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Bulletin de Santé du Végétal Corse – Maraîchage Flash n°1 – 15 juin 2018 1/5
Alerte Vigilance Mildiou/Cladosporiose : risque majeur !
En raison des conditions climatiques actuelles et à venir, un fort développement des
agents pathogènes mildiou et cladosporiose est à prévoir dans la région.
Ces deux champignons ont déjà été observés sur cutures de tomates, melons,
courgettes, concombres et basilics. Soyez vigilants !
MILDIOU
• Observation Plusieurs attaques de mildiou sur feuilles ont déjà été enregistrées :
- Vescovato, sur culture de melons : environ 3% de la parcelle est touchée au niveau des
feuilles des plantes par le mildiou Pseudoperonospora cubensis.
- Folelli, 5% d’une parcelle de tomates présente des symptômes foliaires du mildiou
Phytophtora infestans et 30% d’une parcelle de courgettes subit l’attaque de
P.cubensis au niveau des feuilles également.
Des suspicions de cladosporiose sur courgettes sont en cours d’identification officielle par le
laboratoire d’Orléans. Ce serait plus de 70% d’une parcelle à Biguglia qui serait touchée.
• Pseudoperonospora cubensis Biologie et dissémination : Pseudoperonospora cubensis se développe essentiellement sur les
feuilles des cucurbitacées. Il sporule surtout sur la face inférieure des feuilles (plus rarement à la
face supérieure), notamment si l'hygrométrie ambiante est très élevée (proche de 100% durant
au moins 6 heures) et si les températures sont comprises entre 5 et 30°C (avec un optimum
situé entre 15-25°C).
Les sporanges sont très facilement disséminés par le vent et les courants d'air sur des distances
assez importantes, de l'ordre de plusieurs centaines de mètres, ainsi que par les projections
d'eau, les ruissellements consécutifs à une pluie ou une irrigation par aspersion. Un vent chaud
et humide peut permettre la généralisation du mildiou à une zone de production, voire une
région.
Notons que les travailleurs au cours des opérations culturales et les outils qu'ils utilisent
contribuent aussi à la dispersion de la maladie.
Symptômes : Il s’agit d’abord d’un jaunissement foliaire suivit d’une nécrose, au niveau des
feuilles. Puis un duvet grisâtre peut également apparaître. Sur courgette et concombre, les
tâches sur feuilles sont surtout angulaires, donnant un aspect mosaïque. Attention ne pas
confondre avec les virus.
BULLETIN DE
SANTE DU VEGETAL
CORSE
MARAÎCHAGE FLASH n°1 - 15 juin 2018
SOMMAIRE
Mildiou Cladosporiose
Prévision météo Liens utiles
ANIMATEUR FILIERE : Océane CABAU, FREDON
Rédactrice : Océane CABAU
Structures partenaires : CA2B,
CANICO, Inter Bio Corse
Directeur de publication : Joseph COLOMBANI
Président de la Chambre
d’Agriculture de Corse
15 Avenue Jean Zuccarelli
20200 BASTIA
Tel : 04 95 32 84 40
Fax : 04 95 32 84 43
http://www.corse.chambres-
agriculture.fr
Crédit photo : CA2B,
InterBioCorse, Fredon Corse
Action pilotée par le Ministère
chargé de l’agriculture, avec
l’appui financier de L’Agence
Française pour la Biodiversité,
par les crédits issus de la
redevance pour pollutions
diffuses attribués au
financement du plan
ECOPHYTO.
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Gestion du risque : La lutte préventive est la plus efficace contre le mildiou car une fois que le champignon
est là, sa progression est très rapide.
Sous serre, tout sera mis en œuvre pour éviter la présence d’un film d’eau sur les plantes ; l'aération et la
ventilation seront de rigueur dans ce type de culture. Les bassinages seront à proscrire. Sous abris, il est
conseillé de fermer les ouvrants avant les pluies.
En fin de culture, les débris végétaux seront éliminés et détruits rapidement. Les résidus de culture seront
enfouis profondément dans le sol afin de favoriser leur rapide décomposition.
On ne réalisera pas de nouvelles plantations à proximité de cultures de melon ou d’une autre cucurbitacée
sensible déjà affectées. On se méfiera aussi des parcelles mal drainées, où se produisent de fortes rétentions
d’eau, qui sont favorables au développement de cette maladie. Dans ces parcelles, il sera préférable
d'améliorer leur drainage avant la mise en place des cultures.
Les fumures apportées devront être équilibrées, en aucun cas excessives.
• Phytophtora infestans
Biologie et dissémination : Phytophthora infestans est un chromiste qui est responsable du mildiou de la
tomate (late blight).
P. infestans est extrêmement influencé par les conditions climatiques. Il se développe plus ou moins bien à
des températures comprises entre 3 et plus de 25°C. Sa sporulation est optimale entre 16 et 22°C. Il lui faut
impérativement des humidités relatives élevées, supérieures à 90 %. Des nuits froides et des journées
modérément chaudes, avec une forte humidité, favorisent son extension. En revanche, une atmosphère
sèche et des températures proches de 30°C l'inhibent. Les périodes pluvieuses, les irrigations par aspersion,
les rosées, sont aussi très favorables aux épidémies de mildiou. Il suffit de 2 heures de présence d'eau sur les
feuilles pour amorcer une infection.
Symptômes : Ce mildiou peut s'attaquer à tous les organes aériens
de la tomate.
Sur les folioles, des tâches humides conférant localement au limbe
une teinte vert pâle à vert brun se développent d’abord assez
rapidement. Puis des portions importantes du limbe sont touchées,
et les tissus ne tardent pas à se nécroser. Ces taches sont
fréquemment entourées d'une marge de tissus livides où se forme
parfois un discret et fugace duvet blanc. Lorsque les conditions sont
particulièrement humides, la progression des symptômes sur le
feuillage peut être fulgurante, de nombreuses feuilles brunissent et
se dessèchent assez rapidement. Bon nombre de plantes finissent
par mourir.
Photo 1 : mildiou sur feuilles de concombres (E. Lescalier)
Photo 2 : tâches foliaires de mildiou sur melons (E. Lescalier)
Photo 3 : mildiou sur feuilles de tomates (O. Audibert)
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Les fruits atteints à un stade précoce sont souvent bosselés et présentent des marbrures brunes très
caractéristiques, dont l'extension est plutôt lente et la marge irrégulière. Si les attaques surviennent plus
tardivement, les plages marbrées sont plus homogènes et souvent réparties en cercles concentriques
festonnés. Un duvet blanchâtre est de temps à autre visible à leur surface.
Gestion du risque : La lutte contre P. infestans est la même que pour P. cubensis.
• Peronospora belbahrii
Le mildiou du basilic de plein champ ou de serre est causé par le champignon Peronospora belbahrii
(pathogène différent de celui qui est à l'origine du mildiou dans d'autres cultures légumières).
La chambre d’agriculture PACA a mis en ligne un document complet sur la biologie et la lutte contre ce
champignon. A consulter le site de la chambre d’agriculture des Alpes Maritimes : https://paca.chambres-
agriculture.fr/les-actualites-proches-de-vous/detail-de-lactualite/actualites/vient-de-paraitre-point-sur-les-
methodes-de-lutte-contre-le-mildiou-du-basilic/
CLADOSPORIOSE Cladosporium cucumerinum est aussi appelé « cladosporiose », « nuile grise » ou encore « tavelure du
concombre ».
Biologie et dissémination : C. cucumerinum se conserve sur les fruits et les débris végétaux présents sur et
dans le sol, mais aussi sur les semences. Il est capable de se maintenir sur les parois des abris.
La cladosporiose est favorisée par des conditions climatiques froides et humides et sévit avec gravité dans les
parcelles mal drainées.
Ses températures cardinales de développement sont 5 et 30°C ; l'optimum pour la germination des spores et
la pénétration du mycélium se situe aux alentours de 17°C à 20°C. Des nuits à 15°C et des journées à 25°C
sont aussi très favorables. La maladie évolue rapidement à la faveur de 30 heures d'humidité saturante. Elle
diminue dès que la température devient supérieure à 22°C, et se manifeste à peine à 30°C. A la suite de
pluies abondantes par exemple, les symptômes sur feuilles et sur fruits apparaissent en 3 à 5 jours et la
sporulation intervient une journée plus tard.
Les périodes de brouillards, de rosées abondantes et fréquentes, et de légères pluies sont aussi très propices
à la cladosporiose.
Rappelons aussi que les tissus jeunes (plantules, apex, jeunes fruits) sont particulièrement sensibles. Le cycle
épidémique de la cladosporiose est relativement court, moins de 7 jours.
Ainsi, de nombreux cycles peuvent avoir lieu au cours de la croissance des plantes, tant que les conditions
climatiques sont favorables.
Symptômes : Tous les organes aériens des cucurbitacées peuvent manifester des symptômes de nuile grise
causée par Cladosporium cucumerinum.
Les feuilles de courgettes et de courges sont parsemées de petites taches graisseuses, brunissant
rapidement, et entourées d'un halo jaune. Sur courgette, on peut observer de nombreuses taches graisseuses et nécrotiques sur les pétioles. C'est sur
les fruits que la cladosporiose est la plus dommageable. Des petites taches chancreuses, graisseuses et
concaves, passant souvent inaperçues, se développent dans un premier temps sur les jeunes fruits qui sont
particulièrement sensibles. Elles s'étendent par la suite, confluent parfois, et prennent une forme circulaire à
allongées et une teinte plutôt claire. Des exsudats gommeux brunissant progressivement perlent localement.
Ces taches sont initialement anodines sur les jeunes fruits des cucurbitacées ; au fur et à mesure du
développement, elles ont des répercussions très importantes sur leur forme notamment. Leur extension et la
mise en place localement de tissus cicatriciels liégeux en relief entraînent parfois des éclatements, des
déformations importantes, rendant les fruits non commercialisables.
Quant aux fruits de courgettes et de courges, ils présentent des petites taches graisseuses, chancreuses et
brunes lorsqu'ils sont jeunes. Une fois bien développés, ils sont parfois liégeux et fortement déformés.
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Photo 4 : symptômes de cladosporiose sur fruits (à gauche les fruits les
plus sains et à droite les plus touchés) (O. Cabau)
Gestion du risque : Dès que vous observez les premiers symptômes induits par C. cucumerinum, il convient
d'éviter au maximum la présence d'eau libre sur les plantes. Pour cela, il faut bien aérer les abris et éviter les
condensations. Pour les mêmes raisons, en plein champ, si des irrigations par aspersion doivent avoir lieu,
elles seront effectuées le matin ou dans la matinée afin de permettre aux plantes de sécher rapidement, en
aucun cas en fin de journée. Sous abris, il est conseillé de fermer les ouvrants avant les pluies.
Il convient d'éliminer et de détruire les plantes et les fruits particulièrement touchés. Cette opération est à
généraliser en fin de culture, en particulier pour les fruits malades. Un enfouissement profond des débris
végétaux réduirait la proportion d’inoculum primaire disponible par la suite.
PREVISION METEO (Source Météo France)
Pour jeudi 21 l'indice de confiance de la prévision est de 4 sur 5 ; pour vendredi 22, samedi 23 et dimanche 24, il est de 3
sur 5.
LIENS UTILES
• En cas de suspicion de détection d’organismes nuisibles réglementés, le mode opératoire à suivre est décrit
dans la note nationale que vous pouvez consulter avec le lien cité ci-dessous.
• PROTECTION DES INSECTES POLLINISATEURS : Les abeilles butinent, protégeons-les ! La note nationale
Abeilles et Pollinisateurs reprend les précautions à adopter pour protéger ces insectes indispensables à la
pollinisation : Attention, la mention « abeille » sur un insecticide ou acaricide ne signifie pas que le produit
est inoffensif pour les abeilles.
• EVOLUTION DE LA REGLEMENTATION : Une nouvelle liste des équipements de limitation de la dérive de
pulvérisation de produits phytopharmaceutiques est parue au Bulletin officiel du 7 mai 2017. Ces
équipements permettent de réduire la largeur des zones non traitées en bordures des points d'eau (de 20 ou
50 m à 5 m), conformément à l'arrêté du 4 mai 2017. De nouveaux équipements viennent s'ajouter pour la
viticulture, l'arboriculture et les cultures basses (pulvérisateurs, buses).
• http://www.corse.chambres-agriculture.fr/agro-ecologie/bulletins-de-sante-du-vegetal/
Lundi 18 juin
Mardi 19 juin
Mercredi 20 juin
Jeudi 21 juin Vendredi 22 juin
Samedi 23 juin
Dimanche 24 juin
Lundi 25 juin
Haute Corse/ Corse du Sud
Temps ensoleillé avec
quelques nuages se formant
à la mi-journée ; hausse des
températures
Peu d’évolution Peu d’évolution Pas de changement ;
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Xylella fastidiosa
Xylella fastidiosa peut affecter de nombreux végétaux, oliviers, Prunus (pêchers, amandiers), laurier rose, vigne,
agrumes, caféiers, chênes,… Les dépérissements provoqués par la maladie peuvent avoir des répercussions
économiques de grande ampleur.
La bactérie est transmise et dispersée par des insectes vecteurs, en particulier les cercopes et les cicadelles, qui se
nourrissent de la sève des plantes. La circulation et la plantation de plants contaminés, y compris de végétaux
d’ornement, représentent un risque important de dissémination.
En Espagne, un plant de vigne contaminé par Xylella fastidiosa a été découvert sur l’île de Majorque. La sous-
espèce identifiée est fastidiosa, connue comme l’agent responsable de la maladie de Pierce aux Etats-Unis. A ce
jour, cette sous-espèce a été identifiée uniquement à Majorque sur Polygala myrtifolia, Cistus monspeliensis,
Prunus avium, Prunus dulcis et Vitis vinifera. La plante contaminée présentait des symptômes et provenait d’une
parcelle de raisins de table, âgée de 20 ans.
La délimitation des zones infectées et des zones tampons ainsi que la liste des espèces hôtes sensibles à la subsp
multiplex sont disponibles sur le site http://draaf.corse.agriculture.gouv.fr/Xylella-fastidiosa
Pour plus d’informations pour la reconnaissance des symptômes, les vecteurs potentiels, cliquez sur les liens
suivants :
https://www.anses.fr/fr/system/files/VEG-Fi-XylellaFastidiosa.pdf
http://agriculture.gouv.fr/xylella-fastidiosa-une-bacterie-nuisible-pour-les-vegetaux
Pour tout signalement de suspicion de symptômes contacter le : 0800 873 699, joignable du lundi au
jeudi de 8h30 à 17h30, et le vendredi de 8h30 à 16h30.
Ce bulletin est produit à partir d’observations ponctuelles. S’il donne une tendance de la situation sanitaire régionale, celle-ci ne
peut être transposée telle quelle à la parcelle. La chambre d’Agriculture de Corse dégage toute responsabilité quant aux décisions
prises par l’exploitant et les invite à prendre toutes les décisions pour la protection de leurs cultures sur la base d’observations
qu’ils auront réalisés sur leurs parcelles et/ou en s’appuyant sur les préconisations issues de bulletins techniques ou de conseils
obtenus auprès des techniciens.