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D AU SERVICE DES PERSONNES ÂGÉES D IRECTEURS Karine Lefeuvre « Le confinement remet en question le lien social » p.16 Dossier Ce que la crise a révélé du secteur p.10 JUIN 2020 Virginie Lasserre « Il faut concevoir les établissements de demain » p.11

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DA U

S E R V I C E

D E S

P E R S O N N E S

 G É E SD IRECTEURS

Karine Lefeuvre« Le confinementremet en question le lien social » p.16

DossierCe que la crise a révélé du secteur p.10

J U I N 2 0 2 0

Virginie Lasserre « Il faut concevoir les établissements de demain » p.11

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À vos côtés pour faciliter la gestion de vos ressources humaines

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Un nouveau cap

Romain GizolmeDirecteur de l’AD-PA

En temps de crise, les principes éthiques sont d’autant plus essentiels qu’ils donnent des repères malgré les impératifs d’urgence. Et dans notre secteur d’activité, ceux-ci ne

peuvent être fondés que s’ils s’appuient sur une vision citoyenne des personnes âgées.

Ce principe de participation sera l’une des clés de réussite du Ségur de la santé que l’État vient de lancer, tant pour les personnes âgées que pour les professionnels. Et elle le sera de la même manière au sein des résidences et des services à domicile si nous l’ancrons nous aussi dans le quotidien des personnes que nous accompagnons par le développement de Citoyennage et des salariés par l’engagement de démarches de managements participatifs.

Au travers de ses conférences faisant intervenir des personnes âgées et de ses ateliers animés par des coachs, le Congrès national des âges et du vieillissement de septembre en sera une illustration et l’occasion de construire ensemble cet avenir meilleur pour chacun. ■

DIRECTEURSA U S E R V I C E D E S P E R S O N N E S Â G É E S

Est une publication éditée par l’association AD-PA. 3, impasse de l’Abbaye - 94 106 Saint-Maur Cedex - Tél. : 01 55 12 17 24 – [email protected] - Directeur de la publication : Pascal Champvert – Rédacteurs en chef : Eric Fregona et Romain Gizolme – Rédactrice : Linda Caille – Secrétaire de rédaction : Stéphane Lepoittevin – Direction artistique : Bruno Houdou – Iconographie : Philippe Chagnon – Réalisation éditoriale: Bayard Service 18, rue Barbès – 92128 Montrouge Cedex – Tél. : 01 74 31 74 10 – Régie publicitaire : Bayard Service 01 74 31 62 82. - Responsable de la fabrication : Johann Gaissler. Impression : Imprimerie de Compiègne avenue Berthelot - ZAC de Mercières - BP.60524 60205 Compiègne – ISSN : 2268-0926 – Dépôt légal mars 2020

Éditorial3 « Directeurs » au service des personnes âgées.

Regard4 L’image du mois La résidence de Solemnes.

Prises de paroles6 Pascal Champvert La prédominance de la vie sur toute autre considération.

Actualités en bref8 Jérôme Marchand-Arvier, nouveau directeur de cabinet du ministre de la Santé.

Vers une cinquième branche de la Sécurité sociale.

Dossier10 Ce que la crise a révélé du secteur En Europe, l’heure est au déconfinement avec, en France, la reprise de visites de proches pour les personnes âgées. Bilan d’étape..

14 Karine Lefeuvre « Le confinement remet remet en question le lien social, le deuil et la fin de vie. »

18 Accompagner l’après-crise ? L’équipe « coaching solidaire » revient sur les acquis de la crise du Covid-19 et ouvre une voie pour préparer l’avenir.

Reportage20 Deux élèves directeurs dans le grand bain Sophie Jaggi-Desportes, et Romain Aulanier, sont étudiants à l’École des hautes études en santé publique (EHESP).

Une question ... une formation24 Il est temps de redevenir plus slow.

Culture26 Émilie Baudet : Elle encourage les managers à se retrouver dans des ateliers pour rompre l’isolement et accueillir leurs émotions.

Portrait31 Sylvie Legagneur Une soignante accompagnatrice.

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ÉDITORIAL

| DIRECTEURS

Mme ! M. ! Nom : __________________________________ Prénom : ________________________________

Fonction : ______________________________________________________________________________________

Adresse : _______________________________________________________________________________________

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Téléphone : ______________________________________ Mobile : _______________________________________

Adhérent AD-PA : ! 60 € - ! 28 € : retraités ou en recherche de poste - ! 8 € : étudiants - ! 23 € : étudiants salariésAdhérent AD-PA et AVEC : ! 67 € - ! 35 € : retraités ou en recherche de poste - ! 14 € : étudiants - ! 30 € : étudiants salariés

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A retourner à Adhésion AD-PA, 4 impasse Van Gogh - 85310 - La Chaize le Vicomte ou adhérez en réglant directement votre cotisation en ligne sur ad-pa.fr/adhesion

BULLETIN D’ADHESION AD-PA 2020

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La résidence Solemnes, à Éragny-sur-Oise, est une unité Alzeihmer. Nous nous retrouvons enfin en plein air, après un si long confinement. J’ai voulu photographier les mots échangés entre ces personnes. Finalement, c’est bien la conversation qui nous rapproche les uns des autres, malgré la distance imposée. »

Texte et photo Philippe Chagnon

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LE REGARD

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PASCAL CHAMPVERT est le président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), et également le vice-président de l’association European Ageing Network (EAN).

Vous êtes partisan d’un projet de refondation de la place du vieillissement et des personnes âgées dans notre société. Pourquoi devrait-il passer selon vous par une réflexion éthique ?

P. C. Cette refondation concerne la place de toute personne quel que soit son âge dans la société avec ou sans vulnérabilité. S’agissant des personnes vulnérables, elle peut concerner les personnes handicapées à tout âge. Pour moi, quelques principes sont devenus évidents pen-dant cette crise. Tout d’abord la vie avant tout ; ensuite la vie humaine avant toute activité hu-maine ; et enfin, la nécessité pour chacun de mener une réflexion sur sa relation à lui-même et au monde dans une dimension philoso-phique, et/ou spirituelle, et/ou psychique.

D’un point de vue éthique, que révèle la crise du Covid ?

P. C. La crise a montré à quel point il fallait trouver un équilibre entre liberté et sécurité d’une part, entre sécurité physique et sécurité psychique d’autre part. Ces principes devront conduire toutes les réflexions à venir en ayant en tête qu’on est plus pour la sécurité pour ceux qu’on aime et pour la liberté pour soi. De même, l’égalité de tous, tout au long de la vie, est fonda-mentale, et le respect de tous les âges impose la lutte déterminée contre l’âgisme. C’est une exi-gence pour les plus âgés, mais aussi une exigence pour chacun, permettant d’accepter en nous-mêmes ce qu’il y a de vieux, comme ce qu’il y a de jeune. La cohésion du groupe est basée sur le respect des jeunes, qui sont l’avenir du groupe, et le respect des vieux, qui sont l’avenir de chaque membre du groupe. L’avenir de la France ce sont les jeunes. L’avenir des Français ce sont les vieux, car chaque Français sera vieux.

Quel est le principal frein pour envisager sereinement l’avenir ?

P. C. La peur a envahi l’espace public. Pour réfléchir sur la société du lendemain ou du jour d’après, pour parler comme le Président de la République, il faut bien analyser ce qui permet de lutter contre la peur individuelle, comme collective.

Quelles sont vos réponses afin de dominer la peur ?

P. C. Selon moi, les mesures de protection comme le confinement et les mesures barrières ont été des réponses. Continuer de réfléchir sur la peur que nous avons traversée, ou qui nous tra-verse encore, en est aussi une. Nous devons nous demander comment nommer la peur, à quelle crainte individuelle elle nous renvoie, comment pouvons-nous la dépasser par un travail indivi-duel et collectif. La fraternité est aussi une ré-ponse à la peur, c’est-à-dire ce qui fait que l’on reconnaît l’autre comme son semblable quoi qu’il arrive et que nous pouvons lui faire confiance pour se ressourcer et le ressourcer. D’autres par-leront de solidarité, d’autres encore d’amour… Mais pour en rester aux principes de notre Répu-blique, je retiens la notion de fraternité.

Au service de la parole des personnes âgées, Pascal Champvert appelle à un changement de système, dans un monde plus solidaire.

Pourquoi êtes-vous favorable aux démarches de type « entreprise libérée », c’est-à-dire une organisation où les salariés des établissements pour personnes âgées et des services à domicile sont considérés comme les mieux placés pour déterminer la meilleure manière de fonctionner ?

P. C. À la fin de la Première Guerre Mondiale, on disait que les soldats de retour du front obli-geaient le reste de la nation. Il en va de même pour les salariés des établissements pour per-sonnes âgées et des services à domicile mais aussi des hôpitaux et des cliniques. Leur implication dans les décisions à venir de leur structure est fondamentale. Toutes les démarches permettant leur expression devront donc être favorisées : présence dans les conseils d’administration, dé-veloppement des instances de représentation du personnel et au-delà développement de toute démarche permettant une plus grande implica-tion de leur intelligence personnelle. C’est pour-quoi les démarches de type entreprise libérée doivent être examinées de toute urgence dans le secteur sanitaire et médico-social.

Vous êtes favorable à la création d’un ministère des Personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Comment imaginez-vous le cadre d’un tel engagement ?

P. C. Un grand récit doit être porté dans son message global par le Président de la Répu-blique, mais ensuite par le Premier ministre, et il doit être alimenté au quotidien dans l’équipe gouvernementale par un ministre des Personnes âgées ou de la Longévité. Un tel ministère pour-

rait être aussi plus ambitieux et regrouper toutes les politiques de l’autonomie concernant aussi les personnes handicapées ou en situation de handicap. Ce récit politique doit commencer, bien entendu, par la prédominance de la vie sur toute autre considération, et de la vie humaine sur toute autre considération d’activité hu-maine. Il ne peut s’agir de survie, mais bien de vie humaine entendue dans la globalité de la

s a n t é a u s e n s d e l’OMS, santé phy-sique, psychique, affective et sociale. Conséquemment, la fin de discrimina-tion par l’âge doit être posée fortement e t d é v e l o p p é e concrètement. Le r a p p o r t D U F E U SCHUBERT, sorti en décembre der-nier, met en avant les principales disposi-tions qu’il faudra me t t re en œuv re sans tarder. Dans les institutions de la Ré-publique, au niveau

national, comme au niveau décentralisé, les personnes âgées vulnérables doivent être recon-nues et représentées, et pas uniquement par des jeunes retraités. La citoyenneté doit être l’axe fondamental de toute démarche auprès des personnes concernées. ■

LA PRÉDOMINANCE DE LA VIE SUR TOUTE AUTRE CONSIDÉRATION

PASCAL CHAMPVERT

« La fin de la discrimination par l’âge doit être posée fortement et développée concrètement.»

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UN GRAND RÉCIT doit être porté par le Président de la République, par le Premier ministre, et il doit être alimenté par un ministre de la Longévité.

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PRISES DE PAROLES DE L’AD-PA

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DÉNUTRITION

Le 17 Mars 2020, le Collectif de lutte contre la dénutrition prenait la parole1 pourrappeler l’importance de la prise en charge nutritionnelle dans le cadre de la pandémiedu COVID-19. Le 9 avril, c’était au tour de la Société Francophone Nutrition Clinique etMétabolisme (SFNCM), puis de la Haute Autorité de Santé (HAS), de proposer des recommandations sur la prise en charge des patients COVID-19. Ces recommandations visent à prévenir, dépister et prendre en charge la dénutrition le plus tôt possible. La personne âgée est particulièrement à risque de dénutrition.L’alimentation et le statut nutritionnel sont susceptibles d’avoir été fortement impactés par le confi nement. Une attention particulière doit être apportée en cette période de crise sanitaire.

La personne âgée : un sujet à risque dedénutrition aggravée dans le contexte COVID

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Le laboratoire Nestlé Health Science a soutenu la SFNCM, pour la publication et la mise àdisposition de fi ches pratiques sur la prise en charge nutritionnelle des patients COVID-19.

Tout patient âgé atteint du COVID-19 est à risque de dénutrition (syndrome infl ammatoire, l’hyperca-tabolisme). Il est important de veiller à ce que les apports caloriques et protéiques soient suffi sants :

Augmenter les aliments riches en protéinespour atteindre 1,3 g de protéines/kg poids/jour2

Surveiller les apports hydriques et veillerà atteindre 1 à 1,5L/jour2

Adapter la texture ou proposer des solutionsspécifi ques adaptées aux capacités de déglu-tition/mastication des patients

Adapter l’alimentation à l’état de fatigue,adapter les quantités, le rythme des prises…

Complémenter les patients dénutris :2 à 3 CNO*/jour selon les apports2

La dénutrition n’est pas un problème isolé mais la conséquence d’une situation qui se dégrade.La perte de poids, la fonte musculaire, les troubles de la mobilité sont autant de signes d’alerte. Il est donc important de continuer à être vigilant sur les prises alimentaires pour l’ensemble des patients.3

Prendre en charge les patientsâgés COVID-19+

Prévenir le risque de dénutrition chez la personne âgée (non COVID-19)

La peur de sortiret s’exposerau virus

La perte d’appétitliée à une situationdéprimante

L’absence de visibilité sur la fi nde l’épidémie

Peser lespatients !

Le bon réfl exe

1. https://www.luttecontreladenutrition.fr/coronavirus-alimentation-conseils-nutritionniste , consulté le 14/05/2020. 2. Fiche SFNCM n°14 : Prise en charge des malades âgés Covid 19+ à domicile, en EHPAD ou à l’hôpital, Avril 2020.3. Collectif de lutte contre la dénutrition, https://www.luttecontreladenutrition.fr , consulté le 14/05/2020.

*complémentation nutritionnelle orale

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Rencontre avec le Premier ministre et le ministre de la SantéUne réunion organisée par le Premier Ministre et le ministre de la Santé s’est tenue avec l’ensemble des acteurs du secteur de l’aide aux personnes âgées. L’AD-PA a rappelé à cette occasion qu’il persiste des difficultés pour les services à domicile. Olivier Véran a indiqué, pour sa part, qu’un million de masques seraient délivrés et qu’un déstockage de 300 000 masques supplémentaires par semaine pour le secteur du service à domicile aurait lieu à partir du mois d’avril. Pour l’AD-PA, depuis le début de l’épidémie, il est indispensable de trouver un bon équilibre entre liberté et sécurité. La santé physique doit être protégée tout comme la santé psychique. L’AD-PA demande à ce que soit adapté le dispositif de confinement pour permettre aux personnes âgées de sortir de leur domicile et que lesfamilles puissent ainsi rendre visite à leurs parents dans les salles communes en respectant les règles d’hygiène et de distanciation.

Jérôme Marchand-Arvier, nouveau directeur de cabinet du ministre de la Santé

Depuis le 18 mai, le ministre de la Santé dispose d’un nouveau directeur de cabi-net. Celui qui était jusqu’à présent l’un des trois directeurs généraux adjoints de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), Jérôme Marchand-Ar-vier, a pris la suite de Raymond Le Moign. Proche de Martin Hirsch, l’ac-tuel directeur général de l’AP-HP, qui

l’avait recruté en 2017 en tant que secrétaire général de l’éta-blissement public francilien, Jérôme Marchand-Arvier, 37 ans, est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (IEP) et de l’École nationale d’administration (ENA).

Vers une cinquième branche de la Sécurité socialeSaisi par les ministres des Solidarités et de la Santé et de l’Action et des comptes publics, le Conseil de la Caisse na-tionale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) s’est réuni le 26 mai pour se prononcer sur deux projets de lois relatifs à la dette sociale, avant leur examen en conseil des ministres. Le Conseil de la CNSA qui s’est prononcé à une courte ma-jorité en faveur de ces textes, s’est félicité de la perspective

de ressources complé-mentaires pour l’amé-lioration du quotidien des personnes et a pris acte de la perspective de création d’une cin-quième branche de la Sécurité sociale.

Lancement du Ségur de la SantéLe Premier ministre Édouard Philippe a donné le coup d’envoi du Ségur de la Santé le 25 mai 2020 aux côtés de près de 300 acteurs tels les élus, représentants des usagers, agences régionales de santé, assurance maladie, ordres professionnels, représentants des établissements et employeurs du secteur sanitaire et médico-social, syndicats hospitaliers, conseils nationaux professionnels et collectifs hospitaliers… L’ambition de cette concertation est de tirer collectivement les leçons de l’épreuve du Covid et de faire le lien avec les orientations de « Ma Santé 2022 », le plan de transformation du système de santé lancé en février 2018. Il s’agit de bâtir les fondations d’un système de santé moderne, résilient et innovant. La méthode et l’organisation proposées ont également été présentées.

Un protocole pour les famillesLa Direction générale de la cohésion sociale (DGSC) a diffusé le protocole pour la mise en place des modalités de réouverture des visites au sein des établissements pour personnes âgées. L’AD-PA avait rappelé la nécessité, dans le cadre du confinement, de trouver un juste équilibre entre santé physique et santé psychique. Elle a obtenu en ce sens que l’État saisisse le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE). Ce protocole s’appuie sur l’avis du CCNE qui rappelle la nécessité de préserver la santé physique, de proportionnaliser et d’individualiser les mesures, et enfin de maintenir les liens sociaux. D

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ACTUALITÉS... EN BREF

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| DIRECTEURS

À la fin d’un conflit ou d’une crise, un temps de reconstruc-tion débute. Des di-recteurs, des méde-cins, des soignants, des psychologues, des animateurs et tant d’autres professions

qui se battent depuis des semaines contre le co-vid-19, tirent déjà les premières leçons de cette vague épidémique. Le gouvernement a pris une mesure forte en décidant le 11 mars la suspension des visites dans les établissements pour per-

11 mars 2020 Le gouvernement pose une mesure forte en suspendant les visites dans les établissements pour personnes âgées. Soit une semaine avant le confinement de tous les Français.

1er avril 2020 Pour le Conseil scientifique, « le confinement individuel soulève d’importantes questions non seulement sanitaires, mais aussi éthiques, légales et plus largement sociales ».

6 avril 2020 Le ministre de la Santé annonce le lancement d’opérations « massives de dépistage », dans les établissements accueillant les « personnes les plus fragiles ».

REPÈRES

Dossier réalisé par Linda Caillesonnes âgées, c’est-à-dire une semaine avant le confinement de tous les citoyens français. En-suite, à la demande des professionnels, fin mars, Olivier Véran, ministre de la Santé, a imposé un isolement individuel des résidents dans leur chambre. Mais ce qui est reproché au gouverne-ment, c’est le manque de matériels.

Pour Virginie Lasserre, directrice générale de la cohésion sociale (DGCS), des pistes de ré-flexion et d’action se détachent, d’une part, avec un « plan métiers » pour les personnes intéres-sées par les professions du soin, et, d’autre part, pour le secteur en général des personnes âgées. « Nous travaillons sur le renforcement pérenne de l’offre d’accompagnement, ainsi que sur des axes comme rénover la gouvernance et le pilo-tage du secteur, repousser la perte d’autonomie par la prévention et réduire le reste à charge

SANTÉ PUBLIQUE

Ce que la crise

a révélédu

secteur

Plus de 6 millions de cas de Covid-19 ont été officiellement déclarés dans le monde début juin et la pandémie a fait près de 370 000 morts. En Europe, l’heure est au déconfinement avec, en France, la reprise de visites de proches pour les personnes âgées. Bilan d’étape.

« L’enjeu que nous avons collectivement à relever est de permettre à chacun l’exercice d’un véritable libre choix de son lieu de vie. Pour cela, il me semble nécessaire de favoriser la diversité des réponses possibles en fonction des attentes et des besoins des personnes. Il convient de ne pas opposer le secteur des établissements et celui du domicile, mais de favoriser un véritable décloisonnement au service des parcours des personnes âgées. Les efforts engagés pour le soutien à l’investissement doivent encore être accrus pour la modernisation

immobilière et numérique. Il est indispensable de repenser le modèle de l’établissement pour concevoir un « établissement de demain » où les personnes âgées pourront se sentir chez elles tout en intégrant les nouvelles technologies et le réchauffement climatique. Les organisations de services à domicile doivent permettre d’intégrer le soin et l’accompagnement, mais aussi des solutions de répit pour les aidants afin d’offrir une réelle alternative à l’entrée en établissement

pour les personnes qui le souhaitent. L’offre d’habitat inclusif et partagé est aussi à développer. Le rapport qui sera remis au Premier ministre par Denis Piveteau et Jacques Wolfrom comportera des recommandations en ce sens. (Cf. Directeurs mars 2020). Une telle évolution structurelle de l’accompagnement de nos aînés nécessite de renforcer l’attractivité des métiers du grand âge en revalorisant les rémunérations et d’investir dans les compétences des professionnels qui prennent soin des plus fragiles. » ■

Virginie Lasserre : « Il faut concevoir les établissements de demain »

pour les familles ». Au sujet de la revalorisation des salaires, cheval de bataille de l’ensemble des personnels soignants, Virginie Lasserre rap-pelle : « Dès la conférence salariale de février, un premier geste avait été réalisé, permettant aux acteurs du secteur de l’aide à domicile une reva-lorisation des salaires de 2,7 % sur 2020. Des réflexions sont en cours pour poursuivre les ef-forts pour les prochaines années. »

La continuité du soinEn ce début de sortie de crise, la directrice

générale de la cohésion sociale insiste sur les mesures concrètes prises les semaines précé-dentes comme la restriction des visites et des sorties en établissements, mais aussi l’approvi-sionnement prioritaire du secteur médico-so-cial en masques, dans un contexte où les res-sources étaient fortement contraintes. « L’or-ganisation de la continuité de soins était effi-ciente pour les résidents d’établissements ainsi que la prise en charge en établissements des malades COVID +. »

En ce qui concerne un « plan métiers », Virgi-nie Lasserre souligne la continuité. « Nous sou-haitons échanger avec les conseils régionaux pour développer le nombre de places en forma-tion pour les professionnels, notamment pour les aides-soignantes, les accompagnants éduca-

VIRGINIE LASSERRE, directrice générale de la cohésion sociale (DGCS).

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DOSSIER

tifs et sociaux. » L’apprentissage doit permettre aux jeunes qui bénéficient d’une rémunération d’acquérir une expérience professionnelle et un diplôme dans un secteur qui recrute. « La valida-tion des acquis de l’expérience, poursuit-elle, doit offrir à des salariés travaillant dans le sec-teur du domicile d’obtenir un diplôme et de fa-voriser leur parcours. »

Plate-forme emploisLe plan « métiers du soin » peut prévoir le déve-

loppement de plates-formes destinées à mettre en relation les employeurs du secteur du grand âge avec des personnes en recherche d’emploi, tout comme la plate-forme départementale INVIE dans les Yvelines. « Elle identifie des besoins de recrute-ment des employeurs de l’aide à domicile, explique Virginie Lasserre, et repère des candidats suscep-tibles d’être intéressés, via des présentations aux

bénéficiaires du RSA ou de demandeurs d’emploi accompagnés par Pôle emploi. » La plate-forme monte ensuite un « parcours » y compris pour ob-tenir un permis de conduire. « La plate-forme dans les Yvelines bénéficie à la fois de financements de l’État, des conseils départementaux et des acteurs du secteur. Des plates-formes de ce type, mais plus modestes, existent sur d’autres territoires. »

Soutien collectifEnfin, en Rhône-Alpes, la mise en place de va-

lidation des acquis de l’expérience (VAE) collec-tive est une initiative intéressante pour Virginie Lasserre. Cette démarche implique à la fois le conseil régional, l’État (DRJSCS), l’Agence régio-nale de santé (ARS) et des établissements de for-mation de la région. « Plutôt que de lancer des accompagnantes « isolées », le dispositif identifie plusieurs d’entre elles qui se lanceront grâce à un accompagnement collectif renforcé. Elles auront la possibilité de s’inscrire dans une dynamique de groupe et d’obtenir un diplôme leur permettant de valoriser leurs compétences. » En ce temps de sortie de crise sanitaire, l’investissement dans les métiers et la formation demeure le cap à tenir. ■

« Nous sommes hyperprotégés par le personnel masqué. Ce virus ne passera pas nos murs, j’en suis certaine, aucune crainte ne m’effleure. (...) Une sympathique gazette journalière nous est adressée par une association locale. (...) Une grande terrasse ensoleillée dominant la localité ne me donne pas l’impression d’être enfermée. Par contre, la privation de circuler dans le foyer est difficile à supporter. (...) Le 11 mai, c’est la date du déconfinement. Que ferais-je ce jour là ? Je ne sais pas, je suis trop impulsive, mais ce qui est certain c’est que je penserai à un prochain rendez-vous avec ma coiffeuse. Pour la suite, je verrai. »

Madame Francine Serra

« Pour moi, l’isolement, c’est le vrai risque avec ce virus. Les personnes qui ont besoin d’aide pour se déplacer, pour prendre soin d’elles, je pense qu’elles ont plus d’occasions de parler que moi. Il y a les besoins physiques, mais aussi les besoins sur le plan moral. Il ne s’agit pas d’un rendez-vous avec le psychologue mais simplement d’échanger. Il faudrait embaucher. Je suis consciente

que les soignants ont un emploi du temps rempli, et qu’ils aiment parler avec nous, mais ils n’en ont pas toujours le temps. Il faudrait considérer le besoin de parler comme aussi important que les soins. Quand on perd le moral, il ne reste plus grand-chose. »

Madame Pierrette Braillon

« Je vis difficilement cette situation due à la crise, car il est impossible de voir ses petits-enfants, impossible de voir ses amis, impossible de trouver certains produits en magasin, difficile de se faire livrer quand on passe une commande sur internet, pas de relation avec notre agence bancaire. Il est aussi pénible de se faire critiquer lorsque l’on sort tous les jours, vingt minutes pour faire ses courses pour chercher son pain, de l’argent ou son journal afin de rester informé des événements du moment. »

Monsieur Philippe Mort

« Nos envies pour l’après ? Boire un bon pastis et faire un bon repas avec nos enfants au restaurant... sortir, reprendre les activités extérieure (piscine, marche, loisirs, etc.) et les animations collectives. Être libre de pouvoir discuter avec ses enfants et de les embrasser. Nous tenions à remercier tous les membres du personnel, qui ont été présents et surtout vigilants durant cette période de confinement très pénible à vivre. »

Une dizaine de résidents de la maison de retraite Léon Ronzier

Depuis mars dernier, les personnes âgées accompagnées en établissement et à domicile ont connu de nombreux bouleversements dans leur vie. Elles les ont plus ou moins bien vécus. Témoignages de personnes âgées membres de Citoyennage.

« POUR MOI, L’ISOLEMENT, C’EST LE VRAI RISQUE DU VIRUS ! »

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sur « les enjeux éthiques face à une pandémie » (avis du 13 mars, ndlr) puis sur le confinement en EHPAD pour des raisons de sécurité dans le cadre d’urgence sanitaire (avis du 30 avril, ndlr). Il nous a fallu répondre en quelques jours alors que la plupart du temps, un avis du CCNE peut prendre entre six mois et un an.

Comment avez-vous pu rendre un avis aussi rapidement ?

K. L. Nous avons été saisis alors que les re-montées que nous avions du terrain étaient nombreuses et hétérogènes. Fin avril, un nombre important de managers et de profes-sionnels ont signalé des tensions mais aussi des initiatives pour concilier au mieux les libertés et les contraintes. Des témoignages d’usagers et de familles signalaient des abus ou des excès. Dans la continuité du premier avis du 13 avril, nous avons redit que quelles que soient les circons-tances, les principes éthiques fondamentaux doivent être respectés. Nous avons encouragé les managers a organisé un espace minimal de liberté. Il n’y avait pas encore les zones rouge rouges et vertes, mais dans certains établisse-ments les visites étaient possibles avec des es-paces de liberté pour favoriser les rencontres. Par contre, dans d’autres résidences, où aucun Covid+ n’était diagnostiqué, tout le monde res-tait dans sa chambre. La situation était fragile.

KARINE LEFEUVRE« LE CONFINEMENTREMET EN QUESTION LE LIEN SOCIAL, LE DEUIL ET LA FIN DE VIE. »

KARINE LEFEUVRE, professeure à l’École des hautes études en santé publique (EHESP).

Propos recueillis par Linda Caille

En quoi consiste une réflexion éthique au sujet des personnes âgées en temps de crise ?

K. L. La réflexion éthique s’inscrit dans un temps long. Or le CCNE a dû s’adapter à l’état d’urgence sanitaire. Depuis le début de la crise fin février 2020, le CCNE a été saisi à deux re-prises par le ministre de la Santé, Olivier Véran

Karine Lefeuvre est Vice-présidente du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Elle revient sur les conditions dans lesquelles cette instance a rendu deux avis au début de la crise du Covid.

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Comment avez-vous procédé? K. L. Le CCNE a le souci de ne pas être « hors-

sol ». Le risque serait que le politique ne soit éclairé que par des scientifiques. Nous avons recommandé la création de cellules éthiques de soutien. Et cela a marché dès le début. Ces es-paces de réflexion ont impulsé une dynamique de réflexion éthique. Ils existent sous différentes formes créées par les Espaces régionaux de ré-flexion éthique (ERER) ou basées sur des ins-tances éthiques préexistantes dans des établisse-ments, à l’hôpital ou dans le médico-social. Dans chaque région, le pilotage est assuré par l’ERER rattaché à un CHU (Centre hospitalier universitaire). De son côté, le ministère, au ni-veau de la Direction générale de l’offre des soins (DGOS), a produit une photographie nationale de toutes les demandes issues de ces cellules en lien avec la Conférence nationale des ERER (CNERER). Le CCNE a été associé à la dé-marche qui a permis de recenser les questions éthiques majeures liées au confinement, au se-cret médical ou au traitement des corps et au deuil. Les familles ne pouvaient pas voir les corps et les enterrements n’étaient possibles qu’en présence de peu de proches. De la souf-france s’ajoutait à de la souffrance. Le 17 avril, grâce à ces remontées de terrain, le CCNE s’est autosaisi et a pris position sur cette question liée au décret du 1er avril, assoupli par la suite par un décret du 30 avril. Le confinement remet en question le lien social, le deuil et la fin de vie.

Isoler un patient atteint d’Alzheimer, selon vous, cela présente-t-il des risques de maltraitance ?

K. L. Nous avons été saisis à ce sujet par la Commission nationale de lutte contre la mal-traitance et de promotion de la bientraitance. Le fait d’enfermer une personne dans sa chambre pourrait être qualifié, dans certaines circons-tances, de maltraitance si cela est dispropor-tionné et sans contrôle régulier. Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont plus fragiles que les autres puisqu’elles ne sont plus toujours, selon leur degré d’affection, en état de s’exprimer. Le risque serait que, sous prétexte de les protéger, on les prive d’emblée de liberté et qu’elles n’aient pas du tout la capacité de se dé-fendre ou d’exprimer quelque chose. L’enjeu de démocratie en santé pour tous les résidents, et c’est sans doute ce qui n’a pas été assez réalisé pendant la crise, c’est la question du recueil de la parole de l’usager. Pour les personnes souf-frant de maladies neurodégénératives, le fait d’être perturbées dans leur fonctionnement

habituel est un facteur de souffrance supplé-mentaire, qui pourrait revêtir dans certaines circonstances la qualifi-cation de maltraitance.

Que peut faire dans cette situation un responsable de services à la personne ou d’établissement ?

K. L. Un manager doit être vigilant concernant le recueil de la parole de la personne elle-même et,

en cas d’impossibilité de s’exprimer, de la parole de tiers. Ces derniers sont les représentants légaux, les tuteurs, les curateurs, les membres de la famille habilités par le juge, à défaut la personne de confiance, qu’il faut écouter. Mais la personne dont la parole a le plus de poids d’un point de vue juridique reste le représentant légal mandaté par le juge de la protection.

Durant cette crise du Covid, la parole des personnes âgées a-t-elle été audible ?

K. L. Pendant la crise, non. Cela doit être cor-rigé durant cette phase de déconfinement et pour la suite. De nombreuses voix, dont celle du CCNE dans son avis du 18 mai sur « Les enjeux éthiques lors du déconfinement » se sont élevées pour demander de recueillir la voix de la société civile. Au conseil scientifique, il n’y a qu’un seul repré-sentant des usagers, qui est la vice-présidente d’ATD-Quart Monde, Marie-Aleth Grard. Elle représente les plus précaires, ce qui est néan-moins un signe fort.

Que faut-il alors organiser au sein des établissements ?

K. L. Pour faire entendre la parole des per-sonnes âgées, la recommandation que l’on pour-rait faire pour les managers serait de réaliser au sein des établissements un état des lieux de la manière dont le confinement, puis le déconfine-ment, ont été vécus et comment chacun voit l’avenir. Il faut multiplier les modalités de recueil de la parole, au conseil de la vie sociale, auprès des familles et aussi auprès des mandataires judi-ciaires à la protection des majeurs, ceux-là mêmes qui sont chargés de représenter ceux qui ne peuvent plus s’exprimer. Ce temps de travail fon-damental doit être doublé d’un temps de partage avec les professionnels. Au sein de la population française, c’est la question de la représentation du grand âge qui est en jeu. Il y a un risque de rupture sociale. Même si l’on sort du confinement, nous apprenons à vivre ensemble avec le virus. C’est le défi. La réflexion éthique, en tant que recherche de sens, devrait nous y aider. ■

Photos : Philippe Chagnon

Place à l’éthique ! Tome 4 série Protéger les majeurs vulnérables, sous la direction de Karine Lefeuvre et Sylvie Moisdon-Chataignier. Préface de Jean-François Delfraissy, édition Hygée, Presses de l’EHESP, 2019

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temporels peuvent vous y aider, individuelle-ment et collectivement. D’abord, intégrer le passé pour accueillir les ressentis et capitaliser sur les pratiques innovantes. Ensuite, vivre le présent en étant à l’écoute de soi-même et des autres, prêt à les reconnaître, les valoriser. Enfin, se projeter dans le futur afin d’intégrer l’expérience, donner du sens, remobiliser. Ainsi, co-construire l’avenir ensemble crée l’opportunité de réinventer le quotidien et les projets, instaurer de nouveaux rituels, satisfaire les besoins de reconnaissance, renforcer la cohésion. Bref, rebondir ensemble.

Monitorer le progrès de chacunComment rebondir ensemble, insuffler une

énergie nouvelle aux équipes, asseoir son lea-dership au sortir du confinement ? Le monde sportif foisonne de formidables exemples de re-bonds, comme autant de réactions vertueuses à l’issue d’une défaite ou une saison difficile. Or, vous vivez une saison difficile inédite. Derrière chaque équipe sportive résiliente, un coach œuvre et mise sur les facultés individuelles et collectives à se relever et à rebondir. Quel est leur secret ? Il réside dans l’application stricte de trois séquences indispensables et indissociables de la performance collective, complétées de rituels fé-dérateurs. Pour commencer, aligner l’équipe sur les objectifs et règles communes ; puis engager les équipiers conformément aux rôles, motivations et talents de chacun ; enfin, développer les per-sonnes en partageant les bonnes pratiques et en monitorant les progrès de chacun. Trois temps forts jalonnent ce processus : un kick off de lan-cement, un finish bilan de la saison et deux à trois points d’étapes intermédiaires. Et si vous deve-niez coach de votre équipe ?

Selon des sagesses anciennes, toute crise porte en soi une opportunité pourvu qu’un environne-ment ou un accompagnement soit favorable au développement sous-jacent. Peut-être au-rez-vous trouvé ici quelques sources d’inspira-tion auxquelles s’ajoutent nos « Cartes blanches »

publiées récemment dans les newsletters de l’AD-PA avec quelques questionnements et exemples pratiques, ainsi que des approches d’ac-compagnement telles que : atelier d’expression entre collègues, groupe de codéveloppement ou d’échanges de pratiques, entretien avec un psy-chologue, accompagnement individuel ou col-lectif avec un coach. Nos échanges avec des Direc-teurs d’Établissements et l’actualité Covid ont nourri ces réflexions partagées avec vous sur le processus de résilience, la solitude du Dirigeant, la remobilisation collective, l’apport du sport pour rebondir. Merci à vous ! ■

générés par cette crise inédite, tant vis-à-vis de l’interne que de l’externe. Or, l’une des qualités essentielles d’un dirigeant étant la solidité, la crise actuelle agit comme un révélateur des points de force et des failles de son socle intérieur de consistance et d’endurance. Plus que jamais, ces derniers mois, vous avez dû décider, seuls, en dernier ressort, dans l’inconnu, l’urgence, l’in-certitude, l’ambivalence, l’hostilité, l’adversité. Exposé à l’extrême pendant cette crise, parfois jusqu’à l’épuisement, le moment est venu de prendre soin de soi, pour sortir de la solitude. Avant toute action de remobilisation de vos équipes, le moment est venu de faire votre propre

débriefing indivi-duel de l’expérience vécue. Le moment est venu de prendre le temps d’échanger sur ce retour intros-pectif, en confiance et avec bienveillance. Prat ique inhabi-t u e l l e m a i s n o n moins nécessaire, prendre soin de soi s’avère ici un prére-quis indispensable afin de mieux ac-c o m p a g n e r l e s autres ensuite.

Plus facile à dire qu’à faire, diront certains, car, pen-

dant ce temps, le marathon continue. Crise et après-crise s’enchaînent et se confondent. Tenir la distance implique de savoir se régénérer physi-quement, psychologiquement et mentalement, d’être à l’écoute de ses propres besoins et de ceux des équipes afin d’anticiper les impacts liés à la suractivité et au confinement. Quelques repères

« Prendre soin de soi s’avère ici un prérequis indispensable afin de mieux accompagner les autres. »

Pourquoi et commentaccompagner

l’après˜crise ?

Depuis le 11 mai, un retour « à la nor-male » est-i l pos-sible ? Certains le souhaitent. D’autres aspirent à un monde plus résilient, plus sobre, plus solidaire. Une seule certitude,

notre vie ne sera pas exactement la vie d’avant. Il nous faudra apprendre à réorganiser nos vies avec la Covid-19, sans savoir combien de temps cette crise sanitaire durera, ni quels en seront tous les impacts. D’ailleurs, jour après jour, le déconfinement révèle sa complexité. Qu’en est-il de nous-mêmes ? Vie quotidienne, travail, économie, relations, certitudes, tout a été cham-boulé par ce virus inconnu. Alors, au sortir du confinement, serons-nous exactement « comme avant » ou transformés par l’expérience ? Dans ce monde chahuté et pétri d’imprévus, seule la façon dont chacun fait face à la crise, et fera face à l’après-crise, peut être maîtrisée. Il s’agit alors de mettre en place une stratégie d’accompagne-ment spécifique et favorable au processus de résilience. À ce titre, chaque dirigeant et cadre constitue un support de résilience approprié pour soi comme pour les autres.

Intégrer le passéDe fait, les directeurs ont été les réceptacles et

souvent les cibles des peurs, tensions et stress

L’équipe « coaching solidaire » revient sur les acquis de la crise du Covid-19 et ouvre une voie pour préparer l’avenir.

1/ FLORENCE CAILLOT [email protected] Coach de dirigeants, certifiée HEC, formée à l’approche systémique en thérapie et en entreprise.

2/ EVELYNE CRUZILLAC [email protected] Coach HEC, formée à la Psychologie Analytique et à la Psychanalyse.

3/ MYRIAM ROLAND [email protected] Psychologue, Coach Praticien accréditée EMCC et en Codéveloppement, avec expérience dans l’accompagnement des managers en institution publique, en entreprise et dans le secteur sanitaire et social.

4/ PHILIPPE VERKINDERE [email protected] Du « Coaching et Performance Mentale », formé à l’EMDR, ancien dirigeant d’entreprise, coach individuel et collectif en entreprise et préparateur mental de sportifs.

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| DIRECTEURS

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Deux élèves

directeurs dans

le grand bain

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Photos Philippe Chagnon

Sophie Jaggi-Desportes et Romain Aulanier sont étudiants à l’École des hautes études en santé publique (EHESP). Le confinement les a surpris en plein stage de professionnalisation. Ils racontent.

SOPHIE JAGGI-DESPORTES, 26 ans, élève directrice à la résidence de la Fondation Roguet à Clichy (Hauts-de-Seine). « J’ai appris à prendre des décisions dans un contexte incertain. »

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REPORTAGE

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« Il y a peu de personnes superflues dans un établissement, chacun à son rôle. » ROMAIN AULANIER

Les deux élèves-directeurs expriment leur re-connaissance devant la solidarité déployée entre les agents, mais aussi les gâteaux offerts aux équipes, le soutien des familles, des dons de ta-blettes numériques, et les pots de muguet achetés en gros chez un horticulteur pour soutenir son commerce et distribués gratuitement à l’ensemble du personnel et des résidents (voir encadré).

Alors que la fin de son stage se profile, et à l’aune de cette crise hors du commun, Romain Aulanier associe plus que jamais sa future fonc-tion de directeur à celle d’un chef d’orchestre, lui qui se décrit comme incapable de procéder à une injection ou de cuisiner pour quatre-vingts per-sonnes. « On est obligés d’être à la coordination car il y a peu de personnes superflues dans un établissement, chacun à son rôle. Je tire mon chapeau aux agents, ils ont été fortement mobili-sés avec l’envie de protéger les résidents. Il m’a fallu éviter les couacs pour permettre à chacun d’exercer sa profession. Dans ces situations ex-ceptionnelles, les talents se révèlent. Cela a été dur. Mais j’ai beaucoup appris sur des personnes qui mériteraient d’être reconnues pour leur pro-fession. Cela a été très fort à vivre.» ■

ROMAIN AULANIER, 29 ans, élève-directeur à la maison de retraite du Parc à Fontenay aux-Roses (Hauts-de-Seine). « Je tire mon chapeau aux agents, ils ont été fortement mobilisés avec l’envie de protéger les résidents. »

« Ce que nous avons mis en place dans l’urgence s’est révélé pertinent lorsque, du jour au lendemain, les familles étaient à nouveau à la grille d’entrée. »SOPHIE JAGGI-DESPORTES

Une initiative solidaireDébut avril, le Collectif de la fleur française a lancé la campagne « Les Fleurs du Bien, du muguet pour nos aînés » afin de soutenir les producteurs horticoles français, mais également les personnes isolées en résidences. L’objectif était de livrer des pots de muguet aux personnes âgées en maison de retraite et à leurs soignants le 1er mai en signe de solidarité, tout en tentant de préserver les filières régionales horticoles. Cette opération est passée par une collecte participative sur la plateforme Kiss Kiss Bank Bank. 783 donateurs ont ainsi offert 33 000 pots aux aînés et aux soignants. ■

redéployer d’autres comme celui de psycholo-gues et de rééducateurs. « Les séances collectives avec des activités physiques n’étant plus pos-sibles, nous avons organisé des animations indi-v iduel les avec de l ’écoute musicale , des mots-croisés ou des Sudoku. » Quant aux psy-chologues, ils se sont tournés vers l’accompagne-ment des f ami l l e s v ia Sky p e . À Fonte-nay-Aux-Roses, Romain Aulanier décide, de son côté, de prendre soin des salariés et d’organiser leur ramassage avec le minibus de la résidence. « Il fallait leur faciliter la vie et leur éviter deux heures de transport après douze heures de tra-vail » explique-t-il. Puis, le ramassage a été sous-traité à une société de taxis.

Gâteaux offerts Les jours passent et une certaine vitesse de

croisière s’installe. « La crise a été bien gérée, in-siste Sophie Jaggi-Desportes, le terrain est très formateur. Ce que nous avons mis en place dans l’urgence s’est révélé pertinent lorsque, du jour au lendemain, les familles étaient à nouveau à la grille d’entrée. » L’équipe avait déjà mis un place un parcours fléché.

En quoi le Covid a-t-il changé votre vision du métier ?SOPHIE JAGGI-DESPORTES. « L’expérience a renforcé mon profond intérêt à exercer cette profession. Le rôle crucial du directeur a été mis en lumière pendant la crise : la nécessité d’avancer, de prendre des décisions, de garder le cap, d’être ultra-polyvalent. Un nouvel élément m’est apparu indispensable : instaurer un lien de confiance entre la direction et les équipes. Cette confiance est une condition primordiale pour que chaque professionnel poursuive ses activités sereinement et ait envie de se surpasser lorsque l’avenir paraît difficile. »

ROMAIN AULANIER. « J’ai appris que tout peut arriver ! Il faut craindre une pénurie d’outils et s’y être préparé. Les tâches que je voyais comme non prioritaires comme le plan de continuité d’activités en temps de crise, et qui paraissent chronophages à mettre à jour, deviennent des documents capitaux. Le directeur se doit d’être souple. Je le savais mais pas à ce point-là. Cela me confirme dans ma vocation, cette nécessité de souplesse est une difficulté et une richesse. »

Un incendie, une inon-dation, une tempête de neige voire une grève générale, tout avait déjà été envisagé au moins une fois du-rant sa formation. Mais une pandémie mondiale touchant en

particulier les personnes âgées, même dans ses projections les plus folles, vraiment, cela dépas-sait son imagination. « Je m’étais préparé à des missions au long cours de plusieurs mois comme le renouvellement du parc informatique, recon-naît Romain Aulanier, 29 ans, élève-directeur à la maison de retraite du Parc à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Mais je n’aurais jamais imagi-né courir après des gants et des masques chirur-gicaux à six centimes la pièce. On est absorbés par la recherche de sur-blouses. » Dans sa future pratique professionnelle, il veillera donc à dispo-ser de stocks assez nombreux. De son côté, So-

phie Jaggi-Desportes, 26 ans, élève directrice à la résidence de la Fondation Roguet à Clichy (Hauts-de-Seine), a eu la confirmation de la nécessaire polyvalence du métier de directrice de structures médico-sociales. « J’ai appris à prendre des décisions dans un contexte incer-tain. Tous les jours, les informations pouvaient être différentes voire contradictoires. Les critères des choix et le contexte changeaient d’un jour sur l’autre. » Dès le début du confinement, la jeune femme doit repenser certains métiers et en

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REPORTAGE

| DIRECTEURS

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?Depuis le début de l’année 2020, nous avons eu trop peu de temps pour décider de notre stratégie managériale, tout en étant

soumis à une avalanche d’informations, à de multiples pressions et à des injonctions contradictoires, qui nous ont précipités dans un environnement où dominent l’incertitude et le sur-stress. Depuis nous sommes confrontés à une expérimentation directe et violente de ce que sont les questions de déontologie professionnelle, d’éthique et de philosophie sociale. Et si nous prenions le temps de ne plus perdre notre temps ? Et si l’urgence était pour les directeurs de ralentir, pour s’offrir du recul et de la distance sur la période ?

« IL EST TEMPS DE REDEVENIR PLUS SLOW »

La réponseLa crise est par nature une rupture d’équi-

libre qui nous a conduits à un enchaînement de jours de travail intense et à des semaines de 15 à 21 jours ! Il est temps de redevenir plus « slow » ! Si cela passe sans doute par un rééquilibrage du rapport « Sanitaire-Social », cela commence par un retour à des temps de travail, des temps de présence et des temps de repos, plus conformes à nos besoins habituels. Pas de mystère là-dedans, un simple rappel : nous ne sommes performants mentalement que quand nous sommes a minima performants physiquement !

Prendre le temps de se poser pour prendre le recul et la distance nécessaire et ainsi permettre un retour à l’analyse de ce que nous traversons est indispensable pour pouvoir agir en conscience. C’est un retour à la question du sens de nos déci-sions et de nos actions. Cela passe par répondre au « pourquoi et pour qui ? » L’important dans cette longue traversée est de retrouver dans notre mana-gement et ses traductions quotidiennes une capa-cité à l’anticipation, à la flexibilité relationnelle, à la souplesse mentale, donc à la coopération.

Il nous faut doucement revenir dans l’ana-lyse et le choix conscient de l’action et du mouve-ment plutôt que rester dans la réaction face à un enchaînement d’évènements subits, tant au ni-veau externe de nos établissements et services (relation avec les partenaires institutionnels, les familles, les professionnels libéraux, les béné-voles, etc.) qu’en interne au sein de nos équipes pluri-professionnelles.

La déclinaison de l’ensemble des aspects po-sitifs et dynamiques de cette crise sanitaire et so-ciale, tout comme celle des opportunités et des ouvertures qu’elle génère, reste très majoritaire-ment, très largement encore à faire. Nous y éprou-vons la solidité de nos valeurs individuelles et col-lectives, nous découvrons la fragilité de certaines de nos certitudes ; comme celle autour de la liberté de circuler ; comme nous découvrons l’importance de petites choses jusque-là « insignifiantes ».

Nous y avons aussi vécu (tant en interne qu’en externe) de belles séquences de compré-hension, de mobilisation, de coopération, de so-lidarité, de tolérance, de bienveillance, d’entraide pragmatique, constructive, positive, dans l’ac-tion au quotidien auprès des résidants.

Nommer cela clairement, le dire, l’écrire et le partager pour ensemble continuer à exprimer ce que nous voulons, ce dont nous avons besoin pour l’après, qui commence à se construire dès aujourd’hui ! ■

ÉRIC-ANGELO BELLINI, directeur de la résidence les Rousselières (86), est coach certifié professionnel et certifié au coaching d’équipe (préparation mentale à la performance professionnelle).

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4. IMPACT DE LA CRISE SANITAIRE SUR LESORGANISATIONS DE TRAVAIL ET PRÉVENTIONDES RISQUES PROFESSIONNELS

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Vous écrivez qu’un manager possède des croyances. Qu’entendez-vous exactement ?

E. B. La croyance c’est ce que l’on pense intime-ment et qui conditionne notre manière d’aborder une personne ou une situation. Nous en avons tous. Certaines sont positives et d’autres sont négatives ou limitantes. Ce sont ces dernières qui sont problé-matiques pour les managers. Les croyances néga-tives font croire que nous n’y arriverons jamais ou bien elles nous font porter des jugements du type « telle personne est déloyale » ou « fermée ». Elles fonctionnent comme des interférences.

Concrètement, quelles sont leurs conséquences pour un manager ?

E. B. Des expériences scientifiques ont démon-tré que lorsque l’on a une croyance, on ajuste son comportement pour démontrer que l’on a raison. Cette manière d’agir s’invite dans les relations professionnelles. Or, les managers sont respon-

sables de la dynamique de groupe et de l’engage-ment des personnes. Faire un travail de lucidité sur soi, prendre du recul sur ce que l’on croit être la vérité alors qu’il s’agit d’une croyance permet de modifier son regard avant tout sur soi-même puis sur les autres donc de débloquer des situations. Le cœur du coaching, c’est la connaissance de la mé-canique humaine.

Selon vous, en termes de management, y a-t-il un avant et un après le Covid ?

E. B. Spontanément, je dis oui. Cette séquence a été inédite par sa violence, son absurdité et le nombre de morts. Pour les managers, il y a tout un travail à faire pour créer des espaces afin que les choses puissent se dire : l’épuisement, l’insta-bilité, le manque de sens. Un des enjeux de cette sortie de crise est la capacité à « donner du sens ». Il ne faut surtout pas regarder ailleurs et rouvrir les portes des établissements comme si rien ne s’était passé. Il est indispensable de libérer la parole, de prendre conscience pour prendre du recul, et recréer de la confiance avec les familles, les soi-gnants et les résidents.

Vous écrivez qu’aujourd’hui l’incertitude est permanente. Que faire ?

E. B. Les managers sont amenés à être agiles et résilients. Cela ne s’apprend pas à l’école mais sur le terrain. Il existe des outils pour ne plus être ballotté, pour se forger une sécurité intérieure et être force de proposition.

Pour cette sortie de crise, quels sont vos conseils de spécialiste du management ?

E. B. Le principal outil du manager c’est lui-même. Il lui faut d’abord prendre soin de lui. On ne donne que ce que l’on a reçu. Je conseille de prendre des congés et de créer des ateliers ou bien des séminaires de travail où les membres des équipes pourront dire où ils en sont. Puis, il faut accueillir les émotions qui sont essentielles, de l’agacement à l’épuisement. Il faut faire de même avec les émotions des autres. Elles sont légitimes même si elles sont négatives. Se former à la com-munication non-violente peut aussi offrir une véritable valeur ajoutée. Au contact de la maladie et de la mort, la logique émotionnelle est capitale. L’émotion fait notre humanité, elle nous différen-cie de l’ordinateur. Enfin, il me semble capital de dialoguer avec les familles, les collaborateurs et les résidents dans le but de bâtir une grille de lecture : Que gardons-nous ? Qu’éviterions-nous ? Même en analysant les erreurs, la confiance sera alimen-tée. Il s’agit de comprendre ce qui s’est passé et ce qui pourrait se passer à nouveau.. ■

ÉMILIE BAUDETALIMENTER LA CONFIANCE

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REPÈRESÉMILIE BAUDETDiplômée d’un master en sciences politiques et certifiée « Executive Coach » à HEC. Elle a été directrice de cabinet dans plusieurs villes (Fleury-Mérogis, Paris), puis en 2015, elle a cofondé le cabinet Cap Nova, spécialisé dans l’accompagnement des transformations et l’innovation managériale.

Spécialiste du coaching, Émilie Baudet, 35 ans, encourage les managers à se retrouver dans des ateliers pour rompre l’isolement et accueillir leurs émotions.

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Le respect des anciens guide Sylvie Legagneur, 58 ans, depuis le début de son parcours professionnel. Ce fil rouge se déploie de son premier job d’été au CHU de Rennes, jusqu’à

la crise du Covid au printemps 2020. Avec son allure menue et déterminée, l’actuelle directrice de la résidence du Parmenier à Nouvoitou en Ille-et-Vilaine œuvre sans relâche pour que les personnes âgées demeurent au centre des préoc-cupations d’une société française qui les margi-nalise trop souvent. « Elles sont riches et indis-pensables. Demain, nous serons à leur place » rappelle avec pertinence celle qui, depuis un an, est la déléguée AD-PA pour la région Bretagne.

Mariée et mère d’une fille, Sylvie Legagneur est fière de la manière dont elle et son équipe ont traversé le confinement. « Nous avons déci-dé dès le 7 mars de confiner les vingt-quatre résidents dans l’établissement, nous ne les avons pas contraints à rester dans leur apparte-ment individuel. » Elle reconnaît que dans cette période si délicate et inédite, « les visio-confé-rences hebdomadaires avec d’autres membres de l’AD-PA ont été d’un grand soutien ». Avec le déconfinement du 11 mai, le plus délicat à anticiper a été l’accueil des familles. « Comme la configuration de l’établissement empêche la délimitation d’un espace dédié, nous organi-sons les visites à l’extérieur.» Bien sûr, il faut que le temps s’y prête dans cette région ouverte aux vents et aux averses.

L’Ille-et-Vilaine, Nouvoitou et les 3 000 habi-tants de ce gros bourg, ont toute la tendresse de Sylvie Legagneur. « Je voulais travailler dans cette région semi-rurale, précise-t-elle. Avec le recul, elle reconnaît être faite pour les métiers du soin. « Ma mère était aide-soignante et j’ai deux tantes infirmières. J’ai toujours aimé le contact, c’est pour cela qu’étudiante, à la fin de ma licence d’anglais, j’ai voulu devenir... hôtesse de l’air ! » Elle rate le concours d’Air France : « La claque ! » dit-elle. Mais un job d’été au CHU de Rennes la confirme dans sa vocation d’infirmière.

Vaccination au Sénégal Sylvie Legagneur entre aux urgences du CHU

de Rennes où elle travaille pendant six ans. Une pause de trois mois lui permet de participer à une campagne de vaccination au Sénégal, en Casa-mance. « J’avais 33 ans, l’expérience a été riche mais épuisante. Je ne me voyais pas continuer dans l’humanitaire. » À son retour, la jeune femme dé-cide d’être « son propre chef », elle ouvre son cabi-net d’infirmière libérale à Nouvoitou.

Reprise des études à 40 ans En 2002, alors que ses affaires sont floris-

santes, on lui diagnostique une double hernie discale. « Les médecins m’ont recommandé de changer de métier. Pour moi, ce fut l’occasion de rebondir. » Elle reprend courageusement les études à 40 ans et suit des cours d’analyse finan-cière à Rennes à l’École des hautes études en santé publique (EHSP). En 2008, elle obtient son Certificat d’aptitude aux fonctions de direc-teur d’établissement ou de service d’interven-tion sociale (CAFDES).

« Dès son ouverture en 1995, j’avais fait partie du groupe de pilotage de la résidence du Parme-nier. J’avais participé à l’admission de certains des vingt-quatre résidents. Je suis devenue la di-rectrice en 2003. » Aujourd’hui, Sylvie Legagneur n’oublie rien de ses années « en libéral. « Si une épidémie de grippe fait rage, dit-elle, je n’hésite pas à reprendre ma blouse d’infirmière ! » ■

SYLVIE LEGAGNEUR le répète, elle dirige avant tout « un lieu de vie ».

La directrice de la résidence du Parmenier à Nouvoitou aime avant tout le contact. N’a-t-elle pas voulu devenir hôtesse de l’air ?

SYLVIE LEGAGNEUR UNE SOIGNANTE ACCOMPAGNATRICE

MINI BIO1962 Naissance dans une famille de soignants à Vannes (56).

1992 Elle s’installe comme infirmière libérale.

2003 Directrice de la résidence du Parmenier à Nouvoitou en Ille-et-Vilaine.

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