L’évaluation cognitive lors d’une
hospitalisation – les bénéfices d’un
algorithme
Dre Geneviève Lemay, MD, MSc, BScN, FRCPC
Charline Boudreau, Erg.Aut. (Ont.)
Danijela Subara, Msc Erg. Aut. (Ont.)
Divulgation des présentateurs
• Aucune relation avec des intérêts commerciaux
Objectifs
• Connaître les données probantes quant à l’utilisation des
tests cognitifs durant l’hospitalisation aiguë
• Comprendre l’apport et l’expertise des ergothérapeutes
dans les évaluations des patients présentant des
changements cognitifs
• Appliquer un nouvel algorithme cognitif pour guider les
évaluations de patients hospitalisés
• Identifier des circonstances où les évaluations cognitives
lors d’hospitalisations aiguës sont inappropriées.
Problématique:
• La prévalence des atteintes cognitives chez les patients
hospitalisés en soins aigus est élevée.
• L’hospitalisation est souvent perçue comme un moment
opportun pour faire une évaluation cognitive afin d’établir
un diagnostic de démence
– malgré qu’il est connu que des considérations critiques
s’appliquent à l’environnement hospitalier.
LES ÉVALUATIONS COGNITIVES
DANS CES CONTEXTES ET AVEC DES
OUTILS VALIDÉS DANS CES MILIEUX
SONT AINSI DES DÉFIS QUI SE
POSENT AUX INTERVENANTS DE LA
SANTÉ.
Cas – Mme Mel Anger
• Dame de 84 ans admise depuis 7 jours pour
pneumonie.
• ATCD: MPOC, OP, MCAS, HTA, déficit auditif,
dégénérescence maculaire
• Médicaments (courants): Ramipril 5mg,
Alendronate, HCTZ 25 mg, Ca, Vit.D, ASA
81mg, Tiotropium, Salbutamol, Ceftriaxone IV
(qui se termine), Vitalux, Lorazepam 1 mg qhs,
Amitriptylline 50 mg qhs, Haldol 0,5 mg PRN.
Cas – Mme Mel Anger (2)
• Personnel note de la confusion depuis son
admission – difficulté à suivre les instructions,
désorientée par moments.
• Le tout persiste depuis 7 jours
– Seulement amélioration minimale
– Souvent éveillée la nuit
– Tire sur sa sonde urinaire
– Refuse de se lever pour aller aux toilettes
– A nécessité qques doses d’haldol pour agitation en
soirée
Cas – Mme Mel Anger (3)
• Est-ce une démence?
• Consultation en ergothérapie pour
évaluation cognitive avec le MoCA…
CAS TYPIQUE AUQUEL ON
FAIT FACE RÉGULIÈREMENT
Qu’est ce que la littérature rapporte?
Facteurs associés aux atteintes
cognitives
• Infections
• Environnement
• Stress/anxiété/dépres
sion
• Délirium
• Complications
iatrogéniques
• Polypharmacie (et
agents qui agissent
sur le SNC)
• Sevrage alcoolique
• Désordres
électrolytiques
• Insuffisance
cardiaque
Épidémiologie
• Troubles cognitifs associés avec
l’alcoolodépendance et sevrage (50-70%)
• Risque de délirium accru chez la
population gériatrique (11-42%)
• Prévalence du délirium chez les patients
avec démence sous-jacente (12,9-63%)
Procédures associées au
délirium en milieu hospitalier:
• Immobilisation
• Absence d’aides
sensorielles
• Changement
d’environnement
• Désorientation
• Statut NPO
• Utilisation de
cathéter/contentions
physiques
• Bruit et sommeil non-
respecté
• Nouveaux médicaments
(3 ou plus)
• Absence de membres de
la famille
DE DÉCLIN FONCTIONNEL
CHEZ 1/3 DES PATIENTS!
Cas – Mme Mel Anger (4)
• L’ergothérapeute procède alors à l’évaluation
cognitive.
• MoCA : 12/30. Désorientée, atteinte de
mémoire à court terme, troubles d’attention.
• Deux semaines plus tard, la pte va mieux et on
organise son congé en maison de retraite avec
aide.
• Sommaire de congé spécifie nouveau diagnostic
de démence avancée avec suivi en externe.
Littérature - MoCA
• Outil de dépistage validé pour atteinte cognitive
• Dédié principalement au dépistage de l’atteinte cognitive
légère VS vieillissement normal
• Outil de choix quand la personne ne présente pas
d’atteintes au niveau fonctionnel AVQ
• Excellentes qualités métrologiques
Littérature: Délirium
• Prévalence à l’hospitalisation:
14-24%
• Incidence durant
l’hospitalisation: 6-56%
• Post-op: 15-53%
• USI: 70-87%
• Soins de longue durée/ soins
tertiaires: 60%
• Fin de vie: 83%
• Patients (≥ 65 ans) à l’urgence
: 10-30% un symptôme est le
delirium
Meilleur outil pour le delirium:
CAM
(Confusion Assessment Method)
Littérature: Sevrage
• Troubles cognitifs associés à
l’alcoolodépendance:
– changement significatif favorable des
fonctions cognitives après 2 à 4 semaines
d’abstinence dans certaines études
– période d’au moins 6 semaines dans d’autres
études est recommandée avant
d’entreprendre une évaluation cognitive valide
Littérature : hospitalisation aigue
• Le traitement des conditions médicales aiguës
sous-jacentes influe directement et
favorablement les fonctions cognitives
• Les patients évalués en milieu hospitalier
performent significativement moins bien que les
patients en communauté sur 9 des 10 tests
cognitifs administrés
Cas – Mme Mel Anger (5)
• 2 mois post-congé:
– Pte envoyée à la clinique gériatrique pour
traitement d’une démence avancée
diagnostiquée au cours de son
hospitalisation.
– Pte a rétablissement complet de sa maladie
ainsi que de son délirium.
– MoCA: 23/30. Déficits de mémoire à court
terme seulement. Aucun impact fonctionnel.
Cas - Mme Mel Anger (6)
PROBLÉMATIQUES: • Dossier médical:
DÉMENCE AVANCÉE
• Inquiétude pour la pte
et la famille
• Ressources
ergothérapeutes
utilisées
RÔLES DE
L’ERGOTHÉRAPEUTE
Évaluation AVQ Est-ce que la personne est autonome et sécuritaire pour effectuer ses soins personnels?
• Se laver, s’habiller, utiliser les toilettes
Quels adaptations/stratégies peuvent maximiser l’autonomie/sécurité?
• Environnement physique, soutien social, stratégies compensatoires
Autres soutiens externes requis ?
• CASC, Popotte roulante, Lifeline, etc.
• Déterminer niveau d’aide requis
Évaluation AVDEst-ce que la personne est autonome et sécuritaire pour effectuer ses activités de la vie domestique?
• Finances, médicaments, repas/épicerie, ménage, conduite automobile
Quels sont les éléments cruciaux à évaluer en soins aigus?
Quelles sont les recommandations pour un congé sécuritaire?
Tests cognitifs/perceptuels
• Plusieurs tests cognitifs/perceptuels existants
• Choix du test dépend de la sévérité et/ou nature des atteintes
cognitives, de la raison d’évaluation/dépistage
• Idéalement administrés en externe ou réadaptation
lorsque patient stabilisé médicalement
• Peut être fait en aigu si les facteurs qui influencent la
cognition temporairement sont exclus (délirium,
sevrage, médicalement instable)
Développement de l’algorithme
Évaluation dans un contexte non-approprié
Conséquences néfastessur le
patient/famille/ressources
Besoin d’un outil simple pour aider au processus
décisionnel
Développement de l’algorithme
Algorithme
DISCUSSION DE CAS
M. Garnie
r
Mme
Piché
M. Beaup
ré
M. BEAUPRÉ
• Homme de 54 ans, admis avec
pancréatite aigue
• ATCD: HTN, MCAS, Dyslipidémie
• Médicaments: Ramipril, ASA,
Rosuvastatin, Bisoprolol.
• Début Lorazepam et protocol CIWA suite à
une agitation sévère, désorganisation de
la pensée, confusion…Retour
M. GARNIER
• Démence avancée pré-existante
• Soins assistés en maison de retraite
• Fils s’occupe des AVD
• On demande un MoCA
Retour
MME PICHÉ
• 78 ans, admise il y a deux semaines suite
à une chute.
• ATCD: OP.
• Meds: Alendronate, Vit. D, Calcium,
Acetaminophen.
Retour
Conclusion:
• L’évaluation cognitive en aigu est
seulement appropriée si tous les
conditions médicales sous-jacentes sont
exclues.
• Une évaluation complétée lorsque patient
non stable médicalement, a des effets
néfastes sur les patients et l’utilisation des
ressources.
• Demandes de subventions
• Rafiner algorithme
• Validation de contenu
• Validation externe des points de
l’algorithme avec devis longitudinal
Références:1. M. Dasgupta, "Cognitive Impairment in Hospitalized Seniors, " Geriatrics, 2016.
2. Shenkin et al, "Screening for Dementia and Other Causes of Cognitive Impairment in General Hospital In-patients,"
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Geriatr Psychiatry, vol. 22, no. 5, pp. 465-480, 2014.
5. Pelletier et al, "Investigations of Cogniitve Improvement in Alcohol dependent Inptients Using the Montreal Cognitive
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7. Walvoort et al, "The neuropsychology of cognitive functions in alcohol abstinence," Tijdschr Psychiatr, vol. 55, no. 2,
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8. Krohne et al, "Cognitive screening tests as experienced by older hospitalised patients: a qualitative study,"
Scandinavian Journal of Caring Sciences, vol. 25, no. 4, pp. 679-687, 2011.
9. Nasreddine et al, " The Montreal Cognitive Assessment, MoCA: a brief screening tool for mild cognitive impairment,"
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10. Feeney, et al, "Measurement Error, Reliability, and Minimum Detectable Change in the MiniMental State
Examination, Montreal Cognitive Assessment, and Color Trails Test among Community Living Middle-Aged and Older
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11. Kish et al, "Alcoholics’ recovery from cerebral impairment as a function of duration of abstinence," Journal of Clinical
Psychology, vol. 36, no. 2, pp. 584-589, 2006.
12. Nasreddine, Z.S., Phillips, N.A., Bédirian, V., Charbonneau, S., Whitehead, V., Collin, I., et coll. (2005). The
Montreal Cognitive Assessment, MoCA: a brief screening tool for mild cognitive impairment. Journal of the American
Geriatrics Society, 53(4), 695-699.
Reconnaissances:
• Professeure Jacinthe Savard
• Étudiantes ergothérapie
• IRHM
• Comité organisateur Journée Montfort