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Les imaginairesdu savoir

bordeaux.fr

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De même, le développement de la réalité augmentée et de la portabilitédes supports redéfinit les limites spatio-temporelles de l’action culturelle :il n’est plus possible de concevoir le moment de l’exposition dans le seulespace-temps de la visite physique d’un lieu ; la relation d’un centrede culture à ses visiteurs doit prendre en compte l’amont et l’aval de savenue et s’élargir à l’ensemble de ses visiteurs “virtuels”, sur internet.Pour cette première édition de l’Atelier, Cap Sciences a choisi de rassemblertous les acteurs de son territoire qui œuvrent dans la “mise en scènedu savoir”, cœur de métier d’un centre culturel.Ecoles, universités, artistes, entreprises audiovisuelles, informatiques,scénographes, photographes, vidéastes, journalistes… tous font évoluerleurs métiers, croisent leurs compétences, permettent l’émergencede nouvelles manières de surprendre le public, de répondre à ses attenteset de le surprendre en lui offrant des expériences inédites.

Se connaître, identifier les énergies créatives du territoire, confronteret mutualiser des expériences, proposer des projets et déboucher sur desréalisations, prendre du recul sur les avancées du “tout numérique”,explorer de nouvelles pratiques, distinguer usages et outils, renouveler despratiques d’exposition et de médiation, anticiper, imaginer… voici quelquesintentions énoncées par les participants lors de leur arrivée à l’Atelier.

Les trois parties de ce “Livre de l’Atelier”, “Les imaginaires du savoir”,“La Journée du 18 mars” et “La synthèse” rendent bien compte de ladémarche : la créativité est à la base de la mise en scène du savoir ;un réservoir de compétences est à l’œuvre sur le territoire de Bordeaux etde l’Aquitaine.

En organisant cette rencontre et en la démultipliant sur le net, Cap Sciencesa pris l’initiative de mettre en avant cette communauté et de lui proposerd’aller plus loin dans la coopération. L’aventure continue, rendez-vousen 2012 pour la prochaine rencontre de l’Atelier. Dans l’intervalle,Cap Sciences ouvre un blog et lancera plusieurs initiatives d’échanges pourdévelopper le réseau des acteurs de l’économie créative sur le territoireaquitain.

L’action culturelle est un des moteurs de l’économiede la connaissance.Quand elle participe au partage des savoir-faireet qu’elle suscite la créativité autour de projets, elleest un des moteurs de la nouvelle économie.

C’est l’objectif de l’Atelier© La créativité au service de l’économie,un programmed’échanges de Cap Sciences.

Cap Sciences est un des acteurs de l’économie créative en Aquitaine,à travers ses créations d’expositions, de supports d’activités culturelles,ses actions de médiation et son programme cap-sciences.num de mutationvers l’économie numérique.

Du fait de l’aspect particulier de ses productions, chaque expositionpeut être considérée comme un prototype, implique un mode de relationspécifique avec son environnement, fondé sur la coopération et larecherche de solutions innovantes, et non pas sur de simples relations dedonneur d’ordre à sous-traitant.

Ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler “économie créative” repose surde nouveaux modes d’organisation et de développement des savoir-faire,recomposant les frontières entre conception et réalisation, nécessitantd’associer des compétences différentes et souvent inédites dans tous lesdomaines : graphisme, image, écriture, programmation, animation 2Det 3D, etc.

La connaissance au service de l’économie

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Les imaginairesdu savoir

La journéedu 18 mars

Regards croiséssur le numérique

R e g a r d s c r o i s é s ,c o n t e n u s e n s c è n e

p 8

D e s v i s i t e u r s V I Pp 1 4

L e v i r t u e l ,u n s u p p l é m e n t d ’ â m ea u r é e l

p 2 0

L a m a t i è r e g r i s ee n p a r t a g e

p 2 6

S y n t h è s e d e l a p r e m i è r ej o u r n é e d ’ é c h a n g e s d el ’ A t e l i e r

p 5 0

D e s p e r s p e c t i v e sé c o n o m i q u e se t c o l l a b o r a t i v e s

p 3 0

L ’ A t e l i e r 2 0 1 1p 3 8

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Avant-propos

Au départ de cette enquête, il y a la rencontre avec Cap Sciences,

centre de culture scientifique, technique et industrielle Bordeaux-

Aquitaine, récemment engagé dans un programme global :

cap-sciences.num.

Édition,multimédia, scénographie, communautés d’internautes…,

tous les domaines de la médiation intègrent les révolutions

numériques, dans la perspective d’offrir de nouveaux services au

public.

Le fil rouge de ces innovations, celui où l’expertise de Cap

Sciences est désormais reconnue au-delà de l’Aquitaine, est

sans conteste l’exposition. C’est le carrefour où se croisent les

avancées de la recherche, l’univers des créateurs qui la mettent

en scène et l’imaginaire des spectateurs, toutes générations

confondues.

S’interroger et faire l’état des lieux de la nouveauté, c’est aussi

dialoguer avec les environnements traditionnels et mesurer

l’évolution des pratiques, à commencer par celles des visiteurs

eux-mêmes.

Lieu et relais, Cap Sciences réunit autour de ses projets une

multitude de métiers, de compétences, du dirigeant d’entreprise

au designer de formes. L’agglomération bordelaise et la région

Aquitaine portent ces acteurs qui font la diversité et le dynamisme

de leurs territoires.

En toile de fond apparaissent d’autres manières de collaborer,

de contribuer à une économie contemporaine et créative qui

pose à son tour des jalons pour l’avenir.

Ce panorama se veut l’instantané de cette réalité informelle,

valorisant des outils et surtout des personnes, des talents.

Il est le premier d’une série de rendez-vous où Bordeaux

et la région Aquitaine jouent un rôle de creuset d’une réflexion

active.

Aujourd’hui, les imaginaires du savoir, demain, le numérique

et son impact sur notre vie quotidienne…Le progrès scientifique,

parce qu’il nourrit notre existence, est une affaire à suivre.

Les imaginaires du savoir

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nouveaux enjeux. “Une information dense ne rime plus forcément avec

de grands panneaux. Grâce aux progrès des techniques d’impression

[numérique], il existe une continuité forte dans les salles et sur les

écrans, avec une grande fluidité de navigation. La technologie tend

d’ailleurs à s’effacer au profit du visiteur. Cela nous incite à imaginer des

mises en scène de plus en plus esthétiques.”

La portabilité de ces architectures est particulièrement étudiée, grâce

à des logiciels, et permet à certaines expositions d’être montrées

à l’étranger, comme Sur les traces de l’homme en Aquitaine, présentée

à Istanbul et Athènes. C’est un paramètre désormais pris en compte dans

le cahier des charges de Cap Sciences afin de proposer les expositions

à des structures qui les adapteront à leur capacité d’accueil.

Fondateur de l’agence Kubik, Benjamin Ribeau conçoit avec ses

collaborateurs le design graphique des expositions temporaires de la

Galerie Industrie & Recherche de Cap Sciences.

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Le premier enjeu d’une exposition est de rendre accessible à chaque

visiteur les savoirs qu’elle présente et d’en faire des outils de lecture du

monde contemporain. Il s’agit donc de s’appuyer sur des imaginaires

qui vont mêler création artistique et rigueur scientifique. Des sujets tels

que la recherche, la santé ou le développement durable s’étoffent ainsi

grâce aux arts visuels dans lesquels les créateurs puisent une esthétique

et des scénariis.

Constat le plus immédiat : les technologies numériques enrichissent

les possibilités de l’exposition en misant sur l’interactivité qu’elle offre

déjà en substance. Panneaux et modules accueillent des contenus

multimédias au potentiel infini.

Ancien étudiant à l’école des beaux-arts de Bordeaux, Frédéric Barreauest régisseur et scénographe des expositions de Cap Sciences.Impliqué sur les orientations numériques, il incarne la transition de ces

R e g a r d s c r o i s é s ,c o n t e n u s e n s c è n e

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“Nous élaborons les différentes étapes du parcours en trouvant les

codes appropriés, une écriture visuelle qui traduise un message

attractif et rapidement intelligible, marquant les esprits.” Du mobilier

à la typographie, en passant par l’élaboration de vidéos interactives,

l’espace est scénarisé en une immersion ludique et attrayante.

Parmi les nouvelles générations de graphistes et web designer,

nombreux sont ceux familiers de la pratique du jeu vidéo et convaincus

de sa pertinence en tant que média. Benoît Santa Maria, fondateurd’Objectif Prod, y fait largement référence dans les animations qu’ilréalise, notamment pour les expositions de Cap Sciences. “Il faut

se mettre à la place du visiteur, envisager pour lui la façon la plus

rapide de s’approprier le programme et d’y naviguer. Dans le jeu vidéo,

il y a aussi des échos du cinéma, de la fiction, car ce sont aujourd’hui

des modes d’expression qui s’influencent mutuellement.”

Ainsi, la création d’un personnage-guide facilite l’accès à un contenu

pédagogique pour le spectateur-visiteur qui s’identifie à son “double”

virtuel. Lui aussi imprégné de cette culture des gamers, le graphiste

Thomas Saint-Upéry précise que “jouer, c’est être acteur de ses choix,comme dans les jeux de rôle, ou maîtriser son accès à l’information

ainsi que les reportages multimédias nous y invitent de plus en plus.”

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© Cap Sciences

Galerie Industrie & Recherche

Scénographie en 3D

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L’INTERACTIVITÉ, C’EST UN MÉTIER

Après des études en sciences puis en cinéma à Bordeaux,Benoît SantaMaria crée Objectif Prod en 2002, en plein essor de l’audiovisuel

numérique. Réalisateur de films de sensibilisation pour l’Ecole de

l’asthme ou le Centre d’études nucléaires de Bordeaux-Gradignan,

il a piloté plusieurs expositions virtuelles pour Cap Sciences dont

Clim’Way qui a connu un vif succès. Inspirée des “serious game”, cette

exposition-jeu interactive permet de gérer l’évolution d’une ville en

y intégrant les problématiques du développement durable.

Se définissant comme un “touche-à-tout”, Benoît Santa Maria coordonne

autant la direction artistique que la production d’un projet, et s’entoure

de multiples collaborateurs : musicien pour les atmosphères, auteur de

BD pour les story-boards, spécialiste des animations Flash…

HÉROS DES SCIENCES

Infographiste free lance, Thomas Saint-Upéry a fait ses armes dansla création d’outils multimédias à vocation pédagogique et culturelle,

notamment avec l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3. Diplômé

d’histoire de l’art, amateur de cinéma et de mangas, il pratique aussi la

photographie. Pour l’exposition Mission Archéo (Cap Sciences),

il invente une scénographie simulant les palissades d’un chantier de

fouilles. L’emploi des codes de la bande dessinée (personnages,

dialogues) vulgarise la compréhension scientifique et la découverte du

métier d’archéologue. Dans l’exposition virtuelle Question paysage

(Cap Sciences et le Conseil général de la Gironde), l’internaute se glisse

dans la peau d’un journaliste et mène l’enquête sur les enjeux que

recouvre cette thématique.

© Cap Sciences - TSU Design© Cap Sciences - Objectif Prod

12 13

Serious game Clim’WayMission Archéo

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La démarche d’innovation qui anime la philosophie de Cap Sciences

s’est illustrée à travers la réalisation de plusieurs outils, sollicitant des

collaborations nouvelles et diverses. Certaines expérimentations ont pu

être menées en amont pour d’autres établissements de la région.

Lab XXI, société paloise spécialisée dans la diffusion de contenus

culturels, a ainsi conçu expoMuseo, une application dédiée à la

création d’expositions virtuelles. Élaborée pour le Musée national du

château de Pau, à l’occasion de l’exposition du photographe Didier

Sorbé, Mémoire de monuments, il s’agit d’une plate-forme en open

source, collaborative et “prête-à-l’emploi”. Sur internet, outre la

navigation virtuelle, l’interface offre un parcours ludique pour voir les

œuvres différemment. “L’interactivité s’effectue dans les deux sens,

observe Pierre Fillon de Lab XXI. Pour certains publics moins familiersdes musées, l’exposition virtuelle invite à découvrir les photographies

in situ. Au même titre qu’un tableau, la confrontation directe avec les

œuvres reste une expérience irremplaçable, surtout dans un espace

doté d’une richesse historique comme le château de Pau.”

Lab XXI a aussi été impliquée dans plusieurs projets avec Cap Sciences

dont l’intégration de puces RFID** dans l’exposition Consom’attitudes,

en collaboration avec le studio bordelais Cinétique Productions. Émettant

par radio-fréquence, la puce RFID permet de déclencher à distance des

informations contenues dans des bornes. Le visiteur, en les actionnant,

se constitue un parcours personnalisé qu’il peut retrouver sur le web et

partager au sein de la communauté des sciencesOnautes.

Le thème de l’éco-consommation abordé dans Consom’attitudes

appelait des débats d’idées, des échanges de points de vue par sa

dimension sociologique. Le point de départ se voulait ludique mais,

à l’arrivée, on s’évalue en tant que citoyen.

1514

D e s v i s i t e u r s V I P *

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16

Pour l’institution, la RFID est un indicateur sur la fréquentation et la

qualité d’une exposition, avec la possibilité de modifier ses contenus

en temps réel. “Une présentation peut être adaptée au profil et aux

attentes de ses visiteurs, explique Frédéric Barreau, chargé de mettre

en place le volet numérique de Consom’attitudes. Mais de manière

générale, il s’agit davantage d’une orientation que d’un pilotage

entièrement maîtrisé.”

La combinaison de la RFID et d’Internet permet de fidéliser le public

sur le plan de la communication, avec des visites réservées et des

offres sur mesure. Quant à l’internaute-visiteur, il pérennise une

expérience et lui donne un écho plus large.

* VIP : Visite Interactive Personnalisée** RFID, Radio Frequency Identification (Identification par radiofréquences)

Borne sciencesOnaute Exposition Consom’Attitudes

Mémoire de monuments

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L’IMAGE EN MOUVEMENT

Le parcours de Pierre Fossey, graphiste de formation, illustre bien lesévolutions de sa profession liées au numérique. Créateur “plurimédia”,

son fil rouge est l’image, fixe ou en mouvement, sans contraintes de

supports : identité visuelle, films pour Internet ou en live (il pratique le

vijing, l’art de mixer sur scène des séquences vidéo), sites, édition

numérique ou papier… Il a participé aux scénographies de la biennale

d’architecture de Bordeaux (Agora), en 2008, et du pavillon français de

la biennale d’architecture de Venise.

Cinétique Productions a réalisé pour Cap Sciences un outil permettantde créer le site Internet de chaque nouvelle exposition tout en conservant

une matrice commune et une identité graphique reconnaissable et

modulable.

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UN CLIC, DES BONNES PRATIQUES

Créé en 2009, le Club Innovation et Culture France réunit trente

institutions culturelles et scientifiques (dont Cap Sciences) sensibilisées

aux problématiques des technologies numériques. Veille, retours

d’usages, projets communs de développement et de partenariat,

relations avec les lieux culturels et scientifiques étrangers, le Clic

est également à l’initiative des rencontres nationales“Culture& Innovation(s)”.

Son site constitue une véritable plateforme collaborative avec de nombreux

dossiers et articles. (www.club-innovation-culture.fr)

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“C’est aussi une manière de promouvoir les avancées de la recherche

auprès du grand public dans des domaines où il y a tout à inventer”,

commente Martin Hachet, chercheur en informatique. “Grâce aux

interfaces tactiles, on pourra naviguer en 3D de façon plus intuitive, en

supprimant les interfaces classiques”, souligne Pascal Guitton, directeurde recherche de l’INRIA.

Programmé sur trois ans, InSTinCT a reçu un financement de l’ANR**,

tout comme d’autres projets qui intègrent la réalité virtuelle au domaine

scientifique et culturel.

SeARCH rassemble des informaticiens du laboratoire IPARLA, desarchéologues d’Ausonius (Université Michel de Montaigne Bordeaux3) et d’Alexandrie autour de la numérisation des fragments du célèbre

Phare, dans l’hypothèse de les reconstruire virtuellement dans leur

environnement d’origine.

Plus généralement employées dans la recherche médicale ou les

applications industrielles, les interactions 3D peuvent être développées

pour des solutions tournées vers le grand public. Même si l’on en est

encore aux balbutiements, des initiatives mettent en pratique ces

innovations.

InSTinCT est un projet qui réunit l’INRIA* Bordeaux et Lille, Cap

Sciences et la société Immersion autour des surfaces tactiles, simples

d’utilisation mais limitées en terme de navigation. Accessible aux

visiteurs de Cap Sciences, le prototype Cubtile, réalisé par la société

Immersion, est doté de faces multi-points pour déplacer l’infrastructuredu pont Bacalan-Bastide dans des perspectives de Bordeaux

restituées sur un écran. Un test s’effectue ainsi auprès d’un large panel

d’utilisateurs et permet aux chercheurs d’en améliorer le fonctionnement,

toutes les manipulations étant enregistrées dans la mémoire interne de

l’appareil.

2120

L e v i r t u e l ,u n s u p p l é m e n t d ’ â m e

a u r é e l

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22

Le programme ANR CARE associe quant à lui Immersion et le Museum

d’histoire naturelle deToulouse pour numériser les pièces de ses collections

et les rendre accessibles au public sous forme d’hologrammes.

Autre projet, une application recréant le Bordeaux d’autrefois au gré

de la déambulation du promeneur est actuellement développée par la

sociétéAxyz, spécialiste des technologies 3D,etVéronique Lespinet-Najib,enseignante-chercheur à l’ENSC (École nationale supérieure de cognitique).Grâce à la caméra d’une tablette tactile, l’utilisateur pourra voir sur son

écran, en temps réel, des reconstitutions virtuelles des anciens quartiers

et monuments de la ville, guidé par les personnalités ayant marqué son

histoire. Le challenge est d’imaginer le fonctionnement sur le terrain

dans des situations extrêmement variées et ce pour un public de 7 à 77

ans.

Jean-Luc Rumeau, fondateur et dirigeant d’Axyz, est à l’initiative dece projet inédit : “Le parcours s’élabore à partir d’un véritable scénario,

combinant à la fois des indices, des énigmes, ainsi que les données

réunies par les meilleurs historiens. Grâce à l’ajout du son et du

mouvement, le visiteur explorera le passé pour s’approprier l’histoire

de façon dynamique. La collaboration avec l’École de cognitique

est capitale en terme de préconisations d’usages et de tests. Le succès

d’une telle application reposant sur sa simplicité.”

* INRIA Institut National de Recherche en Informatique et Automatique**Agence Nationale de la Recherche

Le prototype Cubtile

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CHERCHEURS EN ÉVEIL

Évoluant au sein de l’INRIA et du laboratoire IPARLA (intégré au LaBRI,Laboratoire bordelais de Recherche en Informatique), Martin Hachet

a mis au point le CAT (Control Action Table) résultat d’un transfert de

technologie avec la société Immersion. Ce “joystick” géant est

composé d’un volant capable d’offrir plusieurs degrés de rotation aux

images virtuelles et de réagir à une pression de l’usager.

Martin Hachet a aussi collaboré avec des musiciens pour développer

des environnements où l’utilisateur se déplace et agit sur des objets

virtuels sonores.Tant du point de vue de la création que de la perception,

ce sont de nouvelles pistes à explorer.

Le LaBRI est doté de salles d’expérimentation, avec systèmes de capturede mouvement des utilisateurs, écrans stéréoscopiques (pour voir les

images en relief).

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LE VIRTUEL CLÉ EN MAIN

Société bordelaise créée en 1994 par Christophe Chartier, Immersionest reconnue au niveau européen pour son savoir-faire en matière de

réalité virtuelle et augmentée.

Sa spécificité s’est bâtie selon trois axes : le négoce des périphériques

de réalité virtuelle (casques, capteurs, projecteurs 3D), la création

clé en main d’environnements complets de simulations virtuelles (salles

immersives) pour une clientèle d’industriels (constructeurs automobile,

aéronautique), et la mise en place d’un département recherche et

développement.

Immersion développe entre autre des tables tactiles (iliGHT) où l’on peut

modifier en temps réel les paramètres d’un projet d’urbanisme,

d’architecture ou de design.

LES ORFÈVRES DU NUMÉRIQUE

Forte de dix-huit années d’activité, Axyz est l’une des entreprises

bordelaise les plus reconnues dans les univers 3D. Spécialisée dans les

images de synthèse pour les architectes et la reconstitution du

patrimoine historique, elle compte à son actif plusieurs premières

en France en matière de visites virtuelles. La R&D et l’agglomération

de compétences ont toujours été une préoccupation d’Axyz.

Heritage Prod rassemble un cluster d’entreprises de Paris et Bordeaux,ainsi que des laboratoires, destiné à développer des projets numériques

dans le patrimoine.

Avec I2S, spécialiste de la numérisation 2D basé à Pessac, une filière

du patrimoine numérique se met en place en Aquitaine, rattachée

à POLINUM, plateforme collaborative dédiée au livre numérique.Control Action Table

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L’intégration des nouvelles technologies assouplit les limites de l’exposition.

Une évolution épousant le mode de diffusion des connaissances,

à l’heure de Facebook, Twitter et Flickr. Le public, sur ces espaces, peut

se faire prescripteur et l’enjeu pour l’institution muséale est d’adapter

son offre et de la valoriser. Il en va de sa propre visibilité, notamment

auprès des jeunes générations, mais aussi de sa crédibilité auprès des

micro-communautés de spécialistes rapprochées par la toile.

Aux médiateurs d’imaginer comment les prolongements numériques

peuvent vivre, en amont comme en aval.

“Nous effectuons une veille permanente, indique Sébastien Cursan,chargé de la médiation numérique à Cap Sciences, qui implique de

se former en interne, de dialoguer entre nos différentes branches

d’activité, webmaster, édition, pour élaborer avec nos prestataires des

cahiers des charges innovants. Entre l’espace physique et numérique,

nous pourrions imaginer des zones de ‘‘frottements’’, des médiathèques

‘‘augmentées’’ permettant d’explorer les commentaires qu’une exposition

génère sur internet.”

Toutefois, même si le public s’empare spontanément des technologies,

les médiateurs ont toujours leur rôle à jouer pour accompagner et faire

le lien entre le visiteur et les nouveaux supports d’exposition.

Ces mutations trouvent un écho dans les préoccupations qui animent

le monde de la recherche universitaire. Le projet d’Institut des Humanités

digitales de Bordeaux fédère ainsi sciences “dures” et sciences

humaines. Valérie Carayol, directrice duMICA*, est l’un des pilotes del’opération.

“Des réseaux sociaux aux mondes virtuels, internet et le numérique

sont parmi les nouveaux terrains d’investigation. Les langages y étant

multiples, les chercheurs doivent être en mesure d’étudier les témoi-

gnages qui en seront issus.

2726

L a m a t i è r e g r i s ee n p a r t a g e

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2928

De fait, sciences et sciences humaines collaborent pour concevoir des

outils d’analyse et d’archivage pertinents face à ces environnements en

évolution constante. Le numérique est une opportunité formidable pour

valoriser les résultats de la recherche et donner accès à des ressources

qui seront à leur tour enrichies.”

En outre, par leur analyse des pratiques numériques, les sciences

humaines permettent d’apporter à la science une réflexion sur les

conséquences sociales et éthiques des innovations qu’elle génère.

Jean-François Trinquecoste, directeur d’un master en marketing

à l’IAE** (Université Montesquieu Bordeaux IV) et membre d’un thinktank dévolu à l’économie créative, étaye cette opinion. “L’un des

enjeux est de mesurer ce que les technologies de l’information et de la

communication peuvent apporter à la pédagogie des sciences. Nous

avons désormais un accès massif à l’information, ce qui est à la fois la

vertu et la limite d’internet car quel degré de crédibilité accorder aux

ressources qui y sont diffusées ?”

La question des rapports entre science et société se révèle donc

capitale. Une médiation s’avère nécessaire si l’on souhaite que chaque

citoyen soit en mesure de formuler lui-même une appréciation informée

devant la connaissance.

*Le MICA est le laboratoire en Médiation, Information, Communication et Art del’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3**IAE Institut d’Administration des Entreprises

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Les nouvelles technologies transforment radicalement nos modes

de vie dans tous les domaines et les innovations voient le jour à un

tel rythme que la “nouveauté” elle-même est rapidement frappée

d’obsolescence. C’est pourquoi nous ne sommes pas toujours

conscients de l’amplitude d’un tel bouleversement. Pascal Guitton,

directeur de recherche à l’INRIA, rappelle le rôle central du

chercheur : “Nous vivons dans un monde où un grand nombre de nos

choix est basé sur la technologie et les sciences. C’est précisément le

devoir du chercheur public d’expliquer les révolutions numériques,

de contribuer à résoudre des problèmes de société.”

Loin de se couper des réalités économiques et sociales, chercheurs

et entreprises travaillent ensemble, de façon complémentaire et indis-

sociable, comme en témoignent les projets évoqués jusqu’ici. “Au-delà

des complémentarités techniques, souligne Pascal Guitton, Bordeaux

et l’Aquitaine possèdent une très forte complémentarité humaine.

Les gens se connaissent et s’apprécient. A partir de là, on peut

construire plus facilement.”

La variété des projets initiés par Cap Sciences a naturellement tissé un

réseau composé d’experts qui travaillent en synergie. Plus largement,

la mobilité est de mise dans les métiers, et les équipes se forment en

fonction des compétences de chacun, invité à exercer et partager ses

talents au service du projet.

Les objectifs sont tels qu’il est aujourd’hui indispensable de savoir

parfaitement recruter et coordonner les différents acteurs. Les animations

3D de monuments historiques réalisées par la société Axyz nécessitent

par exemple le travail concerté d’une doctorante en histoire, d’un

archéologue et de réalisateurs formés au documentaire traditionnel.

Pierre Renollet, directeur de l’école de design Créasud, dont lesétudiants sont impliqués dans la conception d’expositions pour

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D e s p e r s p e c t i v e sé c o n o m i q u e s

e t c o l l a b o r a t i v e s

Page 17: Imaginaire du savoir 2011

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Cap Sciences, corrobore ce témoignage, et ce dès la formation.

“Le designer n’intervient plus en fin de chaîne pour réaliser un bel objet.

Idéalement, il est présent dès la définition des stratégies de développement

qui sont de plus en plus axées sur l’innovation. Il doit posséder un

savoir-faire mais être surtout capable de réfléchir globalement sur une

problématique de fond avec un ingénieur ou un directeur marketing.”

Dans ces projets intégrant les nouvelles technologies, commanditaires

et prestataires sont amenés à dialoguer de façon plus rapprochée.

Elaborant le carnet de bord numérique réalisé par Cap Sciences dans

le cadre d’une exposition d’Aquitaine Cap métiers, Aesia et Yaal ontmis en place desméthodes“agiles”, reposant sur un principe d’adaptabilité.

“Dans un projet classique,comme l’explique Arthur Ledard, co-fondateurde Yaal, le point de départ est un cahier des charges contractuel où chaque

étape est détaillée. Une fois tous les aspects déterminés,

le prestataire démarre la réalisation pour livrer clé en main un outil que

le client n’aura pas vu durant son élaboration. Or, de nombreux projets

nécessitent un feed-back plus régulier, des points hebdomadaires par

exemple, en raison d’une part de technologie plus importante.”

Quant aux structures, il est encore trop tôt pour formuler un avis sur la

fiabilité et la pérennité de leur modèle économique. La plupart des

acteurs du secteur s’apparentent à des micro-entreprises mais on

trouve également des SARL ou des SCOP* comme pour Aesia, dont les

associés revendiquent à la fois des prises de décision collégiales et des

bénéfices redistribués à parts égales.

Par ailleurs, la généralisation des logiciels gratuits et la démocratisation

(relative) du numérique modifient la prestation de service. “Avant,

résument Philippe Turon et Pierre Fillon de Lab XXI, nous vendions dulogiciel propriétaire. Aujourd’hui nous vendons davantage d’accompa-

gnement et de formation aux outils pour nos clients. Il est devenu

illusoire de vouloir se prémunir coûte que coûte de la copie. Outre sa

grande capacité d’évolution, un logiciel open source est aussi vecteur

de modèles économiques car un logiciel qui marche connaît

une diffusion en conséquence et peut définir une norme si les gens

l’adoptent facilement.”

D’une manière générale, les modèles économiques sont maîtrisés,

certaines structures connaissant une forte croissance grâce à une R&D

au long cours (Immersion, Systonic), d’autres, plus modestes en taille,ont gagné une indéniable reconnaissance en ayant su associer

innovation et création.

En marge de ces préoccupations, s’ajoutent des initiatives comme celle

d’Alain Gross, directeur de l’agence de communication Aggelos.Membre de l’association Entreprise humaine, qui a pour but d’améliorer

les pratiques managériales, Aggelos est également à l’origine d’un

logiciel qui permet à tout commanditaire d’évaluer l’impact environne-

mental de sa communication.

Dernier jalon de ce panorama, la question des droits d’auteurs affleure

sensiblement. Elle s’impose en raison de la multiplication des supports

mais aussi du nombre d’intervenants conviés sur les projets numériques.

Si la protection des créations se pose de façon accrue avec

internet, Xavier Daverat, professeur à l’université Montesquieu

Bordeaux IV, spécialiste du domaine de la propriété intellectuelle, tient à

relativiser les inquiétudes : “Le droit d’auteur est aujourd’hui beaucoup

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34

plus sollicité mais il n’est pas forcément moins bien protégé. De plus en

plus de professionnels s’en prémunissent et un travail permanent de

veille numérique doit être effectué pour rédiger les contrats appropriés,

notamment déterminer précisément ce qui fait œuvre, pour ensuite

définir les possibilités de diffusion qui sont susceptibles d’évoluer dans

le temps. Dans le cinéma, les contrats sont verrouillés depuis

longtemps et intègrent un grand nombre de déclinaisons : hertzien,

numérique, exploitation en salles, à l’étranger… Elles constituent

d’ailleurs des débouchés économiques supplémentaires ce qui

n’empêche pas au final que nous soyons dans une conception très

libérale de la circulation et de l’utilisation des œuvres.”

* SCOP : Société coopérative ouvrière de production

Modélisation du pont Bacalan-Bastide

Table tactile, exposition Secrets de Ponts

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EXPLORER TOUS LES LANGAGES

Agence de communication généraliste, Aggelos a conçu pour Cap

Sciences un atlas en technologie Flash dynamique. À mi-chemin entre

le livre numérique et l’exposition virtuelle, l’internaute explore l’histoire

des territoires aquitains, avec la possibilité de se constituer son propre

recueil d’articles, voire d’y apporter une contribution.

Récemment, en collaboration avec le graphiste Thomas Saint-Upéry,

Aggelos a mis au point l’exposition virtuelle Au rendez-vous des

langues. Un travelling interactif, dans une atmosphère de café animé,

invite à s’immiscer dans la richesse culturelle et scientifique du

langage.

Aggelos est également positionnée sur les responsabilités sociétales

des entreprises.

CHOISIR SON MÉTIER SUR iPOD

Installée dans la pépinière éco-créative de Bordeaux, Aesia développe

des applications informatiques pour des studios d’animations et conçoit

ses propres jeux en ligne. L’équipe est membre de l’association

Bordeaux Games qui regroupe les principaux acteurs du jeu vidéo enAquitaine. En collaboration avec Yaal, une autre société de la pépinière,

ils ont réalisé pour Cap Sciences le premier carnet de bord numérique

inauguré dans une exposition d’Aquitaine Cap métiers (association

d’information sur les formations et les métiers). Intégrée à un iPod,

l’interface implique le visiteur en lui donnant des informations complé-

mentaires et en testant sa compréhension du parcours. Destiné à tout

type de public, cet outil permet d’évaluer sa propre affinité avec les

métiers présentés et de conserver une trace de sa visite, comme un

repère dans ses choix d’orientation.

L’INNOVATION DANS LA DURÉE

Fondée en 1989 par Hervé Berthou et Jean-Paul Lieux, Systonic estspécialisée dans la communication électronique, à la croisée du

marketing et de l’ingénierie informatique. Elle a mis au point le site

internet de Cap Sciences, une présentation de type portail, destinée

à un très large public, qui a intégré progressivement une gestion en

interne et des fonctions plus interactives : expositions virtuelles, chaîne

d’information multimédia (www.infosciences-aquitaine.net), une

évolution qui reflète celles du marché en général. Outre la réalisation

de sites, l’entreprise accompagne ses clients sur toute la chaîne

Internet. Systonic a vécu plusieurs cycles technologiques, réussissant

à porter l’innovation dans la durée, conservant un ancrage régional tout

en démontrant une belle réussite économique.

3736

Exposition virtuelle Au rendez-vous des langues

Page 20: Imaginaire du savoir 2011

“La Journéedu 18 Mars”

Page 21: Imaginaire du savoir 2011

41

En direct des rencontresEco créatives : le liveblogging de Cap Sciences

Le Studio Blog de Cap Sciencesvous propose de suivre en directla rencontre des professionnelsde l’économie créative qui a lieuce vendredi à Cap Sciences.Après le ”live blogging” proposéà l’occasion des Transversesde Bordeaux 3, nous poussonsl’innovation jusqu’à retransmettreen direct les débats en vidéos.Et surtout, nous organisonsun suivi rédactionnel en live grâceau logiciel Cover it Live, utilisépar quelques médias anglo-saxonset en France par lemonde.fr.

>9h31 >11h17Bordeaux, ville universelle, villecréative

“Économie créative” ; la notion développéeaujourd’hui à Cap Sciences n’est pas étrangère à la villede Bordeaux. Selon Constance Mollat, conseillère municipaleDéléguée auprès de Josy Reiffers pour la communicationet la diffusion des savoirs de l’université depuis troisans, “Bordeaux est très tournée vers le numériqueet le futur, avec une politique axéesur l’économie créative”.

“Donne une âmeau numérique”

Pour Pascal Latouche, directeur Nouveaux ConceptsMarketing chez Orange, la personne doit être au coeur du dispositifet les innovations technologiques sont autant de moyens pour répondreà ses attentes.

Josy Reiffers

>12h03

Pascal Latouche

Marion Sabourdy

Les rédacteurs

Alexandre Marsat

“La Journéedu 18 Mars”

40

- Retrouvez l’intégralité des articles,

proposés ici, sur le blog studio.cap-sciences.net.

Ils ont été écrits par l’équipe rédactionnelle

mise en place à l’occasion de l’événement

Marianne Peyri

Page 22: Imaginaire du savoir 2011

Marine :du musée aux médias

Aujourd’hui jeune docteureen sociologie et sciences del’information et de la communication,Marine Soichot, spécialiste du “chan-gement climatique comme “pro-blème public” et de son traitementpar les musées et centres de

sciences”.A ce titre, elle a longue-ment traité le cas duserious game “made inCap Sciences” Clim Cityrenommé en Clim Way.

>12h14 >14h06Ne pas oublier les savoirsessentiels

Frédéric Levy, directeur adjoint del’Ecole Supérieure des Métiers de l’Image :“On s’est interrogé sur la manière de transmettre le savoir.Est-ce en privilégiant le contenu ou le contenant ?”Tout le monde autour de la table était d’accord pour direque l’un ne doit pas primer sur l’autre.

43

Marine Soichot

Frédéric Levy

L’utilisateur avant tout

François-Xavier Bodin, l’un desrapporteurs du premier atelierde ce matin, est “tombé” dans le webdepuis 1992. Depuis, il a participéà un certain nombre de projets dansla communication en ligneet le e-learning. Il se définit lui-mêmecomme un “spécialiste de l’architec-ture de l’information”. “Mon leitmotivest de comprendre le service qu’onrend ainsi que les intentions futuresde l’utilisateur quand il sera devantun système”.

>14h22

François-Xavier Bodin

Benoît Hermet et Jean-Alain Pigearias

42

Page 23: Imaginaire du savoir 2011

Le graphisme au servicedes sciences

Deuxième rapporteur de la matinée,Benjamin Ribeau est graphisteet chargé de communication visuelledans l’agence bordelaise Kubik.“Cap Sciences nous donnele contenu et on le met en scène,avec beaucoup de liberté dansla création”, résume Benjamin, citantl’exemple de l’expositionactuelle “Sports en eau”.Pour lui, “les sciences ne nécessitentpas de codes particuliersEn revanche, elles ont une grosseexigence en termes de contenus,ce qui nous oblige à nous poserde manière plus profonde la questiondu rapport au public, aux initiés,à l’apport du visuel pour retranscriredes connaissances”.

>14h52 >15h03“L’outil ne dispense pasd’un bon scénario ni de lamédiation humaine”

Entretien avec Eric Le Collen, conseillerartistique et scénographique au Centre culturelet touristique du vin.

Un blog pourcomprendre son métier

Cette journée dédiée en partieau web rassemble quelques “twittos”et blogueurs de la scène culturellescientifique française. Parmi eux,Malvina Artheau : “Ce qui l’intéressele plus dans le numérique : “le côtélibre, partage et co-constructiondes savoirs”.

>15h11Benjamin Ribeau

Eric Le Collen

Malvina Artheau

4544

Antoine Pithon

Constance Mollat Eric Perrin Bernard Alaux

Page 24: Imaginaire du savoir 2011

Orange :télécommunicationsmais pas seulement !

Julien Anselme directeur de projetsinnovants chez Orange Labs : “Je suisvenu ici car je m’intéresse à tout ce quitourne autour de la mise en avant destechnologies dans le cadre du tourisme,de la muséographie, des nouvellesinteractions avec les citoyens”.“Il faut bien comprendre l’écosys-tème en présence : les produc-teurs, les contenus, la sociologiedes publics”. Autant de sujets quesa table-ronde a abordé ce matin :“on a pris du recul sur la technologiepour la regarder avec un œilsociologique. Cela a élevé le débatde manière très intéressante”.

>15h38 >15h42Photographe à l’heure dunumérique

Jean-Bernard Nadeau, photographe :“Pour les photographes, l’outil numérique est avanttout une ouverture immense à des marchés de niche,il permet notamment d’envoyer une grande quantitéde photos très rapidement et très facilement. Avantpour présenter mes books photos, je devais aller entrain à Paris, téléphoner, organiser des rendez-vous…”

Un blog pour comprendreson métier

Selon Yves-Armel Martin, directeurde l’espace d’expérimentation desusages du numérique du départementdu Rhône, la philosophie d’Erasme est assezproche de Cap Sciences : “comprendrecomment le numérique impacte l’espaced’exposition”. Une approche différented’autres lieux de sciences, comme le Muséumde Toulouse, qui mène un excellent travailmais plutôt du côté des réseaux sociaux.

>16h54

Jean-Bernard Nadeau

47

Yves-Armel Martin

46

Page 25: Imaginaire du savoir 2011

>17h01 >17h27Quand créativité rimeavec rentabilité…

Nouveau secteur émergent, l’économie créativese doit d’inventer ses propres modèles économiques.Exemple avec la SCOP bordelaise Aesia, qui conçoit des jeuxvidéos en ligne et développe des applications informatiquespour des studios d’animations. “Nos jeux vidéo, en effet,sont gratuits à l’inscription, explique Frédéric Rorai,co-fondateur d’Aesia. Il nous fallait donc trouver d’autresficelles de rentabilité. Le modèle économique,c’est notamment le micro-paiement.Sur certains type de jeux, il y a une vraie rentabilité”.

Frédéric Rorai

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Dominique Rodriguez

>17h43

Du côté des formationsprofessionnelles…

Dominique Rodriguez, directricede l’ESMI : “il y a 20 ans, on avaitdu mal à trouver du travail dans cesdomaines. Les nouvellestechnologies ont créé beaucoupde nouveaux métiers.Aujourd’hui, nos étudiants peuventtravailler avec un architecte,chez un créateur de jeux vidéo,à la réalisation cinématographiqueou dans le domaine de la réalitéaugmentée par exemple”.

“Nous formons des professionnelsde haut niveau. La qualité du travailfait la différence. Bien sûr, n’importequi peut faire son site aujourd’huimais nous nous différencionspar l’aspect qualitatif face à des gensqui s’auto-forment, qui bidouillent”.

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Laurent Chicoineau

Du CDRom au FabLabs

Laurent Chicoineau, directeur de la Casemat,centre de culture scientifique à Grenoble :“en 1995, j’ai créé un CDRom de médiation de lamicroélectronique !”. “Beaucoup sont pessimisteset ne voient pas tout le côté constructifet les potentialités du numérique et de l’économiecréative”.

Page 26: Imaginaire du savoir 2011

Regards croisés sur le numériqueS y n t h è s ed e l a p r e m i è r e j o u r n é ed ’ é c h a n g e s d e l ’ A t e l i e r ,

1 8 m a r s 2 0 1 1

Page 27: Imaginaire du savoir 2011

52

Associer très tôt les médiateursDes réserves ont été émises à l’égard des tablettes numériques

ou des applications sur smartphone, qui se limitent à une expérience

individuelle ou en très petit nombre. Lecture de documents, “serious

game” en équipes… Les possibilités sont multiples et la convivialité

assez immédiate.

Au fond, on a toujours besoin de connaître les motivations du public

pour en déduire les interfaces, in situ, hors les murs, sur le web…

Une exposition reste une histoire croisée avec le spectateur.

D’où l’importance d’associer très tôt les médiateurs à la conception.

Ce qui ne semble pas encore assez systématique.

La muséographie, un ping-pong permanent“L’humain est irremplaçable, quel que soit le support, a ainsi ajouté

le scénographe Olivier Demangeat. Le contact et la rencontre n’enta-

ment en rien le scénario muséographique numérique. Au contraire,

ils en sont les déclencheurs, et le médiateur construit spontanément

une situation d’échange avec le visiteur.

“Il n’y aura jamais rien d’aussi interactif que l’être humain !”,

a renchéri Marine Soichot, chercheuse au Museum nationald’Histoire naturelle et rédactrice en chef du blog Pris(m)e de tête,qui étudie les liens entre science, culture et société. Le feed back

avec la machine n’existe pas encore, et les réactions du public

enrichissent à leur tour le bagage du médiateur.

La muséographie doit donc être un ‘‘ping-pong’’ permanent, avec

des itinérances nouvelles, tant physiques que virtuelles.

“Aujourd’hui, le contenu n’est plus cantonné à un lieu, a lancé BenjaminRibeau, fondateur de l’agence de design graphique Kubik. L’informationn’occupe plus autant d’espace ‘‘physique’’ car elle se déploie sur d’autres

médias dans une plus grande interactivité.”

Autre constat, le numérique influe sur une logique de la connaissance

jusque-là plus traditionnellement ‘‘descendante’’. Avec les nouveaux

dispositifs muséographiques, le public est invité à dialoguer, et cette

interaction est à prendre en compte dès la conception. Grâce à des

technologies comme le RFID, la diffusion du savoir évolue vers du

‘‘sur mesure’’ et des supports d’exposition de plus en plus mobiles.

Panacher les environnementsMais élaborer des scénarii d’itinérance ne doit pas être perçu comme

un enfermement. L’idée, partagée lors de cette journée d’échanges,

est que la technologie doit rester un moyen et non une fin. Une exposition,

c’est d’abord un récit à l’intérieur duquel sont intégrées des briques

de technologie, et non l’inverse.

Néanmoins, la mise en scène de certaines interfaces peut aussi

dynamiser la présentation dans un musée. L’expérience appelle

à “panacher” les environnements traditionnels et numériques, a indiqué

le scénographe Olivier Demangeat, gérant de la société Eugène ! .S’il n’existe pas encore de réels supports ergonomiques (type iPad)

et de culture générationnelle de ces outils, la lecture sur écran

et les supports tactiles sont devenus extrêmement familiers.

53

U n e e x p o s i t i o n , c ’ e s td ’ a b o r d u n r é c i t

Page 28: Imaginaire du savoir 2011

55

Le numérique, risque de zapping ?Comme l’a noté Pierre Fossey, graphiste et réalisateur multimédiaà Cinetique Productions, la question centrale est celle de notre

rapport à la “consommation”, et la culture en fait partie. C’est un

préalable à toute réflexion quel que soit le domaine d’application.

De là découlera une ergonomie scénographique utile et efficace.

La relation à la technologie soulève une interrogation sur la nature

du savoir. “Sa vocation est intangible, intemporelle, il faut en préserver

la substance”, a rappelé Julien Anselme, chargé de l’innovation chezOrange, soulignant le risque d’une montée en puissance de la culturedu “zapping”.

Une nouvelle gymnastique de l’espritEn même temps, le musée doit s’adapter, rester “séduisant”, a indiqué

Dominique Rodriguez, directrice de l’École Supérieure des Métiersde l’Image à Bordeaux. Le numérique est là pour améliorer le liendans les salles d’expositions et faire en sorte que, demain, on y parle

autant que sur Facebook !

Cette professionnelle de l’éducation observe en revanche une perte

grandissante de la notion d’effort, notamment chez les jeunes

générations, et les enseignants doivent redoubler d’énergie pour

transmettre le sens de l’analyse, de la synthèse et le regard critique.

Sommes-nous en train de basculer dans une culture de l’interface

permanente ? Certains participants ont avancé au contraire que de

nouvelles gymnastiques de l’esprit investissent d’autres supports,

d’autres langages.

54

“L’expérience sociale participe à l’apprentissage culturel”, a résumé

en définitive Jacques Peyrondet, de la société Addeo. On imagine mal,en effet, un parcours basé uniquement sur la technologie, une exposition

qui se limiterait à un savoir ‘‘brut’’.

Or, il est parfois reproché à certains centres de découverte scientifique,

y compris parmi les plus renommés, une froideur dans la présentation

qui peut renforcer le sentiment d’être ‘‘exclu’’ pour le visiteur néophyte.

Aurélie Charles, du centre de ressources aquitain Médias-Cité,a insisté sur ce thème de l’accessibilité. “Le numérique apporte une

facilité d’usage car il devient familier d’une grande partie de la popu-

lation. Néanmoins, lors d’une exposition où l’on pouvait interagir

avec des œuvres en postant des commentaires, la médiation s’est

avérée capitale pour sensibiliser certains publics moins habitués à ces

langages.”

Pas d’innovation technique sans innovation socialeLa réflexion qui se dessine est celle d’un équilibre entre les aspirations.

Que l’on soit technophile ou qu’on le soit moins, la dialectique doit

l’emporter sur une vision binaire. “L’économie de la connaissance,

a commenté Gérald Elbaze, directeur de Médias-Cité, n’est pas

de juxtaposer les porteurs de solutions technologiques et ceux qui en

assurent la pédagogie mais de considérer la valeur ajoutée de ces

croisements. La pénétration technologique ne peut s’opérer que si

la pénétration sociologique s’effectue dans le même temps.”

L’innovation est donc indissociable sur les deux plans, sous peine

de reproduire dans les univers dématérialisés les fractures existant déjà

dans l’espace public.

D é s a c r a l i s e r l e s a v o i r

Page 29: Imaginaire du savoir 2011

Des difficultés à pérenniserLa liberté d’organisation des nouveaux réseaux professionnels semble

être aussi leur talon d’Achille, notamment auprès des pouvoirs publics

qui ont parfois du mal à les identifier en tant que tels, sauf peut-être

à les incrire dans une ‘‘filière’’, le jeu vidéo par exemple.

Les équipes à géométrie variable ont-elles cette faiblesse à ‘‘sédimenter’’

la valeur des échanges qu’elles produisent ? Les synergies se forment

plus spontanément et plus rapidement, mais manqueraient-elles

de pérennité ?

La durée de vie des technologies a été aussi fréquemment abordée.

Il ne s’agit pas en effet de refaire du développement à l’infini mais

de veiller à ce que le numérique reste accessible, particulièrement

au domaine public, tant en termes d’usage que de coût.

Décloisonner, des progrès à faireLa souplesse induite par le numérique semble en mesure d’inspirer

des modèles méthodologiques au-delà des sphères créatives. Jusqu’où

toutefois ? Il a été relevé l’organisation très pyramidale des entreprises

ou des administrations dont les modes de décision restent également

très hiérarchiques… Et de fait peu compatibles avec l’instantanéité

des nouveaux outils de communication.

Le département du Rhône apporte un éclairage intéressant. Intégré

au sein du Conseil général, le centre Érasme, dédié au numérique, jouele rôle d’interface entre différents services. “La technologie peut amener

ce décloisonnement, a expliqué son directeur Yves-Armel Martin.Trois services travaillent ainsi sur des projets distincts, sociaux, éducatifs,

culturels, qui se recoupent à un moment donné dans la sphère du

numérique.”

Sur le plan des méthodes de travail, quelles évolutions sont en œuvre ?

Une exposition intégrant des dispositifs numériques implique de réunir

des professionnels de multiples horizons. Des équipes se forment selon

les compétences requises à chaque projet, une seule structure

ne pouvant posséder en interne tous les savoir-faire.

La nature évolutive du numérique impose cette plus grande souplesse.

En outre, les réalisations multimédias sont par définition plus ‘‘hybrides’’

et les passerelles entre les métiers désormais incontournables.

Néanmoins, la question a été posée : l’économie de la création, qui

repose sur l’originalité et la rareté, est-elle en capacité de produire

du bien commun ?

Rapprocher encore le public du privéL’une des pistes qui a été émise serait de réinjecter dans le domaine

public le fruit des innovations. Mais la proposition est-elle applicable

au monde de l’entreprise, y compris au sein des micro-entreprises qui

caractérisent souvent le secteur créatif ?

Nouer plus systématiquement des partenariats entre public et privé

serait une voie complémentaire, comme cela se pratique au sein

de certaines universités via les transferts de technologies, ou dans

les clusters qui réunissent laboratoires et acteurs culturels.

Plus largement, l’espace contributif ouvert par Wikipédia, les Licences

Creative Commons, les logiciels “open source”, semblent d’ores et déjà

admis comme des modèles innovants. Plus ‘‘libres’’, sont-ils pour

autant durables dans les systèmes économiques libéraux qui les ont

générés ?

56 57

D e s c o l l a b o r a t i o n sp l u s o u v e r t e s

Page 30: Imaginaire du savoir 2011

59

La toile ne doit pas être un guichetInternet est un formidable support d’exposition, facilement accessible

aux jeunes créateurs. Néanmoins, son revers plus négatif est une

‘‘mondialisation’’ des métiers, y compris dans les secteurs créatifs

a priori peu délocalisables. La Toile ne doit pas être un “guichet, a résumé

Frédéric Rorai, fondateur d’Aesia, société bordelaise éditrice de jeuxvidéos en ligne. Il faut retrouver de l’humain jusque dans le virtuel,

dans la relation de service.”

Être attentif aux marchés, trouver des niches, se former… Évoquant

l’illustration graphique, une discipline injustement rémunérée en regard

du temps qu’elle nécessite, Frédéric Rorai a expliqué que le multimédia

peut apporter des débouchés. En outre, les outils numériques permettent

de se raccorder plus efficacement aux autres métiers, voire de renouveler

le style.

Des citoyens-auteurs-éditeurs ?L’édition, et plus encore la presse, sont aussi impactées par cesmutations.

Comme l’a rappelé Nicolas Loubet, responsable du développementdu réseau social Knowtex, des sites à l’image de Citizenside consti-tuent des réseaux planétaires où se connectent les professionnels

desmédias et des communautés de photographes ou vidéastes amateurs.

Sur le site d’information Rue 89, les commentaires des internautes

cotoient l’analyse des experts et des journalistes. “L’avenir de l’‘‘édition’’,

poursuit Nicolas Loubet, ne sera-t-il pas sa capacité à établir ce lien

entre des communautés d’intérêt et les réseaux professionnels ?”

58

Ces constats ont rejoint les interrogations sur les compétences.

La rapidité d’évolution des pratiques implique d’intégrer à la formation

professionnelle une forte variable au temps. Doit-on aller jusqu’à

apprendre l’interactivité plutôt que des outils trop vite obsolètes ?

Peut-on mettre en place des formations à la créativité ? Rares sont ceux

en effet qui exercent le même métier toute leur vie… De fait, sommes-

nous en capacité de le réinventer ?

Les centres de culture scientifique pourraient-ils jouer un rôle au sein

de ces évolutions ? Interfaces entre public et privé, innovation et patrimoine,

iraient-ils jusqu’à accueillir ou développer des espaces de formation ?

En tout cas, ils sont en mesure de changer l’image de la culture,

trop souvent vue comme un centre de dépense plus que comme

un créateur de valeur.

Préserver les auteurs, les métiersDu côté des créateurs, les débats restent vifs. Internet a forgé une culture

de la gratuité qui s’est accrue. En revanche, la multiplication des

supports augmente les possibilités de diffusion. Mais la rémunération

s’opère-t-elle en conséquence ? Rien n’est moins sûr… Les retours sur

investissement tatonnent largement dans certains secteurs (l’édition,

le journalisme, la photographie), sans parler d’une précarisation redoutée

des métiers.

Des professionnels expérimentés, comme le photographe Jean-BernardNadeau ont alerté sur une dissolution des savoir-faire, une ignorancede la spécificité de certains métiers. À l’heure où l’on peut aquérir une

image à moins d’un euro sur Fotolia.com, la plus-value d’un auteur,

qu’il soit reporter ou artiste, est-elle reconnue à sa juste valeur ?

S e f o r m e rà l a c r é a t i v i t é

Page 31: Imaginaire du savoir 2011

61

Une exposition, c’est 5 % de contenu et 95 % de vivantCertains intervenants ont souligné que des moteurs de recherche

arrivent à être l’alter ego de l’humain. D’autres ont critiqué les guides

virtuels qui n’offrent à ce jour qu’une représentation extrêmement

formatée des attentes d’un visiteur.

Laurent Chicoineau, directeur de la Casemate à Grenoble, a rappeléqu’une exposition, “c’est 5 % de contenu et surtout l’expérience

de sortir de chez soi. Outre les qualités de l’espace architectural dans

lequel on est immergé, il y a le plaisir de la délectation, la rencontre

avec l’objet et la place du corps dans l’espace scénographié.”

On peut souhaiter découvrir une exposition sous un autre ‘‘profil’’

que celui créé pour sa tranche d’âge ou son niveau socio-culturel.

Le consentement à être ‘‘mesuré’’ sera toujours une limite d’actualité.

L’Atelier : un moment, des regards croisésLe numérique et la relation avec le public restent de l’”artisanat d’art”.

On tatonne encore, toutes les projections sont envisageables.

Mais la question du sens et du projet demeurent le préalable.

Plus qu’un lieu, cette première édition de l’Atelier a constitué un moment,

des regards croisés. Le recours à Cover it live, service web qui permet

de diffuser des informations en temps réel, a offert aux intervenants

et aux internautes la possibilité d’échanger sur un espace dédié,

enrichi de posts et de commentaires.

Couvrir le réel à 360° pourrait ainsi résumer l’état d’esprit de cette

journée et les possibilités qui s’offrent à travers la palette du numérique.

En parallèle des débats, quelques-uns des participants ont créé

sur Twitter une discussion virtuelle, débat dans le débat mettant

en pratique le cœur des réflexions.

60

L’éditeur, dans une large acception, reste celui qui sélectionne

un contenu et le fait vivre. Il en est l’éclaireur et le passeur. Mais les

nouvelles échelles de visualisation et de partage des informations

offerts par internet changent les paramètres. La réactivité, l’instanta-

néité et l’organisation en réseaux d’opinion, est la valeur ajoutée

d’internet, mais c’est aussi la risque d’un manque de recul et de la

création de contenus erronés.

Aux éditions papier de conserver la temporalité de l’analyse ?

Dans le registre de la muséographie, les médiateurs pourraient-ils

devenir les éditeurs des contenus qu’ils embrassent au contact des

publics, sur des plates-formes numériques par exemple ?

Même message, autre expérienceLogiquement, une exposition virtuelle devrait être plus riche en débats

en privilégiant l’articulation avec les réseaux sociaux.

Mais comme l’a rappelé Sébastien Cursan, chargé de la médiationnumérique à Cap Sciences, ce type d’exposition, gratuite pour

le visiteur-internaute, a un coût non négligeable pour sa conception,

auquel s’ajoutent les moyens techniques et humains afin d’accompagner

le public sur ces espaces.

Dans tous les cas, l’exposition en ligne constitue une autre expérience

au service d’un même message. De fait, “elle ne doit pas commencer

en ligne mais démarrer dès l’espace physique”, a observé Jean-Baptistede la Rivière, co-gérant de la société Immersion, spécialisée dansles périphériques de réalité virtuelle.

V e r s d e s p l a t e s - f o r m e sd e c o n t e n u s ?

Page 32: Imaginaire du savoir 2011

ÉRASME, LES CONFLUENCES DU SAVOIR

Service du Conseil général du Rhône, le centre Érasme est dédié auxnouveaux usages du numérique dans les champs de l’éducation ainsi

que des musées.

Au sein de son propre espace Museolab, l’équipe expérimente

des dispositifs de réalité augmentée, l’internet des objets ou encore

les interfaces naturelles : une feuille numérique permettant de zoomer

dans une mosaïque d’informations, une frise chronologique tactile

et interactive… L’équipe collabore au futur Musée des Confluences

à Lyon, l’ancien Museum, qui ouvrira ses portes en 2014. Des expositions

hors les murs sont déjà en place, tel un jeu familial sur iPad mettant

en scène les réserves du musée.

“Le numérique, c’est d’abord une expérience, résume Yves-ArmelMartin, directeur d’Érasme. Le musée doit devenir ‘‘sensible’’ à sesvisiteurs. On peut imaginer demain qu’il soit sans écrans ni claviers.”

GRENOBLE, L’INNOVATION DANS LA VILLE

Installée dans une ancienne fortification, la Casemate est le CCSTI*de Grenoble. Espace d’innovation, l’établissement s’appuie sur un

réseau de partenaires du monde économique et de la recherche.

Le bassin grenoblois réunit en effet plusieurs pôles d’excellence

technologique qui en font la “Silicon Valley à la française”.

Pour élargir son action, la Casemate a réalisé avec l’Inria une visitedu patrimoine de la ville. Ce parcours géolocalisé, accessible sur

smartphone ou tablette, explore de nombreuses ressources audios :

ambiances sonores, textes lus…

“L’espace urbain devient un lieu d’exposition et un support

pédagogique, commente Laurent Chicoineau, directeur de la Casemate.Notre but est aussi de recueillir les réactions à l’issue du parcours.

La clé n’est pas l’innovation pour elle-même mais l’histoire racontée,

l’organisation des contenus et la place accordée à l’usager.”

*Centre de Culture Scientifique Technique et Industrielle

QUAND LE VIN DEVIENT NUMÉRIQUE

Début 2015, Bordeaux fêtera l’ouverture du Centre culturel et touristique

du vin, projet innovant à plus d’un titre : architecture contemporaine,

nouveau modèle économique de développement, scénographie multi-

sensorielle pour retracer l’épopée séculaire du divin nectar.

Cap Sciences a été retenu pour en être l’interlocuteur sur la définitionde son schéma directeur numérique.

Éric le Collen, metteur en scène de renom et fin connaisseur de l’univers

viticole, étudie avec une équipe l’adéquation entre les contenus

scientifiques et leur scénographie future. “Notre mission est d’anticiper

sur les usages et de préconiser des outils qui aient une espérance

de pérennité. Plus largement, le numérique doit soutenir une vision

globale. Accompagner un projet créatif, dynamiser le lien avec les

visiteurs et leur donner envie de prolonger sur le territoire l’exploration

culturelle et humaine du vignoble.”

6362

Page 33: Imaginaire du savoir 2011

La Ville de Bordeaux a mis en place la mission Bordeaux Créative afin d’identifierle potentiel de développement économique durable des filières présentes sur sonterritoire. Cette économie, fondée sur la création, les talents et l’innovation,représente environ 4 000 établissements et près de 14 000 emplois dansl’agglomération. Des éléments forts émergent à Bordeaux, l’édition, l’architectureet l’urbanisme, l’information et la communication, les jeux vidéo, la réalitéaugmentée ou les applications mobiles, le marché de l’art, les arts visuels,la musique, le design et la mode, la gastronomie et le tourisme créatif…

La révolution numérique est porteuse de mutations profondes dans les métierset sur les marchés. Reposant sur des relations transversales entre ces secteurs,elle nécessite des collaborations en mode projet. Comment passer d’un modèlefondé sur des relations bilatérales de donneur d’ordre à sous-traitants, à unfonctionnement collaboratif susceptible d’initier des relations multilatéralesdurables et fertiles entre des acteurs variés ? L’enjeu : la montée en compétenceglobale du tissu économique.

L’activité de Cap Sciences en matière de mise en scène du savoir est exemplairede cette transversalité créative rassemblant des talents variés, artistes, concepteurs,développeurs. Il était donc naturel que la Ville de Bordeaux, avecCap Sciences, soutienne “les imaginaires du savoir” destinés à alimenterla prospective sur l’évolution de la muséographie, franchir les étapes et rassemblerles partenaires avec l’ambition de mieux se connaître pour collaborer et faireéclore des projets.

B O R D E A U X C R E AT I V E :M i s e r s u r l e s t a l e n t se t l a c o l l a b o r a t i o n

Penser autrement, mettre au jour de nouvelles manières de voir, de croiserles savoirs, abattre les cloisons,penser ensemble, c’est permettre les“courts-circuits”qui feront prendre de l’avance aux entreprises, aux institutions, aux artistes,aux citoyens, et attireront les capitaux nécessaires au développement de nouvellesactivités.Bordeaux Métropole est aujourd’hui un véritable creuset d’initiatives novatriceset un vivier de talents dans tous les domaines de la création.Des échanges, débats et rencontres, en rassemblant les acteurs culturels,sociaux et économiqueset en proposant des actions innovantes, ont fait éclorele projet Bordeaux Métropole 3.0.Pour réaliser son programme d’activités, Cap Sciences mobilise de nombreusescompétences de la métropole aquitaine : acteurs culturels, artistes, infographistes,électroniciens,scénographes,développeurs,photographes,chercheurs,médiateurs…En réunissant l’Atelier, véritable rendez-vous des professionnels de la miseen scène du savoir, Cap Sciences révèle son rôle d’acteur-entrepreneur de cetteéconomie créative en plein essor sur le territoire. Les échanges d’expériences,les discussions sur les nouveaux modèles économiques, la volonté de développerles savoir-faire et de les exporter dans les réseaux culturels et les lieuxd’exposition sont l’amorce de l’affirmation d’une nouvelle manière d’aborderl’économie culturelle.Parce qu’elle s’engage résolument dans le soutien à cette nouvelle formede développement économique, la CUB se félicite de la mise en place de l’Atelier,et voit dans cette initiative les fondements d’autres futurs possibles pour lamétropole bordelaise.

B o r d e a u x 3.0 :i m a g i n e r l ’ a v e n i rd e l a m é t r o p o l e

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La région Aquitaine encourage et soutient le développement de la nouvelleéconomie fondée sur la culture, la créativité et l’innovation. La région a souhaités’impliquer fortement sur les enjeux de cette nouvelle économie de la connaissanceen prolongement d’une politique reconnue en faveur des industriesculturelles indépendantes (livre, cinéma et audiovisuel).

Le défi posé à l’Aquitaine est de concilier des politiques sectorielles spécialiséesavec des recherches de transversalités vers des domaines de créativité pluslarges. C’est cet accompagnement des filières de l’architecture, du design,du jeu vidéo, de la création numérique qui a été renforcé sous l’angle de l’innovationmais également de l’économie sociale et solidaire.

Le développement de l’économie créative nécessite des lieux où créativité,échange et diffusion se confondent dans des formes conviviales, permettant uneinterface fructueuse entre publics et professionnels, mixant recherche publiqueet privée, laboratoires d’usages et autres formes de co-création et co-production.Il repose aussi sur le tissage de réseaux, la constitution de filières intégrantformation, recherche-développement, réalisation, médiation, diffusion auprèsdu public.

Cap Sciences est un de ces lieux, présent sur l’ensemble des métiers de l’actionculturelle, et animant un réseau de compétences dans le domaine de lascénographie du savoir. L’Atelier par sa forme participative, sa volonté de créerde coopérations, participe au développement du concept de l’économiecréative, en favorisant les passerelles dans une logique de transdisciplinaritéet de valorisation d’expériences. Il renforce les liens entre acteurs régionauxet tisse des réseaux au-delà des frontières de la Région Aquitaine devenant ainsile centre d’un réseau de professionnels.

Cap Sciences EditionDirecteur de publicationBernard Alaux

Rédacteur en chefAlexandre Marsat

L'Atelier

Chef de projet et coordinateur de l'Atelier,programme cap-sciences.numJean-Alain Pigearias

CoordinatriceGwénola Maguelonne

RédacteurBenoît Hermet

PhotographiesPierre Baudier, Cap Sciences et DR

IllustrationsSuzanne Cazenave

Création/graphismeGwendal Fournier

ImpressionDocument imprimé par Graphit’sdans le respect de l'environnement sur papiercertifié PEFC provenant de forêts géréesdurablement.

bordeaux.fr

L’ é c o n o m i e c r é a t i v ea u c œ u r d u d é v e l o p p e m e n té c o n o m i q u e d e l a R é g i o nA q u i t a i n e

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http://economie-creative.net/


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