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Agriculture et développement rural Culture et éducation Développement régional Transport et tourisme DIRECTION GENERALE DES POLITIQUES INTERNES DÉPARTEMENT THÉMATIQUE POLITIQUES STRUCTURELLES ET DE COHÉSION B Pêche

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Agriculture et développement rural

Culture et éducation

Pêche

Développement régional

Transport et tourisme

DIRECTION GENERALE DES POLITIQUES INTERNES

Département thématique politiques structurelles et De cohésion

RôleLes Départements thématiques sont des unités de recherche qui fournissent des conseils spécialisés aux commissions, délégations interparlementaires et autres organes parlementaires.

DomainesAgriculture et développement ruralCulture et éducationPêcheDéveloppement régionalTransport et tourisme

DocumentsVisitez le site web du Parlement européen: http://www.europarl.europa.eu/studies

B Département thématiquepolitiques structurelles et De cohésion

Source photo: iStock International Inc., photodisk, phovoir

B DIRECTION GENERALE DES POLITIQUES INTERNES

Transport et tourisme

Développement régional

Pêche

Culture et éducation

Agriculture et développement rural

DIRECTION GENERALE DES POLITIQUES INTERNES DE L’UNION

DÉPARTEMENT THÉMATIQUE B : POLITIQUES STRUCTURELLES ET DE COHÉSION

PÊCHE

LA PÊCHE AU PAYS BASQUE

NOTE

Le présent document a été demandé par la commission de la pêche du Parlement européen. AUTEUR Jesús Iborra Martín Département thématique B:Politiques structurelles et de cohésion Parlement européen E-mail: [email protected] VERSIONS LINGUISTIQUES Original: ES. Traductions: DE, EN, FR, IT, PT. À PROPOS DE L’ÉDITEUR Pour contacter le département thématique ou s’abonner à sa lettre d’information mensuelle, veuillez écrire à l’adresse suivante: [email protected] Manuscrit achevé en janvier 2010. Bruxelles, © Parlement européen, 2010 Ce document est disponible sur internet à l’adresse suivante: http://www.europarl.europa.eu/studies CLAUSE DE NON RESPONSABILITÉ Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle du Parlement européen. Reproduction et traduction autorisées, sauf à des fins commerciales, moyennant mention de la source, information préalable de l’éditeur et transmission d’un exemplaire à celui-ci.

DIRECTION GENERALE DES POLITIQUES INTERNES DE L’UNION

DÉPARTEMENT THÉMATIQUE B : POLITIQUES STRUCTURELLES ET DE COHÉSION

PÊCHE

LA PÊCHE AU PAYS BASQUE

NOTE

Résumé: Note d’information pour la délégation de la commission de la pêche du Parlement européen en visite dans la Communauté autonome du Pays basque (Espagne) entre le 15 et le 17 février 2010. Cette note décrit la flotte de pêche du Pays basque, ses pêcheries et ses ports de pêche. Elle décrit également le secteur de l’aquaculture, celui de l’industrie de la transformation et de la commercialisation des produits de la pêche, et la recherche dans le domaine de la pêche et des environnements marins et côtiers.

IP/B/PECH/NT/2010-01 Janvier 2010

PE 431.583 FR

La pêche au Pays basque

SOMMAIRE

ABRÉVIATIONS 5 

LISTE DES TABLEAUX 7 

LISTE DES GRAPHIQUES 7 

LISTE DES CARTES 8 

LISTE DES ENCADRÉS 8 

SYNTHÈSE 9 

1.  CADRE GÉOGRAPHIQUE 13 

1.1.  Organisation politique et administrative 13 

1.2.  Milieu physique, fonds marins et hydrographie 15 

2.  FLOTTE DE PÊCHE 17 

2.1.  Flotte côtière 20 

2.2.  Flotte hauturière au frais 21 

2.3.  Flotte morutière 22 

2.4.  Flotte de thoniers congélateurs 23 

3.  PORTS DE PÊCHE 25 

4.  PÊCHERIES 31 

4.1.  Espèces pélagiques 31 

4.2.  Espèces démersales 32 

4.3.  Thonidés 34 

5.  AQUACULTURE 37 

6.  COMMERCIALISATION 39 

7.  INDUSTRIE DE LA TRANSFORMATION 41 

8.  ASSOCIATIONS 43 

9.  RECHERCHE 45 

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

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La pêche au Pays basque

ABRÉVIATIONS

ANFACO Asociación Nacional de Fabricantes de Conservas de Pescados y Mariscos [Association nationale des fabricants de conserves de poissons, de crustacés et de mollusques]

ARBAC Asociación de Empresas de Pesca de Bacalao, Especies Afines y Asociadas [Association des entreprises de pêche à la morue, espèces analogues et associées]

CAPV Communauté autonome du Pays basque

CICTA Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique

CIEM Conseil international pour l’exploration de la mer

DCP Dispositifs concentrateurs de poissons

IFOP Instrument financier d’orientation de la pêche

MARM Ministère de l’environnement et du milieu rural et marin

OCM Organisation commune du marché

OP Organisation de producteurs

OPAGAC Organización de Productores Asociados de Grandes Atuneros Congeladores [Organisation des producteurs associés de grands thoniers congélateurs]

OPANO Organisation des pêches de l’Atlantique du Nord-ouest

OPEGUI Organización de Productores de Pesca de Bajura de Guipuzcoa [Organisation des producteurs de pêche côtière de Guipuzcoa]

OPESCAYA Organización de Productores de Pesca de Bajura de Vizcaya [Organisation des producteurs de pêche côtière de Biscaye]

OPPAO Organización de Productores de Pesca de Altura del Puerto de Ondárroa [Organisation des producteurs de pêche hauturière du port d’Ondárroa]

OPTUC Organisation des producteurs de thon congelé

PIB Produit intérieur brut

PYSBE Pesquerías y Secaderos de Bacalao de España [Pêcheries et séchoirs de morues d’Espagne]

POP Programme d’orientation pluriannuel

SIP Service d’inspection de la pêche

ZEE Zones économiques exclusives

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

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La pêche au Pays basque

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Communes les plus peuplées 14

Tableau 2: Distribution de la flotte de pêche basque par segment. 2008 18 Tableau 3: Distribution de la flotte enregistrée par port. 2010 26

Tableau 4: Distribution par port des débarquements de la pêche côtière. Moyenne 2003-2008 27

Tableau 5: Entreprises productrices d’aquaculture 37 Tableau 6: Principaux indicateurs de l’industrie de transformation du poisson

au Pays basque. 2007 41 Tableau 7: Organisations des producteurs de pêche situées au Pays basque 43

LISTE DES GRAPHIQUES Graphique 1: Distribution de la flotte de pêche basque par segment. 2008 17 Graphique 2: Évolution du nombre de navires par segment de flotte.

1995=100 19

Graphique 3: Évolution de la flotte de pêche basque 20 Graphique 4: Évolution du tonnage des navires enregistrés dans les principaux

ports 27

Graphique 5: Pêche côtière. Débarquements d’espèces pélagiques 32 Graphique 6: Pêche côtière. Débarquements de merlus 33

Graphique 7: Pêche côtière. Débarquements de thonidés 34

Graphique 8: Production de l’aquaculture au Pays basque 38

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LISTE DES CARTES Carte 1: Situation géographique de la Communauté autonome du Pays basque 13

Carte 2: Provinces et comarques du Pays basque 14 Carte 3: Orographie du Pays basque 15

Carte 4: Relief terrestre et océanique 16

Carte 5: Principaux ports de pêche 25

LISTE DES ENCADRÉS Encadré 1: La piraterie dans l’Océan indien 23

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La pêche au Pays basque

SYNTHÈSE Objet La présente note d’information a été rédigée à titre informatif pour les membres de la commission de la Pêche du Parlement européen participant à la délégation en visite dans la Communauté autonome du Pays basque (Espagne) entre les 15 et 17 février 2010. Introduction Le Pays basque est, après la Galice, la seconde communauté autonome espagnole en importance en ce qui concerne le secteur de la pêche et l’industrie de la transformation des produits de la pêche. Pourtant, la pêche représente moins de 1 % du PIB et de l’emploi dans la Communauté autonome du Pays basque (CAPV). L’activité halieutique se concentre en revanche dans certaines zones où elle peut parfois représenter 7 % du PIB et 20 % de l’emploi, chaque emploi en mer générant un peu plus de quatre emplois au total. On compte plus de 2 500 emplois à bord des navires de pêche, environ 2 000 dans l’industrie de transformation et quelque 1500 dans la commercialisation des produits de la pêche. Le secteur de la pêche basque, tout comme l’ensemble de l’activité de la pêche européenne, traverse une crise majeure qui a débuté dans la seconde moitié du XXe siècle. Cependant, les obstacles auxquels il a dû faire face et les stratégies pour les surmonter lui sont à la fois propres et spécifiques. Les causes de ces particularités sont assez variées et leur nature répond à des raisons historiques, structurelles et conjoncturelles. Pour comprendre la situation actuelle, il convient d’adopter une perspective historique, en prenant comme point de départ la politique de construction massive de navires dans les années 60 et au début des années 70. À ceci s’ajoute l’érosion progressive des ressources halieutiques et la limitation de l’accès aux zones traditionnelles de la flotte basque, à quoi viennent encore s’ajouter différentes vagues de crises économiques. Ces problèmes ont de surcroît été aggravés par les problèmes de commercialisation tels que les déséquilibres entre l’offre et la demande sur le marché du saumurage et des produits congelés ou les méthodes d’adjudication, qui mettent l’offre en position de faiblesse. Dernièrement, la concentration de la distribution dans les grandes surfaces et la concurrence de la production des pays tiers, qu’il s’agisse de poisson capturé en mer ou de poisson d’aquaculture,, l’accroissement des prix des carburants et la réduction du pouvoir d’achat, à la suite de la crise économique, ont introduit de nouveaux facteurs d’instabilité dans l’économie de la pêche. Dans le contexte actuel, on ne peut ignorer le manque d’efficacité des moyens de l’Organisation commune du marché (OCM) pour atténuer l’impact des problèmes de commercialisation, d’une part, et les difficultés associées aux plans de gestion et de récupération de certaines ressources halieutiques, d’autre part. Une réflexion sur les conditions fixées dans les accords de pêche passés avec les pays tiers, ainsi que sur les modalités d’accès aux ressources halieutiques serait également la bienvenue. Les captures de la flotte de pêche basque avoisinent les 200 000 tonnes par an et se concentrent sur un nombre limité de ressources. Environ 78 % des captures correspondent aux thonidés, 15 % à des espèces pélagiques et les 7 % restants à des espèces démersales provenant des eaux européennes. Le secteur de la pêche n’est pas assez flexible pour

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

réorienter ses activités vers des ressources alternatives. En général, il s’agit de pêches mixtes. La plupart des espèces ciblées par la flotte de pêche basque ont traversé ou traversent des situations difficiles. Parmi les différentes ressources, les thonidés tropicaux sont ceux dont la situation est la plus favorable. 46 % des captures de thonidés tropicaux effectuées par la flotte basque correspondent à la bonite à ventre rayé (Katsuwonus pelamis), dont la ressource est sous-exploitée. Les thons jaunes (Thunnus albacares) représentent eux aussi 46 % des captures et ne présentent pas de problèmes sérieux. En revanche, les thons obèses (Thunnus obesus) de l’Atlantique et de l’océan Indien sont surexploités sous la pression des flottes palangrières asiatiques, mais ils ne représentent que 8 % des captures de la flotte basque. D’autres espèces cibles se trouvent dans une situation précaire. Le thon rouge (Thunnus thynnus) se trouve dans une situation proche de l’effondrement. L’anchois européen (Engraulis encrasicolus) est soumis depuis 2006 à une suspension des captures. Plusieurs espèces cibles démersales se trouvent en mauvais état de conservation. C’est notamment le cas du merlu et de la langoustine, tous deux soumis à un vaste plan de reconstitution des populations. Pour sa part, le merlu du nord est en situation de franche récupération. La flotte de pêche s’est considérablement réduite et les chalutiers congélateurs ont fini par disparaitre en 2003. Seuls restent trois morutiers. Les flottes côtières et hauturières «au frais» ont également souffert de réductions sévères. Le seul segment qui ait conservé un certain dynamisme est celui des thoniers congélateurs qui pêchent dans les eaux tropicales des océans Atlantique et Indien. La flotte côtière est de deux types: la flotte de surface - la plus importante - et la flotte artisanale. La flotte côtière de surface capture des espèces pélagiques au moyen de sennes ou de lignes traînantes. La pêche artisanale capture quant à elle des espèces démersales à proximité des côtes. La flotte hauturière au frais a été touchée par les circonstances défavorables de ces dernières décennies et a vu sa production considérablement réduite. Les ressources de plusieurs de ses espèces cibles se trouvent dans une situation très précaire. La flotte de pêche se consacrant à la capture d’espèces démersales s’est réduite de 60 % au cours des quinze dernières années. Cette flotte emploie divers engins: chaluts, lignes ou filets maillants, chacun d’entre eux connaissant des versions diverses. Le chalutage traditionnel a progressivement laissé la place à l’utilisation de chaluts-bœufs et à d’autres innovations en termes d’engins. Une petite partie de la flotte utilise d’autres engins fixes, comme les palangres ou les filets maillants. La flotte morutière basque a connu un déclin parallèle à celui de l’état des ressources et à la réduction des quotas. Ainsi, si en 1973 on comptait 73 morutiers dans le seul port de Pasaia, aujourd’hui on n’en dénombre plus que trois dans toute la CAPV. Le segment des thoniers congélateurs est celui qui présente le plus grand dynamisme. Toutefois, les navires qui pêchent dans les eaux de l’océan Indien font face à la menace de la piraterie. 68 % des captures de thonidés sont réalisés dans les eaux tropicales de l’océan Indien, 26 % dans les eaux tropicales de l’océan Atlantique et 6 % dans les eaux tempérées. Bien que les captures des thonidés tropicaux restent stables, les prix n’ont pas suivi l’augmentation des frais de fonctionnement, ce marché étant de surcroît soumis à la pression des importations de thons entiers en provenance d’Asie et d’Amérique du Sud.

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La pêche au Pays basque

24 ports de pêche sont inscrits au fichier de la flotte de pêche communautaire, mais la plus grande partie de l’activité se concentre à Ondarroa, Pasaia, Getaria, Bermeo et Fontarrabie. Ces ports génèrent 70 % du revenu total et concentrent 75 % de l’emploi généré par le secteur de la pêche dans la CAPV. Si l’on ne tient compte que du sous-secteur extractif, ces pourcentages augmentent pour atteindre respectivement 93 et 88 %. Les communes de Getaria, d’Ondarroa et de Bermeo sont celles qui présentent la plus grande dépendance à l’égard de l’activité halieutique. Les ports du Pays basque se sont spécialisés dans certaines formes de pêche. La flotte morutière s’est traditionnellement concentrée à Pasaia et celle des thoniers congélateurs à Berneo. Bien que les ports aient été modernisés, cette modernisation a très peu concerné les infrastructures portuaires chargées de la gestion et de la manutention du poisson capturé et n’est pas comparable à celle qui a été réalisée dans les ports de Galice, de Cantabrie ou de France. Les ports de la CAPV manquent d’espace et d’installations adéquates pour stocker, transformer et commercialiser le poisson. En outre, l’intégration des services est insuffisante. Dans la Communauté autonome du Pays basque, les ports de pêche de Bermeo, Lekeitio, Ondarroa, Mutriku, Getaria, Saint-Sébastien, Pasaia et Fontarrabie disposent de criées aux poissons. Le secteur de la commercialisation est très divisé et éprouve des difficultés à faire face à une distribution toujours plus concentrée. En outre, les installations des grossistes qui opèrent dans les ports ne sont pas suffisantes pour accueillir l’ensemble des débarquements lors des pics de production. L’industrie des conserves absorbe environ 75 % des captures et génère trois quarts des emplois dans le secteur de la transformation. La production de poisson congelé et, dans une moindre mesure, de poisson fumé est significative elle aussi. Les entreprises petites ou très petites prédominent, bien que l’on compte encore dix moyennes ou grandes entreprises. L’industrie de transformation du Pays basque est confrontée à un excédent de capacité de production et est soumise à la pression sur les prix exercée par les importations de produits en provenance des pays tiers, qui ont des coûts de production plus faibles. La charge de travail du secteur de la conserve est très saisonnière, puisqu’elle est très dépendante d’un nombre limité d’espèces (bonite, anchois, maquereau et chinchard). Quatre organisations de producteurs sont établies dans la Communauté autonome du Pays basque. Les associations de pêcheurs sont des corporations de droit public chargées de représenter le secteur de la pêche, de l’organiser et de commercialiser ses produits. Les associations de pêcheurs du Pays Basque sont regroupées en deux fédérations provinciales. Les associations de huit ports de la province de Biscaye (Ondarroa, Bermeo, Lekeitio, Armintza, Elantxobe, Mundaka, Santurtzi et Zierbena) et de six ports de la province de Guipuzcoa (Getaria, Pasaia, Fontarrabie, Saint-Sébastien, Mutriku et Orio) sont officiellement et individuellement reconnues. L’aquaculture est très peu développée au Pays basque, étant donné le manque d’espaces appropriés. Très peu d’espèces aquicoles sont adaptées aux forts courants, à la houle et à la température de la mer Cantabrique. En outre, les conditions météorologiques et hydrographiques compliquent, quand elles ne rendent pas impossible, l’aquaculture en pleine mer. La concurrence avec d’autres utilisations du littoral et la faible disponibilité de sol côtier constituent également des obstacles.

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

Au Pays basque, des recherches sur la gestion de la pêche, du littoral et du milieu marin sont menées par la fondation AZTI-Tecnalia. Cette fondation effectue aussi des recherches sur la technologie marine, la pêche et l’industrie alimentaire.

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La pêche au Pays basque

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1. CADRE GÉOGRAPHIQUE La Communauté autonome du Pays basque (CAPV) se situe à l’extrémité orientale du littoral cantabrique. Au nord, elle donne sur la mer Cantabrique et la France, au sud sur La Rioja, à l’ouest sur la Cantabrie et la Castille-León et à l’est sur la Navarre.

Carte 1: Situation géographique de la Communauté autonome du Pays basque

Le Pays basque s’étend sur 7 234 km² (1,4 % de la superficie de l’Espagne). Il compte une population de 2 128 801 habitants (4,9 % de la population de l’Espagne) et une densité de population de 294 habitants/km². Le PIB (2008) représente 6,3 % du total national. Les secteurs primaires, l’agriculture, l’élevage et la pêche, représentent 0,95 % du PIB de la Communauté autonome, l’énergie 3,32 %, l’industrie 24,14 %, la construction 8,84 %, et les services 54,30 %.

1.1. Organisation politique et administrative La Communauté autonome du Pays basque (CAPV) est l’une des 17 communautés autonomes de l’Espagne. Le Pays basque a accédé à son autonomie en 1979 avec l’adoption du Statut d’autonomie. Ce Statut d’autonomie (Statut de Guernica) accorde à la Communauté des compétences en matière de santé, d’enseignement, de sécurité, de logement, d’agriculture, d’élevage, de pêche et de finances, et reconnaît l’existence d’un gouvernement doté de compétences exécutives et d’un Parlement jouissant d’un pouvoir législatif général. Le Statut de Guernica présente certaines différences avec les statuts des autres Communautés autonomes, puisqu’il s’agit en fait d’une actualisation du régime foral (relatif à leur statut juridique) des trois provinces basques dans le cadre de la constitution espagnole. Ainsi, deux organes territoriaux sont directement hérités de la tradition statutaire basque: les Juntas Generales (Conseils généraux), dotés d’un pouvoir législatif et assurant des fonctions semblables à celles des parlements, et les Députations Forales, les instances exécutives qui assurent ainsi l’organisation institutionnelle très décentralisée de la Communauté autonome. Ainsi, outre d’autres compétences, le Pays basque dispose d’un financement exclusif basé sur la mise à jour des «concerts économiques» des provinces du Pays basque. Ceux-ci

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

ont été fixés lors de l’abolition des juridictions de 1876, qui ont été conservées dans la province d’Alava mais abolies dans celles de Guipuzcoa et de Biscaye à la fin de la guerre civile. Le Statut d’autonomie prévoit une police propre, l’Ertzaintza. La Communauté autonome du Pays basque est divisée administrativement en trois provinces ou «territoires historiques»: Alava, Guipuzcoa et Biscaye. On y dénombre en outre 20 comarques et 251 communes, 51 en Alava, 88 en Guipuzcoa et 112 en Biscaye.

Carte 2: Provinces et comarques du Pays basque

Vitoria, dans la province d’Alava, est la capitale de la CAPV. Les sièges du Parlement et du Gouvernement basque y sont installés. Dix communes concentrent à elles seules 56 % de la population de la Communauté autonome. Toutes comptent plus de 35 000 habitants. La plus grande ville est Bilbao, suivie de Vitoria. Parmi les dix communes les plus peuplées, six se trouvent dans la province de Biscaye et représentent 24 % de la population de la Communauté autonome. La province de Guipuzcoa ne compte que trois grandes villes, avec 8 % de la population, et la capitale, Vitoria ne compte quant à elle qu’une seule ville de plus de 35 000 habitants, et représente 8 % de la population régionale. Tableau 1: Communes les plus peuplées

PROVINCE MUNICIPALITÉ POPULATION % DE LA POP. CAPV Biscaye Bilbao 353 340 17 % Alava Vitoria 232 477 11 % Guipuzcoa Saint-Sébastien 184 248 9 % Biscaye Baracaldo 97 328 5 % Biscaye Guetxo 81 260 4 % Guipuzcoa Irun 60 914 3 % Biscaye Portugalete 48 205 2 % Biscaye Santurtzi 47 004 2 % Biscaye Basauri 42 966 2 % Guipuzcoa Errenteria 38 505 2 %

Source: Institut national de statistiques (2008)

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La pêche au Pays basque

1.2. Milieu physique, fonds marins et hydrographie L’orographie du Pays basque est très accidentée, puisqu’elle se situe entre les extrémités occidentale des Pyrénées et orientale de la Cordillère cantabrique. La ligne de partage des eaux cantabrico-méditerranéennes conditionne la géomorphologie de la région formée d’une succession de chaînes montagneuses d’altitude modeste, comme la sierra d’Aralar, la sierra d’Aizkorri-Urkilla-Elgea, le massif d’Urkiola, la sierra du Gorbea et la sierra Salvada. Le point culminant est le mont Aitxuri, avec 1 551 mètres d’altitude. Carte 3: Orographie du Pays basque

Sur le versant nord se succèdent une série de bassins hydrographiques qui se dirigent vers la mer Cantabrique avec de forts dénivelés de direction sud-nord. Sur le versant de l’Èbre, le relief est plus lisse et les différences d’altitude sont plus faibles, puisque les rivières méditerranéennes coulent à une altitude qui approche les 600 mètres. La Llanada Alavesa est un grand plateau central, parcouru par la rivière Zadorra et flanqué de différentes zones montagneuses qui le séparent de la dépression de l’Èbre. On distingue quatre zones climatiques. Le climat atlantique domine dans le Nord; dans les vallées occidentales d’Alava et sur la Llanada Alavesa, le climat est subatlantique, avec une zone de climat subméditerranéen; et, dans le Sud, dans la dépression de l’Èbre et dans la Rioja Alavesa, le climat est continental, avec des étés secs et chauds. La Communauté autonome du Pays basque compte 246 kilomètres de côtes, ce qui représente 5,1 % du littoral espagnol. La province de Guipuzcoa compte 92 kilomètres de côtes et la Biscaye 154 km. Le Golfe de Gascogne est la partie de l’Atlantique Nord comprise entre le cap Ortegal en Galice (Espagne) et la pointe de Penmarc’h, en Bretagne (France). Parfois, le terme Golfe

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

de Gascogne est employé pour désigner spécifiquement la partie la plus orientale de cette mer. En Espagne on parle très fréquemment de la mer Cantabrique pour désigner la partie orientale de ce golfe qui fait face au littoral de la corniche cantabrique espagnole.

Carte 4: Relief terrestre et océanique

La côte sud est escarpée, avec des falaises. La plate-forme continentale est très réduite et passe presque sans transition au talus continental. Les petites baies correspondent en général à des embouchures de rivières en forme de rias. Celles-ci constituent des espaces appropriés pour les ports sur une côte aussi accidentée. Cependant, étant donné la pente des rivières, celles-ci charrient des sédiments susceptibles d’obstruer l’accès aux ports. Entre Deva et Zumaya, on observe une plate-forme d’abrasion qui s’étend de façon moins accusée jusqu’à Ondarroa. Cette formation est due à l’action de la houle sur les falaises créant des marches au pied de la falaise et au niveau de la marée. Cette partie de la côte est celle qui présente les pires conditions pour l’installation de ports. La mer Cantabrique constitue une transition entre les mers froides du Nord et les mers tempérées du tropique du Cancer. Cette situation se traduit également au niveau de l’environnement, puisqu’il s’agit là aussi d’une zone de transition pour les espèces végétales et animales des eaux froides. La température de l’eau se réchauffe à mesure que l’on se rapproche de la côte française et la salinité est très variable en fonction du régime des pluies. Les marées sont très importantes. La mer Cantabrique est traversée par le Gulf Stream qui suit le contour du plateau continental dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Les vents dominants soufflent du Nord-ouest et sont généralement le résultat d’une combinaison de l’anticyclone des Açores et des basses pressions centrées sur les Îles britanniques et la mer du Nord. Ces vents rendent la mer Cantabrique très agitée, avec des vagues de 2,5 à 3 mètres de haut. Durant les mois d’avril-mai et de septembre-octobre, les bourrasques sont fréquentes avec des vents d’Ouest et des vagues de plus de neuf mètres.

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La pêche au Pays basque

2. FLOTTE DE PÊCHE La présente note ne tient compte que de la flotte basque pêchant sous pavillon espagnol. Par ailleurs, plusieurs armateurs basques possèdent des parts dans des entreprises d’autres États membres, de pays tiers ou dans des sociétés mixtes. Certains armateurs détiennent en outre des navires battant pavillon d’autres États membres ou de pays tiers. La quantification et l’analyse de cette flotte sont donc difficiles à réaliser. Toutefois, ces navires participent à l’activité halieutique du Pays basque, que ce soit à travers leurs débarquements ou en embarquant des membres d’équipage originaires de cette Communauté autonome. Après la flotte galicienne, la flotte de pêche basque est la deuxième d’Espagne en importance. Bien qu’elle ne compte que 2 % des navires, elle représente 19 % du tonnage et 14 % de la puissance. Cette situation s’explique par les grandes dimensions des navires appartenant à certains segments comme celui des thoniers congélateurs ou celui de la flotte hauturière au frais. Les armateurs sont spécialisés et leurs navires se consacrent uniquement à certains segments très spécifiques, à savoir:

• la flotte côtière, • la flotte hauturière au frais, • les thoniers congélateurs, et • les morutiers. • Un cinquième segment, celui des chalutiers congélateurs, a disparu en 2003.

Graphique 1: Distribution de la flotte de pêche basque par segment. 2008.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

Navires 77% 12% 2% 9%

Tonnage 21% 11% 5% 63%

Puissance 32% 10% 4% 54%

Flotte cotièreFlotte

hauturière au frais

Morutiers Thoniers congélateurs

Source: EUSTAT. Élaboration propre

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

Tableau 2: Distribution de la flotte de pêche basque par segments. 2008.

Segment Nombre de navires

Tonnage (Tm.)

Puissance (Kw.)

Tm/Navire Kw./Navire

Flotte côtière 210 12 963 64 005 62 305Flotte hauturière au frais

34 7 046 20 222 207 595

Morutiers 5 3 261 8 860 652 1 772Thoniers congélateurs 25 39 145 108 946 1 566 4 358Total 274 62 415 202 033 228 737

Source: EUSTAT. Élaboration propre La flotte de pêche du Pays basque s’est rapidement développée après la promulgation, en 1961, de la loi sur la rénovation et la protection de la flotte de pêche1. L’objectif était d’accélérer la modernisation de l’industrie de la pêche, tout en fournissant du travail à des chantiers navals qui faisaient alors face à de grandes difficultés. Jusqu’en 1974, le financement public a principalement profité à la flotte hauturière, puisqu’il était essentiellement destiné à la construction de navires d’un tonnage supérieur à 150 tonnes. Les morutiers, les navires congélateurs et, dans une moindre mesure, les navires hauturiers au frais sont les segments les plus développés. La flotte artisanale s’est aussi agrandie, mais la pêche côtière (considérée comme ayant un tonnage compris entre 20 et 100 tonnes) a connu une légère diminution des quantités, même si son tonnage et surtout sa puissance ont augmenté. Après une brève mais intense période de croissance, la flotte s’est trouvée confrontée à des situations imprévues. En 1977, l’extension des zones économiques exclusives (ZEE) à 200 milles s’est généralisée. Ce processus, entamé par les États-Unis en 1945 avec la «Déclaration Truman» a été suivi par le Pérou, le Chili et l’Équateur en 1952. Toutefois, ses effets ont commencé à se faire sentir au niveau de l’activité de la flotte de pêche basque en 1976 lorsque le Canada et la Norvège ont étendu leurs ZEE respectives. La situation s’est aggravée quand, en 1977, les États membres de la Communauté économique européenne ont fait de même. Ceci a contraint une partie de la flotte à se diriger vers des zones de pêche plus éloignées, tandis que les prix des carburants augmentaient de manière vertigineuse à la suite de la première crise pétrolière. En outre, plusieurs ressources halieutiques très importantes pour la flotte basque se sont retrouvées dans une situation très précaire. Très vite, la flotte et, plus spécifiquement, les segments de navires de grande taille sont devenus surdimensionnés par rapport aux ressources disponibles. Le surdimensionnement de la flotte n’était pas le seul problème, puisque les rendements techniques et économiques ont diminué de façon spectaculaire. Par ailleurs, le marché de la morue salée s’est contracté. L’accroissement du pouvoir d’achat en Espagne a dévié une partie de la consommation de morue vers d’autres poissons frais. Certaines décisions, manquant de vision d’ensemble, ont en outre été adoptées. Ainsi, le segment des chalutiers congélateurs a été soutenu, alors que la distribution et les foyers manquaient encore d’équipements capables de maintenir la chaîne du froid. La production de la flotte des chalutiers congélateurs éprouvait par conséquent des difficultés à trouver des débouchés sur le marché. 1 Loi 147/1961, du 23 décembre sur la rénovation et la protection de la flotte de pêche. Journal officiel de l’État

(BOE): Bulletin de Madrid n° 311, du 29.12.1961.

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La pêche au Pays basque

En résumé, la flotte basque a connu une croissance très rapide, suivie peu de temps après par une crise grave. La flotte avait besoin d’être restructurée, des politiques de gestion de la flotte ont alors été adoptées. Ces déséquilibres entre les ressources halieutiques et la capacité de pêche de la flotte étant toujours d’actualité, ces politiques restent d’application aujourd’hui. Graphique 2: Évolution du nombre de navires par segment de flotte. 1995=100

0

20

40

60

80

100

120

1995

1996

1997

1998

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2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

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2008

Flotte cotièreFlotte hauturière au fraisMorutiersThoniers CongélateursChalutiers congélateursTOTAL

Source: EUSTAT. Élaboration propre

La flotte de pêche basque a connu d’importantes restructurations qui se sont traduites tant par une réduction que par une rénovation et une modernisation. D’une manière générale, les effectifs de tous les segments ont été réduits, bien que la réduction ait été moins marquée dans le cas des thoniers congélateurs. Les réductions les plus nettes ont été opérées dans le cadre du troisième Programme d’orientation pluriannuel (POP III), mis en œuvre entre 1992 et 1996.

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

Graphique 3: Évolution de la flotte de pêche basque

20

30

40

50

60

70

80

90

100

11019

90

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

2010

NaviresTonnagePuissance

Source: fichier de la flotte de pêche communautaire. Élaboration propre

La réduction de la flotte, découlant de l’application du POP III, s’est prolongée jusqu’en 1998. Ensuite, après l’entrée en vigueur du régime d’entrée-sortie, les réductions ont été bien moins marquées. La diminution du nombre de navires a été beaucoup plus marquée que la réduction du tonnage ou de la puissance. Bien que la puissance se soit réduite, le tonnage n’a pas véritablement évolué depuis 1998. Cette restructuration a par ailleurs permis de réduire sensiblement l’âge moyen de la flotte basque, surtout au niveau de la flotte côtière. Mais la flotte de morutiers reste beaucoup plus ancienne que dans le reste des segments.

2.1. Flotte côtière En moyenne, la flotte côtière embarque sept membres d’équipage par navire. Quoique l’on observe une grande diversité, le tonnage moyen est de 62 tonnes et la puissance moyenne atteint 305 kilowatts. La flotte côtière pratique deux formes de pêche différentes variant en fonction des espèces capturées, des engins utilisés et de la dimension des navires. La forme la plus importante est la «pêche de surface», visant à capturer des espèces migratoires pélagiques au moyen de sennes ou de lignes traînantes. Une autre forme est la «pêche artisanale ou pêche au merlu» qui capture des espèces démersales à proximité du littoral. Les espèces cibles de la flotte artisanale sont assez diversifiées, tandis que la flotte se consacrant à la pêche de surface reste très tributaire de la pêche à l’anchois et à la bonite. La pêche côtière à l’anchois se déroule entre mars et juin, et celle à la bonite de juin à octobre. À la fin de celle-ci, une partie de la flotte se déplace vers l’Atlantique ou la Méditerranée. Le reste de la flotte reste près du littoral pour pêcher la sardine, le chinchard et d’autres espèces.

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La pêche au Pays basque

Environ 75 % de la flotte côtière se consacrent à la pêche artisanale. Les données moyennes de la flotte artisanale sont plus modestes. Ainsi, l’équipage moyen n’atteint pas quatre personnes, le tonnage moyen est de 29 tonnes et la puissance moyenne est de 177 kilowatts. En général, il s’agit d’entreprises familiales où le propriétaire est aussi patron et membre de l’équipage. Traditionnellement, la rémunération de l’équipage de la flotte côtière se fait «à la part». Les frais de fonctionnement du navire sont déduits du montant des ventes des captures. Le reste est distribué à hauteur de 47 % pour l’équipage et de 53 % pour l’armateur. Ce système nécessite des captures importantes pour obtenir une bonne rémunération et décourage en outre l’introduction d’innovations techniques dans les activités halieutiques. La flotte côtière artisanale pêche dans des régions proches du littoral, à moins de 12 milles des côtes. En général, les sorties en mer durent moins de 24 heures. Cependant, certaines unités plus importantes se déplacent en été vers des lieux de pêche plus éloignés pour pêcher la bonite au moyen de lignes traînantes. La flotte artisanale utilise une grande variété d’engins qui, avec le temps, tend à se réduire. En général, les engins utilisés sont assez sélectifs et comprennent des lignes traînantes, des lignes verticales, des palangres et des filets maillants. La flotte côtière a été rénovée en profondeur. Ce segment s’est considérablement rajeuni en intégrant des technologies permettant d’améliorer le travail à bord. Cependant, la mécanisation et l’automatisation de certaines tâches doivent encore être améliorées, notamment pour la pêche à la senne ou à l’appât. Ceci est d’autant plus nécessaire que les besoins en main-d’œuvre qualifiée sont importants, alors qu’elle se fait de plus en plus rare. Bien que des améliorations substantielles aient été opérées, il reste possible d’améliorer les conditions de travail à bord, notamment au niveau de la sécurité. L’incorporation de nouvelles technologies a permis de réduire la consommation de carburant dans certaines formes de pêche qui requièrent de grands déplacements, comme, par exemple, dans le cas de la pêche à la bonite à la senne ou à l’appât.

2.2. Flotte hauturière au frais Ce segment est l’un de ceux qui ont le plus souffert des circonstances défavorables des dernières décennies. Il a été directement touché par les limitations d’accès aux ressources. Sa zone de pêche s’étendait traditionnellement dans la Grande Sole, en mer d’Irlande et le long du 58e parallèle nord. En 1977, avec l’extension des ZEE, son activité a été très restreinte. En outre, les ressources de plusieurs de ses espèces cibles se sont considérablement détériorées. Les performances économiques se sont réduites en conséquence. Actuellement, ce segment est touché du point de vue commercial par la concurrence des produits des pays tiers. Cette flotte se concentrait dans les ports de Pasaia, d’Ondarroa et de Bilbao. À la suite de la crise qui a affecté cette flotte à partir de la seconde moitié des années 70, l’activité halieutique de ces ports a considérablement diminué. Dans le port de Pasaia, ses effets se sont combinés avec ceux propres au secteur morutier et l’activité a donc été très touchée. À Bilbao, elle a complètement disparu. La flotte hauturière au frais embarque en moyenne 12 membres d’équipage par navire. Le tonnage moyen est de 207 tonnes et la puissance moyenne de 595 kilowatts.

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

Les chalutiers employaient autrefois des engins traditionnels, comme les «bakas» et les «bous». Avec ces engins, les manœuvres devaient être effectuées par le flanc. Actuellement, l’utilisation de ces engins est devenue obsolète. De fait, la plupart des navires qui utilisaient les «bakas» ont été remplacés par des navires munis d’une pente en poupe qui accélère et rend plus sûres les opérations. Cependant, un certain nombre de navires continuent à utiliser les «bakas». Les «bous» ont quant à eux disparu. En général, les navires concernés se sont reconvertis et utilisent aujourd’hui des chaluts-bœufs. Cependant, les investissements nécessaires à la poursuite des adaptations se sont réduits avec les rendements économiques. Même ainsi, les manœuvres de ces engins ont été substantiellement modernisées avec l’utilisation de capteurs. Outre les navires qui utilisent le chalut, une petite partie de la flotte lui préfère d’autres engins fixes, comme les palangres ou les filets maillants. Étant donné l’état de fragilité des ressources de merlu, les espèces cibles se sont progressivement diversifiées, surtout dans les unités qui utilisent la palangre.

2.3. Flotte morutière La flotte morutière basque a connu une baisse parallèle à celle de l’état des ressources et à la réduction des quotas. Elle n’est aujourd’hui plus que l’ombre de ce qu’elle était il y a quelques décennies et ne compte actuellement que trois navires. Il faut savoir qu’en 1973, 73 morutiers étaient enregistrés dans le port de Pasaia. Avant que les stocks de morue ne soient menacés, la flotte morutière présentait une énorme concentration industrielle. À la fin des années 60, Pesquerías y Secaderos de Bacalao de España [Pêcheries et séchoirs de morues d’Espagne] (PYSBE) était propriétaire d’une flotte qui représentait plus de 23 % du tonnage de la flotte du port de Pasaia. Cette entreprise avait aussi à sa disposition un quai propre et disposait d’usines de séchage de morues. La crise a éclaté à la fin des années 60 avec une réduction spectaculaire des captures. Les navires de la PYSBE étaient spécialisés dans le salage de la morue avec peu ou aucune possibilité de réorienter leur activité vers d’autres espèces. Par conséquent, la PYSBE a déposé un bilan de faillite en 1974 et a mis fin à ses activités. La concession des quais est retournée aux mains de l’État et les installations ont été démolies. Plus tard, quand la Norvège et le Canada ont étendu leurs zones économiques exclusives en 1976, la situation s’est aggravée. En outre, l’accroissement du pouvoir d’achat en Espagne à la fin des années 70 a permis à la consommation de s’orienter vers d’autres produits. Le prix de la morue a chuté et les stocks de morues «en verde»(salées mais non séchées) se sont accumulés. Le déclin de ce segment s’est concrétisé tant dans le vieillissement et le manque de renouvellement de ce segment de la flotte que dans la baisse de l’activité halieutique de certains ports comme celui de Pasaia. Le vieillissement de cette flotte est patent: un des navires a été construit en 2006 et les deux autres ont plus de quarante ans. Actuellement, l’activité de ce segment s’est considérablement réduite, pour ne plus s’exercer que trois ou quatre mois par an. Bien que cette flotte dispose de quotas de flétan noir dans l’Atlantique du Nord-Ouest (OPANO), son activité se concentre essentiellement sur la morue arctique et l’églefin dans les eaux de l’Atlantique du Nord-Est.

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La pêche au Pays basque

En moyenne, la flotte de morutiers embarque 25 membres d’équipage par navire. Le tonnage moyen est de 652 tonnes et la puissance moyenne de 1 772 kilowatts.

2.4. Flotte de thoniers congélateurs La flotte de thoniers congélateurs est majoritairement enregistrée dans le port de Bermeo, bien que la plupart des navires opèrent depuis des ports éloignés. La flotte de senneurs se livre à la pêche dans les régions tropicales des océans Atlantique et Indien. Le segment des thoniers congélateurs est le plus dynamique de la flotte de pêche basque. En moyenne, la flotte de thoniers congélateurs embarque 25 membres d’équipage par navire. Le tonnage moyen est de 1 566 tonnes et sa puissance moyenne est de 4 358 kilowatts. Cependant, cette flotte compte des thoniers de dimension très variée depuis le processus de renouvellement de ce segment. On compte six thoniers de plus de cent mètres de long et dix autres mesurant entre 75 et 88 mètres de long. Le renouvellement de la flotte ne s’est pas seulement traduit par un accroissement des dimensions des navires: la congélation a aussi été introduite à bord et de nouveaux treuils de relevage ont été incorporés pour l’arrimage du filet. Les captures de thonidés tropicaux restent plus ou moins stables mais les prix n’ont pas suivi la hausse des frais de fonctionnement. Le marché est de surcroît confronté à la pression des importations de thons entiers en provenance d’Asie et d’Amérique du Sud.

Encadré 1: La piraterie dans l’océan Indien

Les thoniers qui pêchent dans l’océan Indien font face à la menace des pirates qui opèrent depuis la Somalie. Ceux-ci se sont déjà emparés de deux thoniers basques. Le «Playa de Bakio», propriété de l’entreprise Pesquera Vasco Montañesa (Pevasa) a été intercepté par des pirates qui en ont gardé le contrôle du 20 au 26 avril 2008. Le 2 juin 2008, le Conseil de Sécurité des Nations unies a adopté une résolution autorisant, moyennant le consentement préalable des autorités somaliennes, les navires étrangers à poursuivre les embarcations des pirates dans les eaux somaliennes. La résolution s’appuie sur le chapitre VII de la charte des Nations unies, autorisant à faire usage de la force pour appliquer les décisions du Conseil. Plus tard, l’«Alakrana», propriété de l’entreprise Echebastar fleet S.L., est parvenu à éviter une tentative d’abordage le 3 septembre 2009 à quelque 495 milles des côtes somaliennes. Il a malgré tout fini par être arraisonné le 3 octobre 2009, à 413 milles de la côte sud de la Somalie, loin de la zone protégée par l’opération Atalanta. Il a été libéré le 17 novembre 2009, après 47 jours de détournement. Le 2 novembre 2009, la législation espagnole a été modifiée2, pour permettre aux gardes de sécurité embarqués à bord de navires battant pavillon espagnol d’employer des armes dont le calibre autorisé va jusqu’à 12,70 mm. Sur les navires battant pavillon des Îles Seychelles, la présence à bord de militaires est autorisée, tout comme la détention d’un armement supérieur à celui permis sur les navires espagnols. 2 Ordonnance PRE/2914/2009, du 30 octobre, développant les dispositions de l’arrêté royal 1628/2009, du

30 octobre, modifiant certaines dispositions du règlement sur la sécurité privée, adopté par arrêté royal 2364/1994, du 9 décembre, et du règlement sur les armes, adopté par arrêté royal 137/1993, du 29 janvier.

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La pêche au Pays basque

3. PORTS DE PÊCHE 24 ports de pêche sont inscrits au fichier de la flotte de pêche communautaire. L’activité halieutique a récemment disparu de certains de ces ports, plusieurs d’entre eux n’enregistrant aujourd’hui plus aucun bateau de pêche. En 1990, 21 ports enregistraient des bateaux de pêche mais ils ne sont plus que 16 aujourd’hui, et trois d’entre eux (Elantxobe, Mundaka et Bilbao) n’y ont plus qu’un seul bateau enregistré. Cinq ports ont vu leurs bateaux de pêche disparaitre au cours des vingt dernières années (Zumaya, Zarauz, Deva, Las Arenas et Algorta). Auparavant, les principaux ports du Pays basque combinaient les activités commerciales et halieutiques. Mais les petits ports étaient traditionnellement spécialisés dans la pêche, plus particulièrement dans la pêche côtière. Cependant, l’activité des ports a considérablement changé ces dernières décennies. Carte 5: Principaux ports de pêche

Les ports du Pays basque se sont spécialisés dans certaines formes de pêche. Cette spécialisation est due tant aux conditions physiques des ports qu’à d’autres facteurs, comme l’implantation de certaines entreprises ou certaines décisions économiques. L’histoire mouvementée de la pêche de ces cinquante dernières années a provoqué des changements radicaux dans l’activité halieutique de certains ports. Ainsi, les difficultés de la pêche hauturière au frais et des chalutiers congélateurs ont provoqué la disparition de l’activité halieutique du port de Bilbao. De la même manière, les problèmes dont a souffert la pêche à la morue depuis le début des années 70 ont provoqué la baisse de l’activité halieutique dans le port de Pasaia. C’est pourquoi les ports de Bilbao et de Pasaia se sont

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

spécialisés dans les activités commerciales. Le port de Pasaia conserve aujourd’hui une activité halieutique significative, bien que très inférieure à l’activité commerciale, mais à Bilbao l’activité halieutique est anecdotique. Toutefois, le secteur de la conserve et les décisions de certains armateurs ont augmenté l’importance du port de Bermeo, au moins en termes de flotte enregistrée, avec la présence des thoniers congélateurs. Au total, cinq ports concentrent l’essentiel de l’activité halieutique: Getaria, Ondarroa, Bermeo, Pasaia et Fontarrabie. Deux d’entre eux, Ondarroa et Bermeo se trouvent dans la province de Biscaye et enregistrent l’essentiel de la flotte hauturière. Toutefois, les trois ports les plus importants de Guipuzcoa (Getaria, Pasaia et Fontarrabie) concentrent un pourcentage considérable des débarquements de la flotte côtière. Les ports d’Ondarroa, de Pasaia, de Getaria, de Bermeo et de Fontarrabie concentrent 70 % du revenu total et 75 % de l’emploi généré par le secteur de la pêche en CAPV. Si l’on ne tient compte que du sous-secteur extractif, ces pourcentages augmentent pour atteindre respectivement 93 % et 88 %. Tableau 3: Distribution de la flotte enregistrée par port. 2010

PORT Nombre de

navires

Tonnage (TRB)

Puissance (Kw.)

Tonnage moyen

(TRB/navire)

Puissance moyenne

(kw/navire) BERMEO 28 % 71 % 65 % 794 1 225 ONDARROA 13 % 12 % 9 % 291 380 PASAIA 9 % 5 % 4 % 179 256 FONTARRABIE 12 % 4 % 8 % 118 365 GETARIA 11 % 4 % 6 % 122 285 ORIO 3 % 2 % 3 % 191 562 LEKEITIO 5 % 1 % 1 % 47 160 SAINT-SÉBASTIEN

5 % 0 % 1 % 29 115

MUTRIKU 1 % 0 % 0 % 81 195 SANTURTZI 4 % 0 % 1 % 22 102 ZIERBENA 3 % 0 % 1 % 30 108 Autres ports 7 % 0 % 1 % 8 46 TOTAL 100 % 100 % 100 % 317 534

Source: fichier de la flotte de pêche communautaire. Élaboration propre La concentration du tonnage et de la puissance dans le port de Bermeo est due au fait qu’il concentre la flotte des thoniers congélateurs. En général, ces navires opèrent depuis des ports situés dans les régions tropicales des océans Atlantique et Indien. Le port d’Ondarroa quant à lui enregistre une bonne partie de la flotte hauturière au frais. Les autres ports enregistrent majoritairement une flotte côtière, même si les trois navires morutiers encore en activité sont enregistrés dans le port de Pasaia. Dans le port de Pasaia, la flotte côtière de petites dimensions a augmenté à mesure que se réduisait la flotte morutière et celle des chalutiers congélateurs. Pour subsister, certains des membres d’équipage au chômage dans d’autres sous-secteurs se sont consacrés à la pêche côtière avec de petites embarcations. Dans le port de Pasaia, 14 des 23 navires enregistrés ont un tonnage inférieur à 20 tonnes.

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La pêche au Pays basque

Graphique 4: Évolution du tonnage des navires enregistrés dans les principaux ports

0

10.000

20.000

30.000

40.000

50.000

60.000

70.00019

90

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Tm

PASAJESFUENTERRABIAGUETARIABERMEOONDARROA

Source: fichier de la flotte de pêche communautaire. Élaboration propre Vu la spécialisation des ports, l’évolution de la flotte enregistrée reflète le dynamisme des différents segments de flotte. Ainsi, dans le port de Bermeo, on observe un accroissement de la flotte, contrairement aux autres ports qui enregistrent tous des réductions. Cette différence est due au fait que le segment des thoniers congélateurs est en augmentation, ce qui compense les sorties observées dans d’autres segments de flotte. Tableau 4: Distribution par port des débarquements de la pêche côtière. Moyenne

2003-2008. PORT Anchois Thon Bonite Chinchard Merlu Dorade

rose Maquereau Autres

espèces Total

Getaria 27 % 27 % 39 % 13 % 55 % 31 % 25 % 27 %

Ondarroa 26 % 3 % 10 % 62 % 0 % 26 % 12 % 29 % 22 %

Bermeo 7 % 1 % 27 % 2 % 3 % 35 % 12 % 19 %

Pasaia 16 % 0 % 1 % 17 % 99 % 3 % 2 % 19 % 14 %

Fontarrabie 19 % 66 % 17 % 3 % 0 % 11 % 16 % 10 % 13 %

Saint-Sébastien

1 % 3 % 3 % 1 % 0 % 1 % 2 % 3 % 2 %

Lekeitio 3 % 0 % 2 % 1 % 0 % 0 % 3 % 1 % 2 %

Mutriku 1 % 0 % 0 % 0 % 0 % 0 % 0 % 0 %

Armintza 0 % 0 % 0 % 0 % 0 % 0 %

Elantxobe 0 % 0 % 0 % 0 % 0 %

Mundaka 0 % 0 % 0 % 0 % 0 %

Santurtzi 0 % 0 % 0 %

Total 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %

Source: EUSTAT. Élaboration propre

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Le fait qu’un navire soit enregistré dans un certain port n’implique pas nécessairement que ses débarquements contribuent à l’activité du port. Par exemple, les thoniers congélateurs enregistrés à Bermeo opèrent dans des mers éloignées et leur présence dans le port de Bermeo est presque exceptionnelle. C’est pourquoi il est nécessaire d’analyser l’activité des ports sur la base de la répartition des débarquements de la flotte côtière (Voir Tableau 4). Bien que les débarquements de pêche côtière se concentrent à Getaria et à Bermeo, les ports d’Ondarroa et de Pasaia gagnent en importance avec les débarquements de la pêche hauturière au frais. Ces deux ports enregistrent aussi le plus grand nombre d’opérations de débarquement. Les ports d’Ondarroa, de Pasaia, de Getaria, de Bermeo et de Fontarrabie concentrent 70 % du revenu global et 75 % de l’emploi généré par le secteur de la pêche en CAPV. Si l’on ne tient compte que du sous-secteur extractif, ces pourcentages augmentent pour atteindre respectivement 93 % et 88 %. Les principaux ports de pêche disposent de criées aux poissons, d’installations de congélation, d’usines à glace, de cales de halage, de grues, de bascules et d’autres services. Dans la CAPV, les ports de Bermeo, Lekeitio, Ondarroa, Mutriku, Getaria, Saint-Sébastien, Pasaia et Fontarrabie disposent tous de criées aux poissons. Entre 1980 et 2000, des ports comme Ondarroa, Fontarrabie, Getaria et Bermeo se sont modernisés mais les infrastructures pour la gestion et la manutention du poisson capturé ont à peine été améliorées. Les ports de la CAPV manquent d’espace et d’installations adéquates pour stocker, transformer et commercialiser le poisson. En outre, l’intégration des services est insuffisante. Il n’y a pas assez de quais et les acheteurs ne disposent pas d’installations adéquates. L’absence de réservoirs remplis d’eau réfrigérée pour le stockage à terre contraint notamment de recourir à des casiers remplis de glace. Ceci ajoute une manipulation supplémentaire et nuit aux conditions de stockage. Des réservoirs de stockage remplis d’eau réfrigérée permettraient de stocker le poisson dans des conditions optimales jusqu’à leur transformation ou congélation. Ces ports ne sont pas non plus équipés d’installations adéquates pour le tri et la préparation des espèces destinées à la transformation, principalement le maquereau, le chinchard et la sardine. De plus, la modernisation des ports de pêche de la CAPV n’est pas comparable à celle réalisée dans les ports de la Galice, de Cantabrie ou de France, où les flottes peuvent commercialiser leurs captures avec des coûts de manutention réduits. C’est la raison pour laquelle il est de plus en plus fréquent de voir la flotte basque effectuer ses débarquements dans d’autres ports. Bermeo accueille la plus grande flotte côtière du Pays basque. En outre, dans son port sont enregistrés la plupart des thoniers congélateurs. D’autre part, Bermeo concentre un bon nombre des entreprises exportatrices de gros, des conserveries et des associations d’armateurs. Le site a été modernisé avec la construction du port extérieur et une nouvelle criée. Le port de Getaria figure parmi les plus importants pour la pêche côtière du Pays basque. On retrouve à Getaria, outre des entreprises exportatrices et de fabrication de salaisons, des viviers de mollusques et de crustacés et un héliport. Dans le port de Getaria, la distance entre les quais et les installations des grossistes augmente les frais de transport et rallonge le processus de manutention du poisson. Le port d’Ondarroa est situé à l’embouchure de la rivière Artibai. Les débarquements de chinchard, de dorade rose, d’anchois et d’autres espèces côtières sont significatifs. Il s’agit du principal port en haute mer du Pays basque, mais on y retrouve également une partie

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La pêche au Pays basque

significative des flottes artisanales et côtières. Il a été modernisé et dispose aujourd’hui de nouveaux accès, d’un pont enjambant la rivière, d’une nouvelle criée, de deux bassins et d’un remorqueur. Fontarrabie est un important port côtier situé à l’embouchure de la rivière Bidassoa. Ses infrastructures ont été améliorées. De plus, un nouveau bassin et une nouvelle criée aux poissons y ont été construits. Il dispose en outre de chantiers navals. Le port de Pasaia est situé à l’embouchure de l’Arditurri. Comme expliqué précédemment, le port de Pasaia combine des activités commerciales et halieutiques avec une prédominance de l’activité commerciale. Auparavant, l’activité halieutique était très importante, mais elle a suivi le déclin de la flotte et de l’industrie morutière dont le port était très dépendant.

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La pêche au Pays basque

4. PÊCHERIES L’inspection et le contrôle de l’activité halieutique sont effectués par le Service d’inspection de la pêche (SIP) de la Direction de la pêche et de l’aquaculture du Gouvernement basque et par les services du ministère de l’environnement et du milieu rural et marin (MARM). Les ressources humaines à la disposition du SIP sont considérablement plus nombreuses que celles du MARM. Les captures de la flotte de pêche basque avoisinent les 200 000 tonnes par an et se concentrent autour d’un nombre limité de ressources. Le secteur halieutique est très peu flexible pour réorienter son activité vers des ressources alternatives. En général, il s’agit de pêches mixtes. Environ 78 % des captures correspondent aux thonidés, 15 % à des espèces pélagiques et les 7 % restants à des espèces démersales provenant des eaux européennes. L’importance économique des ressources exploitées par la flotte artisanale est relativement faible mais elles sont vitales à la survie des populations dépendantes de l’activité halieutique. Les populations des espèces ciblées par la flotte de pêche basque ont traversé ou traversent des situations difficiles. La morue dans l’Atlantique Nord-ouest, le thon rouge, le merlu du nord et l’anchois sont les espèces les plus menacées à l’heure actuelle. Tant le merlu du nord que l’anchois ont été soumis à une suspension temporaire des captures. Durant les dernières trente années, l’activité de la flotte de pêche basque s’est considérablement réduite. Parmi les événements les plus marquants figurent l’élargissement des zones économiques exclusives (ZEE) en 1977, les modifications apportées à la réglementation en vue de l’adhésion de l’Espagne à la Communauté économique européenne et une période de transition extrêmement longue. La réduction de la flotte et la détérioration des ressources halieutiques ont également eu des effets néfastes sur l’activité.

4.1. Espèces pélagiques Les petits pélagiques ont toujours figuré parmi les pêches les plus importantes du Pays basque. Cependant, ces dernières années, leur importance a diminué. L’anchois (Engraulis encrasicolus) et le maquereau atlantique (Scomber scombrus) représentent la plupart des captures de petits pélagiques. Des captures significatives de chinchards (Trachurus trachurus) et de sardines (Sardina pilchardus) étaient aussi réalisées. La plupart des captures sont effectuées par les senneurs dans les zones CIEM VIIIc et VIIIb. En outre, les flottes de chalutiers et de palangriers capturent aussi des chinchards, et les navires équipés des lignes à main capturent certaines quantités de maquereaux. Les populations pélagiques des eaux européennes sont aujourd’hui en meilleur état que les ressources d’espèces démersales. Toutefois, les populations d’anchois dans le Golfe de Gascogne se sont détériorées à tel point qu’il a fallu procéder à la fermeture des pêcheries en 2006. D’autre part, les stocks de chinchards et de maquereaux sont surexploités. Par ailleurs, des problèmes conjoncturels sont apparus. Par exemple, les captures de sardines et de maquereaux se sont considérablement réduites en 2003, à la suite de la marée noire provoquée par le naufrage du Prestige.

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

Graphique 5: Pêche côtière. Débarquements d’espèces pélagiques.

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AnchoisChinchardsMaquereaux

Source: EUSTAT. Élaboration propre Après cinq ans de fermeture, les pêcheries d’anchois du Golfe de Gascogne seront rouvertes en 2010. Cependant, les volumes de captures autorisés (5 400 tonnes pour l’Espagne et 1 600 tonnes pour la France) sont très réduits. Si l’on considère qu’environ 25 % des captures sont destinés à la consommation de produits frais, les conserveries devront continuer à s’approvisionner en partie avec des anchois en provenance d’autres pêcheries que celles de la région de Cantabrique.

4.2. Espèces démersales La plupart des captures d’espèces démersales, qu’il s’agisse de poissons, de crustacés ou de céphalopodes, sont réalisées par la flotte hauturière, dans les eaux de la mer Cantabrique ou dans des eaux communautaires plus éloignées. Environ 60 % des captures d’espèces démersales sont réalisés dans des eaux communautaires et 40 % dans les eaux de Svalbard. Autrefois, ces pêches étaient essentiellement côtières. Plus tard, la flotte basque a commencé à pêcher dans des eaux plus éloignées, vers le banc de la Grande Sole et dans la mer Celtique, vers le banc de Porcupine et dans les eaux se situant à l’ouest de l’Irlande, dans les eaux du Nord-ouest de l’Écosse et même vers le banc de Rockall. Les pêches provenant de ces pêcheries ont alors été appelées «hauturière au frais», les captures étant débarquées réfrigérées. La principale espèce cible est le merlu (Merluccius merluccius), également la plus importante en termes de volume de captures et de valeur économique. Il s’agit en l’occurrence de pêches mixtes dans lesquelles les captures de langoustines (Nephrops norvegicus), de baudroies (Lophius piscatorius) et de sardines (Lepidorhombus spp) sont également significatives. On enregistre aussi d’autres prises accessoires comme certains céphalopodes ou quelques espèces vivant dans les eaux profondes.

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La pêche au Pays basque

Plusieurs espèces cibles démersales sont en mauvais état de conservation. C’est notamment le cas du merlu et de la langoustine qui sont soumis à de vastes plans de reconstitution. En revanche, le colin du Nord est en état de franche récupération. Graphique 6: Pêche côtière. Débarquements d’espèces démersales.

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MerluDorade rose

Source: EUSTAT. Élaboration propre

La flotte de pêche s’adonnant à la capture d’espèces démersales s’est réduite de 60 % au cours des quinze dernières années. Cette flotte emploie divers engins: chalut, lignes ou filets maillants, chacun d’entre eux pouvant adopter plusieurs formes. Certaines formes traditionnelles de chalut comme les «bous» ou les «bakas» ont été transformés en chaluts jumeaux (pour les poissons plats ou les baudroies) ou en chaluts-bœufs munis d’une grande ouverture verticale. Il existe encore un certain nombre de chaluts avec «bakas», pour les captures multi-espèces. La palangre est aussi en train de disparaître, elle n’est plus utilisée aujourd’hui qu’en dehors du Golfe de Gascogne. Une partie des navires qui utilisaient des palangres se sont réorientés vers l’utilisation de filets à grande ouverture verticale ou de filets maillants ancrés. La palangre est parfois encore utilisée dans certaines pêcheries côtières. L’utilisation des filets maillants a toujours caractérisé la pêche côtière artisanale. Cependant, certains palangriers se sont mis à les utiliser pour pêcher le merlu. Parmi les espèces démersales, la morue et les espèces analogues méritent une mention particulière étant donné les spécificités et l’histoire de la flotte morutière. Outre la morue (Gadus morhua), la flotte morutière capture aussi le flétan noir (Reinhardtius hippoglossoides) et l’églefin (Melanogrammus aeglefinus). La flotte morutière basque est établie dans le port de Pasaia. Autrefois, cette flotte pêchait dans la zone de Terre-Neuve (secteur OPANO). Mais c’est précisément dans les eaux de Terre-Neuve que sont apparus les principaux problèmes de conservation des ressources. En effet, les trois stocks de morue accessibles à la flotte morutière basque sont proches de l’effondrement. Un moratoire sur leur capture a donc été prononcé.

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

Compte tenu des difficultés observées dans cette zone de pêche, la flotte morutière a été réduite, pour ne plus compter aujourd’hui que trois navires. En outre, une partie de l’activité s’est déplacée vers l’Arctique du Nord-Est, et plus particulièrement vers Svalbard (Division IIB du secteur CIEM) et la côte norvégienne. En fait, la flotte basque opérait déjà dans cette zone, mais de manière saisonnière. Vu les difficultés d’accès aux zones de l’Atlantique du Nord-Ouest et le mauvais état des ressources, la flotte morutière basque se déplace progressivement vers la zone de Svalbard, principalement en été, pour pêcher ses quotas de morue et d’églefin arctique.

4.3. Thonidés Les thonidés sont capturés tant par la flotte côtière que par celle des thoniers congélateurs. La flotte côtière capture des espèces d’eaux tempérées dans le Golfe de Gascogne alors que les thoniers congélateurs pêchent dans les régions tropicales des océans Atlantique, Indien et Pacifique. 68 % des captures de thonidés sont réalisés dans les eaux tropicales de l’océan Indien, 26 % dans les eaux tropicales de l’océan Atlantique et 6 % dans les eaux tempérées La flotte côtière se concentre sur le thon blanc (Thunnus alalunga) et le thon rouge (Thunnus thynnus). Le thon blanc est une espèce à grand intérêt commercial pour la flotte basque côtière. Le thon blanc se capture au moyen d’appâts vivants ou d’une ligne traînante dans les eaux ou à proximité du Golfe de Gascogne. Hors saison, une partie de la flotte côtière se déplace vers l’Atlantique central ou la Méditerranée. Les ressources de thon blanc ne se trouvent pas dans une situation aussi dramatique que celle du thon rouge, mais les captures se réduisent progressivement. Graphique 7: Pêche côtière. Débarquements de thonidés.

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ThonBonite

Source: EUSTAT. Élaboration propre Le thon rouge est traditionnellement capturé au moyen d’appâts vivants par les navires de Fontarrabie, et, dans une moindre mesure, par les navires de Getaria. Les captures proviennent du stock oriental (Atlantique oriental et Méditerranée). Cette population est

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La pêche au Pays basque

proche de l’effondrement et ses quotas font l’objet de négociations intenses au sein de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT). Les espèces cibles des thoniers congélateurs sont la bonite à ventre rayé (Katsuwonus pelamis), le thon jaune (Thunnus albacares) et le thon obèse (Thunnus obesus). 46 % des captures de thonidés tropicaux effectuées par la flotte basque correspondent à la bonite à ventre rayé dont la ressource est sous-exploitée. Le thon jaune représente aussi 46 % des captures. Les thons obèses de l’Atlantique et de l’océan Indien sont surexploités, mais ils ne représentent que 8 % des captures. Certaines de ces populations se sont détériorées sous l’effet de l’utilisation de dispositifs concentrateurs de poissons (DCP) dans les années 90. Ces objets flottants artificiels attirent le poisson et augmentent tant la capacité de pêche que les captures de juvéniles. Les flottes palangrières asiatiques ont aussi accru leur effort sur le stock de reproduction, surtout dans le cas du thon obèse. Depuis 1997, les trois organisations européennes d’armateurs de thoniers congélateurs ont conclu un accord visant à créer des zones de protection en utilisant des objets flottants à certaines époques de l’année. Cette mesure a été adoptée depuis 1999 par la CICAA et est appliquée dans l’Atlantique tropical.

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

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La pêche au Pays basque

5. AQUACULTURE L’aquaculture au Pays basque est très peu développée étant donné le manque d’espaces appropriés. Seules quelques espèces aquicoles sont adaptées aux forts courants, à la houle et la température de la mer Cantabrique. En outre, les conditions météorologiques et hydrographiques compliquent, voire rendent impossible, l’aquaculture en pleine mer. D’autre part, la côte est trop accidentée. La vaste plate-forme d’abrasion et l’absence de rias assez spacieuses compliquent le développement de l’aquaculture côtière. En outre, la concurrence avec d’autres utilisations du littoral (conservation, tourisme, plages, urbanisme, etc.) et la faible disponibilité de sol côtier constituent également des obstacles. Les centres de production existants utilisent majoritairement des bassins de recirculation, tant pour l’aquaculture marine que pour celle d’eau douce. Tableau 5: Entreprises productrices d’aquaculture

Entreprise Commune Espèces cultivées Province

Acuivas Usurbil Anguille d’Europe Guipuzcoa Orrua Itxasondo Arraiak, S.A. Getaria Turbot Guipuzcoa Piscifactoría de Irun (Députation forale de Guipuzcoa)

Irun Saumon de l’Atlantique, Truite de mer

Guipuzcoa

Piscifactoria de Rodaballo Culmanor, S.A.

San Sebastián Turbot Guipuzcoa

Sociedad de Pesca de Tolosa (Députation forale de Guipuzcoa)

Tolosa Saumon de l’Atlantique, Truite de mer

Guipuzcoa

Députation forale de Biscaye Bilbao Saumon de l’Atlantique, Truite de mer

Biscaye

Nuestra Señora de Ibernalo (NUSI) Campezo Truite arc-en-ciel, Truite

Alava

Dans ces conditions, les entreprises d’aquaculture marine et continentale sont très peu nombreuses. Certaines initiatives d’élevage de palourdes et d’autres espèces (poulpe, homard, bar, etc.) ont vu le jour, mais toujours à petite échelle et à titre expérimental. Les députations forales de Guipuzcoa et de Biscaye disposent de centres de production d’espèces d’eau douce et il existe une école d’aquaculture à Mutriku.

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

Graphique 8: Production de l’aquaculture au Pays basque

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2003 2004 2005 2006 2007 2008

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Truite arc-en-cielAnguilleTurbot

Source: EUSTAT. Élaboration propre La production de turbot a complètement disparu, étant donné le manque de rentabilité, après l’entrée en production des exploitations piscicoles galiciennes. En outre, la température de l’eau du Golfe de Gascogne en été n’est pas la plus adéquate pour le développement du turbot. L’exploitation piscicole d’Orrua, qui se consacre pour le moment exclusivement à l’élevage du turbot, projette de se lancer dans l’élevage de la morue. À partir de février 2010, l’élevage des alevins de morues débutera. Il s’agit de la première expérience de ce type dans le Sud de l’Europe. L’initiative sera développée à Getaria, avec le soutien du Centre de recherche marine et alimentaire (AZTI-Tecnalia) et une entreprise norvégienne.

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La pêche au Pays basque

6. COMMERCIALISATION Dans le processus de commercialisation, les criées aux poissons interviennent en premier lieu. Viennent ensuite les grossistes exportateurs, les marchés centraux, les détaillants et les grandes surfaces. Les ports de pêche suivants disposent de criées aux poissons: Bermeo, Lekeitio, Ondarroa, Mutriku, Getaria, Saint-Sébastien, Pasaia et Fontarrabie. Les ports les mieux achalandés sont Ondarroa (60 acheteurs grands et moyens) et Pasaia (40). Ceux de Bermeo (6), de Getaria (4) et de Fontarrabie (3) sont beaucoup plus modestes. Les améliorations et les innovations réalisées au niveau de la flotte côtière n’ont pas été suivies d’une amélioration des infrastructures portuaires pour la gestion et la manutention du poisson capturé. La modernisation des ports de pêche de la CAPV n’est pas comparable à celle réalisée dans les ports de Galice, de Cantabrie ou de France, où les coûts de manutention sont moindres. C’est la raison pour laquelle il est de plus en plus fréquent de voir la flotte basque effectuer ses débarquements dans d’autres ports. Ceci explique en outre pourquoi les captures tendent à diminuer progressivement et les volumes commercialisés sur les marchés se réduisent. Les poissons commercialisés sur les criées aux poissons proviennent soit directement du port, soit arrivent d’ailleurs par camion. L’augmentation progressive des importations de poisson, qui pour certaines espèces dépassent 50 % du total, joue un rôle prédominant au niveau des prix. Les criées se limitent à commercialiser du poisson frais. Elles n’apportent pas de valeur ajoutée avec une première transformation. Ceci nuit à la compétitivité de la production autochtone par rapport aux produits importés, qui arrivent généralement propres et filetés. Les différents segments de la flotte, et en particulier les flottes côtière et hauturière au frais, fonctionnent indépendamment les uns des autres et sans coordination. L’offre en provenance des captures de la pêche côtière est disséminée et rencontre des problèmes de concurrence face à une distribution toujours plus concentrée. Le secteur de la commercialisation est très divisé et éprouve des difficultés à faire face à une distribution toujours plus concentrée. Les installations des grossistes qui opèrent dans les ports ne sont pas suffisantes pour accueillir l’ensemble des débarquements lors des pics de production. Parfois, la distance entre le quai et les installations des grossistes augmente le coût du transport et rallonge le processus de manutention des poissons. MERCABILBAO est un important marché de gros. Les captures réalisées dans la CAPV avoisinent 25 % du volume de poisson frais commercialisé à MERCABILBAO. Le poisson congelé en provenance de la CAPV dépasse légèrement 1 % du total. Au Pays basque, on compte un peu plus de trois cents établissements de commercialisation de poisson qui emploient plus de 1 500 personnes. Pour l’instant, les foyers s’approvisionnent essentiellement dans des établissements traditionnels, viennent ensuite, par ordre de préférence, les supermarchés et, bien plus loin, les hypermarchés. Cependant, tant les supermarchés que les hypermarchés augmentent leurs parts de marché. La commercialisation évolue sous l’effet de la combinaison de processus de natures très diverses:

• augmentation de la consommation dans le secteur de la restauration,

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• déséquilibre entre le volume des captures locales et la croissance de la demande, • stagnation de l’offre locale et • augmentation de l’importance de la distribution en grandes surfaces par rapport à la

chaîne de distribution traditionnelle.

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La pêche au Pays basque

7. INDUSTRIE DE LA TRANSFORMATION L’industrie de transformation au Pays basque fait face à une capacité de production excédentaire. Celle-ci est due aux investissements importants financés par l’IFOP. L’accroissement de la capacité a coïncidé avec l’épuisement des zones de pêche traditionnelles, ce qui a contraint à l’utilisation de matières premières en provenance d’autres origines. La pression sur les prix exercée par les importations de produits originaires des pays tiers où les coûts de production sont plus faibles affecte également négativement l’industrie de la transformation. Le secteur de la conserve absorbe environ 75 % des captures et génère les trois quarts des emplois du secteur de la transformation. L’élaboration de produits congelés et de produits fumés est aussi significative. Dans la Communauté autonome du Pays basque, on compte 70 entreprises travaillant dans la transformation du poisson. On observe une grande concentration d’entreprises à Guipuzcoa, mais c’est à Bermeo que la concentration est la plus importante. Il existe aussi un noyau d’industries à Ondarroa et dans les municipalités environnantes, Mutriku et Berriatua. Si l’on prend l’emploi en considération, les petites ou très petites entreprises prédominent, même si l’on compte encore dix moyennes ou grandes entreprises. Tableau 6: Principaux indicateurs de l’industrie de transformation du poisson au

Pays basque. 2007.

1 954 Personnes employées

Ventes de produits (en milliers d’euros) 473 088

Consommation de matières premières (en milliers d’euros) 273 525

Investissements en actifs corporels (en milliers d’euros) 25 288

Vente nette de produits/personne occupée (en milliers d’euros) 242,1

Frais de personnel/Vente nette de produits (%) 10,5 %

Consommation de matières premières/ Vente nette de produits (%) 57,8 %

Valeur ajoutée/personne employée (en milliers d’euros) (*) 46,3

Excédent d’exploitation (en millions d’euros) (**) 40,9

Marge brute (%) (***) 8,7 % (*) Valeur ajoutée/Personne occupée = Productivité (**) Excédent d’exploitation = Valeur ajoutée – frais de personnel (***) Marge brute d’exploitation = (Excédent d’exploitation/Ventes nettes de produit)*100

Source: D. G. de l’industrie et des marchés alimentaires du ministère de l’environnement et du milieu rural et marin

Le secteur de la conserve s’est développé à partir de la bonite et de l’anchois et est très dépendante d’un nombre limité d’espèces (bonite, anchois, maquereau et chinchard). Les captures de certaines de ces espèces se concentrent pendant les saisons de la pêche

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

côtière. Ce caractère saisonnier se répercute nécessairement sur la charge de travail du secteur de la conserve. Le secteur est soumis à une restructuration intense. De fait, durant les dix dernières années, quatorze entreprises qui se consacraient essentiellement à la production de produits de poisson congelés ont disparu. Toutefois, la production de l’industrie de la transformation a augmenté.

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La pêche au Pays basque

8. ASSOCIATIONS Il existe quatre organisations de producteurs établies dans la Communauté autonome du Pays basque. Tableau 7: Organisations des producteurs de pêche situées dans le Pays basque

Localité Organisation de producteurs N° OP Date de reconnaissance

Activité Province

Saint-Sébastien

Organización de productores de pesca de bajura de Guipuzcoa [Organisation des producteurs de pêche côtière de Guipuzcoa] (OPEGUI)

OPP-5 07/07/1986 Pêche côtière et hauturière

GUIPUZCOA

Bermeo Organización de productores de túnidos congelados [Organisation des producteurs de thon congelé] (OPTUC)

OPP-2 07/07/1986 Pêche en haute mer

BISCAYE

Bilbao Organización de productores de pesca de bajura de Vizcaya [Organisation des producteurs de pêche côtière de Biscaye] (OPESCAYA)

OPP-6 07/07/1986 Pêche côtière et hauturière

BISCAYE

VIZCAYA BISCAYE

Ondarroa Organización de Productores de Pesca de altura del Puerto de Ondarroa [Organisation des producteurs de pêche hauturière du port d’Ondarroa] (OPPAO)

OPP-52 04/05/2001 Pêche hauturière

Source: JOCE (98/C 92/03 du 27.3.98). Élaboration propre Trois d’entre elles ont été reconnues au moment de l’adhésion de l’Espagne aux Communautés européennes. Seule l’Organisation de producteurs de pêche hauturière du port d’Ondarroa (OPPAO) a été reconnue plus tard, en 2001. En outre, certaines entreprises de pêche du Pays basque ont intégré des organisations de producteurs établies dans d’autres communautés autonomes. Par exemple, l’Organisation des producteurs associés des grands thoniers congélateurs (OPAGAC), établie à Madrid, regroupe des entreprises comme Aiztzugana (Mundaka, Biscaye), Igorre, S.L. (Mundaka, Biscaye) ou Nicra 7 (Bermeo, Biscaye). Deux des navires de ces entreprises pêchent dans l’Atlantique et deux dans le Pacifique. L’OPAGAC et l’OPTUC font toutes deux partie d’une association interprofessionnelle, INTERATUN, regroupant des associations de l’industrie de transformation et de commercialisation, comme l’Asociación Nacional de Fabricantes de Conservas de Pescados Y Mariscos [Association nationale des fabricants de conserves de poissons et de mollusques et crustacés] (ANFACO) et la Federación Nacional de Asociaciones de Fabricantes de Conservas [Fédération nationale des associations de fabricants de conserves]. Certaines entreprises de pêche du Pays basque font également partie d’autres associations, comme l’Asociación de Empresas de Pesca de Bacalao, Especies Afines y Asociadas [Association des entreprises de pêche à la morue, espèces analogues et associées] (ARBAC). Les chalutiers au frais font partie de l’Asociación de Medianos y Pequeños Pesqueros al Fresco Norte y Noroeste de España [Association des petits et moyens bateaux de pêche au frais du Nord et du Nord-est de l’Espagne] (NORPESC). Il y a quelques années, il existait encore deux organisations de pêcheurs qui ont aujourd’hui été absorbées par les autres.

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

Les associations de pêcheurs sont des entités de droit public qui jouissent de la personnalité juridique. Légalement constituées, elles forment des canaux de participation et de collaboration entre le secteur de la pêche et les administrations publiques pour défendre les intérêts du secteur ainsi que l’organisation et la commercialisation de ses produits. Les associations de pêcheurs sont régies par la loi 16/1998 du 25 juin, sur les associations de pêcheurs et par le décret 115/2005, du 17 mai, sur le registre des associations de pêcheurs et des fédérations d’associations du Pays basque et le régime des communications. Toutes les associations de pêcheurs de la Communauté autonome du Pays basque ainsi que les fédérations sont inscrites dans un registre de la direction de la pêche et de l’aquaculture. Il est indispensable pour une association de s’inscrire au registre pour être reconnue et disposer d’une validité juridique. Actuellement, les associations de pêcheurs du Pays basque sont regroupées en deux fédérations provinciales. Seules les associations de huit ports de la province de Biscaye (Ondarroa, Bermeo, Lekeitio, Armintza, Elantxobe, Mundaka, Santurtzi et Zierbena) et de six ports de la province de Guipuzcoa (Getaria, Pasaia, Fontarrabie, Saint-Sébastien, Mutriku et Orio) sont officiellement et individuellement reconnues. Les associations de pêcheurs sont constituées des armateurs et du personnel travaillant dans le secteur de la pêche et embarquant sur les navires dont le port d’attache se situe dans le cadre territorial de l’association. De même, les personnes invalides ou retraitées ayant été membres de ces associations au cours des cinq dernières années de leur activité professionnelle peuvent continuer à en faire partie en tant que partenaires collaborateurs, avec le droit de prendre la parole mais sans droit de voter.

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La pêche au Pays basque

9. RECHERCHE La gestion intégrée des ressources marines et leur transformation postérieure en produits alimentaires requiert une vaste connaissance scientifique et spécialisée. Tant les administrations publiques, pour leur prise de décisions en matière de gestion, que les institutions et les entreprises concernées par le milieu marin, doivent pouvoir compter sur une information, une innovation et un développement technologique permanents. La Fondation AZTI est un centre technologique spécialisé dans la recherche marine, halieutique et alimentaire. Il s’agit d’une fondation privée sans but lucratif. Son objectif est le développement social et l’amélioration de la compétitivité dans la pêche et les activités associées par la recherche et l’innovation technologique. Elle développe des projets spécifiques et globaux dans les domaines de la gestion de l’environnement marin, de la pêche durable et de l’industrie alimentaire associée. Elle compte plus de 200 employés et en 2008 son chiffre d’affaires s’est élevé à 17 millions d’euros. AZTI-Tecnalia se livre à l’étude des ressources marines et de leur transformation en produits de qualité pour contribuer au développement durable de l’environnement. De même, elle mène des recherches visant à favoriser la durabilité de l’activité halieutique, la compétitivité économique de la flotte et le recours à des pratiques de pêche responsables et à faire progresser la qualité et la valeur ajoutée des produits de la pêche. AZTI-Tecnalia dispose de six lignes de recherche et développement:

• Gestion halieutique. • Technologie marine. • Innovation dans les technologies aquicoles. • Technologies des aliments. • Gestion intégrale de la zone côtière. • Océanographie opérationnelle.

ZONES DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT

Gestion halieutique

Évaluation des ressources halieutiques et des mollusques et crustacés

Développement de modèles de gestion pour la simulation de différents scénarios de gestion et de captures en utilisant des outils d’évaluation spatio-temporelle, applicables à des pêcheries multi-espèces et à différentes flottes.

Recherche de nouvelles méthodes d’évaluation des stocks au moyen de campagnes directes en recourant à des méthodes ichtyoplanctoniques, acoustiques et optiques et CUFES (Continuous, Underway Fish Egg Sampler).

Étude des paramètres biologiques (génétique, croissance, reproduction, pathologies et parasitation) et comportementaux (distribution et migration) dans les différentes espèces commerciales.

Biologie halieutique

Recherche sur l’effet de la variabilité naturelle et du changement climatique sur la productivité biologique, la dynamique du plancton, le recrutement des ressources, la connexion de modèles biologiques et physiques, etc.

Écosystèmes marins

Socio-économie de la pêche

Développement de nouveaux modèles de recherche halieutique incluant la variable socio-économique pour une nouvelle gestion des pêcheries.

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

Technologie marine

Innovation des engins et des opérations halieutiques

Développement de prototypes d’engins et d’équipements halieutiques.

Recherche sur le comportement des espèces face aux engins, appareillages, système de détection et d’attraction (acoustiques, appâts artificiels, etc.).

Amélioration de la conception des engins et appareillages de pêche par la modélisation et la surveillance visuelle et acoustique.

Développement d’éléments de sécurité et de confort de travail à bord des bateaux de pêche.

Application des technologies de l’information et de la communication dans les opérations halieutiques.

Développement de drones, de balises équipées d’instruments permettant d’évaluer le milieu marin, de senseurs robustes permettant de mesurer les produits polluants in situ.

Développement de nouvelles marques spécifiques pour l’étude des espèces marines (tags).

Utilisation de logiciels pour le traitement des données et d’une interface utilisateur appropriée.

Développement de nouvelles technologies d’observation marine

Innovation dans les technologies aquicoles

Développement d’équipements pour la télésurveillance des installations d’aquaculture au moyen de techniques acoustiques et optiques.

Développement de techniques pour la production d’alevins en incubateurs.

Amélioration des installations de culture en cages en pleine mer

Technologies des aliments

Développement de produits semi-finis et finis à base de poisson.

Développement de produits halieutiques ayant des propriétés fonctionnelles.

Développement de nouveaux formats et conditionnements.

Caractérisation des biomolécules et des ingrédients présents dans le poisson.

Nouveaux produits

Développement de systèmes de détection.

Développement de modèles de validation garantissant la sécurité et l’origine des produits.

Prévention de risques alimentaires.

Sécurité et qualité alimentaire

Développement de nouvelles technologies pour la conservation, la décontamination et le tri du poisson.

Développement de procédures pour l’utilisation et la mise en valeur des sous-produits.

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La pêche au Pays basque

Gestion intégrale de la zone côtière

Recherche sur l’évolution de la qualité environnementale dans la zone littorale.

Développement de nouveaux indicateurs environnementaux (AMBI ©).

Gestion environnementale du milieu marin

Impact environnemental

Développement de modèles et de méthodes d’évaluation des pressions et des impacts anthropiques sur le milieu naturel.

Protection et récupération du milieu marin et des estuaires

Développement de modèles d’exploitation.

Réalisation d’études pour la déclaration de réserves marines et sur certaines espèces marines menacées.

Océanographie opérationnelle

Développement et amélioration des modèles prédictifs

Recherche sur de nouveaux modèles biophysiques et sur leur optimisation pour l’assimilation des données.

Développement de modèles de prédiction des houles et des turbulences pour améliorer la connaissance du lien existant entre l’atmosphère et l’océan et la connaissance du comportement des courants marins.

Application des technologies existantes et émergentes.

Développement de systèmes d’information concernant les variables environnementales à partir d’informations satellitaires de haute résolution spatiale.

Mise en œuvre de technologies émergentes pour l’observation côtière (vidéo surveillance, sonde à faisceaux multiples, stations océano-météorologiques, SAR - Synthetic Aperture Radar -, LIDAR - Light Detection And Ranging-, etc.)

Observation du milieu marin

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Département thématique B: Politiques structurelles et de cohésion

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NOTES

Agriculture et développement rural

Culture et éducation

Pêche

Développement régional

Transport et tourisme

DIRECTION GENERALE DES POLITIQUES INTERNES

Département thématique politiques structurelles et De cohésion

RôleLes Départements thématiques sont des unités de recherche qui fournissent des conseils spécialisés aux commissions, délégations interparlementaires et autres organes parlementaires.

DomainesAgriculture et développement ruralCulture et éducationPêcheDéveloppement régionalTransport et tourisme

DocumentsVisitez le site web du Parlement européen: http://www.europarl.europa.eu/studies

B Département thématiquepolitiques structurelles et De cohésion

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B DIRECTION GENERALE DES POLITIQUES INTERNES

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Pêche

Culture et éducation

Agriculture et développement rural