LE TAUX NATUREL DE CHÔMAGE
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Dans ce chapitre, nous allons:
1. Apprendre à mesurer le chômage.2. Voir comment le chômage peut résulter sur le
salaire minimal.3. Voir comment le chômage peut résulter des
négociations entre entreprises et syndicats.4. Constater que le chômage est une conséquence
des salaires efficaces.5. Constater que le chômage est une conséquence
du processus de recherche d’emploi.
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1. Définitions
• Taux naturel de chômage: le taux de chômage normal à long terme d’une économie– Le taux de chômage ne peut descendre à zéro: il reste un
chômage « structurel » et « frictionnel », même quand il y a un job quelque part pour chaque chômeur.
• Chômage conjoncturel: variations autour du taux naturel de chômage, directement liées aux fluctuations économiques générales (cycliques).– Dans ce chapitre on s’intéresse uniquement aux
explications du taux naturel de chômage (pourquoi le taux de chômage ne descend pas à zéro, même quand l’économie va bien).
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Taux de chômage aux États-Unis
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Copyright©2003 Southwestern/Thomson Learning
10
8
6
4
2
01970 19751960 1965 1980 1985 1990 2005
% de la Pop. Active
1995 2000
Taux de chômage naturel
Taux de chômage
Taux de chômage en PF
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Source : « L’économie polynésienne post-CEP : 1995-2003 », CEROM, Tahiti, (2007). Source : « L’économie polynésienne post-CEP : 1995-2003 », CEROM, Tahiti, (2007).
Définitions• Population active =
= Personnes ayant un emploi + personnes au chômage= population active occupée + chômeurs
• Emploi: travail rémunéré pendant un minimum d'heures par semaine.
• Personnes au chômage: un chômeur doit:– être sans emploi– être disponible pour travailler immédiatement– faire des démarches pour trouver un emploi
• Population inactive: tous les autres (étudiants, mères au foyer, retraités, détenus...).
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Répartition de la population en PF en 2007
Macroéconomie 1 - chapitre 26 7
Population adulte(182 000)
Pop. active(111 000)
Occupés(97 000)
Inactifs
(73 000)
chômeurs (13 000)
Définitions• Taux d’activité (%) =
= 100 x (Population active / Pop. adulte)
• Taux de chômage (%) = = 100 x (Chômeurs / Population active)
P.S.: Certains travailleurs sont découragés et ne font plus partie de la « population active », donc ne sont plus comptés dans le taux de chômage.
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Le taux d’activité des femmes augmente (ici aux Etats-Unis)
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100
80
60
40
20
01950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990
% de la population
active
hommes
1995
femmes
La mesure du chômage en PFRecensement de PF en 2002:• Population totale de 15 ans et plus: T = 171 581• Actifs: A = 99 498 dont:
– Actifs occupés ou militaires : O: 87 843– Chômeurs: C: 11 655
• Inactifs: I = 72 083
• Taux d'activité:(A/T) x 100 = (99 498 / 171 581) x 100 = 58,0%dont: Femmes: 47,6%, Hommes: 67,9%
• Taux de chômage: (C/A)x100 = (11 655 / 99 498) x 100 = 11,7%
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Taux d’activitTaux d’activitéé en PF (2002) en PF (2002)HommesHommes FemmesFemmes TotalTotal
15 à 19 ans15 à 19 ans 24.8%24.8% 13.9%13.9% 19.4%19.4%
20 à 24 ans20 à 24 ans 75.9%75.9% 56.2%56.2% 66.2%66.2%
25 à 29 ans25 à 29 ans 87.2%87.2% 67.2%67.2% 77.4%77.4%
30 à 34 ans30 à 34 ans 89.5%89.5% 66.1%66.1% 78.2%78.2%
35 à 39 ans35 à 39 ans 89.1%89.1% 65.1%65.1% 77.4%77.4%
40 à 44 ans40 à 44 ans 88.4%88.4% 62.3%62.3% 75.9%75.9%
45 à 49 ans45 à 49 ans 86.3%86.3% 60.7%60.7% 74.1%74.1%
50 à 54 ans50 à 54 ans 74.4%74.4% 48.1%48.1% 62.0%62.0%
55 à 59 ans55 à 59 ans 53.5%53.5% 34.1%34.1% 44.4%44.4%
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Taux de chômage en PF Taux de chômage en PF (2002)(2002)HommesHommes FemmesFemmes TotalTotal
15 à 19 ans15 à 19 ans 43.3%43.3% 59.2%59.2% 49.0%49.0%
20 à 24 ans20 à 24 ans 23.6%23.6% 32.7%32.7% 27.4%27.4%
25 à 29 ans25 à 29 ans 12.8%12.8% 15.3%15.3% 13.9%13.9%
30 à 34 ans30 à 34 ans 8.6%8.6% 10.0%10.0% 9.1%9.1%
35 à 39 ans35 à 39 ans 6.7%6.7% 7.4%7.4% 7.0%7.0%
40 à 44 ans40 à 44 ans 4.3%4.3% 4.7%4.7% 4.5%4.5%
45 à 49 ans45 à 49 ans 3.3%3.3% 2.9%2.9% 3.2%3.2%
50 à 54 ans50 à 54 ans 2.5%2.5% 2.1%2.1% 2.3%2.3%
55 à 59 ans55 à 59 ans 1.6%1.6% 1.4%1.4% 1.5%1.5%
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Taux de chômage en PF Taux de chômage en PF (2002)(2002)
Taux d’ActivitéTaux d’Activité Taux de ChômageTaux de Chômage
EnsembleEnsemble 58.0%58.0% 11.7%11.7%
Non scolariséNon scolarisé 26.6%26.6% 12.9%12.9%
Scolarisé, diplôme inférieur au BEPCScolarisé, diplôme inférieur au BEPC 52.6%52.6% 14.7%14.7%
BEPCBEPC 45.9%45.9% 13.6%13.6%
CAP, BEPCAP, BEP 72.0%72.0% 8.4%8.4%
Baccalauréat général, techno. ou pro.Baccalauréat général, techno. ou pro. 70.3%70.3% 12.6%12.6%
Supérieur 1er cycleSupérieur 1er cycle 77.1%77.1% 3.6%3.6%
Supérieur 2ème cycle ou plusSupérieur 2ème cycle ou plus 83.9%83.9% 1.8%1.8%
Le taux de chômage est plus élevé:
• dans les DOM-TOM • chez les jeunes • chez les femmes • chez les non-diplômés• pour les emplois non qualifiés
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Dans un monde idéal, pas de chômage, car Qoffre = Qdemande
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WE
Quantité de LLE0
Demande de L
Salaire
Offre de L
2. Dans le monde réel, il y a du chômage, pour plusieurs raisons
a. Des salaires minima plus élevés que le salaire d’équilibreb. Syndicats et négociations collectives => salaire supérieur au
salaire d’équilibrec. Asymétrie d’information: les employeurs ne connaissent pas
la productivité des candidats à l’embauche (théorie des salaires efficaces)
d. Temps pour retrouver un emploi car information imparfaite et mobilité géographique et professionnelle imparfaite => chômage incompressible ou frictionnel
e. Trappe de chômage si le supplément de revenu découlant du retour à l’emploi est faible
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a. Le salaire minimal et le chômage
• Le salaire minimal peut être une cause de chômage pour les travailleurs peu qualifiés et peu expérimentés (notamment les jeunes), s'il est supérieur au salaire d'équilibre (cf Cours Micro & Mankiw chap. 6): il y a offre excédentaire de travail => chômage involontaire
• Remèdes:– Apprentissage– Smig jeune– Baisse des cotisations sociales
sur les bas salaires
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D O
Salaire
Se
SMIG
0Nombre de Travailleurs
Chômeurs
a. Le salaire minimal et le chômage
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WE
Quantité de LLE0
Demande de L
Salaire
Offre de L
a. Le salaire minimal et le chômage
19
WE
LE0
Salaire minimum
Offre de L
Quantité de L
Demande de L
Salaire
a. Le salaire minimal et le chômage
20
WE
LE0
Salaire minimum
LD LS
Offre de L
Quantité de L
Demande de L
Salaire
a. Le salaire minimal et le chômage
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WE
LE0
Excédent de L = Chômage
Salaire minimum
LD LS
Offre de L
Quantité de L
Demande de L
Salaire
b. Syndicats et négociations collectives => salaire S > salaire d’équilibre Se
• Le syndicat est un cartel qui obtient un pouvoir de marché pour ses membres
• La négociation collective renforce le pouvoir de négociation des salariés
• Monopole syndical => salaires plus élevés qu’ailleurs car menace de grève
• Monopole patronal et monopole syndical
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b. Syndicats et négociations collectives => salaire S > salaire d’équilibre Se
• Dans les Entreprises (E)syndiquées, S > Se=> Les chômeurs ont plus de mal à trouver un emploi dans
les E syndiquées.– Ex: des compagnies aériennes US: faillites ou rachat des
compagnies syndiquées par compagnies non syndiquées
=> l’offre de travail augmente dans les E non syndiquées => le salaire d’équilibre baisse dans les E non syndiquées.
• Dans les E non syndiquées les salaires sont < à ce qu’ils seraient s’ils n’y avait pas de syndicats.
=> les salaires supérieurs obtenus dans les E syndiquées abaissent le salaire obtenu dans les E non syndiquées.
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c. La théorie des salaires efficaces• Asymétrie d’information: Les travailleurs connaissent leur
productivité, pas l’E => risque d’embaucher un travailleur dont la productivité est < moyenne.
• Si les salaires de l’E sont < moyenne de l’industrie, elle risque d’attirer ceux qui ont été remerciés ailleurs, car leur productivité est inférieure.
• Pour avoir des travailleurs dont la productivité est > à la moyenne, il faut payer plus que le salaire d’équilibre (Ford= 5$ a day), car cela attire les meilleurs candidats.
• L’employeur y gagne si productivité de ses travailleurs > par rapport à la concurrence (c’était le cas de Ford, grâce à l’OST).
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c. La théorie des salaires efficaces
• Variantes: Les travailleurs qui sont mieux payés sont – plus souvent en meilleure santé.– moins enclins à démissionner.– plus enclins à travailler plus sérieusement.– plus souvent de meilleurs travailleurs.
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c. La théorie des salaires efficaces
• Quand les travailleurs sont très qualifiés, et ont besoin d’une longue formation pour atteindre leur productivité optimale, il faut les “fidéliser” pour éviter une forte rotation du personnel (coûteux).
• Si un grand nombre de firmes adoptent ce comportement, le salaire se fixe au-dessus du salaire d’équilibre => chômage
• Inversement, si l’information est parfaite (pas d’asymétrie, donc pas de risque d’embaucher un “mauvais” travailleur) => pas de chômage– Ex: Lorsque l’employé est payé à la commission uniquement
(assurances ou conseil financier): l’E est toujours disposée à employer plus de monde car l’employé génère toujours plus de recettes qu’il ne coûte à son employeur
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d. La recherche d'emploi et le taux de chômage incompressible
• Même si on est au salaire d’équilibre il peut y avoir du chômage s’il faut du temps pour qu’employeurs et demandeurs d’emplois se trouvent (changement de région, changement de métier): analogie avec le mariage
• Raisons:– Information imparfaite– Mobilité géographique imparfaite– Mobilité professionnelle imparfaite (trop de mineurs, pas assez de
maçons ou de cuisiniers)=> A un moment donné, le taux de chômage n’est jamais zéro
car il faut du temps pour retrouver un emplois ailleurs ou dans un autre secteur.
11/04/23 27
d. La recherche d'emploi et le taux de chômage incompressible (frictionnel)
• Chaque semaine un travailleur sur 100 perd son emploi, et en retrouve un autre au bout de 3 semaines de recherche: – une semaine plus tard => 1% de taux de chômage.– 2 semaines plus tard => 2%– 3 semaines plus tard => 3%
• Si le temps de recherche moyen passe à 4 semaines ?=> Le taux de chômage dépend positivement de la durée
moyenne de recherche d’emplois.
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d. Moyens de diminuer lechômage incompressible:
• Instaurer des allocations chômage dégressives avec le temps.
• Améliorer l’information sur les emplois disponibles.
• Améliorer la mobilité géographique .• Améliorer la formation initiale et continue pour
que les travailleurs puissent se reconvertir rapidement dans des métiers différents.
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e. Trappe de chômage, allocations chômage et RMI
• Plus la recherche dure, plus on a de chance de trouver un “bon” emploi (cf. mariage).
• Allocations chômage ou RMI donnent les moyens de prolonger la durée de recherche pour trouver un meilleur emploi.
• => les bénéficiaires ont une durée de recherche plus longue.
• => le taux de chômage augmente avec le montant et la durée de l’indemnité.
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e. La trappe de chômage• Si la différence entre le revenu du travail (salaire) et
celui du non travail (allocations chômage, RMI, allocations familiales) et peu importante, l’incitation à retrouver du travail est faible.
• Le chômeur ou inactif peut être incité à rester au chômage et à travailler « au noir ».
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e. La trappe de chômage: l’exemple de la Réunion (2000)
• La Réunion est le département français qui a la plus forte proportion de RMIstes (50.000 foyers en bénéficient, soit 125.000 personnes, 1/5 de la population.
• Le chômage concerne 100.000 personnes sur 170.000 actifs.
• 37% de chômage (70% pour les moins de 25 ans).
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e. La trappe de chômage: l’exemple de la Réunion (2000)
• SMIC net= 100 000 F CFP• RMI = 76 418 F CFP pour un couple avec 2
enfants• Gain du retour à l’emploi officiel:
= 23 582/169h = 139 F CFP/h de L=>Travail au noir assez développé: « gagner pti
monnaie »
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Conclusions
1. Le taux de chômage représente la proportion de la population active sans emploi.
2. Le taux de chômage est une mesure imparfaite, car certains travailleurs renoncent à chercher du travail.
3. Les possibles causes du chômage naturel sont:a. Le salaire minimal.b. Le pouvoir de marché des syndicats.c. La théorie des salaires efficaces.d. Le processus de recherche d’un emploi.e. La trappe du chômage.
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Conclusions
Plus précisément, il existe un taux de chômage naturel positif à long terme pour 5 raisons:
a. Salaires minima plus élevés que le salaire d’équilibre.b. Syndicats et négociations collectives => salaire supérieur au salaire
d’équilibre.c. Asymétrie d’information: les employeurs ne connaissent pas la
productivité des candidats à l’embauche (théorie des salaires efficaces).d. Mobilité et information imparfaites: retrouver un emploi prend du
temps car information imparfaite et mobilité géographique et professionnelle imparfaite => chômage incompressible ou frictionnel.
e. Trappe de chômage si le supplément de revenu découlant du retour à l’emploi est faible.
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