diderot 1963

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Diderot : 1713-1784 : [exposition], Paris, Bibliothèque nationale, 1963 / [catalogue réd. par Annie Angremy] ; [préf. de [...] Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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  • Diderot : 1713-1784 :[exposition], Paris,

    Bibliothque nationale,1963 / [catalogue rd.par Annie Angremy] ;

    [prf. de [...]

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Angremy, Annie (1938-....),Adhmar, Jean (1908-1987),Lamagny, M.,Bibliothque nationale (France). Diderot : 1713-1784 : [exposition], Paris, Bibliothque nationale, 1963 /[catalogue rd. par Annie Angremy] ; [prf. de Julien Cain]. 1963.

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  • BIBLIOTHQVE NATIONALE

    DIDEROT

    PARIS

    1963

  • DIDEROT

  • BIBLIOTHQVE NATIONALE

    DIDEROT1713-1784

    PARIS

  • Cette exposition a t raliseavec le concours

    de la Direction gnrale des Arts et des Lettres.

    Premire page de couverture :N 335. Denis Diderot. Buste de Houdon.

    Frontispice :N 235. Denis Diderot. Peinture de Louis-Michel Van Loo, 1767.

    Dernire page de couverture :N 118. Frontispice de l' Encyclopdie.

    Gravure de B.-L. Prvost, d'aprs Ch. N. Cochin le fils.

  • PREFACE

    A deux reprises dj ce grand vnement de notre histoirelittraire que fut la naissance de l' Encyclopdie ou Dictionnaireraisonn des Sciences, des Arts et des Mtiers a t voqu la Biblio-thque Nationale par des expositions : une premire fois en 1932avec le concours du Centre international de Synthse dont lesige est l'Htel de Nevers, tout proche du Palais Mazarin;une seconde fois, en 1951, pour commmorer le deuxime cen-tenaire de l'entreprise. Diderot, qui en fut le fondateur etl'animateur, y tait naturellement prsent. Mais il ne l'taitpas tout entier.

    Pour le saisir vraiment dans sa vie aventureuse comme dansson travail de crateur bien des lments manquaient, que nouspossdons aujourd'hui. Un fait important s'est produit, quicomptera dans l'histoire d'un dpartement qu'anime le souciconstant de rassembler les manuscrits des plus grands parmi lesauteurs franais, qu'il s'agisse de Pascal ou de Hugo : Diderota dsormais sa place dans cet ensemble ct de Montesquieuet de son Esprit des Lois. C'est le 7 mai 1952 que le fonds Diderot-Vandeul est entr au Cabinet des Manuscrits. Il avait tquelques jours auparavant achet aux descendants de Mme deVandeul, fille de Diderot, par la Fondation Singer-Polignac,prsent par celle-ci au Prsident de la Rpublique, qui le remit la Bibliothque Nationale. Plus de huit mille feuillets spars,une soixantaine de volumes relis composaient le fonds.

    Le travail de classement avait heureusement t facilit parl'Inventaire tabli et publi en 1951 par M. Herbert K. Dieckmann,professeur l'Universit Harvard. Nous ne dirons jamais assezce que nous lui devons. Il a lui-mme trac dans une introduc-

  • VI DIDEROT

    tion prcise l'histoire du fonds travers deux sicles. Diderot,malgr son insouciance ses oeuvres les plus importantesn'ont t publies qu'aprs sa mort, avait rassembl de nom-breux manuscrits ainsi que des copies. Ils furent recueillis aprssa mort par Mme de Vandeul en vue d'une dition qui n'a pas tralise. Ils devaient connatre au XIXe sicle un sort plein dedangers. En examinant les listes qui ont t retrouves, onpeut juger, dclare M. Dieckmann, combien ont t dtruits etgars par l'insouciance criminelle des descendants de Diderotet probablement aussi par les multiples transferts des papiersd'un endroit un autre. Malheureusement, c'est la collectiondes manuscrits autographes qui a le plus souffert. La perte estirrparable. Mais ce qui subsiste reste considrable. Une partiea t recueillie par les archives de la Haute-Marne et forme lefonds Vandeul de Chaumont, comprenant surtout des docu-ments intressant la fortune mobilire et immobilire de lafamille Caroillon de Vandeul, alors que les papiers d'un intrtlittraire ou biographique devaient aboutir en Normandie auchteau des Ifs entre les mains du baron Le Vavasseur, quicomprit vraiment leur importance exceptionnelle. C'est grce lui que M. Herbert Dieckmann a pu les tudier, obtenantqu'ils lui fussent confis pour deux ans en Amrique. Et c'estaprs de longues et difficiles ngociations, une fois cartes lespropositions d'achat venues de l'Universit Harvard, qu'ils sontrentrs en France.

    M. Marcel Thomas, aujourd'hui conservateur en chef dudpartement des Manuscrits, avait dirig les difficiles oprationsde restauration de ces documents, rendues ncessaires par untrop long sjour dans des lieux humides ; elles se poursuivirentpendant trois ans, et les beaux volumes relis, en plein maro-quin pour les manuscrits autographes de Diderot, en demi-maroquin pour les copies et les documents divers, tmoignent dela qualit du travail de notre atelier, que dirige excellemmentM. Desbrosses.

  • PREFACE VII

    Les historiens de Diderot, les critiques attachs son oeuvre,plus nombreux qu'ils ne furent jamais, ont, aussitt qu'ils l'ontpu, utilis cette vaste, cette magnifique documentation quis'offrait eux. La bibliographie de Diderot s'est enrichie aucours de ces dernires annes de nombreux travaux, de caractrerellement scientifique, qui abordaient enfin certains problmesdemeurs obscurs. Ils ont utilis, dans toute la mesure du pos-sible, et grce un certain nombre de microfilms, le fonds deLeningrad auquel un trop petit nombre d'rudits occidentauxa pu avoir accs.

    L'abondance mme de cette documentation ainsi mise enpleine lumire a fait souhaiter la publication d'une ditioncomplte de l'oeuvre de Diderot qui remplacerait l'dition,pleine de mrites, mais aujourd'hui incomplte et du restepuise, d'Asszat et Tourneux. M. Dieckmann, qui sauraits'entourer des collaborateurs ncessaires, est plus que quiconquequalifi pour diriger une telle entreprise. On veut esprer aussique l'dition de la Correspondance, que l'on doit M. GeorgesRoth et qui compte dj neuf volumes, ne sera pas interrompue.

    Parmi tant de manuscrits, un choix s'imposait, et leur pr-sentation tait difficile. Le soin en a t confi par M. MarcelThomas Mlle Angremy, archiviste-palographe, biblioth-caire au dpartement. Son rudition et sa culture apparaissentdans les remarquables notices de ce catalogue auquel sa col-lgue du dpartement des Imprims, Mlle Chastang quiavait dj prpar l'exposition Rousseau, a donn un solidesupport bibliographique, ce qui tait particulirement difficilesi l'on considre les conditions des publications de l'oeuvre deDiderot. Elle a trouv auprs de Mme Basanoff une aideprcieuse pour les livres russes.

  • VIII PREFACE

    C'est M. Jean Adhmar, conservateur en chef du Cabinetdes Estampes, qu'il appartenait de diriger la partie iconogra-phique de l'exposition, mais il a souhait s'loigner de la pr-sentation qui fut faite par ses soins en 1951. Il s'agissait alorsd'voquer une poque et un milieu ; d'o une abondance deportraits dont beaucoup sont bien connus. On a pu en rduirele nombre pour mettre l'accent sur l'essentiel, c'est--dire surDiderot amateur et critique d'art. C'est l un grand sujet, quia t clair depuis qu'on ne s'est plus content d'extraire, sou-vent laborieusement, des crits de Diderot les lments d'uneesthtique, mais qu'on les a confronts avec les oeuvres mmesqu'il a commentes. Les travaux de M. Jean Seznec, professeur l'Universit d'Oxford, sont ce point de vue considrable ;ils ont, sur un autre plan que ceux de M. Dieckmann, maisdans le mme temps, renouvel notre connaissance de Diderot. Ila publi avec M. Jean Adhmar, la Clarendon Press d'Oxford,trois volumes d'une dition monumentale des Salons o l'illus-tration est, autant que cela a t possible, rapproche du texte.

    Cette exposition fait davantage, puisqu'on a tent d'yrassembler, non seulement des reproductions ou des gravures,mais quelques-unes des oeuvres qui avaient figur aux Salons etdont Diderot a parl, soit qu'il les ait admires, soit qu'il les aitdnigres. La plus importante, par les dimensions tout au moins,est le Saint Andr de Deshays, conserv au Muse de Rouen,qu'il a considr comme un chef-d'oeuvre. Il avait attach unvif intrt au Corsus de Fragonard, mais il n'a pas t possiblede l'exposer dans notre galerie. Chardin et Greuze y sont natu-rellement prsents, et aussi Carie Van Loo, Lagrene, Doyen,Carie Vernet, Baudouin, d'autres encore ; leurs peintures etleurs esquisses voisinent avec des sculptures comme la Bai-gneuse d'Allegrain, le Lemoyne de Pajou, le Masque d'homme deFalconet.

    Encore si l'on avait devant soi le tableau dont on crit ,gmissait le critique, c'est--dire le journaliste qui devait livrer

  • PREFACE IX

    sa copie la Correspondance littraire de Grimm. Il sut du moinss'entourer d'estampes dans son cabinet de travail, qu'on a tentd'voquer. Il tait vraiment un amateur, un de ces amateursque Gabriel de Saint-Aubin a su si bien reprsenter au milieude la foule des visiteurs du Salon. Nous avons tenu donner uneplace ce grand et charmant artiste, le croqueur, M. Croquetelcomme il s'appelait lui-mme, qui a peut-tre connu Diderotet qui nous parat trs proche de lui par son agilit et son gotd'une forme toujours libre.

    Le rassemblement de ces oeuvres si diverses a t assur parM. Adhmar et M. Lemagny qui ont rdig les intressantesnotices de ce catalogue. Mais il n'a t possible que grce l'esprit de large comprhension de nos collgues des Musesnationaux, de leur directeur M. Chatelain, des conservateursdes peintures et dessins, M. Germain Bazin, Mme HlneAdhmar, M. Srullaz, de la sculpture, M. Pierre Pradel, etd'autre part, du Muse des Arts dcoratifs, M. Far etMme Tiffy. Je veux joindre ces remerciements ceux qui sontdus nos collgues des Archives nationales et leur Directeur,M. Andr Chamson, ainsi qu'aux conservateurs des collectionspubliques et prives dont on trouvera la liste plus loin et sanslesquelles cette exposition n'aurait pu avoir la signification quenous avons voulu lui donner.

    Je tiens souligner que deux des pices les plus prcieusesqu'elle prsente sont venues des tats-Unis : M. DouglasGordon, de Baltimore, a bien voulu prter de nouveau laBibliothque nationale les preuves de diffrentes feuilles desdix derniers volumes de l' Encyclopdie censurs l'insu de Diderotpar l'imprimeur le Breton ; et c'est la Pierpont Morgan Libraryde New York que nous devons de pouvoir exposer le manuscritdu Neveu de Rameau.

    Julien CAIN,Membre de l'Institut,

    Administrateur Gnral de la Bibliothque nationale.

  • LISTE DES PRETEURS

    COLLECTIONS PUBLIQUES

    PIERPONT MORGAN LIBRARY, NEW YORK. OSTERREICHISCHE NATIONAL BIBLIOTHEK,VIENNE (AUTRICHE). UMVERSITTSBIBLIOTHEK MUNSTER (ALLEMAGNE). BIBLIOTHQUEPUBLIQUE ET UNIVERSITAIRE DE GENVE (SUISSE). MUSE DE MARIEMONT, MORLANWELZ

    (BELGIQUE).MUSE DU LOUVRE (Dpartement des Peintures et des Sculptures). MUSE DES ARTS

    DCORATIFS. MUSE DE LA MARINE. MUSE CARNAVALET. PETIT PALAIS. MUSEJACQUEMART-ANDR. CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET MTIERS.

    MUSE NATIONAL DU CHTEAU DE FONTIANEBLEAU. MUSE NATIONAL DE CRAMIQUE DESVRES. MUSE D'AUTUN. MUSE DE CHALONS-SUR-MARNE. MUSE DE DUNKERQUEET DE LA FLANDRE MARITIME. MUSE FABRE, MONTPELLIER. MUSE DES BEAUX-ARTSDE ROUEN.

    BIBLIOTHQUE DE L'ARSENAL. BIBLIOTHQUE MAZARINE. BIBLIOTHQUE VICTORCOUSIN. BIBLIOTHQUE HISTORIQUE DE LA VILLE DE PARIS. BIBLIOTHQUE DE LA COMDIE-FRANAISE. BIBLIOTHQUE DE LA FACULT DE MDECINE. BIBLIOTHQUE NATIONALE ETUNIVERSITAIRE DE STRASBOURG. BIBLIOTHQUE MUNICIPALE DE BORDEAUX. BIBLIOTHQUEMUNICIPALE DE FCAMP. BIBLIOTHQUE MUNICIPALE DE LANGRES. BIBLIOTHQUE MUNICI-PALE DE MONTIVILLIERS. BIBLIOTHQUE MUNICIPALE DE NANTES.

    COLE NATIONALE SUPRIEURE DES BEAUX-ARTS.ARCHIVES NATIONALES. ARCHIVES DU MINISTRE DES AFFAIRES TRANGRES. ARCHIVES

    DPARTEMENTALES DE LA COTE-D'OR. ARCHIVES DPARTEMENTALES DE LA HAUTE-MARNE. ARCHIVES DPARTEMENTALES DE LA SEINE. ARCHIVES MUNICIPALES DE DIJON. ARCHIVESMUNICIPALES DE LANGRES.

    SOCIT HISTORIQUE ET ARCHOLOGIQUE DE LANGRES.

    COLLECTIONS PARTICULIRESMM. FRANOIS BOUCHER, ALFRED DUPONT, ANDR DUPUIS, DOUGLAS GORDON, LE VAVAS-

    SEUR, ROUSSEAU-GIRARD, THOMAS-SCHELER, ARTHUR VEIL-PICARD, TH. VETTER, DANTELWlLDENSTEIN.

    COLLECTION GEORGES DORMEUIL.

  • CHRONOLOGIE

    1713. 5 octobre. Naissance de Diderot Langres, Haute-Marne.

    1726. 22 aot. Diderot reoit la tonsure.

    1728. Diderot quitte le Collge des Jsuites de Langres et vient Paris.

    1732. 2 septembre. Diderot est reu matre es arts de la Facult de l'Universit de Paris.

    1733. Diderot entre chez le procureur Clment de Ris.

    1734 (?) Diderot est prcepteur des enfants du financier Randon de Massane.1741. Liaison avec Antoinette Champion.1742. Dcembre-fvrier 1743. Sjour Langres.1743. 6 novembre. Mariage.1745. Traduction de Shaftesbury et de Temple Stanyan.1746. Dbuts de l' Encyclopdie. Penses philosophiques.1747. La Promenade du sceptique.1748. Les Bijoux indiscrets.

    L'Oiseau blanc, conte bleu.

    1749. Lettre sur les Aveugles. 24 juillet. Arrestation de Diderot ; il est emprisonn au donjon de Vincennes, puis

    est log dans la maison du gouverneur. 3 novembre. largissement de Diderot.

    1750. Rdaction du Prospectus de l' Encyclopdie et des premiers articles.

    1751. 1er juillet. Distribution du premier volume. Lettre sur les sourds et les muets.

    1752. Apologie de l'abb de Prades. 7 fvrier. Suppression des deux premiers volumes de l' Encyclopdie.

    1753. 2 septembre. Naissance d'Anglique. Penses sur l'interprtation de la nature.

    1755 (?) Diderot fait la connaissance de Sophie Volland.1757. Le Fils naturel. Attaques de Palissot et de Moreau.1758. Le Pre de famille et Discours sur la posie dramatique.

    D'Alembert, Rousseau, Marmontel et Duclos quittent l' Encyclopdie.1759. 6 fvrier. Le Parlement ordonne la rvision des sept volumes publis.

    8 mars. Le Privilge de l'Encyclopdie est rvoqu. Juin. Mort du pre de Diderot. Les libraires doivent rembourser les souscripteurs de l' Encyclopdie. 8 septembre. Privilge obtenu pour un Recueil de mille planches graves en taille-douce sur

    les Sciences, les Arts libraux et mchaniques. Octobre. Premier Salon, critique donne la Correspondance littraire.

  • XIV CHRONOLOGIE

    1760. Frron lance contre les encyclopdistes l'accusation du vol des planches de Raumur. Diderot crit la Religieuse, publie seulement en 1796.

    1761. Diderot commence Le Neveu de Rameau. Le Pre de famille. Deuxime Salon.

    1761-1777. Procs de Luneau de Boisgermain.1762. Catherine II invite Diderot aller terminer l'Encyclopdie en Russie.

    1763. Troisime Salon.

    1763-1764. Publication clandestine des derniers volumes de l' Encyclopdie.

    1764. Novembre. Diderot dcouvre les censures abusives de Le Breton.

    1765. Mars. Catherine II achte la bibliothque de Diderot. L'Encyclopdie est acheve. Dbut de la controverse avec Falconet. Lettres sur la postrit.

    Essai sur la peinture et quatrime Salon, publis en 1796.

    1766. Distribution clandestine des tomes VIII-XVII de l' Encyclopdie. Le Breton est embas-till.

    1767. Cinquime Salon.

    1769. Regrets sur ma vieille robe de chambre. Rve de d'Alembert. Sixime Salon.

    1770. Histoire des Indes, de l'abb Raynal. Voyage Bourbonne et Langres, publi en 1831.

    Les Deux amis de Bourbonne ; Entretien d'un pre avec ses enfants, contes publis en 1772.1771. Septime Salon.

    1772. Septembre. Mariage d'Anglique. Ceci n'est pas un conte ; Sur l'inconsquence du jugement public. Supplment au voyage de Baugainville, publi en 1796. Premire dition collective des OEuvres, en six volumes, Amsterdam. Diderot commence Jacques le fataliste, publi en 1796.

    1773. Paradoxe sur le comdien. Diderot part pour la Russie. Premier sjour La Haye. 8 octobre-5 mars 1774. Diderot Saint-Ptersbourg.

    1774. Voyage en Hollande, publi en 1819. Rfutation de De l'Homme d'Helvtius. Observations Catherine II.

    1775. Huitime Salon.

    1776. Plan d'une Universit pour le gouvernement de Russie.

    1777. Est-il bon? Est-il mchant?

    1778. Essai sur les rgnes de Claude et de Nron ; deuxime dition en 1782. 30 mai. Mort de Voltaire. 2 juillet. Mort de Rousseau.

    1781. Neuvime Salon.

    1782. lments de Physiologie.1783. Mort de d'Alembert.

    1784. Fvrier. Mort de Sophie Volland. 30 juillet. Mort de Diderot, l'Htel de Bezons.

  • BIBLIOGRAPHIE DES OUVRAGES CITES

    1. OEuvres compltes de Diderot... revues..., par J. Asszat [et Maurice Tourneux]. Paris,Garnier Frres, 1875-1877, 20 vol. in-8 A.T.

    2. Correspondance littraire, philosophique et critique, par Grimm, Diderot, Raynal, Meister, etc...,revue... par Maurice Tourneux. Paris, Garnier Frres, 1877-1882, 16 vol. in-8.

    3. Denis Diderot. Correspondance indite, publie... par Andr Babelon. Paris, Gallimard,1931. 2 vol. in-8 Bab., In.

    4. Lettres Sophie Volland... textes publis... par Andr Babelon (2e dition). Paris,Gallimard, 1938, 2 vol. in-8 Bab., S.V.

    5. Denis Diderot. Correspondance... dite par G. Roth [1742-1769]. Paris, ditions deMinuit, 1955-1963, 9 vol. in-8 Corr. gn.

    6. Naigeon (A.-J.) Mmoires historiques et philosophiques sur la vie et les ouvrages de D. Diderot. Paris, J.-L.-J. Brire, 1821. In-.

    7. Diderot studies [I-II, edited by O.E. Fellows and N. L. Torrey; III-IV, edited by O.E.Fellows and G. May.] Syracuse, University press; Genve, Droz, 1949-1963, 4 vol. in-8.

    8. Dieckmann (Herbert) Inventaire du fonds Vandeul et indits de Diderot. Genve, Droz,1951, In-16 Inv.

    9. Les Cahiers de l'Association internationale des tudes franaises, juin 1961 [numro consacr Diderot] C.A.I.E.F.

    10. Proust (Jacques) Diderot et l'Encyclopdie. Paris, A. Colin, 1963. Gr. in-8.

  • PL. I

    N 154. Diderot et d'Alembert entours des encyclopdistes.Gravure d'Augustin de Saint-Aubin.

  • PL. II

    Lacotte nel Benard Feat.

    Orfvre Jouaillier, Melleur en OEuvreBrillans

    N 158. Planche de l'Encyclopdie, tome VIII,avec le bon tirer de Diderot.

  • PL. III

    N 311. Le Martyre de saint Andr.Peinture de J.-B. Deshays. Salon de 1761.

  • PL. IV

    LE PERE DE FAMILLEActe VmeScne XII.

    N 519. Le Pre de Famille , planche de Boily.

  • PL. V

    N 446. Le Rve de d'Alembert .Manuscrit autographe.

  • PL. VII

    N 498. Catherine II, protectrice des Arts .

    Gravure anonyme.

  • PL. VIII

    N 590. Est-il bon ? Est-il mchant ? Le manuscrit autographe

    son arrive la Bibliothque nationale.

  • PL. IX

    N 310. Catalogue du Salon de 1761illustr par Gabriel de Saint-Aubin, p. 7. Dtail agrandi.

  • PL. X

    N 299. Le Salon du Louvre en 1765.Dessin lav de Gabriel de Saint-Aubin. Dtail.

  • PL. XI

    N 334. Catalogue du Salon de 1769illustr par Gabriel de Saint-Aubin, p. 25.

  • PL. XII

    N 270. Catalogue du Salon de 1777illustr par Gabriel de Saint-Aubin.

  • IDE LANGRES A PARIS

    Denis Diderot a profondment subi l'emprise de sa ville et de son milieu ;l'image de son pre, le vieux coutelier langrois, restera grave en lui comme cellede l'homme de bien et svre qu'il admire sans pour autant l'imiter. Issud'une famille d'artisans aiss et d'ecclsiastiques, Denis recevra la tonsure dsl'ge de douze ans. Brillant lve du collge des Jsuites, il partira poursuivre sestudes Paris. Bien vite, il y mnera l'existence insouciante desjeunes bohmesde son temps.

    I. LE FILS DU COUTELIER

    I. VUE DE LANGRES DU COT DE L'OCCIDENT. Dessin aquarelle pro-venant de la collection Gaignires. 1700. B.N., Est., Va. 110.

    Langres s'lve sur un plateau battu des vents. Les habitants de ce pays... ontune inconstance de girouettes... La tte d'un Langrois est sur ses paules comme uncoq d'glise en haut d'un clocher. (Lettre Sophie Volland, 11 aot 1759 ; Corr. gn.,II, p. 207.)

    2. GNALOGIE DE LA FAMILLE DlDEROT. B.N., MSS., n.a.fr. 2494I,fol. 147.

    Denis Diderot, grand-pre du philosophe, n le 3 novembre 1654, tait coutelier. Ilpousa en premires noces Nicole Belign dont il eut huit enfants. Le troisime, DidierDiderot, n le 14 septembre 1685, devint son tour matre-coutelier.

    Ce tableau a t dress par M. de Vandeul, gendre du philosophe.

    3. GNALOGIE DE LA FAMILLE VIGNERON, anctres maternels deDiderot. B.N., Mss., n.a.fr. 24941, fol. 12.

    Gnalogie tablie par M. de Vandeul. Famille d'artisans, comme les Diderot, lesVigneron taient plus souvent tanneurs que couteliers. Deux des oncles de Denis avaientembrass la carrire ecclsiastique : Didier Vigneron, chanoine Langres et son frrecadet, Jean, cur de Chassigny.

  • DIDEROT

    4. EXTRAIT D'ACTE DE BAPTME D'ANGLIQUE ET DE GUILLAUMEVIGNERON, 13 octobre 1677. Arch. Dp. de la Haute-Marne,II E II, pice 3.

    Anglique Vigneron, fille de Franois Vigneron, tanneur, et de Jeanne Humblot,avait pous Didier Diderot, de huit ans son cadet, en janvier 1712. Elle mourut en1748. Diderot ne fit que de rares allusions sa mre; cependant, dans une lettre Sophie Volland (30 septembre 1760), il remerciera la Providence de lui avoir donnDidier pour pre et Anglique pour mre . (Corr. gn., III, p. 103.)

    5. REGISTRE DES BAPTMES, mariages et spultures de l'glise etparoisse Saint-Pierre et Saint-Paul de Langres pour l'anne 1713. Langres, Archives municipales.

    Le six octobre 1713 a t baptis Denis, n d'hier, fils en lgitime mariage deDidier Diderot, matre coutelier, et d'Anglique Vigneron, ses pre et mre : le parainDenis Diderot, matre coutelier, la maraine Claire Vigneron, lesquels ont sign avecle pre prsent.

    Denis eut pour parrain son grand-pre et pour marraine une soeur cadette de samre. Les Diderot avaient eu, le 5 novembre 1712, un premier fils qui mourut enbas-ge.

    6. EXTRAIT D'ACTE DE BAPTME DE DENISE DIDEROT. Arch. Dp.de la Haute-Marne, II E 5, pice 2.

    Extrait en date du 18 octobre 1738. Ne le 27 janvier 1715, Denise Diderot, troisimeenfant du coutelier, est la fameuse Soeurette tant aime du philosophe.

    Des trois autres soeurs de Denis, l'une mourut l'ge de deux ans, la deuxime,Catherine, dont il avait t le parrain en 1719, mourut en 1735, et la troisime, Ang-lique, ne en 1720, devint Ursuline et mourut folle dans son couvent l'ge de vingt-huit ans aux dires de Mme' de Vandeul, car Diderot n'en parla jamais.

    7. VUE DE LA MAISON DES DIDEROT A LANGRES, sur la place Diderot,ancienne place Chambeau. Phot. du Photo-Club de Bivre, 1963. B.N., Est.

    Ce n'est probablement pas dans cette maison que Denis Diderot est n, car elle setrouvait sur la paroisse Saint-Martin et Denis fut baptis en l'glise Saint-Pierre. Maiselle resta la maison de famille. La faade, assez remanie, s'ornait d'une niche conte-nant une statue de saint Didier portant sa tte.

    8. PLAN DE LANGRES. Dessin aquarelle provenant de la collectionGaignires. B.N., Est., Va. 110.

    On peut voir, au centre, la place Chambeau, o se trouve la maison des Diderot, et,tout ct, le collge des Jsuites, o le jeune Denis fit ses tudes.

    En dehors des remparts, au sud (plac en haut), la jolie promenade de Blanche-fontaine est indique par deux ranges de petits arbres : Nous avons ici une pro-menade charmante. C'est une grande alle d'arbres touffus... (Lettre SophieVolland, 3 aot 1759; Corr. gn., II, p. 194.)

  • DE LANGRES A PARIS

    9. LETTRE DE MME DENIS DIDEROT, Mlle Denise Diderot, sa belle-sceur, 26 novembre 1758. Arch. Dp. de la Haute-Marne,II E 8, pice 7.

    Au verso de cette lettre, adresse des Diderot Langres.

    10. BISTOURI DE VTRINAIRE, marque la perle. Langres, Musedu Breuil de Saint-Germain.

    La marque la perle est celle du pre de Diderot. Il avait invent ds lancettesparticulires dont c'est ici peut-tre un spcimen.

    11. COUTELLERIE LANGROISE, DU XVIIIe SICLE. Langres, Musedu Breuil de Saint-Germain.

    Diderot aimait se rappeler qu'il tait le fils de Didier le coutelier. Aprs tout,j'aurai beau faire, je ne serai toujours que Deniseu Didereut, fei de matre DidierDidereut, raigusou ai l'enseigne de lai perle ai Langres. (Corr. gn., I, p. 143.)

    12. CACHET DES DIDEROT. Arch. Dp. de la Haute-Marne, Minutede l'tude Ciallet-Rivire.

    Deux marteaux croiss au-dessus d'une enclume, gauche une rose, droite, laPerle, enseigne du matre-coutelier, avec la devise latine Virtus et labor, patrumfasti , tel tait le cachet des Diderot, dont le seul exemplaire conserv est appos surl'enveloppe du testament du chanoine Didier-Pierre Diderot, frre cadet de Denis,en 1785.

    13. ENSEIGNE DE COUTELIER LANGROIS. Langres, Muse du Breuilde Saint-Germain,

    Enseigne du coutelier Franois Cavizel La tte de cerf .

    14. MAIN-LEVE DES SCELLS APPOSS SUR LES BIENS DE DIDIER VIGNE-RON, chanoine dcd de l'glise de Langres, au profit de seshritiers, les Diderot et les Vigneron, 21 avril 1728. Arch. Dp.de la Haute-Marne, 2 G 129.

    Avant de mourir, Didier Vigneron, oncle maternel de Diderot, rsigna sa prbendeen faveur de Denis Diderot, clerc tonsur du diocse de Langres, g de quatorze anset six mois et non autrement . Celui-ci avait en effet reu la tonsure deux ans aupa-ravant, le 22 aot 1726, mais sa carrire ecclsiastique tourna court, car le chanoinemourut avant le retour de son envoy Rome et le Chapitre en profita pour dclarerla rsignation caduque.

  • 4 DIDEROT

    15. BENE MERENTI ACCORD A DENIS DIDEROT [aot 1728].Langres, Muse du Breuil de Saint-Germain.

    Denis reut cette rcompense au collge des Jsuites de Langres, la suite d'uneexplication publique particulirement brillante de Quinte-Curce et d'Horace.

    Au recto, gravure reprsentant saint Denis, aptre de la France , portant sa tteentre ses mains.

    16. HISTOIRE DE L'GLISE AU JAPON, par le R. P. Casset, S.J. Paris,1725. 2 vol. in-8. Langres, Muse du Breuil de Saint-Germain.

    Dionisius Diderot adolescens multiplici nomine commendandus reut ces livresen prix, le 3 aot 1728. Dans une lettre Sophie Volland, le 18 octobre 1760, il vo-quera une de ses distributions des prix : Un des moments les plus doux de ma vie,ce fut il y a plus de trente ans, et je m'en souviens comme d'hier, lorsque mon preme vit arriver du collge les bras chargs de prix que j'avois remports, et les paulescharges des couronnes qu'on m'avoit donnes, et qui, trop larges pour mon front,avoient laiss passer ma tte. Du plus loin qu'il m'aperut, il laissa son ouvrage, ils'avana sur sa porte, et se mit pleurer. C'est une belle chose qu'un homme de bienet svre qui pleure ! (Corr. gn., III, p. 157.)

    2. LA BOHME PARISIENNE

    17. COLLGE D'HARCOURT, Paris, faade intrieure et faade ext-rieure. Gravure de Lucas d'aprs un dessin de Maillard. 1707.

    B.N., Est., Va. 267.Contrairement ce qu'il a laiss entendre dans la Lettre sur les Sourds et les Muets,

    Diderot ne fit probablement pas sa rhtorique chez les Jsuites de Louis-le-Grand,mais au collge d'Harcourt, en milieu jansniste. De l, il passa au collge de Beauvais.

    18. LMENS DE GOMTRIE, avec un abrg d'arithmtique et d'al-gbre, par M. Rivard. Paris, 1732. In-4. B.N., Impr.,V. 6296.

    Rivard, qui enseigna la philosophie et les mathmatiques pendant quarante ansau Collge de Beauvais, est cit plusieurs fois par Diderot comme un de ses anciensmatres. Il est l'auteur des premiers livres d'enseignement introduits dans l'Universit,vers 1730. Diderot voque galement ses cahiers de traits de mathmatiques dictspar Le Monnier.

    19. REGISTRE DES LETTRES DE MAITRES-S-ARTS DLIVRES PAR L'UNI-VERSIT DE PARIS, 1724-1741. B.N., Mss., lat. 9158, fol. 35 v.

    Anno Domini 1732, die 2 septembris graduatus fuit in artibus Magister DionysiusDiderot lingonacus. Exp. 5 septembris 1732.

  • DE LANGRES A PARIS 5

    Ses tudes termines, Diderot passa deux ans chez le procureur Clment de Ris,puis fut un temps prcepteur des enfants d'lie Randon de Massane, receveur gnraldes Finances du Poitou. Il se lassa vite de ces emplois trop ennuyeux son gr et prfravivre d'expdients au jour le jour.

    20. DISCOURS sur la nature des quantits que les mathmatiques ontpour objet, par M. de Prmontval. Paris, 1742. In-8. B.N.,Impr., Vz. 2509.

    Diderot raconte dans Jacques le fataliste, les amours de Prmontval, qui donnait descours publics, avec son lve Mlle Pigeon. Ce serait elle, devenue Mme de Prmontval,que seraient ddies les Mmoires sur diffrents sujets de mathmatiques.

    En 1749, Diderot confiera Berryer : Il y a dix-huit ans que je suis Paris. J'enai pass dix l'tude des mathmatiques et des belles-lettres, vivant entirement ignoret n'ayant aucun dessein d'tre connu. (Corr. gn., I, p. 85.)

    21. HOMERI OPRA quae exstant omnia... Amstelaedami, 1707.2 vol. in-12. B.N., Impr., Yb. 858-859.

    Plusieurs annes de suite, j'ai t aussi religieux lire un chant d'Homre avantde me coucher que l'est un bon prtre rciter son brviaire.

    22. LA PHILOSOPHIE ENDORMIE, portrait de Mme Greuze. Gravurede Aliamet d'aprs Greuze. B.N., Est., Dc. 8.

    Diderot, avide d'tendre ses connaissances, allait feuilleter des livres quai des Augus-tins, dans une boutique tenue par le pre de la future Mme Greuze. Plus tard, il s'ensouviendra avec nostalgie : Ce peintre est certainement amoureux de sa femme.Je l'ai bien aime, moi, quand j'tois jeune et qu'elle s'appeloit Mlle Babuti. Elleoccupoit une petite boutique de librairie sur le quai des Augustins ; poupine, blancheet droite comme le lis, vermeille comme la rose. (Salon de 1765, n 121.)

    23. LES PROMENADES DU LUXEMBOURG. Gravure de Rigaud. 1729.

    B.N., Est., Va. 419 (II).Dans le Paradoxe sur le Comdien, Diderot nous fait une de ses rares confidences sur

    sa jeunesse parisienne : Moi-mme, jeune, je balanai entre la Sorbonne et la Comdie.J'allais en hiver, par la saison la plus rigoureuse, rciter haute voix les rles de Molireet de Corneille dans les alles solitaires du Luxembourg.

    Cette estampe rpond au got ordinaire de l'poque pour les jardins anims de pro-meneurs. Le jeune Diderot, prfrant un cadre solitaire et triste, se montrait djromantique.

    24. LE CAF VENDME. Dessin de Gabriel de Saint-Aubin. 1777. Muse Carnavalet, D. 465.

    Diderot mena la vie libre et famlique du bohme parisien, frquentant les cafsdont la mode se rpandait.

    Lui-mme bohme incorrigible, Gabriel de Saint-Aubin passa sa vie dessinertout ce qui se trouvait sur son passage , dit son frre Augustin. C'est un autre frre,Germain, qui a crit au bas : Vue du caf o l'auteur passait ses soires.

  • 6 DIDEROT

    25. LE GRAND CAF ALEXANDRE. Gravure par J. Arrivet. B.N.,Est., Qb 370 T. 8.

    Le caf Alexandre tait un des plus beaux et des plus anciens du boulevard du Temple.Il possdait un orchestre rput.

    26. LE GRAND CAF DU BOULEVARD. Dessin de Gabriel de Saint-Aubin.1759. Muse Carnavalet.

    Ce grand caf est plutt une guinguette ; on y respire cette atmosphrepopulaire que Diderot savait aimer.

    27. QUITTANCE DE Foucou Didier Diderot, 20 aot 1736. B.N.,Mss., n.a.fr. 24941, fol. 10.

    Langrois d'origine, Foucou, coutelier Paris (Diderot le mentionne comme teldans l'article Acier de l'Encyclopdie), aida le jeune homme pendant les annesdifficiles. Didier Diderot rembourse ici les dettes de son fils par les mains duFraire Ange, carme dchoss , autre ami des Diderot. Il a rsum en dessous de laquittance une lettre crite Foucou, le 23 mai, lui enjoignant de ne plus s'occuperde l'enfant prodigue.

    Mr de Vandeul a ajout une note sur le refroidissement survenu entre le preet le fils.

    28. JEAN-GEORGES WILLE. Gravure d'Ingouf d'aprs Wille fils. 1771. B.N., Est., N 2.

    Le graveur allemand J.-G. Wille (1715-1808), venu Paris en 1736, se trouva habiter l'tage au-dessus de Diderot, rue de l'Observance. Les deux jeunes gens se lirentd'amiti et constiturent mme avec quelques amis une association dont les statuteburlesques ont t conservs dans les Mmoires de Wille.

    Wille, devenu acadmicien en 1761, devait former beaucoup d'excellents graveurs.

    29. UN PEINTRE ET UN AUTEUR HABITENT LE MME GRENIER. Phot.d'une gravure de Dunker. B.N., Est., Tf. 14.

    Cette illustration pour le Tableau de Paris de Mercier, pourrait aussi bien reprsenterDiderot et Wille, les deux amis de la rue de l'Observance, si le premier ne lisait djles Bijoux indiscrets parus en 1748.

    30. PITRE A M. B*** [Baculard d'Arnaud]. B.N., Impr. Z. 57400.Ces vers, signs P. D. Diderot, publis dans Le Perroquet, t. I, 1741 seraient, la

    premire oeuvre connue de Diderot. Le destinataire lui rpond dans un pome quisuit immdiatement les vers de Diderot, en traant le portrait de celui-ci :

    Philosophe par got, et non par habitude.

  • DE LANGRES A PARIS

    3. LE MARIAGE

    31. GNALOGIE DES MALLEVILLE, anctres maternels de Mme Diderot. B.N., Mss., n.a.fr. 24941, fol. 118.

    Gnalogie tablie par M. de Vandeul. Marie de Malleville fille unique d'un gentil-homme du Mans ruin au service pousa par inclination, en 1691, Ambroise Champion, manufacturier d'tamines , qui mourut, ruin par ses spculations, en 1713. Deleurs six enfants, seule l'ane, Marie, ne en 1693, marie l'ge de vingt ans MichelBillard, et la cadette Anne-Antoinette, la future Mme Diderot, nous sont connues.

    32. EXTRAIT D'ACTE DE BAPTME D'ANNE-ANTOINETTE CHAMPION. Arch. Dp. de la Haute-Marne, II E 9, pice 1.

    Anne-Antoinette naquit la Fert-Bernard le 22 fvrier 1710. Devenue veuve, samre, Mme Champion vint Paris et plaa sa fille au couvent des Miramiones

    pour y apprendre travailler assez bien pour n'avoir besoin des secours de per-sonne .

    33. VUE DE L'ANCIEN COUVENT DES MIRAMIONES, quai de la Tournelle.Phot. du Club des 30 x 40, 1963. B.N., Est., Va. 256.

    Mme de Miramion avait fond en 1665 une congrgation de Filles de Sainte-Genevive, puis achet pour les loger cet htel construit en 1636.

    La communaut des Miramiones , soignait les malades et tenait une cole gra-tuite. C'est l qu'Anne-Antoinette Champion, fut leve jusqu' l'ge de seize ans.

    34. RELIGIEUSE DE SAINTE-GENEVIVE DU COUVENT DES MIRAMIONES.Gravure par B. Picart. 1704. B.N., Est., Va. 256.

    35. LETTRE DE PIERRE LA SALETTE M. et Mme Nicolas Caroillon,4 septembre 1741. Arch. Dp. de la Haute-Marne, II E 4.

    Pierre La Salette, vieil ami des Diderot, de passage Paris, donne des nouvellesde Denis aux Langrois. Il signale le manque de linge du jeune homme oblig de sefaire faire des chemises et des cols avant d'entrer au sminaire de Saint-Sulpice sui-vant l'tat qu'il a choisi . On sait par Mme de Vandeul que c'est sous ce prtexteque Diderot put entrer en relations avec Anne-Antoinette Champion, qui faisait avecsa mre le commerce de dentelle et de linge .

    36. LETTRE DE DIDEROT Anne-Antoinette Champion [1742]. B.N., Mss., n.a.fr. 24931, fol. 1.

    Une des premires lettres de Diderot sa fiance. Toujours sans tat, sa vocation religieuse n'ayant dcidment pas tenu, Denis rsume joyeusement Nanette unelettre-sermon de son pre : libert plnire de faire tout ce que je voudrai, pourvuque je fasse quelque chose. (Corr. gn., I, p. 29.)

  • 8 DIDEROT

    37. POME DE DIDEROT Sur le baubau dont ma lvre est atteinte [1741]. B.N., Mss., n.a.fr. 24931, fol. 3.

    Mon baubau ne m'empche pas de vous embrasser de tout coeur . Ayant ainsitermin sa lettre Mlle Champion, Diderot ajoute un petit pome sur ce baubau ,qui, somme toute, est un de ses premiers thmes d'inspiration. (Corr. gn., I, p. 29.)

    38. LETTRE DE DIDEROT Anne-Antoinette Champion [17 dcembre1742]. B.N., Mss., n.a.fr. 24931, fol. 13-14.

    Dcid pouser Nanette, Diderot part Langres obtenir le consentement desparents. Il dcrit sa fiance l'accueil familial, la curiosit qu'il suscite parmi les Lan-grois, et lui annonce l'entre au sminaire de son frre, mais avoue n'avoir pas encoreos aborder la question de son mariage. (Corr. gn., I, p. 35.)

    39. LETTRE DE DIDIER DIDEROT Mme Champion, Ier fvrier 1743. Arch. Dp. de la Haute-Marne, II E 3, pice I.

    Denis s'est enfin rsolu dclarer le but de son voyage, mais ce mariage avec une jeunefille sans fortune ne plat pas au vieux coutelier. Devant l'obstination de son fils, ilenvoie Mme Champion une lettre trs digne pour l'exhorter raisonner les amou-reux; lui-mme a fait mettre Denis en sret . (Corr. gn., I, p. 41.)

    40. LETTRE DE DIDEROT Anne-Antoinette Champion [fvrier 1743]. B.N., Mss., n.a.fr. 24931, fol. 21-22.

    Diderot enferm chez des moines se jette par la fentre pour rejoindre Nanetteet, en attendant le coche de Troyes, lui retrace son quipe. (Corr. gn., I, p. 43.)

    41. CONTRAT DE MARIAGE de Denis Diderot et d'Anne-AntoinetteChampion, Paris, tude de Me Mouette, 26 octobre 1743. A.N.,Minutier central, tude LXXVI, 297.

    ... La dot de la dite Demoiselle, future pouse, consiste en la somme de cinq millelivres tant en deniers comptants, meubles et bijoux et autres effets et mobilier... laquellesomme la dite Demoiselle future pouse dclare provenir de ses gains et pargnes.

    Les parents de ma femme firent dresser notre contrat, et je le signai sans le lire ;c'est que je l'aimois... crira Diderot vingt-sept ans plus tard, lors du mariage desa fille. (Bab., In., II, p. 122.)

    42. EXTRAIT D'ACTE DU MARIAGE RELIGIEUX de Denis Diderot etd'Anne-Antoinette Champion. B.N., Mss., n.a.fr. 24941, fol. 20.

    Le mariage religieux fut clbr le 6 novembre 1743 minuit en l'glise Saint-Pierre-aux-Boeufs, sans le consentement des parents de Diderot. Didier Diderot n'apprendrale mariage de son fils que six ans plus tard, sans doute par Frre Ange.

    43. GLISE SAINT-PIERRE-AUX-BOEUFS. Lith., impr. Lemercier. 1836. B.N., Est., Va. 252.

    Cette petite glise de la Cit, prs de Notre-Dame, servait aux mariages conclus sansle consentement des parents.

    Dmolie en 1837, il n'en subsiste plus que le portail, devenu celui de l'glise Saint-Sverin.

  • II

    IMPRUDENCES ET MSAVENTURES

    Aprs quelques traductions lucratives il a maintenant charge de famille Diderot va sortir de sa gangue et natre vraiment cette diable de philosophieque son esprit ne peut s'empcher d'approuver et son coeur de dmentir . Au Panierfleuri, au Palais Royal, il a de longues conversations avec Rousseau, d'Alembertet Condillac. D'un disme optimiste, il passe au scepticisme puis au matrialismeet ses crits le mnent Vincennes. Trs abattu par sa dtention, il se sent prt toutes les concessions pour obtenir sa libert.

    I. LES PREMIRES OEUVRES

    44. HISTOIRE DE GRCE, traduite de l'anglois de Temple Stanyan. Paris, Briasson, 1743. 3 vol. in-12. B.N., Impr., J. 10459-10461.

    Traduction d'un manuel publi Londres en 1707 et rdit en 1739. C'est lapremire tentative littraire de Diderot qui travaillait la correction des preuveslors de son sjour Langres.

    45. PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIEMORALE, ou Essai de M. S*** sur lemrite et la vertu, avec rflexions. Amsterdam, 1745. In-12,pl. et fig. au titre gr. par E. Fessard, d'aprs L. Durand. B.N.,Impr., R. 19644.

    Traduction libre par Diderot (qui reconnat dans le Discours prliminaire qu'onn'a jamais us du bien d'autrui avec tant de libert ) d'un essai, Inquiry concerning virtueand merit (1699) de Shaftesbury, clbre diste anglais. Bacon, Locke, Newton et lespenseurs anglais eurent une grande influence sur Diderot. Cet essai traite du problmedes rapports entre la morale et la religion, Diderot conclut qu'on peut sparer vertuet religion, mais il en est encore respecter la religion et il ddie cette traduction son frre l'abb Didier Diderot. En 1751, elle fut publie sans illustration, avec uneddicace : A ma tante (B.N., Impr., R. 46545).

  • 10 DIDEROT

    46. DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE MDECINE, de chirurgie, de chymie,de botanique, d'anatomie, de pharmacie, d'histoire naturelle, etc..Traduit de l'anglois de M. James, par Mrs Diderot, Eidous etToussaint... Paris, Briasson, David et Durand, 1746-1748.

    vol. in-fol. B.N., Impr., Fol. T 26. 2.La mdecine passionna toujours l'esprit vraiment universel de Diderot.

    47. RFLEXIONS SUR L'EXISTENCE DE L'AME ET DE DIEU . Copieautogr. de Diderot. Fcamp, Bibliothque municipale, ms. 12.

    Un des nombreux recueils de polmique sur la foi qui circulaient, avant mmeles Penses philosophiques, sous forme de copies manuscrites. L'intrt port par Diderot ce mouvement philosophique clandestin est attest par la copie qu'il fit de cetteoeuvre anonyme.

    48. PENSES PHILOSOPHIQUES. La Haye, aux dpens de la Compagnie,1746. In-12. B.N., Impr., Rs. p. R. 677.

    Exemplaire sans frontispice ni table. S'agirait-il d'un exemplaire d'preuve ? Danscette premire oeuvre originale, Diderot attaque les athes, les sceptiques absolus,l'asctisme chrtien, la religion rvle et les miracles. Il prne avec enthousiasme lespassions fortes, la philosophie exprimentale, la raison critique et la religion naturelle.La rapidit d'criture de ces 62 Penses , composes entre le Vendredi Saint et le jourde Pques 1746, pour complaire sa matresse (Mme de Puisieux, femme d'un avocatau Parlement de Paris, et elle-mme femme de lettres) semble une lgende car c'est uneoeuvre qui a exig de nombreuses lectures.

    49. PENSES PHILOSOPHIQUES. La Haye, 1746. In-12. B.N.,Impr., Rs. R. 2083.

    Variantes avec l'dition dcrite au numro prcdent. Le frontispice anonyme,dans le genre d'Eisen, reprsente la Vrit enlevant son masque la Superstition qui,renverse, tient un sceptre bris. En 1781, paratront Lige, accompagnes d'unportrait anonyme, les Nouvelles penses philosophiques de Diderot. Une traductionallemande, par J. Elsner, fut publie ds 1748.

    50. ARREST DE LA COUR du Parlement... du 7 juillet 1746. Paris,1746. In-4. B.N., Impr., F 21037 (82).

    Cet arrt condamne 2 livres intitulez : l'un, Histoire naturelle de l'me [par La Mettrie],l'autre : Penses philosophiques, tre lacrez et brlez par l'excuteur de la haute-justice,comme scandaleux, contraires la religion et aux bonnes moeurs. Les Penses ne furentbrles qu'en effigie. Diderot avoua la paternit des Penses, en 1749, Vincennes.(Cf. n 98.)

    51. LE DIACRE FRANOIS DE PARIS, entour de la liste des miracles faitssur sa tombe. Gravure anonyme. B.N., Est. Qb 1. 1732.

    En 1746, l'anne des Penses philosophiques, les Diderot habitaient rue Mouffetardet leur second fils, Jacques-Denis, tait baptis Saint-Mdard, o avaient lieu encore,

  • IMPRUDENCES ET MESAVENTURES II

    malgr leur interdiction, les runions des convulsionnaires : Il en toit, dans cette oc-casion, des miracles, comme il en est toujours des esprits. Je jurerois bien que tous ceuxqui ont vu des esprits les craignoient d'avance, et que tous ceux qui voyoient l desmiracles toient bien rsolus d'en voir. (Penses philosophiques.)

    Le baron d'Holbach s'exprimait de faon plus vive encore, si nous en croyons lalettre Sophie Volland du 20 octobre 1760 : Et vous croyez que si l'on faisoit pr-sent un jansniste d'une crotte du bienheureux diacre, il ne la feroit pas enchsserdans l'or, et qu'elle tarderoit beaucoup oprer un miracle ? (Corr. gn., III, p. 176.)

    52. LES CONVULSIONNAIRES DE SAINT-MDARD. Gravure anonyme. B.N., Est., Qb 1. 1732.

    La lgende suivante accompagnait cette estampe : Les malades... se couchaientde tout leur long sur ce tombeau et y tombaient dans une espce de convulsion dont undes principaux accs consistait sauter... La lettre B indique un malade qui est envi-ronn de plusieurs dvots du parti, entre lesquels on en voit marqus par la lettre C,qui prtent leurs charitables soins au malade afin qu'il saute plus dvotement et s'lveavec plus de zle.

    Voici qui pourrait illustrer ce passage des Penses philosophiques : J'approche, jeregarde et je vois un petit boiteux qui se promne l'aide de trois ou quatre personnescharitables qui le soutiennent, et le peuple qui s'en merveille de rpter : miracle !

    52 bis. LES CONVULSIONNAIRES DE SAINT-MDARD. Gravure anonyme. B.N., Est., Qb1. 1732.

    53. LES CONVULSIONNAIRES DE SAINT-MDARD. Gravure anonyme. B.N., Est., Qb1. 1732.

    Le thme des convulsionnaires a t repris plusieurs fois par Diderot dans sesrflexions sur le fanatisme. Voici ce qu'il crivait dans Cinq-Mars et Derville, vers 1760 : Le chevalier a t curieux d'assister une assemble de convulsionnaires. Il en a vuune qui on mit un bourrelet, qui contrefaisoit l'enfant, marchoit sur ses genoux, etqu'on tendit ensuite sur une croix; en effet on la crucifia, on lui pera de clous lespieds et les mains ; son visage se couvrit d'une sueur froide, elle tomba en convulsion.Au milieu de ses tourments elle demandoit du bonbon, faire dodo, et mille autresextravagances, que je ne me rappelle pas. Dtache de la croix, elle caressoit de sesmains, encore ensanglantes, le visage et les bras des spectateurs. En 1772 encore,Diderot rappelle ces faits dans Sur les femmes.

    54. TRENNES DES ESPRITS FORTS. Londres, 1747. In-16. Bibl.Mazarine, Impr., 49069.

    dition de contrebande qui contient en guise d'avant-propos : A Messieurs les Esprits-Forts, et, la suite des Penses, pitre philosophique un philosophe. Ces deux nouveauxcrits ne sont pas de Diderot.

    55. PENSES PHILOSOPHIQUES. Penses chrtiennes mises en parallle,ou en opposition avec les Penses philosophiques ... Rouen,1747. In-12. B.N., Impr., R. 18012.

  • 12 DIDEROT

    Par Georges Polier de Bottens, professeur d'hbreu Lausanne. D'autres rfutationsse succdrent : Penses antiphilosophiques , par Allamand, en 1751 ; Le Philo-sophe chrtien , par Formey en 1752 ; citons encore les crits du P. Pierre Sennemaud,de l'abb Camuset, de Bouclier de Villemer et de David-Renaud Boullier. Ce dernierpublia sa rfutation dans le Contrleur du Parnasse, livre IV, lettre XII, p. 10-40.

    56. CSAR CHESNEAU DU MARSAIS. Analyse de la religion chrtienne.Copie. Bibl. Mazarine, Ms. 1196.

    OEuvre connue de Du Marsais, purement rationaliste et critique. Cet exemplairecontient des annotations marginales d'un inconnu qui se rfre plusieurs reprisesaux Penses philosophiques.

    57. LES MOEURS [par F.-V. Toussaint]. Nouvelle dition corrige, laquelle on a joint les Penses philosophiques. Aux Indes,1748. Cinq parties relies en 2 vol. in-12. B.N., Impr.,R. 45633-45637.

    L'ouvrage de Toussaint tait extrmement lu vers le milieu du sicle. Les Pensesfurent aussi dites en 1751 la suite d'une dition de la traduction de Shaftesbury.Philosophie morale rduite ses principes.

    58. FICHE DE POLICE DE FRANOIS-VINCENT TOUSSAINT, Ier avril 1749. B.N., Mss., n.a.fr. 10783, fol. 124.

    Le nom de Toussaint fut souvent associ celui de Diderot. Ils travaillrent ensembleau Dictionnaire de mdecine et, comme Diderot, il fut en butte la surveillance de lapolice.

    59. LETTRE DE PERRAULT, lieutenant de la Prvt gnrale desMonnaies, au lieutenant de police Berryer, 20 juin 1747. B.N.,Mss., n.a.fr. 1311, fol. 4.

    Dnonciation du nomm Didrot, auteur d'un ouvrage... qui fut condamn par leParlement il y a deux ans tre brl... C'est un homme trs dangereux, et qui parledes saints mistaires de notre religion avec mpris, qui corrompt les moeurs...

    60. LETTRE DE PIERRE HARDY DE LEVAR, cur de Saint-Mdard,au lieutenant de police Berryer, 22 juin 1747. B.N., Mss.,n.a.fr. 1311, fol. 6-7.

    La dnonciation de Perrault a t faite l'instigation du cur de Saint-Mdard.Celui-ci tient ses renseignements d'une personne qui demeure en la mesme maison que Diderot, rue Mouffetard, dans sa paroisse... Le sieur Diderot est un jeune hommequi a pass sa premire jeunesse dans le libertinage. Il s'est enfin attach une fillesans bien... On m'a dit qu'il fait paroistre beaucoup d'esprit, que sa conversation estdes plus amusantes... On m'a assur qu'il travailloit depuis plus d'un an un autreouvrage encore plus dangereux [que les Penses philosophiques] contre la religion.

    Ces diffrentes lettres montrent bien l'atmosphre de surveillance dans laquelleDiderot travaillait cette poque.

  • IMPRUDENCES ET MESAVENTURES 13

    61. PROMENADESDE CLOBULE. Copie. Montivilliers, Bibliothquemunicipale, Ms. 15.

    Une note inscrite sur le plat suprieur de la couverture attribue cette oeuvre Bou-lainvilliers, il s'agit en fait de La Promenade du sceptique, l'ouvrage auquel faisait allusionle cur de Saint-Mdard dans sa lettre. Lors de son arrestation en 1749, Diderot assureraavoir brl l'original, mais sa fille, dans une lettre J.-H. Meister (2 nivse, an IX)rapporte que son pre avait confi le manuscrit Berryer et qu'il passa ensuite dans labibliothque de son gendre Lamoignon, qui le fit copier.

    Ce manuscrit est illustr de cinq dessins la plume qui traduisent trs habilementles intentions allgoriques et satiriques de Diderot. (Cf. Venturi, Hippocrate, 1938,p. 351.)

    62. CRBILLON, le fils. Gravure de Saint-Aubin d'aprs Gastinel. B.N., Est., N 2.

    Dans La Promenade du sceptique, l'alle des fleurs est le pays des voluptueux et deinsouciants. Le garde des archives de Cythre y est l'auteur du Tanzai, c'est--direCrbillon fils. C'est aussi srement de lui que Diderot se moque dans les Bijoux indis-crets en parodiant le style trop prcieux de Girgiro l'Entortill .

    63. LE CONTEDU TONNEAU, contenant tout ce que les arts et les sciencesont de plus sublime et de plus mystrieux... Par Jonathan Swift...Traduit de l'anglois [par Van Effen]. La Haye, 1732. 2 vol.in-12. B.N., Impr., Z. 17267.

    Cette traduction eut un grand succs en France de 1732 1755. Diderot s'en inspirapour crire la Promenade du sceptique, de mme qu'il utilisa un pisode des Voyages deGulliver pour les Bijoux indiscrets.

    2. DEUX ROMANS SCANDALEUX

    64. LES BIJOUX INDISCRETS. Au Monomotapa, s. d. (1748). 2 vol.in-12. B.N., Impr., Rs. Y 2. 2907-2908.

    Edition originale publie en Hollande. Le frontispice reprsente l'Imagination quiprend la plume des mains de la Folie, et l'Amour qui lui dicte.

    Quelques personnes... ont attribu Diderot les Bijoux indiscrets., mais on nereconnoit dans cet avorton, ni sa manire de penser, ni le stile de l'auteur des Pensesphilosophiques , lit-on dans La Bigarure, n 2, 1749, p. 21.

    Il s'agit d'un roman clefs : Agla est Mme de Puisieux; le Congo : la France;Mangogul : Louis XV ; Mirzoza : Mme de Pompadour. Mme dans ce roman libertin,Diderot a gliss les ides qui lui sont chres sur le naturalisme, l'exprience (Rve deMangogul), la musique et le thtre.

  • 14 DIDEROT

    65. LES BIJOUX INDISCRETS. Au Monomotapa, s.d. (1748). 2 vol.in-12. B.N., Impr., Rs. p. Y 2. 2350.

    La vignette de titre, au t. I, est diffrente de celle de l'dition dcrite ci-dessus.Celle du t. 2 est inverse ; les planches sont moins soignes. Il ne s'agit donc pas l del'dition originale. (Tchmerzine, IV, 430, b.) En 1821, Brire donna dans son dition3 chapitres indits des Bijoux, qui sont les seuls tre conservs sous forme manuscritedans le fonds Vandeul.

    66. LA SULTANE PRENANT LE CAF. Gravure de Beauvarlet d'aprsCarie Van Loo. 1755. B.N., Est., Db. 33.

    Mme de Pompadour aurait servi de modle cette sultane, comme la Mirzozades Bijoux indiscrets.

    67. PORTRAITS DE SADIG AGA ET MEHEMET AGA. Gravure de Reins-perger d'aprs des dessins de Liotard. B.N., Est., 26 a.

    La fantaisie des auteurs de turqueries pouvait s'inspirer de documents srieux commeces deux notables, dessins sur le vif par Liotard.

    Liotard vcut Constantinople de 1738 1742. Revenu en Occident, il soigna sarputation de peintre turc en continuant de porter grande barbe, turban et caftan.

    68. LE SULTAN GALANT. Gravure de Halbou d'aprs Jeaurat. 1768.

    B.N., Est., Ef. 86.Les moeurs attribues aux musulmans offraient bien des sujets de conversation

    Diderot et ses amis (Lettre Sophie Volland, 28 octobre 1759. Corr. gn., III, p. 199).

    69. LA SULTANE FAVORITE. Gravure de Halbou d'aprs Jeaurat. 1768. B.N., Est., Ef. 86.

    70. LA SULTANE A LA TAPISSERIE, ou la Confidence. Gravure de Beau-varlet d'aprs Carie Van Loo. 1755. B.N., Est., Db. 33.

    Ce tableau, expos au Salon de 1755 avec le suivant, appartint Mme de Pompa-dour. Ils ornaient tous les deux sa chambre coucher au chteau de Bellevue.

    71. LE PACHA. Dessin au lavis par Fragonard. Muse du Louvre,Cabinet des dessins, n 26660.

    C'est ainsi que nous pouvons nous imaginer le Mangogul des Bijoux indiscrets.

    72. LA CARAVANE DU SULTAN A LA MECQUE. Album de gravures colo-ries, par Vien. 1748. B.N., Est., Pd. 79.

    Les turqueries taient la mode au milieu du XVIIIe sicle. L'anne mme desBijoux indiscrets, les pensionnaires de l'Acadmie, Rome, choisissaient la caravane dusultan comme thme de leur char de carnaval. Et de s'affubler en grand vizir, bcha

  • IMPRUDENCES ET MESAVENTURES 15

    trois queues, moufti, chef des eunuques, sultanes blanches et noires, etc.. Leshabits taient de simple toile mais si bien peints... que rien ne ressemblait mieux des broderies magnifiques. Vien, qui fut parmi les joyeux compagnons, voulut enlaisser le souvenir.

    73. NOCRION, conte allobroge. (S.l.) 1747. In-12. B.N., Impr.,Rs. Z. 3212 (8).

    Par Caylus, Bernis ou Gueulette ? Exemplaire portant des notes manuscrites deJamet ; par exemple, p. 17 : Plaisanterie depuis dveloppe par le clbre Diderotdans son roman rotique intitul les Bijoux indiscrets. Une autre source de Diderotpourrait tre un roman de Crbillon : Tanzai et Nadarn, histoire japonaise, 1734.Tous ces romanciers licencieux ont puis leur inspiration dans un fabliau de Garin.Cf. le Recueil de contes dit par Barbazan, en 1756, t. 3, p. 85.

    74. LE SULTAN DU CONGO, ou Mangogul. B.N., Impr., Z. 22042.Pice extraite du dix-huitime volume des Mlanges militaires, littraires et sentimen-

    taires du Prince Charles-Joseph de Ligne, (Dresde, 1796. In-8). Seule adaptationthtrale des Bijoux ; on y retrouve les noms des personnages mais le sujet libertins'efface devant une tude de moeurs.

    J. Ferrary, crivit, au dbut du XIXe sicle : La Vie et les opinions d'un bijou, ouvrageposthume d'un bijou cosmopolite crit par lui-mme et traduit de la langue du Congo.

    75. LETTRE DU LIBRAIRE BONI au comte d'Argenson, 14 fvrier 1748. Bibl. de l'Arsenal, Arch. de la Bastille, 10301.

    Le 29 janvier, Boni avait crit une premire fois la police pour dnoncer le Sr Dridot (sic), auteur des Bijoux indiscrets : dans cette lettre, il apporte quelquesprcisions sur l'impression et la vente de l'ouvrage par le Sr Durand, rue Saint-Jacques , et rvle la collaboration du nomm Ithous (Eidous) pour les passagesanglois, espagnols et italiens des Bijoux qui ne cdent rien l'Aretin. Eidous avaittravaill au Dictionnaire de mdecine avec Diderot et Toussaint.

    76. NOTE DE POLICE RELATIVE AUX BIJOUX INDISCRETS, 8 avril 1754. B.N., Mss., n.a.fr. 1214, fol. III.

    Une perquisition chez le libraire Robustel, quai des Grands-Augustins, tmoignebien du succs des Bijoux indiscrets : soixante-quatre exemplaires en feuilles s'y trou-vaient clandestinement.

    77. L'OISEAU BLANC, CONTE BLEU. Copie. B.N., Mss., n.a.fr. 13770,fol. 52.

    Seul ouvrage que Diderot persistera dsavouer lors de sa dtention Vincennes. Quant L'Oiseau blanc, conte bleu, il n'est point de moy. Il est d'une dame que je pourroisnommer, puisqu'elle ne s'en cache pas... Il n'est point imprim et je ne pense pasqu'il le soit jamais. (Cf. n 98.) Ce conte sera imprim en 1798 par Naigeon. Leproblme de la collaboration de Diderot et de Mme de Puisieux n'est pas encoretranch, mais L'Oiseau blanc se trouve bien parmi les copies du fonds Vandeul.

  • 16 DIDEROT

    78. FICHE DE POLICE DE MME DE PUISIEUX, Ier janvier 1749. B.N.,Mss., n.a.fr. 10783, fol. 51.

    Elle vient de faire un livre intitul Conseils une amie. C'est Diderot, son bon amy,qui a fait tout le corps de ce livre.

    Mme de Puisieux tenta de dmentir ces bruits. Dans le Discours Prliminaire de son ouvrage, imaginant une vive discussion avec Diderot, elle met la publicationcette condition : que mes maximes resteraient avec leurs redites, leurs ngligences,leurs contradictions et tous leurs dfauts. J'aime mieux... qu'elles en fourmillent etqu'elles soient miennes, que si l'ouvrage tait parfait, qu'on me l'attribut et qu'il neft point de moi (p. x).

    3. VINCENNES

    79. MMOIRES SUR DIFFRENS SUJETS de Mathmatiques. Paris,Durand, 1748. In-8. B.N., Impr., V. 20127.

    La vignette de titre reprsente un gnie ail qui foule aux pieds masque et marotte.C'est l un symbole : Diderot abandonne les sujets futiles pour se consacrer aux sciences.Trs dou pour les mathmatiques que d'ailleurs il enseigna, Diderot, dans cet ouvrage,rfute une erreur de Newton, s'occupe d'orgue et d'acoustique, et traite de la dvelop-pante du cercle de telle faon que le Journal des Savants (1749) en fit un vif loge.

    80. PREMIRE LETTRE d'un citoyen zl, qui n'est ni chirurgien nimdecin, M. D. M... [De Morand], matre en chirurgie, ... ol'on propose un moyen d'appaiser les troubles qui divisent depuissi longtemps la mdecine et la chirurgie. (S.l.n.d.) In-12, 33 p. B.N., Impr., 8 T 18. 120 (XI, 18).

    Sign U.D.E.D.L.E.F., Paris, 16 dcembre 1748. M. Roth propose comme interpr-tation de ces sigles : Un Des diteurs De L'Encyclopdie Franaise. Quant au nom dudestinataire il ne nous est rvl que dans cet exemplaire o une main du XVIIIe siclea complt les initiales. Sauveur-Franois Morand, premier chirurgien de La Charit,est l'auteur de plusieurs traits de mdecine.

    81. ALEXANDER POPE. Essai sur l'homme. Impr. avec notes autogr.de Diderot. B.N., Mss., n.a.fr. 13720.La traduction du pome de Pope est celle, en prose, due Silhouette. La majorit des

    commentaires de Diderot, crits avant 1749 (cf. sa note au fol. 2 v) constituent donc unede ses premires oeuvres. Ils consistent essentiellement en corrections de la traductionde Silhouette et rvlent sa connaissance de l'anglais et son sens du style franais .(Inv., p. 4.)

    82. DISCOURS de la mthode... Plus la Dioptrique, les Mtores et laGomtrie... Leyde, 1637. In-4. B.N., Impr., Rs. m. R. 76.

  • IMPRUDENCES ET MESAVENTURES 17

    Diderot tudia la Dioptrique de Descartes pour crire sa Lettre sur les aveugles : Madame, ouvrez la Dioptrique de Descartes ; et vous y verrez les phnomnes de lavue rapports ceux du toucher, et les planches d'optique pleines de figures d'hommesoccups voir avec des btons.

    83. CONDILLAC. Gravure par Volpato d'aprs Baldrighi. B.N.,Est., N 2.

    Dans la Lettre sur les aveugles, Diderot cite plusieurs fois avec loges Condillac, dontl'Essai sur l'origine des connaissances humaines venait de paratre. Dans les articles : Divi-nation et Logique de l'Encyclopdie, il s'appuiera de nouveau sur ce philosophe qui consi-drait la sensation comme la seule source des connaissances.

    84. LETTRE de M. Daviel, chirurgien ordinaire du roi... M. deJoyeuse... (Paris, 1748.) In-12. B.N., Impr., 8 Te 69. 148.

    Cette lettre extraite du Mercure de France (septembre 1748) relate la premire op-ration de la cataracte. A la mme poque, Cheselden et Hilmer oprent des aveugles-ns. Diderot suivit ces expriences et, pour crire sa Lettre, utilisa aussi ses conversationsavec un aveugle-n de Puiseaux (Gtinais).

    85. LETTRE SUR LES AVEUGLES, l'usage de ceux qui voyent. Londres,1749. In-8. B.N., Impr., Rs. Z. 2356.

    dition princeps. La Lettre parat le 9 juin 1749 et Diderot est arrt et incarcr auDonjon de Vincennes, le 24 juillet. Dans La Bigarure (n 2 de 1749), cet ouvrage estintitul Lettre d'un esprit clair aux aveugles de ce sicle, alors que le marquis d'Argenson,dans ses Mmoires, l'intitule L'Aveugle clairvoyant. La Lettre se prsente comme une conver-sation entre le mathmaticien anglais aveugle Saunderson (auteur de The Elements ofalgebra, 1740), prsent sous son nom rel, et le pasteur G. Holmes. Diderot inventa desdtails biographiques, et les Anglais lui tinrent rancune de cette supercherie. L'article Aveugle dans l'Encyclopdie, crit par d'Alembert, s'inspire du texte de Diderot quifit encore des Additions cette Lettre dans la Correspondance littraire de mai 1782,troisime et dernire partie, T. 1.

    86. FICHE DE POLICE DE LA CHAPELLE, 20 juin 1750. B.N., Mss.,n.a.fr. 10781, fol. 86.

    Dans ses Institutions de Gomtrie (1746, t. II, p. 327), La Chapelle mentionne Saunder-son, mais se borne des considrations gnrales sur l'acuit des sens chez les aveugles,pourtant, signale sa fiche, il prtend que Diderot lui a pris la conversation de Saun-derson qui se trouve dans la Lettre sur les aveugles et qui est prcisment ce qu'il y a de plusfort sur la religion .

    87. PENSES RAISONNABLES opposes aux Penses philosophiques, avecun Essai de critique sur le livre intitul les Moeurs, et la Lettre deGervaise Holmes l'auteur de celle sur les aveugles. Par M. For-mey. Gottingue, 1756. In-8. B.N., Impr., 8 R. 26106.

    Formey serait aussi l'auteur de la lettre de Holmes. Il ragit violemment contrel'athisme de Diderot qui prtend qu'un aveugle-n ne peut prouver par les beautsde la nature l'existence de Dieu.

  • 18 DIDEROT

    88. LETTRE DE VOLTAIRE Diderot [9 juin 1749]. Minute autogr. Bibl. hist. de la Ville de Paris, Mss. Rs. 2027, fol. 138.

    Diderot avait envoy un exemplaire de la Lettre sur les aveugles Voltaire. Ce fut ledbut des relations pistolaires des deux philosophes. Tout en qualifiant le livre d' in-gnieux et profond , Voltaire ne partage pas les ides de Saunderson qui nie unDieu parce qu'il est n aveugle .

    Diderot rpondit ds le 11 juin : Le moment o j'ai reu votre lettre a t un desmoments les plus doux de ma vie... Le sentiment de Saunderson n'est pas plus monsentiment que le vtre ; mais ce pourroit bien tre parce que je vois... (Corr. gn., I, p.75-76.)

    89. MMOIRES DE L'ACADMIE ROYALE DE CHIRURGIE. Tome second.Paris, 1753. Planche grave par Ingram. B.N., 4 T 46. 5.

    Le 13 avril 1752 l'oculiste Daviel lut un mmoire qui renouvelait totalement la tech-nique de l'opration de la cataracte. Sa mthode est encore peu prs celle utiliseaujourd'hui.

    90. ALLGORIE SUR L'OCULISTE JACQUES DAVIEL. Gravure de Le Mired'aprs de Voge. 1760. B.N., Est., N 2.

    Plus de trente ans aprs la Lettre sur les Aveugles, Diderot revenait sur ce sujet lalumire des nouvelles expriences : Qui est-ce qui n'a pas connu ou entendu parlerdu fameux Daviel ?... La bienfaisance de Daviel conduisoit, de toutes les provincesdu royaume dans son laboratoire des malades indigents qui venoient implorer sonsecours. (Addition la Lettre sur les Aveugles, 1782.)

    Cette allgorie reprsente l'Invention, la Pratique et la Renomme conduisantJacques Daviel vers le temple de Mmoire.

    Franois de Voge avait t guri de la cataracte par Daviel et ce fut un mouvantsentiment de reconnaissance qui le poussa dessiner cette composition. Il devaitfonder en 1765 l'cole des beaux arts de Dijon et devenir le matre de Prud'hon.

    91. PLANCHE XXIV DU TOME III DES PLANCHES DE L'ENCYCLOPDIE.Gravure de Prvost. Coll. du Dr. Vetter.

    Les figures 4 et 5 reprsentent l'ancienne mthode pour oprer la cataracte. Lechirurgien Antoine Louis, qui fit l'article cataracte, y expose impartialement la nou-velle thorie, celle de Daviel, mais dcrit l'ancienne mthode d'intervention.

    Diderot put constater que Daviel lui-mme revenait parfois l'ancienne mthodepar abaissement du cristallin (Addition la Lettre sur les Aveugles).

    92. TROUSSE D'INSTRUMENTS DE MDECIN OCULISTE DU XVIIIe SICLE. Muse de la Facult de Mdecine de Paris.

    On peut reconnatre plusieurs des diffrents instruments figurs sur les gravures.Cette trousse est semblable celle mme de Daviel qui est encore conserve dansune collection particulire de Barcelone.

  • IMPRUDENCES ET MESAVENTURES 19

    93. VUE DU CHTEAU DE VINCENNES. Gravure par Rigaud. B.N.,Est., Va. 211.

    Du 24 juillet au 3 novembre 1749 Diderot est enferm Vincennes, d'abord dansle vieux Donjon, ensuite dans le palais du gouverneur, au nord de la Sainte-Chapelle.

    94. LETTRE DE CACHET DU ROI au marquis F. Bernard du Chastellet,gouverneur du chteau de Vincennes, Compigne, 23 juillet 1749. Arch. Dp. de la Seine, D3, Az. 12, fol. 70.

    Pourquoi l'ordre fut-il donn d'incarcrer Diderot Vincennes ? Mme, s'il ne fautpas accorder de crdit la lgende rpandue par Mme de Vandeul d'une interventionde Mme Dupr de Saint-Maur, amie du comte d'Argenson, soi-disant vise par unephrase de la Lettre sur les aveugles, il est certain que c'est ce dernier ouvrage queDiderot dut son arrestation comme le prouve le billet suivant.

    95. BILLET DU COMTE D'ARGENSON au lieutenant de police Berryer,22 juillet 1749. B.N., Mss., n.a.fr. 1311, fol. 3.

    Mr. Berryer. Donner ordre pour faire mettre Vincennes le Sr. Diderot, auteurdu livre de l'aveugle. Berryer a ajout en dessous : Saisir ses papiers. L'interrogersur le champ sur ce livre, les Penses philosophiques, les Bijoux indiscrets, l'Alle des ides,l'Oiseau blanc, conte bleu.

    Deux jours plus tard, Mich de Rochebrune, commissaire au chtelet de Paris, setransporta avec le sieur d'Hmery, lieutenant de robe courte, la vieille Estrapade .

    96. PROCS-VERBAL DE PERQUISITION CHEZ DIDEROT, de Mich deRochebrune, commissaire au Chtelet, 24 juillet 1749. Bibl.de l'Arsenal, Arch. de la Bastille 11671, fol. 2-3.

    Rochebrune et d'Hmery ne trouvrent que des manuscrits concernant le Diction-naire de Chambers ... et deux brochures intitules : Lettres sur les aveugles l'usage deceux qui voient . Aprs la visite, raconte Mme de Vandeul, le commissaire tira de sapoche un ordre de l'arrter [Diderot] et de le conduire Vincennes. Mon pre, sansse troubler le pria de lui donner le temps d'en prvenir sa femme, il passa chez mamre, elle habillait et caressait son fils. Jamais il ne put se rsoudre l'affliger, il luidit qu'il sortait pour quelques affaires relatives l'Encyclopdie... (A. T. I, XLIII.)

    97. PROCS-VERBAL DE L'INTERROGATOIRE DU LIBRAIRE DURAND,Ier aot 1749. B.N., Mss., n.a.fr. 1311, fol. 10.

    Lors d'un interrogatoire de Berryer, le 31 juillet, Diderot nia tre l'auteur de laLettre sur les aveugles, des Penses philosophiques, des Bijoux enchants (sic) et de l'Oiseaublanc, et prtendit avoir brl le manuscrit du Sceptique ou l'alle des ides . Le lieute-nant de police se rendit alors chez le libraire Durand qui reconnut avoir reu en leurtemps des mains de Diderot les manuscrits des Penses philosophiques, des Bijoux indiscretset de la Lettre sur les aveugles.

  • 20 DIDEROT

    98. LETTRE DE DIDEROT au lieutenant de police Berryer, 13 aot 1749. B.N., Mss., n.a.fr. 1311, fol. 18-19.

    Le corps... puis, l'esprit abattu, l'me pntre de douleurs Diderot se dcideenfin avouer que les Penses, les Bijoux et la Lettre sur les aveugles, sont des intemp-rances d'esprit qui [lui] ont chapp . Trois jours plus tt, comptant sur l'action deslibraires associs et de ses relations influentes, il s'tait born livrer Berryer maintsdtails prcieux sur son existence tourmente de littrateur, dans une longue lettreo il se gardait bien de mentionner les ouvrages qui l'avaient conduit Vincennes.

    Cette fois sa franchise va mme jusqu' la dlation : ... rien ne vous sera cel, jedposerai de vive voix dans le fond de votre coeur les noms et des libraires et des impri-meurs, je m'engage mme leur annoncer, si vous l'exigez, qu'ils vous sont connus,afin qu'ils soient l'avenir aussi sages que j'ai rsolu de l'tre. (Corr. gn., I, p. 86-88.)

    99. ENGAGEMENT PRIS PAR DIDEROT de ne pas quitter l'enceinte duchteau, 21 aot 1749. B.N., Mss., n.a.fr. 1311, fol. 20.

    Dsormais libre de circuler dans l'enceinte du chteau, Diderot reut la visite desa femme, de ses amis (dont Rousseau) et de Mme de Puisieux. Mme de Vandeul situeleur rupture cette poque et prtend que son pre, la souponnant d'infidlit passapar dessus les murs du parc pour aller Champigny la surprendre avec son nouvelamant, revint, coucha dans le parc, et s'en fut le lendemain matin prvenir Mr. duChtelet de son quipe (A. T., I, XLV).

    100. LETTRE DE DIDIER DIDEROT son fils, Langres, 3 septembre 1749. Arch. Dp. de la Haute-Marne, II E 3, pice 2.

    Denis avait envoy deux lettres (perdues) son pre pour l'informer de sa dtentionet lui demander de l'argent.

    Dans l rponse du vieux coutelier, se lit toute sa tendresse pour ce fils qu'il blmede sa conduite, mais qu'il espre toujours ramener des sentiments chrtiens : Donnezau public quelque production chrtienne de votre faon qui puisse dmentir cetteplume de tout ce qu'on peut penser de contraire sur votre compte, je veux dire sur votrefaon de penser.

    101. JEAN-JACQUES ROUSSEAU A LA BARRIRE DU TRNE, devant leDonjon de Vincennes. Gravure anonyme. B.N., Est., N 2.

    En octobre 1749, Rousseau lit le sujet de concours de l'Acadmie de Dijon en allantvoir Diderot Vincennes. Selon Rousseau, une inspiration subite lui fit trouver son idematresse : tous les malheurs de l'humanit lui sont venus de la civilisation. Mais, selonMarmontel et Morellet, ce fut Diderot qui lui en suggra l'ide.

    Les deux philosophes avaient form le projet de raliser ensemble une feuille inti-tule Le Persifleur. Il n'y eut qu'un numro en 1749.

    102. [APOLOGIE DE SOCRATE.] Copie. B.N., Mss., n.a.fr. 24937,fol. 66-84.

    Mme de Vandeul et J.-A. Naigeon dans leurs Mmoires sur la vie de Diderot observenttous deux qu'il annota en prison un volume de Milton. Mme de Vandeul spcifie

  • IMPRUDENCES ET MSAVENTURES 21

    qu'il s'agissait de rflexions sur sa position et de notes sur Le Paradis perdu (A. T., I,XLIV). Naigeon parle d'une traduction sa manire de l'Apologie de Socrate parPlaton, morceau qu'il destinait pour l'Encyclopdie, l'article Philosophie Socratique (1821, p. 133, n 1). Naigeon a eu entre les mains le manuscrit autographe, aujour-d'hui disparu. Sur deux autres copies du fonds Vandeul, il est ajout que Diderotfit cette traduction de mmoire . Contentons-nous de penser avec Mr. Dieckmannque si c'est vraiment Vincennes que Diderot fit cette traduction, on peut direque son ducation humaniste ne l'a pas abandonn dans l'adversit . (Inv., p. 116.)

    103. NOTE DE POLICE SUR DIDEROT aprs la dtention. B.N., Mss.,n.a.fr. 10781, fol. 147.

    Les nombreuses ptitions que continurent adresser Diderot et ses amis aux auto-rits aboutirent enfin. Diderot fut relch le 3 novembre, aprs cent deux jours deprison.

    Cette fiche signaltique, que laissait tout prisonnier dans les archives de la police,rsume les phases de la dtention. Les Moeurs, livre de Toussaint, et L'Oiseau blanc, contebleu, lui sont encore attribus, malgr ses dngations.

    104. LA BIGARURE, ou Meslange curieux... de nouvelles, de critique, demorale... d'vnements singuliers et extraordinaires... La Haye,I749-I753. In-12. B.N., Impr., Z. 24545-24554.

    Le n 8 de dcembre 1751, contient la relation d'une scne fort pittoresque. Mme dePuisieux vient provoquer chez elle Mme Diderot, les deux femmes se battent, on leurjette des seaux d'eau pour les sparer. Le spirituel conteur de cette bagarre affirmeque les relations de Diderot avec Mme de Puisieux furent d'ordre littraire bien plusque sentimental et il montre l'pouse Diderot comme une vraie Xanthippe ; en celail annonce le jugement port sur Antoinette Champion par Rousseau dans ses Confes-sions. Diderot avait une Nanette ainsi que j'avais une Thrse... Mais la diffrencetait que ma Thrse aussi bien de figure que sa Nanette, avait une humeur douce...au lieu que la sienne, pie-griche et harengre, ne montrait rien aux yeux des autresqui pt racheter la mauvaise ducation. Mme de Vandeul reconnut elle-mme : Le caractre de ma Mre devint triste, son humeur moins douce.

    105. AUTORISATION POUR L'IMPRESSION DE LA LETTRE SUR LES SOURDS ETMUETS, du censeur Louis-Anne de La Virotte, 12 janvier 1751. B.N., Mss., fr. 22138, fol. 21.

    106. LETTRE SUR LES SOURDS ET MUETS, l'usage de ceux qui entendentet qui parlent, adresse M***. Additions pour servir d'clair-cissemens quelques endroits de la Lettre sur les sourds et muets. (S.l.) 1751. In-12, pl. gr. par Le Mire, d'aprs Eisen. B.N.,Impr., Rs. X. 1915-1916.

    Diderot tudie l'origine du langage. Il rpond l'ouvrage de l'abb Batteux : LesBeaux-Arts rduits un mme principe, par un persiflage sur la belle nature chre l'auteur. Une critique pertinente de l'oeuvre de Diderot parut dans la Bibliothqueimpartiale, mai-juin 1751.

  • 22 DIDEROT

    107. MTHODE POUR APPRENDRE A DEVINER LES PASSIONS, Suite de gra-vures d'aprs Le Brun. Amsterdam, 1702. Phot. B.N., Est.,Kc. 20.

    L'ouvrage de Le Brun dont voici les illustrations tait emprunt par Diderot laBibliothque du Roi le 25 janvier 1748.

    Les expressions du visage ont toujours passionn Diderot. Dans la Lettre sur les sourdset muets, Diderot raconte sa curieuse faon d'assister aux pices de thtre : Aussittque la toile toit leve..., moi je mettois mes doigts dans mes oreilles... Je me tenoisainsi opinitrement les oreilles bouches, tant que l'action et le jeu de l'acteur meparoissoient d'accord avec le discours que je me rappelois... Ah ! monsieur, qu'il y apeu de comdiens en tat de sant sur une pareille preuve.

    108. LES EXPRESSIONS DES PASSIONS DE L'AME, suite de gravures parAudran d'aprs Le Brun. Paris, 1727. Phot. B.N., Est., Kc. 21.

    L'observation de l'expression des passions se retrouve partout dans l'oeuvre deDiderot, dans Le Neveu de Rameau, dans La Religieuse, dans le thtre, et dans l'Essai surla peinture : Relevez seulement un des coins de la bouche, l'expression devient ironique...Remettez la bouche dans son premier tat et relevez les sourcils, le caractre devientorgueilleux... Un passage semblable se trouve dans la lettre Sophie Volland du2 septembre 1762. Les dessins de Le Brun ont t copis aussi une fois de plus dansl'Encyclopdie (pl. III, 24, 25 et 26).

    109. LETTRE DE DIDEROT au Pre Castel, 2 juillet 1751. B.N., Mss.,fr. 12763, fol. 222-223.

    Cette lettre montre bien la vritable polmique que soulevait chacun des crits phi-losophiques de Diderot. Le Pre Castel prit le parti du philosophe dans le dbat quil'opposa au Pre Berthier propos d'un passage de la Lettre sur les sourds et muets.

    110. PENSES SUR L'INTERPRTATION de la nature. (S.l.,) 1754.In-12. B.N., Impr., R. 14208.

    On a cru longtemps qu'il s'agissait l de l'dition originale, mais il existe une ditionrarissime de 1753, intitule De l'Interprtation de la nature. Dans la Pense LVIII,Diderot a l'intuition gniale de l'atome. Il rejette la thse de Buffon qui tablit unesparation entre le monde organique et inorganique et il repousse la thorie de Mau-pertuis sur la molcule doue de raison et de mmoire. Lui, dveloppe sa conceptionde la chane des tres (transformisme avant la lettre) et parle de la sensibilit,proprit essentielle de la matire, ides annonces dj dans l'article Animal del'Encyclopdie (cf. n 134).

  • III

    L'ENCYCLOPDIE

    Peu d'entreprises littraires connurent une histoire marque par tant de vicissi-tudes que celle de l'Encyclopdie. Malgr de multiples traverses, ses promoteursparvinrent cependant donner corps leurs ambitieux projets. Diderot qui ency-clopdisa comme un forcat vingt-cinq ans durant, ne se laissa arrter par aucunobstacle. Ni l'abandon des plus minents de ses collaborateurs, ni la trahisonde ses diteurs ne le dcouragrent. Son labeur opinitre, son optimisme, sa tnacitvinrent bout de toutes les difficults, grce l'appui efficace il faut le souli-gner de Malesherbes et de Sartine.

    I. LE SUCCS D'UNE GRANDE ENTREPRISE

    III. MMOIRE pour Andr-Franois Le Breton, libraire et imprimeurordinaire du Roi, intim, appelant et demandeur, contre le sieurJean Mills, se disant gentilhomme anglois, appelant, intim etdfendeur. Paris, 1745. In-4. B.N., Impr., 4 Fm. 18251.

    Le sieur Jean Mills, commis du banquier Lambert, et collaborateur de GodefroySellius, avait conclu avec Lebreton un contrat pour la publication de la Cyclopaedia deChambers. A la suite de msentente entre libraire et collaborateurs, Le Breton obtientdu Conseil d'tat l'annulation du trait, et confie la direction scientifique de l'oeuvre l'abb Jean-Paul de Gua de Malves. Ce trait est sign le 27 juin 1746, par devantd'Alembert et Diderot, appels comme tmoins.

    112. LIVRE DES DLIBRATIONS des sieurs Le Breton, David l'aisn,Durand et Briasson, libraires Paris, intresss dans l'impressiondu Dictionnaire des arts et sciences de Chambers et Harris, traduit enfranois (1745-1752). Arch. nat., U. 1051.

    En date du 19 octobre 1747 : Ce jour-l la Compagnie assemble a reconnu avoirtrait le 16 du courant avec MM. d'Alembert et Diderot pour remplacer en qualit

  • 24 DIDEROT

    d'diteur M. l'abb de Gua... Jusqu'en 1765, Diderot va tre dsormais complte-ment absorb par l'immense travail encyclopdique.

    Ce livre se trouve plac tte bche avec le Livre de dpense et recette des librairesassocis (1744-1768).

    113. LETTRE DES LIBRAIRES ASSOCIS au lieutenant de police Berryer,28 juillet 1749. B.N., Mss., n.a.fr. 1311, fol. 8.

    La nouvelle de l'arrestation de Diderot inquita vivement les libraires-diteurs del'Encyclopdie. Ils entreprirent aussitt des dmarches en faveur de son ellargissement tant auprs du comte d'Argenson et du chancelier d'Aguessau que du lieutenant depolice Berryer.

    Il est le centre o doivent aboutir toutes les parties de l'Encyclopdie, sa dtentionen suspend toutes les oprations et entranent ncessairement notre ruine, pour peuqu'elle soit longue...

    114. REGISTRE DES LIVRES PRESTES [par la Bibliothque du Roi] depuiset compris l'anne 1727 jusqu' prsent [1748]. B.N., Impr.,Prt 5.

    On est frapp par la varit des volumes emprunts par Diderot, tout l'intresse :architecture, musique, peinture, philosophie, dmonologie, magie. Sur les registres deprt des annes 1748-1751, la mme curiosit d'esprit apparat.

    115. DIPLME DE MEMBRE DE L'ACADMIE DE BERLIN accord Diderotle 4 mars 1751. B.N., Mss., n.a.fr. 24941, fol. 22.

    Diderot et d'Alembert furent nomms membres de l'Acadmie de Berlin, en tantque directeurs de l'Encyclopdie, avant mme que le tome I ne part. Ils purent ainsi

    faire figurer cette distinction ct de leur nom sur la page du titre de ce premiertome. Diderot en tait trs fier et demandait ses correspondants de bien le mentionnersur l'adresse de leur lettre.

    Le diplme porte la signature de Formey, secrtaire perptuel de l'Acadmie, queDiderot remerciera ds le 5 mars (Corr. gn., I, p. 113).

    116. ENCYCLOPDIE, ou Dictionnaire raisonn des sciences, des arts etdes mtiers, recueilli des meilleurs auteurs et particulirementdes dictionnaires anglois de Chambers, d'Harris, de Dyche, etc..par une socit de gens de lettres, mis en ordre et publi parM. Diderot ; et quant la partie mathmatique, par M. d'Alem-bert... Dix volumes in-folio, dont deux de planches en taille-douce,

    proposs par souscription. Paris, Briasson, David, Le Breton,Durand, 1751. In-fol. B.N., Impr., Rs. g.Q. 120.

    Ce prospectus, rdig par Diderot, contient le Tableau du Systme figur desconnaissances humaines .

  • L'ENCYCLOPEDIE 25

    La clture des souscriptions est fixe au Ier mai 1751. Soixante livres doivent treverses en souscrivant, trente-six livres en recevant le premier volume, annonc pourjuin 1751. En tout deux cent quatre-vingts livres. L'ouvrage devait tre achev endcembre 1754. En fait, l'Encyclopdie comprit trente-cinq volumes et Diderot y consacravingt-cinq ans de sa vie (1747-1772).

    117. ENCYCLOPDIE, ou Dictionnaire raisonn des sciences, des artset des mtiers, par une socit de gens de lettres... Paris, 1751-1780. 35 vol. in-fol., rel. maroquin rouge signe Lemonnier, auxarmes royales. B.N., Mss., Coll. Rothschild.

    L'ouvrage se subdivise en deux parties :

    I. Dix-sept volumes de texte et onze volumes de planches, imprims par Le Breton etpublis par lui et ses associs de 1751 1772, sous la direction de Diderot.

    II. Quatre volumes de texte et un volume de planches formant supplment et deuxvolumes de table gnrale, publis de 1776 1780 par le libraire Panckoucke et sesassocis, sans la participation de Diderot.

    118. FRONTISPICE DE L'ENCYCLOPDIE. Gravure de B.-.L. Prvostd'aprs Ch.-N. Cochin le fils. 1772. B.N., Est., AA 3. Pl. der-nire page de couverture.

    Ce frontispice fut ajout au tome I. Diderot le dcrit avec enthousiasme dans leSalon de 1765.

    On lit dans l'explication : Sous un temple d'architecture ionique, sanctuaire de laVrit, on voit la Vrit, enveloppe d'un voile et rayonnante d'une lumire qui carteles nuages et les disperse. (Encyclopdie, t. I.)

    L'architecture, personnifie au centre de la composition et en particulier l'ordreionique, ont une signification symbolique chez les Francs-Maons. (L.-P. May, Notesur les origines maonniques de l'Encyclopdie, dans La Revue de Synthse, juin 1939.)

    119. LETTRE de M. Diderot au R. P. Berthier, jsuite. (S.l.,) 1751.In-8. B.N., Impr., Z. 11855 (1).

    Dans les Mmoires de Trvoux, janvier 1751, deuxime volume, le P. Berthier, l'articleEncyclopdie, dclare que l'explication dtaille du systme des connaissances humainesressemble trop l'arbre de Bacon. L'a rponse de Diderot fut cinglante (janvier 1751).Le P. Berthier l'insra dans les Mmoires de Trvoux et y rpondit en fvrier 1751. Ladeuxime lettre de Diderot au P. Berthier est du 2 fvrier 1751 (B.N., Impr.,Z. 11855 (2) ). On admire l'esprit de Diderot jusque dans le choix des citations enexergue : Paete, non dolet. Perge, sequar !

    Le P. Berthier eut toujours la loyaut de louer les articles techniques mais dnonales plagiats et les emprunts au Dictionnaire de Trvoux.

    120. GUILLAUME-FRANOIS BERTHIER, pre jsuite. Gravure de Rousseletd'aprs Malbel. B.N., Est., N 2.

  • 26 DIDEROT

    121. LETTRE DE M***, l'un des XXIV, M. Diderot, Directeur de laManufacture encyclopdique. (S.l.,) 14 fvrier 1751. In-8. Bibl. Mazarine 41774.

    La polmique du Pre Berthier et de Diderot suscita bon nombre de pamphletscontre ce dernier. Le partisan du Pre Berthier ironise son tour sur le ton badinadopt par Diderot dans ses lettres (Corr. gn., II, p. 265).

    122. LETTRE D'UN SOUSCRIPTEUR pour le Dictionnaire encyclopdique, Diderot. (S.L, fvrier 1751.) In-8. Bibl. Mazarine 41774.

    ... Il ne s'agit point d'exercer votre critique sur les Mmoires de Trvoux ; l'extraitde votre Prospectus doit tre votre principal objet : pourquoi vous en carter ? On serappelle que vous avez autrefois jou l'aveugle : vous faites aujourd'hui le personnagede sourd : ne serez-vous point oblig de faire bientt celui de muet ? (Corr. gn., I,p. 263.)

    123. LETTRE DE DIDEROT au chevalier Louis de Jaucourt, 20 septembre1751. Bibl. Victor Cousin, Mss. 5, pice 9.

    Cette lettre de remerciements de Diderot pour les articles Anatomie et Bysse que luiavait envoys Jaucourt marque les dbuts de la collaboration du chevalier l'Encyclo-pdie. L'article Anatomie qui paratra sera celui de Pierre Tarin, mais bientt Jaucourtdeviendra un des piliers de l'entreprise : Cet homme est depuis six sept ans aucentre de six sept secrtaires, lisant, dictant, travaillant treize quatorze heures parjour, et cette position l ne l'a pas encore ennuy , crit Diderot Sophie Volland le10 novembre 1760, et encore, le 25 novembre : Ne craignez pas qu'il s'ennuie demoudre des articles, Dieu le fit pour cela. (Corr. gn., III, p. 248 et 265.)

    124. AUTORISATION D'IMPRESSION DU TOME I DE L'ENCYCLOPDIE ducenseur Joseph-Marie-Franois de Lassone, 24 juin 1751. B.N.,Mss., n.a.fr. 3345, fol. 144.

    Lassone donna son approbation pour le second tome, le Ier janvier 1752, par unelettre aussi logieuse : A mesure que les matriaux se rassemblent, il se forme ungrand difice, o l'on voit se dvelopper avec autant de mthode que d'utilit lesdiffrents thrsors que l'esprit humain s'est acquis par ses recherches.

    125. JRUSALEM COELESTI, quaestio theologica : Quis est ille cujus infaciem Deus inspiravit spiraculum vitae ? Gen., cap. 2.V.7. [Thesisquam tueri conabitur Joannes Martinus de Prades, die 18. novem-bris, anno 1751.] Paris, 1752. B.N., Impr., D. 9347.

    On a dit que Diderot tait l'auteur de cette thse; il aurait tout au moins fournicinq six positions sur les neuf de la thse, tant excellent thologien et sachant peut-tre l'hbreu.

    Cet ouvrage fit scandale, fut censur par la Facult de Paris, condamn par l'arche-vque de Paris, Christophe de Beaumont, le 28 janvier 1752, puis par les archevquesde Montauban et d'Auxerre. De Prades dut fuir en Hollande, puis il devint lecteurdu roi de Prusse. En 1754, il fit rtractation solennelle de sa thse. Il mourut en Silsieen 1782.

  • L'ENCYCLOPDIE 27

    126. APOLOGIE de M. l'abb de Prades. Amsterdam (Berlin), 1752.Trois parties en 1 vol. in-8. B.N., Impr., Z. Beuchot 1879.

    Les deux premires parties sont dues des amis de Prades et l'abb Yvon. Latroisime partie seule est de Diderot, elle a pour titre : Suite de l'Apologie de M. l'abb dePrades, ou Rponse l'instruction pastorale de M. l'vque d'Auxerre...

    Le R. P. Brotier, jsuite, dans un Examen de l'Apologie, en 1753, s'adresse en ces termes l'abb de Prades : Vos loges du thisme sont emprunts d'un auteur [Diderot]qui fait servir les plus heureux talents la ruine de la religion .

    127. CONFRONTATION DE LA THSE DE L'ABB DE PRADES et du Discoursprliminaire de l'Encyclopdie. Copie. B.N., Mss., Fds. Joly deFleury, 292, fol. 327-330.

    Dans la troisime partie de l'Apologie de l'abb de Prades, Diderot dclare au nom del'abb : Cette troisime partie est autant la dfense du Discours prliminaire de l'Ency-clopdie, que la dfense de ma thse.

    Une consquence inattendue de l'Affaire de l'abb de Prades sera la dislocation del'quipe des abbs chargs des articles de philosophie de l'Encyclopdie, dont Diderotprendra la relve.

    128. LETTRE DE DIDEROT Charles Marie de La Condamine, 16 dcem-bre 1752. Nantes, Bibliothque municipale, Ms. 674, pice 86.

    Deux nouveaux libelles en faveur de l'abb de Prades parurent la suite de la cen-sure de sa thse : ils taient l'oeuvre de Voltaire. Diderot s'adressa La Condaminepour se les procurer.

    Adjoint-chimiste de l'Acadmie des Sciences, explorateur et membre de l'Acadmiefranaise, La Condamine participa l'Encyclopdie sans jamais se lier intimement avecle philosophe. Le ton de la lettre de Diderot, habituellement si familier avec ses cor-respondants, dnote bien la diffrence de niveau social avec celui dont il dira : Je nesaurai m'accommoder de ces gens stricts. Ils ressemblent ces cureuils du quai deLa Ferraille qui font sans cesse tourner leur cage. (Corr. gn., t. IV, p. 88.)

    129. ARREST du Conseil d'tat du Roy, qui ordonne que les deuxpremiers volumes de l'ouvrage intitul, Encyclopdie ou Dictionnaireraisonn des Sciences, Arts et Mtiers, par une socit de gens delettres, seront et demeureront supprims, du 7 fvrier 1752. Paris, 1752. 1 fol. in-4. B.N., Impr., F. 23662 (369).

    Sa Majest a reconnu que dans ces deux volumes, on a affect d'insrer plusieursmaximes tendant dtruire l'autorit royale... lever les fondements de l'erreur, de lacorruption des moeurs, d