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DéjàparusdanslasérieMarkedMen:RULEJET

ROMENASH

Titredel’éditionoriginale:Rowdy©2014,JenniferM.Voorhees

Laprésenteéditionaétépubliéeenaccordavecl’éditeuraméricain:©2014,HarpersCollinsPublishers,NewYork

Couverture:©Fotolia

CollectiondirigéeparHuguesdeSaintVincentOuvragedirigéparAudreyMessiaenetClémenceGermain

©HugoRoman

DépartementdeHugoPublishing34/36,rueLaPérouse

75116Pariswww.hugoetcie.fr

ISBN:9782755630367

CedocumentnumériqueaétéréaliséparNordCompo.

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Dédiéàtousceuxquiessaientdecomprendreoùilssontcensésêtre.Nevousinquiétezpas,

lesamis,l’universatoutprévu;ilfautseulementécoutercequ’ilessaiedevousdireetvousfinirezparatterrirexactement

làoùvousaurieztoujoursdûêtre.

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SOMMAIRE

Titre

Copyright

Dédicace

INTRODUCTION

Prologue-SALEM

Chapitre1-ROWDY

Chapitre2-SALEM

Chapitre3-ROWDY

Chapitre4-SALEM

Chapitre5-ROWDY

Chapitre6-SALEM

Chapitre7-ROWDY

Chapitre8-SALEM

Chapitre9-ROWDY

Chapitre10-SALEM

Chapitre11-ROWDY

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Chapitre12-SALEM

Chapitre13-ROWDY

Chapitre14-SALEM

Chapitre15-ROWDY

Chapitre16-SALEM

Chapitre17-ROWDY

Chapitre18-SALEM

Chapitre19-ROWDY

Chapitre20-SALEM

ÉPILOGUE

NOTEDEL’AUTEURE

LAPLAYLISTDEROWDYETSALEM

REMERCIEMENTS

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INTRODUCTION

À tousceuxquineconnaissentpasmonhistoire,pourfairecourt, jepensaisavoirtoutprévudanslavie. Je pensais être sur la voie où je devais être. Je pensais faire ce que j’étais supposée faire etjepensaisqu’enretour,j’allaisvivreunrêveetavoirle«ilsvécurentheureux»classique.

Saufquenon.Lavoiequejedevaisréellementsuivreétaitinfinimentdifférente.Mon«ilsvécurentheureux»n’étaitpasfaitd’amouretdemariage,maisd’unenouvellecarrièreetd’unegrandeaventuredontjen’avaispuquerêver,beaucoupplusjeune.Enréalité,cequejepensaisêtremadestinéeétaitunstatu quo, un rythme quotidien dans lequel j’étais tombée car je ne connaissais rien d’autre, ethonnêtement,j’avaissimplementpeurdecequiétaitextérieuràmazonedeconfort,danslaquellej’étaisdepuistroplongtemps.

Eh bien, terminé ! Ce que j’étais destinée à faire est bien mieux, bien plus exigeant, bien plusenrichissantetépanouissantquelestatuquo.Jemeréveilletouslesmatinsreconnaissantequemavoieait changé aussi drastiquement. C’est vrai, cela a été dur sur le moment. Cela a été l’une des pirespériodes demavie et l’undes parcours les plus terrifiants,mais en étant sortie plus forte, totalementindépendante,etavecunecréativitéabsolumentépanouie,jenepeuxquediremerciàl’universd’avoirsecouétoutcela.

Cen’estpasgraved’avoirpeur,jepensevraimentquec’estcommecelaqu’onsaitquecequel’onestcenséfaireestimportant,maisc’estgravedenepastrouvercettechosequel’onestcenséfaireparcequ’onapeurdel’inconnu,parcequelavoielamoinsempruntéeestintimidanteetsombre.Acceptezlechangement, trouvezvotrepassion,sachezd’oùvientvotrevéritablejoie,etfaites-lejusqu’àlafindestemps.Vivezlaviequevousaurieztoujoursdûvivre.Honnêtement,riensurTerrenevousrendraplusheureuxouplusreconnaissant.

Lancez-vousetsoyezvous-même.L’universadorecesconneries!:-)

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PrologueSALEM

Jen’aipasbeaucoupdebonssouvenirsdemonenfance.Ilyavaittropderègles.Tropdelois.Tropderegardsdésapprobateursdelapartdemonpèreet

pasassezdesoutienoudecrandelapartdemamère.NoushabitionsàLoveless,unetoutepetitevilleduTexasquiportedouloureusementbiensonnom.

J’étais la fille du pasteur, et comme si cela ne sous-entendait pas assez d’exigences en soi, l’hommeadoré derrière sa chaire était un tyran à la maison. Je devais être silencieuse, obéissante, etconventionnelle.Leproblème…c’estquecelan’ajamaisétémoi.

Quandj’avaisneufans,j’aiconvaincumamèredemelaisserfaireunessaipourungroupededansetrès sélectif. Je désirais quelque chose de différent, quelque chose qui rendrait le quotidien moinsinsupportable. J’étais si fière, si heureuse quand j’ai été prise dans le groupe. Tout cela pour quefinalementmonpèremedisequedanserainsin’étaitpasautoriséetquesafillen’allaitpassedonnerenspectacle. Il ne le permettrait pas. C’était comme ça que tout se passait dansma vie, etmamère nesemblaitjamaisprêteàluitenirtêteetàledéfier,mêmepourdonneràsafilleunechosequ’ellevoulaitplusquetout.Toutcequis’opposaitauxsouhaitsdemonpèreouqu’il jugeaitdéplacéethonteuxétaitrejetéàcoupsdepied,enmêmetempsquetoutsensd’individualitéetdeplaisir.Mesparentsvoulaientmefaireentrerdansuneboîte troppetitepourmoi,peinteenblancetagrémentéed’ungrandnœuddetradition.Êtremoi,celaneseraitjamaisassezbien.

Unechoseempiraitlasituation:mapetitesœurétaitlaprunelledesyeuxdemesparents.Lapetitefilleprodigeparfaite.J’aimaisPoppydetoutmoncœuraussi.Elleétaitdélicateetgentillemaiselleétaitaussi docile et obéissante, prête à réagir dès quemon père aboyait un ordre. Je n’allais jamais êtreparfaiteetconciliantecommemonadorablepetitesœur.Jen’avaispasl’intentiondefinirjoyeusefemmeau foyer commemamère.Et je n’allais certainement pas rentrer dans lemoule des conventions de lafemmemexicainetraditionnelle,commemonpèrelevoulaitàtoutprix.Alorsàl’âgedeneufans,j’avais

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décidéquejeferaismapropreroute.Jevoyaislalumièreauboutdutunnel,ilfallaitseulementquejesoispatiente.

Quandlemomentestvenu,jemesuislibérée.J’aiprislarouteavecexactementlegenredegarsquemonpèredétestait.J’avaisàpeinedix-huitans,pasvraimentuneadulte,maisilfallaitquejeparte.Jedevaism’enfuir…Jenevoyaissimplementaucunautremoyendesurvivre.J’aifuiLoveless,époussetémesbottesetjen’aijamaisregardéenarrière.

Jeneregrettepaslesdécisionsquej’aiprisesà l’époque.Encoreaujourd’hui, jesuisunefemmequidéfendseschoix,qu’ilssoientbonsoumauvais.Jesuisindépendante.J’aidelavolonté.J’aitracémonproprechemindanslavie,etjusqu’àmaintenant,j’aiextrêmementbienréussi.Ilyaeudesmomentsoùj’aitrébuché.Desmomentsoù,allongéedanslenoir,j’aieuenviedepleurer.Ilyavaitlesmomentscalmesquimesurprenaientetmerappelaientque jen’avaispasfuiuniquementmesparentsdanscettepetitevilletexane.Maisengénéral,j’essayaisdeprendrel’entièreresponsabilitédemonbonheuretdemonbien-être,etj’aimaisquecelasoitainsi.

J’étaisencoreencontactavecmasœur,Poppy.Nousétionsproches,mêmesielleavaitépouséunhommedont je n’étais pas la plus grande admiratrice, quelques années plus tôt.Elle vivait toujours àLoveless.Mahainepourcetendroitétaitsiprofondequejen’avaismêmepaspumeforceràassisteràsesnoces,quis’étaientévidemmentdérouléessousl’œilattentifdemonpère,danssonéglise.J’aimaisbouger, donc Poppy venait visiter et découvrir chaque grande ville dont je faisais mon chez-moitemporaire.Sesvisitess’étaientfaitesdeplusenplusraresaveclesannées,etmaintenant,onnefaisaitquediscuterdetempsentempsautéléphone.

Au départ, ma vie de bohémienne m’avait amenée à Phoenix puis à Reno, avant de céder à latentationqu’étaitLosAngeles,rapidementsuivieparNewYork.J’avaisessayélaNouvelle-Orléansetm’étaitéclatéeàAustinquelquesannées.Plusrécemment,j’avaisatterriàVegas,etquelquechosedansleslumières,lebruit,lefluxdegenspermanent,lasensationquec’estunevilledetransit,m’avaitplu.J’étais restée dans la jungle de néons plus longtemps que partout ailleurs et m’était installée enconstruisant une carrière très rentable qui avait été rendue possible grâce à toutes ces décisions quej’avaisprisesetdontmesparentsétaientsûrsqu’ellesallaientgâchermonavenir.

J’avaisunsuperboulot,unappartementdutonnerre,etjevoyaismêmeunmecavecquic’étaitsurlepointdedevenirplussérieuxquecequejetoléraisgénéralement,lorsquej’aireçuuncoupdetéléphonedufilsdePhilDonovan,sortidenullepart.

PhilDonovanétaitune légendedansmonmonde ;unvéritabledieudans ledomainedu tatouage.C’étaitletatoueurquetouslestatoueursvoulaientêtre.C’étaitl’artistedontonvoulaitporterletravail.Ilétaitrévolutionnaire.Ilétaitcélèbre.Lalisted’attentepourdevenirsonapprentifaisaitcentkilomètresdelong.Philétaitunhommed’untalentincommensurableetd’aprèssonfils,Nash,ilétaitmaladeetseschancesdes’ensortirétaientprochesdezéro.NashavaithéritédusalondePhilaucœurducentre-villedeDenveretavaitégalementétéchargédelancerunnouveausalondetatouagedansLowerDowntown(LoDo),unquartierplusbranchédelaville.PhilavaitcitémonnomcarNashcherchaitunegérantepourlenouveausalon.

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Jen’avaisrencontrélevieuxqu’uneseulefois.C’étaitpendantuneconventionàVegas,etj’avaissimplementvoulurencontrercetartisteàlabeauténotoire.Ehbien,Philétaiteffectivementunmagnifiqueexemple de rockeur qui vieillit bien, mais il était aussi charmant, poli, et quelque chose dans soncomportementparlaitàmonâmeperdue.Nousavionsdiscutédesheuresdurant.Ilavaitproposédemetatouer,etiln’yavaitpasmoyenquejedisenon.J’aipassélajournéesuivantesoussesaiguillesenluidégobillanttoutel’histoiredemavie,soussonregardvioletperçant.C’étaitcommesiunpapetrèscoolettrèstatouém’absolvaitdetouslespéchésquej’avaiscommis.

Quandilavaitdemandéd’où jevenaisetque je luiavais répondu«d’unpeupartout», ils’étaitcontentéderire.Quandj’avaisditquej’avaisgrandidansunevilletrèsconservatriceduTexasnomméeLoveless,j’avaissentiunchangementdanssonattitude.Ilétaitdevenuplusattentif,avaitposéunetonnedequestions,etquandlabelle,éléganteettrèstraditionnelleViergedeGuadalupeaététerminéesurmonmollet,j’avaisl’impressionquePhilmeconnaissaitmieuxquejenemeconnaissaismoi-même.

Nousnoussommesditsaurevoiretjen’aijamaistroprepenséàcetterencontre,hormislefaitquej’avais un tatouage mortel de Phil Donovan, ce qui me donnait amplement le droit de m’en vanter.L’appel deNashm’avait réellement prise par surprise, alors jeme préparais à vite l’envoyer paître.J’étaistristed’apprendrelamaladiedePhilmaisjen’avaispasvraimentenviedequitterVegas.DansleColorado, il faisait froid, et il y avait desmontagnes. Je n’avais absolument pas besoin de ces deuxchoses.Jem’apprêtaisàraccrocherlorsqueNashm’aditdechercherlesalonsurInternet.Deregarderletravaildesartistes.Ilm’aditquePhilétaitabsolumentcertainquejeseraisintéresséeparleposte.J’aibalayél’idéed’unreversdemainetj’airaccroché,maisilavaitpiquémacuriosité,alorsj’aicherchélesitedusalonsurmontéléphone.

TheMarked avait une réputation extraordinaire. Les notes étaient incroyables et les portfolios àcouper le souffle.Mais c’est quand je suis passée aux pages individuelles des artistes que tout monmondeetmonavenirsontpassésdeVegasàDenverenl’espaced’unbattementdecœur.

Là,surlepetitécrandemontéléphone,s’affichaitleseulbonsouvenirdemajeunesse,toujoursbonetfiable.Laseulechosequej’avaisgardéeauchaud,enmoi,oùquejesoisetpeuimportemonhumeur.Là,meregardaitlaversionadultedupetitgarçonauxyeuxbleusquiavaitétélaseulepersonnedetoutema vie auprès de qui jem’étais sentie acceptée. La seule personne avec qui j’avais senti que c’étaitsuffisantd’êtresimplementmoi,qu’êtremoiétaitmêmeunechosevraimentchouette.

RowlandSt.James…Rowdy.Levoisinquiétaitsigentil,avecdegrandsyeux,quiavaittellementpeur d’être renvoyé en foyer, tellement peur d’être seul. La première fois que Poppy l’avait traînéjusqu’au jardin pour jouer avec nous, je me souviens l’avoir vu lutter pour comprendre comments’amuser,commentsedétendreetpasserunbonmoment. Ilétait sipetit,avecdesyeuxsigrandsetsitristes qu’ils me serraient le cœur. Tous les petits enfants devraient savoir comment jouer, devraientavoirenviedeseroulerdanslaterreetdemettrelebazar,maiscen’étaitpaslecasdeRowdy.

Jecroisquej’étaistristepourluiparcequejesavaisprécisémentcequ’ilressentait.J’étaisàpeineadolescente, et même à cette époque, je nem’imaginais pas rentrer avec les genoux écorchés ou lesvêtementsdéchirésfaceàmontyrandepère.Jemeferaiscrierdessus,jeseraispunie,jemeferaisretirer

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tousmesprivilèges– lepeuque j’avais–, etmême si jem’amusais à la folie, celan’aurait pasvalutouteslesrépercussionsquecelaauraiteu.Jemerésignaisdoncgénéralementàresterassisesurlecôtéetàregardertouslesautress’amuser.Seulement,unefoisqueRowdyentradansmavie,jen’aipluseuàresterassisetouteseule.

C’est comme cela que j’ai découvert son don artistique. Dessiner sur du papier était propre etminutieux, normalement c’étaitmême ennuyeux, et il n’y avait absolument aucunmoyen que j’aie desennuisouquejesoispuniepouravoir jouéaumorpionouaupendu.J’étais loindesavoirquedonnerquelques feuilles blanches et des crayons de couleur à Rowdy allait débloquer chez lui un potentielartistique qui allait m’impressionner. Même à dix ans, il était capable de créer des images et despaysagesquisemblaientsivraisqu’ilsauraientméritéd’êtreencadrésetaccrochésàunmur.Cegarçonétait doué, et c’était la première fois que je le voyais vraiment sourire. Il adorait dessiner, faire descroquis et s’amuser avecde lapeinture,doncà chaque foisquenousnous retrouvions relégués sur lecôté,c’étaitcequenousfaisionstouslesdeux.Dessineretgribouiller.J’étaismauvaise,mais j’aimaisquecelalerendeaussiheureux.

Malgrénotreécartd’âgeetnosdifférencesévidentes,Rowdysavaitcequec’étaitdevouloirplusetd’être plus que ce dans quoi nous étions coincés pour lemoment. C’était une âme sœur, et il faisaitsouriremoncœurquandmonquotidienétaitmorneetaffligeant.Nousétionsdeuxgaminsquiessayaientdefaireaumieuxdansdeuxfoyersquinevoulaientpasvraimentdenousetquinenouscomprenaientpas.Nous étions peut-être spectateurs de nos familles et de nos propres vies,mais aumoins, nous étionsspectateursensemble.C’étaittoutsimplementlemeilleuramiquej’aiejamaiseu–encoreaujourd’hui.Pourtant,parfois,jemedemandaiss’ilétaitcontentd’êtreenmargeavecmoi,sicelaluiallaitd’avoirlenezcollécontrelavitre,parcequ’ilétaitaussiunepersonnedeplusdansmavieàêtreaveugléparlaperfectionapparentedePoppy.Nousregardionstoutsedéplacerautourdenous,sansjamaisnoussentirinclusoudésirés,maisilnelâchaitjamaismapetitesœurdesyeux.

J’avaistoujourssuquePoppyétaitlasœurCruzqu’ilvoulait,maisjenesaispascomment,j’avaisoubliécela lorsdemesderniers instantsàLoveless.Alorsque laBelvedereallait sortirde l’alléedechezmesparents,j’avaisaperçusesyeuxvifsbleucieldanslerétroviseur.J’avaissautédelavoiture,eten une fraction de seconde, quelque chose avait changé dans notre fraternité, notre lien profond depersonnesexcluess’étaittransforméenautrechose.Jel’aivuplusvieux,j’aivuplusqu’unadolescentpaumé.Iln’avaitquequinzeans,ilétaittropjeunepouravoirtantdemanqueetdedésespoirdanssonregardquimebrisaitlecœur.Tropjeunepoursoudainsemblersiadulte,sidifférent.Nil’unnil’autren’étions prêts pour l’un et l’autre ; à dix-huit ans, je n’imaginais pas à quel pointmes actes seraientradicauxoucombiende tempsjeseraiéloignée,mais jedevais l’embrasserpour luidireaurevoir, jedevaisluimontrerqu’ilcomptaitpourmoidemillefaçonsmêmesijepartaispournejamaisrevenir.

Seulement, maintenant, grâce au hasard et à Phil Donovan, Rowdy me fixait, tout adulte etsomptueux.Ilétaittoujoursblond,aveccesourirequifaisaitdéraillermoncœur,maisilétaitplusgrand,plusfort,et lebleudesesyeuxdevaitmaintenantrivaliseravectouteslescouleursquirecouvraientla

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majeurepartiedesapeauvisible.Soudain,c’étaitcommeregardertoutcequejevoulaisdansunebouledecristal,quimedisaitàquoidevaitressemblermonavenir.

Sansmêmeprendreunesecondepourréfléchir,j’airappeléNashetaiacceptéletravail.Jecroisqu’ilaparlédepasserunentretien,maisjel’entendaisàpeineaveclesangquibattaitàpleinepuissanceentremesoreilles.J’allaisdevoirréglerpasmaldedétailsavantdefairemesvalises,maisj’avaisunenouvelledestinationetunobjectifclairentête.Jevoulaisvoirsic’étaittoujourslà,cettesymbiose,cetteconnexionetcetteattirance indéniablesquinousavait fait sibienfonctionnerensemblealorsquenousétionstropjeunesettropperduspoursavoirquoienfaire.

Ilafalluunpetitmomentpourcouperlesliensaveclesalonoùjetravaillais,surtoutparcequ’ilsvenaientdesigneravecuneespècedeprogrammedetélé-réalitésurletatouageetjecroisquem’avoiràl’accueilétaitl’undeleurprincipalargument.JedevaisaussirompreavecM.J’en-Veux-PlusetpartirpourNewYorkpourunshootingphotoquej’avaisprévupourunmagazinedetatouage.Chaquejourquipassait,j’étaisdeplusenplusimpatiente.JevoulaisêtredansleColorado,jevoulaisposermesyeuxsurlaversionadultedeRowdy.Jemouraisd’enviedevoirl’effetquelesannéesavaienteusurlui,àpartlerendreincroyablementsexy.Ilavait toujourseuunesuperpersonnalité.Affableetdétendu,mêmesisavien’avait pas été rempliede roses et de cuillères en argent. Je l’avais toujours admiré. J’enviais safaçondefaireavec toutcequipouvait lui tomberdessus.J’étais tout l’inverse.Je transformais toutenbataille,encombatpour lasurvie,etc’étaitépuisant.Quandonsebatpour tout, lesbataillesque l’onmènepourcequicomptevraimentseretrouventnoyéesdansceboucanetperdentleursens.

J’ai jeté toutcequejepossédaisdansmavoitureetunefoisdeplus, j’aipris laroute.C’était latoute première fois que je quittais un endroit avec une destination précise en tête. Il n’y avait passeulement l’appréhensiondefairefaceà laseulechose joyeusedemavied’avant,maisaussi ledésird’aideràconstruireunempiredu tatouage,departager l’héritagedePhilavec lemonde,auprèsde laprochainegénérationdedieuxdutatouage.Toutcelaétaitexcitantetj’aimaislesdéfis.

QuandjesuisarrivéeàDenverenmai,j’aiétéfrappéedevoircombiencetendroitétaitbeau.Lavilleétaittrèspropre,etlesRocheusesquinoussurplombaientauloinétaientépoustouflantes.Ilyavaitunevie,unsouffledifférentdetouteslesautresvillesoùj’étaisalléeetjem’ensuistoutdesuitevouludel’avoirsous-estiméesansréfléchir.Lorsquej’inspirais,c’étaitcommesijesentaisl’airdelamontagneàl’intérieurdemoi.Oupeut-êtrequej’étaisjusteentraind’étoufferàcausedumanqued’oxygène.Aprèstout,Denverétaità1600mau-dessusduniveaude lamer,etpourunecitadine,essayerde respireràcettealtitudenes’avéraitpasévident.

J’aitrouvéuntoutpetitappartementmeublé.Aprèstout,j’étaisdevenueexpertepourdéracinermavie et rebondir d’une ville à une autre. Je me suis fait un petit discours d’encouragement pour meconvaincrequejen’étaispasfollededéménagerdansunautreÉtatsuruncoupdetêteetlaphotod’unjoligarçon.Jemesuisfaitebelle,jemesuiscoiffée,j’aimisdurougeàlèvrerougesang,enfilémaplusbellepairedetalons,puisjesuisalléecharmermonfuturemployeurpotentiel.

Mon nouveau patron était beau gosse. Son associé aussi. Sérieusement, ils auraient dû se faireprendreenphotopouruncalendrierdebeauxmecstatouésetpercésdeDenver.Ilsm’ontaussiobservée

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attentivement. Ils regardaient mes tatouages, pas de façon lubrique ou flippante, mais pour voir si jeconnaissaisladifférenceentredubonetdumauvaistravail.J’aidûréussirl’examen,carlatoutepetiteblondeavecsonbébéetducaractèrem’asouriet leuraditdem’embaucher.MonsieurSexyavec lesflammessurlecrâne,Nash–quej’aireconnutoutdesuite,rienqu’àsesyeux–m’aproposéleposte.Bienentendu,j’aiaccepté.

Lemecaveclacrêtenoireetlatonnedecharismeafaitquelquescommentairessarcastiquesetm’alancéunsourirequiauraitfaitchauffermonsangsijen’avaispasvul’allianceàsondoigt.Cesdeux-là,ilsattiraientlesennuis.Lemeilleurgenred’ennuis.Jeleuraiditquejesavaisqu’onallaitpasserdebonsmomentsetquej’étaiscontented’avoirmaplacedanscetteaventureaveceux.Nousétionsprêtsàpartiretjeleuraiditquej’avaishâtedecommencerlorsquej’aientendusavoix.

Elleétaitplusgrave,plus lisse,maissouscebaryton, j’entendais lepetitaccent texandont jemesouvenais bien des années plus tard. Quand sa tête est apparue dans les escaliers, j’ai vu ses yeuxs’agrandir,mereconnaîtreetseremplird’inquiétude.Jen’aipaspum’empêcherdesourire.Mêmes’iln’avaitpas l’air ravidemevoir, toutchez luimerendaitheureuse,et jesavaisque j’avaisfait lebonchoix. Jeme suis avancée vers lui comme si un champ de force nous attirait l’un vers l’autre et j’aientendumestalonsclaquersurleparquet,aumêmerythmequemoncœur.

Jemesuisarrêtéejusteenfacedelui.Mêmes’ilétaitunemarcheplusbasquemoietquejeportaisdes talons, il étaitplusgrandquemoi. Il était largeet fort. Ilme regardait commesi j’étaisune sorted’apparition.Etjel’étais.J’étaisréellementunfantômedesonpassé,toutcommeill’étaitpourmoi.J’aipasséundoigtlelongdesonnez,airésistéàl’enviedemepencherenavantetd’appuyermeslèvressursaboucheentrouverte.

J’aiditsonnom,sonvrainom,pourqu’ilsoitsûrquec’étaitvraimentmoi.–Bonjour,Rowland.Toutsoncorpsasursautéenréaction.Tuasbiengrandi.Nousnoussommesregardésensilencependantuneminuteetj’aivutoutelacouleurfuirsonvisage.

Ilamurmurémonnomenréponse,d’unevoixétranglée.Il avait une ancre énorme tatouée sur le côtédu cou.Onaurait dit qu’elle était vivante avec son

poulsquibattaitrapidementsoussapeau.J’airegardépar-dessusmonépauleetailancéaurestedenotrepublicperplexe:

–Onsevoitauboulotlundi.Envoyez-moicequejedoissignerpare-mail.J’aifaitattentionàcequemamainfrôlele torsedeRowdyenpassantdevant luipourdescendre

l’escalier.J’aisentisoncœurquibattaitlachamade,j’aisenticommeiltremblait.Jesuissûrequec’étaitplusdûauchocqu’àtouteformed’appréciationdemesattributsféminins,maisjem’enfichais.

Pourlapremièrefoisdetoutemavie,jesavaisquej’étaisprécisémentoùjedevaisêtre.

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Chapitre1ROWDY

Lesboulesdebillardsesontentrechoquéesavecunclacbruyantetontroulésansbutsurlatable.Pasuneseule,unieourayée,n’aatterridansuntrou.Jemesuisappuyélourdementsurlaqueuedebillardposéeparterreetj’aifixélatable.

–Mec,tun’espasdedans.C’étaitvrai,àtoutpointdevue.J’aieuunpetitrireetj’airegardémonmeilleuramidel’autrecôté

delatable,JetKeller.Iln’étaitplustrèssouventàDenver.Engénéral,ilpartaittransformerdesjeunesgroupesenstars,oufairelarockstarlui-même.C’étaitl’undesraressoirsoùilétaitenvillesansêtrecolléàsatrèsjoliefemme.Normalement,j’auraisététropcontentdepasserdutempsentrepotesavecJet,maiscommeill’avaitdit,jen’étaispaslà.

J’aitendulebrasderrièremoietj’aiprislabouteilledeCoorsLightquej’avaislaisséesurlatablehaute. Généralement la bière était la réponse à tous les problèmes de la vie, mais les choses quitournaientdansmatête, leschosesquim’empêchaientdedormir lanuit,mêmedegrandesquantitésdebièrenepouvaientpaslesfairetaire.J’aidéplacémonpoidsenbougeantmespiedsetj’airegardéJetréussirquasitoussescoups.Jenecomprenaispascommentilarrivaitàsepenchersurlatableetfaired’aussibonspoints sansdéchirer sonpantalon. Jen’arrêtaispasde luidireque s’ilvoulait avoirdesgamins,ilferaitmieuxd’acheterunLevi’sclassique;c’étaitunrunninggagentreluietmoi.Lescouillesdecemecmefaisaientpitié.

Je connaissais Jet depuis des années et j’étais habitué à son style hard-rock. Cela collait à sapersonnalité.Ill’assumaitsurscèneetailleurs.Enrevanche,celanecollaitpasaubarmiteux,endehorsdessentiersbattus,oùjel’avaistraîné.J’évitaislebarleplusprochedusalondetatouagecarjen’avaisnulleenviedecroisermanouvellecollègue.

C’étaitdéjàassezdurdelavoirtoutelajournéeausalon.Jeluttais,chaqueheurequipassait,pourempêcherlesneufmillionsdequestionsquejemeposaisdejaillirdemabouche.Jevoulaistoutsavoir,maisjesavaisquemêmesielleavaitlesréponses,celanechangeraitrienaufaitqu’ellem’avaitdéçu,

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desannéesenarrière.Alorsjerestaissilencieux.Jefermaismaboucheetjefaisaisdeseffortspournepaslaregarder,nepasluiparlerdirectement,etjem’efforçaistoutparticulièrementdenepasallerlàoùellepourraitêtreaprèsletravail.Mastratégied’évitementvoulaitdirequel’abreuvoiràcôtédusalonétaitunezoneinterdite,ainsiqueleBar,levieuxtroquettenuparunamiproche.C’étaientlesdeuxseulsendroits que je fréquentais avec mes amis et le reste de la bande du salon, donc cela me paraissaitlogiquequeSalemysoitaussi.Parconséquent,j’avaistraînéJetjusqu’àcebarquisemblaitnepasavoiréténettoyédepuislaruéeversl’orduColorado,ettouteslespairesd’yeuxsuspicieuxétaienttournéesversnous.

–J’aipasséquelquessemainesétranges.Jetalevésonsourcilnoiretm’afaitsignederéalignerlesboules.–ÇaaunrapportaveclabombedeVegas?J’aisentimesépaulessetendresanslevouloir.–Peut-être.J’aiprismontempspourremettrelesboulescoloréesdansletriangle,etquandj’aieufini,jesuis

restédebout,appuyécontrelatabledebillardavecmesmainsposéessurlebord.Mesdoigtstatouéssontdevenuspresqueblancssousmonpoids.C’était leproblèmequandonavaitungrouped’amistrès liésquiservaitdefamilledesubstitution.Toutétaitlesaffairesdetoutlemonde,etchacunvoulaitfourrersonnezdanslebordelpouressayerd’aider.

Jel’airegardéenplissantunpeulesyeuxtandisqu’ilcommandaituneautretournéedebièresàlaserveuse, qui semblait faire cela depuis sa naissance. « Exténuée » ne suffisait pas pour décrire sonapparence usée, et cela m’agaçait. Si je n’étais pas aussi taré, nous aurions pu aller au Bar, où laserveuseétaitDixie.Unevraiepoupée.Une rousseavecuneattitudedétendueetunsourire rayonnant.Elle était en général également dispo pour passer du temps toute nue avecmoi, sans rien attendre lelendemainmatin.Lecontrasteétaitdoncbientropsaisissantetjen’étaisvraimentpassympaaveccettepauvreBetty.

J’ailancéàJet:–Qu’est-cequ’ont’adit?Ilm’asouridefaçonàmefairecomprendrequejefaisaislecrétin.Jenememettaispasfacilement

en colère. Je n’envoyais jamais l’intérêt. Il y avait toujoursmoyenque les choses se règlent d’elles-mêmesetc’étaitquandlesgensessayaienttropfortqueceladevenaitlebordel.Jecroyaisfermementquecequidevaitarriverarrivait,etqu’iln’yavaitaucunmoyendecontrôlerlerésultat.

Iladonnéunpourboireàlaserveuse,aprislesbièresetm’enatenduune.–Justequ’ellen’estpascommune.Onm’aditqu’ellepouvaitfaireconcurrenceàCora,qu’elleétait

génialeaveclesclients,qu’ellesaitdequoielleparlequestiongestionetqu’ellen’apasdixsurdixentermesdebeautémaisdixfoisdix,etquetul’évitescommesiellevenaitd’unasiledelépreux,pasdeLasVegas.

CoraLewisétaitladirectricecommercialeduMarked,lesalondetatouageoùjetravaillais.Elleétaittoutepetitemaisavaitunegrandegueule,etétaitnotrevraiepatronneàtous,etavecJet,elleétaitma

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meilleureamie.Lefaitqu’elleaitimmédiatementaiméSalem,qu’ellel’aitaccueilliedanslafamillesansmêmemedemandercequecelame faisait, celam’embêtait etmedonnait aussi l’impressiond’être lacinquièmeroueducarrosse.ToutlemondesemblaitadorerSalem,n’arrêtaitpasdechanterseslouangeset de répéter combien elle nous sauvait la vie avec le salon qui s’installait dans un nouveau lieu. Sil’onposaitlaquestionàn’importelequeldemescollègues,elleétaitlasauveuseduMarked.

Jevoulaisqu’ellereparted’oùelleétaitvenueetqu’ellereprenneavecelletouslessouvenirs,touslessentimentsquiluiétaientrattachés.J’avaistravailléduretlongtempspourenterrerlamajeurepartiedemavie pré-Colorado et je n’avais pas besoin deme rappeler quotidiennement que j’avais aimé etperdulesdeuxsœursCruz.

–Elleestbelle.Ellel’atoujoursété.SalemCruz avait tout d’une pin-upmoderne. Il y avait ses formes très généreuses. Il y avait les

kilomètresdecheveuxfoncésincroyablesquisemblaientinterminablesetétaientponctuésd’unemècherougevifàl’avant.Elleavaitdesyeuxcouleurobsidiennesurmontésd’eyelinerquileurdonnaituneffetœildechat,etseslèvresétaientd’unrougesangàlamoueparfaite.Touslesjours,onauraitditqu’ellesortaitd’unmagazinedebagnoles.Sonstyleétaitsavammentétudiépourêtreàlafoisunpeuprovocateuretsexy,cequilarendaitabsolumentimpossibleàignorer.Touslesjours,lepetitpiercingMonroerubisqu’elleportaitau-dessusdesalèvremefaisaitdel’œilettouslesjours,j’essayaisdenepasremarquerque ses bras tatoués étaientmagnifiques et pleins d’œuvres que j’enviais en tant que professionnel etartiste. J’essayais aussi très fort de ne pasme souvenir des fois où ellem’enveloppait dans ses bras,quandj’étaisjeuneeteffrayéenpermanenceetqu’elleessayaitdemerassurer.

–Tulaconnaisdepuislongtemps?Jetn’imaginaitpastoutlepoidsdesaquestion.–Ouais.J’habitaisàcôtédesafamillelàoùj’aigrandi,auTexas.Jepassaisbeaucoupdetemps

chezellequandj’étaispetit.Ellen’avaitpas lemêmestyleà l’époque.Sescheveuxétaientplus foncés,mais sesyeuxétaient

déjànoirscommelanuitetmystérieux.Sonsourireétaitaussilemême,ainsiquelafaçondontjesentaismon sang s’épaissir quand elle passait près de moi ou me frôlait sans le faire exprès. À l’époque,jepensaisquecen’étaitpasbien.Jepensaisquec’étaitterrifiantetdangereuxderéagiraucontactd’unefilledontjesavaisqu’ellen’étaitpaspourmoi,maismaintenant,jesavaisqueSalemétaitirrésistibleetquec’étaitphysiquementimpossiblederesterinsensible.

–Alorspourquoitulatiensàl’écart?En général, j’étais charmeur, affable et séducteur avec le sexe opposé. J’avais simplement cette

façondeleurparlerquimepermettaitd’avoircequejevoulaisettoutlemonderepartaitcontentàlafin.Avec Salem, je ne pouvais pas le faire.Avec elle, je ne trouvais pas demots qui ne soient pas desaccusations,desreproches,etdelahainepureetsimple.Jeluienvoulaisd’êtrepartie,etencoreplusd’avoirsoudainréapparu.

–ElleestpartiedeLovelessquandj’avaisquinzeans.Elleafaitsesvalisesets’esttiréeenpleinmilieudelanuitavecleplusgrosdealerdebeuhdelaville.Sonpèreétaitpasteuretsapetitesœurla

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vénérait,doncçaaétédurpourtoutlemondequandelleestpartie.J’aiavaléunelonguegorgéedebièreetailâchéunprofondsoupir.–Çaaététrèsdurpourmoi.J’avaisaiméPoppy,lapetitesœurdeSalem,detouslesmorceauxdemajeuneâme.Elleétait la

seuleetl’uniquepourmoi,elleétaitlecentredumonde.Entouscas,ellel’avaitétéjusqu’àcequejelasuive à l’université et qu’elle finisse par me dire que nous ne serions jamais ensemble. Salem, enrevanche, avait étéma confidente, et, chose peut-être encore plus importante, elle avait offert au petitgarçon seul et exclu que j’étais son amitié et son acceptation. Elle étaitmameilleure amie, et j’étaisperdusanselle.Quandelleestpartiesansmêmemedireaurevoir,c’étaitladeuxièmefoisdemaviequejeme sentais abandonné. J’étais encore oublié par quelqu’un qui était censé se soucier demoi pourtoujours.Salemm’alaissédégoûtéetvidé.

–Doncvousétiezproches,elleestpartie,c’estlapremièrefoisquetularevoisendixansettuestoutperturbéparça?

Siseulementc’étaitsisimple.LessœursCruzavaientfaitleurpetiteffetsurmoiàdenombreusesreprises.J’auraisétéparfaitementsatisfaitdenejamaisavoiràlesrevoirnipenseràellesdeux.Simescheveuxn’avaient pas été plaqués en arrière et remontés sur le dessus commeunpersonnagedeCry-Baby,jemeseraispassélesmainsdedans,defrustration.

– Je ne suis pas perturbé. C’est juste que je n’ai rien à lui dire. C’est long, dix ans. C’est uneinconnue.

Ettoutcequej’auraispuluidireneseraitpassorticommeillefallait,detoutemanière.Lesmotsauraientétémélangésàlarageetauxsouvenirs.Jetm’ajetéunregardetapointésabièreouverteversmoi.

–D’accord.C’estuneinconnue,uneinconnuesupersexy,etaulieudeluiparleroudeladraguercommetuleferaisentempsnormal,tufaislemecbizarreetmuet.Nan,pasperturbédutout.

J’aisongéàluiouvrirlecrâneaveclaqueuedebillard,maisj’aimaisbienAyden,safemme,etjenevoulaispasqu’elles’énervecontremoi.

–Tais-toi.Tun’espaslàassezsouventpourjugerlafaçondontjemecomporte,detoutefaçon.Jevoulaislancercelasurletondelablague,pourchangerdesujetdeconversation,maisjel’aivu

tiqueretsesmainssesontresserréesparréflexeautourdesabière.Jet travaillaitdur. Ilvoulaità toutprixaider lesgroupesen lesquels ilcroyaitàsefaireunnom.

Ildéfonçait toutà la têtedesonpropre label,mais lacontrepartieétaitqu’ildevaitaller làoùétait lamusique.Celavoulait dire qu’il était tout le temps àL.A.,Nashville,NewYork,Austin, oumêmeenEurope.C’étaitdurpourlui,sachantqu’Aydenetluin’étaientmariésquedepuisdeuxansetqu’ilsétaienttrès,trèsamoureux.Jevoyaisquecelaleurpesait,àtouslesdeux,maisaucunneseplaignait,etcommejeledisais,onn’arrêtepasladestinée,peuimportecequecettesalechiennevousréserve.

–Toutvabienàlamaison,pourtoi?Je ne voulais pasm’immiscermais c’était toujoursmieux que de faire remontermon passé pour

qu’illefouille.

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–Aydenetmoi,super.C’esttoutlerestequiestnul.Ilasecouésatêtesombreetm’aregardésousdessourcilsfroncés.–EllevademanderuntransfertpourunmasteràAustin.Jemesuisarrêtéunesecondepournepasdiredebêtise.–TuveuxdéménageràAustin?Ilaengloutilerestedelabièrequ’iltenaitdanssamainetaposélaqueuedebillardsurlatable.–Jeneveuxpasvraiment,non,maisc’estlepluslogique.Ellepeutfinirsesétudesàl’universitédu

Texaset jepourraienfinvoirmafemmeplusdedeuxoutroisfoisparmois.C’estnul,c’est tout.Nosamissontici.SonfrèreesticietCoravientd’avoirlebébé.

Ilaencoresecouélatêteetlâchéunlongsoupir.– C’était son idée, mais je me sens mal quand même. J’ai rénové le studio en pensant que ça

suffirait,maisçanesuffitpas.C’étaitnul,eneffet,maisc’étaitcompréhensible.–Quandest-cequ’ellesaurasielleestprise?–Pastoutdesuite.Çaprenddutempsd’êtreacceptéeenmaster,etmêmesisondossierestaccepté,

il faudra qu’elle passe un entretien et qu’elle fassemille ronds de jambes avant que ce soit officiel.EssaiedeneriendireàRuleouNash.Ellen’enapasencoreparléàShaw,niàCora.Elleveutattendrequ’onsoitsûrsdecequ’onvafaire.

RuleetNashgéraientlesalondetatouageetShawétaitnonseulementlameilleureamied’Ayden,maisaussilafemmedeRuledepuispeu.Lestroisfillesdenotrepetitmondeétaienttrèsproches,etsil’undesgarslaissaitéchappercettegrandenouvelle,uncarnages’ensuivraitsansaucundoute.Cesfillesétaient un groupe solide et l’idée que l’une d’entre elles s’en aille allait causer de sérieuxrebondissementsémotionnels.

–C’est une sacrée nouvelle.Cen’est peut-être pas lameilleure solution, de ne rien dire.Est-cequ’elleaditàAsaqu’ellepensaitàpartir?

AsatenaitleBaretétaitlegrandfrèred’Ayden.C’étaitunesorted’électronlibre,etlaseuleraisonpour laquelle il s’était installéàDenverétaitpourvivreplusprèsdesasœur. Ilsavaientunerelationtendue à cause du passé d’Asa – il avait été un vrai connard et un criminel de bas étage –,mais ilscommençaienttoutjusteàreconstruiredesliensperdusdepuislongtemps.

Jet a hoché la tête et a appuyé sa hanche contre la table. Jem’attendais vraiment à voir ce jeancraquerchaquefoisqu’ilbougeait.Ceseraittoujoursdrôledel’emmerderaveccela.

–Ilsenontparlé.Illuiaditdefairecequilarendaitheureuse.Jepensequ’elleaétédéçuequ’ilneluidemandepasderester.

J’aigrognéetluiaifaitunpetitsignedetêtesurlecôtécarungroupedemecs,âgésdequelquesannéesdeplusquenous, nous lançaient des regards en coin à l’autreboutdubar. Je savaisquenousfaisionstachedansl’ambiancedélabréeetl’atmosphèretumultueusedecebar,maisnousnousmêlionsdenosaffairesetnousrespectionsleterritoiredeshabitués.

J’aiditàJetd’unairabsent,ensurveillantlegroupe:

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–Ilapassétoutesavieàluidemanderdefairedeschosespourlui.Aprèsavoirfaillimourir,çameparaîtlogiquequepourunefois,Asaveuillequ’ellefassequelquechosepourelle.Ilsaitquec’esttoiquilarendheureuse.Ilnevapascontinueràessayerdel’empêcherdel’être.

Asaétaituneénigme.IlétaitsortidenullepartetavaitembarquéAydendansunbordelpleindesonpasséetdemotardsénervés.À la fin,Asaavait finidans lecoma, Jet etAyden,mariés.NousavionsaccueillileblondduSudparminous,maistoutlemondegardaitunœilsurlui.IlavaitdelachancequeRome,lefrèredeRule,soitrevenudelaguerreetaifiniparacquérirleBar.Jenesaispaspourquoi,maisl’aînédesArchers’étaitentichéd’Asaetluiavaitdonnéduboulot.Jecroisquenousattendionstousdevoircommentcelaallaitsepasser.

Les gars du groupe qui nous observait ont tous penché la tête ensemble et celui qui étaitprobablementlemeneuracroisémonregardetm’afaitundoigtd’honneuravecunpetitrictus.

J’aiposémabièreetj’airamenémonregardsurJet.–Lesautochtonescommencentàs’agiter.Ondevraitpeut-êtreyaller.Jen’avaisriencontreunebonnevieillebastondebar.Aprèstout,j’avaisjouéaufootballaméricain

jusqu’àcequejequittelafacàlafindemapremièreannée.J’étaistoujoursconstruitcommeunsportif,mêmesidel’extérieur,jeressemblaisplusàJamesDean.J’étaisplusgrandquelaplupartd’entreeuxetclairementenmeilleure forme,mais j’aimaisàpenserque j’avaisgrandietmûricesdernièresannées.Éviterunbaindesangetdesdoigtscassésquim’empêcheraientdetatouerétaitforcémentlameilleureoption.

Jet a regardé par-dessus mon épaule et a baissé le menton pour me dire qu’il était d’accord,seulementnotredécisiondequitterleslieuxestarrivéeunefractiondesecondetroptard.Nousavancionsverslaporte,alertesetenregardantbienautourdenous,quandlesgarsontdécidéqu’ilsnepouvaientpasnous laisserpartir sans rien faire. Jemesuisarrêtéet Jet s’estpostéàcôtédemoicarnousnoussommessoudainretrouvésfaceàtroishommesplusâgésetraisonnablementbourrés.Celuiquim’avaitfait un doigt d’honneurm’a bien regardé de haut en bas, jusqu’à la pointe demes bottes de cow-boynoiresetusées.Ilafaitunegrimaceetadonnéunpetitcoupdecoudedanslescôtesàundesescopains,assezfortpourlefairegrogner.

–Tucroisquec’estcenséêtrequi,ceguignol?Elvis?SonregardestpasséàJet.–Ettoi,tuesqui?OzzyOsbourne?MarilynManson?Ilfautqu’onvousdisequ’Halloween,c’est

enoctobre,lesgars.J’aisentiJetseraidiràcôtédemoimaisnousn’avonsbougénil’unnil’autre.–Combiende tempsçaaprispour te fairecettebelle coiffure?Ce seraitvraimentdommagesi

quelqu’untedécoiffaittoutça.Celameprenaiteneffetpluslongtempsquejevoulaisbienl’admettrepouravoircestylerétroet

volumineux.Sicegarscroyaitqu’ilallaittoucheràmescheveux,ilallaitvitedéchanter.J’allaisluidirequenousnevoulionspasd’ennuis,quenousallionsgentimentsortir, lorsquej’aivusonbrasse lever.

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J’allaisattrapersonpoignetetluidired’allersefairefoutre,quandlegarsqu’ilavaittapédanslescôtesm’aprisdecourt.

Ilalevélebrasaussietavirélamaindesonpotegrandegueule,puism’amontrédudoigt.–Tumedisquelquechose.J’aijetéunregardencoinàJetetilahaussélesépaules.–Jenevoispascomment.C’estlapremièrefoisqu’onvientici,etladernière.Lemecm’aobservé.Jeveuxdire,vraimentinspectépendantunebonneminutejusqu’àcequecela

devienneunpeugênant.Lagrandegueulesemblaitprêteàreprendrelaparolequandl’autrebouchebéeasoudainclaquédesdoigtsetfaitungrandsourire.

–Jesais!Tujouaispourl’Alabamaàlafac.J’aieuunmomentdeblancetc’étaitmaintenantmoiquilefixaitbêtement.Personnenesesouvenait

decetteépoquedemavie.Vraimentpersonne.C’étaituntempsbienrévoluetjen’avaisétésurleterrainquepourunesaison.

–Euh…J’aientenduJetricanerunpeuàcôtédemoimaisjenevoulaispasmanquercettechancedenousen

sortirtranquillement.–Oui,j’aijoué,ilyatrèslongtemps.– J’ai étudié à l’université d’Alabama, donc je suis les Crimson Tide religieusement. Tu étais

runningback.Jemesouviensquetoutlemondedisaitquetuavaisunénormepotentiel.Etjem’étaisditquelesentraîneursavaienteudesacréescouillesdetemettretitulaire.Tuétaisrapide,assezrapidepourlesaideràarriverauSugarBowlcetteannée-là.Rowlandquelquechose…C’estça?

J’ai levé le bras etme suis frotté la nuque.Le reste de la cohorte de super fans s’était tu etmeregardaitd’unetoutenouvellefaçon.Riendetelquelefootballpouradoucirlesmœursdesouvriers.

–RowdySt.James.Ilahochélatête.–C’estça.Rowdy,parcequetuétaissauvageetimprévisible.Personnenesavaitjamaisselonquel

modèletuallaiscourir.Maisils’estpasséuntruc.Jenemerappellepasexactement,maisjesaisquetun’aspasjouépourlafinale,nilasaisond’après.Jemesouviensqu’ilsavaientparlédetoisurESPN 1.Tuascomplètementdisparuettoutlemondes’estdemandépourquoi.

Cen’étaitpasquelquechosedontjevoulaisparler,surtoutpasavecungroupedemecsquiétaienttrèsmotivésàfoutrelamerdeunesecondeplustôt.

J’aihaussélesépaulesetmesuisforcéàfaireunsouriregêné.–Oh, tu sais, c’est la pressionquim’a eue. Je n’étais pas prêt pour tout ça.Cen’était pasmon

destin.Unecarrièreprofessionnelledanslefootballnefaisaitpasvraimentpartiedemesprojets,maiscela

n’avaitrienàvoiraveclapressionettoutàvoiraveclefaitquejen’étaispasinvesti.Maisjen’allaispaspartagercelaaveccesmecs.

–Tuavaisdutalent,gamin.C’estdommagequetun’aiespastenulecoup.

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J’aiserrélesdentsetaiànouveauhaussélesépaules.Cen’étaitpasunequestiondetenirlecoup,c’étaitquej’avaisfaillitabasserlequarterbackàmortetàmainsnuesquelquessemainesavantlefameuxmatch.Merde,pourquoiest-cequemonsalepassérelevaitlatêtecestemps-cietrefusaitderesterdansl’ombre,làoùjel’avaislaissé?

Iln’yavaitqu’unmoyendenoussortirdelà.J’ailevélebras,aitapésurl’épauledusupporter,etaicriéleplusfortquejepouvais:

–ROLLTIDE!Celaaimmédiatementétésuivid’ungrandcridumec,etcelaaévidemmentlancéungranddébat

surlefootballaméricainuniversitaireetlesBigTen2,quiaévidemmentdigressésurlesBroncos 3etleurdéfaitetragiqueauSuperBowl,plustôtcetteannée.Avantquelesmecsleremarquent,Jetetmoiavonsréussiànousfaufilerparlaported’entrée,laissantderrièrenousdesbruitsd’hommesquisedisputentetdebièresquis’entrechoquent.

Surleparking,Jetétaitpliéendeuxtellementilriait,etjen’aipaspum’empêcherdeluimettreuneclaquederrièrelatêtetandisquenousrepartionsverslaDodgeChallengerbienvoyantequ’ilconduisait.

–Tagueule.–Maisfranchement,qu’est-cequeçaveutdire,RollTide?Iladéverrouillélesportièresdelavoitureetnoussommesmontésdedans.–Tunepourrais pas plutôt dire «Merci denous avoir évité denousbattre pour pouvoir sortir,

Rowdy»?Lavoitureadémarréavecunronronnement impressionnantet jen’aipuquegrimacer lorsque les

guitares rugissanteset lechanthurlantm’ontagressé les tympans. J’aimaisbienceque faisait Jetpourgagner sa vie, et je n’avais aucun doute quant au fait qu’il était talentueux, mais la musique metalqu’il écoutait et jouait n’était pas ma préférée. J’ai tendu le bras pour baisser le volume sans luidemander,cequil’afaitrireànouveau.

–C’estuntrucdefoot.Untrucquevouslesmusiciens,vousnepouvezpascomprendre.–Eh,jeregardelefootquandilyaunmatch.–J’airegardédesmatchsavectoi.Turegardescinqminutespuistudécrochesetsoittutebourres

lagueule, soit tu trouvesunboutdepapier et tu écrisvingtnouvelles chansonsavant lami-temps.Cen’estpascequ’onappelleregarderunmatch,monami.

Ilnem’apascontredit.–Jenesavaispasquetuavaisétésérieusementcélèbrepouravoirjetéunballon.Jeveuxdire,je

savaisquetuavaisjouéquandtuétaisplusjeune,maispasquetuétaispassésurESPNettoutça.J’aigrognéetmesuislaisséglissersurlesiège.–Jenejetaispasunballon.J’attrapaisunballonetjecouraisavec,etlaseuleraisonpourlaquelle

ilsenavaientquelquechoseàfoutreestparcequej’aiquittétoutçasansexplication.Ilm’aregardédecôtéetj’aifaitexprèsderegarderailleurs.–Jesupposequetun’aspasenvied’expliquermaintenantnonplus?–Tusupposesbien.

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–Ehbienmerde.Jecroyaisquemameufétaitlameilleurepourgardersonpassésecret.Etaufinal,ellenet’arrivepasàlacheville.

Jemesuiscontentédegrognerenréponse.Lavéritéétaitquejenepensaisjamaisvraimentàmonpassé.J’avaisouvertmoncœurlorsquej’avaissuiviPoppyàlafac,jel’avaisregardésefairedéchirer,etj’avaisdécidéàcetinstantquejenem’investiraisplusjamaisautantdansquoiquecesoitouquiquece soit. J’avais quitté l’école, non pas que j’aie réellement eu le choix après l’histoire avec lequarterback,etfiniparfairelamêmechosequeSalem:j’avaisfaitmonsacetprislaroute,enlaissanttoutderrièremoi.

J’avais quitté le Texas et relégué tous les souvenirs qu’il contenait, le football, l’université, etPoppyCruzdansuncoin,et ilsn’avaientpasbougéjusqu’àquelquessemainesplustôt, lorsqueSalemétaitrevenuesebaladerdansmaviecommesiellenel’avaitjamaisquittée.

Jetavaitraison.J’étaisperturbéparlefaitqueSalemétaitàDenver.Tellementperturbéquejenesavaispascommentj’allaispouvoirme«dé-perturber»tantqu’elleétaitdanslecoin.Cettefillem’avaitdétruitunefoisquandj’étaisjeune.Jen’oublieraisjamaiscequej’avaisressentiquandelleétaitpartie.JenevoulaispasdeSalemprèsdemoi.Jenepouvaispasêtrecertainquejen’allaispasrecommenceràmesoucierd’elle,àluifaireconfiance,àêtrefascinéparelle,pourqu’elles’enailleunefoisdeplus,etqu’ellemelaissevideetseul.

1.NdT:Chaînedetélévisionsportive

2.NdT:Groupementsportifdequatorzeuniversitésaméricaines

3.NdT:ÉquipedefootballaméricaindeDenver

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Chapitre2SALEM

Je regardais la trèsbelle femmeblondequise tenaitdevantmoi,de l’autrecôtédubureau.Elleétaitvisiblementnerveuse,pasdanssonélément,etcelasevoyait…Sontailleursur-mesureetlesacGucciàsonbrasétaientdes signesévidentsquec’était sûrement lapremière foisde saviequ’ellemettait lespiedsdansunsalonde tatouage. Je luiaiadressémonsourire leplusaccueillantetai levéunsourcilquandelleaposésesmainsmanucuréessurlebureau,faceàmoi.C’étaitmonboulotdegérerlesentréeset les sorties, dem’assurer que les clients savaient ce qu’ils voulaient et que le bon artiste leur étaitattribué.C’étaitaussimonboulotdenelaisserpersonnefaireuneerreurqu’ilsgarderaientsurleurpeaupourtoujours.

Lafemmedevaitavoirlemêmeâgequemoi,vingt-huitouvingt-neufans,maiselleavaitunesorted’auraquilaissaitparaîtrequ’ellenesavaitpasvraimentcequ’ellefaisaitauSaintsofDenver.C’étaitlenouveausalonqueNashavaitouvertaprèslamortdesonpère.IlétaitenpleincœurdelapartielaplusbranchéeetchicdeLoDo,etbienplusmoderneet sophistiquéquecelui surCapitol,versColfax.Lesartistes qui travaillaient ici avaient été triés sur le volet par Rule et Nash. Ils étaient doués et assezgéniaux,etcommec’étaituntoutnouveausalon,etqueNashvoulaitluidonnerunebonneréputationetégalements’enservircommeespacedeventepourdesvêtementsetd’autresproduitsdérivés,jepassaisplusdetempsiciqu’ausalonquiservaitdebaseauxgars.Ilsvenaientenrotationchaquejour,defaçonàcequ’ilyaittoujoursl’und’entreeuxaunouveausalonpouraideràfairevenirdumonde.

Aujourd’hui,c’étaitlajournéedeRowdyetnormalement,j’auraisdûêtreravie,s’iln’avaitpasétédéterminé à faire comme si nous ne nous connaissions pas et comme si je n’existais pas.Cela faisaitbientôt unmois, et chaque fois que ses yeux bleu ciel atterrissaient surmoi, il regardait ailleurs unesecondeplustardetsamâchoiresecontractaitd’agacement.J’avaisessayédelecoincer,delevoirseulàseulplusd’unefoispourquenouspuissionsparler,maiscegarçonétaitdouépourm’échapperet jen’avais jamais eu à courir après un mec, donc je ne savais pas comment m’y prendre sans paraîtredésespérée.

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J’aivulablondeavalersasaliveetbougernerveusement,jeluiaidemandé:–Commentçava,poupée?Ellealevésonregardversmoietseslèvressesontentrouvertes.Elleétaitvraimentéblouissante,

danslegenretrèsraffinéeetcountry-club.Elleavaitlesyeuxd’unecouleurocéanqu’elleaclignésenmeregardantavecunairterrifié.

–Je…Elleafaitunepauseetj’aivusonregardseposerquelquepartau-dessusdematête,alorsqueje

sentais littéralement Rowdy qui s’approchait derrière moi. J’étais tellement sensible à sa présence,conscientedel’espacequ’iloccupait,attentiveàsonodeuretàsafaçond’affecterl’airautourdelui,queje n’avais pas besoin de regarder derrière moi pour savoir qu’il était là. La jolie fille à l’allureprofessionnelleaencoreavalésasaliveetsesyeuxsesontécarquillésdavantage.Rowdyétaitsexy,etquandilsouriait,c’étaitdurdenepastomberamoureusedelui,maiscettefemmeavaitl’airsurlepointdes’évanouiroudevomir.

–Est-cequejepeuxrépondreàtesquestions,chérie?Enquelquessemaines,j’avaisvitecomprisqueRowdyétaitungrosdragueur.Ilavaittoujoursun

sourire en coin, toujours unmot gentil et une petite lueur dans les yeux en face d’une jolie fille. Soncharmeétaitnaturel,toutcommesonhumourlégerdontilseservaitpourmettresesclientsetsesamisàl’aise.Sijenel’avaispasconnupetitgarçon,j’auraispriscelapourargentcomptant,maisjesavaisqu’ilyavaitautrechosederrièresonattitudenonchalanteetlepersonnagedécontractéqu’ildonnaitàvoiraumonde.

Envoyantlevisagedelafemmedevenirtoutpâletandisqu’elleregardaitRowdyderrièremoi,jeluiaidemandé:

– Est-ce que tu veux t’asseoir deux minutes et regarder les portfolios, par exemple ? Je peuxt’apporterunverred’eauetonpeutparlerdecequit’amèneauSaintsofDenveraujourd’hui.

Je lui ai à nouveau souri, en espérant que cela aiderait à la détendre et à la distraire. Elle étaitvisiblementparalyséedeterreur.

Lentement, sa têteparfaitementcoiffée s’est secouéedegaucheàdroitepourmedirenon.Elleaenlevésesmainsdubureauet je l’aivueserrer lespoings.Ellem’aànouveauregardée,aclignédesyeux,puissonregardestremontéversRowdy,imposant,derrièremoi,etelleafaitunpasmaladroitenarrière.

–Jenesuispasprêtepourça.C’étaituneréactionassezextrêmepourquelqu’unquiavaitpeurdesefairetatouer,maisjen’étais

pasdugenreàjuger.Jepréféraislavoirsortirmaintenantplutôtqu’ellefasseperdredutempsàtoutlemondeetsedéfilelejourdurendez-vous,ouqu’ellepaniqueunefoissurlatable.Cen’étaitjamaisbonpourlesaffaires.

–Tusaisoùnoustrouversituchangesd’avis.DelavoixdeRowdyémanaitduréconfortetuncalmequiasemblél’apaiser.Elleaserrésonsac

danssesmainsets’estretournéedansunmouvementexagérépourfoncerverslaporte.C’étaitétrange,

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maispaslachoselaplusétrangequej’aivuedansunsalondetatouage.J’aisentiRowdybougerderrièremoi, jesavaisqu’ilallait fairedemi-toursansrienmedireune foisdeplus,et j’enavaismarrede lelaisserm’ignorer.

Mêmesilesalonétaitbondéetquelesautresartistestravaillaienttoussurleursclients,j’aisautéde la chaise où j’étais assise et ai attrapé l’avant de sa chemise. Elle était noire avec des couturesblanchesetdesboutonspressionnacrésàl’avant,etj’admiraisdepuislematinlafaçondontsesmanchesremontéeslaissaientvoirlesœuvrescoloréesquirecouvraientsesdeuxavant-bras.Jepassaisunebonnepartiedemajournéeàlemateretjenemesentaispasdutoutcoupable.Ilafroncésessourcilsblondsetl’ancredanssoncous’estmiseàpalpiterquandilalevélebrasetaenroulésesdoigtsautourdemonpoignet.

–Lâche-moi.Jel’aitiréplusprèsparinstinctpourqu’ilsoitobligédesepencherunpeu,etjenevoyaisplusque

cesyeux,commeuncield’été.–Arrêtedem’éviter.J’avaisun tonpoli,mais j’en avaismarrede jouer au chat et à la souris avec lui.Nousdevions

travailler ensemble, et surtout, j’étais là pour lui et à un moment, il faudrait qu’il le sache et qu’ilcomprennel’importancequecelaavait.

–Jenet’évitepas.Toute la douceur sympathique et mielleuse qui enrobait généralement ses mots disparaissait

lorsqu’ilmeparlait.J’aivulecoindesonœil tressaillirquandje l’ai tirésiprèsquenousrespirionsquasimentlemêmeair.

–Si,tum’évitesetj’enaimarre.Tuneveuxpasmeparler,tuneveuxpasprendredenouvelles,alorspasdeproblème,maistunem’asmêmepasparlédePop…

Jen’aipaspuprononcerlafindesonprénomcarilaplaquésamainsurmaboucheets’estservidesonautremain,quitenaitmonpoignet,pourmetirerenavantetmecollercontresontorse.Ilabaissélatêtepourqueseslèvresfrôlentmonoreille.

–Nesongemêmepasàparlerdeçaavecmoi,Salem.J’aifrissonné,etcen’étaitpasparcequej’avaispeur.C’étaitcarj’étaisenfinpresséecontrelui,

seulementcen’étaitnilebonmomentnilebonendroit.CelaaétéconfirméparlavoixperçantedeCoraquiaaboyélenomdeRowdyetluiaditdemelâcher.

Sesmainssesontimmédiatementrelâchées,ainsiquelapressiondesoncorpsfermecontrelemien.Jeme suis retournéepour le regarder et j’ai vuque sesnarines étaientdilatées et que sesyeuxclairss’étaientassombris.Ilétaitencolère,vraimentencolère,etjevoyaisenfintransparaîtreunpeudugarçondontjemesouvenais.

–Ilfaudrabienqu’onfinisseparparler.J’ai gardéunevoix calmeet je lui aimême souri. J’avais l’impressionquen’importequel geste

allaitlefaireflipperencoreplus.Ilafaitquelquespasenarrièreetaplissélesyeux.

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–Pastantquej’auraismonmotàdire.J’aipenchélatêtesurlecôtéetailevéunsourcil.–Nepasparlerdupassénelefaitpasdisparaître.Un bruit grave estmonté du fond de sa gorge et il a posé les yeux sur la petite blonde qui était

descenduedel’étagedusalonpours’arrêterprèsdemoi.Coravenaitd’avoirunbébéaveclefrèredeRule et je n’arrivais pas à croire à quel point elle avait l’air en forme. Elle était toute aussi fine etculottéequ’ellel’étaitavantlebébé,entoutcasc’étaitcequetoutlemondedisait.LapetiteRemy,ouRJcommeon l’appelaitplussouvent, restaità lamaisonavec lepèredeCorapendantqu’elle faisaitdesdemi-journéesausalonetquesoncopaintravaillaitaubarqu’iltenait.Jen’avaispasencorerencontrélegrandfrèredeRule,maisj’étaiscurieusedevoirquelgenred’hommepouvaitsupportersapersonnalitéexplosiveàtempsplein.Elleétaitpéniblemaisadorable,mêmesielleétaitsurlepointdefourrersonnezdansunehistoiredontellenesavait rien.Rowdyetmoiavionsdesattachesquinousmaintenaientliés,celas’avéraitsimplementplusdifficilequejel’avaiscrudelesdémêleretdelesrassemblerenunjolinœud.

–Qu’est-cequ’ilsepasse?Onadesclients,idiot!Rowdyajetéuncoupd’œilderrièreluipuism’aregardéeànouveau.J’aivusesyeuxseplisser

puis son beau visage a changé et leminet cool qui ne se laissait jamais déstabiliser est remonté à lasurface.Son sourire imperturbable était de retour sur sonvisageet lesombresbleunuit quidansaientdanssesyeuxs’étaientenvolées.

–Net’inquiètepas,onplacejusteleslimites.Il a fait un clin d’œil à la petite blonde et a tourné les talons de ses bottes de cow-boy pour

retourner à son poste. Il n’avait pas d’autre rendez-vous avant trente minutes, mais j’étais sûre qu’iltrouveraitunmoyendes’occuperjusque-làpouréviterd’avoiràinteragiravecmoi.

Cora a appuyé sa hanche sur le bureau pendant que je faisais payer deux clients et que j’enaccueillais un autre. Certes, j’étais un peu secouée par la réaction de Rowdy lorsque j’avais essayéd’évoquerlenomdemasœur,maisj’avaissurtoutétéperturbéedevoircommeilsemblaiténervécontremoi.Jenel’avaispasvudepuisdixansetquandj’avaisquittéLoveless,c’étaitunadolescentavectoutelaviedevant lui.Jen’arrivaispasà imaginercequ’ilavaitpuseproduireenmonabsencepourqu’ilm’enveuilleautant.

Poppy et Rowdy étaient restés proches après que je sois partie. Je le savais car avant qu’ellerevienneàlamaison,Poppyetmoiparlionstrèssouvent;maintenant,noséchangesétaientbeaucouppluslimités. Je savais que lorsqu’ils avaient fini le lycée enmême temps,Rowdy avait choisi l’universitéd’Alabamacarc’étaitlàquemasœurétaitallée,mêmesiNotreDameluiavaitfaitunemeilleureoffrederecrutement.Cequejenesavaispas,etcequejemedemandaismaintenantétait:ques’était-ilpasséentre eux pour que cela pousse Rowdy à laisser tomber non seulementma sœur,mais aussi tout sonavenir et ses études ? Il fallait qu’il me parle si je voulais rassembler les pièces du puzzle des dixdernièresannéesetavoiruneimageclairedequiétaitRowdymaintenant.

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Coraaattenduquejeraccrocheletéléphoneetm’ademandédemonteravecelle.Jen’enavaispasvraimentenviemaisjemesuisditquejenepouvaispasdirenon.SiNashetRulesignaientmesfichesdepaie, j’avais vite compris que Cora était une sorte de gouvernail pour le groupe. Elle était auxcommandesdunavireetjenevoulaispasfairedevaguessitôtaprèsmonembaucheici.

J’aimais bien Denver. J’aimais l’ambiance accueillante et fraîche qui y régnait. J’aimais mescollègueset leshommeset femmesde leurbande.La femmedeRuleétaitunamour,etcelane faisaitaucundoutequeletatouéquifaisaitchavirerlescœursavaittrouvéencetteéléganteblondecellequ’illuifallait.LacopinedeNashétait toutemignonne.Elleneparlaitpasbeaucoupmaisquandelledisaitquelquechose, c’était toujoursgentil et pertinent, et elle regardaitNashcommesi c’était luiqui avaitaccrochélalunedansleciel.Jen’avaisrencontréJetqu’uneseulefoismaissafemme,Ayden,passaitausalonpourparleràCoraaumoinsdeuxfoisparsemaine,etjelatrouvaistoujoursgéniale.Etbiensûr,j’adoraisCora.Elleétaitintelligente,sarcastiqueetavaitunsacrécaractère.C’étaitvraimentlegenredefillequej’aimaisbien,maisàcetinstantprécis,j’avaistrèspeurqu’ellemepasseunsavon,maiscelanechangeait rien au fait qu’ils étaient tousdesgensbien et que jen’auraispaspudemanderunmeilleurendroitoùatterrirlorsquej’avaisenfincomprisoùjedevaisêtre.

L’étageétaitquasivide.IlyavaitunbureauqueCorapartageaitaveclesgars,etbeaucoupd’espacequi ne demandait qu’à être rempli et transformé en une boutique de tatouage tendance et rétro. Celaferaitdel’argent.Ilfallaitsimplementquelesgarsarrêtentdetergiversersurcequ’ilsvoulaientymettre,etqu’ilslefassent.Jecroisquel’idéedefaireunespacedeventeetdemonteruneboutiqueenligneétaitun peu impressionnante pour eux. Et puis le décès de Phil était encore récent, ils essayaient tous detrouver leurs repères en tant que responsables d’un commerce. C’était bien que je sois là. C’étaitexactementmondomaine.J’adoraislesvêtements.J’adoraislaculturetatouageetpin-up.J’avaishâtedefaireduSaintsetdeshommesquileconstituaientunnomconnudetous.

Je suis entrée dans le bureaudésordonnédeCora etme suis assise sur la chaise en face de sonbureau.Ellen’estpasallées’installerdel’autrecôté,maisasautépours’asseoirsurlebureaudevantmoi, en laissant ses jambes se balancer. Ses yeux étaient de deux couleurs différentes, donc on sesurprenaitviteàlafixeravecunregardadmiratif.J’aiappréciélefaitqu’ellenetournepasautourdupotetmebalancetoutimmédiatement.

– Écoute, Salem, je t’aime bien. Je t’aime beaucoup même, et je crois que tu es exactement lapersonnequ’ilnous fautpour lesprochainesétapesdenotrepetiteentreprise,une foisque lesgars seréveilleront.MaisRowdy,c’estmafamille,etiln’estpluspareildepuislejouroùont’aembauchée,etjeneparlepasseulementd’unpointdevueprofessionnel.Jenesaispastout,maisdepuisquetueslà,iln’estpluslui-même,etça,çanemeplaîtpasdutout.

J’ai ramenémescheveuxpar-dessusmonépauleetaipassémesdoigtsdansmes longuesmèchessombres.

–Qu’est-cequetusais,exactement?J’ai gardé un ton léger et curieux, enmedemandant s’il avait partagé avec elle les raisons pour

lesquellesilsemblaitsipeuravidemevoirrevenirdanssavie.

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Ellealevéuneépaule,puisl’alaisséeretomber.Elleétaitvraimentchoucommetout.–Jesaisqu’ilenchaînelesfillesàunrythmealarmantetqu’ellesleremercienttoutesaprès.Jesais

qu’aucuned’ellesneresteetpourtant,ilnepeutpastelâcherdesyeux.Ehbien,cen’étaitpasvraimentcequejevoulaissavoir,etjepensequ’ellelesavait.Quandj’ai

levéunsourcilnoir,ellem’afaitunpetitsourire.– Il ne reste jamais avec la même fille plus de deux minutes, ce qui ne sort pas vraiment de

l’ordinairedanslabande.Lesautresonttouseuunlongpalmarèsavantdetrouverlabonne.MaisRowdym’aditplusd’unefoisqu’ilavaitdéjà trouvélabonneetqu’ellen’avaitpasvouludelui,etqu’iln’yavaitdoncplusderaisondechercherlaseuleetunique.Ilm’aditquecettefille,c’étaittasœur.Ellel’abrisé.Doncmaintenantilveuts’amuseretneprendreriennipersonnetropausérieux.Entoutcas,c’étaitcommeçajusqu’àcequetupasseslaporte.Moi,jecroisqu’ilyaundossierentrevous.

J’aicroisélesjambesetaibaissélesyeuxversmeschaussuresàboutouvert.Ellesétaientnoiresavecdesnœudsrougessurlestalons.Ellesétaienttropmignonnesetallaientmerveilleusementbienavecmajupecrayonrougeetajustée.Jem’habillaiscommeçapourmesentirsexyetresponsable.Monlookattiraitl’attention,etjelefaisaissurtoutparcequej’avaisététropdénigréeplusjeune,etquej’aimaislaréactionpositivequecelasuscitaittoujours.Maistoutlestyleetlepanachedumonden’auraientpassuffiàémousser la lamequim’acoupéeenentendantqueRowdyavaitaimémapetitesœur,mêmesi je lesavais.

J’airelevélesyeuxversCoraetaihochélatête.–Oui, il aimaitPoppy.La famillequihabitait à côtéde chezmoi àLoveless a accueilliRowdy

quandilavaitdixans.Ilsétaienttrèsgentilsmaisilsavaientunetonnedegamins,lesleursetplusieursquiétaientplacés.Rowdyétaittimide,discret,etvraimenttriste.JejouaisauloupavecPoppydevantlamaisonunjour,etellel’avuassissurlesmarchesdevantchezlui.Jemesouviensqu’ilnousregardaitmaisnedisaitrien,etelleacouruversluipourluidemanders’ilvoulaitvenirjoueravecnous.

J’aisentiundébutdesouriretirermeslèvresenrepensantàcesouvenir.Déjààl’époque,ilétaitgrand pour son âge et dégingandé. Ses cheveux blonds scintillants et ses yeux bleu vif étaient aussiimmanquables,dansunevilleoù laplupartdeshabitants étaientd’originemexicaine. Il était différent.Nouveau et inconnu, excitant et inattendu dans une vie quim’avait toujours paruemorne etmonotone.Mêmes’ildébordaitde tristesseetd’insatisfactionàcetteépoque, jevoyaisdéjàen lui la forceet ladéfiancequejevoulaistantposséder.J’avaisvoulul’apaisermaisaussiêtretémoindel’expressiondetoutsonpotentielinexploité.J’avaisvouluvivreàtraversluietàsescôtéspoursentircequecelafaisaitd’êtreenfindélivréedeschaînesdelaconformité.J’avaisvouluaussiluifaireuncâlinetluidirequ’ilavaitledroitd’êtretriste,d’êtreencolère,d’êtreperduetfrustré.Luidirequ’ilétaittrèsbiencommeilétait,commej’avaisattendusidésespérémentqu’onmeledise.Maintenant,jevoulaisencoreluidirequetoutallaitbien sepasser,mais ilne restaitpasenplaceassez longtempspourque je luiexpliquequej’étaisicipourluietquemaintenantquenousétionslibrestouslesdeux,nouspouvionsprospéreretnousépanouirenquelquechosed’incroyableetd’incassable.Ilfallaitjustequ’ilmedonnemachance.

–Jecroisqu’ill’aaiméeàpartirdecetinstant.

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J’aisoupiréetairegardémesmainsquis’étaiententrelacéessansquejem’enrendecompte.–Monpèreétait très traditionnel.Sa familleestvenuedeMexicoquand il étaitbébéet ilpense

vraiment qu’il faut faire les choses à l’ancienne. Il est hyper religieux et ça ne le dérangeait pas quePoppy soit copine avec Rowdy parce qu’il était orphelin, et que sa famille d’accueil était active àl’église.Maisiln’auraitjamaiscautionnéunerelationromantiqueentreeux,etRowdyl’atoujourssu.Çanel’ajamaisempêchédemontrersessentiments,celadit.Jecroisqu’ilattendaitqu’ilsgrandissenttouslesdeux,qu’ilspartentàlafac,etquePoppynesoitplusentrelesgriffesdemonpère,pourqu’ellevoiequ’ilsétaientfaitspourêtreensemble.

LesjambesdeCoraontarrêtédesebalanceretellem’aregardéedroitdanslesyeux.–Etqu’est-cequ’ils’estpassé?J’ailancéunriresecetairepoussémeslongscheveuxdansmondos.–Bonnequestion.C’était son tour de lever un sourcil incrédule, seulement le sien était orné d’un piercing rose

étincelant.–Tunelesaispas?–Nan.Toutcequejesais,c’estqu’ilalâchél’école,l’alâchéeelle,etadisparudelacirculation.

J’ai posé la question plusieurs fois à Poppy ces dernières annéesmais elle nem’a jamais donné dedétails.

–Est-cequetueslàpourleboulot,Salem,oues-tulàpourRowdy?C’étaitvraimentlegenredeCoradeposerunequestionaussidirecte.J’auraispuminauder,sourire

etpasseràautrechose,maisj’appréciaissonhonnêtetéetsafranchise,doncjemesuisditquejedevaisle lui rendre.Etcelanemefaisaitpaspeur,que labandesacheque j’étaisvenuepour l’undes leurs.Autantqu’ilssachentqu’aufinal,ilsallaientdevoirpartagerRowdyavecmoi.

–Lesdeux.Jesuisvenuepourlesdeux.Elleafaitunbruitquiressemblaitàunpetitrireétoufféetestdescenduedubureau.–Jepensequ’iln’apaslamoindreidéedequoifairedetoi.Jecroisqu’ilapeurdetoi.Jemesuislevéeetaipassélesmainssurletissudemajupe.Jel’airegardéecarellealâchéun

petitcridedouleuretapressésonbrascontresapoitrine.Elleaécarquillésesyeuxbicolores.–Çava?Elleafaitunegrimaceetaunpetitpeurougi.–Ilfautquej’yaille.Apparemment,c’estl’heuredenourrirmapetite.Ooh…N’était-cepasadorable?–T’inquiète. Jem’occupedusalonpour le restede la journée.Jepeuxgérer lespersonnesqu’il

restecetaprès-midi.Elleahochélatêteetaprissonsac.Jen’aipasétésurprisedevoirqu’ilétaitcouvertderayuresde

zèbrejaunesetnoires.Coraétaitvraimentcolorée,tantdanssonapparencequedanssapersonnalité.– Essaie d’être gentille avecRowdy aujourd’hui.Même si c’est sûr que vous devriez avoir une

bonnegrossediscussion tous lesdeux,ets’il fautque je luimettedescoupsdepiedauculpourqu’il

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l’admette,jeleferaivolontiers.Jel’aisuiviejusqu’àl’escalieretaiposémamainsursonépauleavantqu’elledescende.–Non.Ilfautqu’ils’enrendecomptetoutseul.Jel’ailaissémarchersurdesœufsavecmoidepuis

dessemaines,etjeluiaidonnélargementassezdetempspourqu’ilacceptel’idéequejesuisderetourdanssavieetquejen’aipasl’intentiondepartir.C’estclairqu’iln’estpasencoreprêtpourmoi.

Elleariunpeuetnoussommesretournéesdanslesalon,enbas.Lasalled’attentes’étaitrempliependant lesquinzeminutesque j’avaispasséesenhaut,donc il allaitme falloirunpeude tempspourm’occuperdetoutlemonde.Elles’estpenchéeetamurmurépourquejesoislaseuleàentendre:

–Justecommeça,jeseraisprêteàpayerunepetitefortunepourlevoirdanslespantalonsserrésdefootball américain qu’il portait, plus jeune. J’ai cherché surGoogle une fois, et j’ai vu une photo del’époqueoùiljouaitpourl’Alabama.

Elles’estserviedesamaincommeéventaildevantsonvisageenexagérantlegesteetm’afaitunpetitsigneenallantverslaporte.J’étaisobligéederireetenjetantuncoupd’œilderrièremoi,j’aivuRowdyquimeregardait.

Pourunefois,iln’yavaitaucunetracedecolèredanssesyeux.Jel’aivuclairement,enunefractiondeseconde.Laraisonpourlaquelleilyavaittantdedistanceetd’agressivitéentrenous.Laraisonpourlaquelle ilnesupportaitpasque jesoisderetourdanssavieétaitsoudainévidentedanscettemerdebleu sur bleu. Quand Rowdy me regardait, il ne voyait que le passé et ce qui l’avait fait souffrir àl’époque,lapertequ’ilavaitressentieàcausedemoietlechagrind’amourquemasœuravaitprovoqué.Maismoi,quandjeleregardais,jenevoyaisquel’avenirettouteslespromessesetlespossibilitésliéesaugrandbonhommesexy,blondettatouéqu’étaitRowdySt.Jamesadulte.D’unefaçonoud’uneautre,nousallionsdevoirnousmettresurlamêmelongueurd’ondesijevoulaisavoirunechancedeluimontrerqu’ilyavaitunevieaprèsl’uniqueetunevieaprèslaperte.Surtoutsil’uniquen’étaitpaslapersonnequ’illuifallaitdepuisledébut,etquelaperteétaitenfacedeluietvoulaitseracheter.

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Chapitre3ROWDY

Jen’aijamaisétélegenredemecàdirenonàdubontemps.C’étaitrarequelegrouped’amisauqueljem’étaisajoutéetque j’appelaisdésormaismafamillepuisseseréuniraucomplet, lemêmejour,aumêmeendroit.Alorsquand Jetm’a appelépour sadernière soirée àDenver avantdeprendre l’avionpour aller écouter ungroupe àPortland, et a exigé que jemepointe auBar car tout lemondevenait,jen’aipasputrouverd’excuseraisonnableouquinesoitpaslâche.

C’étaitdeplusenplusdurd’éviterSalemsansquecelasoitabsolumentévidentetmaintenantqueCoraavaitététémoindemaréactionlorsqueSalemavaittentéderessusciterlesouvenirdesasœur…Ehbien,jenepouvaispluséchapperauxcentainesdequestionsetderegardspensifsquivenaientdesesyeux bicolores. J’aimais beaucoupCora,mais je n’avais aucune envie qu’elle semette à réveiller devieilles blessures. Elles avaient fait des croûtes depuis longtemps, etmême si les cicatrices qu’ellesavaientlaisséesétaientmochesettordues,c’étaittoujoursmieuxqueladouleurpurulenteetlasouffrancecinglantequiétaientrattachéesàcessouvenirs.

Dansl’objectifdeprouverauxfilles,etàmoi-même,quejepouvaisêtresympaetquevoirSalemdanstoutesagloiren’allaitpasmeramenerlàoùjenevoulaisplusjamaisaller,j’aiadoptémonattitudelaplusindifférenteetsuisalléauBar.Jemesuisditquejepouvaisbienfaireçaunsoir.Jepouvaisfairesemblant,fairecommesilesimplefaitdelavoirnemetorturaitpasdel’intérieur.Ilfallaitsimplementque jeme répète qu’elle était une inconnueque je ne connaissais plus.C’était simplement unedéesselatineincroyablequipassaitparlà,couvertedecertainsdestatouageslesplusbeauxetlesplusdétaillésquejen’avaisjamaisvus.J’étaisunproaveclesnanas,etSalemétaitassurémentunenana.Jepouvaisêtrecharmantetmalin.Jepouvaisêtreséducteuretagréable,etavecunpeudechance,celalamettraitàl’aiseetj’auraisunpeumoinsl’impressionqu’elleétaitàDenverpourdéposertouslessouvenirsquimehantaientsurlepasdemaporte.

Jepensaisquec’étaitunplanenbéton.Jepensaisquej’allaistoutmettredecôtésansproblème,etpuisjesuisarrivéauBar.Lapremièrechosesurlaquellemesyeuxsesontposésn’étaitpasAydenqui

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essayaitdeconvaincre Jetdedanser le two-step avecelle surFamilyTradition, niRule et Shawquichuchotaientavecleurstêtescollées,niRomequitiraitsapetitelutineverssonbureauderrièrelestockd’alcool,niNashetsajolieSaintquifaisaientsemblantdejoueraubillardalorsqu’ilsfaisaientquedesetripoteràcôtédelatablefeutrée.Non,lapremièrechoseàlaquellemonregardtraîtres’estaccrochéétaitlesformesdeSalem,reconnaissablesentretoutes,poséesdefaçontentantecontrelebarsurlequelelleétaitpenchéecarAsaluifaisaitsignedes’approcher.

Évidemment, la première chose quim’a embrouillé le cerveau était sa jupe noire et blanche quicollaitàsesfessesetàseshanches,penchéeenavantsurcestalonsdedinguequ’elleaimaitporter.Justeaprès cette image, j’ai pensé qu’Asa devait avoir une sacrée vue si elle portait un décolleté, et j’aibizarrement eu le sentiment quema tête allait imploser. J’ai serré les dents et j’ai littéralement vu unbrouillardrougedevantmesyeuxquandelleajetélatêteenarrièreetariàquelquechosequelegarsduSudavaitdit.Sescheveuxfoncésontglissésurlacourbedesonculetsonrireenrouéaserréquelquechosedansmonventreetsousmaceinture.Avantderéfléchiràcequejefaisais,jemesuisretrouvéàmarcherrapidementverslebar.

J’ai vu Asa remarquer mon arrivée et me lancer un grand sourire complice en s’éloignantsoigneusementpours’occuperd’unautreclient.Ilfallaitquejelereconnaisse,cemecavaittrèsbongoûtenmatière de femmes.La plupart du temps,maintenant que nous étions les deux seuls célibataires denotrepetitebande,nousfinissionsparnousbattregentimentpourlamêmefilleàlafindelasoirée.Cen’étaitjamaissérieuxetplusd’unefois,celas’étaittransforméensortedejeupourvoirlequeldenousdeux aurait la fille en premier. Sachant que nous étions tous les deux blonds et avions pas mal decharisme, c’était toujours un coup de poker pour savoir qui allait gagner. Il avait l’avantage de sonaccent,maisj’avaismesnombreuxtatouagesetmonstylerétro-coolquisemblaitfairecraquerbeaucoupdefilles.JemesuispostéprèsdeSalemetaiprislaCoorsLightqu’Asaavaitposédevantmoisansquej’aibesoindedemander.Jel’airegardéenplissantunpeulesyeuxetj’aivusonsourireamicaldevenirdéfiant.

–Quoideneuf,Rowdy?Sa façon de parler lui donnait toujours l’air de sortir tout droit d’une ferme du Kentucky. On

remarquaitàpeinel’accentd’Ayden,saufquandelleétaiténervéeoutrèscontente,maisAsaseservaitdesonintonationcommeunearmecontretouteslesfemmesinnocentes.J’aisentiSalemsetournerpourmeregarder,maisjel’aiignoréeetmesuisconcentrésurAsa.

–Pasgrand-chose.–Onnet’apasbeaucoupvu,cesdernierstemps.Maintenant que tousmes amis étaientmariés, presquemariés ou absorbés par leur grand amour,

j’avais tendance à passer mon temps libre ici, à raconter des conneries avec lui. Il avait forcémentremarqué que je me cachais dans une grotte en compagnie de ma peur et de mon incertitude depuisenvironunmois.Jevoulaislanceruneremarquebiensentiesurlefaitqu’ildevaitbienprofiterd’avoirmoinsdeconcurrence,lorsquej’aientenduSalemricaner.

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J’avais évité d’être trop près d’elle car je n’étais pas à l’aise et que j’étais physiquement tropsensibleàsaprésence.Quandjel’avaisattrapéel’autrejour,celaavaitétésouslecoupdelapaniqueetdelapeur,pasàcaused’unsoudainbesoindelatoucher.Maisenétantsiproche,envoyantlacouleursisombredesesyeuxetsabouchetoujoursmaquilléepourenfaireunemouesexyetparfaite,lesangs’étaitruéversdespartiesdemoncorpsqu’ellenedevraitpasfaireréagir.Cepetitrubisaucoindesalèvrequime faisait des clins d’œil comme s’il voulait que jeme penche et le lèchem’a brusquement faitoublierpourquoijenevoulaispasêtreprésd’elle.Sessourcilsnoircorbeauquisesontsoulevéstandisquejelafixaism’ontsoudaindonnéenvied’êtreaussiproched’ellequepossible.

–J’aiétépasmaloccupé.J’ai répondu à la question d’Asa distraitement sans quitter des yeux cette inconnue que j’avais

autrefoisconnumieuxquemoi-même.–Occupéàquoi?J’ai tourné la tête et ai vu qu’il avait un sourire satisfait sur le visage. Apparemment, il avait

remarquéquecettefemmemerendaitmuet,etiln’avaitpasdescrupulesàmetortureraveccela.J’ai pris la bière pour avoir quelque chose à faire demesmains et ai penché la tête sur le côté

tandis queSalemetmoi continuionsdenous regarder. Je la regardais comme si elle allaitm’attaquerd’unesecondeàl’autre.Commesielleallaitmesauterdessusetarrachertouteslesbonneschosesdontjem’étaisentouréetmelaisseravecuneaffreusecouvertureéliméerecouvrantuneviedontjenevoulaispasmerappeler.

Ellemeregardaitcommesi j’étais le jouetd’uneboîtedecéréales.Sesyeuxbrillaientcommesiellevenaitdetrouvercequ’ellecherchaitdepuislongtemps,etquec’étaitencoremieuxquecequ’elleavaitimaginé.J’aiprisunegrandegorgéedebièreetluiaiditsuruntonmonotone:

–JeveuxsavoirpourquoituesàDenver,Salem.Elleaprissonverre,uneboissonroseàl’odeuracideetsucrée,etabuunepetitegorgée.Ellea

poussésamassedecheveuxpar-dessussonépauleetj’aibaissélesyeux.Ouaip,Asaavaitdûprofiterdelavue.Elleportaitunhautrougeavecdeladentellequidescendaitbassurlerenflementdesesseinsetonavaitl’impressionquesiellesepenchaitjusteassez,letissutomberaitentièrementpourexposertoutesa poitrine. Elle s’habillait de façon provocante et attirante, mais c’était toujours sophistiqué et bienétudié.Elleétaitvraimentlapersonnificationd’uneBettiePagemoderne.

–JesuislàparcequePhilvoulaitquejesoislà.Ilsavaitquec’étaiticiquejeseraiheureuse.Jenem’attendaispasàcetteréponse,enréalitéjemesentaisunpeucond’avoirpenséqu’elleallait

direquecelaavaitquelquechoseàvoiravecmoi.Cettepetitepiqueàmonégom’asurprisetj’aifroncélessourcils.

–Qu’est-cequeçaveutdire?Elleahaussélesépaules.–Çaveutdirequej’aibeaucoupdéménagédepuisquej’aiquittéLoveless.Jenerestejamaistrès

longtempsaumêmeendroitetjen’aijamaisréussiàmeposer.Jemesuistoujoursditqueçamontraitque

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j’étais aventurière, que j’avais une âme bohême, mais Phil m’a fait comprendre que je cherchaissimplementunhavreoùm’installer,unendroitquiseraitchezmoi.Jen’aijamaiseuça,avant.

–Tonhavre,c’estDenver?Tuveuxquecesoitcheztoi,maintenant?Jecomprenais.Jeveuxdire,Philm’avaittrouvéentraindem’encanaillerdansunsalondetatouage

pourri dans l’Oklahoma, apprenti d’un mec qui voulait plus vendre de la meth dans son salon qu’ytatouer,etencoremoinsm’apprendreà lefaire.Philavaitunamid’amiqui luiavaitparlédemoi, luiavait dit que j’étais jeune, que je voulais apprendre, et que j’aimais réellement l’art. Il avait fait levoyagespécialementpourmevoir,m’avaitsecouru,ramenéàDenveràsesfrais,m’avaitappriscequejedevaissavoirpouravoirunebellecarrièreetgagnerde l’argentgrâceàmonart.Maissurtout,Philm’avaitaccueilliauseindesafamille.Cen’étaitpasfaciledesesentirseul,maisc’étaitainsidepuissilongtemps pour moi, qu’au départ, je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Phil avait aussi fait deDenvermonhavreetmonchez-moi.

Elle a souri et ce piercing sexy comme la mort au-dessus de sa lèvre a encore cligné dansmadirection.Iln’yavaitplusdedoute;sousmaceinture,toutsedurcissait,contremavolonté.Ellem’aditaveccoquetterie:

–Sionveut.Chezmoi,c’estunpeupluscompliquéquedescoordonnéessurunecarte.J’allais lui demander ce qu’elle entendait par là, lorsque la porte du bar s’est ouverte et qu’une

jeunefemmeestentréetranquillement.J’aientenduAsaprendresarespirationdel’autrecôtédubaretaientenduSaint,encoreenrouléeautourdeNashprèsdelatabledebillard,appeler«Royal»enfaisantsigneàlanouvellearrivante.Labeautéauxcheveuxauburnafaitunsignedemainàtoutlemondeetaglissésurlesolcommesic’étaitsonpodiumattitrépourrejoindresonamie.Unesecondeplustard,Nashétait pris en sandwich entre les deux rousses sexy car les deux filles se prenaient dans les bras engloussantautourdelui.Quelveinard.

–C’est…qui…ça?L’accentd’Asaétait soudain trèspuissant, comme jene l’avais encore jamaisentendu.Sesyeux,

généralementvifsetbrillantscommedespiècesd’or,sesontassombrisenquelquechosed’intenseetdedéterminéquejen’avaisjamaisvuchezluinonplus.

–Royal.Ellehabiteen facedechezNash,etcommeSaintvitquasiment là-basmaintenant, ellessontinséparables,touteslesdeux.

Lesdeuxroussesétaientundrôlededuo,aussiopposéesquedeuxfillespouvaientl’être.Saintétaitdiscrète, parlait doucement, était humble et gentille. Elle avait les cheveux cuivrés, des taches derousseur,et j’aimaisbien l’embêteren luidisantqu’elle ressemblaitàFifiBrindacier.RoyalHastingsavait reçudescadeauxde lagénétiquedont toute jeunefemmerêvait.Elleétaitgrande,avaitunepeauparfaite,desyeuxchocolat,etdescheveuxauburnquin’enfinissaientpas.Soncorps,irréel,semblaittoutdroitsortid’unmagazinedesport,éditionspécialemaillotdebain,etcommesitoutcelanesuffisaitpasàcetensemblesupersexy,elleétaitégalementtrèssympa,drôle,etjusteassezexcentriquepourlarendrefacileàaborderetagréable.

–Jeveux.

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La voix d’Asa était considérablement plus grave et j’ai vu Salem nous regarder alternativement.Celam’énervaitd’yavoirpensé,maisjemesuisditquesiAsaseconcentraitsurRoyal,celam’éviteraitdelevoirflirteravecSalem,alorsjeluiaidit:

–Vas-y,elleestcélibataire.Sesyeuxsontrevenussurlesmiensetilafaitunegrimace.–Commentunefilleaussisexypeutêtrecélibataire?Enlangagedemecs,celavoulaitclairementdire«qu’est-cequinevapaschezelle?».J’aihaussé

lesépaulesd’unairinnocent.–Elletravaillebeaucoupetelleadeshoraireschiants,jesupposequec’estça.Ilaposélesmainssurlebarenfacedemoiets’estpenchéunpeuenavant.–Qu’est-cequ’ellefait,commeboulot?C’étaitlàquecelasecompliquait.Quandj’allaisluidirecommentcettejeunefemmeéblouissante

gagnaitsavie, jesavaisqueson intérêtallait immédiatementretomber.Jeretournaisceladansmatêtequelques secondes pour trouver lemoyen de le lui annoncer,mais Salem a soudain interrompu notreconversationenlançant:

–Elleestflic.Lesyeuxd’Asasontdevenusimmensesetilafaitunpasenarrièrecommesicettenouvelleétaitune

déchargeélectrique.–Commentest-cequetusaisça?Sontonétaitdurlorsqu’illuiaposécettequestion.Salemahaussésonépauledénudéeetl’alaissée

retomber.J’aidécidéquejevoulaisléchertoutelalongueurdesaclaviculeetsucerlecreuxentresonépauleetsoncouélégant.Qu’est-cequin’allaitpaschezmoi?J’étaiscensélafuir,elleetlasouffrancequiallaitavec.

–EllevienttoutletempsausalonaveclacopinedeNash.Unefois,elleportaitsonuniforme.Jeluiaidemandédememontrersonflingue.

Levisaged’AsaétaitlivideetilasecouélatêtecommesiçapouvaitannulerlavéritédecequedisaitSalem.Pourenfoncerleclou,j’aihochélatêteetajouté:

–C’estvrai.Jenel’aipascrulapremièrefoisqueNashmel’adit,maisc’estvrai.Elleamêmeétéagresséeparunjunkiealorsqu’ellepatrouillaitilyaunmoment,etelleadûsebaladeravecuncoquardetlalèvreouverte.Elleasoninsigneetellefaitappliquerlaloi,monpote.

Ilajurédanssabarbeetm’afaitundemisourire.–Ça, ça devrait être illégal.Une fille aussi sexyne devrait pas avoir le droit de protéger et de

servir.Ils’estéloignépourpréparerdesverrespourDixie,quiobservaitnotreconversationdepuislebout

dubar.Quandj’aicroiséleregarddelajolieserveuse,ellem’asourietj’aidûreprendreunegorgéedebièrepourm’empêcherd’y répondrepar réflexe.Flirter avecune jolie fille était aussi naturel quederespirerpourmoi,maisSalemme regardait attentivement avec sesyeuxd’ébène, et sansque je sachepourquoi, jeter àDixiemon sourire « je vais te faire passer un bonmoment »me dérangeait. Elle a

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repousséses longscheveuxdanssondoset je lesairegardésglissercontresapeaunue.Draguerétaitpeut-êtreunesecondenaturepourmoi,maiscettefemmeétaitnaturellementsexyetsentaitlasensualitécommesic’étaitunparfumderenom.Elleétaitbienmeilleurequejeneleseraisjamaisàcepetitjeudeping-pong,etc’étaituneraisondepluspourgardermesdistances.

–Lesjoliesfillesnedevraientpasêtreofficiersdepolice?Sontonétaitunpeunarquois,alorsjemesuisreculédubaretaifaitunsignedetêteversAsa,qui

parlaittoujoursavecDixie.–Asaaunehistoirelongueetcompliquéeaveclapolice.Cen’estpasvraimentRoyalleproblème,

c’estcequ’ellefait.Cen’estpaslegenredemecquiaimequandunebellefilleluiestinterdite,etpourlecoup,sontravaillarendclairementofflimits.

EllealevéunsourcilnoiretalancéunregardpensifàAsaetàlasuperberoussequiavaitlancésatêteenarrièrepourrirebruyammentàcequeSaintavaitdit.

–C’estdommagequ’ilpenseça.Ilsferaientuntrèsbeaucouple.Cette remarque apaisamon envie d’étranglerAsa pour avoir flirté avec Salem demanière aussi

ouverteetconfiantealorsqu’ellemedonnaitl’impressionderedevenirungaminpaumédontpersonnenevoulait.

–Donctuastoutlâché,tuaslaissétombertoutetaviepourveniraiderNashetRuleaunouveausalonparcequePhilvoulaitquetusoislà?Tun’asrienlaisséderrièretoi,nipersonne?

C’était un reproche. Je l’entendais moi-même dans ma voix mais j’étais incapable de m’enempêcher.

Mamèreétaitmorteàcaused’unactedeviolencegratuitequandj’étais toutpetit.Jen’avaispasbeaucoup de souvenirs d’elle.Mais jeme rappelle qu’elle était gentille, jolie, et qu’elle était tout letempsentrainderireoudesourire.Jemesouviensqu’elleétaitheureuse.

J’avais été placé alors que je n’avais que six ans. Je n’avais pas d’autre famille, en tout caspersonnenem’avaitréclamé,alorsj’avaisrebondidefamilled’accueilenfamilled’accueiljusqu’àcequelesOrtegamerecueillentquandj’avaisdixans.Jesavaisquemamèrenem’avaitpasvolontairementlaisséseulaumonde,queledestinétaitundrôledetrucetqu’ilpouvaitêtreunbeausalaudquandillevoulait,maisjenepouvaispasnierquequandquelqu’unquej’aimaisbeaucoupmequittait,celafaisaitremonterenmoitouscessentimentsd’abandonaveclesquelsjevivaisdepuislongtemps.

Aulieuderépondreàmaquestionbêteetsarcastique,elleaappuyésahanchecontreuntabouretdebarets’estpenchéeunpeusurlecôtétoutenm’observantd’unairgrave.J’avaistoujourstrouvéqu’elleavait de super yeux. Plus jeune, je les trouvais doux, presque comme du velours. Maintenant, tandisqu’ellemeregardaitsansciller,jelestrouvaissombreseténigmatiques.Onpouvaityliretouslessecretsde l’univers, et on aurait dit qu’elle attendait simplement que je la rattrape pour me les murmurer àl’oreille.

–Pourquoitunem’asposéaucunequestionsurPoppy?Commentelleva?Oùelleest?Cequ’ellefait?Tunem’asmêmepaslaisséeprononcersonnoml’autrejour,etjemedemandepourquoi.Jesaisquevousvousêtesassezméchammentdisputéstouslesdeux,maisilyaautrechose.Vousétiezcomme

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des frères siamois tous les deux quand je suis partie deLoveless.Alors éclaire-moi de tes lumières,Rowdy.Ques’est-ilvraimentpasséentremasœurettoi?

Jen’aipaspumeretenirdefaireunpasenarrièreenentendantlenomdesasœur.Jen’avaispasposédequestionscarjen’avaispasfranchementenvied’entendrelesréponses.C’étaitprécisémentpourcelaquej’évitaisSalemcommeuntrouillarddepuisunmois.Jevoulaissimplementretournerenarrière;j’étaisheureuxenfaisantcommesilessœursCruzn’étaientriendeplusqu’unlointainsouvenir,quiseréveillaitseulement lorsque jebuvais tropouqui ressurgissaitparsurprisepourmemettreuncoupdepoing.

Aydenm’aévitéd’avoiràbalbutieruneréponsenulle,enseglissantàcôtédemoipourmeprendreparlecoude.SesyeuxétaientexactementdelamêmecouleurqueceuxdesonfrèreAsa,uneteinterichedewhisky,maisaussibrillantsetvifsàcausede la tequilaet lebrindemalicequin’appartenaitqu’àelle.

–Viensdanseravecmoi.Jetfaitledifficile.J’ai regardé derrière mon épaule et ai vu mon ami me lançer un regard noir en guise

d’avertissement.CommeembêterJetétait toujoursen têtedemesoccupationspréférées, jenepouvaispasluidirenon.Jen’étaispasdugenrecountry,maisjeportaistoutdemêmedesbottesdecow-boyetjenerefuseraijamaisunedanseàunefilleaussijoliequ’Ayden.

J’aidenouveauregardéSalemetjevoyaispresquelesengrenagessemettreenmarchedanssatêtederrièresonregardsombre,maisavantquej’aieuletempsdedirequoiquecesoit,elleaprissonverreets’estéloignéedubar.

–On finira bienpar régler nos comptes,Rowland.Tu as toujours été rapide sur le terrain,maisailleurs,tuastendanceàtrébucher.

Elleestpasséedevantmoidansunmouvementfluideetrapide,etsescheveuxontglissésurlapeaunuedemonavant-brasetcecontactm’aretournélestripes.Jel’airegardéemarcherjusqu’aubillard,oùNashetSaintdiscutaient toujoursavecRoyal,et je l’aivuprendrelabelle jeunefemmedanssesbrascommesic’étaitunevieilleamieperduedevue.

J’airamenémesyeuxsurAydenetluiaidit,avantmêmequ’ellen’ouvrelabouche:–Toi,necommencepas.Jel’ailaisséem’entraînersurlaminusculepistededanseetmesuisfacilementlancédansuntwo-

stepavecelle,ausondujukeboxnumériquequipassaitlavoixdeDavidAllanCoechantantMamaTriedcommeuncrooner.

–Rowland?Elleaglousséunpeuetjeluiailancéunregardmauvais.–Çafaitlongtempsquejenesuispluscegars-là.–D’oùest-cequeçavient,alors,«Rowdy»?J’aigrognémaisaiadresséunsourireexagéréàJetpar-dessuslatêted’Aydenetilm’amontréses

deuxmajeursenmimanttouteslesinsultesqu’ilpouvaittrouver.J’aitirésafemmeplusprèsdemoiavecunemimiqueinsolentepourl’énerverencoreplus.

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– J’étais un gamin turbulent. J’avais beaucoup d’énergie dont personne ne semblait savoir quoifaire,moi lepremier. J’étais toujourspuni, j’avais tout le tempsdesproblèmesà l’école, etpersonnepourmegérer.J’aiétéplacédansunefamillequandj’avaisdixans,ilsavaientdéjàbeaucoupdepetits.Maria,lamère,neparlaitpastrèsbienanglaisetellememarmonnaitdestrucsenespagnol.Elleessayaitdemediredemecalmer,debienmecomporter,elledisaitquej’étaisunpetitvoyou1.Mesprofs,lesautres parents à l’église, certains enfants se sont mis à m’appeler comme ça et c’était plus facile àprononcerpourMaria,doncc’estrestéetçam’allaitbien.

Elle avait écarquillé les yeux et entrouvert la bouche de surprise. Je l’ai serrée pour lui fairecomprendrequec’étaitdel’histoireancienneetquej’allaisbienmaintenant.Entoutcas,jusqu’àcequeSalemarrive.Parmégarde,mon regard est reparti à la recherchede cette tête brune et de ses formesinvraisemblablescoincéesdansunejupemoulante.

Aydenaretroussélenezetm’aserréàsontour.–Jett’aditpourAustin?Elleparlaitàvoixbasse.Jel’entendaisàpeineaveclesbruitsdesestalonsetdemesbottessurle

sol.–Ilm’enaparlévitefait,oui.–Qu’est-cequetuenpenses?Elleavaitl’airhésitanteetjel’aivueavalersasaliveaprèsm’avoirposélaquestion.– J’enpensequ’onest tousdesadultesqui savent commentprendre l’avion.Austin, cen’estpas

l’Antarctique,etsivousvivezdansunautreÉtat,çaneveutpasdirequevousneserezpaslàdansnoscœursetparlapensée.Vousêtesdelafamille,peuimportecombiendekilomètresnousséparent.

Jel’aivuehocherdoucementlatêteetsesyeuxsontdevenusvitreux.–J’aipeur.J’aisoupirélégèrementetl’aiprisedansmesbrasenlasoulevant,cequil’afaitcouinerdesurprise

etreplierseslonguesjambesderrièreelle.Jel’aiembrasséefermementsurlatempeetluiaiditsuruntonneutre:

–C’estcommeçaqu’onsaitqu’onfaitlebonchoix,mapetite.Jel’aireposéeparterreetellem’adonnéunepetitetapeaumilieudutorseenriant.–Ouais,maisjepaniquequandmêmeetjem’inquiètepourAsa.Quivalesurveiller,s’assurerqu’il

nefaitpasdeconneries,quandjeseraipartie?C’estunaimantàproblèmes.– Je pense qu’il est plus que temps que ton frère se surveille tout seul, et on sera ici pour lui

rappelercequ’ilrisques’ilrecommenceàdéconner.Penseàtoi.Penseàtonhomme.Soisheureuseetprofited’êtreamoureuseetmariée.Çavaaller,Ayd,etsijamaisçanevapas,tunepeuxrienyfairedetoutefaçon.

Ellem’aregardéenlevantunsourcil.–Alors,c’estquoil’histoireentreSalemettoi?Ondiraitquec’estpluscompliquéquecequetuas

ditàsonarrivée.

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Derrièreelle,j’aivuqueJets’étaitlevéetmarchaitversnousd’unpasdécidé.Jeluiaifaitunclind’œiletaiécopéd’unautreregardmauvais.

–Cen’estpasuncontedefées,sic’estçaquetuespères.–Elleestdrôleetunpeuoriginale.Jel’aimebien.–ToutlemondeaimeSalem.Elleétaitchaleureuse.Elleétait intelligente.Elleétaitattentionnéeetempathique.C’était laseule

personnedansmonenfancequim’avaitapaisé,etquandelleétaitpartie,quandellem’avaitlaissélivréàmoi-même,c’étaitàcemomentquej’avaiscommencéàm’accrocheràPoppyavecunacharnementquifrisaitl’obsession.Jen’allaispasrefairel’erreurdemelaisserséduireparlapersonnalitésympathiquedeSalem.Ellem’avaittropblesséenpartant.

–Alorspourquoitutecomportescommesielleavaitfrappétonchien?Çaneteressemblepas,ethonnêtement,çanemeplaîtpas.C’estunesupernouvellerecruepourlesalon,etvousavezdelachancedel’avoir,lesgars.

Jet est enfin arrivé jusqu’ànous et a passé sonbras autourde la taille d’Ayden. Il l’a attirée enarrièrecontresontorseetjel’ailâchéesansinsister.

–T’esnul.Ilavaituntonetunregarddurs.J’airiethaussélesépaules.–Alorsbougetonculetdanseavectafemme.Ellesupportelesbruitsquetuappellesdelamusique,

lemoinsquetupuissesfaire,c’estdedanseravecelle.IlagrognéetalaisséAydenl’entraînerdansunslowàcontrecœur,tandisquejem’éloignaisdece

couplesombrementbeau.Jesuisalléverslebarpourprendreuneautrebièreetairéfléchiàcequ’avaitditAyden.

Envérité,lesalon,etmêmeRuleetNash,avaienteffectivementdelachanced’avoirSalem,maismoi…moi, j’avais toujours dans l’idée que je n’aurais aucune forme de chance dansma vie. J’avaisperdumamère.J’avaisperduSalem.J’avaisperdumonpremieramour,ettoutcelaavantmêmed’êtreassezvieuxpouravoirledroitdeboiredel’alcool.Lamalchance,jelaconnaissaispersonnellement.

Jeme disais que toute la bonne fortune que j’avais eue depuis que j’avais rencontré Phil et quej’étaisvenuàDenverétaitledestinquirattrapaituneenfancepauméeetsansamour.

1.NdT:«rowdy»enanglais

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Chapitre4SALEM

Eh,tupourraismerappeler?C’estlequatrièmemessagequejetelaisseendeuxsemaines,Poppy.Jecommenceunpeuàm’inquiéter.

J’ai lancé un regard noir àmon téléphone et l’ai remis dansmon sac en sautant par-dessus uneflaquequelapluieavaitlaisséesurletrottoir.IlfaisaitchaudàDenverenété,paschaudcommedansledésertouauTexas,maistoutdemêmebon,doncj’aiétésurprisedevoirquelorsqueletempssegâtaitcomme c’était souvent le cas en milieu d’après-midi, les gouttes de pluie étaient glacées et grossescommedespiècesdemonnaie.Lamétéofaisaitunegravecriseidentitairedanslecoin,maisaufinalcen’était pas si mal, car si l’on détestait le temps qu’il faisait, on savait que la météo évoluerait cinqminutesplustard.

J’aifrissonnécarjeportaisunpetitshortnoiravecdegrosboutonsdemarinargentésetunhautàfroufrousavecuneépauledénudée,etmaintenantj’étaisgelée,encheminverslecaféauboutdelaruepour prendre un truc quime réchaufferait avant de retourner au salon aprèsma pause déjeuner. Je nevoulais même pas penser à l’effet que la pluie avait dû avoir sur mes cheveux et sur mes yeux trèsmaquillés,doncjemesuisconcentréesurlefaitquej’étaisénervéecontremapetitesœur.

Poppyetmoiavionstoujoursététrèsdifférentes.Si jem’étaisrésignéeaufaitqueLovelesset lamaisondemesparentsétaientdesendroitsoùjenem’épanouiraisjamais,Poppy,elle,étaittoujourslà-baset,encoreaujourd’hui,laprunelledesyeuxsévèresdemonpère.J’avaispriépourquesondépartàl’universitéet sesvoyages soient synonymesdechangementpourelle,qu’elle se rendecomptequ’ilyavaitd’autreschosesàfairedanslaviequ’êtrelafilleparfaitedepapa.Maisàmongranddésarroi,elleétaitrentréeàlamaisontoutdesuiteaprèssondiplômeetavaitrapidementreprissesvieilleshabitudes,même lorsque je l’avais suppliée de venir vivre avecmoi. Sonmariage à un homme qui ressemblaitbeaucouptropànotrepèreàmongoûtavaitrapidementsuivi,etPoppys’étaitéloignéedemoi.Etj’étaiscertainequecechoixn’étaitpasentièrementlesien.

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Mêmesimesparentsetsonmarin’étaientpasravisquePoppysoit toujoursencontactavecmoi,c’étaitsonseulactederébellionetnousnousparlionsdèsqu’elleétaittranquille.J’avaisdesquestions,beaucoupdequestions.Jevoulaisdesréponsesetc’était impossiblede lesobtenirdeRowdy,sachantqu’il était aussi ouvert qu’unmur de béton. Leur dispute était plus compliquée que le simple « il nevoulaitpaslamêmechosequemoietonnepouvaitmêmeplusêtreamis»quePoppym’avaitlancéaudébut,quandtouts’étaitcassélagueuleilyamaintenantdesannées.Ilavaitdûsepasserquelquechosed’énormepourqueRowdyinsistetantpournepasparlerdemasœur.Elleétaitcenséeêtresonpremieramouretnormalement,Poppymeracontaittout,donctouscessecretsaiguisaientmacuriosité.

Masœurn’étaitpasvraimentchanceuseenamour.Ellevoulaittropplaireauxhommesdesavie.Etmonpère en faisait partie. Par conséquent, cela l’avait conduite à fréquenter et à sortir avecde vraisspécimens. Je ne crois pas qu’elle saurait reconnaître le vrai grand amour s’il lui tombait dessus, etc’était unedes raisonspour lesquelles j’essayaisd’avoir de sesnouvelles et son silencem’inquiétait.Sonmari était un sacré numéro.OliverMartinez était une copie conforme demon père, autoritaire etmenaçant, et cela me préoccupait vraiment. Poppy n’était pas assez forte pour tout quitter ni assezdéterminéepourleurtenirtête.

J’aicommandéuncaféavecbeaucoupdecrèmeetunbrownieparcequ’ilsavaientl’airbons,etj’aiessayéd’essorerunpeumescheveuxlongs.Jerepartaisverslaporte,lesyeuxbaisséssurmonsacdanslequel jemettais lebrowniequand j’aipercutéunefemmequiarrivaiten face.Je l’ai rattrapéepar lepoignetquandellearebondicontremoietlacollisionaenvoyévalsersontéléphone.

Nousavonstouteslesdeuxémisunpetitcridesurpriseetj’aibégayédesexcusescarmêmesimoncafénes’étaitpasrenversépartout,ill’avaittoutdemêmelégèrementéclabousséàcausedelaviolencedel’impactetnousenavionstouteslesdeuxpleinlesmains.

Lafemmem’afaitunsignedemainets’estbaisséepourrécupérersontéléphone,tandisquejemeconfondaisenexcuse.C’estalorsquejemesuisaperçuequ’ils’agissaitdelafemmequiétaitpasséeausalonl’autrejour.

Elleportaitunautretailleurtiréàquatreépinglesetsescheveuxétaientattachésenunchignonsurledessusdesatête.Elleaécarquillélesyeuxenmereconnaissant.

–Désolée.Jelisaisune-mailsurmontéléphoneetjenefaisaispasattention.J’aieuunpetitrireetaisecouélamainpourmedébarrasserduliquidechaud.–C’estmoi,jejonglaisavecmillechosesenmêmetempsetj’avaislatêtecomplètementailleurs.

J’aiunpeudetempsavantdedevoirretournerausalon;laissez-moivouspayervotrecafépourmefairepardonner.

Elleafaitnondelatête.–Ohnon,cen’estpaslapeine,vraiment.J’auraisdûregarderoùj’allais.J’ai fait comme si je ne l’avais pas entendue etme suis retournée, puis j’ai rejoint la queue en

espérantqu’ellemesuivrait.Cequ’elleafait, toutencontinuantàmedirequecen’étaitpas lapeine,maisletempsquenousarrivionsdevantlacaisse,elles’étaittueet,sanssurprise,elleacommandéun

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cafénoirsansrienajouterdedans.Cettefemmesemblaitêtresérieuseetdénuéed’artifices,etjemesuisdenouveaudemandéecequil’avaitpousséeàentrerdanslesalondetatouage.

–Jem’appelleSalemCruz,aufait.J’aitendulamainetellel’aserréevivement.–SayerCole.Jetravailledanslebâtimentducabinetdedroitdelafamille,quelquesruesplusloin.J’aihochélatêteetaisouri.–Vousseriezétonnéedevoircombiend’avocatssonttatoués,maintenant.J’espèrequecen’estpas

votreboulotquivousadécouragéedevousfairetatouer.Elleaentrouvertlaboucheetestdevenuerosevif.–Non.Enfait,çanefaitpaslongtempsquejesuisàDenveretj’exploraisunpeu.Elles’estéclaircielavoixtandisquenousrepartionsverslaporte.J’aiétésoulagéedevoirquela

pluies’étaitunpeucalmée.–Jesuisrentréesuruncoupdetête.Jenesaispasvraimentàquoijepensais.Ellea regardéailleurs justeaprèsavoirdit celaet j’avais lanette impressionqu’ellen’étaitpas

totalementfrancheavecmoi.–Jeviensd’arrivericiaussi.Pourl’instant,j’adoreDenver.Vousvenezd’où?–Seattle.J’aipassétoutemavielà-bas.J’avaisbesoindechangement.Jecomprenaiscela.Ellem’aretournémaquestion,j’airigoléenluirépondantquejevenaisd’un

peupartout.Quandellem’ademandécequim’avaitfaitvenirdanslaMile-HighCity 1,jel’airegardéeducoindel’œiletluiaidemandé:

–Vousallezmetrouverridiculesijevousdisquec’estpourungarçon?Elleahaussélesépaulesetnousnoussommesarrêtéesaucoindelarue.Sonregardafuilemienet

j’aiencoreeulesentimentqu’ellenemedisaitpastout.–Non. Je suis aussi ici pour un garçon, en quelque sorte. Pas dans le sens romantiquemais un

certainmecaétéunfacteurdéterminantpourquej’acceptelamutationquandmaboîteadécidéd’ouvrirunbureauàDenver.

Elleafaitunsignedetêtedansladirectionopposéeàcelledusalon,etm’aditavecunegentillessesincèredanslavoix:

–J’espèrequeçavamarcherpourvous.J’airi.– Je suis assez persévérante. Si vous changez d’avis, repassez au salon.Les gars font un travail

vraimentspectaculaire.Sonregardaglissésurmesbrastatoués.– Jen’avais jamais remarquéàquelpoint çapouvait êtrebeau,oucombien le tatouageétaitune

pratiqueartistique.–Sic’estbienfait,c’estaussibeauquecequ’onpeutpeindresurunetoileetc’estfinalementle

seulartqu’onpeutpartageravectoutlemonde,oùqu’onaille.

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Lefeuestpasséauvert,etalorsquenouspartionsdansdeuxdirectionsopposées,jepensaisàcettejeune femme impeccable qui semblait avoir beaucoupde secrets. J’espérais intérieurement que ce quil’avaitamenéeàDenverneladécevraitpas.Secretsoupas,ellesemblaitréellementgentille.

J’ai ouvert les portes du salon et ai dû slalomer entre les gens amassés à l’accueil pour allerm’installer derrière le bureau. Cora parlait à deux filles qui lui montraient des photos et lebourdonnementdesmachinesàtatouerétaitunbruitdefondconstant.Nashacroisémonregardetm’afaitunsignedetête.J’airangémonsacaprèsenavoirsortilebrownie,quejevoulaisgarderpourplustard,etluiaidemandécequ’ilyavait.

IlapassélesmainssursoncrâneraséetjemesuisdemandésiSaintfaisaitsouventlemêmegeste.Cesflammestatouéesdechaquecôtédesoncrâneétaientmarrantesetvivantes.Sic’étaitmonmec,jelescaresseraiàlamoindreoccasion.Sesyeuxàlateinteviolettebrillaientd’unmélangedebonnehumeuretd’agacement.

–Qu’est-cequetuasbesoinquejefassepourouvrirlaboutiqueenhaut?Jepensaisavoiruneidée,maischaquefoisquej’ail’impressiond’avancer,ilsepassequelquechoseetjerecule.

–J’aibesoinquevousmedonniezdesimages,unesortedelogo,pourquejepuissecontacterunsérigrapheuretfaireimprimerlesmotifssurdesT-shirtsetd’autresvêtements.

Ilfallaitquecesoitdesfringuessympasettendance,quiallaientaveclestyledestatoueurs.–Jepensequevousdevriezbaserlesdessinssurlestatouagesquevousportez.Lespetitesgroupies

deviendraientfolles.Toi,tuasledragon,Rulealeserpentsursonbras.J’aihochélatêtelorsqu’ilaplissélesyeuxpourréfléchir.–Coraatoutescesfleurs,etRowdyal’ancresursoncouqu’onnepeutpaslouper.Tousdifférents,

tousdistincts,etjepensequeçaferaitpasserunmessage.Onnedonnepasseulementl’identitédusalon,maiscelledesgensderrière.

J’aitendulebrasetaiserrésonbicepsimpressionnant.–Jepenseaussiqu’ondevraitfaireuneéditionlimitéeexceptionnelle,pourPhil.Untrucoldschool

quiadelagueule,pourluirendrehommage,àluietàtoutcequ’ilaaccomplidanslebutdevouslaissertoutça.

J’ai vu sa pommed’Adammonter et descendre, il, s’est éclairci la voix et a baissé la tête pouracquiescer.

–Tuesexactementlapersonnequ’ilnousfallaitpourqueçasefasse.Monpèresavaitvraimentcequ’ilfaisait.

J’aisouri.–C’étaitunhommetrèsintelligentetrusé.–S’ilvoulaitquetusoislà,cen’estpasseulementpourlesalon,non?J’aihaussémonépauledénudée.–Parfois,onabesoindequelqu’und’extérieurpournousfaireremarquercequ’ilmanque.Philétait

trèsbonpourça.

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Nashagrognépourdirequ’ilétaitd’accordetalevélamainpourfairesigneàsonclientquientraitdanslesalon.

–C’estvrai.Ilm’acontournéepuiss’estarrêtéetm’aregardée.–Laboutique,c’étaitl’idéedeRowdy.Leconcept,lavolontédesediversifier,toutça,c’étaitlui.

Je pense que je vais lui passer un coupde téléphone et lui dire qu’il pourra être ton référent pour lapréparation.Ruleetmoi,onatropdechosesàgérerencemoment.

Elleétaitlà,danscesyeuxfantastiques,lamêmecompassionquiémanaitduvisagedesonpère,cebesoinquelesgensautourdeluisoientheureux.C’étaitbienlefilsdePhil,aucundoutelà-dessus.J’airigoléetjemesuisretournéeverslebureaupouralleraiderCoraàs’occuperdelafoulecroissantedeclientspotentiels.

–Commetuveux,patron.

Cen’estqueplusieursheuresplustardquej’aienfinpum’attaqueràmonbrownie.Lajournéeavaitétéchargéeenrendez-vous,deuxpersonnesétaientarrivéesasseztardpourdeswalk-insetdeuxartistesavaientacceptéde resterpour les tatouer,donc ilétaitpresquevingt-et-uneheuresquand j’aienfinpufermer le salon.Maismême les journées les plus chargées n’étaient rien comparées au chaos auquelj’étaishabituéeausalondeVegas.Là-bas,ilyavaituneéquipedeprèsdequinzeartistesetnousrestionsouverts jusqu’àdeuxheuresdumatin.Les salonsdeDenverétaient très fréquentésetmarchaientbien,mais j’avais moins l’impression que c’était un spectacle, contrairement à mon travail précédent.Cependant,j’étaissurprisedevoircombienj’aimaisl’ambianceplussoudéeetdétenduedemonnouveauboulot,etcelameplaisaitqu’ilspondentdesœuvresincroyablesaulieudesflashcopiés-collésquelestouristeschoisissaientsurunmur.

J’étaislegenredepersonnequis’ennuyaitetquidétestaitlaroutine.Jecroisquec’étaitl’unedesraisonspour lesquelles jebougeais autant. J’aimais être imprévisible. Jenevoulaispas savoir cequim’attendaitd’unjouràl’autre.Jesuissûrequecelaavaitunrapportavecmonenfancedansunemaisonoùlaroutineétaitaucentredetout,oùchaquesecondequipassaitdevaitêtrejustifiée,prévuedanslesmoindresdétails.Les règleset les loisétaientunequestiondevieoudemortpourmonpère,donccen’est pas étonnant que dès que j’ai pu le décider, j’ai vécu au jour le jour. J’étais toujours satisfaited’atterrir làoùleventmeportait ;maisçaavaitchangé.Jemesentaisposée,ici.J’avaisl’impressionque je pourraisme réveiller aumilieu desmontagnes, dans l’air frais et lamétéo absurde pendant unnombreinfinidejourssansjamaism’enlasser.

JesavaiségalementaveccertitudequejepourraisregarderdanslesyeuxbleucéruléendeRowdySt.Jamespourl’éternitésansjamaisrienvoirdeplusbeau,mêmequandilmeregardaitcommesij’étaistoxiqueetdangereuse.

Jemangeaismonbrownieetj’aiànouveaurappeléPoppy,cettefois-cienlaissantunmessageoùjel’engueulaisfranchementetlamenaçaisdesauterdansunavionpourleTexassiellenemerappelaitpaslelendemain.J’aimislesrecettesdujourdanslecoffresituédanslebureaudeCoraetvérifiéque

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touteslesportesétaientferméesàl’étagelorsquejemesuisaperçuedansl’undesmiroirsdéformantsquiavaientétéinstalléspourrappelerlethèmedefêteforainedusalon.

C’étaitceluiquimedéformaitetmefaisait ressembleràunegirafe. Il reflétaitaussi lesépaissestraces d’eyeliner noires sous mes yeux, et mes cheveux d’ordinaires bien lisses et coiffés étaientmaintenantdésordonnésetfrisésàcausedelapluie.Jen’arrivaispasàcroirequej’avaistravaillétoutelajournéeavecunetêteaussidéfaite.J’aisecouélatêteenvoyantmonrefletridiculeetaivouluéteindrelalumièrequandj’aientendudesbruitsdepasàl’étage.

LesseulespersonnesquiavaientlesclésétaientlesgarsetCora,j’aidoncsupposéquec’étaitl’und’entreeuxetattendudevoirsilespasallaients’approcherdel’escalier.Cequ’ilsontfait,etlorsquej’aientenduleclicsiparticulierquinepouvaitêtrequeceluidevieillesbottesdecow-boy,j’aisentilesbattementsdemoncœuraccélérer.

LescheveuxsoigneusementcoiffésdeRowdysontapparusàl’étageetsonregardvifs’estposésurmoi.Ilnem’apassouri.Ilnem’apaslancéunedesesrépliquesspontanées;ilm’aregardéefixementens’approchantjusqu’àsetenirfaceàmoi.Ilmesurplombaitet j’aidûpencherlatêteenarrièrepourleregarder.LeRowdydrôleetdragueurdevaitêtreréservéàtouteslesfemmessaufàmoi,etjenesavaispasencoresicelameplaisaitoum’agaçait.

–Salut.Lemilieudesesyeuxs’estalluméd’uneflammeetj’aivulescoinsdesabouchesetendreenune

grimace,plutôtqu’enunsourire,tandisqu’ilcontinuaitàmefixersansriendire.Illuiafallucinqbonnesminutespoursedécideràparler.–Nashm’aappeléetm’ademandédepasserpourvoirsituétaisencorelà.Ilveutquejeteparle

delaboutique.J’ailevéunsourciletfaitunpasenarrière.Ilm’abalayéeduregardetsesyeuxsontrevenussur

monvisage,lessourcilstoujoursfroncés.–Pourquoies-tutouteébouriffée?J’airicanéetj’aipassémescheveuxpar-dessusmonépaule.–Lapluiem’apriseparsurpriselorsdemapausedéjeuneretj’aifaillipiétinerunepauvrefemme

àcausedemonimpatience.Jen’arrivepasàcroirequepersonnenem’aitditquejeressemblaisàunrattrempétoutelajournée.

J’ailevélesyeuxaucieletj’aivoulureculer,maisilaprismonpoignetetm’atiréeverslui.Mes poumons ont cessé de fonctionner etmon cœur est tombédemapoitrine pour atterrir à ses

pieds lorsqu’il aprismamainet apassé sonpouce sur ladélicatecourbe sousmonœil,où toutmonmaquillages’étaitréfugié.

–Çamerappellequelquechose,enfait.Jemesouviensdelapremièrefoisquetuavaisramenélemaquillaged’unedetescopinesàl’école,etquetun’arrivaispasàl’enlever.

Il a refait le même geste sous mon autre œil et j’ai dû prendre une grande inspiration car jecommençaisàvoirsonvisageflouàcausedumanqued’oxygènedansmoncerveau.Ilcontinua:

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–Tunesavaispasquec’étaitwaterproofettuaspasséuneheuresousletuyaud’arrosagedanslejardin,àfrotterpourl’enleverparcequetusavaisquetonpèreallaitpéteruncâbles’iltevoyaitcommeça.Tuavaisfiniparressembleràunratonlaveurtoutmouillé.

Jeme rappelais de cette histoire aussi bien qu’il semblait s’en souvenir,mais j’avais dumal àréfléchir clairement car son pouce caressaitmaintenant sur le haut dema pommette puis est descenduencoreplusbaspourfrôlerlerubisquejeportaisau-dessusdelalèvre.

–Tuascouruàlamaisonettuasdemandédel’aideàMaria.Ellet’arenvoyéecheztoiavecdel’huiled’oliveett’asauvélamise.

Jeluiaifaitundemisourire.–Peuaprèsça,j’aicommencéàm’enduirelevisageavecleplusdemaquillagepossiblejustepour

luitapersurlesnerfs.J’aigardécertaineshabitudes,j’imagine.J’aivusontorsetremblertandisqu’ilprenaitunegrandeinspirationetquelquechoseachangédans

sonregard.Ilaouvertlabouchecommes’ilallaitdirequelquechosepuisachangéd’avisetl’areferméed’uncoup.Ilalâchémonpoignetcommes’ilavaitprisfeuetafaitunpasenarrière.Jen’aipasessayédemasquerladéceptionprovoquéeparsonéloignement.

–Bon,parle-moidelaboutique.J’aisoupiréunpeu,maiss’ilvoulaitparleraffaires,jen’allaispasfaireladifficile.Aumoins,il

désiraitavoiruneconversationavecmoi.Jeluiaiexposélesidéesdebasequej’avaisexpliquéesàNashplustôtdanslajournée.Jeluiaidit

quejepensaisvraimentquelesclientsapprécieraientdepouvoirsereprésenternonseulementlesalonmaisaussileursartistespréférés,etj’aiétécontentedevoirqu’ilsemblaitêtred’accord.Ilm’aparlédeson idéedeproposerdes impressionsetdesœuvresgraphiquesà laventeenplusdesvêtementset jedevais admettre que j’étais impressionnée par son sens de l’entreprenariat. Il avait toujours été plusqu’unebellegueule.J’étaiscontentedevoirqu’iln’avaitpasperducelaendevenantadulte.

Nousavonséchangédesidéespendantunevingtainedeminutes.Jeluiaiditqu’ilétaitchargédecouriraprèsRuleetNash,carillesconnaissaitmieuxquemoi,pourqu’ilsmedonnentdesdessinsquejepourraisutiliser.Ilaacceptésansrechignerpuisnoussommestombésdansunsilencegênantcarilétaitvisiblementtempsdepartir.Ilm’aditqu’ilauraitquelquechoseàmemontrerd’icilafindelasemainesuivante et j’ai hoché la tête. Nous nous sommes tournés dans deux directions opposées, lui vers lesescaliers et moi vers l’interrupteur sur le mur, lorsqu’il a soudain prononcé mon nom d’une voixétranglée.

–Salem…Jel’airegardépar-dessusmonépauleetailevéunsourcilenvoyantleregardinsistantsursonbeau

visage.–Ouais.Sesbottesontclaquésurleparquettandisqu’ilmarchaitversmoi.Seslèvresétaientserréesetses

yeuxmelançaientdeséclairs.–C’estquoi,ça?

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Il ne s’est pas arrêté dans sa course avant que son torse soit quasiment collé à mon dos. Pourquelqu’un quim’évitait soigneusement depuis des semaines et n’avait pas l’air très content de devoirpartagerlemêmeespacequemoi,iln’avaitaucunproblèmeàposerlesmainssurmoi.

Ilaprismalourdemassedecheveuxnoirsetrougesdanssesmainsetlesasoulevéspourrévélermesépaulesetmanuquedénudées.

D’uneépauleà l’autre, j’avaisunchampde lupinsduTexasetaumilieude toutesces fleurs,detoutspetitsmoineaux.C’étaitungrandtatouage,coloréetjoli,quiprenaitbeaucoupdeplacesurmapeauetdansmoncœur.Lesfleursetlesoiseauxparaissaientsivivantsqu’onauraitditunephoto,etnonunepeinture faite d’encre surma peau. C’étaitmon tout premier tatouage, et il avait assez bien résisté àl’épreuve du temps. Il était presque tout le temps caché parmes cheveuxou par les vêtements que jeportais,maisaveccehaut, ilétaitentièrementvisibleetcen’étaitpassurprenantqu’il regarde l’encrecommesielleallaitbondirdemapeauetl’envelopperdesouvenirs.

–Jel’aifaitdèsquej’aiquittéLoveless.Ma voix tremblotait un peu, bien que j’essayais d’avoir l’air provocante. Les fleurs étaient

exactementdelamêmecouleurquelechagrindanssesyeuxbleuslejouroùj’étaispartie.–C’estmoiquiaidessinéçapourtoi.Ilavaitl’airénervé.Ilavaitl’airblessé.Etjenepouvaispasluienvouloir.–Jesais,Rowdy.J’aipeut-êtredûquitterleTexas,maisjen’aijamaisvouluquetupensesqueje

vousquittaisaussi,toietPoppy.Sondoigtestpassélelongduchampdefleursetadit,plusàlui-mêmequ’àmoi:–Tun’as jamais trouvéçabizarreque j’aimedessiner?Tout lemondemedisait toujoursdeme

concentrersurlefootball.Toutlemondemedisaitquejepouvaispasserpro,doncquejenedevraispasperdremon tempsavec lesétudesou l’art.Tum’as toujoursditde faireceque jevoulais.Tuétais laseulequim’aitditquej’avaisledroitd’êtredouépourplusieurschoses.Jet’aifaitcedessinpourtonanniversaire,pourtesseizeans.

J’allais lui sauter dessus s’il n’arrêtait pas deme caresser ainsi. J’ai laissé échapper un soufflehaché.

–C’étaitbeau.Legeste,etledessin.Tuastoujoursétéextrêmementtalentueuxetjetrouvaisquetonartdevaitêtreexposé.Jenet’aijamaisoublié,Rowdy.Jet’aitoujoursemmenéavecmoi,peuimporteoùj’allais.

Ilaencoreditmonnom,maiscettefois,suruntonconfusetperdu.J’aisursautélégèrementlorsquesesmainsontbrusquementserrémesépaulespourmeretourner.Avantquemoncerveauaitletempsdecaptercequ’ilsepassait,ilm’afaitreculercontrelemiroirdéformant.Lorsquemesépaulesonttouchéleverrefroid,j’aiouvertlabouchedesurpriseetilenaprofitépourbaisserlatêteetpressersabouchecontrelamienne.

Moncerveaune savaitpeut-êtrepasquoi fairedece soudainchangementdecomportement,maismoncorpsn’aeuaucunproblèmeàréagir.Mondoss’estcambré.Mesbrassesontlevéspours’enroulerautourdesoncou.Mestétonsontdurcietmaboucheafaittoutcequ’ellepouvaitpourrestercolléeàla

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siennepourtoujours.Noslanguessecaressaientetj’aigémiquandsesmainsontentourémataillepourmesoulever sur lapointedespiedsafind’êtreà sahauteur.Heureusementque jeportais toujoursdestalonsbeaucouptrophauts!

Cen’étaitpasunbaiserdoux.Cen’étaitpasunbaiserdélicat. Je sentais legoûtdupasséetdesreproches.Jesentaisqu’ilchassaitdesfantômesenmordillantunpeutropfortlacourbepulpeusedemalèvreinférieure.Riendetoutcelan’importait,carc’étaitRowdyetmoi.Jesentaisenluitoutcequiavaittoujoursétébonetm’avaitrendueheureuse.

Ses mains étaient un peu trop brusques, sa respiration un peu trop rapide, et quand je me suisentièrementappuyéecontrelui,j’aisentisonpoulsirrégulieretfrénétique.J’essayaisdegrimpersurlui,derentrerenlui,etaumomentoùjeposaismesmainsderrièresatêtepourpouvoirl’attirerencorepluscontremoi,montéléphones’estmisàsonnerdanslapochearrièredemonshort.

Carl Perkins chantaitHoneyDon’t, etmême si j’aurais adoré ignorer la sonnerie et continuer àembrassercegarçonpourd’autresraisonsquepourluidireaurevoir,jenepouvaispas,carc’étaitenfinmasœurquimerappelait.

JemesuislaisséeretombersurmespiedsetailâchélecoudeRowdy.J’aisortimontéléphoneetaitouchél’écrantactilepourdécrocher.

–Poppy?Dès que le nom de ma sœur s’est échappé de mes lèvres, l’attitude de Rowdy a, à nouveau,

entièrementchangé.Unvoilefoncéaassombrisonregardetils’estéloignédemoienquelquespas.Sansunmot,ilatournélestalonsdesesbottesets’estdirigéversl’escalier.Iln’apasditunmot,nes’estpasretourné,commesinousnevenionspasdenousembrasserfiévreusement.Ils’estsimplementvolatilisé,me laissant touteexcitéeetavecplusdequestionsqu’avant.Maudit soit-il,etmaudit soit lepasséquisemblaitêtreunobstaclesurmaroute.

1.NdT:surnomdonnéàlavilledeDenvercarsonaltitudeestd’exactement1mile(1600mètres)

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Chapitre5ROWDY

C’étaittellementdifficiledetenirlessouvenirsàl’écartunefoisquelaportequilesenfermaitavaitétéouverte.L’unaprèsl’autre,ilsmepourchassaientduleveraucoucher,etcontinuaientàdanserderrièremespaupièreslanuit.

Jeme souvenais de la première fois oùPoppy avait traversé le jardin en courant entre nos deuxmaisonspourmedemandersijevoulaisjouer.J’avaistellementl’habitudequ’onnefassepasattentionàmoi, que l’on m’oublie et me laisse seul, que j’avais failli m’enfuir en courant. Elle était tellementmignonneavecsesgenouxnoueuxetsescouettes.Ellem’asourietm’aditquenouspouvionsêtreamispourlavieetjemesouviens,mêmeàdixans,avoirpenséquejenevoulaisplusjamaisvivresanssonsourireetsagentillesse.

JemesouvenaisqueSalemétaitpatienteetdrôle,alorsquedeuxgaminslasuivaientpartoutcommesielleétait lareinedumonde.Ellenese lassait jamaisdesquestions,denotreprésenceconstante,deréparermesblessuresquandj’avaispasséunemauvaisejournéeàl’école,cequiarrivaitsouvent.Elleneme regardait jamais comme si je n’étais pas assez bien, alors que tous les autres, dansmon petitmonde, essayaient deme pousser dans une direction où je n’étais pas sûr de vouloir aller. Elle avaittoujours étémaplus grande supportrice, peu importe que ce soit parce que j’avaismarqué au foot ouparcequejeluiavaisfaitundessin.

Mais,aveccessouvenirsremontaienttouslesautres,ceuxquim’empêchaientderespirer,ceuxquimedonnaientdesmigrainesetmefaisaientmalaucœur.

JemesouvenaisdePoppyetdesesgrandsyeuxtristesquimedisaientqu’ellenem’aimeraitjamaiscommejel’aimais,quenousviendrionstoujoursdedeuxmondesdifférents,etquecelanepourraitdoncjamais fonctionner. Je lui ai littéralement offertmon jeune cœur fragile et quand elle l’a eu entre lesmains, elleme l’a jeté comme si cela ne voulait rien dire.Duplus loin que jeme souvienne, j’avaistoujours craqué sur elle. J’étais tellement sûr de l’avoir aimée. Je savais simplement qu’elle étaitmaseule et unique. Elle était stable, infailliblement gentille et généreuse. Elle était adorable en dehors

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comme en dedans, mais pour elle, je n’étais pas assez. Je n’avais pas la bonne histoire, la bonneéducation,etentoutehonnêteté,paslabonnecouleurdepeaupourqu’ellepuissemerameneràlamaisonet dire à son père qu’elle passerait le reste de sa vie avecmoi. Je lui aurais donné lemonde entier,seulementellen’envoulaitpas,oujemeseraisdonnéàellesansretenue.

Jemesouvenaisaussidem’êtretenudeboutdansl’allée,entrainderegarderSalemetsonpèresehurler dessus tandis qu’elle jetait toutes ses affaires dans le coffre d’une Belvedere rouillée, criantqu’elleneremettraitplusjamaislespiedsdanscettemaison,niàLoveless.C’étaitmameilleureamie.C’étaitellequiarrangeaittoujoursleschoses,etmêmeduhautdemesquinzeans,jemerappellem’êtreditquejen’arriveraisjamaisàsurvivrejusqu’àlafindulycéesanselle.Commentétais-jecenséchoisirl’universitéoùjevoulaisaller?J’allaisdireàmafamilled’accueil,àPoppy,àtoutlemonde,quejenevoulaispasjoueraufootball,quejevoulaispeindreetdessiner.Jevoulaisunebourseartistique,pasuneboursesportive,etSalemétaitlaseulequim’auraitsoutenu.J’avaisbesoinqu’ellemedonnelaforcedemebattrepourcela,maisenunbattementdecil,elleétaitpartie.

Ellem’avu,làderrière,etelleestressortiedelavoiturepourmedonnerunbaiser,unvraibaisersurleslèvres,etjemesouviensqu’elleavaitungoûtsaléetsucréàlafois,carellepleuraitenmedisantaurevoir.C’étaitmonpremierbaiseretcesouvenirseraitàjamaisentachédudépartd’unepersonnequej’aimais,encoreunefois.Elleavaitessayédemedirequ’ellem’écrirait,qu’ellem’appellerait,qu’ellem’enverrait un pigeon voyageur, mais je m’étais simplement éloigné d’elle car je ne pouvais pasl’entendreetjesavaisqu’ellementait.Unefoisqu’elleseraitpartie,jen’auraisplusaucuneimportance.Etj’avaisraison.

Maintenant,touscessouvenirss’entremêlaientets’entrechoquaientaveclesnouveauxsouvenirsquej’avaisde laSalemadultepresséecontremoi.Lesouvenirde la façondontmaqueues’était réveilléequandjel’avaisvuedeboutenhautdesescaliers,lejouroùelleaétéembauchéepourtravaillerausalon.Ilyavaitaussilesouvenirdel’avoirsentiebrûlantecommelesoleilquandjel’avaistouchée,etlefaitqu’elleavait toujoursungoûtsucré-salé.Seulement, j’étaismaintenantassezvieuxpouravoirenviedesavoirsielleavaitcegoûtpartoutsursoncorps,passeulementsursabouchepulpeuse.Jenepouvaispasm’empêcherdevoirsesyeuxsombresquiscintillaientcommedel’onyxpoli,oudepenseràseslèvrescharnuesquiétaientplusagréablesquetoutcequej’avaisjamaisressenti,depenserqu’elleavaitungoûtdechocolatetquecegoûtmerappelaitlepassé,delameilleureetdelapiredesfaçons,chaqueminutedechaquejour.Jesavaisquesisontéléphonen’avaitpassonné,j’auraisglissémesmainsdansceshortcourtqu’elleportait, et j’aurais tirer sur l’épaulede sonhaut sexypour le faire tombercomplètement.Jevoulais touchertoutecettepeaucarameletposermabouchesur leboutdesesseinsquejepouvaissentirpointercontremontorse.

Toutescessensationss’écrasaientenmoietentraientencollision,siviolemmentetbruyammentquej’avaisl’impressiondeneplusrienvoirnientendred’autre.J’aisoigneusementévitéd’alleraunouveausalonetaimêmeharceléRulepourqu’ilmeremplacecettesemaine-làpournepasêtreobligédelavoir.Je ne pouvais pas reprendre le contrôle et donc jeme noyais dans le passé et fuyais le futur. J’étaisépuisé.

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Bienquejeluiaiditquej’auraisdesdessinsprêtspourlafindelasemaine,j’avaiscomplètementzappéetnousétionsmaintenantjeudisoir,etj’étaisbienpartipourmelacollersérieusementavecmoncopainZebauBar.J’avaisaussilatrèssérieuseintentionderamenerDixiechezmoicarlemoyenleplusrapidepoursesortirunefilledelatêteétaitdelaremplacerparuneautre.EtsiDixien’avaitpasenviede jouer l’amoureusedesubstitution,alors je ramèneraispeut-être lablondequimebaisaitdesyeuxàl’autreboutdubar,etsabellecopinebruneseraitlabienvenuesiellevoulaitsejoindreànous.Jeluiaisouripourleprincipeetjel’aivuerougiretseretournerpourchuchoterquelquechoseàsonamie.

J’aicroiséleregardd’Asa;ilobservaitlascèneavecunsourireencoinetahaussélesépaules.JemesuisretournéversZeb,quin’avaitpasl’airaussiimpressionnéquelebarmanduSud.

–Quoi?Mavoixétaitunpeubourrueet trèstraînante.J’enchaînaislesshotsdeJägercommesic’étaitde

l’eauetjecroisqu’ilsm’avaientenfinrattrapé.Zebétaitunmecbien.Ilavaitd’abordétémonclient,puiss’étaittransforméenamiaprèsquenous

ayons passé un bon nombre d’heures à recouvrir les tatouages de prison toutmoches qu’il s’était faitderrièrelesbarreaux.Cemecétaitunartisanincroyable.J’étaissûrqu’ilétaitcapabledeconstruireunemaisonavecdescure-dentsetdelacolle,maislavien’avaitpastoujoursétéunepartiedeplaisirpourlui,etsachantcela,j’avaisvoululuidonneruncoupdemain.C’étaitmoiquiavaisconseilléàNashetàRuledecontacterZebcommeartisanpourlenouveausalon,etàmongrandsoulagement,çaavaitcollé.

Avectousmesamismariésouparents,oucasésavecdesinfirmièressexy,j’étaisbienplussouventtoutseulqu’avant,alorsj’avaisprisl’habituded’appelerZebquandj’avaisbesoind’uncompagnondebeuveriepourlasoirée.

Zeb a levé son verre de whisky-coca, m’a regardé par-dessus le bord du verre et m’a répondu«Rien»suruntonquivoulaitclairementdirequelquechose.J’aiplisséunpeulesyeuxetaiavaléleshotqu’Asaavaitfraîchementremplidevantmoi,enlevantunsourcil.

–C’estquoiceregard,alors?Zeb était un type immense. Je crois qu’il était encore plus balaise queRome, ce qui était plutôt

impressionnant.Ilavaitautantdetatouagesquemoi,etavecsescheveuxfoncéshirsutesetsonvisagemalrasé, ilétait sacrément intimidant. Jecroisque j’avaisde lachancequenoussoyonsamis,ou j’auraispeut-êtrefiniparregretterdefaireleconaveclui.

–Jenesaispascequiestlepluspathétique,lefaitquetugaspillesteseffortssurlapremièrequipasse…

Ilagrognéalorsquejeluilançaisunregardmauvais.–…oulefaitquetusoisunhommeadultequiessayederéglersesproblèmesavecunefilleetde

l’alcool.J’avaisvingt-cinqans,maisj’avaisl’impressiond’avoirvécucentviesdifférentesdepuislejouroù

les flicsavaientdébarquédans l’appartementenpleinenuitpourmedirequemamèreétaitmorte. Ilsm’avaientexpliquéqu’elleavaitprisuneballeàcaused’unpetitconquivoulaitvolersavoitureetavaitjugéqu’ellen’ensortaitpasassezviteàsongoût.J’avaisétéconfiéauxservicessociauxcejour-là,et

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ce,jusqu’àmamajorité.J’avaisétéunhommeadultedepuiscetinstant,etZebavaitraison,j’auraisdûavoirassezdecouragepourfairefaceàSalemetàlafaçondontellemenouaitleventre.

–Qu’est-cequetuensais?J’avaisl’airgrognonetirritable.Zebalevéaucielsesyeuxvertfoncéetsabouchequinesouriait

jamaisd’ordinaire,s’estaniméed’unhumoursanscompassion.–Jesaisqu’elleestàpeuprèsgrandecommeça…Ilalevésamainauniveaudesonépaule.–Qu’elleaunesilhouettequiempêchederéfléchiretdesyeuxetdescheveuxquiontétéfaitspour

qu’ons’yperdequandleslumièressontéteintes.J’aisentiunmuscletiquerdansmamâchoiretandisquejemepenchaissurlebar,etj’aidemandéà

Asaquipassait:–Turacontesmeshistoires?Ilm’ariaunezetj’aieuenviedesauterpar-dessuslebaretdel’étouffer.– Eh, c’est une bombe et elle dégage une aura de sexe bouillant comme si c’était naturel. Je

partageais justemonappréciationpourunejoliefille.Cen’estpasmonproblèmesi tun’arrivespasàvoirqu’elleteregardecommesituétaissaboissonpréféréeenpleinété.

Oh,jelevoyaistrèsbien.Jen’avaissimplementpaslamoindreidéedecequejedevaisenfaire.Enfin,cen’étaitpasentièrementvrai.Aprèscebaiser,j’avaisuneidéeasseznettedeladirectiondanslaquellejevoulaisalleravecSalem,etc’étaitdroitversmonlit,maisjen’étaispassûrdepouvoirgérercela.Rienquedel’entendreprononcerlenomdePoppyavaitsuffiàfaireretomberl’érectionenragéequesonbaiseravaitprovoquée.

Est-cequej’avaisvraimentaiméPoppycommejelepensaissilavuedeSalem,l’idéedeposermabouchesurelle,mefaisaitplusd’effetquePoppyenavaitjamaiseusurmoi?Jecroisquejen’auraisjamaispuembrasserSalemsitouslessentimentsquej’avaiseupourPoppyparlepasséavaientétéaussiimportantsquejel’avaistoujourscru.

J’aimarmonnéquelquechosequinevoulaitriendireetaiprismabière.–Cen’estpasjusteunenanaquipasseparlàdontj’essayedemedébarrasser.Onseconnaîtbien,

elleetmoi.Zebacroquédansunglaçondesonverreetjemesuisditqu’ilauraitpuvivredansunboisquelque

part et cultiver sa terre pour se nourrir. Il était l’incarnation de ce que devait être unColoradien.Ondevrait peut-être le mettre sur le drapeau de l’État pour qu’il nous représente tous fièrement. Ouais,j’étaisbourré.

–C’est ça tonproblème,Rowdy.Tuneveux jamaisque les filles te connaissent.Tuveux te lestaperetleslâcherpourn’avoiraucuneffortàfaire.

J’aigrondéunpeuetaifaitsignepourcommanderunautreshot.–J’aifaitdeseffortsunefois.Plusd’effortsqu’aucunjeunehommenedevraitavoiràenfaire,etça

m’estretombésurlagueule.Fini,lesefforts…Maintenantçaserésumeàunbonmomentpourmoietunsupermomentpourelle.Toutlemondeestgagnant.

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ZebafaitunbruitetahochélatêtequandAsaluiademandés’ilvoulaitunautreverre.–Unefillet’ablesséilyalongtemps,doncçaveutdirequetouteslesfillesensontcapables?Je

doisdirequejetecroyaisplusintelligentqueça.Ilcommençaitàm’énerver.Nousétionscensésêtrefrèresd’armes,lesfrèresavantlesmeufs,ettout

ça.Jeneluiavaispasdemandédepasserlasoiréeensemblepourqu’ilmebalancemesquatrevérités.–Tunecomprendspas.Ilalevélesyeuxauciel.–Ahnon?J’étaisfiancéquandjemesuisfaitarrêter.J’aimaiscettefilleàencrever.Ellem’adit

qu’elleattendrait,que j’étais songrandamouretquemême lesbarreauxet le tempsnepourraientpasnousséparer.Auboutdedeuxmois,elleaarrêtédevenirmevoir,etsixmoisaprès,ellesefiançaitavecunskieurprofessionnel.Maintenant,elleadeuxgaminsetunmonospace.Tucroisqueçaveutdirequetouteslesfemmessontcommeça?Qu’iln’yenapasune,quelquepart,quiattendraitvraimentsiellem’aimait?

Nousnoussommesregardésunmomentjusqu’àcequ’ilsecouelatête.–Moi,si.Jecroisqu’ilyadesfemmesbienquirestentauxcôtésdeleurhommequoiqu’ilarrive.

Je crois qu’il y a une femme quelque part qui n’en aura rien à foutre que j’aie été en prison et quim’aimeraquandmême,etquiseraprêteàvoircequej’aiàoffrirmaintenant.D’accord,tantquejenel’aipastrouvée,jen’aiaucunscrupuleàmecontenterdecequiestfacile;lafacilitédoitavoirsaplaceetpeutoffrirunbonmoment.Maisquandçadevientdur,quandlafillevautlecoup,jen’aipaspeurdememettreauboulot.

Ilari.–Etj’aimeceboulot,surtoutsic’estdutravailmanuel.LegoûtderéglissedelaJägerapicotésurmalanguequandj’aiavaléleshotcul-sec.Ilfallaitque

j’arrête.Lemondecommençaitàtournerautourdemoietj’avaislesentimentquesimamainlâchaitlebar,j’allaisglisserdutabouretettomberlatêtelapremière.

– Iln’yaqu’uneseulepremière fillequidétient toncœur.Lapremièredonne le tonpour tout lereste,ettoutescellesquiviendrontaprès.

Jen’avaismoi-mêmepasl’air trèssûrdecequejedisaisetcen’étaitplusseulementàcausedel’alcool.

Asa s’est arrêté et s’est penché sur le bar, en face demoi, et a tendu le bras pourme faire unepichenetteentrelesdeuxyeux.Jel’aiinsultéenreculantlatête.

–Tuesunidiot.Ilyamilliondepremièresfilles,pourunmilliondechosesdifférentes.Ilyalapremièrefilleavecquitudansesunslow,etlapremièreavecquitucouches.Ilyalapremièrefillequit’embrasse,etlapremièrequetuprésentesàtamère.

Sesyeuxambréssesontallumés,amusés.–Ilyalapremièrefilleavecquitutebats,etlapremièrefillepourquitutebats.Ilyaaussila

premièrefillequetudoislaisserpartir.Ilyalapremièrefillequetuaimes,évidemment,etlapremière

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fillequitebriselecœur.Ilyatoujoursunepremièrefille,Rowdy,maisilyaaussilafillequivaveniraprès;jusqu’àcequetuarrivesàladernièrefille.Ladernière,c’estcellequicomptevraiment.

Jem’étaistoujoursditquePoppyavaitétémaseuleetuniquemaisjen’allaispasmentir,cen’étaitpas la première pour la plupart des choses qu’Asa avait dites.C’est vrai, elle avait clairement été lapremièrefilleàmebriserlecœur,etellel’avaitfaitdefaçonassezspectaculaire.Maislapremièrefilleavecquij’avaiscouchéétaitJoanneMorse,quandj’avaisquinzeans.Lapremièrefilleavecquij’avaisdansé un slow, c’était Megan Drake, pour la fête des anciens élèves l’année où j’avais fait troistouchdownenuntrimestre.C’étaitaussilapremièrefillequim’avaitsucé.Unefoisquej’avaiscomprisquejepouvaisdésirerPoppytoutencouchantavecd’autres,pourvuquejesouriaisàlafilleetluidisaisqu’elleétaitjolie,j’avaisquasimentécumétoutelapopulationfémininedeLovelessd’unâgeacceptableavantdefinirlelycée.Lapremièrefillequejeprésenteraisàmamère,celan’arriveraitjamaiscarelleétaitsousterre,et lafillequim’avaitdonnémonpremierbaiserétait laraisonpourlaquellej’étaisunconalcoolisécesoir.Ilavaitraison:ilyavaittoujourseuuneautrefilleaprèslapremière,etjen’avaisencorejamaiseudedernière.

–Vousêtesnuls,lesgars.Jevoulaisjustemebourrerlagueuleettirermoncoup.Ils ont tous les deux ricané et j’ai laissé mes yeux vitreux atterrir sur Dixie qui s’approchait

tranquillementdemoipuisaposéunemainsurmonépaule.–Jesuiscarrémentvolontairepourtedonneruncoupdemainpourladernièrepartie,Rowdy.J’aimaisbienDixie.Jel’aimaisbienentantquepersonne,etj’aimaistoutcequifaisaitd’elleune

joliefille.Ellenem’endemandaitjamaisplusquecequejevoulaisdonneretnouspassionstoujoursunbonmomentquandnousétionstousnustouslesdeux.C’étaituneperle,maisàcetinstant,enlaregardant,elleetl’impatiencesexydanssesyeux,jesavaisquejen’allaispasêtrecapabled’allerjusqu’auboutetde la ramener chezmoi. J’avais l’esprit ailleurs, avec quelqu’un d’autre, et je ne voulais pas réduireDixie à un coup d’un soir bourré parce que jeme comportais comme le pire des lâches en évitant lafemmeavecquijevoulaisréellementêtre.

J’aiposémamainsurlasienne,toutepetite,etmesuisdécollédubar.–Pascesoir,mapuce.Cesdeux-làontunpeupourrimonmojo.Jenepouvaispas conduiredans cet état,monSUVallait doncpasser lanuit sur leparking et il

fallaitquejeprenneuntaxijusqu’àmonappartement.–Désolé.Elleasecouélatêteetasouri.– J’ai toujours su qu’un jour, quelqu’un attirerait ton attention et qu’à partir de ce jour-là, tu ne

regarderaitplusjamaisuneautrefemme.Ondiraitquevousêtestouscommeça.Çafaitchier,maisçamedonneaussil’espoirqu’unmecmeregardecommeçaaussi,unjour.

Elletransformaitmonrejetenactecourtois.Putain,c’étaitvraimentunamour.Asa m’a appelé un taxi. Zeb m’a aidé à me faire monter sur la banquette arrière et le pauvre

chauffeurm’aregardédanslerétroviseurpendanttoutletrajetjusqu’àmonappartementcommes’ilavait

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peurquejevomissepartout.Jeluiaidonnéungénéreuxpourboirepourl’avoirforcéàs’inquiéter,etsuisrentréentitubantdansmonappartementvide.

J’étaisvraimentsaoul.J’avaislatêtequitournaitàcausedel’alcooletdessouvenirs,doncj’aifaitcequejefaisaistoujoursquandj’étaisaussifébrile: j’aisortiuncarnetdecroquisetunfusainetj’aidessiné.J’étaiscertainquecelaneressembleraitàrienunefoisquej’auraisdécuvélelendemainmatin,mais pour l’instant cela m’aidait à me calmer, à me concentrer, et certains des souvenirs qui mepoursuivaientsesontenfintus,assezpourquejefermelesyeuxetm’effondre.

J’aiétéréveilléensursaut le lendemainet j’aienvoyévalser lecarnetpar terreenfouillantpourtrouvermontéléphonequiavaitdûatterrirquelquepartdansmonbordeldelaveille.Jel’aitrouvésurleplan de travail de la cuisine, à côté d’un bol de céréales que jem’étais préparémais n’avais jamaismangé, et le numéroduMarkedbrillait sur l’écran tandis que les grossesguitares psychédéliquesdesCrampsrésonnaientdansmatêteembrumée.

–Ouais?Mavoixlaissaitcroirequej’avaisfumédixpaquetsdecigarettesàmoiseul,laveille.–Rowdy?LavoixpréoccupéedeSalemm’afaitréagir.–Ouais.Qu’est-cequ’ilya?J’airajoutédulaitdansmescéréalesetaiprisunebouchée.–Tusaisqu’ilestplusdemidi?Tonpremierrendez-vousattenddepuisunedemi-heure.–Ohmerde!J’aijetéleboldecéréalesdansl’évieretmesuispasséunemainsurlevisage.–Non, j’ai pas regardé l’heure. Tu peux décaler le rendez-vous et lui faire une remise pour le

dérangement?Jesuislàdansuneminute.IlfallaitquejefassesortirlaJägerdemonorganismeetquejerepassecherchermavoitureaubar.

Ilallaitmefalloirplusd’uneminutepourcela,maisellen’avaitpasbesoindelesavoir.–Çava?Encoresoninquiétude,etmaqueuequisursauteausondesavoix.–J’aiprisunecuitehiersoiretj’aisombrésurlecanapé.Jevaisbien,jesuisjusteunpeuénervé

contremoi-même.–D’accord.Jem’occupeduclient.Son ton inquiet,maintenant teinté de déception,m’a retourné les tripes. Peu importe ce qu’il se

passaitentrenousetcequ’ellemefaisait,jedevaisconserverunerelationprofessionnelleavecelle.Jeledevaisauxgars,àmesclients,etmêmeàSalem.

–Merci.Je l’appelleraiaussipourm’excuser,et j’auraidesdessinspourtoidimanchesi tuveuxqu’onsevoie.

Elleafaitundrôledebruitetjel’aientenduebougerletéléphonepourparleràquelqu’undanslesalon.

–OK.Tupeuxpassermelesmontrerchezmoioumelesenvoyerpare-mailquandilsserontprêts.

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Ilfautquejepasselesjournéesdedimancheetlundiàlamaison,cettesemaine.Jevoulaisluidemanderpourquoi,maisj’aitoutdesuitepenséqu’ellen’allaitpaspassercesdeux

journéesseule,etj’aieuenviedemedonnerdescoupdepiedparcequecen’étaitpasmesaffaires.Jemesuiscontentéd’acquiesceretellem’aditqu’ellem’enverraitl’adressepartexto.

J’airaccrochéetailaissématêtetomberenavant.J’étaisunecatastropheambulanteetilfallaitquejemettede l’ordredans toutça.Malheureusement,c’est làquemonregards’estposésur lecarnetdecroquisdelaveille,etquel’imagequimeregardaitétaitcelleàlaquellej’avaisessayéd’échappertoutelanuitenbuvant.

Tout était là… Ses yeux noirs, les ondulations infinies de ses cheveux d’ébène, sa boucheparfaitementsculptéeetcomplétéeparlebijouscintillantau-dessusdesalèvreetdesonsourireentendu.Tous les secrets que j’avais été là, dans cette image dessinée à la va-vite.Même dans un brouillardd’alcoolsiépaisquejemesouvenaisàpeined’êtrerentréchezmoi,elleétaittoujoursomniprésentedansmatêteetjen’arrivaispasàm’habitueràsaprésencequotidienneetàtoutelasouffrancequ’elleavaitlaisséederrièreelleetqu’elleavaitranimée.J’airamassélecarnetdecroquisetl’aijetésurlecanapéavecunairdégoûté.Celadevenaitn’importequoietilfallaitvraimentquejefassequelquechose.

J’aiprisunedoucheassezchaudepourmebrûleretmesuisdépêchépourpartirdechezmoivingtminutes plus tard.Mon rendez-vous suivant était à treize heures trente et je ne voulais pas décevoirquelqu’und’autreaujourd’hui.Jedétestaiscela.Ausalon,c’étaituncauchemar.Engénéral,c’étaitmoiquiemmerdaittoutlemonde,c’étaitmoiquiavaittoujoursunerépliquebiensentie.Maisjenepouvaispasnierquej’avaisunesalegueuleetquejemecomportaiscommeunours,doncRuleetNashontétésurmondostoutelajournée.J’encaissaisleurspetitespiquesetj’aitravaillésurtousmesautresclientssansincidentmajeur.J’espéraisqueSalemseraittoujourslàquandj’arriverais,maiselleétaitpartieausalondeLoDopeudetempsaprèsm’avoirappelé,cequim’alaisséinsatisfaitenplusd’avoirlaplusgrossegueuledeboisdemonexistence.

Nashvoulaitquej’aillemangeraveclui,carSainttravaillaittardauxurgencesetqueRuleétaitdéjàrentré. Il partait toujours directement chez lui juste après le boulot maintenant, et je crois que celaembêtaitNash.Ilsétaienttrèsprochestouslesdeux,etmaintenant,avectoutesleshistoiresdegestionetlefaitqu’ilss’installaienttouslesdeuxdanslebonheurconjugal,leursmomentsentrepotessefaisaientdeplusenplusrares.

J’aidûrefusercarjedevaistravaillersurlesdessinspourlaboutique.JevoulaismontreràSalemque je n’étais pas un si gros raté que j’avais semblé l’être ces derniers jours. Nash m’a dit qu’ilcomprenaitetm’apromisqu’ilauraitaussidesdessinsprêtspourmoidanslessemainesàvenir,etm’alaissétoutseulpourdessiner.

J’ai croqué un bateau de pirates, une sirène comme celle que j’avais tatouée sur Rule quelquesannéesauparavant.J’aidessinéunebohémiennepuisj’aidûmebattrecontremoi-mêmepournepaslajeter à la poubelle car elle ressemblait trop àmon gribouillis imbibé de la veille. Toutes les imagesétaient osées et graphiques. C’étaient des tatouages old-school avec assez de classe pour les rendreattirantsmêmepourdesclientsquin’étaientpasdumilieu.Jelesaimaistellementquej’aidécidédansla

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secondequejenepouvaispasattendrelelendemainpourlesmontreràSalem.Jemefichaisqu’ilsoitpresque onze heures du soir ou qu’elleme prenne pour un fou, je lui ai envoyé unmessage pour luidemandersicelaladérangeaitquejepassecesoir.J’auraissimplementpuluienvoyerdesphotosavecmontéléphonemaisjenevoulaispasfairecela.Jevoulaislesluimontrerenpersonne.

Jen’avaispasressenticela,cettehâte,cefrissond’appréhensionquipassaitdansmoncorps,depuisladernière foisque j’avaiscrééquelquechosesurdupapierpour luimontrer. J’avaisquatorzeansetSalemdix-sept.Sonpèreavaitrefuséqu’elleailleàsonbaldefind’annéecarcommed’habitude,elleavaitdésobéiàunedesescentainesderègles.Etelleétaitvraimenttriste,carlecapitainedel’équipedefootl’avaitinvitée.Celaauraitétélerencarddesesrêves.Aulieudecela,elleavaitpassélasoiréeàpleurer et àmaudire son père dans sa chambre. Comme j’étais tout le temps dans le coin, dans leurmaisonaulieudelamienne,j’avaisfinisurlesoldesachambreàessayerdelaconsoler,tandisqu’ellepleuraitsurson lit.Certes, jen’étaisqu’unadomaladroitet jenepouvaispasfairegrand-chose,maisquandellem’aditcombienelleétaittristedenepasavoirdephotoàgarder,unbonsouvenirdulycéeetdesonbaldedernièreannée,carsonpèreavaitcontrariésesplansunefoisdeplus,j’aisuqu’ilyavaitunechosequejepouvaisfaire.

JeconnaissaislevisagedeSalemaussibienquelemienetilm’avaitfallumoinsdecinqminutespourladessineretluiajouterunebellerobedeprincessequ’ellen’auraitjamaisportéedanslavraievie.Pour le capitaine de l’équipe de foot, c’était moins évident. Je n’étais que dans l’équipe junior àl’époque,doncjesavaisàpeuprèsàquoi il ressemblait,mais laseulemanièrequej’ai trouvéedeledessinerétaitavecsatenuedefoot.Alorsjeluiaidessinéunephotodebaloùelleétaitbelleetparfaite,aubrasd’ungrossportifavecsonmaillotsurledosetsoncasquesouslebras.

Quandjeluiaidonné,elleatoutdesuitearrêtédepleurer.Elleari,maisri!Audébut,j’avaiscruqu’ellesemoquaitdemoi,puiselleavaitbondidulitetm’avaitsautédessuspourmefaireuncâlinenmeplaquantausol.Ellem’avaitditquec’étaitbienmieuxquen’importequellephotoqu’elleauraitpuavoir,etjemesouviensd’avoirététrèsfierd’avoirréussiàlaconsoler.

Je me souviens aussi d’avoir vu Poppy passer la tête par la porte et nous lancer un regarddésapprobateurenvoyantSalemétaléesurmoi.Jem’enfichais,mêmesiPoppyétaitcelledontj’étaiscenséêtreamoureux.JevoulaisqueSalemsoitcontente.Ellefaisaittoujoursplusquelenécessairepourmedonnerl’impressiond’avoirmaplace,d’êtreimportant;jenevoulaispasêtrejugéparcequejeluirendaislapareille.

L’appartementqueSalemavaitlouéétaitenpleincœurdeCapitolHilletpastrèsloinduMarkedetde chezNash.Elle n’était qu’àquelques rues au-dessus. J’ai trouvé sonnomsur les interphones et aisonnépourqu’ellemelaisseentrer.Ellen’apasrépondulapremièrefois,etjemesuisencoredemandési elle était seule. La deuxième fois que j’ai sonné, j’ai appuyé sur le bouton jusqu’à ce que le bruitm’énerveetj’aisursautéquandelleestsoudainapparueàlaporte.Elleaouvertlalourdeportesécuriséeet j’ai dû faireunpasde côtéquandunebouledepoil noire très énergique a foncé surmoi.Salemacoursélechiotetjesuisrestélààlesregardercommeunidiot.

Ellehurlait:

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–Jimbo!Vienslà,Jimbo!Lebébélabradornoirl’ignoraitjoyeusementetgambadaitdejardinenjardin.Salemavaitattachéseslongscheveuxsurledessusdesatêteetportaitdeslunettesnoiresdevant

sesyeuxfoncés,etlemêmeshortquel’autrejourquandnousnousétionsfortementrapprochésausalon.Seulementcesoir,elleportaitundébardeurblancquimoulaittoutessesformesetc’étaitassezévidentqu’ellen’avaitpasdesoutien-gorge.

Jedevaisadmettrequeplusellelaissaitdecôtésestenuessophistiquéesetsonmaquillageparfait,plusj’étaisattiréparelle.CetteSalemmerappelaitlafillequim’avaitdonnédel’espoir,l’autreSalemmefaisaitbanderettournerlatête,etj’étaisirrémédiablementattiréparlesdeux.

Lepetitchienafoncésurmoietjemesuispenchépoursouleversonpetitcorpspoilu.Ilasortilalanguepourmeléchertoutlevisageetsapetitequeueremuaitdegaucheàdroite.Salemacourujusqu’aubâtimentetaprisuneminutepourreprendresonsouffle,pliéeendeux.

–Idiotdechien.Labouledepoilsnoires’estretournéeausondesavoixetaessayédes’échapperdemesmains

pourrejoindresajoliemaîtresse.–Tuasprisunchiot?Je le lui ai tendu et elle l’a pris contre sa poitrine tandis que le bébé attaquait son visage avec

amour.–Ouais.Jenesuisjamaisvraimentrestéeassezlongtempsaumêmeendroitpourprendreunanimal

decompagnie.Mavoisinem’aditquesoncopainessayaitde sedébarrasserdebébésquesachienneavaiteusparsurprise,etquandj’aivusabouille,jen’aipaspurésister.

Elles’estdirigéeverslaporteetm’aregardépar-dessussonépaule.–C’estpourçaqu’ilfautquejeresteàlamaisonceweek-end.Ilaunpeudemalàrestertoutseul

trèslongtempspourl’instant.J’ai levé un sourcil et je l’ai suivie dans le bâtiment. Je ne pouvais pas lâcher des yeux le

balancementdesesfessesrebondies.–Jimbo?C’étaitunnomrigoloquiallaitbienaugroschiotpataud.–Ouais,Jimbo.Pourquoipas?Pourquoi pas, en effet. Elle est entrée dans l’appartement, a posé le chien par terre, et s’est

retournée pour me regarder. Je me voyais dans le reflet des verres de ses lunettes tandis qu’ellem’observaitavecattention.

–Çanepouvaitvraimentpasattendre,Rowdy?Elleétaitpiedsnusetj’airemarquéquesesonglesétaientvernisd’unrougericheetfoncé.Même

quandellen’étaitpasbienhabilléeetcouvertedebavedechien,ilyavaitquelquechosechezellequim’attiraitprofondément.Voyantquejenerépondaispas,elleasoupiréetamarchéverslacuisine.Ellem’a tendu unmorceau de papier absorbant et jem’en suis servi pour essuyer la bave de chien tandisqu’ellefaisaitlamêmechose.

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Leseulmoyenpourquenouspuissionstravaillerensemble,pourdépasserlesobstaclesdupassé,était que je sois totalementhonnête avecelle. Jedevais enfin luidire combien j’étais coincédans lessouvenirsquej’avaisd’elle,lesbonscommelesmauvais.

Jeluiaiditd’unevoixrauque,habitéeparlesombresdupassé:–J’avaishâtede te lesmontrer.Çam’a faitmesentircommeà l’époque. J’adoraisdessinerdes

trucs pour te lesmontrer.Tous les autres s’en foutaient,mais tu as toujours aimémesdessins ; tumedisaisdecontinuersij’aimaisfaireça.Jecroisquejeneseraispasartisteaujourd’huisitun’avaispasétélà,Salem.

J’ailevéunsourcilquandelleacroisélesbrassursonamplepoitrine.–Merci.–Oh,Rowdy.Elleasecouélatête.–C’étaitjustetoi.Tuastoujoursétégénial.C’estvraimenttristequetun’aiespaseuunearméede

personnespourtedireçatouslesjoursquandtuétaispetit.–Non.Jen’avaisquetoi.J’ai avancé jusqu’à être pile en face d’elle, avec seulement le comptoir de la cuisine entre nous

deux.–J’ail’impressionquelepasséettoimepoursuivezdepuisquetuesentréedanslesalon,Salem.Ellenem’apasrépondumaisj’aivuunpeuderosemontersursesjoueshâlées–Qu’est-cequetuvasfairesijedécidedetelaisserm’attraper?J’étaisrapide,maiselleavaitraison,endehorsduterrain,j’avaistendanceàtrébucherdetempsen

temps, mais pour la première fois depuis longtemps, j’avais l’impression d’avoir trouvé mon piedd’appui,etj’avaissoudainenviedem’enservirpourmarcherdroitverselle.

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Chapitre6SALEM

Qu’allais-je faire quand je l’aurais attrapé ? C’était facile. Le mettre à nu, physiquement etémotionnellement,etpuisneplusjamaislelaisserpartir.Maisentoutehonnêteté,jepensaisqu’iln’étaitpasprêtpourmoi,alorsjeluiaidit:

–Jevaisdécouvrirpourquoitumefuis.J’aipenchélatêtesurlecôtéetluiaidemandédebutenblanc:–Est-cequetuestoujoursamoureuxdemasœur,Rowdy?Ilfautquejesachecequ’ils’estpassé.Depuissaréactionlorsqu’ellem’avaitappeléel’autrejour,çatournaitdansmatêteetmepicotait

enpermanencesouslapeau.JesavaisquePoppyavaitbeaucoupcomptépourlui,etquecommeàsonhabitude,masœuravait laissélesdécisionsdemonpèredevenirlessiennes.Cequejenesavaispas,c’étaits’ilétaitencoreamoureuxd’elle,ets’ildésiraittoujoursunechosequin’avaitjamaiseuaucunechanced’exister.Cela semblaitpeuprobable,après toutce temps,quesonobsessionde jeunehommel’aitsuivià l’âgeadulte.Maissic’était lecas,alorspeu importaitcombien je levoulais,oucombienje désirais la relation géniale que nous pourrions avoir ensemble, il était impossible que jeme battecontredessouvenirsoucontrelefantômedemasœur.J’avaistropdefiertéetjemerespectaisbeaucouptroppourfairecela.Jen’allaispasmemettreencompétitionavecsapremièreidéedel’amour,surtoutpascontreunepersonnequiétaitbienvivanteetquifaisaitpartieintégrantedemavie.

J’avaisessayéd’obtenirdesréponsesdePoppyl’autrejour,maiselleétaitnerveuseetavaitévitélesujetcommesicelan’avaitpasd’importance.Ilsepassaitquelquechosedesoncôté.Ellem’avaitditqu’elleétaitoccupée,qu’ellenepouvaitpasparler,etavaitraccrochéaprèsquelquesminutesseulement.Celaneluiressemblaitpasetavaitdécuplémoninquiétude.

JeregardaisRowdyavecattentionlorsqu’ilposalesfeuillesqu’ilavaitapportéessurlecomptoiretfitletourpourvenirdemoncôté.Iln’apasarrêtédemarcherjusqu’àêtrepiledevantmoietjemesuisraidieparréflexequandilm’aemprisonnéeavecunbrasdechaquecôtédemeshanches.Ilabaisséunpeulatêtepourquenosyeuxsoientaumêmeniveau,etjejurequej’auraispumenoyerdansl’océande

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sonregardpourtoujours.Sescheveuxblondsétaientplusclairsqued’habitudesanstoutleproduitqu’ilmettait dedans, et la façon dont ils tombaient sur son front le faisait ressembler au jeune garçon quim’avaitrenduesiheureuse,toutescesannéesauparavant.Mesdoigtsmedémangeaient,j’avaisenviedelever lamainetdepoussersescheveux.Ilsmouraientd’enviede le toucher,dequelquemanièrequ’ilautoriserait.

Ils’estpenchéunpeuplusprèsdemoietj’aisentisonsoufflefairebougermamècherougecontrematempe.

–J’aidemandéàPoppydem’épouser.J’avaisdix-huitans,j’avaislemondeàmespieds,etj’étaisquasimentsûrd’avoirunechancedepasserproaufootball.Jeluiaitoutoffert,etellem’aditqu’ellemevoyaitcommeunfrère.Ellem’aregardédroitdanslesyeuxetm’aditquequoiquejefasse,ceneseraitjamaisassez,parcequevosparentsn’approuveraientpas,parcequ’ilssavaientd’où jevenais.Que jen’étaispaslemecqu’illuifallait.

J’ai senti son torse gonfler et son souffle s’accrocher tandis que des nuages assombrissaient sonregardchaud.Seslèvresonttouchémapeaujusteàcôtédemonsourcil,etj’aiétésurprisequ’iln’yaitpasdebuéesurmes lunettesàcausede toute lachaleurqu’ilgénérait.Maisalorsque jecommençaisréellement à être excitée, j’avais aussi l’impression que tout enmoi, là où vivaientmon cœur etmesespoirs,s’étaittransforméenpierre.

Rowdy avait demandé à Poppy de l’épouser ? C’était la première fois que j’entendais cela etj’avaisl’impressionqueçachangeaittout.Ilsétaienttouslesdeuxsijeunes.J’avaistoujourssupposéquec’était un amour de jeunesse mais apparemment, ses sentiments pour ma sœur avaient été bien pluscomplexesquecedontjemesouvenaisouquecequejecroyais.

–Tuluiasdemandédet’épouser?J'avaisenviedelepousser,del’éloignerdemoi.J’avaisvraimentenvied’allerprendremonpetit

chienmignonetdecourirloin,làoùRowdySt.Jamesétaitperdudansmessouvenirsetoùjen’avaispastoutescesnouvellesinformationsquitambourinaientenmoi.

–Oui.Poppyn’apasseulementditnon,elleapristoutcequejepensaissavoirdel’amouretl’adéchirédel’intérieur.Lesmorceauxdemoncœurétaientsiminusculesquandelleafiniquejenemesuispasembêtéàleschercher.Doncnon,Salem,jenesuisplusamoureuxdePoppy.Ellem’abriséetjen’aipasessayéd’aimerquiquecesoitdepuis.

Jenepouvaisplus lesupporter. J’aimismesdeuxmainsaumilieudeson torseet l’ai repoussé.J’avais l’impression de devoir fuir, comme si sesmots construisaient un rempart autour de toutes lesgrandesidéesquej’avaissuiviesenquittantVegas.

–Ellenemel’ajamaisdit.Onseparlaittoutletempsàl’époque,maisellenem’ajamaisditquetuluiavaisdemandédel’épouser,putain.

J’ai regardémonpetit fantasme, celui quenous aurionspuvivremaintenant quenous étionsplusvieux, partir en fumée. Je ne serais jamais venue ici, je ne me serais jamais installée si j’avais sucombienlesbarbelésquileretenaientaupassépiquaient.Jemesuisretournéepourluilancerunregard

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mauvaisetluidiredepartir,maisj’aiperdulesmotsetaisursautédesurprisecarilm’avaitsuivieetétaitdenouveauprochedemoi.Ilaprismesbrasetm’asoulevéesurlapointedespieds.

–C’esttoiquiacommencétoutça,Salem.Tunepeuxpasreculersimplementparcequetun’aimespascequisecachedansl’ombrealorsquec’esttoiquiallumeslalumière.

–Pourquoiellenem’ariendit?Mesmots étaient unmurmure et je ne pouvais plus lâcher des yeux son regard.Mes doigts ont

encore tressailli car jevoulais repousser cettemècheblonde sur son front, oupeut-être luimettreuneclaquedanssabellegueule.

–Ça,c’estunepartiedel’histoirequ’illuirevientderaconter.–C’estpourçaquetuasarrêtél’école,quetuasarrêtédejouer?Ellet’aditnonettuasfuitout

ça?Sa têtes’est lentementsecouéepourdirenonet ilm’a tiréeencoreplusprèspourquenos torses

soient collés l’un à l’autre. J’ai instantanément regretté de ne pas avoirmis de soutien-gorge carmestétonsétaientexcitésd’êtreaussiprochesdetoutesachaleurferme.J’ailaissémesmainsserrerfortsesbicepsquis’étaientcontractés.

–Jen’aijamaisvoulujoueràunsihautniveau.Jevoulaisdessiner.Jevoulaispeindre.Jevoulaisêtrecréatifetfairedel’art.Jevoulaisapprendrecommentêtreunmeilleurartiste,maisjenesavaispascommentfaireçaetcouriraprèsPoppyenmêmetemps.Jepensaisqu’unefoisqu’elles’éloigneraitdetonpère,ellepourraitenfinmevoir.Qu’elleverraitquij’étaisvraimentetqu’elleserendraitcomptequemalgrélescirconstancesquinousavaientfaitnousrencontrer,jevalaisquelquechose.

Saboucheaforméunrictuset ilabaissé la têtedesortequenosfrontsse touchaient, tandisquej’étaistoutemolleentresesmainsfermes.

–Iln’yajamaiseuaucunechancepourqueçaarrive.Ellearencontréunmecdèslepremierjour.Unmeccommeilfaut,aveclafamillequ’ilfallaitetlesoriginesqu’ilfallaitpourpouvoirleprésenteràtonpère.Jel’aidétestédèsquej’aiposélesyeuxsurlui.

Ilalâchéundemesbrasetalevélamainpourm’enlevermeslunettes,cequim’afaitclignerdesyeuxcarildevenaitunpeuflou.Ilapasséleboutdesonpoucesurlahautearchedemonsourciletj’aicruquej’allaisfondreetfinirenflaqueàsespieds.

–Jeluiaicassélagueule.Jeluiaifêléplusieurscôtes,luiaipétélenez,etjel’ailaisséentas,cassé,ensanglantéetdésespéré.Le truc,c’estqu’ilétaitaussipremierquarterbacketque toutças’estpasséquelquessemainesavantunmatchtrèsimportantdelacompétition.

J’aireprismonsouffleetsonfroncementdesourcilss’est transforméengrandsourire.Jen’avaispasremarquéqu’ilnousavaitfaitreculeràmesurequ’ilparlait,etmaintenantj’étaisadosséeaucomptoirdelacuisine.Ilm’aprisepar la tailleetm’asoulevéepourquejesoisperchéesur lebordet ils’esttranquillementinstalléentremesjambes.

–L’écoleestrestéediscrèteparcequ’ilétaitsurlepointd’êtresélectionnéetilsnevoulaientpasqu’ilperdesonautoritésurl’équipeenavouantqu’ils’étaitfaitdéfoncerparunpetitdepremièreannée.J’ai perdu les bourses que j’avais obtenues, et j’ai été quasiment interdit de jouer au foot au niveau

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universitairependantplusieursannées.C’étaitcommeavoirunecarte«Sortiedeprison».JenevoulaispasêtreenAlabama.Jenevoulaisplusjamaisrevoirtasœur.Etlefootballn’avaitjamaisvraimentétémapassion,detoutefaçon.J’avaisl’impressiondemeforcerpourtoutetj’enavaismarre.

J’essayaistoujoursd’assimilerlefaitqu’ilavaitvoulusemarieravecmasœur,etvoilàqu’ilmedisait qu’il avait essayé de tuer son copain de la fac àmains nues.Rien de tout cela n’aurait dû êtreexcitant.Cesrévélationsauraientdûm’inciteràmedégagerdesesmainsparcourantl’extérieurdemescuissesjusquesousmonshort,oùmesjambesencadraientseshanchesétroites,maisjen’avaispasenviequ’ilarrête.

–Tuastabasséunmecseulementparcequ’ilvoyaitPoppy?Tuétaissijalouxqueça?CelanesonnaitpasentièrementvraisachantquePoppyavaiteubeaucoupdecopainsau lycéeet

que cela n’avait jamais semblé le déranger. C’était dur de réfléchir car ses mains s’étaient faufiléesjusqu’àl’arrièredemesjambesetétaientmaintenantsurmonculalorsqu’ilmetiraitplusprèsdubordducomptoir.L’effetquenotreproximitéavaitsurluinem’apaséchappé.Ledurrenflementàl’avantdeson pantalon était évident et j’avais envie de me frotter contre lui. Cela me semblait dévergondé etanormalmaintenantquejesavaiscequ’ils’étaitpasséentremasœuretluienmonabsence.

–Cen’estpasàmoideraconterçanonplus.Jel’aitabasséparcequec’étaitunconnarddehautniveauetquejenel’avaisjamaisaimé.C’étaitlegenredemecquiconfirmaitquelefootballneseraitjamaiscequejevoulaisfaire.J’étaisjalouxqu’ellesesouciedeluietpasdemoi,maisçan’arienàvoiraveclaraisonpourlaquellejeluiaitapédessus.Alorsvoilà,Salem.Jefuistoutletempsparcequecessouvenirsmefontmalquandilsmerattrapentetquej’aieuassezmalcommeçadansmavie.

J’aiprisuneautreinspirationentremesdentsetaiposélesmainssursesépaulestandisqu’unedesesmainsquittaitmonculpourdanser le longde l’intérieurdemacuisse,où toutes lespartiesdenoscorpsétaientintimementpresséeslesunescontreslesautres.Jel’aisentipasserledosdesondoigtsurleborddemaculotteet jen’aipaspum’empêcherd’avalermasalive. Il fallaitque je luidised’arrêtermaisjesemblaisincapabledetrouverlesmots.

–C’estpourçaquetufuislepassé.Pourquoiest-cequetumefuis,moi?J’avaisunevoixrauqueetsensuelle,excitée.J’auraisvraimentdûavoirhontemaisilétaitsibon,et

cesyeuxétaientsitranslucidesquejenepouvaispasregarderailleurs.Ilarigoléunpeuetjel’aisentipartoutlàoùnousnoustouchions.Sesdoigtsétaientdeplusenplus

audacieuxetmondésirdegarderunesortedecontrôlesurlasituation,disparaissaittotalement.–Tum’as toujoursvu,Salem.Tumecomprenais alorsque jenemecomprenaispasmoi-même.

Tu étaismameilleure amie, et puis tu es partie. Je ne peux pas laisser quelqu’un compter pourmoi,m’attacher,alorsquecequelqu’unvajustefinirparmelaissertomber.

Ila respiréprofondémentet jen’aipaspum’empêcherd’enfinmettremesdoigtssurcettemècherebellequiluitombaitdanslesyeux.Saphrasesuivantem’atellementtordulecœurquej’enaieumal.

–Pasaprèscequiestarrivéàmamère.J’allaisluidirequej’étaisdésolée.Jen’avaisjamaisvouludisparaîtrecomplètementdesavied’un

seulcoup,maisj’étaisjeuneetenfinlibredesrestrictionsdemonpère,alorsj’étaisalléeunpeutroploin

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et j’avais perdu une partie demoi-même. J’avais besoin qu’il sache qu’il avait étémonmeilleur amiaussi.Jevoulaisluidirequ’ilétaitleseulbonsouvenirquej’avaisdemonadolescence,maissabouches’estdéplacéedematempeàmeslèvres,ets’estsimplementposéelà.

Il nem’a pas embrassée, n’a pas respirémon odeur, nem’a pas provoquée avec sa langue. Il aseulementposé ses lèvres sur lesmiennes etnous sommes restés collés l’uncontre l’autre en silence,avecuneimmensetensionsexuellequipalpitaitentrenous.J’avaisl’impressiond’êtrecoincée.Coincéedans une sorte de film au ralenti où chaque toucher, chaque mouvement qu’il faisait était atrocementréfléchi et péniblement lent. Ses doigts talentueux glissaient, très proches du bord du tissu sous mesvêtements,etilétaitmaintenantloindemacuisseetbienplusproched’unendroitpluschaudetmouillé.Unendroitquicommençaitàsecontracteràcausedudésiretdubesoin.

–Ettoi,Salem?Tumevoyaiscommeunfrère?Quand ilaparlé, j’ai senti sesmots frôlermaboucheplusque jene lesaientendus. J’ai secoué

rapidementlatêteetj’ailaissémesdoigtsserrerlestendonssolidesàlabasedesoncou.–Non.Jetrouvaisquetuétaisunpetitgarçonbeauettriste,puistuesdevenuunadointelligentet

doué.J’ai sursauté en laissant échapper un petit cri de surprise car il n’y avait plus de tissu entre ses

doigtsexplorateursetmachairmouilléeetimpatiente.–Maintenant,jetrouvequetuesunhommemagnifiqueetcompliqué,maismessentimentspourtoi

n’ontjamaisétéinnocents.Jenet’aijamaisconsidérécommeunfrère,Rowdy.C’étaitdurdefairesortirlesmots,durderespirercarilmetouchait,mecaressaitdel’intérieur,et

enfinsabouchesepressaitpresquedouloureusementcontrelamienne.Commentunefillepouvaitavoiruneseulepenséecohérentealorsque toutcelaétaiten trainde luiarriveretque lemecqui le faisait,ressemblait et sentait comme Rowdy ? Alors qu’il était le seul point de lumière dans une enfancenuageuse?

–Dis-moiquetueslàpourmoi.Savoixétaitgraveet jesentaispresque l’intensitédesonregardalorsqu’ilmedéplaçaitunpeu

pour que ses doigts puissent aller plus profondément enmoi, jouer plus fort avec les parties les plussensiblesdemoncorpsdefemme.Jenevoulaispasluidirecela.Mêmesic’étaitlavérité.

Ilm’aembrassée.Vraimentembrassée.Ses lèvreset sa languene faisaientpasdeprisonniers,etsonpouceaatterrisurmonclitorisetaappuyéavecassezdeforcepourmefairetremblerentresesbras.Jeluiairendusonbaisersansrienpouvoirfaired’autre,jesuisrestéelàetl’ailaisséjoueravecmoietavecmon corps comme si j’étais incapable de l’arrêter…Parce que j’en étais incapable. Ses doigtstournaientenmoi,sontoucherétaitparfaitetilcontinuaitdedévorermabouche.

Ils’estreculéetadéposéunbaiserdursurmeslèvres.Ils’estpenchéunpeuplusprès,etsamainsepressait surmon sexe alorsqu’il touchait l’exactmilieudema lèvre supérieure avec leboutde salangue,puisilaembrassélerubisquiétaitjusteau-dessusdemabouche.Celam’afaitfrissonneretj’aienfoncémesonglesfortlàoùjem’accrochaisàlui.J’aicriéetcambrémondosquandilatrouvélepointexact,cetendroitmagiqueenmoiqu’aucunhommen’avait trouvépar lepassé.J’aivuunéclairblanc

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tandisqu’ilmefaisaitungrandsourire,avantd’enfouirsatêtedanslecreuxdemoncouetdecommenceràembrasseretsucerlapeautenduequis’ytrouvait.

–Dis-lemoi,Salem.Dis-moiquetuesvenueicipourmoi.J’étais tellementprochede l’orgasme, je sentais leplaisiretautrechosebrûlermes terminaisons

nerveuses.Jemetortillaisentresesmains,moncorpssetendaitetfrémissaitcontrelesien,etjesavaisquej’allaiscraquersoussontoucherd’unesecondeàl’autre.Mestétonsétaientdursetdouloureux.Mapeauétaithypersensibleetpartoutoùillatouchait,ilyavaitcommedel’électricitéetdesétincellessoussesmains.

–Rowdy…Sonnoms’estéchappédansungrognementétranglé,tandisquesesdentss’enfonçaientdanslecôté

demoncou,oùmonpoulsbattaitàtouteallure.Lesbruitsquejefaisaisluidisaientexactementcequesontouchermefaisait.Jel’aisentigrondercontremonpouls,j’aisentisesmusclessecontracterquandmoncorpss’estbriséetaétéprisdespasmesautourdesesdoigts.Jenemesentaispasseulementbienetsexy,celam’asecouéeauplusprofonddemoi.

J’aimaislesexe,jen’avaisjamaiseupeurdel’admettre,maisjen’avaisjamaisététouchéecommecela;jen’avaisjamaiseul’impression,aprèsqu’unhommeaitposélesmainssurmoi,quej’ensortaismeilleureàlafin,commeilvenaitdelefaire.J’avaisl’impressionqu’ilmemontraitquelquechosedenouveau,qu’ilm’apprenaitquelquechosesurmoiquejenesavaispas,etcelam’alaisséestupéfaite.

Rowdys’estreculéjusteassezpourquenousnousregardionsfaceàface.Ilasortisamaindemonshortetl’aposéesurmacuissenue.Nousrespirionsforttouslesdeuxetnousnousregardions.Sesyeuxresplendissaientetilavaitungrandsourire,etautrechose,quidansaientsursonvisage.

–Jesuisvenuepourtoi.Mavoixestsortie,aiguëetfragile.Ilari,d’unrireprofondetguttural.–Jesais.J’étaislàavectoi,maisjeveuxtoujoursquetumedisesquetueslàpourmoi.Je l’ai repoussé avec un regard noir et suis descendue du comptoir. La façon dont ma poitrine

appuyaitcontresontorsebienplusdurafaitsouffrirmestétonsdéjàexcités,enmanqued’attention.–D’accord.Jesuislà,àDenver,pourtoi.J’airencontréPhililyaquelquesannéesetilm’afait

racontermaviependantqu’ilmetatouait.Ilm’ademandéoùj’avaisgrandietj’airépondu«Loveless,Texas».Ildevaitsavoirqu’onavaitunelonguehistoire,touslesdeux.Ilamisleschosesenplaceavantdemourirmaislavérité,c’estquejesuisvenueicipourtoi.

Il aouvert labouchepourdireautrechosemais lepetit chiot,quiétait restéétonnammentcalmependant toute notre agitation, a déboulé de ma chambre avec les restes d’un talon haut mordillé etrecouvertdebaveentrelescrocs.J’aisoupiréquandilaamenésontrésorpourleposerdevantlespiedsbottésdeRowdyavecun«wouf»trèsfier.

J’aimarmonné:–Ondiraitqu’ilveutjouer.Rowdyaricanéets’estpenchépourgratouillerlechienderrièrel’oreille.–Moiaussi.

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Jen’aipaspuempêchermonregarddedévierverssonpantalonquiétaittenduàl’avant.Jemesuismorduelalèvreetj’aivusonregarddescendresurmabouche.

Maintenantqu’ilyavaitdel’espaceentrenous,j’avaisretrouvémesespritsetjeluiaidit:–Écoute,jenesavaispasdutoutquetuavaisdemandéPoppyenmariage.J’aitouscessouvenirs

decombientuétaistoujoursadorable,àquelpointnousétionssurlamêmelongueurd’ondes,etàquelpointtumerendaistoujoursheureuse.J’aidécidédepartiràlapoursuitedecesvieuxsentiments.Ilmemanquait toujoursquelque chose, oùque je sois, et j’ai unpeu eu l’impressionque cequelque chose,c’étaittoi.Jen’avaispasréfléchiàtout…Çam’arrivesouvent.

J’aibougélespieds,gênée,tandisqu’ilcontinuaitàmeregardersansriendire.–Jeteveux,Rowdy.Tuesmagnifiqueetincroyablementdoué,maisjenevaispaspartagerunmec

avecmasœur.Aucunmec,jamais.Jemesuisdemandés’il savaitqu’elleavait épouséquelqu’und’autre seulementquelquesannées

après l’avoir repoussé. Il a levé l’un de ses sourcils dorés dans ma direction puis s’est relevé et aretrouvésatailleimpressionnante.

–Poppyn’estpaslà.–Cen’estpaslesentimentquej’ai.Jenesaispassijevaisêtrecapabledemefaireàl’idéequetu

luiasdemandédet’épouser,Rowdy.J’airegardélepetitchienquis’étaitfaufiléentrenousetavaitposésonderrièresurmespieds.–J’aitoujourscruquec’étaitunamourdegamins,pasquelquechosedevrai.Il a passé un index sur sa barbe et un sourire enfantin s’est dessiné sur sa bouche. C’était un

dangereux mélange du garçon dont je me souvenais et de l’homme compliqué que je commençais àconnaîtreàuntoutautreniveau.Ilamisundoigtsousmonmentonpourquejeleregarde.

–Jen’aijamaiseudevraierelation,Salem.J’aiaiméPoppypourpleinderaisonsetmaintenant,avec le recul, je ne suis pas sûr qu’elles auraient un sens aujourd’hui ni que cela aurait duré.Cequejesais,c’estquequandjet’aivueausalonlejouroùtuasétéembauchée,c’étaitcommesij’avaisfoncédansunmur, et non seulementmaqueue a durci rienqu’en te regardantmais j’ai eu l’impressionquequelquechosedansmapoitrines’étaitlibéré.Jenesaispasencoresitoutcelaestpositifoupas,maisjesaisqueçaal’airvrai,putain!Plusvraiquetoutcequej’aipuressentirpourtasœur.Jesaisaussiqueçaressemblemoinsàunechosefacileetagréable,etplusàunechosequejevaisdevoirtraverseràlasueurdemonfront.Etjesaisqueressentirtoutçamefaitsuperpeur.

Ehbien,cen’étaitpasvraimentunedéclarationd’amourenflamméeetcen’étaientpasdesmotsquiallaient calmer toutesmes appréhensions,mais nousnepouvionspas ignorer l’attirancemagnétique etphysiquequ’ilyavaitentrenous.Ilmefallaitjusteunmomentpouralignermatêteetmoncœur,etjeleluiaidit.

–Ilfautquejedécidecequejepensedufaitquetuasvoulupasserlerestedetavieavecmasœur,Rowdy.Rienn’ajamaisétéassezimportantpourmoipourfaireuntrucdecegenre.Engénéral,jefinisparm’ennuyer et je passe à autre chose quand ça devient difficile ou compliqué.Y compris quand ils’agitdemessentiments.Çaatoujoursétéfaciledefuir,etbeaucoupplusdurderester.

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Sesyeuxsesontassombrisetontprisuneteinteturquoiseinsondable,etilafaitunpasenarrière.–Jemesuisdéjà retrouvédans ton rétroviseurune fois,Salem.Jen’aipasdu tout l’intentionde

renouvelerl’expérience.J’aisoupiréetmesuispenchéepourprendrelechienquichouinait.J’aifrottémonvisagedanssa

doucefourrureetairegardéRowdypar-dessuslatêtedeJimbo.–Jenevaispaspartir.Ilaeuunpetitriresansjoieets’estretournépouravancerverslaporte.–Jenecroisquecequejevois.Ilafaitunsignedetêteverslesdessinsqu’ilavaitlaissésdanslacuisine.–Jettes-yunœiletdis-moicequetuenpenses.Laporteétaitouvertequandj’ailancésonnom:–Rowdy.Ilm’a regardé par-dessus son épaule et ce regard bleu électriquem’a rappelé à quel point je le

désirais.–Onacommencécommeamis,peut-êtrequ’ondevraitd’abordessayerça.Çatedonneraletemps

devoirquejeveuxrester,etçamedonneraletempsdevoirsijepeuxacceptertonhistoireavecPoppy.Ilm’aobservépendantun longmomentsans riendire,et jen’entendaisqueJimboquihaletaitet

mon cœur qui battait la chamade. S’il disait non, s’il me disait qu’il ne voulait pas rallumer cettecamaraderienaturellequenousavionstoujourseue,jenesavaispascequej’allaisfaire.J’avaisbesoindel’avoirdansmavie,maisj’avaisaussibesoind’unesecondepourmettredel’ordredansmespensées.

–J’aipleind’amis,Salem.Iln’yenaaucunquej’aienviededéshabillerouderamenerdansmonlit.Onn’apasbesoind’essayerderedeveniramis,onl’atoujoursété.L’amitién’apasdisparu;toi,si.C’est toiquiascommencécejeudecourse-poursuite,alorsquandtuauras les idéesauclair, fais-moisigne;parcequetum’asdéjàattrapé.

La porte s’est refermée derrière lui sur ses paroles sans appel et je suis restée unmoment à laregarder,sanssavoirquoidireniquoiressentir.

J’étaistrèsbientouteseule.Jem’ensortaismêmemagnifiquementbien,jem’étaisconstruitunevieassez fantastique, entièrement parmoi-même. Je n’étais pas le genre de femme qui avait besoin d’unhommepourmesentircomplèteouépanouie,maisenregardantlaporteferméeetavecmoncorpsencorebrûlantetsensible,jevoulaissoudainlerappeleretluidemanderderester.Ilnefoutaitpasseulementlebordeldansmessentiments,maisaussidanscequejepensaisavoirtoujourssu.

J’ai embrassé Jimbo et l’ai reposé après lui avoir retiré la chaussure détruite, puis je me suisdirigéeverslecomptoirdelacuisineoùRowdym’avaitlaissélesdessins.Jelesaiétaléssurlasurfaceetjelesaiadmirés,émerveillée.Ilavaitréellementuntalentfou.Sescroquisavaientl’aird’êtreen3D,sivivantsque j’aidûen toucherunpourm’assurerquec’était seulementducrayonsurdupapier.Lesgensallaientdevenirfousunefoisquej’auraisfaitimprimerlesdessinssurdespetitsdébardeursetdesT-shirtssympas.Labohémienneiraitparfaitementdansledosd’unevestedemécanoàl’ancienne.

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Jevisualisais tout celadansma tête, donc ilm’a falluunepetiteminutepour comprendreque lebeauvisagedelafillem’étaitétrangementfamilier.J’aiprisledessinetl’aiapprochédemesyeux,vuqueRowdym’avaitenlevémeslunettesetquejen’yvoyaispastrèsbien.

Elleavaitdelongscheveuxbrunsetdesyeuxinsondables,noirscommelanuit.Elleavaitlaboucheen cœur avec le début d’un sourire sur son visage. Elle était jolie, douce et romantique. C’étaitmonimage,toutcraché.Levisage,toussestraits,toutétaitmoi.Sij’avaisétédiseusedebonne-aventuredanslesannées1940,c’estàçaquej’auraisressemblé.

J’ailaissééchapperunsonétrangléetledessinesttombédemesmainsparalysées.Ilm’envoulaittoujours, il s’accrochait encore à beaucoup de colère et à ce sentiment d’abandon qu’il avait ressentitoutes ces années plus tôt.Connaissant son histoire avec l’amour et la perte, je ne pouvais pas le luireprocher.Ilnepouvaitpascroirequej’étaislàpourlelong-terme,qu’ilsuffiraitàmegarderenracinéeici,àDenver.Ilétaitméfiantetunpeudur,maismalgrétoutcela,ilmevoyaitencorecommeunefemmesibellequecelamefaisaitpresquemaldelaregarder.

Celamedonnaitenviedepleurer,surtoutcarj’avaisbeauaimercetteimage,adorerlafaçondontilmevoyait,jen’aipaspum’empêcherdemedemander,immédiatementaprès,s’ilvoyaittoujoursPoppydecettefaçonaussi.

Merde.Cejeudecourse-poursuiteserévélaitbienplusdélicatquejenel’avaisanticipé.

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Chapitre7ROWDY

Maintenantquelaroueavaittournéetquec’étaitSalemquim’évitaitetmelançaitdesregardsdecôtéenpartantencourantdésjel’approchais,jevoyaiscombiencelaavaitdûêtreénervantetfrustrantquandc’était moi qui le faisais. Je profitais de la moindre occasion pour la toucher, être près d’elle, labousculeretm’appuyercontreelle.C’étaitmoiquilatraitaiscommeuneproie,etellemerépondaitparunregardnoiretprofonddebicheéblouie.

Jesavaisqu’ilallaitfalloirqu’ilsepassequelquechoseentrenous,d’unefaçonoud’uneautre.SoitelleallaitoubliertoutescesconneriesavecPoppyetmelaisserl’emmenerdansmonlit,soitelleallaitdécider que c’était trop et que cela ne devait pas arriver, prendre ses jambes à son cou commeellel’avaitapparemmentfaittoutesavie.Jen’étaispassûrdesavoirquelleissuejevisais,carlesdeuxoptionsavaientdesavantagesetdesinconvénients.

D’un côté, je voulaisme retrouver nu avec elle,m’enivrer d’elle des façons les plus lascives etcoquinesquejepuisseimaginer,maisjenevoulaispascoucheravecellepourqu’ellefreinedesdeuxpiedsetmelaisseenplan.J’avaislepressentimentquesijefinissaisaulitavecSalem,celasonneraitlafindemeshabitudesde« jeme la tapeet je la lâche».Jenepouvaispas lâcherSalem,pasaprès laréaction que j’avais eu pendant ces dix dernières années. Au final, je pense que je la repoussaisinconsciemment, j’essayais de la faire fuir car je savais depuis le début que c’était probablement cequ’elle allait faire. C’était son truc. J’essayais simplement d’accélérer le processus avant de tropm’investir, et aussi parce que je la voulais tellement que j’en sentais le goût dans ma bouche. Leproblème était que j’avais beau la pousser, être physiquement près d’elle, elle ne me disait jamaisd’arrêter.Ellemelançaitsimplementunregardentendu,commesielleconnaissaittoutesmestactiquesavantquejelestenteetqu’elleavaitdéjàunestratégiededéfenseentêtepourlesesquiver.

C’étaitvendrediaprès-midietj’étaisauMarked,maismondernierrendez-vousavaitétéannuléàcaused’uneurgence,doncj’avaisquelquesheuresdelibres.C’étaitlejourdeRuleauSaintsofDenver,donc jesavaisqu’ilallaitbienmefairechierparceque j’étaisaunouveausalonau lieude travailler,

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mais jem’enfichais.Quand j’aiouvert laporte, j’aiétésurprisdevoirsa têteetsescheveuxenpicsderrièrelebureau,etpasSalem.Ilétaitautéléphoneetalevélesyeuxaucielenmeregardanttandisquejem’appuyaiscontrelebureau.

–Jeterappellerai,Rome.Rowdyvientd’arriver.Ilafaitunepause,puisungrandsourire.–J’aitroplesboules,maisjemedébrouillerai.J’ailevéunsourciletilafaitlamêmechose,seulementlesienavaitunboutdemétaldessus.–Qu’est-cequ’ilsepasse?–Rien.Jemesuisjusteditquejepourraispasser.Ettoi,quoideneuf?Pourquoituflippes?Ruleahaussélesépaules.–Leschosesn’arrêtentpasdechanger.Romemedisaitquec’estleretourdebâtonparcequej’ai

étéunconnardpendanttroplongtemps.–Qu’est-cequ’ilraconte?Tuestoujoursunconnard,laplupartdutemps.Ilariets’estappuyécontreledossierdufauteuilencroisantlesbrasderrièresatête.–Certes.Tuveuxêtrehonnêteavecmoietmedonnerlavraieraisonpourlaquelletueslàaulieu

d’êtrelàoùtuescenséêtre,c’est-à-direauMarked?Parcequejesuisàpeuprèssûrqueçaaunrapportavecnotrejolienouvellegérante.

–Jeneveuxrientediredutout.Ilaricanéetm’adit:–Elledevaitvoir l’imprimeur.Elleva revenirdansuneheure,àpeuprès.Lesdessinsque tuas

préparésétaientmortels,mec.J’aihaussélesépaulesnonchalamment.–J’attendstoujoursquetoietNashmedonniezquelquechosequejepourraisluifiler.Ilalaissésesbrasretomberets’estlevéquandlaported’entrées’estouvertesurunclient.–J’aieulatêteailleurs,cesdernierstemps.Jem’ymetstrèsvite.Promis.Ilaaccueillileclientetjemesuistournépourmedirigerverslesescaliers.Ilm’aarrêtéenlançant

monnom.–Lesfillessonttoutesenhaut.Tudevraispeut-êtreattendreuneminuteoudeux.Jeluiaifaitunsignedelamain.J’étaishabituéaucaractèredeCoraetausarcasmed’Ayden.Shaw

étaitlaplusgentilledumonde,etpeuimportedequoiellesparlaient,celan’allaitpasmefairepartirencourant.Enplus,jepourraispeut-êtreprofiterdeleuravisféminincollectifpourcomprendrequelétaitréellementleproblèmedeSalem.Ilyavaittropdesecretsetdemystèresderrièresesyeuxsombres.

Enarrivantenhautdel’escalier,j’aiimmédiatementregrettédenepasavoirécoutél’avertissementdeRule.Lesfillesétaient rassembléesenuncercleserréet faisaientdepetitsgémissementscommesielles pleuraient. Elles avaient toutes les trois la tête penchée en avant comme si elles se concertaientavantunmatchetj’aisenti tousmesinstinctsdeprotectionseréveiller.Jevoulaisfrapperlapersonneresponsabledespleurs de ces femmes fantastiques et importantes, puis jeme suis dit qu’elles avaientsûrementuneréactionexagéréeaudéménagementd’Ayden.

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Ellessesontséparéesquandmesbottesontclaquéjusqu’enhautdesescaliers,ettroispairesd’yeuxhumidessesonttournéesversmoi.Jeleuraisouri,parinstinctpouressayerd’arrangerlasituation.

–Nevousinquiétezpas,lesfilles,Austin,cen’estpassiloin.Jetnouslaramènerarégulièrement.Jem’enassurerai.

J’aivulesyeuxd’Aydens’équarquilleretShawetCorasesonttouteslesdeuxtournéesverselleavecdesregardsfurieux.

–Quoi?!C’estShawquialancélaquestion,etCoral’arapidementsuivie.–Ouais,quoi?!Aydenalevélesmainsdevantelleetm’ajetéunregardmauvais.–Tucrains,Rowdy.J’aifroncélessourcilsetlesaitoutesregardées,complètementpaumé.–Maispourquoivouspleureztoutes,sicen’estpasparcequetudéménages?–TUDÉMÉNAGES!Le cri de Shaw a fait trembler les fenêtres et les miroirs dans leurs cadres, et ses joues sont

devenuesrougevif.Coraapoussél’épauled’Aydenetlafemmedemonpoteasecouésatêtebrune.–J’allaisvousledireunefoisquej’étaisofficiellementacceptéeenmasteràAustin.Onnepeutpas

continueràpasserautantdetempsl’unsansl’autre,avecJet.Jedétesteça.Ildétesteçaaussi,etilfallaitqu’ontrouveunesolution.

Shawl’aregardée,bouchebée,tandisqueCoracroisaitlesbras.EllesregardaienttouteslesdeuxAydenalorsqu’ellemefusillaitduregard.J’aibougé,malàl’aise,etaiavancéunpeudanslapièce.

–Sivousn’étiezpasen traindepleurerparcequ’Aydenvapartir,alorsqu’est-cequifaitcoulerautantdelarmes?Jen’aimepasdutoutçaetjesuisprêtàtabasserquelqu’unpourvous.

Shawadétachésonregarddesonamieetm’afixépendantunebonneminuteavantdeclignerdesesgrandsyeuxverts.Ellealaissééchapperunrireaiguetapoussésescheveuxblondplatinedesonvisage.

–Jesuisenceinte.Bon, jenesuispascensée l’être,maiscommed’habitude,Rulenefaitpas leschosescommetoutlemondeetvoilà.Onvaavoirunbébé!

Putain de merde ! La quintessence de l’enfant sauvage va avoir un bébé. Oh, comme les tempsavaientchangépournoustous.J’aimarchéjusqu’àelleetl’aienveloppéedansuncâlinàluiencasserlescôtes.

– Félicitations. Vous allez faire un bébé magnifique tous les deux, mais pourquoi ça vous faitpleurer?

Coram’aregardéenhaussantlessourcils.–Deslarmesdejoie.C’estsuper.ElleapointéShawdudoigtetsaboucheestremontéeenundemisourire.–Jesavaisquecen’étaitpaslagastro.Shawapassélesmainsdansseslongscheveuxetasoupiré.

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–Jenevoulaispasycroire,pendantlongtemps.Jeveuxdire,onvientdesemarier.Ilfautquejefinissemesétudesetjesuisencoreloind’êtreinterne,maisj’essaiedéjàd’imaginercommenttoutçavamarcher avec un bébé.Rule n’arrêtait pas de dire que j’étais sûrement enceintemais je pensais qu’ildélirait.

Elleasecouélatêteetariànouveau.–Onfaittoujoursattention,maisc’estbiensongenredefairesespropresrègles,sansprendretout

leresteencompte.Coraatendulebraspourserrersonépaule.–Net’inquiètepas.Onesttouslà,tupeuxcomptersurnous.Çavaaller,etjepaieraisunmilliard

de dollars pour voir Rule être un papa poule. Ça va être formidable. Si son frère a pu se faire à lapaternitécommeunpoissondansl’eau,lepetitArchers’ensortira.Cesgars,ilsonttropd’amoureneuxpoursavoirquoienfaire.Ilsétaientfaitspourêtrepapa.

Ayden avait l’air sur le point de recommencer à pleurer, et je me suis soudain vivement renducomptequej’étaislaseulepersonnedesexemasculindanscettepièce.

–Jepeuxrester.Situasbesoindemoiici,jereste.Aydenaditcelaàsameilleureamieenmurmurantetsavoixs’estbrisée.AydenetShawétaientde

nouveauenpleursetellesseserraientdanslesbras,ensebalançantunpeu.–Nesoispasbête.JedétesteaussilefaitquetunevoispasJet.Tudoisêtreaveclui.Shawaura toujours un cœur de la taille demonÉtat d’origine. J’ai regardéCora comme si elle

allaitpouvoirm’aider,maispourunepetitedure,elleavaitencorel’airprêteàcraquerelleaussi.–Ehbienmerde.Jen’avaispasprévuça.Voussaveztoutesquejesaismieuxparlerauxfemmes,

d’habitude.Coraaavancéversmoi,apassésonbrassouslemienetaposélatêtesurmonépaule.–Ce n’est pas grave.Elle aurait bien dû l’annoncer un jour.Ça fait juste beaucoupde choses à

encaisser.Elles sont proches, toutes les deux.Çava être dur pour elles de s’habituer à neplus avoirl’autrejusteàcôtépourtoutetn’importequoi.Honnêtement,onl’avaittousvuvenir.AyddoitêtrelàoùestJet,etJetdoitêtrelàoùestlamusique.Çavaaller.Çafinittoujoursparaller.

–Jen’arrivepasàcroirequeRulevaêtrepapa.Nousavonsàmoitiéri touslesdeuxetelleatournélatêtepourleversesyeuxmulticoloresvers

moi.–Çaluiserviraitdeleçons’ilsavaientdesjumeaux.J’aieuunriretonitruantquiainterrompulecâlindesdeuxjeunesfemmes.Ellesnousontlancéun

regard noir. Cora s’est éloignée assez pour qu’elles ne puissent pas la frapper quand Ayden s’estapprochéeetm’amisunvraicoupdepoingdansleventre.J’aigrognéunpeuetjel’aiprisedansungroscâlinaussi.

–Désolé.Jenevoulaispasvendrelamèche.Elles’estcontentéedesecouerlatêteetapassélesbrasautourdemataille.

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–C’estsansdoutemieuxquecesoitvenudetabellegueulequedemoi,detoutefaçon.J’auraistoutfoiré.

–Tuseraslàquandelleaurabesoindetoi.Elleahochélatêteavecsescheveuxsoyeuxsousmonmenton.–Toujours.–Qu’est-cequetufaisici,d’ailleurs?Pourquoitun’espasauMarked?Cora,fouineuseinvétérée,estforcémentcellequiafaitremarquerquejen’étaispasàmonposte.–Mondernierrendez-vousaétéannulé,doncjemesuisditquej’allaisvenirvoircommentçase

passait.Ellearicané.–Tut’esplutôtditquetuallaispasserpourénerverSalem.Jenesaispascequ’ilsepasseentre

vousdeux,maisj’ail’impressiondevoirdeuxboxeurssetournerautoursurunring.Àlalongue,undesdeuxvaseprendreuncoupparsurpriseetterminerK.-O.

Aydens’estdécolléedemoi.–Uncoupparsurprisequ’onappelle l’amour.Rowdy l’aimebien.Jetm’aditqu’iln’aétéavec

personned’autredepuisqueSalems’estpointée,donconsaitquec’estsérieux.Tunegardesjamaistabraguetteferméetrèslongtemps.

Jeluiailancéunfauxgrognementetmesuiséloignédesfilles.–IlyaunelonguehistoireentreSalemetmoi,c’esttout.Elleétaittrèsimportantepourmoi,avant,

etmaintenantqu’elleestrevenue,onessaiesimplementdes’yfaire.Çapeutêtrecompliquéd’associerlepasséetleprésent.

–Est-cequ’ellesaitquetuasjurédenejamaisrienavoirdesérieuxavecuneautrefilleàcausedesasœur?

–Ouais.Jeluiaitoutracontéceweek-end;c’estpourçaqu’ellem’évitedepuis.Elleditqu’ellenesaitpastropquoienpenser.Salempensaitquec’étaitunpetitamourdejeunesse.

–Mêmeslespetitesamoursdejeunesse,çapeutpiquer.Coraaditcelasuruntonneutre.C’étaitunechosequenouspartagions,unechosequinousliaitet

quelesautresneconnaissaientpas.LepremieramourdeCoral’avaittrompée,l’avaitcasséeetdétruitsonidéedecequel’amourdevaitêtre,alorsj’aiacquiescéàcequ’elledisait.

–C’estsûr,maismaintenantjecroisquejeveuxvoircequ’ilyaaprès«l’unique».Etàquoipeutressembler celle d’après. Salem étaitmameilleure amie à une période où j’avais vraiment besoin dequelqu’unetmaintenantqu’elleestlà,jeveuxqu’ellesoituntoutautregenred’amie.

J’aifaitdansermessourcilsdehautenbas,cequiafaitrirelesfilles.–Legenreavecdesavantagesenplusetdesvêtementsenmoins.–Onditbienquelesamisfontlesmeilleursamants.Shawalâchéunsoupirrêveur.–Tuméritesquelqu’unquipeutterendreheureux,Rowdy.

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Jen’avais jamaisvraimentpenséque jen’étaispasheureux,maisenme tenant làdansunepiècepleinede femmesbienqui aimaientdeshommesdifficiles et compliqués, jen’enétaisplus si certain.Puisjemesuisretrouvéaumilieud’uncâlinentreellestroisetcelam’afaitchaudaucœur.C’étaientdesfemmesgéniales,quiaimaientfortetentièrementetj’étaisungrosveinarddelesavoirdansmavie.

–Ehbien,c’estunfestivald’amour.LavoixdeSalemcontenaitunmélanged’humouretd’agacement.J’aicroisésonregardnoircomme

lanuitpar-dessuslatêtedesfilles.Ellesetenaitdeboutetmeregardait,etjevoyaisqu’elleessayaitdedécidersimevoirétouffersousl’amourdetroisbellesfemmesétaithilarantouénervant.Lesfillessesontdécolléesetj’aifaitunpasverselle.J’aivulapaniquedanssonregardsombreetelleafaitunpasenarrièreparautomatisme.J’ai tendu lamainpourattrapersonpoignetcarsielle faisaitunautrepaspourm’échapper,elleallaitvaldinguer jusqu’enbasdesescaliers. J’ai senti sonpoulsbattrede façonincontrôlablesoussapeaudélicate.

–Jetecherchais.J’ailaissémavoixêtreunpeuplusgraveetmesuisassuréqu’ellevoyaitquejelamataisenfaisant

traînermonregardsurelledespiedsàlatête.Elleavaitreprissonlookmoulantetsupersexyquimettaittoutes ses formesenvaleur.Elle avait toutun tasdegrandesboucles souplesdans les cheveuxet sonvisage étaitmaquillé dans ce style rétro qui lui donnait des airs de rêve érotique rock and roll. Je lapréféraisquandmêmesansmaquillageetunpeumoinsapprêtée.

–Ahbon?Elleavaituntonsarcastiqueetm’afaitunsourireencoinenregardantlestroisautresfillesdansla

pièce.J’ailevélesyeuxdevantsonattitudevolontairementbornée,etjel’aiattiréeunpeuplusprèsdemoipourqu’ellesoitlaseuleàm’entendredire:

–Jeveuxt’emmenerfaireuntrucdimanche,commeonnetravaillepas.Ellem’a regardé en clignant des yeux et sa bouche brillante s’est entrouverte en signe de refus

silencieux.Jevoyaisl’indécisiondanssesyeuxmaisjeluiaisimplementsouri:–Net’inquiètepas.Cequej’aiprévun’arienàvoiravecunlitniavectoitoutenue.Ellearetroussélenezetasecouésonbraspourlelibérer.–D’accord.Elleavaittoujoursétéprovocatrice.Ellenepouvaitpasmedirenonetavoirl’aireffrayéedevant

lesautresfilles.J’aihochélatête,satisfait.–Net’habillepascommeça,parcontre.Sessourcilsd’ébènesesontfroncésetsajoueaeuunpetitticnerveux.–Pourquoi?– Il fautque tupuisses tesalirunpeu.Jepasserai techercherversmidi.Prends lechien, ilpeut

veniraussi.Jevoyaisquej’avaispiquésacuriosité,maisjeneluiaipaslaissél’occasiondemeposerd’autres

questions. Jevoulais fairequelquechosequinouspermettraitde remonter le tempset enmême tempsd’échapperàtouslessouvenirsquiplombaientnotrerelation.Jepensaisavoirtrouvél’idéeparfaite.

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J’ai encore souri àShawetmesuisglissédevantSalempour redescendre lesescaliers. J’ai faitexprèsdefrôlersapoitrinepoursentirsarespirations’accélérer.

–Encorefélicitations,Shaw.Çavaêtreuneaventure incroyablepourRuleet toi.Remyabesoind’unpetitcamarade.

Salemasortiunsibeausourirequ’ilenétaitaveuglant.–Tuesenceinte?Shawahochélatête.–Onaattendud’avoirvuunmédecinpourêtrevraimentsûrs,etRulevoulaitledireàRomeetàses

parentsd’abord.Salemajetélatêteenarrièreetarid’unrirerauqueetprofond– Je ne suis pas dans cette ville depuis très longtemps,maismêmemoi, je sais qu’augmenter le

nombred’Archerdanslapopulation,çaprometunbelavenir.Jesuistellementcontentepourvousdeux.Et en quelques secondes, jeme suis encore retrouvé cerné par des vagues d’œstrogènes et je ne

demandaisqu’àpartir.Ruletravaillaitsurunclientetétaitpenché,concentrésur ledessintrèsdétailléd’undieuhindou

quis’étalaitsurlebicepsd’unhomme.Jemesuispenchéderrièresonépaulejusqu’àcequ’il lèvelesyeux,desyeuxbleuclairvifsetunregardcomplice.

–Latêteailleurs,moncul,ouais.Ilaeuunpetitrireetaramenésonregardsurcequ’ilfaisait.– Il fallait qu’on soit sûrs. Ce n’est pas comme si c’était prévu.Maintenant que je suis certain,

jevaispouvoirmeconcentrerunpeuplussurlesalonetlaboutique.–Ilyatoujoursuneraisonàcequiarrive.Rule amarqué une pause et a levé lamachine de la peau du client, barbouillée d’encre. Ilm’a

regardéànouveauetcettefois,sesyeuxétaientfroidscommel’hiveretsonexpressionacerbe.–Ouparfois,desaccidents arrivent eton fait simplementavec,onvoit lepositif.Toutn’estpas

prédestiné, Rowdy. Tu devrais le savoir, maintenant. C’est simplement comme ça, parfois. RegardeRomeetCora.Riendecequ’ils’estpasséentreeuxn’étaitprévu,maisças’estpasséettouts’estbienfini.

Jen’étaispasd’accord,maisjen’allaispascontrersonargumentetruinersonexcitationdefonderunefamilleaveclafemmeparfaitepourlui.Etj’étaisfermementconvaincuqueRomeetCoraavaientétépropulsésensembleparuneforcebienplusgrandequ’eux,pourqu’ilspuissentsesauverl’unl’autre.LapetiteRemyn’étaitquel’heureuxrésultatdufaitqu’ilsétaientfaitsl’unpourl’autre.

–Quoiqu’ilensoit,félicitations,mec.Ilahochélatêtepourdiremerci.Jel’ailaisséfinirsontatouage.Jem’étaistoujoursditqueleschosesquiarrivaient,bonnesoumauvaises,devaientarriverpourune

certaineraison.Ildevaityavoiruneraisonpourlaquellemamèrem’avaitétéenlevéealorsquej’étaistropjeunepourprendresoindemoi-même.Pendantlongtemps,jepensaisqu’elleavaitdûpartirpourqueje sois accueilli chez lesOrtegaetplacéàcôtédechezPoppy. Jene l’aurais jamais rencontrée, sans

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cela.QuandPoppyavaitanéanti tous les rêveset tous lesespoirsque j’avaisconstruitssurses jeunesépaules,j’aipenséquelefaitqu’ellemedisenonavaitétéorchestrépourquej’arrêtelefootball,pourquejesuivelavoiedemavraievocation,mavraiepassion,jusqu’àPhil.Maintenant,toutescespetiteschoses, tous ces petits morceaux, construisaient une route qui menait à l’autre sœur Cruz. Je n’avaisjamaisréfléchiàcetteraisonquidécoulaitdetouteslesétapesdemavie,maisàprésent,jen’étaispascertainqueSalemnesoitpaslavraiedestinationverslaquellelamorttragiquedemamèremedirigeaitdepuisledébut.

Salemmeregardaitcommesij’étaiscomplètementtaré.Lechiotsautaitdanstouslessenscommeunfou,auboutdesalaisse.Jecroisquedenoustrois,en

routeversleCityPark,ilétaitleseulàdéborderdejoieàl’idéedepasserunejournéedehorsausoleil.Ses singeries me forçaient à tenir fermement la laisse. Le parc était juste à côté de Colfax. Il étaitimmense,toutvert,etpleind’habitantsetdetouristessortisprofiterd’unebellejournéed’étécoloradien.J’avaischoisiceparcparcequ’onpouvaityalleràpieddepuischezSalem,etcelaluilaissaituneportedesortiesileschosesdevenaientgênantesousielledécidaitqu’ellenepouvaitpasencaisserlepoidsdemonhistoireavecPoppy,mêmesijen’avaispaslamoindreidéed’oùsetrouvaitl’autresœurCruz,etquejen’enavaisfranchementpasgrand-choseàfaire.

–Leparc?Quoi,onadouzeans?Elle avait écouté mes conseils et s’était habillée simplement pour notre sortie dominicale. Ses

cheveux bruns formaient deux longues tresses de chaque côté de sa tête. Elle portait un short en jeandécoupé qui laissait voir ses jambes couleur caramel parsemées de tatouages magnifiques, et desConversenoiresidentiquesauxmiennes.Etcommeellenepouvaitpass’empêcherdedégagersensualitéetbeautésombre,elleavaitunechemiseàcarreauxcintréeattachéeau-dessusdesonnombril,exposantsonventreplatetuntatouagesecretquidescendaitjusquesouslaceinturedesonshortetquejemouraisd’enviedevoirenentier.Elleavaitl’airparfaite,sansunegouttedemaquillagesurlevisage.Laseulechosequej’auraisvouluchangerétaitquejenevoyaispassesyeux,ilsétaientcachésderrièreunepairedegrosseslunettesdesoleilquinememontraitquemonrefletquandjelaregardais.

– C’est le Colorado.On fait des choses dehors, quand il fait beau. Ça va êtremarrant, je te lepromets.

Lepetitchiotnousregardait, la languependantesur lecôté,et j’ai rienvoyant l’airquecela luidonnait.

–Tuveuxvraimentfaireça?Ellebalançaitd’unemainàl’autrelaballequejeluiavaisdonnéequandnousavionscommencéà

marcher,etjeluiaifaitungrandsourire.–Ouaip.Tuavaisunassezbonlancerenspirale.J’étaissûrquesisesyeuxavaientétévisibles,jel’auraisvuelesleverauciel.–Jel’aitoujours.Celam’a fait rire,etune foisquenoussommesarrivésdans leparcetquenousavons trouvéun

endroitoùnouspouvionsnouslancerlaballeetlaisserJimbocourirsanssalaisse,j’aimoiaussienfilé

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meslunettesdesoleiletluiaidit:–Onsefaisaittoutletempsdespasses.C’étaitmarrantetonméritedegarderdeschosessympasde

l’époque.J’aipenséqueçanousramèneraitpeut-êtreàunepériodeoùc’étaitplusfaciled’êtreensemble,touslesdeux.

Ellen’arienditpendantuneminutemaiselleaenfoncésesdentsdanssalèvreinférieureetj’aieuenviedelaplaquerausoletderemplacersesdentsparlesmiennes.Elleapenchélatêtesurlecôtéetm’ademandé:

–Çafaitcombiendetempsquetun’aspasfaitça?J’aihaussélesépaules.–Parfois,quandonfaitunbarbecue,onselanceuneballeaveclesgars,maisRuleavaitunfrère

jumeau qui est décédé et c’était un sportif, un quarterback, donc je crois que jouer au ballon ne leurrappellepaslemêmegenredebonssouvenirsquemoi.Tueslaseulefilleavecquij’aijoué.

Etjeneparlaispasdesexe.Elleétaitlapremièrefilleàm’avoirmontréàquoipouvaitressemblerunbonmomentendehorsd’unechambre,etjeluienétaisreconnaissant,maisj’étaisprêtàajouterdeschosesunpeuplusadultesetunpeuplusdénudéesàtoutcela.

Elles’estpenchéepourdétacherJimboet j’aigrognéenvoyant le tissuen jeanse tendresursesfesses.Elleallaittuertouteformederetenue.

Lechienajappéetgambadéautourdenoustandisqu’elles’estretournéeetatrottinésurquelquesmètres.Jimbosautaitautourdesesgenouxetlafaisaitrire,puisellealancélaballeversmoicommeunepro. Le chien a couru après, et je l’ai attrapée d’une seule main. Elle avait un peu de piquant enatterrissantdanslapaumedemamain.Elleavaitencoreunbonlancer,eneffet.

Jeluiairenvoyélaballe,etj’airienvoyantlechiottoutfoufoncerentrenous,aboyantàtue-têteetessayant de sauter en l’air pour attraper la balle à chaque passe. C’était comme un jeu géant de«tul’auraspas».

–Jemesouviensquandtum’asditquetuallaispasserlessélectionspourl’équipe.Elleétaitunpeuessouffléecarjefaisaisexprèsdelancerlaballeunpeuau-dessusdesatête,pour

voircertainespartiesdesoncorpsrebondiretsachemiseremontersursonventreferme.–Tuavaisl’airtellementtriste.J’aidûcourirsur lecôtépourattrapersaballevengeresseet j’aifailli trébuchersur lechienqui

s’étaitfourréentremespieds.Jeluiaijetéunregardencoincarellerigolaitetjeluiailancélaballeunpeuplusfort.

–Jen’enavaispasenvie.J’étaisjustegrandetbalaisepourmonâge.Toutlemonden’arrêtaitpasdemedirequ’ilfallaitqueje lefasse.TonpèreavaitdemandéàPoppydem’enparleretc’étaitbon,j’étais inscrit dans l’équipe junior et puis dans l’équipe première quelquesmois plus tard. Je n’avaismêmejamaispenséàfairedusportavantça.J’aiétélepremiersurprisparmontalent.

Ellem’a renvoyé la balle et elle a atterri enpleindansmonventre. J’ai gémiunpeu etme suispenchépourcaresserlechienquis’étaitallongéàmespieds.

–Tuétaislemeilleur.Toutlemondeledisait.

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Elledisaitcelaavecunairmélancolique.Jeluiailancélaballesansgrandeconviction.–Peut-être,maisêtre lemeilleurdansunepratiquequ’onn’aimepas,çaenfaitunecorvéeetce

n’estpasdrôle.Etpuis,çanesuffisaitpasàmedonnercequejepensaisvouloir.–Masœur.Jen’allaispasluimentir,alorsj’aiacquiescé.–Jecroisquejen’avaispaslamoindreidéedecequejefoutais,àl’époque.Elleasoupiré.–Moinonplus.Jesavaisqu’ilfallaitquejeparte,qu’ilfallaitquejem’éloignedemonpère,mais

jeneréfléchissaispasvraimentplusloinqueça.Lemecavecquij’aiquittéLovelessm’alaisséetomberàPhoenix,etestpartiavectousmessousetmonportable.J’aifiniquasimentàlarueetsansuncentime.

J’ailâchéunjurondevantcetterévélationetaifaitunpasenarrièrecar,souslecoupdelacolère,ellem’alancélaballetrèsfort.

–J’aitrouvéunboulotdeserveuse,etj’aidormisurlecanapéd’unefillequej’avaisrencontréeaurestaurantjusqu’àcequesonperversdecopaintentesachanceavecmoi,etqu’ellelechopeenflagrantdélit. Évidemment, ellem’a toutmis sur le dos, donc j’ai encore dûme démerder. J’ai commencé unboulotdansunclubdestrip-teaseparcequec’étaittoutcequejepouvaistrouverdansl’urgence.

J’ailaissétomberlaballeetl’airegardée,bouchebéetandisqu’ellemefaisaitunsouriretriste.–Onfaitcequ’onpeutpoursurvivre,Rowdy.Jen’ensuispasfière,mais j’aidansépendantsix

mois,àpeuprès.J’airencontréunmeclà-bas,quitenaituncabaretérotiqueàReno.Ilm’aproposéunboulotavecplusdefringuesetunmeilleursalaire,doncj’aiaccepté.Ilm’aditquemonphysiqueallaitfairedemoiunestar,etilavaitraison.

Elleasecouélatêteavecunairtriste.Jenesavaispasquoidire,alorsjeluiairenvoyélaballeetelleafaitunsautpour l’attraper,car j’étaiscomplètementàcôtéde laplaqueaprèsavoirentendusesmésaventures.

–Çafaisaitmoinsd’unmoisquej’étaisàRenoquandonm’ademandédeposerpourunmagazinedebagnoles.J’aiditouietavantdepouvoirdireouf,jerecevaistoutessortesdepropositionspourfairedumannequinat;desmagazinesdetatouages,dessalonsprofessionnels,desconventions,etdessitesdevêtementsrétros.Ilsuffisaitquejesoisjolie,çapayaitassezbien,etjepouvaisgardermesfringuespourlamajeurepartie.C’étaitmarrant.J’aivoyagé,j’airencontrédesgenscools,maiscen’étaitpasassez.Unebellegueule,çanedurepastoutelavieetjevoulaisquelquechosedontjepouvaisêtrefière,unechoseàlaquellejepuisseapposermonnom.

Ellenem’avaitpasrenvoyélaballe,ellelatenaitcontresapoitrineetellearelevéseslunettesdesoleilsursatête.

–C’estpourçaquemesuislancéedanslalignedevêtements,c’estpourçaquejevoulaisfaireduvraiboulotdanslesalondeVegas.Jevoulaislaisserunetrace.

–Tupeuxfaireçaici,sûrementencoreplus.Mavoixétaitdouceetjen’étaismêmepassûrqu’ellem’aitentendu.

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Ellem’asoudainjetélaballeavecforceetjel’aiattrapéeavecun«ouf»,rapidementsuivid’ungrognement quand son petit corps s’est écrasé contre ma carrure. Elle m’a mis par terre grâce à unplacagetrèsefficace.Elleétaitàchevalsurmatailleetaposélesmainssurmontorse,desortequ’ellesetenaitau-dessusdemoietregardaitdroitdansmesyeuxébahisentendantlamainpourenlevermeslunettesdesoleildemonnez.

–Jeveuxlefaire.Laisserunetrace,jeveuxdire.Jeveuxlaisserunetraceausalon,pourPhil,etparcequejetrouvequevousfaiteshonneuràsonhéritage.

Elles’estunpeupenchéeetjesavaisqu’ilétaitimpossiblequ’ellen’aitpasremarquélabarreduresur laquelle elle était actuellement assise. Si la balle n’avait pas été coincée entre nous deux, nousaurionsétépratiquementallongésl’unsurl’autre.

–Jeveuxlaisserunetracecheztoiaussi,Rowdy.J’aienrouléunedesestressesautourdemamainetl’aiattiréeversmoi.–Tuasfaitçailyalongtemps,Salem.Elleasecouélatêtededroiteàgaucheets’estencoremordulalèvre.Elleallaitmetuer,avecça.

Cegestelafaisaitpasserdescandaleusementsexyàdouceetsucrée.–Pasunecicatrice,pasuneblessure…Unetrace.Quelquechosedebien.Jeveuxquetuaiesde

bonssouvenirsdemoi,commeceuxquej’aidetoi.Jel’aiattiréeassezprèspourplantermesdentsdanslacourberebondiedelalèvrequ’ellevenait

demordre.Elleagrognédansmaboucheetj’aisentisesdoigtss’enfoncerdansmontorseàtraversletissudemonT-shirt.

–Passeleweek-endavecmoi,Salem.Ses yeuxd’obsidienneont pris une teinte encore plus foncée, ce qui paraissait impossible.Cette

fois,iln’yavaitpasd’hésitation.Poppyn’étaitnullepartàl’horizon,carj’étaistoutcequeSalemvoyait,moietledésirquej’avaispourelleetquiremplissaitmonregardàmesurequejelasuppliaisdesyeux.

–OK.Savoixn’étaitqu’unmurmuregravemaisc’étaitlachoselaplusdoucequej’aieentendue.Jeme

devaisdeluidire:–Beauplacage,aufait.Elleaposéunbaisersurmaboucheenriantets’estrelevée.–Çafaitdesannéesquej’attendsdeteplaquerausol.Tantmieux…Carj’avaishâtedeluirendrelapareilleetjerefusaisdepenserauxconséquences,

quandtoutçaneserapassuffisantetqu’elledécideraqu’ilétait tempsd’avancer.Ilyavaituneraisonpourlaquelleelleétaitici:elleétaitlàpourmoi,etj’avaisbienl’intentiond’enprofitertantquejelepouvais.Elleavaitdéjàlaissédesmarquesenmoi, jepourraisbiensurvivreauxprochaines…Surtouts’ils’agissaitdestracesdesesonglesdansmondos,causéespartoutesleschosesquejecomptaisluifaireaulit.

J’avaisdelachancequ’ellesoitvenueicipourmoi,maisjesavaisquemabonnefortuneneduraitjamaistrèslongtemps,surtoutenamour.

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Chapitre8SALEM

Je pensais qu’une fois queRowdy aurait obtenumon acceptation de passer leweek-end avec lui, ilmettrait finànotremomentauparcet sedépêcheraitdeme ramener sur la surfacehorizontale laplusproche.Commetoujours,ilétaitdécidéàmesurprendrecaraprèsuneséancedetripotagetrèsdéplacée,comptetenudupublic,quim’avaitlaisséerougeetexcitée,ils’estrelevéetm’afaitunsourire.

–Cen’estpaslebonmomentnilebonendroitpourça,Salem.J’ai levé les yeux vers lui, un peu saoule de désir, tandis qu’il prenait une balle de tennis pour

Jimboetdécidaitque lechienfaisaitunbienmeilleurpartenairede jeuquemoi.Je lesai regardésunmomentsansriendire,surtoutparcequ’ilcommençaitàfairetrèschaudetqueRowdyaenlevésonT-shirt,cequivoulaitdirequejenepouvaisplusregarderailleurs,mêmesijelevoulais.J’airemontémesgenouxdevantmapoitrineetaiappuyémonmentondessuspourprofiterdelavue.

Iln’avaitplusriend’unpetitgarçon.Ilétaittoutenlignesduressurunecarrureétroite,couvertedemusclesfortsetd’encrecolorée.Jel’avaisassezespionnésurInternetàl’époqueoùiljouaitencorepoursavoirqu’ilétaitbeaucoupplusimposant,pluslarge,etplusremplidemuscles;maismaintenantilétaitplus épuré, il ressemblait davantage à unmannequin de sous-vêtements qu’à un sportif professionnel.Tous cesmuscles compacts qui tapissaient son torse et son ventre étaient recouverts d’une couche detatouagesquifaisaienthonteàquasimenttoutcequej’avaisvujusqu’alors.

Pouraccompagnerl’ancreinoubliableoùscintillaientdesgouttesdesueursexysurlecôtédesoncou, il avait aussi un énorme bateau de pirate au centre du torse. Il était immergé dans une tempêtedéchaînée et combattait des vagues bleues de lamême couleur que ses yeux fantastiques. En haut dubateau,entre lesmâts, flottaitunebannièreavec lesmotsGUIDEMEHOME

1écritsen lettresabîmées,etcelam’abrisé lecœurpour lui.Sous lenavire,unmonstremarin impressionnantdotéde tentaculesetd’yeuxméchantsessayaitdefairecoulerlebateauenmer.C’étaittouteunehistoireracontéed’unetrèsbellemanièresursapeau.

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Ilavaitaussileprénom«Gloria»tatouéengrandeslettrestoutlelongdesescôtes,surunflanc,etcelaauraitpumemettredemauvaispoilsijen’avaispassuqueGloriaétaitlenomdesamère.Chaquelettre géante était tenue par de petits chérubins mignons. Sur son dos, du côté opposé à ce tatouagesouvenir,étaittatouéeunepin-upquiallaitdesonépaulejusqu’àlatailledesonjean.Elleétaithabilléeenpirateetjejurequ’ellemefaisaitunsourireencointandisquejebavaissurluichaquefoisquesesmusclessecontractaientetsedétendaientquandillançaitlaballe.

Ilavaitdesmanchettestatouéessurlesdeuxbras.L’uneétaitassezsimilaireàlamienne,avecuntravailtrèstraditionnel,old-schoolstylemarin.L’autre,enrevanche…étaitprobablementlaplusbellechoseque j’aievuesur lapeaudequelqu’un.Autourdesonbicepset jusqu’àsoncoude,onvoyaitunmélangedesNymphéasdeMonet.Onauraitcruquequelqu’unavaitdécrochélapeintureàl’huiledesoncadreetl’avaitenrouléeautourdesonbras.Desoncoudeàsonpoignet,c’étaituneinterprétationdelaNuitétoiléedeVanGogh.Ilsétaientmagnifiquesetauraientdûparaîtrehors-sujetsurunmecaussirockand roll et ancien sportif. Mais non, sur Rowdy, ces grands classiques de l’art faisaient sens, et lerendaientmêmeencorepluséblouissantetintéressant.

Quandilestrevenuversmoi,ilportaitmonpetitchienexténuémaisvisiblementtrèscontent.Etiln’était pas tout seul. Trois jeunes garçons lui emboîtaient le pas, le regardant avec une admirationévidente.Ilm’amisJimbodanslesbrasetaremontésesRay-Bansurledessusdesatêtedorée.

–Illeurmanquequelqu’unpourfaireunmatch.Çat’embêtesijejoueunpeuaveceux?J’aifaitnondelatête.Enréalité,jecroisqu’ilsvoulaientseservirdeRowdypourimpressionner

lepetittroupeaudefillesquis’étaitrassemblé,pasloin.–Nan.Tupeuxallerfairelegarçon.Jevaisretourneràl’appartpournousprépareràmanger,vite

fait.J’aifaimetjepensequeJimboveutfairelasieste.UndessourcilsblondsdeRowdys’estlevéetilm’aoffertunpetitsourireencoin.–Allerfairelegarçon?J’aifaitunsignedelamainverslesadosquil’attendaientetaibaissémeslunettespourleregarder

par-dessuslamonture.–Tusaisbien,vateroulerdanslaterre,suerettout.Varevivretonheuredegloire.Jemesuislevéeetj’aireposéparterremonchienquigigotait,pourluiremettrelalaisse.Rowdya

tendulebrasetatirésurleboutd’unedesmesdeuxlonguestresses.–Quelquechosemeditquemonheuredegloirenefaitquecommencer.Ehbienmerde.C’étaitplusqu’iln’enfallaitpourquemoncœurglissejusqu’àmesorteilsavantde

remonterdansmapoitrine.–Àtoutàl’heure.Ils’estretournéetj’aientendulesvoixsurexcitéesdesgarçonsetunsoupircollectifdesfilles.Je

nepouvaispasleurenvouloir.Leregardersedéplaceràmoitiénuétaitvraimentunspectaclequ’ilnefallaitpasmanquer.

Je suis rentréeà l’appartementet j’aidonnéde l’eauauchien. J’aidécidéque j’avaisbesoindeprendreunedoucheparcequej’étaiscouvertedecrèmesolaireetdebrinsd’herbecarj’avaispasséla

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journéeassiseparterre.Ensortantdeladouche,j’aienfiléunerobed’étéserréeenhautetquis’évasaitàlataille,trèsannées50,etaigardélescheveuxmouillésetlespiedsnus.J’avaistellementl’habituded’être bien apprêtée, clinquante et parfaite, qu’être détendue à la maison commençait à peine à mesemblernormal.Monstyleoriginaletsophistiquéétaitl’armurequejeportaispourprouveraumondeet,d’unecertainefaçon,àmonpère,quejepouvaisavoirlestylequejevoulais,mecomportercommejelevoulais, et être une personne belle qui réussissait entièrement grâce à elle-même. C’était étrange queRowdy semble préférer la version épurée et simple de moi, mais je n’allais pas me plaindre. Celademandaitbeaucoupdetravaild’avoirl’airparfaiteetbienhabilléeenpermanence,etparfois,jen’avaissimplementpasenviedefaired’efforts.

Je n’avais jamais vraiment partagé ce qu’il s’était passé après Loveless avec personne. J’avaisapprisquelquesleçonsàladureetj’avaisfaitdeschoixdontjen’étaispasparticulièrementfière,maisjem’étaisdébrouilléeseuleetc’étaitunechosequel’onnepourraitjamaism’enlever.Jen’avaisjamaisdûrentreroudemanderquoiquecesoitàmesparents,etcelasuffisaitàéclipserlahonteetlesregretsrattachésàcertainesdemesdécisions lesplus impulsives.J’avais tracémonproprechemin,alorsquecelaauraitététellementplusfaciledecéder,etjel’avaisfaitavecmonproprestyleetmonpropretalent,etc’étaitpourquoi j’avaisdécidéque jepouvaisvivremavieselonmespropresrègles,mêmesicelavoulaitdirequejenerestaispaslongtempsaumêmeendroit.

C’était une des choses quime perturbait dans cette situation avecRowdy. Je n’hésitais jamais àallercherchercequejevoulais,àexprimerclairementmesintentions.Maisilétaitentravéparlepasséet ilavaitprofondémentaiméquelqu’unquej’aimaisirrévocablement,etcelarendaitcebordelencorepluscompliqué,etmedonnaitmalaucrâne.MêmesiPoppyn’avaitpasde sentiments réciproques, jen’aimaispasl’idéed’êtrelaremplaçantedelasœurquiluiavaitéchappé.J’avaisbeaucouptropàoffrirpourmecontenterd’êtrelebouche-troudequelqu’un.

Jefouillaisdanslefrigoàlarecherched’unrepasàpréparerpourlemidimaislechoixétaitlimité.Jen’étaispasvraimentunegrandecuisinièreetjevivaisjusteàcôtéd’unegranderuequitraversaittoutelaville,alorsjenepassaispasbeaucoupdetempsdansmacuisine.J’aidécidéquedessandwichsàlaconfiture et au beurre de cacahuète et quelques chips feraient l’affaire. De toute façon Rowdy seraitd’accord,puisquecette journéedevaitnousfaireretomberenenfance.Jeposais lessandwichssuruneassiettelorsqu’onafrappéàlaporte,queJimbos’estréveillédesasiesteets’estmisàaboyer.

J’aiouvertlaporteenléchantlerestedebeurredecacahuètesurlecouteau.Rowdyétaitdel’autrecôté, toujours torsenuet encoreplusébouriffé et transpirantque lorsque je l’avais laisséauparcuneheure plus tôt. Son T-shirt pendait de l’arrière de son jean comme une queue et toute l’encre qui lerecouvraitbrillaitcommedelapeinturefraîchesursapeaulisse.Sescheveuxblondsétaientdécoiffésettombaientsursonfront,etsesyeuxturquoisebrillaientaumilieudesonvisage.

J’ailaissélamainquitenaitlecouteautomberlelongdemoncorpscommenousnousregardionsensilence.Sonregardaglissédemescheveuxmouillésàmonvisagestupéfait,puisàmespiedsnus.Ilafaitunpasenavant,cequim’aforcéeàreculerd’unpas.

–Tuasgagné?

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Mavoixétaitnerveuseettremblantealorsquejenemesentaispashésitante.Jemesentaisbienplusessouffléeetenbesoind’attention.

–Oh,jecroisquejevaisgagner,sanshésitation.Unrictussexyaprispossessiondesabouche.–Tuportesquelquechosesouscetterobe?Aprèssaquestionosée,ilm’aprislecouteaudesmainsetl’alancédangereusementverslacuisine.

Ilaatterridansl’évieravecgrandbruitetmêmecelan’apassuffiànoyerlesondemoncœurquibattaitfort dansmesoreilles. Jenevoyaisque lui et je savaisque les sandwichsn’étaient plus aumenu.Lemenu,c’étaitmoi.

–Pourquoitunevérifiespastoi-même?Jepouvaisjoueràcejeu-làaveclui.Aprèstout,ilfallaitbienqu’ilyaituneattaqueetunedéfense

pourfaireunmatch.Ilarefermélaportederrièreluiendonnantuncoupdepieddedansavecsabasket,puisilaavancédroitsurmoi.Ilnes’estpasarrêtéavantquenoussoyonsentièrementpressésl’uncontrel’autre.Ilsentaitlafraîcheuretl’herbeduparc.Jelesentaisduretfort,ettoutlienaveclepetitgarçonquiétaitmonvoisinavaitdisparudemonesprittandisqu’ilpressaitsonérectioncontremonventre.Sesyeux étaient plus chaudsqu’un ciel d’été, et quand il a glissé sesmains autour demon cou, sousmescheveuxencorehumides,j’aieul’impressionquetoutcelaétaittropetquej’allaismeliquéfierenuneflaqued’impatienceetdedésiràsespieds.

Iln’arienditd’autre,ets’estmisàmarcherverslachambre,meforçantàsuivrechacundesespasàreculons.Lesonbluesetfolkd’OldCrowMedicineShows’élevaitdelachambre,leguidantdanslabonnedirection.

–Jepue.Savoixétaitrauqueetafaitcourirunfrissonlelongdemonéchineàmesurenousreculionsdansla

chambresombre.Monlitn’étaitmêmepasfait,etlamoitiédemagarde-robeétaitétaléesurlesol.Riendetoutcelanel’aralentietilagardésonrythmejusqu’àcequel’arrièredemesjambestapecontreleborddulit.

J’aiserrélesdoigtsautourdesesdeuxpoignetstatouésetailevélesyeuxverslui.Jemesuisléchélalèvreinférieureetilagrogné.

–Jecroisquej’aimebien.–P’tain.Cen’étaitpasvraimentunmot,maisplutôtunsonsoufflé,puissaboucheétaitsurlamienneetplus

riend’autrenecomptait. Jemesuisabandonnéeàcequ’ilme faisait ressentiretà la façondont toutel’agitationet la fureurquipesaient surmoienpermanencesemblaient s’envoler sous ses lèvreset sesmains.

Il m’a embrassée fort. Il m’a embrassée longtemps. Il m’a embrassée jusqu’à ne plus avoir desouffle,ils’estreculé,etilarecommencédansuneautreposition.Cegarçonétaitdoué,tellementdouéque je n’ai pas remarqué le fait que ses mains étaient maintenant en bas de ma robe et que le tissuremontait lentement le longdemes jambes.Sa langues’enroulaitautourde lamienne,sesdentsenont

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mordilléleboutetj’aibruyammentreprismonsouffledanstoutcesilencelorsquesesgrandesmainssesontreferméessurmesfesses.Peut-êtrequej’avaisprévuceladèsledépart,maisilm’avaitparuinutiledemettrequelquechosesousmarobeensortantdeladouche,sachantquej’allaislaretirerpeudetempsaprès.

–Sympa.Iln’yavaitriend’autrequedelareconnaissancedanssavoixetsarespirations’estaccélérée,son

torsenubougeantcontremapoitrine.Il a lâchéunedemes fesseset apassé lamain le longdemacolonnevertébralepourdéfaire la

longuefermetureéclairquifermaitmajolierobe.J’aipoussémescheveuxpourl’aider,etenl’espaced’unsoupir,jemesuisretrouvéenuedevantluietçaluiaapparemmentplu.Ilajuréànouveauetatendulamain pour toucher du bout du doigt les petits anneaux demétal qui décoraientmes deux tétons. Ilssurmontaientlesdeuxpointesfoncéesetunrubisscintillaitdessus, lemêmequeceluiau-dessusdemalèvre.

Ilalâchémesfessespourpasserlespoucessurlafleurdelotusplacéesurmahanched’uncôté,etlafleurdecerisierenéclosionquiornait l’autre.Ellesétaient toutes lesdeuxfaitesavecbeaucoupdedélicatesseetsedétachaientjolimentsurmapeaufoncée.

–Labeautécontretouteattenteetlafragilitédelavie.Savoixn’étaitqu’unchuchotement,etils’estbaissépourdéposerunbaisersurmaclavicule.–Jesupposequec’estl’undesavantagesdesedéshabillerdevantuntatoueur:ongagnedutemps

surlesexplications.Ilariunpeuetm’apenchéenarrièreavecundesesbrasqu’ilavaitfaufilédansmondos,et,se

servantdemanouvellepositioncambrée,ilafaitletourdemesdeuxtétonspercésaveclapointedesalangue.J’étaisàpeuprèssûrequeriend’autre,detoutemavie,n’avaitjamaisétéaussiincroyablementbon.Lespointess’étaientdurciesettenduesaprèsavoirreçutantd’attention,etlorsqu’ils’estservidesesdentspour tirer lepetit anneaudemétaldans sabouche, ils sont retombés surmapeau, chaudsetmouillés.J’aisincèrementcruquej’allaismourird’untrop-pleindesensations.

Jem’agrippaisàsesépaulespouressayerderesteràpeuprèsstableetnepastotalementmeperdredansleplaisirquandilafaitunpasdeplusetm’afaitperdrel’équilibre,merenversantsurledos.Ilmeregardaitdehautetlesouriresursonvisagenepouvaitêtrequalifiéqued’espiègle.

Ilaembrassémonsternum,pileentre lesdeuxcollinesdemesseins,eta tracéune lignehumideavec sa langue tout le longdemoncorps, s’est arrêté pour la plongerdansmonnombril et poser despetitsbaisersmordantssurlesdeuxtatouagesquiencadraientlapartiedemoncorpstrèsdécouverteettrèssensibleverslaquelleilsedirigeaitclairement.

–Rowdy…C’était en partie une question et en partie une supplication, car j’étais prête pour lui. J’avais

l’impression d’avoir attendu cela, attendu qu’il pose lesmains surmoi, qu’il pose sa bouche surmoidepuistoujours.

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Ilalaissééchapperunsoufflequiafaitfrissonnermesplisdéjàhumidesetjel’aisentirireunpeucontrelapeaudoucedemonventre.

–Je t’aientenduediremonnomdebeaucoupdefaçonsdifférentes,Salem.Jedoisavouerque tel’entendredireaulitalorsquejem’apprêteàtedévorer,c’estmapréféréejusqu’àprésent.

J’allais luidired’aller se fairevoirmais j’aiperdu lacapacitédepenser,deparler,quandsansprévenir, il s’estmisàgenouxauborddu lit etm’a tiréecontre sonvisage.C’était trop.Trop intime.Tropenvahissantettropintense.C’étaitlameilleurechoseaumonde.Cegarçonétaitvraimentplusquedouéavecsabouche.

Il a passé la langue sur toute la longueurdema fente. Il a posémes jambes sur ses épaules et aattrapé fermementmes fesses avec sesmains tout en explorant lemoindre centimètredemon intérieurtremblant et frémissant avec sa bouche. Jeme tortillais sur le lit, le plaisir était presque tropgrand àsupporter,et ilaposé leborddesesdentssurmonclitoris.Dessensationsontcourudans toutesmesterminaisonsnerveusesetjenepouvaisplusrespireràcausedetoutcequejeressentais.

Jemesuisaccrochéeàunepoignéedesescheveuxpourresterancréedansl’instantetj’aidûtirerplusfortquecequejevoulaiscarilalâchéunesortedesifflementquej’aisentisurtoutelasurfacedemonsexehumide.Ilamarmonnéquelquechosedesexyquejen’aipascompriseta lâchéunedemesfesses pour venir à l’avant, et tout en piégeant le tout petit bourgeon de plaisir entre ses dents etl’aspirant,fort,ilabougésesdoigtstrèsdouéspourremplacersalanguequimecaressaitetm’explorait,etj’aiperdulatête.

Ladoublestimulation,lemouvementdesesdoigtspuissantsassociéàlasuccionincessantedesabouchechaude,c’enétaittrop.Iln’yapaseudemontée,pasd’ascensionexponentielleversunorgasmebéat.Non,toutadéferlésurmoidansunehâteaveuglantequim’aemportéesurunevaguedeplaisiretderelâchementintenses.Celal’afaitriredoucementunefoisdeplus,etdesondulationsdesatisfactionpureontsuivilesonsurtoutemachairqu’ilmanipulaitetaveclaquelleiljouaittoujours.

Jen’avaisjamaiseud’orgasmequimefasseréellementmal,avant.Cemalétaittellementbonquejel’aisentidanstouteslescellulesdemoncorps,danschaquerespiration,danschaqueclignementd’œillorsquejerouvraislesyeuxettentaisdemerappeleroùj’étais,quij’étais,etavecquij’étais.

Jetenaistoujourssescheveux,doncj’aitiréunpetitcouppourqu’ilremonte.Ilalaissémesjambesglissermollementdesesépaulesetarampésurlelitpoursetenirau-dessusdemoi.Ilsemaintenaitau-dessus,unemaindechaquecôtédematête,etm’afaitunpetitsouriresatisfait.Ilavaitl’airtrèscontentdelui.

–Oh,Salem…Ilaeuunlongsoupirets’estpenchépourm’embrassersurlatempe.–Aucundoute,jesuistrèsheureuxquenoussoyonsmaintenantadultes.C’était son côtémielleux et séducteur, qu’il réservait habituellement à tout lemonde sauf àmoi.

Jesavaisexactementcequec’était.Unefaçondeconserverunecertainelégèretémalgrél’intimitéquenousvenionsdepartager.Même si j’avais été ladestinatairede sonattentionalorsqu’ilm’excitait etjouaitavecmoi,jesavaisqueluiaussiavaitsentilaprofondeconnexionquenousavions.Maisundoute

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persistait:quecequ’ilétaitentraindesepasserentrenousétaitunmélangedesombresdupasséetdessaveursdufuturpourformeruneboulegéanted’émotionetd’expérience.

J’aipassémesmainssursesjoues,laissémesdoigtschatouillerlasurfacedoucedesespattes,etaicaressé lacourbehumidedesa lèvre inférieureavecmonpouce.J’ai laisséglissermesmainssurseslargesépaulesetsurlasurfacebiendéfiniedesespectorauxtatoués.J’ai touchélesmotsquiyétaienttatouésetl’airegardégravement.

–LeRowdyadulteadeschosesquej’aimebeaucoup,maisRowdylepetitvoisinenavaitaussi.Jel’aivuretournerceladanssatêtependantuneminute,maisjem’étaisdéjàattaquéeàsaceinture

etàsonjean,alorss’ilarépondu,saréponses’estperduependantquej’essayaisdelerendreaussinuquemoi.Ilportaitunboxernoiretj’aifaitunepaused’unesecondepouradmirercommeilétaitbeauàmoitié déshabillé, avec le bout de sa queue tendue qui sortait de l’élastique de son sous-vêtement. Jen’étaispaslaseuleàavoirdessurprisescachéessousmesvêtements.J’aibaissésonboxerjusqu’àsesgenouxet l’aipousséà se retourner sur ledos. Il l’a fait et amis lesmainsderrière la tête, avec sonérectiondresséeversleplafond,pendantquejeregardaiscequ’ilavaitenbas.

J’aisentimesdeuxsourcilssehausserdesurprise.–Unecroixmagique?J’étaisdanslemilieudelamodificationcorporelledepuisunmoment,etj’avaisvuunbonnombre

debitesdécorées.Mais,pourlecoup,jedevaisavouerquec’étaitunepremière.J’étaisintriguéeparsonéquipementetexcitéeenmêmetemps.

À travers son gland passait un piercing apadravya vertical, qui laissait voir le haut et le bas dubarbell. À l’horizontale et juste derrière l’apa, il avait un piercing ampallang qui, combiné avec lepremier,donnaitl’apparenced’unecroix.Celavoulaitdirequequatrepetitesboulesbrillantesdedéliceparcouraientlasurfacedesaqueuedéjàimpressionnante,rendanttouteexpérienceavecluieffectivementmagique.

–C’estlemétierdel’unedemesmeilleuresamies.C’estraredetrouverquelqu’unàquil’onfaitassezconfiancepourlelaissers’approcherdesonpaquetavecunobjetpointuetpiquant.

Avecmon pouce, j’ai tracé un cercle entre les quatre points en regardant ses yeux se voiler deplaisir. Les muscles de son ventre se sont tendus et ses cuisses, sur lesquelles j’étais assise, secontractaientetse relâchaientquand jepassaissurchaquebouleavecmondoigt. Ilétaitbeau, toutnu.Nousétionsbeaux,nusensemble.J’aimaiscommenostatouagessemélangeaientpourfaireunefresquegéante.

Jemesuispresséecontre lui et j’aibougé lamainpourprendre le restede son sexed’unemainferme.J’aimaisaussi lecontrasteentrelespartiesdenoscorpssanstatouages.J’avaislapeaumateetfoncée,lasienneétaitclaireetdorée.J’aiserrélabasedesonérectionetmesuisserviedemonautremainpourcaresserleslignesdroitesdesesabdos.Jen’avaisjamaisétéavecquelqu’und’aussibeauqueRowdySt.Jamesetjevoulaisprofiteraumaximumdessensationspossibles.

Jel’ailâchéetaiglissémamainentresesjambesuntoutpetitpeupourcaressersonscrotumtendu.Ilacriémonnomets’estpliéendeuxsousmacaresse.J’aicomprisquenousenavionsfinidejouer.Ila

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enlevé ses chaussures et s’est débarrassé du reste de ses vêtements en se secouant, un spectacle quej’auraisvouluregarderpourl’éternité,ets’estavancéversmoi,sesyeuxbrillantscommelalumièred’unphare,essayantdemedirequ’ilétaitmonchez-moidepuisledébut.

–Capote?Jemesuisdéplacéesurlelitetaifouillédanslatabledenuitjusqu’àentrouverune.J’aidéchiré

l’emballageet lui ai fait signede s’approcher. Il a faitunpasentremes jambesécartéeset aposéunbaisersurledessusdematêtetandisquej’installaislelatexsurluietsurtoutcemétal.Jel’aiserréunedernièrefoispourlaroute,etilamurmurédansmescheveux:

–Uneseule,çanesuffirapas.–Jet’aipromisleweek-end.J’étaissoudaincontentequenousn’ayonsrienàfaire,nil’unnil’autre,avantderetournertravailler

mardi.–Dieumerci.Ilm’atiréeau-dessusdelui,m’alaissémemettreenpositionenpassantlespaumesdesesmains

surmescôtes. Je suisdescenduedemanièreàcequeseulement leboutdesonsexe frottecontremonpubis, et nous avons tous les deux gémi au contact. Ces petites boules de métal rendaient chaquemouvementquejefaisais,chaquefoisqu’ilbougeaitetsecontractaitcontremoi,encoreplusintense.Jele sentais partout enmoi en descendant complètement et je suis tombée en avant,m’appuyant surmesmainspourattaquersaboucheaveclamienne.

Jel’aiembrassécommeluim’embrassait:fort,avecnoslanguesquidansaientetnossoufflesquisemélangeaienttandisquesesdoigtss’enfonçaientdanslescourbesrondesdemeshanchesetmeforçaientàcommenceràbougerdehautenbas.

Audépart,c’étaitunglissementsexyquinousatouslesdeuxfaithaleteretenfoncernosdoigtsdanslapeaudel’autre.Ilétaitsibon,samanièredemeregardermeretournaitdel’intérieuretj’avaisdumalà garder un rythme régulier. Jeme suis un peu soulevée à l’aide demes genoux alors que nous nousplaquions l’un contre l’autre puis j’ai laissé ma tête tomber en arrière dans une inspiration coupéelorsqu’unede sesmains a soudain disparu entremes jambes, où nous étions joints l’un à l’autre, et aatterridroitsurcepointchaudqu’ilsemblaitcapabledetrouveràchaquefois.

Mescheveuxformaientuneflaquenoiresurlehautdesescuisseslorsquej’aicommencéàbougerrapidementsurlui.Entrelacaressedesesdoigts,lafrictiondesbarbells,etlasensationdesaqueuequiallaitetvenait,ilnem’apasfallulongtempspoursentirlafinmerattraper.

Ilaprononcémonnometsamainlibreaquittémataillepourprendreundemesseins.Ilapassésonpouce sur lapointedresséeetdouloureuse jusqu’àceque jevoiedesétoilesetque j’aivraimentbeaucoupdemalàconserverunmouvementrégulier.Leplaisircontractaitlebasdemondos,mapeaubrillaitetétaithumideàcausedel’effortetdubesoindejouir.S’ilnemerattrapaitpas,j’allaisbasculerdel’autrecôtésanslui.

J’aicouinédesurprisequandilarapidementbougéetnousaretournés.Ils’estservidesongenoupourécarterunpeuplusmesjambesetluilaisserlaplacedebouger,enpivotantseshanchesd’unefaçon

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quim’afaithoqueter,puisilaaccélérélerythmedèsqu’ilaprissanouvelleposition.Ilaprismesdeuxmainsdans l’unedessienneset lesa tiréesau-dessusdematête. Ils’estservidesonautremainpourportersonpoidsalorsqu’ilpoussaitet frappaitenmoicommes’ilétaità lapoursuitede tout ledésirqu’ilyavaitentrenous,pourlefairesien.Lapressiondesaqueueépaisseenmoiauraitlargementsuffiàmefaire jouir,maisenyajoutant lasensationdecespetitesbillesdemétalqui frottaient etmassaientchaque paroi, chaque terminaison nerveuse, j’étais sûre qu’il allait faire exploserma tête en plus dedésintégrermoncorpsenunorgasmeaveuglant.Rowdyalaissésatêtetomberdanslecreuxdemoncouetj’aisentilapressionnettedesesdentssurlapeaudélicatequis’ytrouvait,etc’esttoutcequ’ilafallupourmefairepartir.

J’aisentimesparoisintérieuressecontracter,jel’aisentiperdrelecontrôledesoncorps,etils’estbrusquementmisàbougeraussifrénétiquementquemoiplustôt.J’aimaiscommesoncœurtambourinaitaumêmerythmequelemien,commesoncorpssolidesetendaitetétaitcommedelapierrecontremescourbesbienplussouples.Ilhaletaitdesatisfactiondansmonoreilleetils’esteffondrésurmoi,exténuéetvidé.J’aimaisquelesexeavecluisoittoutcequelesexedevaitêtre,etplusencore.Ilétaitvraimentdoué,etpasseulementavecsabouche,etilvenaitdememontrertoutcequej’étaisvenuechercherendéménageantauColoradosuruncoupdetête.

C’étaitpeut-êtresauvage,désinhibé,etunpeusale,maislesexeavecluimefaisaittoutdemêmemesentirplusensécuritéquejamais.Ils’estrelevéenfaisantunepompeetj’airegardésansmecachersesbicepssegonfler.

–Sûrementlemeilleurtouchdowndontjemesouvienne.Il essayait de faire une blaguemais ses yeux étaient très sérieux, donc je n’ai pas répondu. J’ai

simplement levé une main et l’ai posée sur sa joue tandis que nous nous regardions. C’était un jolimoment,unautrebeausouvenirquejepouvaismettredecôtéetajouteràceuxquej’avaisdéjàgrâceàlui,maisilaétébriséparlecouinementaigud’unchiot.

Rowdys’estsoulevéetarouléjusqu’auborddulit.–Jecroisqu’onl’ascandalisé.Ilaramassélechienetl’amissurlelitenpassantseslonguesjambesàl’extérieurpourserelever.–Jel’aicomplètementoubliédèsquejet’aivueléchercefoutucouteau.Jel’avaisoubliéaussi.J’étaisunemauvaisemamandechiot.Jimbom’aléchélementonetonaurait

effectivementcruqu’illançaitàRowdyunregardencoinjaloux.–J’aifaitdessandwichs.Jevaislesortiretonpourramanger.Ilahochélatêteetm’aregardéepar-dessussonépauleensouriantdetoutessesdents.–Maintenantdemande-moisij’aigagné,Salem.J’aigrognéetaijetéunoreillerverssatêteetsonairsuffisant.–Jecroisqu’onatouslesdeuxgagné,grosmalin.Ils’estdirigéverslasalledebainsenriantsurtoutletrajet.

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1.NdT:Guide-moijusqu’àchezmoi

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Chapitre9ROWDY

Jen’aipasquitté l’appartementdeSalemavantd’êtreobligéderetournerau travail lemardisuivant.Àcemoment-là,nousétionstouslesdeuxcrevés,etcroirequecelan’étaitqu’unepartiedejambesenl’airtoutesimpleetcoquine,commeça,pourfairepasserl’envie,n’étaitpascrédible.

Toutes les raisonspour lesquelles je l’avais adorée, j’avais eubesoind’elle, je l’avais admiréeétant plus jeune, étaient revenues en un éclair, qui m’avait fait perdre l’équilibre, en plus du faitqu’aucunefille,dansmalongueviedecélibataire,nem’avaitjamaisretournélatêteaulitcommeSaleml’avaitfait.Elleétaitdrôle.Elleétaitviveetavaitdelarépartie.Elleétaitsacrémentdébrouillardeetappelaitunchatunchat,maisnesemblaitjamaistropdure.Elleétaitaussiadorable,sexyàenmourir,etlaplusbellefemmequej’avaisjamaisvue,déshabilléeetfrémissanteen-dessousdemoi.S’ilyavaituneamieavecquijevoulaisdesavantages,c’étaitbienelle.

J’étaisaussireconnaissantqu’elleaitlaissépassernotreweek-endensemblesansjamaisparlerdecequiétaitbienprésentdansnos têtes :sasœur.Nousavionsdéconnésur leTexas,parlédecertainsbons souvenirs dont nous nous rappelions tous les deux, et en gros, avons essayé de faire rentrer unedécennied’anecdotesendeuxjours,entredeuxpulsionssexuellesquimedonnaientchaudrienqued’yrepenser. Nous avons partagé nos souvenirs de Phil et avons comparé les tatouages qu’il nous avaitlaissés, pour se rappeler de lui. Pour elle, c’était une Vierge de Guadalupe – sainte patronne duMexique–follementdétaillée,unhommageàsesoriginesetautatouagetraditionnel.Lemienétaitmontatouage-souvenirpourmamère.SachantquePhilétaitlaseuleautrefigureparentalequej’aieuedansmavie,celamesemblaitnormalquecesoitluiquirendehommageàmamèredécédée,avecsontalent.

Salemmecomprenait.Ellecomprenaitmonart,etellecomprenaitpourquoic’étaitplusimportantpourmoiquelefootballauraitjamaispul’être.Celafaisaitdubiend’êtreavecquelqu’unauprèsdequijen’avaispasàme justifierdemeschoixdevie. Jedois l’avouer,c’étaitaussisympadepasserplusd’unejournéeaveclamêmefille,mêmesij’avaispeurdetropmerapprocher,detropm’attacheràelle,

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carelleavaittendanceàdéserter.Maisjeneluiairienditdetoutcela,carjenevoulaispasgâcherlesmomentsquenouspassionsensemble.

Quandjesuisallétravailleraunouveausalonpourmajournée,lemercredi,c’étaitunpeugênant.Engrandepartieparcequej’avaisenviedelapoussercontrelebureaudel’accueiletdem’enfoncerenelle encore et encore. Elle est restée professionnelle, mais bien plus aimable qu’elle l’avait étéjusqu’alors.Ellem’ademandé si je voulais prendremondéjeuner avec elle, etmême simon idée dudéjeuner était unpetit coup sur labanquettedemonSUV, j’ai acceptéde sortir avec elle.Finalementmanger un burger et des frites s’est avéré presque aussi agréable qu’un petit coup vite fait. J’aimaisvraimentpasserdutempsavecelle.J’avaistoujoursaimécelad’ailleurs.

Lerestedelasemaineaétéchargé.Moncalendrierétaitrempli,RuleetNashm’avaientenfinfiléunensembledecroquisaveclesquelsbosserpourlalignedevêtements,etjelesavaistransmisàSalempourquel’onsemetteautravail.Celavoulaitaussidirequetouslessoirsoùj’avaisenviedel’appeler,elletravaillaittard,etjenevoulaispasl’empêcherdemenersonprojetàbien.C’étaitétrangedecouriraprèsunefille.J’avaisl’habitudequecesoitellesquiviennentversmoi,etsil’uned’entreellesn’avaitpasletemps,j’entrouvaisgénéralementuneautre.Jenepouvaispasfairecela,pasavecelle.Personnenepourraitremplacertoutesabeautédebronzeetsesyeuxnoirsinsondables.Jen’allaispasmesous-estimerpouravoircequejevoulaisvraiment,mêmesicelavoulaitdirequemonpantalondevenaitunpeutropserréchaquefoisquejelavoyais.

Jerevenaisaunouveausalonlevendredi,etjementiraissijedisaisquejen’avaispasplusquehâtede passer la journée à reluquer le derrière de Salem en travaillant. J’avais bien l’intention de luidemander si elle voulait faire quelque chose avec moi en sortant du travail, aussi. Évidemment, par« faire quelque chose », j’entendais aller au lit et ne pas en sortir avant lematin suivant,mais je lalaisseraislireentreleslignes.

J’étaisàunfeurougeaucoinde la rue, j’attendaisde traverser la ruepour rejoindre lesalondeLoDo,quandlablondechicquiavaitrenoncéàsefairetatouerquelquessemainesplustôts’estpostéeàcôté demoi. Je lui ai fait un signe de tête et un sourire amical. Elle avait l’air tellement bourgeoisequ’elle faisait largement concurrence à Shaw. J’ai pensé que je devais lui dire bonjour, car elle meregardaitcommesielleessayaitdetrouverquoimedirepourbriserlesilencegênantquiplanaitentrenousdeux.

–Re-bonjour.Ellem’aregardéenclignantdesyeuxetjel’aivueavalersasalivecommesielleétaittrèsstressée.

Ellesemblaitavoirpeurquejel’agresseoujenesaisquoi.Celaarrivait.Jen’étaispasvraimentunpetitgabarit et j’avais un tatouage géant dans le cou, et quelques autres sur les doigts, donc je savais quejepouvaisparaîtreintimidant.Surtoutpourunejeunefemmetouteseuledanslarue.Néanmoins,j’avaisladrôled’impressionqu’ellesetrouvaitàcecoinderuespécialementpourmoi.

–Bonjour.Savoixtremblotaitréellementetsesyeuxbleussautaientd’unpointàunautre,sansjamaisseposer

surmoi.Elleétaittrèsbelle,danslegenreclasse,etj’avaislesentimentdelaconnaître,maispasàcause

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dusalon.Elles’estdéplacée,etajouéavecuneboucled’oreillequiavaitl’airdecoûterpluscherquemonsalaire.

–C’estvotrequartier,ouvousessayezdetrouverlecouragedevousfairetatouer?J’aitoujoursététoujoursassezhabileaveclesjoliesfemmesetjevoulaislamettreàl’aise.–Jetravailleaucoindelarue.Jesuisavocatedansledroitdelafamille.Elleressemblaitbienàuneavocate.–Çaal’airennuyeux.L’idéed’êtrecoincédansunbureauouuntribunaltoutelajournéeétaitmonéquivalentpersonnelde

l’enfer.Elleariunpeuetaarrêtédejoueravecsaboucled’oreille.–Jetravaillebeaucoupavecdesgamins,etlesdroitsdesenfants,doncçava.Jem’appelleSayer,

aufait.Elleatendulamainetjeluiaiserrépourêtrepoli.Mêmesonnomfaisaitintello.–Rowdy.Quelquechoseestpassédans son regardet ellem’aadresséun sourirevoiléd’une tristesseque

jen’aipascompris.C’étaitunedrôledenana.–Cen’estpascourant.J’aihaussélesépaules.–J’aigrandiauTexas.Toutlemondeaunsurnom,là-bas.Elleaeuuneautreexpressionbizarreetasemblépresques’étouffer.Elleaposéunemainsursa

gorgeetpendantuneseconde,j’aicruquesesyeuxseremplissaientdelarmes,maiselleaclignépourlesfairepartir.Jel’airegardéeenfronçantlessourcilsetluiaidemandésiçaallait.Elleahochélatêteetaprisunegrandeinspiration.

–Jesuisdésolée.J’aijuste…Elleaunpeusecouélatêteetaserrédanssamainlabandoulièredesonsac.–Vousavezdéjàeul’impressiondeconnaîtrequelqu’un,detoutsavoirdequelqu’un,etd’uncoup,

pouf!Ils’avèrequec’étaituninconnudepuisledébut?Jenesavaispasdutoutpourquoiellemedemandaitcela,niquellehistoiresecachaitderrièresa

question,maisjemesuissentimalpourellecarelleavait l’airunpeuperdueetc’étaitquelquechosequejepouvaistotalementcomprendre.Toutlemonden’avaitpasunehistoireimmaculée.

–Plusd’unefois.J’avais cru que Poppy était la bonne et jem’étais trompé sur elle. J’avais eu besoin de Salem,

j’avais compté sur elle pour qu’elle soit mon roc, mais elle m’avait laissé dériver dans un océand’incertitude,etmaintenant,jenesavaisplusquoifaired’elleetdemessentiments.Ellen’étaitpasnonpluscequejepensais;niavant,nimaintenant.Lapersonnelaplusimportantequej’avaiscruconnaîtredeAàZétaitmoi-même.Cen’étaitquelorsquePoppym’avaitbrisélecœur,m’avaitlaissévide,quej’avaisréellementdûmeregarderenfaceetmeconstruiresanselleetsans l’amourquej’avaisnourripendantdesannées.Ilafalluquejemedémerdeseul,quejemeconsacreàmonartetquejemefondeunenouvelleviedansunnouvelendroit,poursavoirquiétaitRowdy.

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–Est-cequeçavousadonnél’impressionquevousauriezdûlesavoir,depuisledébut?–Çam’adonnél’impressionquej’auraisdûfaireplusattentionauxsignesquiétaientdéjàlà,oui.C’étaitundrôledesujetdeconversationpourdeuxinconnussurunpassagepiéton.–C’estpeut-êtrecequej’auraisdûfaire.Jeluiaisouri,aprèstoutelleétaitjolie,etquelquessemainesplustôt,jel’auraissûrementinvitéeà

sortir,mêmesiellen’étaitpasdutoutmongenre.–Sic’estunmecquivousafaitunsalecoup,nevousprenezpaslatête.Vousêtesunejoliefilleet

engénéral,onn’envautpaslapeine.Elleabougéunpeuetm’arefaitcesouriremêléd’uneprofondetristesse.Montéléphoneasonné

dansmapocheetjel’aisortipourvoiruntextodeSalem,quidisaitquemapremièreclientem’attendait.J’aijurédansmabarbeetaifaitunderniersourireàlablonde.

–Jedistoujoursqu’ilyauneraisonpourqueleschosesarrivent.S’ils’estmoquédevouspendantun moment, c’est qu’il y avait une raison. Vous n’étiez pas censée découvrir la vérité avant le bonmoment.Ilfautquej’yaille,maisprenezsoindevous,OK?

Elleavaitl’airdevouloirdireautrechoseetj’auraisjuréqu’elleallaittendrelamainpourprendremonbras,maisjen’avaisplusletempsdebavarder.Quandlefeuestpasséauvert,j’aifoncédel’autrecôtédelarueetmesuisprécipitéausalon.

Il avait falluquePoppymedisenonpourque je sois capabledepartir. Il avait falluqu’ellemebriselecœurpourquejeréalisequelecheminquejesuivaisdepuissilongtempsn’étaitpascequejevoulaisaufonddemoi.J’avaiseubesoindePoppypourmeconduirejusqu’àPhil,etj’avaiseubesoindePhilpourmeconduireàDenveretverslafamillequej’avaistoujoursdésiréemaisjamaiseue.Touslesmauvaisévènementsm’avaientmenéàmavied’aujourd’hui,ettoutessesbonneschosesycomprisladéesse aux cheveux noirs quim’a regardé avec l’œil torve quand je suis arrivé au salon avec quinzeminutesderetard.Siellen’étaitjamaispartie,ilyauraiteudebonneschancesquejenem’attachepasautantàsasœur.

–Nemeregardepascommeça.J’aiétéretardéparunebelleavocateaucoindelarue.J’auraisétéàl’heuresiellenes’étaitpasarrêtéepourmeparler.

Salemahaussélessourcilsetseslèvresrougessangontprisunpetitsourire.–Cellequiétaitvenueici?Sayer?C’estsurellequej’airenversémoncafél’autrejour.Elleest

trèssympa.J’aihochélatêteetmesuisaccoudéaucomptoir,bienplusintéresséparellequeparl’avocate.–Tuveuxqu’onsevoiecesoir?J’aifaitmonteretdescendremessourcils,cequil’afaitrire.–Ouais.Ilyauntrucquejevoulaistemontrer,detoutefaçon.Jepeuxpassercheztoiaprès.Monentrejambeaimmédiatementprislecontrôledemespenséesetj’aiimaginétoutesleschoses

lesplussalesetlesplussexyqu’ellepourraitmemontrer.–Cool.J’ailaissémesdoigtstraînersurlecomptoiretluiaiditavecunregardsuggestif:

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–Prendslechien.Jenecroispasquejeterenverraicheztoi.Ellealevélesyeuxaucieletafaitvolerseslongscheveuxpar-dessussonépaule.–Tuesbiensûrdetoi,Rowdy.Maclientemeregardaitdepuismonposte,etj’avaisassezfaitattendrecettepauvrefille.Jemesuis

éloignéducomptoiretjen’aipasprislapeinederépondreàSalem.Ellesavaitaussibienquemoiquenousdeux,tousseulsdansunendroitprivé,celaallaitfinirdanslanuditéetlasensualitélaplustotale,donccen’étaitpaslapeined’essayerdelenier.

MaclientevoulaitunimmensecœurdeCladdaghetdesmainsentrelacéesdansledos,avecpleinderosesdétailléesendessous.C’étaitunepièceénormequiallaitprendreplusieursséances.Ledessinétaitchouetteetj’enétaisassezfier.J’espéraissimplementquelafilleseraitassezsolidepourtenirletempsquejefassetoutlecontour,quiallaitprendreaumoinsquatreheures.

Commeletatouageprenaitlamajeurepartiedesondos,elledevaitsedéshabiller.Unesituationquipouvaitdevenirunpeugênantesilaclienteétaitexhibitionnisteoucherchaitàobtenirplusquedel’encreavecunartiste.Heureusement,cettefilleétaituneproetelleamissonsweatàl’enversets’estinstalléesurlefauteuilcommeunchampionne.Jeluiaditquej’appréciaissonattitudeetlefaitqu’ellen’aitpasessayédememontrersesseins.

Lafillearietm’aditquesielledevaitlesmontreràquelqu’undansl’espoird’avoirsonnuméro,ceseraitàSalem,cequim’afaitriresifortquej’aidûfaireunepausepourreprendremesespritsavantde luimettrede l’encre sur ledos.Salems’est retournéedepuis lebureaupournous lancerun regardinterrogateur, ce quim’a fait hurler de rire à nouveau. Je lui ai fait un clin d’œil et elle a froncé lessourcilsavantderetournerauclientavecquielleparlaitdessinsetrendez-vous.

–Elleestvraimentexceptionnelle.Lafilleavaituntonmélancoliqueetcelam’afaitsourire.–Jeconfirme.–J’aimaisbienl’autre,aussi.Lablondegrandegueule,maislanouvellesembleunpeuplusfacileà

gérer.J’aigrognéetai retenumonsoufflecar je traçaisune ligneparticulièrement longuesursescôtes.

Jesavaisqueceladevaitfairemalmaislafillen’amêmepascillé.–Plusfacile,c’estrelatif.Jecroisqu’ellessontsortiesdumêmeœuf.–Ellen’aimeraitpaslesfilles,parhasard?MonDieu,j’espéraisbienquenon.–Pasàcequejesache,non.Lafillealaissééchapperunsifflementalorsquejepassaisl’encresursacolonnevertébrale,àla

basedesanuque.–C’estdommage.Elledoitbient’aimer.Jemetrompe?J’ai arrêté ce que je faisais pendant une seconde et ai levé les yeux pour voir que Salem me

regardait.Jeluiaifaitungrandsourireetj’aivusesjouesrougir.Cramée.Aumoins,jen’étaispasleseulàrêveréveillédenosmomentstoutnusethaletants.

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–Onseconnaîtdepuislongtemps.–Vousallezbienensemble.C’estvrai?Jen’enétaispassûr,maisl’idéenemedéplaisaitpasetnousavionstoujoursunpeuété

unepaireassortie,alorsj’aimarmonnéunenon-réponseetmesuisinstallépourfairedutatouagesérieux.

J’étaisentrainderangermonappartpouressayerdelefaireressemblerunpeumoinsàunepiauledecélibataire,lorsquej’aientendufrapperàlaporteetJimbojapperdel’autrecôté.Dessurfacessansbièresvidesnicartonsdefast-foods,j’allaisdevoirconsidérercelacommepropre.

Monappartétaitceluid’unmecplutôtbasique.Ungrandcanapéencuir,unécranplatencoreplusgrand,un frigo remplideCoorsLight, et c’était àpeuprès tout.Cene serait jamaisvucommeunniddouillet,maisjen’avaispasenviequelaplupartdemesinvitéesrestenttroplongtempsdetoutemanière,donccelam’allait.

J’aiouvertlaporteetlepetitchienm’asautédessus.Jen’yétaispaspréparé,doncsonpetitcorpspoiluesttombéparterreavecunbruitsourdquiafaitsursauterSalem.J’allaisleprendremaisilasautésursesquatrepattesenglissantetafiléexplorerlenouvelespaceaveclenezcolléausol.

Salemasecouélatêteenleregardantetm’atendulesgamellesetlesacdecroquettespourchienqu’elleavait trimballés.Unpetit frissonaparcourumapeauquandj’aipenséqu’elleavait retenumonavertissementquejenelalaisseraispasrentrerchezellecesoir.Elleavaitamenécequ’ilfallaitpourqueJimbosoittranquillecettenuit.

– Tu n’as pas le droit de t’énerver s’il pisse sur tes affaires. Il n’est pas encore complètementpropre.

Ellem’adépasséenvalsant,sescheveuxontvoléetmesyeuxsesontconcentréssursajupeenjeantrès courte.Cen’était pas cequ’elleportait, au travail.Etheureusement. J’arrivaisdéjà àpeineàmeconcentrersurmonboulotquandelleétaithabilléedevêtementsmoulants,commed’habitude.

–Jesuissûrqueçaira.Jen’aipasbeaucoupd’endroitsoùilpourraitallerfouiner.Alorsquejedisaiscela,sonregardaparcourul’espacechichementmeublé.Elleareposélesyeux

surmoienfronçantlessourcils.–Çafaitcombiendetempsquetuhabitesici?–Cinqans.J’avais emménagé peu de temps après la fin de mon apprentissage avec Phil, quand j’avais

commencéàbosserausalonàtempsplein.–Toutal’airneuf.J’aiposélesaffairesdeJimboetairemplilesgamellesd’eauetdecroquettes.Labouledepoils

noireadéboulédanslecouloirpourinspecterlamarchandiseenentendantlanourrituretomberdanslebol.Ilasautésurmesjambesetyestrestéjusqu’àcequejelecaressederrièrelesoreilles,etjemesuisditquenousétionsdenouveauamisetquej’étaispardonnépouravoirfaitdeschosesàsamaîtresse.

–Jenepassepasbeaucoupdetempsici.Enfait,jenesuischezmoiquepourmelaveretdormir.Elleafaitunegrimaceincréduleetacontinuéàsebaladeravecunedémarcheféline.–C’esttout?

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J’aihaussélesépaulesetcroisélesbras.–Jen’aijamaisfaitvœudecélibatetjen’aijamaisditquejedormaisseul.–Doncquandjepartiraidemain,uneautreprendramaplace?Celas’étaittoujourspasséainsijusque-là.Maintenant,jepensaisqu’aucunefemmevivanten’aurait

puprendresaplace.–Non. Quand tu partiras demain, je resterai juste allongé dans le lit et je penserai à toutes les

manièresdeteramenericileplusvitepossible.Celanefaitpaslongtempsquejesuisrécidiviste,Salem.J’aifaitattentionàcequ’ellemeregardetoutenavançantverselle.–Tuesunepremièrepourmoi.Je voyais qu’elle ne savait pas si elle devait me croire ou non, mais ses hésitations perdaient

toujoursfaceaufaitqu’elleavaitenviedemoi.L’envieétaittoujourslà,chaude,danssesyeuxnoirsetclairs sur son visage expressif. J’ai décidé que nous devions changer de sujet avant de passer à deschosestroplourdespourarriveràs’endépêtrerparlasuite.

– Tum’as dit que tu voulais memontrer quelque chose. J’espère que tu dois enlever plusieurscouchesdevêtementspourcela.

Elleaeuunpetitrireetalevélesyeuxauciel.–Non.Uneseulecouche.Elleaenlevélegiletrougequ’elleportaitetaécartélesbrasdansungestequivoulaitdire«ta-

da».–Qu’est-cequetuenpenses?C’estlepremieressaidesT-shirtsquej’aifaitfaireausérigrapheur.Elleportaitundébardeurnoirquimoulaitsasilhouettegénéreuse.Unfinrubandedentellepassait

surlecoletenbas,cequiluidonnaitunetouchetrèsféminineettrèsjolie.Labohémienneàl’ancienneétaitimpriméesurl’avant,etressemblaitencoreplusàlafemmequil’avaitinspiréeenvoyantlesdeuxvisagescôteàcôte.Elles’estretournéeetj’aivulelogoduMarkeddanssondos,avecl’adressedusite.Le style était bien plus tendance que tout ce que j’avais pu imaginer quand nous avions commencé àparler de la boutique. Les filles qui fréquentaient les salons de tatouages allaient adorer, et si ellesremplissaientleshautsaussibienqueSalem,leursmarisetcopainsallaientnousjeterleurargentpourquecelacontinue.Elleétaitvraimentbonnepourcelaetjedevaisadmettrequevoirmondessins’étalersursapoitrinemeprocuraitunecertaineformedefiertéquimedonnaitenviedemetaperletorsecommeKingKong.

–C’estsuper.–N’est-cepas?Unefoisquej’auraiceuxqueRuleetNashontenfinterminés,jevaisenfairefaire

quelques-unsjustepourlesfilles,pourfairemonterlesuspense.Vousavezfaitdusuperboulotaveclesdessins,lesgars.Ilssonttousunpeudursmaisassez«fille»pournepasfairefuirlaclientèleféminine.Jepensequeçavaêtreunegrosseréussite.

Jenepouvaispasm’empêcherderegarderlevisagequiressemblaittantausien.–Tuaschoisilabohémienne.Elleabaissélesyeuxsursonhautpuislesarelevés.

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–C’estmapréférée.J’airicanéunpeuetmesuispassélamaindanslanuque.–C’esttoi.Sabouches’estrelevéepourformerunpetitsourireetelleafaitquelquespasversmoi.Unefois

assezprochepourmetoucher,elleaposésamainaumilieudemontorse,oùmoncœurbattaituntempoquejenereconnaissaispasdutout.

–Jesais.Elleadûsemettresurlapointedespiedspourembrassermamâchoire.–C’estpourçaquec’estmapréférée.Çamerendtoutechoseetliquidedel’intérieurdesavoirque

c’estcommeçaquetumevois.J’ai posé les mains autour de sa taille alors qu’elle faisait courir des baisers le long de ma

mâchoire,etelleacontinuésaroutejusqu’aulobedemonoreille.J’airetenuungrognementquandsesdentssesontreferméesdessus.

– Tu es belle. Tu as une noirceur et un côté sauvage en toi. Ce qui fait de toi une bohémiennemoderne.

–Lanoirceuretlasauvageriesecalmentquandjesuisavectoi.ElleavaitlesmainssousmonT-shirt,danslebasdemondos,etelleletiraitverslehaut.J’aipris

l’arrièredemoncoletl’aitirépar-dessusmatête,puisaijetéleT-shirtplusoumoinsverslecanapé.–Ahouais?Ellepassaitsesmainssurlesdessinsquiornaientmescôtesetmesflancs,oùétaittatouélenomde

mamère.Jemesuissoudainrappelélasensationd’aimerpleinementquelqu’unetdecombienlasolitudeétaitdurequandcetamourdisparaissait,etcelam’apresquefaitreculer,maisseslèvresontatterrienpleincentredemontorseaumomentoùsesmainsétaientarrivéesàl’avantdemonpantalon.Ellen’apasperdudetempsavecmaboucledeceinture,etentresesdoigtsdéterminésetleboutdesalanguemouilléequitraçaitunmotifaléatoiresurmapeau,ledésiretlebesoinbottaientleculdelapeur.

–Ouais.J’aiunpeul’impressiond’êtrelàoùj’aitoujoursvouluêtre,avectoi.Ehbienmerde.Celamettaitàmalmeseffortspourgardermesdistancesetnepaslaissermoncœur

s’emballer.J’aipassélesdoigtsdanssescheveuxdouxetaitenusatêteentremesmainstandisqu’ellefaisait

quelquespasenavantpourmefairereculerjusqu’àcequej’ailesfessesappuyéescontreledossierducanapé.Sesyeuxbrillaientetelleapassélesbrasautourdemataillepuisacommencéàtirersurmonpantalon.Jel’aiembrasséecarj’étaisobligé.Jel’aiembrasséecarjelevoulais.Jel’aiembrasséecarcelacommençaitàmedonnerl’impressiond’avoirtrouvéquelquechosequejecherchaissanslesavoir.Surtout, je l’embrassaiscar,chaquefoisqu’ellemerendaitmonbaiser, je lasentaiss’installerencoreplusprofondémentenmoi.Jemesuispenchéunpeuenavantpourluilaisserplusdeplacelorsqu’elleaenfoncésesonglesdansmesfessespourmefairebouger,etj’aifaitungrandsourirequandelleaprisuneinspirationsurpriseennetrouvantriend’autrequemapeaunuesouslejean.Ellen’étaitpaslaseuleàsavoircomments’habiller,ouplutôtsedéshabiller,pourlesgrandesoccasions.

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Elleatracéunmotiftrèssensibleavecsonindexentrelespiercingsquidécoraientleglanddemaqueuedévoiléeetellem’aditd’unevoixdouce:

–Tum’astoujoursrenduetrèsheureuse,Rowdy.Etencoreplusmaintenantquenousnoussommesretrouvés,adultes.

Entresesmotsetsescaresses,jenepouvaispasempêchermaqueuedetressaillirdanssamainoudelaisseréchapperunpetitegoutted’excitationaubout.Elle l’aattrapéeavecsonpouceeta levélesyeux vers moi avec un grand sourire. J’allais lui demander pourquoi elle souriait quand elle s’estbrusquementmiseàgenouxdevantmoietaprismonglandmouilléentreseslèvresrouges.S’ilyavaitbienuneimagequipouvaitmepousseràl’orgasmeentrèspeudetemps,c’étaitcelle-là.Sabellebouche,aveccerubisscintillantau-dessus,grandeouverte,mesuçaittandisquejegrinçaisdesdentsetrespiraisfortparlenez,etqueleplaisirmegriffaitledossansaucunepitié.

–Salem…Sonprénomn’étaitqu’unsongutturalalorsquemesdoigtsempoignaientsescheveux.Ellen’apas

répondu,évidemment,mais s’est servied’unemainenrouléeautourde labasedemonérection tenduepourlaserreretlacaresseraumêmerythmequelemouvementdesatête.J’avaislesentimentd’êtredansunfeumouilléetc’étaitlemeilleurendroitoùmaqueueaitjamaisété.

Ellefaisaittournersapetitelanguerapidementautourdumétalinstallédansmongland.Ellesuçaitet léchait les veines qui ressortaient le long demonmanche. Cela faisait roulermes yeux dans leursorbites, et je n’allais pas pouvoir tenir encore très longtemps sous ses manipulations appliquées ettalentueuses.J’aitirésursescheveux,lesmèchesrougesontréussiàs’enroulerautourdemesdoigtsetjeluiaidit,d’unevoixquisemblaitavoirététrempéedanslewhiskyetlafuméedecigarette:

–Situveuxquejetesoisutiledanslesvingtprochainesminutes,ilvaudraitmieuxquetuarrêtes.Elles’estcontentéederireetjel’aisentipartout.Mabiteatressaillifortentresesmainsetdanssa

bouche tandis que j’appuyais encore plus mon poids contre le dossier du canapé, car je n’étais pasentièrementcertainquemesjambesseraientcapablesdemesoutenirencoretrèslongtemps.J’aiditsonprénomunefoisdeplus,cettefoiscommeunavertissement,maisaulieudeseretireroud’arrêter,elleaglisséunemainentremescuissescontractéeset a légèrementpressémesboules sur-stimulées.C’étaittrop.

Mesdoigtssesontcrispésdechaquecôtédesatête,j’ailâchéuncrisouslecoupdelasurpriseetmesuislaisséenvahirparleplaisiretlessensationsqu’elleavaitprovoquésenmoi.J’étaishaletantetj’avaislesjambesencotonquandelles’estenfinreculée.Elles’estpenchéeenavantetaposéunpetitbaiseraumilieudumonstremarinquirecouvraitmesabdosdesonencrecolérique.Jenesavaispassielleessayaitd’apaiserplusieursmonstresaveccegeste,maisdetoutefaçon,elleavaitréussi.

J’ailaissémesmainstombermollementsursesépaulesalorsqu’elleserelevaitdansunmouvementélégant.Ellealevéunsourciletatapotésonindexsurmonmenton,tandisquejelaregardaisavecdesyeuxivresdepassion.

–LeRowdyadulteatellementdechosesmarrantesaveclesquellesjouer.

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Celam’afaitpoufferderireetjemesuiséloignéducanapépourtesterlastabilitédemesjambes.Ellesfonctionneraientassezbienpourl’amenerjusqu’àlachambre.J’aiattrapésamainetmesuismisàla tirer derrière moi en avançant dans le couloir. En réalité, ma chambre était la seule pièce del’appartementquej’utilisaisvraiment,doncc’étaitlaseulepiècequiavaitl’airhabitée.

–Tun’asjamaisdemandéauRowdyadodejouer,alorscommenttulesais?Je l’ai retournée et l’ai pressée contre la porte de la chambrepour commencer à lui enlever ses

vêtements.Sondébardeurestpartisanseffort,ainsiquelesoutien-gorgenoiren-dessous.Sajupeétaittellementcourteetserréequejemesuisditquecelaseraitpeut-êtreplussimpledelapousserhorsdemoncheminpendantquemesmainsparcouraientavidement sapoitrine, s’arrêtantpour joueravec sonmétalcommeellel’avaitfaitpourmoi.

–Tuétaistropjeuneetj’étaistropoccupéeàessayerdem’échapper.Elleagémilorsquej’aitournéuntétonunpeuplusfortquel’autre.Jemesuispenchéetaiapaiséla

douleuravecmalangue.–Jen’auraispassuquoifairedetoiàl’époque.D’ailleurs,jelesaisàpeinemaintenant.J’aipasséunemainsouslebasdesajupeetaicommencéàlarelever.Cesoir,elleportaitquelque

choseen-dessous.Uneculotteendentellemeséparaitdesonsexehumideque jesentaispressécontremonabdomen.Celaasuffiàfairetressaillirmaqueueetàlaréveiller.

Elle a grogné alors que je déplaçais le tissu etme servait demon pouce pour caresser ses plismouillés.ChezSalem,toutétaitd’unechaleurnucléaire.J’avaissimplementenviedesauterdanslefeuetdemefondreenelle.

–Oh,jecroisquetusaistrèsbiencequetufais.Ellesecouaitsatêtededroiteàgaucheetjemesuispresséàl’intérieurenm’arrétantsurcetendroit

quiluifaisaitfermerlesyeuxetenfoncersesdentsdanssalèvre.J’aitouchésonclitorisavecmonpouce,j’aiappuyéfort,etjel’aicaressédehautenbas.J’aiajoutéquelquesdoigtsdeplusetjelesaifrottésenellejusqu’àcequ’ellesetortillecontremoi,sanséchappatoire.

–Tevoirpartiraveccegrosnul,çam’atué,Salem.Je ne savais pas pourquoi, mais elle me donnait toujours envie de déverser à ses pieds toute

l’honnêtetéetl’émotionpurequ’elleréveillaitchezmoi.C’étaitcommerouvrirdevieillesblessurespourqu’ellespuissentenfinguérir.Elleasoupiréunpeuetapasséledosdesesdoigtscontremajoue.

–Jesuisdésolée.Jen’aijamaisvoulutefairedemal.Même si je voyais que c’était sincère, je crois qu’elle ne savait pas combien cette douleur était

profondeoucombiendetempselleétaitrestéeenmoi.J’aisentimessourcilssefroncer.–Ceuxquim’aimentnelefontjamaisexprès.Ilfallaitquejechangedesujetavantquetoutecetteexcitationsensuelleretombedanssesyeuxet

soitremplacéeparlesdoutesetlesregrets.Sa poitrine nuemontait rapidement et chaque fois que ses tétons durs frôlaientmon torse nu,ma

queues’agitaitunpeuplus.Elleétaitproche,jesentaissoncorpssetendre,jesentaisl’inondationdesonplaisir autour demes doigts. J’ai posé unemain sous ses fesses et l’ai soulevée pour qu’elle puisse

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enroulersesjambesautourdemataille.J’étaistellementtentédemeglisserdanssoncorpsaccueillant,maisc’étaituneidéedangereusecarnousn’avionspasencoreparlédeprotection.J’aititubéjusqu’aulitimmense aumilieu de la pièce etme suis attelé à enlever le reste de ses vêtements quime faisaientobstacle.

Unefoisqu’ellefutnueetétaléedevantmoicommeunsorted’offrandefaiteauxdieux,j’aiouvertletiroirdematabledenuitetenaisortiunpréservatif.Aprèsavoirtoutmisenplace,jen’aipasperdudetempsetmesuisenfoncéenelle.J’adoraiscommesoncorpss’accrochaitàmoi,metenaitcommes’ilnevoulaitjamaismelaisserpartir.Celanefaisaitquequelquesjoursdepuisladernièrefoisquej’avaisétéenelle,maiscelam’avaitparuuneéternité.Jemesuisperdudanslanoirceurinfiniedesesyeuxàmesurequenouscommencionsàbougertouslesdeux.

Nousétionscommeunemachinebienhuilée.Àchaquecoupderein,chaquemouvementdehanches,chaquecaresse,l’autreavaitlaréactionparfaite.Ellebougeaitavecmoi,s’agrippaitàmoi,etseservaitde soncorpspour faireplusquedusexe. Je la sentais,quelquepart enmoi, se faire saplace. Je l’aiembrasséeet j’ai léché lebijouau-dessusde sa lèvre.Ellem’a tiré lescheveuxetenfoncé ses talonsdansmesfesses.J’aimordudoucementsoncouetellealaissélatracedesesonglessurtoutelalargeurdemesépaules.Quandelleajoui,elleaprononcémonnomcommeuneprière.Quandj’aijoui,j’aiditsonnomcommeunemalédiction. Jenesavaispascequenousallions faire l’unde l’autresur le longterme, mais je savais qu’aucune fille n’avait eu sa place dans mon lit autant qu’elle, et c’était unepremièrefoisquicomptaitpeut-êtreplusqu’unpremieramour.

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Chapitre10SALEM

J’aigrogné, frustrée, en regardantmon téléphone,puis l’ai jeté sur la tablebasseoù j’avaisposé lespieds.Rowdym’aregardéeducoindel’œiletatendulebraspourcouperlesondufilmd’actionqu’ilregardait.

Troissemainesavaientpassédepuisnotrerendez-vousauparc.Troissemainespendantlesquellesjen’avaispasdormiseule,etjen’avaispaseuàluicouriraprèsniàlefuir.Aprèslanuitpasséechezlui,nousétionstombéssurunaccordimplicitequenouspréférionsêtreensemble,passerdutempsl’unavec l’autre,qu’êtreseuls.Nousalternionsentrenosdeuxappartements,cequivoulaitdirequeJimboavaittoutessesaffairesendoubleetquemonfrigoressemblaitdésormaisàceluid’unétudiantgossederiche.

–Qu’est-cequ’ilya?Ilmeregardaitenpenchantlatêtequandj’aisoupiréetsoufflépourfairevolerdescheveuxbruns

quiétaienttombésdevantmesyeux.Bienquenoussoyonsdevenustrèsprochesetqu’ilsembletrèsàl’aiseavecmoi,ilyavaitencore

une chose qui le perturbait et quime faisait plonger dans lesméandres demes doutes : Poppy.Nousfaisionstouslesdeuxcommesinousignorionsqu’elleétaitencorelà,unspectrequiflottaitau-dessusdecequenousconstruisions,maismaintenantj’étaisdedansjusqu’aucou,etjenepouvaispascontinueràmarchersurdesœufspouréviterlesujet,nepasparlerd’ellenidupasséqu’ellepartageaitavecnous.

–Poppy.Elleestmariéeavecunmechorribleetellenerépondjamaisàmescoupsdefil,niàmestextos.Jem’inquiètepourelleparcequecegarsveutabsolumentavoirlecontrôleetellen’apersonnepourfaireattentionàelleàLoveless.Jecroisquecen’estpasunetrèsbonnesituationpourelle.

Ils’estraidiprèsdemoi.J’aivusamâchoiresecontracteretailevélamainpourposermondoigtsurleticnerveuxquiapparaissaitsursajoue.

–C’estàcepoint-là,Rowdy?Jenepeuxmêmepasprononcersonnom?

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Sesyeuxbleu layetteontéchappéàmonregard inquisiteuret je l’aivu lutter intérieurementpourcontrôlersesémotions.

–Riennechangeralepassé,Salem.–Non,maistut’accrochestropfortaupasséetcelat’empêched’avancerdansleprésent.Ilaenroulésonbrasautourdemesépaulesetm’atiréecontreluipourpouvoirm’embrassersurla

tempe.–Jecroisquej’avancetrèsbien.J’aisoupiréetaiposélamainsurlesmusclesfermesdesonventre.–Passijenepeuxpasteparlerdemasœur,non.Elleestleseulmembredemafamillequej’ai

vraiment.Jel’aime,etsijenepeuxmêmepasprononcersonnomsansquetutetransformesenpierre,alorstuesclairementencoredanslepassé.Jesaisqu’ellet’ablessé,ont’atouteslesdeuxblessé,maissitupeuxmepardonner,ilfautquetufassesdeseffortspouryarriveravecelleaussi.

Ilaenrouléquelquesmèchesdemescheveuxautourdesesdoigtsetaprisunelongueminuteavantderépondre.

–J’aicraquésurPoppydès lapremièresecondeoù je l’aivue.Elleétait tellementgentille.Ellesemblait être tout ce que je n’avais jamais connu. Elle aimait sa famille. Elle était posée, stable, àl’églisecommeàl’école.Mêmeaussijeune,jesavaisquesesracinesétaientprofondes.

Savoixestdevenueunpeuplusgraveetlalumièredelatéléprojetaitdesombresétrangessursonvisage,luidonnantunairpresquesinistretandisquelessouvenirsl’engloutissaient.

–Ellenem’ajamaiscompris,ellen’ajamaissaisipourquoielleétaitaussiimportantepourmoi,etquandtuespartie,elleestdevenuemonseullienaveclafamille,l’amouretl’acceptation.Jesavaisquejenefaisaisqu’empirerleschosesenm’accrochantàelle,endécidantquemonbonheurallaitdépendred’ellepourtoujours.C’étaittropluiendemander,ç’auraitététroppourn’importequi,surtoutpourunejeunefillequin’avaitjamaisquittélavilleoùelleétaitnéeniquittél’emprisedesonpère.

Ilalaissétombersonmenton,posésurledessusdematête.J’aibougémonbrassursontorsepourluifaireuncâlinetaiposémajouesursoncœur.

– Son très mauvais goût en matière d’hommes, son désir permanent de satisfaire votre père ;j’assumemapartderesponsabilitélà-dedans.Jel’étouffaisetjecroisqu’ellefaisaitcequ’ellepouvaitpours’éloignerdemoisansmerepousser.Poppyamis finauxchosesdemanière trèsbrutalemais jecroisque je l’y ai poussée.Alors enmême tempsquemonchagrind’amourque j’ai trimballéunbonmoment,jetraîneaussiunlourdsentimentdeculpabilité.Jen’aimepasypenser.Jepréfèrefairecommes’ilnes’étaitjamaisrienpassé.

–TuestombéamoureuxdePoppyparcequetusavaisqu’ellenepartiraitjamais?Celaparaissait invraisemblablemaisau fonddemoncœur, je savaisquec’était très logique.La

mèredeRowdyétaitmortealorsqu’ilétaittrèsjeune,etilavaitl’habitudequ’onneveuillepasdeluietqu’on le renvoie à droite à gauche, donc c’était totalement compréhensible que ma sœur, qui faisaitpratiquementpartiedesmursdeLovelessl’attire.Elleétaitunparisûr,etnonunemenacepoursoncœurfragile.

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–Enpartie.Elleétaitjolieaussi,etellemedonnaitl’impressiond’avoirunbut:m’occuperd’elle.Ilaricanémaissonrirenecontenaitaucunejoie.–Ellenem’ajamaisvucommeautrechosequ’unamiouunfrère,pasuneseulefois.Laplupartdu

temps, ellem’encourageait à faire ce que tout lemonde attendait demoi. Elle voulait que je joue aufootball,quejesoisroidubal,quejesorteavecunepom-pomgirl,etellevoulaitquejelafermeetquejelaisselesautreshommesdanssavielatraitercommedelamerde.Ça,tonpèreetsespetitscopainsn’yontjamaismanqué.

Jemesuis retournéeetai frotté leboutdemonnezcontre son torse.Cen’étaitpasvraimentuneconversationagréable,maisjecroisqu’ilétaitplusquetempsquenousl’ayons.

–Etmoi?Tul’asaiméetoutdesuiteparcequetusavaisqu’elleétaitstableetenracinéedanslaterresècheduTexas,maismoi,Rowdy?

Ilaencorericanéetcettefois,sonrireavaitl’airamusé.– Pour un petit garçon de dix ans, tu étais la plus belle chose jamais vue. Tu étais déchaînée,

tapageuse,ettusemblaisn’avoirpeurderien.Jesavaisquetudétestaisêtrecheztoi,tudétestaistoutesles règlesque tesparents t’imposaient,mais tun’as jamais laissé ça t’empêcherde t’amuser et d’êtrepleinedejoie.Jevoulaisjusteêtreavectoitoutletempsparcequec’étaitcommesilesrayonschaudsdusoleiltouchaienttoutcequiétaitfroidenmoi.Tuétaislaseulepersonneàmedonnerl’impressionquej’avais le droit d’être un gamin paumé, en colère que samère ait été tuée. Tu nem’as jamais donnél’impressionquejedevaismeconfondreengratitudepourleminimumvitalquel’universavaitjugéutilededéposeràmespieds.Tuétais toutpourmoi,etpuis tun’étaisplus là,et jemesuis retrouvéperducommeavant.

Celam’a serré la gorge et je l’ai serré plus fort dansmes bras. J’ai passé une jambe entre sescuissesetailevélesyeuxversluipourleregarderàtraversmescils.

– J’auraisdûessayerdegardercontact. Jevoulais,mais j’aiétédépasséeet j’étaisperdueàmafaçon.Ilfautquetusachesquec’étaitdur,detequitter.QuelaisserPoppyderrièremoiétaitnul,maisvraiment,jedevaislefaire.

J’auraisdûluidirequ’ilavaittort.J’avaistotalementpeurdeschoses,àl’époque.J’avaispeurdenejamaissortirdelamaison.J’avaispeurquemaviesoittoujourspleinederèglesetdeloisàn’enplusfinir. J’avaispeurquema sœurdevienne commemamère.Et j’avaispeurpour lui.Peurqu’il finissepiégédansuneviequ’iln’aimaitpas,peurqu’il coureaprèsmasœur toute saviealorsqu’ellene sedoutaitde rien,etpeurqu’il laisse lesautresdécideràsaplace.J’étaiscontentequeseulesquelques-unesdecespeurssesoientréalisées.

– Je crois qu’on a tousdû faire des chosesqu’onnevoulait pasvraiment, pour arriver là oùondevaitêtre.

Ilavaituntonmélancoliqueetcommeunpeuenfumé.J’entendaisunecentained’ombresdifférentesrempliesdesouvenirsquilescoloraient.Alorsquejelevaislesyeuxverslui,ils’estpenchépourplacerun baiser doux surmes lèvres. C’est tout ce qu’il a fallu pour faire de cemoment sombre, lourd defantômes et de regrets, unmoment plus chaud, qui crépitait de désir et de besoin. Je voulais lui dire

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qu’allerde l’avantvers lesbonsmoments, cela ressemblait àça,mais j’avaisbesoinqu’il s’en rendecomptetoutseul.

Lasoiréefillesdujeudiavaitunpeuchangéaucoursduderniermois.Coranepouvaitpasboirecarelleallaitait,Shawnonpluscarelleétaitenceinte,etpersonnenevoulaitvraiment lâcher les rênesetpartir en vrille car Saint venait généralement accompagnée de Royal, et même si elle n’était pas enservice,elleétaittoujoursflicetcelavoulaitdirequetoutlemondeessayaitdebiensetenir.J’adoraislefaitquetoutescesfemmesadorablesetfortesm’aientinvitéeparmilesleurs,mêmeavantqueRowdyetmoiayonscommencéànousvoir.C’étaitungroupedenanasincroyablesetlefaitqu’ellespensentquej’avaismaplacedansleurbandemedonnaitlesentimentd’êtreunefemmeaccomplieetplutôtfièredemoi.

Aulieudes’installeraubardeRomeouautrouàratsàcôtédusalon,Coraavaitprisladécisionexécutivequenousnousretrouverionstoutesdansunbonrestaurantàquelquesruesdunouveausalon,etaulieud’enchaînerlesshotsjusqu’àvomir,nousavonscommandépleind’entréesetsirotédesmartinistrèsclasses.

CoralevaitlesyeuxaucielendisantàShawqu’elleallaittuerRome.Apparemment,maintenantqueRuleallaitêtrepapa,marietpropriétaire,Romenepensaitqu’àfairelescartonspourquitterlamaisonqu’ilslouaientetemménagerdansunemaisonqu’ilsauraientachetée.Ellejuraitàquivoulaitl’entendrequ’iln’yavaitaucunproblèmeaveclamaisonenlocation,maisqueRomenesupportaitpasquesonpetitfrèresoitplusinstalléquelui.Ellealevéaucielsesyeuxbicoloresetaaffirméques’illuidemandaitdel’épouserparpurespritdecompétition,elleluifourreraitlabaguedanslefonddelagorge.Cettephrasesans demi-mesure a fait rireAyden, qui a rétorqué qu’elle savait sans lemoindre doute queCora luiprendraitlabaguedesmainssivitequeRomen’auraitmêmepasletempsdelaluipasseraudoigt.Lapetiteblondearisansnierpourautant.

J’airegardéSaintetailevéunsourcil.SarelationavecNashétaitencorerelativementrécentemaisonvoyaitqu’ilsétaienttrèsamoureuxetfaitsl’unpourl’autre.Elleasimplementfaitunnoncatégoriqueensecouantlatête,etlesmèchesroussesetdoréesdesaqueuedechevalontcaressésonvisage.Ellearougi.Jesavaisqu’elleétaittimideetn’aimaitpasêtreaucentredel’attention,maisellenepouvaitpass’empêcherdesourirequandelleparlaitdesonhomme.Nashétaitunmélangeintéressantdepetitchouetdegrosdur.Ilallaittrèsbienavecnotrediscrèteetgentilleinfirmière.

–J’arriveàpeineàaccepterl’idéequej’aiuncopain.Alors,lemariage,lesenfants…Onestloindepenseràtoutça.JevaissûrementreprendrelesétudesetNashestoccupéaveclesalon.Onadéjàdumalàtrouverdutempspoursevoir.

Royalluiadonnéunpetitcoupdecoudeenbougeantlessourcilsdehautenbas.–Ceneseraitpasaussidifficiledevousvoirsituemménageaischezluicommeiltesuppliedele

faire.Saintarougidavantageetalancéunregardnoiràsonamie.–Jevaislefaire.–Qu’est-cequiteretient?

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Commetoujours,c’étaitCoraquisemêlaitdesaffairesdetout lemonde.Saintaregardéailleurspuisaramenésonregardsurlegroupe.

–J’aipeurqu’ilselassedemoi.UnsilencetotalasuivisesparolespuisAydens’estmiseàriresifortqued’autresclientssesont

retournéspournousregarder.Shaws’est jointàelle,et trèsvite, toutenotreattabléerigolait,augranddamdeSaint.Ellemâchouillaitsalèvreinférieureetjouaitavecsescheveux.

–Cen’estpassidrôlequeça.Royalatapotél’épauledesonamie.– Je t’ai dit que c’était insensé.Ce gars est dingue de toi. Il te baladerait dans sa poche s’il le

pouvait.J’aihochélatête.–C’estvrai.Ilnousrépètesanscessecombientuesgéniale,quelenouveausalonn’auraitjamais

vulejoursanstoi.Lance-toi.Tunevoudraispasregarderenarrièreetterendrecomptequetuasperdudutempsquetuauraispupasseravecquelqu’und’importantpourtoi.

Évidemment,touslesregardssesonttournésversmoi,alorsj’aiprisleverrerosevifquej’avaisdevantmoietaiaffrontéleregardinquisiteurdeCora.

–Tuparlesd’expérience,Salem?Ilyavaitdel’humourdanssavoix,maisaussiautrechosedeplusgrave.Jesavaisqu’elleétaittrès

proche de Rowdy, qu’elle le considérait presque comme un petit frère, donc je n’allais pas fairel’innocenteavecelle.

–Rowdyetmoi,onaperdubeaucoupdetempstouslesdeux.Jenesaispassijeferaisforcémentles choses différemment si c’était à refaire,mais je sais que quand je le regardemaintenant, je voisbeaucoupdechosesquej’auraisaiméconnaître.

–Qu’est-cequ’ilsepasse,exactement,entrevousdeux?Cette question venait d’Ayden, et il n’y avait aucun second degré dans sa voix. Rowdy était le

meilleuramidesonhommeetellenepermettraitpasquejelemanipule.J’aihausséuneépaule.–Ilappelleçarefaireconnaissance.Ellealevéunsourcilbrunquiestmontéjusqu’àsafrangebiendroite.–Ettoi,tuappellesçacomment?J’allaisrépondrelorsqueShawestsoudainintervenue,etj’aicomprisqu’elleétaitlamédiatricedu

groupe.–Laisse-latranquille,Ayd.Aucuned’entrenousn’estbienplacéepourdonnerdesleçonssurquelle

attitudeadopteraveccesgars-là.Essayerdeconstruirequelquechoseaveceux,c’étaitcommetraverserunpontbranlant,sansrampe,etau-dessusd’unprofondcanyon,alorsn’emmerdepasSalem.Rowdyestheureux,ilnecoucheplusaveclamoitiédeDenver,doncpourquoionnepourraitpass’encontenter?

Jen’étaispas ravieque leshabitudessalacesdeRowdysoientconnuesde tousetévoquéesàcemoment-là, mais je ne pouvais pas faire comme s’il avait fait vœu d’abstinence en m’attendant. J’ai

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soupiréetaipasséundoigtautourdureborddemonverre.–Ilyabeaucoupd’histoiresdanslesquellesonpatauge,doncpourl’instantj’avanceaujourlejour.

JesuisvenueàDenverengrandepartiepourlui,maisunefoisarrivéeici,j’aiapprisdeschosesquejenesavaispassurmasœuretlui,etc’estdifficiledel’accepter.

Coraaclaquélalangueetpicorédanssonassiette.–Ils’esttoujoursaccrochéàl’idéequ’onaqu’unseulgrandamour.Onatousessayédeluifaire

comprendre que c’était bête et qu’il y avait un million de femmes merveilleuses prêtes à le rendreheureux,maisilinsistait;enfin,jusqu’àcequetuarrives.Ilachangédechansondepuis.

J’aisoupiréànouveau.–Ilademandéàmasœurdel’épouserquandilavaitdix-huitans,etelleluiaditnon.Unsursautcollectifestmontédetouteslesfilles,etaencorefaittournerlatêted’autreclients.J’ai

secouélatêtetristementetaifaitundemisourireforcé.– Je savais qu’il avait un faible pour elle,mais je pensais que c’était un petit béguin. Jamais je

n’aurais imaginé qu’il voulait passer sa vie avec elle. J’ai peur qu’il ait encore des sentiments quientachentcequ’ilyaentrenousmaintenant.

Coraapoufféderireetapointéleboutdesafourchetteversmoi.–Onatousfaitdestrucsconsquandonavaitdix-huitans.Tuneveuxmêmepassavoirlegenrede

mecsquim’attiraientàcetteépoque.C’étaituneerreur,Salem,causéeparlasolitudeetl’insécurité.Onenatousfaites,àl’époque.

Aydenahochévigoureusementlatête.–J’aiprisdetrèsmauvaisesdécisionsbienavantd’avoirdix-huitans,etmonidiotdefrères’était

déjàretrouvéenferméplusd’unefoisàcetâge-là.Cen’estpasjustedeluireprocherlepassé.MêmeSaintacontribuéaudébat.–Nashm’abrisélecœurenmillemorceaux,pilequandilavaitdix-huitans.Çaafaillim’empêcher

deluidonnerunesecondechancequandilestrevenudansmavie,l’annéedernière.Ç’auraitétémaplusgrosseerreur.

J’aiencoresoupiréetaifinimonverre.Ilm’enfallaitunautre,etpeut-êtreencoreundepluspournoyerlespenséesdemasœuravecRowdy.

–C’estmasœur.C’était une complication qu’aucune d’entre elles ne pouvait réellement comprendre, àmon avis.

Rowdy avait beau compter énormément pourmoi, j’aurai toujours lemême sang que Poppy dans lesveines,etuneloyautésansfaillepourelle.

–Qu’est-cequ’ilditdetoutça,maintenant?J’aimais vraiment beaucoup Shaw. Elle avait toujours les pieds sur terre et dégageait en même

tempsbeaucoupd’amouretdebienveillance.Elleallait faireunemèrespectaculaire,mêmesi lepetits’avéraitaussiincontrôlableetimprévisiblequesonpère.

–Ilpensequecen’estpasàluidemeracontercequ’ils’estpassé.J’aiessayéd’enparleravecPoppy,decomblerlestrous,maisellechangetoujoursdesujetoumerépètequec’estdupassé.Désque

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j’essayedeconstruirequelquechose,lepasséressurgit,derévélationsenrévélations,pourtoutfoutreenl’air.

–Alors,siçanemarchepasentreRowdyettoi?L’accentd’Aydenluidonnaitunairfaussementdétendu.–Tuvasjustefairetesaffairesetettetirer?J’auraisdûluirépondredesemêlerdesesaffairesmaisjenepouvaispasluireprocherdevouloir

protégersonami.–C’estcequejefais,normalement.Lavéritén’étaitpasbelleàentendre,maisc’étaitainsi.–Jen’aimepasquandleschosesdeviennentbordéliquesetcompliquées.Sesyeuxàlateintewhiskysesontplisséspendantuneseconde.–Ondiraitquetuesenpleinmilieud’untrucbordéliqueetcompliqué,pourtant.–Ouais, et pour une fois,mon instinct nemepoussepas à tout laisser tomber pour prendremes

jambesàmoncou.Rowdyatoujoursbeaucoupcomptépourmoi.Maintenant,c’estdifférent,maisjen’aipasl’intentiondelelaissertombersansraison.

Royals’estbrusquementinvitéedanslaconversation,avecsadésinvolturehabituelle.–Bon, jenefaispaspartieducerclerapproché,doncjevaisposer laquestionà laquelle tout le

mondedoitpenser.Sesyeuxétaientpresqueaussinoirsquelesmiensetscintillaientdemalice.–Est-cequ’ilacouchéavecelle?Avectasœur,jeveuxdire?Parcequesic’estlecas,c’estun

peubizarreetjecroisqueça,enplusdelademandeenmariage,çapourraitpeut-êtretefaireprendreunedécision.

J’aieuunmouvementdereculetfaitunegrimace.Jenel’auraisjamaislaisséposerlesmainssurmoisijemarchaisdanslespasdemasœur,sexuellementparlant.

–Non.Jeluiposaislaquestiontoutletempsquandilssontpartisàl’université.Ellenel’amêmepaslaissél’embrasser,jamais.

Royalajetésamassedecheveuxauburnpar-dessussonépauleets’estpenchéeenavantavecunregardvif.

–Alorspeuimportelaraisonquil’apousséàposerlagrandequestion,parcequeçan’étaitpaslegrandamour.J’airencontréRowdy,j’aivucommentilsecomporteaveclagenteféminine.Cen’estpasunmecquivas’engagercommeçaauprèsd’unefemmeavecquiiln’apascouché.Cen’estpaspossible.

–Ilditqu’ill’aimaitetqu’ellel’abrisé.Jedétestaisentendreladouleurdansmaproprevoixquandjeforçaislesmotsàsortir.–Peut-êtrequec’estvrai,maisilyaplusieurssortesd’amour.Peut-êtrequ’ill’aimaitcommeune

sœurouunemeilleureamie,etqu’ilneconnaissaitpasladifférence.Peut-êtrequ’ilessayaitseulementdelaprotéger.Jenesuispasencoredétective,maisjevoisbienqueçanecollepas;surtoutàlafaçondontilt’aattirédanssonlitdèsquetuluienasdonnélefeuvert.Sitasœuravaitétélaseuleetunique,iln’auraitjamaispusurmonterlaculpabilitéqueçaauraitfaitnaîtredecoucheravectoi.Rowdyestun

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hommebien,tousvosgarslesont,d’ailleurs.Mêmes’ilteditquetasœurétaitsongrandamour,cen’estpasforcémentvrai.Observesesactes,passesmots.

Ses paroles m’ont piquée à vif, pas seulement parce qu’elles étaient pleines de sens, mais carjesavaisquesijel’écoutais,c’estmoiquifiniraisenseveliesouslaculpabilité.Sesactes,àl’époque,étaient très clairs. Il avait besoin demoi, comptait beaucoup surmoi, etmême si je le savais, j’étaisquand même partie. Mes propres besoins et envies étaient passés en premiers, et maintenant, en yrepensant, je me rendais compte que même si j’avais dû partir, j’aurai pu le faire autrement, mieux.J’avaislaissémonpèremeforcerlamain,j’avaiscédéàlatentationdelafuiteaulieudepartirdemonproprechefendéfendantlepeudebonneschosesenterréesprofondémentdanslaterreduTexas.Rowdyetmoipartagionstout;nousétionsl’unpourl’autreunsoutiensansfailledansunevilleoùaucundenousdeux ne voulaient vivre. J’aurais dû lui parler, l’inclure dans ma décision. Ça aurait été naze quandmême, et douloureux,mais aumoins il n’aurait pas eu ce sentiment d’abandon, il aurait comprismonchoix.C’étaientmesactesàmoiquiendisaientbeaucoup,etaveclerecul,jelesregrettais.

Cependant, Royal avait aussi raison à propos du fait que son amour pour ma sœur étaitprobablementautrechoseque legrandamour. Iln’avait jamais traitéPoppycommemoi.Avecelle, ilétaitréservéetdiscret;avecmoi,ilétaitlui-même,sanshontenilimites.Jen’étaissimplementpassûredecequecelasignifiaitmaintenantquejeluidemandaisbeaucoupplusquedel’amitié.

Heureusement,jen’aipaseuàm’yattardertroplongtempscarRoyalcontinuaitsursalancéeetestpasséeàAyden.

–C’estquoi,l’histoiredetonfrère?Sonintérêtsemblaitnourriparautrechosequ’unesimplecuriosité,professionnelleouautre.Ayden

apouffé.–L’histoire d’Asa se déroule au fin fondd’unepetite ville duKentucky, et fait un détour par la

prisonpourmineurs,lesdrogues,lesfilles,lesactivitéscriminellesetautresbordels.Elleaavalésasaliveetsespoingssesontserréssurledessusdelatable.–Elleafaillise terminerparunviolentpassageà tabac ilyaunpetitmoment,parcequ’ilavait

décidéd’arnaquerunclubdemotardsetqu’ilssesontvengésàcoupsdebattesdebaseball.Ilesttombédanslecomaetafaillimourir.Iln’ajamaisrespectéaucunerègleniloi,etçaafiniparlerattraper.

Shawa tendu lebraset serré l’épauled’Ayden.Comme il était évidentque labrunetteétait tropémuepourcontinuer,Coraaprislerelaispourlasuitedel’histoire.

–AydenetJetont ramenéAsaàDenverpourqu’ilpuisseguériretse remettresurpied.Ànotregrandesurprise,Romel’atoutdesuiteappréciéetluiafilédutravailaubar.Jepensequemonhommel’aàl’œilparcequ’ilapeurqu’Asareprennesesvieilleshabitudes,maisilsontunerelationtrèssolideetRomesaitcequec’estquedereconstruiresavieenrepartantàzéro.

Ilétaitclairqu’elleétaitfièrequesonanciensoldatbourruait tendulamainaufrèred’Aydenendifficulté.Royalalaissééchapperunsoupirrêveur.

–JepourraispasserlajournéeàregarderAsa.

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Jedevaisadmettrequej’étaisd’accord.LefrèreetlasœurCrossformaientunebellepaire.Jel’airegardéeenlevantunsourciletaiprismonverre.

–Laflicetlecriminel?Ellearetroussélenez.–Ondiraitletitred’unmauvaisromansentimental.Coraari.–Ouunmauvaisporno.–Çanecoûterienderegarder,c’esttoutcequejeveuxdire.Royals’estdandinéesursachaiseetsesyeuxfoncésdansaientdejoie.Aydenluiadit:–Aussijoliequetusois,ilnes’approcherajamaisdequelqu’unquiporteuninsigne.Iln’estpas

entièrementréformé.Jenesuispassûrequ’illesoitunjour.–Ilvioletoujourslaloi?Maintenant,l’intérêtdeRoyalétaittoutsaufmignon.–Non.Aydenapousséunlongsoupir.–Entoutcaspasàmaconnaissance,maisAsaadumalàgérersespulsionsetçanefinitjamais

bien.Ilestheureux,ici.IladoreleBaretilestdevenuvraimentpoteavecRomeetmêmeRowdy,maisparfois, quandune occasion vient frapper à sa porte, il a dumal à ne pas ouvrir, peu importe ce quil’attenddel’autrecôté.C’estpourçaquejem’inquiètedecequ’ilvaluiarriverquandonvapartir,avecJet.J’ail’impressionqu’unedesraisonspourlesquellesilrestesurledroitchemin,c’estparcequ’ilsaitquejesuislàetquejelesurveille.

Sesmotsétaientundurrappelquecettesoiréefilleétaitprobablementunedesdernières.Shawamêmeverséunelarme,maisamiscelasurlecomptedesagrossesseetdeseshormones.QuandAydenetJetdéménageraient, ils laisseraientunvidedans legroupeet jemerendaiscomptecombien ilsétaienttoustrèsproches.Ilsavaientvraimentforméleurproprefamille,etlesliensdesangn’avaientrienàvoirlà-dedans.

–Jeseraideretourquandcebébénaîtra,tupeuxcomptersurmoi.CoraafaitunsouriremaléfiqueàShaw.–Etsic’estdesjumeaux?Jemesuisditquejem’enétaisplutôtbiensortieenn’ayantàenfanter

qu’unseulgéantArcher.Maissituenasdeux?Shawagrognéetaposéunemainsursonventreencoreplat.–Ruleal’airdeplutôtbienprendretoutecettehistoiredegrossessesurprise.Deuxbébésaulieu

d’un,çaleferaitpeut-êtrepéteruncâble.Elleasourietsonregardestdevenuunpeumélancolique.–Marié,unbébéenroute…Sionm’avaitdemandé ilyadeuxanssic’étaitpossiblepourRule

Archer,jemeseraisétouffée.Ellem’aregardéeendisant:–C’estincroyablecommeleschosespeuventchanger.

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Jen’allaispas lacontredireàcesujet.Toutesces femmesavaientconnudesbouleversementsdeviesénormesetaucuned’entreellesnesemblaitleregretter.Enfait,ellesparaissaienttoutesplusforteset incroyablement sereinescar ellesyavaient survécu.Moi, jeme tirais toujours avantdevoirquelleissuem’attendait,mêmesiellepouvaits’avérerbénéfique.

–Ehbien,toutcequejesais,c’estquej’aihâtedevoirlasuite.Pourl’instant,encequiconcerneRowdy,jen’aipasétédéçueetjesuisvraimentcontentequ’ilsesoittrouvéunefamille.Vousavezprissoindeluimieuxquepersonneauparavant.

–Onl’aime.Lesmotsd’Aydenétaientditssimplement,etCoraetShawonthochélatête.–C’estfaciledel’aimer.Çaavaittoujoursétélecas.Coras’estpenchéeenavantetaposélescoudessurlatable,puisson

mentonsursamain.Elleressemblaitvraimentàunlutinpunk.–Jecroisquetoiaussi,Salem.Philsavaitreconnaîtrelesgensbien.Jamais,augrandjamaisilne

t’auraitremisesurlechemindeRowdys’ilnepensaitpasquetuétaiscequ’ilyavaitdemieuxpourundesesgars.

Jen’avaisjamaiseulesentimentd’êtrefacileàaimer.Tropd’annéespasséesàentendrequej’étaishorrible,quejen’arriveraisjamaisàriensijenechangeaispasmesmanières,m’avaientfaitcroirequej’étaisdifficileetquejenevalaispaslapeinequ’onfassedeseffortspourmoi.Jecroisquec’estpourçaquejenerestaisjamaisaumêmeendroittrèslongtemps.Celalimitaitlesrisquesquel’onfinisseparmedirequej’étaistrop,oupasassez.Nil’unnil’autren’étaitacceptablepourmoi,doncjepartais.

Dans le fonddema tête, j’entendaisRowdyme répéter enchuchotantqu’un jour, j’avais été toutpour lui. Je me demandais silencieusement si c’était trop tard pour que je sois à nouveau aussiimportante.Caràcetinstant,c’étaitlaseulechoseaumondequejevoulais.

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Chapitre11ROWDY

J’étaisledernierausalondeLoDo,unsamedisoirtranquille.J’avaisprisduretarddansmesrendez-vous car le rugbyman costaud quim’avait affirmé avoir une « forte tolérance à la douleur » avait enréalitéfaitsongrosbébéetledessin,quin’auraitpasdûprendreplusdedeuxheures,s’étaitéterniséetavait duré quatre heure et demie. J’étais content d’avoir fini, et j’avais dit à Salem de rentrer en luipromettant que je fermerais la caisse et le salon après le dernier paiement. Elle serait probablementrestée rien que pourme tenir compagnie, mais je crois qu’avoir une jolie fille qui le regardait aveccompassionencourageaitlegarsàjouerlacomédie.J’enavaisassezdesonmélodrame,doncj’aiditàSalemquejepasseraischezellequandj’auraisfini.

Çadevenaitdeplusenplushabituel,quej’aillechezelleaprèsleboulot,surtoutquandj’étaisauMarkedcarellehabitaitauboutdelarue,ouqu’ellem’attendejusqu’àcequej’aifiniquandjefaisaismajournéedanslecentre-villepourquenouspuissionsallermangerquelquechoseouboireuncouptouslesdeux.Sansm’enrendrecompte,sanssavoirnipourquoinicomment,j’avaisatterridansunerelationavecunefille.Etj’étaisterrifiéàl’idéedelaquitterànouveau.Lesmotsd’Asasurlefaitqu’ilyavaitunmilliondefillespourunmilliondepremièresfoisrevenaientenboucledansmatêtequandjepensaisàSalem.

Elleétaitlapremièrefillequejedésiraispourplusd’unenuit.Lapremièrefilleavecquijesortaispour de vrai, avec qui je ne faisais pas que coucher. La première fille dont jeme souvienne quimerendaitàlafoischaudetexcité,froidetglacédansunmêmesouffle.Chaquefoisquejelaprenaisaulit,ouquejeposaislabouchesurelle,ouquejelatenaiscontremoi,unepetitevoixdansmatêtemerépétaitquej’avaisintérêtd’enprofitertantqueceladurait.Etcettepenséememettaituneclaquederrièrelatêteetmerappelaitquejedevaisfaireattentioncar,sij’avaissouffertlapremièrefoisqu’elleétaitpartie,jefiniraiscomplètementdétruitsielledisparaissaitànouveau.

Nousavions arrêtéde rattraper le tempsperduetdenous remémorer lepassé,pour apprendre ànousconnaîtredansleprésent,etjedevaisadmettrequej’aimaisbeaucouptoutcequifaisaitlaSalem

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Cruzadulte.Cequejepréférais,c’étaitàquelpointellesemblaitsefairenaturellementuneplacedansmavie,et

aumilieudemesamis.C’étaitcommesielleavaittoujoursfaitpartiedelafamilleduMarked,commesielleavaittoujoursvécuici.Elleétaitdrôle,toujoursradicalementhonnêtemaisunpeuplussubtilequeCora.Ellemefaisaitremarquerquequandj’étaismalàl’aisejedevenaischarmeurpourdétournersonattentiondejenesaisquelsujetquej’essayaisd’éviter,généralementquelquechoseenrapportaveclepasséetsasœur.Elleavaiteuunevieintéressantedepuisqu’elleavaitquittéLoveless,sesvoyagesetaventures lui avaient donné une expérience précieuse de la vie, et fait d’elle une femme réellementindépendante.J’adoraislefaitquesij’étaisfatiguéousijevoulaisvoirJetquandilétaitlà,celaneladérangeaitpas.Elleétait trèsbientouteseuleet je trouvaiscelaremarquablementsexy.Etsielleétaitd’accordpourmelaisserfairemavietantqu’ellefaisaitlasienne,quandnousétionsaulit,onnepouvaitpasêtrephysiquementplusproches.

Lesexen’avaitriendenouveaupourmoi.Jepensaisavoirtoutvuettoutfait.Jeveuxdire,iln’yavaitpasunmilliarddefaçonsdifférentesd’êtreensemblepourdeuxpersonnes.Maischaquefoisquej’étais avec elle, j’avais l’impression de vivre quelque chose de totalement nouveau.Chaque toucher,chaquebaiser,chaquesoupirougrognementguttural,chaqueorgasmeexplosif,dugenrequimedonnaitl’impressionquemacolonnevertébraleallaitsecasserendeuxtantc’étaitintense…Toutcelasemblaitnouveauetcelamedépassait.J’avaisdumalàassimilercequecelasignifiaitetjemedemandaissielleressentaitcequ’il sepassaitentrenousde lamême façon.C’était toutun tasdepremières foisque jepouvaisluiattribuer.

Je sortaispar laported’entréeetvérifiaisqu’elleétaitbien fermée,car le salon restait fermé ledimancheetlelundi,lorsqu’unedoucevoixfémininem’ainterrompu.

–Tufinistard.J’airegardéderrièremoiaprèsavoirmislesclésdansmapocheetaifaitunpetitsourireàSayer,

quej’avaisreconnuedanstoutesonélégancedétendue;mêmeàprèsde21hunsamedisoir,elleavaitunairmajestueuxetraffiné.Onauraitcruqu’ellevenaitdequitterundînerchicouuntribunal.

–Ouaip.Toiaussi?Jen’avaisaucunproblèmeàêtresympa,mêmesicettefoisencore,j’avaisl’impressionqu’ellese

tenaitlàsurletrottoirenfacedusalonrienquepourmoi.Salemm’avaitditqu’elleavaitcroisélabelleavocate une fois ou deux, en allant chercher un café, et elle semblait penser que la jeune femme étaitinoffensive.Jen’étaispascertaind’êtred’accord.

Elleafaitnondelatête.–Non.J’aivuquetutravaillaistoujoursetj’aienfintrouvélecouragedevenirteparlerdelavraie

raison pour laquelle je traîne dans le coin. J’attendais que tu finisses ton tatouage et que tu sortes.J’espéraisquetuauraisuneminutepourdiscuter.Onpeutpeut-êtreprendreuncaféouunverre?

Je l’ai regardée et ai cligné des yeux, surpris. Premièrement, je doutais sérieusement d’être songenre, à en juger par sa réaction la première fois qu’elle était venue au salon. Deuxièmement, elleconnaissaitSalem,doncelledevaitsavoirqu’ilsepassaitquelquechoseentrenous,etsielle ignorait

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volontairement ce fait, alors la classe qui émanait d’elle n’était qu’une apparence. Troisièmement,jecroisquejemefichaisdelavraieraisonpourlaquelleellemesuivaitpartout.

–Euh…Non.Jevoisquelqu’un,enfait.Jenesuispasintéressé.J’avaisgénéralementplusdetactquecelamaisj’étaisprisdecourt.Ellem’afaitunsouriretristeet

aencoresecouélatête.–Pasunrencard,Rowdy.Pasdutout.Ellealâchéunprofondsoupiretj’aivuquelquechosetournerdanssesyeuxtrèsbleus.Sespoings

sesontserréslelongdesoncorpsetelleapiétinénerveusement.Ellealancé,commesilesmotsétaientrestéscoincésenellependanttrèslongtemps:

–Jesuistasœur…Enfin,demi-sœur,maisonestdelamêmefamille.Jen’aipuquelaregarderfixement.J’étaissûrqueceladevaitêtreuneblague.Enfin,aprèscequi

m’aparudurercinqbonnesminutesdesilence,j’aijetélatêteenarrièreetj’airi.J’airisifortqueleslarmesm’en sontmontées aux yeux et quemes abdos ont commencé àme fairemal. Ilm’a fallu uneminutedepluspourreprendremonsouffleetluidire:

–C’estuneblaguetrèstordue,jeunefille.Jenesaispasàqueljeutucroisjouer,maiscen’estpasdrôle,etjesuistoutsaufintéressé.

J’aivoululadépassermaiselleatendusamainmanucuréeetaattrapémoncoude.– Je suis sérieuse, Rowdy. Mon père – notre père – est décédé l’année dernière, d’une crise

cardiaque.Jem’occupaisdesontestamentavecl’avocatendroitsuccessoralquandj’aidécouvertqu’ilvoulaitquejepartagetoutavecquelqu’undontjen’avaisjamaisentenduparleravant…Sonfils.

Sesyeuxmesuppliaient.–Toi.J’ai secoué mon bras pour qu’elle le lâche et me suis éloigné d’un pas. Elle devait être

complètement timbrée,mais quand je l’ai regardée, j’ai remarqué à quel point ses yeux ressemblaientétrangementàceuxquimeregardaientdanslemiroirtouslesmatins.

–Tutefousdemagueule,là.J’avais passé toute ma vie tout seul. J’avais été jeté dans les rouages d’une administration

surpeupléeparcequ’aucunefamillenemeréclamait,etmaintenantcettefemmeessayaitdemedirequependanttoutcetemps,ilyavaiteuquelqu’unavecmonsangdanssesveines.Jenepouvaispasycroire;jenepouvaispaslacroire.

–Ilétaitmariéavecmamèrequandtuesné.Ellemordaitsalèvresifortqu’unegouttedesangaperlésouslapression.–C’étaitunhommetrèsdur,quiavaitbeaucoupdesecrets.Çam’aprisdesmoispourteretrouver.

Ilyabeaucouptropd’enfantsplacés,auTexas.Quandj’aienfinréussiàtelocaliser,jenetrouvaispaslemoyendeteledire.Enfait,j’imaginaisqueçasepasseraitexactementcommeça.Quandmaboîtem’aproposé unemutation àDenver, j’ai pensé que déménager etm’installer icime donnerait le temps deréfléchir à comment t’annoncer la nouvelle, à trouver un moyen de t’approcher et d’apprendre à teconnaître.Maisjen’arrêtaispasmedébiner.

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J’aipassélesmainsdansmescheveux,décoiffantmonstylegominéetlaissantdesmèchesblondesébourifféesdanstouslessens.

–C’estdelafolie.Tuesfolle.Jenesuispasobligéd’écouterça.Jeluiaitournéledosetj’aicommencéàm’éloigner,quandsavoixtristem’aarrêté.–J’aigrandidansunfoyeraseptiséquinevoyaitjamaisuneoncedejoienid’amour.Mamères’est

suicidéequand j’étais adoparcequ’ellen’enpouvaitplusdemonpère,de sonattitude indifférenteetcruelle.Jenepeuxmêmepastedirecombiend’heures,combiendefois,j’airêvéd’avoirunpetitfrèreouunepetitesœur.Jerêvaisdetoi,Rowdy.

Elleavait l’airvraiment triste,maisaussivraiment tarée.Jenevoulaisrienavoiraffaireavecunhommequiavaitabandonnésonfilsetfaitsouffrirsafamille,unhommequim’alaissétoutseul,mêmes’ilétaitmortetquec’estsafillequiétaitlààsaplace.

–Jeneveuxriendelui.Jeneveuxriendetoi.Reparsdelàoùtuesvenueetsachequejeneveuxlamoitiéderiendutout.

J’aicruvoirsesyeuxseremplirdelarmesmaisilfaisaitsombreetj’avaismilleetunechosesquimepassaientparlatête,doncc’étaitpeut-êtrelalumièrequisereflétait.

–Rowdy…–Non.Non,c’esttout.J’aiétéseultoutemavie,etc’étaitnul.Tunepeuxpastepointeraprèstout

cetempsetpenserqu’onvaautomatiquementcréeruneespècedelienfrère-sœurenfinréunis.Tuesuneinconnue,etjeneveuxriendecequetumeproposes.

–Jeneseraisplusuneinconnuesitumedonnaisunechance.J’aidéménagéicipouressayerdeteconnaître.

–Jem’enfous.Jemefousdetoutça.Jeneluiaipaslaisséletempsdedirequoiquecesoitd’autre.Jemesuisdépêchéd’allerjusqu’au

coin de la rue, où mon SUV était garé sur un parking, et j’ai roulé jusqu’à Capitol Hill, où Salemm’attendait.

Moncœurbattaitsifortdansmesoreillesquejen’entendaispaslesvoituresautourdemoi.Mesmainsserraienttellementlevolantquej’étaissurprisdenepasl’avoircasséendeux.Unesœur.Unpère.Tout cela était plus qu’étouffant, et je ne pouvais pas empêcher les pensées de tourner en rond dansmatête.

Salem a répondu à l’interphone et m’attendait dans l’encadrement de la porte. Je ressemblaissûrementàunfou.Mescheveuxétaientdeboutsurmatête,jesavaisquemesyeuxétaientimmenses,etj’entendaislebruitdemarespirationsifflante.Mesmainstremblaientquandjel’aipriseetl’airetournéepourappuyersondoscontrelaported’entrée.

Jecroisqu’ellem’ademandécequ’ilyavait.Jecroisqu’ellem’ademandésij’allaisbien.Jecroisqu’ellem’aditderespireretdeluiparler,maisjenepouvaispasluirépondrenimecalmer.J’étaistropénervé. J’avais l’impressionque le sangdansmesveines avait été remplacépar de l’électricité pure.Mesactesétaientdictésparl’adrénalineetparl’instinctdem’accrocheràquelquechose,àquelqu’unquiavaittoujoursétésolideetlàpourmoi.

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Salem était toujours Salem.Dix années n’y avaient rien changé. Le fait quemon jeune cœur aitsouffert à cause des deux sœurs Cruz n’y avait rien changé. Pas moyen que Sayer l’avocate et sarévélationychangentquoiquecesoit,etc’étaitcedontj’avaisabsolumentbesoinàcetinstant.J’avaisbesoind’elle,commej’avais toujourseubesoind’elle.Mêmeavectoutes les incertitudesqu’ilyavaitentrenous,elleétaitencoremonhavre,commeellel’avaittoujoursété.

Salemportaittoujourslalonguejupecrayonrosevifqu’elleavaitautravailcejour-là.ElleavaitunT-shirt noir avec leSacré-CœurqueRule avait dessiné, et lenomdu salon sur sapoitrine.Ses longscheveuxétaientcoiffésenuntasdebouclesquiavaientl’aircompliquées,etj’allaisprobablementdevoirm’excuserdel’avoirdécoiffée,plustard.Sabouchepulpeuseétaitpeinteenrougesang,alorsquandjel’aipousséefortcontrelaporteetaidévoréseslèvres,jesavaisquej’allaisfiniravecplusderougeàlèvressurmoiqu’elle.

J’aiposélesmainssurl’arrièredesescuissespourremonterletissuépaisdesajupelelongdesesjambes. Je savaisqu’elle était paumée, je le sentaisdans l’hésitationde sesgestes. Jen’y faisaispasattention.J’avaisjustebesoind’elle.J’avaisbesoindeplusqu’uneoreilleattentiveetdegentilsconseils.J’avais besoinque son corps chaud apaise le feu enmoi. J’avais besoinde l’entendre criermonnomd’unevoixpleinedeplaisirpourfairefondrelesstalactitesquipendaientdanslavastecavernevideàl’intérieurdemapoitrine,làoùmoncœurétaitcenséêtre.

Elle portait une culotte en dentelle quime faisait obstacle. Je l’ai déchirée en tirant violemmentdessus,cequil’afaitsursauter.Unefoisquej’airemontésajupeautourdesataille,etqu’elleétaitnueen-dessous, je l’ai portée et coincée entre moi et la porte en appuyant mon torse contre elle. Je lasoutenais avec une main sous ses fesses et j’ai utilisé l’autre pour défaire ma ceinture et descendrel’avantdemonjeantendu.J’essayaisdedisparaîtreenelle.Elleétaitnerveuse, je lesentais.Sesbrasétaienttimidesquandilssesontenroulésautourdemesépaules,etsavoixétaitinterrogatricequandelleaditmonprénom.Jevoulaisluidirequetoutallaitbien,quecelairait,maisjenepouvaispasexprimeruneseulepenséecohérente,j’étaistroppleindecolèreetdubesoind’êtreenelle.

Une fois mon pantalon descendu sur mes fesses, j’ai levé ma main libre sur son visage et j’airepoussé les cheveux qu’elle avait devant les yeux. Ils étaient si grands et si noirs que je voulaismenoyerdedansetneplusjamaisvoirlalumièredujour.

–J’aibesoindetoi.On aurait dit la voix d’un vieillard, qui sortait de moi en sifflant. C’était tellement loin d’être

romantiqueetj’étaissûrqueplustard,enréalisantàquelpointjem’étaiscomportéenbruteavecelle,j’allaismesentircommeunemerde.

Elleabaissélementondansunpetithochementdetêteetsabouche,dontavaitdisparutoutlerouge,aesquisséledébutd’unsourire.J’avaistoujourseubesoind’elle,maismaintenant,c’étaitunbesoinbienplusadulteetplusintime.

–OK,Rowdy.C’estbon.Ellecaressaitl’arrièredematêteetjesuisrentréenelle.Elleainspiréentresesdentsetjemesuis

forcé à arrêter. Elle était loin d’être prête pour moi et pour toutes les choses que je m’apprêtais à

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déverserenelle.Soncorpsrésistaitàl’invasionetj’ailaissématêtetomberdanssoncou.Toutenmoiexigeaitquejefrappeenelle,quejemevidedetoutesmesémotionsdansunorgasmeaveuglant,maisjenepouvaispasluifairemalniprendrecequejevoulaissansriendonnerenretour,peuimportecombienj’avaisl’impressiondeperdrelecontrôle.

–Jesuisdésolé.J’aisoufflécesmotscontresapeaudouceetaiembrassésonpoulsquibattaitenremontantjusqu’à

sonoreille.J’aisentil’étauserrédesoncorpssedétendreunefractionaveccegeste.Jemesuisservidemesdentssurlelobedesonoreilleetjel’aientenduesoupirerdeplaisir.

Elleabougéseshanchesuntoutpetitpeu,etquandj’aisuivilescontoursdesonoreilleavecmalangue, la pression étroite a enfin lâché et je suis entré en glissant jusqu’au bout. Nous étions pelviscontrepelvis,j’aifrottémajouecontrelasienne,bienplusdouce,etellem’adit:

–Ilfautquetumedonnesunesecondepourterattraper.J’ai ri dans ses cheveux et le son s’est vite transformé en grognement àmesure que sesmuscles

intérieursmeserraientetbougeaientlelongdemaqueuegonfléed’unefaçonquiafaitroulermesyeuxdansleursorbites.

–Jetel’accorde.J’aiposéunemain sur sanuqueet ai collémabouchecontre la sienneencommençantàbouger,

maintenantquej’avaislalibertédelefaire.Je l’ai embrasséepourqu’elle sente toutes leschosesqui sepassaientenmoi. Je l’ai embrassée

pourqu’ellemesente.Jel’aiembrassépourluidire,sansparoles,combienjesouffraisetcombienjemesentais brusquement désorienté. Elleme rendaitmon baiser et j’avais l’impression que c’était là que«chez-moi»avaittoujoursété.

Maintenantquesondésirétaitaccordéaumien,j’aienfoncémesdoigtsdanslachairdesesfessesetj’aivraimentcommencéàm’enfoncerenelle.Elleacroisélesjambesautourdematailleetj’aisentisestalonss’enfoncerdansmoncul.J’aidûinterromprenotrebaiserpourreprendremonsouffle,etquandje l’ai fait,ellea reportésonattentionsurmamâchoireetadéposédepetitsbisous tout le longdesaligne contractée. Même alors que je tapais en elle comme un animal en rut, elle essayait encore dem’apaiseretdetoutarranger,mêmesiellen’avaitpaslamoindreidéedecequin’allaitpas.

J’aienfoncémesdentsdanslecreuxdesoncouetaisucéassezfortpourlaisserunemarquesursapeaumate.

J’aisentisaréactionauplusprofondd’elleetcelam’afollementexcité,bienplusqued’habitude.Et ce n’est que quand j’ai senti mes boules se contracter et l’orgasme me prendre de court dans undéferlementdeplaisirquej’aicomprispourquoi.J’airespirésonodeur,embrassélamarquerougequej’avais laisséesur sagorge tandisqu’elle frémissaitet tremblaitautourdemoienatteignant sapropreapogée.Jeluiaiditdoucement,alorsqu’ellerouvraitlesyeuxpourmeregarder:

–Jen’avaisrienmis,Salem.Elle s’est tue pendant une minute et j’ai failli paniquer. Nous n’avions pas encore eu de

conversation au sujet de « j’ai vu ça et j’ai fait ça avec toutes les filles du coin », et je n’avais pas

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spécialementenviedesavoiravecquielleavaitpassédutempscesdixdernièresannées,doncj’utilisaisunecapoteàchaquefoisquenousétionsensemble,etc’étaittrèsbiencommeça.

Ellealevéunsourcilnoiretaposélesmainsdechaquecôtédemonvisage.–Ça va.Tant que tu ne caches rien de flippant dans ton placard, saches que je prends la pilule

depuislongtemps.J’ailevéunsourcilpourrépondreàsonsourireencoin.–Proprecommeunsouneuf.–Moiaussi.Ehbien,laconversationavaitétébienplusfacilequejel’avaisimaginé,etjedevaisadmettreque

celamedonnaitundrôledefrissondepenseràcequ’onvenaitdefaire: lesexesansrienentrenous.J’étaissexuellementactifdepuislongtempsetjenemesouvenaispasavoirétéavecunefillesansquelelatexsoitdelapartie.C’étaitunepremièrefoisdepluspourmoi.

Jel’aiencoreembrassée.Maiscettefois,aveclesoinqu’elleméritaitetavectoutelagratitudequejepouvaisymettre.Nousavonstouslesdeuxémisunsonétranglédeplaisiretderegretquandjemesuisretiréetquejemesuispenchépourappuyermonfrontcontrelesien.Jelatenaistoujourscontrelaporteetj’aimaislapositiondanslaquelleelleétaitcarnosyeuxétaientaumêmeniveauetmêmesijel’avaisvoulu,jen’auraisjamaispuregarderailleursquedanscesyeuxnoirsprofonds.

Elleapassélesmainssurlecôtédematête,oùmescheveuxétaientpluscourts,etalevélamainpouraplatirquelquesmèchesquipointaienttoujoursdanstouslessenssurlehautdemoncrâne.

–Nonpas que je veuillemeplaindred’être prise consciencieusement par undieudu sexe,maistupourraispeut-êtrem’expliquercequiaprovoquétoutça,pourquejesoismieuxpréparéelaprochainefois?

J’aifrottémonfrontcontrelesienensecouantlatêteetjel’aifaitrireenreculantdelaporteetentitubant jusqu’au canapé en la tenant toujours dans mes bras. Mon pantalon était toujours sur meschevilles,doncquandsonsexehumideaatterrisurmonbas-ventre,maqueuetraîtresseatressailli.Jemesuisdemandésij’allaisunjourêtrerassasiéd’elle.

Elleaappuyésesmainssurmesépaulesetm’ademandésuruntontrèssérieux:–Rowdy,qu’est-cequ’ils’estpassé?J’aipenséquece seraitpeut-êtreplus faciledevidermes tripes si jepouvaismeconcentrer sur

autrechose,doncjeluiairetirésonT-shirtcooletaipliélebraspourdégrafersonsoutien-gorge.Ellealevélesyeuxaucieletm’aditquejenepensaisvraimentqu’àça.Jenel’aipascontrediteetaiaussienlevémonT-shirt,etl’aitiréecontremontorsepourquenoscœurssoientl’uncontrel’autreetbattentenrythme.Iln’yavaitriendeplussexyquedesentirlecontactdumétalsurmapeaulorsquesestétonsfrottaientcontremestatouages.Elleétaitcequ’ilyavaitdeplussexyaumonde.

–Tuvois,l’avocate?Elleacoincélatêtesousmonmentonenfrôlantmescôtesduboutdesesdoigts.–Sayer?CellequibossepasloindusalondeLoDo?–Celle-làmême.

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J’entendaisl’amertumes’inviterdansmavoixetsesdéclarationsinvraisemblablesprendrecontrôledemoncorps,mêmesiSalemmetouchaitetmecaressaitcommesij’étaisunloupenragé.Aprèslafaçondontjeluiavaissautédessussansprévenir,cen’étaitpasétonnantqu’elleyailledoucementavecmoi.

–Ehbien?Elleaenfintrouvélecouragedesefairetatouer?J’ailaissééchapperunrireétoufféetdécidéquej’avaisbesoindel’avoirentièrementnueavantde

pouvoircontinuer.Jel’aipousséeàseleverau-dessusdemoietjeluiaienlevésajupemaintenanttoutefroissée,et l’airéinstalléesurmoidesortequ’elleétaitàcalifourchonsurmesjambes.Toutcequisetrouvaitsousmaceintureaimmédiatementremarquéquecertainespartiesdesoncorpsétaienttrèsnuesettrèsprochesdesmiennes.

–Non,maiselleaenfintrouvélecouragedemedirequ’elleestàDenverpourmoi.–Quoi!Cen’étaitpeut-êtrepaslameilleurechoseàdireàlafemmequiétaitnuesurmesgenoux.D’ailleurs

mêmesimoncerveauétaitfatigué,jerecommençaisàbander.–Pasdanscesens-là.Elleditqu’elleétaitmademi-sœur.Elleditquemonpère…J’aifaitlegestedesguillemetsautourde«père».–…quemon«père»estmortl’annéedernière,etquequandelles’estoccupéedelasuccession,

elleaétésurprisedevoirqu’ilavaitlaissélamoitiédetoutcequ’ilavaitàunfilsinconnu…Moi.Maisqu’est-cequejesuiscenséfoutredecebordel?

–Wouah.Cen’étaitqu’unpetitsonsoufflé.–C’estfou.Etc’estbeaucoupàencaisser,Rowdy.–Jesais.Jeluiaidoncditdemelaissertranquilleetquejenevoulaisriendecequ’elleavaitàme

proposer.–Oh,Rowdy…Elleaposésamainsurmoncouetm’aembrasséaumilieudutorse.–Tunepeuxpasvraimentpenserça.JeneconnaispasSayermaiselleal’airgentille,etsiellea

toutlâchéetdéménagésavieentièreicipourteconnaître,cen’estpasrien.Ellealevélatêtepourmeregarder.–Tupeuxmecroire,jelesais,parcequej’aifaitlamêmechose.Jeluiailancéunregarddur.–J’étaistoutseul.Elleaémisunbruitagacé.– Alors pourquoi refuser quelqu’un qui essaie d’avoir un contact avec toi et d’apprendre à te

connaître?Tunepensespasquesituavaisunesœur,tun’auraisplusjamaisàt’inquiéterd’êtreseul?Sesmots et sa visionde la situationmemettaient vraimentmal à l’aise. J’aurais de loinpréféré

qu’ellediseunechosedugenre«Tusaisquemaintenantquejesuislà,tun’asplusjamaisàt’inquiéterd’êtreseul»,maisaulieudecela,ellemeregardaitcommesijel’avaisdéçue.

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– Je n’ai pas besoin d’une famille, Salem. J’ai trouvé la mienne et ils ne me quitteront ni nem’abandonnerontjamais.

C’étaituneattaquecontreellequin’étaitpasnécessaire,etellenel’apasmanquée.Sesyeuxfoncéssesontplissésetelleavouludescendreducanapémaisjenel’aipaslaisséefaire.Jel’aipriseparlatailleetaimarmonné:

–Jesuisdésolé.Jesuisdemauvaisehumeur.Elleapenchélatêtesurlecôté.– Est-ce que tu as peur que quelqu’un d’autre fasse partie de ta famille ? Quelqu’un avec qui

tupartagesdesliensdesang?J’aieuunmouvementdereculetailaissématêteretomberenarrièresurlescoussinsducanapé.–Pourquoitumedemandesça?Elleahausséuneépaulelissecouleurcaramelets’estpenchéeenavantpourembrasserleboutde

monnez.–Laseulefamillequetuasconnueaeuunemortterribleetcelat’aamenéàuneviecompliquée

jusqu’àcequetutrouveslafamillequetuasaujourd’hui.Jecomprendsqueçasoitterrifiantd’accueillirquelqu’und’autreaprèsavoirsubiunetelleperte.MaisSayeral’aird’êtrequelqu’undebien,Rowdy.Elleaidedesenfants,etmêmesidetouteévidence,ellen’apaseulamêmeviequetoietmoi,ellen’estjamaisméprisantenicoincée.Peutêtre,justepeutêtre,quelalaisserveniràtoineseraitpasunechosesihorrible.C’estunesupersurprisequ’ont’offre.

– Si un mec sortait de nulle part et frappait à ta porte pour te dire qu’il est ton frère, tul’accueilleraiscommeçaàbrasouverts?

Elleaeul’aird’yréfléchiretelleadenouveauhaussélesépaules.–Peut-êtrepasàbrasouverts,mais jesuissûrequejene luiclaqueraispas laporteaunezpour

fermerlesverrous.Ellearigoléunpeuencaressantmontorse.–C’est drôle, je n’arrêtais pas deme dire que j’avais l’impression de la connaître, sans savoir

pourquoi. Vous avez les mêmes yeux, et la même couleur de cheveux. Elle est très belle, et elle teressemblevraimentcommeunesœur.

J’ailancéunjuronetcelal’afaitrire.–Ellem’aditquesonpèreétaitmariéquandmamèreesttombéeenceinte.Salemafaitunsondecompassionets’estencorepenchéeenavantpourm’embrasser.–Ilyaunehistoirederrièretoutça.Tuneveuxpaslaconnaître?–Jesuppose…Peut-être.–Personnenevateforcerdoncc’estàtoideprendrelabonnedécision.J’aihaussé lessourcilset luiaisouri.J’aidécidéque j’enavaisfinideparlerdeSayeretdece

qu’ilfallaitfaireounepasfaireàsonsujet.–Donc,çacompte,quetusoisvenuejusqu’icipourmieuxmeconnaître?

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Elleaenroulésesbrasautourdemanuqueets’estglisséeplusprèsdemoi,poursemettrepilesurmataille.Leboutdemaqueuepercéeafrottécontresonsexeetmonœilaeuunticnerveuxenréaction.

–Biensûrqueçacompte.Tuastoujourscompté,groscrétin.Jeluiauraisbienrépondumaiselles’estinstalléesurmonérectionettoutlesangqu’ilmerestait

pouralimenterdespenséesrationnellesafoncédroitversmonentrejambe.–Tucomptesaussi,Salem.Jedevaisledire,justeaucasoùellenelesavaitpas.–Chut,Rowdy…Àmontourdeteprendre.Àn’importequelleheuredujouretdelanuitetàn’importequelendroitdesonchoix.J’aigrogné

quand elle commençait à bouger surmoi et j’ai fermé les yeux pour profiter. Je la sentaismettre del’ordredansmonexistence.

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Chapitre12SALEM

Dimanche,nousavonspassétoutelajournéeaulit.JevoyaisqueRowdyhésitaitencoreàenapprendreplussurSayeretsursonpèrequil’avaitabandonné.Iln’étaitpasparticulièrementbavard,cequiétaittellementcontraireàsanature,quejelelaissaissimplementsemorfondreenlesoutenantdumieuxquejepouvais.Jemesuisassuréequ’ilsavaitquej’étaislàpourenparler,maisquesonattitudebourruenemedérangeait pas tant que le résultat était si délicieux et faisait brûlermon corps. Je savais qu’il allaitdevoirfairefaceàSayertôtoutard,maisjen’allaispaslepousserlàoùilnevoulaitpasaller.

Lelundi,ilvoulaitquej’ailleenrandonnéeaveclui.Cesderniersmois,j’avaiscomprisquepourentretenir son physique impressionnant, il ne mettait jamais les pieds dans une salle de sport, maisil faisait beaucoup d’activités fatigantes en extérieur dès qu’il en avait l’occasion. Il aimait jouer aufootball américain au parc, ou prendre Jimbo en laisse et aller courir. Il aimait aller crapahuter enmontagneetfairedukayaksurleslacsetrivières.Moi,enrevanche,riendetoutcelanem’intéressait,mêmes’ilestvraiquejerataisdesoccasionsdelevoirsuerensebaladanttorsenu.J’étaistrèscontentedemasilhouetteetjepréféraisavoirdesformesplutôtqu’êtretoutesèche.

Jeluiaiproposédedemanderàundesgarsd’yalleraveclui,etj’ailevélesyeuxaucielquandilm’aréponduenmarmonnantdanssabarbe.Jecroisqu’ilauraitbienprofitédel’occasionpourmevoirsueretfinirtoutecrasseuse.Maisj’avaisquelquechosed’importantàfaireavantderetournertravaillermardi,etcelafonctionneraitbeaucoupmieuxs’iln’étaitpasdansmespattes.

IlaconvaincuNashetRomedesejoindreàsonexcursionetestpartiavecmonchien,sansmêmemedemandersi j’étaisd’accordpourqu’ilprenneJimboavec lui,alorsque j’étaisencoreen traindem’habiller,unpeupluslentementquelanormaleenraisondesesattentionsamoureusesetimpitoyablesdelaveille.Quiauraitpupenserquelegentilpetitvoisinsetransformeraitendémonsouslesdraps?Ilfaisaitdeschosesquejen’avais jamaisconnues,etcettecroixenmétalauboutdesonimpressionnantpénismefaisaitfondre.Rienqued’ypensersuffisaitàmefairerougiretmeforceràsecouermamainenéventaildevantmonvisage.

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J’aifaitunesimpletresseavecmescheveuxetaioptépourunetenueassezsimplepourmoi.Unejupe noire serrée et un haut à froufrous qui ressemblait à une tenue de danse flamenco, qui allaitparfaitement avecmamèchedecheveux rouge. J’ai enfilédes talons rouges impressionnants car jenepouvaispaspartirenguerrecontreunefemmesansporterdechaussuresaussiintimidantesquecelledemon adversaire : je n’aurais pas eu confiance enmoi. Jeme suis jetée undernier coupd’œil dans lemiroiretmesuisdirigéeversLoDo.

Lequartierétaitplutôtcalmelelundi,c’étaitunedesraisonspourlesquelleslesalonétaitfermécejour-là. Ilm’a fallu un petitmoment pour trouver l’immeuble où Sayer travaillait car elle nem’avaitjamaisdonnéd’adresseprécise, et quand je l’ai trouvé, j’ai étéunpeu surprise et plutôt intimidée enpassantlesgrandesportesenboisetencuivre.

Ce n’était pas un petit cabinet. C’était une immense entreprise avec plusieurs associés, et toutrespirait la richesse et l’opulencedèsque je suis entréedans lehall. Il y avaitunagentde sécurité àl’accueil,quim’alancéundrôlederegardquandj’aidemandéàvoirSayer.

–Vousavezunrendez-vous?Est-cequej’avaisl’aird’avoirunrendez-vous?J’airetenumaréponsesarcastiqueetaisouri,en

faisantbienattentionàmontrertoutesmesdents.–Non.MaissivousluiditesqueSalemestlàpourlavoir,jesuissûrequ’ellevousdemanderade

m’envoyeràsonbureau.Ilasecouélatêteets’estretournéversl’écrandesonordinateur.–Personnenemontesansrendez-vous.J’avaisenviedeluigrognerdessusetjesongeaisàalleraucaféenattendantqu’elleypasse,comme

ellesemblaitenavoirl’habitude,lorsquej’aientenduquelqu’unappelermonnomderrièrel’agentetsongigantesquebureau.

J’aifaitquelquespasenarrièreetaivuSayerdescendredel’ascenseuravecunejeunefemmeenlarmes.Sayer luidisaitque toutallaitbiensepasser,qu’elledevait lui faireconfiance,maissesmotsrassurantssemblaientavoirpeud’effet.Lafemmeavaitdumascaraquidégoulinaitsursonvisageetnesedoutaitprobablementpasduspectaclequ’elleoffrait,maiselleaditplusieursfois«merci»àSayer,etaacceptédelaprendredanssesbrasavantdesortirparlesluxueusesportes.

Sayer a marché jusqu’à moi et j’ai remarqué qu’elle jouait avec ses mains. Tant mieux. J’étaiscontentedelarendrenerveuse.

–Est-cequetuasuneminute?Jemesuisassuréequ’ellecomprenneàmavoixquemêmesiellen’avaitpasuneminute,elleavait

intérêtàentrouverunepourmoi,etvite.Elleahochélatête.–Monprochainclientn’estqu’àtreizeheuresmaisavantçaj’aiuneconférencetéléphoniqueavec

l’avocatadversepourundivorce.–Çaneprendrapaslongtemps.Envérité,jeprendraiautantdetempsqu’ilm’enfaudraitpourluidirecequej’étaisvenueluidire.

Elleaànouveauhochélatêteetestalléejusqu’aubureau,puiselleafaitunsouriregentilàl’agentde

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sécurité.–Marvin,tupeuxinscrireSalemCruzpourmoietluidonnerunbadgevisiteur?L’agentavaitvisiblementunfaiblepourellecarilneluiapasposédequestionspoursavoirqui

j’étais ou ce que je faisais là, il a simplement fait ce qu’elle lui demandait et je l’ai suivie versl’ascenseur.Nous sommesmontées tranquillement jusqu’audernier étage, et jeme suis rendue compteavec un peu de retard queSayer n’était pas seulement avocate, c’était une associé de ce cabinet bienétabli,etsonbureautrèsclasseetluxueuxenétaitlapreuve.

–Tun’espasn’importequi,enfait?Non?Jeme suis installée dansundes fauteuils à oreilles en cuir, devant sonbureau en acajou, et j’ai

refusésapropositiondemeserviruncaféouunverred’eau.–Monpèreétaitundesfondateurs.J’aiétépistonnée.Ilsfontbeaucoupdetravailprobonoet ils

sonttrèsactifsdanslesdifférentescommunautésoùlafirmeinstalledesbureaux.–Toninfluenceacomptépourqu’ilsenouvrentunàDenver?Elleaunpeurougiets’estappuyéecontreledossierdesonfauteuil.–Quand lapropositiond’ouvrirdenouveauxbureauxest sortie, j’aipeut-êtrementionnéDenver,

maisc’est leconseild’administrationquidoitvoteret ilsauraientpuchoisirSantaFeouPhoenix,quiétaientlesdeuxautresoptionsdiscutées.

–Tusaisquetuauraispuexpliquerquituétais,etéviterdetedonnerlapeinedevenirausalon.Elleafermélesyeuxpendantuneseconde.–Aprèsledécèsdemonpère,çam’aprisunmomentpourretrouverlapistedeRowdy.Pendantce

temps, je n’arrêtais pas de penser que c’était une dernière «merde » de la part d’un homme qui nem’avait jamais aimée. Je pensais que ça devait être une blague ou un stratagème de mon père pourm’empêcherdetouchersonhéritage.Unefoisquej’aisuqueRowdyétaitunevraiepersonne,quec’étaitvraimentmonfrère,jenepensaisplusqu’àlerencontreretàleconnaître.QuandjesuisarrivéeàDenveretquejemesuisposée,ilm’afalluplusd’unmoisneserait-cequepourtrouverlecouragedechercherl’adressedu salon. Ilm’en a falludeuxautrespourpasser lesportes.Quand je l’ai vu, quand j’ai vucombienonseressemblait…

Elleasouffléfortetarouvertlesyeux.–J’aisuquec’étaitvrai.Jemesuisimaginéetouslesscénariospossiblespourluidire.J’aifaitdes

cauchemarsenpensantàlaréactionqu’ilpourraitavoir.Ças’estpasséàpeuprèsaussibienqueprévu.–Tu lui enveuxpour ça ? Il n’avait aucune idéequecegenrede révélationpourrait un jour lui

tomber dessus. Il a toujours été tout seul, il n’a jamais eu de famille avant d’arriver ici et que Phill’acceptedanscelleduMarked.Toutàcoup,ilaunesœuretunpèrequinevoulaitpasdelui.Qu’est-cequetuferais,àsaplace?

Ellem’afixéependantuneminuteavantdefinirparregarderailleurs.–Jenesaispas.Jen’aijamaisvoululuifairedumal,maisjenepouvaispasnonpluscontinuerà

garderçapourmoi. Il fautclore lasuccession.Jen’avaisplusqu’unesemaineavantque lenotairedemonpèrefassecequ’ilfallaitpourlecontactersijenelefaisaispasmoi-même.

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J’aisoupiréetmesuisglisséeunpeuplusprèsduborddemonsiège.– Il fautque tu comprennesquelquechose surRowdySt. James. Il auncœur immense.C’estun

homme bien,mais il a connu trop de souffrance dans sa vie et c’est vraiment dur pour lui de laisserquelqu’unentrer.Lefaitquetusoisdesafamille,liéeparlesang,çaluifoutlatrouilleàunpointquetun’imaginespas.

Sesyeuxbleusétaientidentiquesàceuxdanslesquelsjem’étaisperduetoutleweek-end.–J’aitrouvédesinformationssurlamortdesamèreaudébut,quandj’essayaisdeleretrouver.–Cen’estquelapartieémergéede l’iceberg.Samère,puismoi.Nousétionsvraiment,vraiment

prochesengrandissant, et je l’ai laissé tomber sansme retournerparceque j’étais jeuneetégoïste,etpuisilyaeumasœur.

Jemesuismordulalèvreinférieureetmesuisforcéeàcontinuer.–Rowdyl’adorait,ilétaitamoureuxd’elle,etestmêmealléjusqu’àluidemanderdel’épouser.Mavoixacraquéunpeuetj’aidûm’éclaircirlagorge.–EtpuisilyaPhilDonovan,l’hommequialancélesalondetatouageetsauvéRowdy.Ill’aamené

àDenveretluiadonnélejobdesesrêves,anourrisonart,etl’alaisséêtrel’hommequ’ildevaitêtre.IladonnéàRowdycequ’ilavaittoujoursvoulu,unchez-lui,etilestmortd’uncancerrécemment.Tousceux queRowdy aime le laissent tomber, d’une façon ou d’une autre. C’est pour ça qu’il t’a rejetée,qu’ilnevoulaitrienentendredecequetuavaisàluidire.

Elleaprisunegrandeinspirationquej’aientendueetaposélesmainsàplatsursonbureau.–Çafaitbeaucoup.–Oui.Ilaétéabandonnéparlesgensquiétaientcenséss’occuperdeluietilessaiesimplementde

sepréserver.Elleapenchélatêtesurlecôtéuntoutpetitpeuetm’aregardéeenplissantsesyeuxbleuciel.–Ettoi?Tuespartie,etilt’alaisséerevenir.J’ailâchéunriresec.–J’aiouvert laportemaislecheminestencorelong.Chaquefoisquejeprendsmonsac,chaque

foisquejeluidisquejedoisallerfaireunecourse,ilmeregardecommesijen’allaisjamaisrevenir.Ilme connaît mieux que quiconque, même après dix ans sans se voir, mais il ne me fait pas du toutconfiancequandjeluidisquejevaisresteraveclui.

–Maisvousn’êtespasensemble,touslesdeux?Ellearietretrousséunpeulenez.– Il a cru que je lui demandais de sortir avecmoi hier soir, et il m’a dit très clairement qu’il

fréquentaitdéjàquelqu’un.– On est ensemble, mais je pense que nous ne sommes pas d’accord sur ce que être ensemble

signifie.Elleahaussésessourcilspâles.–Tul’aimes?

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J’aipouffésansaucuneéléganceetaipianotésurmongenoupourrelâcherunepartiedelatensionquimontaitenmoifaceàcettequestion.

–Çafait10ansquejel’aime.Elleafaitunegrimaceetmêmemoi,j’entendaislanostalgiedansmavoix.–Jet’aiditquej’étaisicipourlui.–Commentas-tusuqu’iltelaisseraitrevenirdanssavie?C’estlong,dixans.–Jenesavaispas.Maisc’étaitunrisquequej’étaisprêteàprendre,carmalgrétoutletempsquia

passé, il est le seul qui m’ait marquée. Ça en valait le coup… Il vaut toujours le coup, même simaintenantjesaisdeschosesquinouscompliquentlavie.

–Qu’est-cequetuessaiesdemedire,Salem?Jevoistoutçamaisjeneteconnaispasassezbien,nitoiniRowdy,pourremettretouteslespiècesdupuzzleenplace.

Jemesuislevéeetaipasséunemainsurletissudemajupe.–Jetedisqu’ilvautlapeineetqu’ilfinirapararrêterdetournerenrond.Soispatienteaveclui.

Quandilaurafinid’êtreterrifiéquetusoisunepersonnedeplusquipeutl’abandonnerouledécevoir,ilviendratechercher.

J’aiinsistépourqu’ellevoiedansmonregardcombiencequejedisaisétaitimportant.–Situespartie,ousitun’esplusintéresséequandilcommenceraàvenirverstoi,çavalebriseret

ilneméritepasça.Alorsavantdeprendreladécisiondevraimentêtresagrandesœur,defairepartiedesavie,réfléchisbien.Àquelpointes-tuprêteàl’attendre?

Elles’estégalement levéeet j’aieucettedrôled’idéequeRowdyn’auraitvraimentpaspuavoirdeuxfemmesplusdifférentesàtouslesniveaux,quiessayaienttoutesdeuxdesefaireuneplacedanssavie,exactementaumêmemoment.UnechosequeSayeretmoiavionsvisiblementencommunétaitquenousétionstouteslesdeuxfortesetdéterminées,mêmesinotremauvaisgarçonrésistait.

–Jeneparsnullepart,Salem,etsijedoispartir,jeprometsdefairetoutcequiesthumainementpossiblepourêtresûrequ’ilpuissemeretrouver.Jenevaispasdisparaître.Ilpourravenirmetrouverquandilseraprêt.

Elleacroisélesbrasetm’afaitunsourireencoin.–Cequiestdrôle,c’estquejecomprendstrèsbiencequec’estdeperdrequelqu’un.Mamèrea

mis fin à ses jours quand j’étais assez jeune et mon père était un homme froid et distant qui passaitbeaucoupde tempsà travailleretà fairecommesi jen’existaispas.Techniquement, j’avaisunparentdansmavie,maisémotionnellement…

Elleahausséuneépaule.–J’étaistoutaussiseuleetdélaisséequelui,etilt’avait,toi.Jen’avaispersonne.J’aipassélamaindansmescheveuxetmesuisretournéepourmarcherverslaporte.–Situnefaispasdemalàmongars,tuaurasuneplacedansmavieaussi,Sayer.Jet’aimebien.

Jetrouvequetuasuneclasseincommensurableettuestrèscool.C’estpourçaquejesuisvenueenpaixtedonnerdesconseils.Si jen’étaispaspersuadéequetusois làpourcréerunvrai lienfraternelavec

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Rowdy, j’aurais débarqué toutes griffes dehors et l’une de nous deux aurait fini en sang avant quejereparte.Commejet’aidit,donne-luiseulementunpeudetemps.

J’étais en train d’ouvrir la porte lorsqu’elle a lancémon nom, doucement. Je l’ai regardée par-dessusmonépauleetaivuunelueurférocedanssesyeuxd’océan.

–Jesaisquejen’aipaslesmêmesprérogativesquetoisurlui,maisneledéçoispas,d’accord?Situpensesquejepourraislebriser,imaginecequeçaluiferaitsitupartaismaintenantqu’ilt’aretrouvée.Ilt’aime.Jelevois,donctulevoisforcémentaussi.

–Oh,jelevoistrèsbien.Ilfautjustequejem’assurequ’ilneregardeplusdanslebrouillardquelepasséalaissé,avantdepouvoirycroirecomplètement.Situveuxparler,tusaisoùmetrouver.

J’ai fermé laportederrièremoi et ai repris l’ascenseurpour redescendre jusqu’auhall d’entrée.J’ai fait un clin d’œil à l’agent de sécurité qui m’a regardé en levant un sourcil interrogateur, sedemandantvisiblementcequ’unefilletatouéefaisaitici,maisilétaittroppolipourposerlaquestion.

J’étaisfatiguée.AprèsêtrerestéeéveilléetoutelanuitavecRowdyetaprèsavoirconfrontéSayer,j’étaisprêteàpassermonaprès-midiàfairelasieste.Jenesavaispascombiendetempsunerandonnéeenmontagneallaitprendre,maisjemesuisditquej’avaisletempsdeprendreunburritoàIllegalPeteetdepioncerunpeuavantqueRowdyetlechienrentrent.Jemesuislaisséealléeàunpeudelèche-vitrineset j’ai vu unemini-robe trèsmignonne et jeme demandais déjà comme je pourrais l’utiliser pour laboutique,quandjemesuisrenduecomptequej’avaisperduuneheure.JemesuisdépêchéederentreràmonappartementpourêtresûredenepasmanquerRowdys’ilrevenaitensueurettorsenu…Miam.

Je jonglais avecmes clés en essayant de lui écrire un textopour savoir où il en était, sans fairetomberlederniermorceaudemonburritoquejetenaistoujoursdansmamain,doncjeneregardaispasoùj’allais.J’aifailli trébuchersur les longuesjambesétaléesdevantmaporte,etaiprononcétouslesgrosmotsquejeconnaissaisquandmondélicieuxdéjeunerm’aglissédesmains.Monsacetmesclésontsuivilemêmecheminqueleburritopouratterrirsurlesoldupalierlorsquej’aivulevisagedemasœurcouvertdebleus.

Sesyeuxmarronclairétaientencerclésd’hématomesnoirs.Salèvreinférieureétaitouverte,ainsiqu’unedeseshautespommettes.Elleavaitunbandageautourdupoignet,qu’elle tenaitcollécontresapoitrine,etmeregardait,assiseparterre,commesij’allaisluidonneruncoupdepiedavecleboutdemontalonhaut.Deslarmesbrillaientdanssesyeuxetsalèvreblesséeatrembléquandellem’adit:

– Ta voisine m’a laissée entrer. Elle m’a proposé d’aller chez elle en attendant que tu rentresmais…

Savoixs’estéteinteetunegrosselarmes’estéchappéedesescilsnoirsetesttombéesursajouegonflée.

–Poppy.J’aiditsonnomtoutdoucementetmesuisaccroupiepourposerlamainsursongenou.J’aisortiun

jurondansmabarbequandelleaeuunsursautderecul.J’airamassémesclésetluiaitendulamain.Celam’aserrélecœursifortquej’enaieumal,envoyantqu’illuiafallubienuneminuteavantde

la prendre pour que je puisse l’aider à se relever avec son bras valide. J’ai remarqué qu’elle ne

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s’appuyaitpasdutoutsursonpiedgauche.J’aitendulebrasverselleetairepoussésescheveuxblondmiel sur son épaule, et j’ai émis un sifflement furieux en voyant de très évidentesmarques de doigtsjaunesetvertessurlecôtédesagorge.

Ellepleuraitpourdebonmaintenant,et toutceque jevoulaisétait la faireentreretprendresoind’elle.J’avaismislaclédanslaserrureetj’étaisentraind’ouvrirlorsquej’aientenduunaboiementquejeconnaissaisbien,etj’aisoudainsentideuxgrossespattesdechienderrièremesgenoux.

J’airegardéderrièremoietsijen’avaispaseumapetitesœurbattueetmaltraitéeentrelesbras,ilyadeforteschancesquej’auraiseuunorgasmeinstantané.Rowdyportaitunjeanàtaillebasse,uséàtous lesmeilleurs endroits. SonT-shirt était coincédans l’arrière de sonpantalon comme il le faisaitsouvent, et il était effectivement sale et en sueur.Mais ce n’était pas lemeilleur.Même si toute cetteencrecouvertedesueursursontorsemefaisaitbaver,cequimerendaitvraimentprêteàhurleràlamort,c’étaitlevieuxchapeaudecow-boyenpaillesursatête,en-dessousduquelilmeregardaitavecunpetitsouriresexy.Ce lookmarchait trèsbiensur lui,mieuxquebien,et il lesavait.J’aisentimamâchoiresecontracterquandsonsourires’esteffacéenvoyantquejen’étaispasseule.

Àchaqueclignementd’yeux,onvoyaitqu’illareconnaissait,parvaguescommedansunetempête,etsonregardestpasséd’unbleujoyeuxàunmarineventeux.

–Poppy?Son ton n’avait rien d’accueillant, mais était tranchant, plein d’émotions que je ne pouvais pas

identifier.Iln’avaitpasl’aircontentdelavoiretaremontéunpeulechapeausursonfront.Jimbonecomprenait rienà cequ’il sepassait, alors il faisaitdes allers-retours encourant entre

nous, visiblement inquiet de savoir pourquoi ses humains préférés restaient plantés là comme deuxstatues.

–Qu’est-cequit’estarrivé?Sa voix était dure, et même si on y entendait beaucoup de colère, je ne pense pas qu’elle était

dirigéeversmasœurtremblotante.J’ailâchéunsouffleetcelaafaitvolerquelquescheveuxbrunssurmonfront.

–Onenestpasencorelà.Elleestarrivéeàl’improvisteetjeviensderentrer.SonregardorageuxestpassédemoiàelleetestrestésurPoppy,quileregardait,bouchebéedans

unmélangedechocetd’autrechose,qui ressemblaitdrôlementàde lahonte.Celanemedonnaitpasvraimentenviedebondirdejoiequ’ilm’ignoretotalementpendantleurface-à-facetendu.

Fatiguée par cette situation gênante et pleine de rage que quelqu’un ait osé lever la main aussiviolemmentsurmapetitesœur, j’ai tendu lebrasetouvert laporte. Jimboa foncéà l’intérieuret j’ailancéàRowdy:

–Tuentresoupas?Ilm’aenfinregardéeetsaboucheétaitdéforméeparunegrimace.–Non.Appelle-moiplustard.IlasortisonT-shirtdel’arrièredesonjeanetretirésonchapeauavecdesmouvementsbrusqueset

raides.Ilatiréletissusursonlargetorseetaregardémasœuravecdesyeuxagités.

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–Jen’arrivepasàcroirequetuensoisànouveaulà,Poppy.Ilatournélestalonsetadisparudanslecouloirsansunregardenarrièrepourmoioumasœur.J’ai

serrélesdentsetaigentimentguidémasœurdansl’appartement,puisj’aiprisuneminutepournettoyerlebazarquej’avaislaissédevantlaporte.JevoulaissautersurPoppycarelleétaitvenuesansprévenir.Jevoulais luipasserunsavoncarellenem’avaitpasditcequ’ilsepassaitet jevoulais luifairedescâlins car quelqu’un l’avait battue et maltraitée. Mon premier instinct était d’appeler Saint et de luidemanderdevenirexaminermasœurpourêtresûrequ’elleallaitbien,maisPoppyavaitl’airprêteàsedésintégrer,donccelaallaitdevoirattendre.

Poppyamarchélentementjusqu’aucanapéets’estcommerepliéesurelle-mêmeens’asseyant.Jesuisalléejusqu’aucongélateuretenaisortiquelquesglaçonsquej’aienroulésdansuntorchon.Jeluiaitendulepaquetdeglaceimproviséetmesuisassiseenfaced’ellesurlatablebasse.Poppyavaitlapeauplusclairequemoi,etleshématomesquil’assombrissaientmedonnaientdesenviesdemeurtre.

–Commentes-tuvenuejusqu’ici?Jemesuisditquej’allaiscommencerdoucement,puisqu’elleavaitl’airsieffrayée.–Envoiture.Olivernevoulaitpasme laisserallerà l’hôpitalet je savaisquemonpoignetétait

vraimentabîmé.Cettefois,ilestallétroploin.J’aiinspirésivitequel’airasiffléentremesdents.–Cettefois?Ilsétaientmariésdepuisquelquesannéesmaintenant.Jenevoulaispasessayerdedevinerdepuis

combiendetempsceladurait.J’auraisdûlesentirquandPoppyacommencéàs’éloignerdemoi.Elleahaussélesépaules.–J’aiappeléPapaetjeluiaiditquej’étaisblesséeetquej’avaisbesoind’aide.Ilm’aréponduque

j’avaisbiendûfairequelquechosepourqu’Olivermetraitecommeça.Elles’estmiseàtrembler,arecommencéàpleureretlamainquinetenaitpaslaglacecontreson

visages’estserréeenunpoingsursajambe.–Aprèstout,Oliverestdiacreàl’égliseetc’estunhommebienetdévot,doncc’estforcémentde

mafaute.–Papasavaitquecemectetapaitetilditquec’esttoi,leproblème?Mavoixtremblaitderage.Elleahochélatêteetagrogné,carcemouvementluifaisaitvisiblement

mal.–J’aiattenduqu’Oliverparteautravail,j’aifaitmonsac,etjesuispartie.J’airoulé.Jenesavais

pasdutoutoùj’allais.Jesavaisjustequejesouffrais,etledernierendroitoùj’avaisenvied’êtreétaitLoveless.Cen’estquequandjemesuisarrêtéepourprendredel’essenceàlafrontièrequejemesuisrenduecomptequej’allaisverstoi.

J’aitendulebrasetluiaiprislamain.–Pourquoitunem’aspasdemandédel’aideplustôt?Jeseraisvenuetesauver.Elleasecouélatêteetaencoregrimacé.

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–Jenesuisplusunepetitegamine.Jesavaisquecequ’ilsepassaitn’étaitpasnormal.Çafaitdesannéesqu’ilmefrappeàdesendroitsquepersonnenevoit.Çanefaitpaslongtempsqu’ilacommencéàperdrelecontrôle,etquej’aifiniparressembleràça.C’étaitdepireenpire.

–Poppy…Ellealaissééchappéunrirecassé.–Onparlaitd’avoirdesenfants.Jenevoulaispas,pasavecquelqu’uncommelui.Pasavecunevie

commeça.Ellearetirésamaindelamienneetl’apointéeverssonvisagemeurtri.–Ça,c’estlerésultatdemon«non».–NomdeDieu.Elleariànouveau.–Dieun’arienàvoirlà-dedans.J’aicoincéunemèchedecheveuxderrièresonoreilleetl’airegardée,choquée,pendantuneminute.–Jen’arrivepasàcroirequejen’avaispaslamoindreidéedetoutcequ’ilsepassait.Elleahausséuneépauleetl’alaisséeretomber.–Cen’estpasquelquechosedontjesuisfière.J’auraisdûêtrecapabledefairelamêmechoseque

toi,departir.Dèslapremièrefoisqu’Oliveralevélamainsurmoi,jesavaisquej’auraisdûpartir.J’aidéjàconnuçaetjen’aipasretenulaleçon.

–C’estdeçaqueRowdyparlaitquandilt’avue?–Jen’arrivepasàcroirequ’ilne t’aipasdonné tous lesdétailsglauques,sachantquevousêtes

visiblementbeaucoupplusprochesquequandonétaitgosses.–Ilm’aditquec’étaitàtoideracontercettehistoire.Untoutpetitsourireestpassésursaboucheblessée.–Ilatoujoursétéplusintègrequetouslesautreshommesquej’airencontrés.–Ilm’aditqu’ilt’avaitdemandédel’épouseretquetuavaisrefusé.Àmavoix,onauraitcruquelesmotsdevaientlutterpoursortirtellementçafaisaitmaldelesdire.–Non,Salem,ilnem’apasdemandé:ilm’aproposé.Cen’estpasdutoutlamêmechose.J’étais

enceinteduquarterbacketlemecm’avaitditdem’endébarrasserpourqu’ilneperdeniseschancesdepasser pro ni sa réputation de bon américain propre sur lui. Quand j’ai refusé de mettre fin à magrossesse,ilm’atapédessus.Iln’yavaitqu’àRowdyquej’avaisl’impressiondepouvoirledire.Pourautantcen’étaitpaspossiblequej’acceptesonoffre.Contrairementàcequ’ildisait,ilnem’aimaitpasvraimentetnevoulaitpassemarier,donc je luiaiditnon,que je l’aimaiscommeunfrère. Ilestallétabasserlepèredubébéetilestparti.Ilessayaitdemesauverdemoi-même.Unesemaineaprèsqu’ilsoitparti,j’aifaitunefaussecoucheetlequarterbacknem’aplusjamaisadresséunseulregard.

Maisquiétaitcettefille?Jeregardaisuneinconnuedanslecorpsdemasœur.–Papaétaitaccabléparmaruptureaveclastardufootball.Ilaimaitbeaucoupl’idéequejefinisse

avecunsportifcélèbre.Elleafaitunegrimace.

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–Ilatoujoursditqueçaaideraitàeffacerl’affrontquetuavaisfaitàl’honneurdelafamille.J’étaisbête. Je ne l’aimais même pas, en plus. Je faisais juste ce que je faisais toujours et j’agissaismécaniquementcarc’étaitcequetoutlemondeattendaitdemoi.C’estcommeçaquejesuisretombéesurunhommequipensequec’estnormaldefrapperlafemmequ’ilaime.Jenepeuxplusfaireça.Ilfallaitquejebrisemeschaînes.Ilétaitplusquetemps.

–TuasbrisélecœurdeRowdy,Poppy.Jenepouvaism’empêcherd’avoiruntonunpeuaccusateur.– Oh, attends, Salem. Ne sois pas ridicule. Rowdy n’a jamais été amoureux de moi. Il s’était

convaincu que j’étais la fille parfaite pour lui parce qu’il ne pouvait pas t’avoir, toi. Aucune grandeaventure nem’attendait. Pas de risque.Pas d’imprévus. Il ne pouvait pasm’aimer puisqu’il était déjàamoureuxdetoi.Etill’esttoujours,apparemment.

–Quoi?J’étaisabasourdiedel’entendredirecelacommesic’étaituneévidence.–Iln’ajamaisétélui-mêmeavecmoi.C’étaittoujourslaversion«église»deRowdyquandj’étais

là.Avectoi,ilétaitinsouciant,ouvert,etheureux.Etpuistuespartie.J’ailaissématêtetomberenavantpendantuneseconde.–Etpuisjesuispartie.Etj’ailaisséderrièrelesdeuxpersonnesquej’aimaisleplusetquiavaientbesoindemoi.–Maistuesrevenue.–Jenesaispasàquelpointc’estimportant.Apparemment,c’estledépartquimarquelesesprits.J’aisoupiréetmesuislevée.–Çavautcequeçavaut,maisjesuiscontentequetusoislàetjevaist’aideràtedébarrasserde

ceschaînesetdetoutcequetuveuxpourquetupuissesquitter tavieàLoveless,Poppy.Personnenemériteça.

Ellem’a laisséemepencher et la prendredansmesbras sans sursauter, donc jeme suis dit quec’étaitlemomentdetentermachance.

–J’aiuneamiequiestinfirmière.Tudevraismelaisserl’appelerpourqu’ellet’examine.Jeluidemanderaissiellevoulaitporterplainteplustard,quandelleseraitprête.Elleasoupiréeta

repoussé les cheveux qui tombaient devant son visage sansme répondre. Je crois qu’elle voulait quepersonned’autrenelavoiecommeça.Lahontequ’elleressentaitétaitpalpable.

–Jesuiscontented’être iciaussi,et je trouveçagénialquetuaiesréussiàretrouver toncheminversRowdy,mêmesiçaapristrèslongtemps.

C’était drôle qu’elle utilise lemot « retrouver », car tout à coup, jeme sentais plus perdue quejamais.Jenesavaispascommentj’avaispulouperlefaitquemasœursefaisaitbattreparsonmarietquemonpèreétaituntyranaupointd’ignorerlasouffrancequevivaitsonpropreenfant.Jenesavaispascomment j’avais faitpournepasvoirquecequ’ilyavaitentreRowdyetmoiquandnousétionsplusjeunes était si important, et allait plus loin qu’une simple camaraderie. Et, surtout, je ne savais pas

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exactementcequecelamefaisaitdevoirquelefantômequiplanaitenpermanenceentreRowdyetmoiétaitlà,enchairetenos,etallaitêtreimpossibleàignorerpourluicommepourmoi.

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Chapitre13ROWDY

Il fallait que je rentre chez moi, prenne une douche, mais je n’étais pas d’humeur à être seul, et lapersonneavecquijevoulaisêtreétaitactuellementencompagniedelapersonnequejepensaisnejamaisrevoir.Danscescirconstances,jemesuisdirigéversleseulendroitoùjepourraistrouverquelqu’unquicompatiraitetquimeserviraitdel’alcoolmêmeparuncalmelundiaprès-midi.

LeBarétaitassezagité,considérantquel’happyhournecommençaitquedansuneheureetqueleslundisn’étaientgénéralementpasdesjournéestrèschargées.Leshabituésétaienttousalignésàleurplacehabituelleaubar,maisilyavaitaussiungroupedegarsplusjeunesetbruyantsrassemblésautourdestablesdebillarddanslefond.Asalesregardaitd’unœilprudentetjemesuisfaituneplaceaumilieudesancienscombattantsgrisonnantsassis,telsdessentinelles,devantlebarauxnombreusescicatrices.

–Ilsontl’airsympa.Mavoixétaitlourded’ironiealorsqu’Asaposaitunebièredevantmoi,etilaplisséencoreplusles

yeuxquandunchœurdecrisetdehululementss’estélevélorsqueDixiearenverséunplateaupleindeverres.

–Jenesaispasd’oùilsviennentmaisj’aimeraisbienqu’ilsyretournent.–Iltefautunvideur.–Romes’occupaitdelaplupartdesvoyous 1.Ilaeuunpetitrirequandj’ailevéunsourcilàcausedesonjeudemotssurmonnom.–MaisaveclebébéetCora,iln’estpluslàaussisouventqu’avant.Çanemedérangepasd’ouvrir

quelquescrânespar-cipar-là,maisj’aiuncasier,doncilfautquejefassegaffe.–Embauchequelqu’unpourlefaire,siRomenepeutpas.IlalongélebarpourpréparerunetournéedeverresqueDixieluiavaitdemandésetestrevenuen

s’essuyantlesmainssurl’arrièredesonjean.–Romem’aparléd’ungarsquiétaitavec luià l’armée.Jecroisque lemecestbientôt libéréet

penseàvenirdanslecoin.Jepensequ’illuigardelaplace.TuconnaisRome,ilnelaisserapaspasser

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uneoccasiond’aiderunanciensoldats’illepeut.J’aihochélatêteetaitirésurl’étiquettedemabièreavecmonongle.–Ilaamenélebébécetaprès-midi,quandonestallésmarcherdanslesmontagnes.Tuauraisdûle

voir.Lesoldatgéantetbaraquéqu’oncroiraitcapablededéplacertoutelachaînedemontagnesàmainsnues,quitrimballaitsonpetitpaquetrosetoutenveloppédenœudsetdedouceur.Elleesttellementpetiteentresesmains,etillaportecommesielleétaitenverre.Ilsformentunebonneéquipeetc’estévidentqueRJfaitcequ’elleveutdesonpapa.

–Romeestunveinard.Ilméritetoutcequ’ilpeutavoirdebien,aprèscequ’ilasacrifiédanssavie.

J’airelevéleborddemonchapeauetl’airegardécarjevoulaisvraimentconnaîtresaréponseàlaquestionquej’allaisluiposer.

–Est-cequec’estcequ’il fautpourêtre récompensépar ledestin,pour trouver levraibonheur,danslavie?Sesacrifier?

Enretour,lesyeuxdorésd’Asasesontremplisdemillequestions.–Jenesaispas.Peut-être.Jesaisquejen’aijamaisfaitpasserquiouquoiquecesoitavantmoi-

même.Jenevoispaspourquoi jemériteraisd’avoir legenredeviequ’aRome,oumême legenrederelationqu’ontAydenetJet.Ettusaisquoi?

Ils’estappuyésurlebar,enfacedemoi,etacroisélesbras.–Çamevacommeça.Jen’aijamaisrienfaitpourméritercequ’ilsont.–Etsi tuessayaisdefairechanger leschoses?Être ici,maintenantetdonneruncoupdemainà

Rome,retournersurledroitcheminpourqu’Aydennepassepassavieàs’inquiéterpourtoi?Çanevautpasunrepentiretunechanced’êtrevraimentheureux,pourtoi?

Jedétestaispenserquelepasséallaitpourtoujoursdéfinirl’avenir,pourquiquecesoit.EtsurtoutpourAsa,carsoustoutsoncharmenatureletsonattitudenonchalante,jesavaisquec’étaitvraimentunmecbien.

–Jel’aidéjàdit,sijesuiscapabledebienmecomporteretêtreunmechonnête,çaneveutpasdirequec’estdansmanature.C’estuntravailquotidiendemerappelertoutcequej’aiàperdresijeretombedansmesvieilleshabitudes,maisellessonttoujourslà;latentationdeprendrelecheminleplusfacile,ledésirdenepenserqu’àmoi.Jenesuispaslegenredegarsquiméritedeschosesbienetauthentiquesdans sa vie. Je suis sûr que si je construisais une relation qui me semblait destinée, je la détruiraiprobablement.CommeavecAyden.Jemedébrouilletoujourspourdétruirecequ’ilyadebondansmavie.

J’aisoupiréetaiprisuneautregrandegorgéedebière.–Ehbien,merde.Jesuispasséenespérantquetupourraismemettredemeilleurehumeur.Ils’estdécollédubarquandilaentendulebruitd’unverrebriséaufonddelapièce,etilafroncé

les sourcils lorsque Dixie s’est avancée dans cette direction pour subir une série de sifflementshumiliants.

–C’estvraiquetuavaisl’airunpeuénervéenentrant.Qu’est-cequ’ilsepasse?

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Etc’étaitpourcelaqu’Asaétaitaussibonderrièreunbar.Ilpouvaitparlerde tout.Ilétaitd’unehonnêtetébrutalequantàquiilétaitetcequ’ilavaitfait,cequirassuraitsouventlesmecsquivenaienticiavecleurspropresproblèmes,etilsemblaittoujoursavoiruneréponsepourtouslesfardeauxquiluiétaient livrés.Mêmesi laplupartdesconseilsqu’ildonnait étaientdesconneries, ils faisaient toutdemêmedubienàentendrequandilsétaientservisavecunsourireassuréetsonpetitaccent.

–LasœurdeSalemadébarquésansprévenir.C’étaitcommesij’avaisétépropulsédanslepasséquandj’avaisvuPoppytoutetuméfiée.–Jen’étaispasprêtpourça.Jeneleseraijamais.J’ai enlevé mon chapeau de paille et me suis passé les doigts dans les cheveux, pleins de

transpiration.–Tudevaisbiensavoirquec’étaitinévitable.Tucouchesavecunesœur,àunmomentouunautre,

tuvasvoirl’autre.J’ailancéunriresec.–Honnêtement,jepensaisqueSalemenauraitdéjàeumarreetqu’elleseraitpasséeàautrechose,

commeellelefaittoutletemps.Jen’aijamaispenséqueçadeviendraitaussisérieux.–Tu temens à toi-même,Rowdy.C’estdevenu sérieuxà laminuteoùelle a franchi laportedu

salon.–C’esttoiquiledis.–Alors,lasœur?–Poppy.C’estunefillegentille.Legenrestable,unpeuvieilleécole,etquimetlafamilleaucentre

de tout. Elle est mariée, maintenant. J’ai toujours cru qu’elle serait la fille parfaite pour moi, maismaintenantjecommenceàvoirquej’essayaispeut-êtredemeprotégercarjesavais,déjààl’époque,queSalemallaitmequitter.

D’autres cris ont retenti dans le fond du bar et un autre bruit de verre cassé s’est fait entendre.J’aivulamâchoired’Asasecontracteretilacommencéàavancerversleboutdubar,versl’ouverture,pourpasserdel’autrecôté.

–Qu’est-cequiamènelasœurici,sielleasonhommeàlamaison?Dixie se précipitait vers nous quand je me suis retourné sur mon tabouret. Ses yeux étaient

écarquillésetsavoixsecouée.–Cesmecssontincontrôlables.Ilsn’ontprisqu’unpichetdebièreetilsfontcommes’ilsenavaient

buvingt.Ilsontjetédeuxpintesparterreetilyenaunquiaessayédemetripoterquandjeleuraiditquejeneleurapporteraispasd’autreverre.Jeneleurservirairiend’autre!

Asaatendulamainetluiatapotélebras.–Tun’espasobligée.Ilsnevontpasresterlàtrèslongtemps.Asam’avaittoujoursparutranquilleetserein,doncc’étaitunpeualarmantdevoirunticnerveux

agitersamâchoire,etdesétincellesdecolèrefairebrillersonregardgénéralementcalme.–Tuveuxquejefassequelquechose?

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Jen’allaispasresterassislàpendantqu’ilessayaitdesedébarrasserd’ungroupeincontrôlabledegaminsbourrésetplusnombreuxquelui.

–Non.Jevaism’ensortir.Ilariunpeuetaprislamêmeposequemoi.–J’étaiscommeeux,avant.J’aifaitlagrimace.–Àcepoint-là?–Carrémentpire,enfait.–Jecroisquejenet’auraispasbeaucoupappréciéavantquelesmotardstecassentlagueule,Asa.Ilm’aregardéducoindel’œil.–Iln’yavaitpasbeaucoupdegensquim’aimaientbien.Bref,raconte-moipourlasœur.–Elleatoujourseuledondetrouverlepiremec.Àvoirsatête,celui-làestallétroploin.Cen’est

paspossiblequesonpèrenel’aitpassuetjecroisqu’elleenaenfineuassez.Àquoiçasertd’êtreloyalàunefamillequivateregardersouffrirsansrienfaire?

–C’estdommage.–Ouais,etlefaitquej’airéagicommesijem’étaisprisunsacdebriquessurlatêtequandjel’ai

vuen’apasvraimentpluàSalem.–Çadoitêtredurpourelle.Ellet’amaintenant,maisellepensequesasœuratoujoursunmorceau

detoi.C’estunehistoireasseztorduequ’elleasouslesyeux,aupasséetauprésent.– Je ne ressens plus rien pour Poppy, à part de la compassion et peut-être beaucoup de regrets.

Quandjel’aivueaujourd’hui,c’étaittrèsclair.J’étaischoquédelavoiretinquietqu’ellesoitrecouvertedebleus,maisc’esttout.CequeSalemmefait,àquelpointellemecomprend…Jen’aijamaisrieneudetoutçaavecPoppy.Salematoujoursétécelleversquij’étaisattiré,j’étaisjustetropjeuneettropapeurépourcomprendrecequecelavoulaitdire.

Asaaacquiescéets’estdécollédubarquandl’undesgarsdugroupeaprisunequeuedebillardetl’abalancéeverslatêted’undesespotes.L’autremec,manifestementenétatd’ébriété,abaissélatête,etaplongésurlesjambesdel’attaquant.Enunefractiondeseconde,ilsroulaientparterredansuntasdebrasetdejambesemmêlésetlablaguesetransformaitviteenvraiebaston.

Asas’estdirigéverslarixeavecunedémarchedéterminéeetjeluiaiviteemboîtélepas.Lesdeuxgarçonsseroulaientparterre,despoingsvolaient,etdusangcoulaitdeleursbouchesquiproféraientdesinsultesetdesmenacesponctuéesdegroscoupsdepoing.Asaaattrapélegaminquiavaitcommencétoutcebazaretaessayédeledétacherdesonpote.Undesautresgossesdugroupes’estavancéversAsaetj’aisecouélatêteendisant:

–Tuferaismieuxdenepasfaireça,petit.Lejeunem’aregardécommes’ilévaluaitseschancesdemebattre,quandj’aiétédéconcentrépar

Asaquialancéunelongueséried’insultes.Legaminqu’ilavaitattrapéavaitretournésaragecontreluietn’épargnaitpasmonami.Asatenaitlepetitparlanuqueavecunbrasrepliéentresesdeuxomoplates,mais ce que le gosse avait bu avait dû anesthésier la douleur et il donnait tout ce qu’il avait pour se

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dégager.Ilajetélatêteenarrièrepouressayerdemettreuncoupdebouleetajetésesjambesenarrièrepourdonneruncoupdepiedàcethommebienplusgrandetbienplussobre.

–Arrêteça,petitcon.Asaasecouélemômeetm’aregardéalorsquejemepenchaispourvoircommentallaitl’autre.Pas

enpleineforme,sil’onencroyaitsarespirationronflanteetsonvisageensanglanté.–Voustous,vousenavezfiniici.Toutlemondebougeverslaporte.Legaminavecquiilluttaits’estlibéréenlançantsoncorpsenavant.Asa,surpris,l’alâchéetle

petitconest tombéfacecontre terre.Lemecs’est retournésur ledosetnousaregardéavecdesyeuxmenaçants.

–Vatefairefoutre.Jepeuxacheteretrevendrecebaraumoinscentfois.Asam’aregardépuisaregardélagrandegueulequiavaitréussiàseremettreàgenoux.–Ehbien,tantquetonnomn’estpassurlespapiers,tespotesettoi,voussortezvospetitsculsde

monbar.Deuxdesescomparsessontarrivésderrièreetl’ontaidéàserelever.–Tuvasmeforcer,boutdechou?Tuposeslamainsurmoietjetefaisunprocès,etàluiaussi.Lemecm’amontrédudoigtetj’ailevéunsourcil.–Jeferaiunprocèsàtouslesconnardsicietjeteferaiarrêterpourcoupsetblessures.Jeconnais

mesdroits.J’aigrondéetAsaafaitunpasenavant.–Faisgaffeàtoi.Jene savaispas si cet avertissement s’adressait augaminouàAsa,mais jepouvais imaginer la

situations’envenimerd’unesecondeàl’autre.–J’aifaitdelaprison,petitemerde.Plusd’unefois.Alors,quiditmieux?Quelques-uns des habitués avaient déjà rappliqué pour voir ce qui causait tout ce bordel. Les

chances étaient unpeuplus équilibréesmaintenant,mais le petit jetait un regardnoir àAsa comme sic’étaitsonennemijuré.

–Regardeçaplutôt.LegaminaempoignésonentrejambeetAsaafaitunpasenavantavecunairmenaçant,doncj’ai

tendulebraspourleretenir.–Tuveuxquej’appellelesflics?Jetrouvaisquec’étaitunebonnequestionétantdonnélescirconstances,maisAsaetlegaminm’ont

touslesdeuxlancéunsaleregard.J’ailevélesmainsensignederedditionetaifaitunpasenarrière.–Sors.De.Là.Simpleetconcis;onnepouvaitpassetromper,c’étaitledernieravertissementqueleblondduSud

donneraitàlabande.Lesamisdugarsluirépétaientdelaissertomberetluidisaientqu’ilyavaitpleind’autresbarsoùilspouvaientaller,maislemecetAsaneselâchaientpasdesyeux,etnil’unnil’autrenevoulaitabandonner.LegaminaenfinfaitungestepourrepoussersesamisetamontréAsadudoigt.

–Onn’enapasfini,trouducul.

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Ilaregardésonéquipeetaaboyé:–Onyva!Commesic’étaitsonidéedequitterleslieuxdepuisledébut.Ilafaitexprèsdecracherdusangpar

terreetderenverserunetableensortant.Asa, qui était habituellement calme, tremblait de rage. Ses yeux brillaient et ses mains étaient

serréesenpoingsd’acier.Ilavaitl’airprêtàdéfoncerunmur.Undeshabituésamarmonné:–Jeluiauraismismonpoingdanslagueule,moi.Puisils’esttraînéjusqu’aubaretAsaalaissééchapperunprofondsoupir.–Tutesouviens,quandjetedisaisquefairecequ’ilfautestfranchementdur?Exempleparfait.Ilalevéunemainetl’apasséesursonvisage.–Quelquesmois plus tôt, je l’aurais sûrement fini à coups de pied, pris ce qu’il avait dans son

portefeuilleetsûrementsameufenmêmetemps,etjemeseraistiré.Ou,plusprobable,j’auraistrouvéquelqu’unpourfairelesaleboulotàmaplaceetj’auraiseudeuxpauvresconsàmestroussesaufinal.Maintenant,ilfautquejemedisequesijefaiscegenredeconneries,Romepourraitêtrepoursuivi,jepourraisfinirenprisonoumêmeàlamorgue,etça,çacraint.

J’étaisd’accordaveclui,doncjen’airienditetjel’aisuivijusqu’aubarpourpayermabièreavantd’enfinrentrerchezmoiprendreunedouche.

–Ehbien,parfois,lameilleurechoseàfairen’estpasunebonnechosepourautant,parceques’ilyabienquelqu’unquimériteuncoupdepoingdanslaface,c’estlui.

Etceluiquis’étaitservidePoppycommepunchingball.J’aiposéquelquesbilletssurlebaretairemismonchapeausurmatête.

–Onsevoitplustard,mec.–Ouais,etRowdy…Jemesuisarrêtéetl’airegardé.–Tameuf a juste besoinde savoir qu’elle est la seule à occuper tes pensées.Tu étais peut-être

perdu quand tu étais jeune, tu avais peut-être peur et tu t’es accroché à quelqu’un d’autre, maismaintenant, tuprends le risqueet il fautqu’elle sachequec’est elle.Çane fait rienqu’elle soit celled’après,tantqu’elleestladernière.

–Putain.Tuesbonpourcetrucdeconseilsdebarman.Ilarigolé.–Quandtunefaisquedeserreurs,tuapprendscommentaiderlesautresàleséviter.Mercid’être

demoncôté.Jen’aipasl’habitude.–Peut-êtrequetuméritesplusquecequetucrois,boutdechou.Ilm’a jeté un regard noir et je suis sorti en riant avant de rejoindremon SUV.Le soleil s’était

couchémaisc’était encoreune trèsbelle soiréed’été, avec tout justeassezd’air fraispour sentirquel’automneallaitarriver.LetempspassaittellementvitedepuisqueSalemétaitarrivéequejenem’étaismêmepasrenducomptequelesdouxmoisd’étéétaientpresqueterminés.

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Enrentrant, jemesuisdéshabilléetnettoyé.Mespenséesétaientàdesmillionsdekilomètres, jesautaisdupasséauprésent,ettoutcequ’ils’étaitpassécesderniersmoismeprenaitlatête.

Jeregardaislatéléetjetravaillaissurquelquescroquispourmesrendez-vousdulendemain,quandonafrappéàmaporte.J’aiétésurprisparleson,maispasdevoirlabeautébrunequandj’aiouvertlaporte.J’aiposéuneépaulecontrel’encadrementdelaporteetl’airegardéeenlevantunsourcilalorsqueJimboafoncépours’installeràsaplacepréféréesurlecanapé.

–Jepensaisquetuallaism’appeler.Jeluiavaisbienditdem’appelerplustard.Elleapenchélatêteenarrière.–Jenesavaispasvraimentquoidire.–Pourquoitueslà,alors?Nous allions bien finir par devoir nous expliquer, salement etméchamment, à propos de Poppy,

maisjesavaisquec’étaitencoretropàvifettropfraispourlefairecesoir.Salemavaitététoutaussisurprisequemoidevoirsasœur,etj’étaissûrequ’elleétaitmorted’inquiétudeàcausedesonétat.

Elleajetésescheveuxenarrièrecommeellelefaisaitsibienetm’aregardéenclignantdesyeux.Celam’aatteintdroitdansleventrequandelleabattuceslongscilsetm’adit,d’unepetitevoix:

–Jeneveuxpasallermecouchersanstoi.Voilàunepremièrefoisquiavaitdupoids!Elleétaitégalementlapremièreetseulefillesansqui

jenevoulaispaspasserlanuit.Elleestpasséedevantmoienmefrôlantetalaissésamainglissersurmontorseaupassage.

–Mais,j’aiunerequête.J’aifermélaporteetl’airegardéeavancerversmachambrecommesiellelefaisaitdepuistoujours

etcommesic’étaitleseulendroitoùellevoulaitêtre.–Laquelle?Ellem’aregardépar-dessussonépauleetsonsourireétaitpleindesensualité,desurprisesetde

toutcequej’avaistoujoursvoulusanslesavoir.Çaaenvoyédesvaguesdedésir,chaudesetrapides,dansmonsang.

–Remetslechapeaudecow-boy.Putaindemerde.Ilétaittempsdemonterenselle.

Quand je me suis réveillé, Salem était partie, et le chien aussi. Je me suis dit qu’elle avait dû

retourner chez elle pour se préparer pour le travail et s’occuper de Poppy. Il y avait beaucoupd’avantagesaumétierde tatoueur.Undemespréférés, c’étaitque jen’étaispasobligéd’allerbosseravant midi si je n’avais pas envie. J’ai pris mon temps pour me préparer, et j’ai tourné dansl’appartement enpréparantmoncafé. J’avais fini dem’habiller et j’étais en traind’enfilermesbottesquandj’aientendufrapperàlaporte.J’aisupposéquec’étaitSalem,commelaveille,etaifaillitomberàlarenversequandj’aiouvertlaporteetaivul’autresœurCruzdeboutenfacedemoi.

–Poppy?Ellem’aregardéavecsesyeuxcerclésdenoiretj’aieuenvied’étranglerceluiquiluiavaitfaitdu

mal.

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–Jemedemandaissijepouvaisentreretteparlervitefait?Celamesemblaitêtreunetrèsmauvaiseidéemaisjenetrouvaispasderaisonderefuser,doncj’ai

faitunpassurlecôtéetelleestentréedansmonappartement,enregardantdanstouslescoinscommesiquelqu’unallaitsurgirpourl’attaquerd’unesecondeàl’autre.

–JesupposequeSalemsaitquetueslà,puisquetuconnaismonadresse.J’aifermélaporteetm’ysuisadosséencroisantlesbras.Elleahochélatêteetafaitlescentpas

devantmoiensetriturantlesmains.–Jeluiaiditqu’ilfallaitquejeteparleseule.Jecroisqueçaneluiplaisaitpasvraiment,maiselle

m’adonnétonadresseetm’aexpliquécommentvenir.Elleestvraimentfolledetoi,tusais?–Jepréféreraisnepasparlerdemavieamoureuseavectoi,Poppy.Pourquoies-tulà?JenesavaispassijeparlaisdeDenveroudechezmoi,maisj’accepteraislesdeuxréponses.Ellea

passésescheveuxderrièresonoreille,exactementcommesasœurlefaisait,maisd’unefaçonbeaucouppluscraintiveetnerveuse,moinssexyetassuréequeSalem.

–Jetedoisdesexcuses,Rowdy…Etbeaucoupplusqueça.Ellealaissésesbrasretomberets’estmisefaceàmoi.–Tuétaisvraimentgentilavecmoiettuastoujoursessayédemeprotégerdemoi-même.–Jecroyaisquejet’aimais.C’étaitlapremièrefoisquej’exprimaisàvoixhautemesdoutessurlessentimentsquej’avaiseus

pourelle.–Jesaisquetupensaisça,maistuétaisleseul.J’aipoufféetmesuisdécollédelaporte.–Commentsavais-tuquejemetrompaismoi-même?Elleapenchélatêteetasouritristement.–JevivaisdanslamêmemaisonqueSalem,etj’aidesyeux.Jevoyaiscommenttuétaisavecelle.

Elleterendaitvivant,etj’étaislàquandelleestpartie,ettut’esaccrochéàmoicommeàunebouéedesauvetage.J’aicomprisquetupensaisquejenereprésentaisaucunrisque,quej’étaisennuyeuseetquejenechangeraisjamais.Rowdy,quellefillevoudraitêtrelasolutiondefacilitédequelqu’un?Tun’asjamaisessayédemeprendre lamainnidem’embrasser,mêmequand tuascommencéàcoucheravectoutesmescopines.Lessignesétaientassezévidents.

Jemesuispassélesmainsdanslescheveuxcarjen’avaispasencoreeuletempsd’ymettredugel.–Jet’aisuivieàlafac,Poppy.Çadevaitbiensignifierquelquechose.Je ne savais pas si je le disais pour la convaincre ou pour m’en convaincre moi-même. Elle a

soupiréetafaitquelquespasversmoi.–J’étaistacouverturedesurvieettuétaislamienne.Tun’avaispersonned’autreàquit’accrocher,

etj’avaispeurd’êtrequelqu’und’autreaprèsavoiressayésilongtempsd’êtreunefilleparfaite.Aveclerecul, je saisque j’auraisdûmebattrecontre toi, j’auraisdû tediredeme lâcheretd’aller faireuneécoled’art,commeSaleml’auraitfait,maisj’aiétéégoïsteetj’avaispeur.

Elleaprismamainetl’aserrée.

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–Jenesaispascequej’auraisfaitsitun’avaispasétélàquandjesuistombéeenceinte,Rowdy.Tu étais la seule personne qui ne me donnait pas l’impression que j’avais commis un péchéimpardonnable.

J’aivudeslarmesmonterdanssesyeux.–Mercid’avoiressayédemeprotéger.J’ailâchéunjuronetl’aitiréecontremoipourlaprendredansmesbras.Elleavaitencorebesoin

dequelqu’unpourlaprotéger.– Pourquoi es-tu rentrée, Poppy ? Pourquoi n’es-tu pas allée vivre ta vie et trouver ton propre

bonheur?Pourquoiretourneràlacasedépart?Ellepleuraitmaintenant,jesentaisseslarmesimbibermonT-shirtdesMeteors.– Je ne savais pas quoi faire d’autre. Je ne savais rien faire du tout. J’ai toujours été une petite

marionnette,laparfaitepetitefillefaçonnéeparl’éducationinfernaledesonpère.Jesuisretournéeàcequimesemblaitconfortable,etregardeoùçam’amenée.

–Salemt’auraitaidéeàt’ensortir.Putain,moiaussi,situm’avaisappelé!Jel’aiserréeplusfortcarellecommençaitàêtresecouéedesanglots.–Jepensaisquejeméritaistoutça.Jepensaisquec’étaitmapunitioncarjen’avaispasfaitcequ’il

fallait,parcequejen’avaispasétéunebonnefille.J’aieudesrelationsavantlemariageetmonbébén’apas survécu. Je pensais que tout ce qui arrivait avait pour but dememontrer qu’il fallait que je soismeilleureetquejesuivedavantagelesordresdemonpère.JepensaisqueDieumedétestait,etvoilàlerésultat.Lapremière fois qu’Oliverm’a frappée, j’ai vraiment, vraiment cru que je n’avais pas assezrachetémespéchés.Jecroyaissincèrementquec’était legenred’hommeavecqui jedevaisêtre ;quec’étaitàçaquemaviedevaitressembler.

–NomdeDieu,Poppy!Toutcequejepouvaisfaireétaitsecouerlatête.–Onesttousdespécheursd’unemanièreoud’uneautre.Personnenedevraitporteruntelfardeau.–Monpèreavumonvisage,ilavulescoups.Ilsavaitcequ’ilsepassaitetiln’ajamaisrienfait

pourmeprotéger.C’estunhommedeDieuetilalaisséfaire,ilalaissésafillesefairefrapperparunhommequiétaitcensél’aimer.Pendantlongtemps,j’aipenséqu’ildevaitvraimentcroirequec’étaitcequejeméritaisaussi.

UneraisondeplusdedétestercethommequiavaitforcéSalemàfuir.–Qu’est-cequiachangéalors?Elles’estreculéeetalevélesyeuxversmoi,couverted’hématomesetdelarmes,etj’aicompris

quejel’aimaisdetoutmoncœur,maisdefaçontrèsplatoniqueetattentionnée.Ellem’aimaitcommeunfrère,doncc’étaitparfaitementnormalquejel’aimecommeunesœurenretour.

–Pleindechoses.MaislefaitqueSalemaitretrouvésoncheminjusqu’àtoietaitl’airheureuse,vraimentsincèrementheureuse,alorsqueçaluiavaitmanquédepuisqu’elleétaitpartie,çaabeaucoupcompté.Jemesuisrenduecomptequeletempspassaitetquelaviecontinuaitpourtoutlemonde,peuimportecequ’ils’étaitpassé.J’aipurgémapeinepourtouteslesmauvaisesdécisionsquej’aipriseset

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il est temps que je sois libre. Je ne serai jamais parfaite et je ne serai plus jamais punie pour mesdécisions.

Jel’aiserréeplusfortetairépétéunedesphrasespréféréesdeRome:–Bravo,mafille.J’allais luidemandercommentellesavaitavecautantdecertitudequeSalemavait toujoursvoulu

êtreavecmoi,quandj’aientenduunaboiementetlaportes’ouvrir.–Jem’inquiétaispourvousdeux,doncjemesuisditquej’allaisjeterunœilpourvoircommentça

sepassait.Jimbotournaitenronddansmonsalonencourant,toutexcité,etj’aivulesyeuxdeSalempasserdu

noiràunecouleurencoreplusfoncéequandelleavuquejetenaissasœurdansmesbras.J’ailaissémesbrastomberetaifaitunpasenarrière,carjesavaisquec’étaitsûrementunedrôled’image,tandisquePoppyavaitlehoquetetessuyaitsesjouespleinesdelarmes.

–Çavamieux,maintenant.La voix de Poppy était étonnamment clairemais Salem refusait deme regarder, et on aurait dit

qu’elleavaitunmauvaisgoûtdanslabouche.–Ouais,onanettoyélacrassedupasséettoutestbeaucoupplusclairpourmoi,maintenant.J’espérais qu’elle relèverait le sous-entendu subtil de mes paroles mais elle a aspiré sa lèvre

inférieureentresesdentsetaenrouléleboutdesescheveuxautourdesondoigt,commeellelefaisaitquandelleétaitagitée.

–D’accord.IlfautquejeramèneJimboàlamaisonetquej’ailleenville.Poppym’acontournéaprèsm’avoirprislamainpourlaserrerunedernièrefois.–Jevaisleprendre.J’ail’impressionquelepoidsquipesaitsurmapoitrineadisparumaisjesuis

encoreépuisée.Ellem’aadresséunpetitsourireetaappelélechiothyperactifensifflant.–J’étaisvraimentcontentedeterevoir,Rowdy.Tum’asmanqué.Etmerde.C’était lapirechosequ’ellepouvaitdirealorsqueSalemsemblaitdéjàsurlepointde

m’écorchervifoudefairesavalisepourcourirversl’aéroportleplusproche.Jelavoyaisdéjàfoncerhorsdechezmoi,horsdemavie,alorsjeluiaiprislebrasetl’aitiréecontremoiavantqu’ellefassequoiquecesoitd’irréfléchietdedéfinitif.

–Ellepleuraitetjemesentaismalpourelle.Jeluiaijustefaituncâlin…C’esttout.–Tantmieux.Elleasûrementbesoind’unmaximumdecâlins.Sesmotsmedisaientunechose,maissonlangagecorporelendisaituneautre.–Salem…J’aimisundoigtsoussonmentonpourlaforceràmeregarder.–Ellen’estpastoi.Personnen’est toietpersonnen’ajamaisété toi,alorsnevapastefairedes

idées,d’accord?Ellenem’apasréponduetabougépourquejelâchesonbras.–Ilfautquej’yaille,ettoiaussi.Nesoispasenretardautravail,Rowdy.

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–Salem…Ellem’aregardépar-dessussonépaulecarelleétaitdéjàentraindesortir.–Nem’abandonnepasànouveau.Ellen’arienditetjenel’aipasappeléequandelleadescendulecouloiretadisparu.Commejeledisaistoujours,sansmamalchance…Évidemment,ilavaitfalluqu’ellearrivepileau

momentoù j’avaisPoppydans lesbras,mêmesic’était totalement innocent. J’allaisdevoir suivre lesconseilsd’Asaetm’assurerqu’ellesache,sansl’ombred’undoute,qu’iln’yavaitqu’elle.Ellen’étaitpeut-êtrepasmonpremieramourmaiselleseraittoujoursledernieretmaintenant,jecomprenaiscequecelavoulaitdire.

1.NdT:rowdyenanglais

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Chapitre14SALEM

Jen’allaispas lequitter, en toutcas,pasphysiquement,maismonesprit était loin, et jedétestais lesendroitsqu’ilvisitait.

Jenemanquaispasdeconfianceenmoietjesavaisquemasœuravaitbesoindetoutl’amouretdetoutelagentillessequ’ellepouvaitrecevoir,maiscelanechangeaitrienaufaitquevoirRowdylatenircomme si elle était une chose rare et précieuse avait brisé quelque chose dans mon cœur. J’étaisconfiante,j’étaissûrequ’êtrevenueàsarechercheavaitétélebonchoix,maisj’avaisunepeurimmense,la peur qu’une partie de lui voie toujours Poppy comme le choix le plus sûr. Et puis, ses instinctsprotecteurss’étaientforcémentréveillésenvoyantmapetitesœurcouverted’hématomes,etjen’étaispasentièrementcertainequecelan’allaitpasleramenerverslessentimentsqu’ilavaitpuavoirparlepassé.Jevoulaisarrêterdedouterdecetterelationquenousavionsconstruite,jevoulaisquemesincertitudesparaissent idiotes et déplacées, mais je n’arrivais pas à gérer, et au final, j’avais choisi, lâchement,d’éviterRowdycarjenesavaissimplementpasquoiluidire.

Heureusement,personnenem’aposédequestionquandj’aiditquej’étaismaladelemercredi,pournepasavoiràmeretrouverseuleavecluiaunouveausalon.Jesavaisqu’ilétaitencolère,carilavaitappeléetm’avaitlaisséunmessagepourmeledire.Jesuissortieaveclesfillesaprèsleboulotjeudi,pouréviterqu’ilsepointechezmoi,j’étaissûrequ’ilallaitvenircarilm’avaitenvoyéuntextomenaçantde lefaire.J’aimêmeappeléSayerpourvoirsiellevoulaitmangerunboutvendrediaprès le travail,toujours pour l’éviter. Je ne savais vraiment pas quoi lui dire sans paraître jalouse et mesquine. Jen’arrivaispasnonplusàenvisagercequejeferaissimespeursseréalisaientetqu’iladmettaitqu’ilétaittoujoursamoureuxdemasœuretquecequenousavionsn’étaitqu’unepassade.

Coraet lesfillessentaientquequelquechosen’allaitpas,maisjen’arrivaispasàfairesortir lesmots pour leur expliquer tout ce qui tournait en boucle dansma tête et blessaitmon cœur. Je leur aiseulement dit quema sœur était arrivée sans prévenir et que sonmari la frappait, et que j’étais doncstresséeparcettesituation.C’étaienttoutesdesfemmesintelligentesetj’étaissûrequ’ellesarrivaientà

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lireentreleslignes,maisellesonttoutesétéassezgentillespourmepermettredepasserunesoiréesansêtreforcéedesortirmestripes.

J’avaisbesoind’uneminutepourréfléchir,d’unpeudetempspourcomprendrecequejefaisaisetcomment j’allais me dépêtrer du fait que j’étais amoureuse de quelqu’un qui ne m’aimerait peut-êtrejamaisenretour.Maisc’étaitdurcar ilmemanquait.Luiparlermemanquait.Jedétestaismecouchertoute seule et j’avais vraiment l’impression d’être une garce car mon pauvre chien n’arrêtait pas deregarder la porte, se demandant sûrement pourquoi son copain de jeu n’était pas là. Personne n’avaitjamais dit que les relations de couple étaient faciles,mais pourtant, je n’avais jamais pensé que celaseraitsidifficileetdouloureux.

Enplusdetoutcela,Poppymemenaitlaviedure.Jecroisqu’ellesavaitquejem’éloignais,quejemettaisdeladistanceentreRowdyetmoiàcaused’elleetdemespropresdoutes,etellen’aimaitpasceladutout.Ellem’arépétéaumoinsdixfoisqu’ellenevoulaitpasmeservird’excusepoursabotermonproprebonheur.Ellerépétaitencoreetencorequecelan’avaitjamaisétéetneseraitjamaiscommeçaentreelleetRowdy.Ellem’aditd’ouvrir lesyeuxetderegardercequ’ilavait fait. Ilavaitétéassezcourageux,ilm’avaitdésiréeaupointdeprendrelerisquedecommencerquelquechoseavecmoi,mêmes’ilsavaitqu’ilyavaitdeschancesquejenerestepasàDenvertrèslongtemps.PourPoppy,çamontraitcombienjecomptaispourlui,etjenepouvaispaslacontredire,maisjenesavaispasnonplussic’étaitsuffisant.

Levendredi,Sayeretmoinoussommesinstalléesdansunrestauranttrèssnob,situéprèsdusalon,etellem’aressortimespropresparolesquandj’eusfinideluiraconter,àcontrecœur,touslesdétailsdecettesituation.

–Ilvautlecoup.Ilavaittoujoursvalulecoup,maiscelanevoulaitpasdirequej’étaisaussicourageusequeluiet

prêteàtoutluioffrirenprenantlerisqued’êtresonsecondchoix.Jen’avaisjamaisaimépersonneaprèslui,quandilavaitétémaseulesourcedejoiedansmajeunesse,et jedoutaisdemacapacitéà jamaisaimerquelqu’und’autrequelui.Ilétaittoutpourmoimaintenant.

Incapabledecontinueràyréfléchir,j’aichangédesujetdeconversationetaidemandéàSayerdem’endireplussursonenfanceavecl’hommequiavaitlaissésonfilsdansunno-man’slandaulieudelerécupérer.Ellem’adonnéunaperçudesonhistoireetjecommençaisàpenserqueRowdyavaitpeut-êtreeudelachanceetqueson«rienn’arriveparhasard»étaitfinalementvrai.Ildevaityavoirunebonneraisonpourqu’ilatterrissechezlesvoisinsOrtega.Iln’auraitjamaispusupporterl’éducationfroideetl’hommeglacialqueSayeravaiteupourpère.Celamesemblaitsifamilierquej’enavaisletournis,maisc’étaitencorepirequechezmoi.

Je luiaiparlédemonpère,deses règlesetde lamaindeferavec laquelle ilcontrôlait toute lafamilleetquim’avaitfaitfuirlamaisonpardésespoir,etjeluiaiexpliquécommentcelaavaiteuuntelimpactsurRowdy,mêmeaprèstantd’années.

–Ilétaittellementpetitquandsamèreestmorte.Ilneserappellepasbeaucoupd’elle,maisd’aprèssesquelquessouvenirs,elleétaitgénialeaveclui.Toutcequ’ildit,c’estqu’ilsesouvientqu’elleétait

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trèsjoyeuseettoujourssouriante.Quesonsourirepouvaitilluminertouteunepièce.Quandelleluiaétéarrachéeetqu’ils’estretrouvéenfoyer,jecroisquepersonnenesavaitquoifaired’ungaminsauvagequiétaitrongéparlechagrin.Ilsesentaitcomplètementseul.

J’aisoupiréetairemarquéqueSayerclignaitfortdesyeuxpourcontenirsonémotion.–Jemesouviens,un jouraprès l’école, je l’aivuassis sur leporchedenotremaison. Iln’avait

qu’onzeoudouzeansàl’époque,et ilétait trèsmal.Jeluiaidemandécequin’allaitpaset ilm’aditqu’ils faisaient un projet d’arbre généalogique dans un de ses cours, et que les autres gamins semoquaientde luicar iln’avaitqu’uneseulebranche : lui-même.Jevoyaisqueça luidonnaitenviedecrier, de pleurer devant tant d’injustice, mais c’était comme s’il acceptait que tous ceux qu’il aimaitsoientpartisetqu’ilseraitseulpourtoujours.

J’aisecouélatêteetaiprisleverredevinquiaccompagnaitmondîner.–Jeluiaiditquesonarbren’avaitsimplementpasfinidegrandir.Ilyajouteraitdesbranchesen

grandissant. Il tomberait amoureux, aurait des enfants, des beaux-parents, et ferait pousser son proprevergerdeSt.James.Jecroisqueçal’aaidésurlemoment,maisaprèsj’aifaitvolte-faceetmesuistiréedecetteville.Masœur luiaditnonquand ilaproposéde l’épouser,doncni l’uneni l’autren’avonsvraimentaidéàapaisersapeurpaniqued’êtreabandonnéparceuxqu’ilaimeleplus.

Ellem’afaitunsourireetaprissonverredevinaussi.–Jeseraisravied’êtreunebranchesurcetarbre.Onpourraittouslesdeuxs’aideràneplusjamais

êtreseul.J’aihochélatête.– Il finiraparcomprendreça.Poppyn’arrêtepasdemedirequ’il l’a toujoursaiméecommeune

sœur,maisqu’ilnelesavaitpasparcequ’ilavaittroppeurqu’ellel’abandonne.Sic’estvrai,alorsilfiniraforcémentparchangerd’avisetilvoudraaimersavraiesœurdelamêmefaçon.

–J’espère.Ellealevéunsourciletapointélehautdesonverreversmoi.–Etj’espèrequetuterendscomptequetufaisexactementlamêmechosequelui.Tulaisseslapeur

déciderdeteschoix.Tuasdéjàpassédixansdetavieàtrouvertaroute.Çaseraitridiculedegâcherçaàcaused’uneéventualité.D’aprèscequetum’asditetcequej’aivu,Rowdyn’estpasdugenreàallervoir ailleurs. S’il avait eu des sentiments pour ta sœur, il ne serait pas furieux contre toi et il ne teharcèlerait pas parce que tu l’évites depuis une semaine. Il essaie de temontrer qu’il te cherche, toutcommetuesvenuelechercheraprèstoutcetemps.

J’ai faitunegrimacequi l’afait rireet jen’aipaspurésisterà l’enviedecommanderundessertquand le serveurestvenunousvoir. J’avais lecafardetmonhommememanquait,donccela justifiaitparfaitementdelaglaceetdesbrownies.

– Je n’avais pas le choix.Mais au final, je crois que j’essaie de retrouvermon chemin vers luidepuislasecondeoùjesuispartie.

–Çaadûêtredurpourvousdeux.

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– Ouais. Dès que je suis partie, j’ai su que les choses ne seraient pas faciles pour lui, maisj’essayais d’être optimiste. La famille d’accueil chez qui il était pendant tout le lycée était vraimentcomposéedegensbienetjepensequ’ilssubvenaientàsesbesoinsdebase,maisiln’yavaitpersonnepour l’aider à construire sonavenirou lui apprendreà suivre soncœur.Tu savaisqu’il avait jouéaufootballaméricain?Ilauraitpupasserpro,s’ilavaitvoulu.

Jenepouvaispasretenirlafiertédansmavoix.–Ilétaittrèsdoué,maisiln’ajamaisadoréça.Cen’étaitqu’unmoyendes’intégrer.Ilaimaitl’art

etilvoulaitdessiner.Làaussi,ilétaitincroyablementdouéetc’étaitsavraiepassion,savocation.J’ai repoussémes cheveux surma nuque etmes épaules pour luimontrer le champ de fleurs et

d’oiseauxdansmondos.–Iladessinéçapourmoiquandilavaitdouzeans.Lesoiseauxétaientlibresetilsavaitquec’était

laseulechosequejevoulais.C’étaitsafaçondemedonnerunpeudelibertédanslerègnedemonpère.Sayers’estpenchéepourregarderledessin,etquandelleareculé,elleaposélesmainssurlatable

etm’alancéunregardgrave.–Salem,jeneconnaispastrèsbienRowdymaisquandjeregardeça,jevoisquelqu’unquit’offre

soncœur.Jen’arrivepasàcroirequetuteposesdesquestionssurcequ’ilressentpourtoi.Quelautrehommeavoulut’offrircequetuvoulaisleplus?Cen’étaitqu’ungaminàl’époqueetilessayaitquandmêmederéalisertesrêves.

Etmerde.Dit comme ça, je sentaismon cœur remonter dansma gorge etmes doutes semblaientpitoyablesetinfondés.

–Çaatoujoursétéunmectrèsparticulier.–Ehbenalors!Jesuissûrequ’ilacomprisqu’ilméritaitunefille trèsparticulièreenretour.Je

suiscertainequetasœurestadorable,Salem,maisellel’alaisséluicouriraprès,lasuivre,sacrifiersesétudesetunpossibleavenirpourelle,sansypenseràdeuxfois.Tuespartie,maistuesaussirevenue.Tuasquittétonboulot,tavie,ettoutcequetuconstruisaisàVegasquandtuassuqu’ilétaitici.Jepensequeleplusimportantn’estpaslevoyage,maisladestination.

J’aifinimonverre.–Tuasfaitlamêmechose.–Oui,et jenepeuxqu’espérerqu’ilfiniraparcomprendrecequeçaveutdire.Jecroisqu’il l’a

déjàcomprisavectoi.Jen’étaispasencoresûredecelaàcentpourcent,maisquandjesuisrentréeàlamaisonetmesuis

encore fait engueuler par ma sœur car je n’étais pas là quand Rowdy était passé pour me voir, j’aicommencé à y croire unpeuplus. Ilm’a envoyédeuxmessages avant que j’ailleme coucher et je netrouvaisplusderaisonde l’ignorer,donc j’ai réponduque je leverraisau travail le lendemainetquenouspourrionsdiscuterceweek-end.Jenevoulaispasquel’ambiancesoitbizarreetgênanteentrenoustoute la journée. Je luiaiaussiditbonnenuitetmesuisempêchéed’ajouterquec’étaitnuldedormirtouteseule.Jimbom’alancéunregardtristeavantdemontersurlelitducôtéoùRowdydormaitetdeposersatêtesurmonbras.

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J’aicaressésatête,etsonnezretroussétandisqu’ilmeléchait lesdoigts.Ilgrandissait tellementvite.

–Jevaismedébrouiller,Jimbo.Jetelepromets.Lechienagémi.–Jesais.Ilmemanqueaussi.

QuandRowdyestentrédanslesalondetatouagelelendemainaprès-midi,jepensaisqu’ilallaitme

sauterdessusetm’assaillirdequestions,etexigerdesréponsesàmoncomportementrécent,maisilnel’a pas fait. Ilm’a souri avec son charme habituel et est allé préparer son poste car il enchaînait lesrendez-vous toute la journée. Ilnem’apas regardée,n’apasessayédemeparlerplusquenécessairependanttoutelajournée.Soncomportementmestressaitetmerendaitencoreplusmalqu’avant,etbiensûr,commejenel’avaispasvudepuisquelquesjours,toutcedontj’avaisenvieétaitdeleregarderetmeremémoreràquoiilressemblaitquandilneportaitriend’autrequesonchapeaudecow-boy.S’enestsuivieunematinéetrèstendueetdésagréable.

J’allaisluidemanders’ilvoulaitdéjeuneravecmoi,etpar«déjeuner»,j’entendaislelaissermetripoterenprivétandisquejefaisaisdemonmieuxpourluiprésenterdesexcusesetexpliquertouteslespenséesfollesquinemelâchaientplusdepuisquejel’avaisvutenirmasœurdanssesbras.Iladisparuavantquejepuisseluidemander.Celam’amisd’humeuramèreetronchonnepourlerestedelajournée.Jesavaisquecen’étaitpaslogiquecarc’étaitmoiquiavaisjouéàcache-cachetoutelasemaine,maisjenepouvaispasm’enempêcher.Heureusement, lapremière livraisonpour laboutiqueest arrivéedansl’après-midietj’aipumonterpourtrierlesT-shirts,débardeurs,vestes,chemisesàl’ancienneethautschaudsàmancheslonguespourvoirlerésultatquetoutceladonnait.

Lesmecsavaient faitdesmerveillesavec lesdessins.Enplusde labohémiennedeRowdyetduSacré-CœurdeRule,Nashm’avaitdonnéunecarpekoïauxcouleursvives,etpourPhil,unangestylepin-up avec des ailes tatouées et percées. Le père Donovan aurait adoré l’hommage de son fils. Lesdessinsétaientfantastiquesetuniques.Jesavaisquelesgensallaientsauterdessus,etcelanefaisaitquecommencer. J’avaisbien l’intentiondepousser lesgars à avoir leurpropremarque,quipourrait fairebeaucoup plus que des T-shirts. Ils avaient tous tellement de talent, et avaient survécu à tellement dechoses pour en arriver là. Ils méritaient la notoriété et la reconnaissance car ils étaient parmi lesmeilleursdansleurdomaine.

J’étaisauparadisdesvêtementsetjepensaisdéjààlaprochainesalvededessinsetdemodèles,ensongeantàmonterunsitedeventeenligne,lorsquej’aientendudesbottesmonterlesescaliers.Jesavaisque c’était Rowdy, et j’ai jeté un coup d’œil à mon téléphone pour voir l’heure qu’il était. J’ai étésurprisedevoirquej’avaispassél’après-midiàtoutorganiseràl’étage;ilétaitplusquetempsdefairelescomptesdelajournéeetderentreràlamaison.

Quandilestarrivéenhautdesescaliers,j’airemarquéqu’ilavaitlacaissedusalondanslamainetquesabouchenormalementsourianteavaituneinclinaisondéterminée.

–Toutestfait,enbas.C’estprêtàmettredanslecoffre.Tuasencoredeschosesàfaireici?J’allais aplatir les cartons dans lesquels les vêtements avaient été livrés et essayer de faire un

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cheminentrelespilespourqueCorapuissepasser,maistoutcelapouvaitattendrelundi.JenevoulaispasgâchermeschancessiRowdyacceptaitenfindemeparleraprèsl’attitudefroidequ’ilavaiteuetoutelajournée.Lepire,c’estquejeméritaissonindifférence.

–Non.Jefinirailundi.Jeviendraiavantl’ouverturepourprendremontemps.Ilahochélatêteetacontournéconsciencieusementmestasdebabiolespourallerverslebureaude

Cora.Ilyestentréetestressortiavecunpetitsacnoir.Ilafermélaportederrièreluietestvenujusqu’àmoi,quiattendais.Ilaenrouléseslongsdoigtsautourdemonpoignetetm’atiréederrièreluidanslesescaliers sans rienmedire, àpartd’éteindre la lumièreenpassant.Commed’habitude, jeportaisdestalons, donc se faire traîner dans les escaliers étaient légèrement dangereux, et il nem’a pas réponduquandjeluiaidemandécequ’ilétaitentraindefaire.Ilnem’amêmepaslâchéepourfermeràclélaported’entréedusalon.Ilm’aditdesortirlesclésdesapocheetdelefairepourlui.Nonpasquecelamedérangeait,maisjeletrouvaisbizarre.

–Qu’est-cequ’ilyadanslesac,Rowdy?Jet’aiditqu’onpouvaitparleraprèsletravail,pourquoituesaussirenfrogné?

–Renfrogné,cen’estquelapartieémergéedel’iceberg,mapuce.Jesavaisqu’ildevaitêtretrèsencolèrepourmelancerundespetitessurnomsdontilm’affublais.

Il a renforcé mon impression quand il m’a fait monter dans son SUV alors que je le mitraillais dequestionsetquejemeplaignaiscarmavoitureétaitgaréedel’autrecôtédelarue.

Ilm’alittéralementsoulevéeetposéesurlesiègepassageretaattachémaceinturecommesij’étaisunemôme.Ilaouvertlaportièrearrièreetajetélesacnoirsurlabanquette,àcôtéd’unautresacquiétaitdéjà là. Ilafait le tourduvéhicule,etunefois installésur lesiègepassager, ils’estenfin tournépourmeregarder.

–Poppyestvenuecherchertavoiturequandellem’aapportécesacpourtoi,audéjeuner.Commetu m’as évité toute la semaine, je t’emmène quelque part d’où tu ne pourras pas t’enfuir et on vas’expliquerpourdebon.Situveuxm’ignorerdeuxjoursdeplus,pasdeproblème,maistuvast’ennuyeràmourir.

Ils’estretournépourregarderparlepare-briseetj’aivuunticnerveuxbattresursamâchoire.–Jet’aiditquej’étaisprêteàparler.J’ai croisé lesbras. Jen’aimaispasque l’onme tendedesembuscades, et jedétestaisme sentir

punie.–Tum’asaussiditquetunemelâcheraisplus,etc’estexactementcequetuasfaitcettesemaine.C’étaitvraietjenepouvaispaslenier.–J’avaisjustebesoind’uneminute,Rowdy.Jenesuispartienullepart.J’étaislàtoutletemps.Ilalancéunjuronetm’ajetéunregarddecôté,ducoindel’œil.–Tuétaislàmaistun’auraispaspuêtreplusdistantesituavaisessayé.LeSUVapris l’autorouteets’estdirigévers lenord.J’airegardélavilledisparaîtreaufonddu

paysageet luiaiànouveaudemandéoùnousallions. Jevoyaisqu’ilhésitaitàme ledire, simplementpourm’embêter,maissagentillesseinnéeafiniparprendreledessus.

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–Philavaitunchaletdanslesbois,aubordd’unlacprivéàBoulder,etill’alaisséàNash.Illegardeparcequ’ilnepeutpasenvisagerdelevendre,etjecroisqu’ilveutconvaincreSaintdeprendredescongéscethiverpourvenirs’ycacheravecluiunesemaineoudeux,commeilsnefontquetravaillertouslesdeux.Ilm’aditquejepouvaisl’emprunterquelquesjours,letempsqu’onmettedel’ordredansnotrebordel.Iln’yapasd’électricité,pasleconfortmoderne,donctoutcequ’onpeutfairec’estpêcher,baiser,etparler.

Ilm’aregardéeavecunsourcillevéetunregardlubrique.–Jen’aipasprisdecanneàpêche.J’airegardéparlafenêtrelecielquis’assombrissaitrapidementetaimarmonné:–Jen’arrivepasàcroirequemapropresœurt’aaidéàmekidnapper.–Ilvafalloirqueleschoseschangent,Salem.Soitonyva,soitonyvapas,maisilfautquejesache

danstouslescas.Poppyveutsimplementquetusoisheureuse.Putain,elleveutquemoi,jesoisheureuxaussiaprèstoutcetempsetellesaitquelaroutequinousymèneratouslesdeuxpassedirectementpartoi.

Jenesavaispasvraimentquoidiremais je savaisunechose,quiétaitclairecommede l’eauderocheaprèscesquelquesjourspasséssanslui.

–Onyva,onvalefaire,maisilyaurapeut-êtrequelquesaccrocssurlaroute.Leticdanssamâchoireaalorsdisparuetsesmainssesontunpeudétenduessurlevolant.Celaa

dûl’apaisercarilaallumélaradioetlesHorrorPopsontremplilesilence,aulieudenosdisputes.Bouldern’étaitpastrèsloinendehorsdelaville,maisunefoisquenousavonscommencéànous

aventurerdanslesmontagnesetquelesroutesontlaisséplaceàcequiressemblaitàpeineàdessentiers,j’ai compris qu’il ferait nuit avant quenous arrivions àdestination. Il faisait encore assezbondehorspourouvrirlesfenêtres,écouterlesbruitsdelaforêtettoutesleschosesquifaisaientduColoradounsibelendroitoùvivre.Lespins,unsoupçond’automnedans l’air,cettesensationquetoutétaitviergeetnaturel,mêmelapoussièreautourdelavoituremedonnaitl’impressiond’êtreàunendroitoùjen’étaisjamaisalléeavant,etoùj’étaiscontented’être.Lesgrillonsnocturneset lescrisdesanimauxdanslesboisenvironnantsmeberçaientetauraientpresquesuffiàm’endormir,maisjenevoulaisrienmanquer.Je n’étais pas une fille branchée montagne, mais la tranquillité et la sérénité de cet endroit étaientvraimentlesbienvenuesaprèslasemainequej’avaispassée.

QuandRowdy s’est enfin arrêté, plus d’une heure et demie plus tard, j’ai décidé qu’appeler cetendroit un chalet était exagéré. Cela ressemblait plutôt à une cabane en bois aumilieu de la forêt etj’auraispariémaplusbellepairedetalonsqu’aucunefemmen’avaitjamaispassélaportedecettecahutedélabrée.Sielleavaitl’airensipiteuxétatdenuit,jen’osaispasimagineràquoielleressemblaitàlalumièredujour.

RowdyestdescenduduSUVetaprisnossacspuis lesadéposésenhautdesmarchesdevant laporte.Ilestalléàl’arrièreduvéhiculetandisquej’ensortaisetjel’airegardéporterunegrosseglacièrepourladéposeraveclerestedenosaffaires.Ilm’alancéunregardinterrogateur,doncj’aisoupiréetai

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délicatementmarchéverslui,enfaisantattentionànepasmetordrelachevillesurlesolirrégulieravecmestalonshauts.

–Jen’aipasvraimentlatenueadéquate,Rowland.Ilm’afaitunpetitsourireetaouvert laporte,pourmefaireentrerdansle toutpetitespace.J’ai

faillimeretourneretprendremesjambesàmoncou.Iln’yavaitrien.Quatremurs,unecuisinièreàbois,pasdelumière,cequiplongeaitletoutdansunepénombreflippante,unfauteuiluséquisemblaittombéd’uncamionpoubelleetunvieuxlitdecampdel’arméeétaientlesseulsmeubles.Jesuisrestéebouchebéeetmesuistournéepourluidirecalmement:

–Jenedormiraipasparterreetj’espèrepourtoiqu’iln’yapasdechauves-souris.Ilaéclatéderireetatirétoutesnosaffairesàl’intérieur.Ilaencoredisparuàl’arrièreduSUVet

estrevenuavecungrandbacenplastiquequ’ilaposéprèsdemoiavecunbruitsourd.Ill’aouvertetenasortideuxlanternesqu’ilaalluméestoutdesuite,etunmatelasgonflableéquipéd’unadaptateurpourlegonfleravecl’allume-cigaredelavoiture.Ilaaussidéballéplusieurscouverturesetm’aproposédemelaisserfouillerdanscequ’ilavaitapportépourtrouverquelquechoseàmanger.Ilyavaitunebonnequantitédebière,quelquesbouteillesd’eau,etdequoifairedessandwichsetunpetit-déjeuner.Jedevaislereconnaître,ilétaitsuperbienpréparépourcetteaventure.

Unefoisqu’ilaramenélematelasgonfléàl’intérieuretpréparénotrelitdefortune,ilaenlevésesbottesdecow-boyets’estlaissétombersurledospourregarderleplafond.Ilamislesmainsderrièrelatêteetestrestéallongélàsansriendire,doncj’aienlevémeschaussuresaussi,prisdeuxbières,etsuisalléelerejoindre.J’aiposélescanettesparterreetmesuisassiseprèsdesahanchesurlelittoutmou.

–Commenttuvassurvivresansgelpourlescheveuxpendantdeuxjours?J’aijouéavecsesmèchesblondesetlisses.Ilaprismonbrasdanssamainetl’aportéàseslèvres

pourposerunbaiseràl’intérieurdemonpoignet.Ilalevéunsourciletbaissélatêtepourpouvoirmeregarder.

–J’aiprismonchapeaudecow-boy.Oh,JésusMarieJoseph…ilfallaitquenousnousréconciliions,ettrèsvite.J’aitendulamainpour

suivredudoigtlalignedesonsourcildoré.– Je suis désolée que tu aies eu à organiser une telle expédition simplement pour sauver notre

relation.Cen’estpasnormal,et cen’estpas justepour toi. J’aipaniquéet je saisque jen’aipasétécorrecte.

Sapoitrineestmontéeetilasouffléprofondément.Ilaprismamainets’enestservipourm’attirerverslui,etm’allongersursonlargetorse.

–Cen’estnilapaniquenitaréactionquim’inquiètent.C’estlefaitquetuaieseulesentimentdedevoirpaniquer.JesaisquetoutecettehistoireavecPoppyestcompliquéeetpasfacile,maisjecroisquej’aicompris,maintenant.Maismêmesicen’étaitpaslecas,iln’yavaitquetoicesderniersmois,Salem.Jenecomprendspascommenttupeuxnepasvoirça.

Ilapassélesdoigtsdansmescheveuxetc’étaitsibonquej’aieuenviederonronnercommeunchatetdemefrottercontrelui.

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–Jenesaispas.C’estcommequandtunemecroispasquandjetedisquejesuislàpourdebonetquejenevaispasm’évaporer.Onpeutsavoirunechose,Rowdy,maisnotrecœurpeuts’accrocheràuneautre.

–Jeneveuxplusqu’ils’accrocheàça,aupassé.Jeveuxjustequ’ils’accrocheàtoi.J’aifermélesyeuxetj’aidûavalermasalivetellementsesmotsmerendaientheureuseetterrifiéeà

lafois.–Ouais?Ilahochélatêteetsonmentonafrottécontreledessusdemoncrâne.–Ouais.– Il faut simplement qu’on lâcheprise. Il faut qu’on se fasse confiance si onveut être ensemble.

Tum’asmanquécettesemaine,etàJimboaussi.Ilabâillésifortquej’aientendusamâchoirecraqueretilm’aserréeplusfortcontrelui.– Je suisplusvieuxmaintenant,etbeaucoupplusgrandque toi.Tun’arriveraspasàpartiraussi

facilement,Salem.Jenetelaisseraiplusfuir.Ilavaitl’airtellementsûrdelui,etpourlapremièrefoisdepuisquetoutcelaavaitcommencéentre

nous,jel’aicru.Oui,jecroyaisenlui.Jecroyaisenmoi,etennous,parcequejesavaisquecequ’ilyavait entrenousétait assez solidepourêtre réel et éternel.Après tout, c’étaitpeut-être ledestinet cequ’unepuissanceplusgrandevoulaientpournous.

–Jen’essaiepasdefuir,Rowdy.Jem’attendaisàundesesbonsmotsspontanés,maisjen’aientenduquelerythmerégulierdesa

respirationquifaisaitbougermescheveuxquandilinspiraitetexpiraitau-dessusdematête.Lepetitcons’étaitendormialorsquejeluiparlais.

J’aisoupiréetmesuistortilléepourdescendreettirersesjambessurlematelaspourqu’ilsoitplusàl’aise.Jenepouvaispasluienvouloir.Ilavaitconduitpendantlongtempsaprèsunejournéedetravail,et j’étais sûreque sa semainen’avait pas étémeilleureque lamienne. J’étaisdéçueque son sommeilanéantissemesfantasmesdejoueràlacow-girlsexysurluisanspersonneautourpourm’entendrecrierdeplaisir.

Unpeuagacée,j’aifouillédanslesacquemasœurm’avaitpréparéjusqu’àtrouverunpantalondeyogaetundébardeurpourdormir.Jemesuisfaitunsandwichaubeurredecacahuèteetà laconfiturepourledîneretj’aiessayéd’envoyerunmessageàPoppypourm’assurerqu’ellesorteJimboavantdesecoucher,maisj’aicrudevenirfolleenréalisantqu’aufonddesbois,jen’avaispasderéseau.J’airéussiàtuerletempsuneheure,puisaidécidéquelaseulechoseàfaireétaitdemecollercontrelecorpsdeRowdyetessayerdedormir,bienquesacarruremassiveprenaittoutelaplacedanslelit.

J’aiécoutélessonsapaisantsdelaforêtetdelanuit.J’aiécoutélarespirationrégulièredeRowdyetj’aisoupiréd’aisequandilapasséunbrasautourdemoidanssonsommeiletm’aattiréecontrelui.Jemesuisrenduecomptequeleplusimportantc’étaitréellementoùj’arrivaisetnonoùj’avaisété,cartantqu’ilétaitlà,peuimporteoùc’était,jedevaisyêtreaussi.

Mêmesic’étaitaufondd’unchaletoubliédanslesmontagnesduColorado.

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Chapitre15ROWDY

C’était ma première vraie nuit de sommeil depuis qu’elle s’était éloignée de moi au début de lasemaine.Jenesaispascequim’aréveilléavantl’aube,peut-êtreletrouaumilieudumatelasgonflableouleschantsdesoiseauxdanslespins,maisquelquechosem’afaitouvrirlesyeuxavantmêmequelejourselève.J’aiinstinctivementcherchélecorpsquidevaitêtreblotticontrelemienetmesuisredresséd’uncoupennerencontrantqueduvide.

Lechaletétaitpetit,doncilétaitfaciledevoirquej’étaistoutseul,etjenesavaisvraimentpasoùmapetitecitadineavaitpupartir,avantmêmequelesoleilbrilledansleciel.Iln’yavaitpasdesalledebains,lechaletétaitplusquerustique,etcen’étaitpaslegenredeSalemd’allermarcherdanslesboissansme dire où elle allait, oume réveiller pour que je lui tienne la lampe torche.Alors j’ai dégagémescheveuxdécoiffésdemonvisage,enfilémesbottes,etsuispartiàsarecherche.

Celanem’apaspris longtemps.Lechaletsesituaitdansuneclairièreaubordd’un laccristallincrééparlesruissellementsdesmontagnes.Lazoneétaituneforêtnationaleetlesterresquin’enfaisaientpaspartieappartenaientàdesmecscommePhilquivoulaientsimplementuncoin tranquille loinde laville.Ilétaitinterditdesedéplaceravecquoiquecesoitdemotorisésurlelac,maisilyavaittoutdemêmeunejetéeabîméeparletempsquis’élançaitdepuislacôtepourlesbarquesetleskayaks.Salemétaitassiseaubout,lesjambespendantesetunecouverturesurlesépaules,etelleregardaitlespremiersrayonsdusoleilemplirleciel.Enm’approchant,j’airemarquéunsouriredouxsursonbeauvisage.Sij’avaiseudupapieretdequoidessiner,j’auraiscapturécemomentpourlapostérité.

Jeme suis assisderrière elle et ai passéunbras autourde sapoitrinepour la tirer enarrière etl’adossercontremontorse.

–Lepetit-déjeunerdeschampions.Jeluiaiprislabièreetaibuunegorgée,enfaisantlagrimace.IlétaittroptôtpouruneCoorsLight,

maispeuimporte.–Jen’aipasréussiàallumerlepetitréchaud.

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J’avaisprisunréchauddecampingpourquenouspuissionspréparerunpetit-déjeuneretducafé,mais jen’avaispasencore raccordé lepropane.Tantmieux.Elleaurait sûrement fait tout exploserenessayantdelefairefonctionner.Maislabièren’étaitpasuntrèsbonremplaçantpourlecafé,aussitôtlematin.

–Tut’eslevéetôt.J’aientrelacénosdoigtsetj’aiposélementonsurledessusdesatête.Riennevalaitleleveretle

coucherdusoleildanslesmontagnes.Lecielentierdevenaitorangeetrougeetdonnaitl’impressionquedesflammesfilaiententrelespicsescarpés.

–C’étaitcalme,etçanel’esthabituellementjamais.Jevoulaisenprofiteruneminute.Jecroisquejen’avaisjamaisrienvud’aussibeau.

–Moinonplus.Certes,c’étaitd’elledontjeparlaisetellelesavait,carellearietafrottersescheveuxdouxcontre

monmenton.–Rowdy…–Salem…C’étaitunsijolimoment,etnousavionsmissilongtempsàyparvenir.Jenepouvaispasimaginer

unmeilleurendroitqu’ici,surtoutelaplanète.Etjenevoulaispersonned’autrequ’elle,ici,avecmoi.–Tumerendstrèsheureuse,çaatoujoursétélecas.Toutétaitlà,danssavoix.Lepasséetlefutursemélangaientpournousmaintenirtoujours,fortset

unisdansleprésent.J’aipousséunprofondsoupiretluiaiprislacanettedebièredesmains,etl’aiposéepourpouvoir

retournerSalemdansmesbrasetluifaireface.Elleaenroulésesjambesautourdematailleetsesbrasautourdemoncouetnousnoussommesregardés.Lacouvertureesttombéeetelleafrissonnéquandl’airfraisdumatinafrôlésesépaules.J’aiprissescheveuxd’ébènedansunemainetm’ensuisservipourinclinersatêteenarrièreafinqu’ellemeregardedesesyeuxsexyetensommeillés.

– J’ai toujours cru que c’était la première qui comptait, mais maintenant, je sais que c’est ladernièrequireste.

Saboucheafaitunepetitemoueconfuseetjemesuispenchépourembrasserlerubisau-dessusdesalèvre.Elleaencorefrémietcettefois,jesavaisquecelan’avaitrienàvoiraveclatempératuredel’air.

–J’aicrupendantlongtempsquejenemeremettraisjamaisdelapremièrefilledontjepensaisêtreamoureux.Jemeservaisdeçacommeexcusepourgardertouteslesfemmesàdistancecarj’étaisterrifié,j’avaispeurd’encoresouffrir.C’esttoujourslecas,maisjesaisquejeveuxêtreavectoi,etquetuesimportantepourmoi,etça,c’estbienplusfortquelapeur.

Elleasoupiréetaposésamainsurmajoue.–Jeneveuxpasquetuaiespeurdemoi,Rowdy.–Tuasétéettueslasourcedebeaucoupdepremièresfoispourmoi,Salem.Lapremièrefilleque

j’aiembrassée.Lapremièrefilledevantquij’aipleuré.Lapremièrefilleàquij’aioffertuncadeau.La

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première que je n’ai jamais oubliée. Tu es la première fille quim’a empêché de dormir la nuit et lapremièrefillequejedésireaupointd’enavoirmal.Aveclerecul,jecroisquelejouroùtuespartie,tuasemportéunmorceaudemoiavectoi,quejen’airécupéréquequandjet’aivueausalon.Toutescespremières fois sont importantes et elles m’ont aidé à voir les choses telles qu’elles étaient, et pasobscurciesparlepasséetlesregrets.Maiscequicomptevraiment,c’estladernière.

Jemesuispenchépourl’embrasser.J’aipressémeslèvresdoucementcontresaboucheentrouverteetluiaimurmuré:

–Tuesladernièrepersonnequejeveuxembrasser.Ladernièrefemmequejeveuxdansmonlit.Jeveuxquetusoisladernièrefillequitouchetouteslespartiesdemoi,Salem,etçaveutdiretellementplusqu’unepremière fois.Qu’est-cequeçapeut faire, siPoppyétait làavantous’ilyaeudes inconnuesentretemps?Toutcequicompte,c’estqu’àlafiniln’yaquetoi,seulementtoi,etpersonned’autre.

Ellen’a riendit pendantun longmoment.Sesyeux foncés étaient si profonds et insondablesquec’étaitdifficiledelireenelle.Elleapassésonpoucelelongdemespattesets’estpenchéeenavantpourmerendrelemêmebaiserdouxetsucréquejevenaisdeluidonner.

–Ilm’afallubeaucoupdetempspourarriverlà,Rowdymaismaintenantjesaisquec’esticiquejedoisêtre.C’estmadernièredestination,alorsàlafin,iln’yaquetoietseulementtoi.Levoyageentrelesdeuxnousatransformés,onnepeutpaslenier,maisj’aimebienêtretadernière…Tantquejepeuxcontinueràtesurprendreavecdespremièresfoisencoursderoute.

J’airicarc’étaitSalemtoutcraché.Rienneseraitjamaisassez.Nouspouvionsnousaimer,passernotrevieensemble,ellevoudraittoujoursquecesoitnouveau,stimulant,etsurprenant.C’étaitl’unedesprincipalesraisonspourlesquellesjen’avaisjamaispul’oublier,etjenelepourraisjamais.

–J’airoulémabosse.Ilnemerestepasbeaucoupdepremièresfois.C’étaitlavérité,maiselleavaitréussiàentrouveruneoudeuxpendantcesderniersmoisensemble.Undesessourcilsnoirdejaiss’estsoulevé,etellem’aadresséunsourireespiègle.–C’estundéfi?J’aiencorericarj’étaisheureux.Vraiment,réellementheureuxpourlapremièrefoisdepuisqu’elle

étaitpartiequandj’avaisquinzeans.–Situveux.J’aifaillifondrequandsonregardsombres’esttransforméenquelquechosedechaudettorride.Le

brasqu’elleavaitautourdemoncous’estresserré,m’atiréplusprèsd’elle,etelleapassésondoigtsurmabouche.

–Tuasdéjàfaitl’amourdehorsaubordd’unlacaveclesoleilquiselèveetuneCoorsLightpourlepetit-déj?

J’aiglissémesmainssoussondébardeurpourenserrersatailletandisquejemepenchaisetposaitses fesses sur la couverture qu’elle avait prise avec elle. Elle a écarté ses jambes pour moi et j’aiemprisonnésonvisageentremesmainspourpouvoirl’embrasseretretrouvertoutcequim’avaitmanquécette semaine que nous avions passée séparés. Je ne voulais plus jamais que nous soyons séparés, etilfallaitqu’ellelesache.

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–Nan.Laseulechosequej’aidéjàfaitedanstoutça,c’estboiredelaCoorsLightaupetit-déj.Ellearigoléenpressantsapoitrinecontrelamienne.J’aisentisestétonsdurcirsouslefintissude

sonhaut.Jevoulaism’endébarrasser.Etvite.–J’aivutonfrigo,doncçanemesurprendpas.Laisse-moiêtretapremièreetdernière,Rowdy…

Ettupeuxêtretoutàmoi.Jel’ailaisséem’embrasserànouveauetl’aiaidéeàtirermonT-shirtpar-dessusmatête.Lachair

depouleaparcourumapeauquandl’airdelamontagneafrappémapeaunue.–Premièreetdernière,Salem.J’aipratiquementgrognécesmotscarelleenlevaitsondébardeurengigotantpourmaintenirnotre

connexion.Chaquepetitepartiedepeaunuequ’ellerévélaitfrottaitetsepressaitdélicieusementcontrelamienne.

Ellem’asourietcelaafaitsursautermaqueue,douloureusementpresséecontrelabraguettedemonjean.

–Si tupensesque je suisvenueaumilieudenullepartdans lesboispourpasser le tempsavecquelqu’und’autre,alors tues taré.Tues laseulepersonnede tout l’universavecqui j’aienviedemedéshabillerdansunendroitcommeça.

Elleaposélesmainssurleboutondemonjeanetm’aditsuruntontrèsdétaché:–Enfait,j’aienviedemedéshabilleravectoiàpeuprèsn’importeoùetn’importequand.J’aihoquetéquandledosdesesdoigtsafrottécontrelalongueurdemaqueueexcitée.–C’estbonàsavoir.Elleamarmonnéquelquechosequejen’aipasentendusousletorrentdesangquifonçaitentremes

oreilles et le tambour demon cœur, tandis qu’elle passait le bout de son pouce sur le gland demonérectionetlesmultiplespiercingsquiendécoraientlasurfacesensible.

–Lesentimentesttotalementréciproque,pourinformation.Mavoixétaitrauqueetunpeuétranglée.Ellearicanédanssagorgeetaserréfermementlelourdmanche.–C’estpasvrai?C’était assezdebavardages joueurs.Ellem’avait laissé tout seulpendantquasimentune semaine

entière et jem’étais torturé l’esprit en pensant à elle et à ce que nous avions. Il était plus que tempsqu’elle sache définitivement qu’elle était tout pour moi, et qu’aucune autre ne pourrait jamais laremplacer.

Alorsqu’elleétaitoccupéeàfaireglissersonpoingdebasenhautetdehautenbaslelongdemaqueue,j’aireculésuffisammentpourglissersesjambeshorsdesonpantalonélastiqueetqu’ellenesoitplusquepeaudouceetdorée,yeuxnoirsetcheveuxbrunsdécoiffés.J’aimaislestouchesdecouleurquidécoraientsoncorps,etj’adoraislefaitqu’elleportesaviecommedesbadges,imprimésartistiquementsur son corps. J’adorais le fait que quand je la touchais, quand je posais lesmains sur ses tatouages,c’était comme si nos couleurs se fondaient ensemble. Nous devenions un tableau géant de teintestourbillonnantesetdepeaubrûlante.Elleétaituneœuvred’artparfaite,debiendesfaçons.

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J’aiaspiréundeses tétonspercésdansmaboucheetmesuisservidemesdentssur l’anneauenmétal.Enréponseelles’estcambrée,soulevéedelajetéeetelleaserrémonsexeparréflexefaceàceplaisirdouloureux.Celam’afaitgrognercontresachairmaintenanthumideetj’aiintensifiémaprisesursescheveux,quej’utilisaispourmetenirau-dessusd’ellesurleboisbranlant.

Elledescendaitmonjeansurmonculettravaillaittoujourssurmaqueue.J’avaisl’impressionquematêteallaitexploseràchaquemouvementdesonpoignet.Jesuispasséàl’autreseinpourlelécheretlesucer, la faisant frémir en-dessous demoi et enrouler ses jambes autour demes hanches.Elle a enfinlâchémaqueueetapassésesdeuxmainsdansmescheveuxpourpouvoirattirermaboucheàlasienne.Elles’estcambréecontremoietsonsexemouilléafrôléleboutaffamédemonérection.Sonexcitationalaissésurlesboulesdemétalquitouchaientsesgrandeslèvres,unehumiditéglissante,etcelanousatouslesdeuxforceràreprendrenotresouffleaumilieudubaiser.

Ellealéchémalèvreinférieureetm’aditavecunhumourteintédedésir:–Tuastellementdesaloperiedanslescheveuxquejenevaisjamaisrécupérermesmains.Ellearemuélesdoigtsdansmesmèchesdécoifféesetj’airigolé.Ilmefallaiteneffetbeaucoupde

produitpourmettreaupointmacoiffurepompadour.–Tantmieux.Onpeutrestercommeçapourtoujours.J’aifaituntoutpetitmouvementenavantavecmeshanchespourqueleboutdemonérectionfrôleà

peineseslèvres.Elles’esttortilléed’impatiencecontremoietsespaupièressontdevenueslourdes.Elles’estmordulalèvreetacambrésondosjusteassezpourm’attireruncentimètredeplusdanssoncorpschaudetaccueillant.Elleaenfoncésesonglesdansmoncrâneetj’aicomprissessignessilencieuxetailaissémoncorpsfusionneraveclesien.Ellegémissaitetsesyeuxsesontfermésàmesurejem’installaisenelleaussiprofondémentquepossible.Nousnousemboitionsparfaitement,commesinousétionsfaitsl’unpourl’autre,Àchaquefoisquejefaisaisl’amouravecelle, jesentaisquec’était làquejedevaisêtre.

Sescuissessesontcontractéesautourdemeshanchesetsesmainsonttirésurmescheveux.Elleajeté la tête en arrière et a remonté ses hanches contre les miennes. Je suppose que la semaine deséparationavaitétédurepourelleaussi.Elleexigeaitavecsoncorps toutes leschosesque jevoulaisdéjàluidonner.Jel’aiencoreembrasséeenappuyantmonpoidssurmesavant-brasquiencadraientsatête, etme suis unpeu remonté surmesgenoux.Heureusement que j’avaismon jean sur lamoitié desjambes,sinon,j’auraispassédesjoursàenleverdeséchardesdemapeau.Elleabougéleshanchespours’adapteràmanouvellepositionetj’avaisl’impressiondem’enfoncerencoreplusprofondémentenelle.Ellem’aspiraitetjenevoulaisplusjamaismelibérer.

Elle a commencéà frémir et se contracter àmesureque jem’enfonçais enelle et sesmains sontdevenues plus insistantes dansmes cheveux. J’ai résisté à la tentation d’accélérer pour atteindremonpropre plaisir, deme perdre dans la sensation de son corps et la tranquillité de notre environnement.J’essayaisdeluimontrercombienc’étaitimportantpourmoi,combienelleétaitimportantepourmoi,etje ne pouvais pas faire cela si je passais de l’autre côté sans elle, sans apprécier l’ascension pour yarriver.

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J’ai retiréunedemesmainsdesescheveuxemmêlésetaipassé leboutmonpoucedans lepetitanneauaumilieudesontéton.J’aitirédessuset,enmêmetemps,mesuisbaissépourmordillersalèvreinférieure.Celal’afaitsesoulevercontremoi,violemment,etj’aisentisonhumiditéaffluerentrenous.Elle amurmurémonnomet a levé ses hanches contremoi de sorte que nos pelvis frottaient fort l’uncontrel’autreet j’aifailliperdrelerythmefluideetrégulierquej’avaisadopté.J’aiencoretirésurlepiercingetsesyeuxnoirssesontouvertsd’uncoupenmêmetempsqu’elletiraitfortsurmescheveux.

–Plus.Jel’aiembrasséelelongdelamâchoireetaiprislelobedesonoreilleentremesdents.–Plusdequoi?Elleagrognéetapressésestalonscontremesfesses.–Plusdetout.J’allais laprovoquer, luidirequetoutvientàpointàquisaitattendre,maiselleacrééuncourt-

circuitdansmoncerveauenglissantunedesesmainsentrenouspoursetoucher.–Putain.–Ohhhhh…Ses yeux se sont refermés et j’ai senti son corps changer sous cette stimulation ajoutée. Elle est

devenue si serrée, si chaude, j’ai cru que la croix demétal allait nous souder de lameilleure façonimaginable.

Mêmesic’étaitellequisecaressait,sesdoigtsexplorateursfrôlaientlabasedemonérectionquandjesortaisetentraisenelle.J’aiabandonnétoutcontrôleettoutcequejevoulaisétaitm’enfoncerenellejusqu’àcequenousvoyions tous lesdeuxdesétoilesetnepuissionsplusreprendrenotresouffle.J’ailâchésonseinetaiposélamainsursesfessespourlasoulever.J’ailaissémonfronttomberenavantetreposersurlesienendonnantdepuissantscoupsdereins,etj’aitoutlâché.Cen’étaitquemoietelle.Nousétionsconnectésd’unefaçonquidépassaitletempsettoutescesautresbêtisessansimportance.

Elleaditmonnomdansunsouffleetj’aisentisavaguedeplaisirnousrecouvrirtouslesdeux.Celam’afaitlâcherunautrejuron,etquandsoncorpss’estrelâchéentremesbrasetsesmusclesintérieursontcommencéàsedétendre,j’aivraimenteulalibertédebouger.J’aipousséenelle,fermélesyeux,etj’ailaissépartirtoutcequiavaitexistéavantelle.Jel’aisentiem’embrassersurlecoindelabouche,j’aisentisamainarrêterdesecaresserpourencerclerlabasedemaqueueavecsonpouceetsonindexenserrant, fort.C’était toutcequ’ilme fallait.Leplaisir s’estdéverséetaéclaté le longdemacolonnevertébraleetc’étaitàmontourdenousenvelopperdeplaisiretd’humidité.Jenepourrais jamaisrienressentird’aussibonetparfaitqu’elleetmoiensembleàcetinstant.

Jemesuiseffondrésurelle,transpirantetépuisé,etellealaissééchapperunpetitrirerauquedansmonoreille.

–Jeseraitapremièreetdernièrepourtoutcequetuveux,tantqueçaressembleàça.J’aitournélatêtepourfrottermonnezcontresonoreilleetluiaidit:–Etjeterendraiheureuseaussilongtempsquej’ensuiscapablesiçaressembleàça.

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Il nous avait fallu du temps pour en arriver làmais vraiment, cela valait le coup. J’avais eu delachancequePhilnousréunisse.Jeluidevaisplusquemavieetlafaçondontilavaitnourril’artdansmonâme. Je lui devaismonavenir et tout cequi se rattachait à cette femmedont j’avais besoinpourcontinueràvivre.PhilDonovanvoulaitquesafamillesoitensécuritéetaimée,etmettreSalemsurmarouteétaitsonderniercadeauavantdedécéder.Malin,cecon.

Nousavonspassélerestedelajournéeàtuerletempsensemble.J’aimontéleréchaudetnousaipréparéunvraipetit-déjeuneretducaféinstantané.Nousavonsmisàplattoutesleschosesquitraînaientencoreentrenous.Jeluiaiditquej’arrêteraisdefaireunefixettesurl’idéequ’ellefassesavaliseetsetiresiellearrêtaitdepenserquej’étaisamoureuxdesasœur.Jecroisquenousétionstouslesdeuxassezréalistes pour savoir que rien n’était parfait et que nous allions forcément avoir d’autres obstacles àfranchirdanslefutur,maiscelavalaitlecoupdefaireletravailnécessairepourêtreensemble.

Elleapasséplusd’uneheure,aprèsm’avoirvumebaladerlamajeurepartiedelajournéeavecriend’autrequ’unjean,mesbottesetcefameuxchapeauporte-bonheur,àmedirequejedevraisposerpouruncalendrierpourlesalon.Ellem’aditquesij’arrivaisàconvaincreNashetRule,ainsiquelesautresgars,Jet,RomeetAsa,celasevendraitcommedespetitspains.Ellem’aditqu’elle l’appelleraitTheMarkedMenetqu’ongagneraittellementd’argentqu’onpourraitprendrenotreretraitesionlevoulait.J’ai simplement levé les yeux au ciel et ai essayé de changer de sujet,mais je voyais les engrenagestournerdanssatêteetSalemétaittêtuecommeunemule.

Poppyluiavaitmisunepairedetongsdanslesac,doncnousavonsmarchéautourdulacetfaitunesiesteendébutd’après-midi.Jemesuisréveilléavecsaboucheautourdemaqueueetsalanguequimefaisait des choses délicieuses.Nous avons appris par expérience que lematelas gonflable n’était pasprévupourcegenred’activités.Aprèsunesessiondesexeassezrudesur lesolduchalet,nousavonsprisladécisionexécutivequenousavionsfaitassezdedégâtsàlanatureetqu’ilétaittempsderentrerenvilleplustôtqueprévu.Elleavaitpleindechosesàfairemaintenantquelesstocksétaientarrivéspourlaboutique, donc j’ai fait mes affaires et ai admis que ce serait sympa de passer la nuit dans un litconfortable. Et puis, le chienmemanquait et je crois qu’elle voulait vraiment voir comment allait sasœur.

NousarrivionsàpeineauxfrontièresdelavilledeBoulderquandnosdeuxtéléphonesontsoudainretrouvéleréseau.CeluideSalemasonnéquelquesfoisàcausedemessagesreçusmaislemienapétélesplombs. Jetm’avait appelépasmoinsdevingt fois et j’avaisdix textosde sapart. J’ai froncé lessourcilsetl’airappelé,mêmesijen’aimaispasêtreautéléphonesurl’autoroute.

Quandilarépondu,ilsemblaitêtreaumilieud’unefoule.–T’étaisoù,bordel?J’aifaitlagrimaceetairegardéSalem,quiavaitvisiblemententendulecrideJet.– J’étais au chalet dePhil avecSalem. Il fallait qu’on parle de certains trucs et on avait besoin

d’espace.Qu’est-cequ’ilsepasse?–J’essaiedeprendreunaviondepuisBostonpourrentreràDenver,maisilyadubrouillardetpas

unseulappareilquidécolle,putain!

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Ilagrognéquelquechosequejen’aipascomprisetm’adit:–Ilfautquetut’occupesdemameufpourmoi.Asas’estfaitarrêterhiersoiretjesaisqu’elleva

devenirfolle.–Quoi?!J’aiétésisurprisquelavoitureafaitunécartetSalemacriémonnom.Jemesuisexcuséetmesuis

arrêtésurlecôtépourmeconcentrersurcequeJetmedisait.–Qu’est-cequ’ils’estpassé?–Jenesuispassûr.Cen’estmêmepasluiquil’aditàAyden.C’estRoyalquil’aappelée.Il a soupiré et je l’imaginais faire les cent pas en passant ses mains dans ses cheveux bruns

décoiffés.–C’estellequil’aarrêté.–Tutefousdemoi.–J’aimeraisbien.Toutcequejesais,c’estquemafemmeestlà-basetquejesuisicietquec’estla

merde.Ilfautquejesoissûrqu’ellevabien.–Pasdeproblème.Onestbientôtenville,jevaislavoirdirectement.–Merci.–T’inquiète.Juste,jepensequ’Asaestunmecbien.Jecroisvraimentqu’ilachangé.Jetaencorelâchéunjuron.–Jepensaisaussi,maisplusriendecequefaitcegarsnemesurprend.Ilfautquejetelaisse.Je

doistrouverunmoyenderentrer.Merci,mec.J’airaccrochéetaifixémontéléphonependantuneseconde.J’airegardéSalemetaisecouélatête.–RoyalaarrêtéAsahiersoir.Elles’estmordulalèvre.–Pourquoi?–Jetnesaitpas.Ilapeurqu’Aydensoitentraindepaniquer.Elleahochélatête.– Tu m’étonnes. Attends une seconde. Je vais envoyer un message à Saint. Royal et elle ne se

quittentpas.Elleasûrementplusd’infos.J’ailevéunsourcil.–Tunepensespasqu’Aydenauradéjàessayé?Elleahaussélesépaules.–Peut-être.JemesuisréengagésurlarouteaprèsavoirenvoyéunmessageàAydenpourluidirequej’arrivais.

IlafalludixbonneminutesavantqueletéléphonedeSalemémettedeuxpetitessonneries.–Coupsetblessures.Desgaminssontvenusaucommissariatetontportéplaintecontrelui.Elledit

qu’ilyenavaitunassezamoché.Legaminaditqu’ilétaitretournéaubarpours’excuserdubordelqueluietsespotesavaientprovoqué,etqu’Asaluiesttombédessusdansleparking.

Elleafroncélessourcilsetalâchésonportabledesyeuxpourmeregarder.

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–Iln’yapasdecaméras,auBar?–Pasdehors.Merde.Jecroisquejesaisexactementquisontcesgamins.–Ahbon?– Ouais. Il y avait un groupe de petits cons au bar l’autre jour, quand j’y étais, et ils faisaient

vraiment chier Asa. Il n’a pas insisté mais les a foutu dehors et un des gars lui a dit qu’il allait leregretter.Cen’estpasdurdedécouvrirqu’Asaauncasieretqu’enl’accusantdecoupsetblessures,lesflicsallaientforcémentl’embarquer.

J’aiserrélevolantplusfortdansmesmains.–Lefilsdepute.–IlfautquetuledisesàRoyal.–Ilfautqu’onluitrouveunavocat.Jel’airegardéeducoindel’œil.–Ilauneassezsalehistoire.Çanetiendrapasdevantunjuge.–Ehbien,tuestémoinets’ilyadescamérasàl’intérieurdubar,vouspouvezprouverquelegamin

voulaitsevengeret…Elleafaitunepauseetabougélamainpourlaposersurmacuisse.–S’ilfautquetuluitrouvesunavocat,jeconnaisquelqu’unquipeutnousaider.ElleparlaitdeSayer.BonDieu,était-ilpossiblequelerestedecettejournéeparteencoreplusen

vrille?–Elleestdansledroitdelafamille.Ilnousfautunpénaliste.–Elle est intelligente et tu es important pour elle. Si tu lui demandes de l’aide, je suis certaine

qu’elle te trouvera le meilleur pénaliste du Colorado. Il faut que tu lui donnes une chance, Rowdy.Commetum’enasdonnéune.Onesttouteslesdeuxvenuesicipourtoi.Maintenantc’estàtoid’ouvrirlaportepournouslaisserentrer.

Je n’en avais pas envie car une fois que cette porte serait ouverte, je ne pourrais plus jamais laclaquerpourlarefermeretlabrunesexysurlesiègepassagerenétaitlapreuvevivante.Plusjelaissaisentrerdesgens,plusjerisquaisdelesperdreparlasuite.MaispourAydenetJet,j’allaisdevoirravalertoutcela.

–Appelle-la.J’aiprononcécesmotsengrinçantdesdentsetaifoncéversDenverpouressayerdesortirAsades

flammes.

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Chapitre16SALEM

Ilauraitétédifficilededirequiétaitleplustendu,touslestroisassisdanslebureaudeSayer,lefrèreetlasœurseregardantdepuislesdeuxcôtésdesonbureauluxueux.RowdynetenaitpasenplaceetSayern’arrêtaitpasdes’éclaircirlavoixetdejouernerveusementavecsesdoigts.

–Ilnel’apasfait.C’estlepetitconquil’apiégé.Rowdy était catégorique et son ton était ferme. Sayer essayait d’être impartiale, mais je voyais

qu’ellevoulaitmenercettebataillepourlui.–Peut-être,maisAsaaungroscasieravecdesfaitsassezlourds,etavecuntémoignageconcordant,

leschefsd’accusationvontêtredursàfairetomber.Rowdys’estpassélesmainsdanslescheveuxetluiajetéunregardimplorant.–Etlescamérasdesurveillancedanslebar?J’aiposélaquestionenespérantquecelal’aideraitàsecalmer.–Lepropriétaire,Rome,aprislesvidéospourmelesenvoyer.Jecroisvraimentquelameilleure

stratégieestdepayerlacautiond’Asaetdeluitrouverunavocat.Lerapportdepolicedel’unitéquil’aemmenéauposteditqu’ilavaiteffectivementl’airdes’êtrebattu.Ilavaitlesmainsabîmées,dusangetdesblessuresauvisage.

–Lespetitesmerdesl’onsûrementattaquéetpiégé.Jeteledis,j’étaislà.Legamin,c’étaitunpetitconetilcherchaitlesemmerdes.Ilétaitbienénervéqu’Asalefoutedehors.

J’ai tendu lebrasetaipris lamaindeRowdy,quibougeaitdans tous lessens,et l’ai tirécontremoi. Ilvibraitpresque tantsonstressétait intense,àcausedesproblèmesd’Asaetde laproximitédeSayer.AydenétaitdéjàaupostedepolicepouressayerdefairesortirsonfrèreetJetavaitenfinréussiàmonterdansunavion,maisilneseraitlàquedansquatreheures.Rowdyavaitproposéd’allerauposteavecAyden,mais elle s’inquiétait plusde lui trouverun avocat quede le faire sortir de cellule.Elledisait que le faire sortir serait la partie la plus facile, mais trouver quelqu’un pour le représenter,quelqu’unquipuisseprouver son innocence, c’étaitpluscompliqué, alors elle avait chargéRowdyde

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cettetâche.Personnellement,jepensaisqu’ellevoulaitquesonfrèresachequec’étaitellequiavaitpayésacaution.Ilyavaitduressentimententreeux,etAydenvoulaitqu’Asasachequ’ellerestaitdesoncôté,mêmesiçan’avaitpastoujoursétélecas.

–Jecomprendsça,etlefaitquetupuissesenattester,avectouslesautresclientsdubarquiétaientlà,seratrèsutilepourledossierd’Asa,maisçaresteunebatailleàmener.Soncasieretlefaitqu’ilnese soit pasdéfendu,qu’il ait suivi lespoliciers sans riendire, sans contester son arrestation, cen’estvraimentpasbonpourlui.Lesinnocentsneserendentpassifacilementàlapolice,engénéral.Enplus,lejeunehommequiaportéplainteestpropreàcentpourcent.Iln’amêmepaseud’amendepourexcèsdevitesse.

Rowdy a grogné et s’est assis sur le bord de sa chaise. Les yeux bleus de Sayer étaientcompatissants,etaufondjecroisqueRowdyappréciaitqu’elleneluivendepasdesrêves.

–Alors,qu’est-cequ’onfait,maintenant?Elleapenchélatêtesurlecôtéetnousatouslesdeuxregardésavecunairpensif.– Il y a unmec,Quaid Jackson et je sais de source sûre que c’est un barracuda. Je n’ai jamais

travailléavecluidirectementparcequ’ilestaupénal,maissaréputationleprécède.Personneneveutseretrouverfaceàluiautribunal.

Elleasouriunpeuetaprissontéléphone.–Undesassociésicil’areprésentépoursondivorce,ilyaquelquesmois.Safemmen’étaitpasune

minceaffaire.LecabinetaévitéàQuaiddedevoir luipayerplusde troismilleballesdepensionparmois.Jevaisluipasseruncoupdefiletvoirs’ilpeutdonneruncoupdemainàtonami.

Rowdyarelâchélesoufflequ’ildevaitretenirdepuisunmoment,etatendulebraspourposerlamainsurmanuque.Jemesuispenchéeet j’ai tapotésacuisseavecungesterassurant.C’étaitmoiquiavais appelé Sayer pour organiser cette rencontre, mais maintenant que nous étions là, je voyais lesréservesdeRowdyet lafroideuravec laquelle ilétaitarrivécommenceràfondreautourde lui.Sayern’avait porté aucun jugement, n’avait pas supposé le pire d’après le personnage d’Asa. Tout ce quicomptait pour elle était d’aider l’amide son frère, parcequ’il avait degros ennuis et qu’elle était enpositiondelefaire.

Saconversationavecl’autreavocatfutbrève.Elleaprésentéceàquoiilauraitaffaireetafroncélessourcilsenentendantsaréponse.IlsontcontinuéquelquesminutespuisSayeraditcalmement:

–Jeneteparlepasducoût,Quaid,maisd’empêcherunhommeinnocentd’allerenprison.J’aisentilesdoigtsdeRowdyseserrerparréflexesurmanuqueetjeluiaijetéunregardinquiet.

Ilm’aregardéeaussietj’aiétésurprisedevoirunpetitsouriresurseslèvres.–Elleestdure.–Etjolie.Toutcommetoi.Ilalevélesyeuxaucielmaiss’estpenchépourposerseslèvressurledessusdematête.Sayera

raccrochéletéléphoneetnousalancéunsourirequ’onnepouvaitqualifierquedevictorieux.–Ilestd’accord.Jesavaisqu’ilnerésisteraitpasaudéfi.Rowdys’estéclaircilavoix.

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–Ilal’aircher.Jesavaisque tout lemondesecotiseraitetaideraitàéponger lesfraissic’étaitnécessaire,mais

Sayerasecouélatête.–Ilvalefaireentantquefaveuraucabinet.Toutcequeleclientauraàpayer,c’estl’avancesur

honorairesqu’ildemande,decinqmilledollars.Cinqmille,celafaisaitdéjàbeaucoupd’argent,maisc’étaitcarrémentfaisable.–Mercibeaucoup,Sayer.J’avaisenviedeluifaireuncâlin.Lablondem’afaitunsignedetêteetadirigésonattentionvers

Rowdy.Elleaprisungrandsouffleetaexpirélentement.–Jesaisquecen’estpaspourçaquetuesici,maisjecroisqueceseraitdelanégligencedema

partsijenetedisaispasquetuasunhéritageassezconséquentdisponible,situenasbesoin.J’aisentiRowdysursauterlégèrementàcôtédemoietlajambequejetenaiss’estcontractéesous

mesdoigts.–Je…Iln’apasfinisaphraseetj’aivusatêtetomberunpeu.–Jenepeuxpaspenseràçaencemoment.Jeteremerciedenousaider,maispenseràcettehistoire

d’argent,etàtoi…Ilahaussélesépaules.–Jenesaispassijesuisencoreprêtpourça.Sayerafaitunsourireunpeutriste.–Jecomprends.Jemedisques’ilyaunepossibilitéquetut’yfassesunjour,çapeutattendre;et

j’attendrai.Ils’estànouveauéclaircilagorgeets’estlevé.Ilamarchéjusqu’aubureauetluiatendulamain

pourqu’ellelaserre.Enlesvoyanttouslesdeuxainsicôteàcôte…Onnepouvaitpasnierqu’ilsétaientde la même famille. Leur ressemblance était frappante, mises à part l’élégance naturelle que Sayerpossédaitetlaféminitédélicatedesestraits,lefaitqu’ilsétaientfrèreetsœurétaitévident.

–Jesuisdésoléd’avoirréagicommeunconnardquandtum’asditquituétais.Jeneréagispastrèsbienauxsurprises.

Jel’aivueserrersamain.–Net’enfaispaspourça.J’aivoulubalanceruneclaqueaunotairedemonpèreetjel’aitraitéde

menteurquandilm’aannoncélanouvelle.Jecomprendsqueçasoitduràavaler.Ilahochélatêteetrefaitunpasenarrièreversmoi.– Tu as l’air d’être une personne très sympa, Sayer. Demi-sœur ou pas, tu ne méritais pas de

recevoircettebombesurlatête,pasplusquemoi.C’estnulcequ’ilafait,pournousdeux.Sayeraeuunpetitrireétouffé,s’estlevéederrièrelebureauclasseetafaitquelquespasdecôté.–Papaétaitunmecasseznul.Ellealevéunpeulementonetachangédesujetennousdisant:

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–Ilsn’ontpasdéplacéAsadelacelluleaupostedepolice.Ildoitsûrementencoreyêtre,àmoinsquesasœurenaitfiniaveclacaution.Vouspouvezsûrementlesrattrapersivousyallezmaintenant.

Rowdyahochélatêteetl’aencoreremerciée.Jel’aicontournéetaiprisSayerdansmesbras.–Merci.Ellem’arendumoncâlin.–Pasdeproblème.Ellearegardépar-dessusmatête,làoùRowdydevaitnousobserver.–Jet’avaisditqu’ilyarriverait.–Jecroisquevotreamietsonpassédouteuxontdûaccélérerleprocessus.J’airidoucementetl’ailâchée.–Ehbien,onditqu’iln’yapasdehasard.–Jesuppose.Bonnechance.Appelez-moisivousavezencorebesoind’aide.Quaidestlemeilleur

danssondomaine,maisjeresteàvotredispositionsivousavezbesoin.–Tuesgéniale.LavoixdeRowdyétaitdouceetonypercevaitunemultituded’émotions.Ilm’aprislamainquand

nous sommes sortis de l’immeuble pour reprendre la route vers Capitol Hill, où était situé lecommissariatducentre-ville.Enfait,cen’étaitpastrèsloinduMarked,etplusnousapprochions,plusRowdyétaittendu.

Celan’apasétécompliquéderepérerAyden,àpeinelesportesfranchies.Ellefaisaitlescentpasàtouteallure,etlestalonsdesesbottesdecow-boyrougesclaquaientsurlesolenlino.EllealevélatêtequandRowdyaappelésonnometelles’estprécipitéedanssesbrasavectellementdeforcequ’ilafaitunpasenarrière.Lapauvreavaitl’airépuiséeetstressée,maispar-dessustoutcela,elleétaitfurieuse.

–Asan’apasfaitça.Ses yeux dorés brillaient d’une telle certitude que si jamais je m’étais posé des questions sur

l’innocenced’Asa,lafoifervented’Aydenensonfrèreauraitsuffiàlestaire.–Jesais,Ayd.J’étaislàlesoiroùlegaminacommencéàfoutrelamerde.Jepensequ’ilapiégé

Asa.Aydens’estpassélesmainsdanslescheveuxetlesatirésparfrustration.–Asas’est fourrédansbeaucoupd’ennuisdepuisqu’ilsaitmarcher,mais iln’estpas idiot. Ilne

feraitpascourirderisqueaubarouàRome,a-t-elleditavantd’avalersasalive.Quandjel’aiaccuséd’êtreimpliquédanslecambriolageladernièrefoisetqu’ils’estferméetéloignédemoi,j’aicompris…Ilveutêtreici,etilachangé.Jen’arrivepasàcroirequetoutçaarriveencore.

Rowdyapassélamaindanssondospourl’apaiser.–Onvatrouverunesolution,Ayd.Onluiatrouvéunavocatquinerigolepasetilyavaitpleinde

témoinsquipeuventconfirmerquec’estlegaminquiacommencéàharcelerAsa,etpasl’inverse.Aydenalâchéunrireamerets’estremiseàtournerenrond.–Toutceàquoijepense,c’estqueseserait-ilpassésij’étaisàAustinencemoment?Quiseraitlà

pour le faire sortir ?Qui serait là pour croire qu’il est innocent ? Çame faitmal au cœur et çame

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retournel’estomac.Jevoyaisqu’elletournaitenronddanssatêteetqueRowdynesavaitpasdutoutcommentl’aider.

Jemesuisavancéeet j’aipris lepoignetd’Aydenpourqu’ellearrêtedesepasser lesmainsdans lescheveux.

–Ayden,respireuneseconde.Sesyeuxcouleurwhiskyontsautésurmoietpendantunefractiondeseconde,j’aicruqu’elleallait

memettreuncoup,maisellea fait ceque jedisaiset aprisune sériedegrandes respirations, et j’airemarquéquesesmainssedécrispaient.

–Onestlà.Onsaitqu’iln’apasfaitçaetonestprêtsàl’aideràsebattrepourleprouver.Ilneserapasseul.

–Çafaitplusdetroisheuresquejesuislààattendrequ’ilslefassentsortir.Çam’alaissétropdetempspourmesouvenirdecequec’est.Voirsonfrère,ouquelqu’unqu’onaime,menotté,çacraint.

–Jesais,chérie,maiscettefoisc’estlesennuisquil’onttrouvé,iln’estpasalléleschercher.Çapeutarriverdetempsentempsetpeuimportesituesici,àAustin,ousurlaLune.Tonfrèreaçaenlui.

Jene luimentaispas. Ilyavaitce trucdans lesouriremalicieuxet lecharmenatureld’Asa.Lesgarçons si beaux gosses et malins se retrouvaient forcément dans le pétrin à un moment, même s’ilsessayaientsoigneusementdel’éviter.

Je crois qu’elle allait répondre quelque chose, mais à cet instant, Royal et un autre homme enuniforme de police ont escorté le frère d’Ayden jusqu’à nous. Royal ne voulait pas croiser le regardd’Ayden,doncelleachoisidemeregarder.Jevoyaisdanssesyeuxsombresunegrandetourmentequandelleadit:

–Désoléequeçasesoitéternisé.Lapaperasseaprispluslongtempsquecelaauraitdû.Elleasoupiré.–Vousavezdelachancequ’ilsl’aientlaissésortirsurcautionsanspasserdevantunjugeavant.AydenareprissonsouffleetRowdyalâchéungrosmotquandAsaestpassédevantlespolicierset

qu’onpouvaitvoirlesdégâtssursonvisage.Undesesyeuxétaitsigonfléqu’ilétaitfermé,seslèvresétaient rouges et gonflées, et il avait une coupure sur le menton qui avait l’air profonde et crade. Ilsemblaitqu’unoudeuxpointsdesuturen’auraientpasétédetroppourlarefermer.

–OhmonDieu,Asa!Çava?IlarattrapéAydenavantqu’ellepuisseluifoncerdessuscommeellel’avaitfaitavecRowdy,puisa

grimacéquandellel’aserrétropfortdanssesbras.–J’aiconnumieux.–Ilfautquetuvoiesunmédecin,ouquetulaissesSaintt’examiner.Elleétaitauborddeslarmes.–Nan,çavaseremettretoutseul.Son regard a sauté vers Rowdy et ils ont échangé une sorte de regard entre mecs qui voulait

clairementdirequ’ilsouffraitplusqu’ilnelaissaitparaître.–Mercidem’avoirfaitsortir,Ayd.

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C’est ce qui l’a fait craquer.De grosses larmes ont roulé depuis ses cils noirs, etmême si l’onvoyaitquecelaluifaisaitmal,Asal’aserréeencoreplusfort.

–Çavaaller.–Pourquoituneleuraspasditquecen’étaitpastoi?RowdyaposélaquestionàAsa,maisc’estRoyalqu’ilregardaitetjel’aivuetiquer.Sonéquipier

nousa tousadresséunregardmauvaisetacroisé lesbrassurson torsecostaud.Asan’apas répondumaisaregardédroitversRoyalpar-dessuslatêtedesasœur.Ilsonteuunétrangeduelderegardjusqu’àquesonéquipiertrouvevisiblementqueceladevenaittropgênantetnousinformetous.

–Ilauneaudiencedansquelquesjours.Essayezdel’éloignerdesennuisd’icilà.Ilafaitunegrimace.–Laprochainefois,çam’étonneraitqu’ilyaitautantdegensprêtsàfairejouerleursrelationspour

lerelâcheraussivite.IlabousculéRoyalenseretournantpourpartir.Elles’estmordulalèvreetm’aregardéavecdes

yeux un peu implorants. Je ne savais pas trop pourquoi j’étais devenue son alliée, mais je ne luireprochaisrien.D’ordinaire,elleétaitaniméed’unfeuetd’unerépartieincroyable,doncc’étaitétrangedelavoirréservéeetavecunairdésolé.

–Jefaisaisjustemonboulot.C’étaitunboulotqu’elleaimaitetpourlequelelleétaitdouée.Jesavaiscela,mêmesijen’avais

passéquequelquesheuresensacompagnie.–Onlesaittous,Royal.J’essayaisde la rassurermais son regard restait surAsaet jenecroispasqu’ellenousparlait à

tous.AydenalâchésonfrèreetaregardéRoyald’unsaleœil.–Jen’arrivepasàcroirequetul’aiesjetédansunecelluleaveclatêtequ’ilaetquetul’aieslaissé

làtoutelanuit!J’aivulagorgedeRoyalrougird’uncoupetelleaouvertlabouchepoursedéfendre,maisAsalui

acoupél’herbesouslepied.–Sij’avaisétéquelqu’und’autre,quelqu’undemeilleurdèsledépart,aucund’entrenousneserait

là.D’habitudejesaisqu’ilnefautpassous-estimerungaminmalinquiabeaucoupdehaineetquicroitquetoutluiestdû.Laisselajolieflictranquille,Ayd.Elles’estmêmeexcuséequandellem’apassélesmenotteshiersoir.

Ilafaitunclind’œilàRoyalavecsonœilindemne.– Allez, on sort d’ici. Je n’ai pas besoin de passer plus de temps que nécessaire dans un

commissariat.Ilafaitunpetitsourirenarquois,entoutcasjecroisquec’étaitcequec’étaitcenséêtre,maisvu

l’étatdesonbeauvisagetoutdéformé,c’étaitduràdire.–Mêmesic’estpresqueunedeuxièmemaison,maintenant.Aydenagrincédesdentsetluiadit:–Tun’espasdrôle.

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Puiselles’estempresséededemanderpardonàRoyalpourluiavoircriédessus.Nousétionstouspressésdesortird’ici,alorsj’aisuiviRowdyquisedirigeaitverslesportesduposte.Aydenétaitjustederrièremoietj’aientenduAsadireàRoyal,avantdenoussuivre:

–C’estdommage,toi,moietdesmenottes,onpourraitbiens’amuserdansd’autresconditions.Iln’yavaitqu’Asapourdraguerlaflicquil’avaitcoffréalorsqu’ilavaitunesalegueuleetsentait

encorelatauleetlesangséché.J’aicruvoirRoyalrougirànouveau,jesuiscertaind’avoirvusamâchoiretomberunpetitpeu,et

j’aiimmédiatementpenséqu’ilscherchaienttouslesdeuxlesennuis.Asaétaitundragueurinvétéré,etnepouvaitévidemmentpasêtreintéresséparunefillequil’avaitarrêté.S’ill’était,pourunmeccommelui,cene serait quepar jeu et parvengeance.Royal était pleinedevie et demalice,mais j’avaisvuunepointedevulnérabilitéenellequandellenousavaitramenélesudistesexy,etunmeccommeAsapouvaitdétruireça,etladévorer,sionluiendonnaitl’occasion.Jepensaisquec’étaitprobablementmieuxqueson insigneet sonarmesuffisentà l’empêcherdevoir combienelleétaitmagnifiqueet incroyableen-dessous.

Ilfaisaitdésormaiscomplètementnuit.AydensedisputaitavecAsapourqu’ilailleauxurgences,ouaumoinsqu’illaisseSaintleregarder.RowdyaeuJetautéléphone,quiluiaditqu’ilvenaitd’atterriràDenver.Celaavaitétéunelongueetépuisantejournéeetellenes’étaitpasdutoutterminéecommejelepensaisaprèsmamatinéesupersexysurlajetéeavecRowdy.

NousétionsderetourdanssonSUV,quiroulaitversmonappartementquandilatendulebras,m’aprislamainetl’aportéecontreseslèvres.Ill’aembrasséelégèrementpuisl’aposéesursacuisse.

–Mercid’êtrerestéeavecmoiaujourd’hui.C’étaitdur.J’aiserrélesdoigtssursonjean.–Pasdeproblème.C’étaitdur,maisçaauraitpuêtrebienpire.Tuasdesgensbiendetoncôté,et

Asaaussi.J’aivusesdentsblanchesdanslapénombredelavoiture.–Jet’ai,toi,demoncôté.J’avaisoubliéàquelpointçamedonnaitl’impressiondepouvoirfaire

toutcequejevoulaisettoutcequejedevais.Saphrasem’adonnéchaud.– Oh, arrête. Tu as un super groupe d’amis et une famille ici. C’est vraiment touchant de voir

commentvousvousrassembleztouspourprendresoinlesunsdesautres.J’aisoupiréunpeusouslecoupdel’émotionquis’accumulaitenmoi.–Tuas trouvé tonarbre,Rowdy,et lesbranchessontplusfortesetplussolidesquecequ’ont la

plupartdesgensdansleurproprefamille.–Ouais.Savoixestdevenueplusgrave.–C’est lapremière foisdemavieque jepeuxvraimentdireque j’ai l’impressiond’avoireu la

chancedemoncôté.Jesuischanceuxd’avoiratterriici.Ilm’aregardée,danslenoir,etjevoyaisbrillerlebleudesesyeux.

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–Jemesensaussichanceuxquetum’aiestrouvéaprèstoutcetemps.J’aibougédansmonsiègecarl’émotionmenouaitlagorge.–Jenesavaismêmepasquejetecherchais,maisdèsquej’aivutaphotosurlesitequandNash

m’a appelée pourme proposer le poste, j’ai eu le sentiment que c’était exactement ce que je faisaisdepuisdixans…Techercher.

C’étaituneconversationbiengrave,etaprèsunejournéeaussiforteenémotions,ellenousavidéstouslesdeux.Quandnoussommesarrivéschezmoi,Rowdym’araccompagnéejusqu’àlaporte,apassédix minutes à jouer à la bagarre avec Jimbo, et a discuté rapidement avec Poppy tandis que jel’engueulais car elle avait étéde son côté et pasdumien.Même si jevoulaisvraimentpasser lanuitcolléecontresongrandcorpsetmedétendre,jecroisquenoussavionstouslesdeuxquecen’étaitpasauprogrammepourcesoir.

Ilm’aembrasséeavantdepartir et celaapresquesuffi àme faire leplaquerausolet le traînerjusqu’àmachambre,etcen’estqu’unefoisqu’ilétaitpartietquej’avaisfermélaportequejemesuisrenduecomptequejel’avaisembrassédevantmasœuretquejenem’enétaispasdutoutinquiétée.

Jemesuisaffaléesurlecanapéàcôtéd’elleetaigrognéquandlabouledepoilqu’étaitJimboetquin’arrêtaitpasdegrandir,aposésonlourdcorpssurmespieds.

–Jesuisamoureusedelui.Genre,pourdevraietpourtoujours.Cesmotssontsortisàtoutevitesseetjen’étaismêmepassûrequec’étaitcequej’avaisvoulului

dire,entoutcaspasavantdeleluiavoirditàlui.Poppym’adonnéuncoupd’épaule.–Nan!?Tucroisquejel’auraisaidéàtekidnappersijen’avaispassuça?Tuasétémalheureuse

toutelasemainesansraisonapparente.Jeveuxquetusoisheureuseetamoureuse,etlaseulepersonneavecquituasressentiça,c’estRowdy.

J’ailaissématêtetomberenarrièrecontrelescoussinsetj’aigrattéJimboentresesoreillesplates.–Pourquelquechosequia l’airsi facile,pourquoic’estsidur?Pourquoi j’arriveà tesortirça

maisj’aienviedevomirrienqu’enpensantàleluidire?Elleaposésatêteprèsdelamienne.–Jen’aipasderéponseàça,maisj’aimeraisbien.L’amourestcompliqué,etilpeutfairetrèsmal.–TunevaspasretourneràLoveless,hein,Poppy?Elle ne pouvait pas. Je crois que je ne l’aurais pas laissée faire, même si c’était une adulte

responsabledesavie.–Ilfaudrabien.J’enaieulesoufflecoupéetjemesuistournéepourluilancerunregardnoir.–Pasmoyen!–Calme-toi,Salem.Jeveuxjustedirequ’ilfaudraquejeretournecherchermesaffaires.Jenesais

pascommentfaireçasanscréerungrosscandaleavecOliver,maisoui,ilfautquej’yretournepourluimontrer,àluietàPapa,quejen’aipaspeuretquecequ’ilsontfaitn’estpasbien.

–Ehbienjevaisyalleravectoi,alors.Tunevaspasfairefaceàcesdeuxtrousducultouteseule.–C’estuncombatquej’auraisdûmenerilyalongtemps.Commetoi.

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Elles’esttuependantunebonneminute,puisellem’adit,d’unevoixdouceetcassé:–Jet’aime,Salem.–Pareil,Poppy.J’avaispassélajournéeentouréed’amour,j’avaisvuunefamilleavectoutessortesderelationsse

battrepourundesleursets’entraider.Jem’étaisalorsrenduecomptecombienmaviedenomadeavaitétésolitaire,toutescesannées.Jecommençaisàpeineàmeconstruiremonproprearbregénéalogiqueetcen’étaitpassurprenantquesesracinespoussentsouslespiedsbottésdeRowdy.Ilavaittoujoursétélaseuleconstantedansmavie,mêmequandnousétionsséparéspardeskilomètresetdessouvenirs.

Jepouvaisencaisserl’idéederetournerdansunendroitoùj’avaisjurédeneplusjamaisremettrelespieds,uniquementcarjesavaisqu’ilseraitlàquandjereviendrais.Ilseraittoujoursmonphare,quimeguideraitverschezmoiàtraverstouteslestempêtes,commeledisaitletatouagesursontorse.

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Chapitre17ROWDY

Jen’étaispasàl’aiseenentrantdansleBar.Jecroisquejeluiavaisdemandédemerejoindrelà-bas,aulieud’unendroitplusclasseetplushautdegammedansLoDo,pouressayerdenousmettresurunpiedd’égalité,etjen’étaispasdugenreànégligerl’avantagedejoueràdomicile.

J’avais vingt bonnes minutes d’avance, mais plus je restais là à réfléchir au fait que j’allaism’asseoiravecelleentêteàtête,plusj’avaisenviedepartirencourant.Alorsquandjesuisarrivédansl’intérieurtamiséduBarcevendredisoir,deuxsemainesaprèsl’incidentd’Asaaveclapolice,j’aiétésoulagéetsurprisdevoirRuleassisaubar,entraindeparleravecRome.LesfrèresArcherpourraientmefairepenseràautrechosequ’àmespetitesretrouvaillesprévuescesoir-là.J’auraisdûavoirunpeudecourage, fairefaceàSayerplus tôt,mais j’étais tout justecapable,àcemoment-là,depenserà luiparlersansavoirenviedemebarrerdansl’autresens.

Jeme suis installé à côté de Rule et lui ai donné une claque sur l’épaule tandis que Romemeregardaitenlevantsonsourcilavecunecicatrice.

–Oùesttadame?Madame…Jenemelasseraisjamaisd’entendrelesgensappelerSalem«ma»quelquechose.–ElleaideSaintàfairesescartons,avecRoyal.IlavaitfalluuneéternitépourquelameufdeNashaccepted’emménageraveclui,maismaintenant

quec’étaitdécidé,elleneperdaitpasdetempspourtransférersesaffairessoussontoitpourdebon.–Jedoisretrouverquelqu’und’autrepourprendreunverre,enfait.Lesdeuxfrèressesonttournésversmoi,ets’ilavaitétépossibled’êtretuésurplaceparlaforce

d’unregarddésapprobateur, jeseraismortenuninstant.J’ai levélesmainsensignederedditionetaisecouélatête.

–Non.Pasdanscesens-là.Putain,vousconnaissezSalem,non?Ellemecouperaitlescouillesetmelesferaitmangersij’allaisvoirailleurs.

J’ailevéunsourcilàmontouretaiserrélesmainssurlereborddubar.

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–Ilyaquelquessemaines, j’aidécouvertque lemecquiavaitcontribuéà l’autremoitiédemonADNsavaitque j’existais.Safille,mademi-sœur,aapprisçaquand ilestmortetqu’ilm’a laissé lamoitiédesonhéritage.Ellem’acherchéetçafaitquelquesmoisqu’elleessaiedemeconnaître.C’estellequiatrouvél’avocatpourAsa,d’ailleurs.

Romeaémisunlongsifflementgraveets’estretournépourmeprendreunebière.–C’estunvrairomanfeuilleton,tontruc.Ruleetmoiavonsrienmêmetemps.–Jenetelefaispasdire.J’aidonnéuncoupd’épauleàRule,assezfortpourpresquelefairetomberdesontabouret.–Pourquoitun’espasàlamaisonavectafemmeenceinte,toi?Jen’auraisjamaiscruquel’archétypedel’enfantsauvagedelafamilleMarkedseposeraitunjour,

mais Rule s’était parfaitement habitué à la vie domestique et je devais avouer que cela lui allaitvachement bien. Il s’est redressé sur son tabouret etm’a pris la bière desmains pour en prendre unegrandegorgée.Ilmel’arendueaprèsavoirfaitbienattentionàbaverpartoutdessusetjen’aipuqueluilancerunfauxregardmauvaistoutenriantàsesbouffonneries.

–On est allés faire une échographie aujourd’hui et je crois qu’il nous a tous les deux fallu uneminute pour nous y faire. Ça a rendu tout ça réel. Je vais être papa. Je vais avoir un gamin avec ladernièrepersonnesurTerredont j’aurais imaginétomberamoureux,etmaintenant jen’imagineplusdutoutmaviesanselle.J’aientendulesbattementsdecœurdemongosseetj’aifaillipleurer,putain.

Sesyeuxpâlessesontécarquillés.–Qu’est-cequejevaisfaires’ilestexactementcommemoi?!Romearicanéetluiademandé:–C’estungarçon?Ils’estpassélamaindanslanuque.–Ouais.Ceseraitpeut-êtreplus facileavecune fille.Elle seraitdouceetgentillecommeShaw.

QueDieunousvienneenaides’ilressembleàsonvieux.Romeapouffé.–J’aiunepetitefille,etmêmesielleestdouceetgentille,elleestaussigrincheuseetexigeante.Jeluiaifaitunsouriregoguenard.–Exactementcommesamère.–Jedéconnepas,maisjenelachangeraispourrienaumonde.IlditàRule:–Çaira.S’ilestcommetoi,aumoinstusaurascequ’ilfautfairepourlemaîtriseretluirappeler

qu’il a le droit d’être compliqué et de tracer sa voie dans cemonde,mais qu’il doit laisser les gensl’aimer.

Les frères ont échangé un regard lourd de sens qui renfermait toutes les batailles qu’ils avaientgagnées et perdues, et j’étais d’accord avec Rome. Pour essayer de détendre l’atmosphère, j’ai dit àRule:

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–Aumoins,t’attendspasdesjumeaux.JecroisqueDenvern’ysurvivraitpassionrelâchaitdeuxautrestoisurlaville.

Maremarqueaeul’effetdésiréetlesépaulesdeRuleontperduunpeudeleurtension.–C’estvrai.Coraafaitlatêtependantuneheurequandjeluiaiditqu’iln’yavaitqu’unbébé,et

pasdejumeaux.–Çanem’étonnepas.Romealevélesyeuxetafaitunsignedetêteàquelqu’unquiavaitpassélaporte,derrièremoi.

Jemesuisretournépourvoirdequiils’agissaitetj’airegardéderrièreAsapourvoirlajeunefemmequile suivait. Elle était petite, à peu près de lamême taille queCora,mais avec plus de formes commeSalem,etelleavaitlescheveuxrosesvifetunrictussursabellebouche.Elleavaitl’airencolèrecontrele monde entier et pas du tout heureuse d’être au Bar. La petite respirait le mauvais caractère et lemécontentement. Elle est passée devant nous sans nous adresser un seul regard. Il émanait d’elle unecolèreetuneinsatisfaction,commesiungrosnuagenoirlasuivait.

Romeagrognéaprèssonarrivéeorageuseetalancé:–EnparlantdeCora,cettejeunedameiciprésenteluifaitdelasérieuseconcurrenceenmatièrede

caractère.LeplusvieuxdesArchern’avaitpasl’aircontent.–C’estqui?C’estRulequiademandécela,enmontrantdudoigtlapetiteauxcheveuxroses.–Avett,lafilledeBrite.Ilnousademandé,avecAsa,detrouverunmoyendeluiéviterlesennuis

pendantquelquesmois.Elle s’est faitvirerde la facet traînait avecdesgens louches.Elle est atroceavec lesclients,doncon l’a foutueà lacuisinepouraiderDarcy,maisvuquec’estsamère,çanesepassepasbien.Unedesdeuxvafinirparsetirerenpleinrush.

Ilaeuunpetitriresec.– Je crois que Brite espère qu’Asa aura une bonne influence sur elle, aussi fou que ça puisse

paraître.BriteWalkerétaitceluiquiavaitvenduleBaràRomepourunebouchéedepain.C’étaitaussile

mentorde l’anciensoldatetglobalement, lavoixde la raisonpour leshommescostaudsetbornésquiprenaient des décisions bêtes. Je savais queRome etAsa seraient prêts à tout pour Brite, y comprisdonnerunjobàsaprogénituredésagréableetlasurveiller.

J’ailevéunsourcil.–Elleal’airabsolumentcharmante.Romes’estcontentédegrognerunsemblantderéponse,puisnousadit:–J’aiquelquechosedeprévuavecCoracesoir,doncilfautquejemedébrouillepoursortird’ici.

Joefaitlebaby-sitteretonvasortir.JoeétaitlepèredeCoraetilétaitfoudesapetite-fille,aupointd’avoirdéménagédeBrooklynà

Denverpourêtreplusprèsd’elles.IlétaittrèsimportantdanslaviedeRomeetCora.–C’estpourquelleoccasion?

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LaquestiondeRuleétaitsimple,maislafaçondontRomes’estraidietdontsesyeuxsontdevenusdesflammesbleuesm’ontfaitpenserqu’ilavaitprévuautrechosepoursasoiréequ’unpetitrestau.

–Pasde raisonparticulière. J’aiune femmesublimequim’adonnéeune fillemagnifiqueet elleméritetoujoursdesavoirqu’elleestcequicompteleplusaumondepourmoi.

Ahoui,Romen’étaitpasungrandbavardetcegenrededéclarationétaitplutôtinhabituelle.Ruleetmoiavonséchangéunregardentendu.Ilyavaitclairementquelquechosequiclochait.

–JevaispréparerAsapourleservicedusoiretj’yvais.IlafaitunsignedumentonversRuleetluiadit:–Tuvasêtreunpèregénial,Rule.Toutcommetuesunmarigénial,unfrèregénial,unamigénial,et

unassociéindestructible.Shawettoi,vousêtesfaitspourça.Ruleahochélatêteetjel’aivuavalerdifficilementsasalive.–Merci.Jeme suis retournépourvoir laporte. JenevoulaispasmanquerSayerquandelle arriverait, et

honnêtement,jenevoulaissurtoutpasmanquersaréactionquandelleverraitleBar.Certes,Romeavaitnettoyécetendroit,ilavaitrestauréouremplacélamoindresurface,maiscelarestaitunbarmiteuxetiln’yavaitaucunmoyendelecamoufler.

–Qu’est-cequ’ilyaavecCora,àtonavis?J’aivouluprendreunegorgéedemabièrepuisjemesuissouvenuqueRuleavaitpassésalangue

partoutdessusetjelaluiaidonnéeavecunegrimace.–J’saispas.Iln’arrêtepasdeluidemanderdedéménager.Ilveutacheterunemaison,maisquisait.

Cesdeux-là,ilscombattentlefeuparl’essence,etjecroisqu’ilsaimenttouslesdeuxleregarderbrûler.–Ilsnes’ennuientpas,j’imagine.–Impossible.Tuimaginesqu’onpuisses’ennuyeravecCora?J’ai ri et me suis redressé en voyant la grande femme blonde passer la porte d’entrée. Rule a

remarquémonchangementd’attitudesoudainetasuivimonregardversSayerquiregardaitautourd’elledansledécorsombrepourmetrouver.Elleacroisémonregardets’estdirigéedansmadirection.Ellesedéplaçaitcommesiellefaisaitpartied’uncortègedemariageroyal.

–Elleteressemblebeaucoup,Rowdy.–Ouais,jesais.Sayers’estarrêtéedevantmoietabougénerveusement.–Bonjour.–Salut.SayerCole,jeteprésenteRuleArcher.C’estuncollègueetunvieilami.ElleatendulamainpourqueRulelaserreetj’aiétéimpressionnéquesonregardnes’attardepas

surleserpentcoloréquidécoraittoutledosdelamaindeRule.–Raviedevousrencontrer.Savoixétait fermeetellenesemblaitpasdu toutmalà l’aise,maissonregardn’arrêtaitpasde

croiserlemienpuisdelefuir.Jemedemandaissielleétaitaussistresséequemoiàl’idéedepasserdutempsensemble.

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–Moiaussi.Mercid’avoirdonnéuncoupdemainàAsa.L’affaires’étaiteffondréedefaçonspectaculairelorsquelegarsavecquiSayernousavaitmisen

contactpourreprésenterAsanousavaitrejoint.QuaidJacksonétaiteneffetunbarracudaetiln’avaitrienlaisséauhasardquandils’étaitagidedéfendreAsa,mêmesisonhistoireétaitloind’êtreexemplaire.Cequiavaitvraimententerrél’affaire,c’étaientl’arroganceetl’inconsciencedugamin.Lemeneur,lepetitconquiavaitcherchédesemmerdesàAsaaubar,avaitétéassezimprudentpourpubliersurYoutubeunevidéodeluietsesamisencerclantAsasurleparkingaprèslafermeturedubar,filméeavecuntéléphone.L’agressionqu’onyvoyaitétaitviolente,gratuite,vicieuseettotalementinjuste.Évidemment,Asas’étaitdéfendu et effectivement, le petit s’était fait casser la gueule,mais ce n’était rien comparé aux coupsqu’Asa avait pris, à cinq contre un. En réalité, il avait eu de la chance qu’il n’y ait que son visaged’abîmé.Ilsemblaitvraimentqueleschosesauraientpumalfinirpourlui.

Quaida récupéré lavidéo,nonpasqu’elleaitétédifficileà trouveraprèsavoirétépartagéesurFacebooketTwitter,et il l’a transmiseàquidedroitdans lesystème judiciairepour faire tomber lesaccusations.Lemeneurdetoutcecirquefaisaitmaintenantfaceàdesaccusationsdefauxtémoignage,etdecoupsetblessuresplutôtsérieuses.QuaidavaitétéassezgentilpournefairepayerquemilledollarsàAsa,commeiln’avaitmêmepaseuàseprésenterdevantunjuge.C’étaitunevictoirepourl’équipeAsa,mêmes’ilnevoulaittoujourspasexpliquerpourquoiiln’avaitpasrésistéàsonarrestationnines’étaitdéfendufaceàlapolicequandilsl’avaientattrapéetmisdanslavoiture.

–Ilsembleavoirundonpoursemettredanslepétrin.Sayeraditcelasuruntonlégeretsansreproche.Rules’estlevédutabouretetaposédel’argent

surlebar.–Çanousarrivetousdetempsentemps.Ilm’aditaurevoiretalancélamêmechoseàAsaalorsqu’ilréapparaissaitderrièrelebar.J’ai

aussiprésentélebarmanàSayeretill’aremerciée,commeRulel’avaitfait,maisavecbeaucoupplusdecharme et un sourire destiné à lui donner envie de finir dans un lit avec lui. J’espérais que cela nefonctionneraitpas.Jecommençaistoutjusteàmefaireàl’idéequej’avaisunesœur.Jenepouvaismêmepascomprendrecequejeressentaisàl’idéequ’ellepuissecoucheravecundonJuancommeAsa.Ilnousaditquenosverresétaientoffertsparlamaisonpourcesoir,etm’afaitunsourireencoincommes’ilavaitparfaitementcomprisoùmonespritavaitplongé.Jeluiaifaitundoigtd’honneurensuivantSayerversunedestablesàcôtédelascènequeRomeavaitconstruitependantsarénovationduBar.Ilallaitseremplirplustardmaispourl’instant,c’étaitasseztranquillepourdiscutersansdevoircrierpourcouvrirlebruit.

J’aiétéétonnéqu’elleprenneunebouteilledeCoorsLightaulieudecommanderuncocktailouunverredevin,quoiquejen’étaispascertainquelebarserveduvinautrequeceuxqu’ontrouvaitdansdesbriquesencarton.

–Jesuiscontentequetum’aiesdemandéqu’onsevoie.Elleparlaitdefaçontrèsposéeetpoliemaissesmains,quibougeaientsanscesse,trahissaientsa

nervosité.

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–Parfois,ilmefautunmomentpourarriverlàoùjedoisêtrementalement.Commejetedisaisdanstonbureau,tuneméritespasd’êtretraitéecommeça.Engénéral,jesuisunmecplutôtcorrect.

–Peut-être,maisjecomprendsquetoutçasoitassezduràencaisser.J’aiprismabièreetairegardéSayerpar-dessuslabouteille.–Toiaussi,tuasdûl’encaisser.Elleahochéunpeulatêteetatirésurl’étiquettedesabière.–Monpèreatoujourstrouvédenouvellesfaçonshorriblesdemegâcherlavie.J’ail’habitude.Sesyeux,sisimilairesauxmiens,sesontassombriscommeparunejournéeorageuse.–Quandj’aicommencéàtechercher,j’étaisencolèrecontrelui.J’étaisseule,tuétaisseul,etille

savait depuis tout ce temps. On aurait pu se connaître l’un et l’autre, et s’aider, mais il nous avolontairementgardésséparésjusqu’àcequ’ilparte.Jesuissûrequ’ilpensaitquetuseraisunenfoiréégoïsteetcupidequis’empareraitdel’argentsansréfléchir.Ilessayaittoutletempsdemefairedumal,maisenréalitéilm’adonnécequej’aitoujoursvoulu.

Lescoinsdesabouchesontremontésuntoutpetitpeu.–Unfrère,quelqu’und’importantavecquipartagermavie.Lefaitquetusoisunhommebien,et

que tu t’ensoissibiensorti tout seul,c’estvraimentungrand«va te faire foutre»que tu lui fais. Jepourraist’aimerinconditionnellementrienquepourça,Rowdy.

Jemesuis immobiliséalorsque j’étaisen traindeportermabièreàmes lèvreset l’ai regardée.C’étaitprobablementl’unedeschoseslesplusgentillesquequelqu’unm’aitdit.

– Je ne suis vraiment pas intéressé par la moitié de ton héritage, Sayer. Je n’ai pas un salaired’avocat,maisjemedébrouillebienetjesubviensàmesbesoinssansproblèmes.

J’aienfinprisunegorgéedebièreetaireposélabouteillesurlatable.–Ondiraitquetuasméritélemoindrecentime,delaplusduredesfaçons.Elleapoussésescheveuxsursonépauleets’estpenchéeunpeuenavant,plusprèsdemoi,pour

posersoncoudesurlatableetappuyersonmentonsursamain.–Jevaisêtretrèsprésomptueuseetpeutêtredépasserleslimitespendantuninstant,maisnem’en

veuxpas.J’ai levé un sourcil en souriant car elle avait vraiment l’air d’avoir peur dema réaction. Je ne

pouvaispasluienvouloir.Jeneluiavaispasvraimentdérouléletapisrougejusqu’àprésent.–J’aipasséunpeude tempsavecSalem.Je l’adoreet jepensequ’elleestaussiparfaitequ’une

fillepeutl’êtrepourtoi.Jesaisquevousavezunehistoirecompliquée,maisdel’extérieur,vousformezuneéquipe.Avantqueturefusescomplètementl’argentquiterevientdedroit,tupourraispenseraufaitque tu ne vis plus ta vie seul. Cet argent pourrait servir pour unmariage. Il pourrait servir d’apportpersonnelpourunemaison.Tupourraist’enservirpourunenouvelleentreprise,oupourpayerdesétudessituasdesenfantsunjour.Cen’estpasunepetitesomme,ethonnêtement,Rowdy,tul’asméritéautantquemoi.

Merdealors.Jen’avaismêmepaspenséàcequ’unerentréed’argentinattenduepouvaitsignifiersima relation avec Salem continuait à évoluer dans la direction qu’elle prenait. Je n’avais aucun doute

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qu’elles’étaitemparéedemoncœuretavaittoujoursdétenumonâme.Oui,j’allaissûrementluipasserlabagueaudoigtun jourou l’autreetvucommenotregroupepondaitdesmômesde tous lescôtés,celaferaitsûrementpartiedenotreprogrammeundecesjours.Maisjen’yavaispasvraimentréfléchicommefaisantpartid’unfuturproche.

–C’estvraiqu’onestbientouslesdeux.J’aimaislafaçondontSalemvoyaitnotrerelation,notrefaçonde«coller».J’enavaiseud’autres

surma routemais personne perçaitma carapace comme elle le faisait, peu importe combien j’auraisessayédelesforcer.

–Tuasraison.Ilfautquejeluienparleavantderefuserl’argentcommeça.–C’estunejeunefemmetrèsdynamique.J’airicarc’étaitunedrôledemanièredeledire.–C’estuneforcedelanature.–Letatouagequ’elleadansledos,celuiquetuluiasdessinéquandelleétaitado,jen’aijamais

rienvud’aussibeau.Jetrouvequetondessinestmagnifiqueetlefaitqu’elleportesoncadeaupréférésurelletouslesjours,c’estvraimentexceptionnel.

Je n’avais jamais vraiment vu les choses sous cet angle, mais Sayer avait raison. C’étaitexceptionnel.Vraimentexceptionnel,toutcommelarelationquej’avaisavecSalem.

–J’aitoujourspenséquejen’avaispasdechance,tusais?Jemesuispenchéunpeuplusverselleaussi.–Mamèreestmorteparcequ’unsaleconavoululuipiquersavoiture.J’aisoupiréetaisentilepoidsdecedeuilsurmoi,commeàchaquefoisquej’enparlais.–Jesuissûrquetulesais,parcequetuasfouillédansmaviepouressayerdemeretrouver,maisce

quetunesaispas,c’estquecesoir-là,elleétaitsortieparcequej’étaismalade.J’avaisdelafièvreetjevomissais, donc elle était partiem’acheter du paracétamol et du 7Up. On n’habitait pas dans un bonquartier,doncelleneseraitjamaissortieàcetteheure-làsijen’avaispasétémalade.

L’émotionestmontéedansmagorgeetj’avaisdumalàparler.J’aidûbaisserlesyeuxsurlatablecarl’empathiedansleregarddeSayerétaittropdureàaffronter.

–EtpuisilyaeulessœursCruz.J’avaisbesoindeSalem,etelleestpartie.Jecroyaisquej’aimaisPoppy,etellen’apasvouludemoi.Encoreplusdemalchance.

J’aieuunrirequisonnaitfaux.–Et le footballaméricain. J’étaisbon,vraiment trèsbon,mais jen’aimaispasçaetdansceque

j’aimaisvraiment,ledessin,jenevoyaispasd’avenir.Jemesuiséclaircilavoixetj’airamenémonregardsurelle.–Aprèslemoisquivientdes’écouler,j’aicommencéàchangerd’avissurmamalchance.Salem

est revenue et a remismon univers dans le bon sens,même si je ne savais pas qu’il était à l’envers.Poppycompteratoujourspourmoi,d’uneautrefaçon,maistouteaussiimportante.Philm’atrouvéetm’aappriscommentvivredel’art.Mamèreestpeut-êtrepartie,maismaintenantoùquejeregarde,jetrouve

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quelqu’unquim’aimeetmeconsidèrecommesafamille…Ycompris toi.C’estplusdechancequelaplupartdesgensn’enontaucoursdetouteleurvie.

Sesyeuxsontdevenustrèsbrillantsetellem’adit:–Tuvasmefairepleurer.J’aigrognéunpeuetaidécidédechangerdesujet.–Ettoi?Personnen’étaiténervéquetufassestesaffairesetquetuprenneslaroutepourretrouver

tonpetitfrèreperdu?Elleafaitunegrimace,c’étaitsontourdeneplusarriveràmeregarder.–J’étaisfiancée,maisonn’allaitpasbienensemble.Jel’aiquittéavantdedéménageretlefaitque

jemesouciaisplusde toiquede luietdumalquejepouvais luifaire,prouvebienquec’était lebonchoix.

–C’estdommage.Vousétiezensembledepuislongtemps?–Cinqans,fiancésdepuisdeuxans.C’estunmecbien,maispaslebonmecpourmoi.–C’estdurquandmême.Elle a levé lementon et m’a fait un grand sourire. C’était troublant de voir à quel point je me

retrouvaisenellequandellemeregardait.–JecroisquejepréfèreattendredetrouverquelquechosecommecequetuasavecSalem.Jeveux

quelqu’unquimeregardecommesij’étaisledébutetlafindetout.C’estcommeçaquetularegardes.–Mapremièreetmadernière.Elleapenchéla têtesur lecôtéetm’alancéunregardperdu.J’aireprismabière,carelleavait

beauêtremasœur,elleétaitencoreuneinconnue,etparlerdechosespersonnelles,richesenémotionsetauxsentimentsdégoulinantsn’étaitpasvraimentcequej’avaisimaginépournotrerencontre.

– Salem était la fille de beaucoup de premières fois pourmoi,même si je nem’en rendais pascompte à l’époque. Maintenant qu’elle est de retour dans ma vie, j’essaie de me concentrer sur lesdernièresfoisqu’elleserapourmoi.

Sayerahochélatêteetaelleaussireprissabière.–C’est-à-dire,ladernièrefillequetuvasaimer?–Exactement.–C’estçaquejeveux.J’allaisluidired’êtrepatienteetd’ignorerAsa,quiarrivaitavecdeuxautrebières,toutsoncharme

etsonsensdel’accueilbienenévidence,maisjen’enaipaseuletempscarZebestentréetavaitl’airde s’être roulédans la sciureetd’avoirplongésabarbedansdumastic. Il avaitdescopeauxdeboiscoincésdanslabarbeetdestracesdesaletésurlefront.

J’étaishabituéàsonapparencebruteetnégligée,maisj’aipenséquecelapourraitintimiderSayerlorsqu’ilaprisunechaisesansriendemanderetademandéàAsadeluiapporterunebière.AsaestpartienriantetademandéàDixied’apportersonverreàZeb.

–C’estqui?

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Onauraitditquesavoixavaitététailléedansunemontagne,etletonnerreyvibrait.Jen’enétaispassûr,maissouslabarbeetlapoussière,jecroisqu’illorgnaitsurSayer.

–Masœur.Sayer,jeteprésentemonpoteZebFuller.C’estluiquiaconçuetconstruitlenouveausalondansLoDo.

J’aiétésurprisdevoircommec’étaitfaciledel’appelermasœur,etcombienj’aimaism’entendreledire.

Lesyeuxvert-feuilledeZebontscintillé,amusés.–Tuasunesœur?Unesœurclasseetjolie?J’aivuSayerrougiretmeregarderavecdegrandsyeux.Zebressemblaitquelquepeuàungrizzlyet

rienchezluineparaissaitaccueillantetcâlin,maisjecroisqu’ilessayaitactivementdeflirteravecmasœur.

–Ondiraitbienqueoui.Jel’airegardéenplissantlesyeuxetaiessayédeluidonneruncoupdepiedsouslatable.C’était

commesij’avaisjetémabottecontreuntroncd’arbre.–Tuespleindesurprises,hein,Rowdy?D’abord, laminettedecheztoietmaintenantunesœur

magnifiquequetugardesrienquepourtoi.Quinouscaches-tud’autre?JenevoulaispasluidonnerlasatisfactiondeluidirequePoppyétaitlà,alorsjeluiaiseulement

lancéunregardnoiralorsqueluimesouriait,toutfierdelui,derrièresabarbe.Jem’attendaisàcequ’unsilencegênants’abattesurnotretable,maisunefoisdeplus,Sayerm’aétonnéencommençantàparleraffairesavecZebcommeunepro.Enfait,elleavaitachetéunevieillemaisonvictorienneversGovernorsParketelleétaitcomplètementdélabrée.Deuxbièresplustard,jecroisqu’ilsavaientprévuqu’ilviennejeterunœilàlamaisonetauxtravauxentamés,pourlesquelsellepensaitpayertropcher.Ellen’apasnonplus cillé quandZeb a parlé de sonpassé de délinquant.En retour, elle lui a expliquéqu’en tantqu’avocate, elle ne savait que trop bien que le système judiciaire se trompait parfois.À la quatrièmebière, je crois qu’elle flirtait volontiers avec mon ami géant et j’étais super mal à l’aise, j’avaisl’impressiondetenirlachandelle.

J’aienvoyéunmessageàSalempoursavoirsielleétaitrentrée,etquandellem’aréponduparunselfied’elleaulit,emmitoufléeavecseulementseslunettessurlenezetriend’autre, j’aiditaurevoirprécipitammentàlacompagnieetj’aicouruversmameuf.Poppym’aouvertlaporteets’estcontentéederirequandjesuispassédevantellesansluidirebonjouretreconnaissantàpeinesonexistence,pourallerverslachambredeSalem.

Elleétait réveilléeetelleneportaitvraimentqueses lunettesnoiresà lamodequ’ellenemettaitqu’à lamaison.Sescheveuxnoirs et rougesétaient étaléspartout sur l’oreiller et ilm’a fallu environtroissecondespourmedéshabilleretlarejoindre.Àunmoment,alorsquejelafaisaisgémiretcriermonnom, il m’est venu à l’esprit que nous n’étions pas seuls dans l’appartement et que je devrais faireattention,maissesmainssesontmisesàcaresserlespiercingssurmaqueueetjenepouvaispluspenseràrienàpartàcombienelleétaitincroyable,etquejamaispersonned’autrequ’elleneposeraitlesmainssurmoi.

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Nous nous sommes endormis enroulés l’un autour de l’autre, épuisés et rassasiés. Ses cheveuxétaientcolléssurmontorseet j’avaissongoûtdans labouche,c’étaitparfait.Sonpoids légersurmoiétaitcommel’ancretatouéedansmoncou.Ilmemaintenaitenplace,mefaisaitgarderlespiedssurterre,merappelaitqu’elleétaitmonportd’attachequandnousavionstouslesdeuxétéàladérivesilongtemps.

JemesuisréveilléensursautetailâchéunjuronquandlecoudedeSalemaatterridansmonventrecommeelles’extirpaitdulit.Audébut,jenecomprenaispascequ’ellefaisait,puisj’aientenduPoppytambourinerà laportedelachambreet lechienaboyerà tue-tête.J’aigrognéetaiattrapéle jeanquej’avaislaisséaupieddulit,laveille.SalemavaitréquisitionnémonT-shirt,doncjen’étaisqu’àmoitiéhabilléquandjesuissortidanslesalonpourvoircequicausaitcevacarme.

J’aiditàJimbodesetaireetsuisalléluichercheruneballedetennispourledistrairetandisquePoppy lançait des cris aigus incompréhensibles à Salem. J’allais siffler et dire à tout lemonde de secalmerlorsquel’interphonedelaportesécurisée,àl’extérieurdubâtiment,asonné.Iln’arrêtaitpasdesonner,commesiquelqu’unétaitappuyédessus.Ilétaitquatreheuresdumatinetcen’étaitpasunvoisinenfermédehors,detouteévidence.

–Maisqu’est-cequ’ilsepasse?Jemesuispassélesmainsdanslescheveuxetmesuisdirigéverslesfilles.Salemm’aregardépar-

dessussonépaule,avecdesyeuxnoirsetinsondables.Mêmeavecsonteintmat,jevoyaisqu’elleétaitpâle.

–Poppypensequec’estOliver,sonmari.J’aifroncélessourcilsetaicroisélesbras.–Commentaurait-ilpusavoiroùtetrouver?Poppysecouaitlatêtededroiteàgaucheetpleuraitàchaudeslarmes.–Jenesaispas.OhmonDieu,ilvametuer!J’aifroncémessourcilstandisquejem’approchaisdel’interphone.–C’estsûrementunmecbourréquin’arrivepasàrentreretcontinueàappuyersurlemêmebouton.J’aiappuyésurlatouchepourrépondreetailancé:–Bouge,mec. Personne ne va te laisser entrer. Il est quatre heures dumatin, neme force pas à

appelerlesflics.Iln’yapaseuderéponse,maisdèsquej’ailâchélatouche,celaarecommencéàsonner.Salemme

regardaitcommesijedevaissavoirquoifaire,alorsj’aisimplementhaussélesépaulesetdit:–Bon,jevaissortiretl’aideràôtersonfoutudoigtdubouton.Peuimportequic’est.Poppys’estmiseàpleurerplusfortetSalemafroncélessourcils.–Tuasvudansquelétatelleétaitquandelleestarrivée.Lemecestimprévisibleetperturbé.Jene

veuxpasqu’iltefassemal.Ondevraitpeut-êtreappelerlapolice.L’interphonearecommencéàsonneretJimboagrognédufonddesagorge.J’aitendulebraspour

legratterentrelesoreilles.–Laisse-moim’enoccuperd’abord.Cemecn’apasledroitdeharcelermesamies,etilapeut-être

besoindes’enprendreàquelqu’undesataille.

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Poppyaeuunhoquet.–Ilestfou,Rowdy.Ilafaillimebattreàmortparcequejenevoulaispasavoird’enfantsaveclui.

Etsijamaisilauncouteauouunflingue?Jeneveuxpasquetusoisblesséàcausedemoi.Jeleuraifaitunsourireencoinàtouteslesdeuxetaiouvertlaporte.–Nevousinquiétezpaspourmoi.Jesuisdouépourprendresoindevous,non?Elles ont toutes les deux criémonnomet Jimbom’est passé devant en courant jusqu’au bout du

couloir,oùétaitlaportesécurisée.Jel’aiprisparlecollieraucasoù,aiouvertlapremièreporteetmesuisdirigévers ladeuxième,oùétait l’interphone.Unhommeétaitdevant le tableauetappuyaitsur leboutondunumérodel’appartementdeSalemsanslelâcher.

Ilétaitassezordinaire.Pluspetitquemoi,avecunpantalonbeigequelconqueetunpolosortidesaceinture.Sescheveuxsemblaientavoirétédécoiffésparsesmainsnerveuses,etquandsesyeuxnoirsontatterrisurmoi,j’yaivudelafureur.

–Eh,mec.Arrêteça.Jenesaispasquituesmaistutetrompesd’appartement.Jimboadenouveaugrognéetatirésursoncollierquejetenais.C’étaitunbonchienetiln’était

jamaisagressif,doncçam’ainterpellé.–Allez,bouge,monpote.Lemecafaitunpasenarrièreetm’aregardédehautenbas.C’estvrai, j’avaisl’aird’avoirété

aiméférocementet réveillédemauvaisehumeur,etc’était le cas,mais je ledépassaiset j’aibienvul’appréhensionpassersursonvisagerenfrogné.Sonregards’estposéquelquepartsurlevaisseaupiratequej’avaissurletorseetilm’ademandéavecunrictus:

–Maistuesqui,toi?J’ai été tellement surpris que je suis resté planté là et ai cligné des yeux. Le chien a lancé un

glapissementaiguetlemecluiajetéunregardmauvais.–Cen’estpaslemecdehorsquiposelesquestions.Jenemerépèteraipas,tire-toiouj’appelleles

flics.Ilabombéletorseetuneragerougeainondésonvisage.–Mafemmeestàl’intérieuretjen’irainulleparttantquejeneluiauraipasparlé.Poppyavaitraison.Ilmanquaitquelquescasesàcemec.–Non.Tunet’approcheraspasd’elle.J’aivutonœuvreladernièrefoisquetuluias«parlé»etça

n’arriveraplus.–Ellem’appartient!J’aifaitunpasenavantetlechienasautéversl’entrejambedumec.–Lesgensnesontpastapropriété.Poppyestunefilleadorablequiméritemieuxqu’untrouducul

quisesertd’ellecommepunchingballetunpèrequiregardeailleurspendantcetemps-là.RetourneauTexasetoublie-la.

Ilafaitunpasversmoietafailliperdreundoigtenl’appuyantcontremontorsenu.–Jesaisquitues.L’orphelinsansfamille,sansracines.Tun’asriennipersonne.Poppynevoulait

pasdetoiàl’époque,pasmoyenqu’elleveuilledetoimaintenant.Jevaisluiparler,mêmes’ilfautque

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jetepassedessuspourça.J’auraissûrementlaissépassertoutça,j’auraissûrementréussiàgardermonsang-froid,maisavant

d’avoirpudirequoiquecesoit,ilalevélepiedetadonnéuncoupdirectdansleflancdeJimbo.Lechienahurlédedouleurets’estlibérédemamain.Jen’avaisplusàmesoucierdequiavaitdonnélepremiercoupcarlepetitenfoiréaessayédemefrapperparsurprisequandjemesuisretournépourvoircommentallaitlechien.J’aiattrapésonpoingdansmamainetluiaitordulebrasdansledos.Unefoisqu’il avait perdu l’équilibre, je lui ai mis une droite en plein dans la bouche, qui a ouvert sa lèvreinférieureetafaitcoulerdusangsursonmenton.J’étaistellementplusgrandqueluiqu’iln’avaitpasdutoutdemargedemanœuvremêmes’il sedébattait. Je l’ai retournéet l’aicoincéen l’étranglant, ilnepouvaitpass’échapper.

Ilajetélatêteenarrièrepouressayerdemedonneruncoupdetête,alorsjel’aiprisparlanuqueetl’aipenchéenavantpourqu’ilsoitpliédansunepositionpasnaturelleet trèsdouloureuse.Jel’aifaitsortirdel’entréeetl’aiamenéjusqu’autrottoirsurlarue.Jel’aipousséavecassezdeforcepourlefairetrébucherettomberàquatrepattes.

–Nerevienspas,mec.JevaisemmenerPoppydemanderuneordonnancedeprotectionaujourd’hui,etcrois-moi,situtrouvesquejesuisdur,tun’imaginespascequesasœurteréservesitureviens.Iln’yaquelespetitesmerdesd’hommesquifrappentlesfemmes,ettuasdelachancequejenetedémolissepascommetul’asfaitàPoppy.

Ils’estretournépourmeregarderetj’auraisjuréqu’ilpréparaitmamortenmelançantunregardmauvais.J’auraisvraimentdûluiécraserlenezpourluidonneruneleçon,ouaumoinsluimettreuncoupdepieddanslescôtespourvengerlechien.

–Poppyestàmoi.Saphraseestsortieétrangléeetj’ailevéunsourcil.–Cen’estpascommeçaqu’ellevoitleschoses.Depuisletemps,quelqu’unauraitdût’apprendre

commentrespecterlesfemmes.J’aisifflépourappelerJimboetaiexploséderirequandils’estapproché,enboitant,del’intrus

encoreétaléparterreetalevélapatte.LemaridePoppyaessayéd’échapperàladouchedoréemaisiln’apasétéassez rapide, et Jimboétaitvisiblement fierde luiquand il abondiversmoi.Nousavonsregardélegarsserelever,nousinsulteretnoustraiterdetouslesnomsenretournantàsavoiture.

J’aitapotélatêtedeJimboetluiaidit«bonchien»enrentrantàl’intérieur.SalemfaisaitlescentpasetPoppyétaitrouléeenboulesurlecanapéquandnoussommesrentrés.

Salems’estjetéesurmoidèsquej’aipassélaported’entrée,alorsjel’aienveloppéedansmesbrasetaiembrasséledessusdesatête.

–J’aiappeléRoyal.J’étaisobligée.J’aiembrassésabouchetremblotantequandellealevélesyeuxversmoietatirésurlespointesde

sescheveux.– Ce serait sûrement une bonne idée que ta sœur lui parle. Elle a raison. Cemec a de sérieux

problèmes.Jecroisqu’ilpourraitvraimentêtreunemenacepourelle,maispourtoiaussi.Illuifautune

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ordonnance de protection d’urgence et tu devrais voir si Royal peut l’arrêter pour cruauté envers lesanimaux.

J’aifaitunsignedetêteverslechien,quis’étaitbieninstallésurlecanapéàcôtédePoppy.–IladonnéuncoupdepieddanslescôtesdeJimbo.Salemacriéetatraitélemecdetouslesnomsd’oiseaux.–Jesuistellementcontentequetuétaislà.Poppyapassélatêteau-dessusdudossierducanapéetadit:–Moiaussi.J’aiencoreembrasséSalemetluiaidit:–Jeseraitoujourslà.Elleapassélesbrasautourdematailleetaposélajouecontremoncœur,etjejurequ’ilnebattait

quepourelle.–Moiaussi,Rowdy.Jelacroyaisréellement,maintenant,quandellemedisaitcela,etriennemerendaitplusheureux.

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Chapitre18SALEM

C’étaitimpossiblederetrouverlesommeilaprèstoutcela,alorsquandestvenuel’heurepourRowdyetmoid’allerautravail,nousnoustrainionstouslesdeux.Luiencoreplus,carilavaitdûpartirplustôtqued’habitudepourrattraperunrendez-vousqu’ilavaitmanquélejouroùilavaitétéenretardàcausedelagueuledebois.Poppynevoulaitpasrestertouteseuleàl’appartement,etjenepouvaispasleluireprocher.Alorsj’aidécidédel’emmenerausalonavecmoi,etdelafairetravaillerdanslaboutique.Tout était enfin étiqueté, organisé, et inventorié. Nous n’étions plus qu’à une semaine d’avoir uneboutique pleinement opérationnelle au-dessus du salon et j’avais déjà quelques commandes d’articlesdansmaboîtee-mail.Lessalonsétaienttouslesdeuxpleins,lesmecsetlesautresartistesavaientdesrendez-vousprévusplusd’unmoisàl’avance,doncjesavaisqueNashetRuleallaientdevoirengagerquelqu’ununiquementpourgérerlecôtévente.Ilyavaitpireproblèmeàavoir,maisj’espéraisquelesgarsétaientdumêmeavis.

Cora était contente d’avoir deux mains en plus pour cette grosse journée. Elle avait plusieurspiercingsprévusl’après-midi,doncelleademandéàPoppydetravaillerdanssonbureaupourmettreàjourlesportfoliosets’occuperd’unefeuilledecalculausujetdefournituresdebureauetdetrucsquelesmecsdevaientcommanderpour leurs stations.Elleétait enpaniqueàcausedeserviettesenpapierouquelquechosecommeça,cequiafaitrirePoppy.Corasemblaitencoreplussurexcitéeetbruyantequed’habitude,aupointqueRowdyluiademandécequ’elleavait.Elle l’a ignoréet ila laissé tomberlesujet, en tout cas jusqu’à cequ’elle vienne à l’accueil avec sa cliente, une fille qui voulait unmicro-dermalderrièrel’oreille,etquejeremarquelabellegrossebaguebrillantequ’elleportaitàl’annulaire,quandCoram’atendulespapierspoursacliente.

J’ai sentimamâchoire sedécrocherquand j’ai tendu lebraspourattraper sapetitemaindans lamienne.

–Tut’esfiancée?!

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Lesalonétaitpleindemondeetdebavardagesenfondsonore,maisquandj’aiposélaquestion,lesalondevintsoudainsicalmequ’onentendaitlesmouchesvoler.Coraaretirésamaind’uncoupetsonvisage est devenu rose vif. Sonœil turquoise avait une expression amusée tandis que lemarron étaitmoelleuxetdoux.

–Peut-être.J’ai rigolé et ai repris samainpour regarder labague sur sondoigt.C’étaitCora, après tout, un

diamant ennuyeux serti d’or traditionnel ne ferait pas l’affaire. Au lieu de ça, c’était une bague quis’enroulait autour de sondoigt et où étaient posées deuxpierres, décalées l’unepar rapport à l’autre.L’uneétaitunetopazedoréecrémeuse,etl’autreunsaphirbleucristallin.Ellesnecorrespondaientpasexactementàlacouleurdesesyeuxvaironsmaisc’étaitl’idée,c’étaitévident.Jen’auraisjamaisimaginéqu’ungrandmecbourrucommeRomeArcherpuissetrouverunebaguedefiançaillesaussiparfaite.

J’aisentiRowdydansmondosquandilatendulebrasetaprislamaindeCoradesmiennes.–Jesavaisqu’ilmijotaitquelquechosehiersoir.Quelpetitconavecsessecrets.IlalaissélamaindeCoraretomberetaposélasiennecontremanuquepourlaserrer.Jenesavais

passic’étaitunavertissementpourquejenemefassepasd’idéesouaucontrairemedirequ’unechosecommecettebaguemagnifiquearriveraitdansmonfuturproche.

–Félicitations,maispourquoitun’asriendit,Clochette?Jetrouvaiscelavraimentmignonquelesgarsl’appellenttousClochette.C’étaitundiminutifpourla

FéeClochette, parce qu’elle était toute petite et toute blonde.Même si sa personnalité tenait plus durequinquedelaféedesbois,sonsurnomluiallaitbien.

Coraahausséuneépauleetl’alaisséeretomber.–Jenesaispas.Jecroisquejesuisencoresouslechoc.Rowdyarigolé.–Oh,allez.OnsaittousqueRomeestdelavieilleécole,aufond.C’étaitsûrqu’ilallaitfairedetoi

unefemmehonnêteunjouroul’autre.Elleatendulamaindevantelleetl’atournéepourquelalumièredel’extérieurfassescintilleret

chatoyer lespierres.Elle ressemblait vraiment àuneversionmoderneet tendanced’unpersonnagedeDisney.

–Ilnem’apasdemandé.Elleahaussélessourcilsetunsouriregoguenards’estinstallésursabouche.–Ilm’ainformée.CelaafaitrireRowdyetjesuisrestéebouchebéedevantelle.–Tutefousdemoi!–Nan.Ilm’ainvitéeàdîner,cequiétaittrèssympaparcequ’onn’apasbeaucoupdetempspour

nousdeux,depuisqueRemyestnée.Onestrentrésàlamaisonetjepensaisquemonpèreseraitencorelàaveclapetite,maisRomeavaitdemandéàPapadelaprendrepourlanuit.

Elleaclignérapidementdesyeuxetaretroussélenez.J’aicruqu’elleallaitpleurer,avantdeseretenir.

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–Ilaaussidemandélapermissionàmonpère,cequiestcinglé.Romenedemanderienàpersonne,jamais.

Elleaposéunemainsursapoitrineetasoupiré.–Ilaposéungenouàterreetm’aditqu’ils’enfichaitdevivredanslamaisonenlocationtoute

notrevieousousunetentedanslesbois,tantquenousétionsensemblepourtoujours.Puisilm’aditquej’allaisl’épouser,quejen’avaispaslechoix.

Ellem’amontrélabague.–Etilm’apasséçaaudoigtetm’aditquejen’auraisjamaisledroitdel’enlever.Jenetrouvaispascelatrèsromantiquemaisapparemment,celal’avaitétécarjenemesouvenais

pasd’avoirvuCoraavecdesyeuxaussirêveurs.–Ehbien,félicitations.J’étais vraiment heureuse pour elle. C’était une nana très cool et elle avait une famille superbe.

C’étaitunchangementd’ambiancebienvenuaprèsl’horreurdecematindevantmaporte.–J’aiétéfiancéeilyaunmilliond’annéesetc’étaitunecatastrophe.C’estcomplètementdifférent,

quandc’estaveclabonnepersonne.Ças’installedanstesosettusaissimplementquec’estcommeçaqueçadevraitêtre.

LesdoigtsdeRowdysesontresserrésdansmanuqueetjel’airegardéenpenchantunpeulatêteenarrière.Sesyeuxbleucielétaientlumineuxsursonvisage.

–Disaugrandqu’onesttousheureuxpourvousdeux,ettusaisqueçaveutdirequec’estRulequivasechargerdel’enterrementdeviedegarçon,lemomentvenu,hein?

Elleaouvertlaboucheetl’areferméeenclaquantsesdents.EllearegardéRowdyenplissantlesyeux.

–Ilfaudramepassersurlecorps.ElleatournélestalonsdanssesRangersetestremontéeàl’étage.Rowdym’alâchéeetaappuyé

unehanchecontrelebureau.Ilachangédesujetpouraborderquelquechosedebienplussérieux.–JecroisquetoietPoppydevraientvenirchezmoiquelquesjours,letempsquelesflicstrouvent

Oliverpourluidonnerl’ordonnancedeprotection.Commelemaridemasœurn’étaitpasducoinetquenousnecomprenionspascommentilavaitsu

où était Poppy, le trouver était bien plus difficile que cela n’aurait dû l’être. Et une ordonnance deprotection n’était en rien une garantie de sécurité.Royal avait été très claire avecPoppy, et lui avaitexpliquéquesaseuleutilitéétaitdepermettreàlapoliced’arrêterOlivers’ilnelarespectaitpas,maisqu’ilpourraittrèsbiensefoutredel’ordonnances’ilétaitaussidécidéqu’ilenavaitl’air.

J’aiposélecoudesurleborddubureauetl’airegardéàtraversmescils.–Ouais.Ellesesentiraitsûrementunpeumieux.J’aisoupiré.–Çameferaitsûrementmesentirunpeumieuxaussi.Ilatendulamainetatirédoucementsurlespointesdemescheveux.–Ilsvontletrouver.

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–Commenttucroisqu’ilasuoùlachercher,etoùj’habite?–Jenesaispas.Peut-êtrequ’ilacherchésurInternet.IlsuffitdetapertonnomsurGooglepourvoir

quetugèrelessalonsici.Jenesaispascommentilatrouvédansquelbâtimenttuhabites,enrevanche.TucroisquePoppyauraitpudireàquelqu’unqu’elleétaitcheztoi?

Ilyavaitlàunsous-entenduquejenevoulaispasentendre,mêmesijelerecevaiscinqsurcinq.J’aisoupiréetmesuisdéplacéepourposermonfrontcontrelemusclefermedesacuisse.

–Tucroisqu’elleaparléàmesparents,c’estça?Ilaposéunemainderrièrematêteetm’amassélecrâne.–Partir,pourtoi,c’étaitdifférent.Tunet’esjamaissouciéedecequ’ilspensaient,tun’asjamais

vouluentrerdanslemoulequ’ilsavaientprévupourtoi.Poppyn’étaitpascommeça.Elleaccordaitdel’importanceà l’opinionde tonpère.Ellevoulait lui faireplaisiretqu’il l’aime inconditionnellement.C’estunehabitudequiestdureàperdre.

J’ai levé la têteetmesuis remisedebout justeàcôtéde lui.Sinousn’avionspasétéau travail,jeluiauraisprobablementsautédessusetjel’auraisembrassépartout.

–Tupeuxsurveillerl’accueilpourmoi,uneminute?Jevaismonteretluiparlervitefait.Ilahochélatêteetcroisélesbras.–Vas-y doucement avec elle. Je sais que ça fait longtemps et que c’est très loin pour toi,mais

essaiedetesouvenirdecequec’étaitdevivresoussonjougetsoussontoit.Jen’aipaspurésisteràl’enviedepasserleboutdemesdoigtssursonbicepscontractéetalléchant

pendantquejelecontournaisetallaisversl’étage.LaportedubureaudeCoraétaitouverteetelleétaitàsonbureau,autéléphone.Poppyétaitdeboutdevantl’undesmiroirsdéformants,àsefairedesgrimaces,cequim’afaitexploserderire,etelles’estretournéepourmelancerunregardnoir.

–Quoi?Cen’estpascequ’onestcenséfaireavec?Jenesaispascommentvontfaire lesgenspouressayerlesvêtements.Cesmiroirsdonnentunreflettaréetpasdutoutflatteur.

–Ilyadesmiroirsnormauxdanslescabinesd’essayage.Ceux-làsontjustepourrire.Elle s’est avancée versmoi et s’est assise sur laméridienne vintage en velours aumilieu de la

pièce.Elleétait recouvertedeveloursviolet,et toutaussi farfelueetvoyanteque lerestedudécordusalon.

–Cetendroitest tropcool,Salem.Je te retrouve tellement, ici.C’estvraiment l’endroitet le jobparfaitspourtoi.

–Ceseraencoremieuxquandlesgarsauronttrouvéletempsd’ajouterdesdessinsàlacollection,etj’insisteencoreauprèsdeRowdypourqu’ilpersuadelabandedefaireuncalendriersexy.

Celal’afaitrirealorsquej’étaistrèssérieuse.Ilspartiraientcommedespetitspains,siseulementj’arrivaisàlesconvaincre.Jesavaisquecen’étaitpasgagné,maisj’aimaisbeaucoupcetteidée.

J’aitendulebrasetaiposéunemainsursonépaule.–Jeveux tedemanderquelquechoseet jeveuxque tusoishonnêteavecmoi,Poppy.Est-ceque

tu as dit àMaman ou Papa que tu étais ici avecmoi, àDenver ? Je veux juste comprendre comment

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Oliverapusavoirexactementoùsetrouvemonappartement.Denverestunegrandeville.Cen’estpascommes’ilétaittombédessusparhasard.

Jel’aivuepâlirsoussonteintcaramel.Sesyeuxàlacouleurdemielsesontécarquillésetj’aivusalèvrecommenceràtrembloter.J’aiserrésonépaulepourlaréconforteretjel’aiattiréecontremoienluifaisantuncâlinavecunbras.

–Poppy,cen’estpasgrave.Jevoulaisjustesavoir.Jeveuxtegarderensécurité.–J’aiappelémamanpourluidirequej’allaisbien.C’estunechosequePapacautionnelaviolence

d’Oliver,maisjepensaisquemamanmedéfendrait.Jeluiaiditquej’étaischeztoietquejereviendraisbientôtpourchercherlerestedemesaffaires,etquej’allaisdemanderundivorce.

Elleaavalésasaliveets’estdécolléedemoipoursepasserlesmainsdanslescheveux.–Mamanm’aditderentreràlamaison.Elleaditquetoutpouvaitseréglersij’avaisassezdefoi,

etquejedevaisavoirconfianceenDieuetmerenseignerpourvoirunpsy.Ellem’aditquejel’avaisdéçue,etquePapaétaitanéantiparmatrahison.

Elleaémisunriresitranchantquej’aiétéétonnéequ’ilnelafassepassaignerquandilestsorti.–Matrahison?Tulecrois,ça?Oui,évidemment,jelecroyais.C’étaitàcausedecegenredecomportementquej’étaispartie,mais

elleacontinuéàparler,doncjen’aipaseul’opportunitédeluidire.–Maisjeneluiaipasditoùétaittonappartement.Jeneteferaisjamaisça.Jesaisquesituvoulais

qu’ilssachentoùtuhabites,tuleleurdiraistoi-même.–Oh,Poppy.–Jesais.J’ail’impressionquej’auraisdûlesavoir.L’idéequ’Oliveraitput’observer,tesuivre

cheztoidepuisletravailouquelquechosecommeça,çamefaitmalpartout.Jesaisqu’ilestviolent,etjen’arrivepasàcroirequej’aiputemettreendangersibêtement,alorsquetum’asaccueilliesansteposerdequestion.

L’idéequesonmariaitpumesuivrepoursavoiroùj’habitaisnem’avaitjamaistraversél’esprit,maiscelamedonnaitdesfrissons.C’étaitvraimenteffrayant.

– C’est dur de se rendre compte que les gens qui sont censés t’aimer le plus sont ceux qui sesoucientlemoinsdetoi.Papaatoujoursétéplusintéresséparl’Égliseetparsonimagequeparcequ’ilse passait sous son propre toit. Il pensait que le contrôle et la domination étaient des bons substitutsd’amouretdecompréhension.

J’ailevélesyeuxauciel.–EtMamanlesuit toujours.Danscettemaison, iln’ya jamaiseudeplacepourqu’onsoitautre

choseque leurspetitespoupéesparfaites.Onn’étaitpascenséesavoirnospropresopinions,etquandc’estarrivé…

J’aihaussélesépaules.–Ilsnel’onttoutsimplementpassupporté.Ilfautquetuterépètesqueriendetoutçan’estdeta

faute.–Maisj’ail’impressionquetoutestdemafaute!

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Je l’ai encore prise dansmes bras, enmedisant quema sœur allait avoir besoin de l’aide d’unprofessionnelàunmomentouunautre,quandtoutçaseseraitcalmé.Elles’étaitretrouvéepiégéeentrelesmanipulationsdemonpèreetune relationabusivependantbeaucoup trop longtempspourquemonamouretmonsoutiensuffisentàluiremettrelatêtesurlesépaules.

–Rowdyveutqu’onailledormirchezluijusqu’àcequ’onsoitsûrsqu’Oliverareçul’ordonnance.Royaladitquequandilsletrouveront,lespoliciersessaierontdeleconvaincrequelameilleurechoseàfaireétaitderentrerauTexas,maisenattendant,onvasquatterdanslagarçonnière.

Elleamarmonnéquelquechosedanssabarbeets’estlevéedevantmoipourfairelescentpasavecunairagité.

–Rowdyettoi,vousdevriezêtretranquille,touslesdeux.Ilvousafallutoutcetempspourenfinvousretrouveretjesuislà,encore,aumilieudetoutça.

Peudetempsauparavant,l’idéequ’elleseretrouveentreluietmoim’auraitpousséàrejeterRowdyetàlemettreàl’écart.Maiscettepeurquelessentimentsqu’ilavaiteuspourPoppyreprennentledessussurcequ’ilressentaitpourmoiavaitmaintenantdisparu.Jelevoyais,quandilmeregardait.Jelesentaisdanschaquecaresseetjelevoyaisdanschaquesouriredecanaillequ’ilmelançait.Quandilaimait,ilaimaitentièrement,complètement,etpourtoujours.Jelesavaisauplusprofonddemonâme,dansmesos,toutcommeCoral’avaitdit.Cequ’ilyavaitentrenousétaitjuste,etl’avaittoujoursété.Nousavionstous lesdeuxeubesoinde tempspourgrandir et arriver à construireune relation solideet sainepourpouvoirtouslesdeuxl’apprécier.

–Tun’espasentrenous,ontesoutient touslesdeuxparcequetuestrèsimportantepournousetonneveutpasquetusouffres.Onteprotègetouslesdeux,deloin,depuisdesannées.Maintenant,onestunfrontunietceuxquiessaierontdesemettresurnotrecheminpeuventfaireleursprières.

J’aihaussélessourcilsetluiailancéunregardferme.–MamanetPapaycompris.Elleapressélapaumedesesmainssursesyeux.–Jesuistellementfatiguéedetoutça,Salem.Quipourraitluienvouloir?J’ailevélesyeuxquandCoraestsortiedesonbureau.Elleavaitun

sourirepermanentsurlevisageetvraiment,aveccettebellebagueetl’hommeencoreplusbeauquilaluiavaitdonnée,elleavaittouteslesraisonsd’êtreilluminéeparlajoie.

–Jeneveuxpasmemêlerdecequinemeregardepas.Biensûrquesi.C’était ledestindeCora,danslavie,deseretrouverenpleinmilieudetousles

dramesquisejouaientdanslemondeduMarked,alorsj’ailevélesyeuxaucieletjemesuislevée.–Maisvousaveztouteslesdeuxl’airépuisées,etlapetiteesttoujoursavecmonpère,doncjen’ai

pasbesoinderentreràlamaisontoutdesuite.Pourquoivousn’iriezpaschezRowdymaintenant,commeça,vouspouvezvousreposerpourlerestedelajournée?

Sonsourcilpercés’estlevé,luidonnantunairdepetiteféemalicieuse.–Jem’occuperaidel’accueiletjefermerailesalonquandledernierclientseraparti.

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C’étaitofficiel,jefaisaispartiedelafamille.Coras’interposaitpourprendresoindemoicommeelle le faisaitpour le restede labande. J’auraispu l’embrasserpourcela. J’ai regardémasœuret jen’avaisaucundoutequ’unesieste lui feraitdubien.Elleavaitdescernes foncéssous lesyeux,etelleavaitl’airfatiguéeetvide.Jevoyaislittéralementsoncœuretsonâmesouffrirdanssonregardsombre.

–Jecroisquec’estunebonneidée.JevaisappelerRoyalsurlarouteetvoirs’ilsontdesinfossurOliver,aussi.

Coram’aditsuruntongrave:–Cen’estpaslapremièrefoisqu’unmecquinecomprendpaslemot«non»blesseunefilledela

bande.Jesaiscombiencettesituationpeutêtrestressanteetdangereuse.Ilfautquetuprennessoind’elle.J’aifaitletourdelaméridienneetaifaitungroscâlinàCora,etquandjeluiaiditmerci,elles’est

reculéepourmedire:–Onprendsoindesnôtres.Poppys’estlevéeaussietaadresséunsourireàCora.–Jesuistellementcontentequemasœurvousaittrouvés,vousetcetendroit.Jepensevraimentque

c’étaitécrit.Coraarietnousasuiviesdanslesescaliersquandnoussommesdescenduesdanslapartiesalon.–Évidemment,quec’estlàoùSalemdoitêtre.Rowdyestlàetjecroisquec’estassezévident,pour

quiconqueafaitunpeuattentionàeux,qu’ilsétaientdestinésàfinirensemble.Noussommesdescenduesetj’aidûattendreunesecondepourqueRowdylèvelesyeuxdutatouage

sur lequel il travaillait.Quand il l’a fait, ses yeux commeun ciel d’été ont fait fuir quelques-uns desfrissonsdepeuretd’inquiétudequim’envahissaient.

–JevaisemmenerPoppycheztoi.Elleestfatiguéeetellen’arriveplusàtenir.Ilaregardémasœurquis’écroulaitderrièremoietahochélatête.–D’accord.Tuveuxbienmedonnervingtminutes,commeçajevoussuivraipourêtresûrquevous

êtesensécurité?Jepeuxannulermesdeuxderniersrendez-vousdelajournée.Jemeseraissentiemieuxs’ilavaitétélà,maisjemesuisditquePoppyetmoiserionstranquilles

tantquenousrestionsensembleetquenousn’allionspaschezmoi,maischezlui.–Jepensequeçaira,maissituveuxrentrerplustôtunefoisquetuaurasfini,jenem’enplaindrai

pas. Poppy a vraiment besoin de se reposer. Tu pourras passer chezmoi pour prendre Jimbo et desaffairespourPoppysurlaroute?

Iladitsonclientd’attendreunesecondeetaposélamachinequ’ilutilisait,puisaenlevélesgantsenlatexnoirqu’ilportait.Ils’estlevéetasortisesclésdesapoche.Ilajouéavecl’anneaujusqu’àmetendredeuxclés.Illesaposéesdanslapaumedemamainets’estbaissépouravoirsabouchejusteàcôtédemonoreilleetachuchoté:

–Encoreunepremièrefois.Aucunefillen’ajamaiseulesclésdemonappartement.J’aicommencéàavoirchaudetj’aivoulul’embrassersauvagement,maisnousétionsautravailet

cen’étaitpaslemoment.J’airefermélesdoigtssurlesclésetluiaisouri.–Premièreetdernière.

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Il ahoché la têtepour acquiescer et s’est retournépour finir l’impressionnant tatouagedegeishaqu’ildessinaitsursonclient.

JesuisretournéevoirPoppyetaiprissonbrassouslemienaprèsavoirremerciéCoraunefoisdeplus,etaifaitsortirmasœurdusalondetatouage.Ellemarchaitàcôtédemoientraînantlepas,etunefoisdanslavoiture,elles’estposéedanslesiègepassageretaregardéparlafenêtresansrienmedire.C’étaitdéprimantetdémoralisant,pournepasdireplus,delavoircommeça.Jel’ailaisséetranquille,etquandnoussommesarrivéesdevantlebâtimentdechezRowdy,paraccordtacite,nousavonsdécidédefilerrapidementàl’intérieur,parprécaution.Nil’unenil’autrenevoulionsnousattarderdehorstantquelefutur-ex-maridePoppyrôdaitencoredanslesparages.

J’avais déjà des affaires éparpillées chezRowdy.Jem’étais fait uneplace dans sa vie, dans sonespace, inconsciemmentdepuisdessemaines. Ilnememanquaitquemonchienetquelquesprovisionspourmasœur,etjepourraisvivreiciindéfiniment.

Jem’apprêtaisàfermerlaportièredelavoiturequandlemoteurd’uneautrevoiturearugietquelecrissement de pneusm’a bloquée sur place. J’ai regardé par-dessus la portière ouverte que je tenaisencore,etj’aisentitoutmonsangquittermonvisage.

Uneberlines’estarrêtéejusteàcôtédemavoitureetlaportièreducôtéconducteurs’estouverteviolemment.Avantquej’aieuletempsderéagir,unhommeassezpetitestsortidelavoitureetamontrédudoigtmasœur,quisetenaitnerveusementsurletrottoiràcôtédelavoiture.Jesavaisquenousétionsdansunesalesituation.

–Montedanscettevoiture,Poppy.Iln’apascrié,n’apasprisdegrandsairs,maisluiadonnél’ordred’unevoixcalmeetfroidequi

étaitterrifiante.–Non.Cen’estpasPoppyquia répondu.Mais jene la laisseraisallernullepartavec lui. Ilavait l’air

négligéetdérangé,etsadangerositéétaitécritesursonfront.Ilavibréderagequandjeluiairéponduparlanégative,etaulieudelaisserladisputes’envenimeroud’éleverlavoixetdes’enprendreàmoi,ilacalmementsortiunearmedederrièresondosetl’apointédroitsurmoi.

J’avaisvécudansbeaucoupdegrandesvilles,etpastoujoursdanslesbeauxquartiers.J’avaisdéjàvudesarmesàfeuetmêmevudescoupsdefeupartirenboîteunefoisoudeux.Cequinem’étaitjamaisarrivé,c’estderegarderdroitdanslecanond’unflingueavecunhommedel’autrecôtéclairementprêtàappuyersurlagâchette.

–Monte.Dans.La.Voiture.Poppy.Chacundesesmotsétaitcreux,réfléchi,etempreintdemalfaisance.J’entendaismasœurgémiretje

sentaislatensionmonterentrenoustous,ethurlersonbesoindecraquer.Mesmainssesontserréessurlecôtédelaportièreetjeregardaisl’armesansciller.

–Bouge!Jevaistirersurtasœur.Jedevraislefairedetoutefaçon,pourrendreserviceàtonpère.J’aiavalémasalivedifficilementmaisj’airefuséderéagir.J’avaislesentimentquesijeclignais

des yeux de la mauvaise façon, il le prendrait comme une excuse pour tirer. Pourquoi est-ce que je

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n’avaispaspenseràça?Évidemment,s’ilm’avaitsuiviepoursavoiroùj’habitais,lecinglépouvaitmesuivrechezRowdyaussi.Merde, ce torduavait trèsbienpu rôderdevant le salon toute la journéeenattendantsonheure.Jemesentaisbête,etc’étaitmasœurquiallaitenpayerlesfrais.

–OhmonDieu.Poppyachuchotéquandjel’aivuebougerducoindel’œil.–Non!Jen’aipaspum’empêcherdecrieretj’aisursautéenentendantunBANGretentissant.J’airepris

monsouffleetaivuquelaballeavaitfrôlélecapotdemavoiture.J’aisursautésanslevouloiretjenepouvaispasm’empêcherde tremblerde terreur. J’avais toujoursété indépendanteet jesavaisprendresoindemoi,maisàcetinstant,jeregrettaisdenepasavoirattenduvingtminutesdepluspourqueRowdyvienneavecnous.Nonpasquejeveuillelemettreendanger,maisquandjel’avaisprèsdemoi,j’avaisle sentiment que tout allait bien se passer, quoi qu’il arrive, et c’était un sentiment dont j’aurais eucruellementbesoinàcetinstant,envoyantl’armeànouveaupointéedroitsurmonvisage.

–Jevaistetirerdessus.Jem’enfousdetoi.Jeveuxseulementcequiestàmoi.Poppy avait bougé, elle se trouvait entre moi et le flingue. J’avais envie de tendre le bras, de

l’attraperetdelatirercontremoi,maisjenevoulaispasprendrelerisquequ’ilappuiesurlagâchetteetluitiredessus.

– Poppy, si tu montes dans cette voiture, il va juste tirer dès que tu auras fermé la portière. Ilvanousfairedumalàtouteslesdeux.

Elletremblaittellementqu’elleavaitdumalàresterdebout.Sesyeuxétaientécarquillés,immensessursonvisage,etjenevoyaisaucunmoyenpourquecelaseterminesansquequelqu’unsoitblessé.

–Non,ilnevapasfaireça.Posel’arme,Oliver,etjemonteraidanslavoiture.Ilarietlesonétaitaussifouetdérangéquel’hommelui-même.–Tunepeuxpasmedonnerdesordres.C’estmoiquidonnelesordres.Montedanscetteputainde

voiture,Poppy!–Écoute,lapoliceterecherchedéjà.Tuviensdetireruncoupdefeudansunezoneurbainepleine

demonde.Tucroisquetuascombiendetempsavantd’êtreentourédeflics?Situveuxquejevienneavectoi,poseleflingueetjeviendrai.Enattendant,jenebougeraipas.IlfaudraquetumetiresdessussituveuxblesserSalem.

Merde. Ce n’était pas bon. Pas du tout. Je voulais dire à Poppy de courir, de bouger, de fairequelquechose ;n’importequoi,àpartmonterdanscettevoitureavecunhommequiavaitdéjàprouvéqu’ilpouvaitlabriser,maisjen’enaipaseul’occasion.Olivers’esttournéverslecôtéconducteurdesavoitureeta jeté l’armesur labanquettearrière.SiPoppymontaitdans lavoiturecommeellesemblaitdécidéeàlefaire,c’étaitimpossiblequ’elleattrapel’armeavantlui.

–Maintenant,monte.Apparemment,sondésird’avoirmasœursoussoncontrôleétaitplusfortqueceluidemetuer.–Jenetelerépèteraipas.Unefemmeobéissanteécoutesonmari.–Nefaispasça,Poppy.

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Jelasuppliais,désespérée.Ellem’aregardéepar-dessussonépaule.–Montedanslavoitureetappellelapolice.–Ilvatefairedumal,tetuer.Tunepeuxpaspartiraveclui!–Jesuisobligée.Tuvasmesauver.Tumesauvestoujours.Elle a ouvert la portière de la berline du côté passager et s’est glissée à l’intérieur.Oliverm’a

regardéepar-dessusletoitdesavoitureetamiméunearmeavecsesdoigts.Ilafaitcommes’ilmetiraitdans la tête alors que le sondistant des sirènes se faisait entendre. Il s’est glissédans la voiture et adétalé,tandisquelevisagehorrifiédemasœurmeregardaitparlavitreducôtépassager.

J’ai foncé surmon portable et ai appelé le 911, Royal, Rowdy,mes parents, et Sayer, dans cetordre.Lapoliceétaitdéjàenroute,etavantdepouvoirhurleràRowdyquej’avaisbesoindeluietqu’ilfallaitqu’ilviennepourmemaintenirenunseulmorceau, j’étaisentouréededétectivesetd’agentsdepolicequimeposaienttousunmilliondequestions.

Dequellecouleurétait lavoiture?Est-cequej’avaisvulaplaqued’immatriculation?Qu’est-cequ’ilportait?Qu’est-cequePoppyportait?Est-cequejesavaisqueltyped’armec’était?Est-cequejepensaisqu’ilallaitfairedumalàPoppy,et/ouàlui-même?Oùest-cequ’ill’emmènait?Lesquestionsn’enfinissaientpasetjen’avaispasderéponsecohérenteàlaplupartd’entreelles.J’avaisl’impressiond’êtreparalysée.Commesi j’étaisentréedansunmauvaisfilmdegangsters.Jepleuraisensilence.Jetremblais tellementquemesmusclesme faisaientmal. J’avais l’impressionque tous lesmotsque l’onm’adressait n’étaient que du bruit par-dessus le rugissement demon sang et demon cœur qui tonnait.J’avaisenviedemerecroquevillerenpositionfœtaleparterreetd’yrester.Jevoulaismonterdansmavoiture et rouler à fond dans n’importe quelle direction comme si j’allais trouverma sœur et Olivercommeparmagie.JevoulaisétranglerOliver,frappermonpère,etsecouermamèrejusqu’àcequesavienetienneplusqu’àunfil.

J’ai entendu quelqu’un criermon nom dans tout ce chaos. J’ai aperçu la grande silhouette et lescheveuxblondsdeRowdyàmesurequ’ilfendaitlafouledepoliciers,décidéàvenirjusqu’àmoi.Dèsquesesbrassesontrefermésautourdemoi,jemesuisbriséeenmillemorceaux.Jemesuiseffondréeetje l’ai laissé me porter pendant que je pleurais et maudissais le monde en criant vengeance. On nem’avait jamais pris quelqu’un que j’aimais. Oui, j’étais partie, je m’étais éloignée car j’avais lesentimentd’yêtreobligée,maismefairearracherquelqu’unquej’aimaisdefaçonbrutaleetignoblemelaissaitdéchiréeetpleinedesouffrance.Celam’offraitunnouveauregardsurlesblessuresqueRowdyavait dû porter toute sa vie. J’ai passé les bras autour de sa taille et j’ai juré devant Dieu, devantl’univers,etdevantquiconquem’écoutait,quejenelelâcheraisplusjamais.

Jel’aisentiembrasserledessusdematêteenmeserrantluiaussidanssesbras.–Jetetiens.C’étaitvrai.C’étaittotalementvrai,jel’avais,lui.–Jesais.Jetetiensaussi.Maintenant, il nous fallait seulement rester forts et s’accrocher l’un à l’autre pendant que les

meilleursdeDenverpartaientsurlestracesdudinguequiavaitenlevémapetitesœur.

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Chapitre19ROWDY

C’étaitunenuitterrible.Lespoliciersn’étaientpasd’unegrandeaideetsiRoyaln’étaitpasvenuepourservirdeliaisonofficieuseentreSalemet lesdétectivesqui travaillaientsurl’affaire, ilyauraiteudeforteschancespourquemameuffinisseenfermée.

Elleétaitsurlesnerfsetc’étaitcompréhensible,maissurtout,elleétaitfurieuse.Elleétaitencolèrecontre elle-même d’avoir quitté le salon toute seule, même si je n’arrêtais pas de lui dire que celan’auraitrienchangé.Oliveravaitunflingue,etilétaitdéterminéàemmenerPoppyaveclui.Quej’aieétéavecellesounon,uneballeestuneballeetilm’auraitprobablementvucommeunemenacedeplusetaurait tiré pour se débarrasser demoi. J’aurais dûme taire car je n’ai fait qu’alimenter sa colère. Jeconnaissaiscesentiment.L’idéequ’unfouarmépointeunflinguesurelleettireuneballejusteàcôtémedonnaitenviedetapersurtoutlemonde.

ElleétaitencolèrecontrePoppyparcequ’elleétaitpartieavecOliver,maiselleétaitabsolumentvertederagecarsiPoppys’étaitretrouvéeavecunhommecommelui,c’étaitenpremierlieuàcausedeleurpèreetdesonéducationnéfaste.Jevoyaisunetempêteseprépareretjemesuisditquejeferaisdemonmieuxquandellearriveraitàsonparoxysme.Pourl’instant,toutcequejepouvaisfaireétaitlatenirdansmesbras, luidireque tout iraitbien, et lancer àRoyaldes regards implorants et silencieuxpar-dessuslatêtedeSalemtandisqu’elles’accrochaitàmoi,pleurantetmaudissantlemondeentier.

J’avaispeurpourPoppy,aussi.J’avaisvudeprèscombiensonmariétaitdésaxé.Lefaitqu’ilaitpointé une arme sur deux jeunes femmes innocentes en plein jourmontrait qu’il n’avait pas peur desconséquences,nidesefaireattraper.Ilétaitobsessionnellementconcentrésursonbut:récupérercequ’ilconsidéraitcommesapropriété,Poppyn’étaitqu’unobjetàsesyeux.Elleétaitpiégéedansunevoitureavec un assaillant armé. Pour lui, elle n’était qu’une possession, et les gens détruisaient ce qu’ilspossédaient tous les jours. Je nepouvais paspenser à ça car celamedonnait envied’hurler, et je nepouvaispasfairecelasijevoulaisêtreprésentpourSalemcommeelleenavaitbesoin.

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Jen’aimaispeut-êtrepasPoppycommej’aimaisSalem,maiselleétaittoutdemêmetrèsimportantepourmoi.Elleavaittoujoursuneplacedansmonhistoireetdansmoncœuretellefaisait,sanslemoindredoute,partiedemafamilledécomposée.J’avaisperduassezdegenspourtouteunevie.Iln’yavaitpasmoyenquej’enperdequelqu’und’autre.

J’étaisassissurlecanapédanslesalondeSalem.Ilétaittôtlelendemainmatin,etellevenaitdes’endormiraprèsavoirfaitlescentpaspendantcequim’avaitparudesheures.Mêmedanssonsommeil,elles’agitaitetgémissait.Jepassaisdistraitementmonpoucesursatempeenformantdepetitscerclesetj’avaislesyeuxfixéssurlatélévisionsansvraimentregarder.Enbasdel’écran,unbandeaudonnaitdesinformations et demandait de signaler toutes apparitions d’Oliver et de la berline. C’était absolumentsurréalistedevoirladescriptiondePoppysurcebandeau.Celamedonnaitl’impressionquec’étaituneinconnue,unvisagedeplusquis’étaitretrouvédansunesalesituation.Jedétestaislefaitquec’étaitentraindeluiarriver,àelleetànous,safamille.

Jimboétaitrouléenbouledel’autrecôté,surlecanapé.Ildevenaittropgrospouravoirledroitd’ymonter,maisiln’avaitpasquittéSalemdepuisquelespoliciersétaientpartisetjecroisquelepauvresesentait mal car il n’avait pas pu aider. Les grands yeux dorés du chien étaient fixés sur Salem, quimurmurait et était prise de tics nerveux dans son sommeil. J’ai tendumon autremain et ai caressé ledessusdesalargetête.

–Çavaaller,bonhomme.C’estdurdegardersadameensécurité.Ilasoupiréparlenez,commes’ilsavaitparfaitementcequejevoulaisdire,etleboutdesaqueue

abougédedroiteàgauche.J’aibaissélesyeuxversSalemetaivuquesessourcilsétaientfroncésetquedeslignesprofondesscindaientsonfrontentrelesmèchesnoiresdesescheveux.Jelesailisséesavecleboutdudoigtetaisoupiré.

–C’estsûrementlepiredesmomentspourtedireça,maisje…Elles’estsoudainretournéepours’allongersurledosetmeregarderdroitdanslesyeux.Ceregard

noircontenaitmonpassé,monfutur, tousmessecrets,et tous lesrêvesque j’avais toujourseu.C’étaitcommeregarderdansl’éternitéensachantqu’elleseraittoujourslà.

–…t’aime.Jet’aimeraiàl’infinietpourtoujours.Seslongscilssesontfermésuninstantetsesontrelevés.Commedesétoilesdanslecielnocturne,

jevoyaissessentimentspourmoibrillerdepuislesprofondeursdesonregard.–Jet’aimeaussi.Jenepourraispasfaireçasanstoi.Tumerendsplusforte,plusquejenel’aie

jamaisété.J’ai toujourseubesoind’uneraisonderester;avectoi,çan’ajamaisétélecas.Avectoi,resterestmaseuleoption,parcequeleseulendroitoùjeveuxêtre,c’estlàoùtues.

C’était tout ceque j’avais toujoursvoulu l’entendredire. Jeme suispenchépour l’embrasser endouceur.

– Ça m’a peut-être pris vachement longtemps de comprendre la différence entre l’amour et lepremierbéguin,maisSalem,iln’yariendeplusréelquecequejeressenspourtoi.

Elleallaitrépondremaissontéléphoneasonnéetnousnoussommestouslesdeuxraidisetregardésavecdegrandsyeuxinquiets.J’aitendulamainversletéléphoneetaifaitunepetitegrimaceenvoyant

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quec’était lenumérodeRoyalsurl’écran.Jen’arrivaispasàcroirequemesmainstremblaientquandj’aiglisséledoigtsurl’écranpourdécrocher.

–Allô.–Rowdy?Sa voix était grave et j’entendais beaucoup d’agitation derrière elle, à l’endroit d’où elle

m’appelait.–Ouais,jesuisavecSalem.Tuasdesnouvelles?Salems’est relevéeetaagrippémamain libredesdeuxmains.Elleétaitpâleetsesyeuxfoncés

semblaient dévorer son visage entier. La peur qui en émanait est tombée commeune pierre dansmonventreetaretournémapoitrine.

–Peut-êtrequejedevraisparleràSalem.La voix de Royal restait stable et calme mais ses mots ont secoué tout mon être comme un

tremblementdeterre.MoncœurachutéetmesdoigtssesontserrésparréflexesurlesmainsdeSalem.–Jevaistemettreenhaut-parleur.–OK.Elleaattenduunesecondequejedécolleletéléphonedemonoreillepourletenirentremacopine

etmoiaprèsavoiractivélehaut-parleur.–Vas-y,Royal.Elleasoupiréàl’autreboutdelaligneetj’entendaisdessirènesetdel’agitationderrière.– Tout d’abord, Poppy va bien. Elle est dans une ambulance, ils la conduisent à l’hôpital à

Albuquerque.Salemahoquetéets’estlaisséetomberenavant,avecsonfrontposésurmonépaule.–Dieumerci.–Ouais.Lespoliciersde l’Étatont relevé l’alertepour lavoitureque sonmari conduisait après

qu’ilsaientpassélafrontière.Ondiraitqu’ilretournaitauTexasavecelle.–Çanem’étonnepas.J’étais soulagé,mais quelque chose dans la façon distante, lisse et professionnelle avec laquelle

Royal racontait les évènements,medérangeait. Je sentais littéralement lamauvaise nouvelle qui allaittomber.

–Hum…Poppyn’étaitvraimentpasenformequandlespoliciersl’ontenfinretrouvée.Jenesaispasàquelpointelleestblessée,maisjesaisquecen’estpasbon.

Jesentaisqu’ellen’endisaitpas troppourpréserverSalem.Degrosses larmesbrillaient sur sescilsnoirsetjevoyaisqu’elleaussilisaitentreleslignes.

–Qu’est-cequ’ilyad’autre,Royal?Raconte-noustout,pourqu’onpuisseseprépareràallerauNouveau-Mexiqueleplusvitepossible.

Elle a encore soupiré et son personnage de flic a enfin laissé place à la Royal que nousconnaissions.Savoixalégèrementtrembléetilyavaitjusteassezd’émotionpourlafairepasserdurôledegendarmeàceluid’amie.

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– Lemari ne s’est pas laissé faire. Les flics l’ont encerclé sur une aire de repos après l’avoirpoursuiviquarante-cinqminutes.Ilavaittoujourssonarme.

Elleafaitunepaused’unesecondeetjemesuisfigéquandlesonglesdeSalemsesontenfoncésdansmapeau,assezpourmecouper.

–Ilyaeuuneconfrontation.–Merde.C’étaitsortitoutseul,maisSalemahochélatête.C’étaitcommesinousécoutionslerécitdenos

pirespeurs.–Ouais.Ilapointél’armesurlatêtedePoppy.Ilamenacédelatueretdesetuerensuite.Lapolice

aappeléuneéquiped’interventionrapidepournégocierlaprised’otage.Çaserapartoutauxinfosd’iciuneheure,j’ensuissûre.

Salemsecouaitlatêtedistraitementcommesiellepouvaitéchapperàlaréalité,àl’horreurdecequiétaitarrivéàsapetitesœur.

–Aufinal,leSWATaprisunemesurepréventivepourréduirelamenace.Salemalâchémamainqu’elleécrasaitets’estlevée.Elleavaitl’airépuiséeetfragile,maiscomme

toujours,ilyavaitcetteforceenellequineplieraitpas.–Qu’est-cequ’ils’estpassé,Royal?–OliverMartinezestmort.J’ailaissééchapperunlongsoupiretaiéchangéunregardgraveavecSalem.–Tantmieux.–Ouais,enfin,l’otageaétésauvée…Mais,Rowdy…Savoixs’estéteinteetelleadûs’éclaircirlagorge.–Lapauvre,elleavécul’enfer.Elleadûvoirlapersonneavecquielleétaitmariéemourirsous

ses yeux. Peu importe combien il a pu lui faire dumal, ou à quel point il était horrible…Ça changequelqu’un.Elleneseraplusjamaislamêmeaprèsavoirvécuça.

J’aitiréSalemcontremontorseetl’aiserréeavecunbrastandisqueleslarmescoulaientenfinsursesjoues.

–Biensûr,maisonvaprendresoind’elleetl’aideràguérir.C’estcequefontlesfamilles.–Jesais.Elleadelachancedefairepartieduclan.–Mercidenousavoirtenusaucourant,Royal.–Pasdeproblème.Sivousavezbesoindequoiquecesoit,appelez-moi.Jevousenvoielesinfos

quej’aisurl’hôpitaloùilsl’emmènent.SalemamarmonnéunmerciétouffédansletissudemonT-shirtquandj’airaccroché,etjemesuis

servidemesdeuxbraspourlaserrercontremoiaussifortquejelepouvais.–Çavaaller.PoppyestuneCruz,etlesfilles,vousêtesdesguerrières.Elle a passé les bras autour de ma taille et a posé la joue sur mon torse, où mon cœur battait

n’importecommentàcausedel’adrénalineetdusoulagement.–Ouais,maistouteuneviedeguerre,ons’enlasse.

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Elles’estreculéeetm’aregardé,etjelevoyais,jelesentais,jelesentaisdansl’air.Latempêteavaitatteintlacôteetelleétaitprêteàtoutdétruiresursonpassage.

–C’estlemomentderéglertoutçaunebonnefoispourtoutes.Jenepouvaisquehausserlesépaulespouracquiescer.–Onvaprendresoindetasœur,d’abord.Elles’estéloignéedemoienhochantlatête.–Jet’aimeetj’aimelefaitquetusaiscequ’ilfautquejefasse,etpourtanttunepaniquespas.J’étaisdéjàsurmontéléphonepourregarderlesprochainsvolsversAlbuquerque.Heureusement,

c’étaitunvolcourtetdansquelquesheuresnousseronsauchevetdePoppy.J’ailevélesyeuxdemonécranetaiadresséundemi-sourireàSalem.

–Tuas toujoursétéunpeubohémienne,Salem.Tantque tume reviens, je suisd’accordpour telaisseralleroùquetuveux.Jeserailàquandtureviendras.

J’ai vu mes mots faire trembler sa lèvre inférieure, et avant que je puisse confirmer le vol dedernièreminuteauprixaffreusementcher,elles’estjetéesurmoietj’avaisentrelesbrasuneSalemtoutetremblanteetfrémissante.Elleaprismonvisageentresesdeuxmainsetm’aembrasséd’unefaçonquiétaitempreinted’éternité.

–Lesbohémiennespeuventvoir lefuturdans leursboulesdecristal,Rowdy.Tuveuxdevinercequejevoisdanslemien?

–Nous?Ellearietm’aencoreembrassé.–Nous, c’est sûr. Je vais prendre des affaires pour Poppy et il faut qu’on trouve quoi faire de

Jimbo,vuqu’onyvatouslesdeuxetqu’onnesaitpasquandonvarevenir.J’avaispléthoredepersonnesdontj’étaiscertainqu’ellesviendraientvolerànotresecourspourle

chien,maissanssavoirpourquoi,lapremièrepersonnequej’aiappeléeétaitSayeretcelan’avaitrienàvoiraveclefaitqu’elleavaitunjardinimmense.

Sayer, évidemment, m’a dit qu’elle lâchait tout et venait prendre le chien. Elle était aussisincèrementcontentequePoppyaillebien,maiselleaprisuneminutepourmedirediscrètementqu’ellepouvaitconseillerplusieurspsychologuesd’aideauxvictimesquandceseraitlebonmoment.Sayerétaitquelqu’undebien,etremarquablementcompréhensive.Plusjeluiparlais,plusjem’ouvraisàelle,plusjeme rendais compte combien j’étais fier qu’elle soitma sœur. J’étais heureuxqu’elleveuille que jefassepartiedesafamilleetj’avaishâtedelaprésenteraurestedelamienne.

Iln’afalluqu’unedemi-heureàSayerpourarriveretrécupérerJimbo.Lesfillessesontenlacéesetd’autreslarmesontcoulétandisquejemedépêchaisdefairesortirSalempourfonceràl’aéroport.Nousétionstouslesdeuxnerveuxetanxieuxenpassantlescontrôlesdesécuritéetavonsattenduimpatiemmentl’embarquement.Commenousn’avionsdormini l’unni l’autre lanuitpassée, c’étaitgarantiquenousallionssombrerdèsquel’avionauraitatteintsonaltitudedecroisière.Quandlesrouesonttouchéterreetque nous nous sommes réveillés en sursaut, nous étions déterminés à rejoindre quelqu’un que nousaimions tous lesdeux,unePoppyblessée, seule, et très sûrementprofondémentchangéepar la récente

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tragédie à laquelle elle venait de survivre. Cela rendait l’atmosphère pesante, mais nous nousaccrochionsl’unàl’autre.

Àl’hôpital,çan’apasétésimpled’entrerpourvoirPoppy.Ilyavaitencoreuntasdegensdelapolice qui se baladaient et les médias rôdaient comme des vautours. Les infirmiers ont tout de suitecomprisquiétaitSalemetontcommencéàl’emmenerversleschambres,maisellenevoulaitpasyallersansmoi.Commejen’étaispasdesafamilleproche,ilsnevoulaientpasmelaisserentrer.Jepensaisquec’étaitplusimportantquePoppyvoieunvisageconnuquedesebattrecontrelesrègles,maisSalemn’enavaitrienàfaire.Etcommeàsonhabitude,elleacharméetmanœuvréavectoutlepersonnelpourquej’aiel’autorisationd’entrerdanslachambreavecelle.

J’auraispresquepréféréresterdanslecouloir.Poppyavaitunetêteépouvantable.Sonvisageétaitdéforméàcausedescoupsqu’elleavait reçus.Sescheveuxétaientemmêléset colléspardu sangquiavaitséché,etmêmesisesdeuxyeuxétaientnoirsetgonflésaupointquejenesavaismêmepassielleyvoyait quelque chose, je voyais une teinte étrangement vide dans leurs profondeurs habituellementrayonnantes.Elleavaitl’airpirequecassée,etalorsquejevoulaismeretourneretfairecommesiriendetoutcelan’étaitarrivé,Salemamarchédroitverselleetasoulevésasœurdansuncâlindélicat,etelles se sont balancées doucement toutes les deux au milieu des tuyaux et des écrans qui étaientraccrochésàPoppy.

Iln’yavaitpasderegret.Pasdeparolesdecondoléancesinutiles.ToutcequeSalempouvaitfaireétaittenirPoppydanssesbrastandisqu’ellepleurait.Iln’yavaitrienquipouvaitaméliorerlasituationouréconfortersasœur,etSalemlesavait,alorselleasimplementpartagésaforceavecelle.Jenesavaispas vraiment quoi faire de ma peau, alors je suis resté près de la porte et j’ai regardé la scène sedérouler,lecœurbrisé.Parcequejelesavaisaiméestouteslesdeuxdedeuxfaçonsdifférentestoutemavie,celameremplissaitderagedelesvoirtouteslesdeuxsouffriraussiprofondémentsansrienpouvoiry faire. Si Oliver n’avait pas déjà été mort, je crois que j’aurais lancé une chasse à l’homme pourl’abattremoi-même.

Poppyadûsentirmacolèreetmonmalaisecarelleatapotélelitd’hôpitalprèsdesahancheetm’afaitsignedevenir.Jemesuisassisaussidélicatementqueje lepouvaisetaiprissamain.Sesonglesétaienttouscassésetabîmés,etjevoyaisdesmarquesdedoigtsnoiresdesonpoignetàsoncoude.Quoiqu’Oliverluiaifaitsubir,elles’étaitbattuecommeunechef.

–Jesuisvraimentcontentequevousayezpucompterl’unsurl’autrependanttoutça.Savoixétaitérailléeetsonnaitcommes’illuiavaitfallubeaucoupd’effortspourparler.Ellem’a

regardéavecsesyeuxgonflésetjevoyaislasincéritédanssoncœur.–Jesaisqueçaadûêtretrèsdurpourvousdeux.Je ne voulais plus jamais perdre quelqu’un que j’aimais,mais cet incident, cet acte de violence

gratuite, prouvait très clairement que peu importe les décisions que je prenais, le destin pouvait bienavoird’autresprojetset lapertefaisaitsimplementpartiedelavie.C’étaitunebienmeilleureidéedeprofiter du temps que j’avais avec les gens qui comptaient que de développer une obsession et dem’inquiéterenpermanence.

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–Toutcequicompte,c’estquetuaillesbienetqu’onpuisseterameneràlamaison.ElleatournélatêtepourregarderSalemetalaissésespaupièressefermer.–Jenesaismêmeplusoùc’est,lamaison.C’estcequ’Olivern’arrêtaitpasdemerépéter:«Ta

placeestàlamaisonavecmoi».C’estquelgenredemaison,ça?Jel’aivuetrembleretj’aivulacolonnevertébraledeSalemseraidir.–Àlamaison,c’estlàoùilyadesgensquit’aimentetquiontbesoindetoi.Lamaison,c’estlàoù

tutesensàtaplace,peuimportetesdéfautsoulaviequetumènes.Lamaison,c’estquandtupeuxpartiren sachantque tupeux toujours revenir.Poppy, lamaison, c’est làoù je suis.Lamaison, c’est où estRowdy.TureviensàDenveravecnouspourqu’onpuisseprendresoindetoiettetrouverdel’aide.

C’était lecombatfinal.Salemnelâcheraitrientantqu’ellen’auraitpasdit toutcequ’elleavaitàdireàsonpère.Elleallaitcouperlespontsunebonnefoispourtoute,briserlesliensquilesgardaient,elleetPoppy,enchainéesaupassé.ElleallaitretourneràLoveless.

Toutenmoimepousseràyalleravecelle. Jevoulaisêtre sonpourfendeurdedragons, sa ligneoffensive,mais je savaisque jedevais la laisseryaller seule. Jedevais la laisserpartirpourqu’ellepuisse revenir.Elledevait le faire seule,carcen’étaitpasmoncombat. Jem’occuperaisdePoppyetm’assureraitqu’elleaillebienpendantqueSalemfaisaittoutcequ’ellepouvaitpourleslibérertouteslesdeux.

Poppy n’avait pas l’énergie de débattre ni de parler beaucoup plus. Je savais que Salem allaitvouloir resteràsescôtés,donc je lesai laisséesseuleset jesuisallédonnerdesnouvellesà toute lafamille.Lestroupesontfaitcequ’ellesfaisaienttoujoursetsesontrassemblées.RuleetNashm’ontditdenepasm’inquiéterpourletravail.Coram’ademandés’ilfallaitqu’ellepréparelesaffairesdubébéetprennelaroutejusqu’auNouveau-Mexique.Aydenm’aditqu’elleallaitchercherlechienetelleestrestéestupéfaitequandjeluiaiditquemasœurs’enoccupait.D’ailleursSayerallaitsetrouverenhautdemalistequandjereviendraisàDenver.Toutlemondeallaitdevoirlarencontrer,puisqueelleallaitforcémentfairepartiedemavieàpartirdemaintenant.

IlafalludeuxjoursdeplusavantquePoppysortedel’hôpitaletquelapoliceenaitfiniavecelle.Nousavionsalorstousenviederentrer.Poppyenavaitassezd’êtreexaminéesoustouteslescouturesetqu’onluirappelleconstammentcequiluiétaitarrivé.EllesedisputaitaussiviolemmentavecSalemàpropos de son intention de retourner àLoveless pour se confronter à leur père. Poppyvoulait qu’ellelaisse tomber, mais Salem était catégorique, elle allait récupérer les affaires de Poppy et avoir unedernièrediscussionavecsonpère.J’essayaisdenepasm’enmêlercaronnepouvaitpasarrêterSalemunefoisqu’elleavaituneidéedanslatête.J’allaisprendreunavionderetouravecPoppyetl’aideràreprendresesmarquestandisqueSalemlouaitunSUVetconduisaitjusqu’àLovelessdepuisleNouveau-Mexique.C’étaitunesituationquimettaitlesdeuxsœursmalàl’aise,pourdifférentesraisons.

LejouroùPoppyestenfinsortie,nousétionsdevantl’hôpitaletattendionsqueletaxinousemmèneàl’aéroport,etjevoyaisqueSalemseprenaitlatêtepourquelquechose.Elleétaitnerveuse,jouaitavecsescheveux,etnemeregardaitpasdanslesyeux.Aprèscinqminutes,j’enaieuassezetl’aitiréevers

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moietsoulevéeenlaprenantparlesbraspourquenoussoyonsfaceàface.Jel’aiembrasséesurleboutduneztandisqu’ellerestaitdanslesairsetjeluiaiditdoucement:

–Arrête.Ellem’alancéunregardnoiretaécrasémonbicepsalorsquejelareposaissursespieds.–Arrêterquoi?–Depenserceàquoitupenses.Arrête.Jetefaisconfiance,tuvasrevenir.Ilfautquetumefasses

confiance, je prends juste soin de ma famille. C’est nous que tu vois dans ta boule de cristal, tu tesouviens?

Ellem’afaitunegrimaceetasoupiré.–Jesais.Maiselleesttellementcasséeettuestellementadorable.Jen’aieuqu’unpetitdoutede

riendutout.Jesaisquetueslameilleurepersonnepourl’aideràguérir,encemoment.Tueslaseulepersonneenquij’aiassezconfiancepourlalaisser.

Jemesuispenchépourl’embrassersursaboucheinsolente.Elleavaittoujourslegoûtdubonheur.J’adoraiscommeellesefondaitenmoietcommesalanguetournaitets’enroulaitautourdelamienne.Jemesuisreculéetaiappuyémonfrontcontrelesien.

–Tuterappellesquetum’asditquetuvoulaisêtrelapremièrepourcertaineschoses,pourpouvoirmesurprendre?

Elleariunpeuetahochélatête,cequiafaittapernostêtesl’unecontrel’autre.– Il y a une première fois très importante que je veuxque tu fasses pourmoi, quand tu seras au

Texas.Elles’estreculéepourquenouspuissionsnousregarderetjecroisqu’elleadûvoirdansmesyeux

combiencequejem’apprêtaisàluidemanderétaitimportant,carelleaacceptéavantmêmequejeluiaieditcequec’était.

–Jeferaicequetuveux,Rowdy.Je lui ai fait un petit sourire et lui ai expliqué.Quand j’ai eu fini, nous avions tous les deux les

larmesauxyeuxetnousavionsbesoindenousserrerfortpendantuneseconde.Lesportesderrièrenoussesontouvertesencoulissant,etilsontfaitsortirPoppyenfauteuilroulant,

avecdesairsdepoupéemaltraitée.Jel’aideraisàsesoignerettouslesautresmembresdemafamillededévoyésleferaientaussi.Nousétionsfaitsdeblessésdeguerreetdevie,etcen’étaitqu’ensemblequenous avions pris conscience de notre propre valeur et de ce qu’étaient l’acceptation et l’amourinconditionnels.C’étaitl’endroitparfaitpourquePoppyoubliesonpasséettrouvelapaixetsonchemin.

J’aiaidéàfairemonter l’unedesCruzdansle taxietaiembrassé l’autrepour luidireaurevoir,avec toutceque j’avais.Celamerappelaitétrangementcettescène,dixansplus tôt.Unefoisdeplus,jem’occupaisdePoppyetjeregardaisSalems’enallerfairecequ’elledevait.Maiscettefois,jesavaisquelafinn’étaitpaslamême,etaulieudemaudireledestinetlamalchance,jelesremerciaispouravoirfaitentrercesfemmesdansmavie,pourlemeilleuretpourlepire.

Quoiqu’ilarriveàcompterdemaintenant,jeseraistoujoursreconnaissantpourchaquemomentquejepassaisavectousceuxquej’aimais.

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Chapitre20SALEM

Jen’avaispasmislespiedsdansuneéglisedepuisquej’avaisquittéLoveless,etj’avaisl’impressionqu’ils’étaitécouléunevieentièredepuis.Jen’avaisriencontrelareligion.Jecroyaisquelafoiet laconfiance en une force supérieure avaient une place importante dans la vie des gens, notamment pouraccepter combien elle pouvait être dure et éprouvante par moments. Mais laisser mon ancienne viederrièremoiavaitaussivouludireoublier lesheurespasséessurunbancd’égliseàécoutermonpèremenerpieusementsonassemblée.

C’étaitunsentimentétranged’yrevenirentantqu’adulte.C’étaitdifférent,maintenantquejesavaisquejepouvaismeleveràn’importequelmomentdusermonetpartir.Maintenantquejen’étaisplussousson contrôle, que je vivais unevie épanouie loin de lui et de cette ville, sesmots sonnaient si creux.Alorsquej’avaistoujourspenséquemonpèreétaitpleindeconvictionreligieuseetguidéparlafoi,enleregardantmaintenantàlachaire,jemedemandaissitoutcelan’étaitpasqu’unemascarade.

Certes,ilétaittoutaussipassionnéqu’ill’avaittoujourssemblé.Sesmotsrésonnaientcontreleboiset lesgensquim’entouraientétaientvisiblement touchés,mais ilyavaitautrechose,unechoseque jevoyaisdistinctementmaintenantque le tempsavaitpassé : il nemeparaissaitplus aussi intimidantoupuissantqu’autrefois.Sonsourireétaitunpeutropbrillant.Sesyeuxunpeutropécarquillésetlacadencedesavoixunpetitpeutroprépétéeetthéâtralepoursonnervraie.Toussesmotsparlaientd’amouretderespect,defairel’œuvredeDieuetdevivreuneviedesacrifice,etilsontrésonnéenmoiquandjemesuisrenduecomptequ’ilprêchaittrèsprécisément«faitescequejedisetpascequejefais».C’étaithypocrite,etau lieud’avoirétéenveloppéedansmonpropremal-êtreà lamaisonquandj’étais jeune,j’auraisaiméavoirétécapabledelevoir,luietsespréceptes,pourcequ’ilsétaientréellement.J’avaislesentimentquecelaauraitpum’éviterdefairebeaucoupd’erreursdansmavie.

Mamèrem’avaitaperçuequandj’étaisentréeaudébutduservice,etjem’étaisassiseaufond.Ellen’arrêtait pas de se retourner pour me lancer des regards inquiets, comme si elle avait peur quejebondisseàtoutmomentpourétaler lespéchésdemafamille, livrantmonpèreauxjugementsdeses

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paroissiens.Jecontinuaisàluisouriredetoutesmesdents.Jenevoyaisaucuneraisondelarassurer,pasaprèslafaçondontelleavaitbalancéPoppyàuntorduviolentsousprétextedefairecequ’ilyavaitdemieuxpourelle.Chaquefoisqu’ellecroisaitmonregard,elleavalaitsasaliveetramenaitnerveusementsonregardsurmonpère.

Jemesuisditqu’ilsavaitaussique j’étais là.Toutsonsermonseconcentraitsur lepardonet lepéché.Lespéchésducorps.Lespéchésdel’esprit.Lespéchésdesbien-intentionnéset lespéchésdesparents et des enfants. Il a beaucoupparlé du fait que riendans cemonden’était impardonnablepourDieu,puis ilm’aretourné leventrequand ilaproposéuneprièrepourOliverMartinezeta rappeléàtoutes les personnes présentes dans l’église de cette petite ville, parfaite en apparence, que seulDieupouvaitpardonneret jugerOliverpour ses fautes.PasunseulmotpourPoppyou leshorreursqu’elleavaitvécues,etiln’acertainementpaspréciséqu’ilétaitlaprincipaleraisonpourlaquelleOliveravaitretrouvémasœurenpremierlieu.

J’avaisenviedemelever,demarcherdansl’alléejusqu’àl’avantdel’égliseetdelefairetomberde l’autel. Je voulaismemettre debout sur le banc et crier à tous ces innocents qu’ils écoutaient unescroc,etqu’enréalité,monpèreestimaitquesonopinionetsescroyancesétaienttoutaussiimportantesqueledieuqu’ildisaitseulcapabledeporterunjugement.Jen’airienfait.Jesuisrestéeassise,lesbrascroisés,àleregarderenplissantlesyeux.

Je savais qu’il essayait de me faire réagir devant tous ces gens qu’il considérait comme sesmoutons,sesdisciplesaveuglés.Ilavaitdepuislongtempsdéclaréquej’étaisunehonte,uneâmeégarée,impie,quineméritait ni ses conseils ni sa tutelle, alors jenevoulaispas lui donner raison,d’aucunemanièrequecesoit.

Montéléphoneavibré,làoùjel’avaisrangé,etjel’aisortipourjeteruncoupd’œilaumessage.Je t’aime.C’était simple.C’était gentil. C’était un rappel qu’une fois que tout cela serait bel et bienterminé, j’avaisunendroitoùaller. J’avaisquelqu’unquim’attendait etmedésirait. Jen’étais jamaisretournéeversriennipersonne,detoutemavie,donccelam’aremplidebonheur,sibienquemaseulehâteétaitderentreràlamaison.JevoulaisretrouverRowdy.Lesjoursquejedevaispasserloindeluimesemblaientdurerpluslongtempsqueladécenniequenousavionspasséeséparés.

Ilmemanquait. Jem’inquiétais pourma sœur. Je voulais faire un câlin àmon chien. Je voulaisretournerautravail,etàmagrandesurprise,lecielbleudégagéduColoradomemanquait.J’avaistrouvémaplace et il aurait falluunvéritable cataclysmepourm’endéloger, désormais. Je lui ai renvoyéun« je t’aime » et me suis levée car le service se terminait par une dernière prière et tout le mondecommençaitàsortir.

Sortirdel’égliseaprisuneéternité.Toutlemondedevaitdirebonjour.Toutlemondedevaitserrerlamaindemonpèreetluidirecombienilsavaientappréciésesmotsbienveillantsetsanaturegénéreuse.J’ai littéralement dûmemordre la langue plusieurs fois, quand quelqu’unmarmonnait son étonnementd’apprendre ce qu’il était arrivé à Oliver et à ma sœur. La compassion que les fidèles offraient sivolontiersàmonpère etmamère, leurdisant de rester forts durant cettepériodedifficile,me rendaitfollederage.Jenecomprenaispasquecetaréquiavaitprismasœurenotage,avaitpointéunearmesur

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sa tête, et l’avait battue à n’en plus pouvoir plus d’une fois provoquait encore la compassion et lacompréhension chez les gens. L’injustice de tout cela me laissait un mauvais goût dans la bouche etentretenaitlafureurquiserependaitdansmoncorps.

Rowdyavait ramenéPoppyà lamaisonsansproblème,maisune foisarrivésàDenver,masœuravait commencé à craquer.C’était une catastrophe etRowdyn’avait aucune idée de comment l’aider.Poppynevoulaitpasêtredansmonappartement,ellenevoulaitpasêtreseulechezRowdyaveclui,alorscommedernierrecours,RowdyavaitappeléSayeretluiavaitdemandédelesaccueillirtouslesdeux,letempsquejerentre.Heureusement,Sayeravaittoutelaplacequ’ilfallaitdanssamaisonvictorienneetavaitl’expérienceadéquatepoursavoircommentaidermasœur.SayerColenoussauvaitlavie,etlefaitqu’elle ait tout laissé tomberpour courir après lemêmehommeaprès lequel j’avaismoi-mêmecouruétaitindéniablementprovidentiel,etj’étaistrèsreconnaissantequesoncheminaitrencontrélenôtre.LaprophétieéternelledeRowdy,querienn’arrivaitparhasard,semblaiteffectivementêtrevraie.Ilyavaitbeaucoupdechosestrèsmochesetbeaucoupd’obstaclessurlaroute,quenousavionstousdûsurmonter,mais au final, j’avais vraiment l’impression que nous avions tous atterri là où nous devions être.Personnellement, je savais sans l’ombre d’un doute que je devais être où Rowdy était, mais j’avaisl’impressionquec’étaitvraipourPoppyetSayeraussi.

J’étaisladernièreàsortir.J’avaisl’impressiondedireaurevoiràcettevieetàcetendroitcommeillefallait,cettefois.Jenepartaispasencourant,dansunepaniqueaveugle.Jenelaissaispaslesgensque j’aimais uniquement pour échapper à ceux qui me blessaient. Je partais selon mes conditions etjeprenaismesdispositionspourempêchertoutlemalquivivaiticid’étendresestentaculesjusqu’àmoietmasœur.

J’ai arrangémes cheveux. J’ai tiré sur le bas du haut que je portais et ai inspiré profondément.C’étaitmoins de la nervosité que de l’impatience, et j’étais prête à en finir avec tout cela, avecmesparents.J’aidûplisserlesyeuxàcausedusoleilquandj’aipassélesportesdel’église.Mamèreetmonpèresetenaientdeboutsurlaplushautemarcheetfaisaientsignedelamainauxderniersparoissiensquisortaientduparkingpourprofiterdurestedeleurdimancheaprès-midi.J’aieuunmouvementdereculquandmamèrea tendu lamainpourme toucher.Aprèsdixans…Celafaisait tellement longtemps, ilsavaientl’airplusvieuxetbienmoinsimpressionnantsquedansmessouvenirs.J’aivulesyeuxdemonpèreparcourirtoutelapeautatouéequemonhautblancfroissélaissaitvisibleetj’aiimmédiatementvuladésapprobationetledégoûtenvahirsonvisage.

–Cen’étaitpasassezquetuprofanesnotremaisonavectonmanquedemoraleetderespect,ilafalluquetuprofanestoncorpsaussi?

Ilasecouésatêtebrunecommesijel’avaisréellementhumiliéd’unemanièreimpardonnable.–Pourquoinesuis-jepassurpris?Àuneautrepériode,cettepiquem’auraitfaitmal.J’auraiculpabilisédem’appropriermoncorps,

maismaintenant,jevoyaiscequec’était:unetentativedésespéréepourmerabaisserunedernièrefois,unefaçond’exercersoncontrôleetdemeramenersoussamainmiseréprobatrice.J’ailevéunsourciletlesairegardés,luietmamère,àtourderôle.

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–Jenepensaispasquetuvoudraisfaireçaicisurlesmarchesdel’église,oùundetesparoissienspourraitpasserparhasard,maisçameva.Jen’airienàcacher.Tupeuxendireautant,Papa?

J’aivumamèretiquerducoindel’œiletl’épauledemonpèresetendreuntoutpetitpeu.Mamèreaencoretendulamain,etcettefoisj’ailaissésesdoigtsseposersurmonavant-bras.

–Çafaitdixans,Salem.Cen’estpasunretouràlamaisoncorrect.J’airi,d’unvrairire,etaisecouélebraspourqu’elleenlèvesamain.–Non,etc’estparcequeçan’ajamaisétémamaison.J’aipassémescheveuxderrièremesoreillesetleurailancéunregardnoir.–Vousavezfaitexprèsdemefairepartirdecetteville,quandj’étaistropjeunepourcomprendre.

Vous avez fait en sorte que ce soit impossible de rester, et au final, vous avez détruit Poppy et vousm’avezforcéeàquitterleseulgarçonquej’aijamaisaimé.

J’aipoussémonpèreenposantmondoigtsursontorseetj’aivucommentsesyeuxsesontanimésd’unevéritablehainepourmoi.

–Jelevois,maintenant.Tusavaisquejen’allaispasplier,quejen’allaisjamaisêtreàtespieds,alors tu t’es débrouillé pour que je ne puisse pas rester et que je ne revienne jamais. Eh bien je tel’accorde,tuasgagnélepremierround,Papa.

Ilapoufféderireetapassélebrasautourdesépaulesdemamère.J’aicrulavoirsursautermaisjen’avaispasl’intentiondelâchermonpèredesyeux,doncjen’enétaispascertaine.

–TuétaisobstinéeettunecroyaispasenDieu.Tuétaisaveccegarçontropjeuneetsansfamille.Iln’yavaitpasdebonen toi,Salem.Lameilleurechosepourcette famille,c’étaitque tupartes touteseule.Tasœurauraitétévictimedeteshabitudesdesauvage.

J’ailevélesyeuxauciel.–Meshabitudesdesauvagem’ontdonnéunecarrièrefantastique,uneviepleinedesuperamis,et

m’ontramenéeverslemecdontvousm’aviezséparéedeforce.Meshabitudesdesauvagem’ontguidéeexactement là où j’aurais toujours dû être. Tu as fait de ta fille, de ton propre sang, une victime, unecoquillevide,parcequ’elleavaittroppeurdetedécevoir.Elleafaillimouriràcausedetoi.Qu’est-cequetucroisquetesparoissienspenseraientdeça,Papa?

Il a levé lementonavecunairdedéfi etm’a regardépar-dessus sonnez. Ilne lâcherait jamais,n’admettraitjamaisquecequ’ilavaitfaitétaitmal,pasencequiconcernaitPoppy.Maisilyavaitdelapeur,chezlui.Jelevoyaissursabouchequisecontractait,etàsonvisagepâle.Jepouvaisfairetomberle masque, et tout le monde verrait qui il était réellement. J’avais le dessus, mais il savait toujourscommentmetapersurlesnerfs.

–Poppyafaitbeaucoupd’erreurs.Elleavaitunepénitenceàpayer.Ilmettraittoujourstoutsurledosdesautres.Laragequim’habitaitdepuisdesjoursaexplosé,vive

etchaudeentremesyeux.J’avaisenviedeluimettreuneclaquesursonvisageauxairssupérieurs.Àlaplace,j’aienfoncémesonglesdanslapaumedemamainaupointdemefairesaigner.

– Elle a couché, Papa. Comme la plupart des filles à l’université, et ce n’est pas un péchéimpardonnablepourlequelelledoitfairepénitenceetrisquersavie!

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Iln’allaitpasêtred’accord,etcelaallaitêtreunesuiteinterminabledeparolesetd’arguments,doncj’yaicoupécourt.

–Écoute, jemefichedecequetupenses.Jem’enfiche,si tuveuxpassertoutestesnuitsàprierpourquej’aiemonpetitcoinpersonnaliséenenfer.Cequicompte,c’estPoppy,qu’ellesoitheureuseetensécuritéàl’avenir.Tunelacontacteraspas.Tun’essaieraspasdel’approcher.Tun’essaieraspasdela faire culpabiliser ni de la calomnier parce qu’elle a eu un rôle dans lamort d’un hommehorrible.Jeveuxquetulalaissestranquille.Est-cequetum’asbiencomprise?

Mamèreahoquetéetmonpèrem’aréponduengrognant.–Tunepeuxpasparleraunomdetasœur,Salem.IlyatoujoursunespoirpourquePoppyretrouve

soncheminverslesfidèles.J’aigrondéetfaitunpasenavant.–Sielletecontacte,toutcequetuvasfaire,c’estluidirequetuescontentqu’elleaillebienetque

tu soutiens les choixqu’elle fait. Ilnevautmieuxpasmepousser trop loin,Papa. Jene suisplusunegamineetjemebattraicontretoibecetonglespourelle.

–Tunepeuxpasmemenacer,Salem.–Ahbon?Situcroisquetuashontedequij’étaisquandjevivaissoustontoit,attendsunpeuque

je sorte toute la saleté que j’ai sous les ongles, toutes les choses que j’ai faites pour survivre quandtum’as fait partir.Tu savais que j’ai été strip-teaseuse ?Qu’est-ce que tu dirais si ces vidéos et cesphotosarrivaientsurInternetassociéesàtonnometceluidel’église?

J’ailevéunsourcilavecunairdedéfietl’airegardéévaluersij’étaissérieuseoupas.–Etlesannéesquej’aipasséescommedanseusedecabaret,oulapériodeoùjetravaillaispourune

foireauxmonstressurunepromenade,ouquandj’aiprésentéunspectacletransformistedansunbargay?Etunesex tape?Tun’imaginesmêmepas legenredesquelettesque j’aidansmesplacards,etquandquelquechoseatterritsurInternet,çanedisparaitjamais.Jepeuxtetraînerdanslaboue,toiettoutetaparoisse.Nemecherchepas,Papa.Jeferaistoutcequ’ilfaudrapourgarderPoppyensécurité.Oh,etlegamin d’à côté qui n’avait pas de famille et n’était pas assez bien pour nous a grandi, il réussitincroyablement bien sa vie, et il est prêt à se battre àmes côtés. J’ai dit que sa sœur était avocate ?Jesuissûrequ’iladoreraitraconteraumondeentiercommentvousavezpousséPoppyàsortiraveccequarterback,etcommentvousluiaveztournéledosquandill’amiseenceinteenlalaissanttouteseule.Tuesquelgenred’hommedeDieu?Legenrequidonnel’adressedesafilleàceluiquilamaltraiteetcachelefaitqu’ilaprotégéunhommequibatsafemme?Lagrossefarcequetuentretiensdisparaîtradansunnuagedefumée.Jenevaispasseulementfairetombertonmasque,Papa.Jevaistefairetomber,toi.

J’aicroisélesbrasetnoussommesrestésfaceàface.Jevoyaisqu’ilvoulaitsebattre,qu’ilvoulaitcroirequ’ilétaitassezaimé,qu’ilfascinaitassezlesgenspourquetousmescoupsbasneternissentpassonaura,maismamères’estsoudaindégagéedesonempriseetalevéversluiunregardimplorant.

–Ellearaison.Ilfautqueças’arrête.Monpèreaouvertlaboucheetellealevélamainpourlefairetaire.

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–Assez.OnadéjàperduunefilleetSalemaraison:Poppyafaillimourirparnotrefaute.Jeneveuxplusfairepartiedeça.Cen’estpasuneviedroite.

Elleapointédudoigtlevisagestupéfaitdemonpèreetluiaditcalmement:– Si tu penses que ta réputation peut survivre à ce que Salem décrit, alors écoute bien. Elle ne

survivraabsolumentpassitafemmetequittepar-dessuslemarché.Tuvasfairecequ’elledit,etc’esttout.

Monpèreétaitahurietfurieux.Mamèretremblaitetavaitl’airmalade.Elles’esttournéeversmoietm’afaitunsouriretriste.

– Je pensais qu’Oliver était bien pour ta sœur. Elle n’a jamais été la même depuis qu’elle estrevenuedel’université.Jenem’étaispasrenduecomptequ’illafrappaitavantqu’ilsoittroptard,etj’ailaissétonpèremeconvaincrequ’Oliveravaitchangé,etqu’ilavaitdesremordspourcequ’ilavaitfaitsubiràtasœur.Ilm’aditqu’Oliversesoignaitparlaprièreetuneaidepsychologique.J’aieutortdecroirebêtementetdeluifaireconfiance.J’aibeaucoupdetorts.Prendssoindetasœur,etdonne-luicedontelleabesoin.Onnesemettrapasentraversdetonchemin.

Ellearegardémonpèrederrièresonépauleetadurcilabouche.–Jem’enassurerai.Jen’allaispasluidiremerci.Ellen’aurapasdegratitudedemapartcarellefaisaitenfincequ’elle

auraitdûfairetoutesavie.C’étaitsonrôledeprotégersesenfantsdecethomme.J’aihochélatêteetmesuisretournéepourm’éloignerd’euxunedernièrefois.

–Salem.J’airegardéderrièremoiquandmamèrealancémonnom.–Ilfautquetusachesqueçam’abrisélecœurquandtuespartie,ilyadesannées.Celaavaitbrisélemienaussi,maispasparcequejelaquittais,elle.J’aibrisémonproprecœuren

laissantPoppyetRowdyderrièremoi,ainsiquedesvaguesdechagrindansmonsillage.–Alorstuauraisdûfairequelquechosepourquejenesoispasobligéedepartir,Maman.J’aivudeslarmesdanssesyeux,etdesregretssincères,maisc’étaittroppeu,ettroptard.–Jesuiscontentequetuaiesretrouvécegarçon.Vousétiezvraimentmignonstouslesdeux.Ilétait

parfaitavecvous.–Ill’esttoujours.Etjesavaisqu’illeseraittoujours.Oùilétait,c’estlàquejedevaisêtre,pasicisurlesmarchesde

cetteéglise…Maisilyavaitunautreendroitoùjedevaism’arrêteravantdepartirdecetteville.Jeneme suispas embarrasséed’unau-revoir. Jeneme suispas embêtée à leur jeterundernier

regardouleurfaireunsignedelamain.J’ailaisséleschosestellesquelles.Laporteétaitenfinfermée.Onnemefaisaitpasfuircetteville,jelaquittaisavecunedestinationclaireetimportanteàl’esprit.Jenefuyaispasmonpassé.Jemedirigeaisrésolumentversmonfutur.

Avant d’atteindrema destination, jeme suis arrêtée sur le côté d’une route poussiéreuse et suissortiedemonSUVdelocation,rempliàras-borddesaffairesdemasœur,pourcueillirunepoignéedejacinthesduTexas 1.Ellesétaientsibienassortiesaveclechampdefleursquej’avaisdansledosque

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celam’afaitsourireetm’aréchauffélecœur.Jelesaidélicatementposéessurlesiègevideàcôtédemoietj’aiconduitjusqu’aucimetièrequisesituaitàenvirontrenteminutesdeLoveless.

Cela semblait être un endroit très esseulé et oublié. Il n’y avait pas d’herbe verte ni de rang depierresélégantesdécoréesde tous les typesde fleursaumonde.Au lieudeça, le solétaitcouvertderestesd’herbemarronetlespierrestombalesavaientl’airuséesetdesséchéesparlesoleil.Iln’yavaitpasd’autreendeuilléquierraitpourrendrehommage,doncjen’avaisquelessouvenirsd’unenfantdesixanspourtrouverlatombequejecherchais.Ilm’afallubeaucoupdetempspourlatrouver,etquandj’ysuisarrivée,lesfleursavaientdéjàunairtriste.C’étaitapproprié.Toutel’atmosphèreétaitsinistreetj’ai étéunpeusurpriseque les larmesmemontentauxyeuxdèsque j’aivu l’inscriptionsur lapierretombaletoutesimple.

GloriaSt.James1975–1996Mèreaimanteaubeausourire

Je me demandais qui avait ajouté cette phrase, si elle était seulement de Rowdy, mais j’étais

contentequ’ellesoit làpourqu’ilpuisse lavoirquandilsedébrouilleraitpourrevenir ici.Jemesuisaccroupieetj’aiposélesfleursàcôtédelapierrefroide,etsuistombéeàgenouenregardantlatombe.Ilyavaittellementdechosesquejevoulaisdire,j’avaisl’impressiondedevoirluiracontertoutelaviedesonfils,maisrienn’arrivaitàfranchirlaboulequej’avaisdanslagorge.

J’aiprisuneminute,laissantleslarmescouler,puisjemesuiséclaircielavoix.– Bonjour, Gloria, ravie de vous rencontrer. Je m’appelle Salem Cruz et je suis éperdument

amoureusedevotrefils.J’aidûm’éclaircir lagorgeencoreunefoisetmavisions’estbrouilléeàmesurequedes larmes

remplissaientmes yeux. C’était beaucoup plus dur que ce que j’avais imaginé quand Rowdym’avaitdemandédelefaire,devantl’hôpital.

–Jeleconnaisdepuisplusdelamoitiédemavieetilatoujoursétéquelqu’undebien.Vousavezmisaumondeunhommefantastiqueetjesuiscertainequevousseriezextrêmementfièredelui,etdelaviequ’ils’estconstruite.Ilvousgardetrèsprèsdesoncœur.

J’ai tendu le bras et passé les doigts sur son nomgravé dans la pierre. Il correspondait presqueparfaitementautatouagedeRowdy.

– Il nous a fallu longtemps pour comprendre certaines choses, mais maintenant que c’est fait,ilvoulaitvraimentquejesoislapremièreetladernièrefemmedesavieàrencontrersamère.

Jepleuraispourdebondésormais,carcemomentétaittrèsimportant.IlsolidifiaitlapromessequeRowdym’avaitfaite.

–Jevaisfairetoutcequiestenmonpouvoirpourm’occuperdeluipourvous,toutlerestedemavie.Jevoulaissimplementquevoussachiezça.

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J’ailaissématêtetomberenavantetj’aifermélesyeux,fort.L’émotionetlaconsciencequetoutauraitpuêtredifférentonttraversémoncorps.J’aisentiuncourantd’airchaudfairebougerlescheveuxcolléscontremanuqueetladouceodeurdesfleursestmontéejusqu’àmonnez.J’aiposélesmainssurmescuissesetairelevélatêtepourregarderlapierred’unairpensif.

–Jeneperdraiplusjamaisunseulinstant.Jeleramèneraiicipourquevouspuissiezvoirl’hommegénialqu’ilestdevenuetpourquevousn’ayezplusjamaisàvousdemanders’ilatrouvéquelqu’unpourl’aimeraprèsvous.Ilm’a,moi,etilatouteunefamillequ’ils’esttrouvétoutseul,etilatouscessupersouvenirsdevous.

Leventaencorechangédedirection,etafaitvolerlespétalesdesfleursquej’avaisdéposées.J’aisenti qu’il était temps de partir. J’ai embrassémes doigts puis les ai posés sur son nom. Jeme suisrelevéeetsuisrepartieversleSUV.Quittermespropresparentsétaitdéfinitifetvided’émotions.DireaurevoiràlamèredeRowdyétaitpaisibleetnaturel.J’avaisl’impressionqued’unecertainefaçon,ellem’avaitdonnésabénédictionpourveillersurlecœurdesonfilsàsaplace.C’étaitunetâcheàlaquellej’allaismedévouerjusqu’àlafindestemps.

J’aienvoyéunmessageàRowdypourluidirequejerentreraisdanslasoiréedulendemain,etj’aiuntoutpetitpeupaniquélorsqu’ilm’aditqu’ilétaitrentréchezluicarPoppyavaitbeaucoupdemalàsupporter la proximité d’un homme. Je n’avais pas eu assez de courage pour lui demander si Oliverl’avaitagresséesexuellementenplusdel’avoirtabassée,etellenem’enavaitpasparlénonplus,maisc’estcequelasituationsemblaitindiquer.

J’ai appelé pour prendre de ses nouvelles, et après une conversation gênante faite de réponsesmonosyllabiques,j’airaccrochéaprèsluiavoirfaitpromettremillefoisqu’elleallaitbien.Ellem’aditqu’elleétaitsimplementauxaguetsetqueRowdyétaittropimposant.Tombersurluidansuncouloiroulecroisersortantdelasalledebainsétait tropéprouvantpoursesnerfspourlemoment,alorselleluiavaitdemandéderentrer.Iln’avaitpasvouluaudépart,ilrestaittoujoursprèsd’elle,essayaitdel’aideràsesentirensécurité,maiscelanefaisaitqu’amplifierleproblème.Jeluiaiditquejeseraisbientôtàlamaisonetellearietm’aditqu’ilfallaitjustequejeretrouvemonhomme.Apparemment,aprèsl’avoircroisé à la sortie de la douche, elle était bien consciente de ce que je manquais et était absolumentfavorableàcequejeretournesouslesdrapsdeRowdypourprofiterdetoutcequ’ilavaitdesympaàm’offrir. J’étais plutôt d’accord, alors j’ai raccroché avec la ferme intention de faire de l’appart deRowdymonpremierarrêtenarrivantàDenver.

Lorsquej’aiinserélacléqu’ilm’avaitdonnéedanslaserruredelaportedesonappartement,j’aieul’impressiondemettrefinàunlongvoyage.Enréalité,ilavaitduréàpeineplusdedouzeheuresetjem’étais arrêtée une fois pour faire une sieste sur la route,mais j’avais toujours le sentiment que celafaisait trop longtempsque jen’avaispasvusonvisagenipu toucher toute sapeaubronzéeet tatouée.Jimbom’aaccueilliequandj’aiouvertlaporte.Ilasortilalangueetsautépourposerlespattessurmesjambes.Ilallaitêtreimmensequandsoncorpsaupoildouxseraitenfinadulte,etj’étaisétonnéedevoiràquelpointj’étaisheureusedeleretrouver.Jemesuismiseàgenouxetaifrottémonvisagedanssoncou

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tandisqu’ilme léchait le visage. Je lui avaismanqué, de toute évidence, et c’était une raisondeplusprouvantquej’étaisenfinrentréeàlamaison.

Ilétaittard,doncl’appartementétaitsombre.J’aivérifiéquelechienavaitàmangeretàboire,enessayantdenepas fairedebruitaucasoùRowdydormaitdéjà.J’avançaisverssachambrequanduncarnet de croquis abandonné n’importe comment sur le canapé a attiré mon attention dans la faiblelumière.Jemesuisarrêtéeuneminutepourleprendreetaisentimoncœurs’arrêterpuisbattreàtouteallurequandj’aicommencéàfeuilleterlespremièrespages.

Ilyavaitquelquesdessinsvisiblementdestinésàdesclients,destatouagesquin’étaientpasencorepassésdupapieràlapeau,maislaplupartdespagesblanchesétaientcouvertesdedessinsdemoi.Ilyavaitunemoisirène,etunemoimarinecoquine.Unemoiindienneprovocante,avecdelonguestressesàlaPocahontas,etunemoidémonsexyàcôtéd’unemoiangélique.Ilyenavaitdesdizaines,detouteslesformesettouteslestailles,maischacunedesimagesétaitdistinctementbaséesurmonapparence.Jenesavaispass’illesavaittoutesdessinéesdanslasemainequandj’étaispartie,oucesderniersmoisquandnousnoustournionsautour.Detoutefaçon,celaremplissaitmoncœurd’amour,etancraitdansmesoslacertitudequej’étaistoutpourlui.

J’ai reposé lecarnetetaicontinuéàavancersur lapointedespieds.Jimboa jetéuncoupd’œilpourvoiroùj’allaisetasouffléavecunsondégoûtant.Lepauvreavaittrèsvitecomprisqu’ilnevoulaitrienavoiràfaireaveccequ’ilsepassaitentreleshumainsquandilsétaientensembledanslachambre.

LalumièreétaitéteinteetRowdyétaitétendusurleventrepar-dessuslescouvertures.Sescheveuxblondspartaientdans tous les sens et il avaitunbras replié sous la tête.La seule chosequi aurait puaméliorer cette image aurait été qu’il negardepas sonboxernoir avant de sombrer dans le sommeil.Mêmes’ilmebouchaitlavue,jenemeplaignaispas.J’ailaissééchapperunsoupirdecontentementetmesuisrapprochéepourpouvoirmepenchersurluietposermeslèvressurl’ancredanssoncou.J’aisenti son pouls sauter et le sel de sa peau, tandis qu’il marmonnait d’une voix ensommeillée et seretournaitsurledos.

Sesyeuxbleusbrillaientdanslenoiretunsourirearelevélescoinsdesabouche.–Salut.J’étaispenchéesur lui,alors jemesuisbaisséepour l’embrasserrapidementet frotter leboutde

monnezcontrelesien.–Salut.Ilalevéunemainetl’aemmêléedansmescheveuxquiontglissésurmonépauleetontatterrisur

sontorse.–Commentças’estpassé?J’ai soupiré et ai levé unemain pour passermes doigts sur le tatouage qui parcourait ses côtes.

L’encreetleprénomqu’elleécrivaitmesemblaientmaintenantbienplusimportantsqu’auparavant.–J’airencontrétamèreetjeluiaiditaurevoir.Çam’aunpeubrisélecœur,maisjesuisvraiment

heureusequetum’aiesdemandéd’allerlavoir.Etj’aipeut-êtremenacémonpèreavecunesextape.

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Cettedernièrephraseétaitmurmuréedansmabarbeetilahaussélessourcils,etils’estservidesamaindansmescheveuxpourmetirerverslui,etquenoussoyonstouslesdeuxétaléssurlelit.

–Tuasunesextape?–Ohlà,non,maisilnelesaitpasetçanel’étonneraitpasdemoi.Àmagrandesurprise,mamèrea

prissesresponsabilitésetaacceptédelaisserPoppytranquille.Elleaadmisqu’elleavaitmerdéassezsérieusement.J’auraisaiméqueçachangequelquechose.

Ilasoupiréetsapoitrineabougé.–Ilesttroptardpourqueçaaituneimportance.–C’estàpeuprèscequejepense.CommentvaPoppy?Il a juré un peu et a bougé en-dessous demoi. La preuve de combien je lui avaismanqué cette

semaineétaitpresséecontremahanche.Celam’afaitsourireetjemesuistortilléecontresoncorpsparprovocation.

–Pasbien.Elleestrenfermée,nerveuse.Elleneveutpasqu’onlatoucheetelleseréveilleencrianttouteslesnuits.Sayerestsuperavecelle,maisjem’inquiète.

J’aihochélatêteetaifrôlésontétonplatavecmabouche.Jel’aientendureprendresonsouffleetcelam’afaitrirecontresapeau.

–Moiaussi.Jecroisqu’onvadevoirresterfortspourelleetattendrequ’ellesoitprêteàcequ’onl’aide.Masœurestplusfortequecequ’onatoustoujourscru.

Mavoixestdevenuerauqued’elle-même.–C’estvrai.J’ai senti sesmains se resserrer dansmes cheveux tandisqu’il relevaitma têtepourdévorerma

boucheaveclasienne.–Tum’asmanqué.Jesentaislemanquedanssafaçondem’embrasseretdemetenir.Savoixétaittouteaussibruteet

affaméequelamienne.–Tum’asmanquéaussi.Etj’étaisplusqueprêteàluimontreràquelpoint.J’aidescendumabouchedel’autrecôtédeson

torsepourpouvoirpasserlalangueautourdel’autretéton,toutenfaisantglissermesmainssursesflancspour les passer sous l’élastique de son boxer. J’ai serré entremesmains ses fesses dures comme lapierre,pourleprincipe,etmesuisdébarrasséedutissufoncé.Ilm’aaidéeàlibérersonérectiondresséeetlapeautendueabrûlémamainquandjel’aienrouléeautourdesaqueue.J’adoraiscommentsoncorpsbattaitetpulsaitsousmontoucher.C’étaitenivrantdesavoirquec’estmoiquiluifaisaitça.

Jemesuisserviedemonpoucepourcaresser lemétalchaud installéauboutduglandetai levélesyeuxpourvoirunregardbleuquimebrûlait.

–Mercid’êtrerevenueàmoi.Savoixavaitlemêmesonqu’unechansond’amour.Jemesuisserviedemamainquin’étaitpasautourdesabitepourdessineruncœursursontorse

avecmondoigt.

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–Toujours.Mercid’avoirtoujoursétélàpourquejerevienneverstoi.Jet’aimeJ’aibougémonpoucepourjoueraveclebasdupiercingetilagrogné.–Jenecroispasqu’ilyaiteuunseuljouroùjen’étaispasamoureuxdetoi,Salem.J’aiembrassésoncœurquej’entendaistambourineravecchaquecaressedemonpouceetchaque

torsiondemonpoignet.J’ai lâchéetaicommencéàfairedescendreetmontermamain tandisqu’ilseraidissaitsousdemoi.

–Jesaiscequeçafait,Rowdy.Jesavaisaussicequecelafaisaitdevouloirl’avoir,lesentir,êtrepartoutsurluietsousluialors

que le plaisir nous recouvrait tous les deux commeune couverture. J’en avais assez de parler, et j’aibougépouravoirquelquechosedansmabouchequiempêcheraitlapoursuitedetouteconversation.

Ilagémimonnomquandjel’aiprisentremeslèvresetaiencercléceglandaupiercingcréatifavecmalangue.J’adorais legoûtdesonsexequandje le léchaiscommes’ilétaitmondessertpréféré.J’aisentilesmusclesdesonventredurciretsescuissessecontracteràmesurequejeletravaillaisavecmesmains et ma bouche. Il y avait quelque chose de follement satisfaisant dans le fait de faire frémir ettremblercecorpsfortettatouésousmesgestes.C’étaitunsentimentdontjenemelasseraisjamais.Jeneme lasserais non plus jamais de la manière dont il prononçait mon nom comme un mauvais sort enempoignantmescheveux.J’adoraisquandlapaumedesesmainsprenaientmatêteetquejesentaisàquelpointilétaitprochedelarupturequandjefaisaisroulercespetitesbillesdemétalsousmalangue.

Ilasoulevéseshanchesdulit,cequiacomplètementcassémonrythmeetm’apousséàmereleverpourluidiredesecalmer,maisdèsquejemesuisretrouvéeàlaverticale,ilacommencéàtirersurmesvêtements, déchirant mon haut par-dessus ma tête, et se battant quasiment pour faire descendre monpantalonnoirmoulantsurmesjambes.Messous-vêtementsontdisparusousdesmainsimpatientes,sexyetdures,quandilmetiraitsurluietmeplaçaitsursaqueue,quiétaittoutebrillanteetglissantegrâceàmabouche.

Ilaprismesseinsdanssesdeuxmainsetaimitélafaçondontj’avaisjouéavecsonpiercingsurlesmiens.Celam’afaitgémirdeplaisir.Jemesuisassisesursonérectionetai laisséchaquecentimètredélicieuxglisserdansmachaleuraccueillante.J’aiposé lesmainssursontorseetmesuispenchéeenavantpourquenoussoyonsenveloppésparmescheveuxbruns.Toutentrenoussemblaitsibonetparfait.Quandnousavonscommencéàbouger,j’aigrognéetchuchoté:

–Tuesfaitpourmoi.Sesyeuxsesontàdemifermésetsarespirationestdevenuesaccadée,alorsquejecommençaisà

réellementmebalancerau-dessusdelui.–Ettuesàmoi.Iln’yavaitplusdutoutd’espacepourparler,aprèscela.Iln’yavaitplusquedesbruitsdebaisers,

decorpsbougeantensemble,dechaircontrechairetduplaisirquiremplissaientlapièce.Ilyavaitdesmainssurdesvisages,desmainsentredesjambes,encoredesbaisersetdesmorsures,etilyaeuplusd’unorgasmeàmesurequenousbougionsl’uncontrel’autre.Ilyavaitbeaucoupdesoupirsdouxetde

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grosmots sales,etàunmoment,alorsqu’ilavait laboucheentremes jambeset lesgenouxdepartetd’autredematête,jesuisquasimentsûred’avoirvuleDieudontj’avaistantentenduparler.

Desheuresplustard,alorsquelematincommençaitàpeineàselever,j’aiappuyématêtecontresontorseaprèsqu’ilm’aittiréesousladoucheetmesuisinstalléeauseulendroitoùj’étaiscenséeêtre.

Laroutepourarriverlàavaitétélongue,souventjalonnéedeviragesdangereuxetdefauxpas,maisaufinal, toutcequicomptaitvraimentétait ladestination,peu importecombiende temps ilavait fallupouryarriver.

1.NdT:Texasbluebells:fleurssauvagesviolettes

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ÉPILOGUE

J’essayaisdetoutesmesforcesdenepassouriredevantl’expressionrenfrognéesurlevisagedeSalem,quimeregardaità traversmonrefletdans lemiroirde lasalledebains.Celaauraitétéplusfaciledecroirequ’elleétaitvraimenténervéesisonrougeàlèvresn’étaitpasétalésursaboucheboudeuseetquelebasdesaroben’étaitpasrelevésursa taillealorsque jem’enfonçaisenelle jusqu’à lagarde,parderrière.J’avaisunemainposéesurlasienne,quisetenaitcontrelemiroir,etl’autresurlereborddulavabopouravoirleparfaitniveau.

–Onvaêtreenretard.Jevoyaisqu’ellevoulaitavoir l’airagacé,maiscelas’estfondudansunsoupirquandj’aibougé

unemainàl’avantetaichatouillél’intérieurdesacuisseàlarecherchedesonclitoris.J’étaisobligéderire.Nousétionssouventenretard.C’estcequ’ilsepassequandonaunemeuf

aussi sexy qu’elle, et qui a une préférence pour les jupes et les robes sans sous-vêtement. Sa tête esttombéeenavantetj’aisentisoncorpsseserrerautourdemoi.Jemesuispenchéunpeupourpouvoirl’embrasserdanslanuque,oùsescheveuxétaientrelevésenuntourbilloncompliquéquisemblaitsortid’unepubpourménagèredesannées1950.

–Toutlemondes’enfichequ’onsoitenretard.Ils connaissaient tous la raison maintenant, et tant que j’étais heureux, tant que Salem et moi

arrivionsaveclesourire,toutlemondesefoutaitqu’onarriveavecunepetitedemi-heurederetardsurl’horaireprévu.

Elle m’a insulté mais ses yeux noirs brillaient, rivés sur les miens dans le miroir, et je voyaisqu’elleyétaitpresque.C’étaitunebonnechose,carjen’allaisplustenirtrèslongtemps.J’aitapotésonclitorisavecmonpouce,enfoncémesdentsdanssoncou,etc’esttoutqu’ilafallu.Jel’aisentiefrémirsousmesmainsetcontremontorse,jel’aisenties’ouvrirendeuxpourmoi,etjel’aisuiviedeprès.

Quandjemesuisretiré,toutcequej’aieuàfaireétaitdemereplaceretderemontermabraguette.Elle a dû refaire la moitié de son maquillage et s’assurer qu’elle n’avait pas l’air soigneusementdévergondéeetchiffonnée.Jeluiaifaitungrandsourirecarmêmeenremettantsonrougeàlèvresrouge,ellenepouvaitpascacherlalueursensuelleetsatisfaitedanssonregard.

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–Tuesunobsédésexuel.Elleenriaitmaintenantcarmêmesiellen’aimaitpasêtreenretard,ellenemedisait jamaisnon

quandjefocalisaismonattentionsurelle,cequejefaisaisbeaucoupdepuisquejel’avaisfaitemménagerchezmoi,pratiquementdèsqu’elleavaitdéfaitsesvalisesenrevenantduTexas.

Pendantunmoment,nousavionspenséquePoppyvoudraitpeut-êtrerécupérerl’ancienappartementde Salem, mais à l’heure qu’il était, la cadette Cruz créchait encore avec Sayer et elle ne semblaitabsolumentpaspresséedepartir.Celafaisaitdesmois,etsiPoppyfaisaitdepetitspasdanslebonsens,elleétaittoujoursagitéeetprêteàsursauter,toujoursuneombredelajeunefillequej’avaisconnueilyasilongtemps.Laseulepersonneaveclaquelleellesemblaitréellementàl’aiseétaitmasœur,ettantqueSayerétaitprêteàluiservirdeguide,niSalemnimoinevoyionsuneraisond’insistersurlesujet.

–Tuadoresça.J’aivérifiéque jen’avaispasde rougeà lèvrespartout sur levisageet suis sortide la sallede

bains.Ellem’asuivienlevantlesyeuxauciel.–Jet’aime;c’estjusteundesavantagesassociés.J’airicanéetl’aiaidéeàenfilersonlongmanteau.Nousétionsenpleinmilieudumoisdedécembre

ettousleshautsetlamétéoduColoradoavaitbienchangé.Lenouveausalonétaituneréussitefrappante.LaboutiqueapportaitunrevenustableetlaventeenlignemarchaittellementbienqueSalemessayaitdeconvaincreNash d’embaucher quelqu’un pour gérer cette branche en particulier. L’inauguration de laboutique avait été une sacrée fête, et tous les derniers samedis du mois, Salem disposait plusieursinstallations artistiques pour transformer la boutique en galerie éphémère éclectique. Cela ouvrait laporteàd’autresclients,unautretypedeclientèle,etexposaitletatouageetl’artsouslamêmelumière.Elle avait un sens de l’entreprenariat insensé et elle nous faisait gagner énormément d’argent à tous.Tellementd’argent,enréalité,queRuleetNashavaient lancé l’idéed’ouvriruntroisièmesalonsoitàBoulder,soitàColoradoSpringsl’annéeprochaine.SalemavaitfaitduMarkedsonproprepetitempiredutatouage.

Cesoir-là,nousallionsauBarpourunebabyshower couplée àune fêtededépart.Shawdevaitaccoucherfinjanvier,etJetetAydendéménageaientaprèslepremierdel’an.C’étaientdesréjouissancesdouces-amères,etilyauraitforcémentdeslarmesdejoieetdetristesse.Laviecontinuaitàavanceretchacundevait trouversonchemin.Mêmesi j’étaisdéçudevoirmonmeilleuramipartir, jesavaisquec’étaitcequ’ilyavaitdemieuxpourluietsafemme.Jetméritaitd’êtreheureux,et laseulefaçond’yarriver,pourlui,étaitd’êtreavecAydenaussisouventquepossible.Enplus,avecunbébéquiarrivaitetunmariage à l’horizon, ce n’était pas comme siAyden et Jet allaient disparaître de la circulation. Ilsreviendraientsouventetseraienttoujoursaccueillisàbrasouverts.

LeBarétaitpleinquandnoussommesarrivés.Romeavaitfermél’établissementaupublicpourlasoirée,maiscelanevoulaitpasdirequeleslieuxn’étaientpasremplisàcraquerd’amisetdefamillesvenusdireaurevoir,etbonjourauderniermembredenotrefamilledefous.Salemm’aregardéavecdesyeuxécarquilléslorsquenousavonspassélaporte,carnousétionsapparemmentlesderniersàarriver.

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Jen’aipaspumanquerleclind’œild’Asa,approbateurderrière lebar,ouNashquim’a tapédans lamain.JemesuiscontentédehausserlesépaulesetaiadresséunsouriretaquinàSalem.Ellem’atapédans le ventre, du dos de lamain, et a filé sur ses immenses talons qui étaient une des raisons pourlesquellesonétaitenretard.

Jetestvenuversmoietm’atenduunebière,quej’aitapéecontrecellequ’iltenaitdanssamain.–Tuvasmemanquer,mec.Ilahochélatêtetandisquenousregardionsnosdeuxdamesseprendredanslesbras.Celafaisait

beaucoupdebeautébruneàregarder.–Jesais.TuviendrasàAustin.Cen’étaitpasunequestion,etcelan’avaitpasbesoindel’être.Évidemmentquej’iraisleurrendre

visiteàAustin.–Tulesaisbien.–JemeseraisinquiétépourtoisiSalemn’étaitpasvenuteréclamer.Jesuiscontentquetul’aies.Ducoinde l’œil, j’aivumacopine lancer la têteenarrièreet rireàquelquechosequeSaint lui

avaitdit,etelleatendulebraspourposerlamainsurlebrasdePoppy,quitraînaitavecunairindécisàcôtédugroupequelesfillesformaient.

J’allaisdireunecochonneriesurlefaitquejel’avaisbieneuecontrelelavabovingtminutesplustôt,maisj’aiaperçuZebquisedirigeaitversmasœur,appuyéecontrelebarentraindeparleravecAsa.Iltravaillaitsursamaisondepuisplusd’unmoisetchaquefoisquenousdiscutions,illaissaitentendreplusoumoinssubtilementqu’ilaimeraitbienpasserplusdetempsdanssonlitquesursonparquet.Jenesavais pas trop quoi en penser pour l’instant, je n’étais même pas sûr d’avoir le droit d’avoir uneopinion,alorsjel’aisimplementregardéluicouriraprèsenfronçantlessourcils.

–Ellerendmavieplusdouce.Etelle l’a toujoursfait.Jevousaimetous,et j’aieubeaucoupdechancequePhilm’amèneicioùj’aienfintrouverunendroitoùm’intégreretmesentiràmaplace

J’ai montré Salem avec le goulot de ma bière et ai levé un sourcil quand elle a vu que je laregardais.Ellem’arendumongrandsourireets’estpassélalanguesurlalèvreinférieure.Celam’afaitrireetm’adonnéenviedereleversajupesursonculencoreunefois.J’airamenémonregardsurmonami.

–Maisc’estelle,monchez-moi.Jenesavaispasquej’étaisperduavantqu’ellemetrouve.JetamarmonnésonassentimentetnousavonstouslesdeuxétéobligésdesourireenvoyantShaw

trimballaitsongrosventreversAyden,pourqu’ellespuissents’accrocherl’uneàl’autre.Ellespleuraienttoutes les deux, et cela avait beau sembler cucul et émotionnel, c’était réellement beau. Ces filless’aimaientvraiment,etleursdeuxviesallaientchangerdefaçondrastique.

RuleétaitassisavecRomeet lesfrèresavaient leurs têtesquasimentcollées. Ilsparlaientàvoixbasse et Cora était assise à côté d’eux avec Remy qui gigotait sur ses genoux. La petite était unvrainuméro,pleined’énergie,balbutiantquelquesmots,ellesemblaitprêteàseleveretpartirsebaladeràdixmoisàpeine.Ellecommençaitunpeuàmarcher,alorsRomen’arrêtaitpasdedireàCoradelalâcherparterre,maislamamanoursétaitcatégorique:lebébéneferaitpasdequatrepattessurlesoldu

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bar.Romeaprisunairoffensé,commesilebarétaitétincelantdepropreté,maisquandilaprislapetiteRJdesbrasdesamère,ilnel’apaslâchéenonplus.Ilajustefaitrebondirlepetitboutsursesgenouxjusqu’àcequ’ellecriedejoie.

Rulea secoué la tête, sûrementcar il s’imaginait à laplacede son frère, et s’est levépourallercherchersafemmeenceinte.Ellepleuraitencorequandilestarrivéjusqu’àelle,doncill’aserréedanssesbrasetaposésajouesurledessusdesatêteblonde.Jetn’arienditmaism’aquittéensilencepourlui-même aller chercher sa femme en larmes et lui offrir le peu de réconfort qu’il pouvait.Comme jel’avaisprédis,deslarmesdejoieetdechagrin.

J’aiportélabièreàmeslèvres,etj’allaisrejoindremaproprecopinequandj’aivuSaintseretirerdiscrètementdugroupe,letéléphoneàl’oreille.Elleavaitdûpartir tôtplusd’unefois,àcausedesonboulot,alorsj’espéraisquecen’étaitpasl’hôpitalquiappelaitpourluigâchersasoirée.Elleparlaitviteet j’ai vu son regard sauter versNash, qui parlait avec le père deCora. Il s’est immédiatement tu aumilieud’unephraseets’estfaufiléjusqu’àlajolierousse.

J’ai froncé les sourcils, préoccupé, en les voyant échanger un regard inquiet tandis que Saintcontinuaitàparlerautéléphoneavecanimation.J’allaisluidemandersitoutallaitbienquandunemainlégèrem’atouchélecoude.J’aibaissélesyeuxetaifaitunsouriredouxàPoppy.Ilavaitfalludesmoispour qu’elle se sente assez bien pour être seule avecmoi dans une pièce, alors le fait qu’un contactphysiqueneladérangepasétaitunsautdanslabonnedirection.

–Commentçava?Elleahochélatêtebrièvementetafaitunsourireforcé.–Unpeumieuxtouslesjours.Ceseraitdurdenepasapprécierdes’enêtresortievivante,dansun

sibelendroitpleindegensmerveilleux.Elles’estéclaircilavoixetatendulebraspourserrermamain.–Jene t’ai jamaisditmerci.Mercidem’avoir ramenéeà lamaison.Mercid’avoirpris soinde

moi.Mercidenousavoiraccueilliesdanstafamille.Mercid’aimermasœur…Mercid’êtregénial,c’esttout.

Jepensaisqu’elleseraitsûrementmalàl’aisesij’essayaisdeluifaireuncâlin,alorsj’aiprissamainposéesurlamienneetl’aiamenéeàmeslèvrespourluifaireunbisouléger.

–Yapasdequoi,Poppy.Riende toutçaneme rendgénial, ça fait justedemoiunhommequiessaiedeprendresoindesgensqu’ilaime.Ettuenfaispartie.

Cesourirequimebrisaitlecœurétaitderetoursursonvisageetelles’estéloignéeunpeudemoi.–Jecroisquetuesleseulhommedetoutemaviequiaitjamaisessayédebiensecomporteravec

moi.J’allaisrépondrequ’ellenedevraitlaisserentrerdanssaviequedespersonnesquisecomportaient

bien avec elle, à partir demaintenant, mais j’ai été interrompu par Nash et Saint quimettaient leursmanteauxenvitesseavecunairaffolé.

–Ho…Çava,vousdeux?

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Saintne s’estpasarrêtée.Elle sortait ses longscheveuxducolde savesteet aquasimentcourujusqu’à laported’entréedubar.Nasha faitunepaused’unesecondeeta regardésacopineavecdesyeuxvioletsquis’assombrissaient.

–C’était la chef de Saint, aux urgences. Ils viennent de recevoir plusieurs blessés à cause d’unéchangedetirsaveclapoliceàFivePoints.EllesaitqueSaintetRoyalsontamies,doncellel’aappeléepour la teniraucourantqueRoyalet sonéquipier faisaientpartiedespoliciersquiarrivaient.Ellenepouvaitpasluidonnerplusdedétails,maiscommeSaintestSaint,ellenevapasattendredesavoirsilasituationestgrave, elleva foncer la tête lapremière.Onvaà l’hôpital.Tupeuxdireà tout lemondepourquoionsetiresivite?

J’aihochélatêtegravementetl’airegardéseretournerpourcouriraprèssadame.Soudain,labièrequej’avaisàlamainn’étaitplusaussiappétissanteetl’humeurfestivenecollaitplus.Royals’étaitfaitediscrètedepuisqu’elleavaitpassélesmenottesàAsa.Jecroisqu’elleavaitpeurdel’accueilqu’onluiréserveraittousaprèsqu’elleaitcoffrél’undesnôtres.

J’aiavancéjusqu’aubarpourposermabièreetaihaussélesépaulesquandAsal’aregardée,puisalevélesyeuxversmoi.

–Pasd’humeuràboire,toutàcoup.Sesyeuxd’ambresontprisunairinterrogateur.–Qu’est-cequ’ilsepasse?–Nashvientdemedirequepleindeflicsontétéblessés.SaintetluisontpartispourvoirsiRoyal

enfaitpartie.Ilaàpeineplissélesyeuxetaposélesmainssurlebardevantlui.–C’estunejoliefilleavecunjobdemerde.J’espèrequ’ellevabien.Son accent me semblait un peu plus prononcé, un peu plus épais que d’habitude, et je me suis

demandés’iln’yavaitpasquelquechosedeplusàcomprendredanssesparoles.–Moiaussi.J’aisoupiréquandSalemestbrusquementapparueàcôtédemoi.Elleaposésahancheprèsdela

mienne et a passé un bras autour de ma taille. Sa tête était posée sur mon épaule et ses cheveuxchatouillaientmonmenton.Elleétaittellementplusquemacopine;c’étaitmameilleureamie,mamuse,monamoureuse,monavenir.Sanselle,laroutes’étendaitàl’infinidanslenoirdevantmoi.Avecelle,lecheminquejevoulaisemprunterétaitclaircommedel’eauderoche.

–Çava?J’aisentitonhumeurs’assombrirdepuisl’autreboutdelapièce.J’aipenchélatêtepourfrottermajouecontreledessusdesoncrâne.–NashetSaintviennentdepartiràl’hôpitalparcequeRoyalestpeut-êtreblessée,maispeut-être

pas.Elle s’est tuependantunesecondepuis s’est reculéepourme regarder.Elleaposéunemainsur

montorseetapianotécontremoncœur.–Onyva.J’aihaussélessourcils.

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–Vraiment?Elleahochélatêteetm’adit:–Royalafait toutcequ’ellepouvaitpournousaideravecPoppy,etSaintvaavoirbesoind’une

amiesileschosesvontmal.Enplus,Nashapassétellementdetempsàl’hôpitalavecPhilquejesuissûrequ’unpeudedistractioncontrecesmauvaissouvenirsneluiferapasdemal,s’ilsdoiventresterunmoment.C’estcequ’onfait,onprendsoinlesunsdesautres.

–Salem,touslesjours,j’ail’impressionquejet’aimeplusquelaveille.J’étaisd’accord,nousdevrionsyaller,et j’aidemandéàAsadedireà tout lemondecequ’ilse

passaits’ilsposaient laquestion.Jenevoulaispasfaireunegrandeannoncecar jesavaisquesi je lefaisais, l’intégralité du bar se préparerait à nous suivre aux urgences, et ce n’était pas le but de cettejournée.Ilyavaittropd’au-revoiràfaire,ettropdepremièresfoisàfêter.

J’aiprislemanteaudeSalemetj’aiexpliquéàJetcequ’ilsepassait.Ilm’aserrécontreluiavecunbras, et cela comportait plus de coups dans le dos que de vrais câlins. Ilm’a dit quemes bottes decowboyavaientbesoindereprendreunpeudepoussièretexane…Ilallaitvraimentmemanquer,cepetitconauxjeanstropserrés.

Unefoisquenousétionsdanslavoiture,SalematendulebrasetposélamainsurmongenoutandisquenousroulionsdanslesruessombresdeDenver.

–Peuimportelesviragessurlaroute,tantquetuesaubout,jeseraiheureuse,Rowdy.J’aisentisesmotss’étendreetgrandirdansmapoitrine,etiln’yavaitplusdeplacepourlevide,

plusdeplacepourlapeuretl’appréhensiondufutur.Lamalchancequej’avaispuavoirn’arrivaitpasàlachevilledel’extrêmebonnefortunequim’avaitoffertcettefemmerienquepourmoi.Jel’airegardéeducoindel’œiletluiaiditlaseulechosequejepouvaisdire:

–Jesuisunveinard.

Àsuivre,l’histoired’AsaetRoyal…

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NOTEDEL’AUTEURE

Je tiens simplement à dire rapidement que je sais que c’est beaucoup plus compliqué de faire sortirquelqu’undeprisonquel’impressionquej’enaidonnéavecAsa.J’essaievraimentd’écriredeschosesaussi près de la réalité que possible,mais parfois une scène, et dans le cas présent pas seulement lascène,maistoutunlivreàparaître,reposesurlefaitquejecontourneuntoutpetitpeulesrèglesdelaréalité.

Jesaisaussiquec’estquasimentimpossibled’arriveràjoindreunavocatleweek-end!Jevousdemandeseulementdevousprêteraujeudecespetitesincohérencesavecmoi☺.Lesliens

qui unissent Asa et Royal sont intéressants et compliqués, donc j’ai dû prendre quelques libertéscréativesafindepouvoircommenceràimaginerleurhistoire.

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LAPLAYLISTDEROWDYETSALEM

(Elleestbonne!Jepourraispassermajournéeàl’écouter.)

NikkiLane–Gone,Gone,Gone,ComingHometoYouPattersonHood–Belvedere,BackofaBibleRyanBingham–GuessWho’sKnocking

AmericanAquarium–CasualtiesDevilDoll–TheThingsYouMakeMeDoAmericanAquarium–I’mNotGoing

totheBarHankWilliamsJr.–FamilyTradition

DavidAllanCoe–MamaTriedJohnPaulKeith–She’llDancetoAnything

CarlPerkins–Honey,Don’tScottH.Biram–LostCaseofBeingFound

TheCramps–TheWayIWalkTheReverendHortonHeat–JimboSong

JustinTownesEarle–Baby’sGotaBadIdeaOldCrowMedicineShow–WagonWheel,HardtoLove

DirtyRiverBoys–MySonJDMcPherson–WolfTeeth

EmpressofFur–MadMadBadBadMamaDwightYoakam–LittleSister

TheMeteors–PsychoforYourLoveHayesCarll–LoveDon’tLetMeDown

HorrorPops–DottedwithHeartsBuddyHolly–BecauseILoveYou

ChrisIsaak–BabyDidaBadBadThingJasonIsbell–TheDevilIsMyRunningMate

LindiOrtega–WhenAlltheStarsAlignThreeBadJacks–Scars

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KaseyAndersonandtheHonkies–MyBlues,MyLove

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REMERCIEMENTS

J’ai le meilleur métier du monde. Une mauvaise journée passée à faire ça est déjà cent fois plusenrichissanteetépanouissantequ’unebonnejournéepasséeàfaireunechosedanslaquellejenemettaispastoutmoncœur.J’ailesMEILLEURSlecteursdumonde.Vousêtesdrôlesetgentils,encourageantsetattachants,etpleindegentillesseetd’enthousiasme.Pasunjournepassesansquemaviesoitenrichieparuneinteractionavecl’und’entrevous,d’unefaçonoud’uneautre.Celameréjouitquevousaimiezautantquemoicettepetite tranchedevieen livresque j’aicréée.Chaque foisquevouschoisissezdedépenservotreargentdurementgagnédansquelquechosequej’aicréé,celaremplitunepetitepartiedemon âme d’écrivain de fierté et de gratitude. J’ai simplement besoin que chacun d’entre vous sachecombien je vous estime et combien j’apprécie toutes les choses fantastiques que vous avec apportéesdansmavie.Siunjournousavonslachancedenousrencontrerdanslevasteetdurmonde,sachezquec’estmoiquisuiscontenteetsurexcitéedeVOUSrencontrer!C’estunhonneurdevousfaireuncâlinetde vous remercier d’acheter mes livres et je ne vous remercierai jamais assez de m’avoir donné unnouveaudépartàunmomentoùj’enavaiscrucialementbesoin.J’espèrequevoussavezquepourchaquelivre,chaquehistoire,jemelanceensachantquejevousdoistout.Mercidemelaisserêtremoi-mêmeetdenepastroppéterunplombàcausedemamaladresseetdemoncôtéturbulent.Mercid’acceptermafolieetlesmomentsdrôlesquipeuventl’accompagner!

Écrivez-moià:[email protected]’avoirlemeilleurmétierdumonde,j’aiétédotéedesmeilleurespersonnespourm’aiderà

le faire.AmandaBergeron est l’éditrice la plus cool dont une fille puisse rêver. Elle est petitemaispuissanteetelles’assurevraimentquetousleslivresquiatterrissentdansvosmainssoientaumieuxdeleurforme.Ellemerendmeilleure,mêmequandcelamedonneenvied’assassinertoutcequim’entoure.

Tout l’équipe àHarperCollins est incroyable. JessieEdwards etAlainaWaagner prennent superbiensoindemoietilstravaillenttrès,trèsdurpourêtresûrsquetousleslecteursdumondedeslivressachentcequ’ilsepassedemoncôté,etilsessaienttrèsfortdegarderl’aspectcommercialsympa.Jedétesteprendre l’avion,maiscelanemedérangepasautantdevoyager jusqu’àNewYorkquandcelaveut dire que je peux passer du temps avec ces deux super nanas, une fois arrivée. Toute la bande

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HarperCollins/WilliamMorrowdéfoncetoutdefaçongénérale,etilsadorentréellementleslivresetlaromance et veulent que les lecteurs aient la meilleure expérience possible. J’ai l’impression d’avoiratterriaubonendroitetentredebonnesmains…UnpeucommeRowdyetSalem☺.

Monagent,Stacey,estunesur-femme.Personnenetravailleplusdurnineprendmieuxsoindemoidanslemondedulivre.J’aibeaucoupd’amouretderespectpourelle…Encoreunefois,mêmequandcequ’ellemeditmedonneenviedesaccagertoutcequim’entoure!C’estsimplementunebonnepersonneet jeme sens super chanceusequ’elle croie enmoi, et j’ai toujoursun frisson et unemontéede fiertéquandellelitundemeslivresetmeditcombienellel’aaimé.

http://www.donaghyliterary.comJ’apprécietoutletravailquefontlesfillesdechezhttp://literatiauthorservices.compourquemavie

livresque se passe sans accrocs. Karen, Michelle et Rosette sont des as pour tout ce qui concernel’organisationdesrévélationsdecouvertureetdestournéesdeblogs.Elless’occupentdetouslespetitsdétailsetm’empêchentdejetermonordinateurparlafenêtre.

Jeviensd’ajouterl’incroyableetfantastiqueK.P.SimmondechezInkslingerPRàmonéquipe,etjen’aipaslesmotspourdécrirecombienj’aidelachancedel’avoirnonseulementcommeamie,maisaussicommepartenairedanscetteaventure!

MelissaShankestunamour.Sincèrement,jenesavaispasqu’onfaisaitencoredesfemmescommeelle,ànotreépoquemoderne.J’adoretoutchezelleetj’adoresonâmeetsapassionpourleslivresetleslecteurs.Jen’avaisjamaispenséavoirbesoind’uneéquipedeterrain,oud’unepagepourlesfansouquelesgensseraient intéresséspar toutcela. J’avais tort,etMelestgénialepourprendreunpetitcoindeFacebook et en faire quelque chose de sympa et d’interactif. Elle est merveilleuse et j’ai envie del’étoufferd’amour.IlfautaussiquejelanceunmotàKatieMarcum,quim’aideàfairetournerlaCrowdcommeunemachinebienhuilée.Vousavez toutes lesdeuxmagratitudeéternelle.Sivousvouleznousrejoindreetpasserletemps,c’estassezsympaetMelfaitgagnerdesprixrégulièrement!

http://www.facebook.com/groups/crownoverscrowdJ’aiuneautreMelquimerendlavieplusbelle.Ellelittousceslivresavantlesautresetavantque

jelesenvoieàAmanda.Sesremarquesm’aidentàraconterlameilleurehistoirepossible,etj’apprécied’avoirquelqu’unauprèsdemoipourtempérertoutesmesidéesfollesetm’aideràlesfaçonnerpourenfaireunvoyageexcitantetromantique.LesMarkedMenneseraientpascequ’ilssontsanselle…Aucundemesgarsneleserait.

Il n’existe pas assez demots aumonde pour expliquer toutes les raisons pour lesquelles je doisremerciermafamille,alorsjemecontenteraide«mercipourtout,MamanetPapa».Ilspourrontremplirles parties manquantes, car il y a un milliard de choses différentes pour lesquelles je devrais lesremerciertouslesjours.Cesontlesmeilleurs.

J’adoremameilleureamie.J’adoretoutchezelleetenréalité,jedoisseulementlaremercierd’êtreelle.Elleestgéniale.C’esttout.

Merciàtousmesamislivresques,lesnouveauxetlesanciens,pourfairedesséancesdédicacesetdemavie livresqueunvraiplaisir.C’est toujourssuperagréablederencontrerd’autresauteursetdes

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blogueursetj’adoreapprendretouslesdétailsdufonctionnementdecemilieu,quifonttournertoutecetteaffaire.Lesgensdulivresonttoutsimplementlesmeilleurssurtouslesplans,alorsmercideleprouveràchaqueoccasion.

Lanationdesblogueurs…Oh,vousêtesl’huilequifaittournerlamachineetjevoussuisinfinimentreconnaissantepour toutcequevousavezfaitpourmoietpour lesgars.Mercidefaireconnaîtremescouvertures,derejoindremestournéesdesblogueurs,devouloirm’interviewer,etdemedemanderdefairedestournéesmêmesijedoisdirenonparcequejen’aiPASDETEMPS!Mercidepartagervotreamourdeslivres.Mercid’écriredescritiquesquisontsouventmieuxécritesquemeslivres.Mercidemaintenirlacontréedeslivresunieetconnectée.Mercidefaireconnaîtreetdepartagerleschosesquevousaimez…Et leschosesquevousaimezmoins. J’adorecommentbloguermesemblepunk.Commecelaatendanceàêtrebricolé.J’adorecommeentunepassionpourleslivresetlalectureaconstruittouteuneplate-formepourpermettreauxgensdeseleveretdecrierleurpassionàquiveutlesécouter.C’estsupercool.Commetoujours,merciàvoustous,blogueursquisontpassésdecritiqueàamietconfident.Jevousremerciepourvosretoursrapidesetlescritiquesquiarriventàmesoreillesavantd’êtrelibéréessurinternet.Mercidemedonnerenviedefairecequejefaisencoremieux.

Jeterminetoujoursparunmerciàmameute.J’aimetellement,tellementleurspetitestêtespoilues.J’aimerais qu’il y ait un moyen pour qu’ils sachent combien ils sont importants pour moi ! BisousCharley,PistoletDuce…EtMikeMaley(quinelirajamaisceci)carjenepourraispaspartiretvenirrencontrertousmeslecteursfantastiquess’ilnes’occupaitpasaussibiendemafamilleàquatrepattesquandjenesuispaslà.