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© E. Carcano Arbres et forêts 40 septembre 2013 Arbres et forêts 41 septembre 2013 Planchers, toitures, ustensiles de cuisine, meubles d’intérieur ou d’extérieur, jouets, matériau de chauffage, le bois envahit toutes les pièces et tous les recoins de nos maisons. Chaleureux, coloré, souple et résistant, il s’adapte à tous nos besoins. BOIS Le bois chez soi

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Arbres et forêts 40 septembre 2013 Arbres et forêts 41 septembre 2013

Planchers, toitures, ustensiles de cuisine, meubles d’intérieur ou d’extérieur, jouets, matériau de chauffage, le bois envahit toutes les pièces et tous les recoins de nos maisons. Chaleureux, coloré, souple et résistant, il s’adapte à tous nos besoins.

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« Toutes les maisons devraient être en bois »« Le bois est une matière facile et rapide à mettre en œuvre, très isolante et qui stocke le C02 ». Avant de se rendre à ce qu’il appelle une « évidence » pour la réalisation de l’extension de sa maison de Villeurbanne, Serge Boyat, autoconstructeur et membre de l’association des Castors Rhône-Alpes, pensait plus classiquement avoir recours à la brique monomur pour son inertie. « Cepen-dant, outre qu’elle représente beaucoup d’énergie grise*, la brique exigeait une isolation supplémen-taire », précise-t-il. Ce dessinateur industriel, qui avait déjà participé à la construction de quatre maisons neuves, découvre au gré de ses nom-breuses lectures le pouvoir isolant de la paille.

Associée à la paille, l’ossature en bois tombait alors sous le sens. « Et puis cela me rappelait les cabanes qu’on faisait quand on était gamins », ajoute-t-il. L’autoconstructeur a opté pour du pin Douglas, choisi chez un scieur de la région : « Disponible pas trop loin, pas trop cher, cette essence présente de bonnes caractéristiques mécaniques, en particulier de résistance à la compression, et on peut l’utiliser également en bardage. » Le chantier avance, pas tout à fait assez vite à son goût. Car Serge Boyat fait tout. Il estime en effet difficile de trouver les artisans adé-quats : « Il va falloir du temps pour former les professionnels, redécouvrir des techniques. Alors qu’aujourd’hui, toutes les maisons devraient être faites en bois ! » l

Pour se sentir bien

Les isolants en fibres de bois (ou laine de bois) proviennent du défibrage

des bois sans valeur, issus des travaux sylvicoles ou des chutes des scieries. Non irritant à la découpe, résistant au feu et ne dégageant pas de fumées toxiques, c’est aussi un matériau respirant, régulateur d’humidité, qui offre d’excellentes performances acoustiques et thermiques. Ce sont des panneaux en fibres de bois qui ont été utilisés pour le refuge du Goûter, à près de 4 000 mètres d’altitude, sur la route du sommet du Mont-blanc !

L’industriaLisation de la filière et les techniques employées autorisent la préfabrication de panneaux en atelier.La construction proprement dite est ainsi plus rapide, ce qui s’avère moins contraignant que la maçonnerie, davantage dépendante de la météo.

Pour la structure

Légère, isolante, préfabriquée en atelier, l’ossature en bois permet des chantiers rapides, en filière

sèche et sans nuisance (peu de bruit et de poussière). Des atouts appréciés dans les secteurs d’habitat dense, pour les extensions et les surélévations de bâtiments existants, ou quand les délais sont contraints. La technique commence même à prendre de la hauteur en France : jusqu’à huit étages ! Revêtus de terre cuite, d’alliages bois-résine, voire de béton, nombre de bâtiments en structure en bois ne se distinguent en apparence pas des autres.

sous nos Pieds

on ne présente plus le plancher en bois,

qu’il soit classiquement cloué sur lambourdes ou collé, flottant et clipsable, qu’il soit massif ou contrecollé, ou encore marqueté,

lasuré, verni, ciré, peint… souple, élégant

et intemporel, il ne craint pas l’usage intense des dance

floors, ni l’humidité des salles de bains. Trop peu connu et utilisé :

le bois debout, superbe et résistant. on l’utilise pour les sols de grand passage (dans les musées ou les galeries) et pour les billots à découper.

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Pour les toits et les façades

Appelées bardeaux ou tavaillons, ces planchettes

de bois ont été utilisées pour couvrir les toitures et protéger les façades des maisons par des générations de montagnards, de scandinaves, d’Européens du Centre et de l’Est, de Réunionnais ou de Normands… C’est dire si ce type de couverture est capable de faire face à des conditions climatiques diverses. Tombés en désuétude et remplacés par la tuile (ou la tôle), les bardeaux et les tavaillons reviennent en force dans les bâtiments traditionnels, mais aussi contemporains.

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*L’énergie grise correspond à l’énergie « cachée » dans

un produit, c’est-à-dire celle qu’il a fallu pour l’extraire de la nature ou le cultiver,

le fabriquer, l’emballer et le transporter.

Arbres et forêts 42 septembre 2013 Arbres et forêts 43 septembre 2013

LE bois ChEz soi

Pur coconil est possible désormais de réaliser une maison tout en bois, en intérieur comme en extérieur, du sol au plafond, et même jusqu’au toit !

design durabLe pour cet ensemble Trio D’éco, fabriqué dans les landes avec du pin local PEFC pour diminuer l’empreinte écologique au maximum.Distribué par www.onatureshop.com

Design, durable, local « J’ai toujours entendu dire qu’il était impossible de fabriquer du meuble en France, mais la profes-sion s’est longtemps circonscrite au mobilier tradi-tionnel – Louis XV, Louis XVI –, sans suffisamment se remettre en question. Pour ma part, je n’avais pas envie de me résigner, d’autant que j’avais eu l’exemple d’un design artisanal du meuble en Alle-magne », explique Hugo Delavelle, président de Noua, un groupement d’entreprises du bois en Franche-Comté et lui-même fabricant de meubles en bois locaux. Son père était garde-forestier, il a donc vite apprécié les arbres et le bois. Puis, avec son CAP d’ébéniste en poche, Hugo Delavelle s’est embarqué comme compagnon du devoir pour un tour d’Europe. Il en revient avec une

envie de mobilier à la fois contemporain, massif et s’appuyant sur les techniques traditionnelles. Les forêts franc-comtoises, vastes et très diversifiées, lui offrent la matière première dont il a besoin et qui répond à ses convictions écologiques : chêne, érable, noyer pour ses modèles standard, et tous les bois « de pays » pour les demandes particu-lières. « J’ai la chance de connaître la filière amont, l’approvisionnement. Je vais choisir et acheter mon bois en forêt, pour m’assurer qu’il soit coupé à la bonne période. » Au terme de quatre années d’acti-vité, le bilan est positif : développement du chiffre d’affaires, investissement, embauches. L’atelier compte trois salariés, sans compter les appren-tis. Noua se développera en 2 014, en s’ouvrant à d’autres interprofessions régionales. l

Design bois

Pour se chausser

L’antique sabot des campagnes

et le classique sabot suédois ont pris un coup de jeune sous l’effet de la mode des talons compensés, mais aussi de l’inventivité des jeunes sabotiers. isabelle Estrade (Les sabots d’isa), dans les Pyrénées, a ainsi réinventé le sabot après avoir appris son métier auprès de son beau-père, lui-même héritier d’un savoir-faire familial perpétué depuis la fin du xixe siècle. Le confort des semelles en bois (aulne, hêtre) n’est plus à démontrer au personnel médical, toujours debout, ni aux orthopédistes.

Pour la dive bouteille

Que serait le vin sans le bois ? Les merrandiers sont capables d’offrir des fortunes pour

les plus beaux bois de chêne, qui serviront à fabriquer tonneaux et foudres pour le vieillissement des vins et alcools. Pour répondre au goût des vins tanniques, certains viticulteurs n’hésitent pas d’ailleurs à ajouter des copeaux dans leurs vendanges pour leur donner davantage de « corps ». Le liège, malgré le risque du fameux goût de bouchon, est toujours plébiscité, à tel point que ses succédanés en plastique n’osent pas se départir de l’aspect du liège naturel…

Pour ses beaux yeux

Dans le sillage de quelques pionniers (l’Américain shwood,

l’Autrichien Rolf), la plupart des grandes marques de lunettes se mettent aujourd’hui à l’heure du bois, avec des montures originales, légères, mais rigides, désormais accessibles dans toutes les gammes de prix. Côté bijoux, plusieurs créateurs ont su exalter la beauté et la noblesse du bois, dans un style sobre et graphique à la manière de Georges Larondelle, ou au contraire très ouvragé, comme chez Anthony Roussel.

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Pour la cuisine

Manches de couteaux, couverts, saladiers, rouleaux à pâtisserie, ustensiles divers, le bois reste, malgré

l’arrivée des plastiques et du silicone, le matériau phare des cuisines. Résistant à la chaleur (il noircit, mais ne fond pas), doux pour les fonds des poêles et des casseroles, il est aussi le plus sain : les tests ont démontré que les planches à découper en bois, un temps écartées au profit du plastique, étaient en fait bien plus hygiéniques.

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Arbres et forêts 44 septembre 2013 Arbres et forêts 45 septembre 2013

LE bois ChEz soi

Le retour des essences indigènesSi le bois exotique reste encore très utilisé, les fabricants de terrasses, de jardinières et de mobi-lier d’extérieur, qui se sont appuyés sur des cir-cuits courts et des essences locales, s’en sortent plutôt bien. Piveteau, en Vendée, compte ainsi 500 personnes, utilise des mélèzes et des Douglas exclusivement hexagonaux (pins et épicéas sont en partie importés) et développe depuis cinq ans une activité de production de granulés qui lui permet de recycler les sciures. En Savoie, la société Monin, qui était spécialisée dans la caisse pour l’industrie locale, doit sa survie à sa diver-sification dans la production de mobilier d’exté-rieur à base de mélèze, originaire des Alpes. « Ce marché a permis de sauver l’entreprise, résume

Hervé Degot, son patron, qui refuse pour sa part de traiter le bois. C’est polluant et cela ne sert à rien. Nos tables font cinq centimètres d’épaisseur, elles tiennent toute l’année dehors, sous la neige et la pluie, sans bouger. » La PME familiale a même osé développer des lignes contemporaines, en associant deux designers de Chambéry, une sty-liste près de Moutiers, un fabricant de tissus de Bourg-Saint-Maurice… Ses meubles équipent désormais les stations de Courchevel, de Val-morel, les forêts publiques et, peu à peu, des particuliers, des restaurants. « Le fait que nous fassions travailler des gens de la région sur des bois naturels est un argument fort », constate Hervé Degot. Cette année, la société a pu à nouveau embaucher. l

MobiLier de plein air créé par l’entreprise savoyarde Monin.

Extérieur nature

le retour du bois dans les skis

s’il n’est pas question de rechausser les planches, longues et lourdes, des arrières-grands-parents, les skis en bois ne sont plus cantonnés

à la décoration des chalets de vacances. Plusieurs artisans et petites entreprises se sont lancés depuis une quinzaine d’années dans la fabrication de skis et de snowboards en bois, parfois sur mesure et souvent haut de gamme. Leurs atouts : beauté, flexibilité et surtout légèreté. Nombre de grandes marques (Rossignol, Lacroix, Decathlon) utilisent aussi le bois, en particulier pour le « noyau » des planches.

l’ami du jardin

Les jardiniers connaissent bien toutes les ressources qu’ils peuvent tirer du bois : broyat de branches pour les paillages, plessis

en gaulettes de noisetiers ou de saules, échalas et piquets en châtaignier ou acacia, vieilles planches permettant le passage dans le potager, bacs de culture, composteurs simplement réalisés avec trois palettes dressées à la verticale et liées… Le jardin, lieu par excellence du recyclage et de la récupération, profitera même de la décomposition du bois en fin de vie sous forme d’humus.

loisirs et Plein air

Vivant, embellissant avec le temps et de plus en plus « technique »,

le bois est le compagnon naturel des jardins, des déjeuners au soleil et des activités de plein air.

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dans la caisse d’outillage

Du hêtre, du charme, de l’acacia, du buis

et du frêne, résistant à l’humidité et capable d’encaisser les vibrations à la place des bras du bricoleur, le bois reste le matériau le mieux adapté à la main de l’homme. on trempe les manches (des pioches, marteaux, pelles, haches, masses…) avant emploi, ce qui permet d’accroître l’élasticité du bois, d’éviter le « jeu » et d’obtenir une meilleure préhension.

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bientôt un vélo en bois

Le premier vélo électrique à cadre de bois français est en cours

de finition et devrait circuler bientôt dans les rues d’Épinal. issu d’une collaboration entre un centre d’ingénierie (CRiTT-bois), un fabricant de vélos vosgien (Moustache bikes) et des savoir-faire locaux d’usinage du bois, il est réalisé en frêne, qui absorbe les chocs et offre ainsi un grand confort. Chaque vélo sera unique, grâce aux veinures différentes du bois et à la patine qu’il va acquérir avec le temps. Ce vélo électrique devrait être commercialisé autour de 2 500 E.

Arbres et forêts 46 septembre 2013 Arbres et forêts 47 septembre 2013

LE bois ChEz soi

Le chauffage bois plébiscité Pendant des siècles, l’histoire des forêts a pu se lire au travers du conflit entre les besoins en bois d’œuvre, qui exigent de beaux troncs longue-ment amenés à maturité, et ceux du chauffage quotidien et domestique, qui, au contraire, ont conduit à des coupes fréquentes d’arbres jeunes (taillis). Ces deux usages sont maintenant com-plémentaires au travers des différentes étapes de transformation, de valorisation et de recyclage du bois.Le chauffage bois a aujourd’hui le vent en poupe, avec 6 millions de logements équipés, et le bois est désormais la première source d’énergie renouvelable en France. Il se vend ainsi chaque année en France, chez les particuliers, un demi-

million de systèmes de chauffage bois qui n’ont plus grand-chose de commun avec les anciennes cheminées. Leurs rendements énergétiques aug-mentent (passant de 40 % à 70 % et plus), alors que leurs émissions de particules fines dimi-nuent, deux critères essentiels pour l’attribu-tion du label Flamme verte (www.flammeverte.org). Dans le même temps, la multiplication de chartes conduit à une amélioration de la qualité des bois de chauffage. Enfin, comparé à toutes les autres énergies, le bois reste systématiquement plus compétitif : 0,03 E pour le bois-bûche ; 0,06 E pour les granulés ; 0,0 7 E pour le gaz naturel ; 0,09 E pour le fioul ; 0,13 E pour l’électricité et le propane en citerne (prix TTC en kWh, chiffres Ademe 2012). l

Faisons feu de tout bois

les granulés

Livrables en sac ou en vrac, les granulés de bois (aussi appelés pellets), fabriqués à base de sciure, réchauffent les logements individuels,

mais aussi les chaudières collectives d’ensemble d’habitations, d’écoles, de petites entreprises. Ces produits, apparus sur le marché il y a une quarantaine d’années, séduisent par leur facilité de stockage et d’utilisation, grâce aux systèmes automatisés d’alimentation des poêles et chaudières.

la bûche

La bûche, dont la flamme réchauffe le corps et ravit l’œil, est de très loin la forme de bois-énergie la plus utilisée en France

(80 %). Un bon bois de chauffage doit être sec (le bois humide est polluant et a un faible pouvoir calorifique) et provenir de préférence de feuillus (les résineux encrassent les conduits). À savoir : depuis 1978, le stère n’est plus une unité légale et officielle, remplacée par le mètre cube. Un stère correspond environ à 500 kilos et 0,8 mètre cube pour des bûches coupées en 50 centimètres.

le charbon de bois

supplanté dans ses usages industriels par la houille (le charbon de terre) à partir du xviiie siècle, le charbon de bois reste le compagnon de nombre

de civilisations quand vient la saison des barbecues. Les grillades estivales en consomment, en France, pas moins de 100 000 tonnes par an (dont la moitié est importée). Produit par la combustion incomplète du bois, le charbon commercialisé est issu des sous-produits de la sylviculture (petits bois) et des scieries (chutes).

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les Plaquettes

Ce combustible à base de bois déchiqueté alimente en

France plus de 4 000 chaufferies de collectivités locales ou d’industries. Les plaquettes permettent de réutiliser les sous-produits de la transformation du bois, de rentabiliser certains travaux d’entretien sylvicole (comme le « dépressage » qui consiste à couper une partie des jeunes arbres pour mieux laisser grandir ceux qui fourniront le bois d’œuvre), ainsi que du bois en fin de vie.

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Arbres et forêts 48 septembre 2013 Arbres et forêts 49 septembre 2013

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s’ajoutent le dernier fabricant de billes européen à Limoges et une usine de la « plastic valley », à Oyonnax, qui fournit de petites attaches. Inspirés par un circuit bricolé par le jeune fils de Julien Guichard, les premiers coffrets de Rouletabille sont sortis en octobre 2012, suivis au printemps par un jeu de dames revisité qui intègre des « messieurs ». Un partenariat avec l’Office national des forêts permet, pour chaque boîte vendue, de planter un arbre au nom de l’enfant dans une forêt du Jura. La démarche des Jouets libres séduit près de deux cents boutiques en France. Les produits aussi, avec plus de trois mille jeux vendus en six mois, et des distribu-teurs intéressés au Japon et en Australie. « Nous croyons en l’avenir. J’espère que ce que nous avons initié modestement deviendra la norme dans dix ou vingt ans. » l

joUETs LibREs, à Montreuil, en Île-de-France, propose des jouets en bois exclusivement fabriqués en France.

De l’art en bois

Pour les Petits et grands dessinateurs

Qu’ils soient de couleur ou en mine graphite (noir)

la plupart des crayons sont toujours en bois, simples à tailler, agréables à manier. La substitution du bois par du papier ou des alliages de plastiques recyclés reste marginale. Quant au fusain à dessin, utilisé depuis des siècles, il est dérivé de l’arbre du même nom (le fusain d’Europe), dont le bois, apprécié pour la finesse de son grain, est longuement carbonisé en vase clos. Les fusains à dessin actuels sont cependant le plus souvent réalisés en saule.

Pour les objets d’art

Tourné, sculpté, brut ou peint, associé au métal, au verre

ou à la céramique, le bois n’est plus seulement l’apanage des objets de décoration traditionnels dont les Alpes offrent la plus belle illustration. Prisé depuis longtemps par les collectionneurs et les artisans d’art américains, le bois a acquis ses lettres de noblesse en France, sous l’impulsion de nombreux créateurs contemporains. Pour n’en citer que quelques-uns : Christophe Nancey avec son œuvre origine (en photo), Alain Mailland, Pascal oudet, Marc Ricourt, jean-Luc Merigot, jean-François Escoulen, ou Claudine Thiellet.

tout en carton

Matériau sain et recyclé, le carton est entré depuis

quelques années dans le mobilier et les aménagements intérieurs (boutiques, librairies). N’aimant pas l’eau, mais capable de se plier à tous les caprices et les circonvolutions, le carton peut se faire aussi épuré et contemporain, à l’instar des créations de Patricia Dessoulles, parisienne installée à Lyon, qui a formé des dizaines de stagiaires à la fabrication de meubles à partir de carton alvéolaire. Chacun peut ainsi fabriquer son propre mobilier, des pièces uniques, légères et pourtant solides, à moindre coût.

Le bois amuse les enfants, prolonge la main des artistes et, sous forme de papier, il reste, malgré les écrans et les tablettes, le support privilégié de la connaissance.

Pour la connaissance

si le livre avait été inventé après l’ordinateur, il aurait constitué

une avancée majeure. ses qualités sont remarquables : légèreté, disponibilité, faible coût, fonctionnement sans consommation d’énergie, qualité d’affichage », observe le linguiste américain, Geoffrey Nunberg. Le papier à base de bois, développé à la fin du xixe siècle en remplacement du chiffon, a porté le développement de nos sociétés de l’écrit. C’est toujours le cas : le numérique ne représente que 0,6 % du chiffre d’affaires du livre en France en 2012 (étude GfK) et le marché du papier croît de 2 % par an depuis dix ans…

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« Les savoir-faire risquent de disparaître » Il confie qu’on le regardait un peu comme on regarde un doux dingue quand il s’est lancé, avec deux associés, dans la création de jouets en bois qu’ils voulaient tout à la fois « modernes, sains, durables » et exclusivement fabriqués en France. Ingénieur des Arts et métiers, Julien Guichard, devenu cofondateur des Jouets libres, à Mon-treuil, reconnaît qu’il a « été difficile de trouver des fabricants : en dix ans, beaucoup de savoir-faire se sont perdus, ceux qui restent risquent de dispa-raître. » Première destination : Moirans, dans le Jura, berceau du jouet en bois français et du siège de Vilac, vénérable fabricant français, mais qui a dû délocaliser en Asie une partie de sa produc-tion. La petite équipe va frapper aux portes des ateliers, embarque dans l’aventure trois tablet-teries et tourneries jurassiennes, auxquelles

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Arbres et forêts 50 septembre 2013 Arbres et forêts 51 septembre 2013

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