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8/11/2019 Brock, Les Origines de Quelques Termes Utiliss Dans Les piclses Eucharistiques Syriaques
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2.
La
phra se peut tre pri se de deux mani re s :
1)
maran atha, notre Seigneur est
v en u , o u 2)
marana tha,
notre Seigneur, viens . L aramen palestinien du premier
sicle A D. sembl ai t a voir e u un premie r suffi xe pluri el e n -na , plutt que -an, c el a signi
fie que la seconde interprtation est
la
plus vraisemblable.
shra,
rsider
Le verbe shra, au sens de rsider temporairement, est dj utilis dans
les targums juifs dans un contexte rituel. Dans ces traductions juives en
aramen
de
la
Bible hbraque, les actions de Dieu sont souvent para
phrases de faon pr s er ve r u n sens de la transcendance divine. par
exemple, en Ex 25 ,8, o le texte hbreu dit: Fais-moi un sanctuaire et
moi Dieu) j habiterai parmi eux, le targum Onkelos traduit: Je ferai
que ma Shekinah rside ashre shekkinti parmi eux, utilisant la forme
causative ou i
el,
du verbe
shra.
Il e st trs possi ble que
le s
premiers
chrtiens d expression aramenne aient adopt ce verbe pour dcrire le
125
/L LE JIc J SYRIAQUES
3ttJ.onter l a phr ase marana tha, notre Seigneur, viens, du Nouveau
estclment
2.
Envoyer est le verbe que l on trouve dans l anaphore de saint
I lqutlS
et il caractrise la majorit des anaphores syriennes occidentales,
mme que les anaphores grecques de saint Jean Chrysostome, de saint
de saint Jacques et de saint Marc et les diverses anaphores coptes
thiopiennes.
Je n ai cependant pas l intention de m attarder ces deux premiers
; en revanche, je voudrais me concentrer sur quatre verbe spci
avec lesquels se poursuit la formulation d un grand nombre d pi
savoir shra, rsider; ettnih, reposer; rahhep, planer et aggen,
dre:ssflr
sa tente, couvrir de son ombre, les deux derniers ayant les sub
stantl1ts
correspondants
ruhhapa,
action
de
planer, et
maggnanuta,
action
prendre sous son ombre. Ces verbes se prsentent gnralement en
combinaison l un avec l autre et avec d autres verbes tels que
qaddesh,
sanctifier, barrek, bnir et sont alors suivis par bad, faire, faire en sorte,
ou
hwa,
devenir voir Appendice 2). Ainsi, pour
ne
donner que ces deux
exemples, tirs des anaphores les plus communment utilises : a) ana
phore des Aptres Addai et Mari: Seigneur, que ton Saint-Esprit vienne
et repose
w - nettnih
sur cette offrande ... et la bnisse et la sanctifie de
sorte qu elle deveinne pour nous ... etc ; b) anaphore de saint Jacques :
Envoie sur nous et sur ces offrandes ton Saint-Esprit,
de
sorte que, dres
sant sa tente, kad-maggen , il puisse faire que le pain ... etc.
Expos prononc
la
Confrence syriaque mondiale qui
s est
tenue l Institut de
recherche cumnique St Ephrem SEERI) Kottayam en 1998.
Le
Dr Sebastian BROCK
e st professe ur Oxford. Expos publ i dans The Harp XIII 2000), pp. 1-12. Tra duit de
l anglais par M. Delmotte.
1.
Pourune tude importante parue rcemment, voir G.
WINKLER,
Nochmals zu den
A nf an ge n d er E pi kl es e u nd d er S an ct us im
Eucharistischen
H oc hg eb et d an s
Theologische Quartalschrift 1 74 1 99 4) , pp . 2 14 -2 31 , e t s on a rt ic le Z ur E rf or sc hu ng
orientalische Anaphoren
dans Orientalia Christiana Periodica 63 1 99 7), pp. 3 63
420. On peut t rouve r une tude dt ai ll e des pi cl ses syria ques dans l es a na phore s c ou
rantes dans
ma
contribution Towards a Typology of t he E pi cl es es i n t he W es t S yr ia n
Anaphoras dans
TAFF et
alii
d.), Festschriftfor Gabriele Winkler, Rome, paratre.
Les verbes tudis ici caractrisent aussi les invocations l Espri t dans l es divers offic es
baptismaux
syriaques;
voir c e suje t mon tude The Epic le se s
in
the Antiochene bap
tismalordines,
(1)
Symposium Syriacum Orielltalia Christiana Analecta 197, 1974), pp.
183-218.
le s origines de quelques termes utiliss
dans les piclses eucharistiques syriaques
par Sebastian
BROCK
Dans les diverses anaphores en usage dans les diffrentes glises
tradition liturgique syriaque,
la
formulation de l piclse ou invocation
Saint-Esprit, revt diffrentes formes 1. Je me propose dans cet
d explorer quelque peu les origines de quatre des principaux verbes
ss.
Dans leur majorit, les piclses sont adresses au Pre, qui il
demand soit d envoyer le Saint-Esprit, soit que son Saint-Esprit
se venir. Cette dernire expression que votre Esprit puisse venir est
forme familire issue de l anaphore des aptres Addai et Mari, et deux
autres anaphores syriaques orientales. Elle se retrouve dans un nombre
considrable d anaphores syriennes occidentales soit seule, soit en com
binaison avec envoyez ; en grec, elle caractrise l anaphore de saint
Basile et quelques anaphores coptes et thiopiennes. Ses origines peuvent
Istina XLVIII 20003 , pp. 124-/35
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2/6
mystre de l Incarnation
3 :
ceci est insinu par le fait que dans l ancie
ne posie syriaque (et sans doute dans la posie liturgique syriaque en
gnral), c est le verbe rgulirement utilis quand les auteurs
p r p h r ~
sant les deux versets-clefs des vangiles qui
se
rapportent l Incarnation,
savoir le rcit de l Annonciation en Luc 1,35 : Le Saint-Esprit viendra
et la Puissance du Trs-Haut te courvrira de son ombre, et Jean, 14 Le
Verbe s est fait chair et a plant sa tente parmi nous. L usage constant du
verbe shra dans ces deux contextes est d autant plus frappant que toutes
les versions syriaques des vangiles utilisent un verbe tout diffrent des
deux passages, savoir aggen, planter sa tente, un des verbes auxquels
nous reviendrons ci-dessous. Deux exemples devraient suffire illustrer
cet usage de
shra
au lieu de
aggen
dans ces deux passages fondamentaux
de l vangile. Refltant l usage du terme Puissance (le Trs-Haut) de
Luc 1,35, Ephrem
crit:
Quand la Puissance rside shra dans le sein, cette mme Puissance
formait des enfants dans le sein Madrashe sur la Nativit, 4, 174).
L usage du verbe
shra
pour dcrire l Incarnation du Verbe divin dans
le sein de Marie se trouve en beaucoup d autres passages du Madrashe
d Ephrem sur la Nativit et ailleurs 4.
On
peut aussi trouver le mme
verbe, quoique moins frquemment, dans de claires allusions Jean
1, 14.
Ainsi, encore chez Ephrem, on trouve le passage suivant:
Bni soit Celui qui a abaiss sa grandeur et a rsid wa-shra en
nous Madrashe sur l glise, 15,2; sur la Rsurrection 1, 7).
Du point de vue plus spcifique de l usage de shra dans les piclses
eucharistiques pour indiquer l activit de l Esprit, il est curieux de consta
ter qu il y a d troits parallles phrasologiques dj dans les targums.
Dans le Targum officiel (Onkelos) de Gn 45, 27, on lit que l Esprit
de
Saintet rsidait shrat sur Jacob et de mme dans le targum palestinien
Neofiti de Nb 11, 25, l Esprit de Saintet est dcrit comme ayant rsid
shrat
sur les soixante-dix anciens
5
L usage du verbe shra dans un contexte eucharistique se trouve dj
en syriaque dans les Actes de Thomas. Dans un passage dcrivant
le
bap-
3. A ce sujet, voir mon article The Lost OId Syriac at Luke 1, 35 and the earliest
Syriac Terms for the Incarnation dans
W
L. P T RS N (d.); Gospel Traditions in the
Second Century
(Notre Dame, 1989), pp. 117-131.
4. E. g. Hom. de Nativitate 3, 20 ; 16,2; 21, 6; Hom. de Virginitate 25,8; Carmina
Nisibena
46)
1.
Dans de nombreux passages du Fengitho et de l Hudra,
aggen
et
shra
sont
tous deux utiliss ensemble dans les paraphrases de Luc 1,35.
5. Ephrem utilise shra avec le SaintEsprit comme sujet dans Hom. de Nativitate 5,
10et 6, 13.
127
r l l L J J SYRIAQUES
du gnral Sipur, de sa femme et de sa fille, la Qurbana qui suit,
Jude Thomas prie en ces termes: Nous rappelons le nom de
sur vous e x a l t ~
c ~ c h
tous; en votre nom, Jsus, que
puissanc;e benedIctwn et d actwn de grce vienne et rside nesh
sur ce pam.,, (133).
de
mme chez Ephrem, dans un passage
o
il
s adresse
au Christ:
Dans ton pain se cache l Esprit .
dans ton vin rside sharya le feu . Madrashe sur la foi, 10, 8).
Il est significatif qu aucun verbe correspondant shra ne se trouve
nulle part dans
a u c ~ n e
anaphore. g r ~ c q ~ e ; l absence de ce verbe en grec
comme t ~ r ~ e techmque est une mdIcatwn supplmentaire que nous nous
t r o ~ v ~ n s . I c i devant un terme spcialis qui remonte aux racines mmes du
chnstIamsme de langue aramenne et syriaque.
ettnih
:
se reposer, trouver le repos
Les origines bibliques de l usage de ce verbe en connexion avec
l Esprit sont dans la traduction d Isae 1, 2 dans la Peshitta
6. Au mot traduit ici par doux
praus en grec) correspond dans les vangiles syriaques le mot niha qui
est de la m ~ e racine que nyaha, repos, et l on est tent de souponner
que le memeJeu
?e m o ~ s
.tait
a u ~ s i
prsent derrire le Matthieu grec dansla sentence arameenne
JUIve
de Jesus. Que tel soitou non le cas ilestvi
dent, partir d une varit de sources diffrentes avec le v e r b ~ ettnih, se
reposer, ,trouver le repos, a t adopt en syriaque une date recule
comme 1un des termes.spcialiss pour signifier l activit de l Esprit.
C e t ~ usage t ~ n z h ~ a n s le contexte des invocations
de
l Esprit
semble etre un trait dIstmctIf de la tradition liturgique syriaque car aucun
ce sujet, .voir G. WINKL R Ein bedeutsamer Zusammenhang zwischen
Erkenntms und R u h ~ m Mt 1, 27 29 und dem Ruhen des Geistes aufJesus am Jordan.
EmeAnalyse zur Gelst - Chnstologie in syrischen und armenischenQuellell Le Muson
9 6 1 9 8 3 , p ~ 267-326.
S.
BROCK
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7. P our plus amples dt ai ls; voi r m on tude
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4. aggen, dresser sa tente 9
, 9uatrime terme aggen, dresser sa tente, a ses racines en ara
meen
JUIf
comme c tait
le
cas pour
shra.
Dans certaines couches de la
tradition p ~ l ~ s t i n i e n n e du Targum,
aggen
tait le verbe utilis pour tradui
re
le
m y s t e n e u ~
verbe hbreu
pasah
dans
le
rcit
de
l Exode (Ex 12). Ce
verbe \do?t n ~ e Pesah, c est--dire Pascha, Passover, Pque), est d un
sens tres mcertam, et les chercheurs, tant dans l antiquit que dans les
temps modernes, ont prsent un grand nombre de propositions. Les tra-
. 8. . v ~ i r L.
v a ~ R ~ M P A Y .
L informateur syrien de Basile de Csare, dans Orienta
lza Chnstlana PerlOdlca 58 (1992), pp. 245-251.
9. Pour plus .amples dtails, voir mon tude From Annunciation to Pentcost : the
Travels
of
a te.chrucal. term dans E. CARR et ali i (d.), Eulogema : Studies
in
honor
o
RobertTaft s .1 (,Studla Anselmialla 110, 1993), pp. 71-91. Il est difficile de trouver une
t r a d u c t l O ~
s t l s ~ l s n t e
de aggen (d autant plus qu il traduit deux verbes diffrents en Luc
et J.ean ; Je cholSls planter sa tente (plus proche de Jean) en raison
du
substantif tymo
logiquement correspondant gnona, baldaquin nuptial, chambre nuptiale.
131
< t 1 GL J L J
SYRIAQUES
prtendue autorit d Ephrem, combine avec celle de saint Basile
bien accueillie par beaucoup. Il se fait que la vritable identit de
~ ~ r
....
rrl syrien
n a
t mise en lumire que rcemment
8 :
il est connu
pour avoir t un contemporain plus g
de
saint Ephrem,
Eustle d Emse qui en ralit tait originaire d desse.
Pour eh revenir aux diverses anaphores syriaques, on trouve la fois
rn
h n et
ruhhapa
dans nombre d pic1ses orthodoxes syriennes. Ainsi
l anaphore syriaque de saintJean Chrysostome (qui est tout fait dif
trenlte de
l , a ~ ~ p h , o r e
grecque attribue ce saint), on lit dans la partie
concernant 1eplclese : ... que votre Esprit et votre Puissance sanctifian-
te habitent (dressent leur tente) ce saint autel et sanctifient ses offrandes
et qu il plane nrahhep et rside w-neshre sur
ce
pain... et, comme
exemple de l usage de
ruhhapa,on
peut prendre l anaphore de Grgoire
Iuhannon : que votre Esprit vienne et rside w-neshre et habite
~ l a n t e sa ~ e n t e ) sur ces saints Mystres et les sanctifie de la saintet qui
~ l e n t
de
lUI
de
s o ~ t e
que grce cette action (de planer) cache et myst
neuse ruhhapa Il fasse de ce pain ....
, pour les deux verbes
shra
et
ettnih,
selon nos constatations
~ n ~ e r ~ e u r e s , rahhep
n a pas de contrepartie qui lui corresponde dans les
eplcleses g r e ~ q ~ e s (et,certes, le verbe utilis dans la Septante en Gn
l
2
epephereto,
etait porte, n est gure appropri pour tre utilis dans les
invocations l Esprit).
justifie l absence de rahhep dans les pic1ses des trois
syriennes orientales. Bien que ce ne soit l qu une possibilit, il faut ra
peler que le substantif ruhhapa tait utilis prcisment dans ce context
dans le fameux commentaire sur la liturgie, savoir l Homlie
17 a t t r i ~
bue Narsai (il y a de bonnes raisons de douter de cette attribution et d
la dater au contraire du VIe sic1e ; on trouve ici la dclaration explicite,
mise sur les lvres mmes du
Christ:
Je ferai du pain et du vin mori
Corps et mon Sang grce l a ction planante
ruhhapa
du Saint
Esprit.
En fait, i l y a toute une srie de cas o
rahhep
et
ruhhapa se
p r s e h ~
tent dans la posie liturgique syrienne orientale pour dcrire l activit d
Saint-Esprit dans une varit de contextes diffrents. Ainsi par exemple
un passage de l Hudra pour la Pentecte dcrit la puissance de l Esprit
comme planant au-dessus des aptres (le texte biblique dans les Actes
a se posa,
iteb .
Qu en est-il de la tradition syrienne occidentale? Bien que
le
nom de
Thodore y ft anathme, nanmoins son exgse biblique, telle qu elle.
tait enseigne l cole perse d Edesse, exerait de fait une influence
considrable sur les auteurs orthodoxes syriens qui taient forms cette
cole. Parmi eux se trouvait le fameuxpote Jacques de Saroug dont les
homlies sur les six jours de la cration puisent abondammentt dans les
traditions exgtiques de Thodore de mme que d Ephrem. Mais, enco
re une fois, en dpit de son identification de la
ruha de
Gn l ,2 avec le
souffle, Jacques est parfaitement satisfait d employer rahhep et ruhha-,
p dans d autres contextes, y compris les contextes eucharistiques.
Cependant, la plupart des auteurs orthodoxes syriens plus tardifs voient
Gn 1 2 en rfrence au Saint-Esprit; ils pouvaient invoquer l appui de
cette position l autorit de saint Basile dans son COl1ll]1entaire
sur le
Hexaemeron
ou les six jours de la cration. Basile lui-mme cite comme
source de son interprtation un anonyme syrien. On est toujours pouss
identifier les anonymes, et cet anonyme syrien, en particulier, tait dj
au
dbut du VI
sic1e identifi Ephrem : on trouve cette identification
la fois chez Svre d Antioche et dans la
Vie
du VI sicle d Ephrem
(dont l auteur utilise cette identification comme pierre de fondation pour
son histoire apocryphe de la visite d Ephrem saint Basile). Bien que
quelques critiques perspicaces comme Moshe bar Kepha aient observ
que cet te ident if ica tion ne cadrai t par avec les vues personnel les
d Ephrem, telles qu on les connat dans son
Commentaire de la Gense,
130
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D IA- L_
SYRIAQUES
133
A partir du
Ve
sicle,
l usage
de
aggen
s ' tendit du contexte de
AnmClUclatlon
celui d 'autres tapes importantes de l 'histoire du salut
n a T - m ~ S S l l S t o ~ t .
l'Eucharistie. Ici,
l usage
commun du verbe
aggen
dans le
r ~ c I t
de l'Annonciation et en rfrence l action conscratoi
:e
l Espnt
dans
l E ~ c h a r i s t i e
aidait
mettre
en
vidence les liens
~ t r o l t s
o ~ m les
v O Y ~ l e n t
es auteurs. s ~ r i a q u e s partir
d Ephrem,
entre
1 IncarnatIOn et
la
consecratIOn euchanstIque du pain et du vin.
D,ans les anaphores syriennes orientales,
aggen
ne se prsente
qu e
dans 1anaphore sous le
nom
de Thodore. I l a t suggr que
l usage
de
agg.en
dans cette anaphore tait d l ' influence de l'anaphore syrienne
o ~ c l d e n t a l ~
?e .Jacques, o
k maggen,
tandis
qu il
plante
sa
tente, est
tres
c ~ r a c t e n s ~ l q ~ e
,correspondant au participe grec
epiphoitsan.
La for
mulatIOn de 1 eplclese dans
l anaphore
de saint Jacques a certainement
e x ~ r c
une ~ r ~ d e influence sur de nombreuses anaphores orthodoxes
s y n e ~ n e s
u l t e r ~ e u r e s
o est conserve la phrase
kad maggen.
Cependant,
en
r a I s . o ~
de 1 u s a ~ e rpandu de aggen dans le contexte de l piclse
e ~ c h a n s t I 9 u e
parr;u les
a u t e ~ ~ s
s y r i a ~ u e s
des
Vme
et
V l
me
sicles, il
peut
bIen se faIre
que
l.usa,ge de
1 1 n : p . a r f ~ I t
de
aggen, par
opposition la phra
se k
maggen,
SOIt ne tout a fait mdependamment de l'influence de l ana-
phore de saint Jacques.
. Le substantif driv maggnanuta est attest pour la premire fois la
fm
Vme
sicle, normalement dans le contexte de l 'Incarnation.
Lu i
aUSSI
a cependant t tendu rapidement d'autres contextes et surtout
l E ~ c h a r i s t i e . o il c ar ac t ri se u n n omb re considrable d piclses
synennes OCCIdentales.
. B ie n q ue la phrase
kad maggen
dans l 'anaphore de Jacques soit cer
tameme?t une traduction du participe grec
epiphoitsan,
n est pas du
t?ut
v r a I s e ~ ? l a b l e que
l usage
de
aggen
dans les invocations syriaques
~ I r e son ongme .de ce verbe grec, vu que aggen est un terme bib lique
Important en synaque, alors que
epiphoita
(et de mme le substantif
epi-
phoitsis
ne l est pas
en
grec.
Ces quatre verbes utiliss dans les piclses eucharistiques syriaques
son t tous des carac t ri st iques dis tinc tives de la t radi tion l iturgique
s y n a ~ ~ e et c h a ~ ~ n
d
e n ~ r e eu x
a sa rsonance propre e t ses propres
et
mysteneuses
ongmes
qUI
nous font
mme
parfois remonter (comme dans
cas ?e
shra
de
aggen
dans
la
prhistoire du christianisme syriaque
J ~ s q u ~
ses racmes en aramen juif.
Un
autre verbe,
rahhep,
t ire son ori
gme d un passage de
la
PeShitta de
l Ancien
Testament, qui
pa r
la suite est
132
10. Le 10 Nisan (avril) estrgulirement considrcomme la date de l'Annonciation
dans la littrature syriaque ancienne. Le 25 mars, familier aujourd'hui, est d'introduction
beaucoup plus tardive.
ducteurs du Targum palestinien ont choisi
aggen
l vidence parce qu
c tait un verbe qui avait des connotations de protection divine (la racin
s en trouve aussi dans
l hebreu magen,
bouclier).
Bien
que la Peshitta a '
choisi pour
l Exode
une traduction toute diffrente
pour pasah,
le p lu
ancien christianisme d'expression syriaque doit avoir repris
de l arame
juifl usagespcifique du verbe
aggen
pour indiquer l'activit divine dans
l'humanit et c es t l a raison pour laquelle ce f ut le t erme choi si pour
rendre les deux diffrents verbes grecs utiliss dans les versets-clefs meh
tionns ci-dessus, Luc
1
35 (o le grec a
epekiasen,
a couvert de
sOll
ombre)
et
Jean 1 14 (o il a
esknosen,
a plant sa ten te) . Le choix
originel de aggen semble remonter au Diatessaron syriaque, et latraduc-
tion a tconserve dans toutes les versions syriaques utrieures des van
giles. Maintenant, dans aucun des deux passages des vangiles,
aggen
n est
un e
t raduct ion vidente du grec, e t des t raduct ions plus proches
auraient pu aisment tre trouves; cela s igni fie que celui qui a chois i
d'utiliser
aggen l a
fait
pour
une raison prcise.
On
peut ici tenter de sug
grer qu'il
l
a fait parce
qu il
vait connaissance de
l usage d e c e
verbe par
le Targum palestinien dans le rcit de
la
Pgue et,
en
consquence, dsi
rai t introduire dans ces deux passages de l 'Evangile un e rsonance typo
logique entre
l Agneau
de
Dieu
incarn et
l agneau
pascal. cela peut au
premier abord paratre plutt forc (tir par les cheveux), mais i l faut se
souvenir que
ce
l ien typologique entre
l agneau
pascal
et
le Christ,
1'agneau vritable, tait trs fort dans l ancien christianisme syriaque,
et
les parallles entre les deux ont t labors
en
dtail
parEphrem et par
d'autres,
comme
le montre le passage suivant
d Ephrem
dans son
Commentaire de [ Exode:
L agneau
(pascal) est un symbole de no tre Seigneu r qui a t
conu le l
me
jour
de Nisan. Car, du dixime jour du septime mois
o Zacharie fut avert i de la naissance de Jean (Luc
1 Il ,
pris comme
le Jour de l 'e xp ia ti on ), jusqu au 1 du premier mois
Nisan),
lorsque
l annonce
fut faite
Marie par
l Ange,
on compte six mois.
c est pourquoi
l Ange
lui dit :
C est
le si xi me moi s pou r celle
qu on appelait strile (Luc 1,36 . Par consquent, le 1
me
jour (de
Nisan), lorsque
l agneau
pascal fut rserv (Ex
12,3 ,
notre Seigneur
fut conu 1 ; quand il fut immol, lui , que symbolisait l 'agneau, fut
crucifi.
-
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6/6
- JULIUS:
wa- nrahhep... wa
-
ndayyarban wa
-
nqaddesh lebbawa-
tan) ...d
-
kad maggen
... ne bed
,
- DIONYSIUS BAR SALIBI pemire anaphore
de
: .. .negmor ...nshah
lep
qu il
accomplisse
.. .
et change
...
135
- r l ~ L L L SYRIAQUES
b) Syriennes occidentales:
-JACQUES: kad maggen
ne bed .. . que l Esprit) .. . e n p la nt ant s a
fasse .. .
- JEAN de H arran o u Jean CHRYSOSTOME) : w - naggen w -neshre...
wa -nqaddesh
ne
bed
nhawwe
nshamle .. . et
qu il
plante sa tente
...
et
rside ...
et
sanctifie... dsigne.. . accomplisse .. .
- X II
ApTREs
seconde anaphore des) :
wa-nrahhep... w - ne bdiw
... w - lan nhasse wa - nqaddesh) ... dab -maggnanuteh ne bed ... ... d _
nehwe. .. et p lane e t f as se e t nous p ar do nn e e t n ou s s an ct if ie ). .. d e
sorte q ue g rce au fait
qu il
p lante sa ten te, il fasse en sorte
qu il
devien
ne .. .
- JEAN
l vangliste:
naggen ... wa -nqaddesh ... d - kad maggen ne
- b ed ...
qu il
plante sa tente .. .
et
sanctifie .. . d e s or te que, p la nt an t s a
tente il puisse faire
-THODORE: w
-teshre
w
-aggen ... wa -tbarrak - wa - tqaddesh - wa
thattem
... w -
nehwe...
qu e l a g r ce de l E sp ri t) e t r s id e e t p la nt e s a
..
et
bnisse et sanctifie
et
scelle
.. .
de sorte
qu il
puisse devenir
.. .
- MATTHIEU le BERGER:
w -
naggen
w -
neshre wa - nqaddshiw hy)
d - kad sha et ... wa - mrahhep nshamle...negmor qu il
plante sa tente
et rside
.. .
et le san ctifie ... d e s or te q ue e n br l an t
.. .
e t e n pla na nt il
achve et accomplisse ...
-
XYSTUS
: w -
qaddesh ... b - maggnanuteh7 negmor... nshamle
.. .
et sanctifie en plantant sa tente,
qu il
accomplisse et achve.
134
Appendice
Attestation des quatres verbes shra, ettnih, rahhep et aggen dans
piclses syriaques orientales
et occidentales
l
shra : Nestorius,
Thodore:
11 anaphores syriennes occidentales l
ettnih : Addai et Mari, Nestorius: 6 anaphores syriennes occidentales.
rahhep : 14 anaphores syriennes occidentales.
ruhhapa :
9 anaphores syriennes occidentales.
aggen :
Thodore: 18 anaphores syriennes occidentales.
kad maggen :
Jacques et
17
anaphores syriennes occidentales.
maggnanuta :
8 anaphores
syriennes occidentales.
Appendice
2
Verbes ut il is s d ans le s pi cl se s
d une
slection
syriaqu es p ou r les anaph ores syrienn es o ccid en tales, la
base sur les recueils d anaphores publis
Pampakuda).
a) Syriennes orientales:
- ADDAI ET MARI: wnettnih...wa - nbarr kiw hy) wa - nqadd - shiw
hy) d - nehwe
que l Esprit) trouve son repos
.. .
e t l e b n is se e t l e s an c
tifie de sorte qu il puisse devenir ...
11. Pour l identit des anaphores syriennes occidentales, voir mon tude Towards a
Typology... note
1).
-
NESTORIUS:
w teshre w tettnih wa - tbarr kiw hy) wa - tqadd-
shiw hy)
w
t e - bdiw hy) k ad mshahlep... wa - mqaddesh d - nehwe
. .. q ue
la
grce de l Esprit)
et
rside
et
trouve son repos .. .
et
le bnisse
et
le san ctifie et fasse .. . en le chang eant .. . et en le sanctifiant.. .
qu il
d ev en u le s uj et
d une
v iv e con trov erse exgtiqu e - san s
jamais interfr sur l usage de
rahhep
d an s le con texte d e
L e d ernier v erbe, ettnih, tire de mme son origine de l a Peshitta
l Ancien Testament mais semble avoir pris des connotations
S U I ) p l l ~ m e n
taires
d un
passage dans les vangiles syriaques.
U ne pr is e d e c on sc ie nc e d e t out es les d iv er se s a ss oc ia ti on s
jacentes
l usage de ces quatres termes dans les piclses eu ;haristiql1es
syriaques peut tre
d un
g rand p ro fit p ou r aid er enrichir notre
g en ce d e la m ysttrieuse actio n d u S aint-E sp rit au cou rs d e chaqu e
b ration d e la Qurbana.