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Coopérer pour sortir de la pauvreté en Tanzanie Employés de maison dans les PhilippinesMicro-assurance : La protection des pauvres La Russie à l’œuvre : reportage photo
Egalement dansce numéro
N° 58, décembre 2006
L E M A G A Z I N E D E L’O I T
Bureauinternationaldu Travail
Genève
TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 20062
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En 1926, l’OIT devait trouver un moyen d’é-
valuer l’état de la ratification des normes du tra-
vail par ses 55 Etats membres de l’époque. La
toute jeune Organisation a alors mis en place
une commission composée d’éminents juristes
provenant de différentes régions géographiques,
représentant différents systèmes juridiques et
tenant de cultures diverses, afin de garantir une
évaluation à la fois impartiale et technique du
degré d’application des normes internationales
du travail.
Cette année marque le 80e anniversaire de cet
organisme, entité indépendante chargée du
contrôle de l’application des conventions inter-
nationales du travail ayant fait l’objet d’une
ratification.
La Commission d’experts de l’OIT a beau ne
pas être très connue en dehors du monde du
travail, elle n’en a pas moins joué un rôle cen-
tral, et les membres qu’elle a accueillis sur plu-
sieurs décennies – parmi lesquels on peut citer :
Roberto Ago, Prafullachandra Natvarlal Bhag-
wati, Boutros Boutros Ghali, Arnold McNair,
William Rappard, José Maria Ruda, Georges
Scelle, Max Sorensen, Grigory Tunkin et Earl
Warren – sont dignes de figurer dans le « who’s
who » de la diplomatie et du droit international.
Avec l’élargissement de l’OIT à de nouveaux
Etats membres, le volume de travail de la com-
mission n’a cessé d’augmenter. Par rapport à sa
première année d’existence, où elle avait été sai-
sie de 180 rapports établis par 26 des 55 Etats
membres de l’OIT, aujourd’hui la commission,
forte de 20 membres, examine près de 1 900
rapports, comportant plus de 2 500 commentai-
res destinés à plusieurs des 179 pays membres
que compte actuellement l’Organisation.
Depuis 1964, la commission d’experts suit de
près le nombre de cas de progrès à propos des-
quels elle a noté des changements en droit et en
pratique qui ont amélioré l’application d’une
convention ratifiée. A ce jour, plus de 2 300 de
ces cas ont été relevés. Les rapports de la com-
mission sont aujourd’hui accessibles à des
millions d’utilisateurs à partir du site web de
l’OIT. Difficile à imaginer à l’époque par les
fondateurs, l’idée a pourtant été lancée et a fait
depuis son chemin.
La protection des droits des travailleursUn organisme incontournable de l’OIT célèbre son 80e anniversaire
1959 : La Commission d'experts pour l'application des conventions et recommandations
Les 24 et 25 novembre 2006, le Département des
normes internationales du travail du Bureau
international du Travail a organisé un colloque de
deux jours sur « La protection des droits au travail
en tant que droits de l’homme : Présent et avenir
des mécanismes de contrôle », centré sur l’efficacité
du contrôle dans le système juridique international.
Pour de plus amples informations, voir :
http://www.ilo.org/public/french/standards/norm/
activity/ceacr80/index.htm
Le magazine Travail est publié troisfois par an par le Département de lacommunication et de l’informationpublique du BIT, à Genève. Aussi publiéen anglais, arabe, chinois, danois,espagnol, finnois, hindi, japonais,norvégien, suédois et tchèque.
RÉDACTEUR :May Hofman Öjermark
EDITION ESPAGNOLE :Réalisée avec le concours du Bureau de l’OIT à MadridRESPONSABLE DE LA PRODUCTION :Kiran Mehra-KerpelmanASSISTANTE DE PRODUCTION :Corine LuchiniRECHERCHE PHOTO :Marcel CrozetGRAPHISME :MDP, OIT TurinCOUVERTURE :Y. Mourglia, OIT Turin - J. MaillardCOMITÉ DE RÉDACTION :Thomas Netter (Président), CharlotteBeauchamp, Lauren Elsaesser, May HofmanÖjermark, Kiran Mehra-Kerpelman, CorinnePerthuis, Hans von Rohland
Ce magazine ne constitue pas undocument officiel de l’Organisationinternationale du Travail. Les opinionsexprimées ici ne reflètent pas nécessaire-ment les vues du BIT. Les désignationsutilisées n’impliquent de la part du BITaucune prise de position quant austatut juridique de tel ou tel pays, zone outerritoire, ou de ses autorités, ni quant autracé de ses frontières.
La mention ou la non-mention de telleou telle entreprise ou de tel ou tel produitou procédé commercial n’implique de lapart du BIT aucune appréciation favo-rable ou défavorable.
Les textes et les photos du BIT peuventêtre librement reproduits, à conditiond’en mentionner la source. L’envoi d’unjustificatif serait apprécié.
Toute correspondance doit être adresséeau Département de la communication etde l’information publique du BIT,CH-1211, Genève 22 (Suisse).
Tél. +4122/799-7912Fax +4122/799-8577www.ilo.org/communication
Imprimé par :OIT TurinISSN 1020-0010
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Coopérons pour lutter contre la pauvretéLa réforme des coopératives en Tanzanie
Sur le chemin de la reconnaissance« Notre travail compte », proteste le personneldomestique philippin
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S’affranchir ensemble de la pauvreté par le travailIls ne demandent pas des miracles, seulement desemplois décents
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R U B R I Q U E S
S’affranchir ensemble de la pauvreté par le travail
Les nouvelles
• La Réunion régionale asiatique de l'OIT débouche
sur le lancement d'une décennie du travail décent
• La progression du chômage, du sous-emploi et des
travailleurs pauvres frappe durement la jeunesse –
nouveau rapport du BIT
• L’inavouable et sournoise violence subie par les
enfants au travail
• Réunion du G8 en Russie : le Directeur général du
BIT demande qu’une réponse mondiale soit
apportée à l’« augmentation des sans-emploi »
• Nouvelles technologies, vieux problèmes : à la
recherche d’un équilibre entre les gains de
productivité et l’emploi dans le secteur du commerce
de détail
• Chauffeurs internationaux: des délais d’attente à la
maladie, un lourd fardeau à transporter
Champs d’action
Médiathèque
Le Centre de l’OIT à Turin : Calendrier des cours 2007
Depuis l’Afrique jusqu’en Asie, du Nord au Sud, lamisère persiste largement à travers le monde. Près dela moitié des 2,8 milliards de travailleurs que comptela planète sont dans l’incapacité de gagner suffisam-ment pour se hisser, eux et leur famille, au-dessus duseuil de pauvreté de 2 dollars par jour et par person-ne. Comment faire pour en venir à bout ? «Les gensne demandent pas des miracles, mais des emploisdécents», dit Juan Somavia, le Directeur général duBIT. Ce numéro du magazine Travail montre com-ment, dans certains endroits du monde, des stratégiessoutenues par l’OIT fonctionnent juste dans ce sens.
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La protection des pauvres : guide de la micro-assurance
Micro-assurance :Articulation entre finance sociale et protectionsociale 16
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R E P O R T A G E P H O T O
La Russie à l'œuvre : Défis et évolutions 21
L’Organisation internationale du Travail (OIT), créée en 1919, groupe les gouvernements, les employeurs et les travailleurs de ses 179 Etats membres dansune action commune pour l’avancement de la protection sociale et l’amélioration des conditions de vie et de travail partout dans le monde. Le Bureauinternational du Travail (BIT), à Genève, est le secrétariat permanent de l’Organisation.
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haque jour, des dizaines de millions de per-
sonnes dans le monde entier se démènent
d’une façon ou d’une autre pour sortir de la
pauvreté, et elles le font tout simplement en
travaillant. Malgré tous leurs efforts, un grand nombre
d’entre elles ne parviennent cependant pas à se dégager
du piège de la pauvreté. La raison en est qu’elles ont
besoin de véritables emplois et, si possible, d’emplois
décents. A l’occasion de la Journée internationale pour
l’élimination de la pauvreté, célébrée en octobre, l’OIT a
lancé un appel en faveur de l’adoption de mesures visant
à lutter contre la pauvreté à l’échelle mondiale. Ce
numéro de Travail met en lumière les solutions mises en
œuvre dans certains contextes pour s’affranchir de la
pauvreté par le travail.
GENÈVE – Finalement, ce que les gens demandent,
ce ne sont pas des miracles, mais des emplois décents.
Voilà ce qu’a déclaré le Directeur général du BIT, Juan
Somavia, à l’occasion de la Journée internationale pour
l’élimination de la pauvreté. La pauvreté constitue tou-
jours l’un des grands fléaux de l’humanité. Près de la
moitié des 2,8 milliards de travailleurs que compte la
planète vivent, eux et leur famille, avec l’équivalent de 2
dollars par personne et par jour, voire moins.
« Malgré la bonne tenue de l’économie
mondiale, l’absence de corrélation
entre croissance et création d’emplois
décents a pour effet d’aggraver les
inégalités de revenu, d’aiguiser les
tensions sociales et d’entraver les
efforts déployés au niveau mondial
pour éliminer la pauvreté. »
Juan Somavia (voir encadré).
Quelle est l’ampleur actuelle du problème de la pauvreté
et que peut-on faire pour en venir à bout ? Plusieurs rap-
ports récents du Directeur général du BIT abordent cette
thématique1. Dans ce numéro de Travail, M. Somavia
répond à nos questions en examinant tous les aspects du
problème de la pauvreté et en évoquant certaines mesu-
res susceptibles de le contrer.
Un sentiment se répand progressivement dans le monde :
les riches seraient toujours plus riches et les pauvres tou-
jours plus pauvres. Partagez-vous ce sentiment ?
Juan Somavia: Près de la moitié des travailleurs dans
le monde sont dans l’incapacité de gagner suffisamment
pour se hisser, eux et leur famille, au-dessus du seuil de
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JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L'ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ
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S’affranchir ensemble de la pauvreté par le travail
Ils ne demandent pas des miracles, seulement des emplois décents
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1 Voir Changements dans le
monde du travail, Rapport
du Directeur général à la
Conférence internationale
du Travail, 95e session
2006, BIT, Genève;
S'affranchir de la pauvreté
par le travail, Rapport du
Directeur général à la
Conférence internationale
du Travail, 91e session
2003, BIT, Genève.
5TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
pauvreté de 2 dollars par jour. Cela représente à peu près
le même nombre qu’en 1994 en valeur absolue, mais
juste un peu moins de la moitié de la population active
mondiale, contre 57 pour cent il y a douze ans. A l’ex-
ception de l’Afrique subsaharienne, toutes les autres
régions en développement ont enregistré une baisse de la
part des travailleurs pauvres dans l’emploi total. C’est en
Chine et dans les autres pays d’Asie de l’Est que cette
baisse a été la plus marquée. Cette tendance représente
un progrès appréciable, mais prenons le cas d’un pays
comme l’Inde : même si, comme au cours de la période
2000-2005, il continue d’afficher de bons résultats en ter-
mes de croissance et de réduction de la pauvreté, il lui
faudra encore un siècle pour parvenir au niveau actuel
des pays à revenu élevé. D’autre part, les inégalités ne ces-
sent de se creuser au sein de chaque pays. Sur les 73 pays
pour lesquels on dispose de données, 53 pays (représen-
tant plus de 80 pour cent de la population mondiale) ont
connu une aggravation des inégalités, tandis que neuf
seulement les ont vues se réduire.
La pauvreté ne concerne-t-elle que le monde en dévelop-
pement ?
Juan Somavia: Non. Le taux moyen de pauvreté,
défini par le nombre de personnes dont le revenu est
inférieur à la moitié du revenu médian, était de 10,6 pour
cent dans l’ensemble des vingt pays de l’OCDE, contre 10
pour cent au milieu des années quatre-vingt-dix. Il
dépassait même 15 pour cent en Irlande, au Japon, aux
Etats-Unis et en Turquie et 20 pour cent au Mexique. La
pauvreté des enfants a augmenté dans les années quatre-
vingt-dix et on observe un ralentissement des progrès en
matière de réduction de la pauvreté parmi la population
âgée.
Les inégalités croissantes en matière de revenus vont-elles
de pair avec une hausse des inégalités salariales ?
Juan Somavia: Les inégalités ont considérablement
augmenté dans la plupart des économies en transition;
elles se sont aussi beaucoup aggravées dans les pays d’A-
mérique latine. En Asie, la situation est mitigée : certains
pays ont réussi à réduire les inégalités de revenus, mais
dans d’autres, comme la Chine et le Sri Lanka, on cons-
tate une détérioration de la situation. Dans les pays de
l’OCDE pour lesquels des données sont disponibles, les
inégalités se sont globalement creusées en termes de
revenus bruts de la population salariée.
Face aux disparités croissantes des salaires et à la pau-
vreté menaçant les travailleurs les plus vulnérables, les
gouvernements se sont intéressés aux systèmes de mini-
ma salariaux. Dans un certain nombre de pays, des
efforts remarquables ont été mis en œuvre pour étendre
la garantie d’un salaire minimum à des travailleurs qui
jusque-là n’en bénéficiaient pas. C’est notamment le cas
de l’Afrique du Sud, qui, en 2000-2001, a accordé cet
avantage social aux travailleurs domestiques et agricoles,
de la Bolivie qui, en 2005, a étendu la garantie d’un salai-
re minimum aux travailleurs agricoles et de la Chine qui,
en 2003, a pris la même mesure en faveur des travailleurs
domestiques.
Une grande partie des plus pauvres de la planète vivent
toujours de l’agriculture de subsistance. Quelle est l’am-
pleur de ce secteur et que peut-on faire pour améliorer la
vie de ces populations ?
Juan Somavia: Les trois quarts des plus pauvres de la
planète vivent dans les régions rurales des pays en déve- >>
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loppement. L’amélioration de la productivité, des reve-
nus et des conditions de travail dans l’agriculture consti-
tue donc un facteur décisif de développement. La réduc-
tion de l’extrême pauvreté dépend dans une large mesure
de l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs et
des petits exploitants agricoles et de la création d’emplois
non agricoles dans les zones rurales. Si l’on veut éliminer
les poches de pauvreté dans les zones rurales, il faut non
seulement investir dans les infrastructures et dans l’édu-
cation, mais aussi prendre des mesures énergiques en vue
de la création d’organisations collectives de travailleurs et
de petits exploitants agricoles, telles que les coopératives.
Dans quelle mesure la sécurité sociale peut-elle contri-
buer à réduire la pauvreté et les inégalités ?
Juan Somavia: Au cours des dernières années, un cer-
tain nombre de pays en développement ont mis en place
des dispositifs qui prévoient le versement d’un minimum
vieillesse et d’allocations familiales universelles. Ces sys-
tèmes, financés par les recettes fiscales, se révèlent être un
moyen efficace de lutter contre la pauvreté. Des preuves
tangibles d’expériences réussies nous viennent de pays
aussi différents que le Brésil, Maurice, la Namibie, le
Népal et l’Afrique du Sud. Même si ces pays constituent
des modèles dans la lutte contre la pauvreté à travers des
dispositifs de sécurité sociale, il ne faut pas oublier que 20
pour cent seulement de la population mondiale dispose
d’une couverture sociale satisfaisante. Les 80 pour cent
restants en ont tout autant besoin, mais doivent s’en pas-
ser. C’est pourquoi l’OIT a lancé une Campagne mon-
diale sur la sécurité sociale et la couverture pour tous,
destinée à promouvoir l’élargissement de la couverture
sociale comme moyen de lutte contre la pauvreté et l’ex-
clusion sociale.
Que peut-on faire d’autre pour réduire la pauvreté dansle monde ?
Juan Somavia: Un immense effort est nécessaire pour
améliorer la productivité, les salaires et les conditions de
travail, de manière à réduire la pauvreté qui touche près
de la moitié des travailleurs dans le monde. Nous vivons
une époque d’opportunités et d’incertitudes dans laquel-
le certains des obstacles qui ont empêché des femmes et
des hommes de pleinement réaliser leur potentiel sont
tombés, mais dans laquelle les bons emplois, qui appor-
tent la sécurité nécessaire pour bâtir une vie meilleure,
sont de plus en plus difficiles à trouver. Dans les pays
développés comme dans le monde en développement, la
nécessité d’endiguer la misère absolue et de réduire les
disparités de revenus est largement reconnue non seule-
ment comme un impératif moral, mais aussi comme un
moyen de lutter contre les causes sous-jacentes de l’insta-
bilité sociale, économique et politique. Dans le monde
entier, il arrive fréquemment que des élections se gagnent
ou se perdent sur la question de l’emploi.
Comment pouvons-nous intégrer l’Agenda de l’OIT pour
le travail décent dans les stratégies en faveur de la réduc-
tion de la pauvreté et d’une mondialisation équitable ?
Juan Somavia: Notre Organisation a pour mandat
d’apporter son appui aux gouvernements et aux organisa-
tions d’employeurs et de travailleurs dans leurs efforts
pour atteindre l’objectif du travail décent pour tous. Et
dans un monde où les influences internationales sur le tra-
vail et le marché de l’emploi sont de plus en plus fortes,
l’OIT, à travers l’engagement et la volonté de ses man-
dants, peut jouer un rôle décisif dans l’évolution du
monde du travail. La réalisation concrète de l’objectif du
travail décent pour tous requiert toutefois l’adoption d’un
éventail de politiques qui dépasse les principaux domaines
d’expertise de l’OIT et de ses mandants. Le travail décent
comme objectif global exige une approche concertée de la
part de l’ensemble du système multilatéral, l’OIT jouant
un rôle majeur en facilitant l’intégration de l’Agenda pour
le travail décent dans les stratégies en faveur de la réduc-
tion de la pauvreté et d’une mondialisation plus juste et
inclusive.
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JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L'ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ
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7TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉALLOCUTION PRONONCÉE PAR JUAN SOMAVIA, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL,
17 OCTOBRE 2006
ujourd’hui, la communauté mondialecélèbre de différentes façons la Journée
internationale pour l’élimination de la pauvreté,mais, chaque jour, des dizaines de millions depersonnes dans le monde entier se démènentd’une façon ou d’une autre pour sortir de la pau-vreté et elles le font tout simplement en tra-vaillant.
Malgré tous leurs efforts, un grand nombred’entre elles ne parviennent cependant pas à sedégager du piège de la pauvreté. Ceux et cellesqui vivent et travaillent dans la pauvreté nedemandent pas des miracles, mais seulementdes opportunités et des résultats. Ils veulentpouvoir accéder à un emploi décent. Célébronsdonc cette Journée internationale pour l’élimi-nation de la pauvreté en nous engageant à satis-faire l’aspiration de millions de femmes etd’hommes à un emploi et à des conditions detravail dignes, une revendication fondamentaledans toute démocratie.
En termes absolus, le nombre de travailleursvivant, eux et leur famille, avec un maximum de2 dollars par jour est le même qu’il y a dix ans.Il représente actuellement près de la moitié dela population active mondiale. En Afrique, lenombre de personnes vivant avec moins de 1dollar par jour a quasiment doublé au cours desvingt-cinq dernières années.
De surcroît, la plupart des nouveaux emploissont créés dans l’économie informelle, un sec-teur saturé où des millions d’hommes et de fem-mes vivotent en étant peu productifs et donc engagnant peu. Malgré la bonne tenue de l’écono-mie mondiale, l’absence de corrélation entrecroissance et création d’emplois décents a poureffet d’aggraver les inégalités de revenus, d’ai-guiser les tensions sociales et d’entraver lesefforts déployés au niveau mondial pour élimi-ner la pauvreté.
Pour que cette situation puisse changer, ilnous faut changer de politique.
Comme l’a déclaré le Secrétaire général desNations Unies Kofi Annan : « Nous devonsrepenser notre façon d’aborder le problème etplacer la création d’emplois au même rang quela croissance économique dans nos politiqueséconomiques et sociales, nationales et interna-tionales. Lorsque, par exemple, on parle de poli-tique macroéconomique, le réflexe institutionneldevrait toujours être de se demander : « Quellesincidences cela peut-il avoir sur l’emploi? »
La communauté internationale commence àse mobiliser pour que la croissance économiquepuisse déboucher sur la création d’emploisdécents pour les femmes et les hommes.
Les chefs d’Etat et de gouvernements pré-sents au Sommet mondial des Nations Unies de
2005 ont pris l’engagement d’œuvrer en faveurd’une mondialisation équitable, du plein emploiproductif et du travail décent pour tous et d’enfaire un objectif mondial et une réalité nationa-le. Ils ont reconnu que c’était là un moyen deréaliser les Objectifs du Millénaire pour le déve-loppement, notamment celui relatif à la réduc-tion de la pauvreté.
Sur un plan concret, les participants aurécent débat de haut niveau du Conseil écono-mique et social (ECOSOC) ont adopté une décla-ration dans laquelle ils exhortent vivement lesinstitutions du système des Nations Unies à agirde façon concertée pour promouvoir l’emploi dequalité. La contribution de l’OIT à cet effortinclut les programmes par pays de promotion dutravail décent, que l’ECOSOC a mis en exerguecomme l’une des « approches les plus cohéren-tes et pragmatiques des Nations Unies enmatière de développement. »
Engageons-nous donc à unir nos effortspour que la prise de conscience croissante durôle décisif de l’emploi dans la réduction de lapauvreté se traduise concrètement par despolitiques, des programmes et des investisse-ments ayant un impact positif sur les hommes etles femmes, leur famille et les communautésdans lesquelles ils vivent et travaillent.
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Coopérons pour luttercontre la pauvreté
La réforme des coopératives en Tanzanie
es coopératives africaines connaissent
actuellement une phase de renouveau, ren-
due possible par une participation accrue
des membres aux prises de décisions et une
meilleure viabilité commerciale. Le journaliste bri-
tannique Andrew Bibby a réalisé un reportage sur ce
sujet en Tanzanie, pays où les coopératives ont adop-
té une nouvelle stratégie afin d’assurer leur pérennité.
MAMSERA, Tanzanie – Dans ce village de pro-
ducteurs de café situé au pied du Kilimandjaro, le
bâtiment d’un étage qui abrite la Coopérative rurale
de Mamsera (Mamsera Rural Cooperative Society)
constitue un véritable centre névralgique. C’est ici, en
effet, que les villageois apportent leur récolte de grains
de café pour qu’elle soit pesée et calibrée avant d’être
acheminée par la piste jusqu’à Moshi, ville où se
déroulent les ventes aux enchères de café.
Dans le bureau de la coopérative, Camili Mariki, le
secrétaire adjoint, montre du doigt son téléphone
portable grâce auquel, explique-t-il, il peut suivre en
temps réel l’évolution des prix du café sur le marché.
Cela lui permet, ainsi qu’à ses collègues, de s’assurer
que la production de café du village est mise en vente
au meilleur moment. En général, le café se négocie
entre 1 500 et 2 000 shillings tanzaniens (environ 1,50
dollar américain) le kilo, bien que la coopérative ait, à
l’occasion, obtenu plus de 2 dollars le kilo. Les cours
sont affichés chaque jour sur le grand tableau à l’exté-
rieur du bâtiment de la coopérative, à la vue de tous.
La coopérative de Mamsera compte environ 1 100
membres, qui se réunissent une fois par an, générale-
ment en mars ou avril, pour discuter du budget de
l’année à venir et pour décider le prix que la coopéra-
tive facturera pour couvrir ses frais généraux. La ges-
tion des affaires courantes est déléguée à un conseil de
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9TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
neuf membres élus qui, à tour de rôle, surveillent le
travail des cinq employés.
« Nous sommes autosuffisants », déclare avec fier-
té M. Mariki, ajoutant que la coopérative a constitué
des réserves bancaires de plus de 30 millions de
shillings (28 000 dollars américains). Avec une telle
solidité, la coopérative de Mamsera a les moyens d’é-
largir ses débouchés commerciaux. Les membres exa-
minent actuellement la possibilité de vendre leur pro-
duction de café directement sur le marché européen,
ce qui permettrait de supprimer certains coûts liés à la
commercialisation à travers le marché de Moshi. Ils
ont compris depuis longtemps que la coopérative doit
être constamment prête à s’adapter aux réalités du
marché. Ainsi, pour faire face à la baisse de la produc-
tion de café de ces dernières années, il a été décidé de
diversifier les activités de la coopérative en créant une
petite usine de fabrication de briques. La coopérative
a également ouvert deux magasins dans le village et
elle fait office de grossiste pour différents produits
agricoles comme les engrais, les pesticides et les
semences.
Un modèle de réforme
Une telle réussite n’est hélas pas courante au sein
du mouvement coopératif tanzanien. « Certaines
coopératives de la région sont au bord de la faillite »,
indique M. Mariki en expliquant que leurs problèmes
financiers sont dus au fait qu’elles sont trop dépen-
dantes de la seule première récolte.
Les coopératives de Tanzanie ont une longue his-
toire dont elles sont fières. Le mouvement coopératif
a vu le jour dans ce pays au début des années trente et
il a été particulièrement vigoureux pendant la pre-
mière décennie de l’indépendance. Il disposait alors
d’une structure complexe de coopératives primaires
et secondaires et d’une banque coopérative nationale.
Depuis lors, ses perspectives se sont amenuisées. Pen-
dant une certaine période, les coopératives furent uti-
lisées par le gouvernement pour imposer ses poli-
tiques à la population et, de fait, elles furent intégrées
aux structures étatiques. Quand la libéralisation du
commerce a été introduite dans les années quatre-
vingt-dix, le mouvement coopératif est resté sourd
aux besoins de ses membres et ne s’est donc pas pré-
paré à affronter la concurrence du secteur privé.
Le tournant s’est opéré en 2000, lorsqu’une com-
mission spéciale, établie par le Président tanzanien de
l’époque, Benjamin Mkapa, a cherché ce qui pouvait
être fait pour redynamiser le secteur coopératif du
pays. La commission a sévèrement critiqué le mouve-
ment coopératif qui, selon elle, souffrait d’une pénu-
rie de capitaux, de structures trop rigides, d’un
manque de leadership, de détournements de fonds et
de vols.
Depuis lors, une série de mesures concertées ont
été prises pour renverser la tendance. Une nouvelle
législation relative aux coopératives, qui a notamment
pour but de renforcer la participation démocratique
des membres, a été adoptée en 2003 et, l’an dernier, le
gouvernement a approuvé le Programme global de
réforme et de modernisation des coopératives. Cette
initiative de l’OIT a pour objectif de « réformer en
profondeur les coopératives afin qu’elles deviennent
des organisations gérées et contrôlées par leurs mem-
bres, compétitives, viables, durables et capables de
répondre aux besoins économiques et sociaux de
leurs membres ». La responsabilisation des membres
et la viabilité commerciale sont perçues comme les
deux thèmes centraux de ce programme de réforme.
L’exemple de Mamsera montre bien les avantages
des coopératives agricoles pour les zones rurales,
mais, en Tanzanie, on trouve aussi des coopératives
industrielles dans les zones urbaines. A Dar es-
Salaam, par exemple, Dasico (Dar es Salaam Small
Industries Cooperative) est une coopérative prospère
qui compte actuellement 398 membres. Ses activités
sont variées puisqu’elles touchent à la menuiserie, à la
fabrication de pièces métalliques et de sacs en papier
et au soudage. Les membres de Dasico ont accès à des
services de santé sur leur lieu de travail, et la coopéra- >>©
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tive leur fournit une assurance maladie et une assu-
rance décès.
Un autre aspect encore plus intéressant du secteur
coopératif tanzanien est le réseau d’organismes de
crédit connus localement sous le nom de Sociétés
coopératives de crédit et d’épargne (les SACCO). Il
existe environ 1 400 SACCO agréées, qu’il s’agisse
d’initiatives communautaires recrutant des membres
travaillant dans l’économie informelle ou de SACCO
implantées sur le lieu de travail. L’une d’entre elles,
Posta na Simu, est la plus grande coopérative de Tan-
zanie. Elle fournit des services d’épargne et de crédit
aux employés de quatre grandes entreprises du sec-
teur des postes et des télécommunications (Tanzania
Telecommunication Company, Tanzania Postal Compa-
ny, the Postal Bank et the Communication Regulation
Authority). Les responsables de Posta na Simu ont eux
aussi compris que les coopératives doivent constam-
ment s’adapter à la réalité du monde moderne. Face
aux réductions massives d’effectif dans le secteur
national des télécommunications, cette SACCO adap-
te donc sa stratégie, notamment en vue d’aider les
membres qui souhaitent créer leur propre entreprise.
Une amorce de changement
La mise en œuvre du Programme de réforme et de
modernisation des coopératives, qui doit s’étendre de
2005 à 2015, constitue une tâche ambitieuse. Ce pro-
jet a déjà obtenu un financement de la part du gou-
vernement tanzanien, mais il aura sans doute égale-
ment besoin du soutien d’autres donateurs pour
réussir. Cependant, une impulsion a été donnée au
niveau des structures de base, à travers des mesures
destinées à revigorer les principes démocratiques du
coopérativisme.
Dans certaines régions de Tanzanie, on a récem-
ment demandé à chaque coopérative de convoquer
une réunion spéciale de l’ensemble de ses membres
pour élire un nouveau conseil d’administration. Les
candidats aux postes de direction se sont présentés à
des élections attentivement surveillées par le Registre
des coopératives de Tanzanie et son personnel. Les
leaders potentiels qui ont été impliqués par le passé
dans des affaires de corruption, ou qui manquent
d’expérience ou de compétences, sont inéligibles.
Cette procédure électorale doit maintenant
s’étendre à l’ensemble des coopératives du pays.
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Des membres de la SACCO Daimamuungano (Dodoma) assistent à une assemblée générale au cours de laquel-
le intervient le Dr Anacleti Kashuliza, du Registre des coopératives. Dans le cadre du processus de réforme des
coopératives, le Registre et son personnel surveillent le déroulement du scrutin pour élire les nouveaux Conseils
d’administration des coopératives primaires et secondaires. Les réunions sont filmées afin de pouvoir conserver
une trace officielle de l’ensemble des procédures électorales.
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11TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
DES CENTRES DE COMPÉTENCE EN AFRIQUE
e Programme de réforme des coopératives misen œuvre en Tanzanie s’inscrit dans le cadre
d’un processus de dimension internationale, à tra-vers lequel les coopératives font peau neuve afin des’adapter à la réalité économique actuelle. De nom-breux pays ont récemment saisi cette occasion pourmoderniser les structures législatives régissantleurs coopératives.
Par ailleurs, l’OIT a récemment lancé une nouvel-le initiative en coopération avec l’Alliance coopéra-tive internationale (ACI). Il s’agit d’une campagnemondiale intitulée « Coopérons pour lutter contre lapauvreté ». Cette campagne, fruit du partenariat per-manent entre l’OIT et l’ACI, vise à souligner le rôleque les coopératives peuvent jouer dans le cadredes programmes de réduction de la pauvreté.
En avril 2006, le bureau régional de l’ACI a organi-sé à Nairobi une conférence de dirigeants du mondecoopératif africain destinée à examiner la possibilitéde créer une structure coopérative panafricaine,CoopAFRICA. Les dirigeants de coopérative de dixpays africains ont participé à cette conférence, ainsique les représentants de divers projets de dévelop-pement coopératif et de l’OIT.
Un des représentants de l’OIT à cette conférence,Jürgen Schwettmann, alors actif au sein du Servicedes coopératives, a fait part de la surprise de nom-breux participants en entendant « la plupart des ora-teurs expliquer que le principal obstacle au dévelop-pement coopératif en Afrique n’est pas lié à unmanque de ressources ou à des facteurs externes,mais bien à des problèmes internes tels qu’une mau-vaise organisation, un faible niveau de gouvernanceet un manque de participation et de représentationdes membres. Autrement dit, le manque de partici-pation des membres aux processus décisionnels, ausens large et à tous les niveaux, a été identifiécomme le principal et unique obstacle au dévelop-pement coopératif sur ce continent. »
C’est pourquoi CoopAFRICA devra intervenir enpriorité aux cinq niveaux suivants: le niveau local,afin de renforcer la création de capacités et la cul-ture coopérative tout en respectant les règles et tra-ditions locales, et aussi en vue de mettre au pointdes mécanismes d’évaluation, de suivi et de mesuredes résultats ; le niveau intermédiaire, pour consoli-der la capacité organisationnelle et la gouvernancedes coopératives ; le niveau national, afin d’accroîtrele niveau de participation et de représentation desdirigeants de coopérative ; le niveau continental, en
vue d’améliorer les capacités des coopératives enmatière d’organisation et de leadership ; et le niveauinternational, dans le but de renforcer l’engagementdes membres.
Afin d’être aidée dans sa mission de suivi des pro-grès accomplis vers la réalisation de ces objectifs,CoopAFRICA a créé des « centres de compétence »dans quinze pays africains, chaque sous-régionétant représentée par trois pays au cours de la pre-mière phase du projet. Selon la décision des partici-pants à la conférence de Nairobi, CoopAFRICAdevra ensuite étendre ses activités à l’ensemble ducontinent africain.
La recommandation (n° 193) de l’OIT sur la promo-tion des coopératives, adoptée en 2002, est l’un desinstruments qui permet de donner un cadre global auprocessus de réforme des coopératives. Elle inviteen effet les gouvernements et les partenairessociaux à soutenir le développement de coopérativessolides et dotées d’une viabilité et d’une autonomiefinancière.
Le Bureau des activités pour les travailleurs et leService des coopératives du BIT ont également missur pied un projet unique de collaboration entrecoopératives et syndicats, le SYNDICOOP. Ce projet,actuellement mis en œuvre dans quatre pays d’Afriquede l’Est (Kenya, Ouganda, Rwanda et Tanzanie), apour vocation d’améliorer les conditions de travail etde vie des travailleurs de l’économie informelledépourvus de protection sociale. En Tanzanie, le pro-jet SYNDICOOP (auquel participent à la fois la Fédé-ration des coopératives de Tanzanie et la Confédéra-tion syndicale de Tanzanie) a contribué à la créationd’un certain nombre de nouvelles coopératives decrédit (SACCO), dont les membres sont des travailleursde l’économie informelle.
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Selon le Dr Anacleti Kashuliza, du Registre des coopé-
ratives, ces élections ont clairement indiqué aux
responsables de la vieille garde et aux membres des
coopératives eux-mêmes que les anciennes méthodes
n’avaient plus cours. La description qu’il fait d’un
récent scrutin qui s’est tenu pour la coopérative de
Shinyanga est éloquente : « Un millier d’adhérents se
sont présentés pour élire la direction. A ce moment-là,
vous vous rendez compte qu’il se passe vraiment
quelque chose », dit-il.
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TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
Sur le chemin de lareconnaissance« Notre travail compte », proteste le personnel domestique philippin
ux Philippines, les travailleuses et tra-vailleurs domestiques peuvent désormaisfaire entendre leur voix grâce au SUMAPI,une organisation, unique dans le pays, qui
cherche à défendre leurs droits. Ricardo R. Casco, col-laborateur du projet DOMWORK de l’OIT, fait lepoint sur les conquêtes de cette organisation.
MANILLE, Philippines – Deux millions et demide ménages philippins dépendent d’une aide domes-tique pour arriver à concilier leurs responsabilitésfamiliales et professionnelles. Des employées de mai-son philippines travaillent également dans près desoixante-dix pays, où elles jouent un rôle social deplus en plus important compte tenu de l’évolution desmodes de vie familiale et de l’organisation du travail.Pour autant, le travail domestique continue d’être
sous-valorisé et c’est une activité où il reste encorebeaucoup à faire pour venir à bout du travail desenfants.
Milaluna Tibubos (Mila) relate sa propre expérien-ce en ces termes :
« Je viens d’une petite ville de province, Iloilo, oùj’ai grandi dans une famille de douze enfants. J’aiappris très jeune ce que veut dire être pauvre et êtrenée dans une famille pauvre. J’ai vite compris que mesparents n’avaient pas les moyens de me laisser finir lecollège. Comme la plupart des filles de mon âge, j’a-vais envie d’étudier et d’obtenir un diplôme universi-taire. Il n’y avait que cela qui m’importait à l’époque,mais je savais que ma famille ne pouvait pas me payerdes études. Il y avait des jours où nous n’avions mêmepas de quoi manger, faute d’argent pour faire les cour-
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ses. Je me suis alors tournée vers mes professeurs enpensant qu’ils pourraient peut-être m’aider. Certainsm’ont alors proposé de venir m’installer chez euxcomme employée de maison en promettant que, plustard, ils m’aideraient à étudier au lycée, puis à l’uni-versité. »
C’est ainsi que Mila débuta son long parcours versla maîtrise de son destin, mais, dans un premiertemps, les choses ne se sont pas passées comme elle lepensait.
« J’ai commencé à travailler à l’âge de 9 ans, avecl’objectif de financer mes études et d’aider ma famille.Ce n’était pas facile. Dans l’une des premières famillesoù j’ai travaillé, je devais m’occuper de deux jeunesenfants âgés de 2 et 5 ans ; j’étais moi-même encoreune enfant et je ne savais pas vraiment m’occuperd’eux. Alors mon employeur me frappait chaque foisque je faisais une bêtise. Je ne recevais pratiquementaucun salaire, seulement 1 peso par jour. Certainsjours, je devais manquer des cours sur ordre du pro-fesseur qui m’employait, parce qu’il voulait que je ren-tre à la maison surveiller les enfants. »
Aujourd’hui, Mila est la dirigeante élue du SUMA-PI (Samahang Ugnayan ng mga ManggagawangPangtahanan sa Pilipinas), la seule organisation quireprésente le personnel domestique aux Philippines.Grâce à l’appui du projet régional en faveur d’unemobilisation visant à protéger le personnel domes-tique du travail forcé et de la traite des personnes(ILO-DOMWORK), le SUMAPI s’apprête, cetteannée, à acquérir son indépendance juridique, aprèsdes années passées sous la tutelle de la fondationVisayan-Forum (VFFI), organisation qui défendénergiquement les droits et les conditions d’emploides travailleurs domestiques.
Le SUMAPI est une organisation populaire, sanscapital social et sans but lucratif, qui a été créée par laVFFI en 1995 en vue de protéger les enfants et les fem-mes migrants employés sur le marché local. D’abordconcentrées à Manille, ses activités se sont ensuiteétendues aux provinces de Davao, Bacolod, Batangas,Iloilo et Cebu. Environ 8 000 employés de maisonsont actuellement membres du SUMAPI, qui compte21 groupes de base intervenant dans les jardinspublics, les écoles, les institutions communautaires etles paroisses.
Les responsables de ces groupes de base sont,comme Mila, d’anciens domestiques qui ont réussi às’affranchir de ce type d’emploi grâce au programmed’aide psychosociale de la VFFI et à la formation pro-posée dans le cadre du Programme IPEC. Ayantconnu les affres du travail des enfants quand ilsétaient domestiques dans des familles, ils savent dequoi ils parlent et ont acquis une certaine crédibilitépour défendre les droits et les intérêts des travailleursdomestiques. Ils ont compris comment il fallait s’yprendre pour valoriser cette activité.
Un travail sous-valorisé et sous-payéLa demande de personnel domestique est très éle-
vée aux Philippines, mais les conditions salariales pré-vues par la législation nationale actuelle pour cettecatégorie de travailleurs ne reflètent pas la réalité dumarché.
Au cours de son récit relatant les vicissitudes de savie de jeune domestique, Mila explique qu’elle a tou-jours reçu des salaires dérisoires malgré les conditionsdifficiles dans lesquelles elle avait accepté de vivre etde travailler pour réaliser son vœu le plus cher : obte-nir un diplôme universitaire. « J’ai souvent changé defamille ; en sept ans, j’ai eu en tout onze employeurs.J’étais partie travailler en dehors de ma province, loinde ma famille, dans un endroit que je connaissais àpeine et où je n’avais personne à qui m’adresser en casde problème. Je n’avais presque pas de contacts avecma famille et j’ai même travaillé pour une famille quime logeait dans une cabane rustique, une nipa hut,située à l’extérieur de la maison. Je dormais là sansoreiller, sans couverture, sans aucun confort et, pourmanger, je devais me contenter des restes. La journée,je devais m’occuper de toutes les tâches ménagères.
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Dans cette famille, j’ai reçu des coups, la fille dupatron me tirait les cheveux et plusieurs personnesm’ont giflée. Parmi mes onze employeurs, un seul m’apayé un salaire mensuel de 500 pesos (10 dollars) ; lesautres me donnaient 25 pesos, 2 pesos ou parfois rien,surtout lorsqu’ils me laissaient sortir pour aller encours. »
Ce genre de pratiques abusives à l’égard du per-sonnel domestique existent même dans les famillesd’un bon niveau socioculturel, comme celles des pro-fesseurs qui employaient Mila. Cela est dû au fait queles métiers liés aux services domestiques continuentd’être sous-valorisés. Dans de nombreuses cultures,les employées de maison sont considérées comme desimples « aides ménagères » ou « servantes à demeure »et, de ce fait, on ne juge pas nécessaire qu’elles soientcouvertes par la législation du travail et protégées pardes dispositions spécifiques.
Qui plus est, ces travailleuses et travailleurs repré-sentent une juteuse source de profit pour les agencesde recrutement qui les placent sur un marché interna-tional à forte demande. Leurs salaires et leurs condi-tions de travail ne cessent pourtant de se détériorer auniveau national, d’une part parce qu’ils sont considé-rés comme des travailleurs à faible qualification et,d’autre part, parce que l’offre de personnel domes-tique augmente à cause d’un afflux de migrants d’au-tres pays pauvres.
Comme pour les travailleurs nationaux employés àl’étranger
Face à la recrudescence des cas de trafic d’êtreshumains, de travail forcé et de violations de droitshumains dont sont victimes les ressortissants natio-naux employés comme domestiques dans des paysétrangers, le ministère philippin du Travail et de l’Em-ploi s’est récemment engagé à prendre des mesuresénergiques pour promouvoir l’orientation et la for-mation professionnelle en faveur de ces travailleurs.Déjà en 1995, le gouvernement avait adopté une loi(Republic Act 8042) en faveur des travailleurs natio-naux employés à l’étranger (Philippine Migrant Wor-kers and Overseas Filipinos Act), qui reconnaissait quel’acquisition de compétences professionnelles estessentielle pour la protection des travailleurs vulnéra-bles. Dans le cadre de la mise en œuvre de cette loi,l’OIT aide le gouvernement philippin à mettre surpied un dispositif visant à offrir aux travailleursdomestiques l’accès à l’orientation et à la formationprofessionnelle et la possibilité d’évaluer leurs compé-tences et d’obtenir un diplôme. Ce service, géré parl’organisme public chargé de la formation profession-nelle et du développement des ressources humaines(Technical Education and Skills Development Authority -TESDA), devrait permettre aux travailleurs domes-tiques employés à l’étranger d’être mieux valorisés surle marché international et, par conséquent, de préser-
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INITIATIVES LOCALES EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES ET DE LA PROTECTION SOCIALE
u-delà de l’assistance qu’elle fournit au gouvernement philippin en vuede la modernisation de sa législation et de sa réglementation relatives
aux agences privées de recrutement et de placement, l’OIT s’est intéres-sée à un certain nombre d’initiatives entreprises par des ONG et des orga-nismes publics locaux. En décembre 2004, la municipalité de Quezon Citya adopté un arrêté qui prévoit l’obligation de déclarer les employés de mai-son et de leur fournir une couverture sociale, ainsi que la mise à leurdisposition d’un bureau d’aide sociale (Kasambahay) et d’une permanencetéléphonique. Cette initiative a donné lieu à l’élaboration d’un texte modè-le pouvant être utilisé dans le reste du pays. En février 2006, un arrêté demême teneur a été adopté par la municipalité de Makati City.
« La meilleure façon de mener à bien sur le terrain des initiatives visantà aider les travailleurs domestiques, c’est lorsque les pouvoirs publicslocaux (Barangay) et les associations d’employeurs domestiques tra-vaillent main dans la main », explique Constancia Lichauco, la directrice duBarangay de Belair, une agglomération résidentielle de Makati. Cela faitonze ans maintenant qu’est mis en œuvre à Belair le programme Kabalikatsa Tahahan (« Un partenaire chez soi »), qui consiste à offrir aux tra-vailleurs domestiques une formation de trois mois axée sur le développe-ment de leurs compétences, leurs connaissances et leurs valeurs. Lescours ont lieu tous les mercredis après-midi. La Confédération desemployeurs philippins s’est appuyée sur ce programme pour mener à biensa campagne de sensibilisation auprès des employeurs domestiques etélaborer son Code d’éthique pour l’emploi de personnel domestique.
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ver leur avantage salarial relatif et d’accéder à un sta-tut de professionnels.
Grâce à un tel dispositif d’orientation et de forma-tion professionnelle, les employés de maison philip-pins travaillant à l’étranger seront mieux protégés etdavantage compétitifs, mais il reste encore beaucoup àfaire pour offrir la même chose aux travailleursdomestiques actifs dans le pays.
Ceux-ci souhaitent vivement que le gouvernementmette en œuvre en leur faveur les mêmes lois et lesmêmes services que ceux qui sont offerts à leurs collè-gues employés à l’étranger. Ils ont pour ambition defaire promulguer une loi qui couvrirait l’ensemble destravailleurs domestiques, comme il en existe une pourles travailleurs migrants (RA 8042). Ce projet de loifourre-tout, qui sera soumis au Parlement, porte lenom de Batas Kasambahay ou Grande Charte enfaveur des travailleurs domestiques (projet de loin° 1606).
La plupart des domestiques travaillant dans desfamilles philippines ont un niveau d’instruction trèsfaible et manquent d’information. C’est pourquoiils/elles demandent à avoir accès à un programmed’orientation et de formation professionnelle. D’autrepart, ils/elles souhaitent que le gouvernement obligeles agences de recrutement opérant sur le marchénational à agir de façon plus responsable et à assumercertaines obligations. Ils/elles estiment que, si le gou-vernement prend de telles mesures, il aura d’autantplus de légitimité morale pour obtenir de meilleuresconditions de vie et de travail en faveur des tra-vailleurs migrants.
Dans sa lutte pour la reconnaissance du travaildomestique, cette année, Mila a orienté le SUMAPIvers un programme intensif de formation mené à biensous l’égide de la Fédération des travailleurs libres etde l’OIT. Les cours proposés portent sur une diversitéde sujets tels que la mise au point d’un projet d’avenir,la planification stratégique et opérationnelle, lesdroits humains et les droits des travailleurs, la syndi-calisation, la mobilisation des ressources, la gestionfinancière, les services aux personnes marginalisées etl’esprit d’entreprise. « J’ai la conviction qu’avec ceprogramme nous mettons tout en œuvre pour que lesfutures générations de domestiques n’aient pas leurenfance gâchée comme cela a été notre cas », affirmeMila. « Toutes les actions, aussi insignifiantes soient-elles, que les divers partenaires sociaux mobilisés parl’OIT ont menées à bien en notre faveur au cours desdernières années vont nous permettre, à nous et auxgénérations à venir, de parvenir à une véritable recon-naissance du travail domestique. Nous sommes suffi-samment nombreux et nous jouons un rôle impor-tant dans la vie des familles et des personnes. Il vafalloir qu’on nous écoute. »
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16 TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
n aidant les ménages à faible revenu à gérer
le risque, la micro-assurance peut contri-
buer à leur donner une certaine confiance
financière, y compris dans des situations de
forte vulnérabilité. L’ouvrage qui vient de paraître,
La protection des pauvres : guide de la micro-assurance1,
considère la micro-assurance comme une composan-
te essentielle des stratégies que les gouvernements, les
donateurs, les organismes de développement et autres
acteurs doivent adopter dans la perspective de la lutte
contre la pauvreté et de la réalisation des objectifs du
Millénaire pour le développement (OMD).
Dans le secteur informel, les travailleurs et leur
famille vivent et travaillent dans des environnements
dangereux, exposés à de nombreux risques, tels que
maladies, décès et invalidités d’origine accidentelle,
pertes matérielles dues au vol ou à l’incendie, sinistres
agricoles, catastrophes d’origine naturelle ou humai-
ne. Les pauvres sont davantage exposés à ces risques
que le reste de la population, et sont pourtant les plus
démunis lorsqu’une situation de crise se présente.
La pauvreté et la fragilité se renforcent mutuelle-
ment dans une spirale descendante. Outre les pertes
financières considérables auxquelles ils sont exposés,
les ménages vulnérables se trouvent dans une incerti-
tude permanente quant à savoir si ces pertes vont
véritablement survenir et, si oui, à quel moment. De
ce fait, les pauvres sont les moins à même de tirer parti
des possibilités de revenu qui leur permettraient
d’améliorer leur situation.
L’un des moyens dont disposent les pauvres pour
se prémunir des risques est l’assurance. En novembre
2006, l’OIT, la Fondation Munich-Re et le Groupe de
travail sur la micro-assurance du CGAP ont publié
ensemble un nouvel ouvrage, intitulé La protection des
pauvres : guide de micro-assurance, établi sous la
direction de Craig Churchill du Programme Finance
sociale de l’OIT. Basé sur une analyse de plus de 40
régimes de micro-assurance mis en place à travers le
monde, et s’appuyant sur l’expertise de plus de 35
auteurs, cet ouvrage présente une synthèse des princi-
paux enseignements relatifs aux services d’assurance
offerts aux ménages à faible revenu.
Qui assure la protection ?
Dans beaucoup de pays en développement, ni les
pouvoirs publics ni les compagnies d’assurances ne
sont vraiment parvenus à faire bénéficier d’une assu-
rance les personnes travaillant dans le secteur infor-
mel. Dans les pays dotés de systèmes publics de pro-
tection sociale, ceux-ci sont en général mis en œuvre
par le truchement des employeurs du secteur formel,
qui contribuent le plus souvent à leur financement.
Bien évidemment, ces systèmes de protection ne par-
Micro-assurance
E
Articulation entre finance sociale et protection sociale
LA PROTECTION DES PAUVRES : GUIDE DE LA MICRO-ASSURANCE
L E C T U R E
1 La protection des pauvres :
guide de micro-
assurance, établi sous la
direction de Craig
Churchill, co-publié par le
Bureau international du
Travail (BIT), la
Fondation Munich-Re et
le CGAP, Genève, 2006.
viennent pas à atteindre les travailleurs du secteur
informel, qu’ils soient employés ou qu’ils travaillent à
leur compte.
Bien que certains assureurs commencent à s’inté-
resser au vaste marché jusqu’ici négligé des ménages à
faible revenu, pour y accéder, ils devront surmonter
un certain nombre d’obstacles. Comme les régimes de
protection sociale, la plupart des systèmes de distribu-
tion des assureurs ne sont pas adaptés à ce segment du
marché. Le réseau des courtiers, vendeurs et autres
agents utilisés traditionnellement par les assureurs
n’arrive pas jusqu’aux populations défavorisées. De
plus, les produits d’assurance généralement proposés
ne sont pas adaptés à leurs besoins spécifiques. Des
montants assurés inadaptés, des modalités d’exclusion
complexes, ainsi qu’une terminologie juridique des
plus hermétiques : autant d’obstacles qui empêchent les
pauvres d’accéder réellement aux services d’assurance.
Pour être rentable, la micro-assurance doit toucher
un très grand nombre d’assurés modestes. Les coûts
de transaction associés à la gestion de ces polices de
faible montant peuvent être extrêmement élevés, sur-
tout si on les rapporte aux sommes assurées. Pour que
la micro-assurance présente un intérêt aux yeux des
assurés, d’importantes innovations doivent être mises
en place visant à minimiser les coûts de transaction,
tant pour les assureurs que pour les assurés.
Les assureurs ont souvent cette idée préconçue que
les populations à faible revenu ne peuvent s’offrir une
assurance. Or, il est intéressant de constater que lorsque
les assurances ont commencé à se développer à la fin du
XIXe siècle, elles étaient perçues comme un service
financier destiné aux pauvres. Parmi les grandes com-
pagnies d’assurances aujourd’hui en activité, nombreu-
ses sont celles qui se sont établies au XIXe siècle sous la
forme de mutuelles destinées aux ouvriers des usines.
Les riches n’avaient pas besoin de recourir aux assuran-
ces puisqu’ils pouvaient pour l’essentiel s’auto-assurer.
Par la suite, avec la sophistication croissante des assu-
rances et la prise de conscience par les riches de leur
propre vulnérabilité, les points de vue se sont inversés.
L’un des principaux défis à relever, avant de parve-
nir à étendre les régimes d’assurance aux populations
pauvres, est de réussir à les sensibiliser à l’intérêt que
représente le fait d’être assuré, et leur permettre ainsi
de surmonter leurs préjugés. En effet, bon nombre de
personnes se montrent sceptiques dès qu’il s’agit de
payer des primes pour un produit immatériel qui peut
ne jamais leur rapporter le moindre bénéfice. Par
ailleurs, dans bien des cas, les compagnies d’assurances
n’inspirent pas vraiment confiance. Réussir à faire
prendre conscience à ces populations de l’intérêt que
représente le fait d’avoir une assurance coûte du
temps et de l’argent.
Cependant, force est de reconnaître que les préju-
gés existent des deux côtés. Les gens qui travaillent
dans les compagnies d’assurances sont généralement
peu au fait des besoins et des problèmes des pauvres.
De même, la culture d’entreprise et les systèmes de
récompense incitent les vendeurs à s’orienter vers des
polices plus importantes et des clients plus rentables, et
les dissuadent de cibler le marché des faibles revenus.
17TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
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18 TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
>> Les deux faces de la micro-assurance
Lorsqu’on parle de micro-assurance, il s’agit essen-
tiellement d’un ensemble de stratégies visant à dépasser
tous ces obstacles. L’ouvrage met en avant les deux
principaux objectifs poursuivis par la micro-assuran-
ce, à savoir, d’une part, faire bénéficier les pauvres de
la protection sociale dont ils sont exclus en l’absence
de dispositifs publics appropriés et, d’autre part, leur
fournir un service financier essentiel en développant
un modèle économique adapté qui fera des popula-
tions défavorisées un marché rentable (ou viable) aux
yeux des assureurs et des mutuelles.
Pourtant, ces deux facettes ont beaucoup de choses
en commun. L’ouvrage voit dans la micro-assurance
une sorte de Janus — divinité romaine, dieu des por-
tes et de tout commencement — à deux visages et un
seul corps. Quelle que soit l’optique adoptée, que l’on
envisage la micro-assurance comme un instrument de
protection sociale ou un outil commercial, la structu-
re du dispositif et son fonctionnement de base restent
largement les mêmes. De sorte qu’un ouvrage sur la
micro-assurance et son fonctionnement doit tirer des
leçons et s’inspirer de l’expérience des deux variantes.
Quelle que soit l’optique choisie pour aborder la
micro-assurance, l’objectif est toujours de chercher à
réduire la vulnérabilité des travailleurs pauvres en
amenant le secteur public (dans l’optique « protection
sociale »), le secteur privé (dans l’optique « nouveau
marché »), ou les deux, à faire ce qu’aucun des deux
n’a jamais vraiment réussi à accomplir, à savoir offrir
un système d’assurance aux pauvres. Puisque ces deux
facettes appartiennent à un même corps, il est appro-
prié d’en explorer les points de convergence afin de
mettre en place des modèles ou des systèmes alterna-
tifs de protection des pauvres, tels que des partena-
riats public/privé, des coopératives et des mutuelles,
ainsi que des aides publiques pour corriger les
défaillances du marché.
Bien que l’étude présente différents produits d’as-
surance proposés par une variété de régimes institu-
tionnels mis en place à travers le monde, on commen-
ce à voir émerger une image assez claire de ce qu’est la
micro-assurance — qu’il s’agisse aussi bien des défis
qu’elle pose et des solutions qu’elle propose. En
conclusion, l’ouvrage présente la micro-assurance
comme une solution viable, voire même, à certaines
conditions, rentable.
Que le régime d’assurance couvre ses dépenses
grâce à l’apport financier des donateurs et des pou-
voirs publics, ou qu’il tire ses ressources des primes
encaissées et des revenus de placement, l’important au
final pour assurer l’accès permanent aux services, c’est
que le système soit viable. Le dilemme autour de la
question de la viabilité se résume à la recherche d’un
compromis entre trois objectifs concurrents. Les
micro-assureurs doivent trouver un équilibre entre :
1) la couverture, qui doit correspondre aux besoins
d’une large partie de la population à faible revenu,
2) les coûts, de fonctionnement et de transaction
pour l’assureur, et 3) l’accessibilité économique, cor-
respondant au prix et aux coûts de transaction pour
les clients. En règle générale, les régimes d’assurance
efficaces associent leurs affiliés et clients aux choix de
prestations et de niveaux de protection correspondant
à leurs moyens.
LA PROTECTION DES PAUVRES : GUIDE DE LA MICRO-ASSURANCE
L E C T U R E
19TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
A qui s’adresse cet ouvrage ?
Le premier public visé par La protection des pauvres
est celui des professionnels de l’assurance et de tous
les acteurs exerçant dans ce secteur qui proposent
actuellement des assurances aux individus à faible
revenu, ou qui envisagent de le faire. Ce livre a été
écrit dans l’espoir que ces personnes puissent tirer les
leçons des expériences déjà menées, qu’elles aient été
des réussites ou des échecs.
La protection des pauvres intéresse également ceux
qui viennent en aide, que ce soit financièrement ou
techniquement, à ces professionnels. En comprenant
mieux les défis à relever et les solutions pouvant être
apportées, ces personnes et ces organisations peuvent
mobiliser leurs ressources financières et humaines de
façon plus efficace pour élargir l’accès à l’assurance.
Le présent ouvrage s’adresse enfin à un troisième
public constitué des hauts responsables chargés des
décisions et des réglementations. En tant que secteur
d’activité émergent, la micro-assurance évolue sou-
vent dans un environnement qui n’a pas été conçu
pour elle, et qui lui est même parfois hostile. C’est en
étant capable, d’une part, de distinguer les éléments clés
qui différencient la micro-assurance de l’assurance et,
d’autre part, de déterminer la façon dont la micro-
assurance peut s’inscrire dans un cadre de protection
sociale plus large, que ces hauts responsables pourront
commencer à élaborer un environnement propre à
favoriser et renforcer sa croissance et son développe-
ment ainsi qu’à promouvoir des marchés d’assurances
moins exclusifs.
La protection des pauvres aborde toute une série de
questions. En plus de définir la micro-assurance, l’ou-
vrage nous donne un aperçu des besoins de gestion
du risque des ménages à faible revenu et explique la
fonction essentielle de protection sociale jouée par la
micro-assurance. Il étudie les principaux enseignements
concernant l’assurance maladie, l’assurance vie (à
long terme), et les assurances à court terme liées aux
différentes formes d’épargne et de crédit, ainsi que la
modulation des produits d’assurance en fonction des
caractéristiques des femmes et des enfants.
Le livre explore également dans le détail le fonc-
tionnement de la micro-assurance. Certains chapitres
abordent la mise au point de nouveaux produits, le
marketing, le recouvrement des primes, les demandes
d’indemnisation, les prix, la gestion financière et la
gestion des risques, la gouvernance, les modes d’orga-
nisation et la prévention des sinistres. Par ailleurs, La
protection des pauvres étudie un certain nombre de
dispositifs institutionnels visant à proposer un systè-
me d’assurance aux pauvres, à savoir des accords de
partenariat entre assureurs et institutions financières
Il n’est pas rare que, pour promouvoir un produit, les spécialistes en marketing utilisent le témoignage émou-
vant d’une personne ayant surmonté un moment difficile dans sa vie. Cette affiche vante les mérites d’un pro-
duit d’assurance qu’un parent peut souscrire au bénéfice d’un enfant et qui lui échoira à l’âge de 18 ans ou au
moment de son mariage, soit sous forme de capital correspondant à l’épargne accumulée, soit sous forme d’une
indemnité si le titulaire du contrat est décédé. Cette jeune fille est heureuse de se marier, mais elle pleure en pen-
sant à son parent qui n’est pas là pour partager sa joie.
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20 TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
LA PROTECTION DES PAUVRES : GUIDE DE LA MICRO-ASSURANCE
L E C T U R E
LLAA FFOONNDDAATTIIOONN MMUUNNIICCHH--RREE EETT LLAA CCGGAAPP
Partant de l’expérience et du savoir accumulé de sasociété mère – la compagnie de réassurance Munich-Re – la Fondation Munich-Re vise à mettre son savoirau service de l’humanité. Afin d’aider les gens dans lagestion du risque et dans l’amélioration de leurs condi-tions de vie, la fondation concentre ses efforts sur lessituations à risque accentuées par les défis mondiauxque sont la croissance démographique, la diminutiondes ressources, la pollution environnementale et lechangement climatique. La fondation est activementimpliquée dans des domaines regroupant l’éducationet la formation, la science et la recherche, la préven-tion des sinistres, la protection environnementale et lasanté publique. Pour plus d’information, veuillezconsulter le site : www.munichrefondation.org.
Le Consultative Group to Assist the Poor – CGAP –(Groupe consultatif pour l’assistance des pauvres) est
un consortium de 33 organismes de développementpublics et privés œuvrant ensemble pour permettreaux populations pauvres des pays en développementd’accéder plus facilement aux services financiers. Legroupe de travail sur la micro-assurance du CGAPcomprend des donateurs, des assureurs et d’autresacteurs souhaitant coordonner les activités d’aidefinancière dans la mesure où elles concernent le déve-loppement de la diffusion et des services d’assuranceen faveur des ménages à faible revenu. Les principalesactivités du groupe de travail consistent notamment àélaborer des directives à l’intension des donateurs, àfaire réaliser des recherches, à publier un bulletin tri-mestriel sur la micro-assurance et à gérer le site inter-net sur la micro-assurance: www.microfinancegate-way.org/section/resourcecenters/microinsurance.
de microcrédit (IFM), une approche axée sur le
contexte local, des compagnies d’assurances détenues
par des réseaux de coopératives d’épargne et de crédit,
et une distribution réalisée à travers des détaillants.
L’ouvrage étudie par ailleurs le rôle joué par les dif-
férents acteurs intéressés, tels que les donateurs, les
organismes de surveillance, les gouvernements, les
agents d’assurance et de réassurance, ainsi que le per-
sonnel d’assistance technique. Il récapitule les straté-
gies permettant de dépasser les compromis entre le
niveau de couverture, les coûts et les prix, de même
qu’il donne un aperçu des prochaines étapes du déve-
loppement de la micro-assurance.
De façon générale, l’ouvrage présente la micro-assu-
rance comme un plaidoyer en faveur d’un « retour aux
fondamentaux », en appelant l’attention sur la gestion
des risques des populations vulnérables dans la
perspective d’un partage solidaire de ces risques. Bien
que tous les dispositifs de micro-assurance ne soient
pas fidèles à ces valeurs, plus on s’en rapprochera plus
celles-ci seront en mesure de bénéficier aux personnes
qui en ont le plus besoin.
QQUU’’EESSTT--CCEE QQUUEE LLAA MMIICCRROO--AASSSSUURRAANNCCEE ??
D’après La protection des pauvres, la micro-assu-rance est la protection des populations à faible revenucontre des dangers spécifiques en échange du verse-ment d’une prime d’assurance proportionnée à la pro-babilité de survenance et au coût du risque encouru.Cette définition est en fait très proche de celle quis’applique aux systèmes classiques d’assurance, à ladifférence que dans ce cas le segment de marché viséest constitué par les populations à faible revenu. Pourautant, comme il est démontré tout au long de l’ouvra-ge, cette particularité fait toute la différence.
A partir de quel niveau de revenu relève-t-on de lamicro-assurance ? En règle générale, la micro-assu-rance est réservée aux personnes en marge des régi-mes d’assurance commerciale et sociale de type clas-sique, qui n’ont pas eu accès aux produits appropriés.Etant donné qu’il est plus facile de proposer une assu-rance aux personnes dont les revenus sont prévisibles– même s’il s’agit de petites sommes – qu’aux tra-vailleurs du secteur informel, dont les revenus sontirréguliers, c’est précisément là que se situe la frontièrede la micro-assurance.
Le terme de micro-assurance ne renvoie pas à lataille du preneur de risques, bien que certains assu-reurs soient de taille modeste et appartiennent parfoisau secteur informel. Au demeurant, il existe des exem-ples de très grandes compagnies qui proposent de lamicro-assurance, telles qu’AIG Ouganda, Delta Life auBangladesh et plusieurs compagnies d’assurances enInde, qui offrent une ligne de produits adaptée aux per-sonnes à bas revenu.
La micro-assurance ne vise pas non plus l’étenduedu risque tel que perçu par le client. En soi, les risquesn’ont rien de « micro » aux yeux des ménages qui lessubissent. La micro-assurance peut couvrir une trèsgrande quantité de risques divers, comme la maladie,le décès et les pertes matérielles – soit à peu près tousles risques susceptibles d’être assurés. Cet ouvragese centre cependant essentiellement sur l’assurancevie et l’assurance décès, dans la mesure où il s’agit là– comme en témoignent les études sur les besoinsréalisées dans plusieurs pays – des principales priori-tés de la plupart des ménages à bas revenu.
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21TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
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a Russie est aujourd’hui parvenue à un stadede son évolution qui aurait été impensable il ya dix ans à peine. Quand bien même les défisqui restent à relever sont considérables, le vent
du changement souffle bel et bien sur ce vaste pays, deMoscou à Mourmansk.
En septembre dernier, le photographe du BIT MarcelCrozet a parcouru la Fédération de Russie sept joursdurant. Les clichés rapportés – de ports et de mines,d’entreprises agricoles et d’usines de travailleurs handi-capés, d’enfants des rues et de migrants – dressent unportrait bouleversant d’un pays en proie à une moder-nisation accélérée, qui se trouve à l’aube d’une nouvelleère de son développement économique et social.
Toutefois, malgré les importants revenus tirés de sesressources pétrolières et sa croissance économique sou-tenue, la Russie continue à rencontrer des difficultés
dans différents secteurs, notamment au chapitre de laprotection sociale, de la répartition des revenus, del’emploi, des réformes salariales et des migrations.L’OIT et son bureau basé à Moscou ont contribué àaplanir ces difficultés. Ils ont travaillé étroitement avecdes représentants du gouvernement, des travailleurs etdes employeurs pour partager leurs compétences enmatière de réforme de la législation du travail et pourmettre en place des projets visant à promouvoir l’em-ploi et le développement des entreprises, la sécurité et lasanté au travail, la prévention du VIH/sida sur le lieu detravail et la lutte contre le travail des enfants … pour neciter que quelques exemples.
Les photos ne peuvent rendre compte de tous lesaspects de la vie en Russie, mais peuvent en revanchesaisir la singularité de ce vaste et dynamique pays. Ci-dessous sont présentées quelques vues de la Russie, tel-les qu’elles ont été captées par l’œil du photographe.
L
F É D É R AT I O N D E R U S S I E
R E P O R T A G E P H O T O
La Russie à l'œuvreDéfis et évolutions
Photos: M. Crozet/BIT
22 TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
F É D É R AT I O N D E R U S S I E
R E P O R T A G E P H O T O
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La mine de Lozovero située à Mourmansk près de l’océan
Arctique, enfouie à 600 mètres sous la terre dans la toundra,
continue encore à faire travailler 470 mineurs, tandis que
beaucoup de ses longues galeries de mines ont été abandonnées
depuis sa fondation en 1956. On y trouve du titane, du niobium
et du tantale. En bas à droite, dans la banlieue de Mourmansk,
Valentina, ingénieur en chef de la centrale hydroélectrique de
Mumashi, au téléphone.
231TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
Moscou : haut perchées, une person-
ne travaillant sur un poteau électrique
et une autre nettoyant les vitres d’un
bâtiment ; en bas, la boulangerie de la
ville de Serpoukhov qui produit envi-
ron 50 tonnes de pain par jour pour les
moscovites. A droite, grande affluence
au Centre régional de prévention et de
lutte contre le VIH/sida de Moscou. Le
taux de croissance du virus du sida y
figure parmi les plus forts d’Europe et
80 pour cent des infections touchent des
travailleurs en activité. D’après les esti-
mations de l’OIT, si cette situation per-
siste, la population active du pays
pourrait décroître de 1,1 million d’ici
2015 et de 2,1 millions d’ici 2050. Pen-
dant ce temps-là, un vendeur ambulant
dans les rues de Moscou essaie de
s’en sortir en vendant des DVD au
noir, et des enfants des rues trainent
désœuvrés dans la gare de trains de
Kurky.
24 TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
F É D É R AT I O N D E R U S S I E
R E P O R T A G E P H O T O
Le secteur du bâtiment est en plein essor. Il procu-
re du travail à un grand nombre de travailleurs
immigrés. Toutefois, à côté du demi million d’immi-
grés en situation régulière, 5 à 14 millions de tra-
vailleurs travaillent en situation irrégulière, selon les
chiffres du Service fédéral des migrations. Les condi-
tions de travail sont souvent difficiles, certains tra-
vailleurs étant obligés de manger et dormir sur le
chantier. Ci-dessous, quelques lieux de rencontre
informels dans la banlieue de Moscou où les tra-
vailleurs occasionnels se retrouvent. La plupart d’en-
tre eux viennent du Tadjikistan et travaillent au noir.
25TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
L’industrie portuaire est elle aussi en plein essor et a
permis de créer des emplois décents. Le port commercial
de Mourmansk traite 14,5 millions de tonnes de mar-
chandises et matières premières par an, pour l’essentiel
du charbon destiné à l’exportation. A droite, un tra-
vailleur est photographié dans la salle des machines
d’un bateau du port de Yuzhny de Moscou, tandis que
Vladimir Bolmahov, l’un des capitaines les plus expéri-
mentés du port, est à la barre.
Par contre, le secteur agricole a eu moins de chance
depuis la transition vers l’économie de marché initiée
en 1991. Le secteur est responsable de 13 pour cent du
total des emplois de la Fédération. En bas à gauche,
Nadezhda Khotovitskaya est chef d’équipe au sein de
l’exploitation laitière Voronovo de la région de Moscou.
26 TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
F É D É R AT I O N D E R U S S I E
R E P O R T A G E P H O T O
Publication d’offres, entretiens, tests psychologiques et neurologiques :
les agences pour l’emploi sont aujourd’hui très sollicitées (en haut à droite).
Selon l’Agence nationale de statistiques de Russie, l’emploi des jeunes n’est
que de 58 pour cent. Mais les inégalités régionales sont considérables – dans
les régions du sud comme l’Ingushetie, l’emploi des jeunes n’est que de 20
pour cent et 12,9 pour cent des jeunes ne sont ni employés ni en formation
(à droite).
27TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
En règle générale, les per-
sonnes handicapées ont du
mal à trouver un travail
décent. Pourtant, à Kuntsevo
Electro la moitié des 700
employés sont soit aveugles,
soit atteints de troubles de la
vue. Kuntseo est l’une des
principales entreprises de
Russie fabriquant des compo-
sants électriques – prises élec-
triques, interrupteurs et autres appareils. En haut à droite, Julia Planina, une étudian-
te en 4e année à l’Université publique de sciences humaines de Moscou (Moscow
State Humanitarian Institute) qui accueille les personnes ayant des troubles squelet-
tiques et du système musculaire. N’ayant pas droit à une retraite, bon nombre des per-
sonnes âgées essaient de s’en sortir en vendant dans la rue de manière informelle. Les
gens gardent malgré tout le sourire.
28 TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
R U B R I Q U E S
C H A M P S D ’ A C T I O N M É D I A T H È Q U EL E S N O U V E L L E S
La Réunion régionale asiatique de l'OIT débouchesur le lancement d'une décennie du travail décent
La 14e Réunion régionale asiatique, quis’est tenue à Busan (République de Corée)du 29 août au 1er septembre 2006, a permisd’ouvrir une «Décennie pour le travaildécent» destinée à relier l’objectif du tra-vail décent au Programme mondial pour laréduction de la pauvreté. La réunion aaussi été l’occasion d’avancer considéra-blement dans la promotion de l’Agenda dutravail décent de l’OIT, y compris en ce quiconcerne le lancement d’un programmede travail décent pour la Jordanie.
BUSAN, République de Corée – Face à l’immense
décalage existant entre la croissance économique et la
création d’emplois, la 14e Réunion régionale asiatique de
l’OIT a réuni à Busan près de 400 délégués des gouver-
nements, des travailleurs et des employeurs au mois
d’août, afin d’examiner des mesures destinées à ce que la
croissance économique se traduise par la création d’em-
plois productifs et de travail décent pour tous.
Les délégués ont appelé au lancement d’une «Décen-
nie asiatique du travail décent», pour la période allant
jusqu’en 2015, au cours de laquelle les Etats membres
d’Asie et du Pacifique ainsi que les pays arabes ont décla-
ré vouloir «consacrer des efforts soutenus et durables
afin que le travail décent devienne une réalité dans les
pays de nos divers continents».
La Décennie du travail décent doit également contri-
buer à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le
développement (OMD), visant à réduire le niveau de
pauvreté d’ici à 2015. La Décennie contribuera à pro-
mouvoir la mise en œuvre de l’Agenda pour le travail
décent de l’OIT, dont les piliers sont : les droits au travail,
l’emploi, la protection sociale et le dialogue social.
«Nous sommes résolus à veiller à ce que l’Asie main-
tienne sa position de leader politique mondial en faisant
du travail décent pour tous un objectif central de nos
politiques nationales et internationales, ainsi que de nos
stratégies nationales de développement», notaient les
conclusions.
D’après les conclusions, l’Agenda du travail décent de
l’OIT fait désormais partie intégrante des programmes
nationaux de beaucoup de pays, ainsi que de l’Agenda
international du développement. Les délégués ont plébis-
cité le document final du Sommet mondial des Nations
Unies de 2005, ainsi que la déclaration ministérielle du
débat de haut niveau du Conseil économique et social de
l’ONU (ECOSOC) de juillet 2006.
«Notre objectif est de valoriser la productivité, la
compétitivité et la croissance», a affirmé Juan Somavia,
Directeur général du BIT. «La charité, les dons ou l’au-
mône ne sont pas des réponses adaptées. Un travail
décent constitue le meilleur des programmes sociaux. La
dignité et la rétribution d’un travail honnête, c’est préci-
sément ce que veulent les gens.»
Pour plus d’informations et une couverture audio et vidéo
complète de la Réunion asiatique régionale de l’OIT,
veuillez consulter l’adresse suivante :
http://www.ilo.org/public/english/bureau/inf/event/
14asrm/index.htm
© BIT
29TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
En l’espace de quelques années à peine, le travail décent acessé d’être une simple perspective d’avenir du BIT, pour venirs’inscrire dans les débats nationaux sur les questions politiquesainsi que parmi les priorités nationales. Le Sommet mondial desNations Unies de 2005, qui s’est tenu à New York, et sa déclara-tion ministérielle du débat de haut niveau du Conseil écono-mique et social de l’ONU (ECOSOC) de 2006 ont porté la questiondu travail décent jusqu’aux plus hautes instances politiques.Des organisations régionales et d’autres organisations interna-tionales ont également été appelées à travailler en collaborationétroite avec l’OIT pour aider à promouvoir le travail décent et laréduction de la pauvreté.
Il s’agit là d’un important défi à relever pour les pays d’Asieet du Pacifique où, malgré une croissance économique forte,le niveau de l’emploi n’a toujours pas augmenté de façonsatisfaisante. Entre 2004 et 2005, l’emploi dans la région a crûde 1,4 pour cent, tandis que dans le même temps l’économieaugmentait au rythme de 6,2 pour cent. Avec près de 1,8 milliardde travailleurs, la force de travail en Asie atteint des proportionsremarquables, et celle-ci va continuer à croître encore d’envi-ron 240 millions, soit au rythme de 13,4 pour cent, au cours des10 prochaines années. Or, c’est dans les pays où le nombre detravailleurs pauvres est le plus élevé et le secteur informel leplus étendu que l’on prévoit les plus fortes augmentations de laforce de travail. A moins que la croissance économique nemobilise davantage le facteur travail, ou que la croissancen’augmente de façon significative et soutenue, les perspectivesde réaliser les objectifs du travail décent resteront très limitées. Pour répondre à ce problème, les mandants tripartites ont réaf-firmé leur engagement à mettre en place leurs programmesd’action nationaux en matière de travail décent, traduisant lesparticularités de chaque pays. Les Etats qui le souhaitent pourrontavoir recours à l’aide de l’OIT. Les programmes se centreront surles différentes façons de :
! promouvoir une augmentation durable de la productivité, deséconomies compétitives, des créations d’emplois et lesmêmes possibilités d’accès au travail décent et productifpour tous, avec une attention particulière accordée auxbesoins des travailleurs vulnérables ;
! promouvoir la ratification des normes fondamentales dutravail ;
! promouvoir une éducation accessible à tous, pour s’assurerque les travailleurs aient les compétences nécessaires pourdévelopper leur employabilité à long terme ;
! promouvoir un accès au travail décent et stimuler l’espritd’entreprise chez les jeunes femmes et hommes, notammenten facilitant le passage des études à la vie active et en met-tant en commun les bonnes pratiques ;
! lutter contre le travail des enfants sous toutes ses formes ;! renforcer le dialogue sur la question de la migration de main-
d’œuvre et en améliorer la gestion, afin d’optimiser les avan-tages, tant pour les pays d’origine que de destination, et faireen sorte que tous les travailleurs migrants soient convena-blement défendus et bénéficient de l’égalité de traitement ;
! améliorer la gestion effective des marchés du travail parl’adoption, la mise en place et la réforme des législations dutravail et des politiques sociales compte tenu des objectifsde plein emploi et de travail productif fixés par l’Agenda del’OIT pour le travail décent.
! renforcer les relations de travail, les mécanismes de partena-riat bipartites, les cadres pour le dialogue social et d’autresinstitutions et réglementations adaptées – autant d’élémentsimportants pour le fonctionnement efficace et juste du mar-ché du travail ;
! assurer une couverture sociale efficace pour l’ensemble dela population, y compris pour les travailleurs du secteur infor-mel ;
! promouvoir la santé et la sécurité au travail ; et! renforcer la capacité des partenaires sociaux et des admi-
nistrations du travail.
Les défis qui restent à relever sont considérables, mais l’ob-jectif du travail décent dans la région est réalisable. « Noussommes convaincus que l’Agenda pour le travail décent de l’OITpeut contribuer à tracer une voie durable pour sortir de la pau-vreté, à traiter les inégalités économiques croissantes tant àl’intérieur qu’entre les pays de la région, et à contribuer ainsi à laréalisation des objectifs du Millénaire pour le développement »,ont eux-mêmes déclaré les délégués de l’OIT dans les conclu-sions de la réunion.
LA DÉCENNIE ASIATIQUE DU TRAVAIL DÉCENT : LES ENJEUX
© B
IT
© M
.Cro
zet/
BIT
30 TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
La progression du chômage, du sous-emploiet des travailleurs pauvres frappe durementla jeunesse – nouveau rapport du BIT
Le niveau d’éducation des actuelles jeu-nes générations n’a jamais été aussi élevé.Pourtant, les jeunes âgés entre 15 et 24 anssont actuellement confrontés à une pénu-rie croissante de l’emploi et du travail pro-ductif et à des niveaux d’incertitude éco-nomique élevés. Le nouveau rapport duBIT Tendances mondiales de l’emploi desjeunes révèle une situation alarmante.
En 2005, 85 millions de jeunes étaient au chômage,
d’après les estimations, soit 44 pour cent du total des
chômeurs dans le monde, alors que la part des jeunes
dans la population en âge de travailler âgée de 15 ans et
plus n’est que de 25 pour cent.
Les jeunes ont trois fois plus de risques que les adul-
tes de se retrouver au chômage. Le désavantage compara-
tif est plus marqué dans les pays en développement, où
les jeunes représentent une fraction beaucoup plus
importante de la force de travail que dans les économies
développées.
Le taux de chômage régional des jeunes le plus élevé a
été enregistré au Moyen-Orient et en Afrique du Nord
avec 25,7 pour cent. L’Europe centrale et de l’Est (hors
UE) et les pays issus de l’ex-URSS avaient le deuxième
plus fort taux avec 19,9 pour cent. Le taux de l’Afrique
subsaharienne était de 18,1 pour cent, suivi par l’Amé-
rique latine et les Caraïbes (16,6 pour cent), l’Asie du Sud-
Est et le Pacifique (15,8 pour cent), les économies déve-
loppées et l’Union européenne (UE) (13,1 pour cent), l’Asie
du Sud (10 pour cent) et l’Asie de l’Est (7,8 pour cent).
Mais le chômage n’est que la partie visible de l’ice-
berg. En effet, 300 autres millions de jeunes travaillent
certes, mais vivent en dessous du seuil de pauvreté avec
moins de 2 dollars par jour ; et c’est sans compter les près
de 20 millions de jeunes qui ont totalement abandonné
leur recherche d’emploi. Parmi les jeunes qui réussissent
malgré tout à trouver un emploi, les conditions de travail
sont souvent inférieures aux normes du travail « décent
et productif » en vigueur. Les jeunes travailleurs risquent
d’être davantage soumis à des horaires de travail lourds,
d’être embauché, avec ou sans contrat, pour des périodes
de courte durée, des salaires bas, une couverture sociale
insuffisante, voire inexistante, et sans avoir le droit de
s’exprimer.
Au total, près du tiers des 1,1 milliard de jeunes dans
le monde souffrent de la pénurie de travail décent. Ce qui
signifie qu’il faudrait créer au moins 400 millions d’em-
plois productifs et décents – autrement dit, de nouveaux
emplois de meilleure qualité – pour optimiser l’actuel
potentiel productif des jeunes.
L’incapacité de trouver du travail engendre chez les
jeunes un sentiment de vulnérabilité, d’inutilité et d’oisi-
veté. Le chômage particulièrement élevé parmi cette caté-
gorie de la population soulève, évidemment, d’impor-
tants défis pour les jeunes eux-mêmes, mais il constitue
également un coût économique majeur en termes de
perte de capacité d’épargne et de capital humain, ainsi
qu’un coût social qui se traduit par le besoin de mettre en
place des mesures correctives pour lutter contre la délin-
quance et l’usage des drogues.
Des politiques et des programmes d’action nationaux
ciblés et intégrés, soutenus par l’aide internationale, sont
nécessaires pour relever ce défi mondial. Au niveau inter-
national, le travail des jeunes est devenu un élément clé
des objectifs du Millénaire pour le développement
(OMD). Le débat de haut niveau du Conseil économique
et social des Nations Unies (ECOSOC) a réaffirmé ce
principe en s’engageant à développer et à mettre en place
des « stratégies qui garantissent à la jeunesse, partout
dans le monde, un réel et égal accès à l’emploi productif
et au travail décent ».
Pour plus d’informations, veuillez consulter l’adresse suivante :
http://www.ilo.org/youth
© M
.Cro
zet/
BIT
R U B R I Q U E S
C H A M P S D ’ A C T I O N M É D I A T H È Q U EL E S N O U V E L L E S
TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006 31
L’inavouable et sournoise violencesubie par les enfants au travail
Dans un monde où la violence sur le lieude travail est en augmentation, ce sont lesenfants les victimes les plus exposées. Telleest la conclusion d’une nouvelle étuderéalisée par le BIT faisant partie d’un rap-port du Secrétariat général des NationsUnies sur la violence contre les enfants.
La violence est un aspect négligé de l’impact du travail
sur les enfants. Très peu de données fiables sont disponi-
bles, mais tout porte à croire que le phénomène s’aggra-
ve, tant dans les pays industrialisés que dans les pays en
développement. Telle est la conclusion d’une nouvelle
étude des Nations Unies sur la violence subie par les
enfants sur le lieu de travail, qui vient d’être publiée.
Selon l’étude, si bon nombre des plus de 200 millions
d’enfants qui travaillent dans le monde sont victimes de
violences systématiques, près de 100 millions d’adoles-
cents employés de façon légale sont eux aussi touchés.
Bien que la plupart des données dont on dispose sur la
violence au travail proviennent d’études sur les tra-
vailleurs adultes des pays industrialisés, l’étude montre
que les enfants sont plus exposés à la violence sur le lieu
de travail du fait de leur petite taille, de leur plus faible
degré de maturité et de leur dépendance vis-à-vis des
adultes. De tous ces enfants qui travaillent, les filles sont
plus vulnérables aux violences sexuelles et gardent plus
facilement des séquelles physiques.
Les formes les plus répandues de violence exercées à
l’encontre des enfants sur le lieu de travail sont d’ordre
physique, psychologique, verbal ou sexuel. La violence
subie par les enfants au travail s’inscrit souvent dans une
culture du lieu de travail qui se caractérise par sa brutali-
té physique généralisée, où cris, insultes et harcèlement
sexuel et, dans certains cas extrêmes, viols et meurtres
sont une réalité.
Un exemple des cas les plus graves est celui de l’ex-
ploitation des enfants de moins de 18 ans dans la prosti-
tution, la pornographie ou les sex-shops. Bon nombre
des 5,7 millions d’enfants assujettis au travail forcé ou
réduits en esclavage, y compris les nombreuses victimes
de la traite, sont constamment menacés de violences,
comme le sont d’ailleurs d’innombrables enfants
employés comme domestiques. Sont également menacés
les enfants qui se retrouvent dans des environnements de
travail dangereux. En 2004, selon des estimations, parmi
les enfants au travail, plus de 60 pour cent exerçaient des
activités « dangereuses » dans les verreries, dans les
mines, dans les plantations agricoles et autres lieux où les
réglementations sur la santé et la sécurité sont souvent
laxistes ou inexistantes.
La lutte contre la violence à l’encontre des enfants au
travail exige la mise en place d’un large éventail de mesures.
Le problème doit être abordé de façon globale, comme
une question touchant à la fois les moyens de subsistan-
ce, le respect des droits de l’homme, les relations de tra-
vail, la santé et la sécurité au travail, et l’application de la
loi. Il faut commencer par faire en sorte que les enfants
n’ayant pas atteint l’âge minimum ne soient pas
contraints de travailler.
Le point de départ essentiel doit consister à ne tolérer
aucune violence à l’encontre des enfants qui travaillent,
que ce soit dans le cadre ou en dehors de la loi, et ce aussi
bien dans le secteur formel qu’informel.
Pour plus d’informations, veuillez consulter l’adresse sui-
vante : www.violencestudy.org
© P. Deloche/BIT
TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 200632
Réunion du G8 en Russie : le Directeur général duBIT demande qu’une réponse mondiale soit
apportée à l’« augmentation des sans-emploi »
R U B R I Q U E S
C H A M P S D ’ A C T I O N M É D I A T H È Q U EL E S N O U V E L L E S
© B
IT
MOSCOU – Juan Somavia a déclaré, lors de la
réunion des ministres du Travail et de l’Emploi du G8,
que « malgré quatre années de croissance mondiale
assez forte, la pénurie n’a pas réellement réussi à inflé-
chir le travail décent à l’échelle internationale. Nous
devons rétablir le lien entre la croissance économique et
la croissance de l’emploi ».
Alors que le PIB mondial a augmenté de plus de
4 pour cent, le taux de chômage mondial est, lui, resté
inchangé à 6,3 pour cent depuis deux ans. Qui plus est,
cette croissance sans emploi n’est que la partie visible de
l’iceberg. Le nombre de travailleurs pauvres qui vivent
avec moins de 2 dollars par jour et par personne, est huit
fois supérieur à celui des chômeurs déclarés.
Parmi les autres défis que le marché mondial du tra-
vail doit affronter, M. Somavia a relevé : le développe-
ment du secteur informel non déclaré, l’arrivée attendue
de 430 millions de nouveaux arrivants sur le marché du
travail mondial dans les dix prochaines années et une
hausse du chômage des jeunes. Plus de 13 pour cent des
630 millions de jeunes actifs sont au chômage, soit deux
à trois fois plus que chez les travailleurs adultes.
Le Directeur général du BIT a souligné la nécessité de
se doter « d’une politique convergente, juste et équilibrée
et de stratégies d’ajustement, dans un monde du travail
qui change rapidement ». L’ajustement devrait être équi-
table pour tous – gouvernements, travailleurs, entreprises
et consommateurs. « C’est là un aspect déterminant de la
dimension sociale de la mondialisation », a-t-il déclaré.
Selon M. Somavia, aussi bien une action coordonnée
au niveau international que de solides politiques natio-
nales sont indispensables pour aborder ces problèmes. Le
Directeur général du BIT a souligné le rôle essentiel joué
par les pays du G8 dans le support technique et financier
apporté à la réalisation des objectifs de travail décent,
considérés comme base du développement et de la
réduction de la pauvreté.
Les ministres du Travail et de l’Emploides pays du G8 se sont réunis à Moscou les9 et 10 octobre 2006 pour discuter de l’em-ploi productif comme facteur de croissan-ce économique et de cohésion sociale. LeDirecteur général du BIT, Juan Somavia, adéclaré aujourd’hui que « la crise mondialede l’emploi exige une réponse mondiale ».
TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006 33
Nouvelles technologies, vieux problèmes : à larecherche d’un équilibre entre les gains de productivitéet l’emploi dans le secteur du commerce de détail
L’introduction de nouvelles technolo-gies sera l’un des principaux facteurs deproductivité dans le secteur du commercede détail. Mais, reste à savoir quel sera sonimpact sur le niveau et la qualité de l’em-ploi. Une réunion tripartite de l’OIT, quis’est tenue à Genève récemment, a examinéle rôle joué par les nouvelles technologiesdu commerce de détail dans l’évolution del’emploi dans le domaine commercial.
Les nouvelles technologies permettront aux fabricants
et aux consommateurs de mieux contrôler les produits,
grâce aux étiquettes d’identification par radiofréquence
(RFID), petites puces informatiques équipées d’antennes
miniatures. Cette technologie permet une transmission
sans fil par fréquence radio d’une quantité d’informa-
tions relatives au produit – comme le prix, le fabricant,
la date d’expiration, le poids ou toute autre caractéris-
tique – bien plus importante que ne l’autorisent les
actuels systèmes de code-barre.
La raison déterminante de l’introduction de la tech-
nologie RFID dans la chaîne logistique est d’améliorer la
sécurité alimentaire grâce à une capacité renforcée pour
tracer et suivre le bétail, accéder à des informations sur le
produit, lutter contre les contrefaçons et améliorer, ainsi,
la productivité et la compétitivité.
Si les coûts de la RFID sont prohibitifs pour la plupart
des détaillants, excepté pour les plus gros, les économies
escomptées sont considérables. Et, du fait de leur capaci-
té à réduire les besoins en main-d’œuvre, l’introduction
de nouvelles technologies comme la RFID s’accompagne
inévitablement de craintes pour l’emploi dans les socié-
tés ou les industries concernées. Les ressources en person-
nel pourront être réorientées vers des tâches à plus haute
valeur ajoutée, tels que les services de conseil à la clientèle.
Plusieurs syndicats se sont montrés critiques envers
certaines applications de la RFID sur le lieu de travail, et
notamment sur le mauvais usage qui pourrait être fait de
son pouvoir de suivre à la trace les mouvements du per-
sonnel et de surveiller les salariés. Selon le rapport pré-
paré pour la réunion, ce domaine est encore très peu
réglementé étant donné qu’il s’agit d’une technologie
naissante. Toutefois, pour les partisans de la RFID, les
appréhensions du public envers cette nouvelle technologie
rappelleraient l’inquiétude passagère qui s’était fait jour au
moment de l’apparition des premiers codes-barres.
D’après le rapport du BIT*, à travers un dialogue social
poussé et des formations adaptées, les travailleurs et les
employeurs devraient pouvoir obtenir des résultats béné-
fiques pour tous, avec une productivité accrue, une plus
grande satisfaction de la clientèle et de meilleures condi-
tions de travail. Dans la mesure où le remplacement défi-
nitif des codes-barres par la nouvelle technologie RFID
n’aura pas lieu avant au moins quinze ans, les pouvoirs
publics et les partenaires sociaux auront tout le temps
d’examiner l’ensemble des implications de la technologie.
Dès à présent, les gouvernements et les syndicats
d’employeurs et de salariés conviennent que, dans un tel
contexte d’évolution technologique, le dialogue social
sectoriel doit aborder : les besoins des entreprises en
matière de nouvelles technologies et leurs effets sur l’em-
ploi ; les mesures à mettre en place pour gérer l’impact en
matière d’emploi ; les compétences et les formations
nécessaires pour garantir l’employabilité des salariés ; le
maintien de bonnes relations de travail et de manage-
ment ; ainsi que les questions relatives au respect de la vie
privée des travailleurs.
Pour plus d’informations, veuillez consulter :
www.ilo.org/public/french/dialogue/sector/techmeet/
tmart06/index.htm
* Conséquences sociales et
dans le domaine du travail
du recours accru aux
technologies les plus
modernes dans le
commerce de détail,
Rapport aux fins de
discussion, BIT, Genève,
2006. ISBN 978-92-2-
218652-5.
© P
.Del
och
e/B
IT
TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 200634
Chauffeurs internationaux: des délais d’attente àla maladie, un lourd fardeau à transporter
Les délais d’attente excessifs aux frontiè-res, l’inefficacité ou la corruption desagents douaniers ainsi que la vulnérabilitédes routiers aux maladies sexuellementtransmissibles, telles que le VIH/sida, met-tent le secteur du transport routier inter-national en danger, d’après un nouveaurapport du BIT*.
Aux postes frontières internationaux, l’adage «le
temps c’est de l’argent» se vérifie chaque jour un peu
plus. De piètres infrastructures, une organisation ineffi-
cace des formalités et des douaniers incompétents, tout
cela affecte non seulement les conditions de vie et de tra-
vail des chauffeurs routiers internationaux aux postes
frontières partout dans le monde, mais a également un
impact négatif sur l’économie, d’après un rapport prépa-
ré dans le cadre de la réunion tripartite qui s’est tenue à
Genève du 23 au 26 octobre 2006.
« Sur les routes et aux postes frontières d’Europe,
d’Afrique, d’Amérique et d’Asie, les questions telles que
les politiques de visa en vigueur constituent la principale
pierre d’achoppement pour les chauffeurs, spécialement
en ce qui concerne la restriction de leur droit au travail»,
affirme un expert du BIT dans le secteur des transports,
Marios Meletiou. « Dans de nombreux cas, les coûts
croissants du transport répercutent également des inter-
ruptions dans les chaînes de fabrication et de livraison. »
Le rapport examine les questions économiques, socia-
les et dans le domaine du travail qui découlent des pro-
blèmes de la mobilité transfrontalière des chauffeurs rou-
tiers internationaux. Un exemple, tiré d’une récente
étude, montre comment une infrastructure frontalière
inadéquate aurait coûté, d’après les estimations, des
dizaines de milliers d’emplois ainsi que plusieurs
milliards de dollars en termes de pertes de revenus bruts.
Tandis que, pour prendre un exemple, la durée offi-
cielle pour l’obtention d’un visa Schengen valide dans
l’Union européenne (UE) était en moyenne de quatre
jours en 2005, les délais effectifs pour les chauffeurs pro-
fessionnels de car et de camion des pays hors espace
Schengen, tels que le Kazakhstan, le Maroc, l’Ukraine et
la Turquie, variaient d’un jour et demi, pour un conduc-
teur turc, à 31 jours et demi, pour un routier kazakh, au
cours de la même période.
Qui plus est, les dessous de table et le harcèlement
constituent des problèmes majeurs pour les chauffeurs,
les employeurs, les gouvernements et même pour les
consommateurs. Si les routiers et les compagnies de
transport absorbent la majeure partie des frais, les gou-
vernements, eux, perçoivent moins de taxes sur les mar-
chandises, et ces coûts sont souvent répercutés tout le
long de la chaîne de distribution, vers d’autres entrepri-
ses et, au final, vers le consommateur.
Le rapport souligne également la vulnérabilité des
chauffeurs du transport routier international aux maladies
sexuellement transmissibles comme le VIH/sida, qui
touchent bien plus de personnes dans les endroits où les
routiers séjournent et travaillent.
Selon le rapport, la principale responsabilité dans la
lutte contre la plupart des problèmes soulevés incombe
aux gouvernements, bien que la contribution des
employeurs et des employés soit essentielle pour amélio-
rer la situation. Le rapport se réfère également à la
convention (n° 185) de l’OIT sur les pièces d’identité des
gens de mer (révisée), 2003, susceptible d’apporter des
idées utiles pour une approche similaire dans le cas des
chauffeurs routiers internationaux.
Pour plus d’informations, veuillez consulter :
http://www.ilo.org/public/french/dialogue/sector/
techmeet/tmrts06/index.htm
* Questions sociales et
dans le domaine du
travail découlant des
problèmes de la mobilité
transfrontalière des
chauffeurs routiers
internationaux, Rapport à
fin de discussion, BIT,
ISBN 92-2-218477-7 /
978-92-2-218477-4,
Genève, 2006.
© KT LUONG/BIT
R U B R I Q U E S
C H A M P S D ’ A C T I O N M É D I A T H È Q U EL E S N O U V E L L E S
TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006 35
ACTIVITÉS ORGANISÉES DANS LE MONDEENTIER PAR L’ORGANISATION INTERNATIONALEDU TRAVAIL OU AVEC SON APPUI
C H A M P S D ’ A C T I O N
Pour plus de renseignements, s’adresser au
Bureau régional de l’OIT pour l’Asie et le
Pacifique à Bangkok :
Tél. : +662.288.1234; fax : +662.288.173;
courriel: [email protected].
Le premier feuilleton télévisé sur l’industrievestimentairecambodgienne■ En avril 2006, le programme de
l’OIT visant à améliorer les conditions
de travail dans les usines cambodgiennes
(Better Factories) a fait réaliser un
feuilleton télévisé en plusieurs épisodes
sur les problèmes quotidiens qui se
posent dans le secteur du vêtement au
Cambodge et sur les solutions apportées
à ces problèmes. Le lancement de la série
a eu lieu à Phnom Penh au cours d’une
première à laquelle assistaient S.E Cham
Prasidh, ministre du Commerce, S.E
Nhep Bunchin, alors ministre du Travail
et de la Formation professionnelle, et
Christine Evans-Klock, directrice du
Bureau sous-régional de l’OIT pour
l’Asie de l’Est. Les deux premiers épiso-
des visent principalement à informer les
salariés sur les techniques de résolution
des conflits et sur leurs droits et leurs
responsabilités en cas de grève légale. Ils
ont été diffusés sur deux chaînes de télé-
vision nationales et seront intégrés dans
le programme de formation mis en
œuvre dans le cadre du projet visant à
améliorer les conditions de travail dans
les usines cambodgiennes.
Amélioration desconditions de travaildans les usines, amé-lioration des emplois■ Le 26 août 2006, la Société financière
internationale – institution du groupe de
la Banque mondiale chargée des opéra-
tions avec le secteur privé – et l’OIT ont
décidé de collaborer à l’élaboration d’un
programme mondial destiné à améliorer
les normes de travail dans les chaînes
mondiales d’approvisionnement. Ce pro-
gramme d’amélioration des emplois (Bet-
ter work programme) effectuera un bilan de
la situation dans divers secteurs – vête-
ment, chaussure, plantations, appareils
électroniques, industrie légère, entre autres
– dans le but d’améliorer les normes de
travail et de mettre en lumière tous les
avantages qui peuvent découler d’une
amélioration des conditions de travail. Ce
nouveau programme pourra tirer parti de
la réussite de divers projets de l’OIT,
notamment le programme mis en œuvre
au Cambodge depuis 2001 pour rendre
compte des conditions de travail appli-
quées dans les usines de vêtements et véri-
fier qu’elles sont conformes à la législation
nationale et aux principales normes inter-
nationales du travail.
Pour plus de renseignements, s’adresser au
Bureau régional de l’OIT pour l’Asie et le
Pacifique à Bangkok :
Tél. : +662.288.1234; fax : +662.288.173;
courriel: [email protected].
Un film sur le travaildes enfants surInternet ■ L’OIT vient de lancer un film sur
Internet qui, tout en mettant en lumière la
situation tragique des plus de 200 millions
d’enfants astreints au travail dans le
monde, veut également être porteur
d’espoir en nous montrant que la fin du
travail des enfants est un objectif désor-
mais à notre portée. L’OIT s’est résolu-
ment engagée à aider les pays à soustraire
tous les enfants aux pires formes d’exploi-
tation d’ici à 2016. Par l’intermédiaire de
son Programme international pour l’aboli-
tion du travail des enfants (IPEC), le plus
important de tous les programmes consa-
crés à cette cause, l’OIT aide les pays à ren-
forcer leurs capacités dans ce domaine et
leur propose des orientations. Au cours des
dix dernières années, l’action directe
menée dans le cadre du programme a en
outre permis de venir en aide à plus de 5
millions d’enfants. Ces initiatives ont joué
un rôle essentiel par leur effet catalyseur,
tant en ce qui concerne la mobilisation des
moyens d’action que la démonstration des
moyens à mettre en oeuvre pour éliminer
le travail des enfants. Depuis son lance-
ment en 1992, le Programme a consacré à
son objectif 350 millions de dollars des
Etats-Unis; en 2005, les dépenses ont
dépassé les 70 millions de dollars.
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TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 200636
Pour plus de renseignements, utiliser le lien
suivant pour visionner le film et comprendre
pourquoi des millions d’enfants ont besoin
de l’aide de tous, y compris de la vôtre:
www.ilo.org/public/english/bureau/inf/wdacl
/index.htm
Partenariat entre l’OITet la République deCorée■ Le 2 août 2006, le gouvernement de la
République de Corée et l’OIT ont signé un
accord de coopération technique pour la
région Asie et Pacifique pour un montant
de 800 000 dollars des Etats-Unis. Ces
fonds serviront à financer pendant une
année les projets de coopération technique
mis en œuvre dans la région dans des
domaines tels que la création d’emplois, la
qualité des emplois, l’employabilité et les
qualifications, l’emploi des jeunes, les acci-
dents du travail, la sécurité et la santé au
travail, et le règlement des différends. Huit
organisations coréennes partenaires sou-
tiendront la mise en œuvre du program-
me, avec un apport en nature d’une valeur
de 288 000 dollars. Grâce à la contribution
du gouvernement coréen, qui augmente
chaque année depuis 2002, le montant
total dépasse les 2 millions de dollars. Le
partenariat entre la République de Corée et
l’OIT dans le domaine de la coopération
technique a été officiellement instauré en 2004.
Pour plus de renseignements, s’adresser au
Bureau régional de l’OIT pour l’Asie et le
Pacifique à Bangkok :
Tél. : +662.288.1234; fax : +662.288.173;
courriel: [email protected].
Protection sociale etinsertion sociale■ Les 2 et 3 octobre 2006, le ministère du
Travail et de la Solidarité sociale du
Portugal, la Commission européenne et
l’OIT ont organisé conjointement une
importante réunion internationale à
Lisbonne afin de promouvoir la protection
sociale et la lutte contre l’exclusion partout
dans le monde. L’objectif de la Conférence
mondiale, organisée autour du thème
« Protection sociale et insertion sociale:
des efforts convergents dans une
perspective mondiale », était de renforcer
les synergies entre la protection sociale, le
développement humain et les politiques de
création d’emplois. Cette manifestation a
également permis de prendre connaissance
de diverses expériences novatrices réalisées
dans différentes régions du monde et
témoignant des importants progrès
accomplis dans ce domaine.
Pour plus de renseignements, consulter le site
web de la Conférence:
http://www.psiconflisboa.com/portal/index.p
hp?option=com_frontpage&Itemid=1&lang
=EN
Valoriser la diversité ■ Des dirigeants de puissantes multina-
tionales, des ministres du Royaume-Uni,
des experts internationaux du travail et des
ONG se sont réunis à Londres du 5 au 7
octobre dernier pour une table ronde de
haut niveau sur la discrimination sur le
lieu de travail organisée par le maire de la
ville, Ken Livingston. La manifestation,
intitulée « Combattre la discrimination et
promouvoir l’égalité pour le travail décent »
a réuni plus de 200 représentants de haut
niveau de multinationales et des experts de
l’OIT. Pendant deux jours, les débats ont
porté sur des thèmes tels que la discrimi-
nation raciale, le vieillissement démogra-
phique, l’inégalité liée au handicap ou au
sexisme, ainsi que sur les solutions concrè-
tes susceptibles d’être appliquées dans tous
les domaines des relations de travail,
notamment le recrutement, la promotion,
le maintien dans l’emploi, la rémunéra-
tion, les mesures visant à concilier vie pro-
fessionnelle et vie privée et la performance.
Les conclusions et les orientations en
matière de bonnes pratiques feront l’objet
d’une publication conjointe OIT/Pacte
mondial intitulée « Valoriser la diversité ».
Institué en juillet 2000, le Pacte mondial
rassemble les entreprises et les organismes
des Nations Unies, le monde du travail et la socié-
té civile autour de principes universels en matière
d’environnement et de questions sociales.
Pour plus de renseignements, se rendre sur les
sites suivants: www.policydialogue2006.org et
www.unglobalcompact.org
Visite du Présidentitalien Giorgio Napolitano■ A l’occasion des Journées internationales des
Nations Unies pour l’abolition du travail forcé
organisées au Centre de formation de l’OIT à
Turin, le Président italien, Giorgio Napolitano, a
prononcé un discours devant quelque 600 per-
sonnes, parmi lesquelles étaient présentes les
autorités locales, l’ensemble du personnel du
Centre de Turin, ainsi que ses participants. Le
Président fut accueilli par François Eyraud,Direc-
teur exécutif de l’Organisation internationale du
Travail, et par Sergio Chiamparino, Maire de
Turin. Au nom des 150 000 personnes qui, de
par le monde, ont participé aux programmes
de formation du Centre de Turin, Rixi Roma-
na Moncada Godoy, ministre du Travail du
Honduras, a tenu à remercier le Président ita-
lien pour le soutien ininterrompu apporté
par son pays au Centre depuis sa création il y
a près de quarante ans.
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TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006 37
C’est avec grand plaisir que j’aiaccepté votre invitation à participer auxJournées internationales des NationsUnies, consacrées cette année à l’aboli-tion du travail forcé, de l’exploitation etdu travail informel, formes de travailparmi lesquelles le trafic de personnesm’apparaît comme la plus vicieuse, et àlaquelle je ne pensais pas que nousaurions encore affaire en ce XXIe siècle.
– Extrait du discours du PrésidentGiorgio Napolitano prononcé devant lepersonnel du Centre de formation del’OIT à Turin.
Grâce à la volonté politique et à unengagement mondial, nous croyons qu’ilest possible de reléguer le travail forcédans l’histoire ancienne. Le BIT a appeléà la constitution d’une alliance mondialecontre le travail forcé. Le Centre interna-tional de formation de l’OIT à Turin estfier de faire partie de cette alliance mon-diale et a mis sur pied un programme spé-cifique de formation pour favoriser uneprise de conscience du phénomène.
– Extrait de l’allocution adressée parFrançois Eyraud, Directeur du Centre deTurin, au Président Giorgio Napolitano.
PRIX POUR LA RECHERCHE SUR LE TRAVAIL DÉCENT: APPEL À CANDIDATURES
Institut international d'études sociales de l'OIT a crééun "Prix de l'OIT pour la recherche sur le travail décent",
qui sera décerné chaque année à la personnalité qui aura leplus fait progresser les connaissances dans le domaine dutravail décent pour tous, objectif central de l'OIT.
Le prix sera attribué pour la première fois lors de la pro-chaine session de la Conférence internationale du Travail, enjuin 2007. Le lauréat sera invité à prendre la parole devant unpublic composé de représentants de gouvernements, d'em-ployeurs et de travailleurs du monde entier. Le montant du prixest de 10 000 dollars.
Le prix pourra être décerné pour récompenser une publica-tion de premier ordre sur les fondements du travail décent, ausens où l'entend l'OIT, ou une vie professionnelle consacrée àl'étude de thèmes revêtant une importance fondamentale,notamment la création d'emplois, les droits au travail, la pro-tection sociale et le dialogue social. Le lauréat sera désignépar un jury composé de cinq éminents experts internationauxdu travail et des questions sociales.
Les candidatures peuvent être présentées par des particu-liers et des institutions, notamment par les gouvernements etles organisations d'employeurs et de travailleurs. Seuls des
particuliers peuvent se présenter. Les candidats devront êtreparrainés au minimum par un représentant des mandants tri-partites de l'OIT et par un universitaire éminent dans ledomaine du travail et des questions sociales. Ces deux per-sonnalités ne devront pas appartenir à la même région. Ledélai de dépôt des candidatures est fixé au 31 décembre 2006.Créé en 1960 par l'Organisation internationale du Travail entant que centre de recherches de pointe dans le domainesocial et les questions relatives au travail, l'Institut internatio-nal d'études sociales (IIES) met l'enseignement et la recher-che au service d'une meilleure compréhension des problé-matiques liées au travail.
http://www.ilo.org/public/french/bureau/inf/download/ecosoc/decentwork.pdf
Pour plus de renseignements, s'adresser à l'Institut internatio-nal d'études sociales, case postale 6, 1211 Genève 22, Suisse.Tél. : +41 22 799 6128. Fax. : +41 22 799 8542. Courriel: [email protected];www.ilo.org/public/english/bureau/inst/download/nom.pdf
L’
Le Président italien, GiorgioNapolitano, au Centre de for-mation de l’OIT à Turin, le 26octobre 2006, avec à ses côtésMercedes Bresso, Présidente dela région du Piemont etFrançois Eyraud, Directeurexécutif du BIT et Directeurdu Centre de Turin.
Le Président italien, GiorgioNapolitano, s’adressant aupersonnel du Centre de l’OITà Turin et à ses participants.
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38 TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
■ Flexicurity: A relevant approachfor Eastern Europe. Alena Nespo-rova et Sandrine Cazes. ISBN 978-92-2-119215-2. Genève, 2006. 25euros ou 35 francs suisses.
Trouver une meilleure façon decombiner flexibilité et sécurité, tel est le grand défiauquel sont confrontés les pays de l’Union européen-ne et qu’ils estiment indispensable de relever pouraméliorer leur compétitivité tout en préservant lemodèle social européen. Cet ouvrage analyse lafaçon d’atteindre cet objectif par la voie de la flexicu-rité et montre comment la mise en œuvre de poli-tiques actives dans le domaine de l’emploi et du dia-logue social peut être décisive pour le succès d’unetelle approche.
Cette étude apporte une précieuse contributionau débat sur l’impact respectif de la flexibilité et dela sécurité sur la performance du marché du travail.Elle est le fruit des recherches menées par deux desmeilleurs experts en la matière et présente des étu-des de cas fournies par des experts nationaux derenom. La thèse développée dans cet ouvrage estque l’approche de la flexicurité est la plus appro-priée pour les pays d’Europe centrale et orientale.Les auteurs recommandent donc aux gouverne-ments de ces pays de réformer en conséquenceleurs politiques économiques, le cadre institutionnelde leur marché du travail, ainsi que leurs politiquesdans les domaines de l’emploi, de l’éducation et desaffaires sociales.
■ Les indicateurs clés du marchédu travail, 4e édition, ISBN 92-2-017568-1. Genève, 2006. 200 eurosou 250 francs suisses. Inclut unCD-ROM interactif.
Cette quatrième édition des Indi-cateurs clés du marché du travail (ICMT) offre à l’uti-lisateur non spécialisé un accès direct et instantanéaux données sur les marchés du travail du mondeentier.
Cet important outil de référence regroupe unesomme considérable d’informations recueilliesauprès de banques de données internationales et desources statistiques régionales et nationales. Ilfournit des données sur plus de 200 pays pour lesannées 1980 et toutes les années ultérieures dispo-
nibles. Il présente des statistiques concernant lamain-d’oeuvre, l’emploi, le chômage, le sous-emploi,le niveau de formation des travailleurs, les salaireset la rémunération, la productivité et les coûts de lamain-d’oeuvre, l’élasticité de l’emploi ainsi que lapauvreté en tant qu’indicateurs du marché. Grâce àson application interactive, il permet aux utilisa-teurs d’accéder aux informations les plus récentesdisponibles.
L’ICMT inclut toutes les statistiques de base utili-sées pour calculer les 20 indicateurs clés du marchédu travail, ce qui permet aux chercheurs de compa-rer les économies par région et dans le temps.
■ Making microfinance work:Managing for improved perfor-mance. Craig Churchill et CherylFrankiewicz. ISBN 978-92-2-119254-1. Genève et Turin, 2006. 25 euros ou 35 francs suisses.
Ce manuel de formation passe en revue de maniè-re fort intéressante les grands principes de gestionnécessaires à l’optimisation des services fournis parles institutions de microfinance (IMF). Il présente unesynthèse des leçons tirées de l’expérience d’un grandnombre d’IMF dans le monde entier en vue d’aider lesgérants de ces institutions, ou d’une simple unité oubranche, à améliorer leur performance.
Cet ouvrage, qui fournit tout un éventail d’outilset de conseils, peut être utilisé en tant que tel oudans le cadre d’une formation en matière de ges-tion. Il examine les marchés et les techniques com-merciales des IMF et analyse les différentes façonsdont un gérant d’IMF peut promouvoir la qualité deses produits et services. Les méthodes concrètesque les auteurs proposent pour accroître l’efficaci-té et la productivité des IMF devraient permettre deminimiser les inévitables arbitrages auxquels ellessont confrontées quand elles essaient de fournirdes services sur le long terme. L’ouvrage abordeaussi la question de la gestion des risques et pré-sente des techniques concrètes pour allouer lescoûts et fixer les prix.
Ce manuel est facile à utiliser, car il est présen-té de façon claire et comporte des illustrations, desétudes de cas, ainsi qu’une longue liste de référen-ces bibliographiques et de ressources Internet per-tinentes.
■ Salaires et durée du travail parprofession et prix de détail de pro-duits alimentaires — Statis-tiques de l’enquête d’octobre duBIT (CD-ROM). ISBN 978-92-2-019191-0. Genève, 2006. 65 eurosou 100 francs suisses. Trilingue :
anglais, français et espagnol. Cette édition présente les derniers résultats de
l’Enquête d’octobre du BIT, une enquête menée au
niveau mondial qui porte sur les salaires et la duréedu travail dans 159 professions appartenant à 49groupes d’activité économique, ainsi que sur lesprix de détail de 93 articles alimentaires, avec pourréférence le mois d’octobre de chaque année.Effectuée pour la première fois par le BIT en 1924pour donner effet à une résolution de la premièreConférence internationale des statisticiens du tra-vail (1923), elle a été menée régulièrement depuis.Une version révisée et largement développée del’Enquête d’octobre a été introduite en octobre 1985.
Les professions et groupes d’activité écono-mique comprennent, autant que possible, ceux quisont importants du point de vue du nombre de per-sonnes qu’ils emploient, ceux qui relèvent de lacompétence des commissions d’industrie et descommissions assimilées du BIT et ceux qui sontimportants pour ce qui est de l’emploi de certainescatégories de travailleurs (femmes, employés, etc.).Les articles alimentaires retenus sont, dans lamesure du possible, représentatifs des habitudesalimentaires dans les divers pays.
■ Protecting the poor: A micro-insurance compendium. Sous ladirection de Craig Churchill. ISBN978-92-2-118657-1. Genève, 2006.Copublication de Munich-ReFoundation et du Groupe de travailMicro-assurance du CGAP.
80 euros ou 100 francs suisses.Cet ouvrage, qui fait autorité, constitue une
compilation des études les plus récentes menéespar les principaux universitaires, actuaires et pro-fessionnels de l’assurance et du développementspécialisés dans le domaine de la micro-assuran-ce. Il s’agit d’une ressource pratique, couvrant denombreux sujets, qui offre le panorama le plus com-plet à ce jour sur la question de la micro-assuran-ce. Voir l’article sur ce livre à la page 16.
■ Travail et temps au XXIe siècle.Sous la direction de Jean-MichelServais, Patrick Bollé, Mark Lans-ky et Christine L. Smith. ISBN 978-92-2-217956-5. 42 euros ou 60francs suisses. Disponible égale-ment en anglais.
Cette sélection d’articles publiés dans la Revueinternationale du Travail présente une analyse,unique en son genre, des mouvements de penséeet des choix politiques actuels relatifs aux grandsdéfis qui affectent non seulement tous les tra-vailleurs, mais aussi les employeurs exposés à laconcurrence mondiale et tous ceux qui élaborentles lois et les politiques à l’échelle nationale etinternationale. La question au cœur du débat estcelle de savoir comment reformuler concepts etrègles de façon à assurer la sécurité socio-écono-
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C H A M P S D ’ A C T I O N M É D I A T H È Q U EL E S N O U V E L L E S
39TRAVAIL, N° 58, DÉCEMBRE 2006
mique des citoyens et la dimension humaine du tra-vail tout en flexibilisant le marché du travail afinqu’il soit davantage compétitif pour répondre auxbesoins de l’économie mondialisée. Cet ouvrageinclut des contributions d’Armatya Sen, MarthaNussbaum, Joseph Stiglitz, Robert Reich, sir BobHepple et Alain Supiot.
■ The new offshoring of jobs andglobal development. Gary Gereffi.ISBN 978-92-9014-805-0. Genève,2006. 10 euros ou 15 francs suisses.
Cet ouvrage a été publié dansle cadre du septième cycle de
conférences de l’OIT sur la politique sociale, orga-nisé à Kingston, en Jamaïque, en décembre 2005.Ces conférences sont financées par les recettestirées du Prix Nobel de la paix décerné à l’OIT en1969. L’auteur examine les conséquences de ladélocalisation offshore sur le nombre et la qualitédes emplois au niveau mondial. Compte tenu descaractéristiques des chaînes de valeurs mondiales,il estime nécessaire de redéfinir la notion deresponsabilité sociale pour les sociétés multinatio-nales, ainsi que celle de gouvernance pour lesentreprises du secteur privé comme du secteurpublic.
■ Egalité entre hommes et fem-mes et travail décent. Conven-tions et recommandations cléspour la promotion de l’égalitéentre hommes et femmes. ISBN978-92-2-219256-4. Genève, 2006.
20 euros ou 30 francs suisses. Disponible égale-ment en français et en espagnol.
Il est de plus en plus évident que le manqued’information sur les droits des travailleuses cons-titue une entrave à l’application des normes cor-respondantes. Il est donc indispensable d’informersur ces droits pour améliorer la condition de lafemme dans la société. Ce guide présente les tex-tes de certaines des conventions fondamentales enmatière de promotion de l’égalité entre hommes etfemmes dans le monde du travail. S’il est vrai queles instruments de l’OIT s’appliquent aussi bien auxfemmes qu’aux hommes, un certain nombre de nor-mes répertoriées dans ce précieux guide concer-nent spécifiquement les travailleuses.
■ VVooll.. 114455 ((22000066)),, NN°° 33
LLeess ccoonnssééqquueenncceess ssoocciiaalleess ddee llaa mmoonnddiiaallii--
ssaattiioonn ddaannss lleess ppaayyss eenn ddéévveellooppppeemmeenntt
Partant d’une exploration approfondie des
travaux publiés sur le sujet, Eddy Lee et Marco
Vivarelli s’interrogent sur les effets de l’ac-
croissement des investissements étrangers
directs et de l’ouverture aux échanges sur l’em-
ploi, les inégalités de revenu et la pauvreté
dans les pays en développement. Leur premiè-
re conclusion est que le mouvement actuel de
mondialisation ne produit pas automatiquement
les effets positifs prévus par la théorie clas-
sique du commerce international: les résultats
varient selon les pays et les secteurs d’activité.
La capacité de tirer profit de la mondialisation
dépend des institutions et des dotations des
pays en développement, facteurs sensibles à la
qualité de l’action publique. Les auteurs
concluent par des suggestions pour maximiser
les effets positifs potentiels.
AAccccoorrddss ddee lliibbrree--éécchhaannggee eett ddrrooiittss ddeess ttrraa--
vvaaiilllleeuurrss:: éévvoolluuttiioonn rréécceennttee
Associer libéralisation des échanges et pro-
tection des droits des travailleurs: si la question
reste controversée, dans les faits, de plus en
plus d’accords de libre-échange contiennent
des dispositions sociales. Cleopatra Doumbia-
Henry et Eric Gravel font le point sur les efforts
pour promouvoir les normes du travail et aussi
sur les arguments, économiques ou autres, qui
les justifient. Ils présentent les dispositions
sociales inscrites dans des accords récents, en
insistant sur leur efficacité à protéger les droits
internationalement reconnus des travailleurs.
Certains de ces accords sont novateurs et pro-
metteurs, mais leur principale faiblesse tient
aux mécanismes de contrôle, spécialement
pour les pays qui n’ont pas ratifié les conven-
tions appropriées de l’OIT.
LLaa CCoommmmiissssiioonn dd’’eexxppeerrttss ppoouurr ll’’aapppplliiccaattiioonn
ddeess ccoonnvveennttiioonnss eett rreeccoommmmaannddaattiioonnss eett lleess
pprrooggrrèèss ddeess llééggiissllaattiioonnss nnaattiioonnaalleess
La Commission d’experts pour l’application
des conventions et recommandations a été
créée il y a quatre-vingts ans, pour assister la
Conférence internationale du Travail dans sa
tâche de contrôle de l’application des instru-
ments de l’OIT par les Etats membres. Elle est
composée de juristes de grande renommée.
Isabelle Boivin et Alberto Odero montrent ici
comment les commentaires de cette commis-
sion ont contribué à faire progresser les légis-
lations nationales notamment dans les domai-
nes suivants: liberté syndicale et négociation
collective, administration et inspection du tra-
vail, santé et sécurité au travail, égalité des
chances et de traitement, travail des enfants.
EEffffiiccaacciittéé ddee ll’’aaiiddee àà llaa rreecchheerrcchhee dd’’eemmppllooii::
éévvaalluuaattiioonn dd’’uunn pprrooggrraammmmee rruussssee vviissaanntt lleess
ffaammiilllleess àà ttrrèèss ffaaiibbllee rreevveennuu
Raymond Struyk et Kirill Chagin évaluent
l’efficacité d’un programme actif du marché du
travail mis en œuvre dans une douzaine de
villes russes. Celui-ci offre une aide à la recher-
che d’emploi, une assistance financière et
diverses autres prestations sociales. Il s’adres-
se aux chômeurs membres de familles très
pauvres. L’étude montre que les participants
ont une probabilité significativement plus éle-
vée de trouver et de garder un emploi que leurs
homologues simplement inscrits auprès des
services de l’emploi. Toutefois, ces emplois
sont moins rémunérés. L’étude portant sur la
cohorte précédente de participants montre que
75 pour cent de ceux qui avaient trouvé un
emploi avaient toujours du travail plus d’un an
après leur sortie du programme.
REVUE INTERNATIONALE DU TRAVAIL
Les publications du Bureau international du Travail peuvent être obtenues dans les principales librairies ou auprès des bureaux locaux du BIT. On peut aussi se les procurerdirectement, de même qu’un catalogue ou une liste des nouvelles publications, à l’adresse suivante : Publications du BIT, Bureau international du Travail, CH-1211 Genève 22, Suisse.Tél. : +4122/799-7828 ; fax : +4122/799-6938 ; e-mail : [email protected]; site Internet : www.ilo.org/publns
2007
CENTRE INTERNATIONAL DE FORMATION DE L'OIT • TURIN
Le Centre de l'OIT à Turin
Calendrier des cours, 2007Normes et principes et droitsfondamentaux au travailNormas internacionales del trabajo paramagistrados, juristas y docentes en derecho
1 semaine - 26/03/07 - 30/03/07
International labour standards and equality inemployment with a focus on gender issues: toolsand practice
Normes internationales du travail et égalité dansl’emploi avec emphase sur les questions de genre:instruments et pratique
2 semaines - 16/04/07 - 27/04/07
Building a global alliance against forced labour
Vers une alliance mondiale contre le travail forcé
1 semaine - 14/05/07 - 18/05/07
International labour standardsNormes internationales du travailNormas internacionales del trabajo
2 semaines - 21/05/07 - 01/06/07
Communicating labour rights - a training coursefor media professionals
1 semaine - 27/08/07 - 31/08/07
International labour standards for judges, lawyersand legal educators
Normes internationales du travail pour juges,juristes et professeurs de droit
2 semaines - 03/09/07 - 14/09/07
Séminaire sur la liberté syndicale et la dimensionsociale de l’intégration régionale
Seminario sobre la libertad sindical y la dimensiónsocial de la integración regional
2 semaines - 03/09/07 - 14/09/07
Trafficking in people, with a particular focus onchildren: new trends and responses
Traite des personnes, ciblage sur les enfants :tendances et réponses nouvelles
1 semaine - 01/10/07 - 05/10/07
Indigenous and tribal peoples:rights and good practice
1 semaine - 15/10/07 - 19/10/07
International labour standards and globalization:tools for the globalized marketplace
Les normes internationales du travail et lamondialisation: instruments pour le marché dutravail mondialisé
2 semaines - 05/11/07 - 16/11/07
Reporting on child labour - C.138 and C.182
Preparación de memorias sobre trabajo infantil-C. 138 y C. 182
1 semaine - 05/11/07 - 09/11/07
En 1965, l'Organisation internationale du Travail a établi, avecle soutien du gouvernement italien, le Centre international deformation à Turin (Italie).
Le Centre encourage le développement social et économique parl’apprentissage et la formation. À cet effet, il diffuse lesréflexions les plus approfondies, les pratiques les plus efficaceset les expériences en matière de principes et droitsfondamentaux au travail, d’emploi et de sources de revenus pourles femmes et les hommes, de protection sociale pour tous, dedialogue social, de gestion du développement et de technologiede l’apprentissage.
Ses activités s'adressent aux décideurs, aux gestionnaires, auxpraticiens et aux formateurs des trois mandants de l ’OIT, àsavoir les gouvernements, les organisations de travailleurs etcelles des employeurs.
Le Centre travaille en collaboration étroite avec des institutionsde formation régionales et nationales. L’année dernière, il a
formé plus de 11 000 personnes, dont plus de 40 pour cent defemmes.
Toutes ses activités n’ont pas eu lieu au campus à Turin.En 2005, 56 pour cent se sont déroulées dans les pays ou lesrégions d’origine des participants, et 8 pour cent ont étéorganisées à distance.
En plus des cours réguliers, le Centre conçoit des projetscomplets de formation, des services consultatifs, du matériel deformation, des plateformes d’échange de connaissances et desactivités sur mesure afin de répondre aux exigences spécifiquesdes pays d’Afrique, des Amériques, d’Asie et du Pacifique, desÉtats arabes et d’Europe.
Ce calendrier présente les “cours réguliers” qui sont proposés en2007.
Les cours sont donnés en anglais, arabe, espagnol, français,portugais et russe.
Emploi et développement des compétences
Analyse et informations sur le marché du travail
2 semaines - 19/03/07 - 30/03/07
Políticas e boas práticas de formação profissional
2 semaines - 16/04/07 - 27/04/07
Local partnerships for decent jobs and betterservices in the urban context
1 semaine - 21/05/07 - 25/05/07
Politiques et bonnes pratiques de formationprofessionnelle
1 semaine- 21/05/07 - 25/05/07
Cómo hacer frente a los problemas del empleo juvenil
Addressing youth employment problems
1.5 semaine - 02/07/07 - 11/07/07
Addressing youth employment problems
(en arabe) 1.5 semaine - 02/07/07 - 11/07/07
Putting employment at the centre of publicinvestment and poverty reduction strategies
1 semaine - 16/07/07 - 20/07/07
Decent jobs for all: employment and labourmarket policies in developing and emergingeconomies
Des emplois décents pour tous: politiques del’emploi et du marché du travail dans les paysen développement
2 semaines - 24/09/07 - 05/10/07
L’emploi en point de mire des investissementspublics et des stratégies de réduction de lapauvreté
1 semaine - 15/10/07 - 19/10/07
Labour market integration of people withdisabilities
1.5 semaine - 15/10/07 - 24/10/07
DELNETEspecialización en desarrollo local y gestiónsocial de la salud
1 an - 12/02/07 - 12/02/08
Especialización en desarrollo local
Especialização em desenvolvimento local
1 an - 20/04/07 - 20/04/08
Especialización en desarrollo local conperspectiva de género
1 an - 20/04/07 - 20/04/08
Especialização em desenvolvimento localcom perspectiva de gênero
1 an - 20/04/07 - 20/04/08
Especialización en turismo sostenible ydesarrollo local
1 an - 14/09/07 - 14/09/08
Especialización en desarrollo local
Especialização em desenvolvimento local
Specialization in local development
1an - 27/10/07 - 27/10/08
Développement des entreprisesCooperatives policy and legislation
1 semaine - 12/03/07 - 16/03/07
SME cluster and network development: principlesand practice - UNIDO-ILO Turin joint programme
2 semaines - 16/04/07 - 27/04/07
Diploma course on market-oriented businessdevelopment services (MOSBDS) - How to be abetter business adviser - the Internet version
17.5 semaines - 02/05/07 - 31/08/07
Servicios de Desarrollo Empresarial orientadosal mercado (SDE)
17.5 semaines - 02/05/07 - 31/08/07
Know About Business (KAB) workshop forpromoters and master trainers
2 semaines - 07/05/07 - 18/05/07
Start your own cultural or artistic business(SYCAB)
2 semaines - 28/05/07 - 08/06/07
Strategies for local economic development
Estrategias para el Desarrollo Económico Local(DEL)
2 semaines - 04/06/07 - 15/06/07
Training course on SME export consortiadevelopment - UNIDO-ILO Turin joint programme
1 semaine - 25/06/07 - 29/06/07
Generar procesos de desarrollo económico localmediante cooperativas (DELCOOP)
26.5 semaines - 02/07/07 - 31/12/07
The Boulder Microfinance Training Programme
Programme de Formation en MicrofinanceBoulder
3 semaines - 16/07/07 - 03/08/07
The eighth annual seminar on “Developingbusiness service markets and value chains”
1 semaine - 24/09/07 - 28/09/07
Managing small business associations (SBA)
1 semaine - 01/10/07 - 05/10/07
Creating an enabling environmentfor small enterprise development
2 semaines - 15/10/07 - 26/10/07
Creating an enabling environmentfor small enterprise development
2 semaines - 29/10/07 - 09/11/07
Curso de especialización en desarrollo empresarialy globalización
2.5 semaines - 05/11/07 - 21/11/07
Socially sensitive enterprise restructuring: how tomitigate the adverse effects on employment
2 semaines - 05/11/07 - 16/11/07
Improving enterprise performance through goodpractice in human resource management
2 semaines - 03/12/07 - 14/12/07
Protection sociale
Workshop on social health insurance
2 semaines - 12/03/07 - 23/03/07
Workshop on governance and investment ofpublic pension schemes
2 semaines - 16/04/07 - 27/04/07
International labour migration: enhancingprotection and promoting development
2 semaines - 16/04/07 - 27/04/07
2007
CENTRE INTERNATIONAL DE FORMATION DE L'OIT • TURIN
Atelier sur les régimes de pension et lefinancement de la sécurité sociale
3 semaines - 07/05/07 - 25/05/07
Formación a distancia: formulación de políticas ygestión de la seguridad social en América Latina
26 semaines - 04/06/07 - 30/11/07
Workshop on pension schemes and social securityfinancing for Arab States
2 semaines - 02/07/07 - 13/07/07
Estrategias para la extensión de la protección social
2 semaines - 16/07/07 - 27/07/07
Occupational safety and health inspection systems
2 semaines - 23/07/07 - 03/08/07
Taller sobre regímenes de seguridad social
2 semaines - 20/08/07 - 31/08/07
Post-graduate course on “Occupational safety andhealth in the workplace”
17/09/07 - 31/12/07 (distance)+ 28/01/08 - 28/03/08 (Turin)
Workshop on pension schemes
3 semaines - 01/10/07 - 19/10/07
Strategies for the extension of social protection
Stratégies pour l’extension de la protection sociale
2 semaines - 26/11/07 - 07/12/07
Activités pour les travailleurs
Trade union training in ILS and the ILODeclaration on fundamental principles and rightsat work and its follow-up
4 semaines - 29/01/07 - 23/02/07
Formation syndicale sur le renforcement descapacités en matière d’organisation
4 semaines - 26/03/07 - 20/04/07
Formación sindical en organización y desarrollo sindical
4 semaines - 26/03/07 - 20/04/07
Trade union training in capacity building for organizing
4 semaines - 14/05/07 - 08/06/07
Trade union training in employment policies witha focus on youth employment
4 semaines - 02/07/07 - 27/07/07
Formación sindical sobre economía internacional,economía política e integración regional
4 semaines - 10/09/07 - 05/10/07
Trade union training in training methodology
4 semaines - 17/09/07 - 12/10/07
Formation syndicale sur les technologies del’information
Formação sindical sobre tecnologia informática
4 semaines - 15/10/07 - 09/11/07
Note : La participation aux cours des Programmesd’activités pour les travailleurs n’est possible quesur invitation. D’autres candidats payant unmontant réduit pourront y être admis sous réservede l’approbation du groupe des travailleurs et duBureau des activités pour les travailleurs
(ACTRAV) du Bureau international du Travail.
Activités pour les employeursGeneral course on an effectiveemployers’ organization
5 jours
Gérer efficacement une organisation d’employeurs
5 jours
Employers’ organizations and SMEs: how to reach out
3 jours
Taller para organizaciones de empleadores:cómo representar y servir mejor a la PYME
3 jours
Effective participation in national tripartite bodiesand socio-economic bodies
2 - 3 jours
Participer efficacement aux organismes nationauxtripartites et socio-économiques
2 - 3 jours
Services to be delivered by employers’organizations: an in-depth course
3 jours
Training and skills policies: the services andadvocacy role of employers’ organizations
2 - 3 jours
Employers’ organizations and employmentpolicies, especially on youth employment
3 jours
Las organizaciones de empleadores y las políticasde empleo, especialmente el empleo de los jóvenes
3 jours
International trade negotiations and agreements:opportunities and implications for employers
2 - 3 jours
Négociations et accords commerciaux internationaux:perspectives et implications pour les employeurs
2 - 3 jours
Corporate social responsibility (CSR): the state of playat the international level
1 jour
Note:
En plus de ses cours réguliers, le Programme desactivités pour les employeurs offre des formationssur mesure. Chaque cours est ouvert auxorganisations d'employeurs au niveau national,provincial ou par secteur ainsi qu'auxreprésentants d'entreprises sur désignation del'Organisation internationale des employeurs(OIE) et sélection finale du CIF/OIT. Les cours sedéroulent à Turin ou sur le terrain. Les cours deformation du programme des activités pour lesemployeurs sont, en principe, seulement surinvitation. D'autres candidatures peuvent êtreacceptées moyennant des frais de participation.
Dialogue social et secteur public
Public service reform: a participatory approach
3 semaines - 28/05/07 - 15/06/07
Joint union/management negotiation skills
1 semaine - 18/06/07 - 22/06/07
Conciliation and mediation of labour disputes
1 semaine - 18/06/07 - 22/06/07
Promoting pay equity: a tripartite approach
1 semaine - 25/06/07 - 29/06/07
Gestão de recursos humanos na função pública
4 semaines - 20/08/07 - 14/09/07
Curso de especialización para expertoslatinoamericanos en relaciones laborales
3 semaines - 03/09/07 - 21/09/07
Gestion des ressources humainesdans la fonction publique
4 semaines - 01/10/07 - 26/10/07
Promoting social dialogue
2 semaines - 08/10/07 - 19/10/07
Participatory labour law-making (course A)
1 semaine - 22/10/07 - 26/10/07
Participatory labour law-making (course B-Advanced)
1 semaine - 29/10/07 - 02/11/07
L’élaboration de la législation du travail:une approche participative
1 semaine - 12/11/07 - 16/11/07
Gestion du développement
Master’s course on “Management of Development”
17 semaines - 05/02/07 - 01/06/07
Financial management and disbursement inIFI-financed projects
2 semaines - 12/03/07 - 23/03/07
International financial reporting standards,financial management and disbursementprocedures in investment projects
2 semaines - 19/03/07 - 30/03/07
Sustainable procurement - social, economic andenvironmental considerations in publicprocurement
1 semaine - 26/03/07 - 30/03/07
Post-graduate course on “International Trade Law”
12.5 semaines - 29/03/07 - 22/06/07
Procurement of information systems in WorldBank-funded projects (World Bank - ILO Turin)
2 semaines - 16/04/07 - 27/04/07
Project cycle management
2 semaines - 07/05/07 - 18/05/07
Works procurement management (World Bank -ILO Turin)
3 semaines - 14/05/07 - 01/06/07
International procurement management
2 semaines - 11/06/07 - 22/06/07
An integrated approach to the procurement ofhealth-sector goods (World Bank - ILO Turin)
2 semaines - 18/06/07 - 29/06/07
Project management in World Bank-fundedprojects: control of project delivery (time, scope,procurement, budget and resources)
1 semaine - 02/07/07 - 06/07/07
Master’s course on “Cultural projects fordevelopment”
15 semaines - 03/09/07 - 14/12/07
LL.M. (Master of Law) in “Intellectual property”
15 semaines - 03/09/07 - 14/12/07
Master’s programme on “Public procurementmanagement for sustainable development”
16 semaines - 03/09/07 - 21/12/07
Procurement management in the public sector(OECD/SIGMA - World Bank - ILO Turin)
3 semaines - 10/09/07 - 28/09/07
Project cycle management
2 semaines - 01/10/07 - 12/10/07
Procurement management in investment projects
2 semaines - 15/10/07 - 26/10/07
Equipment procurement management(World Bank - ILO Turin)
3 semaines - 15/10/07 - 02/11/07
Selection and recruitment of consultants in WorldBank-funded projects (World Bank - ILO Turin)
1 semaine - 19/11/07 - 23/11/07
Total quality management in procurementoperations
1 semaine - 26/11/07 - 30/11/07
Project management in World Bank-fundedprojects: control of project delivery (time, scope,procurement, budget and resources)
1 semaine - 03/12/07 - 07/12/07
Formation à distanceet technologie d'apprentissage
Gestión de recursos humanos por competencias
2 semaines - 21/05/07 - 01/06/07
Competency-based training of trainers
13.5 semaines - 01/06/07 - 31/08/07
Formación de formadores por competencias
31 semaines - 01/06/07 - 31/12/07
Gestion des ressources humaines par compétences
2 semaines - 24/09/07 - 05/10/07
Competency-based training of trainers
Formación de formadores por competencias
13.5 semaines - 01/10/07 - 31/12/07
Competency-based human resources management
2 semaines - 15/10/07 - 26/10/07
Gestión de recursos humanos por competencias
1 semaine - 22/10/07 - 26/10/07
Facilitate face-to-face learning
1 semaine - 03/12/07 - 07/12/07
Unité de coordinationdes questions de genre
Les questions de genre sont intégrées à toutes nosactivités de formation. D’autres activitésconcernant des domaines techniques spécifiquesfigurent sous les titres respectifs.
Open virtual learning space on mainstreaminggender equality in the world of work
30.5 semaines - 19/03/07 - 13/10/07
Gender, poverty and employment (on-line course)
30.5 semaines - 19/03/07 - 13/10/07
Género, pobreza y empleo (GPE) - curso adistancia
25 semaines - 07/05/07 - 26/10/07
Genre et développement: concepts et instrumentspour l’intégration d’une perspective de genre dansles actions de développement
2 semaines - 14/05/07 - 25/05/07
Mainstreaming gender equality: concepts andinstruments
2 semaines - 05/11/07 - 16/11/07
An introduction to gender budgeting inorganizations and institutions
1 semaine - 19/11/07 - 23/11/07
Admission
Toutes les personnes titulaires d’une bourseou disposant d’une source de financementpropre peuvent participer aux cours réguliersorganisés par le Centre international deformation de l’OIT à Turin, Italie. Cespersonnes doivent s’inscrire directementauprès du Centre.
POUR L’INSCRIPTION, INFORMATION ET PRIX,
prière de s’adresser à :
L’Unité du recrutement des participants
Centre international de formation de l’OIT
Viale Maestri del Lavoro, 10 - 10127
Turin, Italie
Tél.: (39)011•6936 671/6936 629 / 6936 111
Télécopie: (39)011• 6936 767 / 6638 842
Courrier électronique: [email protected]
Visitez notre site Web: http://www.itcilo.org
© A
FP
N°
58,d
écem
bre
200
6
Rendre à Césarce qui est à César
Juan Somavia, Directeur général du BIT
Aux millions de femmes et d'hommes qui luttent
L'OIT a salué l'attribution du Prix Nobel de la paix 2006 à MuhammadYunus et la Grameen Bank (banque privée du Bangladesh).
«…un appel à développer la micro-finance au niveau mondial, pour que lesfemmes et les hommes aient partout une chance de faire valoir leurs talents etde surmonter la pauvreté par le travail, la dignité, l'organisation et la parole.»
pour un travail décent et davantage de chances!