FACULTE DE MEDECINE de SAINT-ANTOINE
Année 2003
MEMOIRE EN VUE DU DIPLOME INTER UNIVERSITAIRE
DE PEDAGOGIE MEDICALE
Présenté et soutenu le 17 octobre 2003 Par
Nadège LEMBERT Et
Xavier MASCHINO
EVALUATION STRUCTUREE OBJECTIVE :
APPLICATION A L’EXAMEN PRATIQUE DE STAGE HOSPITALIER AU COURS DU DEUXIEME
CYCLE DES ETUDES MEDICALES
EVALUATION STRUCTUREE OBJECTIVE :
APPLICATION A L’EXAMEN PRATIQUE DE
STAGE HOSPITALIER AU COURS DU
DEUXIEME CYCLE DES ETUDES MEDICALES
INTRODUCTION
Le deuxième cycle des études médicales a pour objectif l’acquisition des
compétences cliniques et thérapeutiques permettant aux étudiants d’exercer les
fonctions hospitalières du troisième cycle et d’acquérir les compétences
professionnelles de la filière dans laquelle ils s’engageront. Les stages hospitaliers
représentent un terrain essentiel d’apprentissage pour acquérir les différentes
habiletés constituant la compétence clinique.
Actuellement le contrôle des connaissances et de la compétence acquise lors des
stages hospitaliers au cours du deuxième cycle est à la charge de chaque unité de
formation et de recherche médicale et est donc très variable d’une faculté à l’autre. Il
est la plupart du temps, basé sur des examens soit subjectifs (examens oraux
portant sur un seul cas clinique), soit sur des examens ne testant qu’une seule
dimension de la compétence clinique (QCM).
La mise en oeuvre de la réforme des études médicales nous enjoint à développer
des nouvelles technologies éducatives et de plus en plus, les apprenants devront
certifier les compétences acquises lors de leur cursus, justifiant l’emploi de nouvelles
méthodes docimologiques. Largement utilisé en Amérique du Nord, l’examen clinique
objectif structuré (ECOS)1, est un instrument reconnu pour l’évaluation de la
compétence clinique des étudiants en médecine de deuxième et troisième cycle et
des praticiens diplômés lors de la formation médicale continue2 3. Les ECOS sont
des épreuves basées sur la succession de stations avec pour chacune d’elles, des
problèmes à résoudre en temps limité. Les réponses à ces épreuves sont codifiées
et comparées à des check-lists. Ainsi une observation directe permet d’évaluer le
savoir-faire ainsi que l’acquisition de gestes techniques obtenue tout au long du
cursus médical.
Nous rapportons l’expérience d’un ECOS validant l’examen pratique de stage
hospitalier en urologie de 97 étudiants en troisième année du deuxième cycle des
études médicales.
Matériel et méthodes
Développement
Le développement de cet ECOS a été effectué par un praticien hospitalier du service
d’urologie de l’hôpital Tenon, sensibilisé à la pédagogie médicale et à ses nouvelles
méthodes, titulaire du Diplôme Inter Universitaire « Méthodes et évaluation de
l’enseignement médical » obtenu en 1995. Cet urologue qui a plus de dix ans de
pratique clinique, s’est attelé à rédiger des situations cliniques courtes, reflétant bien
la pratique urologique quotidienne. Le choix des cas cliniques a été réalisé en
fonction de leur degré de fréquence et de l’activité urologique adulte habituelle. Le
choix des compétences cliniques à évaluer à été fait selon les objectifs
pédagogiques terminaux du deuxième cycle4 au cours duquel les étudiants doivent
avoir assimilé, parmi d’autres items, les principaux gestes techniques ; les
pathologies les plus fréquentes ; leurs procédures diagnostiques, leurs
thérapeutiques et leurs préventions ainsi que la gestion des urgences les plus
fréquentes (Tableau 1).
Chaque atelier comprenait d’une part, l’exposition courte d’une situation clinique, par
quelques lignes relatant les antécédents, l’âge, le sexe et le motif de consultation du
patient (Annexe 6) associée d’autre part à un support sensitif, visuel ou auditif
différents à chaque atelier. Ces supports psychosensoriels faisaient intervenir le
toucher à l’aide de « boites à prostates » qui sont des dispositifs copiant les
sensations du toucher prostatique à travers le rectum. L’audition était représentée
par un enregistrement relatant un entretien entre un urologue et une de ses
patientes. En ce qui concerne la vision, les supports étaient plus classiques et
comprenaient soit des radiographies standard ou préparées, soit une échographie,
soit une photographie ou la retranscription d’une débit-métrie urinaire. Deux ateliers
ne comprenaient pas de support sensoriel.
La grille de réponse (Annexes 3 et 4) était établie plusieurs jours avant l’examen et
était rédigée en accord avec la simplicité de l’examen ; ainsi pour chaque habileté
acquise, les points correspondants ont été attribués. La notation de chaque question
était cotée selon un barème de mots clés, de 0 à 5 pour le groupe 1 et de 0 à 2, pour
les groupes 2 et 3. La note de chaque candidat correspondait à la somme des scores
obtenus à chaque cas et le total des points obtenu correspond à une note finale sur
20. Il a été instauré pour 2 questions, lors de la dernière cession, des points négatifs,
lorsqu'une réponse était considérée par le correcteur, inutile ou dangereuse pour le
patient.
Problèmes cliniques
Support psychosensoriel
Objectifs d’évaluation (Objectif terminal du DCEM)
Hypertrophie prostatique
Reconstitution d’un toucher prostatique
transrectal
Diagnostic d’une hypertrophie bénigne de la prostate
n°247 Condylomes
vénériens Photographie couleur Diagnostic d’une infection génitale de
l’homme. N° 89
Rétention d’urines fébrile avec prostatite
Rétention aiguë d’urine : identification des situations d’urgence et planification
de leur prise charge. N° 216
Sténose uréthrale Urographie intraveineuse
Devant un trouble de la miction, justifier les examens complémentaires
pertinents. N° 341 Tumeur de la
prostate Reconstitution d’un toucher prostatique
transrectal
Diagnostic d’une tumeur de la prostate. N°156
Tumeur du rein et tumeur de vessie.
Hématurie
Echographie vésico-rénale
Diagnostic d’une tumeur du rein. N°158
Devant une hématurie, argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les examens complémentaires
pertinents. N°315
Lithiases urinaires Radiographie standard abdominale sans
préparation
Diagnostic d’une lithiase urinaire. N°259
Troubles de la miction
Débimétrie urinaire Devant un trouble de la miction, justifier les examens complémentaires
pertinents. N° 341
Infection urinaire basse de la
femme
Devant une infection urinaire, argumenter l’attitude thérapeutique et
planifier le suivi du patient. N° 93
Incontinence urinaire
Audition d’un entretien patiente/médecin
Devant une incontinence de l’adulte, argumenter les principales hypothèses
diagnostiques. N° 321
Tableau 1 : Liste des ateliers.
Organisation
L'étude s'est déroulée au cours de l'année universitaire 2002-2003, à l'hôpital Tenon
de l'assistance publique des hôpitaux de Paris, dans le service d'urologie du
Professeur Thibault.
Les candidats étaient 97 étudiants en DCEM3, tous inscrits dans le certificat couplé à
la pratique clinique « néphrologie-urologie ». Tous ont eu comme évaluation pratique
de ce certificat pour l’urologie, une épreuve sous forme de plusieurs ateliers orientés
s’apparentant à un ECOS. Ainsi aux cessions de janvier 2003, d’avril 2003 et de
juillet 2003, trois groupes de, respectivement 32 (nG1), 32 (nG2) et 33(nG3) étudiants
ont participé à cette nouvelle évaluation. L’examen s’est déroulé sur une journée et a
consisté en un circuit de 7 ateliers courts de 1 ou 2 minutes pour le premier groupe et
en un circuit de 10 ateliers d’une minute chacun pour les deux autres groupes. La
durée de chaque circuit était donc d’environ 10 minutes par candidat et 10 candidats
étaient donc testés par circuit. La durée totale de l’examen était approximativement
de 45 minutes. Les différents ateliers s’échelonnaient dans trois salles, chaque salle
comprenant 2 ou 4 ateliers dispersés. Au début de l’épreuve, il était remis à l’étudiant
une fiche-réponse préétablie à son nom constituée d’une grille comprenant une case
par atelier où il consignait (ou non) ses réponses (Annexes 1 et 2). Un examinateur
était présent dans chaque salle ainsi qu’un autre au début du circuit et un dernier à la
fin. La fonction du premier examinateur était de minuter l’entrée de chaque étudiant
dans le circuit et de distribuer à l’étudiant la fiche-réponse correspondante. En fin de
circuit, les fiches étaient collectées par le dernier examinateur alors que les autres
avaient pour fonction de surveiller et d’orienter les étudiants dans le circuit.
L’objet de notre examen était de tester la faisabilité d’une telle épreuve pour évaluer
la pratique des étudiants en fin de stage d’urologie et nous les avons corrélées à la
présence des étudiants en stage hospitalier d’urologie ou non.
Nous avons comparé ces notes à celles de l’évaluation pratique de néphrologie
consistant à l’exposition orale d’un cas clinique.
Notre but était d’estimer rapidement et de façon fiable l’acquisition de compétences
cliniques et thérapeutiques simples et essentielles, dans cette spécialité, pour ces
futurs praticiens.
Résultats
Le collectif d'étude était représenté par 100 étudiants de troisième année de
deuxième cycle des études médicales, répartis en 3 groupes d'effectif
homogène(nG), en moyenne 33 par groupe (nG1=32; nG2=34; nG3=34). Deux étudiants
dans le groupe 2 et un dans le groupe 3, ont été exclus de cette étude car ils étaient
absents le jour de l'examen. L'effectif final pour cette étude est donc de 97 étudiants.
Les tableaux 2 et 3 résument les notes moyennes par questions et les notes
moyennes finales obtenues lors de l'examen pour les 3 groupes. Le nombre et le
thème des questions étaient différents pour le groupe 1 et les groupes 2 et 3 ; c’est
pourquoi nous ne les avons pas comparés.
Q1/1 Q2/2 Q3/2 Q4/2 Q5/5 Q6/3 Q7/5 NOTE/20
Gr1 1 1,4 1,4 1,8 1,4 2,1 2,6 11,8
Tab. 2: Notes moyennes obtenues aux questions et note finale /20 pour le groupe 1.
Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q6 Q7 Q8 Q9 Q10 NOTE/20
Gr2 1,6 0,2 1 0,6 1,6 1,1 1,2 1 0,7 1,4 11,3
Gr3 1,9 0,8 1,6 0,8 1,5 1,1 1,5 1,8 0,6 1,5 12,9
test T 0,020 0,000 0,019 0,041 0,422 0,828 0,077 0,009 0,691 0,830 0,002 Tab.3: Notes moyennes obtenues aux questions et note finale /20 pour les groupes 2 et 3.
Le tableau 2 nous montre les performances globales des candidats du groupe 1.
Hormis pour la question 5, la majorité des étudiants ont obtenu la moyenne à chaque
atelier. 6 étudiants sur 32 (19%) n’ont pas obtenu la note de passage (10/20). En
effet, la cotation de la question 5 se faisait sous forme d'association de bonnes
réponses; 0 ou 1 bonne réponse sur 4 ne donnait aucun point, 2 bonnes réponses
sur 4 équivalait à 2 points et avec la totalité de bonnes réponses (4 bonnes réponses
sur 4), les étudiants obtenaient le maximum des points, c’est à dire 5.
Les notes obtenues dans les groupes 2 et 3 sont regroupées dans le tableau 3. Le
correcteur a utilisé pour ces deux groupes, les mêmes questions et la même cotation
(toutes les questions sont notées sur 2 points) avec cependant une particularité pour
les questions 3 et 9. En effet, en cas de réponse estimée « médicalement
dangereuse » à la question 3, une pondération négative de 2 points, a été mise en
place ainsi qu’à la question 9 où une notation négative de 1 point a été attribuée en
cas de demande d'examen injustifié. Les notes moyennes de ces 65 candidats ont
globalement été supérieures à la moyenne sauf pour 13 candidats (20%). Il a été mis
en évidence que la note moyenne du groupe 3 est significativement meilleure que
celle du groupe 2 (p=0.002).
Parmi les étudiants inscrits au certificat couplé à la pratique clinique « néphrologie-
urologie », le nombre de ceux ayant effectué un stage hospitalier (nGst+) dans le
service d’urologie était homogène dans les 3 groupes( nG1st+=14; nG2st+=14;
nG3st+=10) ; ce qui représente 38% des inscrits (Tableau 4). Il n’existe pas de
différence significative sur la note d’évaluation pratique entre les étudiants ayant
effectué un stage pratique en urologie et ceux ne l’ayant pas fait (Tableau 5).
Groupe 1(%) Groupe 2(%) Groupe 3(%) Total (%)
n 32 34 34 100
Présent à l'examen 32 (100) 32 (94) 33 (97) 97
Stage + 14 (44) 14 (41) 10 (29) 38
Stage - 18 (56) 20 (59) 24 (71) 62
Tab. 4: Répartition des étudiants ayant effectués un stage en urologie.
Tab.5: Moyenne des notes finales des étudiants ayant effectués ou pas un stage en urologie.
La comparaison de nos résultats avec les notes obtenues lors de l’évaluation
pratique en néphrologie ne montrent pas non plus de différence significative
(Tableau 6 et Figure 1 et 2).
UROLOGIE NEPHROLOGIE NOTE T /20
Groupe 1 11,8 14,4 13,1
Groupe 2 11,3 12,7 12,3
Groupe 3 12,9 11,1 11,7
Moyenne 12,0 12,7 12,4
Tab.6: Comparaison des notes obtenues en urologie et en néphrologie.
Note/20 Stage+ Stage-
Groupe 1 11,8 13,4 10,7
Groupe 2 11,3 10,5 11,9
Groupe 3 12,9 11,3 13,5
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Répartition notes urologie G2 & G3
Figure 1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
Répartition notes néphrologie G2 & G3
Figure 2
Discussion
Bien qu’outre Atlantique l’évaluation par ECOS soit une méthode de référence pour
l’évaluation de la compétence clinique à tous les niveaux du cursus médical1 5, elle
reste encore en France une expérience peu usitée. Au cours du troisième cycle des
études médicales, on observe son utilisation à la faculté de Rouen pour la validation
du résidanat et une étude a été publiée sur l’emploi de ce type d’évaluation6. Ces
deux exemples démontrent la pertinence des ECOS comme outil pédagogique et
d’évaluation formative pour l’enseignement des internes. Pour ce qui est du
deuxième cycle des études médicales, à notre connaissance, l’évaluation structurée
objective n’est utilisée qu’à la faculté de médecine de Créteil pour la validation du
CSCT et il a été publié une seule étude, dont les résultats encourageants ont été
publiés en 20017. En 1997, pour les étudiants de deuxième cycle, il a été mis en
place une notation de stage hospitalier s’intégrant dans la note terminale permettant
à l’étudiant chaque année de passer dans l’année supérieure. Il a été ainsi permis à
l’enseignement clinique d’intervenir à part entière dans l’évaluation globale de
l’étudiant en fin d’année et les facultés de médecine ont ainsi mis en place les
examens d’évaluation des compétences cliniques.
A la faculté de médecine de Saint Antoine, l’évaluation pratique de stage comptant
pour 25% de la note totale du certificat, consiste en l’appréciation par un jury de la
présentation d’une observation concernant un patient présent dans le service et
connu de l’étudiant, ainsi que des réponses aux questions du jury. L’examen pratique
de stage hospitalier en urologie a lui été modifié pour devenir une évaluation
structurée objective. Les motivations de ce changement ont été guidées par une
volonté d’employer de nouvelles méthodes docimologiques et d’évaluer les habiletés
psychomotrices des étudiants, peu enseignées et évaluées par les méthodes
pédagogiques traditionnelles. Le temps imparti à chaque atelier était volontairement
court afin de tester et de stimuler principalement les facultés psychosensorielles de
l’étudiant. Ainsi il a été évalué des « praxies », considérées comme essentielles à
l’acquisition de la compétence clinique en urologie telles que la réalisation et
l’interprétation d’un toucher rectal ou la visualisation de calculs radio-opaques sur un
« abdomen sans préparation ».
Ce mode d’évaluation des pratiques cliniques fait partie intégrante de l’apprentissage
et modèle fortement la façon dont les étudiants vont apprendre8. Elle est aussi utile à
l’enseignant pour vérifier l’atteinte des apprentissages et l’efficacité de ses
programmes. On peut penser que l’application de cette nouvelle forme d’évaluation
incite les étudiants à privilégier ces apprentissages psychosensoriels essentiels à
l’acquisition de la compétence clinique. Dans notre étude nous avons d’ailleurs mis
en évidence une amélioration significative de la note du groupe 3 par rapport à celle
du groupe 2 ; or pour des raisons indépendantes de notre volonté, seuls les
étudiants du groupe 3 ont été informés en début d’enseignement, des modalités de
leur évaluation. Cette tendance reste à être confirmée par la poursuite de l’étude
avec les groupes suivants.
Toutefois avec la réforme du deuxième cycle, les notes de stages n’interviennent
plus dans la note de fin d’année et l’on peut penser que la motivation et
l’apprentissage clinique en stage hospitalier vont progressivement diminuer9.
Parallèlement à cette réforme et de façon paradoxale, nous entrons dans un
processus de certification dont l’ambition est d’établir un contrôle en fin de formation
qui permettrait de juger le candidat dans les conditions qui sont proches de son
exercice. Les ECOS en sont une approche pertinente3 8 10 11, d’autant plus dans le
cadre du stage hospitalier.
Les ateliers utilisés dans notre étude sont différents de ceux utilisés dans un ECOS
standard ; nous n’avons pas employé de patients standardisés ; comme nous l’avons
vu plus avant, le temps imparti pour chaque atelier était très court et enfin l’évaluation
n’était pas faite sur l’observation directe de l’interaction « médecin-patient » mais sur
les réponses à des questions courtes découlant de l’atelier, le plus souvent des
QROC ou des QCM. Ces modifications ont été dictées par des contraintes
logistiques ; nous ne possédions pas le budget nécessaire à l’emploi de comédiens
ou de mannequins ; le nombre et la disponibilité des observateurs étaient insuffisant
à l’observation de chaque atelier et le nombre d’étudiants à évaluer était trop
important pour pouvoir augmenter la durée des ateliers et donc la durée de
l’évaluation. Nous sommes bien conscients que les caractéristiques psychométriques
de ce circuit d’ateliers courts sont loin de celles requises pour assurer une bonne
validité à l’examen12. Toutefois de nombreuses études ont montré qu’un nombre de
cas suffisant et la formation des observateurs assuraient la fiabilité des ECOS et
d’autre part, il a été également démontré que le format flexible de l’ECOS (nombre
de stations, durée des stations, circuit parallèle, proportions des stations-stimulus /
stations questionnaires) permet d’évaluer un grand nombre de candidats, un large
échantillon d’habiletés, dans un temps relativement court 3 13 14. Enfin, nous avons
pris en compte les recommandations générales pour l’évaluation des apprentissages
lors du développement de notre évaluation15. C’est pourquoi, nous avons modifié
l’organisation de l’examen après le premier groupe. En effet, la non-standardisation
des différents ateliers en temps et en pondération lors de l’évaluation du groupe 1,
ont gêné le déroulement de l’épreuve et ont faussé l’évaluation des critères que nous
voulions mesurer (pondération complexe).
Le format de nos ateliers était également orienté par cette démarche de certification
vers laquelle nos universités médicales se dirigent et à laquelle nous adhérons
fortement. Nous avons vu qu’à la fin du deuxième cycle médical, les étudiants
doivent avoir acquis les compétences cliniques nécessaires à leur fonction d’interne
et de futur praticien. Dans ce cadre, l’acquisition et donc l’évaluation de certaines
habiletés psychomotrices nous semblent primordiales.
A la faculté de Saint-Antoine, la trentaine d’étudiants inscrits au certificat couplé à la
pratique clinique « néphrologie-urologie » sont pendant 3 mois en stage hospitalier
de néphrologie. Sur la base du volontariat 5 d’entre eux peuvent être détachés
pendant 15 jours du service pour intégrer le service d’urologie. Ce système de
rotation a été établi pour permettre à tous les inscrits de « passer » en urologie, s’ils
le souhaitaient. Selon nos résultats, on s’aperçoit que seulement 38% de ces
étudiants intègrent le stage d’urologie. De plus, il n’existe pas de différence
significative sur la note d’examen pratique entre les candidats ayant intégré le stage
d’urologie et ceux ne l’ayant pas fait. Il a pourtant été bien démontré que les
étudiants acquièrent en grande partie leur compétence clinique lors des stages
cliniques hospitaliers16. Dans notre étude, la durée insuffisante du stage pratique est
probablement à l’origine de cette absence de bénéfice.
Nous avons voulu comparer les résultats obtenus lors de l’évaluation pratique
d’urologie à ceux obtenus à celle de néphrologie afin vérifier l’absence d’une trop
grande disparité entre notre évaluation et une évaluation plus classique (figures 1 et
2) et par cela s’assurer de la fiabilité de notre test.
L’acceptabilité de cette évaluation n’a pas été mesurée. Toutefois l’avis informel de
plusieurs étudiants soumis à ce test a été recueilli dans les trois groupes. Celui du
premier groupe est unanime concernant les difficultés organisationnelles
représentées essentiellement par le manque de temps pour répondre aux questions,
la présence de « files d’attentes » à l’entrée des ateliers comprenant plusieurs cas (Q
5) et l’inadéquation des lieux d’examen (pas de possibilités de s’asseoir en attendant
son « tour », exiguïté des stands). Ce dernier item a été également relevé par les
étudiants des groupes 2 et 3. Cependant, tous ont apprécié cette forme d’évaluation,
notamment son caractère rapide et son orientation psychosensorielle.
Malgré ses limites, cette étude montre la faisabilité d’une épreuve apparentée à un
ECOS pour l’évaluation de stage pratique au cours du deuxième cycle. La
compétence clinique présentant de nombreuses composantes, il serait illusoire de
penser qu’un seul instrument suffit pour l’évaluer. Néanmoins, l’amélioration et
l’utilisation de ces nouvelles méthodes d’évaluation des habiletés psychomotrices
nous aideront certainement à relever le défi posé par la certification de notre
profession.
Annexe 1: Examen pratique d’urologie Groupe 1
NOM : Prénom :
Stagiaire en urologie : oui non
PIECE N°1 ( 2 minutes )
1 Robert A Description :
Diagnostic :
2 Laetitia H Diagnostic :
Traitement proposé :
PIECE N°2 ( 2 minutes )
3 Tancrède V A B C D
4 Frank Z Description :
Examen complémentaire proposé :
PIECE N°3 ( 2 minutes )
Jérémy A Examens N° :
Jérémy B Examens N° :
Jérémy C Examens N° :
5
Jérémy D Examens N° :
PIECE N°4 ( 2 minutes )
6 Ernest E Description :
Diagnostic :
7 Maxime C Description :
NOTE TOTALE SUR 20 :
Annexe 2: Examen pratique d’urologie Groupe 2 et 3
NOM : Prénom :
Stagiaire en urologie : oui non
EXAMEN PRATIQUE D’UROLOGIE DU groupe 2 et 3
UNE MINUTE PAR STAND
1 TR n°1:
= nodule
dur
1 2 3 4
D G D G D G D G
2 Photo : Diagnostic :
3 Mr P.R.
CAT
1.
2.
3.
4 Radio 1 :
Mr HAN...
Diagnostic :
5 TR n°2:
= nodule
dur
1 2 3 4
D G D G D G D G
6 Ernest E
(Echo)
Diagnostic(s) :
7 Mr YAL...
(Radio 2)
Description :
8 Débimétrie Interprétation :
1 : Normale 2 : Pathologique 3 : ininterprétable
9 Sylvie C
Prescription
Prescription :
10 Laetitia H
(Interrog.)
Diagnostic :
NOTE TOTALE SUR 20 :
Annexe 3: Grille de correction Groupe 1
CORRIGE du Gr1
PIECE N°1 ( 2 minutes )
1 Robert A Description : prostate augmentée de volume, souple, homogène,
bien limitée
Diagnostic : HBP / adénome:
1
2 Laetitia H Diagnostic : Instabilité vésicale
Traitement proposé : anticholinergiques
1
1
PIECE N°2 ( 2 minutes )
3 Tacrède V A B C D 2
4 Frank Z Description : prostate augmentée de volume, avec un nodule dur,
bien limitée
Examen complémentaire proposé : soit PSA, soit biopsie de
prostate
1
1
PIECE N°3 ( 2 minutes )
Jérémy A Examens N° : 1 (prostatite aiguë bactérienne)
Jérémy B Examens N° : 4 (bilan initial HBP peu symptomatique)
Jérémy C Examens N° : 2 (bilan dysfonction erectile et baisse libido)
5
Jérémy D Examens N° : 3 (suivi de traitement par BAC)
1 : 0
2 : 2
4 : 5
PIECE N°4 ( 2 minutes )
6 Ernest E Description : - image tissulaire sur la paroi vésicale
- kyste liquidien du rein droit
Diagnostic : tumeur de vessie
1
1
1
7 Maxime C Description : images radiopaques
3 à droite : bassinet /TCI/TCM
2 à gauche : bas uretère gauche
1/1/1
1/1
TOTAL SUR : 20
Annexe 4 : Grille de correction Groupe 2 et 3
UNE MINUTE PAR STAND
1 TR n°1 :
= nodule
dur
1 2 3 4
D G D G D G D G
2
2 Photo :
Diagnostic :
Condylomes vénériens (ou acuminés)
1
3 Mr P.V.
CAT
- Cathéter sus pubien (sonde = -2)
- ECBU
- Antibiothérapie
1
1 : 3
1
4 Radio 1 :
Mr HAN...
Diagnostic :
Sténose de l’urèthre (1) bulbaire / pénien postérieur (1)
2
5 TR n°2 :
= nodule
dur
1 2 3 4
D G D G D G D G
2
6 Echo :
Ernest E
Diagnostic(s) : 1. Tumeur de vessie
2 . Kyste du rein
1
1 : 2
7 Radio 2
Mr YAL
Description :
3 calculs à droite
2 calculs à gauche
1
1 : 2
8 Débimétrie
urinaire
Interprétation :
1 : Normale 2 : Pathologique 3 : Non interprétable
2
9 Sylvie C
Prescription
Traitement antibiotique (minute/court)
Pas d’ECBU (ECBU –1)
2
10 Laetitia H
(Interrogat)
Diagnostic : incontinence par impériosité
/instabilité/hyperexcitabilité vésicale
2
NOTE TOTALE SUR 20 : 20
Annexe 5: Ennoncés des cas Groupes 2 et 3
STAND N°1
Camembert 1
Quelle hypothèse diagnostique est la plus probable ?
STAND N° 2
Photo
Quelle hypothèse diagnostique est la plus probable ?
STAND N°3 Monsieur Pierre R..., 68 ans.
Consulte à 20h00 pour impossibilité à uriner depuis 10h00 le matin. Une miction à 8h00, difficile et
douloureuse. Douleurs hypogatriques permanentes.
Température : 38°5
Antécédents :
- Jamais opéré
- Traité par un alpha-bloquant depuis 2 ans pour difficultés à uriner
- 1m72, 68 kg
Examen clinique :
Masse hypogastrique arrondie, remontant jusqu’à l’ombilic, rénitente, mate à la percussion, et dont la palpation
est douloureuse et majore l’envie d’uriner.
Fosses lombaires normales.
Organes génitaux externes normaux, y compris méat
CONDUITE A TENIR : LES TROIS PREMIERS GESTES ?
STAND N°4 Il s'agit d'un patient de 65 ans qui vous consulte car il est gèné pour uriner.
A l'interrogatoire, il n'a pas d'antécédents urologiques, il n' a jamais été opéré. Il prend depuis trois ans des
traitements pour ses troubles urinaires. Il a pris un alpha-bloquant pendant 6 mois, sans amélioration. Puis un
inhibiteur de la 5 alpha réductase pendant un an sans succès. Il prend actuellement un traitement par
phytothérapie. Interprétez son urographie intra veineuse.
STAND N° 5
Camembert 2
Quelle hypothèse diagnostique est la plus probable ?
STAND N° 6 Monsieur Ernest E..., 59 ans.
Consulte pour hématurie microscopique découverte à la médecine du travail.
Ne se plaint d’aucun trouble urinaire.
Antécédents :
- Jamais opéré
- Pas de traitement médical en cours
- Non fumeur
Examen clinique :
Abdomen souple, pas de masse palpable.
Fosses lombaires normales. Orifices herniaires libres
Organes génitaux externes normaux, y compris méat
Toucher rectal normal.
ECBU : hématurie microscopique, pas de germe
Décrivez l’échographie de l’arbre urinaire par voie abdominale.
STAND N° 7 Monsieur Y. HAL..., 35 ans.
Colique néphrétique droite il y a trois jours. Le patient a été traité médicalement et la crise a cédé. Une
radiographie d’abdomen a été prescrite.
Antécédents :
- appendicectomie dans l’enfance
- Colique néphrétique droite il y a un an, non explorée.
- Allergie à la pénicilline
Examen clinique :
Abdomen souple, pas de masse palpable.
Fosses lombaires normales. Orifices herniaires libres
Organes génitaux externes normaux, y compris méat
Décrivez la radiographie d’abdomen sans préparation : aspect, siège et nature probable de la ou des anomalies.
STAND N° 8
Attribuez à cette débitmétrie urinaire le qualificatif approprié.
STAND N°9 Madame Sylvie C., 38 ans
Consulte pour des brûlures en urinant apparues ce matin. Elle urine très fréquemment, et ses urines sont troubles.
Elle n’a pas de fièvre. C’est la cinquième fois en deux ans que ces troubles se produisent.
Antécédents :
- Jamais opérée, pas d’antécédents urologiques
- Pas de traitement médical en cours
- Deux grossesses normales, pas de contraception
- Excellent état général
Examen clinique :
Abdomen souple, pas de masse palpable.
Fosses lombaires normales et indolores.
Sensibilité à la pression hypogastrique
Touchers pelviens normaux.
Pouls : 60/min
STAND N°10
Mettez le casque
Appuyez sur "lecture"
Ecoutez attentivement le dialogue entre la patiente et son médecin.
- Bonjour Madame. Que puis-je faire pour vous ?
- Beaucoup, j’espère Docteur. Voilà, je viens vous voir parce que j’ai des fuites.
- Des fuites ?
- Oui, des fuites d’urine.
- Depuis combien de temps ?
- Oh, environ 2 à 3 ans.
- Et dans quelles circonstances se produisent-elles ?
- C’est surtout quand je mets les mains dans l’eau, ou quand je rentre à la maison. Dès que je mets la clef
dans la serrure, ça me déclenche une envie terrible, et si je ne vais pas assez vite, eh bien, je fais pipi dans
ma culotte... En plus, ça me réveille la nuit.
- Quel âge avez-vous, Madame ?
- Quarante huit ans, Docteur.
- Vous avez des enfants ?
- Non Docteur, je suis célibataire.
- Et quand vous faites des efforts, quand vous toussez ou que vous éternuez, vous avez aussi des fuites ?
- Ah non, Docteur, quand même pas...
- Vous avez déjà été opérée ?
- Seulement les végétations, quand j’étais petite.
- Vous prenez des médicaments ?
- Rien du tout, Docteur. S’il n’y avait pas ce problème de fuites, tout irait bien.
- Eh bien je pense qu’on va pouvoir arranger ça....
Quel diagnostic vous semble le plus probable ?
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