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Au Grand T © Stéphanie Jayet

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Entretien avec Abbi Patrix ��"�

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Conception et adaptation �����������

Scénographie et lumières Sam Mary

Avec Abbi Patrix récit

Jean-François Vrod violon et percussions

Production Compagnie du Cercle / La Maison du Conte

En partenariat avec

Athénor

Avec le soutien de L’Accoord Bellevue / Dervallières

Abbi Patrix est associé aux chantiers artistiques d’Athénor à Bellevue

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/�����������$�$�� : 1h15 �����$�: Tous public, à partir de 8 ans

.���0�: 6€ par élève

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�������������Le Compagnon est le plus beau conte merveilleux norvégien. Il s’impose par l’originalité de

sa structure en tiroirs, un suspens glacial et magique dans un climat très nordique où les

trolls sont partout, et où l’imprévu et la violence des personnages et des histoires

surprennent dans ce voyage au cœur de l’imaginaire.

Dans sa quête pour trouver et ramener la femme qu’il a vue en rêve, un jeune garçon naïf et

généreux est guidé par un compagnon mystérieux, aux multiples visages. Au cours de ce

voyage initiatique parsemé d’embûches et d’épreuves terribles, le jeune garçon emprunte

des sentiers inattendus et captivants pour conquérir ses rêves et sa liberté d’homme, éclairé

par celui qui se révèle être à la fois un père, un ami, une figure du destin…

Ce spectacle est une occasion de redonner toute sa dimension au conte merveilleux,

souvent déprécié et mal compris, en revenant à l’essentiel de l’art du conteur : un

espace rituel, un corps, une voix, un tambour.

© Stéphanie Jayet

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« Des histoires sont irrémédiablement liées à des conteurs.

Ainsi sont Le Compagnon et Abbi Patrix. Une histoire familiale, une histoire intime, une

histoire artistique, bref une histoire de vie.

Pour ceux qui connaissent Abbi Patrix, pour ceux qui savent depuis longtemps que

c’est un fabuleux conteur, ils vous diront que Le Compagnon est une de ses grandes

histoires, de celles qu’on ne se lasse jamais d’écouter, une de celles qui ne le

quitteront jamais, que nous lui réclamerons toujours.

Quand un grand conteur reprend une de ses histoires fondatrices, il cherche

immanquablement au cœur de son histoire une nouvelle voie pour poursuivre sa quête,

mais aussi pour nous étonner, nous émerveiller un peu plus.

Par la magie de son verbe qui réveille l’histoire, par sa chair et son sang qui

l’animent, par le souffle qui la transcende, le conteur donne vie à son histoire. Il la

dompte, il l’habite, il redonne tout l’éclat de ses couleurs, de ses impressions, de ses

sens.

Ainsi sont les artistes conteurs, ainsi sont les créateurs. Ils sont assez rares car il faut un art

consommé pour maîtriser les grandes œuvres et pour que le conte soit fondateur.

Avec Abbi Patrix et son Compagnon, nous vivrons cela, tout cela ».

Michel Jolivet,

co-directeur de La Maison du Conte

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��������� ������������������������������ ����� J’ai envie de commencer par une question candide : qu’est-ce qui te conduit, Abbi, à ressortir ce texte Le Compagnon et à l’envie de l’explorer, de le présenter de nouveau à ton public ?

« Comme ça arrive souvent, une décision est le résultat d’événements qui se succèdent et s’ajoutent. Il n’est pas juste de parler de reprise pour Le Compagnon, parce que je n’ai jamais cessé de le raconter. Mais, on pourrait dire qu’en le reprenant actuellement sous une forme spectaculaire, je re-questionne ma relation aux histoires et au spectacle. Le premier contact avec Le Compagnon date d’il y a trente ans. En fait quand ma mère a commencé à traduire les contes norvégiens, quand elle a commencé à animer son groupe d’étude et de traduction des contes, elle a traduit Le Compagnon de manière très simple et proche de l’oral. C’est ce qui l’intéressait dans la traduction. Elle a ensuite fait des tentatives de narration avec son groupe de traductrices et quelques invités qui travaillaient avec elle. J’ai participé à cela et cette histoire m’a séduite. À l’époque je faisais du théâtre et je n’ai pas donné suite à cet intérêt pour les contes. Quand, plus tard, il a été question pour moi de raconter des histoires, parmi les histoires que j’ai commencé à raconter, il y avait Le Compagnon. C’est un long récit et ce n’était pas évident pour moi de le raconter seul. J’ai fait des tentatives diverses. Les conditions dans lesquelles nous racontions à l’origine de la Compagnie du Cercle, à cette époque, n’étaient pas particulièrement propices à donner à entendre une histoire d’une heure. Il a fallu attendre le succès de Possible Impossible pour le faire. Il pouvait enfin y avoir des formes musicales dites pour tout public, qui soient vraiment du domaine du conte spectacle. Possible Impossible, c’était un montage de plusieurs contes. Je me suis dit qu’il serait intéressant de tenter un spectacle qui ne soit qu’une seule histoire. Ça a été l’aventure du spectacle Le Compagnon, avec scénographie, lumière, costume et un travail musical très important élaboré avec Jean-François Vrod. Avec lui, j’ai joué plus de trois cents fois Le Compagnon ! Nous avons joué dans toutes sortes de conditions : de très bonnes, des difficiles, pour des publics d’enfants, des publics très mélangés. On a fait un CD, un livre et nous avons décidé d’un commun accord qu’il fallait à un moment arrêter l’aventure du spectacle. Jean-François avait envie de faire autre chose, moi aussi. Trois cents représentations, c’est énorme. On a vécu avec ce spectacle pendant presque cinq ans. Curieusement ça n’a pas tué la relation avec l’histoire. C’est comme si l’histoire était toujours là, comme le compagnon du conte, en attente. Un jour, j’ai eu l’occasion d’aller le jouer en Angleterre où j’ai toujours conté régulièrement. Mais quand je m’y rendais, je racontais des contes courts parce que ça ne m’est pas facile de raconter en anglais. Puis il y a eu ce défi lancé par mon ami le conteur anglais Ben Haggerty. Il m’a demandé de venir raconter Le Compagnon dans son pays. Je me suis dit que je pouvais le faire en solo avec juste un ou deux instruments que je maîtrise. C’est curieusement par le biais de la langue anglaise que j’ai retrouvé le chemin de cette histoire dans une forme simple. Ne me restaient que l’écho de la musique, la présence de l’espace, un sentiment très fort et une confiance avec cette histoire, et une sorte de mémoire quasi physique. J’avais l’impression que je l’avais tellement jouée, tellement racontée qu’il n’y avait plus de séparation entre elle et moi. C’est comme si elle était complètement à l’intérieur de mon corps, mon corps avec toutes ses parties : la partie émotive, la partie sensorielle et physique parce qu’il y a des choses très physiques dans les choix de style des mots, dans la pensée, les images. J’ai vraiment une relation totale avec ce conte. J’avais fait un travail avec Ben Haggerty autour des quelques mots et idiomes avec lesquels je pressentais quelques difficultés, mais ensuite je me suis jeté sans filet et tout de suite avec le public. Je l’ai fait aussi pour tester la relation que j’avais avec

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l’histoire. Elle est passée d’une manière incroyable et j’ai été étonné de sa vie et de sa vitalité. J’ai apprécié sa manière de traverser même la difficulté de la langue tant elle a sa place en moi. De ce jour, je l’ai racontée plusieurs fois en anglais, que ce soit en Angleterre, en Hollande, en Norvège, au Danemark, etc. C’était pendant un temps comme un jardin secret privé, alors que je réalisais d’autres projets en France. Les années ont passé, sept, huit ans. Puis il y a eu récemment cette proposition de La Maison du Conte et de Michel Jolivet qui voyait un intérêt à ce que je reprenne le chemin des formes solo. Ça a été d’abord la création de Au bout du monde puis maintenant Le Compagnon. Je me suis demandé ce que donnerait une histoire comme ça, portée, assumée comme Au bout du monde c’est-à-dire pour un public adulte. C’est quelque chose qui m’a toujours intéressé. Le conte merveilleux a une sorte de familiarité établie avec les enfants jusqu’à la préadolescence, comme si c’était leur monde et leur façon de l’appréhender. J’ai raconté des contes merveilleux aux enfants dans toutes sortes de conditions, scolaires ou parascolaires. J’ai défendu le conte merveilleux parce que j’ai souvent eu l’impression qu’il était maltraité par les conteurs, souvent mis en dérision. Le conte merveilleux a mauvaise presse en général ; ça change. La question est : est-ce qu’il ne pourrait pas tout à coup retrouver sa place ? Quand Michel Jolivet s’est emballé à l’idée que je raconte un conte merveilleux, il aime beaucoup l’histoire du Compagnon, et que d’autres sont venus me soutenir dans ce projet, je me suis dit aussi que c’était une occasion offerte de retourner encore plus à l’essentiel du conte. J’ai voulu qu’il n’y ait plus rien d’autre que l’histoire, le conteur et un contexte. […]. » Justement pour toi, que raconte cette histoire ? De quoi est-ce qu’elle parle ?

Inspiration, silence, expiration, parole… « Je dirais que la première chose dont elle parle c’est le rêve. Dans Le Compagnon, au début, le rêve semble juvénile, gai, comme une sorte d’illumination, de révélation, faite à un jeune garçon qui sort de l’enfance. Dans l’histoire originale, il ne rêve qu’une fois. Je le fais rêver trois fois, parce que ça m’intéresse de travailler sur la notion de rêve et de la récurrence. La première fois, il va voir sa mère et lui raconte son rêve. Sa mère lui dit que c’est bien de rêver, et que s’il rêve deux fois, qu’il en reparle. Il rêve une deuxième fois. Quand il lui raconte son rêve pour la deuxième fois, elle dit : “Rêver soit, mais, tu ne vas tout de même pas tout quitter pour un rêve ?” Donc elle lui dit le contraire de ce qu’elle lui a dit la première fois. Quant à la troisième fois, le rêve de la jeune femme est tellement puissant que personne ne peut empêcher le garçon de partir à sa recherche. Ce sont trois variantes de la même impulsion, d’un même irrésistible appel. Ce que je trouve intéressant, c’est que, bien qu’on ne sente pas l’importance du rêve au début de l’histoire, on découvre que plus l’histoire se déroule et plus le rêve prend de l’importance. Le rêve est une clé qui ouvre sur le mouvement, sur la décision. Alors, est-ce un rêve prémonitoire ? Est-ce qu’un message lui est envoyé dans le rêve ? Est-ce que c’est sa sortie de son monde à lui et la découverte “du” monde extérieur par le rêve ? Toutes ces questions sont posées. On doit sentir que dans ce rêve réside une vraie force de transformation, d’initiation, donnée au jeune homme pour son devenir d’homme. » Le rêve nous rend conscient de notre inconscient ?

« Oui, voilà. On est en contact avec de l’inconscient. Dans cet inconscient, il y a des forces et certaines de ces forces nous appellent. L’inconscient et le conscient se rejoignent au réveil quand le rêve est tellement fort que le conscient du réveil dit : “Mais il faut que j’aille là, que je réponde à cet appel”. J’ai le sentiment que cette histoire porte ça, porte cet appel. Elle raconte un des scénarii possibles proposés à un garçon qui est en contact avec une forme d’inconscient qui le transforme ensuite à travers l’action de ce qu’il va faire de sa propre vie. Pour réaliser son rêve, pour mettre en relation cet inconscient et ce conscient, il va y mettre sa vie, et rencontrer des forces de la vie et des forces de la mort ; il va montrer sa nature, la

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révéler, et il va redonner à la mort sa vraie place et il va redonner à son rêve, à cette femme qui est la femme de son rêve, sa place. Il va la libérer de cette malédiction qu’elle subit, de cet emprisonnement imposé. » On pourrait envisager que Le Compagnon soit une partie du jeune homme ?

« Au moment de la rencontre et jusqu’aux épreuves infligées par la femme possédée, le Compagnon sert de guide au jeune homme. Le Compagnon a contact avec l’autre monde, le monde des trolls. Alors est-ce qu’il fait le lien avec le monde de l’inconscient et des forces obscures ? Est-ce qu’il connaît ce monde parce qu’il est mort ? Est-ce qu’il l’a connu de son vivant ? Est-ce qu’il le connaît parce qu’il est plus âgé que le jeune homme ? En tout cas, il sait qu’il faut entrer dans ce monde pour obtenir les éléments dont ils auront besoin pour libérer la jeune femme et pour aller au bout du projet du garçon. Il sait qu’il faut des outils pour le rituel final et ces outils-là, il faut aller les chercher dans l’autre monde. Visiblement, lui n’a pas de problème pour entrer en contact avec ce monde. Ce qui m’intéresse toujours dans les héros des contes populaires, c’est que leur apparente passivité au cours de certaines épreuves corresponde à quelque chose de juste par rapport à la vie. Il y a des moments dans nos vies où l’on sent bien que l’on est mené par quelque chose qui nous dépasse. Cette passivité est au fond active. Elle reconnaît qu’autre chose que la raison, le rationalisme, mène la décision et l’action. Je participe à une aventure dont je suis le héros et pourtant ce n’est pas moi qui suis totalement celui qui fait. »

Propos recueillis par Nathaël Moreau Abbi Patrix raconte Le Compagnon, éditions Paradox / 2005

© Stéphanie Jayet

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��� ����� �!���������������"#��$� ��%�� !���� � �� Abbi Patrix Nourri par une double culture française et norvégienne et par un itinéraire pluridisciplinaire au croisement du théâtre, de la musique et du geste, Abbi Patrix explore l'art du conte depuis plus de vingt-cinq ans en quête permanente de nouvelles voies pour aborder cet art aujourd'hui florissant sur toutes les scènes, en France et à l'étranger. Dans ses spectacles, Abbi Patrix engage une parole personnelle et contemporaine, qu'il construit à partir d'histoires traditionnelles, de récits de vie, de carnets de voyage, de souvenirs personnels, de textes littéraires. Ainsi, en 2002, il questionne le monde et notre relation intime à lui dans Au bout du monde, en confrontant des contes traditionnels du monde entier, des extraits d'épopées à des récits contemporains. En 2005, Abbi Patrix reprend une de ses histoires fondatrices, un conte merveilleux norvégien, Le Compagnon, et en profite pour réhabiliter la dimension mythique des trolls dans l'imaginaire occidental d'aujourd'hui. En solo ou avec d'autres artistes, il aime croiser et mêler la parole contée à d'autres disciplines, comme dans Parole, en 2000, où il dialogue sur scène avec une chorégraphe et un comédien sourd. En 2006, il investit l'espace public et réunit des conteurs et des mimes dans une création collective de plein air, Le Jardin des Origines. En 2007, il explore un nouveau langage, mêlant récit et piano dans un nouveau solo, Les Portes. Horizon 2011 : la création d’un " concert conte " pour conteurs et musiciens. Depuis Éclats d'histoires, spectacle créé en 2001 à partir de paroles collectées auprès d'habitants d'un quartier de la ville nouvelle d'Évry, Abbi Patrix fait le pari que les récits de vies réinventés peuvent aider à exprimer et valoriser l'identité d'un territoire et de ses habitants. Il s'entoure alors de plusieurs conteurs pour de vastes projets de collectage et de restitution de mémoire sur des territoires, comme avec le projet intercommunal TransOral Express sur l'agglomération de Cergy-Pontoise entre 2004 et 2007. Directeur artistique de la Compagnie du Cercle, Abbi Patrix codirige également La Maison du Conte avec Michel Jolivet. Il y anime Le Labo, un espace de recherche et de création qui rassemble une quinzaine de conteurs dans une démarche artistique novatrice entre l'individuel et le collectif.

© Stéphanie Jayet

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Jean-François Vrod Violoniste, percussionniste, issu des musiques traditionnelles françaises, Jean-François Vrod s'est toujours interrogé sur les échanges possibles entre le monde ancien et les formes de l'art d'aujourd'hui, entre violonistes de différentes familles, sur les relations entre musique traditionnelle et parole du conteur. En solo, en duo, en trio… il crée, joue des spectacles, enregistre des disques, compose des musiques de spectacle ou de concert.

© Jean-François Vrod

En duo avec des conteurs, il crée Voilà, Voilà (1994) avec Bernard Chèze, et Le Compagnon (1995) avec Abbi Patrix. En 2003, il crée un spectacle en trio, La Soustraction des fleurs avec Frédéric Aurier (violon), Sylvain Lemêtre (zarb) et Sam Mary (lumières) et Blockheads en duo avec Régis Boulard (batterie). Désireux de se confronter à la nudité originelle du solo, il crée trois solos : De mémoire de violon (1997), L'Idiome du village (1999) et Triporteur Sonata (2004). Il compose seul ou avec d'autres artistes des musiques de spectacle. Il participe en tant que compositeur et comédien au spectacle Extases (2001) et crée la musique de À fleur de peau (2002), deux spectacles de la Compagnie Les Héliades. En 2004, il crée la musique du spectacle À la vie mis en scène par Jean-Marie Lejude, et enregistre la musique de La Manufacture d'hommes, mis en scène par Jean-Louis Mercuzot. En 2006, c'est l'enregistrement et la sortie du disque La Soustraction des fleurs au label Signature de chez Radio France.

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�������� �� ���������� La Compagnie du Cercle : une compagnie de répertoire créée en 1980 La force d'un conteur, c'est son répertoire, toujours vivant, toujours en évolution, rassemblant passé et présent dans une même parole. La force de la compagnie, c'est de créer les conditions pour que les histoires se transmettent à travers le temps et l'espace pour un public de plus en plus large. Ainsi, le répertoire de la compagnie ne se limite pas à un seul spectacle, mais s'enrichit au fil des créations : Au bout du monde (2002), Le Compagnon (2005), Les Portes (2007). Le croisement des disciplines En développant ses champs d'expression, le conteur se retrouve naturellement au croisement d'autres disciplines, comme le jeu dramatique, le chant, la musique, la danse. La Compagnie du Cercle a souvent invité d'autres artistes - chorégraphes, compositeurs, musiciens, acteurs du mouvement, plasticiens… - à partager l'aventure de créations originales où ont été expérimentées des rencontres de toute nature. La compagnie investit ce même axe avec un grand projet pour 2011 : la création d'un concert - conte. À la recherche d'une forme singulière, des conteurs et des musiciens venus de divers horizons brassent ensemble différentes partitions, des partitions musicales et des partitions-histoires. Le texte et la musique sont tissés pour se renforcer mutuellement, offrant ainsi à l'auditeur-spectateur une approche sensible et sensuelle des histoires. La mise en valeur de territoires Des projets ancrés sur des territoires sont également au cœur de l'activité de la compagnie. Résidence de collectage auprès d'habitants d'un quartier de la ville nouvelle d'Évry (1998-2001), résidence de restitution de mémoire sur le territoire de l'agglomération de Cergy-Pontoise (2004-2007) ou créations d'œuvres événementielles pour le Parc naturel régional du Gâtinais, le Festival de l'Oh, le Festival Dedans Dehors... La Compagnie du Cercle investit l'espace public au gré des commandes et des rencontres. En solo, duo, ou de manière beaucoup plus collective, les conteurs engagés avec Abbi Patrix sur ces projets expriment à leur manière l'identité multiple de quartiers de villes nouvelles, valorisent et réenchantent parcs et jardins ou sites historiques. Le compagnonnage La Compagnie du Cercle accueille pour les trois années à venir deux conteurs musiciens issus du Labo de La Maison du Conte : Delphine Noly et Marien Tillet. Ces deux jeunes artistes, en pleine exploration de leur(s) art(s), à la recherche d'un dialogue étroit entre conte et musique, ont été choisis par Abbi Patrix pour engager une collaboration nouvelle de transmission et de partage artistique. Ce compagnonnage aura également pour objectif le soutien et l'accompagnement de projets individuels de création pour chacun des artistes et leur intégration dans le projet collectif de création en 2011. La Compagnie du Cercle est une compagnie conventionnée par le Ministère de la Culture - DRAC Ile-de-France - et subventionnée par le Conseil général du Val-de-Marne. Elle est en résidence à La Maison du Conte de Chevilly-Larue. Plus de vingt-cinq créations jalonnent le parcours de la Compagnie du Cercle et celui d'Abbi Patrix. Des créations qui croisent les disciplines artistiques, qui varient les matériaux textuels, qui cherchent à décloisonner l'art du conte et à ouvrir la parole vers d'autres voies.

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Les spectacles de la compagnie du Cercle

2009 Sage comme un orage, contes cruels, kora rebelle et chant pour enfants turbulents.

2007 Les Portes, récit et piano.

2005 et 2006 Les Jardins du merveilleux et Le Jardin des Origines, performances collectives de plein air mêlant conte et mouvement.

2005 Le Compagnon, conte merveilleux norvégien, nouvelle version.

2004 La Petite Fille Qui… conte chorégraphique.

2002 Au bout du monde, mélange de contes traditionnels du monde entier et de récits contemporains.

2001 Éclats d'histoires, spectacle à partir de récits de vie collectés dans la ville nouvelle d'Evry. Début de résidence à La Maison du Conte de Chevilly-Larue.

2000 Parole, dialogue entre un conteur, une chorégraphe et un comédien sourd.

1999 Peer Gynt d'Ibsen, version mêlant acteurs et conteurs.

1998 Mots croisés, mondes croisés avec des conteurs et musiciens de France, de Louisiane, du Québec, et du Sénégal. Début de résidence au Théâtre de l'Agora, scène nationale d'Evry et de l'Essonne (qui se poursuit jusqu'en 2001).

1997 Les Morts du héros, une version originale de l'épopée sumérienne Gilgamesh.

1996 Grand prix du disque de l'Académie Charles Cros pour le disque La Guerre des corbeaux et des hiboux (Auvidis) au théâtre des Bouffes du Nord.

1995 Le Compagnon et Trolls, contes merveilleux norvégiens.

1993 à 1994 L'Enfant sans nom et Voilà, voilà, deux spectacles jeune public avec Bernard Chèze.

1992 L'Errance de Graïnné, une épopée irlandaise chantée.

1991 Possible - Impossible, spectacle à partir de contes traditionnels africains et de textes de Blaise Cendrars.

1990 La Guerre des corbeaux et des hiboux, épopée indienne du Pachatantra. Début de résidence à l'Espace Jules Verne de Brétigny-sur-Orge (qui se poursuit jusqu'en 1997).

1981 à 1985 L'Odyssée, Le Récit de Shéhérazade, Le Cycle du roi Arthur, Perceval, Histoire du soldat avec le Centre de Littérature Orale (CLIO)

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&���� ��� ������������ Le Rêve et le départ

[…] Il était une fois, tout au nord de la Norvège, un garçon. Ce garçon fait un rêve. Et dans ce rêve, il voit le visage d’une jeune fille. Elle a la peau blanche comme la neige, les lèvres rouges comme le sang. Elle est belle. Quand le Garçon se réveille, il dit son rêve à sa mère. — Rêver c’est bien, lui dit-elle. Raconte-moi si tu rêves encore. Le Garçon rêve de nouveau de cette fille à la peau couleur de lait aux lèvres couleur de rose. Il désire la rejoindre. Sa mère lui dit : — Tu ne vas pas quitter ton avenir pour un rêve ?! Le Garçon rêve une troisième fois de la fille qui lui dit : — Viens, délivre-moi. L’image de la fille est là, si vivante que vivre sans elle n’a plus de sens. Alors, il vend tout ce qu’il possède, embrasse sa mère et part à sa recherche. Le Compagnon

Il est à peine sorti de la ville qu’un homme le rattrape et l’apostrophe : — Tu ne t’ennuies pas à marcher tout seul ? demande-t-il. — Oh non ! répond le garçon. Ma pensée trouve toujours à s’occuper. Je suis mon rêve ! — As-tu besoin d’un serviteur ? — Non, dit le Garçon, j’ai pris l’habitude d’être mon propre serviteur, et même si j’en avais envie, je n’ai plus les moyens de le payer. Je n’ai plus un sou vaillant en poche. — Pourtant, dit l’homme, là où tu vas, tu auras besoin de quelqu’un. Je le sais et le sais mieux que toi. Accepte-moi pour compagnon. Je ne te coûterai pas un sou. Je me suffis à moi-même. Dans ces conditions, le Garçon ne peut pas refuser. Il accepte la compagnie de l’homme et ils cheminent ensemble. Le Compagnon passe devant et montre le chemin. Le Garçon suit.

Extraits de Abbi Patrix raconte Le Compagnon, éditions Paradox

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«Abbi Patrix raconte en musique, avec une incroyable aisance et une belle pointe d’humour. Le spectateur se laisse emporter par l’un des conteurs les plus talentueux de sa génération, il le suit à pas feutrés dans la grande forêt de Norvège, il grelotte un peu aussi. Le conteur sait camper, rien qu’avec les mots, tout le décor de ses récits, un magicien du verbe qui jongle avec les mots, leurs sens et leurs sons. Fabuleux manipulateur, l’homme à la voix caressante a plongé son public, sans retenue, dans la fraîcheur de leurs âmes d’enfants pour un voyage du rire à l’émotion. »

Ouest France - décembre 1996 L’univers des Vikings « Abbi Patrix a décidé ce soir-là de réveiller l’âme norvégienne qui sommeille forcément en chacun d’entre nous. Ce descendant des Vikings, généreux et plein d’humour, à peine armé d’un tambourin et de clochettes aux pieds, installe tout un univers de sa parole ample et voluptueuse. En quelques mots souples, il campe son décor et efface peu à peu la forêt de pins en arrière-plan, pour dérouler à perte de vue les bouleaux blancs, le froid, la glace, la neige qui tombe légère et fine pour ensevelir en quelques minutes un paysage. Il ne reste plus qu’à poser au centre du ciel l’oeil du troll, monstre immense et terrifiant qui menace à travers les nuages le voyageur égaré. Sous ce décor de glace couve intensément le feu de l’imaginaire. Le conteur va livrer les véritables secrets de la création de l’univers, rien de moins. « Quand le monde a été créé, les trolls ont été les premiers à prendre possession de la terre. Alors, les dieux ont observé ce qui se passait entre les hommes et les trolls. » Ne reculant devant aucune expédition merveilleuse, le conteur, totalement habité par son histoire, embarque son auditoire prêt à tout entendre, sur les pas d’un jeune homme à la recherche de la princesse de ses rêves. Les héros de contes marchent toujours beaucoup, parfois pendant des années. Mais dans la neige ou sur les fjords gelés, c’est forcément plus compliqué. D’autant plus que dans ce monde immaculé, les princesses envoûtées épouillent avec délectation des trolls aux dents creuses et soumettent les héros à des épreuves apparemment anodines avant de leur trancher la tête. Heureusement qu’en chemin, le héros libère un bien précieux compagnon qui l’aidera à vaincre les périls. La quête, ses armes et ses dangers, tout nordiques qu’ils soient, pourraient se contenter de respecter à la lettre les règles du conte traditionnel. Mais, avec sa fougue et ses yeux pétillants de malice et du plaisir de conter, Abbi Patrix bâtit de véritables morceaux d’anthologie. Le combat homérique contre trois trollesses écumantes de rage qui sombrent magistralement dans un fjord, vaut amplement les meilleurs effets spéciaux hollywoodiens. « C’est là qu’on a besoin d’imagination », lance le conteur à son public. Et, sans coup férir, l’imagination débridée par ces histoires fabuleuses s’élance au galop. »

Sud Ouest – août 2006

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�Dossier réalisé à partir des documents fournis par

la compagnie du Cercle

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http://www.legrandt.fr/IMG/pdf/Aller_au_theatre.pdf�

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