Transcript
Page 1: Psychopathie - The Mask of Sanity

Rev Med Brux - 2009 577

ARTICLE DE SYNTHESE

La psychopathie : depuis « The Mask ofSanity » aux neurosciences socialesPsychopathy : from « The Mask of Sanity » to socialneurosciences

S. J-J. Leistedt1,2, S. Braun1, N. Coumans1 et P. Linkowski1

1Laboratoire de Recherches psychiatriques, Service de Psychiatrie, Hôpital Erasme,2Aspirant au Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS)

RESUME

Bien que le diagnostic de psychopathie soittraditionnellement considéré comme un troublede la personnalité, il a souvent été et est toujoursutilisé, à tort, de manière équivalente à celui depersonnalité antisociale du Diagnostic andStatistical Manual of Mental Disorders, fourthedition, text revision (DSM-IV TR) ou depersonnalité dyssociale, ces deux dernièresappellations étant surtout basées sur descomportements. L’objectif de cet article est defournir une revue clinique et scientifique sur leconcept de psychopathie. L’article débute avecune introduction historique sur l’œuvre de HerveyCleckley, The Mask of Sanity, et présente ensuiteles définitions et autres classifications de lapsychopathie, en se focalisant spécifiquementsur la distinction entre le psychopathe antisocialet le psychopathe social. La discussion aborderaensuite les aspects épidémiologiques etdiagnostiques, spécialement les outilspsychométriques utilisés dans l’évaluation de lapsychopathie, en particulier l’outil actuel deréférence : « l’échelle de psychopathie de Hare »(PCL-R). La seconde partie de l’article aborde lesdonnées en matière d’imagerie structurelle etfonctionnelle dans la psychopathie. La dernièrepartie discute des traitements et autresinterventions possibles, ainsi que desperspectives en matière de recherche, enparticulier en termes de prévention. Cette revuedémontre bien tout l’intérêt des études et desprojets en neuro-imagerie via des techniquestelles que la résonance magnétique nucléairefonctionnelle et la magnéto-encéphalographie,capables de décrire la neuro-anatomie desémotions humaines. En effet, aujourd’hui, lesneurosciences sociales et cognitives constituentune voie prometteuse dans l’étude de lapsychopathie.

Rev Med Brux 2009 ; 30 : 577-87

ABSTRACT

Although psychopathy has traditionally beencited as a disorder of personality, confusionarises as the term is used interchangeably withthe terms antisocial personality disorder of theDiagnostic and Statistical Manual ofMental Disorders, fourth édition, text revision(DSM-IV TR) or dissocial personality disorder,both of which are largely behaviorally based. Thispaper aims to provide a clinical and scientificoverview of the literature on the topic ofpsychopathy, which examines this conundrum.This article begins with a wee bit of history aboutHervey Cleckley’s work, The Mask of Sanity, andthen presents the definitions and nosography ofpsychopathy, focusing on the distinction betweenthe antisocial psychopath and the successfullpsychopath. The discussion will then lead on theepidemiological aspects and diagnosis, especiallypsychometric and measurement tools used toassess psychopathy in the individual : Hare’sPsychopathy Checklist-Revised (PCL-R), as thisis the most frequently used and validatedmeasure of psychopathy. The second section ofthe article reviews several studies dealing withstructural and functional neuroimaging inpsychopaths. The final part of this overviewconsiders the treatment and interventions that areavailable to psychopathic offenders and theimplications for future research, especially interms of prevention.This review demonstrates that studies and furtherresearch are still required in psychopathy,particularly using functional neuroimagingtechniques, as fMRI and magnetoencephalo-graphy, that can describe the functionalneuroanatomy of human emotion. Today, cognitiveand social neurosciences constitue one of themost promising way to study psychopathy.

Rev Med Brux 2009 ; 30 : 577-87

Key words : psychopathy, serial killers, functionalneuroimagery

Page 2: Psychopathie - The Mask of Sanity

Rev Med Brux - 2009578

« Les esprits diffèrent plus que les visages ».Voltaire

« J’attends une vraie bonne occasion d’offrir desfleurs à ma femme. Son enterrement par exemple… ».

Alfred Hawthorn Hill

1941 : THE MASK OF SANITY

C’est en 1941 que le psychiatre américainHervey Milton Cleckley (1903-1984), alors professeurde psychiatrie et de neurologie à la Faculté deMédecine de l’Université de Géorgie (Medical Collegeof Georgia, Augusta, GA, USA), publie ce qui sera sonœuvre principale, et sans nul doute, une avancéemajeure dans le domaine de la psychopathologieclinique : The Mask of Sanity : An Attempt To ClarifySome Issues About the So-Called PsychopaticPersonality1.

Dans son ouvrage, Hervey Cleckley décritminutieusement, et pour la première fois, les grandescaractéristiques de la personnalité psychopathique(tableau 1). Après de nombreuses heures passées àinterroger un grand nombre de patients (venantd’hôpitaux psychiatriques sécuritaires, ambulatoires,etc.), il identifiera un « type différent » et minoritaire depatients. Des individus qui se distinguent avant tout par

Tableau 1 : Caractéristiques de la personnalitépsychopathique selon Hervey Cleckley (adapté de la réfé-rence 1).

1. Charme superficiel et bonne « intelligence »

2. Absence de délires ou de tout autre signe de penséeirrationnelle

3. Absence de « nervosité » ou de manifestationspsychonévrotiques

4. Sujet sur qui on ne peut compter

5. Fausseté et hypocrisie

6. Absence de remords et de honte

7. Comportement antisocial non motivé

8. Pauvreté du jugement et incapacité d’apprendre de sesexpériences

9. Egocentrisme pathologique et incapacité d’aimer

10. Réactions affectives pauvres

11. Incapacité d’introspection

12. Incapacité de répondre adéquatement aux manifestationsgénérales qui marquent les relations interpersonnelles(considération, confiance, gentillesse, etc)

13. Comportement fantaisiste et peu attirant lorsque sous l’effetde l’alcool, voire même sans le dit effet « alcool »

14. Rarement porté au suicide

15. Vie sexuelle impersonnelle, banale et peu intégrée

16. Incapacité de suivre quelque plan de vie que ce soit

leur froideur affective, leur capacité à manipuler l’autreet surtout leur grande indifférence par rapport aux délitsdont ils sont responsables. « Sympathique »,« charmant », « intelligent », « alerte », « impression-nant », « inspirant la confiance » et « un grand succèsauprès des femmes » : voilà les types de descriptionsque Hervey Cleckley a utilisés à de nombreusesreprises dans sa célèbre étude de cas sur lespsychopathes1.

A tel point que certains spécialistes précisentque, souvent, les psychopathes, en apparence,semblent avoir en abondance les traits de personnalitéles plus convoités par « les personnes normales ». Laconfiance en soi sereine et inébranlable despsychopathes semble presque un rêve impossible etest généralement ce que « les personnes normales »cherchent à acquérir quand elles suivent des cours deformation pour l’affirmation de soi, ... Dans bien descas, l’attraction magnétique des psychopathes pour lespersonnes du sexe opposé semble presquesurnaturelle2.

L’ensemble de ces descriptions forme le fameux« masque de normalité », que le psychopathe utilisedans sa vie quotidienne pour évoluer : gagner laconfiance des gens qui l’entourent, progresser dansles différentes couches sociétales, spolier, trahir, …Nous y reviendrons ultérieurement1.

A travers les médias, la littérature, le cinéma etmême au sein des milieux dits « spécialisés »,beaucoup de choses erronées sont dites ou écrites surla psychopathie. L’objectif de cet article est de donnerun aperçu général, le plus juste possible, des conceptsactuels de la psychopathie, principalement dans lesdomaines clinique, épidémiologique, neurobiologique,et thérapeutique. Les hypothèses développementaleset autres concepts psychodynamiques ne seront pasabordés dans cet ar ticle. Nous terminerons parquelques perspectives en termes de recherche.

DEFINITION ET NOSOGRAPHIE

La définition même de la psychopathie a connudes modifications importantes depuis plus d’un siècle,à tel point que le terme « psychopathie » a disparu dela terminologie psychiatrique officielle depuis plusieursannées (en particulier du DSM-IV et du DSM-IV TR)3.Tant au sein de la littérature que dans la pratiqueclinique, le diagnostic de psychopathie a souvent, àtort, été et est toujours utilisé de manière équivalenteà celui de personnalité antisociale du Diagnostic andStatistical Manual (DSM) (American Psychiatr icAssociation, 1980, 1987, 1994)3. Il s’agit pourtant dedeux concepts différents. Alors que la personnalitéantisociale du DSM-IV TR décrit et existe surtout pardes compor tements, la notion de psychopathies’attache surtout au noyau affectif et aux élémentsinterpersonnels qui caractérisent ces individus3-5.

La définition de la psychopathie se rattache aucourant anglo-saxon représenté par Hervey Cleckley

Page 3: Psychopathie - The Mask of Sanity

Rev Med Brux - 2009 579

dans son ouvrage The Mask of Sanity, dont lesconceptions cliniques ont inspiré les travaux empiriquesde Robert Hare1,6-8. Ce dernier est à l’origine dudéveloppement de l’ instrument diagnostiqueopérationnel de référence utilisé aujourd’hui en pratiqueclinique de psychiatrie médico-légale, « l’échelle depsychopathie de Hare » (PCL-R) (PsychopathyChecklist-Revised, Hare, 1991) (tableau 2)6,7.

Tableau 2 : L’échelle de psychopathie de Hare-Révisée(PCL-R). Comportements et traits de personnalité évalués(adapté de la référence 6).

1. Loquacité et charme superficiel

2. Surestimation de soi

3. Besoin de stimulation et tendance à s’ennuyer

4. Tendance au mensonge pathologique

5. Duperie et manipulation

6. Absence de remords et de culpabilité

7. Affect superficiel

8. Insensibilité et manque d’empathie

9. Tendance au parasitisme

10. Faible maîtrise de soi

11. Promiscuité sexuelle

12. Apparition précoce de problèmes de comportement

13. Incapacité de planifier à long terme et de façon réaliste

14. Impulsivité

15. Irresponsabilité

16. Incapacité d’assumer la responsabilité de ses faits et gestes

17. Nombreuses cohabitations de courte durée

18. Délinquance juvénile

19. Violation des conditions de mise en liberté conditionnelle

20. Diversité des types de délits commis par le sujet

La psychopathie, définie selon la PCL-R, sedistingue du trouble de personnalité antisociale par lefait qu’elle ne comprend pas uniquement descomportements antisociaux pour définir le sujetpsychopathique (« Il ne faut pas être psychopathe pourcommettre des délits… ») ; elle met l’emphase sur uncertain nombre de traits de personnalité associéshistoriquement à la psychopathie. La psychopathie sedéfinit par un mode de fonctionnement caractérisé pardes relations interpersonnelles superficielles, desoccupations sociales souvent instables et souvent, maispas toujours, des activités criminelles. Sur le planinterpersonnel, les psychopathes se montrentexubérants, volubiles, parfois grandiloquents, souventégocentriques, manipulateurs et surtout totalementinsensibles aux autres7. Sur le plan affectif, leursémotions sont superficielles et labiles. Ils établissentpeu de liens durables et manifestent peu, voire pas

d’empathie. Aujourd’hui, avec l’autisme, la psychopathieest considérée avant tout comme une maladie typiquede l’empathie9. En effet, ces individus sont incapablesde ressentir les expériences émotionnelles d’autrui, departager les émotions de l’autre et de se « projeter »dans une personne afin de comprendre ses sentimentset de prédire ses comportements1,7,9.

Contrairement à la croyance populaire et à ceque véhiculent souvent les médias, tous lespsychopathes ne sont pas de grands criminels dans lesens littéral du terme, et encore moins des tueurs ensérie, des tueurs de bordée ou des tueurs de masse.

Au contraire, certains d’entre eux, de par leurstructure de personnalité et une intelligence au-dessusde la moyenne (ce qui est souvent le cas), parviennentà se hisser au sommet de la pyramide sociale etoccuper ainsi des rangs importants, dans les plusgrandes entreprises par exemple1,9-11. Cespsychopathes (« Successful Psychopath », aussiappelés « psychopathes de la variété jardin ») necommettent pas d’actes antisociaux en tant que tels,mais posent des actes que la morale réprouve(mensonge, manipulation, fourberie, séduction, charmesuperficiel, « belle » intelligence, égocentrismepathologique, ...), cela afin de progresser dans leurirrésistible ascension sociale et leur conquête depouvoir et de reconnaissance1,9-11. A travers lepersonnage de Gordon Geiko dans le film Wall Street(1987) d’Oliver Stone, Michael Douglas illustre très bienla psychopathie sociale. Il en est de même dupersonnage de JR Ewing, brillamment interprété parLarry Hagman, dans la célèbre série télévisée Dallas.A l’opposé, les tueurs en série par exemple sont engrande majorité des psychopathes prototypiques ayantdes scores très élevés sur l’échelle de psychopathiede Hare, ce qui témoigne d’un dysfonctionnementglobal touchant le domaine affectif (absenced’empathie, incapacité d’introspection, pauvreté dujugement, incapacité à apprendre des expériences, ...),interpersonnel (manipulation, mensonge pathologique,fausseté, hypocrisie, incapacité d’aimer, vie sexuelleimpersonnelle et peu intégrée, ...), mais aussi, ici,caractérisé par des conduites antisociales répétées(agressions, viols, séquestrations, homicides, ...)11,12.Dans le cas des tueurs en série, à la personnalitépsychopathique, s’ajoutent généralement (mais pastoujours) un sadisme sexuel (ou encore d’autresparaphilies) et des antécédents familiauxpsychiatriques9. Les personnages d’Alex dans le filmOrange mécanique de Stanley Kubrick, et de MacMurphy dans le film Vol au-dessus d’un nid de coucoude Milos Forman illustrent très bien la dimensionantisociale du fonctionnement psychopathique.

Une autre grande caractér istique du sujetpsychopathe, encore une fois illustrée et mise à profitpar les tueurs en série, entre autres, est son apparencebanale et même rassurante (« le masque denormalité »), le plus souvent doublée d’une très bonneintégration familiale et sociale1,9,12. Dans son romandevenu un classique, Dr Jekyll et Mr Hyde, Robert Louis

Page 4: Psychopathie - The Mask of Sanity

Rev Med Brux - 2009580

Stevenson a littéralement créé « le monstre dansl’homme », le « moi divisé », apparaissant sympathique,civilisé et accueillant en apparence, mais recelant àl’intérieur une nature toute différente : un monstrebrutal, sanguinaire, sadique et sans pitié13,14. Il aconceptualisé de la meilleure manière qui soit « la bêtequi sommeille en chacun de nous ». Le tueur en sériepsychopathe est capable de mimer, de « faire sem-blant », d’adopter « un faux self »14. Le meilleur exempleen est sans aucun doute John Wayne Gacy Jr : visiteurdes hôpitaux dévoué à la cause des enfants malades,mais aussi et surtout violeur et assassin de plus detrente adolescents dans la cave de sa maison14,15.

UNE CLINIQUE ET UN DIAGNOSTIC COMPLEXES

Une bonne manière d’intégrer le concept estencore de se référer à la description intimiste et parti-culièrement explicite de la psychologue Martha Stout,ancien professeur de psychologie clinique à l’Universitéde Harvard et auteur de plusieurs ouvrages sur lapsychopathie. Elle décrit l’existence d’une combinaisonspécifique16 : « Imaginez – si vous le pouvez – ne pasavoir de conscience, vraiment aucune, aucun sentimentde culpabilité ou de remords, quoi que vous fassiez,aucun sentiment limitatif de souci du bien-être desétrangers, des amis ou même des membres de lafamille. Imaginez ne pas avoir à lutter avec la honte,pas même une seule fois dans toute votre vie, peuimporte le caractère égoïste, paresseux, dommageableou immoral de l’action que vous avez faite. Et faitescomme si le concept de responsabilité vous étaitinconnu, excepté comme un fardeau que les autressemblent accepter sans s’interroger, comme desimbéciles crédules. Maintenant, ajoutez à cette étrangefantaisie la capacité à cacher aux autres que votre profilpsychologique est radicalement différent du leur.Puisque chacun imagine simplement que la conscienceest universelle chez les êtres humains, cacher le faitque vous n’avez pas de conscience ne demandepresque aucun effort » (cité dans la référence 16).

Dans la recherche contemporaine et dans lapratique clinique, la psychopathie est le plus souventévaluée selon la liste de psychopathie - révisée deHare (PCL-R) - qui est une échelle d’évaluation cliniqueà 20 items6. Chacun des items de la PCL-R est cotésur une échelle à 3 points (0, 1, 2) selon des critèresspécifiques à partir de l’information contenue dans ledossier et d’un entretien semi-structuré. Cet instrumentfut développé pour cerner le fonctionnementpsychopathique, sous l’angle des affects et desrelations interpersonnelles (facteur 1 : charmesuperficiel, surestimation de soi, mensongepathologique, affects superficiels, …) et sous l’angledes comportements antisociaux ou des comportementsassociés au comportement antisocial (facteur 2), telque l’impulsivité, la délinquance juvénile ou encore laviolation des conduites de mise en liber téconditionnelle, par exemple6. Le résultat varie entre 0et 406. Le diagnostic de psychopathie est posé pour unscore de 30 ou plus, alors que l’absence depsychopathie est notée par un score inférieur à 206. Un

score situé entre 20 et 29 permet de parler deproblématique mixte6. Cet outil d’évaluation, commementionné ci-dessus, inclut également les dossiersd’observation dont tous les rapports criminels oupsychiatriques, les entretiens avec la famille, les amis,les collègues de travail, les employeurs et employés, etcomplétés, si possible, par des observationscomportementales.

Le diagnostic de psychopathie est complexe,nécessite une grande expérience, et est lourd deresponsabilités pour l’individu qui le pose. Car une foisposée, l’étiquette de psychopathe collera définitivementà la peau de celui qui la porte, que le diagnostic ait étécorrectement posé ou non ! Aujourd’hui, le terme de« psychopathe », à lui seul, est généralement abordéd’une manière très négative par la culture populaire etmême par les spécialistes (tant médicaux quejur idiques) et fait l ’objet d’une répulsion quasiuniverselle. Dans certains pays, à délit équivalent,« l’étiquette de psychopathe » conduira à une peineplus lourde, voire à la peine capitale. Pour toutes cesraisons, un diagnostic de personnalité psychopathiquene peut être posé que par un psychiatre spécialisé,formé à l’utilisation des outils diagnostiques spécifiques(en particulier à l’échelle de psychopathie de Hare -PCL-R) et sensibilisé à la problématique et à sesconséquences potentielles. Ce même psychiatre ne doiten aucun cas se baser uniquement sur des symptômescomportementaux, mais doit avoir accès à une revuedes dossiers historiques existants, incluant tous lesdocuments criminels ou psychiatriques, des entretiensavec la famille, les amis, les collègues de travail, lesemployeurs et employés, et complétés si possible pardes observations comportementales. Enfin, la rencontreavec un psychopathe est une expérience généralementtraumatisante. En effet, sa personnalité est singulièrepar le fait majeur qu’elle est « carencée » en ce qui faitce que nous sommes : notre empathie, notre capacitéà ressentir les sentiments de l’autre et à partager sajoie, sa souffrance, … Ainsi, non seulement lepsychiatre devra faire preuve d’une grande capacité demaîtr ise de l’entretien (éviter les tentatives demanipulation, faire la part du vrai et du faux, ne pas selaisser déstabiliser par les attaques psychologiquessouvent puissantes et personnelles de ces indivi-dus, …), mais il devra aussi être préparé à rencontrer« la part inhumaine » de l’être humain.

EPIDEMIOLOGIE DE LA PSYCHOPATHIE : UNEQUESTION EPINEUSE S’IL EN EST

Pour n’importe quel trouble, l’évaluation de laprévalence dépend non seulement de la définition dutrouble et de la manière dont il est mesuré, mais ausside qui l’évalue et pourquoi. Il peut y avoir, par exemple,des raisons politiques de dissimuler la prévalence dela psychopathie (c’est le cas, notamment, lorsque despsychopathes gravitent autour du pouvoir politique etpossèdent les qualifications pour y accéder ; certainstraités médicaux n’hésitent d’ailleurs pas à citer lesnoms de hauts dirigeants politiques comme répondantau diagnostic de « psychopathe social »…). Dans ce

Page 5: Psychopathie - The Mask of Sanity

Rev Med Brux - 2009 581

cas, l’évaluation de la prévalence sera réalisée sansporter préjudice au pouvoir politique. La psychopathie,telle qu’elle a été conçue à l’origine par Hervey Cleckley(1941), n’est pas restreinte à l’engagement dans desactivités il légales, mais englobe plutôt descaractéristiques de la personnalité telles que lamanipulation, l’hypocrisie, l’égocentrisme, et le manquede culpabilité et sur tout d’empathie - descaractér istiques clairement présentes chez lescriminels, mais aussi chez les conjoints, les parents,les patrons, les avocats, les politiciens et les P.D.G.,pour n’en nommer que quelques-uns16,17.

L’étude des psychopathes sociaux soulèvebeaucoup de problèmes méthodologiques, enparticulier trois18. Le premier concerne la nature mêmede la PCL-R. En effet, cet instrument a été créé audépart pour être util isé dans des populationscriminelles, et non dans la population générale18. Lesecond problème fait référence au manqued’informations auquel le clinicien doit faire face dansce type de population dite « générale »18. Or,l’insuffisance de renseignements (criminels ou non)entraîne des manquements dans l’évaluation par laPCL-R. Ce qui est moins le cas pour les populationscarcérales par exemple, dans lesquelles les cliniciensont un accès au dossier médical, parfois aux dossiersjuridiques et à l’historique du patient. Un troisièmeproblème reste bien entendu la taille des échantillons,généralement petite18. La plupart des études que nousciblons comprennent des échantillons ne dépassantjamais 30 sujets et se limitant même parfois à 8 sujets18.Dans les deux études de Raine que nous aborderonsplus loin19,20, l’équipe réunit respectivement un groupede 13 et de 12 psychopathes sociaux recrutés par auto-questionnaires. Les seules études qui s’intéressent auxpsychopathes sociaux utilisent des auto-questionnaires(Levenson Primary and Secondary Psychopathy Scale,Factor Structure of the Self-Report Psychopathy,Psychopathy Personnality Inventory, …) qui sedéveloppent de plus en plus aujourd’hui18, justementpour tenter de remédier à ces trois problèmesméthodologiques18.

En définitive, les études existantes, peunombreuses toutefois, ne se concentrent pour la trèsgrande majorité (pour les raisons avancées plus haut)que sur les populations carcérales (et ne s’intéressentdonc qu’à la variété « antisociale » de psychopathes)et diffèrent fortement dans leur méthodologie, enparticulier dans l’utilisation de la PCL-R. Chez lesdétenus masculins, les taux de prévalence, réalisés enutilisant la version récente de l’échelle de psychopathiede Hare (PCL-R), varient entre 13,4 % et 24 %, si nousne considérons que les études réalisées en Amériquedu Nord21,22. En Europe, les taux varient entre 3 % et17 %23,24. En Belgique, Thierry Pham, docteur enpsychologie et directeur du Centre de Recherche enDéfense sociale (C.D.R.S.) à Tournai, a évalué laproportion de psychopathes dans une populationcarcérale belge. Toujours selon la version récente del’échelle de psychopathie de Hare (PCL-R, Hare 1991),la prévalence se situe entre 5 % et 10 %25.

La psychopathie féminine est un phénomène trèspeu étudié. Les études sont rares, réalisées sur deséchantillons restreints et finalement peu publiées. Nousne l’aborderons donc pas ici10,11.

Finalement, les études réalisées via l’utilisationde la PCL-R de Hare montrent des taux de prévalencerelativement stables chez les hommes incarcérés, lespatients psychiatriques et, pour une bonne part, chezles délinquants sexuels10,11. Dans ce dernier cas, il estimportant de distinguer les sous-types de délinquantssexuels, les violeurs étant le groupe qui connaît laprévalence la plus élevée10. Les différences observéesen termes de prévalence, particulièrement entrel’Europe et l’Amérique du Nord, sont principalementliées au fait que l’échelle de psychopathie (initialementcréée en Amérique du Nord précisément) a connu uneexpansion dans des milieux culturels distincts au coursdes dernières années. Or, il n’est pas encore démontréque l’instrument puisse être transposé intégralement10.

Comme nous l’avons vu précédemment, Cleckleydécrit aussi des psychopathes « sociaux », quiréussissent à éviter les contacts avec le systèmejudiciaire. En conséquence, et puisqu’ils sontdifficilement « approchables et approchés », très peud’études permettent de conclure sur la prévalence dela psychopathie dite « sociale » dans la populationgénérale10,11. Pour sa part, Hare émet l’hypothèse quele taux de prévalence de la psychopathie dans lapopulation générale serait d’environ 1 %10.

PSYCHOPATHIE ET NEUROSCIENCES SOCIALES :LE CERVEAU « PSYCHOPATHIQUE » EST-ILDIFFERENT ?

Oui, le cerveau des psychopathes antisociaux estdifférent. Plusieurs travaux en « neurosciencescognitives et sociales » (discipline récente qui vise àétudier les structures anatomiques et les processusdynamiques impliqués dans la gestion des émotions etles compétences sociales) démontrent l’existence nonseulement de différences anatomiques, mais aussifonctionnelles. Il nous semble important de signaler queles données anatomiques et fonctionnelles décrites ci-dessous intéressent quasi exclusivement lespsychopathes antisociaux.

Propriétés structurelles

Le cortex préfrontal

Raine et coll.26 ont util isé la résonancemagnétique structurelle pour comparer un groupe depar ticipants présentant une personnalité psycho-pathique antisociale à un groupe contrôle. Les résultatsmettent en évidence une réduction significative duvolume de matière grise au niveau préfrontal chez lesantisociaux26. Dans un design de recherche différent etplus complexe, le même groupe de chercheurs acomparé un groupe de psychopathes ayant étécondamnés pour des délits divers (« unsuccessful »),un groupe de psychopathes non condamnés pour des

Page 6: Psychopathie - The Mask of Sanity

Rev Med Brux - 2009582

délits (« successful ») et un groupe contrôle19. Lesrésultats montrent néanmoins que seuls lespsychopathes ayant été condamnés (« unsuccessful »)présentent une réduction (22 %) du volume de cellulesgrises au niveau préfrontal19 ; ce déficit n’affectant pasles psychopathes non appréhendés sur le planjudiciaire (« successful »)19. D’après la littératurescientifique, les anomalies du cortex préfrontal seraientle plus souvent corrélées à l’impulsivité et auxcomportements violents et délictueux et non de manièreprioritaire aux caractér istiques affectives despsychopathes27.

Le corps calleux

En comparant un groupe de par ticipantsprésentant une personnalité psychopathique antisociale(diagnostiqués et ayant un score élevé à l’échelle depsychopathie de Hare) et un groupe contrôle nondélinquant, Raine et coll.28 ont mis en évidence chezles premiers une plus grande longueur ainsi qu’uneépaisseur plus importante du corps calleux. Ils ont aussimesuré chez les mêmes participants une augmentationde 23 % du volume de leur matière blanche28. Cevolume était positivement corrélé aux composantesaffectives et interpersonnelles de la psychopathie. Lecorps calleux étant une structure très impliquée dansles connexions interhémisphériques, on lui attribue desfonctions telles que la régulation de l’attention, desémotions et dans l’activation autonomique. Selon cesauteurs, ces résultats peuvent partiellement expliquerles déficits affectifs et interpersonnels que l’onrencontre chez les psychopathes, la faible réactivité deleur système autonome au stress et leurs faibleshabiletés spatiales. Ces anomalies du corps calleuxseraient le reflet de processus neurodéveloppementauxatypiques impliquant soit un arrêt de l’éliminationaxonale précoce (mécanisme de pruning) soit uneaugmentation de myélinisation de la substanceblanche28.

L’hippocampe

Raine et coll.20 ont mené une étude de résonancemagnétique structurelle comparant les volumes del’hippocampe entre un groupe de psychopathes sociaux(« successful »), un groupe de psychopathesantisociaux (« non successful ») et un groupe contrôlenon psychopathique. Les auteurs ont enregistré uneasymétrie de la structure hippocampique (partie droitesupérieure à la gauche) chez les trois groupes20.Toutefois, cette asymétrie était significativement plusimportante chez les psychopathes antisociaux parrapport aux deux autres groupes20. Ces derniers nedifféraient pas entre eux. Les auteurs analysent lesrésultats à la lueur de per turbations neuro-développementales présumées chez ce groupeparticulier de psychopathes. Si l’hippocampe esteffectivement impliqué dans le conditionnementcontextuel de la peur29, il est possible que cetteasymétrie exagérée explique le manque de sensibilitéaux indices précédant les punitions et la capture, etproduirait le taux d’arrestations élevé de ces

psychopathes « non successful ». Selon cette étude, ilest peu probable que cette asymétrie très marquées’explique par des causes environnementales (commedes événements traumatiques - abus, violence, … -dans l’enfance), celles-ci étant le plus souventassociées à une réduction bilatérale de l’hippocampe(comme dans le cas du stress post-traumatique)30,31.D’un point de vue fonctionnel, cette anomalieasymétrique aurait aussi pour conséquence d’altérerles circuits impliquant l’hippocampe et le cor texpréfrontal et de perturber la régulation émotionnelle32.Cela engendrerait les comportements impulsifs,désinhibés, incontrôlés et antisociaux typiques despsychopathes « non successful ».

L’amygdale

Le rôle de l’amygdale dans les processusémotionnels a été abondamment décrit au sein de lalittérature depuis ces dix dernières années29,32. Lecomplexe amygdalien en tant que sous-structurecorticale constituerait le cœur du cerveau émotionnelet ainsi du système défensif lié notamment à la peur32,33.Toutefois, l’implication de l’amygdale au niveau de lapsychopathie n’a, jusqu’il y a peu, été évaluée que pardes mesures indirectes telles que le décodage défaillantdes expressions faciales des émotions de tristesse oude peur34. On trouve néanmoins un nombre croissantde recherches ayant mesuré la réponse défensiveoculaire face à des images aversives via l’InternationalAffective Picture System, I.A.P.S.35,36.

Une étude volumétr ique de résonancemagnétique a révélé une corrélation négative entre leniveau de psychopathie à la PCL-R et le volume del’amygdale parmi un échantillon de délinquantsviolents37. Aujourd’hui, la relation entre l’amygdale et lapsychopathie est bien établie et constitue une cibleprivilégiée pour un grand nombre de scientifiques38.

Propriétés fonctionnelles

Plusieurs études suggèrent une plus faibleperfusion ainsi qu’un métabolisme réduit tant au niveaudes lobes frontaux que temporaux39,40. Des anomaliesfonctionnelles ont ainsi été décelées au sein desstructures fronto-temporales dans des contextesexpérimentaux divers tels que le conditionnementclassique, une tâche d’inhibition comportementale etdes tâches impliquant le traitement des motsémotionnels ou d’images puisées de l’InternationalAffective Picture System, I.A.P.S.41-44.

Depuis peu, nous disposons d’études mettant enévidence des dysfonctionnements limbiques etamygdaliens lors du traitement des processusémotionnels chez des psychopathes. En premier lieu,Birbaumer et coll.45 ont comparé un groupe depsychopathes à un groupe contrôle non délinquant auniveau de la réponse électrodermale, de l’imageriecérébrale fonctionnelle et de l’évaluation subjective lorsd’une tâche d’apprentissage de conditionnement de lapeur liée à l’envoi de stimuli douloureux. Les résultats

Page 7: Psychopathie - The Mask of Sanity

Rev Med Brux - 2009 583

montrent que, contrairement aux personnes du groupecontrôle, les psychopathes ne présentaient pasd’activité significative du circuit limbique-préfrontalimpliquant l’amygdale gauche, le cortex orbitofrontal,l’insula antérieure et le cortex cingulaire antérieure45

(figure). Récemment, Dolan et Fullam ont évaluél’activité fonctionnelle de schizophrènes issusd’hôpitaux sécuritaires évalués selon leur score à laPCL-R/SV (version courte)46. Les tâches consistaienten la présentation de lettres ainsi que d’imagesémotionnelles censées induire de l’empathie (I.A.P.S.).Les résultats suggèrent que les scores de psychopathieet en particulier les facettes impulsives et antisociales(facteur 2) étaient associés à une activation réduitedans les aires frontales et pariétales lors de la tâche46.Les scores liés au facteur interpersonnel depsychopathie (facteur 1) étaient associés à uneactivation réduite de l’amygdale et du gyrusparahippocampique lors de la présentation d’imageémotionnelle à contenu empathique46.

Figure : Séquences d’activation (Résonance magnétiquenucléaire fonctionnelle) en rapport avec une tâched’apprentissage de conditionnement à la peur liée à l’envoid’un stimulus douloureux dans un groupe contrôle nondélinquant et dans un groupe de psychopathe.Le groupe contrôle révèle des activations dans le cortexcingulaire antérieure, l’insula, l’amygdale gauche ainsi qu’auniveau du cortex somatosensoriel secondaire (non illustré).Le groupe des psychopathes ne révèle qu’une faibleactivation au niveau de l’amygdale droite.(Reproduit avec l’autorisation de American MedicalAssociation – Request # 23427 ; Arch Gen Psychiatry 2005 ;67 : 799-805, Copyright©, 2005 American MedicalAssociation).

Les propriétés fonctionnelles de l’amygdale fontl’objet de nombreuses études actuellement et l’on peuts’attendre à ce qu’au cours des prochaines années,les avancées technologiques en imagerie contribuerontà nous en apprendre davantage sur les rôlesspécifiques de cette structure. Blair47 a récemmentrappelé les deux grandes fonctions qu’on lui reconnaîtaujourd’hui : celle dans l’apprentissage et leconditionnement, ainsi que celle dans la cognitionsociale. Alors que la littérature sur l’autisme s’intéressesurtout à la contribution de l’amygdale dans les déficitsobservés lors de l’identification d’expressions faciales,les recherches sur la psychopathie mettent surtout enévidence la perturbation, chez ces individus, decer tains mécanismes d’apprentissage parconditionnement (notamment dans la modulation deréponses réflexes induite par l’association de cesréponses à des stimuli aversifs ou appétitifs)48.L’empathie est actuellement considérée comme uneentité multidimensionnelle. Ainsi, les capacités dedécodage des expressions faciales, l’habileté à semettre mentalement à la place de quelqu’un d’autre(Theory of Mind ou ToM), les capacités de jugementsmoraux, le contrôle exécutif de l’impulsivité, … sontenvisagés comme des processus distincts,sélectivement altérables, et amenant à un profilcompor temental var iable. Dans le cas despsychopathes, on relève des difficultés à identifier lesexpressions faciales émotionnelles (surtout la peur oula tr istesse) mais aucune difficulté à se placermentalement du point de vue de l’autre (tâches deToM)49. Chez les psychopathes, l’ inefficacité del’amygdale à associer un comportement particulier àune réponse précise (par exemple, une punition en casd’agression) ne permettrait pas à ces individusd’apprendre à éviter les comportements qui portentpréjudice à autrui50. Cela pourrait avoir pourconséquence de réduire l’effet de contagionémotionnelle qui est nécessaire pour ressentir lasouffrance que l’on inflige aux autres. En fait, lespsychopathes ne pourraient simuler des sentimentsdont ils n’ont pas fait l’expérience et traiteraient lematériel émotionnel d’un point de vue purement cognitif.Cela permet d’expliquer leur absence de difficulté lorsde tâches de ToM et le fait qu’ils puissent tirer profit, audétriment de l’autre, de leur aptitude intacte à percevoirles intentions.

La psychopathie comme dysfonctionnementcognitif et affectif

De manière plus intégrative et parmi lesnombreuses hypothèses existantes, Hare a récemmentproposé que la psychopathie, plutôt que de résulterd’un déficit ou d’un dysfonctionnement émotionnelspécifique, serait plutôt le résultat de difficultésgénérales dans le traitement et la compréhension de lasémantique profonde et de la signification affective51.Cette opinion est suppor tée par le fait que lapsychopathie est caractérisée par un large éventaild’anomalies cognitives et affectives51.

Dans une étude sur le temps de réaction à

Page 8: Psychopathie - The Mask of Sanity

Rev Med Brux - 2009584

différents types de mots - mots émotionnels, neutresou non-mots -, des chercheurs ont constaté (via lespotentiels évoqués cognitifs) que les criminels nonpsychopathes répondaient plus rapidement et plusprécisément aux mots positifs ou négatifs qu’aux motsneutres. Dans le cerveau de ces sujets, les lobesfrontaux et pariétaux indiquaient des composantes duP.E.C. (potentiel évoqué cognitif) précoces et tardivespar rapport aux mots émotionnels. On pense que lescomposantes tardives du P.E.C. indiquent un traitementcontinu du mot52.

Dans cette étude, les criminels non psychopathesont également démontré une sensibilité aux motschargés d’émotion. Les psychopathes, quant à eux,n’ont pas montré de temps de réaction plus rapide nide différences du P.E.C. entre les mots neutres et lesmots émotionnels. Par ailleurs, la morphologie de leurP.E.C. était remarquablement différente de celle desnon-psychopathes. La composante tardive du P.E.C, quiétait longue et grande chez les non-psychopathes, étaitbrève et petite chez les psychopathes. Cela refléteraitla façon superficielle dont les psychopathes prennentdes décisions lexicales et traitent l’information51,52. Ceciest confirmé par des études récentes d’imageriecérébrale qui montrent que les toxicomanespsychopathes ont moins d’activité cérébrale durantl’exécution d’une tâche de décision lexicale que lestoxicomanes non psychopathiques51.

Kiehl, Hare, McDonald et Brink53 ont mêmedécouvert plus récemment que les anomalies du P.E.C.chez les psychopathes n’étaient pas spécifiques aulangage affectif, mais incluaient aussi le langageabstrait.

D’autres études récentes mènent à des résultatset des conclusions similaires18 : les psychopathes ontbeaucoup de difficulté à traiter le matériel affectif verbalet non verbal ; ils ont tendance à confondre lasignification émotionnelle des événements ; i lsprésentent une distribution inter-hémisphériqueinhabituelle du traitement des ressources ; ils ont desdifficultés à apprécier les significations et les nuancessubtiles du langage telles que les proverbes, lesmétaphores et ainsi de suite ; ils ont une faiblediscrimination olfactive, peut-être en raison d’undysfonctionnement orbito-frontal et ils peuvent avoir cequi semble être un type subclinique, un trouble de lapensée caractérisé par un manque de cohésion et decohérence dans la parole. Toutes ces anomaliescognitives et affectives ne peuvent être expliquées paraucun des autres modèles de psychopathie décrits plushaut18.

Selon Hare, les récentes avancées dans laneurobiologie de la cognition et de l’affect fournissentquelques pistes potentiellement fructueuses54.Définitivement, les scientifiques doivent prêter uneattention particulière aux fonctions interdépendantes ducortex préfrontal ventromédian, du cortex temporalantérieur, du cor tex cingulaire antér ieur et del’amygdale. Ces régions ont de riches connexions

afférentes et efférentes entre elles et avec d’autresrégions importantes dans le traitement et l’intégrationde l’ information sémantique et affective, de laplanification, de l’impulsivité et de l’induction etl’inhibition du comportement. Les études comporte-mentales et de neuro-imagerie indiquent que deslésions touchant ces régions peuvent produire unedissociation des composants logiques/cognitifs etaffectifs, bien que différents de ceux trouvés chez lespsychopathes18.

En dernière analyse, que la psychopathie soit lerésultat ou non d’un dysfonctionnement ou de ladésorganisation du cerveau, d’une asymétrie cérébraleinhabituelle ou de difficultés générales dans letraitement de l’information, nous constatons que toutcela demeure complexe et mal compris. Les récentesavancées en neurosciences ont apporté de nouveauxoutils puissants pour déterminer si la psychopathie estle résultat d’anomalies structurales ou fonctionnelles(c’est-à-dire liées à des per turbations de latransmission normale de l’information dans le cerveau).Les nouvelles techniques d’imagerie fonctionnelle, enparticulier la résonance magnétique fonctionnelle et lamagnéto-encéphalographie, sont très prometteusespour ces études, à tel point qu’actuellement différentsprojets aux USA, en par ticulier dans l’état duMassachusetts, visent à introduire directement cesexamens dans la procédure médico-légale visant àétablir et déterminer la responsabilité d’un individu parrapport à un délit55. L’objectif est de rechercher dessignes objectifs (anatomiques et/ou fonctionnels)pouvant témoigner de cette même responsabilité d’unindividu par rappor t à un délit commis, toutspécialement dans le cadre d’agressions sexuelles etd’homicides55. A titre d’exemple, si l’on imagine le casd’un individu arrêté pour fait d’agressions sexuelles surmineurs, ces nouvelles techniques d’imageriepermettraient de savoir si cet individu répond bien audiagnostic de psychopathe pédophile (de par desstigmates objectifs – non encore démontrés à cejour – mis en évidence par l’imagerie) ou d’un individusouffrant par exemple, comme cela s’est déjà vu, d’uncrâniopharyngiome, qui de par sa localisation, entraîneune paraphilie inaugurale55. En effet, certaines tumeurscérébrales, par leur topographie, peuvent déterminerdes comportements sexuels inadéquats, tels desparaphilies56. A l’heure actuelle, la clinique restel’élément essentiel. En effet, à côté des nombreusesquestions éthiques, davantage de recherches et,comme toujours, de fonds sont nécessaires.

PRISE EN CHARGE ET THERAPEUTIQUE

Au vu des données actuelles, ce paragraphepourrait probablement être le plus court de l’article…Vu son importance, nous y consacrerons néanmoinsquelques lignes.

La plupart des auteurs qui abordent le traitementde la psychopathie ne statuent heureusement pas surune incurabilité définitive. Néanmoins, un grand nombred’études cliniques confirment un pessimisme

Page 9: Psychopathie - The Mask of Sanity

Rev Med Brux - 2009 585

thérapeutique, aujourd’hui bien ancré dans l’histoire dela psychopathie10. L’appareil judiciaire est plus radicalencore et confirme l’avis selon lequel aucune méthodede traitement n’a encore prouvé son efficacité pourréduire de manière radicale la récidive despsychopathes10.

Dans la méta-analyse d’Esteban, 26 étudespubliées entre 1983 et 1993, et qui concernent letraitement général de la psychopathie, sont analysées57.En comparant l’efficacité thérapeutique auprès despsychopathes par rapport aux non-psychopathes, lesétudes démontrent clairement que les sujetspsychopathiques tiraient peu profit des interventionscliniques, telles que les communautés thérapeutiques(l’arrivée d’un psychopathe dans une telle communautépourra rapidement entraîner des effets catastrophiquessur la dynamique de groupe) ou les thérapies degroupes (via ces groupes, il semble au contraire queles psychopathes renforcent leur capacité demanipulation), et qu’ils maintenaient une tendance plusmarquée aux comportements hostiles et violents(développement et majoration de comportementsantisociaux au sein même des institutions fermées,manque de cadre ou cadre trop souple, incendie répété,etc.) et à la récidive en général57.

L’approche psychothérapeutique plus tradition-nelle de type psychodynamique a également démontrésa relative inefficacité58. Une importante dimensionnarcissique est souvent présente chez les sujetspsychopathes, sous l’appellation de « soi grandiose »,laquelle souligne un sentiment d’omnipotencemégalomaniaque, doublé d’une loquacité et d’uncharme superficiel58. En conséquence, lespsychopathes sont peu enclins à traverser un étatdépressif, lequel est avancé par certains auteurscomme une étape préalable au changement dans lavie d’un individu58.

De par ses caractéristiques propres telles que lemensonge pathologique et la manipulation, lapsychopathie - et cela quel que soit le typed’intervention thérapeutique - va à l’encontre même dela relation de confiance qui lie le patient et lethérapeute. Le manque de culpabilité et le sensgrandiose du Moi sont peu compatibles avec unvéritable désir de changement2,58. L’étroitesseémotionnelle, en particulier la pauvreté des processusprimaires (rêves, lapsus, fantasmes …), rendl’expression des émotions primaires, le recours à latechnique des libres associations et l’établissementd’une relation transférentielle difficiles, voireimpossibles2,58. De même, certaines études semblentdémontrer que certains programmes de thérapiesfonctionnent pour les non-psychopathes, mais qu’ilsaggravent en fait les vrais psychopathes2,58.

Comment une thérapie peut-elle faire empirer lasituation ? Robert Hare postule que la thérapie degroupe et la thérapie orientée vers la compréhensionde soi aident en fait les psychopathes à développer demeilleurs moyens pour manipuler, tromper et utiliser

les personnes, mais ne font rien pour les aider à mieuxse comprendre54. Enfin, signalons toutefois que lacolère peut constituer une émotion primaire accessibleà ces sujets dans la mesure où elle serait associée àleur faible tolérance à la frustration. En ce sens, lestravaux de Novaco, cette fois dans le registre desthérapies cognitivo-comportementales, relatifs à lagestion de la colère, peuvent s’avérer utiles10,59.

L’intervention psychopharmacologique n’a pasdémontré d’efficacité sur « le noyau psychopathique »,mais uniquement sur les comportements agressifs etviolents potentiels à cause de la sédation qu’elleentraîne18.

La littérature criminologique souligne l’existenced’une relation négative entre l’âge du sujet lors de salibération conditionnelle et sa propension à larécidive10,60. Dans les populations antisociales, laprobabilité de transgresser les conditions de libération,et donc de récidiver, diminue en fonction de l’âge, etcela, indépendamment des délits commisantérieurement : le pourcentage de récidive chutebrutalement au-delà de 41 ans61. Les quelques donnéeslongitudinales disponibles suggèrent que, jusqu’à l’âgede 40 ans, les psychopathes, toujours définis selon laPCL-R, commettent davantage de délits violents que lapopulation antisociale non psychopathique. Leursactivités délictueuses diminuent ensuitesignificativement et atteignent un niveau équivalent àcelui des autres délinquants62. Ce « phénomène de laquarantaine », bien qu’intéressant sur un planépidémiologique et por teur d’espoir, nécessitenéanmoins des recherches complémentaires afind’identifier les déterminants psychologiques et sociauxliés à ce « refroidissement » de l’activité criminelle despsychopathes après 40 ans.

Puisque ce trouble semble résistant à toute formede thérapie, le bon sens clinique (et comme toujoursen médecine) invite à identifier les signes précurseursde la psychopathie afin d’y remédier sur le planthérapeutique. Des données empiriques encouragentla perspective préventive. Ainsi, Lynam, à partir denombreuses données, a dégagé une relation entrel’hyperactivité, les troubles des conduites et lapsychopathie63. Des données suggèrent en effet quedes enfants qui montrent à la fois des symptômesd’hyperactivité et des troubles des conduites présententdes risques d’évoluer vers des attitudes antisocialeschroniques à l’adolescence et à l’âge adulte64. Certainsde ces enfants (à la fois hyperactifs et avec des troublesdes conduites) présentent une plus grande variété dedélits, une plus faible conductance cutanée, unemoindre réactivité cardiovasculaire lors d’inductionsémotionnelles relatives à la colère et une déficiencedes fonctions exécutives associées au lobe frontal65,66.Or, ces caractéristiques sont retrouvées chez lespsychopathes adultes18. Toutefois, s’il existe desdonnées et des pistes sér ieuses concernantl’association entre hyperactivité, impulsivité, troubles decertaines fonctions exécutives et psychopathie, lesrésultats dans ce domaine sont loin d’être unanimes et

Page 10: Psychopathie - The Mask of Sanity

Rev Med Brux - 2009586

demandent évidemment davantage d’investigations. End’autres termes, l’auteur insiste fortement sur le faitque tous les enfants hyperactifs et souffrant de troublesattentionnels ne sont évidemment pas despsychopathes en devenir ! En effet, d’autres signesprécurseurs, en particulier trois, peuvent être identifiéschez cer tains enfants : l ’énurésie (prolongée etimportante), la cruauté envers les animaux et enversles enfants plus jeunes, et la pyromanie (« la triade deMcDonald »)12.

Enfin, étant donné les conséquencesdévastatrices du psychopathe sur la société et sarésistance aux traitements actuellement disponibles, larecherche future pourrait se concentrer surl’ identification des signes précurseurs de lapsychopathie chez les jeunes, et développer desprogrammes efficaces de prise en charge auprès deces mêmes jeunes en voie de « psychopathisation »10.On ne sait pas quelle proportion d’enfants montrantces signes développe plus tard le trouble de lapersonnalité psychopathique, mais ces signes sontsouvent trouvés dans le passé des adultesdiagnostiqués10.

CONCLUSION : UN AVENIR PLEIN DEPROMESSES…

Bien que la psychopathie ne soit pas toujoursconsidérée comme un véritable statut pathologique, sonétude, aujourd’hui bien intégrée dans la problématiquepsychiatrique et dans la recherche médicale, s’avèreriche à travers les questions qu’elle soulève. Bruyantedans ses manifestations, humainement onéreuse pourune société, pauvre et souvent fourbe dans sonexpression mentale, jusqu’ici résistante à lathérapeutique…, la psychopathie reste une énigme.Grâce aux progrès continus en matière d’explorationdu cerveau humain, en particulier les techniquesd’imagerie fonctionnelle, elle fait l’objet d’un nombrecroissant d’études à travers le monde et passionne lesscientifiques comme jamais.

BIBLIOGRAPHIE

1. Cleckley H : The mask of sanity. New York, Mosby, 1941, 1982

2. MacKinnon RA, Michiels R, Buckley PJ : The psychiatric interviewin clinical practice, 2nd edition.American Psychiatric Publishing, Inc., Arlington, VA, 2006

3. Côté G : Vers une définition de la psychopathie. In : Pham TH,Côté G, eds. La psychopathie : Théorie et Recherche. Villeneuved’Ascq, Presse Universitaire du Septentrion, 2000 : 21-46

4. Widiger TA, Corbitt EM : Antisocial personality disorder.In : Livesley WJ, ed. The DSM-IV personnality disorder.New York, Guilford : 103-26

5. American Psychiatric Association : Diagnostic and StatisticalManual of Mental Disorders : DSM IV. Text Rev.Washington, DC, American Psychiatric Association, 2000

6. Hare RD : The Hare Psychopathy Checklist – Revised.Toronto, Multi-Health Systems, 1991

7. Pham HT : Le traitement psychologique des sujetspsychopathiques et des personnalités antisociales.RFCCC 1998 ; 3 : 1-6

8. Pham HT, Malingrey F, Ducro C, Saloppé X : Psychopathie ettroubles mentaux graves chez des patients internés.Ann Med Psychol 2007 ; 165 : 511-6

9. Leistedt S, Coumans N, Pham TH, Linkowski P : The serial killer :Psychopathological aspects.Ann Med Psychol 2008 ; 166 : 677-85

10. Pham TH, Côté G : La psychopathie : Théorie et Recherche.Villeneuve d’Ascq, Presse Universitaire du Septentrion, 2000

11. Patrick CJ : Handbook of Psychopathy. New York, The GuilfordPress, a Division of Guilford Publications, Inc., 2006

12. Schechter H : The serial killer files.New York, Ballantine Books, 2003

13. Stevenson RL : The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde.New York, Scribner, 1886

14. Tibbatts E : Tueurs en série.org - 2002/2006. Un phénomènemoderne ? [en ligne], www.tueursenserie.org.

15. Sullivan T, Maiken PT : Killer clown – The John Wayne GacyMurders.New York, Pinnacle Books, Windsor Publishing Corp, 1983

16. Stout M : The Sociopath Next Door. Broadway Books, 2005

17. Bursten B : Some narcissistic personality types.Int J Psychoanal 1973 ; 54 : 287-300

18. Patrick CJ : Handbook of Psychopathy.New York, The Guilford Press, 2006

19. Yang Y, Raine A, Lencz T, Bihrle S, LaCasse L, Colletti P : Volumereduction in prefrontal gray matter on unsuccessful criminalpsychopaths. Biol Psychiatry 2005 ; 57 : 1103-8

20. Raine A, Ishikawa SS, Arce E et al. : Hippocampal structuralasymmetry in unsuccessful psychopaths.Biol Psychiatry 2004 ; 55 : 185-91

21. Serin RC, Amos NL : The role of psychopathy in the assessmentof the dangerousness. Int J Law Psychiatry 1995 ; 18 : 231-8

22. Serin RC : The clinical application of the Psychopathy Checklist-Revised (PCL-R) in a prison population.J Clin Psychol 1992 ; 48 : 637-42

23. Cooke DJ, Michie C, Hart SD, Clark D : Assessing psychopathyin the UK : concerns about cross-cultural generalisability.Br J Psychiatry 1995 ; 186 : 35-41

24. Andersen HS, Sestoft D, Lillebaek T, Gabrielsen G, Kramp P :Prevalence of ICD-10 psychiatric morbidity in random samples ofprisoners on remand. Int J Law Psychiatry 1996 ; 19 : 61-74

25. Pham TH : Evaluation psychométrique du questionnaire de lapsychopathie de Hare auprès d’une population carcérale belge.L’Encéphale 1998 ; 24 : 435-41

26. Raine A, Lencz T, Bihrle S, LaCasse L, Colletti P : Reducedprefrontal gray matter volume and reduced autonomic activity inantisocial personality disorders.Arch Gen Psychiatry 2000 ; 57 : 119-27

27. Siever LJ : Neurobiology of agression and violence.Am J Psychiatry 2008 ; 165 : 429-42

28. Raine A, Lencz T, Taylor K et al. : Corpus callosum abnormalitiesin psychopathic antisocial individuals.Arch Gen Psychiatry 2003 ; 60 : 1134-42

29. Ledoux J : The Emotional Brain. London, Phoenix, 1998

30. Teicher MH, Andersen SL, Polcari A, Anderson CM, Navalta CP,Kim DM : The neurobiological consequences of early stress andchildhood maltreatment.Neurosci Biobehav Rev 2003 ; 27 : 33-44

31. Bremmer JD, Randall P, Vermetten E, Staib L : Magneticresonance imaging-based measurement of hippocampal volumein posttraumatic stress disorders related to childhood sexual andphysical abuse : A preliminary report.Biol Psychiatry 1997 ; 41 : 23-32

Page 11: Psychopathie - The Mask of Sanity

Rev Med Brux - 2009 587

32. Davidson RJ : Affective style, psychopathology and resilience :Mechanisms and plasticity. Am Psychol 2000 ; 55 : 1214-30

33. Davis M : The role of the amygdala in conditioned fear.In : Aggleton J, ed. The amygdala : Neurobiological aspects ofemotion, memory and mental dysfunction.New York, Wiley, 1992 : 255-305

34. Blair RJR, Colledge E, Murray L, Mitchell DGV : A selectiveimpairment in the processing of sad and fearful expressions inchildren with psychopathic tendencies.J Abnorm Child Psychol 2002 ; 29 : 491-8

35. Levenston GK, Patrick CJ, Bradley M, Lang PJ : The psychopathas observer : emotion and attention in picture processing.J Abnorm Psychol 2000 ; 109 : 373-85

36. Sommer M, Hajak J, Döhnel K, Schwerdtner J, Meinhardt J,Müller JL : Integration of emotion and cognition in patients withpsychopathy. Prog Brain Res 2006 ; 156 : 457-66

37. Tiihonen J, Hodgins S, Vaurio O et al. : Amygdaloid volume lossin psychopathy. In : Abstracts : Society for Neuroscience. Vol 26.Washington, DC, Society for Neuroscience, 2000 : 2017

38. Blair RJ : The amygdala and ventromedial prefrontal cortex :functional contributions and dysfunction in psychopathy.Philos Trans R Soc Lond Biol Sci 2008 ; 363 : 2557-65

39. Dolan M : What neuroimaging tells us about psychopathicdisorders. Hosp Med 2002 ; 63 : 337-40

40. Pridmore S, Chambers A, McArthur M : Neuroimaging inpsychopathy. Aust NZJ Psychiatry 2005 ; 39 : 856-65

41. Schneider F, Habel U, Kessler C, Posse S, Grodd W, Müller-Gärtner HW : Functional imaging of conditioned aversiveemotional responses in antisocial personality disorder.Neuropsychobiology 2000 ; 42 : 192-201

42. Smith A : An fMRI investigation of frontal lobe functioning inpsychopathy and schizophrenia during a go/no go task. PhDthesis.The University of British Columbia (Canada), 2000, DAI-B 61/01,128

43. Kiehl KA, Smith AM, Hare RD, Liddle PF : An event –relatedpotential investigation of response inhibition in schizophrenia andpsychopathy. Biol Psychiatry 2000 ; 48 : 210-21

44. Müller JL, Sommer M, Wagner V et al. : Abnormalities in emotionprocessing within cortical and subcortical regions in criminalpsychopaths : Evidence from a functional magnetic resonanceimaging study using pictures with emotional content.Biol Psychiatry 2003 ; 54 : 152-62

45. Birbaumer N, Veit R, Lotze M, Erb M, Hermann C, Grodd W,Flor H : Deficient fear conditioning in psychopathy : a functionalmagnetic resonance imaging study.Arch Gen Psychiatry 2005 ; 62 : 799-805

46. Dolan M, Fullan R : Schizophrenia and psychopathy : An FMRIstudy. Paper presented at the Annual Congress of theInternational Association of Forensic Mental Health Services,Montreal, 2007

47. Blair RJR : Fine cuts of empathy and the amygdala : dissociabledeficits in psychopathy and autism.Q J Exp Psychol 2008 ; 61 : 157-70

48. Davis M : The role of the amygdala in conditioned andunconditioned fear and anxiety. In : Aggleton JP, ed. Theamygdala : A functional analysis.New York, Oxford Univ Press, 2000 : 213-87

49. Blair RJR : Responding to the emotions of others : Dissociatingforms of empathy through the study of typical and psychiatricpopulations. Conscious Cogn 2005 ; 14 : 698-718

50. Blair RJR : The emergence of psychopathy : Implications for theneuropsychological approach to developmental disorders.Cognition 2006 ; 101 : 414-42

51. Louth SM, Williamson S, Alpert M, Pouget ER, Hare RD : Acousticdistinctions in the speech of male psychopaths.J Psycholinguistic Res 1998 ; 27 : 375-84

52. Williamson S, Harpur TJ, Hare RD : Abnormal processing ofaffective words by psychopaths.Psychophysiology 1991 ; 28 : 260-73

53. Kiehl KA, Hare RD, McDonald JJ, Brink J : Semantic and affectiveprocessing in psychopaths : an even-related potential (ERP)study. Psychophysiology 1999 ; 36 : 765-74

54. Hare RD : Without Conscience : The Disturbing World of thePsychopaths among us. New York, The Guilford Press, 1999

55. Baskin JH, Edersheim JG, Price BH : Is a picture worth athousand words ? Neuroimaging in the courtroom.Am J Law Med 2007 ; 33 : 239-69

56. Saleh FM, Grudzinskas AJ, Bradford JM, Brodsky DJ : SexOffenders : Identification, Risk Assessment, Treatment, and Legalissues. New York, Oxford University Press Inc, 2009

57. Esteban C, Garrido V, Molero C : The effectiveness of treatmentof psychopathy : A meta-analysis. Paper presented at the NATOAdvances Study Institute on psychopathy. Alvor, Portugal, 1995

58. Gabbard GO : Psychodynamic Psychiatry in Clinical Practice(4th Edition).Arlington, VA, American Psychiatric Publishing Inc., 2005

59. Novaco RW : The functions and regulation of the arousal of anger.Am J Psychiatry 1976 ; 133 : 1124-8

60. Paris J : Personality disorders over time : precursors, course andoutcome. J Pers Disord 2003 ; 17 : 479-88

61. Hoffman PB, Beck JL : Burnout-age at release from prison andrecidivism. Journal of Criminal Justice 1984 ; 12 : 617-23

62. Hare RD, McPherson LM, Forth AE : Male psychopaths and theircriminal careers. J Consul Clin Psychol 1988 ; 56 : 710-4

63. Lynam DR : Early identification of chronic offenders : who is thefledgling psychopath ? Psychol Bull 1996 ; 120 : 209-34

64. Miller CJ, Flory JD, Miller SR, Har ty SC, Newcorn JH,Halperin JM : Childhood attention-deficit/hyperactivity disorderand the emergence of personality disorders in adolescence : aprospective follow-up study. J Clin Psychiatry 2008 ; 69 : 1477-84

65. Delamater M, Lahey BB : Physiological correlates of conductproblems and anxiety in hyperactive and learning disabledchildren. J Abnorm Child Psychol 1983 ; 10 : 389-409

66. Biederman J : Attention-deficit/hyperactivity disorder : a selectiveoverview. Biol Psychiatry 2005 ; 57 : 1215-20

Correspondance et tirés à part :

S. J.-J. LEISTEDTHôpital ErasmeService de Psychiatr ie, Laboratoire de RecherchespsychiatriquesRoute de Lennik 8081070 BruxellesE-mail : [email protected]

Travail reçu le 25 mai 2009 ; accepté dans sa version définitivele 29 octobre 2009.


Top Related