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n°19 - SEPTEMBRE 2017

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UBÉRISATION : QUELS DÉFISPOUR L’ACCOMPAGNEMENT ENTREPRENEURIAL ?

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Le Labex Entreprendre s’associe de nouveau au congrès des acteurs Pro’créa, en questionnant une thématique d’actualité : l’ubérisation. Cette notion, dont les contours restent flous, traduit une rupture, voire le passage à une nouvelle ère. Ubériser, c’est innover notamment par le biais du digital, modifier les rapports de force et repenser les pratiques et les business models. L’ubérisation est un phénomène d’ampleur qui affecte de nombreux secteurs, du transport à l’hébergement en passant par les services bancaires et juridiques. Dans quelle mesure l’accompagnement entrepreneurial est-il affecté par l’ubérisation ? Comment repenser l’accompagnement entrepreneurial face à cette mutation ? Quels outils et pratiques pour faire face aux mutations du marché de la création-reprise ? Cette nouvelle édition Pro’créa a pour ambition d’apporter des réponses à ces questions, en permettant aux professionnels de l’accompagnement entrepreneurial d’échanger avec des experts et de co-produire de nouvelles solutions ou de nouveaux outils adaptés à ce contexte. L’objectif de ce numéro spécial du Labex Entreprendre Publications est double. Il vise, d’une part, à explorer le phénomène d’ubérisation dans l’industrie de l’accompagnement entrepreneurial et, d’autre part, à présenter des pistes d’adaptation pour les acteurs. Autrement dit, il s’agira de montrer comment repenser les business models et les pratiques d’accompagnement au regard des nouveaux enjeux de l’ubérisation. Pour y répondre, nous proposerons un diagnostic sur l’évolution de l’industrie de l’accompagnement entrepreneurial, puis des préconisations sur les adaptations possibles face à l’ubérisation.

1. Le Labex entreprendre bénéficie d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du programme “Investissements d’Avenir” portant la référence ANR-10-LABX-11-01.

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ACCOMPAGNEMENT ENTREPRENEURIAL ET UBÉRISATIONDepuis une dizaine d’années, l’industrie de l’accompa-gnement subit des transformations majeures liées à des ruptures économiques, technologiques, sociologiques et politiques dont les travaux du Labex Entreprendre (2014) et Pro’créa se font régulièrement l’écho.

1. Contexte de l’ubérisation de l’accompagnement entrepreneurial

Les acteurs de l’accompagnement entrepreneurial font face à des transformations majeures qui se traduisent notamment par une réduction du financement, une digitalisation accrue et une transformation des profils des créateurs et des repreneurs.

Une réduction du financementSi la loi NOTRe a renforcé les compétences des Régions en matière de politique économique, elle s’accompagne aussi d’un phénomène de réduction des dotations de l’État aux collectivités territoriales. Cette réduction des moyens peut affecter les ressources dont disposent les acteurs de l’accompagnement. Dans le cadre de la réforme territoriale, les dispositifs de financement régionaux à la création-reprise ne sont-ils pas dès lors menacés ? Dans ce contexte, les acteurs de l’accompagnement doivent repenser leur business model et plus précisément leur proposition de valeur.

Une digitalisation accrueLa transformation numérique influence l’industrie de l’accompagnement entrepreneurial, en permettant la conception et la diffusion de nouveaux outils. L’Agence France Entrepreneur a été précurseur en développant une plateforme utile aux créateurs et aux accompa-gnants à la création-reprise. Aujourd’hui, la plupart des acteurs développent des outils orientés vers le e-ac-compagnement (business plan en ligne, accompagne-ment virtuel, MOOC, etc.). Cette mutation est propice à l’entrée de nouveaux acteurs dont les pratiques et les business models sont parfois porteurs d’une ubérisation.

Une transformation des profils des créateurs et des repreneursLes profils des créateurs et des repreneurs connaissent des évolutions. Ils expriment de nouvelles attentes en matière d’accompagnement.

• Dans le domaine de la création d’entreprises, les profils des entrepreneurs se diversifient : mampreneuriat, entrepreneuriat des quartiers, entrepreneuriat des séniors, entrepreneuriat étudiants, entrepreneuriat des migrants, handipreneuriat, etc. Ces entrepreneurs développent également des aspirations communes (Labex Entreprendre Publications, 2015). Ils privilégient par exemple un accompagnement plus court pour entrer rapidement sur leur marché dans une logique de lean start-up. Ils s’appuient également sur leurs pairs, notamment dans le cadre des réseaux sociaux et du mentorat, pour une mise en réseau, pour obtenir des conseils ou encore pour faciliter l’accès à de nouvelles formes de financement comme le crowdfunding.

• Dans le domaine de la reprise d’entreprises, les profils des repreneurs connaissent également des transformations (Rapport Dombre-Coste, 2015) avec notamment un rajeunissement, une féminisation et de nouveaux modes de reprises (par exemple les SCOP). Par rapport aux repreneurs classiques, les nouveaux développent de nouvelles attentes et de nouveaux comportements notamment dans la recherche de cibles, en privilégiant les outils liés au digital.

Dans ce contexte en mutation, l’accompagnement du créateur et du repreneur d’entreprises est remis en ques-tion. Les acteurs actuels et les nouveaux entrants déve-loppent de nouveaux outils et de nouvelles pratiques qui laissent penser à une ubérisation de l’accompagnement.

2. Ubérisation de l’accompagnement entrepreneurial : nouveaux outils et pratiques

L’ubérisation concerne aussi bien la création que la reprise d’entreprises ; cependant, elle s’exprime à des niveaux d’intensité différents.

Ubérisation de l’accompagnement à la création d’entreprises L’ubérisation se caractérise par de nouveaux acteurs, des formes d’accompagnement originales et de nouveaux modèles économiques.

• De nouveaux acteurs s’intéressent à l’industrie de l’accompagnement entrepreneurial. Ces acteurs privés sont parfois issus de secteurs et métiers traditionnels comme la banque, le conseil ou encore les cabinets d’avocats ou d’experts comptables. Ils développent des outils d’accompagnement spécifiques. Par exemple, certains cabinets d’avocats ont créé des dispositifs dédiés aux start-ups. Les nouveaux entrants prennent également la forme de start-up mais aussi de grands groupes (Renault, Orange, etc.). Le monde de l’éducation et de la recherche s’investit de plus en plus dans l’accompagnement entrepreneurial. Effectivement, le Ministère de l’Éducation est à l’origine de nouvelles structures, comme les 14 sociétés d’accélération et de transfert de technologies (www.satt.fr), et de dispositifs comme PEPITE dédiés à l’entrepreneuriat des étudiants. De nombreuses écoles et universités ont également mis en place leurs propres structures d’accompagnement qui prennent la forme d’incubateurs.

• Les nouvelles formes d’accompagnement se multiplient. Aujourd’hui, il existe 188 accélérateurs d’entreprises dans le monde (www.seed-db.com) dont plusieurs dizaines en France. Les espaces de coworking se développent également très rapidement. Il en existe en France 467 (www.coworking-carte.fr) et près de 500 Fab Lab ou makerspaces (www.makery.info). Ces nouveaux espaces favorisent la proximité et des formes originales d’accompagnement par les pairs. Paradoxalement, le digital permet de créer de nouvelles formes de proximité en favorisant la création de communautés. Il semble possible de parler de e-accompagnement (Messeghem et Sammut, 2013). Cet accompagnement

affrontant le risque lié au projet. Il doit convaincre et recruter ses premiers clients, investisseurs, associés, etc. Ces activités font potentiellement appel à des ressources cognitives différentes. De plus, il ne s’agit pas d’une trajectoire linéaire, mais plutôt d’activités imbriquées qui interagissent entre elles et qui s’ajustent dans une logique de réévaluation et d’évolution dans le temps et l’espace (Messeghem & Sammut, 2011) : l’idée initiale est sans cesse revisitée, le modèle économique réexaminé, etc.

Nos résultats montrent que, si le niveau de créativité de l’entrepreneur est un puissant prédicteur de son aptitude à implémenter une innovation, sa capacité à évaluer des opportunités accentue cette relation et facilite le passage de la créativité à la réalisation. Il doit être capable de distinguer les bonnes idées des mauvaises et de sélectionner celles à fort potentiel sur le marché. Avant de décider d’aller plus loin avec une idée créative l’entrepreneur doit repérer une opportunité pour laquelle il estime pouvoir investir des compétences, du temps, de l’effort et de l’argent.

LA SURCONFIANCE, LA PRISE DE RISQUE ET L’INNOVATION

Nous avons considéré dans ce travail différentes formes de jugements surconfiants (Bessière et Pouget, 2012) et examiné leurs effets sur les différentes activités mobilisées

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se manifeste à travers les réseaux sociaux et des outils comme les MOOC (Massive Open Online Course) (Verzat et al., 2016).

• En France, les modèles économiques privés, mais aussi hybrides, viennent concurrencer les 1 458 structures d’accompagnement publiques (Labex Entreprendre, 2014). Ces modèles s’appuient par exemple sur des prises de participations au capital d’entreprises accompagnées. Des partenariats avec de grandes entreprises sont également contractualisés pour accompagner des start-ups, issues de programmes d’essaimage ou non. La location payante d’espaces de travail aux entrepreneurs devient également un dispositif au cœur de la proposition de valeur.

Ubérisation de l’accompagnement à la reprise d’entreprisesAvec le développement de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques, l’accompagnement à la reprise d’entreprises est également touché par l’ubérisation. Elle se révèle toutefois moins forte que dans le secteur de la création d’entreprises.

• Les nouveaux acteurs de l’accompagnement sont eux aussi issus de secteurs traditionnels (avocat, notaire, expert-comptable, etc.). La nouveauté porte sur l’apparition de start-ups technologiques qui proposent notamment des plateformes de mises en relations entre cédants et repreneurs. Des syndicats patronaux et professionnels s’engagent également dans des projets innovants d’accompagnement. Le mouvement coopératif est lui aussi très en pointe sur cette thématique.

• Les nouvelles formes d’accompagnement à la reprise s’orientent de plus en plus vers le e-accompa-gnement pour tenir compte des nouvelles pratiques des repreneurs et des cédants. Il est souvent conçu par des acteurs privés et vise à faciliter les rencontres entre cédants et repreneurs à la manière des sites de rencontre qui ont su utiliser l’intelligence artificielle pour optimiser la congruence. D’autres outils issus du digital se diffusent comme les serious games. Ils permettent un accompagnement sous la forme d’une mise en situation pour guider le repreneur et le cédant dans ses démarches.

L’ubérisation de l’accompagnement à la création-reprise d’entreprises soulève plusieurs points :1. La variété et le nombre d’acteurs peuvent

conduire à la saturation de l’industrie de l’accompagnement entrepreneurial et à un éclatement de la chaine de valeur, ce qui peut réduire la visibilité des acteurs ;

2. La multiplication de ces acteurs crée une compétition pour obtenir des fonds publics et réduit les perspectives de collaboration ;

3. La diffusion de nouveaux outils et de nouvelles pratiques peut s’accompagner d’un manque d’adaptation des acteurs traditionnels de l’accompagnement et pose donc la question de la gestion des compétences ;

4. Les nouveaux usages des porteurs de projet tendent à remettre en question la viabilité des différents modèles économiques tant publics, hybrides que privés.

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Figure 1 : Niveaux d’analyse de l’industrie de l’accompagnement

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CE QU’IL FAUT RETENIR1. L’ubérisation de l’accompagnement entrepreneurial

s’explique notamment par une diminution des finan-cements, un accroissement de la digitalisation et une évolution des profils des créateurs et repreneurs.

2. L’ubérisation est caractérisée par de nouveaux ac-teurs, de nouvelles formes d’accompagnement et de nouveaux modèles économiques.

3. Pour faire face à l’ubérisation de l’accompagne-ment entrepreneurial 4 solutions se dessinent  : la labellisation des structures, une chaine de valeur globale de l’accompagnement, une certification des compétences des accompagnants, des busi-ness models orientés vers le marché et l’innovation.

BIBLIOGRAPHIE • Bakkali C., Messeghem K. et Sammut S. (2010), « Les structures d’accompagnement à la création d’entreprise à l’heure de la gestion des compétences »,

Management & Avenir, 9 (39), p. 149-162.• Dombre-Coste F. (2015), Favoriser la transmission d’entreprises en France : Diagnostic et proposition, p. 96, Rapport remis le 7 juillet 2015 à la demande du

Premier Ministre.• Labex Entreprendre (2014), Le Livre Blanc sur Les Structures d’Accompagnement à la Création d’Entreprises en France, Panorama des Structures

d’Accompagnement en Termes de Management et de Performance, p. 162.• Labex Entreprendre Publications (2015), L’accompagnement face aux transformations de l’écosystème entrepreneurial, Novembre n° 12.• Labex Entreprendre Publications (2016), Exploration de l’écosystème français de l’accompagnement entrepreneurial, Avril n° 14.• Messeghem K. et Sammut S. (2013), « L’accompagnement entrepreneurial », Le Grand Livre de l’Entrepreneuriat, sous la direction de Catherine Léger-Jarniou, Dunod.• Verzat C., Jore M., Toutain O. et Silberzahn Ph. (2016), « Apprendre par soi-même l’entrepreneuriat via un MOOC », Revue Française de Gestion, 257 (4), p. 33-52.

PRÉCONISATIONS POUR UNE ADAPTATION À L’UBÉRISATIONAprès avoir dressé un diagnostic pour comprendre les déterminants et les conséquences de l’ubérisation dans l’industrie de l’accompagnement, il convient de proposer des pistes de réflexion pour y remédier. Quatre préco-nisations en lien avec l’industrie, les acteurs et les pra-tiques sont proposées à partir des travaux que le Labex a pu mener sur ces questions (Labex Entreprendre, 2014 ; Labex Entreprendre, 2016).

1. Pour une labellisation de l’accompagnement entrepreneurial

L’ubérisation s’accompagne d’une multiplication des acteurs et d’une diversification des modèles d’accom-pagnement. Cependant, l’efficacité de ces nouveaux ac-teurs et de ces nouveaux modèles n’a pas toujours été démontrée. Cette situation crée une forme d’asymétrie d’information qui peut nuire au marché de l’accompa-gnement entrepreneurial. La labellisation des structures d’accompagnement apparaît comme un moyen pour éclairer les porteurs de projets. Elle permet de garantir la qualité de l’accompagnement et de mieux identifier les compétences respectives des structures. Cette labéli-sation pourrait être construite en associant des réseaux, des agences comme l’AFE et des acteurs du monde de l’éducation et de la recherche.

2. Pour une chaine de valeur globale de l’ac-compagnement entrepreneurial

Les entrepreneurs exigent aujourd’hui des expertises toujours plus pointues et diversifiées, en relation avec la complexité de leurs projets. Or, les structures ne dis-posent pas de toutes les compétences nécessaires pour répondre aux besoins de leurs publics. En réponse, un accompagnement axé sur une chaine de valeur pour-rait être construit par les acteurs. Cet accompagnement serait dispensé à la fois par des généralistes et des spé-cialistes. La représentation de cette chaine de valeur per-mettrait aux créateurs ou repreneurs de bénéficier d’un « parcours d’accompagnement » adapté aux spécificités de leurs projets. Le recours au digital faciliterait la mise en œuvre de cette action.

3. Pour une certification de la compétence des accompagnants

La diversité des acteurs et des pratiques pose la ques-tion de la compétence des accompagnants (Bakkali, Messeghem et Sammut, 2010). Le secteur de l’accom-

pagnement entrepreneurial n’est pas une profession règlementée et il n’existe pas de certification profession-nelle, même si des diplômes spécialisés sont aujourd’hui proposés comme le Master Accompagnement Entre-preneurial à l’Université de Montpellier. Pour autant, une réflexion sur un référentiel de compétence, et au-delà sur une gestion prévisionnelle des emplois et des compé-tences, devient encore plus nécessaire dans ce contexte d’ubérisation. Cette certification permettrait aux struc-tures et aux acteurs d’engager une gestion des compé-tences, en adoptant les savoirs, savoir-faire et savoir-être des accompagnants aux besoins des porteurs de pro-jets. Au-delà, elle permettrait aux parties prenantes, en particulier les financeurs et les porteurs de projets, de s’assurer du niveau de professionnalisme de ces acteurs.

4. Pour de nouveaux modèles économiques tournés vers le marché et l’innovation

L’ubérisation incite à repenser les compétences et les pratiques de l’accompagnement. Des moyens impor-tants sont nécessaires pour faire face à cette transforma-tion. Or, la diminution des dépenses publiques réduit les ressources des structures traditionnelles qui sont invitées à repenser leur business model. Elles doivent notamment retravailler leur proposition de valeur en démontrant leur capacité à générer de nouvelles ressources. Dans ce contexte, il semble particulièrement important de parve-nir à lever des fonds privés et/ou à facturer de nouveaux services pour lesquels les porteurs de projets sont prêts à payer. Au-delà de repenser le business model, c’est une culture tournée vers le marché et l’innovation qui doit se diffuser dans les structures d’accompagnement pour s’adapter durablement à ce phénomène d’ubérisation.

Ont réalisé cette lettre : Dorian Boumedjaoud, Amandine Maus, Karim Messeghem, Sylvie Sammut et Christina Theodoraki, en partenariat avec Marie-Hélène Girbau-Grimoin et Yann Papastratis.


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