente, c’est à chacune qu’il appartient de trouver son propre chemin de parvenir à la durabilité. Nous devons intégrer les principes de la durabilité à nos politiques urbaines locales.

Les instruments de la gestion urbaine orientés vers la durabilité (1.14) : Nous, villes, nous engageons à utiliser les instruments politiques et techniques dont nous disposons pour parvenir à une approche écosystémique de la gestion urbaine… Dans ce contexte nous sommes invités à concevoir nos stratégies, à les mettre en pratique et à partager nos expériences.

Charte d’Athènes II, avril 1998 « Charte pour l’urbanisme des villes du XXIème siècle » Les architectes et les urbanistes se réunissent en 1998, et rédigent une deuxième Charte d’Athènes. Points mis en évidence - la polycentralité - la mixité des fonctions - l’aménagement participatif - l’importance de l’environnement - l’importance des espaces ouverts - placer l’individu au centre des préoccupations



2. TERMES USUELS

Aménagement du territoire Pierre Merlin et Françoise Choay, dans leur Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, donne cette définition de l’aménagement du territoire :

« Art ou technique, plutôt que science, de disposer avec ordre, à travers l’espace d’un pays et dans une vision prospective, les hommes et leurs activités, les équipements et les moyens de communication qu’ils peuvent utiliser, en prenant en compte les contraintes naturelles humaines et économiques, voire stratégiques. »

L’encyclopédie propose celle-ci : « L'urbanisme peut être défini comme l'action réfléchie visant à disposer, à aménager ou à restructurer physiquement et socialement l'espace (urbain et rural) en vue d'assurer l'unification la plus harmonieuse et la plus efficace des fonctions que remplit un site donné, singulièrement l'habitation et la circulation. Il est inséparablement une théorie et une pratique dont l'exercice entraîne le recours à une technique. »

La pratique mène à compléter ces définitions par une autre notion : L’urbanisme et l’aménagement du territoire sont des actions fondamentalement politiques ; aménager territorialement des espaces est le résultat d’une politique.

Des termes sont couramment utilisés aussi bien par les urbanistes, les aménagistes, les paysagistes, les architectes et ingénieurs, les géographes, les politiciens, les économistes, les sociologues, les juristes, et autres intervenants : espace, territoire, paysage et sol.

Espace …les espaces publics, l’espace vert, l’espace d’une chambre, l’espace portuaire, l’espace économique européen…

Le terme espace, « chôros » en grec, désigne « l’intervalle entre des objets isolés… emplacement déterminé, lieu limité… ».

Pour l’urbaniste, il désigne plus communément un volume situé à l’extérieur des constructions : l’espace d’une place. L’espace, lieu géographiquement défini ou non, est souvent caractérisé par une valeur de dedans, de dehors ou d’entre deux.

Pour le bâtisseur, ingénieur ou architecte, l’espace concerne plus directement un volume intérieur, l’espace d’une pièce d’habitation, d’une halle industrielle.

Pour le géographe, l’espace peut être défini avec de multiples critères, soit politiques, économiques, géographiques. Et l’espace « habité », matériel et immatériel, est une des dimensions de la société. (Jacques Lévy et Michel Lussault, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés)

L’espace s’étend sur un ou plusieurs territoires. Cette notion prédomine celle de territoire. La mobilité des habitants, qui sillonnent de multiples endroits pour leur travail, leurs loisirs et d’autres activités, les affranchit du territoire juridique. De nouvelles distributions s’organisent à partir de la mobilité spatiale. Les répartitions institutionnelles des territoires (la commune, le canton ou le Land, le département, la région, voire le pays) n’ont parfois plus lieu d’être dans la logique fonctionnelle des espaces. Agir sur l’urbanisation, les transports ou l’environnement des agglomérations, nécessite des réflexions sur l’espace occupé dans son entier, et non divisé en 30, 50 ou 100 communes. Pour les agglomérations transfrontalières,



l’espace distribué entre deux, voire trois, territoires nationaux (exemples : l’agglomération franco – valdo - genevoise, ou celle de Bâle - Mulhouse entre la Suisse, la France et l’Allemagne) ne peut plus être aménagé harmonieusement selon trois mode de gestion. Le processus de production coordonné de l’espace est déterminant pour les actions territoriales.

Territoire …le territoire d’une commune, les territoires agricoles, les territoires français d’Outre-mer, les territoires des indiens Navajo…:

Cette phrase d’Hérodote7 permet d’approcher la signification du mot territoire :

« L’Égypte est un don du Nil. »

Six critères caractérisent les territoires de la plaine du Nil :

critères

Ils composent un pays, l’Égypte politique Ils se localisent le long d’un fleuve, le Nil géographiqueIls sont sur une plaine limoneuse géologique Le Nil est un plan d’eau qui permet de se déplacer, et d’arroser les cultures d’utilisation Les hommes se regroupent de part et d’autre du fleuve social et échangent économique

Territorium en latin : étendue de terre dépendant d’une ville, d’une juridiction.

Territoire, c’est aussi l’espace occupé par un animal.

Le territoire est une surface limitée caractérisée par une valeur d’appartenance. Le territoire est la matière première de l’urbaniste.

Paysage …le paysage rural, le paysage urbain…

Le mot paysage peut faire l’objet d’un enseignement en lui-même. Ici, ne sont relevés que les points essentiels.

Le paysage est né avec le regard qui est porté sur lui. Il est apparu avec la peinture, et maintenant s’exprime à travers la photographie, le cinéma, la publicité, etc.

Le paysage est pluriel. Il se lit différemment, s'il est vu par un ingénieur, un agriculteur, un poète, ou s'il est découvert en voiture, en train, à vélo, à pied.

Différentes phases se suivent dans l’appréhension d’un paysage : - le paysage est regardé ; - le paysage est perçu ; - le paysage est lu ; - le paysage est vécu ; - le paysage est interprété.

Le paysage est le cadre de notre vie quotidienne. Pourtant lorsque nous nous référons à des paysages familiers, ce sont fréquemment ceux « enregistrés » dans notre enfance.

7 Hérodote, le père de l’Histoire selon Cicéron ; historien grec, 450 ans av. J.C.



Le paysage a une fonction de mémoire collective ; de plus il permet de transcrire les idéaux, de sublimer la réalité.

Le paysage est l’intersection du territoire et de la société portée au regard de l’homme.

Pour Michael Jakob, auteur de L’émergence du paysage (2004 Infolio éditions, CH-Golion), une formule condensée résume le paysage :

Paysage = nature perçue + sujet (P=N+S)

Sol …l’indice d’utilisation du sol, la richesse du sol…

Le sol peut être défini de trois manières : - organisme vivant : il évolue avec les multiples organismes vivants qu’il renferme ; - facteur de production : il est très sollicité par des affectations diverses qui ont

tendance à le transformer (exploitation de matières premières, constructions et génie civil), ou à le conserver (agriculture, sylviculture, protection de la nature et du paysage) ;

- valeur d’échange : il représente un potentiel financier selon sa localisation, sa dimension, sa morphologie, son contenu, les activités humaines qu’il est possible de faire dessus, etc.

Pour l’urbaniste, le sol se mesure par sa capacité constructive : indice d’utilisation du sol IUS en Suisse, et coefficient d’occupation du sol COS en France. La pratique immobilière montre que plus l’indice d’utilisation du sol est élevé plus le sol prend de la valeur financière. Le taux d’occupation du sol est également utilisé.

Indice d’utilisation du sol = Surface brute de plancher habitable Surface de terrain

Taux d’occupation du sol = Surface construite au sol Surface de terrain

Exemple canton de Fribourg (cf.Art. 57 ReLATc)

Dans les zones résidentielles de l’ordre non contigu, l’indice d’utilisation, fixé par la réglementation communale, ne doit pas être inférieur aux valeurs minimales, ni supérieur aux valeurs maximales suivantes :

zones résidentielles à faible densité (RFD) 0,25–0,45

zones résidentielles à moyenne densité (RMD) 0,35–0,65

zones résidentielles à haute densité (RHD) 0,65–0,85

Dans les zones de l’ordre non contigu, le taux d’occupation, fixé par la réglementation communale, ne doit pas dépasser les valeurs suivantes : zone d’habitation de faible, moyenne et haute densité 25 % zones mixtes (habitations et activités) : 35 % zones de centre : 50 % zones d’activités : 65 %

Remarque : dans les zones de l’ordre contigu, le taux d’occupation n’est pas applicable. Les indices d’utilisation du sol sont représentatifs d’une densité de construction. En Suisse, ces indices sont maintenus relativement bas ; dans les centres des villes les plus importantes ils ne dépassent guère 1,2, à quelques exceptions. (cf. annexe 5, définitions des indices de mesure du sol / normes SIA).



Ville « La Suisse entière n’est pour ainsi dire qu’une grande ville en treize quartiers dont les uns sont sur les vallées, d’autres sur les coteaux, d’autres sur les montagnes (…) il y a des quartiers plus ou moins peuplés, mais tous le sont assez pour marquer qu’on est toujours dans la ville. »

Écrits de Jean-Jacques Rousseau en 1763.

«Les gens viennent en ville pour vivre et ils y restent pour vivre bien » Aristote (384-322 av. J.-C.)

Ville : « Concentration humaine d’une taille minimale de 2000 habitants dans laquelle l’activité fondamentale est la fonction de services, cette fonction s’associant souvent à celle de l’industrie. Il vaut mieux parler des villes que de la ville. » (Jean Pelletier, Charles Delfante, Villes et urbanisme dans le monde.)

Une comparaison internationale situe plus vers les 5000 habitants agglomérés le seuil de population des villes.

La ville naît (donc) fondamentalement de fonctions centrales d’échange, de confrontation ou de rencontre collective. (Pierre Merlin et Françoise Choay, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement.)

Termes associés : ville nouvelle, ville compacte, ville polycentrique, etc.

La ville possède depuis son origine des facultés de travail, d’intégration, d’échange, de protection, de stimulation, de mélange culturel, de brassage social, de création, etc. Depuis quelques décennies la ville développe des facultés supplémentaires, telles l’exclusion, la ségrégation, la relégation.

Ubiquité de la ville

Aujourd’hui, qu’est-ce qui est ville, qu’est-ce qui n’est pas la ville ? La vérité de ce qui est ville est plurielle selon la situation dans laquelle on se trouve. La ville existe en situation de « ville » (dans le périmètre reconnu comme tel, la vieille ville, la ville du XIX ème, les proches banlieues, etc.) et existe également en situation de « hors la ville » (dans la périphérie des villes, dans l’agglomération, la métropole, la mégalopole, etc.).

Un nouveau vocabulaire propose des pistes d’investigation pouvant donner réponse à cette interrogation.

Agglomération : « Ensemble constitué par une ville et ses banlieues. » (Pierre Merlin et Françoise Choay, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement.)

En Suisse, une commune d’agglomération doit remplir trois des cinq conditions suivantes : - un lien de continuité de la zone bâtie avec la zone centrale ; - une forte densité combinée habitants/emplois ; - une croissance de la population supérieure à la moyenne ; - une faible proportion de population agricole ; - une pendularité dense avec la zone centrale de l’agglomération.

La Suisse compte 48 agglomérations et 9 villes isolées de plus de 10'000 habitants. (Rf. définition de l’Office fédéral de la statistique)



Banlieue : « Territoire urbanisé qui entoure une ville. …. La banlieue est un fait récent postérieur à la révolution industrielle. » (Pierre Merlin et Françoise Choay, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement.)

Urbanisation : « Concentration croissante des populations dans les villes (autrefois) et dans les agglomérations urbaines (aujourd’hui). Par extension, on parle d’urbanisation, au sens sociologique, pour désigner l’accroissement du nombre de ceux qui bénéficient des avantages traditionnellement associés à la ville et aux formes d’urbanité qu’elle développe : avec les moyens de communication modernes, les médias et les moyens de transport rapides, c’est aujourd’hui la quasi-totalité de la population des pays industriels avancés qui est touchée par l’urbanisation, prise dans ce sens. » (Pierre Merlin et Françoise Choay, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement.)

Suburbanisation : Une référence est faite aux suburbs d’Amérique du nord qui sont constitués de vastes zones d’habitat individuel prédominant. En Europe cette forme d’urbanisation correspond à un développement continu de l’espace autour des villes, et qui s’accompagne de mouvements migratoires densifiant les communes directement contiguës des villes.

Périurbanisation : Urbanisation se formant à la périphérie des agglomérations. Cette forme d’urbanisation présente les caractéristiques suivantes : discontinuité du tissu construit, implantation de l’habitat urbain en milieu rural avec ségrégation de l’espace entre la fonction résidentielle périurbaine et la fonction rurale, dispersion des constructions sur le territoire rural.

Rurbanisation : Néologisme qui désigne le processus d’urbanisation rampante de l’espace rural, d’imbrication des espaces ruraux et des zones urbanisées périphériques. Elle répond à la demande d’une partie des citadins d’un cadre de vie rural. C’est une forme dégénérée des utopies prônant le retour à la nature ; elle compromet gravement l’environnement naturel. (Rf. Pierre Merlin et Françoise Choay, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement.

Métropolisation : « On désigne par métropolisation la tendance, observée partout dans le monde au cours des années 1980, au renforcement des niveaux supérieurs du réseau urbain. Cette transformation se traduit souvent par le retour à la croissance démographique des grandes villes dans les pays industrialisés ; elle est liée à l’attraction qu’elles exercent vis-à-vis des sièges sociaux d’entreprises, des services qui leur sont nécessaires, et des activités financières. » (Pierre Merlin et Françoise Choay, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement.)

En Suisse, cinq métropoles ont été identifiées, mais sont non précisément définies : Zürich, Bâle, Berne, Tessin ( Lugano, Locarno et Bellinzona), et Genève-Lausanne.

Mégalopole : l’origine vient de « mégalopolis » cité-état du Péloponnèse réunissant un ensemble de tribus soumises à Sparte. Le corridor des grandes villes américaines entre Boston, Baltimore et Washington fut appelé pour la première fois en 1961 « Mégalopole ».Il représentait 100'000 km2,. 45 millions d’habitants répartis dans 5 agglomérations millionnaires et dans des villes moyennes en partie soudées par un tissu suburbanisé ou rurbanisé.

Au Japon on peut signaler la même organisation de l’espace entre Tokyo et Hiroshima. En Europe, on peut citer plus modestement l’espace entre Londres, Manchester et Liverpool, en passant par Birmingham. En Suisse, on parle aussi du moyen pays suisse entre Zürich et Genève.



3. REGLES ET DISPOSITIFS LEGAUX Différemment des réflexions générales soulevées relativement tardivement par les Chartes, des lois restreignant les interventions des hommes dans un but de protection apparaissent plus tôt. Les plus anciennes législations dans les sites urbanisés concernent la protection contre les incendies. Ensuite, les lois se succèdent selon les dysfonctionnements observés : des constructions de plus en plus nombreuses entraîne une utilisation démesurée des forêts, des nappes phréatiques sont polluées, la nature est menacée, les routes se multiplient, etc.

En Suisse les principales lois fédérales sont : Loi sur les forêts, 1902 Loi sur la protection des eaux, 1955 Loi sur les routes nationales,1960 Loi sur la protection de la nature du paysage, 1966Loi sur l’aménagement du territoire, 1979 Loi sur la protection de l’environnement, 1983

3.1. Lois sur l’aménagement du territoire Buts et principes du développement territorial en Suisse

Les actions sur le territoire mettent toujours en jeu le rapport entre les intérêts publics et privés. En Suisse, le propriétaire occupe une place prépondérante. Seulement pour des motifs d’intérêt public, la confédération et les cantons peuvent agir par voie législative et prévoir l’expropriation et la restriction de propriété.

La propriété est garantie. Dans la mesure de leurs attributions constitutionnelles, la Confédération et les cantons peuvent, par voie législative et pour motifs d’intérêt public, prévoir l’expropriation et des restrictions de la propriété. En cas d’expropriation et de restriction de la propriété équivalent à l’expropriation, une juste indemnité est due.

Constitution fédérale de la Confédération suisse Art.22 ter

La Confédération édicte par voie législative des principes applicables aux plans d’aménagement que les cantons seront appelés à établir en vue d’assurer une utilisation judicieuse du sol et une occupation rationnelle du territoire. Elle encourage et coordonne les efforts des cantons et collabore avec eux. Elle tient compte, dans l’accomplissement de ses tâches, des besoins de l’aménagement national, régional et local du territoire.

Constitution fédérale de la Confédération suisse ancien Art. 22 quater

Buts

La Confédération, les cantons et les communes veillent à assurer une utilisation mesurée du sol.

Ils coordonnent celles de leurs activités qui ont des effets sur l’organisation du territoire et ils s’emploient à réaliser une occupation du territoire propre à garantir un développement harmonieux de l’ensemble du pays.



Dans l’accomplissement de leurs taches, ils tiennent compte des données naturelles ainsi que des besoins de la population et de l’économie.

Art.1, §1, Loi fédérale sur l’aménagement du territoire

Confédération, cantons et communes prennent des mesures d’aménagement dans des buts de:

Protection et sécurité : - Protéger le sol, l’air, l’eau, la forêt le paysage ; - Garantir les sources d’approvisionnement suffisantes dans le pays ; - Assurer la défense générale du pays.

Vitalité et qualité - Créer et maintenir un milieu bâti harmonieux favorable à l’habitat et aux activités

économiques ; - Favoriser la vie sociale, économique et culturelle des diverses régions du pays, et

promouvoir une décentralisation judicieuse de l’urbanisation et de l’économie.

Principes

Principe 1 Le paysage doit être préservé.

Art. 3 §2Loi fédérale sur l’aménagement du territoire Cela entraîne notamment :

Réserves suffisantes de bonnes terres cultivables pour l’agriculture ; Intégration des constructions et des installations dans le paysage ; Bords des lacs et des cours d’eau libres, accès de leurs abords facilités pour le public ; Sites naturels et territoires servant au délassement conservés ; Forêts maintenues avec ses différentes fonctions.

Principe 2 Les territoires réservés à l’habitat et à l’exercice des activités économiques seront aménagés selon les besoins de la population et leur étendue limitée.

Art. 3 §3Loi fédérale sur l’aménagement du territoire Cela entraîne notamment :

- Localisation judicieuse des lieux d’habitation et de travail, et mise à disposition d’un réseau de transports suffisants ; - Lieux d’habitation préservés des atteintes nuisibles ou incommodantes telles la pollution de l’air, le bruit et les trépidations ; - Voies cyclables et chemins pour piétons à maintenir ou à créer ; - Approvisionnement en biens et services assurés ; - Aires de verdure et espaces plantés d’arbres en grand nombre.

Principe 3 Il importe de déterminer selon des critères rationnels l’implantation des constructions et installations publiques ou d’intérêt public.

Art.3 §4Loi fédérale sur l’aménagement du territoire Cela entraîne notamment :

- Besoins spécifiques des régions pris en compte et disparités entre celles-ci réduites ; - Établissements tels les écoles, les centres de loisirs, et les services publics accessibles facilement à la population ;



Effets défavorables de ces implantations sur le milieu naturel, la population et l’économie maintenus au minimum.

3.2. Instruments Pour permettre aux gestionnaires du territoire (les autorités supra-locales ou locales) de faire respecter les principes du développement territorial, des instruments sont mis en place. Selon les pays ils relèvent des gouvernements centraux ou locaux. Par exemple, en Allemagne, la loi fédérale sur l’aménagement du territoire est précise et détaillée, et a effet sur l’ensemble des territoires des Landes et de ce fait des communes. En France, les instances régionales sont responsables de l’aménagement du territoire. En Suisse, les gouvernements cantonaux tiennent les rôles d’acteurs principaux dans les actions sur le territoire. En complément aux instruments de gestion, les acteurs du territoire disposent de répertoires d’objets naturels ou construits relevés comme intéressants, significatifs et dignes de protection ; en Suisse, on dispose d’inventaires fédéraux ou cantonaux.

Trois types d’instruments Trois sortes d’instruments sont à ce jour disponibles pour les intervenants du territoire : les plans, les instruments financiers, et la politique foncière.

Les plans sont soit indicatifs, soit contraignants ; les instruments financiers sont du ressort de la Confédération et des cantons, et la politique foncière est principalement du ressort des cantons et des communes, et exceptionnellement aussi de la Confédération (par exemple lors d’expropriation pour des routes nationales).

PLANS INDICATIFS

CONTRAIGNANTS POUR LES COLLLECTIVITES PUBLIQUES

POUR LES COLLECTIVITES PUBLIQUES ET POUR LES PROPRIETAIRES

INSTRUMENTS FINANCIERS AIDES

PEREQUATION FINANCIERE

POLITIQUE FONCIERE

REMANIEMENTS PARCELLAIRES.

EXPROPRIATIONS

ACHAT ET VENTE DE TERRAINS PAR LES COMMUNES

ETC.



Trois niveaux décisionnels (Suisse)

CONFÉDÉRATION

LES CONCEPTIONS LES PLANS SECTORIELS Surfaces d’Assolement SDA

Alpes Transit

Infrastructures de transport ferroviaire

Conception Paysage Suisse CPS

Conception des lignes de transport d’énergie

Etc.

LES GRANDES LIGNES DE L’ORGANISATION DU TERRITOIRE SUISSE

CANTON

(niveau principal)

PLAN DIRECTEUR CANTONAL CONCEPTIONS DIRECTRICES CANTONALES PLANS SECTORIELS CANTONAUX PLANS D’AFFECTATIONS CANTONAUX (VAUD)

COMMUNE

PLAN DIRECTEUR COMMUNAL

PROGRAMME D’EQUIPEMENT

ETAT DE L’APERÇU DE L’EQUIPEMENT

PLAN GENERAL D’EVACUATION DES EAUX

PLAN GENERAL D’AFFECTATION

PLANS D’AFFECTATION SPECIAUX



Autres niveaux de planification (Suisse) Planification directrice Planification réglementaire

Plans indicatifs Plans directeurs Plans d’affectations

EUROPE SDEC Schéma de développement de l’espace communautaire

CONFÉDÉRATION Grandes lignes de l’organisation du territoire suisse

Conceptions et plans sectoriels

CANTON Plans directeurs cantonaux

Conceptions directrices

Plans sectoriels

Remarque : le canton de Vaud a des plans d’affectation cantonaux.

RÉGION Schémas d’aménagement du territoire

Plans directeurs régionaux

Programmes de développement

AGGLOMÉRATION Politique d’agglomération en cours d’élaboration

Schémas directeurs

COMMUNE Plans directeurs communaux ou Plans directeurs intercommunaux

Programmes d’équipement

Plans généraux d’affectation (plans de zone)

QUARTIERS Plans directeurs de quartier Plans d’affectation spéciaux (ou plans de quartier, plans de lotissement, etc.)

Plans d’alignement

Plans d’équipement

Tableau Instruments-Planification directrice et réglementaire / CH / F (Cf annexe 1)



Coordinations verticale et horizontale Les interventions territoriales concernent, d’une part plusieurs échelles du territoire et plus d’un niveau décisionnel, et d’autre part de nombreux domaines de l’aménagement.

domaines

éche

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Rou

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etc…

. Europe

Confédération / Etat central / Etat fédéral

Région

Canton / Département / Land

Commune

Quartier

Inventaires (Suisse) Quelques inventaires en Suisse :

Inventaires fédéraux de la protection de la nature et des paysages - Paysages, sites et monuments d’importance nationale - Sites construits d’importance nationale (ISOS) - Voies de communication historique - Bas-marais d’importance nationale - Etc.

Inventaires cantonaux - Inventaires des biotopes - Inventaires des monuments historiques - Sites archéologiques - Secteurs de protection des eaux - Etc.



3.3. Dispositifs d’utilisation du sol

Zones L’urbanisme de zonage apparaît en Allemagne et en Autriche à la fin du XIXème siècle. Les nouveaux modes de vie, avec les déplacements par les chemins de fer et l’utilisation de l’électricité, amènent l’organisation urbaine à se rationaliser.

La désignation des affectations par secteurs introduit une hiérarchisation dans la valeur financière des parcelles de terrain. Les plus-values qui en résultent sont au bénéfice des municipalités. Des secteurs entiers de ville se transforment en douceur, et se spécialise.

Cette répartition du territoire en zones a été amplifiée par la mise en pratique des principes émis lors du CIAM en 1933 (Charte d’Athènes). Les fonctions sont triées selon leur degré de nuisance, et les secteurs du territoire recevant ces affectations différentes ont été séparés.

Le territoire à disposition des activités des hommes semble vaste ; et après la deuxième guerre mondiale1939-1945, il faut beaucoup reconstruire. Seules deux catégories de territoire échappent aux constructions :

- Les secteurs inaccessibles ou difficilement accessibles, par exemple la montagne, le désert, le littoral accidenté, les plans d’eau, les zones dangereuses, etc.

- Les secteurs qui répondent à une valeur de subsistance ; par exemple les terres agricoles, viticoles, forestières, etc.

En Suisse les statistiques de la superficie répartissent les surfaces du territoire en quatre groupes principaux : les surfaces improductives, les surfaces agricoles utiles, les forêts, et les surfaces d’habitat et d’infrastructure.

Surfaces improductives 25,5%

Surfaces agricoles utiles 36,9%

Forêts 30,8 %

Surfaces d’habitat et d’infrastructure 6,8 %

Source OFS 2002 (statistique de la superficie 1992/1997)

La Loi sur l’aménagement du territoire LAT pose comme principe fondamental la séparation de la zone constructible de la zone non constructible.



Les territoires affectés se répartissent en zone à bâtir, zone agricole, zone à protéger, autres zones, et en forêts.

Zone à bâtir LAT art.15

Sytématique des zones

Zone agricole LAT art.16

Zone à protéger

LAT art. 17

Autres zones LAT art. 18

Forêts

Aire forestière Loi sur les forêts

Zones à bâtir LAT art.15 Terrains propres à la construction soit déjà largement bâtis soit nécessaires à la construction dans les 15 ans, et à équiper dans ce laps de temps. Zone agricole LAT art. 16 Terrains qui garantissent la base d’approvisionnement du pays à long terme. Terrains maintenus si possible libres de toute construction. Terrains permettant de sauvegarder le paysage, et assurer un équilibre écologique. Si possible délimiter des surfaces continues d’une certaine étendue. Zone à protéger LAT art.17 Les cours d’eau, les lacs, et leurs rives. Les paysages d’une beauté particulière, patrimoine naturel, patrimoine culturel. Les localités typiques, les lieux historiques. Les biotopes dignes de protection. Cf. L’application dans les lois cantonales. Autres zones LAT art. 18 Cf. Les droits cantonaux. Ex. Canton de Vaud : Zones spéciales :zone de hameaux, extractions de gravier, sports, loisirs, etc.) LATC art.50a Zone intermédiaire : zones inconstructibles et soumises à un PAS. LATC art. 51



Classification des surfaces et répartition des zones Les correspondances entre les répartitions des surfaces classées par la Statistique de la superficie en Suisse et les zones définies par la loi sur l’aménagement du territoire se présentent ainsi : Surfaces Zones

La surface de la zone à bâtir (définie dans la Lat - Loi fédérale sur l’aménagement du territoire suisse) n’est pas égale à la Surface d’habitat et d’infrastructures (définie selon les mesures prises par l’Office fédéral suisse de la statistique), cependant les désignations des espaces concernés sont approximativement les mêmes.

Exemple : agglomération de Lausanne délimitation 1990, 60 communes8, surface d’habitat et d’infrastructure 7708 ha surface de la zone à bâtir 7950 ha

Ces surfaces sont celles occupées par les activités de l’homme et qui nécessitent des interventions bâties (routes, voies ferroviaires, stations techniques, bâtiments, etc.)

Surfaces d’habitat et d’infrastructure Utilisation du sol en Suisse, Statistique de la superficie 1979 / 1985, Berne 1993 Les surfaces d’habitat et d’infrastructure comprennent toutes les aires et installations servant aux transports, à la production (exception faite de la production agricole ou sylvicole), au commerce, aux services, à l’approvisionnement en énergie et à l’élimination des déchets, à l’habitat et à la détente. Structure de la classification des surfaces d’habitat et d’infrastructure :

8 Agglomération lausannoise, délimitation 2000, 70 communes.

surfaces d’habitat et infrastructure surfaces agricoles surfaces boisées surfaces improductives

zone à bâtir Lat art. 15 zone agricole Lat art.16 zone à protéger Lat art. 17 autres zones Lat art. 18

aire forestière Loi sur les forêts



Aires de bâtiments Aires industrielles

Bâtiments industriels Terrains attenants aux industries

Autres aires de bâtiments Maisons individuelles et mitoyennes, et terrains attenants Maisons alignées et en terrasse, et terrains attenants Immeubles résidentiels et terrains attenants Bâtiments agricoles et terrains attenants Bâtiments non déterminés et terrains attenants

Surfaces de transport Aires routières

Autoroutes Bordures d’autoroutes Routes, chemins Parcs de stationnement Bordures de routes

Aires ferrovières Périmètre de gare Voies ferrées hors-gare Bordures de voies ferrées

Aérodrome Aérodrome (surfaces en dur) Aérodrome (surface gazonnées)

Espaces verts et lieux de détente Installations sportives et de plein air Jardins familiaux Camping, caravaning Terrains de golf Cimetières Parcs publics Bâtiments dans lieux de détente

Surfaces d’infrastructure spéciale Installations d’approvisionnement et d’élimination

Installations d’approvisionnement en énergie Stations d’épuration des eaux usées Autres insatallations d’approvisionnement et d’élimination

Extractions des matériaux, décharges Chantiers Batiments sur surface d’infrastructure spéciale Ruines

Utilisation du sol en Suisse, Statistique de la superficie 1979 / 1985, Berne 1993



Plus de 6% de la surface totale de la Suisse est en zone à bâtir. Il existe une très grande différence de dimensionnement de la zone à bâtir entre les cantons. De très larges réserves de terrain sont présentes dans les zones construites, effectivement 40% des terrains situés en zone à bâtir ne sont pas encore construits.

Selon les principes du développement territorial généralement admis en Suisse les constructions nécessaires au développement du pays devraient se faire dans les zones à bâtir. Or, un constat montre que 40% du territoire construit se situe hors zone à bâtir.

100'000 ha 144'000 ha 99’000ha 60% 40% 100%

Zones à bâtir Hors zone à bâtir 100% 40% 60%

TERRITOIRE CONSTRUIT

TERRITOIRE CONSTRUIT

ZONES A BATIR DE RESERVE

PROPRE A LA CONSTRUCTION D’ICI 5 ANS

NON CONSTRUIT, PROPRE A LA CONSTRUCTION

Dispositions hors zone à bâtir L’évolution de l’agriculture affecte les modes d’utilisation des terres agricoles ainsi que les constructions se trouvant en zone agricole. Une motion est déposée au Parlement en octobre 1990 :

« Redéfinir les utilisations autorisées en zone agricole d’une manière plus conforme aux impératifs de notre temps. Assouplir le régime des dérogations pour les constructions et installations hors des zones à bâtir, de manière à permettre aux cantons de mieux répondre aux besoins de logement et d’activité économique complémentaire de l’agriculture, lesquels varient selon les régions. » Motion Zimmerli

Le peuple suisse a accepté la modification de la loi en février 1999. Les nouveaux articles de la LAT permettent d’intervenir plus souplement dans la zone agricole. Les utilisations autorisées répondent ainsi aux impératifs actuels.

Art. 16, 16a, 16b : constructions et installations pour l’horticulture productrice, etc.

Art. 24, 24a,24b, 24c, 24d : petits projets ne pouvant pas trouver place dans la zone à bâtir, comme une déchetterie, un rucher, refuge de forêt ou de montagne, et les activités accessoires non agricoles hors de la zone à bâtir.

Art. 37, 37a : constructions et installations à usage commercial. Là, il appartient au conseil fédéral d’intervenir.



Les projets de grande importance comme des golfs, manèges, carrières, campings, etc. étaient déjà compris dans « autres zones et territoires » Art.18.

Si l’adaptation de l’utilisation de la zone agricole correspond mieux aux impératifs actuels, il convient, cependant, de construire ou de transformer le moins possible en zone agricole.

Intervenir hors des zones à bâtir, c’est osciller entre l’utilisation la protection.

Utilisation répondre aux nouvelles tendances de l’agriculture avec l’ouverture des marchés et la libéralisation, les compensations écologiques, l’agriculture intégrée et biologique ;

accueillir les activités qui ne peuvent pas être en zone à bâtir (carrières, gravières, décharges, etc.) ;

offrir des terrains pour le sport et les loisirs (camping, golfs, manège, pistes VTT, cyclotourisme, tourisme pédestre, etc.) ;

permettre les constructions conformes à l’affectation de la zone ;

Protection assurer la sauvegarde par le biais des inventaires fédéraux, cantonaux et communaux ;

prendre des mesures de protection, comme : mise en place de zones de protection, arrêtés de protection, contrats, etc.

Avant les modifications apportées à la LAT, déjà 30% des constructions en zone agricole n’étaient pas propres à l’exploitation agricole ni aux habitations s’y rapportant. Bâtiments

d’habitation 15%

Logements de vacances 7%

Autres 7%

Bâtiments d’habitation et d’exploitation agricole 70%

Bâtiments industriels 1%

Source OFS 2002 (statistique de la superficie 1992/1997) Il existe une forte pression sur les zones agricoles déjà relativement construites, à cause de la structure traditionnelle de l’habitat dispersé Population habitant la zone agricole en 1990: Population agricole 28% Population secondaire 26% Population tertiaire 46%



Articles de la LAT en vigueur depuis le 1er septembre 2000 : LAT art.16a Constructions et installations conformes à l’affectation de la zone agricole Sont conformes à l’affectation de la zone agricole les constructions et installations qui sont nécessaires à l’exploitation agricole ou à l’horticulture productrice.

Cette notion de conformité peut être restreinte en vertu de l’art.16 al.3 *.

Les constructions et installations qui servent au développement interne d’une exploitation agricole ou d’une exploitation pratiquant l’horticulture productrice restent conformes à l’affectation de la zone.

Les constructions et installations dépassant le cadre de ce qui peut être admis au titre du développement interne peuvent être déclarées conformes à l’affectation de la zone et autorisées lorsqu’elles sont implantées dans une partie de la zone agricole que le canton a désignée à cet effet moyennant une procédure de planification. * (Dans leurs plans d’aménagement, les cantons tiennent compte de façon adéquate des différentes fonctions de la zone agricole.) LAT art.18 Autres zones et territoires Le droit cantonal peut prévoir d’autres zones d’affectation. Il peut régler le cas des territoires non affectés ou de ceux dont l’affectation est différée. LAT art.24 Exceptions prévues hors de la zone à bâtir En dérogation à l’article 22,al.2 *, des autorisations peuvent être délivrées pour de nouvelles constructions ou installations ou pour tout changement d’affectation si : a. l’implantation de ces constructions ou installations hors de la zone à bâtir est imposée par leur destination ; b. aucun intérêt prépondérant ne s’y oppose Se référer également à l’OAT, articles 33 à 44. Section 3 Conformité à l’affectation de la zone agricole

Section 4 Exceptions pour les constructions et installations hors de la zone à bâtir

Section 5 Mention au registre foncier

LAT art.37 zones d’affectation de caractère temporaire Lorsque des territoires particulièrement favorables à l’exploitation agricole, des paysages ou des sites particulièrement remarquables sont directement menacés et que des mesures de sauvegarde ne sont pas prises dans le délai que le conseil fédéral a imparti, celui-ci peut délimiter des zones d’affectation de caractère temporaire. A l’intérieur de ces zones, rien ne doit être entrepris qui puisse entraver l’établissement d’un plan d’affectation. LAT art.37a Constructions et installations à usage commercial sises hors zone à bâtir et non conformes à l’affectation de la zone Le conseil fédéral définit les conditions auxquelles sont autorisés les changements d’affectation de constructions et d’installations à usage commercial qui ont été érigées avant le 1er janvier 1980 ou qui sont devenues contraires à l’affectation de la zone en raison d’une modification du plan d’affectation.



3.4. Equipement Équipement / LAT art. 19 Un terrain est équipé, quand il est desservi par des voies d’accès et des conduites où il est possible de se raccorder (alimentation / évacuation de l’eau et des énergies).

Un terrain situé en zone à bâtir est tenu d’être équipé par la collectivité selon le programme d’équipement que s’est fixé la commune. La participation financière des propriétaires privés est fixée par le droit cantonal, et communal. Si la collectivité n’équipe pas des terrains situés en zone à bâtir, le propriétaire foncier peut équiper lui-même. Il avance de ce fait la part communale.

Autorisation de construire / LAT art. 22 Le permis de construire est délivré, si la construction est conforme à l’affectation de la zone, et si le terrain est équipé.

Un terrain est considéré comme équipé lorsqu’il dispose de : - voies d’accès ; - conduites où il est possible de se raccorder.

Equipement et les équipements Un même mot, au pluriel ou au singulier, désigne des notions fort différentes : techniques

ex : station d’épuration, déchetterie, etc.

les equipements

sociaux ex. : établissement pour personnes âgées, crèche, etc.

culturels, cultuels ex. théâtre, temple, etc.

sportifs

ex. : salle de gymnastique, halle de tennis, etc.

général

de base

de détail

privé

l’equipement



Route à grand débit Route principale

EQUIPEMENT GENERAL

EQUIPEMENT DE BASE

EQUIPEMENT DE DETAIL

EQUIPEMENT PRIVE

Route collectrice Route collectrice et de

desserte

Route de desserte Autres notions :

- Aperçu de l’état de l’équipement / selon OATart.31, permet de tenir à jour l’état des capacités constructives des zones à bâtir.

- Plan d’équipement, fait par les autorités communales, permet d’informer les propriétaires des étapes de constructions prévues sur le territoire communal.

- Contributions et taxes d’équipement

Étapes de planification de l’équipement :

Terrains en zone à bâtir

Aperçu de l’état DE L’EQUIPEMENT

PROGRAMME D’EQUIPEMENT

PLANS D’EQUIPEMENTS

EQUIPEMENT DES TERRAINS A BATIR

(éventuellement procédure de planification spéciale) Permis de construire

PLAN D’AFFECTATION DE DÉTAIL

AMÉNAGEMENT LOCAL



Contenu d’un plan, d’un projet d’équipement • périmètre de zone à équiper • équipements existants • voies de communication routes

trottoirs aires de stationnement pistes cyclables etc.

• chemins pour piétons et pistes cyclables en site propre • alimentation en eau • alimentation en électricité • alimentation en gaz • évacuation des eaux usées



4. PLANIFICATION LOCALE En Suisse, hormis pour les cantons de Genève et Bâle-ville, l’aménagement local est l’affaire des communes. Ce sont les autorités communales qui gèrent le territoire. C’est un niveau où le rôle politique9 de l’aménagement du territoire ressort fortement. A cette échelle, la population se sent concernée par ce qui touche son territoire : aménagement d’une rue, d’un quartier, d’un espace public, d’un par cet ainsi de suite. Là, le citoyen peut intervenir.

En 1979, la LAT-Loi fédérale sur l’aménagement du territoire, demande d’informer et de faire participer la population :

Les autorités chargées de l’aménagement du territoire renseignent la population sur les plans dont la présente loi prévoit l’établissement, sur les objectifs qu’ils visent et sur le déroulement de la procédure. Elles veillent à ce que la population puisse participer de manière adéquate à l’établissement des plans. Les plans prévus par la présente loi peuvent être consultés.

Art.4 Loi fédérale sur l’aménagement du territoire

De même, les cantons précisent cette volonté à travers des articles dans les lois cantonales sur l’aménagement du territoire.

Pourtant, actuellement dans certaines villes suisses, il devient de plus en plus difficile de faire aboutir des procédures permettant d’intervenir sur le territoire ; les oppositions abondent et bloquent les démarches de planification et de construction. Une question se pose : cette perte de confiance exprimée par la population signale-t-elle une mauvaise information, un manque de participation ? La population concernée est-elle vraiment partie prenante ?

Ou, est-ce la conscience aiguë d’un sentiment déjà exprimé par D’Alembert, encyclopédiste du 18ème siècle : « la politique est l"art de tromper les hommes. » L’aménagement du territoire étant éminemment politique, ne peut-il qu’amener de la méfiance ?

4.1. Acteurs et pesée des intérêts Le sol est le lieu de multiples convoitises. Des intérêts très divers s’affrontent. C’est à l’échelle locale qu’il y a confrontation directe avec tous les acteurs concernés par le territoire, et que les solutions aux conflits sont les plus concrètes. Même lors d’un problème d’importance cantonale, voire intercantonale, comme l’implantation d’un grand centre commercial, ce sont les autorités des communes touchées par l’intervention qui devront gérer les incidences sur le trafic, la mobilité, l’urbanisation et le paysage.

Effectivement, les autorités en place sont responsables de la gestion territoriale et pour cela s’occupent de nombreux domaines comme la localisation et l’importance de l’urbanisation, l’organisation des déplacements lents et rapides, la protection de l’environnement, la création de places de travail, la mise en place et l’entretien des espaces publics, le dimensionnement des équipements et services publics, etc.

Lors de la planification, l’exécutif communal ne travaille pas en cavalier seul. De nombreux acteurs interviennent : la population, les représentants des partis politiques et des associations d’intérêts, les spécialistes privés, et les représentants de l’administration étatique, etc.

9 Politique, en grec « politikos » = « de la cité » art et pratique du gouvernement des sociétés humaines.



Multitude des acteurs Les offices fédéraux ODT-Office du développement territorial OFEN- Office de l’environnement Office des routes Etc. Les services cantonaux SAT-Service d’aménagement du territoire Service de la protection de la nature et de l’environnement Service des routes Service du tourisme Etc. Les autorités communales L’exécutif Le législatif Les commissions d’urbanisme Les partis politiques Les spécialistes Urbaniste, architecte, ingénieur, géographe Paysagiste, biologiste Économiste, sociologue, etc. Les propriétaires Propriétaires des parcelles concernées Propriétaires des parcelles voisines La population Le citoyen Les groupes d’intérêt (WWF, Sauvegarde du patrimoine, Défense de

la nature, Groupes économiques, etc.) Les associations (de quartier, communales, régionales, etc.) Les groupes non officiels (les jeunes, les personnes âgées) Les « exclus » (les personnes au chômage, les requérants d’asile,

etc.)

Intérêts publics et privés L’équilibre entre les différents intérêts et particulièrement les intérêts publics et privés est assuré par l’autorité en place. L’ordonnance sur l’aménagement du territoire - OAT du 28 juin 2000 qui accompagne la Loi fédérale du 22 juin 1979 le précise :

« Lorsque, dans l'accomplissement et la coordination de taches ayant des effets sur l’organisation du territoire, les autorités disposent d’un pouvoir d’appréciation, elles sont tenues de peser les intérêts en présence. Ce faisant, elles :

a. déterminent les intérêts concernés ;

b. apprécient ces intérêts notamment en fonction du développement spatial souhaité et des implications qui en résultent ;

c. fondent leur décision sur cette appréciation, en veillant à prendre en considération, dans la mesure du possible, l’ensemble des intérêts concernés.

Elles exposent leur pondération dans la motivation de leur décision. » Art.3 Ordonnance fédérale sur l’aménagement du territoire

Exemples :

Échange une zone agricole en zone à bâtir, contre une zone intermédiaire en zone agricole.

Augmentation de la densité d’un secteur résidentiel pour permettre des logements financièrement plus accessibles, et de ce fait l’arrivée de jeunes ménages, et de familles avec des enfants en phase de scolarité.



Modification du trafic de transit dans une localité.

Reconversion d’une ferme en atelier de réparation de machines agricoles, en porcherie ou en menuiserie.

La pesée des intérêts est évaluée par les tribunaux administratifs et cantonaux, voire par le tribunal fédéral, selon les types de recours. Les intérêts fédéraux priment sur les intérêts cantonaux, régionaux ou locaux. Les articles 1 à 3 de la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire sont des aides à la décision. Une pesée globale des intérêts est faite et une décision unique en résulte. Les intérêts financiers et économiques sont également pris en considération.

4.2. Typologie des communes (suisses) 9 types principaux de communes ont été identifiés en Suisse (Office fédéral de la statistique) :

commune centre commune suburbaine commune riche commune périurbaine commune touristique commune industrielle et tertiaire commune pendulaire rurale commune agraire-mixte commune agraire

4.3. Instruments de planification locale Des instruments à l’échelle locale permettent de gérer un grand nombre de conflits d’intérêts.

Les principaux sont :

- la conception directrice communale ;

- le plan directeur ; c’est un outil de gestion du territoire permettant de répondre aux impératifs sociaux, économiques et environnementaux. Un plan directeur n’est pas seulement une analyse du territoire, mais aussi une mise en valeur des identités territoriales ; et une image d’avenir. Il repère ce qui est important dans le présent pour lui réserver une place dans le futur.

- le plan général d’affectation ; il règle l’affectation du sol et les constructions.

PLAN GÉNÉRAL D’AFFECTATION

(PLAN DES ZONES)

CONCEPTION DIRECTRICE ET / OU PLAN DIRECTEUR COMMUNAL

Plans contraignants pour les collectivités publiques pour les propriétaires

Plans contraignants pour les collectivités publiques

PLANS D’AFFECTATIONS SPÉCIAUX PLANS DE QUARTIER PLANS D’ALIGNEMENT



A ceux-ci s’ajoutent :

- le rapport 47 OAT ; - le cahier des charges ; - l’aperçu de l’état de l’équipement, et le programme d’équipement ; - le plan général d’évacuation des eaux ;

Les plans généraux d’affectation et d’évacuation des eaux sont des instruments contraignants pour les collectivités publiques et pour les propriétaires privés ; en cas de litige ce sont des plans et des règlements opposables aux tiers.

Les conceptions directrices, le plan directeur et le rapport 47 OAT sont des instruments contraignants pour les collectivités publiques ; ce sont des contrats entre les communes et le canton. Le cahier des charges est une procédure, non inscrite dans la loi, et qui n’engage que les autorités communales.

4.4. Planification communale générale Plan directeur communal et Plan général d’affectation en Suisse SCOTT Schéma de cohérence territoriale et POS Plan d’occupation du sol en France

Objectifs C’est pour aider les autorités à mener leur politique territoriale.

- Des priorités sont choisies.

- Des objectifs sont fixés.

- Des mesures et les moyens à engager sont définis.

C’est un instrument de navigation qui permet de faire le pont entre le présent et l’avenir. C’est un outil de contrôle pour faire face aux multiples pressions. C’est un moyen de sauvegarde des intérêts publics.

Contenu Des propositions dans les domaines suivants :

Le paysage, les sites et l’environnement. L’affectation du sol. La circulation des piétons et des véhicules publics et privés. Les équipements collectifs et techniques. L’énergie

Domaines concernés 10

1. ORGANISATION DU TERRITOIRE Coordination avec les plans de rang supérieur Confédération, canton, région, commune, Quartier voisin

Utilisation mesurée du sol Contrôler le développement désordonné des constructions dans les zones rurales en promouvant une décentralisation concentrée 10 CANTON DE BERNE, 2000, Guide pour l’aménagement local, Rapport accompagnant les plans communaux.



S’interroger sur la disponibilité des terrains Equipement optimal Densité appropriée

Occupation ordonnée du territoire Utilisation des avantages naturels et techniques des sites d’implantation Accessibilité en fonction de l’affectation, du lieu Synergie des affectations Prise en compte des nuisances dues au rayonnement

Protection des sites et du paysage Influence du changement sur les sites et le paysage Conformités ou divergences par rapport aux prescriptions en vigueur Mise en évidence du potentiel des sites et du paysage

Habitat agréable Approvisionnement en biens de consommation courante et existence de service public Diversité des affectations Possibilités d’utilisation variée des espaces extérieurs pour l’ensemble de la population Sécurité dans les espaces publics Harmonie entre les quartiers d’habitation, les quartiers d’activité, les espaces verts, les dégagements extérieurs, les rues, les places, les installations de loisirs et de tourisme.

Organisation du trafic Desserte par les transports publics Desserte pour les piétons et cyclistes Intégration dans la topographie et dans le milieu bâti des routes et des chemins, adéquation fonctionnelle Volume de trafic et prévoir le stationnement ciblé sur l’offre Approvisionnement et évacuation

Organisation appropriée des installations d’approvisionnement en eau potable et évacuation des eaux usées et des déchets Utilisation de l’énergie transportée par conduites, des rejets thermiques, et de la chaleur résiduelle Mise à profit des conditions présentes sur le site pour la production et l’approvisionnement actif et passif de l’énergie Choix approprié des sites d’extraction et de décharge (carrières et gravières, décharges)

2. ENVIRONNEMENT Air Niveau initial de pollution (condition de ventilation, réserve de capacité des réseaux routiers) Domaine d’application des mesures (niveau d’action de la commune) Installations génératrices de fort volume de trafic (100 pl. de stationnement = 2000 déplacements) Pollution atmosphérique due à des installations stationnaires

Bruit, vibrations Niveau initial d’exposition Secteurs où le bruit dépasse les valeurs limites d’exposition Conséquences des installations génératrices de forts volumes de trafic sur les communes ou quartiers avoisinants. Pollution sonore due à des installations fixes Vibrations



Sol Sites contaminés et sites potentiellement contaminés Fertilité des sols Régions contaminées Stabilité du sol

Eau Cours d’eau en tant qu'espaces vitaux Qualité de l’eau Imperméabilisation du sol

Forêts Favoriser une disposition étagée des lisières Protection de la nature au sein des forêts

Protection de la nature et compensation écologique Espaces vitaux protégés et dignes de protection (protection des biotopes et des espèces) Éléments du paysage proche de l’état naturel, objets géologiques Création de nouveaux espaces vitaux et compensation écologique Influence des corridors migratoires et solutions permettant de ne pas perturber davantage la faune

Prévention des risques (risques techniques) Risques dus à des installations stationnaires Risques mobiles

3. ECONOMIE Conceptions de développement économique de rang supérieur Prise en compte et coordination

Investissements réalisés par la commune Montant investi Financement par les pouvoirs publics : Capacité financière Coordination avec le plan financier

Investissements réalisés par les privés Montants des investissements privés Capacité financière des investisseurs privés Investissements préalables

Facteurs liés au site Main-d’œuvre Équipement de desserte Structure économique locale / régionale

Surfaces et bâtiments Dimensions Disponibilité



Démarche

Définition du problème

CONSTAT ET ANALYSE RECHERCHE DES

OBJECTIFS

PRINCIPES D’AMÉNAGEMENT

MESURES

ENJEUX MAJEURS

La démarche est itérative

Bases légales En Suisse : Loi fédérale LAT du 22 juin 1979 et lois cantonales

Références au niveau fédéral : LAT art.1 Buts La Confédération, les cantons et les communes veillent à assurer une utilisation mesurée du sol. Ils coordonnent celles de leurs activités qui ont des effets sur l’organisation du territoire et s’emploient à réaliser une occupation du territoire propre à garantir un développement harmonieux de l’ensemble du pays.

LAT art. 2 Obligation d’aménager le territoire Pour celles de leurs tâches dont l’accomplissement a des effets sur l’organisation du territoire, la Confédération, les cantons et les communes établissent des plans d’aménagement en veillant à les faire concorder.

Références au niveau cantonal : (par exemple)LATC Loi cantonale vaudoise LATC du 19 septembre 1986 art. 31 Portée juridique Le plan directeur cantonal approuvé par le Conseil fédéral lie toutes les autorités. Les autres plans directeurs approuvés par le Conseil d'Etat sont des plans d'intention servant de référence et d'instrument de travail pour les autorités cantonales et communales.

art. 38 Obligation d'établir le plan directeur Les communes de plus de mille habitants doivent établir un plan directeur dans le délai que fixe le Conseil d'Etat. Celui-ci peut les en dispenser pour des motifs objectivement fondés. Le Conseil d'Etat peut, lorsque les circonstances le requièrent, obliger une commune de moins de mille habitants à établir un plan directeur.



Forme

Un dossier de présentation des constats, des enjeux, des objectifs, des principes retenus et des mesures de mise en oeuvre, contenant :

Un ensemble de plans Un cahier de mesures. Eventuellement des schémas par secteurs

4.5. Projet de quartier Plan d’affectation spécial ou Plan de quartier en Suisse ZAC Zone d’aménagement concertée en France

Planification à l’échelle de l’homme L’instrument principal de la planification spéciale est le « plan d’affectation spécial », plus couramment appelé « plan de quartier », « ZAC - zone d’aménagement concerté » en France, ou « Bebauungsplan » en Allemagne et Autriche.

L’objectif visé est de concevoir une portion de ville ou de localité de qualité dans le cadre d’une conception d’ensemble. A l’échelle d’un territoire de petite dimension (en Suisse allant de 3’000 à 600’000 m2 environ), cet outil concrétise dans l’espace les politiques publiques à incidences spatiales (transports, urbanisation, énergie, environnement, etc.) ; c’est à partir de 10’000 m2 environ, qu’il commence à être performant.

Le plan d’affectation spécial est un complément indispensable du plan général d’affectation. La complexité urbaine n’est pas toujours prise compte dans la répartition du territoire en zones, et les règlements sont parfois trop rigides. De plus, le plan général d’affectation., ou plan des zones, est un instrument qui règle uniquement le domaine privé ; le domaine public, la voirie, ne sont pas concernés. Ainsi, le plan d’affectation spécial est aussi un instrument qui peut aussi suggérer des aménagements de qualité pour la voie publique.

De plus en plus, cet outil de gestion du territoire est utilisé dans des tissus déjà largement bâtis qu’il faut transformer et améliorer.

Trois types principaux de planification spéciale Le plan d’alignement : procédure ancienne, mise en place pour libérer des terrains afin de permettre de construire, sur du moyen à long terme, la voirie.

Le plan de lotissement : procédure ne répondant plus aux exigences qualitatives de la planification des quartiers. Ce plan propose une répartition des parcelles, une distribution des accès principaux, et un tracé des canalisations ; aucune conception générale n’est faite, et les préoccupations sociales, environnementales, formelles ne sont pas prises en considération.

Le plan de quartier (plan d’affectation spécial), aussi appelé plan localisé de quartier, plan partiel d’affectation, Bebauungsplan, Gestaltungsplan, etc. : procédure très utilisée en Suisse, dont le but principal est de proposer une planification de qualité.

Objectifs L’objectif principal d’une procédure de Plan d’affectation spécial est de proposer une amélioration d’une portion de territoire urbanisé ou à urbaniser. Le plan d’affectation spécial, plan de quartier, peut être :

- La garantie pour une qualité urbanistique : lorsqu’un secteur de localité, de ville ou d’agglomération est identifié comme lieu stratégique, il est recommandé aux autorités locales de procéder à une réflexion globale et complète ; la procédure de plan de



quartier permet de mettre en place un concept général, qui peut ensuite se réaliser par étape.

Exemple : site près d’une interface de transport, installations d’utilité publique, nouveau quartier résidentiel ou mixte, réhabilitation d’une friche industrielle, etc.

- Un processus démocratique : il permet, grâce aux procédures d’information et de participation, voire de concertation, de faire intervenir la population relativement tôt dans le processus de planification d’un site, et d’agir avec un grand nombre d’acteurs.

Exemple : quartier urbain résidentiel amené à recevoir des affectations d’utilité publique ; une démarche de plan de quartier, à contrario d’un concours d’architecture proposant un objet fini à la population, donne la tribune aux différents acteurs concernés, lors de l’élaboration du projet.

- L’adaptation de la planification à de nouvelles circonstances : le plan général d’affectation, délimitant et affectant les zones, a effectivement une validité de 10 à 15 ans ; ainsi, le plan d’affectation spécial peut autoriser des modifications aux règles en vigueur et qui, pour des raisons justifiées et nouvelles, ne peuvent plus être respectées.

Exemple : modification des affectations, de l’indice d’occupation du sol, etc.

- Une réponse à la mise en place d’affectations particulières ou de typologies exceptionnelles.

Exemples : carrières, golfs, places de stationnement pour véhicules à roues dans un garage lacustre, bâtiments-tours, etc.

Démarche

Démarche traditionnelle Démarche actuelle avec apport qualitatif

REPARTITION DES ZONES

ALIGNEMENTS

PLAN D’AFFECTATION SPECIAL (plan de quartier) éventuellement PLAN D’ALIGNEMENT / PLAN D’EQUIPEMENT avec conception générale

EQUIPEMENT EQUIPEMENT

PERMIS DE CONSTRUIRE PERMIS DE CONSTRUIRE

REPARTITION DES ZONES



élaboration du PLAN DE QUARTIER

Réalisation du plan de quartier ETAPE I

Vie de quartier

COMMUNE PRIVÉS

PROFESSIONNELS

CANTON CONFEDERARION

ASSOCIATIONS

POPULATION

ETAPE II

ETAPE III

EV. RUPTURE DANS LA DEMARCHE

Plan directeur de quartier

LES EXCLUS les personnes âgées

les jeunes les chômeurs

etc.



Procédure d’adoption Exemple de procédure d’adoption et d’approbation des plans d’affectation dans le canton de Vaud : ELABORATION DU PROJET Municipalité (autorités exécutives) et urbaniste ▼ EXAMEN PRÉALABLE auprès du Service cantonal de l’aménagement du territoire ▼ ADOPTION PAR LA MUNICIPALITÉ

▼ MISE À L’ENQUÊTE PUBLIQUE

▼ TRAITEMENT DES OPPOSITIONS

▼ ADOPTION PAR LE CONSEIL COMMUNAL OU GÉNÉRAL (autorités législatives) ▼ NOTIFICATION DES OPPOSITIONS

▼ RECOURS DEVANT LE DÉPARTEMENT CANTONAL

(éventuellement)

▼ APPROBATION PAR LE DÉPARTEMENT CANTONAL /

décisions sur les recours

▼ RECOURS AU TRIBUNAL ADMINISTRATIF

(éventuellement)

(Loi sur l’aménagement du territoire cantonal Latc art.56, 57, Règlement d’application Ratc 14)

Conditions de réussite Règles de base :

La planification d’un quartier ne se fait généralement pas sans rencontrer des obstacles. Quelques lignes de conduite permettent d’atteindre plus sûrement l’objectif visé :

- l’usage d’un vocabulaire partagé par tous les intervenants du plan de quartier ;

- l’importance donnée à l’information, la participation, voire la concertation ;

- la coordination équitable des intérêts publics et privés ;

- la description précise des procédures, des coûts et des étapes aux autorités exécutives responsables du plan ;

- la gestion suivie du projet de la phase de planification à celle de réalisation ;



- la prise en compte des préoccupations environnementales et d’économie d’énergie dès le début de la phase de conception.

- La connaissance du contexte économique et des possibilités du marché.

Critères d’évaluation :

Des critères11 permettent d’évaluer qualitativement les plans de quartier. En voici quelques-uns :

- l’existence d’une conception d’aménagement général ;

- l’accessibilité par les transports publics ;

- la localisation proche d’équipements essentiels ;

- l’organisation des espaces publics ;

- le dessin d’un concept paysager ;

- la planification dans le temps de densifications futures ;

- la prise en considération de préoccupations environnementales ;

- l’élaboration d’un concept énergétique.

Remarque : Dans le cadre de la recherche citée sous la référence (1), l’échantillon étudié contenant une soixantaine de quartiers, présente les caractéristiques suivantes :

- plus de 50% des plans de quartier n’ont pas de conception globale,

- 20% n’ont pas une accessibilité par les transports publics satisfaisante,

- 10% sont mal localisés par rapport aux équipements essentiels,

- environ 70% n’organisent pas les espaces publics réservés aux piétons et aux cycles,

- près de 50% n’ont pas de concept paysager,

- une grande partie ignore les notions de densification,

- et la plupart ne contiennent pas de préoccupations environnementales ni de concept énergétique.

4.6. Evolution de la planification

Dysfonctionnements de la planification générale communale Des faiblesses fragilisent la mise en œuvre des objectifs de l’aménagement local. En voici quelques-unes :

- le suivi de la planification n’est pas toujours assuré dans la continuité, car les autorités exécutives communales sont élues cycliquement, en Suisse par exemple elles le sont tous les quatre ans ;

- les préoccupations territoriales ne sont en général pas prises comme des priorités en soi, mais comme liées aux préoccupations économiques et fiscales ;

11 Recherche sur les plans d’affectation spéciaux, RUMLEY PIERRE-ALAIN, RUZICKA-ROSSIER MONIQUE, étude réalisée par l’IREC de 1999 à 2000, publication interne.



- les partenaires des projets sur le territoire sont nombreux ; les autorités en place ne peuvent pas seulement s’appuyer sur les règlements pour gérer les problèmes, et elles se retrouvent souvent démunies devant la complexité des décisions ;

- le plan général d’affectation règle les problèmes du domaine privé, et ne se préoccupe pas du domaine public ; il ne vise aucune qualité urbanistique ;

- le plan directeur communal est parfois compris comme une tâche demandée par l’Etat, et aussitôt accomplie, elle est oubliée. L’Etat (au niveau cantonal) n’actionne que rarement son droit de veto pour faire respecter le contrat public commune/canton.

Atouts de la planification par secteurs appuyée sur des processus de coordination

Plus importantes que les précédentes faiblesses, sont les mutations spatiales rapides que subissent les aires urbanisées. Agir sur le territoire requiert une approche qui n’est plus celle de la planification traditionnelle. La complexité des problématiques, la multitude et la diversité des acteurs concernés demandent d’élaborer des processus innovants où la transdisciplinarité joue un rôle essentiel. Les instruments en place ne répondent plus entièrement au contexte actuel.

L’aménagement local souffre de manque de coordination entre les différentes communes dans des domaines où les incidences spatiales sont fortes, comme par exemple les transports collectifs ou la localisation des entreprises et des centres commerciaux. Les répartitions institutionnelles ne sont plus représentatives du fonctionnement territorial. La planification territoriale, juxtaposant des « plans communaux » de la répartition et intensité des affectations, de la localisation des infrastructures de transport, du paysage, voire de l’énergie, est aujourd’hui inefficace pour organiser les espaces occupés par les hommes dont la mobilité ne cesse de s’amplifier. La plupart des habitants ne travaillent pas dans leur commune de résidence, font leurs achats à droite à gauche, pratiquent des loisirs où bon leur semble, bref n’arrêtent pas de se déplacer.

De nouveaux instruments prennent place dans la pratique des spécialistes du territoire où l’importance de la démarche, de la mise en place d’un processus de transformation du territoire tend à prendre autant d’importance que la représentation illustrée du projet. La conception globale élaborée par un grand nombre d’acteurs trouve sa formalisation dans des actions prioritaires. Ces actions se matérialisent à travers des interventions sectorielles transversales (comme la planification des réseaux – de transport, écologiques, etc. - couvrant de larges espaces supplantant les frontières des territoires communaux, cantonaux, départementaux, régionaux) ou territoriales (comme la localisation ponctuelle sur un territoire d’un centre commercial, d’un quartier résidentiel, d’un parc public, etc.)

Références : autorités fédérales et cantonales de l’aménagement du territoire (Suisse romande) (Cf. annexe 2)



URBANISATION ENTRE TRANSLATION ET HOMOTHÉTIE « Ville » comme constante de l’homme et projetée avec lui dans son accélération La ville souvent ressentie comme un organisme vivant, respire ou suffoque, s’étale, se fragmente, se multiplie, meurt, glisse, se déplace.

Fourmillante cité, cité pleine de rêves, Où le spectre en plein jour accroche le passant ! Les mystères partout coulent comme des sèves Dans les canaux étroits du colosse puissant. Un matin, cependant que dans la triste rue Les maisons, dont la brume allongeait la hauteur, Simulaient les deux quais d’une rivière accrue, Et que, décor semblable à l’âme de l’acteur, Un brouillard sale et jaune inondait tout l’espace, Je suivais, roidissant mes nerfs comme un héros, Et discutant avec mon âme déjà lasse, Le faubourg secoué par les lourds tombereaux. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, édition 1861.

Aujourd’hui, un grand nombre de villes côtoient le gigantisme. Les scientifiques rêvent de les saisir ; les observent, les décortiquent, les mesurent, les interprètent. Certains n’osent plus utiliser le terme « ville » pour les nommer, d’autres qualifie la « ville » de moribonde, d’autres au contraire reconnaisse « de la ville » partout. Pour agir sur les villes, les planificateurs eux s’organisent en équipe de professionnels spécialisés en mobilité, urbanisme, architecture, génie civil, environnement, sociologie, économie, biologie, etc. Les problèmes abondent ; des solutions sont formulées, évaluées, appliquées et, trop vite, deviennent bancales, voire obsolètes. La planification traditionnelle, dont la démarche linéaire met bout à bout hypothèses, enjeux, objectifs, projet(s), actions prioritaires et mise en œuvre, répond de moins en moins à la complexité des problèmes et à la multiplicité et diversité des acteurs. Les interventions sur les territoires sont menées ponctuellement aux endroits identifiés comme fragiles, ou à ceux dont la localisation revêt un potentiel urbain. Ces actions s’appuient sur des approches autant quantitatives que qualitatives. La fragilité et le potentiel d’un territoire urbain peut s’évaluer par des critères d’ordre économique, social, fiscal, environnemental, patrimonial, etc. L’observation des densités humaines et du bâti, et des mixités sociales et fonctionnelles des espaces urbains fournit de premiers indices pour analyser l’état de santé des territoires urbanisés sous l’angle de l’occupation du sol. Ces premiers indices sont révélateurs de la manière dont un sol est utilisé, cependant ils sont muets sur les modes de vie des habitants, le potentiel de mobilité des habitants, le patrimoine social, bâti et environnemental, etc.



1. DENSITE ET MIXITE

Un territoire se caractérise entre autre par sa densité de population, sa densité de bâti, ses mixités fonctionnelles et sociales. Les densités et les mixités peuvent se chiffrer, et analysées ensemble, elles agissent comme indicateurs de l’état de santé des territoires urbanisés. De plus le constat des disparités territoriales, touchant les emplois, les revenus, les impôts, les typologies de logement, les structures sociales, les aménagements extérieurs, les équipements collectifs, les transports publics et privés, montre que les territoires compris dans une agglomération sont loin d’être gérer de manière équitable. De même, les agglomérations entre elles ne sont pas égales.

L’importance de la dépendance automobile et l’accroissement des nuisances qui l’accompagnent, font qu’aujourd’hui la planification urbaine met de front « urbanisation » et « mobilité ». Ces concepts s’appuient sur les notions de densités humaines et de bâti (réservoir de population, densité des constructions), et de mixité fonctionnelle et sociale (bassin d’emplois, proximité des habitations et des équipements, diversité de la population).

En Suisse, une option centrale de la politique d’organisation du territoire est le développement de l’urbanisation à l’intérieur du tissu bâti. C’est à dire: - utiliser les infrastructures existantes ; - réaffecter les friches ; - surélever les bâtiments ; - mieux utiliser les espaces résiduels entre les bâtiments ; - etc.

1.1. Définitions générales

Densité Qualité de ce qui est compact ; Rapport entre un indicateur et une surface.

Les géographes, les sociologues, les ingénieurs, les architectes, les investisseurs utilisent les notions de densité. Les contenus de la densité diffèrent d’un intérêt à l’autre. Ainsi selon la profession on utilisera :

- 1. la densité de population pour le géographe, l’urbaniste ou le politicien ;

- 2. la densité de construction pour le constructeur ;

- 3. la densité des réseaux autoroutiers pour l’ingénieur ;

- 4. la densité artisanale ou commerciale pour le gestionnaire ;

- 5. la densité de population étrangère, de population jeune ou âgée, des logements pour le sociologue ;

- etc.

La première densité appartient au groupe des densités de population qui informent sur l’intensité de la présence des hommes et de ces activités sur un territoire donné.

Les deuxième et troisième sont des densités du bâti qui indiquent la mesure d’occupation du sol.



Les quatrième et cinquième ont trait aux pourcentages des affectations, et aux diverses caractéristiques d’une population en un lieu donné ; elles sont des indices de mixité, soit de mixité fonctionnelle, soit de mixité sociale.

La densité communément utilisée est le rapport entre la population (ou la population et les emplois) et toute la surface du pays (sans les lacs).

Pays Nbre d’habitants au km2

Pays Nbre. d’habitants au km2

Canada 3,2 Italie 191,4Russie 8,5 Allemagne 232,4Suède 19,7 Royaume Uni 244,3Etats-Unis 29,2 Belgique 336,0Mexique 51,8 Pays-Bas 381,8Espagne 79,6 Inde 313,3Autriche 97,2 Japon 335,5France 108,9 Bangladesh 911,6Danemark 124,2 Singapour 6657,0Suisse 176,4 Source : situation mi 2001 / F.Pecheux http://www.lienutiles.org/popsup.htm

En urbanisme, la densité est aussi comprise comme le rapport entre un indicateur et une surface de territoire.

L’indicateur peut être le nombre d’habitants, le nombre d’habitants et d’emplois, la surface de plancher, la surface verte, etc. Ces données sont précises et peuvent être chiffrées relativement aisément. La surface du territoire est beaucoup plus difficile à déterminer. La surface peut ou non comprendre les plans et cours d’eau, les surfaces improductives et inaccessibles (falaises, montagnes, éboulis, glaciers, etc.), les alpages, les forêts, les infrastructures routières et ferroviaires, les équipements techniques et publics, etc. Plus les territoires concernés sont vastes moins les densités sont comparables.

Densité Espace géographique Surface

km2

Population au 31.12.98

habitantshabitants/km2 habitants/ha

Suisse 41'28512 7'131’888 172,7 1,7 Régions urbaines13 6'957,7 4'840’650 691,3 6,9 Régions rurales14 33'029,9 2'291’238 70,3 0,7 Vaud 2'822,4715 607’879 215 2,1 Agglomération de Lausanne16 274,99 285’396 1’038 10 Lausanne 54,77 113’781 2’077 20 Renens 2,96 16’605 5’609 56 Pully 5,84 15’973 2735 27 Ecublens 5,71 9’733 1705 17 Echallens 6,66 3957 594 6

12 OFAT, 1998,Vade-mecum, p.53. Les lacs et cours d’eau sont compris dans cette surface. 13 OFFICE FEDERAL DE LA STATISTIQUE, 1999,Annuaire statistique de la Suisse 2000, NZZ Verlag, Zürich. 14 OFFICE FEDERAL DE LA STATISTIQUE, 1999,Annuaire statistique de la Suisse 2000, NZZ Verlag, Zürich. 15 Les lacs ne sont pas compris dans cette surface. 16 60 communes sont comprises dans l’agglomération lausannoise.



Quartier « En Plan sous Cauderay » (Renens) IUS 8,8

habitants. : 2660 emplois : 23

Densité humaine 304 hab.+emplois / ha

IUS :indice d’utilisation du sol

La densité du bâti ne donne pas de précision sur la forme urbaine, c’est à dire sur la typologie des constructions et leur composition ; la densité du bâti ne donne aucune information sur la qualité de vie. De plus, la densité « perçue » intervient dans toutes les appréciations sur les densités ; le vécu joue un rôle déterminant dans le degré d’acceptation des densités, et, la présence de la nature transforme la perception de la densité.

Mixité Qualité de ce qui est formé de deux éléments de nature différente ; Mélange sur un même territoire, sur un même lieu, de fonctions différentes (dont nécessairement la fonction d’habiter), ou de gens différents (nationalités, âges, niveau de formation. Pour l’urbaniste, la mixité a deux aspects :

- la mixité fonctionnelle qui se caractérise par un nombre d’emplois par habitant ; - la mixité sociale qui se caractérise par des pourcentages de population appartenant à

un même groupe de catégories socioprofessionnelles CSP ; des pourcentages sur des groupes de classes d’âge, ou de nationalités, donnent des informations complémentaires, néanmoins l’indicateur significatif est donné par les CSP.

Les catégories socioprofessionnelles sont celles décrites par l’Office Fédéral de la Statistique:

CSP 1 Dirigeants ; CSP 2 Professions libérales ; CSP 3 Autres indépendants ; CSP 4 Professions intellectuelles et d’encadrement ; CSP 5 Professions intermédiaires ; CSP 6 Non-manuels qualifiés ; CSP 7 Manuels qualifiés ; CSP 8 Travailleurs non qualifiés ; CSP 9 Hors catégorie ; CSP 10 Ne travaillant pas.

Trois groupes principaux sont significatifs pour la mixité sociale. Niveau de formation élevé : professions supérieures, CSP 1+2+4; Niveau de formation moyen : professions intermédiaires, CSP 3+5+6+7; Niveau de formation faible : travailleurs non qualifiés, CSP 8.

Deux groupes complètent l’information : Ceux qui ne rentrent dans aucune catégorie, CSP 9; Ceux qui ne travaillent pas, CSP 10.

Les chiffres utilisés s’obtiennent auprès de l’Office Fédéral de la Statistique, et sont ceux du 31 décembre de l’année considérée comme référence, ou ceux obtenus à partir du dernier recensement fédéral. Ces % sont comparés à ceux de la Suisse entière.



1.2. Villes-agglomérations et modification des densités

Proportion de la population vivant dans les villes La ville traditionnelle européenne est dense et mixte ; elle se regroupe dans un périmètre de diamètre voisinant les 2 à 5 km, possède souvent des frontières physiques (fleuve, lac, collines, etc.) ou artificielles (remparts, contreforts, etc.), et contient un mélange de fonctions et souvent une diversité humaine. La ville ancienne (avant la révolution industrielle) possède un centre et génère une attraction uni-polaire.

Alors qu’en 1900 seulement 10% de la population européenne vivait dans les villes, en 2000 elle représente 70%. A titre comparatif voici quelques autres chiffres, en 2000 : Monde 50%, Suisse 75%, USA 76%, Japon 77%

En 1950, seules New-York et Londres avaient des populations qui dépassaient les 8 millions d’habitants. En 2000, on compte 22 mégalopoles de plus de 10 millions d’habitants ; des prévisions annoncent les chiffres suivants pour 2015 : 33 mégalopoles, dont 27 dans des pays en voie de développement, dont 19 en Asie. Et Tokyo sera la seule ville « riche » à figurer dans les 10 plus grandes villes du monde ! Les villes explosent, comme Lagos / Nigéria qui est passée de 1million d’habitants à 10 millions en quelques années.

Centre dense et couronne éparse En Europe, les villes comptent pour la plupart des noyaux anciens autour desquels se développent les urbanisations nouvelles.

Les constructions s’éloignent de plus en plus du centre, la population augmente, la densité diminue. La cherté des terrains et des loyers au cœur des villes, la pléthore des règlements de construction, et surtout la facilité des accès automobiles font que l’étalement urbain devient presque sans limite. La taille des villes dépend de la capacité des gens à se déplacer. Il existe une interaction forte entre l’extension du tissu urbain et les infrastructures de transport. L’agglomération grandit, le trafic augmente, et avec lui les nuisances (bruit et pollution de l’air), les infrastructures se développent encore, et ainsi de suite, cela entraîne à nouveau de nouvelles extensions de l’urbain.

Quelques chiffres de densité de centre-villes :

Centre de Toronto 6’391 habitants au km2

Centre de Londres 7’299 habitants au km2

Centre de Tokyo 13’925 habitants au km2

Centre de Paris 24’450 habitants au km2

Quartier de Kow-Loon (Hong-Kong) 200’000 habitants au km2

Quelques chiffres de densité de villes et d’agglomérations suisses : Ville Agglomération

Berne 2’500 habitants au km2 800 habitants au km2

Lausanne 2'900 habitants au km2 1’000 habitants au km2

Zürich 4'000 habitants au km2 1’100 habitants au km2

Bâle 7’100 habitants au km2 1’500 habitants au km2

Genève 11’000 habitants au km2 1’000 habitants au km2



Or, il est constaté17 que plus la densité est élevée, moins la dépendance automobile est grande. De plus, plus les quartiers sont mixtes (habitation, activités commerciales, culturelles, professionnelles, etc. plus la population a tendance à user la mobilité douce (à pied, à vélo, en transports publics) pour se déplacer.

Moteurs de l’urbanisation et dispersion Les moteurs du processus d’urbanisation sont :

- le développement économique ;

- l’évolution démographique et sociale ;

- le développement dans le domaine des transports et de la communication.

Selon l’importance de ces facteurs, les agglomérations se comportent différemment. Mais, toutes présentes des formes plus ou moins fortes,

- d’étalement des constructions (les diamètres des périmètres d’agglomération ne cessent de grandir (Lausanne agglomération en 2000, 70 communes s’étalant sur des distances de 15 à 20 km ;

- de spécialisation des territoires (quartiers résidentiels de villas, quartiers résidentiels de bâtiments hauts, quartiers administratifs, des grandes surfaces commerciales, etc.) ;

- de dispersion des activités (certaines fonctions quittent les centres comme l’artisanat, les commerces de meubles, et de manière générale les commerces de vente sur grandes surfaces, les centres de sport, etc.).

Les professionnels de la planification mettent des espoirs sur une mise en œuvre combinée de la densité et de la mixité pour ralentir voire enrayer ces phénomènes d’étalement des constructions, de dispersion des activités, et de spécialisation des territoires. La vérification est à poursuivre.

1.3. Incidences des densités QUELQUES INCIDENCES CHIFFRÉES

Les agglomérations dont la population se situent entre 100’000 et 500’000 habitants sont celles qui génèrent le moins de prestations de transport de personnes.18

Population de quelques villes suisses : Zürich 337’900 hab., Genève 175’000 hab., Bâle 166’000 hab., Berne 122’500 hab., Lausanne 114’900 hab.

(OFS, population résidante permanente au 31 décembre 2000). Au-delà du seuil d’une densité humaine de 200 personnes + emplois par hectare19 (approximativement IUS de 0,7-1,0)20 les distances parcourues en transports publics sont beaucoup plus importantes que celles parcourues en automobile.

Mob

ilité

17 PETER NEWMANN, JEFFREY KENWORTHY, Sustainibility and cities, Overcomming automobile dependance, Washington D.C., 1999. 18 Etudes réalisées par le bureau Metron en 2000. 19 V. FOUCHIER, 1997, Les densités urbaines et le développement durable, le cas de l’Ile-de-France et des villes nouvelles, édition du SGVN, Secrétariat général du groupe central des villes nouvelles, Paris. 20100 personnes avec une moyenne de 50m2 par habitant, et 100 personnes avec une moyenne de 20 m2 à 50 m2 par emploi.



Il est estimé qu’une densité de 100 personnes à l’hectare est nécessaire pour rendre viable un service de bus21. En prenant 50 m2 de surface brute de plancher habitable par habitant, ceci correspond à peu près à une densité de construction caractérisée par un indice d’utilisation du sol de 0,5 et un nombre d’étages variables. De même, une densité de 240 personnes à l’hectare est nécessaire pour rendre viable un service de tram urbain ; ceci demande alors un indice d’utilisation proche de 1,2. Quelques densités brutes de villes suisses de plus de 30’000hab22. : Genève 110 hab./ ha, Bâle 69 hab./ ha, Zürich 38 hab./ ha, Lucerne 36 hab./ ha, Fribourg 34 hab./ ha, Lausanne 28 hab./ ha, Berne 24 hab./ha, Bienne 23 hab./ ha. (OFS, population résidante permanente au 31 décembre 2000).

Mob

ilité

Il est estimé qu’au-dessus d’une densité humaine brute de 200 personnes plus emplois à l’hectare, le taux de motorisation n’est pas supérieur à 0,3 voiture par habitant, les mobilités n’augmentent plus énormément, et les distances parcourues en transport public sont plus importantes qu’en automobiles.23

(Suisse 2002, 0,46 voiture par habitant)

L’augmentation de l’intensité de l’utilisation du sol a une incidence directe sur les consommations d’énergie. Les villes peu denses (en dessous de 15 habitants à l’hectare) consomment presque un quart de plus d’énergie que celles dont la densité est le double. Les maisons individuelles utilisent 15 à 20% plus d’énergie que les appartements24.

Ener

gie

Quelques autres densités brutes de villes de plus de 30’000 hab. : Thoune 18 hab./ ha, St Gall 18 hab./ ha, Neuchâtel 17 hab./ ha, Winterthur 13 hab./ha, Coire 11 hab./ha, Schaffhouse 11 hab./ha, Köniz 7 hab./ha, La Chaux-de-Fond 7 hab./ha (OFS, population résidante permanente au 31 décembre 2000).

Il est constaté25 que le développement de l’urbanisation de faible densité sur de grandes étendues coûte cher aux collectivités et aux particuliers. Le coût des infrastructures peut tripler dans le cas de constructions dispersées.

Il est constaté26 que le double de surface de terrain est occupé par les habitants de villas individuelles par rapport aux résidants de petits blocs, grands blocs ou tours d’habitation. L’occupation de surface de terrain est cependant nettement inférieure pour les maisons mitoyennes. Ec

onom

ie

Le revenu fiscal des immeubles est le double de celui des villas (y compris les villas mitoyennes) à surface de terrain égale.

Densité et mixité …nécessaires …non suffisantes ! (M.RUZICKA-ROSSIER, article in Forum 3 / 03, Office du développement territorial, Berne) (cf. Annexe 3) 21 D.Rudlin, N.Falk, 1999, Building the 21thCentury Home, The sustainable urban neighbourhood, Architectural Press, Oxford, p.158. 22 Il est constaté que peu de villes suisses répondent à ces critères. Cela indique que nos agglomérations sont relativement étalées. Certainement, les chiffres de 100 personnes à l’hectare, voire 240 personnes à l’hectare, doivent se trouver sur les territoires immédiats desservis par les transports publics. 23 V. FOUCHIER, 1997, Les densités urbaines et le développement durable, le cas de l’Ile-de-France et des villes nouvelles, édition du SGVN, Secrétariat général du groupe central des villes nouvelles, Paris. 24 Statistiques françaises in V. FOUCHIER, 1997, Les densités urbaines et le développement durable, le cas de l’Ile-de-France et des villes nouvelles, édition du SGVN, Secrétariat général du groupe central des villes nouvelles, Paris. 25 OFDT, OFFICE FEDERAL DU DEVELOPPEMENT TERRITORIAL, 2000, Les coûts des infrastructures augmentent avec la dispersion des constructions, dossier réalisé par Ecoplan, Berne. Trop fréquemment, et à tort, les autorités exécutives des petites et moyennes communes orientent leur politique d’urbanisation vers l’habitat individuel car, soi-disant, il attire de meilleurs revenus fiscaux. Ce préjugé, pourtant démenti il y a plus de quinze ans, agit toujours aujourd’hui. 26 Entre autres par l’étude réalisée dans le cadre de l’administration communale de St-Gall : G,STUCKI, Occupation de surface et recettes fiscales par habitant selon le type de construction, in Bulletin d’information de l’Office Fédéral de l’Aménagement du Territoire, no 2, 1985, pp.19-22.



Indicateurs de la densité et de la mixité Extrait Densité et mixité à l’échelle des agglomérations, le cas de l’agglomération lausannoise, mandat de l’Office fédéral du développement territorial, rapport de recherche, Lausanne, 7 avril 2004. Les critères principaux

L’interprétation des chiffres de densité et de mixité des territoires urbanisés doit permettre de comprendre trois choses :

premièrement : quel est le degré d’étalement de la population et des constructions sur le territoire ;

deuxièmement : quelle est la capacité à recevoir une multiplicité d’usages ; troisièmement : quelle importance est prise par la faculté de favoriser la venue d’une

population socialement diversifiée.

L’analyse critique des résultats de l’étude de 2002 démontre effectivement que trois informations sont nécessaires:

1. Connaître la quantité de population qui habite, qui travaille, et qui pratique le tourisme, ainsi que la consommation par habitant des m2 de surface utilisée pour l’urbanisation, c’est à dire les m2 de surface d’habitat et d’infrastructure ;

2. Connaître la proportion du mélange des habitants et des emplois, c’est à dire le nombre d’emplois par habitant ;

3. Connaître l’importance de la diversité sociale, c’est é dire les proportions des groupes de personnes appartenant à des catégories socioprofessionnelles différentes.

Degré d’étalement de la population et de l’urbanisation sur le territoire

Le degré d’étalement de la population et de la diffusion de l’urbanisation sur un territoire donné est évalué à partir de la densité humaine brute Dhb et la densité humaine nette Dhn. La mesure de la densité humaine brute, Dhb, des territoires urbanisés s’obtient par le rapport entre l’équivalent habitant et la surface totale du territoire concerné diminué de celui des surfaces improductives, des alpages et des forêts, appelée surface urbanisée Su (FSIED en allemand).

Elle permet d’évaluer la quantité de population (habitations, emplois et tourisme) sur un territoire.

Cependant, rien n’est dit sur la manière dont cette population se répartit sur le territoire ; soit de manière compacte, soit de manière dispersée. La densité humaine brute ne donne pas de précision sur la diffusion du bâti, la dispersion des aires agricoles, la présence de forêts ou d’autres surfaces non urbanisées ; elle signale seulement l’intensité de la présence de l’homme.

Pour une même densité humaine brute :

répartition moyennement compacte sur le territoire,

répartition dispersée sur le territoire.



Remarque : la surface d’habitat et d’infrastructure est prise à la place de la surface des zones à bâtir. Cette dernière ne peut pas être prise, car elle n’est pas toujours disponible, et de plus elle n’est pas systématiquement calculée de même sorte dans tous les cantons, ou communes. Une comparaison entre les surfaces des zones à bâtir et les surfaces d’habitat et d’infrastructure montre que cette translation est acceptable. (cf. annexe 2) La mesure de la densité humaine nette (Dhn) s’obtient par le rapport entre l’équivalent-habitant et la somme des surfaces d’habitat et d’infrastructure. Elle permet d’évaluer la consommation de territoire urbanisé. Ces chiffres, Dhn ou 1/Dhn, indiquent à quel point le territoire peut présenter des concentrations ou non de population. Effectivement, une densité humaine nette élevée indique, par une consommation basse de surface d’habitat et d’infrastructure, une dispersion faible sur le territoire. L’inverse de cette densité, 1/Dhn, donne le nombre de m2, ou hectares, de surface d’habitat et d’infrastructure Shi , utilisés par équivalent-habitant.

Pour une même densité humaine brute

Dhn élevée, ou faible consommation de m2 de Shi par Eqh :

Dhn faible, ou forte consommation de m2 de Shi par Eqh :

répartition compacte sur le territoire.

répartition dispersée sur le territoire.

La densité humaine brute Dhb et la densité humaine nette Dhn sont les indicateurs principaux de l’étalement des constructions et de la population sur un territoire d’agglomération ; ces deux densités conjointes informent sur la concentration ou l’éclatement des secteurs urbanisés. Reste encore méconnue la part prise par les surfaces bâties, la part occupée par les surfaces de transport, ou celle réservée aux espaces vert et de détente. Les indicateurs pertinents qui peuvent informer sur la propension à l’étalement de l’urbanisation, sur le potentiel d’espace public, et sur la capacité de poumon vert sont respectivement :

- la proportion et la localisation des surfaces agricoles par rapport à la surface urbanisée ;

- le pourcentage des espaces verts et de détente par rapport aux surfaces d'habitat et d'infrastructure ;

- le pourcentage des surfaces de transport par rapport aux surfaces d'habitat et d'infrastructure.



La proportion des surfaces agricoles utiles (sans les alpages) par rapport aux surfaces urbanisées est effectivement aussi un indice de diffusion du bâti. A condition que cet indice soit mis en superposition avec une carte de la répartition des surfaces agricoles dans ou autour des surfaces bâties ; pourtant, il ne dit pas comment les constructions se répartissent sur la surface, et il ne signale rien sur l’importance de la population.

Pour une même proportion de surface agricole :

plus d’équivalent-habitants, moins d’équivalent-habitants.

Ces indices agissent comme des facteurs complémentaires d’information. Ils ne sont pas déterminants sur l’évaluation du degré de diffusion du bâti. Capacité de recevoir une multiplicité d’usage

La capacité que montre un territoire d’agglomération à recevoir une multiplicité d’usage, est révélée principalement par la présence et la proportion de deux types d’usagers : ceux qui habitent sur le territoire et ceux qui y travaillent. La mixité fonctionnelle Mix f décrite par la proportion emplois / habitants, nombre d’emplois par habitant, est un indice suffisant pour évaluer la propension d’un territoire urbanisé à favoriser une diversité de fonctions. Effectivement, la fonction clé de la mixité fonctionnelle est le logement ; toutes les classes d’âge se trouvent dans l’habitation, de l’enfant à la personne âgée. Chaque catégorie d’âge s’accompagne de fonctions propres comme l’enseignement, les soins gériatriques, le travail, et ainsi de suite, qui s’ajoutent aux fonctions partagées par tous comme l’habitation, le commerce, les loisirs . Là où se trouvent des habitants et des emplois, il y a une plus grande probabilité de trouver des lieux à usages multiples, pour le jour et la nuit, les jours ouvrables et les jours fériés. Le calcul de la Mix f donne une première appréciation du niveau de mélange de fonctions. Un parallèle, établi entre ce résultat et la localisation des équipements publics et des grands générateurs de trafic, enrichit l’évaluation et peut encourager à installer peut-être plus de population résidante, ou le contraire. La mixité fonctionnelle Mix f illustrée par le nombre d’emplois par habitant, suffit pour agir comme indice de la qualité d’un lieu. C’est à dire, trop d’habitants à un endroit signale un risque de domination de l’emprise faite à la sphère privée ; ou, trop d’emplois à un autre annonce un risque de perte d’animation par la désertion des usagers les soirs et les jours fériés.

Remarques importantes : Le nombre d’emplois par habitant est significatif à l’échelle des localités, des villes et des agglomérations suisses ; aux échelles des plus grands territoires, il n’est alors plus pertinent pour indiquer la mixité des usages.



De même, pour évaluer la mixité des fonctions et la diversité des usages dans les quartiers, une analyse plus précise des mixités fines ou grossières est nécessaire. Les mixités fine et grossière se lisent à l’échelle du quartier, voire de l’îlot. ► La mixité fine se lit également à l’échelle du bâtiment. Soit, tous les niveaux peuvent être occupés par la même fonction, soit seul le rez-de-chaussée se distingue par une affectation différente, soit des fonctions diverses se superposent. ▼

La mixité fonctionnelle Mix f agit comme un jalon de la qualité d’ambiance et de vie d’une localité, d’une portion de ville ou d’agglomération. A l’échelle de la ville et de l’agglomération, dans leur entier, la Mix f agit comme un indice d’équilibre économique et social : trop d’emplois est un signe de santé économique, mais aussi l’annonce d’un risque de déséquilibre social, c’est à dire moins d’habitants assurant par leur présence continue un climat de sécurité. Et différemment, pas assez d’emplois est le symptôme d’une économie fragilisée, et de ce fait une population qui ne trouve pas suffisamment de travail, donc de revenus, sur place. Faculté de favoriser la venue d’une population socialement diversifiée

La mixité sociale Mix s définie par le pourcentage de personnes appartenant à un même groupe de catégories socioprofessionnelles (CSP), en comparaison des pourcentages de la Suisse entière, permet de brosser une première esquisse de la diversité sociale qui colore un territoire urbanisé. La catégorie socioprofessionnelle illustre le degré de formation des habitants. Il est constaté qu’un éventail diversifié de CSP s’accompagne, la plupart du temps, d’une diversité des âges et des nationalités. Cette palette sociale est synonyme de variété d’éléments culturellement différents. Dans une approche générale, il est admis que la mixité sociale lue à travers le pourcentage des CSP est suffisamment révélatrice du mélange social. Toutefois, selon le cas analysé, une observation complémentaire est peut-être à effectuer, sur les groupes de classes d’âges, ou sur les groupes de regroupements de nationalités.



La mixité sociale Mix s illustre le niveau de tolérance d’un lieu par rapport aux apports extérieurs. Question sur la densité de construction Densité de construction et qualité de vie

Une interrogation se pose : est-il juste de se préoccuper de densité de construction lors de débat sur la qualité de l’occupation du sol ?

Logements dans des tours ►

IUS 0,5

Maisons en rangée ►

IUS 0,5

A l’échelle du quartier, de l’îlot ou de la parcelle, la densité de construction est produit par le calcul de l’indice d’utilisation du sol, l’IUS (rapport entre les surfaces brutes de plancher habitable et la surface de la parcelle). Or, cette densité n’est pas du tout représentative ni d’une composition urbaine, ni d’une forme de qualité de vie. Un indice d’utilisation IUS de 0,5 est peut-être aussi bien celui d’un quartier de tours, de maisons en rangée, ou d’un habitat groupé mixte - soit au niveau des usages , soit de la typologie des habitations - autour d’un parc.

Habitations groupées mixtes ►

IUS 0,5



La densité de construction illustrée par l’indice d’utilisation du sol est un indicateur, en quelque sorte, trompeur.

Communément dans l’opinion publique, un indice d’utilisation du sol faible (0,2 à 0,3) est la plupart du temps synonyme de « villa individuelle » et de « qualité de vie ».

Alors, que les indices au dessus de 0,4 amènent avec eux leur cortège de soit-disant nuisances, promiscuité, bruit, pas de verdure…bref, les défauts de la ville avec bien trop peu de charme bucolique.

Pourtant il existe déjà de nombreux exemples de quartiers où qualité de vie va de pair avec densité du bâti. Exemple : trois quartiers à Bussigny ouest de l’agglomération de Lausanne

IUS ~ 0,4

IUS ~ 0,5 IUS ~ 0,4



L’indice d’utilisation du sol est représentatif de la rentabilité économique du sol. Ceci est une information importante pour les propriétaires, publics ou privés, et non pour la collectivité en générale. Pour analyser, une aire urbanisée, au niveau du coût des infrastructures et des probabilités de développement des transports publics, n’est-il pas plus utile de connaître le nombre d’habitants, et la consommation de surface d’habitat et d’infrastructure par personne ? la population résidante indique l’importance de la présence humaine ; l’inverse de la densité humaine nette, 1/ Dhn, donne le nombre de m2 de surface d’habitat et d’infrastructure par personne Si le quartier est à dominance résidentielle, un autre indice est intéressant : le nombre de m2 de surfaces brutes de plancher habitable pour le logement par habitant : il peut être aussi un indice de rapprochement des mailles du tissu, si les constructions ont peu d’étages, ceci en comparaison avec la surface moyenne d’habitation par personne en Suisse.27 La densité du bâti dans les quartiers

Plus que la densité de construction avec son indice d’utilisation du sol, la densité « visible » du bâti est significative de ce qui est vécu et ressenti. Ainsi, lorsque les densités humaines brutes et humaines nettes sont connues pour tous les secteurs d’une agglomération, il est utile d’illustrer ces secteurs par des images des différents types de quartier, en donnant leur densité « visible ». La densité visible peut être évaluée quantitativement, et uniformément, de la manière suivante : La surface de référence est la surface des parcelles construites, y compris les dessertes intérieures au quartier. L’emprise au sol est une donnée cadastrale, qui comprend la surface au sol de tous les volumes visibles. Le nombre de niveaux, hors-sol, est constaté sur le site.

La densité du bâti visible est le rapport entre l’emprise au sol multiplié par le nombre de niveaux hors-sol, sur la surface des parcelles. Db v = Es x Nn S Surface des parcelles28

La densité « visible » du bâti est vraiment significative d’une qualité urbaine, si complétée de données qualitatives particulières au quartier concerné.

27 De 1990 à 2000, cette surface est passée de 39 à 44m2 par personne. Le tissu urbain inévitablement se détend. Si le bâti ne compense pas en hauteur, ce phénomène s’accompagne d’une perte de densité humaine. 28 La surface des parcelles correspond à la surface de la zone à bâtir, y compris les dessertes internes au quartier.



Appréciations qualitatives des quartiers

La densité du bâti visible permet de comparer les quartiers au sujet de l’impact visuel de la densité. Les évaluations quantitatives sont à pondérer par une appréciation qualitative de la densité : présence de verdure, harmonie de la composition architecturale ou urbanistique, ambiance résultant des usages qui sont faits des espaces publics environnant, et ainsi de suite. Une lecture du site et une analyse de l’espace urbain doivent être faites pour pouvoir compléter l’évaluation qui mène à qualifier une aire urbaine :

- Les espaces publics : continuité des réseaux d’espaces publics, et le soin qui est donné à leur entretien ;

- La composition urbaine : harmonie des espaces et traitement des ensoleillements ;

- L’organisation des déplacements lents et rapides ; cheminements pour les piétons, les cycles, les véhicules motorisés ;

- L’insertion des équipements publics et collectifs, des commerces, et autres activités : accessibilité, ouverture sur les lieux publics ;

- La présence d’espaces verts : les allées plantées d’arbres, les jardins publics, les parcs, les cordons boisés, les bords de plans d’eau ;

- La qualité architecturale du bâti : homogène ou disparate, existence de valeur symbolique ;

- La qualité environnementale : revêtement des surfaces entre les aires construites, existence et continuité des réseaux naturels ;

- La lecture paysagère : importance du rôle du paysage pour structurer l’urbanisation. Approches complémentaires

La qualification d’une aire urbaine ne se restreint pas aux calculs quantitatifs de la densité de la population, de la diversité des usages et des personnes, ni aux appréciations qualitatives des quartiers qui permettent de prendre la température des ambiances urbaines. Une approche plus complète est nécessaire pour parfaire la qualification ; des facteurs supplémentaires sont à prendre en compte : - le dynamisme économique (diversité des offres d’emplois, attraction pour l’installation de

nouvelles entreprises, population formée, etc.) ; - les services sociaux et culturels (hôpitaux, établissements pour personnes âgées,

structures d’aide sociale, établissements d’enseignement ou de garde de la petite enfance, etc.) ;

- les facilités pour la participation à la vie civique et sociale (associations politiques, sportives, cultuelles, culturelles, etc.) ;

- les prestations administratives (poste, préfecture, sécurité et ordre public, etc.) ; - le contexte environnemental ( qualité de l’air, de l’eau, de l’espace sonore, de la nature,

etc.) ; - et autres.



Définition des indicateurs de densité et de mixité

Pour mesurer de manière uniforme les densités et les mixités en Suisse, les définitions suivantes sont proposées.

Densité humaine brute Dhb Instrument de réflexion dont le but est de comparer des territoires suisses , à caractéristiques urbaines, de moyenne à grande dimension. La densité humaine brute s’utilise prioritairement de l’échelle de l’agglomération à celle de la grande région. La densité humaine brute informe sur le nombre d’usagers du territoire, sédentaires (population locale) et chalands (population touristique) sur un territoire diminué de ces surfaces improductives, de ces alpages et de ces forêts.

Définition La densité humaine brute est le rapport entre le nombre équivalent-habitants et la surface du territoire d’agglomération.

Dhb = Equivalent-habitants Surface urbanisée

L’équivalent-habitants comprend la somme des habitants, des emplois, et du tiers des lits d’hôtellerie et de para-hôtellerie.

La surface urbanisée Su29 comprend la surface intégrale du territoire concerné diminué de celui des surfaces improductives, des alpages et des forêts. « Les surfaces improductives regroupent les lacs et les cours d’eau, les surfaces sans végétation situées en dehors des Surfaces d’habitat et d’infrastructure, ainsi que les surfaces couvertes de végétation qui n’appartiennent pas aux surfaces boisées, qui ne sont pas utilisées à des fins agricoles et qui ne peuvent pas être considérées comme surfaces d’habitat et d’infrastructure. » OFFICE FEDERAL DE LA STATISTIQUE, 1993, Statistique de la superficie, catalogue des catégories d’utilisation, Berne.

Données de base Les chiffres utilisés pour la somme des habitants se réfèrent aux statistiques fédérales du 31 décembre de l’année considérée comme référence. Les chiffres utilisés pour les emplois se réfèrent aux derniers recensements fédéraux des entreprises et de l’agriculture. Les chiffres des lits d’hôtellerie et de para-hôtellerie s’obtiennent auprès des services cantonaux des statistiques (relevés annuels des bureaux de la taxe cantonale de séjour). Les chiffres utilisés pour la surface intégrale du territoire se réfèrent au dernier relevé des statistiques fédérales de la superficie.

29 Surface urbanisée Su correspond à la FSIED en allemand.



Densité humaine nette Dhn Instrument d’action dont le but est d’aider la planification des territoires urbanisés, ou à urbaniser de moyenne dimension. La densité humaine nette s’utilise de l’échelle de la localité à celle de l’agglomération. La densité humaine nette informe sur l’intensité de la présence des hommes ainsi que celle de leurs activités sur un territoire occupé par l’urbanisation. Elle donne le nombre d’équivalent-habitants par hectare de surface occupée par l’urbanisation. Inversement, elle dit aussi le nombre d’hectare de surface occupée par l’urbanisation que consomme un équivalent-habitant.

Définition La densité humaine nette est le rapport entre le nombre équivalent-habitants, et la surface d’habitat et d’infrastructure. Dhn = Equivalent-habitants

Surface d’habitat et d’infrastructure

1 = Surface d’habitat et d’infrastructureDhn Equivalent-habitants

L’équivalent-habitants comprend la somme des habitants, des emplois, et du tiers des lits d’hôtellerie et de para-hôtellerie.

« Les surfaces d’habitat et d’infrastructure comprennent toutes les aires et les installations servant aux transports, à la production (exception faite de la production agricole et sylvicole), au commerce, aux services, à l’approvisionnement en énergie et à l’élimination des déchets, à l’habitat et à la détente. »

OFFICE FEDERAL DE LA STATISTIQUE, 1993, Statistique de la superficie, catalogue des catégories d’utilisation, Berne.

Données de base Les chiffres utilisés pour la somme des habitants se réfèrent aux statistiques fédérales du 31 décembre de l’année considérée comme référence. Les chiffres utilisés pour les emplois se réfèrent aux derniers recensements fédéraux des entreprises et de l’agriculture. Les chiffres des lits d’hôtellerie et de para-hôtellerie s’obtiennent auprès des services cantonaux des statistiques (relevés annuels des bureaux de la taxe cantonale de séjour). Les chiffres utilisés pour la surface d’habitat et d’infrastructure se réfèrent au dernier relevé des statistiques fédérales de la superficie de la Suisse produite par l’Office Fédéral de la Statistique.



Mixité fonctionnelle Mix f Instrument de réflexion dont le but est de comparer des territoires urbanisés de petite, voire moyenne dimension La mixité fonctionnelle s’utilise de l’échelle du quartier à celle de la ville. La mixité fonctionnelle informe sur la proportion des habitations, et des emplois sur un territoire donné. La fonction clé de la mixité fonctionnelle est le logement.

Définition

La proportion emplois/habitants est définie par le rapport entre le nombre d’emplois et le nombre d’habitants, et par un territoire concerné délimité caractérisé par sa dimension et ses accès.

CARACTÉRIS QUES TIÀ PRÉCISER :

P empl./hab. = Nombre d’emplois Nombre d’habitants

Proximité, ou non, d’un nœud ferroviaire, d’une ligne ferroviaire, d’une ligne d’ autobus urbaine principale ou régionale, d’une ligne de bus ou de mini-bus urbain. Proximité, ou non, d’un accès autoroutier, ou d’une route cantonale principale.

Le nombre d’emplois est celui de tous les emplois répertoriés auprès des entreprises localisées sur le territoire donné, à une date précise.

Le nombre d’habitants est celui de l’ensemble de la population résidante permanente sur le territoire donné, à une date précise.

Données de base Les chiffres utilisés pour la somme des habitants se réfèrent aux statistiques fédérales du 31 décembre de l’année considérée comme référence. Les chiffres utilisés pour les emplois se réfèrent aux derniers recensements fédéraux des entreprises et de l’agriculture. Pour calculer la Mix emplois-habitants à l’échelle d’un quartier, les données pour le nombre d’habitants sont obtenues auprès de l’Office Fédéral de la Statistique selon les secteurs de recensement. L’identification des secteurs de recensement à l’échelle de la commune et du quartier, s’obtient auprès des services communaux. Ces données correspondent au dernier recensement fédéral de la population. Pour le nombre d’emplois, les données sont obtenues auprès des services techniques communaux.



Mixité sociale Mix s Instrument de réflexion dont le but est de comparer des territoires urbanisés de petite, voire moyenne dimension La mixité sociale s’utilise de l’échelle du quartier à celle de la ville. La mixité sociale s’utilise dans le domaine de l’habitat et informe du mélange, dans un lieu donné, de personnes appartenant à divers groupes de catégories socioprofessionnelles. La mixité sociale se rapporte à la fonction résidentielle, et à un territoire concerné délimité.

Définition

La mixité sociale, se caractérise, entre autre, par les catégories socioprofessionnelles CSP, et informe des différentes professions, selon le degré de formation, présentes sur un territoire donné. La mixité sociale / CSP est définie par des rapports en pour cent d’habitants appartenant à un même groupe de catégories socioprofessionnelles, et du total des habitants sur un territoire donné. Mix s CSP = Nombre d’habitants d’une CSP x 100

Nombre d’habitants Le nombre d’habitants d’une CSP est celui de tous les résidants appartenant à une même catégorie professionnelle sur un territoire donné. Le nombre d’habitants est celui de l’ensemble de la population résidante permanente sur le territoire donné, à une date précise.

Données de base CSP 1 Dirigeants ; CSP 2 Professions libérales ; CSP 3 Autres indépendants ; CSP 4 Professions intellectuelles

et d’encadrement ;

CSP 5 Professions intermédiaires ;

CSP 6 Non-manuels qualifiés ;

CSP 7 Manuels qualifiés ;

CSP 8 Travailleurs non qualifiés ;

CSP 9 Hors catégorie ; CSP 10 Ne travaillant pas.

Trois groupes principaux sont significatifs pour la mixité sociale. Niveau de formation élevé et/ ou haut de l'échelle sociale:

Cadres CSP 1+2+3+4 Niveau de formation moyen et/ou milieu de l'échelle sociale:

Professions intermédiaires et employés CSP 5+6 Niveau de formation faible et/ ou bas de l'échelle sociale:

Ouvriers CSP 7+8 Deux groupes complètent l’information :

CSP 9 : Autres actifs CSP 10 : Personnes sans emploi, au chômage, personnes non actives, personnes de moins de 15

Les catégories socioprofessionnelles sont celles décrites par l’Office Fédéral de la Statistique. Les chiffres utilisés s’obtiennent auprès de cet Office, et sont ceux du 31 décembre de l’année considérée comme référence, ou ceux obtenus à partir du dernier recensement fédéral.

Ces % sont comparés à ceux de la Suisse entière.



Facteurs complémentaires Dtu Desserrement du tissu urbanisé Cpv Capacité de "poumon vert" Pep Potentiel d'espaces publics

Remarque : plus le territoire se situe près du centre, ou des centres de l’agglomération, plus ces facteurs sont significatifs.

Définitions Le desserrement du tissu urbanisé est donné par la proportion, et la localisation, des surfaces agricoles par rapport à la surface urbanisée

Dtu = Surface agricoles utiles sans les alpages Surface urbanisée

La capacité de « poumon vert » est le pourcentage des espaces verts et de détente par rapport aux surfaces d'habitat et d'infrastructure

Cpv = Surface des espaces verts et de détente Surface d’habitat et d’infrastructure

Le potentiel d’espaces publics est donné par le pourcentage des surfaces de transport par rapport aux surfaces d'habitat et d'infrastructure30.

Pep = Surface de transport Surface d’habitat et d’infrastructure

La surface agricole utile, sans les alpages, comprend « les terres arables, les prés, les pâturages, les plantations d’arbres fruitiers et de vigne, et les cultures horticoles ». La surface urbanisée Su31 comprend la surface intégrale du territoire concerné diminué de celui des surfaces improductives, des alpages et des forêts. « Les surfaces improductives regroupent les lacs et les cours d’eau, les surfaces sans végétation situées en dehors des Surfaces d’habitat et d’infrastructure, ainsi que les surfaces couvertes de végétation qui n’appartiennent pas aux surfaces boisées, qui ne sont pas utilisées à des fins agricoles et qui ne peuvent pas être considérées comme surfaces d’habitat et d’infrastructure. » La surface des espaces verts et de détente comprend les « installations sportives de plein air, jardins familiaux, camping, caravaning, terrains de golf, cimetières, parcs publics, bâtiments dans lieux de détente ». La surface de transport comprend « les aires routières, les aires ferroviaires, et les aérodromes. » Les surfaces d’habitat et d’infrastructure comprennent « toutes les aires et les installations servant aux transports, à la production (exception faite de la production agricole et sylvicole), au commerce, aux services, à l’approvisionnement en énergie et à l’élimination des déchets, à l’habitat et à la détente. » OFFICE FEDERAL DE LA STATISTIQUE, 1993, Statistique de la superficie, catalogue des catégories d’utilisation, Berne.

Données de base Les chiffres utilisés pour la surface des espaces libres, ainsi que ceux pour la surface d’habitat et d’infrastructure se réfèrent au dernier relevé des statistiques fédérales de la superficie de la Suisse produite par l’Office Fédéral de la Statistique.

30 Ceci, en supposant que tout espace, dont un des usages est le déplacement, est susceptible de recevoir un usage collectif de rencontre. A ce titre, les aéroports, les aires ferroviaires, les aires routières et autoroutières sont aussi incluses. En effet, ces surfaces ne peuvent-elles pas recevoir d’autres usages que le déplacement ? 31 Surface urbanisée Su correspond à la FSIED en allemand.



Synthèse Complémentarité des analyses quantitatives et qualitatives Les indicateurs principaux pour évaluer quantitativement l’état de santé de l’occupation du sol des localités, des villes et des agglomérations sont :

1. Dhb densité humaine brute

2. Dhn densité humaine nette

3. Mix f mixité fonctionnelle

4. Mix s mixité sociale Ensuite, trois facteurs complémentaires permettent de cerner plus en détail les phénomènes de concentration et de diffusion de la population et des constructions sur le territoire :

1. La proportion des surfaces agricoles par rapport à la surface urbanisée, ou le Dtu « desserrement du tissu urbanisé » ;

2. Le pourcentage des espaces verts et de détente par rapport aux surfaces d'habitat et d'infrastructure, ou la Cpv « capacité de poumon vert » ;

3. Le pourcentage des surfaces de transport par rapport aux surfaces d'habitat et d'infrastructure, ou le Pep « potentiel d’espaces publics ».

Toutefois, une analyse quantitative n’est pas suffisante pour évaluer l’état de santé de l’occupation du sol d’un territoire urbanisé. Une complémentarité des évaluations quantitatives et qualitatives doit être recherchée. Diagnostic triphasé Connaître l’état d’occupation du sol d’un territoire urbanisé, en quelque sorte son état de santé, revient à poser un diagnostic en trois phases :

- Phase 1 : Une découverte physique du lieu : c’est à dire, repérages photographiques, enquêtes auprès de la population, représentation du site, etc. ;

- Phase 2 : Une connaissance des « grilles » réelles et « virtuelles » qui composent un territoire investi par les activités humaines, c’est à dire,

1. les réseaux de déplacement lents et rapides, 2. les localisations des équipements publics, des grands générateurs de trafic, 3. la trame paysagère et environnementale, 4. la répartition des zones d’affectation légalisées, 5. le découpage administratif, les potentiels économiques, les équilibres politiques,

etc.

- Phase 3 : Une analyse chiffrées des densités et des mixités, accompagnée d’une approche qualitative à l’échelle des quartiers.



Tableau des indicateurs principaux D

Densité de population = Population Surface intégrale du territoire

Dh

Com

para

ison

au

nive

au e

urop

éen

Densité humaine = Population + emplois Surface intégrale du territoire

Dhb

1 Densité humaine brute = Equivalent-habitantsSurface urbanisée

Dhn

2 Densité humaine nette

= Equivalent-habitantsSurface d’habitat et d’infrastructure

Dtu Pep Cpv3 Facteurs

complémentaires Proportion des terres agricoles (desserrement du tissu urbanisé) Proportion des surfaces de transport (potentiel d’espaces publics) Proportion des surfaces vertes et de détente (capacité de poumon vert)

= = =

Surface agricoles utiles moins les alpages % Surface urbanisée Surface de transport % Surface d’habitat et d’infrastructure Surface des espaces verts et de détente % Surface d’habitat et d’infrastructure

Mix f

4 Mixité fonctionnelle

Proportion emplois-habitants

=

Nombre d’emplois Nombre d’habitants

Mix s

Com

para

ison

au

nive

au d

es lo

calit

és, d

es v

illes

, des

agg

lom

érat

ions

sui

sses

5 MIXITÉ SOCIALE Catégories socioprofessionnelles CSP

NB D’HABITANTS DU MÊME GROUPE DE CSP. X 100 Nombre d’habitants =



Indicateurs et commentaires ◄Echelle territoriale Echelle locale ►

Indicateurs

Pays / Grandes régions

Agglomération Portion d’agglo./ Ville / Localité

Quartier

D Densité de population

Nombre d’habitants au km2 ► informe sur l’intensité d’occupation

d’un territoire par les hommes Comparaisons internationales

Dh Densité humaine

Nombre d’habitants et d’emplois au km2

► informe sur l’intensité d’occupation d’un territoire par les hommes et leurs activités

Comparaisons internationales

1 Dhb Densité humaine brute

Nombre d’Eqh à l’hectare de surface urbanisée ► informe sur la réserve de territoire à

disposition d’une population Comparaison entre localités, villes et

agglomérations suisses

2 Dhn Densité humaine nette

Nombre d’Eqh à l’hectare de surface d’habitat et d’infrastructure ► informe sur la dispersion des

hommes et l’étalement des constructions

Comparaison entre localités, villes et agglomérations suisses

3

Dtu Pep Cpv Facteurs complémentaires

Proportion des terres agricoles dans les surfaces urbanisées Proportion des surfaces de transport Proportion des surfaces vertes et de détente ► informe le risque de diffusion des constructions ► sur le potentiel d’espaces publics, ► sur la capacité de « poumon vert »

Comparaison entre localités, villes et agglomérations suisses

4 Mix f Mixité fonctionnelle

Nombre d’emplois par habitant ► informe sur la spécialisation fonctionnelle des territoires

urbanisés Comparaison entre localités, villes et agglomérations suisses

5 Mix s Mixité sociale

Pourcentages de personnes appartenant à des groupes de catégories socioprofessionnelles, en comparaison avec la moyenne suisse ► informe sur la spécialisation sociale des territoires

urbanisés Comparaison entre localités, villes et agglomérations suisses



Tableau des échelles d’intervention Instruments de réflexion ou d’action

Comparaison Comparaison

Aide à la planification Observation

Comparaison Observation

D D

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Dh

Den

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hum

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1

Dhb

D

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CONTINENT *

PAYS *

Gra

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on

GRANDE REGION *

AGGLOMERATION * * * * *

VILLE ville-centre / ville isolée / ville dans une agglo.

* * * * *

LOCALITE commune * * * * *

PORTION DE LOCALITE

* * * * *

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les

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Pe

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QUARTIER * IUS32 +

ISV33

* analyse

fine

*

32 IUS indice d’utilisation du sol. A ces échelles locales de petites dimensions, les indices à utiliser sont ceux définis dans les Normes SIA Indice de mesure du sol 421 : 200 / SN 504 421 (état de projet). 33 ISV indice de surface verte. A ces échelles locales de petites dimensions, les indices à utiliser sont ceux définis dans les Normes SIA Indice de mesure du sol 421 : 200 / SN 504 421 (état de projet).



2. VILLE SUR VILLE

2.1. Cycles de l’urbanisation Les villes ne sont pas des objets inertes ou des concepts figés. Elles vivent …et parfois, meurent. La ville se fait par elle-même ; l’urbaniste en est que l’éditeur. L’anthropologue français Claude Levy-Strauss, auteur en 1955 de « Tristes tropiques » écrivait :

« La ville est à la fois un objet naturel et un objet de culture ; quelque chose de vécu et quelque chose de rêvé. C’est l’invention humaine par excellence. »

Il compléta : "Avec eux [E. Durkheim et M. Mauss], j'ai appris à établir la différence entre l'espace du géomètre, continu, homogène en toutes ses parties, et l'espace social dans lequel, consciemment ou inconsciemment, chaque peuple humain imprime une structure où il distingue des régions et des orientations dotées de qualités propres qui reflètent les systèmes de valeurs du groupe et son organisation. Or, la ville est en premier lieu un espace, peut-être indifférencié avant que des hommes l'occupent. Mais la façon dont, au long des siècles ou des années, ils choisissent de se distribuer dans cet espace, la façon dont les diverses formes d'activités politiques, sociales, économiques s'inscrivent dans le terrain, rien de cela ne se fait au hasard, et c'est passionnant d'enquêter afin de savoir si les villes se différencient en type et s'il est possible de discerner des constantes dans sa structure et dans son développement »34

2.2. Renouveau urbain Les manières si disparates et surprenantes qu’aient les villes d’évoluer, font que les urbanistes et les aménagistes suggèrent maintes manières de « maintenir » la ville, en quelque sorte de conserver la qualité de vie que tout citadin attend d’elle.

Là, les termes et méthodes abondent : « urban renewal », renouvellement urbain, rénovation urbaine, restructuration urbaine, réhabilitation des quartiers, revitalisation des villes, requalification des espaces, curetage des centre-villes…etc.

Tous ces efforts tendent à redessiner la ville sur les aires urbaines, « fer de lance » de l’économie d’un pays.

De plus en plus fréquemment, les centre-villes ne réunissent plus toutes les fonctions principales de la ville ; ainsi, l’habitation, marque une forte tendance à partir en périphérie, à fuir le trafic, le bruit, la pollution, et le manque d’espaces verts. A contrario, les commerces de luxe, les restaurants, les banques, les assurances et autres entreprises ou administrations prestigieuses gardent façade sur rue, et reste au cœur. Alors que les territoires au-delà des villes se présentent comme des mosaïques sans fin attirant habitants

34 Claude LEVI-STRAUSS, Saudades de São Paulo, São Paulo, IMS, Companhia Das Letras, 1996, p. 13.



et emplois, le « centre » délaissé par une partie de la population, reste cependant, par ces bâtiments, ses rues, ses places, ses monuments, et souvent son patrimoine historique le symbole de la « ville ».

Au Moyen-Âge, à la Renaissance et à l’ère industrielle, les villes possédaient trois constantes : la notion de limite ; la présence d’espaces publics ; l’existence de repères souvent monumentaux.

Ces caractéristiques sont-elles encore significatives ? L’explosion des tissus urbains est-elle compatible avec des ambiances urbaines agréables, la sécurité des lieux publics, et le respect de l’homme et de l’environnement ?

La réponse se trouve dans la compréhension du processus de développement de nos villes du XXIe siècle ; elle n’est pas encore trouvée.

Les constats principaux sur le dysfonctionnement des aires urbaines se résument en cinq points : - L’augmentation du trafic urbain ; - Le gaspillage du sol et de l’énergie ; - La destruction des écosystèmes ; - La ségrégation, l’exclusion, et la relégation de groupes de population35 ; - L’insécurité des quartiers, l’augmentation des incivilités ; - Etc.

Une grille d’appréciation permet d’évaluer les villes européennes : - le confort de l’habitat, des lieux de travail, et des lieux de détente ; - la sécurité des rues, des places, des moyens de transport publics, des quartiers résidentiels et mixtes ; - l’attractivité des équipements culturels, sportifs, commerciaux, de soins, d’enseignement, etc. ; - l’accessibilité des lieux principaux, et des quartiers résidentiels denses, par les transports individuels et publics ; - l’inter modalité (cela revient à bannir l’accès uniquement routier) pour tous les secteurs de l’agglomération, hormis les sites exclusivement industriels et de hangars ; inter modalité, également, entre villes.

En Suisse, l’amélioration des aires urbaines subit deux ralentissements ; d’une part le Suisse n’a pas encore de véritable culture urbaine, il doit s’exercer à la développer ; et d’autre part, la politique des agglomérations qui permet de gérer ensemble une seule, et large, entité territoriale par 35 Ségrégation : mise à l’écart (centre ville affichant une ambiance de boutiques de luxe, où la personne à bas revenu n’est pas la bienvenue) ; Exclusion : expulsion de quelqu’un d’un endroit où il avait sa place (rénovation des quartiers avec augmentation des loyers ; Relégation : maintien à un endroit déterminé, écarté et souvent médiocre un certain type de population (immeubles à loyers bas / avec aide financière pas dans toutes les communes).



2.3. Habiter : fonction principale des villes L’identité des villes se forme, en partie, par la population qui l’habite. Ces dernières années, il est constaté que les colorations sociales continuent à particulariser des quartiers entiers d’agglomération. Les territoires urbains perdent en homogénéité et sont de plus en plus disparates ; par exemple, traditionnellement l’aide sociale, accordée à un individu en détresse qu’importe sa localisation sur le territoire, l’est, maintenant; de plus en plus souvent à un quartier entier. Et parfois c’est une aide financière apportée à toute une commune.

La répartition sur le territoire des différents types de population a une influence sur l’évolution de l’urbanisation. Le sentiment de satisfaction du lieu sur lequel on réside, augmente celui d’appartenance, et d’identité par rapport à un endroit. Et ceci renforce la volonté des habitants de protéger la qualité des espaces dans lesquels ils vivent.

Un constat en Suisse a montré que la satisfaction des habitants pour leur quartier ou leur logement est loin d’être une généralité. Les recherches du sociologue suisse Michel Bassand36 présentent ces résultats:

Mode d’habiter ouvrier Cet ensemble regroupe les ouvriers qualifiés et non qualifiés, et se trouve dans toutes les collectivités de la dimension centre-périphérie. Les logements se situent en général dans des immeubles plutôt de grande taille. Les habitants sont peu satisfaits de leur logement. Les relations de voisinage sont épisodiques et l’intégration à vie locale est faible.

Mode d’habiter des couches moyennes Ce groupe comprend les employés qualifiés subalternes, cadres moyens, employés non qualifiés, et se trouve la plupart du temps dans les collectivités centrales et suburbaines. Plus le logement est éloigné du centre, plus la satisfaction augmente. L’intégration dans le quartier va de la meilleure à la pire.

Mode d’habiter des indépendants Ce type englobe les artisans, les petits commerçants, et les agriculteurs, et se situe principalement en périphérie. Ils sont en général satisfaits de leur logement, qui est très souvent une maison individuelle. Ils regrettent une seule chose, c’est la distance aux équipements principaux.

Mode d’habiter des couches sociales supérieures urbaines Ce sont principalement des célibataires ou de jeunes mariés sans enfants. Ils sont satisfaits de leur logement, souvent vaste, et ont une vie relationnelle intense.

Mode d’habiter des couches sociales supérieures périurbaines Ce sont des couples mariés, âgés de 45 à 55 ans, avec enfants. Ils font des efforts pour s’intégrer localement. Cependant une insatisfaction se distingue quant à ce mode d’habiter périurbain. Certains, plus âgés, souhaitent revenir dans un centre.

36 M. BASSAND, 1997, Métropolisation et inégalités sociales, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne.



2.4. « Urban renaissance » au Royaume-Uni37 Depuis quelques années, le Royaume-Uni, travaille sur les problèmes d’étalement et de dilution des tissus urbains.

Constat Le début du 21ème siècle est le temps du changement. Trois fils conducteurs se distinguent :

- la révolution technique centrée sur les technologies de l’information et de la communication ;

- les préoccupations écologiques basées sur une meilleure connaissance des incidences de la consommation des ressources naturelles, et du développement durable ;

- la transformation sociale découlant d’attentes plus exigeantes de la vie et de nouvelles manières de vivre.

Si on continue à construire 40% des habitations dans de nouveaux lotissements, cela entraînera :

- une accentuation du grignotage de la campagne ;

- une augmentation des congestions du trafic motorisé ;

- une amplification de la pollution de l’air ;

- une accélération du gaspillage des ressources naturelles ;

- une destruction de la biodiversité ;

- une installation définitive du déséquilibre social dans les localités et les villes.

Gestion urbaine La gestion urbaine revêt plusieurs aspects. Trois groupes principaux se distinguent :

Groupe 1 : l’organisation des services :

- le nettoyage et l’entretien de la voirie, des parcs publics, le mobilier et l’éclairage urbains, la présence de commerces ;

- la sécurité ;

- l’entretien et la réparation des immeubles d’habitation et des logements individuels;

- les offres en transport et les infrastructures techniques (alimentation et évacuation en eau, électricité, gaz et déchets) ;

- les services sociaux ;

- l’éducation et les loisirs.

Groupe 2 : la coordination des interventions d’urbanisme :

- l’établissement d’un programme évolutif de projets proposant des renouvellements d’aires de construction ;

- la constitution de partenariat public-privé établissant les aires prioritaires d’intervention ;

37 DEPARTMENT OF ENVIRONMENT, TRANSPORT AND THE REGIONS, 1999, Toward an urban renaissance, final report of the Urban Task Force chaired by Lord Rogers of Riverside, London.



- la mise en place de solutions ;

- l’élaboration d’une gestion continue des quartiers lors de l’achèvement du programme de renouvellement.

Groupe 3 : la participation des professionnels :

- création d’équipes multi-professionnelles composées d’individus motivés.

Ces équipes de travail doivent faire preuve d’innovation et d’habileté, et doivent être capables de formuler des objectifs clairs tenant compte des multiples contraintes extérieures à chaque spécialité.

Ceci nécessite une transformation dans l’enseignement et la formation professionnelle des spécialistes qui ne peuvent plus se cantonner dans leur domaine, mais doivent être réceptifs à des problèmes très divers et devenir ainsi des experts de renaissance urbaine (urban renaissance).

Mesures Mise en place d’une planification efficace, « Pro-city planing » (pour la ville).

C’est à dire, évoluer vers une planification plus stratégique, et aller vers une simplification des plans de développement locaux :

- réviser les règlements d’urbanisme et tendre vers la simplicité ;

- remanier l’affectation des zones ;

- faciliter la mixité ;

- alléger les procédures de planification ;

- faire participer la population ;

- etc.

Faire du développement urbain dans des friches industrielles (brownfield land) ► ouiRecycler (réhabiliter, transformer, rénover, agrandir ou modifier) des bâtiments existants

► oui

Nouveaux quartiers sur des terrains vierges (greenfield land). ► non

Remarques complémentaires :

Le marché jouera sa carte à condition que les investissements engagés soient bons. Le gouvernement peut intervenir à travers les systèmes financier et fiscal. Des partenariats public-privé sont souhaités.

Recommandations - Constituer des « national public-private investment funds » permettant d’absorber le

financement de projets de renouvellement urbain sur trois ans ;

- Introduire un ensemble de mesures fiscales encourageant les investisseurs, les promoteurs, les propriétaires et autres de réaliser des projets de renouvellement urbain ;

- Créer un nouvel instrument financier pour attirer les investissements institutionnels dans le marché privé du logement.



Souhaits Réaliser, entre 10 à 25 ans, 60% des nouvelles habitations sur des terrains déjà construits (recycled land), pour cela, il est nécessaire que le gouvernement augmente les fonds d’investissement publics.

D’une manière générale, la renaissance urbaine ne consiste pas exclusivement à manipuler des chiffres, à calculer combien d’activités peuvent être concentrées à un endroit et combien il reste de réserve à bâtir. D’autres éléments doivent être mis en place :

- une politique sociale juste, qui attire à nouveau une diversité de gens en ville ;

- une politique économique appropriée, qui donne au marché les capacités d’identifier facilement les opportunités de construction, et qui attire les investissements dans les centres-villes ;

- une conduite adéquate, qui nécessite des changements politiques au niveau national, régional et local.

Conclusion Une vie urbaine durable est conditionnée par les points suivants :

- forme compacte : concentration du développement sur les centres existants et les terrains déjà bâtis (recycled land), en évitant l’étalement en frange d’agglomération ;

- diversité : promotion de la mixité des activités à l’intérieur des quartiers, en encourageant l’innovation et la participation de la population dans le processus d’élaboration des décisions ;

- accessibilité : aisance des déplacements et des échanges, en donnant la priorité à la marche, au vélo et aux transports publics, et en intégrant un plan des déplacements avec les plans d’utilisation du sol ;

- force économique : condition d’une bonne santé financière et soutien des investissements publics et privés ciblés ;

- prise de conscience écologique : encouragement de l’utilisation rationnelle de l’énergie, et protection de l’air, de l’eau et du sol contre la pollution ;

- bonne gouvernance : combinaison du sens civique et d’une gestion prospective avec une planification stratégique intégrant participation et évolution ;

- insertion sociale : orientation vers une diminution des barrières économiques et sociales, en mélangeant les usages et les emplois, avec un accès équitable au logement, à l’éducation et à la santé ;

- bonne conception architecturale et urbanistique (good design) : architecture, paysage et urbanisme combinés pour créer des bâtiments et des places de grande beauté pour élever les esprits.

2.5. « Urbanismo de la renovaciòn » à Barcelone Comme Paris (avec un réaménagement du centre urbain par Haussmann) et Vienne (avec une préservation ordonnée du patrimoine par Otto Wagner), la ville de Barcelone a vécu un changement majeur au XIXème siècle avec Cerda. Pour répondre à l’essor de l’industrie textile, celui-ci met en place un nouvel urbanisme, en proposant une extension importante autour du noyau ancien. Dans les trois villes, on décèle la même volonté de créer une entité urbaine qui s’appuie sur une vision globale et prospective de la ville

La ville industrielle planifiée par Cerda occupe six fois plus de surface que la ville médiévale. La ville actuelle avec ces 1,8 millions d’habitants est presque cinq fois plus grande que la



ville du XIXème siècle. Aujourd’hui l’agglomération de Barcelone a une population de 4,6 millions d’habitants.

Il y a une vingtaine d’années, la province de Barcelone a vu sa scène politique changer, et l’opportunité de recevoir les jeux olympiques a redonné un élan à l’ensemble de la région de Barcelone. Depuis lors Barcelone joue la carte du « renouvellement urbain » pour maintenir la ville à l’échelle internationale.

Aujourd’hui, les autorités de Barcelone poursuivent un « management urbain » où quatre enjeux dominent :

- Faire dépendre la qualité du centre ancien dense (le cas de la majorité des villes européennes) de la qualité de l’urbanisme de périphérie. Il ne faut plus raisonner en terme de centralité. mais de polycentralité à caractères spécifiques.

- Conditionner la périurbanisation et l’usage de l’automobile au respect d’un environnement équilibré où la « Vie » est prioritaire. Il faut alors protéger et valoriser les patrimoines bâtis et naturels, offrir la sécurité, assurer l’économie publique, etc.

- Appliquer l’équité dans les domaines de la mobilité et de l’accessibilité aux équipements et services urbains.

- Repenser les espaces publics qui sont tout à la fois des lieux d’échange, de partage, et de communication mais aussi des espaces de déplacement de nos sphères individuelles (baladeur, téléphone mobile, roller, etc.).

2.6. « Renouveau urbain » en Suisse Le canton de Berne a mis en place un plan d’urbanisation, Habitat et pôles de développement économiques, le long du RER.

Le canton de Zürich a élaboré un plan de développement potentiel axé sur l’accessibilité par les transports collectifs et individuels.

La Ville de Zürich mène quatre grandes études et chantiers de « renouvellement urbain », Zürich West, Quartier Leutschenbach, Oerlikon, et les Quartiers Grünau.

Le canton de Genève a mené une réflexion sur les espaces à enjeux de l’agglomération urbaine (étude du bureau Feddersen et Klostermann).

Le canton de Vaud conduit une étude avec sept communes de l’Est lausannois (Bussigny, Chavannes-près-Renens, Crissier, Ecublens, Renens, Saint-Sulpice, Villars-Ste Croix) pour aboutir à un concept commun d’urbanisation, de transport, et de paysage.

2.7. Ville…autrement Les thématiques du « renouveau » ou du « renouvellement urbain », de la « régénération » ou de la « renaissance des villes » sont développées par les urbanistes et les politiciens européens et nord-américains. Elles ne se contentent pas de « relooker » les « aires urbaines » en ville post-moderne (exemples : Ricardo Bofil, Léon Krier, Disneyworld, etc.). Les thématiques du renouvellement urbain appellent à une reprise de pouvoir par les politiques et les professionnels de l’urbanisme pour le « savoir-faire » de la ville, c’est à dire le contrôle de l’urbanisation.

Deux actions sont prioritaires :

- la limitation de l’étalement et de la dispersion des villes dans les périphéries ;

- le développement de l’urbanisation à l’intérieur du tissu bâti, en régénérant les infrastructures existantes (zones urbaines en friche, en crise, mal utilisées, etc.).

Les urbanistes ne peuvent plus se contenter des règles qui ont permis d’édifier les villes médiévales, classiques, et industrielles. Les villes évoluent différemment ; par exemple:



- la Suisse se transforme lentement en vaste « métapole », (au-delà de la ville) comme le constate François Ascher (FRANÇOIS ASCHER, 2000, Ces événements nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs, essai sur la société contemporaine, édition de l’Aube, F-La Tour d’Aigues, pp. 174-177), et Studio Basel en dresse un portrait urbain (ROGER DIENER, JACQUES HERZOG, MARCEL MEILI, PIERRE DE MEURON, CHRISTIAN SCHMIDT, 2005, La Suisse Portrait urbain, Birkhauser éditions d’Architecture, Basel, Boston, Berlin.)

- l’Allemagne en « Zwischenstadt » (THOMAS SIEVERTS, ,1997, Zwischenstadt : Zwischen Ort und Welt, Raum und Zeit, Stadt und Land, Braunschweig, Wiesbaden), et l’Italie en « Citta diffusa » (Bernardo Secchi).

« Egopolis : la ville « sur mesure » Un texte, choisi parmi d’autres, permet d’alimenter la réflexion sur les « nouveaux territoires », « la troisième ville », « les villes intermédiaires », « l’égopolis ». (Cf. annexe 4)



3. ESPACE DU PARTAGE

3.1. De l’espace public à l’espace du partage Les espaces nommés traditionnellement « publics », à disposition de tous, comme la « Place de l’Hôtel de ville », la « Rue du marché », la « Promenade », les « Quais » le long du lac ou du fleuve, etc. font partie, souvent, du patrimoine social, voire architectural et culturel de la ville. Ils sont reconnus comme des lieux de rencontre et d’échange. Mais sont-ils encore ces lieux du partage, de la discussion, du débat public ? Des usages nouveaux les ayant souvent transformés en routes assaillies par le trafic ou en places réservées au stationnement de véhicules ne leur permettent plus de répondre à leur fonction première de rencontre.

D’autres espaces, non reconnus comme espaces publics, mais à disposition de tous remplissent pour une population diversifiée le rôle de l’espace public. Ce sont les espaces couverts sous les voies urbaines rapides (autoroutes ou voies ferrées), les abords des grandes surfaces, les vastes places de stationnement pour les véhicules, les terrains vagues, les trottoirs, les arrêts et terminus de bus, de trams, etc. Ces espaces sont appropriés non officiellement par des enfants ou des jeunes, des gens du voyage ou autres personnes sans domicile fixe. Ils se transforment par l’usage qui en est fait également en lieu de rencontre, de dialogue, de loisirs.

De plus des endroits de passage ou commerciaux remplissent également le rôle de lieux de rencontre : les gares, les stations de transports publics, les aéroports, les galeries commerciales, les cafés-internet, les centres de détente, de sport, de danse, mais aussi les espaces libres pour les festivals de musique, les rues pour les parades festives ou manifestations sportives, etc.

Le premier groupe, celui des espaces publics traditionnels, est caractérisé par une morphologie particulière, un espace géométrique, le deuxième par une absence de forme identifiable et une qualité de souplesse élevée dans l’appropriation qu’il est possible de faire de l’espace, et le troisième se distingue par la touche commerciale et privée. Ces trois groupes d’espaces matériels sans être qualifiés d’espaces publics, en remplissent le rôle, nous les nommerons « espace du partage ».

Plusieurs questionnements se posent en regard des espaces appelés « publics » : quels sont-ils ? Comment remplissent-ils aujourd’hui leur rôle de rencontre et d’échange ? Quelle importance ont-ils dans la structure urbaine ? Quelles démarches, non seulement techniques, mais aussi environnementales, qui permettent de mettre en place des espaces publics de qualité ?

3.2. Espace public traditionnel remis en question Dans la plupart de localités européennes, l’espace public traditionnel, comme la Place de la Gare, la Place du marché, les quais de la rivière ou du lac, etc. furent utilisés pendant près d’un demi siècle, ou le sont encore, à d’autre fins que celui de l’échange. Les causes identifiables de cette évolution de l’usage sont :

- la croissance de la mobilité, avec une domination de la voiture sur le piéton, et une priorité donnée aux déplacements rapides aux dépens des déplacements lents ;

- l’étalement de l’urbanisation, avec une priorité accordée aux aires construites, et aux surfaces de déplacements rapides, aux dépens des espaces « entre deux » pour lesquels on a ni le temps, ni l’argent de s’en occuper ;



- des règlements se préoccupant des équipements des zones à bâtir (routes et alimentation techniques), tout en ignorant les aménagements des « espaces publics ».

Et de plus,

- l’individualisme grandissant, avec une sphère privée pouvant accueillir, sans aucuns déplacements, des échanges publics (Web, etc.) ;

- une nouvelle manière de vivre, morcelée dans de multiples occupations dans une même journée.

Aujourd’hui les centres des villes et des localités se transforment à nouveau ; les espaces publics sont vidés de leurs encombrantes voitures stationnées à longueur de jour, les espaces sont « maquillés » et mis au goût du jour, lampadaires high-tech, revêtement de sol dernière mode, mobiliers urbains design, et une tendance forte pour gratifier ces espaces d’une modernité inter-active peuplée de cafés « in », de multiplex de l’image, etc.…. Dans les périphéries des villes, ce sont de nouveaux espaces qui attirent les foules : les centres MMM /Migros, Coop, Carrefour, les stades sportifs, mais également les salles multi-cinémas etc. Ces lieux d’attraction sont sur le domaine privé, intérieurs aux bâtiments, et principalement à fonction commerciale. Au centre, on observe une transformation de l’usage des gares ; elles deviennent centre d’achat, de loisirs, de travail. Qui se rend encore sur la « Place du marché » ?

3.3. Concept « espace public » Le concept « espace public » prend ses racines dans celui de la « place » ; là où l’on va s’informer et échanger, voir et se montrer.

Les termes « espace public » ont deux significations, l’une immatérielle, l’autre matérielle.

La première, immatérielle, correspond à un débat mis à l’échelle de toute une collectivité, comme par exemple celui de l’adhésion de la Suisse à l’ONU. La presse écrite et parlée, la télévision, les sites web, les conférences, les discussions dans les cafés ou dans les salons, et ainsi de suite, portent le débat sur l’ensemble de l’espace public.

La deuxième, matérielle, correspond à un lieu, libre de construction, et régit par le droit public. C’est à Lausanne, par exemple, la Place de la Palud, la Place de la Rippone, la Rue de l’Ale, le Boulevard de Grancy, etc. Mais, c’est aussi comme par exemple au Mali, le puits dans le désert qui est un lieu où régulièrement des tribus se rencontrent. C’est un espace public ouvert à tous.

Voirie et domaine public Deux notions sont associées à l’espace public urbain ; ce sont la « voirie » et le « domaine public ».

L’une, la voirie est traditionnellement le support. Historiquement, la voirie urbaine regroupe : les voies de communication, les voies ferrées, les cours d’eau, et les ouvrages d’art. Aujourd’hui la voirie urbaine est assimilée à la circulation et à tout ce qui y a trait.

L’autre, le domaine public contient et règle l’espace public. La voirie regroupe différents domaines publics dont les titulaires sont : l’Etat, le canton, et la commune.

Forme, fonction, usage Trois caractéristiques permettent d’analyser un espace public : la forme, la fonction et l’usage.



La forme : l’importance est donnée à la morphologie de l’espace, à sa mise en scène formelle. La fonction : ou « ce pour quoi le lieu a été construit », et quelle image l’espace donne de sa fonction première; là, l’identité culturelle est affirmée. L’usage : ou « ce pour quoi, aujourd’hui, il est utilisé » ; là, la pratique sociale est déterminante.

Exemple : la Piazza del Popolo à Rome,

Forme : place large ceinturée de bâtiments, ponctuée par deux imposantes églises, et statufiée en son centre d’un obélisque.

Fonction : entrée de la ville, lieu de débat en dehors du centre ville.

Usage : lieu de déplacement et de stationnement des voitures.

L’usage, tient le rôle déterminant pour définir l’espace public. Une place de mairie, sévère et représentative, prévue pour les discours et fanfares, ne répond plus ni à sa forme, ni à sa fonction, si quotidiennement les pantomimes, les harangueurs de foule, les musiciens ambulants, et d’autres encore, les occupent. L’usage festif domine. L’espace public est l’aménagement d’un vide dont le sens est donné par la pratique du lieu. Il est défini plus par son accessibilité et les gens qui y viennent, comment et de quelle manière, que par sa forme et sa fonction.

Si l’usage est déterminant, nombreux lieux sont à même, à un moment déterminé, de remplir le rôle d’« espace public » : rencontrer, échanger, voir, se montrer. Les nouveaux lieux de rencontre que sont les gares, les aéroports, les centres multifonctionnels, les espaces de festivals, de parades, de manifestations, sont des nouvelles sortes d’espaces publics, même si leur forme, ni leur fonction ne laissent supposer qu’ils en sont.

3.4. Rôle de l’espace public Armature urbaine L’espace public accueille de multiples usages (fêtes, commerces, loisirs, interface de transport, manifestations politiques, religieuses, sportives ou culturelles, etc.). Il est le cadre essentiel de la mise en scène de la vie urbaine. C’est à travers ses espaces ouverts à tous, que le citadin prend conscience de sa coexistence, et de sa place dans la société.

L’ensemble des espaces publics agit comme une armature urbaine où le citadin se repère et avec laquelle il peut s’identifier à sa « ville ». Il est important que les espaces publics soient liés entre eux et se présentent comme un réseau continu de lieux, de places, de boulevards, de rues, de ruelles, de parcs, de jardins, etc.

Espace public : lieu par excellence de mixité sociale Jusqu’au XIXème siècle, des habitants de provenance et de niveaux sociaux différents se côtoyaient dans un périmètre relativement restreint. Les mélanges sociaux et fonctionnels étaient un état de fait. Le Xylème siècle a vu l’explosion des villes ainsi qu’une spécialisation à grande échelle des quartiers. Si, au centre la mixité fine est encore présente, plus on s’éloigne du centre, plus la mixité est grossière, et s’affaiblit.

Exemple, Barcelone : La ville médiévale 1,8km x 2,2 km / 4 km 2La ville industrielle de Cerda 3,6 x 6,8 km / 25 km2

La ville de Barcelone en 2002, 8km x 14km / plus de 100km2

L’agglomération de Barcelone en 2002 se développe sur un rayon de 20 à 30 km autour de la ville



C’est dans les périphéries que la mixité sociale est la plus faible. Et, c’est là que la violence urbaine augmente.

De nombreux efforts sont faits pour mélanger dans un même bâtiment des personnes soit, de catégories socioprofessionnelles, de nationalités ou d’âges différents. Les résultats connus pour une mixité fine imposée à l’échelle de bâtiments nouveaux sont relativement décevants.

Exemple du « Sillon de Bretagne » à Saint-Herblain près de Nantes : ensemble réalisé en 1974 réunissant environ 900 logements et 3000 personnes, construit dans le but de réunir dans un même bâtiment des catégories sociales habituellement ségrégées. Le résultat est un échec ; progressivement les habitants de niveau social plus élevé ont quitté les logements.

Le cas de Nantes montre qu’il est difficile de planifier la mixité sociale fine. Cependant, à l’échelle du quartier, les résultats de mise en place de mixité sociale sont plus probants lorsqu’un réseau d’espaces publics existe. Or, ce réseau peut exister seulement s'il y suffisamment de population. Ainsi, densité humaine, densité du bâti, et espaces publics sont les conditions de base pour encourager des mixités sociales et fonctionnelles. L’espace public est le lieu par excellence de la mixité sociale.

Affichage du présent sur le passé L’espace public est aussi le lieu de la dialectique entre la mémoire collective et la contemporanéité des acteurs du moment ; rollers sur les escaliers du monument de la Réforme à Genève ou participants de la « Street-Parade » cadrés par les façades figées des bâtiments zurichois du siècle passé.

3.5. Approches fonctionnelle et environnementaliste Lorsque les gestionnaires des villes et des agglomérations planifient un « renouveau urbain », l’aménagement du réseau des espaces publics du centre à la périphérie est inévitablement l’une de leur tâche. Les manières d’intervenir diffèrent. Soit une approche fonctionnaliste (la plus fréquente) est choisie, soit l’approche environnementaliste (exemples de Barcelone, de Munich) est retenue.

L’approche fonctionnaliste s’attachera à développer :

- une dimension circulatoire ; déplacements publics-privés, distribution de services (eau, électricité, gaz, télécommunications), ramassage des déchets, stationnement des véhicules, etc.

- une dimension esthétique ; revêtements de chaussée, profils de trottoirs, positionnement de boute-roues ou potelets, éclairage, jardinières de fleurs, plantation d’arbres, mobiliers urbains, etc.

L’approche environnementaliste ajoute à ces deux points, les préoccupations suivantes :

- une dimension sociale ; activités riveraines, lieu de sociabilité et de cohésion d’une société, ambiances différentes (selon le contexte de quartiers industriels, d’affaires, résidentiels populaires ou bourgeois), etc.

- une dimension civique ; image de marque d’une localité, renforcement de l’identité du citoyen par rapport au lieu, sécurité et entretien assurés par les autorités du lieu, etc.

- une dimension historique ; histoire de la pratique du lieu, mémoire collective du site, succession de cultures diverses, etc.

- une dimension formelle ; morphologie urbaine (cour, place, rue, ruelle, boulevard, espaces verts, bâtiments bordiers, monuments, etc.)



Acteurs Lors de l’élaboration d’un espace public, les intervenants sont nombreux. On peut citer :

- les autorités politiques ;

- la population et les associations ;

- les services communaux ;

- les représentants des services des routes et voiries, des parcs et promenades, de la police et circulation, des transports publics ;

- les spécialistes (architecte, urbaniste, géomètre, coordinateur de chantier, etc.) ;

- les propriétaires privés ;

- etc.

Il est souhaitable, pour la réussite du projet, que tous ces intervenants soient acteurs dès le début de la démarche.

Financement L’aménagement d’espaces publics est aussi coûteux que son entretien. Il est important de mettre en place un plan financier qui inclue aussi bien les acteurs publics que privés. Car les avantages sont tout aussi privés que publics ; la valeur d’une habitation, d’une surface commerciale ou de bureau augmente avec la valeur de l’environnement dans lequel elle se situe.

Faire intervenir, dans la mesure du possible, les travaux d’aménagement d’espaces publics en parallèle avec ceux d’infrastructures (routes, conduites, etc.).

Sécurité La cohabitation des piétons, des cycles et des véhicules motorisés est un aspect de la sécurité qui doit être étudié en détail lors de la conception d’espaces publics.

L’augmentation des incivilités dans les secteurs urbains est une préoccupation essentielle qui oriente la gestion des espaces publics vers la privatisation.

3.6. Espace du partage encore à qualifier Les espaces publics ne sont pas de simples intervalles entre les bâtiments. Ils sont définis par l’usage qui en est fait. Les places et rues d’aujourd’hui ne sont plus pratiquées de la même manière qu’elles l’étaient hier. L’échelle de l’homme reste par contre une constante. Pour le citadin, la possibilité de visualiser et de percevoir l’entier de la trame des espaces publics l’aide à se repérer dans la ville mais aussi renforce un sentiment d’identité par rapport à « ma ville ». Ainsi la composition des éléments d’un espace public doit rester simple et significative. La continuité de l’imbrication des formes des différents espaces entre eux permet de constituer une résille de repères. Le réseau des espaces publics, qui ne se superpose pas nécessairement à celui des circulations, est la grille de lecture d’un territoire urbain. Aux espaces publics s’ajoutent les autres lieux du partage. Ces derniers sont encore à analyser pour comprendre les enjeux territoriaux qu’ils soulèvent.

Le domaine public, où se localise l’espace public traditionnel, ne semble plus être le seul détenteur des espaces attirant un grand nombre de personnes. L’espace collectif privé réunissant une foule importante comporte des risques à vérifier : la sélectivité sociale (l’accessibilité payante opère un tri dans les usagers), la rupture avec le réseau des autres espaces publics (centres commerciaux principalement atteignables en voiture), le



phénomène repli sur soi et autonomie (dans l’agglomération lausannoise Migros-3M et le Coop-Léman centre se suffisent à eux-mêmes, et se cantonnent derrière des barrières ou autres obstacles). Ces espaces commerciaux privés proposés comme « publics » sont coupés de tous liens vers l’extérieur.

La limite, les monuments, et le réseau d’espaces publics qualifient que trop partiellement la ville. Les espaces du partage plus que les espaces publics sont un des reflets de l’urbanité des villes, et de leurs agglomérations. La pratique du lieu donne le sens à l’espace du partage. L’accessibilité et l’usage, plus que la forme définit cet espace. Des mailles resserrées du centre ville aux tissus urbains distendus des périphéries urbaines l’espace du partage participe à l’image du lieu et à l’identité du citadin.

Alors que l’espace public glisse vers le sécuritaire et la privatisation, seul l’espace partagé reste pour tous, et est l’affaire de tous.



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ANNEXES

ANNEXE 1 Instruments / planifications directrice et réglementaire ANNEXE 2 Autorités fédérales et cantonales de Suisse romande ANNEXE 3 Densité et mixité …nécessaires …non suffisantes ! M.RUZICKA-ROSSIER, article in Forum 3 / 03, Office du développement territorial, Berne ANNEXE 4 Egopolis : la ville sur mesure Olivier Jonas, extrait d’un article in TECDEV - Technologies de l'information, multimédia, télécommunications & développement, Paris.

ANNEXE 5 Indices de mesure du sol / normes SIA


ANNEXES

ANNEXE 1 INSTRUMENTS / PLANIFICATIONS DIRECTRICE ET REGLEMENTAIRE CH / F Politiques territoriales ► politiques foncières ► expropriations clauses anti-spéculatives remaniements parcellaires

achats et ventes de terrains par des collectivités pibliques

droits de préemption servitudes d'utilité publique, etc. CH F ► lois ► loi de l'aménagement du territoire 1979 loi de décentralisation 1982 CH/ F F

► politiques sociales ► HLM - habitations à loyer modéré, etc. les Communautés urbaines + politique de la ville CH F Instruments financiers ►

aides (incitatives) de l'Etat ►

LIM (puis nouveaux instruments de la politique régionale), etc.

OPAH Opération programmée de l'amélioration de l'habitat

► péréquations financières

► taxes etc. Europe CH

Plans ► indicatifs ► SDEC Schéma de développement de l'espace communautaire

Grandes lignes de l'organisation du territoire suisse

CH F

► contraignants ► pour les collectivités publiques ► plans sectoriels de la confédération conceptions directrices de la confédération (SDAU)

plans directeurs cantonaux schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme)

plans directeurs régionaux SCOTT (remplace de SDAU) plans directeurs communaux schéma de cohérence territoriale inventaires fédéraux et cantonaux

► pour les privés ► PGA plan général d'affectation (plan de zone + règlement) (POS) Plan d'occupation du sol

Rahmennützungsplan (Zonenplan + Bauordnung) piano delle zone + norme di attuazione

PLU Plan local d'urbanisme (remplace le POS)

► PAS plan d'affectation spécial (plan de quartier) ZAC Zone d'aménagement concertée

piano particulareggiato (piano di quartiere)

Sondernützungsplan (Gestaltungsplan, Bebauungsoplan, Quartierplan)

ANNEXES

ANNEXE 2 Autorités fédérales et cantonales de Suisse romande

Confédération helvétique http://www.admin.ch ARE / ODT Office fédéral du développement territotial http://www.are.admin.ch/are/fr/index.html BAV / OFT Office fédéral des transports http://www.bav.admin.ch ASTRA / OFROU Office fédéral des routes http://www.astra.admin.ch/ BUWAL / OFEFP Office fédéral de l’environnement , des forêts et du paysage http://www.umwelt-schweiz.ch/buwal/fr/ VLP-ASPAN Association suisse pour l’aménagement national http://www.planning.ch/index_g.php FSU Fédération suisse des urbanistes http://www.f-s-u.ch Genève www.ge.ch DAEL Département de l’aménagement, de l’équipement et du logement http://www.ge.ch/dael Aménagement Equipements Logement Patrimoine Le site officiel des communes genevoises http://www.geneve-communes.ch/ Vaud www.vd.ch DIRE Département des institutions et es relations extérieures Service d’aménagement du territoire http://www.dire.vd.ch/sat/ DINF Département des infrastructures http://www.dinf.vd.ch Service des routes Service de l’aménagement du territoire Service de l’information sur le territoire Services des bâtiments, monuments et archéologie Service des transports Service des améliorations foncières UCV Union des communes vaudoises http://www.ucv.ch/communal/Co_ucv.asp Valais www.vs.ch DTEE Département des transports, équipement et environnement http://www.vs.ch/navig2/TransportsEquipementEnvironnement/Fr/Frame721.htm Transports Bâtiments, monuments et archéologie Protection de l’environnement Routes et cours d’eau Forêts et paysage Les communes valaisannes http://navig.valaisinfo.ch/valaisInfo/fr/Frame602.htm Neuchâtel www.ne.ch DGT Département de la gestion du territoire http://www.ne.ch/neat/site/jsp/rubrique/rubrique.jsp?StyleType=marron&CatId=1765 Service de l’aménagement du territoire Service des ponts et chaussées


Service de la protection de l’environnement Service des forêts Service de la faune Service des mensurations cadastrales Sites officiels neuchâtelois http://www.neuchatel.ch Sites des communes http://portail.neuchatel.ch/sites/1/7/ Fribourg www.fr.ch DAEC Direction de l’aménagement , de l’environnement et des constructions OCAT / SECA Service des constructions et de l’aménagement http://www.fr.ch/ocat/ OPEN Service de l’environnement http://www.fr.ch/open/ DPC Service des ponts et chaussées http://www.fr.ch/dpc/ Les communes fribourgeoises selon les districts http://www.fr.ch/fribourg/autresliens/ Jura www.ju.ch DEE Département de l’environnement et de l’équipement http://www.ju.ch/index_etat.html Service de l’aménagement du territoire Service des constructions et domaines Service des eaux et protection de la nature Service des forêts Service des ponts et chaussées Sercice transport et énergie Les communes jurassiennes http://www.jura.ch/index_etat.html



ANNEXE 3 Densité et mixité …nécessaires …non suffisantes ! (M.RUZICKA-ROSSIER, article in Forum 3 / 03, Office du développement territorial, Berne)

La densité et la mixité conjointes sont-elles le remède universel contre tous les maux de l’urbanisation actuelle ? Le sol est à disposition pour s’étaler, les règlements encouragent les spécialisations fonctionnelles et sociales des quartiers, les progrès de l’automobile, et des déplacements qu’ils génèrent, dispersent les activités loin des centres.

Des espoirs peu partagés

Beaucoup d’espoirs reposent sur la densité et la mixité. Effectivement, la densité est économe en sol, en énergie, elle permet l’installation de transports publics. La mixité est porteuse de diversité, de proximité, d’ambiance, c’est la naissance de la ville. Cette appréciation des professionnels du territoire n’est pas partagée par la majeure partie de la population. La densité inquiète, elle est synonyme de promiscuité, de trafic, de bétonnage. La mixité dérange la sphère privée, elle s’accompagne de bruit, de pollution, est coûteuse et compliquée à mettre en place. Cette divergence est porteuse de conflits.

De plus, la tradition helvétique de construire des « fermes » au milieu des alpages, de dresser des « demeures » au centre des parcs, se prolonge. Le modèle de la ville dense, comme le centre de Genève ou de Paris, n’est pas vraiment présent dans l’imaginaire de la plupart des constructeurs suisses. Propriétaires et gestionnaires du territoire ne voient pas l’acte d’intervention sur le sol du même angle que les professionnels. Aujourd’hui, il est vain de parler de « densité », de « mixité ». Derrière ces deux contenants se dissimulent trop de contenus différents, et souvent opposés.

Parler le même langage Que signifient « densité », « mixité » ? Trois facteurs doivent être pris en compte pour saisir la complexité de ces notions.

Premièrement, la densité peut être ressentie de toute autre manière, si le vécu des personnes diffère; une enfance au centre de New York, Berne ou Interlaken fera supporter plus ou moins bien les fortes densités.

Deuxièmement, les densités élevées sont acceptées sans difficultés si le voisinage immédiat est harmonieux et contient des éléments naturels de qualité : une allée plantée d’arbres, un parc, un square ombragé etc.

Troisièmement, les notions de densité et de mixité prennent un sens qu’à une échelle préalablement déterminée. La densité de la Suisse entière, de 175 habitants au km2, n’est pas comparable aux 1500 habitants au km2 de l’agglomération de Bâle, ni aux 7100 habitants au km2 de la ville en question. De l’échelle du pays à celle de la ville, de nombreux éléments qui composent le territoire, comme les montagnes, les lacs, ne sont plus pris en compte dans le calcul de la densité. Le choix de l’échelle est aussi déterminant pour observer les mixités. Toute ville est mixte. L’analyse des mixités n’est pertinente que sur des surfaces restreintes : une portion de ville, un quartier, une parcelle. De l’immeuble aux quartiers, la mixité peut être qualifiée de fine, ou de grossière. Fine, quand de multiples usages se côtoient dans un seul bâtiment, et grossière, quand un usage envahit l’entier d’une construction, voire d’un quartier.

La densité est d’abord une appréciation subjective. Toutefois, la mesure objective est possible. La densité est le rapport entre un indicateur et une surface. La plupart du temps, pour les constructeurs du territoire, les ingénieurs, les architectes, les promoteurs, les représentants des services cantonaux ou communaux, la densité se résume à la densité de



construction, où l’indicateur est une surface de plancher. En Suisse, c’est l’indice d’utilisation du sol, l’IUS. Or, cette densité n’est pas du tout représentative d’une composition urbaine, d’une forme de qualité de vie. Un IUS de 0,5 peut être celui d’un quartier de tours, de maisons en rangée, ou d’un habitat groupé mixte autour d’un parc.

Une question se pose : la densité de construction ne doit-elle pas être ignorée lors du débat sur la qualité de l’occupation du sol ?

Ensuite, si l’indicateur est remplacé par la population, résidante et touristique, ou par la population et les emplois, il s’agit alors de densité humaine. La difficulté de la densité humaine est, d’une part la délimitation du territoire. Quelle échelle : celle de la région ? de l’agglomération ? du quartier, ou de la parcelle ? D’autre part, la difficulté réside dans la définition du contenu de la surface de référence : doit-elle inclure les surfaces agricoles, les aires forestières, les espaces verts, etc. ?

Des travaux en cours, menés par l’ODT et l’EPFL, précisent ces définitions, et cherchent à démontrer que la densité humaine conjuguée avec la mesure des mixités sociales et fonctionnelles, est significative pour évaluer les degrés d’étalement, de dispersion, et de spécialisation des territoires urbanisés. Le problème se traduit par cette interrogation : densité et mixité peuvent-elles agir comme les indicateurs de la santé des territoires urbanisés ?

Un second rôle décisif

Les indicateurs de la densité et de la mixité n’ont de valeur que confrontés à un ensemble de données réelles et virtuelles qui caractérisent les territoires urbanisés : lecture du site existant, connaissance des affectations du sol légales, des localisations des équipements collectifs principaux et des grands générateurs de trafic, compréhension des grilles de déplacement lent et rapide (axes routiers et ferroviaires, chemins piétons, voies pour cycles, etc.), des réseaux de transports publics, et des trames paysagères et environnementales.

Si la densité et la mixité sont des facteurs qui interviennent dans l’amélioration de la qualité urbaine, leurs actions seules ne sont pas suffisantes. Et, surtout les stimulateurs du projet sont autres. La planification des densités et l’encouragement à l’installation des mixités sont inclus dans le concept urbain, dont le moteur est politique et économique tout à la fois. Le concept urbain permet de localiser les activités en bordure immédiate des interfaces de transports publics, d’identifier les pôles, d’affirmer la dominante de l’échelle humaine (priorité donnée aux déplacements lents), d’encourager le tissage d’une toile continue d’espaces publics (l’espace public, mélange d’usages, de fonctions, de population, est le lieu de la mixité par excellence) du centre à la périphérie de l’agglomération.

Si la paire « urbanisation-mobilité » tient le premier rôle dans le film de l’évolution de la zone urbaine, le tandem « densité-mixité » en tient le second. C’est à travers cette position à l’arrière plan que des densités et des mixités peuvent être mises en place.



ANNEXE 4 Egopolis : la ville sur mesure Extrait d’un article d’Olivier Jonas, TECDEV - Technologies de l'information, multimédia, télécommunications & développement. Texte préfigurant un travail de prospective pour la Direction des Affaires Scientifiques et Techniques du Ministère de l'Equipement / France, novembre 2001. (cf. annexe 4) « Apparaît alors l’idée d’une « ville sur mesure » dont on voit aujourd’hui émerger les grandes fonctions :

L’accès aux services publics : pour faciliter les relations des citadins-usagers des services publics avec les services de l’administration locale : téléprocédures, guichet unique, centre d’appel, courrier électronique directement adressé aux agents municipaux, intranet municipal et extranet associant le tissu associatif, informations temps réel sur les transports, carte monétique multiservices…

La citoyenneté : le citoyen sera mieux informé de la politique municipale en rapport de ses propres préoccupations (information « à la demande » plutôt que communication institutionnelle comme l’est un journal municipal). Il pourra dialoguer avec les responsables locaux, agents territoriaux ou élus locaux, et influer individuellement sur les politiques publiques locales, hors les échéances électorales, dans le cadre par exemple de concertations ou d’enquêtes publiques (forums, votes ou sondages électroniques par exemple). Démocratie représentative et participative se conjugueront sur fond de gouvernance locale.

Les nouveaux services marchands : notamment autour du e-commerce, mais aussi avec d’autres services comme les magasins ouverts 24H/24. La place du marché, excentrée autrefois dans les faux bourgs, se trouve au cœur de la ville numérique (mais pas nécessairement au centre), relayée par les terminaux mobiles individuels ; elle prend la forme de portails marchands qui pourront être personnalisés selon le profil du citadin-chaland et sa situation dans la ville (terminal mobile et géolocalisation par satellite de type GPS). A l’ère du customizing, du service à la carte et de l’assemblage sur commande des produits, un autre enjeu sera la traçabilité des marchandises pour garantir leur provenance, leur bonne livraison et le service après-vente.

Le transport de marchandises / la logistique : le développement du e-commerce n’est possible, pour les produits non numérisables, que si la chaîne de distribution est assurée de bout en bout avec la même célérité que la commande en ligne ; réseau haut débit Internet va ici de pair avec réseau urbain de distribution des marchandises : pôles de stockage en périphérie urbaine ou en zone aéroportuaire, dispositifs de livraison de proximité, directement chez les particuliers, dans des centres relais disséminés dans les zones résidentielles (à l’instar des pratiques actuelles dans la VPC) ou dans des boîtes collectives spécialisées dans les hall des immeubles de logements.



Les transports en commun seront harmonisés par des plates-formes multimodales qui, via un portail accessible sur un terminal mobile (type egery, citefutee ou mappy) pourront accompagner interactivement les déplacements de chaque citadin. La performance du dispositif et son adéquation aux besoins propres du voyageur assouplira la rigidité du transport en commun par rapport à l’automobile (et le roller pourra assurer le porte-à-porte final). D’autres modèles complémentaires pourront se développer comme les véhicules en libre service. Un autre enjeu sera l’usage du temps des transports, temps contraint collectif qui devra être valorisé individuellement pour travailler, communiquer, accéder à des portails de services…

Le tourisme urbain : avec un « city guide » interactif, site web portail des ressources locales, économiques, commerciales, sociales, culturelles, ludiques, associé à un plan de la ville dynamique. Des applications faisant appel aux technologies de réalité augmentée superposeront (sur des lunettes semi transparentes) des informations contextuelles à l’environnement urbain, pour des parcours-promenades dans la ville ou des visites du patrimoine adaptées à chaque touriste. Cette nouvelle interface à la ville pourra bien sûr être utilisée par les citadins eux-mêmes pour des applications non touristiques (aide au déplacement en liaison avec une plate-forme multimodale par exemple).

Les loisirs : les loisirs resteront pour la plupart des moments partagés dans des lieux collectifs (même s’ils sont immatériels dans le cas des jeux vidéos en réseau) comme le sont les parcs à thèmes qui formeront peut-être une nouvelle centralité. Les univers virtuels constitueront des espaces publics parallèles (comme le 2ème Monde et Paris par exemple) s’affranchissant des limites territoriales, où les citadins-internautes pourront se regrouper selon leurs affinités (communautés virtuelles) en tissant un nouveau lien social via des avatars personnalisés vivant des échanges interpersonnels, sociaux, économiques, ludiques…

La sûreté publique : alors que la sûreté était assurée principalement par des dispositifs préventifs (les percées d’Haussmann pour éviter les émeutes, les CRS en faction, la « prévention situationnelle »), la sécurité dans les villes sera assurée de manière active par des systèmes diffus de vidéosurveillance et d’analyse numérique d’images automatisée : détection d’incivilités, mouvements de foule (matches de football), ou analyse morphologique et croisement avec des fichiers internationaux (lutte contre le grand banditisme, le terrorisme).

L’éducation et la formation : par des applications de type « cartable électronique » qui visent à établir de nouveaux liens plus personnalisés entre l’enfant, la famille et les enseignants. Les filières de formation professionnelle seront construites de manière plus proactive autour des besoins à court terme des entreprises, avec des programmes pédagogiques individualisés selon le profil des apprenants.

Le travail : le développement du télétravail (qui se démocratise enfin mais sous d’autres formes que celles imaginées il a y a 30 ans) favorise une nouvelle relation temporelle et spatiale au travail et modifie profondément le lien entre l’employé et l’entreprise. Simultanément différentes formes de travail ou rythmes de travail plus individualisés se banalisent : le travail à temps partiel, le travail à la tâche, pour plusieurs employeurs simultanés via des organismes d’intermédiation (agences d’intérim ou regroupements corporatifs sur Internet).



La santé : le mouvement d’hospitalisation à domicile se confortera, avec des technologies de télémédecine plus performantes et mettant en réseau, à l’échelle urbaine, les professionnels de santé (hôpitaux, médecins de ville, infirmiers, auxiliaires de soins, aides ménagères, CCAS). Autre axe : la carte de santé individuelle, dossier médical électronique (remplaçant l’actuelle carte Vitale) qui conservera l’historique des pathologies, des examens et des soins pratiqués.

Cette « ville sur mesure » s’appuie sur les technologies, notamment sur les technologies de l'information et les télécommunications, mais simultanément se sont de nouveaux modèles territoriaux, socio-politiques, économiques et fonctionnels qui devront se dégager. Avec sans doute une évolution des organisations urbaines (la multiplication des structures intercommunales, communautés d’agglomérations, etc.), de nouveaux partenariats industriels, des mutualisations de ressources (délégation des compétences de plusieurs collectivités à un syndicat), de nouveaux modes de gestion (Taxe Professionnelle Unifiée sur un territoire intercommunal), l’apparition de nouveaux opérateurs (dont les collectivités locales en matière d’infrastructures télécoms), et de nouveaux modes de tarification des services (services personnalisés, à la demande). »



ANNEXE 5 Indices de mesure du sol (Nouvelles normes SIA Suisse)

L‘indice d‘utilisation du sol est le rapport entre la somme des surfaces de plancher (SP) des constructions imputables et la surface de terrain imputable Indice d’utilisation du sol =

somme des surfaces brutes de plancher imputable surface de terrain imputable

La surface brute de plancher imputable comprend la somme de toutes les surfaces de plancher (selon la norme SIA 416 / 1993) d’une construction qui sont, ou pourraient être, utilisées d’une manière permanente pour l’habitat et le travail.

Les sections de murs et de parois sont comprises.

Les surfaces non comprises sont les surfaces qui ont une hauteur libre inférieure à 1m, les surfaces d’installations et les surfaces utiles secondaires* (selon la norme SIA 416 / 1993). Les garages qui contiennent des places de stationnement obligatoires ne sont pas compris.

La surface de terrain imputable est la surface de la totalité du terrain, soit les parties de terrain qui se trouvent dans la zone à bâtir correspondante.

Sont comprises les surfaces réservées pour les infrastructures, existantes ou en projet, qui servent au raccordement et à la distribution interne/privée (équipement de raccordement).

Ne sont pas comprises les surfaces existantes ou projetées, réservées pour les infrastructures qui servent à l’équipement général.

L‘indice de masse (IM) est le rapport entre le volume construit visible hors-terre et la surface de terrain imputable.

volume construit visibleIndice de masse surface de terrain imputable

=

L‘indice d‘emprise au sol (IES) est le rapport entre la surface bâtie imputable et la surface de terrain imputable. Indice d’emprise au sol = surface bâtie imputable

surface de terrain imputable

L‘indice de surface verte (ISV) est le rapport entre la surface plantée imputable et la surface de terrain imputable.

surface plantée imputableIndice de surface verte surface de terrain imputable

=


développement territorial et urbanisme i©sumé... · anciens forment un arsenal lourd et...

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