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Flavien Faussurier Dossier de Presse Définition de l’esthétisme, l’origine de la forme en Architecture L6H1 / Fondements Théoriques de l’Architecture: des constructions des discours et des hommes / Henri Bontempo / 30 Avril 2012 / ENSAG

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Page 1: Dossier de presse Flavien Faussurier

FlavienFaussurier

Dossier de Presse Définition de l’esthétisme, l’origine de la

forme en Architecture

L6H1 / Fondements Théoriques de l’Architecture: des constructions des discours et des hommes / Henri Bontempo / 30 Avril 2012 / ENSAG

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Définition de l’esthétisme, l’origine de la forme en Architecture

I. Origine de la Forme- L’architecte concepteur- Bernard Rudofsky: Architecture without architect- L’architecture comme l’un des beaux arts.- L’analyse mène à l’esquisse- L’Idée Directrice- Méthodes de conception par l’image- La place de l’imprévu dans la conception

II. Qu’est ce que l’esthétisme en Architecture?- Définition formelle de l’ Architecture?- Géométrie Andréa Palladio, Louis I. Kahn- Le Modernisme- Plus particulièrement le mouvement Bauhaus- Le Déconstructivisme- L’esthétisme c’est l’émotion Peter Zumthor: Athmosphère- Marcel Proust description de sa chambre, notion d’affection- Existe-t- il plusieurs esthétismes?

III. L’esthétisme de la forme est elle synonyme d’une Architecture harmonieuse?- Les New York Five, Peter Eisenman, Colin Rowe- Le Symbolisme Robert Venturi: L’enseignement de Las Vegas- Les Fonctionnalistes- Mise en relation avec les deux parties précédentes - Bien au contraire

IV. Bibliographie

Plan détaillé:

«Quels liens entretiennent l’origine de la forme et la notion d’esthétisme en Architecture?»

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Qu’est ce que l’Architecture ? D’où tire-t- elle sa forme ? Qu’est ce que l’esthétisme en Architecture? Ces questions sont récurrentes tout au long de notre cursus en école d’architecture, et le seront sûrement lors de la pratique professionnelle. C’est un sujet qui me porte à cœur. L’Architecture est un milieu extrêmement vaste et varié. Au sein de celui- ci, la forme et son origine sont, je le pense, mes sujets favoris. A mes yeux, ils évoquent la diversité dans l’architecture, mais aussi la beauté, la pureté, la recherche. Ces notions sont elles aussi relativement vagues. D’où tirent-elles leur origine? Existe-t-il des critères définis? ... Ce dossier de presse est une étude à travers laquelle je me penche sur les notions précitées et pour laquelle je tente de répondre à ma problématique:

«Quels liens entretiennent l’origine de la forme et la notion d’esthétisme en Architecture?».

Afin de traiter ce sujet j’ai été amené à m’intéres-ser aux origines de l’architecture, du métier d’architecte, et de la notion d’esthétisme.

Je me suis tout d’abord intéressé à l’origine de la forme, au travers ma vision d’étudiant en archi-tecture confronté à ce sujet, mais aussi à travers les différents mouvements d’architectes à travers le temps. A la manière d’un artiste, l’architecte est un créateur de forme. Sa capacité de création est son atout majeur, mais d’où lui vient-elle? L’étude de ces éléments contient, je le pense, les prémisses d’une architecture et la forme en est la suite logique. La transition entre ces deux étapes est la capacité qu’à l’architecte à interpréter un ensemble de donnés, d’éléments et à les

transposer en une forme. C’est l’étape de conception pure, sûrement l’étape la plus appréciée des archi-tectes. Mais l’architecture tire ses origines bien au delà des architectes, comme nous le montre Rudolf Rudofsky, il est donc nécessaire d’explorer la piste des premières architectures, des premières formes architecturales afin de définir une réelle origine à ce processus de conception. L’architecte est-il un créateur de formes à l’image du sculpteur? Et ces formes que sont-elles? De l’art? C’est ainsi que j’ai été amené à me pencher sur la notion d’esthétisme de la forme.

Qu’est ce que l’esthétisme en Architecture? Comment définit-on l’esthétisme? Le Corbusier nous dit : «L’architecture est le jeu, savant, correct et magnifique des volumes sous la lumière.» L’esthétisme réside t’il dans la géométrie, dans les proportions, .... Il soulève aussi la question des ambiances, des atmosphères. Existe-t-il plusieurs esthétismes? L’esthétisme en Architecture a-t’il le même statut que l’esthétisme en art? Et si oui que devient la fonctionnalité en Architecture?

De ce fait, une nouvelle interrogation se pro-pose à nous : «L’esthétisme de la forme est elle syno-nyme d’une architecture harmonieuse?». La «réussite» d’une architecture découle-t’elle de son esthétisme, ou est-ce deux notions distinctes?

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I. Origine de la Forme

La Forme: Étymologie:(XI e siècle) Du latin forma, littéralement « ensemble des

caractéristiques extérieures de quelque chose ».En Architecture, la forme ne se limite pas seulement à l’aspect extérieur. C’est un ensemble de caractéristiques qui fait de la forme, cette notion majeure en architecture. Du volume extérieur aux atmosphères, des techniques structurelles aux matériaux, des pleins aux vides, la forme en architecture est une notion vaste qui tend à la qualité des espaces produits. Cette qualité de l’espace n’est pas la pure résultante de la configuration géométrique (compo-sition de figures de base : cube, pyramide, sphère, etc.) mais celle d’un ensemble de paramètres et propriétés visuelles telles que les couleurs, les proportions, les textures, le rapport à l’environnement, les matériaux,...

C’est peut- être la pluralité de ces notions qui fait la richesse de ces origines. En effet, on ne peut parler de l’origine de la forme en architecture, mais plutôt des origines de la forme. Nous débuterons donc cette étude par la place de l’architecte dans ces «origines» de la forme, avec cette notion d’architecte concepteur de forme à la manière d’un artiste. L’architecture puise ses sources dans l’histoire de l’Homme, l’architecte n’est quant à lui apparu que bien plus tard, et n’a pas un impact universel et omniscient. En effet, même sans architecte, l’architecture existe, une question se pose donc à nous, d’ou cette architecture tire t’elle ses origines? Existe t’il une relation entre cette architecture, et celle que nous connaissons?

L’Art et l’Architecture ont de nombreux points communs, en partant de ce constat, peut-on considérer que l’architecture est

l’un des beaux arts? De cette manière, l’architecte est-il un artiste?Tout projet est confronté à son environnement, à son implantation, à ses objectifs, ainsi qu’à des règles d’urbanisme et de construction. La phase d’analyse qui précède les premières esquisses de projet est donc l’étape précédant la forme. De quelle manière influe-t’elle sur la forme, sur la conception?

La conception d’un bâtiment est portée par des choix, des prises de parti, des intentions, des décisions. Chaque projet, chaque réalisation est la résultante d’un travail sur une idée direc-trice, d’un système ou plusieurs et leurs hiérarchisations. En quoi cette idée directrice peut être considérée comme la forme pre-mière de chaque projet? Et comment née-t’elle?Certains architectes font appel à des méthodes de conception, pour la création de leur projet, l’une des plus fréquentes est la conception par l’image. Cette méthode par la métaphore fait appel aux souvenirs, à la mémoire, et fait naitre ainsi la forme. Comment se fait le lien entre cette métaphore et l’aboutissement à la forme?

Pour un même lieu, un même programme, des milliers de possi-bilités se présentent, chaque architecte propose sa vision du projet, vision qui peut varier pour un même architecte suivant la période où il fait ce projet, son humeur, sa vision actuelle de l’architecture, les enjeux qu’il se fixe,... D’où viennent ces variations, existe t’il une part d’imprévu lors de la conception, de la construction,...

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a- L’architecte concepteur

A la manière d’un artiste, l’architecte est un créateur de forme. Sa capacité de création est son atout majeur. La phase créatrice est à mes yeux l’étape majeure d’un projet. Elle tire ces origines dans de multiples milieux: l’art, la technique, le vivant,...C’est cette étape pri- mordiale de la conception dont nous traiterons dans cette partie. Nous commencerons par discuter de l’architecte et de ses influences avant de parler de conception et de sa manière de l’aborder. Puis nous traiterons l’analyse post-conception : qui consiste en la découverte du site, et d’un programme, étape qui précède les premières esquisses du projet. Nous étudierons ensuite l’idée direc-trice d’un projet, l’idée première d’un projet, ligne conductrice de celui-ci, auquel l’architecte revient souvent au cours de sa concep-tion pour rester fidèle à ses intentions premières. Par la suite nous étudierons plus particulièrement différentes méthodes de conception par l’image. Et pour finir nous remarquerons que la forme peut être influée par d’autres facteurs extérieurs à la conception, en mettant en valeur la place de l’imprévu, ou d’autres facteurs imperceptibles.Chaque architecte a développé sa propre méthode de concep-tion, elle diffère en fonction de son parcours, de ses influences, du site, du programme, mais aussi, je le pense, de son vécu, de son ressenti. Je pense, à la manière de Freud, que chacun forme sa vision de l’architecture tout au long de sa vie, grâce à ses expériences. De la même façon, les manières d’aborder le projet sont multiples. L’interprétation que chacun fait d’un programme, d’un site, diffère elle aussi d’un être à l’autre. Et une même personne n’aura pas les même interprétations, ni ne fera les même choix, d’un moment à l’autre de la journée. L’architecture n’est pas une science exacte, on n’y retrouve

pas de solutions parfaites. La multitude de réponses fait la richesse de l’architecture. L’architecte est donc plus influant sur la forme que n’importe quel autre facteur.

L’architecte est un concepteur dont la source d’inspiration se situe dans le carrefour entre une histoire présente à bâtir, un pro-jet juste effleuré au départ et les fondations de son propre vécu, inconscientes ou non. Les témoignages du poids prépondérant du vécu dans la conception de l’architecte sont nombreux.

Avec le souvenir du garde-manger de ses premiers voisins, Anne Demians réalise « la gare de fret d’Orly », à partir d’une phrase d’un SDF naît « la mie de pain » écrit Christophe Leray .Le même article (Archistorm hors série n°1 Anne Demians :sous le velour/le faire) rapporte les propos d’Anne Demains « ces rencontres sont pour moi des révélations et une chance car je construis à chaque fois des territoires d’expression dans lequel je me retrouve totale-ment »

Paris-Art revient sur l’exposition « Sciences Versus Fiction » qui a eu lieu en 2009. Cette exposition construite par Christophe et Marie Berdaguer se proposait d’explorer les perceptions subjectives, l’inconscient dans l’architecture, les empreintes diffusent du vécu . L’article de Laure Jaumouillé parle ainsi d’architecture mentale. Attirance /répulsion de l’inconscient…: d’un côté le souvenir d’un garde manger impulse une réalisation mais parfois l’imprégnation d’un souvenir répulse. Dans un article de Jérôme Coignard dans la revue « connaissance des arts de juin 2011) », l’auteur témoigne de Carlo Scarpa (architecte 1906/1978) qui évita résolument les colonnes dans ses réalisations après avoir été l’assistant de Guido Cirilli .Ce dernier avait achevé Le Vittoriano de Rome (profusion de colonnes et de fontaines).

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b- Bernard Rudofsky: Architecture without architect

Bernard Rudofsky est un architecte Autrichien qui s’est intéres-sé à une architecture dénuée des contraintes des architectes, une architecture vernaculaire. Il met en avant le fait que l’architecture a toujours existé avec l’Homme moderne, au sens d’homo sapiens. En effet de la grotte au case des dogons, des huttes aux yourtes, l’homme à depuis longtemps construit à l’aide des moyens locaux pour s’abriter, que ce soit des conditions climatiques ou des préda-teurs.

Bien souvent ces constructions ont une vocation symbolique et sociale, par exemple l’habitat dogons est peut- être celui avec les formes les plus identifiables. Ces formes découlent de plusieurs paramètres: tout d’abord les matériaux, les constructions décrites ici sont toutes vernaculaires, le travail de la terre true ou celui des peaux de bête n’aboutit pas aux mêmes formes. Le deuxième paramètre est le fonctionnalisme de ces architectures: les pièces réservée à la conservation des denrées alimentaire sont séparées de celles visant à abriter l’homme...Le symbolisme donné à ces bâtiments est aussi l’un des paramètres qui définit leurs formes En effet, les villages dogon ont une forme de corps humain, des niches sur les murs des maisons font références aux ancêtres...

Nous pouvons donc voir que la forme des architectures sans architecte découle de plusieurs paramètres. Les origines de ses architectures sont vastes, et perdurent encore aujourd’hui. Mais ces architectures ont aussi été les prémisses de celles que nous connais-sons. L’architecture classique est directement issue de ces origines vastes.Toutes architectures fondent donc ses appartenances dans ces paramètres.

c- L’Architecture comme l’un des Beaux Arts

Barack Obama, lors de la cérémonie de remise du prix Pritzker 2011 à l’architecte portugais Eduardo Souto de Moura, à Washington congratule chez l’architecte: l’artiste avant tout. Le titre de son discours « L’architecture est la forme d’art la plus démocra-tique » est glorieux ,ambitieux. « Il s’agit de créer des bâtiments et des espaces qui nous inspirent, qui nous aident dans notre travail, qui nous rassemblent, et qui deviennent, au mieux, des œuvres d’art dans lesquels nous pouvons bouger et vivre. Des œuvres d’art stipule t-il.

Les notions d’esthétisme, de beau, d’intemporalité, d’émotions qualifient l’architecture et ce sont bien les mêmes qualificatifs qui définissent l’art. Dans architecture émotionnelle Jean-Louis Genard et Judith Le Maire indiquent « un rapport dont le critère n’est plus une adéquation à un beau objectif mais renvoie au contraire à des questions de sensibilités, de sentiment, d’affectivité et d’émotion »Barbara Polla (médecin) essaie de comprendre pourquoi et com-ment l’architecture fait passer des émotions. Dans Archistorm (dossier réflexion) citant Le corbusier « la construction était faite pour tenir et l’architecture pour émouvoir » elle souhaite interpeller les étu-diants sur le sujet notamment à l’heure de la règle normative de la construction.

Qu’il le veuille où qu’il le réfute l’architecte est un artiste, l’architecture est un art. La démarche est la même de l’esquisse au projet…Mais l’architecture est un art responsable…Trouver le com-promis entre imagination, budget et réglementation n’est pas simple.

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d- L’analyse mène à l’esquisse

L’étape précédant la conception et l’apparition des premières esquisses est une étape d’analyse. C’est la première approche, une familiarisation avec le site, une interprétation du programme, la création d’un organigramme des espaces. C’est à mes yeux la première étape de la conception, même si les premières esquisses ne sont pas encore là. Cette étape déter-mine la vision que l’architecte va se faire du site, de son histoire, de ses flux, du programme,.... De cette étape va découler le projet, les objectifs que l’architecte voudra remplir, ses intentions.

Ce n’est donc pas parce qu’il n’y a pas encore d’es-quisses, de concep- tion, que cette étape ne fait pas partie du processus de conception, au contraire, de nombreuses idées directrices découlent souvent d’un site et de l’image que s’en fait l’architecte dès l’analyse. Je pense en particulier à Alva-ro Siza, dont les dessins sont plus connus que les écrits mais qui nous dit dans « Des mots de rien du tout » page 33, Des Villes : « Berlin, rigoureuse et variée, les murs sévères de Kreuz- berg, des bouts d’architecture d’un mouvement moderne naissant, quelques belles œuvres exemplaires, des usines monumentales, des jardins, des lacs et des ruines. [...] Je lis les critiques. J’entends qu’il est étrange de ne pas retrouver à Berlin, un seul des déli-cats travaux en bois, caractéristiques de mes projets passés. »

e- L’idée directrice

La conception d’un bâtiment est portée par des choix, des prises de parti, des intentions, des décisions. Chaque pro-jet, chaque réalisation est la résultante d’un travail sur une idée directrice, d’un système ou plusieurs et leurs hiérarchisations. Je ne connais pas d’architecte, qui pour décrire leur projet ne commence pas par l’idée directrice qui le dirige. Cette par-tie traite donc d’idée directrice du projet. En effet, dès notre première année à l’école d’architecture, on nous apprend que pour créer un projet « fort » il faut une idée forte à l’origine, un principe. Et les suivre tout du long, quand le projet n’évolue plus dans le bon sens, revenir à ce principe de base aide souvent à avancer. Parfois, il existe plusieurs systèmes qui définissent, et conduisent le projet, la réussite de tel projet est bien souvent du à la hiérarchisation des systèmes. Le plus fort, le plus recher-ché devient le plus présent, pour ne pas perdre l’idée de base, rester fidèle à l’intention. Lyon Dominique nous le dit dans « Construction » : « Je présenterais la mé-thode avec laquelle j’assemble mes idées et expliquerai la manière dont ces idées produisent des formes. ». C’est cet assemblage, cette « méca-nique de l’esprit » qui définit la conception en architecture.

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f- Méthodes de conception par l’image

Il existe de nombreuses méthodes de conception pour aboutir à la forme, méthodes qui aboutissent à des résultats très variés. Mais toutes partent des mêmes bases, influences, pro-grammes. Cette partie va traiter de différentes méthodes basées sur l’image, certaines travaillent sur la métaphore (enseignement du studio G. Marty, Santiago Cala- trava) d’autre partent de la forme pure (géométrie), du pli (Frank O. Gehry), ou de point de vue ( Luis Barragan),... L’objectif n’est pas ici de décrire une par une ces méthodes et d’expliquer leur application, mais de mon-trer la transition de la forme à la forme architecturale. Dans une interview, Santiago Calatrava montre comment par le dessin au fusain il dévie d’un œil, vers un bâtiment, changement d’échelle mais symbolisme de la forme. Il nous explique ensuite comment le pro- gramme qui lui a inspiré cette forme, vient s’inscrire dans le bâtiment. Quant à lui, Frank O. Gehry part du pli, de formes pliées qui lui inspirent des volumes et qu’il transcrit à l’aide de logiciel en architecture. Ces deux méthodes sont des méthodes d’inspiration et de réadaptation. L’application n’est pas direct, c’est cette transposition qui en fait des architectures et non des images. L’image et le symbolisme de ces bâtiments sont très forts. Pour ce qui est de Luis Barragan, c’est un cas bien différent. Il imagine des espaces, des points de vue fort, qui correspondent à ce qu’il veut donner comme image du projet, les dessine puis les dis-pose le long d’un cheminement qui forme le programme, tel des tableaux disposés le long d’un parcours. Il part donc d’espaces fort, qu’il dispose dans son programme et qui en créer la forme.

g- La place de l’imprévu dans la conception

Dans Chaos Sublime, M. Fuksas nous parle de ses expé-riences et en particulier d’un aspect de la conception qui m’étonne en tant qu’étudiant en école d’architecture, car je n’y suis pas réellement confronté. C’est nouvelle valeur à prendre en compte lors de la conception, c’est l’imprévu. Des facteurs que l’on ne maitrise pas. Que ce soit des problèmes à résoudre, des modifications de chantiers, des demandes étonnantes, des circonstances économico-politique diverses,... Les raisons de ces imprévus peuvent être extrêmement variées. Souvent elles arrivent pendant la conception, parfois après, il faut savoir s’y adapter. La place de l’imprévu dans la conception .

Yannis TSIOMIS dans CHIMERES intitule son article « Le tabac de l’improviste ou L’architecture est de l’improvisation figée » Il pose la question : Peut-on improviser en architecture ? Improviser, laisser une part à l’imprévu en architecture n’a pas la même connotation qu’en art. En musique l’imprévu c’est l’improvi-sation, c’est une marque de savoir-faire en architecture c’est un oubli, une erreur. Yannis Tsiomis indique que l’imprévu peut être considéré comme une aberration en architecture. Il articule son article sous la forme de thèse, antithèse.D’après lui et je le cite « Non ! répondront tous ceux, profes-sionnels des appels d’offres, des plans bien ficelés, des descriptifs minutieux, des prix figés, corporatisme mental – architectes en tête – donnant « aux pièces contractuelles » le statut de la preuve intouchable de la création finie. Il oppose à cette catégorie de penseurs un niveau d’improvisa-tion obligatoire: le moment où il y a connexion entre les différents

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acteurs du projet. « Gérer des compétences c’est naviguer entre plusieurs attributions réparties aux différents niveaux et étapes, de la commande à la réalisation du projet. »

Même au niveau de la conception l’imprévu n’a pas la même valeur qu’en art. On peut toujours en musique improviser autrement, en peinture on peut retoucher le tableau mais en architecture« une fois que le « dur » est là, il n’y a plus d’interpré-tation que celle du regard voilé. Il n’y a plus de possibilité, ni par des couches successives, ni par des retours ou des reprises de changer quoi que ce soit. En architecture, une fois que le dur est là tout est dit. Mais au moment où l’on fabrique le dur ? C’est le deuxième temps, où l’architecture peut improviser, là où les détails, leur réalisation provoqueront l’inspiration à travers l’imprévu qui surgira sur le chantier : gratter des enduits pour dénuder un mur et voilà une ancienne fenêtre qui surgit.

Odile Decq dans un édito de archistorm n°46 n’hésite pas à dire que le principe de précaution français gangrène la pensée architecturale .L’imprévu ne peut plus exister, on ne lui confère pas un espace.

Or la conception sans cette dimension échappe à l’art et devient du dessin industriel codifié. » Des freins anticipateurs aux projets ralentissent et coupent les liens entre architecture et art … « Ne pas prendre de risque »devient un leitmotif des agences , des administrations….Le haro sur le principe de précaution ne peut qu’engendrer de la pauvreté architecturale.

On sent ici dans ce débat sur l’imprévu dans la conception à quel point l’architecte est prisonnier de ses propres principes :entre la place de l’imprévu obligatoire dans la démarche de l’artiste et le risque zéro prôné. L’architecte devra s’engager , opter,équilibrer…Une équation pas facile .

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II. Qu’est ce que l’esthétisme en Architecture?

L’esthétisme en architecture est l’un des points d’interroga-tions majeures de tout architecte. Dans tout les milieux la notion d’esthétisme est très large, c’est une notion qui évolue avec le temps, avec la vision que l’on a, c’est une notion qui est parfois définie par des règles, mais qui ne sont pas universelle. Cette notion varie d’un milieu à l’autre, chaque famille a ses grands courants qui dictent un nouvel esthétique, que ce soit de l’art au design, à l’architecture.

Qu’est ce l’esthétisme? Qu’est ce que l’esthétisme en Architecture? Par quoi est-il régi? Qu’elles en sont les règles? Ce sont toutes ces questions qui se posent à moi aujourd’hui. Je vais tacher d’en élucider quelques points.

Pour définir cet esthétisme, je pense qu’il est nécessaire de définir le sujet de cet esthétisme en premier lieu ,ainsi que sa visée, les personnes qu’il atteint. Par la suite, nous étudierons les principes qui forment l’esthétisme de plusieurs mouvements majeurs en architecture. Nous ferons le parallèle entre ces mou-vements et les règles d’esthétisme qu’ils forment, d’où naissent-elles? Comment influent-elles, guident-elles ces mouvements?

Les notions d’esthétisme, de beauté ne sont pas seule-

ment des notions dictées par des règles et des codes, mais ce sont surtout des notions qui font appel à la pensée, aux senti-ments. La sensibilité et le regard de chacun sont donc l’un des outils de l’esthétisme. Nous prendrons l’exemple de Peter Zumthor dans son livre Athmosphère, qui décrit l’esthétisme comme l’émo-tion : l’émotion provoquée ou induite. C’est cette sensibilité qui a fait des descriptions de Marcel Proust, des espaces esthétiques à ces yeux. Nous chercherons donc à savoir pourquoi?

Nous verrons que cette notion d’esthétisme est multiple et évolutive, chacun possède la sienne, et elle s’applique à tous les milieux. Mais pouvons nous donc en conclure qu’il existe plusieurs esthétismes? Un esthétisme pour chaque chose, pour chaque époque, pour chaque personne?

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a- Définition formelle de l’ Architecture:

L’architecture est bien souvent mise à la croisée de deux mondes: l’art et la science. Elle allie la science de la construction, et l’art de concevoir. Ses influences quant à elles sont souvent issues du monde de l’art, même si les sciences humaines et la nature sont aussi très fréquentes. Le « projet » d’architecture est la capa-cité à allier les besoins à la formes, à l’esthétisme et aux sciences de la construction afin que tout « tienne». Mais pour moi, les sciences de la construction viennent après la conception de la forme afin de trouver des solutions, pour que la stabilité, la solidité soit assurées. Ce n’est que mon opinion, et je suis certain que tous les archi-tectes ne partagent pas mon avis, mais je pense que si l’aspect constructif était plus important que l’aspect esthétique, l’architecture répondrait plus au nom de sciences que d’art, le nombre de réponses pour un même site, programme, énoncé en serait donc extrême-ment réduit. Ne serait ce pas ça perdre en richesse ? Les ingénieurs en génie civile seraient donc plus aptes à répondre aux problématiques posées que nous, archi-tectes. Ce qui me paraîtrait absurde et regrettable. La notion artistique de l’architecture est donc selon moi prédominante en architecture, la notion de projet se doit donc de prendre en compte la notion d’esthétisme

en architecture. Et cet esthétisme n’est donc pas une science.

L’architecture n’a pas pour but unique la fonc-tionnalité d’un édifice. La recherche de l’esthétisme d’un bâtiment, d’un paysage est l’une des préoccupations majeures des architectes, du moins doit l’être à mes yeux. Au cours de mes années de licences, de nombreux cours mettent en avant la forme et l’esthétisme des bâtiments, mais sans jamais apporter de définition de ce qu’est l’esthétisme en architecture. Nous pourrions traiter cette partie de manière historique mais l’objectif de cette étude n’est pas de se rapprocher d’un cours dont l’intitulé serait l’esthétisme en architecture. Au contraire, cette partie à plutôt pour vocation d’énoncer les points qui créer l’esthétisme dans l’architecture contemporaine.

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b/ La Géométrie

L’époque médiévale a vu se développer la géométrie comme principe architectural, c’était une des règles de l’esthétisme de l’époque. Les façades se voyaient ornées de fausses fenêtres pour répondre à la volonté de symétrie. Le nombre d’or était à l’origine des proportions. Géométrie pure, orientée, symétrie, régu-larité faisant partie intégrante du vocabulaire architecturale de l’époque. C’est de cette manière que Andréa Palladio énonce:

« Les proportions des voix sont harmonie pour les oreilles ; celles des mesures sont harmonie pour les yeux » dans un mémoire en 1567. L’esthétisme en architecture correspondait à la réponse à ces critères géométriques.

De nos jours, cette vision de l’esthétisme parait superflue, dépassée, l’esthétisme en architecture est donc une mode, sur laquelle la culture influe la technique et les modes de vie. De nos jours les notions géométriques qui interrogent l’esthétisme sont les proportions, la configuration géométrique (composition de figures de base : cube, pyramide, sphère, etc.) La notion d’esthétisme qui nous intéresse ici est donc la version contemporaine des termes.

Lorsque l’on parle de géométrie dans l’architecture moderne on ne peut passer à coté de Louis Kahn, il réemploie les formes géométriques de base, déjà employées par les modernistes , et en fait un usage esthétique nouveau. Il définit ainsi un nouveau type d’esthétisme.

c/ Le Modernisme

L’architecture est « le jeu savant, correct et magnifique des volumes sous la lumières » énonçait Le Corbusier. C’est en effet un des principes que l’on peut retenir de cette époque, et dont l’actualité ne fait aucun doute.

Françoise Choay écrit dans Espace comme matière de conception : « Une commune volonté, polémique et subversive, est décelable dans la diversité des édifices – manifestes qui ont inauguré la naissance de cet espace « moderne ». Le refus de l’ornement extérieur au profit de volumes purs et nus est traduit tantôt par des formes géométriques (Loos, Le Corbusier, Mies van der Rohe), tantôt par des formes organiques (Wright, Aalto). La synthèse de l’extérieur et de l’intérieur est opérée tantôt par l’artifice d’éléments construits (pilotis, rampes, toit-terrasse chez Le Corbusier), tantôt par l’intégration directe de l’environnement exté-rieur : que celui-ci soit accueilli à l’intérieur de l’édifice par un jeu de transparences (Mies van der Rohe), ou bien qu’il joue un rôle dynamique dans la structuration de cet espace intérieur (Wright). [...] ». Cette volonté de rupture à l’époque, a littéralement changé la morphologie de l’architecture. De nos jours, l’influence moderne est toujours présente, même si les principes sont parfois réinterpré-tés.

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d- Plus particulièrement le mouvement Bauhaus

Le Bauhaus prône l’industrialisation de l’architecture, il créé ainsi des principes d’esthétisme architectural en relation avec cette industrialisation. C’est un esthétisme du fonction-nalisme qui est apparu. Ces maitres, tel que Walter Gropius cherchent à créer une communauté de travail pour la nouvelle construction de l’avenir.

La place de l’industrie et de l’art est très importante dans ce mouvement, les codes de l’esthétisme s’en ressentent. L’œuvre du Bauhaus, de l’architecture au mobilier est fortement imprégnée de ces milieux.

S’adaptant à une industrie axée sur la production de masse, la pensée du Bauhaus s’est développée en direction de la vie moderne et des conditions sociales.

C’est en partant de ce postulat que l’esthétisme du Bauhaus est apparu, et que des bâtiments de verre, d’acier et de béton ont vu le jour.

Mais cet esthétisme fut controversé, ce que l’on peux découvrir dans L’enseignement de Las Vegas de Robert Ven-tury. En effet il y défend une architecture populaire, issue du pop art et du symbolisme, et définit ainsi les principes esthétique d’une architecture populaire. Cette architecture populaire est en opposition avec les principes du Bauhaus mais n’est pas pour autant dénuée d’esthétisme. Ce qui nous conduira plus tard à la question de la pluralité de l’esthétisme.

e- Le Déconstructivisme

Peter Eisenman et les déconstructivistes, ont réinterprété les principes du modernisme au profit de l’esthétisme. En pous-sant à l’absurde certains points, par exemple, en considérant que l’esthétisme d’un escalier pur, valait plus que son utilité et donc s’en servant d’objet décoratif, sans autre fonction que l’esthétisme, parfois inaccessible. L’esthétisme de la forme se détache ainsi de l’esthétisme de la fonction. Ils associent des processus de design non linéaires, à des thèmes comme la géométrie non euclidienne, en poussant à l’extrême des thèmes de l’architecture moderne comme l’opposition entre structure et enveloppe.

«Les apparences visuelles des réalisations dans ce style sont caractérisées par une imprédictibilité stimulante et un chaos contrôlé. Cependant, les critiques de la déconstruction le voient comme un exercice purement formel qui se fait au détriment de la vie sociale.» (wikipédia), de nouvelles formes ont vu le jour, de nouvelles notions d’esthétisme. Cet esthétisme est apparu en parallèle du mouvement post modernisme, il est en accord avec sa philosophie de rupture avec le modernisme et son esthétisme.

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f- L’esthétisme c’est l’émotion Peter Zumthor: Athmosphère

L’esthétisme c’est l’émotion. Pour ma part, l’esthétisme en archi-tecture c’est l’émotion. En effet en architecture, tous les sens sont mis en éveil. Comme le dirait Le Corbusier : « La construction c’est fait pour tenir, l’architecture pour émouvoir ». L’architecture est sensitive, elle émeut, on la vit, on la traverse, on la voit, on l’observe, on l’entend, on la ressent.

De la musicalité d’un rythme sur une paroi, une menuiserie, les couleurs, la lumières des volumes, l’aspect, la rugosité des matériaux,la chaleur du soleil derrière un vitrage, l’odeur d’un enduit, d’une boiserie, ... Excepté le gout, l’architecture sollicite tous les sens, elle est omni-présente. Pour moi une architecture esthétique est une architecture qui me touche, qui me fait ressentir quelque chose. Que ce soit par la finesse de ces volumes, ses proportions, ... Peter Zumthor nous le montre magnifiquement bien dans Atmosphère. Je n’ai pu me résigner à choisir un extrait de cet ouvrage, le choix était trop rude. Je le laisse donc en intégralité, comme un tout, qui nous montre pourquoi on ressent, même s’il ne nous montre pas comment faire ressentir. Il invite donc à la réflexion en décrivant des effets, des émotions, à partir de simple photos d’architectures.

L’émotion peut être multiple, par exemple les réalisations de Kita- gawara Atsushi, Prince of Darkness, l’émotion est bien présente mais je ne saurais la décrire.

g- Marcel Proust :description de sa chambre, notion d’affection

« La plus belle chose que nous pouvons éprouver, c’est le mystère des choses. » Albert Einstein. Cette citation me fait penser à l’image poétique, divulguée par Marcel Proust applicable à l’archi-tecture et en particulier aux sentiments qu’elle provoque.Ce que l’on peut retirer de l’esthétisme en architecture, c’est qu’une fois de plus, ce n’est pas une science exacte, il n’y a ni manière de faire, ni solution miracle, seule l’expérimentation aboutit. De plus, cette notion est soumise à des facteurs extérieurs qui sont d’ordres culturels, sociaux et temporels, c’est une notion en constante évolution.

Marcel Proust nous décrit sa chambre telle qu’il s’en rappelle, avec une infinie précision, et des détails édifiants. Cette espace est pour lui un espace familier, où il aime passer son temps, et cela se ressent. Au travers de ses mots, il nous fait transparaitre sa chambre, notre imagination finit la description de celle ci, elle devient de cette manière réelle pour nous qui ne l’avons pourtant jamais vu. L’image de cette chambre associée à cet appel à la mémoire et au souvenir de Proust crée en lui l’esthétisme de sa chambre. Non pas un esthétisme formel, mais visuel, et imprégné de souvenirs.

Cette chambre ne pourrait, pour lui, pas être plus belle que dans ses souvenirs et comme il l’a décrite. Elle atteint la perfection d’un esthétisme applicable qu’à cette pièce, à cette chambre, à sa chambre.Dans le cas présent, l’esthétisme en architecture n’est pas la résultante de la forme mais du souvenir.

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h- Existe-t- il plusieurs esthétisme?

Nous avons vu que l’esthétisme, que ce soit en architecture ou ailleurs, à de nombreux origines, varie suivant les époques et les mouvements, que parfois plusieurs principes d’esthétisme de mou-vements différent cohabitent à une même époque. De plus toute personne s’interrogeant sur la beauté de quelque chose fait appel à ses souvenirs, sa personnalité, sa sensibilité.L’esthétisme varie donc d’une personne à une autre, et même chez une même personne il dépend de son humeur, de son âge, de son vécu. C’est pour ces raisons que j’ai été amené à m’interroger sur la possible pluralité de l’esthétisme.

En effet, cela expliquerait le nombre impressionnant de résultats différents pour un programme et un site identique. Si nous partons de cette affirmation, est ce que dans ce cas là l’esthétisme en architecture ne résulterait pas d’autre chose que l’aspect formel du bâtiment? Pourrait- il y avoir un esthétisme qui fait référence au souvenir de chacun, un pour la forme, un pour les matériaux, ...

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III. L’esthétisme de la forme est elle synonyme d’une Architecture harmonieuse?

Qu’est ce qui définie la réussite d’une architecture, d’un batiment? Peut on parler de bonne ou de mauvaise architecture? On reproche à certaine architecture de ne pas fonctionner, tel des objects ménager. Je pense par exemple à la Caserne de pompier de Vitra de Zaha Hadid, aujourd’hui transformé en musée de design car les utilisateurs présumés de ce batiment ne s’y sont pas plu, la forme de ce batiment les a trop contraints. Ce batiment n’est pourtant pas dénué d’esthétisme selon moi, alors comment ce fais ce que les pompiers y séjournant ne s’en soit pas accomodé? L’esthétisme d’une forme, d’un batiment, ne fais donc pas sa «réussite»? Le Corbusier a toujours présenté l’architecture « comme le jeu savant, correct et magnifique des volumes sous la lumière ». Les struc-tures déconstruites, les cubes blancs, les matières plastiques, les volumes simples et épurés, articulés selon des plans fondés sur l’interpénétration des espaces, s’entremêlent et font émerger une architecture harmonieuse.

L’ «Harmonie», ne serait ce pas la une architecture «réussi»? L’harmonie des formes, des matériaux, des usages et des usagers, est à mes yeux synonyme de bonne architecture. Quel lien entretiennent cette harmonie et l’esthétisme de la forme. Certains architectes pense d’abord la forme exterieure d’un batiment avant de chercher à créer l’espace in-térieur, et ainsi faire coïncider la forme et son esthétisme, à l’harmonie du projet, je pense ici à Frank O. Gehry. La question que je me pose est: est ce que l’esthétisme de la forme induit cette harmonie? ou est ce plutot l’inverse? Les exemples tel que celui de la caserne de Zaha Hadid sont rare, est ce un cas extreme, ou bien plus courant que nous ne le pen-sons? De plus une architecture armonieuse ne regrouperait elle pas tout

les critères: la forme et la fonctionalité? L’esthétisme deviendrais donc de cette manière, l’un des points à atteindre pour creer cette harmonie?

Le Corbusier énonce: «La construction, c’est pour faire tenir, l’archi-tecture pour émouvoir », l’émotion ici mise en avant fait le lien entre cette esthétisme et l’harmonie nécessaire au bon «fonctionnement» d’une architecture. L’architecture serait donc l’art de créer une harmonie entre forme, fonction, et émotion?

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a- Les New York Five, Peter Eisenman, Colin Rowe

Il est souvent reproché aux architectes de ne pas suffi-samment penser aux utilisateurs, en particulier dans le mouvement moderne. Les New York Five cherchent à se détacher du rationa-lisme industriel. Certains, tel que P. Eisenman pensent que la beauté de la forme fait la beauté de l’architecture, et ne nécessite donc pas de capacité fonctionnelle. Il pousse même cette idée à son paroxisme avec des escaliers non accessibles ou ne menant nulle part, simplement pour la beauté de la forme pure. La limite de cette pensée est apparue tout naturellement aux yeux d’Eisenman, mais il soulève de cette manière la question du rapprochement entre esthétisme et fonctionnalité. Est ce que ce qui est fonctionnel est esthétique? L’origine de l’esthétisme vient telle de la fonction-nalité d’une architecture?

« Les volumes platoniciens avec lesquels travaillait Le Corbusier ne sont plus adéquats pour rendre compte des phé-nomènes actuels. La symétrie n’est plus capable de dire ce que sont nos rapports à l’environnement, ce sont des choses du passé » écrit Eisenman. Il décrit ainsi les principes de la décomposition, il sépare l’architecture et l’Homme, pour lui l’architecture doit s’affi-cher comme un processus autonome, où la forme est libre de toute contingence anthropologique et renvoie avant tout à elle-même. La forme pour la forme.

Il définit ainsi des normes d’esthétisme qui font sortir l’Archi-tecture de son rôle, en la transformant en pure représentation artis-tique des espaces, détachée de toutes vocations fonctionnelles.

b- Le Symbolisme Robert Venturi: L’enseignement de Las Vegas

Dans l’enseignement de Las Vegas, Robert Venturi ana-lyse et décrit sans porter de jugement critique, l’architecture du «strip». Cette architecture populaire, issus de la culture populaire, du symbolisme et du pop art. Il s’aperçoit que malgré ce que les architectes et le public averti à l’architecture pensent, le «fonction-nement» de ce type d’architecture ne peut être remis en cause. Certes l’esthétisme ne répond pas, et loin de là, aux principes des modernes, mais cela ne l’empêche pas d’exister. De nouvelles règles d’esthétisme y ont vu le jour, avec le bâtiment symbole, le bâtiment enseigne, et le hangar décoré. Il existe ainsi une harmo-nie entre ce nouveau type d’esthétisme, que l’on retrouve aussi chez nous aux entrées, aux portes de ville, et la légitime utilité et fonctionnalité de ces bâtiments.

Robert Venturi nous interroge donc à propos d’une pro-bable: «pop-architecture», qui certes ne plait pas à un public averti.

Donc dans ce cas là, une architecture à l’origine sans esthétisme se retrouve empreint d’une harmonie qui montre la réa-lité et la réussite populaire de cette architecture.La construction peu couteuse, et rapide de ces architectures, en fait le type de bâtiment le plus employé pour l’architecture commerciale de loisir. Le théoricien et critique de la culture Tomás Maldonado accusa Venturi et Scott Brown d’esthétiser la ville contemporaine et ses problèmes, et de reléguer les architectes dans le rôle de spectateurs extérieurs et purement passifs. Mais ce que certains n’avaient pas compris, c’est que Ventury n’avait aucu-nement l’intention de mettre l’esthétique de la culture populaire à la disposition du projet architectural.

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c- Les Fonctionnalistes

Les fonctionnalistes quant à eux pense que c’est la manière de vivre, de fonctionner qui doit influer la forme, comme nous le dis Peter Collins dans Architecture moderne, principes et mutations (1750-1950) : « De manière similaire, il n’est pas tout à fait étrange que Lamarck suggère que l’évolution était due à l’environnement. Winckelmann, Montesquieu et Goguet avaient déjà souligné l’importance de l’influence de l’environnement sur l’art, la loi et la société, quoiqu’ils n’allèrent pas, à ma connais-sance, jusqu’à dire qu’il s’agissait là de la cause direct de leur évolution. Ce point constituait, cependant, l’essence même de la thèse révolutionnaire de Lamarck. : « Ce ne sont pas les organes, écrivait-il, c’est-à-dire, la nature et la forme des parties du corps d’un animal, qui ont donné lieu à ses habitudes et à ses facultés particulières ; mais ce sont, au contraire, ses habi-tudes, sa manières de vivre, et les circonstances dans lesquelles se sont rencontrés les individus dont il provient, qui ont, avec le temps, constitué la forme de son corps, le nombre et l’état de ses organes, enfin, les facultés dont il jouit » (p217). La comparai-son de la forme de l’architecture à la morphologie de l’animale paraissent ici vraiment logique. Mais là on ne parle pas d’une enveloppe charnelle mais plutôt d’un abri, dont on sort, dans lequel on se déplace. D’où mes quelques divergences vis-à-vis de leur avis. Je pense qu’une architecture purement fonctionna-liste serait triste. Commencer par là la phase de conception est un point positif mais il faut pourvoir se détacher de l’utilité pour

obtenir la forme, afin de permettre par exemple, un réemploi des locaux dans l’avenir.

Le symbolisme qu’entraine souvent ces méthodes pure-ment fonctionnalisme me dérange car il appauvrit à mes yeux le monde de l’architecture, dont la richesse est faites des réponses multiples et innombrables. Cela réduirait je le pense l’architecture à une science d’application, ce qui n’est, je le pense, pas le cas.

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d- Mise en relation avec les deux parties précédentes: Bien au contraire

La question n’est pas d’aujourd’hui. Vitruve architecte romain du 1er siècle av J.C., auteur d’un traité « de architectura » définit une triptyque :utilitas/venustas/firmitas qui pourrait être traduite par utilité/beauté/solidité. Déjà les notions de forme /fonctionnalité/esthétique se côtoient .Elles se marient et divorcent au cours des siècles mais elles sont présentes concomitantes même chez cer-tains fonctionnalistes , car même si la forme suit la fonction d’après l’architecte de chicago Louis Sullivan (form follows function),je dirai que l’un n’empêche pas l’autre…oui le fonctionnel peut être présent , oui cela n’empêche pas l’esthétisme .Les deux peuvent être pensés en même temps même si les critiques du fonctionna-liste prétende que la profession n’a aucune responsabilité fonc-tionnelle .Cette tendance s’affirme aujourd’hui , l’architecte est un artiste ,tendance à la mode en ce moment.. Dans l’article de Philippe Madec « Visible ardent d’invisibilité »publié dans la rêve Parpaings en 1999 l’auteur indique :« Si, comme l’écrit Heidegger, «la poésie est la fondation de l’être par la parole» (Hölderlin ou l’essence de la poésie), l’architecture est assurément la fondation de l’être par la matière. »Je compare un peu l évolution de l’architecture à celle de la poésie : du classique vers le moderne. « Les tâches de la poésie et de l’architecture tendent d’ailleurs l’une vers l’autre. Comment ne pas vouloir pour l’architecture, ouvrir l’échelle du réel. Briser le seg-ment conventionnel et spasmodique des automatismes quotidiens, se situer dansl’infini réel ou, si l’on veut, dans «le fini sans limites», comme le prétendent certains scientifiques »écrit Philippe Madec .

La poésie classique : avec des règles strictes (versification

rime forme fixe : sonnet..nombre de pieds) imprime un cadre, un squelette sur lequel il faudra se conformer .Dans quel but ? S’inscrire dans une beauté formelle (pour moi le fonctionnalisme) , publier sa sensibilité avec le lyrisme (pour moi architecture émotionnelle) avec un outil commun le poids des mots (la construction). Puis les poètes dits modernes ont voulu s’affranchir de cette rigidité de la forme (tout comme les architectes modernes ont voulu s’affranchir de la fonctionnalité parfois de la forme) au profit de l’outil lui-même (le poids des mots)qui devient l’ambiance en architecture .C’est le mot qui donne sa force à la poésie , c’est son impact solitaire ou marié à d’autres , sa fragilité ,sa violence , sa douceur , sa tonalité ,son mariage ,son alliance ,sa rupture ,son ambiance qui donnent sa valeur à la poésie (et non plus le cadre rigide des règles). Les mots reprennent leur liberté au service de l’œuvre. Mais aussi bien en poésie moderne que classique, la fonctionnalité est de rendre la vie plus belle comme le dit Jean-Pierre Siméon (poète contemporain).Même destin pour l’architecture avec une évolution artistique commune à la poésie dans un même but :rendre la vie plus belle (que ce soit en fonctionnalité , en émotion , en art…)Forme et esthétisme sont liés ,parfois de façon fusionnelle à « la Vitruve » ,parfois de manière conflictuelle et noueuse comme les fonctionnalistes….Mais dans les deux cas ,le lien qu’on essaie de forcer ou de défaire est bel et bien là. Ensuite chaque architecte avec sa sensibilité, sa culture ,sa personnalité se situera sur ce lien proche de la strangulation du nœud ou proche de sa rupture …tous les positionnements sont possibles voir souhaitables pour la richesse architecturale.

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IV- Bibliographie

Philippe Madec / Visible ardent d’invisibilité revue PARPAINGS, n°04 de juin 1999

Préface écrite par Jean-Pierre Siméon dans la Nuit respireCheyne Eds / 1991

Discours de Barack Obama lors de la cérémonie de remise du prix Pritz-ker 2011 à l’architecte portugais Eduardo Souto de Mourale 2 juin à Washington.

Odile Decq / Le principe de précaution : gangrène de la création architecturale / N°46 d’Archistorm

Yannis Tsiomis / Le tabac de l’improviste ou L’architecture est del’impro-vistion figée / CHIMÈRES 1

Jérome Coignard / Carlo Scapa: un moderne sur le grand canalConnaissance des Arts / juin 2011

Myriam Boutoulle / Qu’est ce que la modernité aujourd’hui?Connaissance des Arts / Avril 2011

Jean-François Lasnier / Les musées de Coop Himmelb(l)auConnaissance des Arts / Mai 2011

Bernard Tschumi / «Au muséoparc d’Alésia nous ne cherchons pas à faire du spectacle» / L’Oeil / Février 2012

Delphine Désveaux / La sucrière, ou les vertus de la discrétion en archi-tecture / Archistorm 52 / Jan. Fevr. 2012

Marc Barani / Tribune LibreArchistorm 49 / Jui. Aou. 2011

Richard Scoffier / Penser l’architecture comme une orthèseArchistorm 53 / Mar. Avr. 2012

Paul Ardenne & Barbara Polla / Architecture émotionelleArchistorm 48 / dossier réflexion / Mai Jui. 2011

Christophe Leray / Anne Demians, sous le velours, le faireArchistorm H.S. 01

La synergie positive de Delphine DesveauxArchistorm 51 / Nov. Dec 2011

Articles:

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Bernard Rudofsky: Architecture without architect1974 Academy Editions, London , U.K,

Peter Collins / Architecture Moderne, principes et mutations 1750-1950 / collection eupalinos / Parenthèses

Alvaro Siza / Des mots de rien du tout / Dominique Machabertpublication de l’université de Saint Etienne

Dominique Lyon / Constructionédition HYX

Caroline charvier / Introduction à la transcription de la dé-construction en architectureMémoire de master 1 / école nationale supérieure d’architecture de Grenoble

P. Zumthor : Atmosphère édition Birkhauser / 2006

M. Fuksas : Chaos Sublime édition Arléa / 2010

R. Venturi : L’enseignement de Las Vegas édition Mardaga / 2008

C. Alexander : De la Synthèse de la forme édition Dunod / 1976

G. Perec : Espèces d’espace édition Galilé / 1974

Le Corbusier / Vers une architectureFlammarion / 1923

G. Bachelard / La poétique de l’espace édition PUF / 1957

Interview Video Santiago CalatravaTaschen / 2004

Marcel Proust / Du côté de chez SwannGrasset, 1913

P. Kaufmann / L’experience emotionnelle de l’espace Kitagawa-ra Atsushi / Prince of Darkness / Architectural record Françoise Choay / Espace

comme matière de conception

Le Corbusier / Les trois établissements humains Les éditions de minuits / 1959

Livres: