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Ismail Serageldin
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PUBLICATION DU BUREAU REGIONAL AFRIQUE,BANQUE MONDIALE
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La protection des forêtstropicales ombrophiles
de l'Afrique
par
ISMAIL SERAGELDINDirecteur
Département technique, Bureau régional AfriqueBanque mondiale
Texte établi sur la base de l'allocution de clôture prononcée parIsmail Serageldin à l'occasion de la Conférence sur la conservation des
forêts tropicales ombrophiles de l'Afrique occidentale et centrale,organisée sous les auspices de la Banquie africaine de développement,
de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) etde la Banque mondiale dans les locaux de la Banque africaine de
développement, à Abidjan, Côte d'Ivoire, du 5 au 9 novembre 1990.
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Premier tirage: juillet 1991
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Avant-propos
La disparition des forêts tropicales ombrophiles est un problèmeenvironnemental critique en Afrique et qui préoccupe aussi trèssérieusement le monde entier. Ce problème nous affecte tous, et nousdevons tous participer à sa solution.
Ce qui est alarmant, c'est la rapidité avec laquelle les forêts tropicaleshumides d'Afrique occidentale et centrale sont en train de disparaître- près de deux millions d'hectares de forêts tropicales sont perdueschaque année. Si nous n'arrivons pas à arrêter la destruction de cesforêts au cours des prochaines années, il risque d'être trop tard pour lessauver. Le coût de cette perte sera énorme pour l'homme et pourl'environnement.
Comme les causes profondes du déforestation de l'Afrique ontsouvent à voir avec des facteurs étrangers à la forêt - tels que lespolitiques et les institutions - il faut s'y attaquer dans un contexte dedéveloppement, pris au sens large du terme. Le présent exposés'intégre, à mon avis, dans ce contexte.
En outre, vu la complexité des problèmes forestiers auxquelsl'Afrique est confrontée, il est urgent que tous les intéressés concertentleurs efforts. Tous les acteurs - gouvernements, organisations nongouvernementales, secteur privé, organismes multilatéraux etbilatéraux - ont un rôle important à jouer dans le sort réservé à la forêt.
Ce sont les peuples africains qui, bien sûr, restent les principauxacteurs de ce processus. Ce sont eux qui doivent prendre chaque jourles mesures qui protègent les forêts tropicales humides - et c'est à nousqu'il incombe de les soutenir dans leurs efforts.
Edward V. K. JaycoxVice-Président,Bureau régional AfriqueBanque mondiale
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Table des matieres
Avant-propos: Edward V. K. Jaycox iii
Introduction: un patrimoine mondial 1
Répercussions en profondeur du déforestationdes zones tropicales 2
Role bénéfique de la forêt 5
Le déforestation et les changements du climat en Afrique 7
Causes du déforestation en Afrique subsaharienne 9
Une approche globale 14Elément de départ: les populations africaines 15
Le rôle des femmes 16
Vers une agriculture viable 16
Les relations avec la forêt 18
L'exploitation forestière 20
La participation des collectivités locales et des ONG 21
Le rôle des pouvoirs publics 23
Le service forestier 24
Coordination entre les parties intéressées 25
Coordination entre l'Afrique et le reste du monde 27
Recherches et statistiques 29
Le rôle de la Banque mondiale 30
Conclusion: une optique globale 33
Notes 34
Bibliographie 37
Tableau 1. Afrique subsaharienne: indicateurs de base 40
Tableau 2. Afrique subsaharienne: principaux indicateurséconomiques et projections 41
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Tableau 3. Afrique subsaharienne: indicateursenvironnementaux 42
Tableau 4. Afrique subsaharienne: perte de l'habitatde la faune et de la flore dans les pays del'Afrique tropicale, 1986 44
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Introduction: un patrimoine mondial
Il y a certes longtemps que le monde s'inquiète de la disparition desforêts tropicales, mais de nouvelles études prouvent qu'elle estbeaucoup plus rapide qu'on ne le pensait. Elles montrent en effet quechaque année plus de 20 millions d'hectares de forêts tropicalesdisparaissent -soit le chiffre absolument étonnant de 55.000 hectarespar jour.
Ce chiffre dépasse de près de 80% l'estimation des taux dedéforestation des zones tropicales établie en 1980 par l'Organisationpour l'alimentation et l'agriculture (FAO). On voit donc qu'au cours desdix dernières années, et malgré les préoccupations grandissantes que ladestruction des forêts suscitait dans le monde entier, les pertes n'ontcessé de s'accélérer. A la caden ce actuielle, il nle restera plus de forêt tropicale
initacte aui siècle prochain.1
Les régions tropicales, dont l'Afrique subsaharienne, se trouvent enprésence d'une série de graves problèmes environnementaux quicompromettent le bien-être des individus, des populations, voired'écosystèmes régionaux tout entiers.2 Parmi ces problèmes, undéforestation effréné que n'entrave aucune réglementation constituedésormais une menace pour les ressources biologiques. Ledéforestation fait perdre clhaqlue annvée à l'Afrique de trois à cinq millions
d'hectares de forêt tropicale, soit une superficie supérieure à celle d'unpays comme le Togo et à celle de plusieurs pays européens.3 Si lesdestructions se poursuivent à ce rythme, il n'y aura plus de forêttropicale en Afrique d'ici à soixante ans. D'ores et déjà, les forêtstropicales ont pratiquement disparu au Nigéria, au Bénin, au Togo, auGhana et en Côte d'Ivoire.
Jusqu'à une date récente, ce sont les populations vivant dans des airesgéographiques relativement circonscrites qui ont subi la plupart desconséquences de la dégradation de l'environnement. La baisse defertilité des sols à la suite de l'érosion ou du surpâturage, et la pollution
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2 LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
des eaux d'un fleuve ou d'un lac ne touchaient que les populationshumaines qui en étaient directement tributaires pour leur subsistance.Or, la pollution de l'atmosphère et des voies d'eau internationaless'étend désormais au-delà des frontières et a augmenté au point demenacer des écosystèmes régionaux plus vastes, et de plus en plusnombreux sont ceux - notamment les plus pauvres - qui ont à subirle fardeau de la détérioration écologique du patrimoine mondial.
Ces derniers temps, la déforestation atteint des niveaux sansprécédent dans le monde entier et touche en particulier les forêtstropicales denses* qui, jusqu'alors, avaient échappé à l'exploitation. Decette déforestation est telle que toute la race humaine va devoir assumerles coûts qu'elle entraîne pour l'environnement, l'économie et la société- en termes de disparition d'espèces, de perte de bois et d'autresproduits, de la suppression de services écologiques, etc. Ce sont lespauvres qui continueront à supporter les conséquences les plus lourdes et lesplus immédiates.4
Répercussions en profondeur du déforestationdes zones tropicales
La conversion massive des forêts tropicales en terres vouées à d'autresutilisations entraîne de lourdes conséquences aussi bien sur le plan localqu'au niveau mondial. Les populations locales, qui vivent souvent dansune extrême pauvreté, perdent ainsi une source de biens et de servicesabsolument essentiels à leur survie. En effet, les populations localestirent des forêts denses toute une série de produits, notamment le boisde feu, des matériaux de construction, des vêtements, des produitsmédicinaux, des aliments, des accessoires de chasse, des objets etornements culturels et religieux, ainsi que du fourrage pour leur bétail.Ces produits sont de la plus haute importance pour la vie quotidienneet deviennent essentiels quand les caprices du climat, par exemple une
* Les forêts denses sont des forêts tropicales qui forment un conuvert forestiercontinu au-dessus du sous-bois.
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LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALES 3OMBROPHILES DE L'AFRIQUE
inondation ou une sécheresse, se soldent par une mauvaise récolte et
font augmenter la mortalité du bétail. Au fur et à mesure qu'on consacre
les forêts à d'autres usages, les populations locales doivent parcourir
des distances plus longues pour chercher ces biens ailleurs ou doivent
payer cher les produits équivalents qu'on trouve dans le commerce.
Non seulement les forêts sont d'excellentes sources de produits
domestiques, mais elles fournissent aussi de précieux services à
l'environnement des populations locales et contribuent à leur
bien-être.5 On connaît bien le rôle des forêts dans la protection des
ressources locales en terres et en eau. Le couvert forestier protège les
sols fragiles et atténue la violence des précipitations tropicales en
interceptant les gouttes de pluie avant qu'elles n'atteignent la surface
du sol, réduisant ainsi l'érosion et permettant aux eaux de surface de
mieux s'infiltrer jusqu'à la nappe souterraine au lieu de ruisseler à la
surface et de provoquer des inondations. En outre, le couvert offre un
microclimat plus favorable à la croissance végétale et à la vie animale
parce qu'elle abaisse la température, réduit l'évaporation et freine le
vent. La forêt facilite aussi la perpétuation de la faune sauvage à laquelle
elle fournit des aliments et offre toute une variété d'habitats favorables.
Les populations locales sont tributaires de ces animaux pour leur
nourriture, leurs revenus monétaires, leur habillement, leurs outils,
leurs produits médicinaux et leurs objets religieux.
On a également prouvé que les forêts tropicales fournissent des
services environiiemeiltaux qui vont bien au-delà du niveau local. C'est
ainsi que ces forêts humides sont à l'origine des précipitations qui
tombent dans les régions voisines.6 La transpiration libère dans
l'atmosphère une partie de l'eau absorbée par les racines des arbres.
Cette humidité prend la fortie de nuages, dont la condensation est à
l'origine des précipitations dans les zones "sous le vent". Si la forêt est
convertie à d'autres usages, ces zones "sous le vent" recevront moins
de pluie, ce qui entraînera des pertes pour l'agriculture, l'élevage et la
végétation. Dans d'autres endroits, les forêts denses d'altitude servent
de trait d'union entre les sources qui alimentent les vastes bassins
fluviaux de l'Afrique.
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4 LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
Cette compréhension accrue de la dynamique des forêts tropicaleshumides conduit à mieux se rendre compte du rôle essentiel que jouentles forêts dans la biosphère. Les forêts tropicales humides serventd'habitat à une très grande partie des espèces qu'abrite notre planète.On trouve plus de la moitié de toutes les espèces vivantes dans les forêtstropicales humides, qui n'occupent pourtant que 7% de la surface desterres.7 Malheureusement, la plupart de ces espèces ne se retrouventdans aucun autre écosystème. En fait, beaucoup d'entre elles ont uneaire géographique si limitée qu'elles ne vivent que dans une forêt oudans une petite partie d'une forêt. En raison de cet endémisme extrême(une espèce étant confinée à une aire géographique restreinte), il estdifficile de maintenir les niveaux actuels de diversité biologique dansune forêt dense si l'on ne veille pas avec le plus grand soin à limiterl'exploitation de la forêt à des fins de développement.
La forêt tropicale reste encore la grande inconnue - par exemple, lascience ne connaît que 1,4 million d'espèces végétales sur un total qu'onestime à 10 millions de plantes. Il est, cependent, certain que la diversitébiologique des forêts tropicales humides est énorme. A titre decomparaison, un hectare de forêt dense typique peut renfermer entre200 et 300 espèces d'arbres, alors qu'en zone tempérée un hectare deforêt n'en contiendra que 20 à 30.8 La diversité des espèces est égalementbeaucoup plus grande dans les forêts tropicales que dans les forêts dela zone tempérée sur le plan des autres végétaux, des animaux, desinsectes, des algues et des champignons - dont la plupart ont unendémisme relativement exacerbé, ce qui veut dire que desperturbations légères ou mineures de leur habitat risquent de lescondamner à disparaître. Le remplacement intégral de la forêt par desplantations à la suite d'un défrichement garantit la disparitionquotidienne d'un certain nombre d'espèces.
La disparition d'une espèce fait naturellement partie du processusévolutif. Si le rythme des extinctions a fluctué au cours des siècles, ilfaut néanmoins remonter dans le temps à 65 millions d'années au moins- à l'époque où ont disparu les dinosaures - pour retrouver un chiffreéquivalent au rythme actuel. Or, on a estimé que 25% des espèces qui
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LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALES 5OMBROPHILES DE L'AFRIQUE
existaient vers le milieu des années 80 pourraient disparaître en 2015.9Si la conversion des forêts tropicales se poursuit sans relâche, le mondepourrait perdre, entre 1990 et 2020, de 5 à 15% du total des espècesvégétales et animales.10
Role bénéfique de la forêt
Non seulement ces chiffres sont étonnants au plan écologique, mais ilsont aussi d'importantes résonances économiques et sociales. Plus destrois quarts de la population mondiale sont directement tributaires de
végétaux pour leurs produits médicinaux, dont beaucoup sont extraitsdes forêts tropicales. Plus du quart de l'industrie pharmaceutique, dontle chiffre d'affaires atteint des milliards de dollars, utilise des dérivés oudes extraits naturels. Les vastes programmes de recherches médicalesdes pays industrialisés font largement appel à des espèces animales etvégétales qui, à l'origine, vivaient dans des forêts tropicales.11
Le rôle que joue le singe rhésus dans les recherches d'hématologiehumaine est un exemple frappant de l'importance des espèces
tropicales pour les recherches médicales. Au moment même où étaitrédigé cet exposé, une plante renfermant un élément chimique quipourrait servir de base à un traitement du cancer a peut-être disparu.Un sort analogue pourrait frapper un amphibien anonyme de la forêttropicale dont le complexe immunitaire contient peut-être l'élémentsusceptible de mettre le chercheur sur la voie conduisant au traitement
du Sida. Il est encore plus probable qu'un parent jusqu'ici inconnu del'un des principaux produits vivriers, comme le riz, le maïs ou le haricot,risque de disparaître sans avoir laissé aux agronomes un matérielgénétique susceptible d'aider à améliorer la productivité ou à accroîtrela résistance à certains fléaux ou à la sécheresse.
Toute décision de développement susceptible de conduire à la* destruction de la forêt tropicale doit tenir compte non seulement des
ressources potentielles que celle-ci représente pour la recherchemédicale, les progrès de la pharmacie et l'amélioration génétique descultures, mais aussi de sa valeur économique. On sait déjà que les forêts
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6 LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
tropicales produisent toute une série de fruits à coque, de fruits charnus,de résines et d'huiles végétales dont on peut faire commerce et dont onpourrait accroître la valeur dans le cadre des efforts de recherche et dedéveloppement. En fait, la planification du développement a pourdéfaut fréquent de considérer les forêts comme rien de plus qu'unassemblage d'arbres fournissant du bois.
Or, la forêt est plus qu'unle source de bois. C'est unle profusion de trésorsvégétaux et animauix que les habitants des forêts et leurs voisins emploientactutellement avec la plus grantide efficacité. Seule une faible partie de cettemasse de ressources connue des collectivités locales a été utiliséecommercialement, pour la simple raison qu'on a rarement faitparticiper les populations locales à la planification de projets dedéveloppement forestier. Même avec leur connaissance intime desproduits de la forêt, les populations locales (notamment les femmes)n'emploient qu'une minuscule fraction du potentiel qui pourrait êtremis en valeur de façon rentable moyennant de modestes programmesde recherche et de développement. Après tout, on ne peut pasdemander aux habitants des forêts de l'Afrique subsaharienned'imaginer quels emplois ces produits pourraient trouver dans lessociétés industrialisées modernes et quelle pourrait donc être leurvaleur commerciale.
Il faut aussi tenir compte des avantages indirects des forêts tropicalespour décider de leur usage. La prospérité des forêts marécageuses dulittoral (il s'agit essentiellement de mangroves) conditionne laproductivité des pêches côtières et maritimes. Les palétuviersfournissent une abondance d' éléments nutritifs et offrent un habitatindispensable, durant leurs cycles vitaux, à de nombreuses espècesrencontrées dans les estuaires et les mers, en particulier les crevettes etles mollusques, dont la valeur économique est élevée et qui procurentles devises dont ces pays ont besoin.12 Au fur et à mesure quedisparaissent les mangroves, on voit diminuer en mer les prises depoissons et de crevettes.
Les forêts riveraines apportent aux pêches d'eau douce des avantagesanalogues sous forme de substances nutritives et d'habitat que
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LA PROTECTION DES FORÈTS TROPICALES 7OMBROPHILES DE L'AFRIQUE
d'importantes espèces de poisson utilisent à divers stades de leur cycle
vital. L'importance de ces contributions n'a jamais été examinée dans le
détail. On sait que, moyennant un coût relativement modeste, les pêches
côtières et en eau douce d'Afrique fournissent un pourcentage élevé des
protéines du régime alimentaire des populations urbaines et rurales.
Sans aucun doute, la conservation des forêts va de pair avec le
bien-être des populations et avec les moyens dont elles disposent pour
assurer leur existence. Les populations qui, en Afrique, vivent dans les
forêts tropicales ou à proximité sont la plupart du temps pauvres. Si on
les juge en fonction des normes des sociétés industrialisées, elles vivent
dans un état d'extrême pauvreté. Il est certain qu'on menace dans
l'immédiat leur survie toutes les fois qu'un développement mal conçu
endommage la forêt. En Afrique, le problème de la lutte contre la pauvreté
est donic intimnemnenit lié à la conservationi des forêts tropicales.
Le déforestation et les changements du climat en Afrique
Les recherches qu'on consacre actuellement au rôle que les forêts
humides tropicales jouent dans le climat montrent de plus en plus
clairement que ces forêts exercent un effet déterminant sur les cycles
d'eau atmosphériques au niveau régional. L'épuisement des forêts
tropicales ombrophiles d'Afrique a une influence certaine, qu'on n'a
pas encore chiffrée, sur les régimes des précipitations dans les zones
soudanaise et sahélienne de l'Afrique.
Il fauit aussi tenir compte du rôle qute les forêts tropicales joluent dans le
cuii c mondial des gaz à effet de serre. Il a été abondamment prouvéqu'au cours des deux derniers siècles, l'atmosphère a vu sensiblement
augmenter sa teneur en gaz d'origine biologique qui retiennent la
chaleur [acide carbonique (CO2 ) et méthane (CH 4)] - principalementà la suite d'activités entreprises par l'homme. Les combustibles fossiles
qui libèrent environ 5,6 milliards de tonnes de ces gaz dans
l'atmosphère en sont la cause principale. Mais le déforestation est aussi
un facteur important qui provoque chaque année la libération de 1 à 3
milliards de tonnes de gaz à effet de serre.'3
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8 LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE UAFRIQUE
Selon les modèles de climats mondiaux dont on dispose aujourd'hui,ces gaz et d'autres gaz (comme les chlorofluorocarbones) pourraientconduire à un échauffement de la planète de l'ordre de 1,5 à 4,5 degréscentigrades durant le prochain siècle. 14 Les changements causés par ceréchauffement seront profonds et affecteront les régions côtières et lesgrandes zones de production alimentaire. Les données climatiquesdisponibles ne sont pas suffisantes pour qu'on puisse prédire ceschangements avec exactitude - mais on peut prévoir qu'ils seront sansdoute extrêmement préjudiciables.
Les climatologues admettent avoir sous-estimé le rôle que jouent lesforêts dans le climat mondial, car ils se sont surtout occupés du rôle desocéans dans l'évolution du climat.15
Or, on sait désormais que la croissance des forêts absorbe parphotosynthèse de grandes quantités de carbone présent dansl'atmosphère, pour l'emmagasiner dans la végétation et dans les solsdes forêts. On estime en effet que la végétation et les sols contiennentsous forme organique jusqu'à 2.000 milliards de tonnes de carbone, soitle triple du volume de carbone dans l'atmosphère. 16 Comme la forêtréussit mieux que tout autre écosystème à retirer le carbone et à leconserver dans la végétation et dans les sols, on trouve plus de carboneen réserve dans les forêts qu'ailleurs. Ainsi donc, quand on défriche etbrûle des forêts, on libère rapidement dans l'atmosphère le carbone quela végétation a retenu pendant des siècles et on modifie la structure dusol au point que celui-ci rejette des quantités de plus en plus grandesde carbone.
En se fondant sur ces informations, une stratégie visant à ralentirl'accumulation de gaz à effet de serre doit viser: a) à utiliser efficacementet à conserver l'énergie dans tous les pays; b) à arrêter le déforestation;et c) à reboiser plus de 1 million de kilomètres carrés 1 7 -principalementpour produire du bois de feu en remplacement du charbon et autrescombustibles fossiles.
Il est clair qu'à sa cadence actuelle, le déforestation tropical menacele bien-être non seulement des populations locales, mais despopulations du monde entier. Il est également clair que l'ère est révolue
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LA I'ROTECTION DES FORÊTS TROPICALES 9OMBROPHILES DE L'AFRIQUE
où l'on se bornait à une simple discussion du problème. Uoccasion
s'offre aujourd'hui de passer à l'action et nous devons impérativementla saisir avant qu'un grand nombre des options existantes n'aient
entièrement disparu.
Causes du déforestation en Afrique subsaharienne
On s'accorde à reconnaître que la destruction des forêts en Afriquesubsaharienne a des causes multiples formant un ensemble complexede pressions économiques, sociales et politiques, sur lesquelles se
greffent des problèmes de gestion des ressources naturelles. Or, lesfacteurs qui sont à la base de ces pressions sont également multiples et
tout aussi complexes: accroissement démographique rapide, pauvreté
extrême et répandue, mauvais systèmes d'occupation et d'utilisationdes terres, encouragement par les pouvoirs publics d'une exploitation
minière, faiblesse des institutions qui gèrent la forêt, abattagedestructeur par des entreprises étrangères et, parfois, mauvaiseconception des projets d'agriculture et de foresterie que financent des
organismes d'aide internationaux.La population africaine augmente à un rythme sans précédent
s'agissant d'une grande région. Au rythme actuel de 3,1%
d'augmentation par an, la population de l'Afrique aura doublé dans 22ans seulement. A l'heure actuelle, la population de l'Afriquesubsaharienne est deux fois plus nombreuse qu'en 1965 et cinq fois plus
qu'au début du siècle.18 Cette masse sans cesse accrue a été contraintede défricher et d'exploiter des terres marginales, souvent situées dans
des zones forestières fertiles. En fait, le défrichage des forêts au profit de
l'agriculture et pour répondre aux besoins d'une population en expansionrapide est la principale cause du déforestation en Afrique.
Le cycle du défrichement agricole est bien défini dans la plupart despays. Le défrichement fait suite, dans bien des cas, à d'autresinterventions qui empiètent sur une forêt intacte, par exemple l'octroid'une concession d'exploitation forestière ou la construction d'uneroute à travers la forêt. Ces incursions ouvrent la voie aux migrations
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10 LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
de paysans partis à la recherche de terres à la suite de l'intensificationde la pression démographique ou chassés par de grands projets dedéveloppement. Ce qui reste de la forêt après l'abattage ou laconstruction de la route est lentement converti pour l'agriculture, puispour l'élevage - après l'extraction du bois de feu et le brûlage délibérédes arbres sur pied. C'est là le cycle typique auquel on a donné le nomd'agriculture itinérante sur brûlis. Or, après quelques années, les solsinfertiles ont perdu le peu d' éléments nutritifs qu'ils renfermaient ouque leur avaient apportées les cendres des incendies. L'agriculteur estalors contraint d'aller travailler des parcelles nouvellement défrichées.
La pauvreté exacerbe et intensifie les pressions démographiques - etl'Afrique est un continent de pauvreté. Selon le Rapport sur ledéveloppement dans le monde 1990, plus de 175 millions d'hommes viventen Afrique subsaharienne avec un revenu de moins de 375 dollars paran. On pense que ce chiffre atteindra environ 275 millions en l'an 2000.19La pression démographique et la pauvreté éliminent aussi un grandnombre des options qu'auraient les ménages de gérer durablement lesressources naturelles.
Vu de l'extérieur, il semble aussi peu logique d'abattre un arbre quiproduit les aliments, les fibres et les produits médicinaux dont on abesoin que de consommer les semences pour l'année suivante - àmoins que la survie immédiate ne dépende du choix de cette option.Dans la plupart des cas, les paysans qui abattent ou brûlent un arbresont poussés par un besoin urgent - et n'agissent ni par malveillance,ni dans un but de lucre ni par ignorance. Dans ces conditions, à moinsqu'ont ne parvienne à réduire la pauvreté en Afrique subsaharienne, une forteproportion de la populationi n'auira pas d'autre choix que de poursuivre desactivités qui se soldent par la destruction de forêts précieuses.
En fait, dans la plupart des pays africains, la pauvreté est unantistimulant qui conduit à ne pas investir les maigres ressourcesfinancières ou humaines disponibles dans des pratiques quiamélioreraient la productivité des terres. Il faut moins d'argent auxagriculteurs pour défricher de nouvelles superficies forestières pour lesmettre en culture que pour maintenir ou augmenter la fertilité de sols
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LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
essentiellement infertiles qu'occupaient autrefois de luxuriantes forêts
tropicales.De nombreux gouvernements africains ont, pour diverses raisons,
pratiqué des politiques qui favorisaient la conversion des forêts. Les
exemples les plus évidents sont les encouragements à pratiquer une
agriculture de rapport sur d'anciennes terres forestières. En outre, les
gouvernements ont en général accordé des concessions pour l'abattage
dans la forêt dense des bois précieux destinés à l'exportation afin de se
procurer les devises dont ils avaient grand besoin. La plupart des
politiques ont été formulées dans la conviction que les forêts tropicales
pouvaient fournir durablement du bois si on utilisait des pratiques de
gestion qui avaient fait leurs preuves dans les forêts des zones
tempérées. Or, rien ne prouve, jusqu'ici, qu'unle exploitation commerciale
durable desforêts tropicales natu relles est possible surgranide éclelle. Certains
experts vont même jusqu'à se demander si une exploitation
commerciale durable est possible dans les forêts tropicales. D'autres
affirment que la chose est possible, mais n'est que rarement réalisée du
fait que les conditions sociales et économiques qui protègent les forêts
administrées contre les empiétement des agriculteurs et contre les
méthodes d'exploitation destructrices de certaines entreprises privées
sont rarement remplies.20
D'autres politiques des pouvoirs publics - qui s'ajoutent à des
stratégies spécifiquement forestières - jouent également un rôle dans
le déforestation. C'est ainsi que certains gouvernements ont exigé des
nouveaux propriétaires fonciers qu'ils défrichent les terres que leur
cédait l'Etat afin de prouver qu'ils jouissaient sur ces terres d'un droit
d' usufruit. D'autres gouvernements ont encouragé le défrichement des
forêts pour créer de nouvelles aires agricoles afin d'attirer les
populations vivant dans des zones plus densément peuplées. En règle
générale, les gouvernements ont transformé des réserves forestières en
plantations afin de satisfaire la demande industrielle de bois.21 Les
politiques qui ouvrent les régions situées entre les zones d'exploitation
et les zones encore vierges afin de protéger les frontières grâce à la
construction de nouvelles routes conduisent invariablement à la
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12 LA PROTECTION DES FORETS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
destruction des forêts. On voit donc qu'eni n'adoptant pas des politiquesjudicieuses, les gouvernements encouragent la dégradation des ressourcesforestières, ce qui conduit immanquablement à un déforestation effréné.
Comme c'est aussi le cas pour d'autres secteurs, il faut renforcer enAfrique subsaharienne les institutions du secteur forestier pour leurpermettre de surmonter les facteurs qui conduisent au déforestation.Essentiellement, les services forestiers manquent de personnel, qu'ils'agisse de techniciens, de cadres ou d'administrateurs. La pénurie dematériel moderne de recherche, de moyens de transports et de crédit defonctionnement est un obstacle supplémentaire à des activitésproductives de recherche forestière, à l'établissement d'inventairesforestiers, à la prestation de services de vulgarisation et à l'applicationstricte des règlements. Des empiétements ont lieu même dans les zonesprotégées et dans les parcs nationaux, tout simplement parce que lesservices publics n'ont pas les ressources humaines et matérielles leurpermettant de mettre sur pied et de poursuivre un programme efficacede prévention.
L'exploitation forestière contribue aussi de façon directe et indirecteau déforestation. Les méthodes actuelles d'abattage restentdestructrices; en effet, il faut abattre deux mètres cubes de bois sur piedpour produire un mètre cube de bois de grume, ce qui modifiesensiblement la diversité biologique de l'écosystème.
En outre, il faut des années ou des générations pour régénérer, si ony parvient, les essences qui caractérisaient la forêt d'origine à son stadede maturité. Ce qui arrive donc en général, c'est que la forêt vierge estremplacée par une forêt secondaire fortement dégradée qui peutprendre des siècles, si tant est qu'elle y parvienne, à retrouver lamaturité de la forêt d'origine. Cette forêt dégradée est une invitationouverte aux petites entreprises désireuses d'exploiter le bois de feu oude la défricher pour faire la place à des pâturages ou à des cultures -et, dans ces conditions, même les forêts secondaires se dégradent deplus en plus ou sont complètement détruites.
Les voies d'accès construites par les entreprises d'abattage ouvrent laforêt aux migrants à la recherche de nouvelles terres à défricher. Même
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LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALES 13OMBROPHILES DE L'AFRIQUE
quand on sait que les sols forestiers sont appauvris et ne peuvent être
cultivés, dans le meilleur des cas, que pendant quelques années, la
pauvreté est une incitation si puissante qu'elle pousse les gens, qui n'ont
pas d'autre option, à défricher les terrains forestiers et à y pratiquer des
cultures, sachant fort bien qu'ils devront peu après quitter les lieux et
rechercher d'autres terrains, et cela aussi longtemps qu'il reste des forêts
non protégées.
Les organismes internationaux d'aide, y compris la Banque
mondiale, qui sont désormais à la recherche de solutions au problème
du déforestation, admettent qu'ils ont parfois contribué dans le passé à
la destruction des forêts par des projets qui, malgré toutes leurs bonnes
intentions, n'étaient guère appropriés. Les organismes de
développement ont encouragé ou soutenu des projets qui ont défriché
des forêts pour construire des routes nationales et rurales, des réservoirs
ou des ouvrages d'irrigation, aménager des pâturages et des plantations
fruitières, de café, de cacao, de caoutchouc, de thé, de palmier à huile et
de bois. Les services forestiers ont été amenés à convertir des réserves
forestières, qu'il leur incombe pourtant de gérer, en plantations
forestières monospécifiques.22 Le rythme de ces regrettables
conversions ne s'est pas ralenti ces dernières années.
Ce bref résumé des causes du déforestation en Afrique subsaharienne
masque une situation complexe. De même, la mise en oeuvre de
solutions est extrêmement difficile sur les plans social, politique et
institutionnel. Il est clair qu'il n'existe pas de solutions simples et que,
pour obtenir un résultat, fût-il modeste, il faut aborder le problème dans
son ensemble.La première chose à faire consiste à élaborer non pas une stratégie forestière
mais une stratégie pour la forêt - qui tienne compte des relations entre les
différen ts niveaux (monidial - régional - national - local) et les différents secteurs
qui onit uine incidence sur la forêt. Il faut se placer dans une perspective
équilibrée qui répartisse les responsabilités entre le Nord et le Sud, et
entre les diverses parties: collectivités locales, gouvernements, secteur
privé, organismes de développement et institutions d'aide
internationales et locales non gouvernementales.
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14 LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
Une approche globale
Une fornniule globale visant à arrêter le déforestation doit avoir poutr élémentcentral les popiulations locales, dont le bien-être et la participation sontessentiels. Pour cela, il faut s'efforcer d'intervenir dans toute la mesuredu possible par des incitations, même s'il faut aussi avoir recours à desrèglements et à des mesures de contrôle. Sans aucun doute, il faudrapour cela renforcer les structures institutionnelles et juridiques des paysparticipants. Il faudra aussi chercher à affermir et à renforcer lacoopération régionale entre les pays. Cette approche sera fondée surl'amélioration de la coordination entre toutes les parties, pour s'assurerqu'aucun investissement ne sera envisagé avant d'avoir été soumis àune analyse coûts-bénéfices rigoureuse faisant une place égale auxfacteurs écologiques, sociaux et économiques.
Le cadre approprié permettant de poursuivre une stratégie efficacede conservation et d'utilisation durable des forêts tropicales africainescomprendrait les principaux éléments suivants:
* Elément de départ: les populations africaines
* Le rôle des femmes
* Vers une agriculture viable
* Les relations avec la forêt
* L'exploitation forestière
* La participation des collectivités locales et des ONG* Le rôle des pouvoirs publics
* Le service forestier
* Coordination entre les intéressés* Coordination entre l'Afrique et le reste du monde* Recherches et statistiques
Nous décrivons ci-après ces divers éléments.
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Elémnent de départ: les populations africaines
Il n'existe, en fait, aucune dichotomie entre protection/mise en valeur
des forêts, d'une part, et, de l'autre, bien-être des populations qui
utilisent les forêts. Une bonne politique de développement tiendra
compte de ces deux éléments - alors qu'une politique qui encourage
le déforestation accélèrera la pauvreté et portera tort aux Africains. En
outre, une politique efficace peut et doit assurer l'amélioration du
niveau de vie de la population et confier à celle-ci un rôle de premier
plan dans la conception et l'exécution des mesures à prendre.
L'espace et les ressources naturelles de notre planète n'étant pas
infinis, il est clair qu'il faut ralentir en Afrique subsaharienne le rythme
de la croissance démographique, qui est devenu véritablement explosif.
Il importe que la croissance démographique et le développement
économique trouvent une cadence durable, compatible avec des
mesures visant à établir un équilibre écologique. La croissance
démographique ne peut pas se poursuivre à un rythme qui dépasse le
taux d'accroissement de la production agricole de base, si l'on veut
assurer la viabilité de l'exploitation des ressources forestières.
Il est urgent de ramener en priorité le taux de croissance
démographique aux alentours de 2,2% par an (il dépasse aujourd'hui
3%)*23 Pour y parvenir, on pourrait, par exemple, encourager les
ménages à avoir moins d'enfants et éliminer les facteurs qui rendent
nécessaire d'avoir une famille nombreuse pour disposer de
main-d'oeuvre et assurer la subsistance. L'amélioration de l'éducation,
notamment celle des filles (au minimum, il s'agira de porter l'éducation
des filles au même niveau que celle des garçons) et une focalisation plus
directe des interventions de planning familial sur les jeunes femmes
permettront de réduire le taux de fécondité. Il est impératif de faire face
aux besoins en matière de planning familial. En outre, grâce à
l'amélioration des services de santé, il ne sera plus aussi nécessaire
d'avoir beaucoup d'enfants puisque ceux-ci auront de meilleures
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chances de survie. A l'heure actuelle, les taux de mortalité infantiledépassent 170 par 1.000 naissances dans les pays d'Afriquesubsaharienne à faible revenu: ce sont là des statistiques déplorablesqu'on ne retrouve dans aucune autre région.2 4
Le rôle des femmes
Comme cette stratégie d'utilisation durable de la forêt est centrée sur lapopulation, il devient de la plus haute importance de mettre en relief lerôle des femmes dans tous les aspects de la vie économique et sociale descollectivités africaines. Les femmes occupant une grande place dansl'agriculture, la récolte des produits forestiers, l'éducation, la viedomestique, les services médicaux et le bien-être familial, il estabsolument essentiel qu'on les associe étroitement à toutes lesinitiatives si l'on veut avoir la moindre chance d'obtenir un succèsdurable.
Comme l'a dit Robert McNamara, ancien Président de la Banquemondiale, à l'occasion du Forum des décideurs africains qui s'est tenuen juin 1990 à Ota, au Nigéria: "On a beaucoup parlé de donner auxfemmes un plus grand rôle en Afrique. Or, en toute franchise, très peude choses prouvent que leur rôle ou leur condition ont changé".2 5 Ilnous faut passer sans plus tarder de la parole à l'acte dans ce domaine- sans quoi il sera tout simplement impossible de freiner la croissancedémographique, d'améliorer la productivité agricole et de conserver lesressources naturelles de l'Afrique, forêts comprises.
Vers une agriculture viable
En Afrique, il faut encourager avec plus de vigueur une agriculturedurable grâce à des activités visant à accroître sa productivité. Enpremier lieu, il est indispensable d'accélérer la transition entreagriculture extensive et agriculture intensive. C'est seulement de cettefaçon qu'on encouragera les agriculteurs à s'installer définitivement età se servir de techniques appropriées pour améliorer les terres (en
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LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALES 17OMBROPHILES DE L'AFRIQUE
d'autres termes, pour intensifier les cultures) sans avoir à toucher les
forêts encore intactes. Le but est de parvenir à un taux de croissance
annuelle de la production agricole de 4% - soit le double du chiffre
actuel, ce qui permettrait d'enregistrer une augmentation réelle des taux
de production par habitant.
Une agriculture viable suppose aussi l'amélioration et
l'intensification d'une agroforesterie appropriée, l'utilisation accrue
d'engrais, l'intégration de l'agriculture et du petit élevage sur
l'exploitation, et d'autres méthodes de production agricole durable.
Comme on l'a déjà dit, il est impératif de faire participer les femmes à
ces efforts si l'on veut obtenir un taux de croissance agricole viable.2 6
Il faut faciliter la demande de techniques améliorées visant à faire
augmenter les rendements en adoptant des mesures qui frappent
d'impôt et limitent l'agriculture itinérante et réduisent les risques
qu'entraîne l'intensification de l'agriculture. Pour atteindre cet objectif,
il est indispensable de limiter l'accès des agriculteurs à la forêt encore
intacte et aux autres zones à écologie délicate. A l'heure actuelle, la
plupart des pays africains n'ont pas les moyens de mettre en pratique
des interdits de ce genre. Cependant, on peut se servir du
développement de l'infrastructure pour encourager les populations à
s'installer dans des régions à meilleur potentiel agricole et à abandonner
les zones qui méritent d'être protégées. L'absence d'une infrastructure
dans les zones à écologie délicate, comme les forêts primaires et les
marécages, aidera à les préserver en gardant les agriculteurs à distance.
Les agriculteurs sont moins aptes à s'installer dans des zones forestières
où n'existent ni services ni infrastructure.
De meilleur garanties de la séclrité des droits d'occupationi des terres
conduiraient aussi les agriculteurs à s'intéresser davantage à la fertilité
et à la conservation des sols. Ils seront moins prompts à abandonner des
terres dont ils sont propriétaires de plein droit ou qui leur sont louées
par des baux à long terme et plus enclins à procéder aux investissements
nécessaires pour diversifier l'agriculture et la rendre plus intensive.
Afin de mieux garantir les droits à la terre et d'encourager la population
à participer à la gestion des ressources naturelles locales, l'Etat doit
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18 LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
renoncer à ses droits domaniaux sauf sur les terres protégées, les parcsnationaux et certaines forêts qui sont exploitées pour leur bois sous unrégime durable. Dans les cas où des dispositifs coutumiers d'occupationdes terres peuvent continuer à bien fonctionner dans les zonesforestières ou à leurs abords, il importe de garantir aux collectivitéstraditionnelles leurs droits à ces terres. Au sein de la collectivité, on peutcontinuer à attribuer les terres comme le veut la coutume.
Le don de terres aux collectivités locales mettra sans doute un termeau ramassage du bois par des personnes venues de l'extérieur. En pareilcas, le prix du bois augmentera, rendant ainsi plus compétitives lesautres sources d'énergie, notamment dans les zones urbaines qui sontles principaux bénéficiaires de la liberté d'accès aux forêts.L'arboriculture, soit en plantation, soit en régime d'agroforesterie,deviendra rapidement plus rentable, notamment dans les zones où lebois de feu est déjà rare -et surtout près des grandes villes, dont lesapprovisionnements en bois de feu et en charbon de bois viennent delieux de production lointains.
Les relations avec la forêt
Etant donné l'importance de la forêt tropicale dense pour l'équilibreécologique régional et mondial, il est essentiel d'organiser lesinterventions dans la forêt, et même les relations avec cette dernière, demanière à éviter de l'endommager. Les zones forestières qu'on jugeécologiqueinent ou socialement délicates doivent être déclarées aires protégées.Pour le reste, toutes les interventions et tous les projets d'investissement quitouchent la forêt doivent faire l'objet d'une évaluation de leurs effets surl'environnemenit et d'une étude socio-économique assortie d'une analysecoûts-bénéfices.
L'abattage ne doit être permis que dans les forêts tropicalessecondaires, sur les terres dégradées ou abandonnées, dans lesplantations et dans les périmètres plantés ou reboisés qui n'exercentaucune influence sur des zones écologiques critiques. Il faut augmenterles redevances d'abattage pour tenir compte de tous les coûts
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économiques et sociaux des forêts, y compris les services écologiques
et les produits non forestiers qu'elles fournissent. Il faut y ajouter le coût
des travaux de remise en état ou de replantation, quel qu'en soit le
promoteur, Etat compris. A elle seule, cette mesure permettrait aux pays
de recevoir une part plus grande du produit de l'utilisation de leurs
forêts et de décourager un abattage excessif.
Une partie de ces redevances devraient être remises aux collectivités
locales qui sont propriétaires des forêts ou en assurent la gestion. De
nouvelles formules d'accords de concession, fondés sur le principe de
"la meilleure pratique", devraient également être adoptées pour
contraindre les entreprises d'abattage à replanter et à conserver
certaines zones ou à en assumer les coûts. En outre, les concessions
devraient être vendues aux enchères au plus offrant, dans le cadre de
procédures d'appel d'offres transparentes. Ces mesures permettraient
aux collectivités locales d'obtenir une plus grande part des bénéfices et
feraient payer aux sociétés d'abattage le droit d'exploiter des biens
publics.La démarcation des réserves où l'agriculture et l'abattage seraient
interdits, ainsi que l'affectation de certaines terres à un régime
d'abattage sélectif et de replantation aggraveront la pénurie de terres à
cultiver. A la suite de l'application rigoureuse des démarcations, la
demande de techniques d'intensification des cultures va donc sans
doute augmenter - permettant d'accélérer l'abandon de l'agriculture
itinérante.2 7
Il est absolument essentiel d'élargir et d'améliorer les recherches
portant sur la durabilité de la foresterie et de l'agriculture pour prouver
la durabilité de certaines techniques de foresterie et d'agriculture avant
de permettre qu'on continue à les employer. Il est par ailleurs
indispensable de pratiquer en parallèle des techniques modernes
d'agriculture qui utilisent des semences à fort rendement et des
produits chimiques et font appel à la mécanisation. Et il sera nécessaire
d'assortir ces techniques durables de facteurs de production modernes
(y compris adduction d'eau) si l'on veut obtenir un taux de croissance
agricole de 4%, par an. La réalisation de cet objectif est essentielle pour
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20 LA I'ROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
que les populations africaines améliorent véritablement leur niveau devie de 1% par an et pour obtenir un niveau acceptable de sécuritéalimentaire.
L'exploitation forestière
On ne sait pas très bien dans quelle mesure la viabilité écologique desforêts ombrophiles primaires peut être compatible avec leurexploitation, et particulièrement avec l'extraction commerciale du bois.Beaucoup d'experts et de profanes sont convaincus de la nécessitéabsolue d'interdire l'exploitation de ces forêts pour en tirer du bois, toutau moins là où ne subsistent que de petites superficies de forêtstropicales humides. L'Organisation internationale des bois tropicaux(OIBT), le Plan d'action forestier tropical et beaucoup d'organisationsnon gouvernementales (ONG) affirment qu'il ne faut permettre aucuneextraction de bois dans les forêts tropicales humides, à moins que cetteexploitation ne soit écologiquement viable. Plusieurs pays africains quipossèdent des forêts, ainsi que certains bailleurs de fonds, proposent dedonner dès que possible un caractère de durabilité à l'extraction du boiset de mieux la gérer. Bien qu'on puisse replanter certains arbres, ungrand nombre d'espèces animales et végétales ne sont pas adaptéespour survivre dans des forêts secondaires. Ainsi donc, on réduitconsidérablement la diversité biologique quand on compare forêtssecondaires et forêts vierges. Dans ces conditions, il apparaît clairementqu'il faut absolumenit interdire l'exploitation dans les zones à écologie fragileet dans tous les cas partout oÙ unle exploitation véritablement durable n'est paspossible.
Si l'on permet l'exploitation de certaines forêts vierges tropicales, ilfaut alors que les entreprises privées qui s'en chargent améliorent leursinterventions et fassent preuve d'un meilleur sens de leursresponsabilités. Les accords de concession doivent stipuler les devoirs,aussi bien que les droits, de ces entreprises. Le paiement d'impôtsappropriés doit devenir la norme et la fraude fiscale doit être éliminée.Les entreprises doivent consacrer une plus grande partie de leurs
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activités à la gestion de forêts secondaires et de plantations industrielles,au lieu de continuer à exploiter principalement des forêts vierges. Onpourrait encourager cette réorientation de l'abattage en frappant le boisprovenant de zones replantées ou de plantations industrielles d'unimpôt beaucoup moins lourd que le bois provenant d'arbres abattusdans les forêts vierges. En outre, les entreprises forestières devraient
payer des redevances d'exploitation au titre des arbres qui sontendommagés à la suite de l'abattage ou de l'extraction. Si, comme ons'y attend, les cours des essences tropicales augmentent, ledéveloppement des plantations deviendra plus rentable.
La participationi des collectivités locales et des ONG
Pour que les habitants des forêts et ceux qui vivent des produitsforestiers puissent jouer leur rôle dans l'effort de coopération visant àconserver la forêt, il est essentiel qu'ils aient pleinement connaissancede tous plans d'aménagement éventuels et qu'ils participententièrement à la préparation et à l'exécution des politiques et desactivités qui concernent leurs forêts.2 8 Jusqu'ici, les gouvernements, les
entreprises privées et les bailleurs de fonds ne se sont pas suffisammentintéressés au sort des habitants des forêts, et notamment des pygmées.
La culture des pygmées, voire leur existence, dépendent de la forêtdense et elles sont gravement menacées par les empiétement del'agriculture, par l'abattage, par le développement de l'infrastructure etpar les incursions de braconniers munis d'armes modernes.
Mais les pygmées ne sont pas les seuls à être menacés. Presque toutesles populations qui vivent dans la forêt ou à proximité, et qui en tirentleur subsistance, sont menacées par des migrations et par lebouleversement du fondement économique et social de leur coexistenceavec la forêt. Les bailleurs de fonds se sont rendu compte des problèmesassociés à la protection du bien-être des habitants de la forêt -maisn'ont pas encore mis en oeuvre des solutions efficaces.
Par exemple, les moyens d'associer les collectivités locales à laprotection de la forêt primaire n'ont pas encore été identifiés. Dans
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certains cas, les collectivités locales ont vendu des arbres pour aider àconvertir à l'agriculture des terres forestières. Cependant, comme on neles a pas autorisées ou encouragées à participer aux activités deconservation, les forêts sont vouées à la destruction. Sans aucun doute,les pouvoirs publics sont incapables, à eux seuls, de gérer et de protégerdes superficies aussi importantes. Le problème essentiel consiste à identifierdes mesuires qui encouragent les collectivités locales à conserver les forêts et àles gérer tffi. 1 l
Une façon d'encourager la participation des collectivités localesconsiste à faciliter le développement intégré des forêts et del'agriculture. De cette manière, les collectivités qui gèrent des "zonestampons" forestières reçoivent une aide, sous forme de services sociauxet de conseils de vulgarisation agricole, dans le cadre de projets intégrésde conservation et de développement. Il convient aussi de recruter dansla population locale les gardes forestiers qui ont mission de lutter contrel'abattage et le braconnage illégaux, tout en accordant à la populationlocale des droits de chasse et de ramassage de certains produits qui nemettent pas en cause l'intégrité de l'écosystème forestier. Nonseulement une telle méthode est efficace par rapport aux coûts, maiselle permettrait de créer des emplois locaux.2 9
Les ONG nationales doivent jouer un rôle fondanmental dans ce genre dedéveloppement. En effet, elles sont bien placées pour servir de catalyseuret fournir des renseignements aux pouvoirs publics, aux bailleurs defonds, aux ONG internationales et aux collectivités locales. Les ONGnationales peuvent aider à préciser les éléments techniques despolitiques et des interventions, et aussi participer activement à lapréparation et à l'exécution des projets et des politiques.
L'éducation écologique est un autre élément essentiel pour faire prendreconscience à la population du prix qu'elle doit accorder à undéveloppement écologique rationnel. Il faudra beaucoup de tempspour modifier les données, les attitudes et les comportements existants,dont beaucoup vont à l'encontre d'un développement durable. Tous lespartenaires qui participent à l'oeuvre de développement ont uneimportante contribution à apporter dans la définition des messages et
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LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALES 23OMBROPHILES DE L'AFRIQUE
de la documentation concernant un programme viable d'éducationécologique. Les ONG internationales ont saisi vigoureusementl'initiative dans ce domaine, mais il reste encore beaucoup à faire pourque les autres partenaires apportent un soutien plus large et plus visible.
Le rôle des pouvoirs publics
La place prépondérante qu'on accorde au rôle des collectivités localesne signifie pas que les pouvoirs publics doivent cesser de participer àla lutte contre le déforestation des tropiques. Bien au contraire, lesdécisions prises par les gouvernements souverains sont cruciales si l'on veutparvenir à freiner, puis à arrêter, la disparition des forêts - puisque ce sonteux qui définissent le cadre socio-économique dans lequel s'inscrit la politiqueforestière.
Il faut donc renforcer les capacités et les moyens dont disposent lesautorités nationales afin de donner la cohérence indispensable auxdiverses politiques sectorielles -dans l'optique générale desproblèmes de développement et de remplir les fonctions essentielles devulgarisation agricole - et de gestion des forêts. Cependant, il fautmodifier l'attitude classique à l'égard des mesures à prendre au niveaunational.
Ce dont on a besoin, c'est d'une collaboration unissant tous lesintéressés, plutôt que d'aborder le problème dans une optiquesectorielle. Il est préférable, par exemple, d'accorder une grande placeà la formation des gestionnaires des ressources, au lieu d'adopter laformule plus étroite qui opère une distinction entre la formation desgardes forestiers, celle des garde-chasse et celle des administrateurs debassins versants.
Il faut également rationaliser la taxation des activités qui sont liées àla forêt. En premier lieu, il faut simplifier la grille des taxes pour enfaciliter le recouvrement. En second lieu, il importe, dans laredistribution des recettes, d'octroyer aux collectivités locales une partéquitable qui tienne compte du rôle qu'elles jouent dans la protectionet la gestion des forêts. En troisième lieu, et compte tenu des réalités
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commerciales, le taux d'imposition doit correspondre à la valeur desressources utilisées. A l'heure actuelle, la plupart des taxes sont simodestes que leur produit ne parvient pas à couvrir les frais deperception. Cette absence de réalisme de la fiscalité sur l'emploi des
ressources naturelles accélère le déforestation.
Avec les ans, les appareils administratifs sont devenus beaucoup troplourds. I1 faut les rendre plus souples pour résoudre les problèmes
urgents liés au déforestation et permettre une plus grande participationdes organes d'exécution ainsi que des services qui ne relèvent pas del'Etat. Après avoir, grâce à une formation et à des ressources adéquates,
renforcé leurs compétences en matière de gestion forestière, il faut doterles services publics de moyens suffisants pour qu'ils puissent continuerà remplir leur mission. Les universités africaines devraient elles aussi
accroître leur participation à la gestion des ressources naturelles. Ilconviendra de demander aux partenaires de l'aide internationale de soutenir ce
renforcement des capacités africaines dans le domaine de l'utilisation et de la
gestion des ressources naturelles.
Le service forestier
La complexité des questions forestières conduit à réexaminer le serviceforestier et à voir comment on pourrait le doter d'un personnel capablede les résoudre. Il faut donc revoir les plans de formation destechniciens, des cadres et des vulgarisateurs pour les adapter le mieux
possible aux besoins divers des services forestiers nationaux. Jusqu'ici,l'accès au service forestier a été en général réservé exclusivement aux
diplômés d'études forestières. Or, les dimensions socio-économiques dela forêt montrent clairement qu'il a été désastreux d'exclure lesspécialistes d'autres disciplines.3 0
Il est absolument essentiel que les universités et les services forestiers
africains réexaminent les volets éducation et recrutement de la"politique pour la forêt" que nous préconisons ici. Les bailleurs defonds pourraient jouer un rôle essentiel en améliorant leur soutienfinancier et technique pour le renforcement des institutions, la
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LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALES 25OMBROPHILES DE L'AFRIQUE
restructuration et l'établissement d'installations appropriées à laformation en matière de foresterie tropicale et à la formation sur le tasd'un personnel ne relevant pas du service forestier.
Coordinationi entre les parties intéressées
La coordination des activités de conservation des forêts entreprises partous les intéressés est une dimension fondamentale de la stratégiegénérale. Bien que le PAFT ait suscité un intérêt considérable au niveaunational dans les pays en développement, un grand nombre d'expertset d'organisations estiment que le Plan n'a pas obtenu les résultatsescomptés dans ce domaine et n'est peut-être pas en mesure de lesobtenir.* Certaines organisations ont décidé de ne pas s'associer auxactivités des PAFT; néanmoins, la plupart (dont la Banque mondiale)ont entrepris de chercher les moyens d'améliorer la planification et lesmodalités d'intervention des PAFr nationaux. Les PAFr qui ont étéétablis par un consortium de bailleurs de fonds ont été l'objet de fortescritiques de la part de groupements qui s'intéressent à l'environnement;ces groupements estiment en effet que ces plans ne tiennent passuffisamment compte de la protection de l'environnement, ni desbesoins des habitants des forêts et des collectivités forestières. Cescritiques affirment aussi que certains PAFT nationaux encouragentl'exploitation des forêts tropicales denses.
Le débat dont les PAFT font l'objet tourne autour de la question desavoir si l'extraction du bois dans les forêts vierges tropicales peutdevenir une activité durable. Dans les pays à forêts tropicales humides,les PAFT n'ont pas réussi à établir un consensus quant à la durabilité del'extraction dans les forêts vierges. ertains affirment que l'abattage ne
* PAFT - Le Plan d'action forestier tropical a été conçu en 1985 en tant quecadre international permettant d'assurer la durabilité des forêts tropicals. LePAFT a reçu, au début, l'appui de la FAO, de la Banque mondiale, du PNUD,de l'Instutut mondial des resources naturelles et de la Fondation Rockefeller;il est administré par la FAO. Dans ce cadre général, on a élaboré des PAFTnationaux, avec l'appui de la communaté internationale.
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26 LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
peut devenir durable qu'avec certaines formes de gestion. Leurs
adversaires affirment que la seule façon de conserver leur intégrité
écologique aux écosystèmes de forêt tropicale humide consiste à
interdire complètement l'extraction commerciale du bois. Pour nombre
d'experts et d'organisations écologiques, l'exploitation des forêts
tropicales denses est plus viable quand les collectivités locales
emploient, pour extraire une série de produits forestiers, des méthodes
traditionnelles et durables qui ne modifient pas les fonctions de
l'écosystème forestier. Ils pensent aussi que la mécanisation de
l'exploitation forestière est, par définition, destructrice et attire des
immigrants n'ayant aucune expérience de l'utilisation de la forêt.
Afin de résoudre la controverse, il faut multiplier les expériences
pour mettre à l'épreuve les initiatives de conservation forestière que
proposent les gouvernements, les bailleurs de fonds et les ONG. On
pourrait constituer le long des forêts des zones tampons derrière
lesquelles s'étendraient des terres appartenant aux agriculteurs; ces
derniers définiraient les conditions régissant les investissements en
capital pour la modernisation de l'agriculture afin d'encourager les
populations locales à ne pas empiéter sur la forêt. C'est, en fait, la
méthode qu'a adoptée la Côte d'Ivoire. Il s'agit d'offrir des incitations
pour dissuader les populations de s'installer dans des zones forestières
et même pour encourager ceux qui s'y sont installés à quitter
volontairement ces zones.Dans ce contexte, il convient de noter l'expérience acquise grâce à
plusieurs plains nationialux d'action enz'ironnenenitale mis sur pied par
certains pays d'Afrique subsaharienne. Ces plans nationaux, par
exemple à Madagascar et à Maurice (qui abordent les problèmes del'environnement dans une optique multisectorielle fondée sur le
principe de la participation) ont prouvé qu'il était nécessaire de
renforcer les politiques et institutions forestières nationales. Des
institutions financières multilatérales, comme la Banque mondiale, ontjoué un rôle important dans l'élaboration de ces plans. Ce soutien doitse poursuivre dans un esprit de transparence et de franchise.
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LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALES 27OM BROPHILES DE L'AFRIQUE
Le rôle de la coopération régioniale dans la conservation d'importanteszones forestières mérite aussi qu'on lui fasse une place à part. En effet,un grand nombre de forêts enjambent des frontières nationales; il estdonc nécessaire que les pays concernés collaborent à leur gestion.Certains pays ont fait appel aux services écologiques d'institutionsfinancières multilatérales pour fournir une aide à ces activitésrégionales de conservation, en collaboration avec des ONG quis'occupent de questions d'environnement. Cette aide peut être efficaceet viable si la participation des pays concernés permet de partager desinformations et de bien gérer leurs responsabilités respectives à l'égardde ces services.
Coordii7ation eni tre l'Afriq îe et le reste dii inonde
Les interventions visant à protéger les forêts africaines doivent se faireeii Afrique, mais le reste du monde peut s'efforcer d'appuyer laconservation et l'utilisation durable des forêts. A ce propos, on citesouvent deux méthodes controversées qui permettent d'encourager laconservation des forêts. L'une d'entre elles fait appel à des interventions"négatives", consistant à boycotter les produits en bois tropicaux;l'autre recourt à des interventions "positives" qui encouragent lesoutien financier et technique de la conservation des forêts.
Deux comportements sont sujets à controverse: le boycottage des boistropicaux par les pays industriels et le marquage du bois pour indiquerqu'il n'est pas extrait de forêts vierges. Les partisans de ces mesurespensent qu'elles peuvent être adoptées par les pays industriels pourréduire le marché -et, partant, les exportations - des bois tropicaux(usinés ou non) en provenance de forêts à écologie délicate. Leursadversaires, dont beaucoup de gouvernements et d'ONG d'Afrique,affirment que les bois vendus sur les marchés internationaux ne sontpas tous, en fait, extraits de forêts vierges -certains provenant de zonesreplantées, de forêts secondaires et de plantations industrielles. Ilsaffirment aussi avec insistance que le boycottage et le marquage sont
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difficiles à mettre à exécution. Par exemple, il sera très facile aux
exportateurs de passer en contrebande le bois d'un pays frappé de
boycott et de l'expédier à partir d'un pays voisin dont le commerce estlibre. Enfin, les adversaires de ces mesures soulignent que les boycotts
frapperaient particulièrement de sanctions économiques les pays
exportateurs - dont la plupart sont extrêmement pauvres - sans leur
donner le moindre dédommagement. Les pays finiraient donc par
trouver le moyen de contourner le boycott et il y a lieu de croire que
leurs dirigeants n'auraient pas autant d'enthousiasme pour participer
à l'oeuvre de conservation des forêts.S'agissant d'une action internationale positive, on s'accorde
généralement à reconnaître que le monde tout entier recueillera lesfruits d'une protection renforcée des forêts tropicales humides - alors
que la quasi-totalité du coût sera supporté par les pays où se trouventces forêts. On a donc besoin de trouver des formules qui offrent aux pays
producteurs un dédommagement pour les bénéfices qu'ils sacrifient s'ils
mettent un terme à l'extraction et si les forêts deviennent des réserves. Lapremière formule de dédommagement de ce genre a été la conversion
de dettes en investissements écologiques. Le nombre d'opérations de ce
genre en Afrique est à ce jour limité, mais il semble que cette formule
ait un grand avenir.
Plus récemment, on a réussi à mobiliser plus de 1 milliard de dollarspour un Fonds pour l'environnement mondial (alimenté par les
contributions de bailleurs de fonds bilatéraux, du Programme des
Nations Unies pour le développement, du Programme des Nations
Unies pour l'environnement, de la Banque mondiale et de banques
régionales de développement); ce Fonds doit permettre dedédommager les pays qui réduisent certaines activités rémunératricesqui sont préjudiciables à la conservation de la diversité biologique (parexemple, l'exploitation des forêts), sont à l'origine d'émissions de gaz
carbonique (comme les incendies de forêts), polluent les eauxinternationales ou portent atteinte à la couche d'ozone. On pourral'utiliser pour constituer des réserves et des parcs dans des zones
forestières des tropiques.
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LA ['ROTECTION DES FORÊTS TROI'ICALES 29OMBROPHILES DE L'AFRIQUE
Il est important de souligner qu'en Afrique, la conservation et lesrecherches écologiques doivent bénéficier de donis de préférence à desprêts. La Banque mondiale aide à identifier ce financement. Plus de 50%du cofinancement que reçoit le programme d'investissements dans ledomaine de l'environnement de Madagascar, par exemple, sont sousforme de dons. Beaucoup de bailleurs de fonds sont en train d'examinerdans le détail des mécanismes financiers mondiaux visant à protégerl'environnement. Ces mécanismes sont particulièrement importantspour les zones forestières tropicales où la diversité biologique est d'unintérêt international.
Rechierches et statistiqlues
Les informations portant sur l'étendue, la situation et l'évolution desforêts restent fragmentaires et peu fiables et sont en généralinaccessibles à ceux qui en ont le plus besoin. A l'époque de latélédétection par aéronef ou par satellite sur plate-forme, à un momentoù l'on dispose de puissants outils de calcul - logiciels et matériels -une telle pénurie de renseignements au sujet de ressources nationaleset mondiales aussi précieuses est surprenante. Malheureusement, tel estle cas.
Comme les données sont inaccessibles ou mal organisées, il estessentiel de constituer une base de données statistiques qui permettentde déterminer plus facilement la nature et l'intensité du déforestationen Afrique, d'en chiffrer les causes et de surveiller son évolution. Il fautaussi s'efforcer non seulement d'élaborer des méthodes d'analyse et desoutils statistiques, mais aussi de veiller à ce qu'on les emploie sanstarder et efficacement pour résoudre les questions de gestion forestière,tout en répondant aux besoins prioritaires des forestiers, desresponsables des ressources et des décideurs.
Il est par ailleurs essentiel d'élargir le champ des echerches et de lesmettre à profit pour exploiter les écosystèmes forestiers. Ces recherchesfondamentales doivent servir à mettre au point des stratégies de gestiondébouchant sur des pratiques forestières durables. Il faut aussi
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30 LA P'ROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
intensifier les recherches d'agroforesterie afin de soutenir
l'intensification de l'agriculture. Et, en sus des recherches portant surdes questions techniques, il faut (dans un contexte intégré) effectuer desrecherches sur les aspects sociaux, économiques et politiques de la
consommation et de la gestion des ressources forestières, prises au sensle plus large du terme. Il est essentiel que les universités africaines
prennent l'initiative de ces recherches et jouent dès le début un rôle
important dans le processus de développement.
Le rôle de la Banque mondiale
En règle générale, les projets de forêts tropicales n'ont occupé qu'une
place très réduite dans le programme de prêts de la Banque mondialeà l'Afrique subsaharienne. Or, les questions concernant la forêt tropicaleont conduit certains ONG internationales à critiquer très vivement la
Banque, surtout à propos d'autres projets "non forestiers" qu'ellesoutient (par exemple, les projets de plantations de palmiers à huile) et
qui peuvent encourager le défrichement d'espaces forestiers.
Aujourd'hui, cependant, tous les projets que finance la Banque mondiale
doivent être examinés de près pour voir quels seront leurs effets sur
l'en viro nnemenit.
La Banque a participé à l'élaboration du PAFT, dont beaucoupd'experts et d'organisations estiment qu'il a besoin d'être amélioré pourpouvoir déboucher sur une utilisation durable des forêts. En fait,diverses organisations internationales, dont la Banque elle-même, ontmis en doute que les forêts tropicales humides puissent fournir des
ressources en bois de façon durable.Dans ce débat, il s'agit essentiellement de savoir si une exploitation
durable du bois peut aussi permettre d'assurer la pérennité del'écosystème de la forêt tropicale, avec toute sa série d'élémentsbiologiques, physiques et chimiques. Il ne fait aucun doute que lespopulations locales ont extrait des produits du bois par des méthodesqui ont permis pendant des siècles une exploitation durable.
Cependant, ces faibles niveaux d'extraction ne semblent guère
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réalisables ni dans le cadre d'opérations commerciales, ni pour
répondre aux besoins de populations nombreuses et qui ne cessent des'accroître. A l'heure actuelle, la Banquie mondiale s'efforce de mettre au pointune politique forestière alliant la durabilité écologique à la viabilité de
l'exploitation du bois dans les forêts tropicales humides à travers le monde.
Des projets financés récemment par la Banque en Guinée, au Ghana,en Côte d'Ivoire et au Cameroun ont été conçus pour s'attaquer à toute
une série de questions qui concernent les forêts tropicales - l'objectifgénéral étant de promouvoir des mesures qui freinent et, en fin decompte, arrêtent le déforestation. Ces projets comportent des volets
inventaire forestier, cartographie, zonage agro-écologique, réductiondes dimensions des concessions d'abattage, création de parcsnationaux, de réserves et de zones tampons, gestion forestière,recherches, vulgarisation et renforcement des institutions. Ces projetsne suffisent pas, à eux seuls, à arrêter le déforestation en Afrique, mais
ils offrent néanmoins aux pays des formules de gestion permettant derationaliser l'emploi de leurs ressources forestières.
Comme on l'a déjà noté, les causes du déforestation sont trop
complexes pour qu'on puisse leur trouver une solution dans la seuleréalisation de projets forestiers. Dans le passé, les projets forestierssoutenus par des bailleurs de fonds, Banque comprise, n'ont pastoujours tenu compte comme il le fallait des facteurs sociaux etpolitiques qui conduisent au déforestation. Dans ces conditions, on abesoin d'uine politique pour la forêt qui suive le schéma plus général et plus
délibéré que nous proposons ici, de préférence à une stratégie plus ponctuelleet plus fortemenit polarisée.
La politique de la Banque en matière de terres vierges est explicite
s'agissant de la conversion des forêts tropicales humides. Cettepolitique, appliquée depuis juin 1986, déclare que "la Banque refusenormalement de financer des projets portant sur des espaces naturels àécologie délicate, même si cette conversion a eu lieu avant que la Banquene soit invitée à envisager un financement". 31 Elle précise que les forêtstropicales humides des terres basses sont des terres vierges à écologiedélicate. Compte tenu de cette politique, la Banque ne va donc pas
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32 LA PROTECTION DES FORÊTS TROPICALESOMBROPHILES DE L'AFRIQUE
normalement financer des projets d'exploitation ou autres qui conduiraient àla conversion de forêts tropicales.
En novembre 1990, le Vice-Président de la Banque, Bureau régionalAfrique, a déclaré au Conseil d'administration que: "s'agissant desprêts forestiers, le Bureau régional Afrique a pour politique de nefinancer aucun projet forestier dont on ne peut prouver qu'il est durablesur le plan écologique".32 Le poids accordé à la durabilité écologique,et non pas à la durabilité des rendements, montre bien qu'il s'agit d'unepolitique pour la forêt, et non pas d'une politique forestière.
Le premier prêt forestier de la Banque en Afrique a été, en 1968, unprojet de développement de plantations forestières en Zambie. Les prêtsforestiers ont continué à porter essentiellement sur des plantationsindustrielles jusqu'à la fin des années 70; à partir de cette date, les projetsont surtout porté sur la foresterie et l'agroforesterie sociales, afin deréduire les pressions de plus en plus fortes qui s'exerçaient sur le boisde feu naturel. La Banque a également soutenu le développement deplantations du secteur public mais avec de moins bons résultats. Ilconvient donc d'accorder désormais une plus grande place auxplantations du secteur privé sur des terrains privés qui servent àalimenter des industries à base de bois et peuvent conduire à unegestion plus efficiente et plus efficace de ressources limitées. Les recettesfiscales obtenues grâce aux plantations du secteur privé pourraientaider les gouvernements à conserver les forêts naturelles afin depermettre aux collectivités locales d'extraire de façon durable desproduits autres que le bois et de préserver ainsi les avantages qu'en tirela société sur le plan de l'environnement. 33 Même quand on les porte àdes niveaux commerciaux, ces méthodes traditionnelles d'extractionrisquent moins que l'exploitation commerciale de compromettre lesfonctions écologiques des forêts naturelles - tout en restant capablesd'offrir une meilleure rentabilité économique à plus long terme.
On connaît mal les produits des forêts tropicales denses qu'onpourrait utilement exploiter, et c'est pourquoi il est approprié que laBanque apporte un soutien accru aux recherches sur les produitsforestiers. D'ores et déjà, plusieurs sociétés pharmaceutiques ont établi
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dans des pays tropicaux des laboratoires de recherche, où elles
effectuent un dépistage préliminaire des propriétés médicinales deproduits chimiques extraits d'espèces qu'on trouve dans les forêtstropicales et ailleurs. La Banque pourrait encourager les pays àparticiper plus activement à ces recherches appliquées en créant deslaboratoires nationaux de chimie des produits naturels. Grâce auxbénéfices considérables que la chimie des produits naturels pourrait
procurer avec la fabrication de produits thérapeutiques, de carburantset de lubrifiants, les pays africains pourraient obtenir d'importantessommes en devises.
Conclusion: une optique globale
Sans aucun doute, il est urgent d'adopter une démarche globale etgénérale pour arrêter la déforestation de l'Afrique subsaharienne. Decette manière, on aidera à mettre en place pour la forêt une politique
éclairée qui tienne compte des paramètres écologiques et soit bénéfiqule pourles poplulations tout en apportant à long terme des avantages durables
aux collectivités locales, aux nations et au patrimoine mondial.
Seule une collaboration durable, regroupant tous les intéressés, peuttransformer cet objectif en une réalité. Le sort des générations actuelleset futures en dépend.
Nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer dans cette entreprise.
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Notes
L'auteur remercie Emmanuel Asibey, Leif Christoffersen, KevinCleaver, Mary Dyson, Nicolas Egli, François Wencelius, Axel Peuker et
Robert Tillman qui l'ont aidé à rédiger le présent texte; il remercieégalement Robert Goodland, John Peberdy et Lee Talbot pour leursutiles commentaires et suggestions. Il doit une dette de gratitude toute
particulière à Gerard Rice, dont les conseils ont aidé à mettre le texte enforme et à Bruce Ross-Larson et John S. Metzger, qui ont collaboré à saprésentation matérielle. Le secrétariat a été assuré par Isaac Vodi.
1. Houghton, Richard A. 1990. "The Future Role of Tropical Forestin Affecting the Carbon Dioxide Concentration of the Atmosphere."
Ambio 4(19): 204-9
2. On trouvera une étude générale et une analyse des problèmes del'environnement en Afrique subsaharienne et de leurs relations avecd'autres problèmes de développement dans L'Afrique subsaharienne: de
la crise à ulne croissance durable (Banque mondiale, 1989).3. UNESCO.1990. "Forêts tropicales: mise en valeur ou mise à sac?"
UNESCO Sources 19, Paris.4. Voir Ismail Serageldin, Pauvreté, ajustemtienit et croissance en Afrique
(Banque mondiale, 1989).5. Asibey, E. O. A. et J. G. K. Owusu.1982. "The Case for High-Forest
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8. Botkin et Talbot. 1991, op. cit.9. Raven, Peter H. 1988. "Our Diminishing Tropical Forests." Dans
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10. Reid, W. V. et K. R. Miller. 1989. Keeping Options Alive: TheScieîîtific Basis for Conserving Biodiversity. Washington: World ResourcesInstitute.
11. Ledec, George et Robert Goodland. 1988. Wildlands: TheirProtection and Managemeîît in Ecotnomic Development. Washington:
Banque mondiale.12. Ibid.
13. Houghton. 1990, op. cit.
14. Arrhenius, Erik A. et Thomas W. Waltz. 1990. The Greenh1oiuseEffect: Implications for Econo7nic Developinent. Document de synthèse 78de la Banque mondiale. Washington.
15. Woodwell, George M. 1990. Tlie Role of Forests in Determining tlueComposition of tlîe Atinosphere. Etude analytique de la politique forestièrede la Banque mondiale. Washington.
16. Ibid
17. Ibid.18. McNamara, Robert S.1990. La crise di développement de l'Afrique:
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22. Asibey, E. O. A. 1990, op. cit.23. McNamara. 1990, op.cit.24. Ibid.
25. Ibid.
26. Cook, C. C. et M. Grut. 1989. Agroforestry in Sub-Saharan Africa:A Farmer's Perspective. Rapport technique 112 de la Banque mondiale.Washington.
27. Goodland et al. (A paraître), op. cit.28. Voir Directive opérationnelle 4.30 de la Banque mondiale.29. Kiss, A. (directeur de publication). 1990. Living with Wildlife:
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technique 130 de la Banque mondiale. Département technique Afrique.Washington.
30. Poore et al. 1989, op.cit.
31. Voir Directive opérationnelle 11.02 de la Banque mondiale.32. Jaycox, Edward V. K. 1990. "Regional Briefing on Economic and
Development Issues in Africa." Allocution prononcée devant le Comitéplénier, 19 novembre. Banque mondiale: Washington.
33. Asibey. 1990, op.cit.
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