Une histoire bleueUne histoire bleueUne histoire bleueUne histoire bleue Exposition du 27Exposition du 27Exposition du 27Exposition du 27 mai au 31 oct mai au 31 oct mai au 31 oct mai au 31 octobre 2009obre 2009obre 2009obre 2009 Vernissage le mercredi 17 juin 2009 à 18h

Commissariat de l’expositionCommissariat de l’expositionCommissariat de l’expositionCommissariat de l’exposition

Martine Nougarède Conservateur en chef du Musée du Vieux Nîmes

MuséographieMuséographieMuséographieMuséographie

Jean-Louis Mylonas

Contact presseContact presseContact presseContact presse:::: Anne Calvini 06.16.88.94.07

anne.calvini@nimes.franne.calvini@nimes.franne.calvini@nimes.franne.calvini@nimes.fr

Communication des muséesCommunication des muséesCommunication des muséesCommunication des musées :::: Jean-Luc Nito TelTelTelTel 04 66 76 71 77 04 66 76 71 77 04 66 76 71 77 04 66 76 71 77

Contact muséeContact muséeContact muséeContact musée : : : : Isaline Portal Tel Tel Tel Tel 04 66 76 73 70 04 66 76 73 70 04 66 76 73 70 04 66 76 73 70

isaline.portal@villeisaline.portal@villeisaline.portal@villeisaline.portal@ville----nimes.frnimes.frnimes.frnimes.fr

DOSSIER DE PRESSEDOSSIER DE PRESSEDOSSIER DE PRESSEDOSSIER DE PRESSE

M u s é e d u v i e u x N î m e s

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h Musée du vieux NîmesMusée du vieux NîmesMusée du vieux NîmesMusée du vieux Nîmes Place aux herbes 30000 Nîmes Tel 04 66 76 73 70 Fax 04 66 76 73 71 musee.vieuxmusee.vieuxmusee.vieuxmusee.vieux----nimes@villenimes@villenimes@villenimes@ville----nimes.frnimes.frnimes.frnimes.fr

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Sommaire Sommaire Sommaire Sommaire

EditoEditoEditoEdito JP Fournier, Sénateur MaireJP Fournier, Sénateur MaireJP Fournier, Sénateur MaireJP Fournier, Sénateur Maire

DJ Valade, Adjoint DJ Valade, Adjoint DJ Valade, Adjoint DJ Valade, Adjoint au Maire, au Maire, au Maire, au Maire, délégué à la culture et à la délégué à la culture et à la délégué à la culture et à la délégué à la culture et à la tauromachietauromachietauromachietauromachie....

Présentation de l’expositionPrésentation de l’expositionPrésentation de l’expositionPrésentation de l’exposition M.Nougarède, ConservateurM.Nougarède, ConservateurM.Nougarède, ConservateurM.Nougarède, Conservateur

Le monde des teintes Le monde des teintes Le monde des teintes Le monde des teintes naturellesnaturellesnaturellesnaturelles D.Cardon, Directeur de recherches au CNRSD.Cardon, Directeur de recherches au CNRSD.Cardon, Directeur de recherches au CNRSD.Cardon, Directeur de recherches au CNRS

La teinture à l’indigo au MaliLa teinture à l’indigo au MaliLa teinture à l’indigo au MaliLa teinture à l’indigo au Mali

I.Brouillet, ethnologue.I.Brouillet, ethnologue.I.Brouillet, ethnologue.I.Brouillet, ethnologue.

Parcours Parcours Parcours Parcours muséographiquemuséographiquemuséographiquemuséographique

Autour de l’expositionAutour de l’expositionAutour de l’expositionAutour de l’exposition

A savoirA savoirA savoirA savoir

RemerciementsRemerciementsRemerciementsRemerciements

Légendes des illustrationsLégendes des illustrationsLégendes des illustrationsLégendes des illustrations

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EditoEditoEditoEdito

Qui, de la pureté de notre ciel ou de l'habileté de nos tisserands à traiter l'indigo a

fait de la toile Denim ce bleu, passeport universel ? Sans doute faut-il y voir la conjonction de planètes favorables qui ont généré ce

Blue (jean) Denim, fameux entre toutes les toiles, pour sa solidité, sa couleur et son adéquation parfaite aux besoins de ses utilisateurs.

Certes, ils ont évolué… Exigences montrées par les paysans cévenols et les artisans nîmois ; rigueur et

rugosité des cow-boys et des ouvriers auxquels convenait idéalement la solidité de ces pantalons offrant autant de poches indispensables qu'un couteau suisse propose de lames ; enveloppe quasi charnelle des plus affinées et idéales silhouettes se déhanchant savamment sur tous les continents… Pour tout cela, le Bleu Denim est emblématique.

De liberté d'être. D'élégance. De créativité. Certes la toile de Nîmes n'est pas toujours azur. Désormais, toute la palette y

passe. Le symbole, lui, ne peut être que bleu. L'exposition que le Musée d'ethnographie de la capitale mondiale de cette toile

propose, nous apprend tout sur ce bleu, roi des teintures, comme la pourpre était celle des empereurs romains.

Pourquoi. Comment. D'où ? Nous saurons tout, de l'indigotier au pastel ; des textes brahmaniques à

Toutankhamon, du Mali à Jerry… Lewis ! Désormais, lorsque vous enfilerez le fameux pantalon ou quand vous serez

émerveillé par l'esthétique moulante qu'une silhouette irréprochable vous offrira, vous saurez mieux pourquoi…

Et vous serez encore plus fier d'être Nîmois, de cette ville subtile qui sut inventer et

labelliser l'un des fleurons de l'industrie humaine, élevé aujourd'hui au rang prestigieux de patrimoine culturel de l'Humanité…

JeanJeanJeanJean----Paul FOURNIERPaul FOURNIERPaul FOURNIERPaul FOURNIER Daniel J. VALADEDaniel J. VALADEDaniel J. VALADEDaniel J. VALADE Sénateur du Gard Adjoint au Maire de Nîmes Maire de Nîmes Délégué à la Culture et à la Président de Nîmes-Métropole Tauromachie. Président de Carré d'Art.

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PPPPrésentation de l’expositionrésentation de l’expositionrésentation de l’expositionrésentation de l’exposition

C’est à cause de la fameuse serge de Nîmes que le musée du vieux Nîmes prend une fois de plus la couleur bleue pour sujet d’exposition. En 1990 nous présentions : « bleu de Nîmes, jeans denim, le bleu populaire » elle retraçait l’épopée de notre fameuse étoffe partie de Nîmes, pour conquérir le marché nord- américain et revenir en Europe dans les salles obscures avec des films signés Rey ou… qui nous donnaient à voir et amalgamer l’américan way of life, la rébellion de la jeunesse américaine contre l’établishment et le port des blues jeans. Pour ce travail nous avions sollicité la participation de la ville de Gênes pour dire le rôle de ce port dans l’exportation des serges de Nîmes et autres produits labellisés de Nîmes et montrer que le port de Gênes pouvait être à l’origine du mot jeans. Bien souvent en effet les produits portent le nom du port qui les exporte. Quelques années plus tard, à la demande du public, nous avons ouvert dans le musée une salle permanente intitulée : le bleu au quotidien. Elle replace l’exportation de cette fameuse serge dans le contexte plus large de la production nîmoise dés le XVIIe siècle. Et traduit le rôle de nos marchands - fabricants, véritables chefs d’orchestre de la prospérité de notre industrie textile. Ils ont misé sur un marché en train de naître : l’approvisionnement du Levant ou des pays nouveaux de l’autre coté de l’Atlantique. Leur politique commerciale et leurs productions sont calquées sur les modèles hollandais et anglais et la diaspora huguenote a fait que leurs comptoirs à l’étranger sont familiaux. Ils savent s’adapter, leurs stratégies commerciales le prouvent : un certain drap de laine Nim’s et non pas de Nîmes, en français, est fabriqué sur nos métiers à destination du Levant, car les produits anglais sont à la mode et se vendent mieux ! Cette salle dit encore l’emploi et les réemplois successifs de tissus teints en bleu au XVIIIe, que se soit en réserve, en fil ou en pièce et traduit la préciosité de la denrée étoffe, premier objet de consommation de la « montée » de la bourgeoisie à cette époque. La dernière partie des cimaises est consacrée à ce que nous avons appelé les « ancêtres du jeans », c'est-à-dire l’emploi du bleu et d’une armure sergée pour le travail et le quotidien avant que Levi-Strauss n’invente une coupe spécifique de vêtements destinés au monde du travail : le jeans, le blouson et la salopette. Elle met en évidence les similitudes entre un casaquin d’adolescent de la fin du XVIIIe et un blouson « nomber one » Lévis des années cinquante : même armure avec un fil teint en bleu et l’autre naturel, la texture est exactement la même, seule la coupe change. Les dernières vitrines montrent l’évolution du pantalon qui au départ ressemble à un pantalon de ville pour évoluer vers une coupe plus confortable : jambes et taille droites, plus pratique: de nombreuses poches pour les outils, et plus solides : consolidation des parties fragiles ou sollicitées avec des rivets de cuivre. Des photographies montrent encore le détournement de ce type de vêtement par les cow boys, le cinéma ou le rock and roll. Le Denim Art, un concours organisé à New York en 1970, ou les artistes avaient comme contrainte l’utilisation ou le décor d’une pièce en jeans termine la démonstration. Si nous avons choisi aujourd’hui d’aborder ce thème de nouveau avec « une histoire bleue » c’est pour proposer un autre parcours sur la serge de Nîmes et replacer l’histoire des jeans Denim dans un contexte plus large de l’histoire de la couleur bleue à travers le temps et l’espace. Mais cette fois ci, nous aurons pour fil conducteur, un fil rouge ! Pour quelle raison ? Parce que nous avons remarqué que le rouge est très souvent associé à la couleur bleue, un peu à la manière d’un faire-valoir, et nous voulions développer cette

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constatation. Voici quelques exemples parmi les pièces exposées : la robe d’une bédouine égyptienne taillée dans une toile bleu sera brodée de motifs au point de croix avec des fils de coton rouge ; les parements du manteau d’une femme syrienne seront fait de morceaux d’étoffes imprimées de plusieurs rouges , assemblés à la manière d’un puzzle; les broderies au point de Fez que l’on retrouve sur une robe grecque s’organisent en frises au bas de la robe et des manches avec des motifs rouges et bleus… Le maquignon qui porte une blouse bleue pour vendre ses bêtes à la foire portera un mouchoir rouge autour du cou !

L’exposition montrera cette dualité ou attirance qui semble exister entre le rouge et le bleu, en même temps que le parcours dans le temps et l’espace de l’usage de la couleur bleue pour se vêtir. Nous évoquerons l’Europe, l’Afrique et la Chinel’Afrique et la Chinel’Afrique et la Chinel’Afrique et la Chine, des continents qui utilisent la teinture végétale pour produire le bleu depuis la nuit des temps, tout simplement parce que guède, pastel ou indigo y poussent à l’état sauvage ou cultivé. Puis nous suivrons les caravanes les caravanes les caravanes les caravanes des nomadesdes nomadesdes nomadesdes nomades qui assurent depuis l’Antiquité les échanges commerciaux entre ces trois continents Dans la première salle nous voulons montrer le rôle « des modèles » ou la naissance de la mode du bleu par la juxtaposition

d’un tableau de la vierge qui porte un manteau bleu et un drapeau bleu blanc rouge offert par le maire de Nîmes à la garde mobile en 1870. Cette entrée en matière pour dire que le manteau de la vierge n’a pas toujours été bleu ! Les icônes la recouvrent d’or et le début du christianisme l’habille de rouge. Dans l’exposition, pour faire plus court, le bleu du pouvoir passe directement de la vierge à la République, sans évoquer la royauté ! Mais nos exemples montrent l’essentiel c'est-à-dire, l’influence des pouvoirs religieux ou l’influence des pouvoirs religieux ou l’influence des pouvoirs religieux ou l’influence des pouvoirs religieux ou profanes sur nos comportementsprofanes sur nos comportementsprofanes sur nos comportementsprofanes sur nos comportements. Les vêtements XVIIIe présents dans cette salle en sont la preuve ! Mais laissons Michel Pastoureau, historien et anthropologue, nous dire son histoire de la promotion du bleu, elle commence au XIIe siècle, suite à des changements profonds des idées religieuses. « Le Dieu des chrétiens devient en effet un Dieu de lumière. Et la lumière devient ….bleue ! » Dans les entretiens qu’il accorde à Dominique Simmonet ( le petit livre des couleurs), il nous dit encore « Pour la première fois en Occident, on peint les ciels en bleu- auparavant, ils étaient noirs, rouges, blancs ou dorés . Plus encore, on est en pleine expansion du culte marial. Or la vierge habite le ciel…Dans les images à partir du XII e siècle, on la revêt donc d’un manteau ou d’une robe bleus. La vierge devient le principal agent de promotion du bleu ».

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Plus loin dans ce même ouvrage il nous explique comment l’usage du bleu c’est répandu dans toute la société et accompagner le monde du travail et du quotidien avant même que Levi-Strauss n’invente les jeans au milieu du XIXe siècle. Après certaines interrogations de l’Eglise, à savoir : la couleur est elle lumière et relève du divin ou est elle matière vile et abominable. Michel Pastoureau poursuit : « Lumière ou matière, la première assertion l’a largement emporté et, du coup, le bleu, divinisé, s’est répandu non seulement dans les vitraux et les œuvres d’art, mais aussi dans toute la société : puisque la vierge s’habille de bleu, le roi de France le fait aussi. Philippe Auguste, puis son petit fils Saint Louis seront les premiers à l’adopter. Les seigneurs s’empressent de les imiter… En trois générations, le bleu devient à la mode. La technique suit et le bleu divin va stimuler l’économie ! » « A la fin du Moyen Age, la vague moraliste, qui va provoquer la Réforme, se porte aussi sur les couleurs, en désignant des couleurs dignes et d’autres qui ne le sont pas. La palette protestante s’articule autour du blanc, du noir, du gris, du brun…. et du bleu » Le bleu devient la couleur préférée des Européens au XVIIIe siècle, d’autant plus qu’apparaît sur le marché de la concurrence l’indigo des Antilles et d’Amérique centrale, dont le pouvoir colorant est plus fort que l’ancien pastel, et le prix de revient, plus faible, car il est fabriqué par des esclaves ».

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A partir de ce moment là, le bleu est de toutes les modes. Il a le pouvoir d’accompagner la vie de toutes les catégories sociales dans beaucoup de domaines du quotidien au particulier en passant par le dernier fait de société initié par Levi-Strauss lorsqu’il fabrique le premier vêtement spécifique qui va ouvrir la voie à la création en cascade d’uniformes non pas consacré à la défense de la Patrie, ou à la représentation du pouvoir et de l’ordre, mais à la reconnaissance d’une activité, d’un travail. Ce phénomène, uniformes civils populaires, apparaît en Europe au milieu du XIXe siècle, époque qui aime multiplier les conventions. Ces uniformes uniformes uniformes uniformes vestimentairvestimentairvestimentairvestimentaireseseses constituent un langage à la fois emblématique et symbolique où la couleur joue un rôle essentiel. Et le bleu, dit de la vierge, du roi ou national va en être la vedette ! Ces costumes : bleus de travail, comme les jeans, sont souvent nés de nécessités pratiques ( poches pour avoir les outils à portée de main ) mais répondent aussi au besoin de protection du travailleur contre la matière qu’il manipule, la poussière qu’il soulève, la corrosion des acides ou

des liquides.. Ils répondent en fait à la montée et l’organisation de l’industrie à la fin du XIXe siècle. Sur l’étiquette d’un des bleus présenté on peut lire le référence: bleu Bugatti ! Comment ne pas évoquer l’industrie automobile qui représente un des premiers bons en avant du XXe siècle. Trois objets, faisant partie des collections du musée des tissus de Lyon, disent, à grands traits, l’emploi du bleu dans le temps en regroupant des tissus coptes, un bonnet d’Antinoë et une bordure de la Renaissance italienne. Les techniques de cueillette et de teintures seront abordées avec l’évocation de l’évocation de l’évocation de l’évocation de l’Afriquel’Afriquel’Afriquel’Afrique, dans le « grand salon » et la dernière salle de l’exposition, par des films documentaires réalisés au Mali en février 2009 par l’ethnologue Isabel Brouillet . Les tobe, robes de chef au Nigéria, fabriquées de bandelettes assemblées, et brodées suivant une symbolique presque immuable, se confrontent à la production contemporaine de pagnes, des femmes qui, sur la falaise de Bandiagara, n’ont jamais abandonné tout à fait l’usage de l’indigo naturel. Ce regard vers l’avenir d’un pays qui est, peut être, en train de retrouver ses marques terminera « une histoire bleue ».

Martine NOUGAREDEMartine NOUGAREDEMartine NOUGAREDEMartine NOUGAREDE Conservateur Conservateur Conservateur Conservateur

Musée du Vieux NîmesMusée du Vieux NîmesMusée du Vieux NîmesMusée du Vieux Nîmes eeeetttt du Musée du Musée du Musée du Musée des Cultures Taurines des Cultures Taurines des Cultures Taurines des Cultures Taurines

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Le monde des teintes naturelles (extraLe monde des teintes naturelles (extraLe monde des teintes naturelles (extraLe monde des teintes naturelles (extraits)its)its)its)

Teindre en bleu Teindre en bleu Teindre en bleu Teindre en bleu Les habitants de l’Europe néolithique, comme les teinturiers égyptiens des temps pharaoniques, connaissaient déjà la teinture en bleu avec le pastel. Chez les grecs et les romains, on savait qu’il existait aussi en Asie une teinture bleue très puissante et de nature quelque peu mystérieuse, l’indikon ou indicum, le bleu des Indes, autrement dit l’indigo. Que ces deux teintures bleues fussent chimiquement identiques et très voisines des colorants de la pourpre, les teinturiers, bien sûr, ne pouvaient encore le savoir, mais ils en prisaient déjà les qualités : signe de prestige et d’opulence - bleus »pers » presque noirs du Moyen Age - ou synonyme d’extrême solidité – bleu des vêtements de travail ou uniformes des armées et des marines de nombreux pays, exposée à tous les efforts et les intempéries- la teinture à l’indigo est restée jusqu’à la fin du siècle dernier « la reine des teintures ». Il fallut attendre 1878 pour que le chimiste allemand Adolf von Baeyer réussît la synthèse de l’indigo. La mise au point de procédés industriels de fabrication capables de concurrencer l’indigo naturel demanda encore une bonne dizaine d’années. Cette synthèse a permis à des millions de gens du monde entier, de se vêtir d’une couleur belle et solide que n’eussent pu fournir tous les indigotiers du globe ! mais elle sonnait le glas, tout à la fois, d’un des derniers grands bastions de la teinture végétale, de cultures qui avaient fait la richesse fabuleuse de pays entiers et d’une technique millénaire. L’indigo, matière colorante bleu foncé, diffère de toutes les autres teintures, parcequ’il n’existe pas en tant que tel dans les nombreuses plantes dites « à l’indigo » mais se forme à partir du suc de ces plantes, broyées ou mises à macérer dans l’eau, et par l’action de l’oxygène de l’air. Ensuite parce qu’insoluble sous sa forme bleue, il ne peut imprégner les fibres textiles et s’y fixer, même à l’aide d’un mordant. Pour teindre à l’indigo, il faut apparemment le détruire, en réalité le transformer en une substance différente, soluble mais presque incolore, dont s’imbibent les fibres. Sortis du liquide et exposés à l’air, les textiles bleuissent à vue d’œil, comme par magie à mesure que s’y recompose l’indigo.

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Les plantes à l’indigoLes plantes à l’indigoLes plantes à l’indigoLes plantes à l’indigo

Le genre Indigofera comprend un grand nombre d’espèces tropicales (200 à 800 selon les auteurs) sauvages et cultivées. Elles se répartissent sur plusieurs continents : la plupart en Afrique, un très grand nombre aussi en Inde et dans d’autres pays du sud de l’Asie, quelques unes en Amérique. Il n’y en avait pas à l’origine, en Europe ni en Australie. Les indigotiers n’ont cependant pas été les seules plantes à indigo exploitées à très grande échelle. D’autres genres botaniques (Isatis,Polygonum,Wrightia, Strobilanthes) regroupent plusieurs espèces de plantes à l’indigo dont certaines comme le pastel en Europe, la renouée des teinturiers en Chine et au japon, furent durant des siècles des piliers de l’économie des régions qui les cultivaient, les transformaient et les commercialisaient. Toutes les plantes à l’indigo n’ont pas eu cette importance économique majeure. En revanche, un grand nombre d’entre elles occupent une place essentielle dans la culture des peuples qui les ont découvertes. C’est la cas, on va le voir, dans différentes régions d’Asie du sud-est, d’Afrique noire, d’Amérique centrale et amazonienne. Faire sortir de l’ombre ces sources de bleu jusqu’ici peu connues, c’est mieux mettre en évidence la répartition, sur presque tous les continents, des civilisations où la maîtrise de cette technologie biochimique complexe qu’est la teinture à l’indigo semble se perdre dans la nuit des temps. C’est aussi montrer la richesse de la végétation tropicale en plantes à indigo et autres teintures bleues, particulièrement dans le sud de l’Inde et le sud-est asiatique, en Afrique sub-saharienne occidentale, en Amérique centrale et autour du bassin amazonien…Ce que les femmes et les hommes préhistoriques avaient découvert, c’est maintenant aux botanistes et aux phytochimistes de le redécouvrir : une raison de plus pour lutter contre la disparition des milieux végétaux où fleurissent encore des plantes prêtes à livrer la magique teinture bleue.

Dominique CardonDominique CardonDominique CardonDominique Cardon Directeur de recherches au CNRS, Directeur de recherches au CNRS, Directeur de recherches au CNRS, Directeur de recherches au CNRS,

spécialiste et amoureuse despécialiste et amoureuse despécialiste et amoureuse despécialiste et amoureuse des teintures naturelles.s teintures naturelles.s teintures naturelles.s teintures naturelles. Extraits de son livreExtraits de son livreExtraits de son livreExtraits de son livre : le monde des : le monde des : le monde des : le monde des

teintures naturelles publié en 2003 aux éditions Belin.teintures naturelles publié en 2003 aux éditions Belin.teintures naturelles publié en 2003 aux éditions Belin.teintures naturelles publié en 2003 aux éditions Belin.

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La teinture à l’indigo sur coton au Mali. La teinture à l’indigo sur coton au Mali. La teinture à l’indigo sur coton au Mali. La teinture à l’indigo sur coton au Mali. Les pratiques de teinture à l’indigo chez les Dogons de Ondougou.Les pratiques de teinture à l’indigo chez les Dogons de Ondougou.Les pratiques de teinture à l’indigo chez les Dogons de Ondougou.Les pratiques de teinture à l’indigo chez les Dogons de Ondougou.

Dans toute la falaise, dans l’ensemble des villages visités, la teinture à l’indigo est l’apanage d’un groupe spécifique, endogame, les jam ou cordonniers. Ce sont uniquement les femmes qui teignent ; elles partagent cette activité avec les femmes d’un autre groupe, appelé yelim que j’ai rencontré essentiellement à Amala, village de la falaise, à une heure de marche du village de Ondougou, d’où provient la majorité des pièces présentées. Une seule famille, à ma connaissance, dans un espace reliant Sangha, Ningari ,

Madougou et Kassa, travaille l’indigo, fournissant le bonnet et la tunique du Hogon de Yendouma, chef religieux dogon, et n’appartient pas à la caste12 des cordonniers. Cette famille, habitant le village de Yuga Piri, est devenue cordonnière après avoir brisé un interdit, mais n’est pas considérée comme telle par les dogons. (…) Les cordonnières de Ondougou sont regroupées dans deux grands quartiers, séparés par une bonne demi-heure de marche. Les dix autres quartiers qui forment le village et qui s’étendent sur plusieurs kilomètres sont habités par des cultivateurs et quelques familles de forgerons. Il n’existe pas d’exception à la répartition des groupes et si dans certains villages les limites ne sont pas visibles, ici la coupure est nette. Les dogons cultivateurs habitent Ondougou da, sur le haut de la colline et s’étalent vers le bas en direction des bâtiments officiels, école et dispensaire. Le quartier de Kondiougou, où vivent les familles de cordonniers est lui-même partagé en deux, Are et Dou un peu plus bas. 32 familles y travaillent ce qui représente environ 150 à 200 femmes et filles pour teindre et préparer les pagnes. L’après-midi, les cours et les porches se remplissent de femmes qui cousent et parlent, la nuit quand l’une d’elles a de l’argent pour mettre du pétrole dans une lampe elles se retrouvent pour couper ou assembler les bandes achetées au marché de Ningari en buvant du thé. En janvier de cette année, nous nous sommes réunies avec une quinzaine d’entre elles, pour discuter de la commande de pagnes pour le musée de Nîmes. Il y avait la vieille Geneba, toujours très droite et élégante avec sa coiffe à l’ancienne, plus guère nouée ainsi de nos jours. C’est elle qui l’année dernière, avait pris le contrôle des opérations après nous avoir reproché notre mauvaise façon de faire, lors d’une promenade dans la cour où deux cordonnières et moi tentions de monter une cuve sans gara ni - l’indigo chimique. Anta était là aussi et Binta et Maritou. D’autres étaient parties, une jeune femme pour rejoindre son mari en Côte d’Ivoire, une autre chez une parente. Nous avons ensemble répertorié tous les motifs que les femmes font actuellement dans le quartier. Les femmes se sont arrêtées à 29. Elles ont nommé s_ru

kujudans le lot et quand je leur ai rappelé qu’il s’agissait des motifs faits actuellement, elles ont décidé de garder ce motif, bien qu’elles m’aient par ailleurs dit qu’elles ne le faisaient plus car il n’était plus du tout à la mode. Si elles n’ont pas changé d’avis c’est que s_ru kuju fait partie de leur histoire ne peut pas être absent des motifs qu’elles fon au village. (…)

Isabel BrouilletIsabel BrouilletIsabel BrouilletIsabel Brouillet

EthnologueEthnologueEthnologueEthnologue

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Parcours muséographiqueParcours muséographiqueParcours muséographiqueParcours muséographique

• De la vierge à la RépubliqueDe la vierge à la RépubliqueDe la vierge à la RépubliqueDe la vierge à la République Influences des puissants sur nos comportements.Influences des puissants sur nos comportements.Influences des puissants sur nos comportements.Influences des puissants sur nos comportements. Cette salle met en évidence les origines du bleu, et explique comment le bleu s’est imposé dans les mœurs. Le manteau de la Vierge n’a pas toujours été bleu ! Le rouge est très souvent associé à la couleur bleue, un peu à la manière d’un faire-valoir.

• Les caravanes dLes caravanes dLes caravanes dLes caravanes des nomadeses nomadeses nomadeses nomades : la permanence du bleu et : la permanence du bleu et : la permanence du bleu et : la permanence du bleu et

du rouge à travers les continentsdu rouge à travers les continentsdu rouge à travers les continentsdu rouge à travers les continents.... Les caravanes des nomades assurent depuis l’Antiquité les échanges commerciaux entre ces trois continents : Chine, Moyen Orient… Ici encore, mise en évidence de la permanence de la dualité rouge/bleu, remarquable dans les broderies des robes grecques ou syriennes.

• De la serge de Nîmes au jeans denim.De la serge de Nîmes au jeans denim.De la serge de Nîmes au jeans denim.De la serge de Nîmes au jeans denim.

Cette salle retrace l’épopée de notre fameuse étoffe partie de Nîmes, pour conquérir le marché nord- américain et revenir en Europe dans les salles obscures.

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• Toujours bleu. De l’uniforme militaire à l’uniforme Toujours bleu. De l’uniforme militaire à l’uniforme Toujours bleu. De l’uniforme militaire à l’uniforme Toujours bleu. De l’uniforme militaire à l’uniforme civilcivilcivilcivil : le bleu de travail… et le jeans: le bleu de travail… et le jeans: le bleu de travail… et le jeans: le bleu de travail… et le jeans !!!!

Le bleu est de toutes les modes. Il a le pouvoir d’accompagner la vie de toutes les catégories sociales. Ce phénomène, uniformes civils populaires, apparaît en Europe au milieu du XIXe siècle. Ces uniformes vestimentaires constituent un langage à la fois emblématique et symbolique où la couleur joue un rôle essentiel. Et le bleu, dit de la vierge, du roi ou national va en être la vedette.

• L’Afrique d’hier et d’aujourd’huiL’Afrique d’hier et d’aujourd’huiL’Afrique d’hier et d’aujourd’huiL’Afrique d’hier et d’aujourd’hui : indigo toujours.: indigo toujours.: indigo toujours.: indigo toujours. Cette salle veut montrer la pérennité du travail de l’indigo au Mali. A côté de robes de chef africains du début du début du XXème siècle, évocation des techniques de cueillette et de teinture par la présentation de pagnes réalisés en 2009 par les femmes de la vallée de Bandiagara.

• La teinture à l’indigo au Mali. L’époque La teinture à l’indigo au Mali. L’époque La teinture à l’indigo au Mali. L’époque La teinture à l’indigo au Mali. L’époque contemporaine.contemporaine.contemporaine.contemporaine.

Diffusion de films documentaires réalisés en février au Mali par l’ethnologue Isabel Brouillet.

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Autour de l’exposition Autour de l’exposition Autour de l’exposition Autour de l’exposition Visites guidées

Première visite de l’exposition le samedi 13 juin à 15h. A partir de juillet, le premier samedi du mois à 15h.

Une pause au musée, une pause au chapitre. Les vendredis entre 12h00 et 14h00, visites thématiques de l’exposition temporaire et des collections permanentes. Le 5 juin et le 19 juin ; Le 3 et le 17 juillet ; Le 7 et le 21 août ; Le 4 et le 18 septembre ; Le 2 et le 16 octobre. Rendez-vous dans le hall du musée à 12h30.

Ateliers pédagogiques et « les mercredis au musée » Pour les enfants, de 6 à 14 ans. Du mardi au vendredi pour les scolaires, les mercredis et vacances scolaires pour les familles. Renseignements et rendez vous au 04 66 76 73 70.

Journées du Patrimoine Samedi 19 et dimanche 20 septembre.

Visites guidées le 19 septembre à 15h et le 20 septembre à 11h. Ateliers pour adultes et enfants (accessibles aux fauteuils) « L’indigo et les pigments naturels».

Accessibilité / handicap Prochaine visite en langue des signes françaises le samedi 13 juin à 15h.

Les ateliers du musée sont accessibles aux fauteuils.

Ateliers pour adultes Prochains ateliers :

L’indigo et le travail des pigments naturels (dates à préciser). Autour du bâtiment : approche du bâtiment par le croquis.

Renseignements et inscriptions au 04 66 76 73 70.

Un catalogue est disponible.

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A SavoirA SavoirA SavoirA Savoir Horaires d’ouverture du Musée

Du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00

Tarifs

Gratuit.

Administration Adresse 6 rue Alexandre Ducros 30000 NIMES

Téléphone 04 66 76 73 70 04 66 36 83 77 Télécopie 04 66 76 73 71 musee.taureau@ville-nimes.fr Du lundi au vendredi de 9h00 à 12h00 et de 13h00 à 17h00

Plan d’accès

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RemerciementsRemerciementsRemerciementsRemerciements

L’exposition « Une histoire bleue » a reçu le soutien de la Direction des Musées de France, de la Préfecture de Région Languedoc-Roussillon - Direction régionale des Affaires Culturelles, du Conseil Général du Gard, de la Région Languedoc-Roussillon. Nous remercions tout particulièrement pour leur aide Dominique Cardon, Isabel Brouillet pour leur participation au catalogue. Nous remercions les prêteurs pour leur aimable collaboration : Michel Cabus, Musée du désert, Mialet ; Christian Gendron, Musée Bernard d’Agesci à Lyon ; Alain Girard, musée d’art sacré Pont Saint Esprit ; Daniel Travier, Musée des vallées cévenoles, Saint Jean Gard ; Jean Noel Avesque ; Michel Biehn ; Jean Paul Couilliot ; Olivier Laroque (Galerie ombres) ; Jean Louis Mylonas; Michel Pradel ; Joel Saugues, Directeur de la communication, la Poste. Commissariat de l’exposition

Martine Nougarède, Conservateur en chef du Musée du Vieux Nîmes et des Cultures Taurines.

Scénographie Jean-Louis Mylonas.

Montage et réalisation technique Dimitri de Beukeleer, Audrey Gillet, Jacky Larquet, Isaline Portal, Gilles Raoux. Marcel Rubio.

Secrétariat Jeanine Gres, Anne Tomas.

Maintenance Régine Pencheral.

Communication interne Isaline Portal

Crédit photographique Pierre Normann Granier. Musée d’art sacré, Pont Saint Esprit.

Musée des tissus, Lyon. ©Pierre Verrier Musée Bernard d’Agesci, Niort.

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Jeans Patchwork – Détail – 1970 © Pierre Normann Granier « La voute céleste » Coll. Musée du vieux Nîmes Jeans Levis Coll. Musée du vieux Nîmes Robe en coton. Broderie rouge et bleu au petit point. Coll. Musée du vieux Nîmes. Caracot de femme en serge indigo. Coll. Musée Bernard d’Agesci, Niort. Combinaison de mécanicien « Team Peugeot » Coll. Musée du vieux Nîmes G. Van Lear « Recueil des principaux procédés de teinture à mordant », 1874. Branche d’indigo Teinture à la réserve au Mali ©Isabel Brouillet L’annonciation avec St Charles de Borromée. Attribuée à l’atelier de Nicolas Mignard. Coll. Musées du Gard, Pont St Esprit. Chapan d’(homme en soie ikatée. Coll. Michel Biehn Jeans Levis Coll. Musée du vieux Nîmes Veste d’uniforme d’été ayant appartenu à Charles Morache, mort en 1917 à Nîmes. Coll. Musée du vieux Nîmes. Tobe, robe de chef. Coll. Michel Biehn. Pagne (détail) réalisé par les femmes dans les falaises de Bandiagara. Coll.Musée du vieux Nîmes.