dossier pedagogique - …cache.media.education.gouv.fr/file/actions_pedagogiques/11/8/dpaca... ·...

21
Dossier suivi par Max Gratadour Conseiller du Recteur Doyen des Inspecteurs de l’Education nationale DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire Le « conte de la semaine » à l’école maternelle

Upload: buinhan

Post on 12-Sep-2018

224 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Dossier suivi par Max Gratadour

Conseiller du Recteur Doyen des Inspecteurs

de l’Education nationale

DOSSIER PEDAGOGIQUE

Maitriser le français à l’école primaire

Le « conte de la semaine »

à l’école maternelle

Page 2: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Ce guide pédagogique a été élaboré par un groupe académique de

formateurs 1er

degré en complément de la note académique relative au

« Conte de la semaine » à l’école maternelle.

Remerciements particuliers à Thérèse BIANCHI MACHADO, Valérie

COUCHOURON, Aline DUPONT, Marie Paule LAPAQUETTE, Anne

PRECIGOUT et Célia SOARES CHARBONNEL.

Max GRATADOUR, Doyen IEN 1er degré.

Page 3: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Sommaire

1. Rappel de la note académique / Action spécifique : le « Conte de la semaine » 2. Canevas d’une séquence hebdomadaire et des séances quotidiennes

3. Quelques pistes pédagogiques

Page 4: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Dossier suivi par

Max Gratadour Lire des albums de littérature de jeunesse et raconter des histoires et des contes constituent deux activités centrales et complémentaires de l’école maternelle. Il est fondamental que la littérature orale retrouve toute sa place, car elle facilite la compréhension des élèves de maternelle et les prépare activement à mettre en place les mécanismes qui la régissent.

PROTOCOLE

Objectifs : Favoriser l’acculturation des jeunes élèves / Optimiser la compréhension Activité : Un conte ou un récit *, choisi dans une liste référentielle ayant permis d’établir un répertoire annuel par classe des textes à lire, est lu (ou raconté) dans son intégralité par l’enseignant chaque jour de la semaine (soit en ouverture de matinée lors des rituels d’accueil, soit en cours de matinée au moment le plus propice pour une écoute attentive) Durée : 10 à 15 minutes (maximum) >> 5 à 10 minutes pour la lecture oralisée du maître suivi de 5 à 10 minutes pour un partage collectif de cette lecture

* Un nouveau conte ou récit est ainsi proposé aux élèves chaque semaine par une lecture (ou un contage) de l’enseignant de manière récurrente (chaque jour) et expressive (dramatisation de la restitution orale)

PISTES PEDAGOGIQUES

Par leurs pratiques quotidiennes de lecture ou de contage, les enseignants permettent aux élèves de cycle 1 de participer à une première conquête de la lecture avant de savoir lire de manière autonome. Cette conquête doit permettre à chaque enfant de : - s’emparer de la langue propre à la littérature (« Il était une fois » ; « Quand tout à coup, apparut... »...), - s’approprier des activités cognitives requises par la lecture (repérer le(s) personnage(s) principal/aux, mobiliser des images mentales, construire le récit...), - mobiliser des expériences littéraires (mettre en lien des textes, des récits...), - mobiliser des connaissances littéraires (stéréotypes, systèmes de personnages...).

Il s’agit bien, en considérant du plus évident au plus important, de : 1) Développer un imaginaire culturel Cette entrée dans une première culture littéraire commune doit permettre de :

- développer un imaginaire culturel collectif (par exemple la peur du loup via son stéréotype, la connaissance de l’ogre, de la sorcière, de la fée via leurs attributs archétypaux...) - approcher les valeurs humanistes que les livres de jeunesse déploient sous des formes très variées (entraide entre animaux de fiction, histoires mettant en scène des différences entre les personnages...). - produire des images mentales de personnages récurrents dans les récits de fiction pour enfants (l’ours, la souris, le lapin, le renard, le loup,...) ou dans les contes (Le petit chaperon rouge, la reine, le loup, Boucle d’or,...) ou encore de personnages archétypaux (la figure de fée, de la sorcière, de l’ogre,...), de stéréotypes liés au temps (historique avec l’époque médiévale des contes, saisonnier avec par exemple, la présence de la neige en hiver, quotidien avec la présence de la lune la nuit,...) et aux lieux (la forêt, le château,...). - construire des stéréotypes comportementaux et des caractéristiques de personnages comme le grand méchant loup, cruel, effrayant et dévorateur, la vieille sorcière méchante et hideuse et des systèmes de personnages (par exemple, loup / enfant, sorcière / crapaud / potion / balai...).

IMPORTANT : Afin que tous les enfants puissent entrer dans une culture commune en prenant connaissance de versions adaptées à leur âge des récits et contes originaux, il semble primordial de lire et de raconter à l’école maternelle des œuvres contemporaines, des classiques et des textes du patrimoine sans qu’ils ne soient détournés. 2) Favoriser la compréhension dans toutes ses composantes La compréhension des récits constitue l’objectif majeur de l’école maternelle. Aussi les pratiques de littérature orale et de lecture doivent-elles aider chaque enfant à mieux y parvenir pour leur permettre de gérer cette compréhension progressivement et de manière autonome.

ACTION SPECIFIQUE

« Le conte de la semaine » une activité ritualisée à l’école maternelle

Page 5: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Plusieurs types d’activité de lecture contribuent à cet objectif : les lectures répertoires, les lectures à compréhension autonome, les lectures enseignées (ces dernières donnant lieu à des exploitations pédagogiques en durée par le bais de programmations séquentielles en plusieurs séances). Le dispositif « Conte de le semaine » répond plutôt aux modalités des deux premiers types de lecture qui seront donc privilégiés et développés ici. Les lectures répertoires relèvent de rituels culturels et sont proposées quotidiennement, de préférence au tout début du premier temps d’accueil du matin pour assurer les conditions d’une écoute attentive. Les objectifs de ces lectures quotidiennes sont culturels :

- d’une part, ces lectures permettent à la classe de se constituer en une communauté́ d’écouteurs d’histoires, de lecteurs d’images, d’usagers des livres. Au fil des lectures répertoires, les enfants apprennent à « faire communauté́ » ;

- d’autre part, il s’agit de focaliser l’écoute des tout jeunes élèves de maternelle sur la langue écrite et plus encore la langue que la littérature de jeunesse propose.

Les enseignants permettent alors aux enfants de se construire tout au long des trois ou quatre années de maternelle, un répertoire de textes lus très important tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif. Les lectures à compréhension autonome représentent les lectures les plus pratiquées en maternelle : l’enseignant lit un album, un livre illustré, une histoire et pose des questions de compréhension à l’issue de la lecture intégrale qui a été donnée, sans pour autant que cette lecture soit intégrée dans une séquence d’enseignement. L’objectif peut être double :

- vérifier la compréhension que les enfants gèrent de manière autonome, en écoutant l’histoire, en regardant les images quand c’est le cas,

- permettre des échanges oraux entre le maitre et les enfants et également entre pairs quant aux réponses qu’ils proposent.

3) Lire et relire quotidiennement à pour le maître • veiller à bien choisir des histoires qui proposent une véritable cohérence narrative (situation initiale, déroulement, chute), à travers l’aventure vécue par un ou deux personnage(s) mise en scène dans un espace-temps relativement restreint autour d’un nombre relativement limité d’évènements ; ces récits doivent être accessibles aux enfants en fonction de leur âge et de leurs capacités de mémorisation ; • assurer une oralisation de qualité par lecture expressive ou par contage dramatisé, ce qui suppose de préparer en amont cette restitution (repérer les principaux éléments de compréhension : personnages, événements, dynamique d’action, lieux , temporalité, …) à cela doit permettre à l’enseignant de donner davantage d’éléments contextuels et, grâce à son expressivité́, de révéler explicitement les états mentaux, les pensées, les buts des personnages (en accentuant la peur, la ruse, le mensonge,...), de surligner des situations par des effets prosodiques (intensité, articulation, …), de concevoir une véritable mise en scène (garder allumée une lanterne tout au long du contage, répéter des formulettes pour indiquer le début et la fin de l’histoire,...) ; • garantir, au fur et à mesure des relectures, une progression dans les versions racontées. à pour les élèves • écouter plusieurs fois la même histoire leur permet de comprendre :

- d’une part, le repérage du personnage principal et sa reconnaissance à travers les transformations qui l’affectent (tel personnage a peur au début du récit puis devient très courageux ; tel autre est tout le temps colérique puis apprend à maitriser ses émotions...) et aussi la compréhension de sa pensée à travers ses motivations, les buts qu’il cherche à atteindre (états mentaux) et les relations qu’il entretient avec d’autres personnages ; - d’autre part, que les événements, les épisodes, leur chronologie, leurs relations de causalité́, forment un tout, que cet ensemble fait récit, ce qui suppose aussi de pouvoir hiérarchiser ce qui est central et ce qui est secondaire et de garder en mémoire la situation initiale, la trame principale et la chute en tant qu’ensemble cohérent.

• élaborer – à la demande du maître, ou à leur initiative - des commentaires tels que donner leur avis, dire leur moment / action / personnage préféré́(e), déceler de premiers liens entre des personnages, des enchainements entre des événements … NB / lorsque le texte, le récit écrit s’y prête, l’enseignant peut aussi demander aux enfants de dire ce qui leur aura fait peur, ce qui les aura fait rire, ce qui les aura surpris... Des échanges oraux entre enfants peuvent alors avoir lieu à propos des similitudes ou des différences de points de vue, de préférences, d’affinités... 3) Diversifier les modalités de lecture oralisée (ou de contage) Trois manières de lire un album à la classe ou à un groupe d’élèves se complètent :

- l’enseignant montre les images aux enfants et lit le texte en même temps. Cette modalité́ est la plus littéraire au sens où elle respecte un élément fondateur de la forme album : la relation texte image au sein de la double page. Les auteurs-illustrateurs la conçoivent pour que l’enfant soit confronté́ simultanément aux deux constituants (texte-image) pour construire leur rapport. Certes, l’enseignant doit tenir l’ouvrage sur le côté́ pour lire le texte pendant qu’il permet de regarder les illustrations mais il n’y a pas qu’une seule position pour lire... De plus, cette modalité́ mobilise et soutient l’attention des élèves ;

Page 6: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

- l’enseignant lit le texte (livre tourné vers lui) puis montre les images aux enfants. Cette modalité́ permet d’atteindre un objectif essentiel : apprendre à comprendre les récits uniquement avec les mots. En écoutant le texte, l’enfant se construit un langage intérieur, convoque des images mentales, processus essentiel car il est identique à celui qu’il mettra en œuvre quand il lira lui-même des textes non illustrés. Les enfants doivent apprendre à accepter de ne pas avoir d’appui iconographique pour mobiliser leur travail de compréhension. Cela n’est pas simple et demande d’être accompagné, expliqué clairement et organisé sous forme de progressivité́ ; - l’enseignant montre les images puis lit le texte aux enfants. Cette modalité́ met en jeu plusieurs objectifs. À la tourne de page, le temps est laissé à l’enfant pour observer les illustrations afin de construire le sens de la suite de l’histoire. Il apprend alors à lire une image, à se repérer dans une double page, à prendre en compte ce qu’il a déjà̀ compris ainsi que son horizon d’attente de lecteur pour tenter de déterminer la progression de l’histoire. Cette modalité́ relève, par exemple, d’une démarche par dévoilement progressif : on lit, on questionne ce qui pourrait arriver, on tourne la page, on utilise les images pour produire des inférences puis on valide les hypothèses par la lecture du texte.

RESSOURCES

- Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions / Eduscol – Paragraphe Littérature de jeunesse http://eduscol.education.fr/cid91996/mobiliser-le-langage-dans-toutes-ses-dimensions.html#lien3

- Liste de référence des textes à lire au cycle 1 http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Litterature/11/4/LISTE_DE_ReFeRENCE_CYCLE_1_2013_272114.pdf A titre indicatif, une première sélection d’ouvrages porteurs. • En début de petite section, Les premières lectures de récits proposeront des expériences connues des enfants : par exemple, Bonne nuit Petit Ours brun ! / Petit Ours brun chez le docteur / Petit Ours brun va à l’école de Marie Aubinais et Danièle Bour, Editions Bayard jeunesse, Mimi va nager de Lucy Cousins, Editions Albin Michel jeunesse ; L’heure du bain (une histoire de Léo et Poli) de Claire Clément et Marie-Agnès Gaudrat, Editions Bayard jeunesse ; Zou ou Zou à vélo ou Zou n’a pas peur de Michel Gay, Editions L’école des loisirs... Puis des récits plus élaborés pourront être racontés ou résumés avant d’être lus et relus : par exemple, Où est Maman Ourse ? d’Ann Jonas, éditions Didier Jeunesse ; La toute petite dame ou Les trois ours de Byron Barton, Editions l’école des loisirs ; Encore un bisou ! d’Amy Hest, Editions Albin Michel jeunesse ; Bébés chouettes de Martin Waddell et Patrick Benson, Editions Kaléidoscope ; Lola d’Olivier Dunrea, Editions Kaléidoscope ; À trois on a moins froid de Michel Gay et Elsa Devernois, Editions l’école des loisirs,... • En moyenne section, Des récits un peu plus élaborés pourront être résumés, racontés, lus et relus à plusieurs reprises : par exemple, Le petit bateau de Petit ours d’Eve Bunting et Nancy Carpenter, Editions L’école des loisirs ; Moi, Milton de Haydé, Editions La joie de lire ; Juste un petit bout ! / Bonne nuit, ma Cocotte / Gros pipi d’Emile Jadoul, Editions L’école des loisirs ; Toc, toc, toc de Tan et Yasuko Koidé, Editions L’école des loisirs ; T’choupi se perd au supermarché́ de Thierry Courtin, Editions Nathan ; La grotte de Petit ours de Martin Waddell, Editions L’école des loisirs ; Guilli lapin de Mo Willems, Editions Kaléidoscope ; Nisse à la plage / Nisse va chez le coiffeur / Nisse va à la poste... d’Olof et Lena Landström, Editions L’école des loisirs ; La tototte de Barbro Lindgren et Olof Landström, Editions L’école des loisirs ; Petit Loup est perdu de Thierry Robberecht et Quentin Van Gysel, Editions Labor, collection À l’abordage !... • Au cours de la grande section, De manière très régulière, des récits plus longs et plus élaborés pourront être lus puis relus : par exemple, Le lapin facteur / Docteur Loup / Victor et la sorcière d’Olga Lecaye, Editions L’école des loisirs ; Petit Bond a peur / Petit Bond un ami / Petit Bond cherche un trésor / Petit Bond est amoureux / un jour spécial pour Petit Bond... de Max Veldhuis, Editions L’école des loisirs, collection Pastel ; La grande peur de Mariette et Soupir d’Irène Schwartz et Fréderic Stehr, Editions L’école des loisirs ; Coin- Coin de Frédéric Stehr, Editions L’école des loisirs ; Le bonhomme de pain d’épice de Jim Aylesworth, Editions Circonflexe ; Mademoiselle Sauve-qui-peut / Les deux goinfres de Philippe Corentin, Editions L’école des loisirs ; Trois amis de Helme Heine, Editions Gallimard jeunesse ; Poule rousse d’Ida et Etienne Morel, Editions Père Castor Flammarion ; Noël chez Ernest et Célestine de Gabrielle Vincent, Editions Casterman ; C’est un papa... de Rascal et Louis Joos, Editions L’école des loisirs, Collection Pastel ; La vache orange de Nathan Hale et Lucile Butel, Editions Flammarion, collection Albums du Père Castor ; Le grand cerf de Vassilissa, Editions Flammarion, collection Albums du Père Castor ; Ma maman et moi de Tadao Miyamoto, Editions Mango jeunesse...

Page 7: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Dossier suivi par

Max Gratadour Séquence hebdomadaire (en 4 ou 5 séances) • Elle s’inscrit dans une programmation des albums identifiés pour le niveau de classe et retenus par année de cycle pour être « donnés à entendre » aux élèves, c’est-à-dire qu’ils seront lus ou racontés par l’enseignant, au moins quatre à cinq fois (voire plus, selon contexte), soit une fois par jour tout au long d’une même semaine pour le plaisir des oreilles. • Elle s’organise donc comme suit.

1. Choix du texte (conte ou récit) >>> préparation préalable du maître

L’enseignant veillera à lire et relire le texte, à s’entraîner à une oralisation fluide, expressive, dramatisée si besoin en s’appuyant sur les principaux éléments de compréhension : personnages, trame narrative, événements-clefs, ressorts de l’action, ambiance liée au cadre spatio-temporel, …

à Il importe de bien « préparer » la lecture par un entrainement à voix haute préalable. 2. Lecture ou contage quotidiens du texte dans son intégralité >>> 5 à 10 mn par séance

Cela pourra se dérouler, soit dans le cadre des rituels du matin, soit à un moment « intermède », par exemple entre deux activités phares de la matinée. Ce moment centré sur une écoute attentive voire active des élèves doit être portée par une contextualisation forte, propice à la théâtralisation de la lecture, à une ambiance particulière créée ou recréée à dessein en veillant à ce que les élèves soin et installées dans les meilleures conditions possibles (confort d’assise, climat de classe, ambiance du lieu, moment de la journée de classe, …). Chaque lecture ou contage quotidien doit reprendre l’intégralité du texte (conte ou récit) selon deux options soit en se conformant à une restitution identique (au fil des jours), soit en privilégiant des variances dans les modalités de narration (sans pour autant altérer le texte).

à Il y aura adonc autant de séances que de jours de la semaine de classes (soit 4 ou 5 selon l’organisation du temps scolaire). 3. Exploration avec les élèves >>> 5 à 10 mn par séance

Le dispositif « Conte de la semaine » n’a pas vocation à opérer une « lecture enseignée » : il privilégie l’écoute et vise une appropriation d’un patrimoine littéraire ainsi que l’appropriation de premiers éléments de compréhension essentiels par la récurrence. Il est donc à distinguer de l’exploitation littéraire qui relève de séquence d’apprentissage proprement dites, notamment dans le cadre de l’étude d’albums, récits ou autres textes narratifs, lesquelles donneront lieu à des projets spécifiques.

L’exploration se construit au fil des lectures et contages quotidiens, de manière progressive et globale. Il s’agira donc de susciter des échanges ou des commentaires après écoute en les orientant vers : - le ressenti et les réactions spontanées des élèves - le repérage et la caractérisation simple des personnages - le tramage des actions essentielles selon le déroulement chronologique mis en exergue - la mise en évidence de situations « fortes » ou « essentielles » définies par une action, un lieu, un moment.

à Les prises de parole des élèves s’étofferont au fur et à mesure de la semaine, et donc au fil des différentes écoutes.

CANEVAS D’UNE SEQUENCE HEBDOMADAIRE

« Le conte de la semaine » une activité ritualisée à l’école maternelle

Page 8: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Dossier suivi par

Max Gratadour

1. Conte de la semaine : « La couleur des émotions » Auteurs : Anna LLENAS et Marie ANTILOGUS, Editions Quatre Fleuves, 2012

Proposé par Valérie COUCHOURON, EMF Ecole de Liginiac (Corrèze)

1- Rituel d’entrée :

- S’installer dans un endroit calme, un peu à l’écart des autres ateliers, au même « niveau » que les enfants - Annoncer le nom de l’activité : « Je vais vous lire une nouvelle histoire. » - Annoncer le thème de la lecture : les émotions (suite du projet sur les émotions). 2- Avant la lecture :

- Donner des éléments de lexique : nommer les différentes émotions que l’on va rencontrer dans l’histoire. - Emettre des hypothèses sur l’histoire en relevant des indices sur la 1ère de couverture (l’enseignante note ces hypothèses afin de pourvoir les comparer après lecture). - Installer l’univers de référence : « Le monstre des couleurs ne se sent pas très bien, il est tout barbouillé. » - Présenter rapidement les personnages en présentant les marottes. 3- Pendant la lecture (10 min) :

- Lire une double page en montrant uniquement la marotte du monstre correspondant à la double page lue, et seulement, après montrer les illustrations de la double page. - Pour chaque émotion découverte, lire le texte en « théâtralisant » afin que les élèves puissent plus facilement identifier et caractériser l’émotion (lire d’une manière triste le texte sur la tristesse, etc.…). - Laisser visible les marottes au fur et à mesure de l’histoire. 4- Après la lecture :

- Questionnement ouvert pour laisser s’exprimer les élèves. - Questionnement plus fermé et/ou guidé par l’enseignant pour dégager les principaux éléments (couleurs associées aux émotions, caractéristiques de chaque émotion avec des mots–clés pour commencer à élaborer un lexique collectif, faire lien avec les éléments déjà vus et étudiés lors des séances précédentes). - Comparer avec les hypothèses émises avant la lecture de l’histoire.

QUELQUES PISTES PEDAGOGIQUES

« Le conte de la semaine » une activité ritualisée à l’école maternelle

Page 9: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

2. Conte de la semaine : « Les trois grains de riz » Auteur : Agnès BERTRON-MARTIN, Editions Flammarion Jeunesse Le Père Castor, 2005

Proposé par Célia SOARES CHARBONNEL, EMF Ecole maternelle de Brive Louis Pons (Corrèze)

• Préparation de la lecture oralisée

® Repérer les différentes voix du récit :

Le Narrateur Le Canard sauvage Le Panda Le Singe Le Dragon Petite Sœur Li

® Lecture expressive

ü Avant la lecture donner le nom du personnage principal « Petite Sœur Li » pour une meilleure compréhension de l’histoire.

ü Repérer les passages où le débit de lecture devra être rapide, lent en fonction du récit.

ü Repérer pour une lecture expressive les « pauses » pour favoriser une écoute attentive :

Mais soudain, (PAUSE) un canard sauvage se pose devant elle… …. Petite Sœur Li court toujours quand soudain, (PAUSE) un panda se présente devant elle. Petite Sœur Li court au milieu des bambous, quand (Pause) un singe l’interpelle…

ü Chuchoter, hausser la voix, jouer sur l’intonation pour une lecture dramatisée, drôle…

ü Accentuer certains mots lors de la lecture

Mais elle trouve extraordinaire qu’un canard soit capable de tant de bonté ! Petite Sœur Li trouve formidable qu’un panda soit capable de tant de courage !

Pour la lecture oralisée, déterminer une voix différente pour chaque

personnage.

Page 10: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Petite Sœur Li trouve incroyable qu’un singe soit si doué.

ü Jouer avec les élèves pour les passages « refrain » :

Et le canard s’envole en lui disant merci. Et le panda se sauve en lui disant merci. Et le singe se sauve en lui disant merci.

• • Entrées possible dans la compréhension suite à la lecture

oralisée.

ü Lister les différents personnages de l’histoire et leur rôle dans l’histoire.

ü A partir de chaque illustration du livre, faire reformuler l’histoire.

ü Questions de compréhension :

Pourquoi le Canard, le panda et le singe aident-ils Petite Sœur Li ? Comment font le canard, le panda et le singe pour aider Petite Sœur Li ? ….

ü Trouver les illustrations qui correspondent à l’histoire lue parmi d’autres illustrations.

Petite Sœur Li a froid, Petite Sœur Li a peur, Petite Sœur Li a tout perdu. Enfin…c’est ce qu’elle croit.

Petite Sœur Li a froid, Petite Sœur Li a peur, Petite Sœur Li va mourir. Enfin…c’est ce qu’elle croit.

Hélas, Petite Sœur Li n’a ni riz ni argent ! Elle a peur de se faire gronder Car elle revient les mains vides. Elle a tout perdu ! Enfin…c’est ce qu’elle croit.

Page 11: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

3. Conte de la semaine : « Bébés chouettes » Auteurs : Martin WADDEL et Patrick BENSON, Editions L’école des Loisirs, Collection Kaléidoscope, 1994

Proposé par Aline DUPONT,

Conseillère pédagogique Mission maternelle (Haute Vienne)

Vigilance ou recommandations :

- ce que l’enseignant doit faire pour préparer en amont une lecture oralisée expressive voire dramatisée,

● Penser à un rituel : signal d’écoute (ritournelle, lieu spécifique, bougie qu’on allume…) ● Préparer le texte : Lecture réflexive silencieuse puis orale pour savoir où mettre un accent, un blanc, un regard, le moment où on va montrer l’illustration.

Notamment,

1ère double page :

Marquer des pauses au début de la lecture de l’histoire, lors de la mise en place du genre narratif et du cadre : « il était une fois// trois bébés chouettes // Sarah / Rémy et Lou. // ils vivaient dans un trou de tronc d’arbre avec leur maman chouette. // dans le trou / il y avait des brindilles et des feuilles / et des plumes de chouettes. // c’était leur maison. »

Pages suivantes :

- Repérer le rythme répétitif (« où est maman », « oh mon Dieu ! », « je veux ma maman ») et essayer de le mettre en voix ; accentuer les mots écrits en majuscule dans le texte (dramatisation). - S’entraîner à jouer de sa voix pour faire entendre l’émotion ressentie par chaque chouette (intériorité des personnages). - Se poser la question : Est-ce qu’on a besoin de l’illustration pour comprendre le texte ? (6ème double page, pour faire sentir pourquoi il « leur fallut du courage »). - ce que l’enseignant peut susciter comme entrées dans la compréhension du texte lu (questions, repérages essentiels, rapport image texte). Contextualiser :« se créer une image mentale » de la situation initiale

Au niveau du vocabulaire, montrer l’image ou la vidéo d’une chouette, l’image d’une forêt. Travail sur les émotions : les exprimer, les nommer lors d’activités décrochées 1ère double page : repérer Sarah, Rémy et Lou L’album évoque une situation que vivent les élèves : Maman est partie, va-t-elle revenir, suis-je capable d'imaginer ce qu'elle fait en mon absence, ou bien suis-je comme Lou envahi par mes émotions ?

Page 12: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Échanges langagiers entre le maitre et les élèves ainsi que des échanges entre pairs → Interpréter : recourir à des éléments très précis portés par les images. Dans l’album bébés chouettes, l’illustration est un indicateur des déplacements des chouettes. → Observer les images des chouettes, leur emplacement dans l’arbre, la forêt ; décrypter dans leur regard ou leur posture le sentiment exprimé. Que font les chouettes ? A quoi pensent-elles ? Que ressentent-elles ? → Donner du sens aux mouvements physiques décrits par le texte (battre des ailes, danser, sautiller) : sentiment de joie → Emettre des hypothèses sur l’histoire (ex :4ème double page : pourquoi la maman est-elle partie ?) → Solliciter l’envie pour connaître la suite : arrêt sur l’image « ET ELLE RENTRA ! » (Travail d’anticipation) Raconter l’histoire avec des mots plus simples, avec les marottes puis faire raconter l’histoire de façon individuelle support marottes ou images Remarque : pour des récits plus longs, faire le choix de l’extrait à lire et RACONTER le reste du texte. Réf bibliographiques : V. Boiron « Lire des albums de littérature de jeunesse à l’école maternelle : quelques caractéristiques d’une expertise en actes », Repères, 42 | 2010, 105-126.

Page 13: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

4. Conte de la semaine : « Première neige » Auteurs : Marie-Astrid BAILLY-MAITRE et Antoine GUILLOPE, Editions Elan Vert Collection Les petits M, 2011

Proposé par Anne PRECIGOUT,

Conseillère pédagogique (Corrèze)

1. Préparation lecture (pour le maître)

o Entraînement lecture à voix haute en amont o Repérage (et si besoin, marquage) des pauses respiratoires, des accélérations, des

ralentissements du rythme, des exagérations de certains mots/phrases : en lien avec les actions, les émotions des personnages.

o Choix de présentation (ou non) des illustrations : il convient en effet de se poser la

question de savoir à quel moment on va montrer les illustrations et si on va les montrer ou non.

o Identification du lexique qui va peut-être créer des difficultés de compréhension

2. Entrées dans la compréhension du texte lu (avec les élèves)

o Poser des questions d’ordre général : « Qui sont les personnages ? » « Que font-ils et/ou que leur arrivent-ils ? » « Où sont-ils ? »

o Penser à la formulation suivante « C’est l’histoire de… » s’il n’y a pas de réponse aux questions précédentes « C’est l’histoire d’un loup et d’une souris qui sont amis » « C’est l’histoire de deux amis qui se font des surprises » « C’est l’histoire d’une souris qui veut faire le portrait du loup, et le loup fait pareil. »

o Entrer par les émotions des personnages : « Que ressent le loup en découvrant son portrait ? que décide-t-il de faire ensuite ? » « Que ressent la souris lorsque le loup a fini de faire son portrait ? a-t-elle raison de le penser ? pourquoi ? »

ð S’aider de la relation texte-images tout au long de ces questionnements

Page 14: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

5. Conte de la semaine : « Balthazar ! » Auteurs : Geoffroy de PENNART, Editions L’école des Loisirs, Collection Kaléidoscope, 2001

Proposé par Marie Paule LAPAQUETTE,

Conseillère pédagogique (Haute Vienne)

Obstacles à la compréhension Cet album met en évidence des différences de point de vue. La difficulté pour les élèves sera de comprendre que ce qui est lu n’est pas la vérité (candeur du chevreau) En amont, préparation de la lecture oralisée par le maître Pour préparer une lecture oralisée expressive, veiller à prendre en compte les points suivants : à travailler sur les changements de voix en fonction des personnages (Balthazar, Igor et Boris, la maman de Balthazar) à concevoir la narration en tenant compte des événements subis par Balthazar :

- son excitation lors de son enlèvement – qu’il comprend comme un jeu - par Igor, - sa crainte lorsqu’il se retrouve seul dans la forêt, - son incompréhension et sa peur lorsque le taureau, qu’il considère comme « briseur » du jeu, le délivre, - sa joie lorsque sa mère le retrouve.

ANALYSE DE L’OUVRAGE

Eléments de compréhension pour le maître.

Construction du récit Schéma classique

Système des personnages : identité, rapports entre eux, sentiments

Balthazar, personnage principal, jeune biquet naïf et innocent Ses parents Le taureau qui fait peur au loup Trois loups : Igor, Boris et un autre non nommé De tout petits personnages qui vaquent à leurs occupations mais qui n’ont rien à voir avec l’histoire.

Paramètres de temps La chronologie correspond au temps de l’histoire. Des connecteurs ponctuent les étapes du récit : tout à coup, au bout d’un moment, d’un seul coup, mais soudain, maintenant, mais catastrophe.

Page 15: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Paramètres d’espace : les lieux, réel / irréel

Le décor est une forêt. De petits animaux de la forêt sont présents sur presque toutes les images (cf. case ci-dessus)

Enonciation

Le narrateur est le chevreau. Il donne sa lecture des différentes actions des personnages.

Mise en mots : vocabulaire, style Pas de difficulté lexicale, en revanche utilisation importante de substituts et anaphores

Illustrations : interaction avec le texte Relation de redondance Des images encadrées sur fond blanc situent les personnages dans l’espace forêt, des images non encadrées sur fond blanc marquent des ruptures (danger ou protection de Balthazar).

Critères moraux

Travail sur la prévention. Ne pas suivre les personnes que l’on ne connaît pas

Entrées possibles dans l’ouvrage

Eléments de compréhension qui pourront être abordés avec les élèves de manière adaptée et progressive, tout au long de la semaine, après chaque écoute.

Identifier tous les personnages

Les nommer et établir une relation entre eux Décrire les loups et les différencier Décrire les chevreaux et les différencier

Identifier les différents points de vue…

-celui de Balthazar -celui de ses parents -celui des loups

…et les interpréter en fonction de leur statut dans l’histoire

Qui est gentil, qui est méchant pour Balthazar ? Qui est gentil, qui est méchant pour ses parents ? De quoi vont parler Balthazar et son père ? Que ce serait-il passé si son père lui avait parlé avant ? Prendre conscience des dangers de suivre un adulte inconnu

Compréhension / Illustrations Remise en ordre des illustrations et reformulation

Lecture en réseau / acculturation : Raconter / rencontrer des personnages de loup (de même avec le chevreau) dans les histoires.

« Le loup est revenu » G de PENNART « Je suis revenu » G de PENNART « Le loup et les 7 biquets » G de PENNART « Plouf ! » de P. CORENTIN

Page 16: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

6. Conte de la semaine : « Le gros navet » Auteurs : Alexis TOLSTOI et Niamh SHARKEY, Editions Flammarion Jeunesse Collection Le Père Castor, 1994

Proposé par Thérèse BIANCHI MACHADO,

Conseillère pédagogique (Creuse)

Quelques points de vigilance et recommandations pour préparer en amont une lecture expressive. - lire le texte en amont pour ne pas improviser et se l’approprier (cela évite de bafouiller, de mal poser sa voix) - la qualité de l’oralisation dépendra de la compréhension que l’on a du texte et de l’interprétation que l’on en fait (faire une analyse littéraire auparavant) - préparer la diction pour éviter le ton monocorde : articulation, pose de la voix, intonation - veiller au rythme de la lecture (aménager des pauses aux moments opportuns qui correspondent souvent aux moments de suspense ou mettre en évidence certains mots clés) - avoir le ton juste en fonction du contexte et de son interprétation - dans les exclamations, faire passer les émotions (admiration, déception, ton ravi, …) - varier l’intensité de la voix (du chuchotement au cri) - lever les yeux du texte et regarder les élèves pour capter leur attention - anticiper éventuellement sur les gestes qui peuvent accompagner la lecture quand le texte se prête à la théâtralisation pour le rendre encore plus vivant Des recommandations pour aider les élèves à entrer dans la compréhension du texte lu :

Résumé : Un vieux couple de paysans sème au printemps des légumes. Ils découvrent parmi leurs récoltes un navet géant. Ils tentent en vain de le déterrer. Ils font alors appel à leurs animaux sans plus de succès. La vieille femme finit par attraper une souris affamée qui les aide aussi. Grace à l’intervention de cette dernière, ils déterrent enfin le navet. Le vieux couple prépare une soupeau navet qu’ils mangent ensemble.

Tapuscrit du récit :

Il y a bien longtemps, un vieil homme et une vieille femme habitaient une bicoque branlante au milieu d’un immense jardin plein d’herbes folles. Le vieil homme et la vieille femme avaient six canaris jaunes, cinq oies blanches, quatre poules tachetées, trois chats noirs, deux cochons ventrus et une grande vache brune. Un beau matin de mars, la vieille femme s’assit sur son lit, sentit la tiédeur du printemps et dit : - Le moment est venu de semer.

Le vieil homme et la vieille femme sortirent alors dans le jardin. Ils semèrent des pois et des carottes, des pommes de terre et des haricots. Et pour finir, ils plantèrent des navets. Cette nuit-là, il y eut une grosse pluie sur le jardin autour de la bicoque branlante. FLIC ! FLOC ! Le vieil homme et la vieille femme sourirent dans leur sommeil. La pluie allait leur faire germer les graines, qui donneraient des beaux légumes bien tendres.

Page 17: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Le printemps passa et le soleil de l’été fit mûrir les plantes. Le vieil homme et la vieille femme récoltèrent leurs carottes et leurs pommes de terre, leurs pois et leurs haricots, et aussi leurs navets. A la fin de la rangée, il restait un navet. Un navet qui paraissait très grand. Un navet qui paraissait GEANT. Un beau matin de septembre, le vieil homme s’assit sur son lit, sentit la fraîcheur de l’automne et dit : - Le moment est venu de déterrer ce navet. Et il sortit.

Le vieil homme tira sur le navet. Il le secoua, tantôt à petits coups, tantôt violemment, il s’arc-bouta de toutes ses forces mais le navet ne bougea pas. Alors, le vieil homme s’en alla chercher la vieille femme. La vieille femme passa ses bras autour de la taille du vieil homme. Ils se mirent ensemble pour tirer sur le navet. Ils le secouèrent, tantôt à petits coups, tantôt violemment, ils s’arc-boutèrent de toutes leurs forces, mais le navet ne bougeait toujours pas.

Alors, la vieille femme s’en alla chercher la grande vache brune. Le vieil homme, la vieille femme et la grande vache brune tirèrent sur le navet. Ils le secouèrent, tantôt à petits coups, tantôt violemment, ils s’arc-boutèrent de toutes leurs forces, mais le navet ne bougeait toujours pas.

Alors le vieil homme s’essuya le front et s’en alla chercher les deux cochons ventrus. Le vieil homme, la vieille femme, la grande vache brune et les deux cochons ventrus tirèrent sur le navet. Ils le secouèrent, tantôt à petits coups, tantôt violemment, ils s’arc-boutèrent de toutes leurs forces, mais le navet ne bougeait toujours pas.

Alors la vieille femme se retroussa les manches et s’en alla chercher les trois chats noirs. Le vieil homme, la vieille femme, la grande vache brune, les trois chats noirs et les deux cochons ventrus tirèrent sur le navet. Ils le secouèrent, tantôt à petits coups, tantôt violemment, ils s’arc-boutèrent de toutes leurs forces, mais le navet ne bougeait toujours pas.

Alors l’un des chats agita la queue et s’en alla chercher les quatre poules tachetées. Le vieil homme, la vieille femme, la grande vache brune, les deux cochons ventrus, les trois chats noirs et les quatre poules tachetées tirèrent sur le navet. Ils le secouèrent, tantôt à petits coups, tantôt violemment, ils s’arc-boutèrent de toutes leurs forces, mais le navet ne bougeait toujours pas.

Alors l’une des poules secoua ses plumes et s’en alla chercher les cinq oies blanches. Le vieil homme, la vieille femme, la grande vache brune, les deux cochons ventrus, les trois chats noirs, les quatre poules tachetées et les cinq oies blanches tirèrent sur le navet. Ils le secouèrent, tantôt à petits coups, tantôt violemment, ils s’arc-boutèrent de toutes leurs forces, mais le navet ne bougeait toujours pas.

Alors une des oies inclina la tête et s’en alla chercher les six canaris jaunes. Le vieil homme, la vieille femme, la grande vache brune, les deux cochons ventrus, les trois chats noirs, les quatre poules tachetées, les cinq oies blanches et les six canaris jaunes tirèrent sur le navet. Ils le secouèrent, tantôt à petits coups, tantôt violemment, ils s’arc-boutèrent de toutes leurs forces, mais le navet ne bougeait toujours pas.

Le vieil homme se gratta la tête. Bêtes et volailles se couchèrent pour reprendre leur souffle. La vieille femme eut soudain une idée. La vieille femme alla à la cuisine et plaça un morceau de fromage devant un trou de souris. Une petite souris affamée ne tarda pas à montrer le bout de son museau. La vieille femme s’en saisit et l’emporta au potager.

Le vieil homme, la vieille femme, la grande vache brune, les deux cochons ventrus, les trois chats noirs, les quatre poules tachetées, les cinq oies blanches, les six canaris jaunes et la petite souris affamée tirèrent sur le navet. Ils le secouèrent, tantôt à petits coups, tantôt violemment, ils s’arc-boutèrent de toutes leurs forces. PAN ! Le navet géant jaillit du sol, et tous tombèrent à la renverse.

Les canaris sur la souris, les oies sur les canaris, les poules sur les oies, les chats sur les poules, les cochons sur les chats, la vache sur les cochons, la vieille femme sur la vache et le vieil homme sur la vieille femme. Et, toujours étendus par terre, ils éclatèrent de rire.

Ce soir-là, le vieil homme et la vieille femme préparèrent une grande marmite de soupe au navet. Chacun en mangea tant qu’il put. Et, vous ne devinerez jamais…c’est la petite souris affamée qui en a mangé le plus.

Page 18: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

ORIENTATION CHOISIE Ce que les enseignants travaillent habituellement dans leur classe :

- reconnaître des éléments importants de l'histoire : travail sur les personnages et les lieux - restituer l'ordre chronologique : travail sur le temps

Or une lecture est rarement univoque, avec un message explicite, des personnages simplifiés. Pour dépasser la compréhension littérale et entrer dans la compréhension fine (convoquer le symbolique, le lacunaire), il faut amener les élèves à comprendre l'implicite des textes (combler les blancs) et interpréter (donner un sens personnel) dès la maternelle. Mais ce travail est plus rarement mené. De même pour bien comprendre un texte, il est nécessaire de faire appel à ses connaissances ou à d’autres livres. Je propose donc un travail sur la compréhension fine pour faire émerger ce qui n’est pas dit de façon explicite dans le texte (le résistant) et les différentes lectures possibles du texte (le proliférant). PREPARER SA LECTURE ORALISÉE (pour le maître)

- repérer et comprendre une structure narrative particulière (construire le concept de récit répétitif par accumulation)

- dépasser la compréhension littérale

Compétence de fin de cycle visée : Comprendre des textes écrits sans autre aide que le langage entendu.

Comment travailler la compréhension fine ? 1°) Avoir conscience tout d'abord de ce qui peut faire obstacle à la compréhension pour un enfant.

- la culture de l'album - la dimension linguistique - la dimension culturelle (avoir des connaissances pour faire des liens) - la lecture d’images (reconnaître et décoder des images) - le vécu personnel des élèves (monde évoqué connu des élèves ou non) - les sentiments des personnages à leur portée ou non - les enchaînements logiques

Caractéristique de ce récit : - Conte en randonnée, récit en accumulation - Emploi du passé simple - Structure répétitive : « Ils s’arc-boutèrent de toutes leurs forces / Mais le navet ne bougea toujours pas / Alors…» - Absence de dialogue - Point de vue du narrateur (récit rapporté) - Champs lexicaux qui peut être un peu difficile : animaux (oie, canari), légumes (navet), de nombreux verbes d’actions (s'arc-bouter, se saisir de, jaillir, incliner...), des adjectifs (branlante, ventrus, affamée), des noms (volaille, bicoque) - Absence de phrases complexes - Les illustrations sont redondantes par rapport au texte (l’album peut être lu sans jamais montrer les images). - Le temps de l’histoire se déroule sur plusieurs mois (repère des saisons : printemps, été)

2°) Les principes didactiques :

- rendre les élèves actifs, les amener à exprimer leur propre ressenti en le justifiant, et exprimer ce qu’ils en ont compris (oser donner une interprétation personnelle du texte)

- échanger, argumenter, expliquer pour construire le sens du texte - inciter à construire une représentation mentale des situations (se faire un film dans la tête) - conduire à s'interroger sur les pensées des personnages (identifier les mobiles) - inviter à supplier les blancs des textes, (prélever des indices, les mettre en lien pour

construire des inférences) - faire reformuler - faire jouer

Page 19: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

EXPLORER LE TEXTE APRÈS ÉCOUTE (avec les élèves) Plusieurs orientations sont possibles et à développer après chacune des écoutes de la semaine : les pistes proposées sont graduelles, elles ne sont ni exhaustives, ni systématiques. Il conviendra de privilégier celles qui répondent le mieux aux réactions des élèves, celles qui correspondent le mieux au contexte d’écoute. Ce qu'il y a à comprendre au niveau littéral : La situation initiale : un vieil homme et une vieille femme sèment des graines de légumes et les récoltent en été. Le problème : le navet est tellement gros que le vieil homme ne parvient pas à le déterrer tout seul. La résolution : il doit faire appel à sa femme, puis à ses animaux successivement pour l'aider, mais le navet résiste toujours. Grâce à l’idée de la vieille femme d’attraper une souris pour les aider, le navet est enfin déterré. Situation finale : tous les personnages de l’histoire mangent de la soupe au navet.

Ce récit est une randonnée par accumulation ; l'ordre des personnages a une importance (quantité croissante des animaux à mesure qu’ils sont plus petits). Echanger, argumenter, expliquer pour construire le sens du texte Après avoir oralisé le texte, amener les élèves à exprimer ce qu’ils en ont compris. La question peut être : « qu’avez-vous compris de cette histoire ? »

Il s’agira de favoriser les interactions langagières par un questionnement ouvert pour permettre aux élèves d’échanger. Le but est de co-construire le sens du texte et s’approprier des stratégies de compréhension.

La question précédente est suffisamment ouverte et est susceptible de faire émerger des interprétations différentes sur lesquelles l’enseignant pourra rebondir pour :

- lever des incompréhensions en s’appuyant sur ce qui est dit dans le texte et qui est un contre-sens - approfondir la compréhension du texte (élucider des significations pour ne pas rester sur la lecture littérale)

- faire émerger les différents sens possibles en cohérence avec ce qui est dit dans le texte (il ne s’agit pas d’extrapoler mais de s’appuyer sur des indices clairement identifiés)

Quand deux avis sont confrontés, déterminer : qui a la preuve ? Où est la preuve ? Quel indice permet de tenir tel propos ?

Amener à identifier la problématique (difficulté à déterrer le navet) Si lors de la discussion, la problématique n’a pas été cernée, questionner les élèves : « Quel est le problème ? » Inciter à construire une représentation mentale des situations (se faire un film dans la tête) Faire anticiper sur la suite de l’histoire. Interrompre la lecture juste avant : « la vieille femme eut soudain une idée » Quelle peut-être cette idée ? (Cela permet de voir si les élèves ont compris la structure répétitive en proposant un autre animal plus petit).

Après lecture, demander aux élèves de dessiner leur passage préféré puis expliquer et justifier son dessin. Cela permet à l’élève de se représenter l’univers du récit et permet à l’enseignant de voir comment l’ élève a traité l’information.

Avant la lecture du récit, si on montre les illustrations, possibilité de faire formuler des hypothèses sur le contenu de l’histoire à partir de la couverture de l’album (personnages assis sur un légume énorme) : « A votre avis de quoi va parler cette histoire ? » Amener les élèves à exprimer leur propre ressenti en le justifiant « Avez-vous aimé cette histoire ? Pourquoi ? » Cela permet de comprendre que l’acte de lecture est un acte individuel de création personnelle. Conduire à s'interroger sur les pensées des personnages Exemple : pourquoi le vieil homme se gratte-il la tête ? (Imaginer ce qu’il peut bien se dire)

Page 20: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»

Inviter à supplier les blancs des textes (prélever des indices, les mettre en lien pour construire des inférences) Questionner sur les éléments implicites du texte si cela n’apparaît pas dans les échanges : « à votre avis pourquoi … ? »

o Eléments à faire émerger, par exemple : - la pauvreté du vieux couple - identifier qu’ils sont agriculteurs - comprendre que la souris seule n’aurait pas pu déterrer le navet. Elle n’est que le déclencheur. C'est l'accumulation des personnages qui conduit à l'arrachage du navet. - le temps de l’histoire qui se déroule sur plusieurs mois (les saisons qui passent) - comprendre la chronologie de l’histoire au rythme des saisons avec la croissance d’une plante - le comique de la situation : c’est l’animal le plus petit qui permet de réussir (lien avec La Moufle : c’est la fourmi qui fait éclater le gant) - le mobile du vieux couple : faire pousser des légumes pour les manger - la bonne entente entre les animaux : repérer les indices qui permettent de dire que les personnages s’entendent bien : (ils éclatèrent de rire, aucun ne refuse d’aider, ils partagent la soupe, …)

o Eléments de compréhension des messages : - Prendre de la distance par rapport au texte. Questionner sur sa visée, le message que l’auteur a voulu faire passer : « Que voulait nous dire l’auteur en écrivant cette histoire ? » - L'entraide : à plusieurs, on est plus fort. Ensemble, on peut résoudre des problèmes que l’on ne peut pas résoudre seul. - On a toujours besoin d’un plus petit que soi : c’est l’intervention de la souris qui permet de résoudre le problème.

Permettre de comprendre la structure accumulative du conte - Remise en ordre d’images séquentielles (illustrations montrant les animaux de plus en plus nombreux à tirer le navet). - Faire prendre conscience de l'ordre d’arrivée des personnages qui a une importance (ils sont de plus en plus petits). « A votre avis pourquoi la vielle femme va chercher en premier la grosse vache brune ? » (Oser donner une interprétation personnelle du texte) - Permettre d’enrichir le vocabulaire : Avec les plus grands, on peut relever les expressions qui montrent l’effort que demande le déterrage du navet : (« le vieil homme s’essuya le front » « bêtes et volailles se couchèrent pour reprendre leur souffle »

Faire reformuler - Amener à restituer les étapes essentielles de l’histoire, en dégager les composantes : la structure répétitive / l’ordre d’apparition et accumulation des personnages de plus en plus petits. - Mettre à disposition des élèves des cartes représentant les animaux de l’histoire, qu’ils peuvent manipuler. Remarques : Ces reformulations aideront à consolider l’appropriation du texte, la chronologie des événements, les liens de causalité. Les marionnettes, marottes, etc… aident à s’approprier le texte, à mettre en mots les émotions à, exprimer une opinion donc à mieux comprendre.

Amener à faire du lien avec les connaissances du monde Convoquer l’univers de référence. L'univers du jardinage doit être travaillé en amont pour accéder à une pleine compréhension de ce récit : avoir un vécu de semis et de plantations. Si ce vécu commun n’existe pas, il faut le pratiquer.

Amener à faire des liens avec d’autres albums connus Comprendre c’est mettre en relation avec ce que l’on a déjà lu. Inciter à faire des liens avec d’autres œuvres : « Cela ne vous rappelle t-il pas une autre histoire ? Pourquoi ? » (ou bien à les opposer) Eventuellement, envisager de lire un autre album la semaine suivante et les comparer. Mises en réseaux possibles : Le navet, Rascal - Lutin Poche Le gros navet, Robert Giraud- Père Castor - Flammarion Le gros navet, Bernard Velliot - L’élan vert Le gros navet, Lucile Butel - Gautier Languereau Quel radis dis-donc ! Praline Gay-Para, Didier Jeunesse La grosse, grosse rave, Béatrice Tanaka - Les petits contes de Kanjil Marguerite et la carotte géante, Betty et Michael Paraskevas - Hachette Jeunesse L’énorme potiron, Françoise Bobe - Coup de Cœur La grosse patate, DesanPetricic–Scholastic Si les albums à structures identiques ne sont pas connus, ils peuvent être lus après la découverte de celuI

Page 21: DOSSIER PEDAGOGIQUE - …cache.media.education.gouv.fr/file/Actions_pedagogiques/11/8/DPAca... · DOSSIER PEDAGOGIQUE Maitriser le français à l’école primaire «conte de la semaine»