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Dossier Addictions comportementales N° 173 - Printemps 2016 www.amitie.asso.fr Association d’Aide et de Prévention Alcoolisme et Toxicomanies La Poste Orange Le point sur la loi santé Le Calme Un centre alternatif

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Dossier

Addictionscomportementales

N° 1

73 -

Prin

tem

ps 2

016

www.amitie.asso.fr

Association d’Aide et de Prévention

Alcoolisme et Toxicomanies

La Poste Orange

Le point sur

la loi santé

Le Calme

Un centre alternatif

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Amitié La Poste Orange - 82 bis, rue Blomet 75015 Paris – Tél. 01 53 79 61 61 – Fax 01 45 63 98 41www.amitie.asso.fr - [email protected]

Directeur de la publication : Christian Trémoyet.Rédactrices en chef : Laura Bodin - Blandine Becker - Comité de rédaction : Emmanuel Grelaud, Bernard Maligne, Hervé Neveu, Hervé Panier, Daniel Pélardy.

Ont collaboré à ce numéro : Marion Lagarde, Coralie Meunier, Dominique Parton, Daniel Renambatz, Nadège Viriot.Journalistes-rédactrices : Anne-Claire Gras, Agnès Morel - Correction : Chantal Lamarque de l’agence Textuelle.

Crédit photos : © Amitié LPFT, © Fotolia, © Agnès Morel, © Gérard Vignais. Maquette et impression Imprimerie Salomon 378, avenue de l'Industrie 69140 Rillieux-la-Pape

N° ISSN Amitié : 2105-6366 - Paru en : avril 2016 - Dépôt légal : à parution - Tirage à 25 000 exemplaires

Administrateur régionalM. Christian CHARLES06 41 25 16 [email protected]

CHAMPAGNE-ARDENNE

Administrateur régionalM. Jackie [email protected]

Coordinatrice régionaleMme Nadège VIRIOT06 33 85 02 [email protected]

ALSACE LORRAINE

Administrateur régionalM. Alain PRENEL06 89 51 83 [email protected]

BOURGOGNE FRANCHE-COMTÉ

Administratrice régionaleMme Sylvie VERNET06 76 74 81 [email protected]

Coordinateur régionalM. Joël BONNARD06 89 50 25 [email protected]

RHÔNE-ALPES

Administrateur régionalPhilippe WICART06 33 60 74 [email protected]

Coordinatrice régionaleMme Coralie MEUNIER06 84 93 40 [email protected]

PACA

Administrateur régional etCoordinateur régionalM. Dominique PARTON06 07 30 51 [email protected]

AUVERGNE LIMOUSIN

Administratrice régionaleMme Isabelle MOTHES06 75 92 28 10 [email protected]

Coordinateur régionalM. Bernard MALIGNE06 76 73 77 [email protected]

AQUITAINE

Administrateur régionalM. Hervé NEVEU06 85 32 94 [email protected]

POITOU-CHARENTES

Administrateur régionalM. Rémi LÉ[email protected]

PAYS DE LA LOIRE

Administrateur régionalM. Christian TRÉMOYET01 53 79 61 61 [email protected]

Coordinatrice régionale Mlle Vitaline PIGEON06 83 54 50 [email protected]

BRETAGNE

Administrateur régionalM. Dominique GARDIN06 07 30 75 [email protected]

NORMANDIE

Administrateur régionalM. Denis MACE06 75 92 25 [email protected]

Coordinateur régionalDaniel RENAMBATZ06 76 73 99 [email protected]

ÎLE-DE-FRANCEAdministrateur régionalM. Richard WOZNIAK06 73 15 22 [email protected]

Coordinatrice régionaleMme Anne FRION06 76 73 69 [email protected]

NORD - PAS-DE-CALAISPICARDIE

Amitié La Poste Orange

e s t à v o t r e

écoute !

Retrouvez les coordonnées des responsables départementaux en page 19 de cette revue et sur notresite Internet www.amitie.asso.frPour les régions Centre, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, adressez-vous au siège d'Amitié.

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Amitié en action 4 et 5

> AG 2016 : rendez-vous àParis !

> Le bénévolat, un engagementà valoriser

> Des formations pourprogresser et se retrouver

Question de fond 6 à 9

> Addictionscomportementales : quand lebanal fait souffrir

Sources et ressources 10 à 13

> Le Calme, un centre alternatif

> Le point sur la loi santé > La stéatose, un foie trop gras

Interview 14 et 15

> Didier Mary

Vie des régions 16 et 17

Zoom sur 18

sommaireédito

Le militantisme,c’est moderne !

Proximité, écoute et soutien. Ces mots résonnent pour chacundes acteurs de l’Association Amitié La Poste Orange depuis

plus de cinquante ans. Avec nos partenaires historiques La Posteet Orange, nous avons développé un modèle associatif unique,pour lequel nous affichons chaque année plus fort notre volontéde le développer, de l’enrichir.

En ce sens, la première conférence organisée le mardi 22 mars2016 à la Maison des Associations de Rennes exprime biennotre positionnement : échanger afin d’identifier des réponsesconcrètes pour mieux accompagner les individus.

« Sortir des clichés. Apporter des réponses adaptées. Agir demanière appropriée. Mieux dialoguer en famille. Savoir évaluerles risques. Connaître les lieux d’aide et d’écoute…  », cesthématiques sont largement débattues dans ce qui constituesans nul doute une nouvelle expression de notrepositionnement unique.

Le projet associatif, dont les différentes étapes vont se déroulerjusqu’en 2019, avance de manière participative avec élus etsalariés. Nous nous préparons ainsi aux défis qui se posent auquotidien pour l’aide et l’accompagnement des personnesdépendantes.

Les modes de consommation changent et les modes decommunication avec nos adhérents également. Les réseauxsociaux, dont il n’est plus à démontrer l’importance dans lacommunication au quotidien entre les individus, vont êtreconsidérés pour compléter nos dispositifs de lien avec lesmilitants et les salariés des entreprises partenaires. D’unemanière plus large, l’Association devra se doter des moyens decommunication modernes désormais normaux.

Un point, majeur pour l’Association Amitié La Poste Orange,constitue notre ADN et nécessite une vigilance et une animationpermanentes : l’humain au centre de nos préoccupations.Ce militantisme est résolument moderne, et comptez sur moipour le porter haut et fort !

Le PrésidentChristian Trémoyet

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�AMITIÉ EN ACTION

amitié La Poste Orange

2016 est une année importante pour notre association.En effet, c’est l’année du lancement du projet associatifavec la mise en œuvre des neuf programmesopérationnels. Beaucoup de travail et de réflexion envue  ! L’Assemblée Générale va donc représenter unmoment crucial pour évoquer, ensemble, ce projetcommun, pour faire un point d’étape sur les avancéesde chaque programme, et pour répondre aux questionsde chacun.Comme l’année dernière, un groupe de travail a étéconstitué afin d’organiser ce rendez-vous. L’événementayant lieu à Paris, c’est la région Île-de-France qui a, cetteannée, été sollicitée. Deux conférences suivies de tempsd’échanges et de débats seront proposées. Depuis sacréation, Amitié propose son aide sans distinction desexe, de rang social… ni d’âge. Il existepourtant une gêne à parlerd’addiction quand elle touche nosaînés. C’est pourquoinous avons souhaité

leur consacrer, cette année, nos échanges. La premièreconférence animée par le Dr Dorothée Lécailler, médecinaddictologue et coordonnateur de la clinique desÉpinettes à Paris, abordera la problématique desaddictions  : les seniors sont-ils plus vulnérables  ?Quelles sont les spécificités liées à cette population ?Quelles addictions touchent plus particulièrement cettepopulation ? Quels sont les risques liés au passage à laretraite ? Comment aider et accompagner les personnesen souffrance ? La deuxième conférence s’intéressera,quant à elle, au bénévolat : quelle est, aujourd’hui, laplace des seniors dans le monde associatif ? Pourquoil’engagement bénévole attire-t-il de plus en plus dejeunes retraités  ? Les deux conférences ainsi mises

en place et animées par desprofessionnels de la santé et dumilieu associatif nous éclaireront

dans notre réflexion. �

Christian Trémoyet

AG 2016 : rendez-vous à Paris !Amitié La Poste Orange organise son Assemblée Générale annuelle les 22 et 23 avril prochains, auStudio Raspail, à Paris. L’occasion de se retrouver et de débattre, alors que l’association entame unvirage décisif dans ses cinquante-quatre ans d’existence.

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amitié La Poste Orange

Accompagner les militants-bénévoles dans leurengagement associatif et leur travail de terrain est l’une

des priorités de l’association. Pour cela, elle mise sur lessessions de formation et sur les moments de cohésionqu’elles font naître. En septembre dernier, les nouveauxbénévoles de l’association étaient ainsi accueillis à l’occasiondu module intégration, organisé sur trois jours, à Paris.L’objectif principal était de leur faire découvrir plus amplementAmitié La Poste Orange, ainsi que ses missions de prévention,d’aide, d’accompagnement et de vie associative. Deux anciensbénévoles avaient fait le choix d’y participer pour réactualiserleurs connaissances. Le bilan de la formation s’est révéléparticulièrement positif, notamment grâce à la dynamique quis’est créée au sein du groupe.

En novembre, à Paris toujours, un autre module était proposéaux militants-bénévoles menant déjà des activités deprévention. Trois jours de formation, sept participants venusde toute la France et un seul mot d’ordre : se perfectionnerdans l’organisation et l’animation d’actions de prévention.

À la suite du succès remporté par ce module, une deuxièmesession a été programmée en janvier, à Angers, auprès desmilitants-bénévoles des Pays de la Loire. Un bénévole dePoitou-Charentes était également présent pour accompagnerla mise en place dans sa région de prochaines actions deprévention. Les participants ont à leur tour souligné la qualitéde la formation, et ont apprécié qu’elle soit organisée enrégion, sur le terrain. De nouvelles dates ont d’ores et déjàété planifiées pour le reste de l’année. �

Christian Trémoyet, Président d’Amitié La Poste Orange,a introduit cette journée consacrée au bénévolat en

revenant sur quelques-uns des objectifs qui ont guidél’année 2015 : recruter de nouveaux militants, développerles parcours de formation et mettre en place le groupe detravail «  Militantisme et bénévolat  ». Il a aussi rappelél’importance de cette thématique pour le lancement duprojet associatif, à travers le programme intitulé« Redynamiser la vie associative », validé et lancé en cedébut d’année. Le réel enjeu de cette journée était donc deréaffirmer les bases développées en 2015 par le pôle Aide,accompagnement et bénévolat ainsi que par le groupe detravail « Militantisme et bénévolat », et d’être en capacité deporter ce message.

Après avoir évoqué quelques éléments de contexte, laresponsable du pôle a présenté les outils développés parle groupe de travail. Deux kits ont ainsi été créés, l’unconsacré à la recherche de bénévoles, l’autre à leur accueilet à leur intégration. Le premier contient des annonces, des

affiches, des flyers, ainsi que des témoignages. Il peut aussiservir de guide à l’organisation d’un forum dédié aubénévolat. Le second inclut, quant à lui, le schéma d’accueilet d’intégration qui sert à présenter aux personnesintéressées le parcours et les démarches à effectuer afin dedevenir bénévole chez Amitié.

Parmi les nouveaux outils mis en place en  2016, lesmilitants-bénévoles devront signer avec l’association uncontrat d’engagement réciproque. De même, ils recevrontune carte d’identité associative, attestant leur engagementmilitant. Ces dispositifs ont pour objectif de valoriser cetengagement en faveur de l’accompagnement, de laprévention et de la vie associative.

Tout au long de cette journée, de nombreux tempsd’échanges et de réflexions ont encouragé chacun às’exprimer sur le sujet. Cette réunion a aussi permis decomprendre comment l’association pouvait s’adapter auxnouveaux profils de bénévoles et quels étaient les enjeuxdes outils d’accueil et d’intégration. �

Le bénévolat, un engagement à valoriserLe 5 février dernier à Paris, l’association a organisé une journée consacrée au recrutement et àl’accompagnement des bénévoles animée par Marion Lagarde, Responsable du pôle Aide,accompagnement et bénévolat. Administrateurs élus, administrateurs etcoordinateurs régionaux y ont participé.

Des formations pour progresser et se retrouverAmitié a récemment organisé trois sessions de formation à l’attention de ses militants-bénévoles,qu’ils soient nouveaux venus ou investis de longue date. Des rendez-vous portés par unevraie dynamique de groupe.

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�quEsTION dE fONd

amitié La Poste Orange

Addictions comportementales :quand le banal fait souffrir

Accros aux jeux en ligne et aux écrans, aux achats, au sexe ou au travail...

On parle de plus en plus de ces addictions qui se focalisent sur des gestes

du quotidien. Les chercheurs tentent, de leur côté, de percer les

mécanismes de ces troubles qui handicapent la vie de ceux qui y sont

confrontés. Qu’est-ce qui les différencie des addictions avec substances

(alcool, drogues) ? Comment les prévenir et les prendre en charge ?

Et surtout, toutes les petites actions de notre vie courante sont-elles

susceptibles de basculer dans la dépendance ?

Il y a quatorze ans, Sybille* pous-sait pour la première fois la portedes Débiteurs Anonymes (DA),

réseau d’entraide destiné aux per-sonnes confrontées aux difficultésliées à l’argent telles que le débitcompulsif et l’anorexie financière.« J’avais atteint la banqueroute, per-sonnelle comme pro-fessionnelle. J’étaisdésespérée, à deuxdoigts de liquidermon activité », se sou-vient cette chef d’en-treprise. « À cetteépoque, je ne m’oc-troyais aucune dé-pense pour les divertissements, lesvacances. Par contre, je pouvais dé-penser des sommes folles en sacs,chaussures, robots de cuisine… »Une situation intenable, que Sybilletait à son entourage, à son médecin

traitant. « En rejoignant les DA, j’aipu m’identifier aux autres, recon-naître le problème. » Notammentgrâce à un questionnaire que l’asso-ciation soumet à la jeune femme.Laissez-vous traîner les courriers devotre banque sans jamais les ouvrir ?La pression de vos dettes rend-elle

votre sommeil diffi-cile ? Elle répond« oui » à toutes cesquestions : Sybille estbel et bien en situa-tion d’« addictioncomportementale »,c’est-à-dire, pour re-prendre la définition

donnée par la psychologue Isa-belle Varescon**, professeur à l’uni-versité Paris-Descartes, « un pro-cessus interactionnel entre unindividu et un objet externe ou uneactivité banale, mis à la disposition

de tous, qui conduit à une expé-rience sur laquelle se développe unedépendance principalement psy-chologique en raison des effets plai-sants qu’elle procure et des fonc-tions qu’elle remplit ».

Le jeu pathologique,seule addiction « officielle »

L’émergence de la notion d’addic-tion comportementale est récente.En 1980, le DSM***, ouvrage de ré-férence pour les psychiatres dumonde entier, évoque pour la pre-mière fois le jeu pathologique, qu’ilqualifie de « trouble de l’impul-sion ». Mais il faut attendre plus detrente ans pour qu’il décrive ce trou-ble du comportement comme uneaddiction à part entière, le temps demener les recherches suffisantespour prouver, notamment grâce à

J’avais atteint labanqueroute,personnelle commeprofessionnelle

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l’imagerie fonctionnelle, les simili-tudes entre addiction au jeu et ad-diction à l’alcool ou à la drogue, etde poser des critères de diagnostic etd’évaluation qui fassent consensus.Aujourd’hui, le jeu pathologique estla seule addiction comportementalepour laquelle il existe des donnéeschiffrées fiables. Ainsi, on saitqu’en 2014, la France comptait1,9 % de joueurs excessifs ou àrisques (contre 1,4 % en 2010).

Depuis 1980, aucune autre addic-tion sans substance n’a fait son en-trée dans la bible de la profession.Par contre, cette dernière reconnaîtque certains comportements,concernant Internet et les jeux vi-déo, méritent d’être étudiés plus at-

tentivement. Mais cela prend dutemps. « Pour inclure une nouvelleaddiction, les membres du DSM ontbesoin de recul et de données suffi-santes », résume Gaëlle Challet,coordinatrice d’études cliniques àl’Institut fédératif des addictionscomportementales**** (Ifac), basé àNantes. Depuis 2010, cette struc-ture concentre ses travaux sur septgrandes « familles » : les jeux de ha-sard et d’argent, les jeux vidéo, lesexe et les relations affectives, l’ali-mentation, les activités sectaires, lesachats compulsifs, l’activité phy-sique. « Au niveau clinique, certainscomportements apparaissentcomme clairement addictifs, pour-suit Gaëlle Challet. Ils ont commepoints communs la souffrance de la

personne concernée et son incapa-cité à contrôler son comportement.C’est ce qui nous sert de base com-mune à tous les diagnostics. »

En parallèle, les grilles d’évaluationse multiplient. Elles sont censéesservir d’outils de mesure objectived’un trouble. Par exemple, le ques-tionnaire WART, qui se focalise surl’addiction au travail, liste différentesquestions, dont les réponses peu-vent servir d’éléments de « repé-rage » : « Vous retrouvez-vous tou-jours en train de travailler après quevos collègues ont arrêté ? Vous po-sez-vous toujours la même question,sans le réaliser, et après avoir déjàreçu la réponse ? » Le questionnaireSPORT se concentre quant à lui sur

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amitié La Poste Orange

Addictions comportementales :quand le banal fait souffrir

En 1990, le psychiatre américain Aviel Goodman définit l’addiction comme « un processus par lequel uncomportement, qui peut fonctionner à la fois pour produire du plaisir et pour soulager un malaise intérieur,

est utilisé sous un mode caractérisé par l’échec répété dans le contrôle de ce comportement et la persistancede ce comportement en dépit des conséquences négatives significatives ». Le médecin détermine quatrecritères de premier plan : impossibilité de résister aux impulsions, tension croissante juste avant le début ducomportement, plaisir ou soulagement pendant sa durée, mais aussi perte de contrôle. À cela s’ajoutent deséléments de second plan, tels que les tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le compor-tement, ou le besoin d’augmenter l’intensité pour obtenir l’effet désiré. Aujourd’hui encore, c’est sur cettedéfinition que s’appuient les spécialistes. �

Une définition qui fait consensus

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la pratique d’une activité physique :« Poursuivez-vous un exercice phy-sique intense en dépit de maladiesphysiques graves causées ? Votre ac-tivité sportive entraîne-t-elle des dif-ficultés ou conflits avec la famille,les amis ou l’employeur ? » Mais ces« tests » plus ou moins fiables n’ontpas tous été validés par la commu-nauté scientifique. « Nous privilé-gions l’approche qualitative à l’ap-proche quantitative (combiend’argent dépensé ? Combien detemps à jouer ?), prévientGaëlle Challet, de l’Ifac. Il est es-sentiel de resituer ces comporte-ments dans leur contexte, propre àchaque individu. » En ce quiconcerne le jeu pathologique, lasonnette d’alarme est souvent tiréepar l’entourage du joueur. « Ce sontparfois les membres de la famillequi, les premiers, vont détecter qu’ily a un problème et faire la démarcheauprès d’un centre de soins », noteServane Barrault, maître de confé-rences en psychologie clinique etpsychopathologie, et l’une des réfé-rentes sur le volet « addictions aujeu » pour les centres de soins, d’ac-compagnement et de prévention enaddictologie (CSAPA) de Tours etsa région.

Une prise en charge essen-tiellement psychologique

Alors, addiction avec ou sans subs-tances, même combat ? Sybille, desDébiteurs Anonymes, établit cer-tains parallèles : « Chez moi, l’enviede dépenser montait comme cellede boire un verre d’alcool. Derrièreces deux comportements, le mêmebesoin de remplir un vide. » Le jeupathologique, lui, est également as-socié aux notions de tolérance et desevrage. Pour s’enivrer, l’alcoolodé-pendant boira des quantités de bois-sons toujours plus importantes.Pour atteindre l’état de stimulationdésiré, le joueur sera de son côtéamené à parier des sommes toujoursplus élevées. « De même, le conceptde sevrage constitue éga-lement un critère diag-nostique du jeu patho-logique, relève lepsychologue canadienDarryl Upfold. Même sidans le cas du jeu patho-logique, on ne parle pasde sevrage, il est question d’agitationou d’irritabilité lors des tentativesd’abandon partiel ou total du jeu. »

Qu’en est-il en termes de prise encharge ? Dans le cas de l’addiction àl’alcool ou aux drogues, il est possi-ble de supprimer ou de diminuer la

consommation du produit avecl’aide de traitements pharmacolo-giques : le baclofène pour l’alcoolpar exemple, des traitements desubstitution pour certaines drogues.Dans le cas d’addictions comporte-mentales, si des traitements peuventêtre prescrits pour traiter un troubleassocié tel que la dépression oul’anxiété, aucun médicament n’agitdirectement sur le comportement enquestion. « La molécule miracle quiempêcherait les joueurs ou les ache-teurs compulsifs de se ruiner de parleurs excès n’existe pas ! » avoueIsabelle Varescon. « L’abstinencepeut être envisageable dans le cadredu jeu pathologique, reconnaît Ser-vane Barrault. Mais ce n’est pas for-

cément l’objectif de lathérapie. Certainespersonnes veulentrapprendre à jouersans excès. Dans cecas-là, on parle d’ob-jectif de jeu contrôlé.Dans le cadre du jeu

en ligne, cet objectif peut être at-teint notamment grâce aux outils delimitation proposés par les plate-formes [lire en encadré page 9].L’idée n’est pas de restreindre lejoueur, mais bien de l’aider à pou-voir supporter ces limites. Couplés àune prise en charge (médicale, psy-chologique, sociale), ces outils sontune aide. »

Face aux addictions comportemen-tales, la prise en charge est avanttout d’ordre psychologique. À l’ins-tar de ce qui est proposé aux per-sonnes en situation d’addictionsavec substances, elle peut prendrela forme de thérapies cognitivo-comportementales (centrées surles pensées et les croyances, et vi-sant l’apprentissage de nouveaux

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�quEsTION dE fONd

amitié La Poste Orange

Nous privilégionsl’approchequalitative àl’approchequantitative �

«Chez moi, une addiction remplaçait l’autre. Je les décelais au furet à mesure », se souvient Sybille, du groupe d’entraide Débiteurs

Anonymes. Ce cas de figure est assez fréquent. Comme le recense lapsychiatre Marie Verschave, 50 % des joueurs pathologiques ont présentéun abus ou une dépendance à une substance psychoactive. De son côté,le médecin Thierry Bougerol rappelle que 25 % à 30 % des boulimiquesont connu une addiction à une substance. Et les achats compulsifs sontliés à la consommation de drogues dans 22 % des cas. �

Un trouble, puis un autre

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comportements) ou motivation-nelles (qui s’intéressent aux motiva-tions du patient à entrer dans lesoin). La participation à des groupesde parole peut aussi être proposée. Àl’Ifac par exemple, un suivi globalpeut être mis sur pied. Il inclut, se-lon les situations, thérapie familiale,accompagnement par un assistantsocial, etc.

Tous addicts ?

Ces dernières années, à travers lemonde, des spécialistes ont élargi lechamp des addictions, en s’intéres-sant à une vaste palette de cas, allant

de la dépendance à la voyance enpassant par celle au bronzage ou à lachirurgie esthétique. Allons-nousassister à un allongement de la listedes addictions comportementales ?Peut-être. « Mais attention à la "pa-thologisation" à l’extrême », met engarde Mélanie Trouessin, doctoranteen philosophie, qui travaille sur unethèse intitulée « L’addiction commepathologie de la volonté : repenser lafaiblesse de la volonté à la lumièredes sciences cognitives ». « Certainsécrivains se disent par exemple "ad-dicts" à l’écriture parce qu’ils y pas-sent beaucoup de temps, mais c’estlà confondre addiction et passion. »

L’addiction comportementale n’estpas qu’une mauvaise habitude à la-quelle on peut facilement mettre fin.Elle implique une perte de contrôle.Et des risques très importants,même si la santé des patients, dansle cas des acheteurs compulsifs parexemple, ne semble pas, à premièrevue, mise en péril. « Même si onn’en a pas toujours conscience, lesconséquences de ces achats com-pulsifs peuvent être dramatiques,pointe Sybille. Si l’on tombe maladephysiquement avec l’alcool, on peutaussi, à cause de l’argent, mettre savie en danger : en se suicidant, en semettant à voler ou à se prostituer, ense retrouvant à la rue… Quand onaccumule des dettes atteignantjusqu’à 200 000 euros, la situationest très grave. » �

ACG

_______

* Le prénom a été modifié.** Les addictions comportementales : aspectscliniques et psychopathologiques, sous la directiond’Isabelle Varescon, Éditions Mardaga (2009).

*** Manuel diagnostique et statistique des troublesmentaux.

**** Plus d’infos sur www.ifac-addictions.fr (l’Ifacrecherche régulièrement des personnes pourparticiper à des études).

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amitié La Poste Orange

Horloge indiquant le temps passé à jouer, plafonnement des mises,messages d’alerte liés aux pertes, auto-exclusion… Depuis la

loi de 2010 relative à l’ouverture du marché des jeux en ligne, lesopérateurs sont obligés de proposer aux internautes des outils afinqu’ils puissent contrôler et modérer leurs habitudes de jeux. « En cela,le programme du jeu responsable s’inscrit dans la tendance récentede remise en question du dogme absolu de l’abstinence, et de celuide la prohibition ou de la guerre des drogues, dans la lignée de cequ’on appelle la réduction des risques, qui s’applique dans les autresdomaines de l’addictologie », analyse Mélanie Trouessin. Avec unelimite : « Le soin est laissé à l’individu lui-même de se reconnaîtrecomme joueur problématique. »  �

Des outils pour contrôler son jeu

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�sOuRCEs ETREssOuRCEs

amitié La Poste Orange

Le Calme

Un centre alternatifVincent n’est pas vieux, mais il a le

regard cerné par vingt ans d’addic-tion. Il est le premier, cet après-midi defévrier, à prendre la parole pour rendrehommage à l’équipe qui lui a fait « trèsbon accueil », lui qui ne s’était jamais sentibien nulle part. Il sort de sa cure,l’esprit léger.

Chaque semaine, au Calme, à Cabris, setient la « réunion du jeudi » à laquelle tousles patients sont invités à participer. Unmoment d’échange, qui permet deprésenter la cure, d’écouter le récit despatients sortants, mais également de fairele point sur le quotidien. On y parle dudernier barbecue ou de la musique quel’on pourrait écouter le soir, en fondsonore. « Vivre en collectivité pendantquatre semaines, ce n’est pas évident »,concède son directeur, Rémy Baup. Lepsychologue poursuit : « Ici, les pension-naires partagent leur chambre et mettentle couvert. Il leur faut réapprendre à vivreavec l’autre. Cela fait partie des soins enpsychothérapie institutionnelle. »

Une thérapie assez différente de ce qui sepratique ailleurs, et ce, depuis la créationdu Calme, au début des années 1980,dans la lignée de l’antipsychiatrie. Ici,contrairement à un service hospitalier ouà un centre classique, il n’y a pas desédatifs, d’odeur de désinfectant, de néonsphosphorescents. « On s’y sent tout desuite bien », confirme Vincent, 35 ans,qui a passé ses dix premiers jours de

sevrage assis sur un banc de l’ancienneauberge, que l’on appelle « la Maison », àcontempler la vue imprenable sur le lacde Saint-Cassien, en contrebas. « Aucuneporte n’est fermée, on est libre d’aller faireun tour au village ou dans la campagnesi on le souhaite. Libre d’utiliser le réfri-gérateur commun, de faire du feu dans lacheminée, ou même de jouer à lapétanque. C’est très appréciable. »

« Aucune porten’est fermée »

Dès leur arrivée, le mardi, les nouveauxse mêlent au groupe des patients… etdes soignants. Impossible d’ailleurs dedistinguer au premier coup d’œil qui estqui  : au Calme, il n’y a ni blouses nibadges. Priscilla, Nicolas, Olivier… Tout lemonde se tutoie et s’appelle par sonprénom, y compris le directeur, qui laissetoujours la porte de son bureau ouverte« au cas où » quelqu’un passerait seconfier. « Cette proximité est très impor-tante, car cela rassure et permet deretrouver un sentiment de sécurité »,explique-t-il. C’est dans cet esprit que lecentre propose à tous les nouveauxarrivants d’aller boire un dernier verre aucafé du village, avant d’entamer la cure.« Cela évite les incidents de sevrage etmontre que nous parlons le mêmelangage. Nous sommes tous dans lemême bateau ! »

Près de Grasse, dans

les Alpes-Maritimes,

une petite équipe

propose une cure pas

tout à fait comme les

autres. On y privilégie

le bien-être du

patient, ainsi que le

dialogue avec les

soignants, très

accessibles. Surtout,

le soin se fonde

essentiellement sur le

groupe et la thérapie

de groupe. Reportage

au Calme1 de Cabris.

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Justement, la parole est très importante.Pendant leur cure, les pensionnairespeuvent s’adresser à tous les membresde l’équipe soignante, quels qu’ils soient :psychologues, psychiatres, médecins,infirmiers, administratifs…, mais ils sontégalement incités à échanger avec les« fées du logis » et lescuisiniers, qui les côtoienttous les jours. «  Chefcuistot », Annie aime bienpapoter, remonter lemoral, donner des idéesde recettes, ou même,pour elle qui a connuautrefois la dépendance,des conseils de survie, « par exemple,comment gérer, si l’on est invitéquelque part ».

Tous sont invités aux réunions de resti-tutions qui permettent de faire le point,chaque matin, sur l’évolution desrésidants. « Mine de rien, c’est atypique,ce travail en équipe », témoigne Barbara,infirmière, avant de rejoindre ses collèguespour le déjeuner. Entre les carottes râpéeset le tajine fait maison, on y évoque le casd’un patient qui « a quitté ses tendancessuicidaires », ou celui d’un autre, qui « sedérobe lors de la thérapie de groupe ».

Car au Calme, s’il est bien sûr possible desolliciter une consultation individuelle avecl’un des psys, l’essentiel du travail résidedans la thérapie de groupe, mise en placeaprès le sevrage. « Même si la Maison

peut ressembler à un gîte de vacances,on n’est pas en colo ! » plaisante Vincent.

Pas de camisole chimique Première étape, le sevrage. À l’arrivée, ilfaut arrêter l’alcool… et tout le reste. Lesdeux tiers des entrants au Calme présen-

tent aujourd’hui unedépendance conjointe àl’alcool et aux médica-ments, observe l’équipe.«  Principalement despsychotropes, prescritspar les médecins généra-listes, pour soulager lestroubles dépressifs et les

états d’anxiété provoqués par l’addiction.Certains patients en détournent l’usage etdeviennent addicts », explique le direc-teur. Somnifères, antidépresseurs,tranquillisants… sont donc réduitsprogressivement, sauf en cas de patho-logie psychiatrique.

Au sevrage succède la cure proprementdite. Elle comprend peu d’activités, àl’exception d’informations en addictologie,ainsi que d’exercices de relaxation, afind’«  apprendre à se déconnecter dumoment présent ». Ici, les patients consa-crent l’essentiel de leur temps à la thérapiede groupe, soit douze séances de groupesde parole.

Vincent fait partie du groupe des Jaunes,animé par la psychologue Priscilla. « Ellenous propose de raconter notre histoire.

Quelqu’un se lance, puis les autres inter-viennent, et elle nous demande de creusertel ou tel aspect », explique-t-il. Comme parun effet miroir, chaque histoire faitrésonner celle des autres. « Ce n’est pasfacile, on y parle de choses douloureuses.C’est très émouvant… », lâche le jeunehomme, qui a maintenant identifié« pourquoi il était là ».

Thérapie de groupeLe Calme, qui se situe clairement dansune pratique psychanalytique, oriente letravail sur les origines de l’addiction : àquel mal-être initial l’alcool a-t-il servi demédicament  ? «  Souvent, constateRémy Baup, il y a une confusion entre le"comment" et le "pourquoi" : si l’on se metà boire après un deuil, par exemple, c’estque cela ravive quelque chose qui s’estpassé dans l’enfance, un abandon, uneabsence… » Aux patients de creuser…

Mais en un mois, la cure seule ne permetpas d’être sorti d’affaire : il faut ensuitecontinuer ce travail, via un CSAPA2, unethérapie en ville, un mouvement d’entraidetel qu’Amitié La Poste Orange... « AuCalme, on a coutume de dire que l’onremet le train sur les rails, explique sondirecteur. Il faut ensuite qu’il aille de gareen gare. » �

AM

_______1 Centre d’action et de libération des malades

éthyliques. Il en existe un autre à Illiers-Combray, près de Paris.

2 Centre de soins, d’accompagnement et deprévention en addictologie.

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amitié La Poste Orange

Apprendre à sedéconnecter dumoment présent

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�sOuRCEs ETREssOuRCEs

amitié La Poste Orange

Actualité

Le point sur la loi santé Reporté après les attentats de novembre, le projet de loi de « modernisationde notre système de santé » a enfin été adopté au Parlement, et la loi santé aété promulguée le 26 janvier dernier. Si l’on a beaucoup parlé de sa mesurephare, la généralisation du tiers payant, on sait moins qu’elle concerneégalement la prévention des addictions.

Marisol Touraine, la ministre de laSanté, l’avait annoncé en 2013 :

« Notre système de santé s’est essen-tiellement développé autour du soin,alors que le premier objectif doit êtred’éviter qu’apparaisse la maladie. » Saloi s’articule donc autour de trois axes :la réforme du système de soins de proxi-mité, la création de nouveaux droitspour les patients (tiers payant, droit àl’oubli pour les anciens malades…), etenfin, le renforcement de la prévention. - Les jeunes en premier.En matière deprévention, elle entend ainsi améliorerla détection des conduites addictiveschez les plus jeunes, en renforçant lerôle du médecin traitant. Contre l’alcool,elle réitère les sanctions prévues dansle cadre de bizutages étudiants et d’inci-tations à consommer. La lutte contrel’obésité (information nutritionnelle),l’anorexie (surveillance des manne-quins) et l’exposition aux rayons UVest aussi au programme. - Salles de shoot. La loi Touraineautorise, et c’est une première, lacréation pour six ans de salles deconsommations à moindres risques,destinées aux consommateurs desubstances illicites. Une révolution !

Elle encourage aussi le développementde tests de dépistage du sida, de l’hépa-tite C et des maladies sexuellementtransmissibles.- Paquet neutre. Malgré l’oppositionféroce des industriels et des buralistesdepuis son annonce au Programmenational de lutte contre le tabagisme, lepaquet neutre sera bien mis en placedès mai 2016 : un véritable succès…bien que certains tabacologues auraientpréféré voir le prix du paquetaugmenter. À noter aussi l’interdictionde fumer en voiture en présenced’enfants. En revanche, le gouverne-ment reste frileux en ce qui concernela e-cigarette, avec interdiction d’en fairela publicité et de vapoter dans les lieuxpublics, ce qui marque un net recul pourses partisans.- Assouplissement de la loi Évin. Lanouvelle loi est un « échec total surl’alcool », déplorait, dans le JDD,Claude Évin, l’ex-ministre de la Santé,qui avait donné son nom en 1991 à la loilimitant la publicité sur l’alcool. Contrel’avis du gouvernement, le Sénat a eneffet adopté un amendement prévoyantun assouplissement de la loi Évin, endistinguant publicité et information

œnologique, qui a ensuite été conservépar les députés, au nom de « la promo-tion de la filière viticole ». Une véritablecatastrophe pour l’ensemble des addic-tologues. �

AM

« En tant que Président d’Amitié, jedéplore profondément l’assouplisse-ment des règles de communication surl’alcool qui distinguent désormais infor-mation et publicité. Cette distinction estporteuse de risques graves sur la diffu-sion de promotion des alcools. Pournotre association qui travaille au quoti-dien sur le terrain, cela constitue mêmeun recul en matière de prévention, alorsque l’alcoolo-dépendance reste en 2016une question majeure de santé publique,avec de plus en plus de jeunesconcernés. Cette situation est extrême-ment préoccupante. »

Christian Trémoyet

Le point de vued’Amitié La PosteOrange

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amitié La Poste Orange

Imaginez un foie confit de graisse. Pasun foie d’oie ou de canard, mais unfoie d’humain. « C’est à cela que lefoie ressemble », explique Victor deLedinghen, chef de service en hépato-gastro-entérologie au CHU deBordeaux. « La stéatose est un motpompeux pour désigner la présencede graisse dans le foie. »

On le sait depuis peu, cette pathologietouche des personnes ayant unemauvaise hygiène de vie, souffrant desurpoids ou de diabète. On l’appellealors « stéatopathie ». Mais la causeprincipale reste bien la consomma-tion excessive, voire la dépendance àl’alcool. On parle alors de « stéatosealcoolique », une pathologie qui passesouvent inaperçue, car les patients neprésentent pas de symptômes. « Iln’existe aucun chiffre, mais elle doitêtre très répandue, puisque l’on saitque 5 à 10 millions d’adultes vivent

en France avec un problèmed’alcool », calcule le médecin.

Un foie malade sansaucun symptôme

Or, il est formel : « L’alcool est leprincipal agent causal des pathologiesdu foie. » Plus l’on boit, plus lesrisques sont élevés. C’est à ce titre queles hommes, qui consomment engrosse quantité, sont plus touchés queles femmes. Les patients sont généra-lement des seniors, ils ont 50 ans etplus, mais « avec l’augmentation dubinge drinking, on voit arriver, dansnos services hospitaliers, des patientsen état critique, âgés d’à peine40 ans », regrette Victor de Ledinghen.Contrairement aux idées reçues,quinze ou vingt ans d’alcool« suffisent » pour développer unepathologie.

Mais, ce qui inquiète le médecin etses homologues n’est pas la stéatoseelle-même. « En soi, avoir de la graissedans le foie, ce n’est absolument pasgrave, et l’on peut même vivre toute savie avec, il n’y a pas de danger »,rassure le spécialiste. Ce qui le préoc-cupe, en revanche, ce sont lescomplications.

Un premier pas versla cirrhose

Des complications qui arrivent trèsfréquemment puisque, ne présentantaucun symptôme, la plupart despatients ne connaissent pas leur état desanté et continuent de vivre commeavant, c’est-à-dire, de vivre… alcoo-lisés. « Et ce qui est plus ennuyeux,c’est la possibilité de voir évoluer lastéatose, bénigne, en fibrose. Desfibres se développent alors dans lefoie, qui gonfle, se durcit. Ensuite,cela peut donner une cirrhose. Et c’estlà, le véritable danger », avertit-il.

Car on ne peut pas s’en sortir à tous lescoups. « La stéatose, c’est très simple.Une fois que l’on a arrêté de boire, endeux semaines, il n’y a plus de graissedans le foie, l’effet est immédiat. » Letraitement est plus compliqué, enrevanche, pour une cirrhose, d’autantque les patients s’en rendent comptetardivement, quand apparaissent lescomplications : yeux jaunes, eau dansle ventre, hémorragies digestives…Même si l’on arrête l’alcool, il fautalors se faire hospitaliser, voire solli-citer une greffe. Et la guérison n’estpas toujours possible. �

AM

La stéatose, un foie trop grasL’alcool est toxique pour l’organisme, notamment pour le foie. D’après la Sociétéfrançaise d’hépatologie, la cirrhose liée à la consommation d’alcool cause,chaque année, plus de 8 000 décès. Elle fait des ravages, car elle s’associe,dans un cas sur cinq, à un cancer. La stéatose est l’un des premiers stadespossibles de la cirrhose. Zoom.

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Comment s’est nouée votre collaboration avec Amitié ?

Lorsque je suis arrivé ici, le CHSCT (comité d’hygiène,de sécurité et des conditions de travail), qui avait déjàtravaillé avec Amitié il y a quelques années, m’a proposéd’organiser une action de prévention, et j’y ai adhéré toutde suite. Cela fait quinze ans que je travaille dans lesressources humaines, et à ce titre, je suis très sensibiliséaux risques psychosociaux. Et puis, faire de la prévention,cela fait partie du cœur de métier des DRH, et notammentsur les addictions, même si cela n’est pas toujours inscritnoir sur blanc dans les documents officiels d’Orange. Maisce forum, c’était une occasion à ne pas rater. Cela permettaitd’établir un premier contact entre les salariés de la DSI etdes gens qui connaissent les addictions, avec qui ilspouvaient parler librement.

Ce forum vous a-t-il demandé beaucoup de travail ?

Nous avions envie que cela réussisse, alors oui, nous avonsbeaucoup travaillé ! À vrai dire, cela n’a représenté quedeux réunions de préparation de quarante-cinq minutes,où nous avons décidé des actions à mener et qui les prenaiten charge. Puis, le jour J, début janvier, il a fallu être présent

durant plusieurs heures pour installer et accueillir lesintervenants. Tout le monde a été d’accord pour participer.Le forum a rassemblé deux membres du CHSCT, quatremilitants d’Amitié La Poste Orange, ainsi qu’un médecin,une infirmière et une assistante sociale.

Quelle en était l’organisation ?

Le forum était organisé aux 10e et 26e étages de la Tour dela Part-Dieu, de 8h30 à 14h30. Pendant cette demi-journée,les trois cents collaborateurs de la DSI pouvaient passerquand ils le souhaitaient, en arrivant, en buvant leur café,ou à l’heure du déjeuner. Il y avait quatre espaces : toutd’abord, un espace documentation, avec des dépliantssur l’alcool mais aussi sur le jeu, les drogues, etc. ; undeuxième espace, où l’on pouvait chausser des lunettes quisimulaient l’état d’ébriété. C’est imparable : impossible demarcher sur une bande de scotch ; au bout de trois pas, onn’est plus sur la ligne… Dans un troisième lieu, on pouvaits’informer sur le taux d’alcoolémie et son évolution. J’y aipar exemple appris qu’il fallait attendre une heure pourque son taux commence à redescendre (en moyenne0,15 g/h pour un verre standard)… Et enfin, un coin plustranquille, afin de pouvoir discuter discrètement.

14

�INTERvIEw

amitié La Poste Orange

�Face auxaddictions, le DRH

est toujours unpeu désemparé�

Didier Mary est Directeur des ressources humaines

(DRH) au sein de la Direction dessystèmes d’information (DSI) d’Orange

Lyon depuis le 1er octobre dernier.Il s’occupe de trois sites lyonnais, la Tourde la Part-Dieu, quai Gailleton et Caluire,

ainsi que de celui de L’Isle-d’Abeau,dans l’Isère.

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amitié La Poste Orange

��Diriez-vous que cette première action a été un succès ?

Il y a eu une bonne fréquentation, mais je ne connais pasprécisément les retombées, cela relève de la confidentialité…Ce que je sais en revanche par le CHSCT et Amitié, c’estque cela a libéré la parole, et que certains collaborateursse sont dits intéressés par une suite. C’est pourquoi noussommes en train de monter, avec Amitié, une action deformation destinée aux managers début avril. Ce serontdeux journées différentes, car les managers se situent dansl’accompagnement, sur le terrain, du salarié en difficulté,et les RH, plutôt dans sa prise en charge. Ce sont eux quirelaient le manager et prennent contact avec le médecinou l’assistante sociale. S’il y a plus de demandes que deplaces dans ces formations, nous ouvrirons unetroisième journée.

Il y a donc une véritable attente de la part des managers ?

Comment accompagner un collaborateur qui souffre d’uneaddiction ? À vrai dire, cela me paraît très important, jesuis même convaincu que c’est une formation que lesmanagers devraient suivre dans leur formation initiale !En tant que DRH, je ne l’ai par exemple jamais été, alorsque j’ai déjà rencontré cette situation. Or, bien souvent,face aux addictions, on ne sait pas quoi faire, on estdésemparé. Même si l’on peut compter sur un médecin,une infirmière ou une assistante sociale, on tâtonne…car c’est la personne elle-même qui peut décider de sesoigner ou non. Faut-il lui laisser du temps ? Ou bien, peut-on créer un déclic, en la sanctionnant ? Cela m’est arrivéune fois : j’ai convoqué un collaborateur, et il a ensuite prisla décision d’aller en cure… avant, malheureusement dereconsommer.

C’est difficile pour l’employeur ?

En effet, d’autant plus que parmi les intervenants (manager,RH, assistante sociale, médecin du travail…), nous sommestous partagés, et ne savons pas à quel moment déclencherles choses. Certains peuvent penser que la personne endifficulté va réagir, d’autres non… Tout le monde a peurd’échouer, de ne pas réussir à l’aider. Sans compter qu’il ya la personne en souffrance, mais aussi les collègues de sonéquipe qui pâtissent de la situation. Que faire pour les aider ?

Cette formation pourra-t-elle apporter des réponses ?

Plutôt que des réponses toutes faites, j’attends plutôt despistes de réflexion qui pourraient nous permettre de mieuxgérer ce type de situation. L’idée, c’est d’encourager lesparticipants à raconter des situations qu’ils ont vécues etde faire du partage d’expérience. Savoir que telle réactiona fonctionné dans telle situation, c’est important, mêmesi cela ne marche pas systématiquement. Ce qui compteaussi, c’est d’écouter le ressenti et de comprendre commentd’autres ont pu vivre cette situation. Tout cela devrait nouspermettre d’avoir plus de recul et de prendre les bonnesdécisions.

Y a-t-il d’autres actions à annoncer pour 2016 ?

Oui, nous travaillons avec l’équipe du forum à l’organisationd’une action sur un autre site de la DSI, quai Gailleton, àLyon. Cela prendra un peu plus de temps, car ce siteregroupe plusieurs unités d’Orange et de La Poste, maisc’est en cours ! Et au vu des retombées de ce premier forum,il est fort probable que d’autres DRH de la DSI me contactentpour organiser également un forum chez eux ! �

AM

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amitié La Poste Orange

Île-de-France

Les nouvelles technologies en débat

Le groupe francilien a participé à une commission paritaire pluridisciplinaireorganisée par une entreprise partenaire d’Orange, afin de mener une

sensibilisation aux problématiques d’addictions. Cette intervention s’estfocalisée sur les addictions comportementales et, plus spécifiquement, sur lethème des nouvelles technologies. En ces temps de « digitalisation despratiques », le sujet est important, et pose une question essentielle : l’usageexcessif des nouvelles technologies peut-il entraîner l’apparition de dommagesphysiques, psychiques et/ou sociaux ? Cette interrogation soulève aujourd’huidavantage de questionnements que de réponses. Mais le rôle d’Amitié LaPoste Orange est également d’accompagner ses partenaires dans leursréflexions face aux nouvelles problématiques rencontrées dans le cadre deleurs missions. Ces rencontres sont aussi toujours l’occasion de rappeler notremission d’accompagnement auprès de toute personne en difficulté, dans sadémarche de soin ou dans son questionnement. �

DR

Pays de la Loire

Pour les bénévoles, place à la féerie !

Un éléphant plus vrai que nature, des créatures inspirées des mondessous-marins de Jules Verne… Sur le site exceptionnel des anciens

chantiers navals, à Nantes, de drôles d’animaux, en acier ou en bois,éblouissent et intriguent les badauds. Ce sont les Machines de l’île, néesde l’imagination de François Delarozière et Pierre Orefice. Un cadremagique où se sont retrouvés, en octobre dernier, quarante-troisbénévoles d’Amitié La Poste Orange, venus de cinq départements(44, 49, 53, 72 et 35). Le clou de la journée ? Le tour de manège, dans unmagnifique carrousel dédié à l’océan et à son bestiaire fantastique. Cetteattraction géante, de près de vingt-cinq mètres de haut et vingt-deuxmètres de diamètre, accueille petits et grands sur trois niveaux, au milieud’une véritable dentelle de béton, surmontée d’un chapiteau orné defrontons. De quoi retomber en enfance, le temps de quelquesminutes féeriques ! �

BL

Nord - Pas-de-Calais - Picardie

Un nouvel élan

chez Orange

En ce début d’année, l’association sefélicite d’avoir noué des contacts

intéressants auprès de l’entrepriseOrange, dans le département du Nord.

En effet, l’unité de production réseau(UPR Nord) a sollicité Amitié La PosteOrange afin de former ses managers etses salariés du secteur médico-social.Deux groupes, composés de managers,d’assistants sociaux, d’infirmiers et depréventeurs, ont été sensibilisés par lepôle Prévention sur la gestion desrisques « alcool et drogues », les 2 et4 février derniers. Ces formations ontreçu des retours très positifs.M. Millien, préventeur à l’AG Pro chezOrange Nord de France, a contactéAnne Frion, coordinatrice de la région,afin d’en savoir davantage sur le paneldes outils proposés par l’association.

À la suite de cet échange, il a étéconvenu de sensibiliser les agents del’AG Pro Villeneuve-d’Ascq lors dedeux jours de séances d’informationssur « l’alcool et les risques routiers »,au mois d’avril, afin de faire de laprévention auprès de l’ensemble desagents de son secteur, cadres et non-cadres. L’ association y a répondupositivement. Il est également prévude former les cadres de l’AG Pro Nordde France sur la prévention desaddictions via de nouvelles sessionsdestinées aux managers. ���

AF

�vIE dEs RÉGIONs

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amitié La Poste Orange

Le 22 mars, Amitié La PosteOrange a organisé une

conférence sur le thème « Lesjeunes et l’alcool » à la Maisondes associations de Rennes. Cetévénement, à destination desfamilles et des professionnelsconcernés par les addictions, aété animé par la sociologuerennaise Guylaine Bénec’h. Cettedernière a donné des conseilsavisés pour faciliter le dialogueparents/enfants, mieux accompagner les adolescents endifficulté, et réduire les risques. Quelques comédiens de lacompagnie de théâtre d’improvisation d’étudiants de Rennes,les Beaulieuz’art, ont joué des saynètes pour illustrer, avechumour, les sujets abordés. C’était une « conférence accessible,vivante », explique un des participants, « la participationactive du public est la bienvenue, elle permet une meilleureimplication ».Chaque participant a ensuite été invité à échanger, dans uneambiance conviviale, autour d’un pot. Ce rendez-vous a réunides adhérents de l’association, des salariés des entreprises, desreprésentants associatifs et des professionnels de santé de larégion. Ce beau projet a vu le jour grâce au travail de lacoordinatrice et de plusieurs militants-bénévoles de la région,qui se sont fortement investis. ���

AZ

Retrouvez plus de

�vIE dEs dÉlÉGATIONssur notre site Internetwww.amitie.asso.frrubrique Actualité > en bref

Rhône-Alpes

Former les directeurs et lesencadrants

Faire prendre conscience du rôle prépondérant de la prévention :tel était l’objectif de cette journée de prévention organisée le

7 janvier dernier dans les locaux du centre financier de Grenoble, etconsacrée aux addictions. Clémentine Rapin, Chargée de préventionpour Amitié La Poste Orange, et Sylvie Vernet, Responsabledépartementale d’Amitié en Isère, se sont exprimées devant lesdirecteurs, responsables des ressources humaines, encadrants,médecins du travail et assistants sociaux du courrier GrenobleOuest, à qui s’adressait cette formation. Les deux intervenantes enont profité pour approfondir les points que les participantsignoraient. Cette séance riche en enseignements s’est terminée avecune galette des rois. �

SV

Bourgogne Franche-Comté

Vingt-huit personnesrencontrées àBesançon

Le 2 février dernier, Karim Ben Bouali,Responsable du pôle Prévention d’Amitié La

Poste Orange, et Alain Prenel, Administrateurrégional Bourgogne Franche-Comté, ont animédeux réunions de sensibilisation, de deux heureschacune, à Mediapost Besançon, filiale du groupeLa Poste. Au total, vingt-six salariés et deuxencadrants ont été sensibilisés à la problématiqueliée à la consommation de substancespsychoactives en milieu professionnel. Cetteintervention, qui faisait suite à une demande de ladirection, a permis de faire le point sur lesdifférents produits, leurs usages et lescomportements induits. Elle a aussi été l’occasiond’échanger autour de l’impact de cesconsommations sur le plan de la santé-sécurité autravail, et de rappeler les responsabilités de chacunen matière de réglementation. �

Sensibilisation express !

Àla demande de la plateforme de distribution etde préparation du courrier Haut-Doubs et Pays

de Courbet, Amitié La Poste Orange est intervenue,en novembre dernier, dans cinq établissements,lors de sessions d’information d’une durée detrente minutes chacune. L’occasion de faire de lapédagogie sur l’alcool et ses effets, et desensibiliser les participants au risque routier. Lereprésentant de l’association ainsi que l’agent deprévention en établissement (APE) ont pris laparole devant quatre-vingt-cinq facteurs et agents.Des échanges très constructifs en ont découlé,surtout auprès du personnel féminin et des jeunesagents. �

AP

Bretagne

Jeunes et alcool : unesoirée pour réunir familleset spécialistes

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Opiacés

Des médicaments qui inquiètent

Le recours à l’oxycodone et au fentanyl, deux puissants antalgiques prescrits pour soulagerla douleur, fait naître, en France, des inquiétudes en matière d’addiction. On retrouve ces

opioïdes dans des médicaments de type Oxycontin, Actiq ou Durogesic, indiqués notammenten cas de douleurs postopératoires ou chroniques. Depuis quelques années, alors que cesdeux molécules étaient initialement administrées sous forme injectable, de nouveauxconditionnements sont commercialisés, type comprimés, sucettes ou sprays nasaux. Résultat :leurs prescriptions se sont développées et élargies. Classés sur la liste des stupéfiants, cesdeux médicaments sont délivrés selon des règles strictes. Malgré tout, les risques d’abus et dedépendance subsistent. En France, plusieurs cas de toxicomanie médicamenteuse, avec escaladedes doses et installation d’une véritable dépendance, ont été observés. Aux États-Unis et auCanada, de plus en plus d’overdoses mortelles sont dénombrées. Face à ce réel problème desanté publique, il semble urgent de trouver les modalités de prise en charge pour les patientsdevenus accros à ce type de médicaments. �

DP

Né en Suède, et déjà adopté par les Londoniens, le phénomène des fêtes sans alcool sembleprogressivement s’implanter dans l’Hexagone. Le principe de ces « clean» ou « sober parties» ?

S’amuser sans consommer une goutte d’alcool ! À Stockholm, des événements sont organisésdepuis 2014, rassemblant jusqu’à neuf cents personnes en boîte de nuit. Avant de les laisser

entrer, les organisateurs contrôlent l’alcoolémie des participantsen les faisant souffler dans un éthylotest. Puis, à l’intérieur de ladiscothèque, les « mocktails », petit nom donné aux cocktails sansalcool, se consomment sans modération. Le concept de ces fêtesd’un nouveau genre se décline à travers différentes initiatives. Ainsi,les campagnes britanniques « Go Sober for October » et « DryJanuary », littéralement « Reste sobre en octobre » et « Janvierau sec », incitent les internautes à rester sobres pendant un

mois. En France, les prémices du mouvement se font sentir. En octobre dernier, la RATP a organisé,en partenariat avec Virgin Radio et À Nous Paris, la troisième édition de son « Lunch Beat » : centquatre-vingts voyageurs se sont retrouvés, entre midi et deux, sur une piste de danse installéepour l’occasion dans le métro, le tout avec distribution de boissons exclusivement sans alcool. �

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�zOOM suR

amitié La Poste Orange

Phénomène

Sans alcool, la fête est...

à lire

L’autoguérison au quotidienDe Harald KlingemannÉdition Favre (2014)

Alcool, boulimie, drogue, tabac : le sociologue suisse Harald Klingemann, spécialiste des addictions,s’est intéressé à ceux qui ont réussi à se débarrasser seuls, et durablement, de leur dépendance, sans

aucune aide professionnelle. Et ils sont plus nombreux qu’on le croie. Les « guéris » qu’a interrogésl’auteur expliquent leurs motivations, leurs méthodes de mise à distance du « produit », et livrent deprécieux conseils. À travers ces témoignages, certaines certitudes thérapeutiques, comme l’injonction àl’abstinence totale, sont questionnées. Un ouvrage encourageant, enrichi par les commentaires éclairésdu chercheur, qui ne dénigre pas pour autant le travail des spécialistes. �

Loi santé

Interdiction devapoter danscertains lieuxpublics

Promulguée le 26 janvier, la loi demodernisation du système de

santé redéfinit, dans son article 28,certaines règles concernant lacigarette électronique. Désormais, ilest officiellement interdit de vapoterdans certains lieux publics  : lesétablissements scolaires et ceuxdestinés à l’accueil, à la formationet à l’hébergement des mineurs ; lesmoyens de transport collectif fermés ;les lieux de travail fermés et couvertsà usage collectif. Pour le moment,les bars et les restaurants ne sontpas concernés. Le texte interdit parailleurs à tous les occupants d’unvéhicule de fumer une cigarettedite «  classique  » en présenced’un mineur. �

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