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SECURITE ET SECURISATION ALIMENTAIRE FAMILIALE ET COMMUNAUTAIRE Approche Groupements de Femmes CERCLE DE NIAFUNKÉ REGION DE TOMBOUCTOU 15 années d’expérience : histoire et leçons apprises OMAES 2014 Capitalisation Par l’équipe OMAES Sécurité alimentaire et nutritionnelle

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SECURITE ET SECURISATION ALIMENTAIRE

FAMILIALE ET COMMUNAUTAIRE

Approche Groupements de Femmes

CERCLE DE NIAFUNKÉ

REGION DE TOMBOUCTOU

15 années d’expérience : histoire et leçons apprises

OMAES

2014

Capitalisation

Par l’équipe OMAES

Sécurité alimentaire et nutritionnelle

Comment améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition familiale à travers des groupements des femmes organisées !

Auteurs :

Boureima Alaye Toure Secrétaire Général de l’OMAES.

Aart van der Heide Modérateur, facilitateur et conseiller depuis le démarrage du programme en 1995 et auteur principal (de la part d’Entraide Œcuménique Pays Bas SOH et ICCO Pays Bas et OMAES).

Fatimata Coulibaly Yattara Ancienne coordinatrice du projet a Niafounké.

Isa Maiga Cadre OMAES à Niafounké et du projet.

Avant-propos

La capitalisation valorise les meilleures pratiques (approches, stratégies et résultats) d’un pro-gramme, d’une expérience pour qu’elles soient non seulement une référence, mais aussi et surtout une source d’inspiration pour l’élaboration et la mise en œuvre d’approches similaires.

Capitalisation veut dire faire l’inventaire, en grandes lignes, d’un programme, non pas seule-ment pour mémoriser mais aussi pour analyser la logique d’intervention et l’impact réalisé. C’est surtout regarder en arrière ou proprement dit, faire une rétrospective.

Au Mali l’adage du sage Hampate Bah dit : « Tout vieillard qui meurt en Afrique est une biblio-thèque qui brûle».

Il a été constaté que les expériences accumulées au Mali en matière de projets de développe-ment sont énormes. Il a également été constaté que la capitalisation est un aspect toujours négligé. Beaucoup de projets de développement ou d‘ONG ’s, dans le pays, ont fermé leurs portes, détruit ou brulé leurs archives, effaçant ainsi leurs traces. Leurs expériences et les leçons apprises n’existent que dans la tête des bénéficiaires et dans celle du personnel jadis employé par le projet. Cet état de fait est dommageable, inacceptable, triste et même insup -portable.

Les pays sahéliens sont connus pour être sujets à une crise alimentaire structurelle qui a ten-dance à devenir cyclique. La croissance démographique est très élevée. Les taux de mortalité et de morbidité infantile sont également élevés tout comme le taux de malnutrition infantile qui, du reste, est inacceptable. Pas mal de programmes ou de projets ont été mis en œuvre. Des résultats positifs et des leçons apprises ont été capitalisés. Malheureusement, aucune capitalisation nationale, institutionnelle ou scientifique n’existe.

L’OMAES s’est implantée dans la Région de Tombouctou bien avant la rébellion de 1990 – 1995. C’est après la signature des accords de paix en 1995 que l’OMAES a démarré des en -quêtes sur la sécurité et la sécurisation alimentaire dans les cercles de Goundam, Diré et Nia-founké pour identifier le degré d’insécurité alimentaire des familles rurales et en même temps évaluer les taux de malnutrition des enfants de moins de cinq ans. Les résultats des enquêtes menées ont montré que le cercle de Niafounké était le plus vulnérable. La plupart des familles souffraient d’une grande insécurité alimentaire avec un taux de malnutrition infantile des plus élevés. L’Arrondissement de Banikane est celui qui a le plus souffert de cette crise alimentaire et nutritionnelle.

L’OMAES a fait le choix de n’intervenir que dans le cercle de Niafounké à cause du taux élevé de malnutrition dans la Commune de Banikane. Les interventions ont été financées pendant

toute la durée du projet par le partenaire hollandais SOH – Entre Aide Œcuménique et puis par ICCO, son partenaire direct.

Au moment de la rédaction de cette publication, le projet est arrêté en raison de la situation d’insécurité au Nord du Mali. Toutes les archives ont été malheureusement détruites par la rébellion1.

1 Avec les remerciements a SOH Pays Bas et aussi ICCO Pays Bas ; et concrètement Margot Loof, Annet Yff et Hans Heys !

Résumé Exécutif

Dans cette publication nous présentons l’histoire et les résultats de 15 années de mise en œuvre d’un projet de sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le Cercle de Niafounké, Ré-gion de Tombouctou, l’une des régions du septentrion malien.

L’étude de base réalisée en 1995, juste après la signature des accords de paix entre le Gouver -nement Malien et les représentants de la rébellion Touareg, a couvert les cercles de Goundam, Diré et Niafounké et s’est concentrée sur la sécurité alimentaire des familles et nutritionnelle des enfants moins de cinq ans (< 5 ans). Les résultats de l’étude ont démontré une insécurité alimentaire chronique très alarmante. Sur le plan nutritionnel, les enfants de moins de cinq ans avec les taux de malnutrition les plus élevés ont été trouvés dans le cercle de Niafounké en général et dans l’arrondissement de Banikane en particulier.

L’organisation non-gouvernementale OMAES avec l’appui financier de SOH a fait le choix d’in-tervenir dans le cercle de Niafounké à travers un programme-test pendant la première année en 1996.

Le programme-test a démontré qu’une intervention coordonnée a travers les groupements de femmes organisés dans les villages avec des activités diverses – jardinage, suivi nutritionnel, démonstrations culinaires, petit cheptel, l’eau potable et l’hygiène (WASH), banques de cé-réales, et autres activités génératrices de revenus – fut la seule manière efficace de réduire les taux de malnutrition aiguë à court terme et chronique à long terme de manière satisfaisante et durable.

Le projet a été exécuté pendant une période de 15 ans, de 1995 à 2011. Sa fin a été motivée à la fois par le manque de financement mais aussi et surtout par l’insécurité au Nord du Mali.

Les résultats obtenus par le projet montrent qu’une intervention systématique sur la base d’un budget adapté – low budget – peut contribuer à la réduction de la malnutrition de manière rapide, efficace et durable. Cependant, bien que l’approche développée ait pu réduire de façon significative la malnutrition aiguë sévère, force est de reconnaître que la présence des centres de santé est plus que nécessaire pour les cas de malnutrition aiguë sévère avec compli -cation. Dans la plupart des villages ou le projet a opéré les structures sanitaires étaient inexis -tantes.

Il faut noter que les taux de malnutrition aiguë et chroniques dont les résultats sont présentés dans la suite de cette publication, ont été mesurés en pourcentage (%) et non en écarts-types (Z-scores) pour la simple raison que cette méthode était encore d’application a l’époque. Bien qu’elle ne soit plus pratiquée, cette méthode facilite la comparaison de l’évolution de la situa-tion nutritionnelle dans le temps. Ce qui était l’une des principales préoccupations du projet.

La démarche méthodologique consistait à utiliser simplement les données de tous les enfants concernés ainsi que celles de leurs mères avec l’avantage de garantir non seulement le suivi individuel mais aussi les indicateurs nutritionnels. Dans ce contexte, le souci d’un échantillon-nage scientifique ne se justifiait pas.

Le projet a été un succès tant pour les mères et leurs enfants que pour les familles entières. Ce constat est étayé par les résultats repris dans le graphique ci-après.

Résumé Exécutif

Dans cette publication nous présentons l’histoire et les résultats de 15 années demise en œuvre d’un projet de sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le Cerclede Niafounké, Région de Tombouctou, l’une des régions du septentrion malien.

L’étude de base réalisée en 1995, juste après la signature des accords de paix entrele Gouvernement Malien et les représentants de la rébellion Touareg, a couvert lescercles de Goundam, Diré et Niafounké et s’est concentrée sur la sécurité alimentaire des familles et nutritionnelle des enfants moins de cinq ans (<sultats de l’étude ont démontré une insécurité alimentaire chronique très alarmante. Sur le plan nutritionnel, les enfants de moins de cinq ans avec les taux demalnutrition les plus élevés ont été trouvés dans le cercle de Niafounké en généralet dans l’arrondissement de Banikane en particulier.

L’organisation non-gouvernementale OMAES avec l’appui financier de SOH a fait lechoix d’intervenir dans le cercle de Niafounké à travers un programme-test pendant la première année en 1996.

Le programme-test a démontré qu’une intervention coordonnée a travers les groupements de femmes organisés dans les villages avec des activités diverses – jardinage, suivi nutritionnel, démonstrations culinaires, petit cheptel, l’eau potable etl’hygiène (WASH), banques de céréales, et autres activités génératrices de revenus – fut la seule manière efficace de réduire les taux de malnutrition aiguë à courtterme et chronique à long terme de manière satisfaisante et durable.

Le projet a été exécuté pendant une période de 15 ans, de 1995 à 2011. Sa fin aété motivée à la fois par le manque de financement mais aussi et surtout par l’insécurité au Nord du Mali.

Les résultats obtenus par le projet montrent qu’une intervention systématique surla base d’un budget adapté – low budget – peut contribuer à la réduction de lamalnutrition de manière rapide, efficace et durable. Cependant, bien que l’approche développée ait pu réduire de façon significative la malnutrition aiguë sévère, force est de reconnaître que la présence des centres de santé est plus quenécessaire pour les cas de malnutrition aiguë sévère avec complication. Dans laplupart des villages ou le projet a opéré les structures sanitaires étaient inexistantes.

Il faut noter que les taux de malnutrition aiguë et chroniques dont les résultatssont présentés dans la suite de cette publication, ont été mesurés en pourcentage(%) et non en écarts-types (Z-scores) pour la simple raison que cette méthodeétait encore d’application a l’époque. Bien qu’elle ne soit plus pratiquée, cette méthode facilite la comparaison de l’évolution de la situation nutritionnelle dans le

1995

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1999

Mar

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2000

Mar

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us/m

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01020304050607080

Résultats enquêtes périodiques: 1995 -2000plus/plus = <5 ans encadres dans villages encadres;

plus/min = <5 ans non-encadres dans villages encadres; min/min = <5 ans dans villages non encadres;

Total moderee Total grave

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Le milieu physique dans le cercle de Niafounké : aride, sécheresse chronique, insécurité alimentaire, malnutrition chronique et alimentation déséquilibrée. Besoin des interventions simples et durables !

Abréviations

CAP Connaissances, Aptitudes et Pratiques

ICCO Organisation Inter-églises de Coopération au Développement

FAP Femme en âge de procréer

FRM Femmes responsables du ménage

GAM Global Acute Malnutrition ou Malnutrition Globale Aiguë

OMAES Œuvre Malienne d’Aide à l’Enfance du Sahel

ONG Organisation Non Gouvernementale

SAM Severe Acute Malnutrition ou Malnutrition Aiguë Sévère

SOH Comité d’Entre-aide Œcuménique Hollandais ou « Stichting OecumenischeHulp »

PSSAFACO Projet de Sécurité et de Sécurisation Alimentaire, Familiale et Communautaire

CLD Comité Local de Développement

PIV Périmètre Irrigué Villageois

1. INTRODUCTION.

La présente publication est le résultat de 15 années d’intervention dans une zone traditionnel-lement connue comme étant une zone agro-pastorale, de transhumance, aride, etc. La zone est également soumise à des périodes de sècheresse et d’insécurité civile.

La capitalisation de l’expérience du Projet de Sécurité et de Sécurisation Alimentaire Familiale et Communautaire intervient au moment où les activités sont arrêtées à Niafounké en raison de la situation d’insécurité dans le nord du pays. Le bureau de l’OMAES à Niafounké ayant été démoli et les archives détruites, il fallait cette capitalisation pour éviter que « toute la biblio-thèque ne brûle ».

La justification de la démarche est clairement explicitée dans l’avant-propos du document. Il s’agit de démontrer la nécessité d’adopter une approche permettant d’améliorer la situation alimentaire et de réduire le taux de malnutrition infantile et qui soit basée sur plusieurs inter-ventions qui, non seulement contribuent conjointement à l’augmentation et à la diversification de la production alimentaire, à l’augmentation des revenus des femmes, mais aussi améliorent les connaissances, les aptitudes et les pratiques en matière de soin de l’enfant au niveau du ménage.

La publication permet de reconstituer la mémoire du projet depuis son démarrage en passant par les premières études de base réalisées juste après la rébellion Touareg en 1995. Elle per-met également de fixer en mémoire les raisons d’une année test (tester et développer les éléments pour une intervention efficiente et efficace, moins couteuse et alors plus durable) et comment cette année s’est déroulée.

Le document est subdivisé en 14 chapitres.

Les chapitres 1 à 4 font un rappel de quelques notions de base sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle et donnent des éclairages sur les interventions et les approches méthodolo-giques dans ce domaine.

Les chapitres 5 à 8 donnent un bref aperçu historique du projet et présentent la situation de référence à travers les résultats des enquêtes menées en 1995. Ils récapitulent les stratégies développées dans la phase test du projet et tirent les premières leçons apprises de cette phase.

Le chapitre 9 décrit les différentes phases du projet en mettant en exergue les adaptations successives mises en place et dictées par l’expérience pratique.

Les chapitres 10 à 12 se concentrent sur l’approche communautaire, la méthodologie du suivi nutritionnel, la description détaillée des activités d’accompagnement ainsi que les résultats quantitatifs et qualitatifs du projet.

Enfin, les chapitres 13 à 14 résument les leçons apprises de la riche expérience du projet et formulent des recommandations aux partenaires et acteurs de développement qui souhaite-raient intervenir dans ce domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Cette publication est l’œuvre de l’équipe OMAES, impliquée dans toutes les étapes de mise en œuvre du projet. L’équipe a bénéficié de l’appui d’une personne ressource qui a eue le privi-lège de réaliser les études de base en 1995 et qui a été fortement impliquée au développe-ment de l’approche du projet.

La publication est la suite logique d’une première publication portant sur « SECURITE ALIMEN-TAIRE ET AMELIORATION NUTRITIONNELLE AU NIVEAU FAMILIAL : Expériences des ONG ’s au Mali2.

2. NOTIONS IMPORTANTES.

La notion de sécurité alimentaire est souvent confondue avec les notions d’autosuffisance alimentaire et de sécurité nutritionnelle. Si ces trois notions sont liées, il n’en demeure pas moins que leurs contenus sont différents.

* Autosuffisance alimentaire signifie que le niveau de la production alimentaire d’une zone ou même d’un pays est suffisant pour nourrir toute la population. C’est une notion théorique qui est déterminée en divisant la valeur énergétique de toute la production alimentaire de la zone ou du pays par le nombre d’habitants. L’autosuffisance alimentaire est atteinte quand la quantité d’énergie alimentaire disponible par tête d’habitant et par an est suffisante pour couvrir les besoins énergétiques annuels. Satisfaire à cette condition ne veut pas dire auto-matiquement que tout le monde est bien nourri (critère nutritionnel) ou a accès à l’alimenta-tion. Même en cas de disponibilité suffisante, l’accès dépendra en général de la production alimentaire familiale ou du pouvoir d’achat de chaque famille prise individuellement.

* Sécurité alimentaire : notion qui prend en compte la disponibilité alimentaire ainsi que l’ac-cès à une alimentation de qualité. La sécurité alimentaire est assurée quand chacun a un accès (c’est-à-dire à tout moment) à une alimentation de bonne qualité nutritionnelle et hygiénique, soit par l’autoproduction, soit par l’achat des aliments. Cette notion met l’accent

2Cette publication de six études de cas a été réalisée sous financement du SOH avec l’appui technique de l’ETC Pays Bas.

sur la qualité de la nourriture et la stabilité de la production et des prix sur les marchés. Elle prend mieux en compte

* la répartition de la nourriture au sein de la famille. Cependant, elle ne prend pas en compte l’état nutritionnel de la population en général et des groupes les plus vulnérables en particu-lier.

* La sécurisation alimentaire comprend toutes les activités et mesures qui peuvent contribuer ou qui sont nécessaires afin de garantir la sécurité alimentaire. Ce sont en général des activi-tés conjointes en matière d’amélioration de l’agriculture et de l’élevage, ou des revenus, qui contribuent à l’amélioration de la situation alimentaire.

* Sécurité alimentaire au niveau de la famille ne veut pas dire automatiquement que tous les membres sont bien nourris. C’est pourquoi certains membres de la famille peuvent être mieux nourris que d’autres. Par exemple, la répartition de la nourriture au sein de la famille peut être inégale, ou par manque de connaissance de la mère des méthodes d’alimentation de nourrissons, ou encore parce qu’elle n’a pas suffisamment de temps pour s’occuper de son bébé. Dans de tels cas, personne n’est assurée d’une bonne nutrition. On dit alors que la sécurité nutritionnelle n’est pas assurée.

* La pénurie alimentaire est une période au niveau familial pendant laquelle le stock alimen-taire est épuisé où le pouvoir d’achat de la famille est insuffisant pour nourrir la famille. Dans pas mal de pays, c’est phénomène se répète chaque année, toujours à la même période, la période pré-récolte.

* Les stratégies d’adaptation d’une population sont des mesures prises pour faire face aux pénuries alimentaires. Elles ont été développées durant des longues périodes et sont spéci-fiques à une zone ou une population. Normalement ce sont des mesures comme la migration saisonnière des bras valides, la nourriture contre le travail auprès des familles ayant des moyens, la cueillette des aliments sauvages ou la vente des animaux. Ces stratégies sont normalement très développées dans les zones déficitaires et fonctionnent assez bien.

* La malnutrition aiguë ou actuelle (P/T) et la malnutrition chronique (T/A) sont des notions pour indiquer les différents types de malnutrition au niveau des enfants. La malnutrition aiguë se caractérise par un faible poids par rapport à la taille de l’enfant. Ceci est le résultat d’une diminution rapide du poids corporel causée par une maladie ou par une pénurie ali -mentaire sévère. La malnutrition de longue durée ou chronique, même si elle n’a pas été sévère, entraîne non seulement un faible poids, mais aussi un retard de la croissance de l’enfant. Ceci s’exprime par un poids et une taille faible par rapport au poids et à la taille d’enfants de même âge et bien nourris. Ces deux méthodes sont surtout utilisées avec le groupe d’âge de moins de cinq ans.

La sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau familiale se focalise sur la famille ou le ménage comme point de départ. On l’analyse de préférence à travers la femme qui est à la fois mère et responsable pour la nourriture, le soin et le bien-être des enfants. Au Mali, les zones excédentaires sont les zones de la CMDT au sud et de l’Office du Niger. Elles

ont en général une situation d’autosuffisance alimentaire et aussi une sécurité alimentaire. Cela veut dire que la production alimentaire dans la zone suffit en quantité et en qualité pour nourrir

tout le monde. La disponibilité et l’accès sont garantis et la stabilité aussi. Cependant, bien que la qualité de la nourriture soit normale selon les indications, elle n’est pas toujours garantie dans la vie quotidienne de la population.

Les zones déficitaires au Mali se trouvent en général au Nord. Ce sont des zones arides ou semi-arides où l’élevage est bien développé. Ces zones se trouvent souvent en état d’insécurité ali-mentaire où la disponibilité, l’accès et la stabilité ne sont pas toujours garantis.

3. INTERVENTIONS PRESENTEES AFIN DE GARANTIR LA SECURITE ALIMENTAIRE ETNUTRITIONNELLE.

Les interventions faites afin de garantir la sécurité alimentaire sont en général des activités qui améliorent la disponibilité, l’accès et la qualité de la nourriture ainsi que la stabilité de la pro-duction. Elles sont multiples en fonction de leur but final, mais pas toujours efficaces pour une amélioration nutritionnelle. Elles sont souvent exécutées sans faire une bonne analyse de base. Cependant, beaucoup d’activités sont présentées à tort comme une activité qui vise l’améliora-tion de la sécurité alimentaire. Nous savons que chaque activité, pour améliorer le bien-être d’une famille ou d’une communauté, aura finalement un impact sur la sécurité alimentaire de celle-ci, mais une telle activité ne peut pas être présentée comme « activité de sécurité alimen-taire ». Une bonne analyse de la situation de base - faite au niveau de la communauté ou de la famille - qui indique l’existence d’un problème de sécurité alimentaire ou de sujets liés à celle-ci - devra être directement traduite dans des actions qui améliorent la sécurité alimentaire. Très souvent l’activité est présentée comme «une amélioration de la sécurité alimentaire » sans qu’une analyse de base soit faite, mais seulement parce que le bailleur de fonds « fi-nance » de tels projets.

Au Mali, en milieu rural, les interventions suivantes sont souvent réalisées. Quelques-unes améliorent la disponibilité, d’autres l’accès ou seulement la stabilité de la production. Mais il n’existe pas souvent une approche intégrée basée sur une analyse de la situation de base.

En réalité nous distinguons quatre types d’interventions :

1. Celles qui améliorent la gestion des stocks de céréales en général : stocks de sécurité et banques céréalières ;

2. Celles qui améliorent la redistribution : cantines scolaires ;3. Celles qui améliorent la production alimentaire : périmètres irrigués villageois, l'irriga-

tion d’appoint, le jardinage, la conservation des sols et le crédit agricole ;4. Celles qui améliorent le pouvoir d’achat et la formation d’accompagnement ;

Stocks de sécurité.Un stock de sécurité est comme son nom l’indique une grande quantité en général de céréales destinée à être distribuée gratuitement ou vendue en cas d’une situation déficitaire. Ce sont

des stocks normalement gérés soit par la communauté, soit par l’ONG intervenante ou l’autori-té administrative sur place. La quantité du stock est calculée normalement en fonction des estimations de besoins éventuelles ou en fonction de la disponibilité des céréales ou encore des fonds disponibles. Il est toujours très important de faire un diagnostic de la situation et une évaluation des besoins, et déterminer des critères objectifs de distribution. Le Mali a assez d’expériences en matière de stock de sécurité soit au niveau national, soit au niveau régional ou local géré par l’OPAM (l’Office des Produits Agricoles du Mali) sous la tutelle du Ministère des Finances.

Banques de céréales.Une banque en général est une institution qui prête de l’argent aux clients et où les clients y mettent de l’argent en dépôt. Prêter de l’argent coûte au client de l’intérêt et mettre en dépôt lui procure de l’intérêt. La personne qui ne dispose pas d’argent ne peut ni prêter ni mettre en dépôt de l’argent à la banque.Une banque de céréales est une institution qui fonctionne suivant le même principe à la seule différence que les céréales remplacent l’argent. Normalement une banque de céréales est organisée dans une zone déficitaire en céréales. En cas d’abondance en céréales, le besoin de prêter ou de mettre en dépôt des céréales ne se manifeste pas. La banque de céréales fonc-tionne normalement dans une communauté où le besoin en céréales avec un prix raisonnable se manifeste pendant la période de soudure ou en cas d’abondance de production céréalière après la récolte. Ceux ou celles qui produisent des céréales ou qui auront le pouvoir d’achat afin de prêter ou d’acheter les céréales pendant la période de soudure sont en général des clients ou membres potentiels d’une banque de céréales. Par contre, une personne pauvre qui n’a ni production ni pouvoir d’achat n’est en réalité pas un client potentiel d’une telle banque. Une banque de céréales est en général mise sur pied afin d’éviter les spéculations du circuit commercial. Elle donne aux membres la possibilité de stocker ou de vendre le surplus de leur production céréalière et en cas de besoin d’acheter des céréales à un prix raisonnable.

Cantines scolaires.Les cantines scolaires sont très souvent présentées comme une mesure qui améliore la sécurité alimentaire. Il est vrai qu’elles améliorent la disponibilité et l’accès à la nourriture aux élèves, mais en fait elles améliorent temporairement l’état nutritionnel des élèves. Si l’introduction des cantines scolaires est présentée comme une mesure d’amélioration de la sécurité alimen-taire, il faut d’abord analyser l’état nutritionnel et éventuellement l’état sanitaire des élèves. Une zone d’insécurité alimentaire présente certaines caractéristiques : le degré de scolarisation est très bas en général, les enfants scolarisés sont souvent mieux nourris que les enfants non scolarisés, le taux de malnutrition des jeunes enfants de moins de cinq ans est plus élevé que les enfants scolarisables (plus de cinq ans). Une observation souvent faite est que l’introduction des cantines scolaires est plutôt une mesure dans le cadre d’une politique sectorielle afin d’améliorer le taux de scolarisation. L’introduction des cantines scolaires n’est une stratégie d’amélioration de la sécurité alimentaire que dans le cas où une analyse exhaustive

de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle montre que ce secteur est un secteur clé pour améliorer ces formes d’insécurité.

Périmètres irrigués villageois et irrigation d’appoint.

Un périmètre irrigué villageois (PIV) est un champ entouré par des digues au bord d’un cours d’eau où la riziculture est pratiquée grâce au pompage d’eau. L’approvisionnement en eau est assuré au moyen d’une motopompe. Elle donne la garantie d’une production assez impor-tante même en temps de mauvaise crue du fleuve. Cette stratégie d’appui à la production du riz sécurise la disponibilité de la nourriture et stabilise la production. Si les ressources ex-ternes et les intrants ne sont pas trop importants ou coûteux (carburant, pièces de rechange, engrais, produits phytosanitaires etc.) sur le plan économique, les périmètres irrigués sont rentables et apportent une contribution assez importante à la sécurité alimentaire dans une zone traditionnellement déficitaire.

L’expérience au Mali en la matière est grande surtout dans les régions de Kayes, de Tombouc-tou et de Gao où elle est pratiquée depuis des dizaines d’années. Une leçon très importante est que les PIV sont rentables en cas de redevance assez importante de la production et d’exis -tence d’autres formes et sources de production alimentaire. L’irrigation d’appoint est une forme d’irrigation avec l’appui d’une motopompe qui irrigue les champs traditionnels protégés par des digues adaptées. Une fois que l’eau de la crue a atteint le niveau maximal, les champs reçoivent de l’eau supplémentaire avec l’appui de la motopompe. Cette méthode est plus économique que les périmètres irrigués et arrive à un rapport coûts/rendements plus positif. L’irrigation d’appoint est aussi une intervention qui améliore la disponibilité de la nourriture et la stabilité de la production. Dans ce sens c’est une intervention qui contribue à la sécurité alimentaire.

Jardinage.Le jardinage ou le maraîchage est une activité économique surtout pratiquée par les femmes afin d’enrichir l’alimentation de la familiale mais aussi pour la vente des produits (activité géné-ratrice de revenus). Il s’agit surtout de la culture d’oignons, tomates, choux, piments, pommes de terre etc. ou au Nord le tabac. Cette activité augmente en réalité les revenus des femmes mais pourrait également servir pour l’amélioration nutritionnelle des repas familiaux en géné-ral et pour les enfants en particulier. Il faut cependant être sûr que cette activité n’augmente pas la charge quotidienne de la femme et décharge le mari de son devoir de nourrir la famille. Le jardinage devra être accompagné par une forte sensibilisation et formation de la femme mais aussi de son mari. Les démonstrations culinaires sont des exemples de cette sensibilisa -tion.

Conservation des sols et protection environnementale.La conservation des sols est nécessaire afin d’éviter la dé-fertilisation et l’érosion qui pro-voquent une diminution de la production et finalement l’épuisement des sols. Elle est la garan-tie pour une production alimentaire variée et durable. La conservation des sols a pour objectif de garantir la fertilité des sols et d’éviter son érosion par l’eau ou par le vent. Au Mali, il y a beaucoup de techniques appropriées développées qui ne sont pas chères et qui n’ont pas besoin d’utilisation d’intrants (méthode LEISA)

Crédit agricole (devenu crédit épargne)Le crédit agricole sert à l’achat des intrants nécessaires comme les bœufs de labour, les char-rues, les semences etc. Mais son octroi doit se réaliser dans les conditions de rentabilité pour permettre un remboursement aisé du crédit par les paysans. Il sera important d’utiliser le

moins possible les intrants achetés et de trouver surtout un système de production de la fu-mure organique. Ce qui nécessite une bonne intégration de l’agriculture et de l’élevage.

Activités génératrices de revenus avec sensibilisation en santé et nutrition pour les femmes

La sécurité alimentaire et nutritionnelle implique la disponibilité et l’accès aux aliments, la stabilité de la production alimentaire, ainsi que la qualité des aliments consommés. Ce sont les femmes en général qui sont responsables au niveau des ménages du soin des enfants, de la préparation de la nourriture et du bien-être de la famille. Les programmes qui visent à amélio-rer les revenus des femmes conjointement avec une bonne sensibilisation en santé et nutrition - et un bon accès aux services de santé - sont souvent présentés comme « programmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle ». Ils se sont révélés efficaces et donnent une bonne garantie pour un impact positif. Il y a beaucoup de programmes qui ont mis seulement l’accent sur l’amélioration des revenus des femmes sans l’accompagner de la sensibilisation en matière de santé, d’hygiène et de nutrition. De tels programmes ont généralement un impact assez limité sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Les catégories d’activités qui améliorent la sécurité alimentaire et nutritionnelle

Objectifs et activités Résultats

I production alimentaire améliorée périmètre irrigué villageois PIV irrigation d’appoint jardinage conservation des sols crédit agricole

sécurité alimentaire garantie

quantités nécessaires disponibles

soudures périodiques maîtrisées

garantie à l’accès et à la qualité de la nourriture

sécurité nutritionnelle au niveau de la famille garantie

II gestion améliorée stocks de sécurités banques céréalières

III alimentation et nutrition améliorées activités génératrices de revenues formation nutrition, hygiène et santé cantines scolaires

4. COMMENT MESURER LE DEGRE DE SECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE?

Comment mesurer la sécurité alimentaire ? Mesurer le degré de sécurité alimentaire veut dire mesurer la disponibilité, l’accès et la qualité de la nourriture, ainsi que la stabilité de la production. En mesurant ces paramètres au niveau

de la communauté, nous avons une impression globale de la situation, mais pas la situation au niveau de la famille. Une autre question importante sera toujours de savoir si ces paramètres sont mesurables et comment.Pourquoi voulons-nous connaître la situation de sécurité alimentaire au niveau d’une commu-nauté? En fait, c’est finalement pour savoir si tout le monde, au sein de la communauté, est suffisamment nourri. En plus, on se pose toujours la question de savoir si la disponibilité, et l’accès à la nourriture sont garantis, et si certains groupes vulnérables de la communauté ne souffrent pas de malnutrition?

Nous présentons ci-dessous une approche pour mesurer la sécurité alimentaire et nutrition-nelle au niveau de la famille.

EnquêtesUne méthode rapide présentée dans ce manuel est basée sur la collecte de données auprès des personnes qui connaissent le mieux la situation alimentaire et les habitudes nutritionnelles : les femmes responsables d’un ménage (FRM) ou les femmes en âge de procréer (FAP). Elles sont généralement responsables de l’alimentation de la famille, des soins des enfants et des ma-lades.Afin d’avoir une idée sur la situation alimentaire et nutritionnelle d’une communauté, il fau-dra interviewer ces femmes. Pour avoir une bonne indication de la situation, il faut au moins faire l’interview auprès de 20% des FRM ou FAP. Ce pourcentage permet un diagnostic repré-sentatif.

Modules

Pour la mesure, nous cherchons l’information en ce qui concerne :

1. l’aperçu général de la production agricole et animale de la zone (système de production) ;2. la communauté, y compris l’histoire concise des différentes interventions etc. ;3. les ménages en général ;4. les mères ou les chefs de ménages en particulier ainsi que leurs maris ;5. les habitudes alimentaires de la famille en général et des jeunes enfants en particulier ;6. l’existence de périodes de pénurie alimentaire et les stratégies d’adaptation ;7. les connaissances, aptitudes et pratiques (C.A.P.) des mères ;8. l’état nutritionnel des enfants de 0-5 ans qui sont considérés comme le groupe le plus

vulnérable.

En analysant et en systématisant toutes ces informations, nous sommes à mesure d’apprécier la vraie situation alimentaire et nutritionnelle des familles, de détecter les goulots

d’étranglement (de la situation) et d’évaluer la faisabilité et l’impact éventuels de certaines interventions proposées ou à élaborer.

Cette méthode rapide, basée sur les huit points susmentionnés, est appelée « enquête alimen-taire et nutritionnelle rapide du ménage ».

La méthode permet de déterminer la situation alimentaire de la famille. Elle se réalise à travers une situation économique, sociale, alimentaire, nutritionnelle etc. du ménage. Le ménage est pris comme unité d’enquête. Dans chaque ménage, l’enquêteur s’adresse à une femme qui a des jeunes enfants et qui s’occupe, entre autres, de la préparation de la nourriture de la fa-mille. Il convient de distinguer les modules suivants :

* un module système de production : donne une description concise de la production agricole et animale ou, en milieu urbain, des activités économiques principales ;

* un module communauté : donne de l’information sur la communauté (village, site, groupe etc.) sa composition, ses caractéristiques, l’enclavement, les groupements organisés, l’exis-tence des structures scolaires, sanitaires etc.

* un module ménage : nombre des personnes spécifiées, composition de la famille, occupation des membres, etc. ;

* un module femme : âge, niveau d’instruction, membre d’un groupe organisé, nombre total d’enfants, nombre d’enfants de moins de cinq ans, nombre d’enfants décédés, activités économiques principales, activités agricoles, etc. ;

* un module mari : occupations économiques (agricole, commercial, salarié, etc.) encadre-ment, niveau d’instruction ;

* un module alimentaire : situation alimentaire (méthode « hier »), approvisionnement en nourriture, période de pénurie alimentaire, stratégies d’adaptation, alimentation des jeunes enfants ;

* un module CAP : connaissances, aptitudes, pratiques ou connaissance de base de la femme sur la santé, la nutrition, l’hygiène etc. ;

* un module anthropométrie : mesures anthropométriques des deux plus jeunes enfants de la femme (poids par rapport à la taille et taille par rapport à l’âge) et y inclus la morbidité des deux semaines passées de ces enfants;

Chaque module s’accompagne d’un questionnaire de base standard qui devra être nécessaire-ment adapté à la situation du milieu, les circonstances spéciales et les questions spécifiques de l’organisation intéressée. Au début de l’enquête, une fiche d’enquête devra être élaborée pour chaque module sélectionné de préférence avec l’organisation intéressée.

En plus de l’enquête modulaire, deux méthodes rapides sont utilisées pour évaluer la situation nutritionnelle et alimentaire. La première méthode est l’anthropométrie, et la deuxième une anamnèse alimentaire rapide à travers une enquête de type rappel de 24 heures (la « méthode hier »).

Anthropométrie

L’anthropométrie permet d’apprécier l’état nutritionnel de l’homme en prenant quelques me-sures corporelles (« anthropométrie » veut dire mesurer l’homme) et en comparant ces mesures avec des valeurs de référence obtenues d’une population bien nourrie (population de référence).

Les mesures les plus souvent utilisées sont le poids corporel, la taille et la circonférence du bras. Le poids ou la taille d’un individu peut être exprimé en pourcentage du poids ou de la taille d’une personne bien nourrie de même âge. Les indices ainsi obtenus sont appelés respectivement poids-pour-âge (P/A) et taille-pour-âge (T/A). Quand l’indice d’une personne est inférieur à un seuil préalablement convenu, par exemple 80%, la personne en question est considérée malnu-trie. On peut aussi exprimer le poids en pourcentage du poids d’une personne de référence de la même taille.

Cet indice s’appelle poids-pour-taille (P/T)3.

Une personne, d’un faible poids-pour-âge peut être très maigre, très petit ou les deux. Une faible taille-pour-âge indique un retard de croissance chez un enfant. Cela est souvent le résultat d’une malnutrition prolongée, probablement accompagnée de maladies infectieuses répétées. C’est pourquoi une faible taille-pour-âge est considérée comme un indicateur de malnutrition chronique (de longue durée). Par contre, la malnutrition aiguë (perte de poids rapide) se caracté -rise par une taille normale (parce que la croissance n’est pas encore atteinte) et un poids faible par rapport à cette taille. Un faible poids-pour-taille est considéré comme un indicateur de mal-nutrition aiguë. Une forte présence (haute prévalence) d’enfants de faible taille-pour-âge au sein d’une communauté est indicatrice de problèmes alimentaires chroniques, soit de problèmes de sécurité alimentaire. Pour être en mesure de distinguer entre problèmes nutritionnelles chro-niques et aiguës, on est obligé de prendre les deux indices : poids-pour-taille et taille-pour-âge.

Les valeurs de références que nous avons utilisées pour classer les enfants selon leur état nutri -tionnel sont celles établies par le NCHS et adoptées par l’Organisation Mondiale de la Santé. Pour la classification d’un individu selon poids-pour-taille et taille-pour-âge, nous utilisons les seuils suivants :Le pourcentage d’enfants ayant un poids ou une taille inférieur au seuil de la référence indiquée représente le taux (ou prévalence) de malnutrition du groupe cible.

3Une autre méthode de classification de l’état nutritionnelle est celle qui exprime la différence entre le poids (ou la taille) réel d’un individu et la valeur de référence comme un multiple de l’écart-type de la moyenne du poids (ou de la taille) de la population de référence. Le multiple est appelé Z-score. En cas d’un poids réel supérieur au poids (ou taille) de référence, il est positif ; autrement il est négatif. Un Z-score entre -3 et -2 signifie malnutrition modérée ; inférieur a -3 signifie malnutrition grave. La méthode des écarts-types est plus scientifique que la méthode des pourcentages et conseillée par les organismes inter-nationaux. Elle est aussi plus difficile à comprendre et, par CONSÉQUENT, plus difficile à utiliser par des petites organisations. Les poids/taille correspondant au Z-score de -3 et-2 ne correspondent pas au poids/taille correspondant au seuil de respectivement 70% et 80%. En général, l’utilisation de la méthode où les indices anthropométriques sont exprimés en pourcentages rend des taux de malnutrition au niveau des enfants moins élevés que la méthode des écarts-types (Z-score).

Poids pour taille ou P/T : indice pour la malnutrition aiguë

Inférieur à 70% de la référence: gravement malnutri ou malnutrition sévère ; Entre 70 et 80% de la référence :malnutrition modérée ; Supérieur à 80% de la référence : normale ;

Inférieur à 80% de la référence: malnutrition globale.

Taille pour âge ou T/A: indice pour la malnutrition chronique

Inférieur à 90% de la référence: malnutrition chronique ou retard de croissance Supérieure à 90% de la référence: normale.

En ce qui concerne l’indice taille-pour-âge, nous considérons les enfants ayant une valeur inférieure à 90% de la référence comme chétifs (ayant accusé un retard de croissance).

La prévalence de la malnutrition aiguë correspond au pourcentage d’enfants ayant P/T infé-rieur à 80% tandis que la prévalence de la malnutrition chronique correspond au pourcen-tage d’enfants ayant un T/A en dessous de 90% de la valeur de référence.

Enquête alimentaireL’anamnèse alimentaire nous informe sur les habitudes alimentaires de la communauté. La méthode utilisée est celle de l’enquête alimentaire rapide. Cette enquête se concentre sur la femme qui est le chef de ménage, et lui demande ce que la famille a mangé « hier » comme aliments de base (céréales ou tubercules) et aliments d’accompagnement (viande, poisson, légumes, lait, fruits). Cette méthode demande aussi aux femmes ce qu’elles ont donné à manger aux jeunes enfants suivant une liste d’aliments. La fréquence quotidienne de la consommation des aliments des différents groupes et des repas nous donne un aperçu global de la qualité de l’alimentation et de la disponibilité alimentaire.

La combinaison des données des enquêtes anthropométriques et alimentaires nous donne « un aperçu brut et rapide » de la situation alimentaire et nutritionnelle d’une famille ou d’une communauté.

Modules, descriptions, mesures et questions possibles à poser pour le questionnaire.Le tableau ci-dessous présente les modules et les questions possibles à prendre en compte dans l’élaboration d’un questionnaire. Il faut faire le choix de type de questions à poser et comment adapter ces questions à la situation locale. Pour cela il faut surtout utiliser les modules 1 et 2, afin de donner une description générale qui pourra être utilisée pour la for-mulation et les choix des questions.

Tableau 1 : description des modules.

Module à décrire ou mesurer Questions POSSIBLES du questionnaire1. système de produc-

donne une description concise de la production

1. agriculteurs, agro-pasteurs, pasteurs, transhumance, pêcheurs etc..,description, interdépendance.

tion agricole et animale ou, en milieu urbain, des activités économiques principales

2. types de production agricole, utilisation intensive ou extensive des intrants.3. durabilité de production4. développement des prix des céréales et du bétail pendant l’annéeet les périodes de crises en particulier.

2. commu-nauté

donne de l’information sur la communauté (village, site, groupe etc..) sa composition, ses caracté-ristiques, enclavement, groupements organisés, existence des structures scolaires, sanitaires

1. type et organisation de la communauté.2. ethnies, composition, caractéristiques.3. existence des groupes organisés4. existence d’infrastructures, postes sanitaires, hôpitaux, écoles, services techniques, projets etc.

3. Ménage nombre des personnes identifiées, composition de la famille, occupation des membres, etc.

1. type et composition de la famille2. occupations et activités économiques des différents membres3. nombres de personnes à nourrir4. approvisionnement en nourriture

4. Femme âge, niveau d’instruction, adhésion à un groupe organisé, nombre d’en-fants moins de cinq ans, activités économiques principales, activités agricoles etc. CAP

1. âge et niveau d’instruction de la femme2. nombre d’enfants et âges3. activités économiques et agricoles4. connaissances, aptitudes et pratiques5. adhésion à un groupe organisé6. type d’assistance aux femmes d’un projet

5. Mari Occupations économiques (agricoles, commerce, salarié, etc.) encadrement, niveau d’instruction

1. occupations économiques2. occupations agricoles3. encadrement4. niveaux d’instruction5. accès à la terre ou propriétaire

6. Situation alimentaire familiale

Habitudes alimentaires de la famille (méthode « hier »,), approvisionne-ment en nourriture, période de pénurie ali-mentaire, stratégie d’adaptation, alimentation des jeunes enfants.

1. nombre de repas et quels repas pris « hier »2. composition des repas : aliments de base et aliments d’accompagnement3. alimentation spéciale des jeunes enfants4. contribution de la femme à la nourriture5. existence des périodes de pénurie alimentaire6. stratégies d’adaptation de la famille

7. CAP Connaissances, aptitudes et pratiques des mères sur la santé, l’hygiène, la nutrition, etc.

à déterminer par le projet

8. Anthropo-métrie

Mesures anthropomé-triques des deux plus jeunes enfants de la femme (poids par rapport à la taille et taille par rapport à âge) ; pour mieux connaître l’étiologie de la malnutrition, deman-dez aussi les maladies des deux dernières semaines

1. âge2. sexe3. taille4. poids5. périmètre brachial6. maladies des deux dernières semaines

5. Bref historique du projet.

À la demande de l’OMAES et de ses bailleurs de fond, le SOH a accepté en 1995 de financer une enquête nutritionnelle dans les Cercles de Niafounké, Diré et Goundam (Région de Tombouc-tou). Cette région a subi (et continue de subir) les effets néfastes d’une sécheresse qui s’y est installée à l’état endémique avec comme conséquences : la famine, la décimation du cheptel, l’exode, les maladies etc. Les couches les plus vulnérables - que sont les femmes et les enfants - sont celles qui ont le plus souffert de cette situation. Ceci se traduit par une augmentation croissante du taux de malnutrition infantile (surtout la tranche d’âge de 0-5 ans) et celui des femmes enceintes ou allaitantes. Aussi, la Région de Tombouctou a-t-elle été (dans les années 90) le théâtre d’une rébellion aux conséquences incalculables.

L’analyse des résultats de l’enquête a abouti à la conclusion selon laquelle, le Cercle de Nia-founké est celui qui a le plus souffert des effets cumulés de la sécheresse et de la situation d’insécurité. C’est pourquoi, les problèmes alimentaires et nutritionnels se posent dans cette zone avec acuité. Dans un tel contexte, l’OMAES, dont la mission première est de contribuer à la survie, au développement et à l’épanouissement de l’Enfance, a fait siennes les préoccupa-tions des populations de cette circonscription. Ainsi, elle a décidé, de concevoir un programme intitulé «PROGRAMME MULTI-SECTORIEL POUR L’ENFANCE» pour les communes de Bani-kane-Narhawa, de Koumaira et de Soboundou dans le cercle de Niafounké. Les axes straté-giques de ce programme ont été :

L’amélioration de la production agricole et animale en vue d’assurer la disponibilité de la nourriture en quantité suffisante ;

la diversification du régime alimentaire des populations à travers un apport en éléments de valeur nutritive reconnue ;

l’accessibilité des aliments à tous par l’accroissement des revenus des femmes (en mettant en place un sous-programme <Activités Génératrices de Revenus>), afin de leur permettre de mieux contribuer aux dépenses de soins et d’entretien de leurs ménages ;

l’accroissement de la capacité des bénéficiaires à gérer les activités mises en place à travers la recherche de l’efficacité, de l’efficience et la durabilité.

SOH a soutenu les activités du programme dans 20 villages (15 ménages ont été ciblés dans chaque village). Il s’agit des ménages considérés comme les plus vulnérables du village au cours d’une période test et de 2 phases successives. Les activités menées sont: le jardinage, le petit élevage, les banques de céréales, le petit fonds d’appui avec comme activités connexes, le suivi nutritionnel (démonstrations culinaires et suivi anthropométrique) et le renforcement des capacités des structures de gestion.

6. Les enquêtes menées en 1995.

Les enquêtes de base menées en 1995 dans les trois (03) cercles (Niafounké, Goudam, Diré) ont donné des résultats représentés dans les graphiques ci-après :

P/T moderee 70-80%

P/T grave <70%

MAG chronique <90%

0

5

10

15

20

25

30

35

40

Series1NiafounkeDireGoundam

Taux de malnutrition en % dans les trois cercles enquêtés septembre 1995 : La conclusion était claire et indiquait que Niafounké est tant sur le plan de la malnutrition aigüe – le MAG – que de la malnutrition chronique le cercle le plus touché. Cependant, le MAG était dans les trois cercles d’un niveau - >25% - justifiant l’aide alimentaire. Surtout la malnutri -tion aigüe était dans les trois cercles trop élevée.

Koumaira Central Banikane N'Gorkou Sarafere Totaux0

10

20

30

40

50

60

70

P/T 70-80%P/T<70%MAGPB severe

Résultats des taux de malnutrition en % dans le cercle de Niafounké et par arrondissement en septembre 1995.

Conclusion : Banikane était selon ces données l’arrondissement le plus touché par la malnutri-tion. La malnutrition aigue globale ou MAG mais aussi le Périmètre Brachial ou PB ou MUAC sévère étaient extrêmement élevés. Il est significatif de constater que dans tous les arrondisse-ments la malnutrition aigue sévère était plus élevée que la malnutrition aigue modérée.

7. Le démarrage du programme.

Le démarrage du programme en 1995 a intervenu juste après les accords de paix et la destruc-tion massive des armes à Tombouctou pendant la cérémonie « flamme de la paix ». Ce démar-rage a coïncidé avec les premières enquêtes de base dans les cercles de Goudam, Diré et Nia -founké. Bien que les moyens disponibles aient été très limités, la motivation de l’équipe et sa disponibilité pour le travail de terrain constituaient un atout, une grande force. SOH avait mis à la disposition de l’OMAES un petit budget pour exécuter les enquêtes. Les équipes étaient dotées des motos pour couvrir tous les villages-cibles. Une formation rapide de mise à niveau de l’équipe en méthodologie d’enquête a été réalisée. Elle s’est focalisée sur les techniques d’échantillonnage, la conduite d’une interview, les mesures anthropométriques avec des pèse-personnes et le périmètre brachial (les rubans ou MUAC). Les moyens étaient réduits mais la motivation grande.

Le ciblage des villages d’enquête fut réalisé de manière très simple avec la méthode dite de « panier ». Elle a consisté à mettre dans un panier les noms de tous les villages d’un cercle écrits sur des bouts de papiers et à procéder par un tirage aléatoire sans remise jusqu’à at-teindre le nombre de villages prédéfinis pour l’enquête. Au niveau de chaque village enquêté, chaque mère ayant des enfants moins de cinq ans fut interviewée et chaque enfant de cet âge a fait l’objet des mesures anthropométriques à travers son poids, sa taille et son périmètre brachial.

Tous les résultats furent écrits à la main dans un cahier et analysés à partir des valeurs de référence reprises dans les tableaux P/T et TA. L’absence du réseau d’électricité, voire d’un groupe électrogène n’a pas permis le traitement des données avec l’appui d’un logiciel.

Le travail fut exécuté dans des conditions extrêmement difficiles avec des longs trajets à par-courir à motos. Cela a certainement influencé la qualité des données mais au moins un grand corpus de résultats fut disponible.

À partir des résultats de l’enquête, il fut clair que le cercle de Niafounké fut le plus vulnérable en ce qui concerne l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Pour des raisons de contraintes budgétaires, SOH décida de mettre à la disposition de l’OMAES un financement pour un pro-gramme test uniquement pour le cercle de Niafounké. Ce programme test démarra en 1996.

8. Les premières leçons apprises.

Les premières leçons apprises des enquêtes et du programme test ont été bien capitalisées et surtout analysées.

Il est clair que le manque de moyens a certainement joué sur la qualité des données mais cette marge d’erreur n’est pas bien connue. Les pèses personnes n’ont pas été de meilleure qualité, toute chose susceptible de biaiser les résultats de l’enquête.

Un autre phénomène observé pendant le travail de terrain est la différence entre la qualité de travail des enquêteurs de deux sexes. Il a été remarqué que la qualité du travail livrée par les enquêteurs masculins et féminins n’était pas la même. En effet, l'exactitude avec laquelle les femmes ont mesuré les enfants était beaucoup plus grande que celle des hommes. Le pourquoi est bien clair. Ce travail est en général considéré par les hommes comme une activité féminine. Quoique toutes les données soient encore archivées, une analyse sur le pourcentage d’erreurs n’a pas encore été faite.

Un deuxième constat est uniquement d’un point de vue méthodologique. Les résultats ont été publiés en forme de pourcentages (%) de degré de malnutrition tandis qu’a l’heure actuelle toutes les données sont présentées en forme d’écart-type. La littérature scientifique ne donne pas assez d’informations sur le degré de comparabilité de deux systèmes. Cependant, il est généralement admis que les analyses basées sur l’écart-type donnent des informations plus exactes sur le vrai degré de malnutrition que celles fondées sur le pourcentage. D’autre part, il se pose le problème de comparabilité entre les données anthropométriques comme le P/T et le T/A d’une part et le PB ou MUAC d’autre part. Nos données montrent bien que les résultats en matière de la malnutrition sévère mesurés par la méthode P/T correspondent bien avec ceux obtenus avec la méthode PB. Pour la malnutrition aigue modérée par contre, les résultats obtenus avec les deux méthodes (P/T et PB) sont significativement différents.

Le même constat a également été fait sur le plan de comparabilité chronologique. Tant que la même méthodologie est utilisée les données sont comparables, mais une fois qu’on change de méthodologie la comparaison devient subjective.

Sur le plan d’impact de la méthodologie, l’approche « programme-test ou pilote » a été d’une importance capitale. Cette approche basée sur les groupements des femmes et fondée sur des interventions multiples et intégrées (jardinage, petit cheptel, banque de céréales, suivi nutri-tionnel intensif) a permis de réduire rapidement et de manière significative les taux de malnu-trition dans la zone du projet.

Enfin, la phase test ou pilote a démontré l’efficacité de l’approche communautaire dans la solution des problèmes d’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Elle peut être appliquée dans un programme plus vaste, disposant des moyens conséquents. Notons que le projet a bénéficié d’un financement modeste de SOH, suppléé par la suite par ICCO.

9. L’Histoire des différentes phases et les adaptations.

Dans sa mise en œuvre, le Projet de Sécurité et de Sécurisation Alimentaire Familiale a connu trois (3) grandes phases dont la chronologie peut se résumer de la manière suivante :

0. En 1996 : Phase pilote (démarrage) du Projet avec cinq (5) villages de la Commune de Banikane-Narhawa à savoir : Banikane village, Koïba, Ballal, Kaba et Wonko qui totalisent une population de 2478 habitants dont 1264 femmes pour 1214 hommes.

1. De 1997 - 2000 : Première phase. En plus des 5 anciens villages, le projet a fait une exten-sion des activités dans quinze (15) nouveaux villages suite aux résultats probants de la phase pilote et à la demande sans cesse croissante des populations de la zone pour béné -ficier de l’appui du Projet ; soit un total de vingt (20) villages répartis sur les trois com-

munes : Banikane Narhawa ; Koumaïra et Soboundou. L’ensemble de ces villages totalise une population de 7635 habitants dont 3894 femmes et 3741 hommes.

2. De 2000 – 2003 : Deuxième phase

3. De 2003 à 2006 : Troisième phase ou phase de consolidation des acquis et d’autonomisation des communautés bénéficiaires. Elle a concerné essentiellement les mêmes villages qui, en 2006, comptaient 8 491 habitants dont 4 331 femmes et 4 160 hommes. Le Projet de Sécurité et de Sécurisation Alimentaire Familiale (PSSAF) a pris fin en 2006. Nous avons trouvé que le projet de sécurité alimentaire n’est pas uniquement pour les familles bénéficiaires directes mais aussi pour la communauté villageoise entière à travers les apports de la banque de céréales, du maraichage, du petit élevage et des démonstrations culinaires. C’est pour ne pas stigmatiser les familles bénéficiaires directes par rapport aux autres familles qu’il est apparut important d’ajouter la dimension « communautaire ».

Le nouveau programme dénommé Projet de Sécurité et Sécurisation Alimentaire Familiale et Communautaire (PSSAFACO) a démarré ses activités à partir de 2007 selon la chronolo-gie suivante :

4. 2007 à 2009 : Quatrième phase du PSSAFACO. Elle a concerné 20 nouveaux villages des communes de Banikane-Narhawa, Koumaïra et Soboundou. Cette quatrième phase du PSSAFACO a concerné 9 302 habitants pour l’ensemble des 20 villages dont 4 750 femmes et 4 552 hommes.

5. 2010 à 2012 : Cinquième phase du PSSAFACO. Cette phase a concerné 24 villages des communes de Banikane-Narhawa, Koumaïra et Soboundou . Toutefois, il faut préciser que deux villages de la commune de Fittouga ont bénéficiés des actions du projet. Cette phase du PSSAFACO a concerné 10 250 habitants pour les 24 villages dont 5 230 femmes pour 5 020 hommes.

10. Les activités d’accompagnements (petit élevage, banques de céréales, maraîchage, etc.)

Une fois la demande d'appui à une initiative des communautés acceptée, le programme définit et élabore, conjointement avec les structures locales, le financement et les engagements d'exécution et de conduite du programme signés par l'OMAES et les CLD. Dès lors un planning d’exécution trimestriel ou semestriel des activités est élaboré par les techniciens et les struc

tures communautaires en place. Ce planning est soumis à l'appréciation des groupes cibles et de l'OMAES dans le cadre d'une structure de coordination du programme.

Le suivi et la supervision des plans d'exécution sont assurés par des comités de coordination ou consultatifs - composés de services techniques de l’État, du comité de gestion mis en place par les communautés et l’OMAES - à travers des réunions trimestrielles ou semestrielles et des missions conjointes. Une évaluation interne est faite à chaque fin de planification trimestrielle, semestrielle ou annuelle selon la nature du projet. Une évaluation extérieure « audit des comptes » a lieu à chaque fin de projet en collaboration avec les partenaires d'exécution et les partenaires financiers.

1. Banques de céréales.

Dans le souci d’assurer la disponibilité des céréales à moindre coût, le programme, avec l’appui des communautés, va approvisionner les banques céréalières au niveau des vil-lages retenus. Chaque banque est dotée d’un stock unique de 6 tonnes en mil. Signalons que la construction des magasins abritant les banques en matériaux locaux est du ressort des communautés bénéficiaires. Le projet apporte les portes, les fenêtres, les ciments, les rôniers, les lattes etc. Les principales sous-activités à réaliser dans le cadre des banques de céréales sont:

- Construction des banques de céréales.- Identification et formation en gestion des gérants des villages ; - Mise en place de la dotation unique en mil dans les nouveaux villages ; - Suivi de la commercialisation des céréales dans les banques de céréales ;- Transfert aux communautés de la gestion des banques (autonomisation)

2. Le Petit élevage.

L’élevage domestique est initié afin d’apporter aux enfants un complément alimentaire en produits laitiers et d’améliorer les revenus des ménages cibles (appui technique, financier et organisationnel pour l’élevage de 4 petits ruminants par les mères des enfants malnutris).

Le petit élevage domestique est entrepris par les 15 ménages vulnérables identifiés dans les villages d’intervention pour permettre aux femmes de produire du lait destiné essentiellement à la consommation des enfants, des enfants malnutris en premier lieu. Chaque femme dispose de quatre têtes dont deux chèvres, un bouc et un bélier. Les deux chèvres assurent la multipli-cation des animaux octroyés et la production de lait. Le bélier est engraissé et vendu. Les revenus tirés de cette vente servent en partie à remplacer les béliers vendus et à avoir des revenus supplémentaires. Toutefois, compte tenu des aléas climatiques de la zone, chaque village

qui se trouve à proximité d’un point d’eau pérenne met en valeur un périmètre de bourgou-culture qui est un fourrage bien prisé par les petits ruminants.

La pérennisation du volet est garantie par la dotation unique au niveau de chaque village. Le montant des avoirs générés par le remboursement permet à chaque village de poursuivre l’opération. La présence dans chaque village des chargés d’élevage formés et disposant des compétences en matière de suivi sanitaire des animaux et de la production des plantes fourra-gères pérennise le volet. La stratégie introduite par l’action consiste à vendre une partie de la production fourragère pour acheter les produits vétérinaires qui contribuent également à la durabilité de l’activité.

Pour la mise en œuvre de l’activité, les tâches suivantes sont exécutées :

1. Confirmation de l’identification des 15 ménages vulnérables par village;2. Identification des relais nutritionnistes, des chargés d’élevage et de bourgouculture à

raison de deux relais par village ;3. Dotation unique en cheptel ; 4. Aménagement de bourgoutières ; 5. Formation des relais chargés d’élevage et de bourgou culture en technique de dépis-

tage, de traitement des maladies et d’alimentation dans le contexte de l’embouche semi intensive ;

6. Suivi de la dotation cheptel dans les villages ; 7. Transfert aux communautés.

3. Maraîchage.

L’activité maraîchage est entreprise pour permettre aux femmes de produire elles-mêmes des légumes qui entrent dans la consommation de qualité des ménages et dans la nutrition des enfants. Le surplus est destiné à la vente pour permettre aux femmes d’accéder à des revenus monétaires supplémentaires. L’action consiste à aménager des périmètres maraîchers qui sont exploités par les femmes (en moyenne il y a 30 femmes par village qui font le maraîchage) parmi lesquels prioritairement les femmes des ménages vulnérables ciblés.

Pour la réalisation de l’activité de maraîchage, les communautés sont responsables de la clô-ture et de l’aménagement, de l’apport de la fumure organique, de la fourniture de la main d’œuvre non qualifiée, de la récupération des redevances et de l’achat des intrants. Le projet apporte le petit matériel de jardinage et la dotation unique en semences d’échalotes, to-mates, salade et pommes de terre, pour chacune des femmes ciblées. Ces revenus vont ali-menter une caisse dite « caisse de maraîchage » qui permet de prendre en charge les achats

futurs de semences et intrants et l’entretien des puits maraîchers. La même association des femmes du village, identifiée comme étant dynamique, est chargée de l’organisation des femmes autour de l’activité dans toutes ces phases sous l’encadrement de l’équipe du projet. La bonne organisation des femmes autour de cette activité, l’intérêt qu’elles y manifestent, la fonctionnalité des mécanismes d’autofinancement et la formation en techniques culturales (maraîchères) et commercialisation sont des gages à la pérennisation du volet. La mise en place d’un jardin doit obéir aux préalables suivants : disponibilité du terrain et son statut légal (pas de litige) ; disponibilité d’eau suffisante ; volonté de mener l’activité ; main d’œuvre suffi-sante ; spéculations conformes aux habitudes alimentaires des communautés et proximité des marchés potentiels d’écoulement du surplus. Pour la mise en œuvre de l’activité, les tâches suivantes sont exécutées :

Confirmation de l’identification des femmes vulnérables maraîchères par village ;

1. Identification et aménagement de périmètres maraîchers de 1 ha chacun; 2. Construction de puits maraîchers ;3. Construction de foyers améliorés ;4. Dotation unique en semences pour les périmètres maraîchers ; 5. Exploitation des périmètres maraîchers (production, consommation et

commercialisation ; 6. Formation au calcul des redevances et aux techniques culturales ;7. Réalisation de clôtures en haie vive ;8. Réalisation de brises vents ;9. Plantation d’arbres fruitiers ;10. Transfert de l’activité aux communautés ;

4. Suivi nutritionnel.

Un suivi nutritionnel est initié pour apporter un appui /conseil aux mères des enfants malnu-tris et un appui technique et organisationnel pour le suivi nutritionnel des enfants des villages encadrés. L’un des fondements de cette action est la mise en œuvre de tous les moyens néces -saires pour assurer aux enfants et aux femmes malnutris une bonne alimentation pérenne et à l’abri de tous les aléas. À cet effet, le suivi nutritionnel est une activité clé de cette action. Ainsi, il parait indispensable d’opérer à tout moment un suivi nutritionnel qui comporte diverses activités : l’identification du groupe d’enfants malnutris à la suite d’une enquête ; l’organisation des ménages ciblés, l’information, l’éducation et la communication quant à la bonne alimenta-tion des enfants et des femmes enceintes ; la pesée systématique de tous les enfants de 0 à 5 ans, les démonstrations culinaires basées sur l’utilisation des produits locaux et leur bonne

préparation pour la récupération rapide des enfants malnutris et le suivi à domicile des enfants par les relais. Ce suivi se fera régulièrement en collaboration avec le personnel socio-sanitaire

des CSCOM (Centres de Santé Communautaire) à travers des enquêtes et des pesées afin de vérifier l’impact des actions menées.

Pour ce faire, les communautés sont chargées de construire des hangars pour les séances d’Information, d’Éducation et de Communication (IEC) et de démonstrations nutritionnelles ; d’identifier 48 femmes relais nutritionnistes (2 femmes relais par village dont une principale et une suppléante pour garantir une présence régulière) pour le suivi des enfants dans les fa -milles ; de préparer des mets à donner aux enfants et de prodiguer des conseils sanitaires. Le personnel du projet assure (ra) l’identification des enfants malnutris ; l’animation des séances d’Information, d’Éducation et de Communication. Les aliments de base disponibles au village sont achetés et utilisés pour les besoins de démonstrations nutritionnelles et les balances pour les pesées des enfants. Les démonstrations nutritionnelles sont mises en œuvre pour former les mères des enfants malnutris à la préparation des aliments qui permettent la récupération nutritionnelle des enfants malnutris. Elles mobilisent toutes les femmes de l’association et permettent de former deux femmes par village à leur rôle de relais nutritionnistes villageois, pour qu’elles apportent en permanence un appui/conseil aux femmes du village.

OMAES appuie au niveau de chaque commune la création d’une association des relais nutri-tionnistes qui pourront mener aussi des actions de plaidoyer et de lobbying en faveur des enfants malnutris de la zone. Une mise en relation des relais nutritionnistes avec les Centres de Santé Communautaire est également réalisée. Elles sont , de ce fait, considérées comme des auxiliaires villageoises en matière de suivi nutritionnel des enfants.

La promotion du paquet minimum de service de santé dans les activités : l’équipe du projet en soutien aux relais, accorde une place de choix aux séances d’IEC sur la nutrition et la santé, les avantages de l’utilisation du sel iodé dans la consommation des ménages, l’utilisation des moustiquaires et la pratique de l’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois. La promotion de ce service minimum se fait lors des démonstrations nutritionnelles et du porte à porte qu’effectuent les relais nutritionnistes villageoises au niveau des ménages. De petits prix de récompense sont attribués aux ménages qui suivent normalement les consignes sur l’utilisation du paquet mini-mum. La présence dans chaque village d’intervention des relais nutritionnistes formés et fonc-tionnels rassure sur la continuation du volet.

L’Action s’attelle aussi à renforcer la collaboration entre les relais villageoises retenues et les agents sanitaires (au niveau des CSCOM) en amenant les agents à participer aux enquêtes nutritionnelles et pesées des enfants. Pour la mise en œuvre de l’activité les tâches suivantes sont exécutées :

Réalisation des enquêtes nutritionnelles des enfants 0 – 5 ans ;

1. Identification et formation de 48 relais nutritionnistes villageoises (2 par village) ;2. Démonstrations nutritionnelles; 3. Suivi de la récupération des enfants malnutris et appui / conseil aux mères ; 4. Promotion du paquet minimum d’activités et des pratiques familiales essentielles en

matière de nutrition ;5. Organisation de journées villageoises de l’état civil en collaboration avec les autorités

communales de Soboundou, Banikane Narhawa et Koumaira ;6. Réalisation d’activités de sensibilisation sur l’état civil (3 émissions radio sur l’état civil) ;7. Transfert aux communautés.

5. Renforcement des capacités

Le renforcement des capacités, tant de l’équipe du projet que des communautés bénéficiaires, constitue le piédestal sur lequel repose toute la stratégie d’intervention. Ceci est d’autant plus important que la zone d’intervention se caractérise par un taux élevé d’analphabètes. Dans un tel contexte, il est illusoire de responsabiliser les communautés par rapport aux activités ini-tiées. Le projet a, dans un premier temps, identifié les associations féminines villageoises dynamiques et répertorié les villages qui n’en disposent pas. Dans un second temps, il a ou-vert les négociations avec les associations existantes et jugées dynamiques dans le but de formaliser leurs structures, les responsabiliser sur les activités à réaliser, recenser les besoins en renforcement des capacités en vue de les former. Là où l’association n’existe pas, le projet a négocié avec les communautés sur les conditions de mise en place d’une association formelle ; sur les besoins en renforcement des capacités et les conditions de formation.

Conscient de la réalité du taux élevé d’analphabètes, l’action procède à l’élaboration d’un plan de formation pour doter l’équipe du projet et les bénéficiaires des compétences leur permet-tant d’assumer avec efficacité leurs rôles respectifs. Ceci pour rendre le personnel du projet capable d’exécuter efficacement les tâches qui leur sont dévolues et pour doter les respon-sables et les membres des structures villageoises des compétences leur permettant de mieux s’organiser et de gérer de façon efficace et durable les activités initiées dans le cadre du projet. Ainsi, la fonctionnalité des comités de gestion mis en place ; l’alphabétisation et la formation en gestion des responsables de ces comités ; la formation technique des relais et des bénéfi-ciaires sont autant de facteurs de réussite sur lesquels une attention particulière doit être accordée.

L’Académie et le CAP assurent le suivi des centres pour le contrôle de la conformité et l’éva-luation du programme d’alphabétisation.

Pour mettre l’action à l’abri des difficultés d’auto-prise en charge et de continuation des diffé -rentes activités par les populations après le désengagement, une attention particulière doit être accordée dès le démarrage à la question d’autonomisation par le renforcement des capa-cités techniques, organisationnelles et financières des communautés concernées.

L’autonomisation part de l’analyse selon laquelle la durabilité de la solution préconisée (l’amé-lioration de la situation nutritionnelle des enfants et la disponibilité alimentaire au niveau des ménages) dépend de la capacité des communautés à s’approprier des activités menées afin de les pérenniser après le désengagement du projet.

Les activités suivantes sont réalisées dans le cadre du renforcement des capacités :

1. Identification d’associations porteuses du projet et du post-projet ; 2. Identification des formateurs villageois et ouverture de centres alphabétisation ; 3. Formation / recyclage des formateurs villageois et des membres des associations en alphabé-

tisation appliquée à la gestion des activités de sécurité alimentaire ; 4. Information sensibilisation des communautés ; 5. Sensibilisation sur les questions environnementales ; 6. Montage organisationnel et institutionnel des associations féminines (1 par village), 7. Mécanisme d’auto prise en charge des activités ; 8. Transfert des compétences et des activités aux communautés.

6. Concertation/Information

Les impacts positifs du projet permettent une plus grande diffusion et vulgarisation des acquis sur d’autres villages et cercles de la région confrontés à l’insécurité alimentaire. Ce travail de partage des connaissances s’est fait à travers :

1. La médiatisation des expériences positives (qu’est-ce qui a réussi ? pourquoi ça réussi ? qui a contribué à la réussite ? comment se traduit cette réussite ?).

2. La médiatisation des expériences non réussies (qu’est-ce qui n’a pas réussi ? pourquoi ça n’a pas réussi ? qu’est-ce qu’on aurait dû faire ? etc.)

3. L’appui à l’organisation des cadres de concertation entre les différents acteurs du projet au niveau des communes.

2. Les activités génératrices de revenus

En remplacement du petit crédit qui nécessite une connaissance technique pointue, nous avons privilégié l’appui aux activités génératrices de revenus qui donnent un éventail plus grand aux femmes, car les femmes de la zone du projet sont, traditionnellement, assez actives dans les activités lucratives. Seulement, elles les pratiquent de façon rudimentaire, anarchique sans études/réflexions préalables.

Dans le cas présent, il s’agit de faire en sorte que toute activité soutenue soit pertinente du point de vue de l’atteinte de l’objectif global du projet et défendable sur le plan de la rentabili -té financière. Ceci inclut un programme de formation des bénéficiaires en rapport avec des besoins spécifiques : identification de l’activité, élaboration du bilan prévisionnel (rapport coûts/bénéfices), analyse des opportunités – risques – forces – faiblesses, tenue d’une compta-bilité simple et efficace, etc. L’appui a porté sur des activités collectives (conduites par un Grou-pement, une Association, une Coopérative, etc.…) sous forme de fonds rotatifs mais internes (au niveau du même village).

La mise en œuvre de ces activités a été assujettie à la définition des modalités de gestion contenues dans un Règlement Intérieur élaboré et adopté en Assemblée Générale.

Ce volet du projet revêt une importance capitale. En effet ; bien conçu, conduit en parfaite collaboration avec les populations dans toutes les étapes de sa réalisation ; il peut financer plusieurs autres activités et servir de base à l’amortissement de certains investissements. Exemple : les bénéfices tirés de la vente de condiments ont servi dans certains cas à financer un dépôt de vente de produits de première nécessité tels que sucre, lait, huile, dattes, ara-chides, etc.

Les fonds déjà disponibles dans les caisses villageoises sont prioritairement utilisés afin d’évi -ter une thésaurisation trop longue.

Notons que les conditions techniques, institutionnelles et réglementaires, n’étaient pas réunies pour entreprendre un programme de <crédit pur>.

Il convient de signaler que suite à la promotion des caisses d’épargne et de crédit dans la zone et par souci d’une harmonisation des actions partenaires, cette activité a été suspendue par le projet à partir de 2006 au profit des institutions financières mises en place dans la zone du projet.

11. Les résultats quantitatifs et qualitatifs du projet.

Pour la synthèse des résultats du développement des taux de malnutrition aigue des enfants de moins de cinq ans (< 5 ans) encadrés nous nous referons aux tableaux a, b, c, d et e ci-dessous.

Les résultats des taux de malnutrition globale aigue qui en 1995 étaient à Niafounké 38% ont été respectivement réduits à 25% en 1998, à 17% en 1999 et à 8% en 2000.

Une autre évolution constatée est celle de la réduction des cas de malnutrition aiguë sévère qui est successivement passée de 27% en 1995 à 6% en 1998, 3% en 1999 pour devenir nul (0%) en 2000.

Le même constat est fait au niveau des cas de malnutrition aiguë modérée. Le taux est passé de 11% en août 1995 (période hivernale) à 19% en mars 1998 (période de soudure), à 14% en mars 1999 et, à 8% en mars 2000.

Développement des taux de malnutrition aigue globale, modérée et grave en % dans les années 1995, 1998, 1999 et 2000 dans la zone du projet pour les enfants engagés.

1995 1998 1999 200005

10152025303540

aigue moderreaigue grave

Un premier constat est que l’intervention a eu effectivement un impact considérable surtout sur la malnutrition aigue grave qui était disparue totalement en 2000.

Le constat général qu’on peut faire à la lecture de ces résultats est que les interventions multi-sectorielles à travers des groupements des femmes organisées font réduire les cas de malnutri-tion aiguë grave très rapidement. En 2000, aucun cas de malnutrition aiguë grave n’est observé au niveau des enfants encadrés. Il en est de même pour les cas de malnutrition modérée.

La comparaison du statut nutritionnel des enfants encadrés et non encadrés des villages d’in-tervention telle que reprise dans le graphique montre que les enfants non encadrés

bénéficient d’une manière ou d’une autre des interventions du projet. Bien que leur taux de malnutrition soit légèrement plus élevé que celui des enfants encadrés dans les mêmes vil -lages, il est cependant plus bas que le taux de malnutrition aigue des enfants des villages non-encadrés.

Dans les tableaux c, d et e présentent le développement des taux de malnutrition dans chaque arrondissement.

De la comparaison des résultats repris dans ces différents tableaux, il se dégage les constats suivants :

Le taux de malnutrition aiguë grave baisse dans tous les trois arrondissements grâce aux inter-ventions du projet ;

Le taux de malnutrition aiguë modérée diminue également au niveau des trois arrondisse -ments et ce, malgré la hausse constatée en 1999 ;

La hausse du taux de malnutrition aiguë modérée observée à Koumaira en 1999 contraste significativement avec celle de la malnutrition aiguë grave qui a connu une hausse assez légère.

La conclusion en générale qu’on peut tirer de cette analyse est que les interventions du projet ont eu un impact très grand sur les taux de malnutritions aigue. Cependant, elles n’ont pas pu éliminer totalement la malnutrition. L’absence des structures sanitaires dans la zone d’intervention en est l’une des causes explicatives. D’autre part, bien que les cas graves aient été réduits à 0%, une approche plus intensive s’avère nécessaire surtout au niveau des connaissances, aptitudes et pra-tiques alimentaires des familles en général et des mères en particulier.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

tous les enfants encadres <5 ans dans les trois arrondissements

Total moderee

Total grave

Total globale

periode 1995 - 2000

% m

aln

utr

itio

n P

/T

La malnutrition grave est en 2000 disparue mais la malnutrition globale existe encore en 2000 : due a la malnutrition modérée ! Este-ce que cela signifie une intervention encore plus inten-sive ?

Ces résultats nous montrent aussi la disparation de la malnutrition grave mais pas celle de la malnutrition modérée. Quel facteur est responsable pour ce constat ?

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

enfants encadres <5 ans de BanikaneBanikane moderee Banikane grave Banikane globale

periode 1995 - 2000

% m

aln

utr

itio

n P

/T

12. Le rétrospectifs de quinze années de projet.

Des études de base en 1995 à la phase pilote en 1996 en passant par la phase d’autonomisation des bénéficiaires, la mise en œuvre du projet de sécurité et de sécurisation alimentaire familiale et commu -nautaire s’est déroulée en phases programmatiques successives regroupées en deux grandes étapes : la première étape est celle qui a mis un accent particulier sur la dimension familiale de la sécurité alimen -taire ; la seconde étape plus holistique a intégré la dimension communautaire de la sécuritaire alimen-taire.

La première étape peut être séquencée en quatre (4) phases :

Les études de base

Réalisées en Août 1995 dans trois (03) cercles de la région de Tombouctou à savoir : Diré, Goudam et Niafunké. Ces études ont permis de poser un diagnostic exploratoire au niveau de ces cercles afin de déterminer les zones les plus vulnérables au plan de la sécurité alimentaire. Elles ont également permis d’établir la situation de référence du projet. Au terme de ces études, sur la base de l’analyse des indices de vulnérabilité, les communes de Banikane Narhawa ; Soboundou et Koumaïra dans le cercle de Nia-funké ont été ciblées.

La phase pilote ou phase test

Adoptant une démarche prudentielle et dans le souci de tester l’approche, une phase pilote a été conduite en 1996 dans cinq (5) villages de la commune de Banikane. Cette phase était l’occasion de valider la stratégie et les approches du projet.

La phase de renforcement et d’extension du projet

Les résultats probants de la phase test ont milité en faveur d’une extension du projet à 15 nouveaux villages, portant ainsi à 20 le nombre total de villages encadrés. Démarrée en 1997, cette phase s’est poursuivie jusqu'à 2003. Elle est caractérisée par : l’ouverture du projet à deux autres communes de la zone d’intervention Koumaïra et Soboundou; l’organisation des bénéficiaires au sein des structures associatives ; la réalisation des infrastructures avec la participation des bénéficiaires notamment les banques céréalières et les périmètres maraîchers ; la mise en place et le suivi du système de prêt chep-tel ; la mise en place et le suivi du système de fonds d’appui; le renforcement des capacités des respon -sables des structures de gestion ainsi que des relais villageois.

La phase de consolidation des acquis et d’autonomisation des bénéficiaires

Elle a couvert la période de 2003 à 2006 et est marquée par une plus grande responsabilisation des bénéficiaires. Des ajustements de certaines activités dictés par la pratique ont été réalisés. C’est le cas du

volet « fonds d’appui » qui a été réorienté vers les institutions de micro finance, c’est également le cas de l’introduction de la « bourgouculture » en réponse au problème de l’alimentation des animaux ou encore l’introduction des mesures de protection environnementale (installation des brises vent, planta-tion d’arbres, vulgarisation des foyers améliorés etc.). L’autonomisation des bénéficiaires était l’objectif majeur de cette phase.

La seconde étape

Si l’approche « sécurité alimentaire familiale » présente l’avantage de cibler les ménages vulnérables, il n’en demeure pas moins qu’elle est réductrice et stigmatisant. Ainsi, la deuxième étape du projet a, en plus de la dimension familiale, prise en compte la dimension communautaire Cette seconde étape qui a démarré en 2007 a connu deux phases programmatiques de trois (03) années chacune. La première, de 2007 à 2010, a concerné les vingt (20) nouveaux villages des 3 Communes des phases précédentes ; la seconde, de 2010 à 2012, a concerné 24 autres nouveaux villages. L’implication des acteurs de dévelop-pement local à travers la mise en place des cadres de concertation, le partage des connaissances sur les expériences réussies et celles moins bien réussies, les activités de communication pour le changement de comportement sont autant de volets qui ont marqué ces deux (02) phases.

13. Les leçons apprises.

Les leçons apprises sont surtout basées sur l’expérience commune et individuelle des agents mais aussi des partenaires du programme.

Elles sont systématisées en deux types de leçons.

La première leçon apprise concerne la stratégie de l’intervention qui en réalité a été une intervention multisectorielle. Cela veut dire que pour atteindre l’objectif du programme – sécurité et sécurisation alimentaire et diminuer les taux de malnutrition, il est recommandé de mettre en place une interven-tion à plusieurs volets intégrés ( ) soutenue par un programme de renforcement des capacités.

La deuxième leçon apprise concerne la partie institutionnelle ou gestionnaire du programme.

Partie approche ou stratégie:

1. Un programme de sécurité et sécurisation alimentaire avec volet nutritionnel sans la présence de structures sanitaires (CSCOM et Centres de Références) est possible. Cependant, la présence des dites structures sanitaires est nécessaire pour référer les cas graves de malnutrition, surtout ceux avec complications qui ne peuvent être traités qu’au niveau de ces structures spécialisées. Une absence totale de structures sanitaires signifie que les enfants souffrant de cas de malnutrition sévère, avec des complications qui ont besoin d’assistance médicale, n’ont pas accès à ces services et risquent de mourir.

2. L’expérience de la période test a été importante pour valoriser les différentes approches et déve-lopper une stratégie cohérente et intégrée.

3. L’expérience de « fonds d’appui » a montré que le micro -crédit devra être géré par un organisme spécialisé en micro finance.

4. Les actions qui visent la production alimentaire locale sont indispensables.5. Un programme qui vise l’amélioration alimentaire et nutritionnelle devra être nécessairement

accompagné par un volet renforcement des capacités à tous les niveaux.6. L’approche porte d’entrée par les groupements des femmes a été bonne et nécessaire.7. Le volet « crédit semences de campagne » a été trop compliquée et devra être réalisé soit à travers

d’une dotation de semences au démarrage ou simplement laissées aux institutions de micro-fi-nances.

Partie institutionnelle :

8. Un suivi nutritionnel avec collecte de données devra être systématique et non ponctuel. Il est né -cessaire que le projet développe un protocole très clair pour garantir un suivi permanent afin de suivre et évaluer l’impact.

9. Les enquêtes nutritionnelles mais aussi le suivi de l’état alimentaire des familles concernées devront être exécutées () à périodicité fixe. L’expérience de ce projet a montré qu’une périodicité de trois mois – trimestrielle – est réaliste.

10. Le suivi et l’évaluation systématique simple est très nécessaires en ce sens qu’ils permettent au Programme de capitaliser ses expériences à tout moment.

11. Après chaque période importante et après une évaluation finale du Programme, l’équipe devra faire sa propre capitalisation selon un protocole fixe. N.B. voir le protocole en annexe !

12. Pour garantir une pérennisation mais aussi un impact optimal, il est nécessaire que les partenaires locaux à tous les niveaux soient entièrement responsabilisés.

13. Un tel projet ne peut réussir que si l’information de bas en haut est bien respectée et effectivement mis en œuvre.

14. Recommandations pour le démarrage des projets similaires.

Des « projets identiques » veulent dire en général des projets dans des situations des crises alimentaires et des crises nutritionnelles mais surtout des situations d’insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique.

Le plus important cependant est de faire un très bon diagnostic de la situation. Diagnosti-quer veut dire d’un part faire un inventaire de la situation alimentaire et nutritionnelle de toute la population, en général, et des groupes les plus vulnérables à l’insécurité alimen-taire et nutritionnelle, en particulier.

A ces jours le concept HEA – approche économie de ménage - a été bien développé dans les pays sahéliens. C’est une approche qui analyse l’économie du ménage en termes alimentaires, économiques, financiers, sociaux, répartition des tâches entre homme et femmes etc. et qui permet une analyse tridimensionnelle sur le plan socio-psycho-écono-mique. Elle classifie les ménages en catégories socio-économiques : nantis-moyen-pauvre-très pauvre.

Il faut cependant à tout moment faire au moins un inventaire de la situation ou un diag-nostic ou encore une étude de base. Ces études, quelle que soit leur appellation, évaluent au moins la situation alimentaire et nutritionnelle des ménages mais aussi la composition de la famille, les relations entre les genres, les ressources disponibles en bras valides, en terres cultivables, en animaux, en crédits, en eau mais aussi la disponibilité des structures sanitaires et scolaires et surtout leur qualité etc. Nous donnerons en annexe l’exemple des modules et questionnaires utilisés en sachant que les enquêtes à ce moment sont plus adaptées et sophistiquées.

15. Epilogue de la part d’Aart van der Heide auteur principal.

Le cercle de Niafounké fut frappé par l’insécurité à partir de 2012 et tous les projetsont fermé leurs portes. La question qui se pose est surtout la question de résiliencedes communautés. Les communautés bénéficiaires du projet, ont-elles pu profiterdes interventions de l’OMAES ?

Nous posons les questions suivantes.

1. La question qui se pose est «pourquoi n’y-a-t-il pas d’analyse sur l’impact dechaque activité afin de mieux comprendre l’impact par activité ? » Cette question est très pertinente mais malheureusement le système de monitoring ousuivi n’existe plus. Ensuite, il faut dire que ni l’OMAES et ni le bailleur de fondsà l’époque – ICCO – ont voulu introduire cette nécessité.

2. En termes de résilience, il sera très important mais aussi intéressant de savoirconcrètement comment les activités du projet OMAES ont été durables. Il estconnu que la zone d’intervention a été frappé par les événements d’insécuritédepuis 2012. Il sera intéressant de faire une enquête auprès des anciens bénéficiaires comment les activités introduites par le projet OMAES ont été durableset ont renforcé la résilience d’une manière durable.

3. Comment faire visible des rappels invisibles par les gens sur place qui ont bénéficié du projet ?

4. Si cette information pourrait être collectée par l’OMAES d’autres organisationsauront des lignes directrices valables pour des nouvelles interventions.

5. Il faut bien savoir comment les changements ont été réalisés.

Recommandations à l’OMAES :

Il faut si possible organiser une enquête sur le terrain pour répondre à ces questions qui seront très importantes pour bien identifier l’impact de chaque actionmais aussi trouver la réponse sur la question de résilience. Si non, la bibliothèque

ANNEXES

ANNEXE 1 : Résultats des premières études

1. Première étude : Août 1995

Tableau : nombre d’enquêtés à Niafounké, Diré et Goundam.

Niafounké Diré Goundam Totaux Arrondissements 5 4 4 13villages 25 20 28 73 Ménages 450 394 460 1.304Enfants<5ans 448 357 480 1.285Élèves 238 608 - 846

Tableau : taux de malnutrition dans les trois cercles enquêtes 19954.

Cercle N P/T modérée70-80%

P/T grave<70%

P/T <80%Malnutrition aiguë

T/A en retard <90%Malnutrition chronique

NiafunkéDiréGoundam

370 356 472

11,1%15,2%11,9%

25,9%9,3%

12,7%

37,0%24,5%24,6%

Tableau : résultats des taux de malnutrition dans le cercle de Niafunké et par arrondissement en 1995.

arrondissement N-enfants P/T et (PB)

P/T 70-80% P/T<70% P/T global PB sévère

Koumaira 96 (100) 8,3% 19,8% 28,1% 16%

4tableau : taux de malnutrition aiguë des élèves et enfants non scolarisés par cercle en 1995.

Cercle P/T 70-80% P/T<70%

Niafunké enfants pas scolarisés

Elèves

10%

9%

5%

2%

Diré élèves 10% 2%

Goundam élèves ? ?

CentralBanikaneN’GorkouSaraféréTotaux

59 (50)98 (89)29 (99)97 (100)370(448)

20,3% 8,2% ? 9,3%11,1%

18,6%57,1% ?12,4%25,9%

38,9%65,3% ?21,7%37,0%

22%62% 4%11%22%

Tableau : morbidité et mortalité infantiles brutes sont estimées en 1995.

Niafunké Diré Nombre d’enfants 448

357 Nombre d’enfants malades pendant les enquêtes : 78 13 Décès d’enfants depuis la dernière récolte : 55 30 sans réponse 45 8 maladies les plus fréquentes : fièvre fièvre

Diarrhée diar-rhée

2. Troisième étude : janvier 1999

Tableau : moyenne des taux de malnutrition aiguë au sein des enfants des groupements de femmes encadrés mesurés mensuellement pendant 11 mois de l’année 1998 : cercle de Niafounké, trois arron-dissements.

Cercle et arrondissement Nombre de mesures P/T 70-80% P/T <70% P/T <80%KoumairaCentralBanikaneTotaux

9989451.4783.241

15%16%26%20%

7%8%17%12%

22%23%43%32%

NB : Le nombre total de 3.421 est le cumul de toutes les mesures pendant 11 mois, ce que revient à une moyenne de 331 mesures par mois.

3. Quatrième étude: Mars 1999.

Tableau. Comparaison malnutrition aiguë villages et enfants encadrés en non encadrés en Mars 1999 et comparée avec 1995.

arrondissementsou Communes

Août 1995Identification

enfants encadrés des villages encadrés 1999

Enfants non encadrés des villages encadrés 1999

enfants non encadrés 1999, villages témoin

Koumaira

Banikane

globale 28%modérée 8%grave 20%

globale 39%modérée 19%grave 20%

globale 65%modérée 57%grave 8%

globale35%modérée 30%grave 5%

globale 15%modérée 15%grave 0%

globale 15%modérée 13%grave 2%

globale 57%modérée 44%grave 13%

globale 42%modérée 36%grave 6%

globale 36%modérée 20%grave 16%

globale 61%modérée 44%grave 17%

globale 77%modérée 54%grave 23%

globale 63%modérée 48%grave 15%

Nous distinguons les 10 modules suivants.

1. Module système de production : l’aperçu général de la production agricole et animale de la zone et des marchés (système de production et réseau économique) - information sur la disponibilité et accessibilité alimentaire ;

2. Module taux de change - la fluctuation et le développement des prix des denrées alimentaire et prix de bétail ; information sur la disponibilité et accessibilité alimentaire ;

3. Module communauté, y compris l’histoire concise des différentes interventions etc. : information sur le développement social et économique mais aussi culturelle de la communauté et surtout l’orga-nisation et leur dynamisme ;

4. Module ménage en général : information sur la composition du ménage, les relations en termes de genre mais aussi le statut social etc.

5. Module mères ou les chefs de ménages en particulier ainsi que leurs maris : information sur les activités économiques de la femme mais aussi du mari etc.

6. Module habitudes alimentaires de la famille en général et des jeunes enfants en particulier ; infor-mation alimentaire et nutritionnelle ;

7. Module stratégies d’adaptation et existence de périodes de pénurie alimentaire; comment surpas-ser les périodes de pénuries alimentaires ;

8. Module eau potable – disponibilité d’eau potable : ou WASH.

9. Module CAP - les connaissances, aptitudes et pratiques en santé, hygiène et nutrition des mères ; comprendre la situation sanitaire et nutritionnelle :

10. Module anthropométrie - l’état nutritionnel des enfants de 0-5 ans qui sont considérés comme le groupe le plus vulnérable : l’état nutritionnel par l’anthropométrie ;

Les données seront collectées par intermédiaire d’une enquête type étude de base. Un modèle de ques -tionnaire se trouve en annexe. Le traitement des données collectées et l’interprétation est donné en forme de six études de cas dans la publication « Sécurité alimentaire et amélioration nutritionnelle au niveau familial : expériences des ONGs au Mali ».