RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR
LE PATRIMOINE MONDIAL
Lettre d’information 4
FR
Sommaire
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1 Éditorial
2 Nouvelles des Centres de catégorie 2
3 Suivi des ateliers sur le renforcemen des capacités régionales: témoignages
4 Développer une stratégie régionale pour l’Asie et le Pacifique
5 Gestion communautaire du patrimoine mondial : un rapport sur les douze années du programme COMPACT
6 La conservation du patrimoine de Myanmar stimulée par le soutien de l’UNESCO
7 Augmenter les capacités pour le patrimoine mondial en Égypte
8 Un programme de bourses qui bénéficie aux sites du patrimoine mondial dans les pays en développement et aux parcs nationaux américains
9 Ressources à paraître prochainement
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2 RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
J’ai le plaisir de vous présenter le quatrième
numéro de notre Lettre d’information consacrée
au renforcement des capacités pour le patrimoine
mondial. Elle est disponible pour la première
fois en anglais, en français, et en espagnol,
ce qui nous permet d’atteindre un bien plus
grand nombre de collègues qu’auparavant.
Beaucoup de choses se sont passées au cours
de l’année qui vient de s’écouler. Entre autres
activités, nous avons mis en œuvre trois ateliers
supplémentaires sur le renforcement des capacités
régionales des organisations consultatives,
publié plusieurs études thématiques, et lancé
un nouveau Programme de renforcement
des capacités pour le patrimoine mondial.
ÉDITORIAL
1
Dans le cadre des trois ateliers (tenus
respectivement en Chine en septembre 2012,
en Tunisie en novembre 2012, et en Suisse
en mars 2013), nous avons formé au total 75
professionnels, issus de 52 pays différents, sur
la manière de collaborer avec les organisations
consultatives et, plus particulièrement, sur les
tenants et les aboutissants des missions de
suivi réactif et d’évaluation. Certains de nos
participants se sont déjà rendus sur le terrain
et ont ainsi eu l’occasion de mettre en pratique
leurs compétences nouvellement acquises. Vous
trouverez leurs témoignages dans ce numéro.
Notre Lettre d’information comporte également
une section consacrée aux contributions des
LETÍCIA LEITÃO
3 RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
1
Centres de catégorie 2, qui présentent quelques-
-unes de leurs propres activités. Ils rendent
compte d’un certain nombre d’activités de
renforcement des capacités, qui incluent des
ateliers, la sensibilisation des communautés,
ou encore des projets pilotes régionaux.
Ainsi regroupées, ces contributions montrent
comment, à travers une série d’initiatives variées,
nous renforçons les capacités de l’ensemble
du système du patrimoine mondial dans les
différentes régions. Nous incluons également des
informations relatives à des initiatives conduites
par d’autres partenaires, comme le programme
de bourses du Service des Parcs Nationaux aux
États-Unis, le programme COMPACT qui vise
à renforcer les capacités des communautés
locales en vue d’une gouvernance partagée des
sites du patrimoine mondial, et la coopération
technique de l’UNESCO avec Myanmar pour
soutenir les premières propositions d’inscriptions
de ce pays sur la Liste du patrimoine mondial,
ce qui constitue un événement historique.
Cette Lettre d’information est aussi l’occasion de
vous faire part plus en détail de la mise en œuvre
du nouveau Programme de renforcement des
capacités pour le patrimoine mondial. Afin de
lancer officiellement ce nouveau programme, et
de solliciter la contribution d’autres États parties,
la Suisse, qui continue à être l’un des principaux
soutiens financiers de nos efforts de renforcement
des capacités, a accueilli un événement tenu en
marge de la session du Comité du patrimoine
mondial à Phnom Penh, au Cambodge. Le
programme, qui réunit les organisations
consultatives et le Centre du patrimoine mondial,
s’appuie sur les résultats du précédent projet
de renforcement des capacités coordonné
par l’UICN, qu’il approfondit à travers un vaste
ensemble d’activités davantage ambitieuses.
L’ICCROM dirigera sa mise en œuvre, en s’assurant
d’une collaboration étroite entre les partenaires.
L’une des activités phares du programme est
un nouveau cours sur la gestion des biens du
patrimoine mondial culturel et naturel. Nous
avons commencé à élaborer le contenu du
programme et les ressources documentaires, et
nous convoquerons une réunion à la fin du mois
de janvier 2014 pour rassembler les collègues des
différentes régions afin qu’ils nous aident dans
ce processus. Je suis particulièrement heureuse
de vous informer que nous travaillons sur la
traduction de plusieurs documents-clés relatifs
au patrimoine mondial, dont la traduction des
quatre manuels de référence en espagnol. Nous
espérons qu’ils seront disponibles début 2014.
Cette Lettre d’information a pour ambition
d’offrir un espace de partage et de référence
pour vous tous qui travaillez au renforcement
des capacités pour le patrimoine mondial.
La richesse et la diversité des contributions
remises par tous nos partenaires, comme
dans le présent numéro, constituent la clé
qui nous permet d’y parvenir. Nous vous
remercions de faire part de vos expériences,
et vous souhaitons une bonne lecture!
4
Éditorial
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
LES SITES DU PATRIMOINE MONDIAL
AFRICAIN FACE AUX RISQUES
AWHF - Fonds pour le Patrimoine Mondial Africain
En Afrique, les sites du patrimoine se trouvent exposés
de manière croissante à des menaces variées, qui
peuvent être naturelles (séismes, glissements de
terrain, éruptions volcaniques, inondations et tsunamis)
ou provoquées par l’homme (conflits armés et
guerres, braconnage, développement incontrôlé de
l’urbanisation et du tourisme). La nécessité de traiter
et d’atténuer les impacts dérivant de ces menaces
constitue aujourd’hui une priorité majeure.
Sur les 44 biens inscrits actuellement sur la Liste du
patrimoine mondial en péril, 18 se trouvent en Afrique, soit
41% du total. La direction en place sur ces sites en péril est
souvent peu préparée à gérer des menaces et catastrophes
de grande ampleur. C’était par exemple le cas pour les
NOUVELLES DES
CENTRES DE CATÉGORIE 2
Tombes des Rois du Buganda à Kasubi (Ouganda),
qui ont été endommagées de manière irréversible
par un incendie en mars 2010, ou de la Colline
royale d’Ambohimanga, à Madagascar, dévastée
par le cyclone tropical Giovanna en février 2012.
Cela montre bien à quel point il est impératif
que les sites du patrimoine se préparent aux
risques avant, et non après, qu’une catastrophe
2
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RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Nouvelles des Centres
de catégorie 22
ne survienne. C’est dans ce but que le Fonds pour
le patrimoine mondial africain (AWHF) a conduit
l’année dernière un certain nombre d’initiatives
en Afrique, en vue de renforcer les capacités des
professionnels du patrimoine dans le domaine
de la gestion des risques de catastrophes.
Du 18 mars au 12 avril 2013, un projet de terrain
se concentrant sur les risques d’incendie a été
organisé par l’AWHF, en partenariat avec l’École du
Patrimoine Africain. Quinze participants venus du
Bénin, de Côte d’Ivoire, de Madagascar, du Mali, du
Niger, de la République démocratique du Congo,
du Sénégal, du Burkina Faso et du Maroc se sont
rassemblés. Le projet s’est déroulé aux Palais royaux
d’Abomey, site du patrimoine mondial, au Bénin.
6
Ce bien, qui s’étend sur 47 hectares, comprend
un ensemble de dix palais bâtis à partir du
17ème siècle par les rois du Dahomey. Les
structures sont construites à partir de matériaux
traditionnels comme la terre, le palmier, et
le bambou, et de matériaux modernes. En
2009 et en 2012, le bien a été en proie à des
incendies, qui ont détruit plusieurs bâtiments
et endommagé certains murs et bas-reliefs.
Durant un mois, les participants ont été invités à
élaborer un plan de gestion du risque pour le site, et
à mettre en œuvre des travaux de conservation en
vue de minimiser, à l’avenir, la menace représentée
par les incendies. Plusieurs bâtiments ont été
restaurés, des pare-feux et des extincteurs ont été
installés, et le personnel du site a bénéficié d’une
formation sur la prévention contre les incendies.
Trois ateliers de formation supplémentaires,
consacrés à la préparation aux risques, ont été
organisés en cours d’année, au Parc national des
oiseaux du Djoudj, au Sénégal (19-26 novembre
2012), au monument national du Grand Zimbabwe,
site du patrimoine mondial, au Zimbabwe (6-18
mai 2013), et au Parc national des Golden Gate
Highlands, en Afrique du Sud (20-25 mai 2013).
Au total, 60 gestionnaires de sites, professionnels du
patrimoine, et représentants de communautés, ont
été formés à la préparation aux risques et à la gestion
des risques de catastrophes. Les ateliers intensifs
se sont concentrés sur la manière de gérer une
catastrophe avant, durant, et après son apparition.
Ces activités ont aidé à tisser un solide réseau de
professionnels du patrimoine africain, qui se trouvent
désormais mieux à même de faire face aux menaces.
D’autres formations auront lieu dans les
prochains mois, parmi lesquelles un projet de
terrain au sein du paysage culturel Le Morne,
à Maurice (du 9 au 27 septembre 2013), et
un atelier en Tunisie (du 25 novembre au
6 décembre 2013). Pour de plus amples
informations, rendez-vous sur www.awhf.net.
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Photo de groupe, projet de terrain au Bénin, avril 2013 ©AWHF
2
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ÉMERGENCE D’UN NOUVEAU CONCEPT EN CHINE :
LE PAYSAGE URBAIN HISTORIQUE
WHITRAP - Institut de formation et de recherche sur
le patrimoine mondial pour l’Asie et le Pacifique
En 2005, l’UNESCO a facilité et coordonné l’initiative du
Paysage urbain historique (PUH), un processus consistant à
réviser et actualiser les principes directeurs internationaux
existant dans le domaine de la conservation du patrimoine
urbain. Ce processus s’est conclu avec succès par l’adoption,
lors de la Conférence générale de l’UNESCO tenue le 10
novembre 2011, de la nouvelle Recommandation concernant
le paysage urbain historique, un « droit souple » devant être
mis en place librement par chaque État membre.
Le paysage urbain historique est une approche de
gestion du patrimoine. Elle se base sur la reconnaissance
et l’identification des strates de valeurs présentes dans
toute ville historique. Elle tient compte également de la
nécessité d’intégrer différentes disciplines à l’analyse et à la
planification du processus de conservation urbaine, afin de
ne pas le séparer de la planification et du développement de
la ville contemporaine. En d’autres termes, l’approche PUH
cherche à rétablir un lien entre les quartiers historiques et
la ville moderne, la conservation urbaine et le processus de
planification et de développement, les traditions culturelles
et les dynamiques socio-économiques présentes dans toute
ville contemporaine.
Le paysage urbain historique identifie la valeur patrimoniale
d’une ville à un continuum espace-temps. Par conséquent,
elle peut constituer à la fois une perspective et une
orientation de valeur, ou un mécanisme de formation
de l’espace. Elle peut être utilisée dans l’élaboration et le
développement de méthodes techniques et de systèmes
de gestion pouvant être appliqués à divers espaces urbains Face au boom actuel de la construction en Chine, comment pouvons-nous garantir que le caractère et l’identité propres aux villes chinoises, qui se sont construits au fil des siècles, soient conservés et non détruits lors du processus de modernisation? © R. van Oers/WHITRAP
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Nouvelles des Centres
de catégorie 2
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(comme des zones historiques, des quartiers
historiques, des villes et des centres historiques) et
à toute autre gestion de l’espace liée à l’évolution
urbaine.
Pour aider les États membres de la région
Asie-Pacifique à mettre en œuvre la nouvelle
recommandation, le WHITRAP (l’Institut de
formation et de recherche sur le patrimoine
mondial pour l’Asie et le Pacifique) a établi un
programme de recherche sur plusieurs années. Ce
programme s’appuiera sur l’expertise régionale,
internationale, et interdisciplinaire en vue de
fomenter une coopération devant approfondir et
appliquer l’approche PUH, d’échanger des idées, et
de communiquer de bonnes pratiques aux parties
prenantes et à la société civile. Le contenu du
programme de recherche sur les PUH inclut :
1. l’élaboration d’un cadre technique
de base pour la gestion urbaine, fondé
sur les données relatives à l’espace;
2. l’intégration de l’approche PUH à la
planification urbaine sur la base
des évaluations des résultats de la planification
de différentes périodes et de différents types;
3. l’élaboration d’un cadre de gestion pour
la gouvernance urbaine, fondé sur l’analyse des
8
politiques et idées relatives au développement
urbain et aux systèmes de gestion de la ville à
différentes étapes de son histoire;
4. La mise en place de divers types d’expériences
en fonction des demandes réelles relatives
à différents cas servant d’exemples.
Les 12 et 13 octobre 2012, une réunion
internationale d’experts a été organisée par le
WHITRAP à Shanghai, afin d’évoquer la mise
en œuvre de la nouvelle Recommandation de
l’UNESCO concernant le paysage urbain historique,
et l’application ultérieure de l’approche PUH en
Chine. Plusieurs thèmes clés ont guidé la discussion,
dont l’interprétation du paysage urbain historique en
chinois, ses principaux objectifs, et la trousse à outils
nécessaire à son application au niveau local.
Tous ces aspects font partie de l’histoire générale
de la conservation urbaine en Chine et en Europe,
et sont liés à la mise en œuvre de la Convention
du patrimoine mondial, dans laquelle le concept
de paysage urbain historique trouve son origine. Ils
ont été inclus dans un nouveau cours de formation
que le WHITRAP tiendra à Shanghai du lundi 4 au
vendredi 8 novembre 2013.
Ce cours de formation national sur les paysages
urbains historiques est composé de six modules
différents, d’une présentation d’un cas particulier
sur Shanghai, suivie d’une vaste visite d’étude
à Shanghai et dans ses environs, et d’un débat
La ville d’Hongjiang, dans la Province du Hunan, est la plus ancienne ville marchande de Chine, les marchands y ayant conduit leurs affaires et leurs commerces durant trois millénaires. Choisie comme ville-pilote pour appliquer l’approche des paysages urbains historiques de l’UNESCO, elle bénéficiera d’une formation technique et d’une assistance managerielle visant à concevoir et élaborer un plan de régénération urbaine de la ville, en utilisant sa culture et son patrimoine urbains uniques. © R. van Oers/WHITRAP
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La ville de Macao rencontre des difficultés à l’heure d’aligner la préservation de son patrimoine urbain unique sur le développement contemporain de la ville, qui a pour moteur une industrie du jeu en plein essor, accompagnée d’expressions architecturales extravagantes entrant en conflit avec le statut de patrimoine mondial de la ville. Dans le cadre de l’initiative de
l’UNESCO consacrée aux paysages urbains historiques, une assistance technique lui sera apportée pour développer, en collaboration étroite avec la communauté d’affaires de Macao et d’autres parties prenantes clés, une stratégie de planification qui respectera à la fois le patrimoine de la ville et ses intérêts financiers.
© R. van Oers/WHITRAP
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public en guise de clôture, consacré à l’élaboration de la
feuille de route devant guider l’application de l’approche
PUH en Chine. Entre autres thèmes, le cours évoquera:
1. Le paysage urbain historique: concept et approche;
2. La Convention du patrimoine mondial et les origines du PUH;
3. Plan d’action PUH: conception des étapes
essentielles et de la trousse à outils;
4. Le patrimoine mondial et le développement durable;
5. La gestion d’un site du patrimoine mondial;
6. Le tourisme durable;
7. Présentations, étude de cas et table-ronde.
En outre, de 2013 à 2015, les activités suivantes
seront étudiées et développées :
1. Un cadre pour la théorie et les meilleures pratiques;
2. La trousse à outils nécessaire pour l’application de
l’approche PUH au niveau local ;
3. L’application de l’approche PUH à des villes-pilotes
choisies, suivie de l’intégration des leçons tirées de cette
expérience au sein d’un cadre de recommandations.
Les conclusions et résultats des études pilotes individuelles,
et les progrès en général du programme de recherche,
seront publiés régulièrement sur le site internet du
WHITRAP, où une page spécialement dédiée aux paysages
urbains historiques est en cours de construction.
2
10
TRAVAUX DE L’ITRECH
ITRECH - Centre de Turin pour la formation et la
recherche sur l’économie du patrimoine mondial (Italie)
S’appuyant sur l’expérience du master international
ILO-UNESCO Patrimoine mondial et projets culturels
pour le développement à Turin (commencé en 2003)
l’ITRECH a lancé deux autres programmes : la version
espagnole dudit master, intitulée « Patrimonio Mundial y
Proyectos Culturales para el Desarollo », en coopération
avec l’Universitat Politecnica de Barcelona, et le master
en gestion du patrimoine mondial naturel, à Trento. Les
trois programmes sont structurés de manière à offrir aux
participants une approche multidisciplinaire, et à compenser
les questions théoriques en mettant fortement l’accent
sur le renforcement des capacités pour concevoir, mettre
en œuvre, et gérer des projets de développement dans
les différents domaines et contextes liés au patrimoine.
L’ITRECH développe également une étude, financée par
la CRT Bank Foundation, qui vise à produire un rapport
international sur le renforcement des capacités d’un
point de vue économique, social, et institutionnel, et
une étude comparative sur les principales activités de
renforcement des capacités mises en œuvre dans le
secteur du patrimoine et de la culture dans le monde
entier. À en juger par les recherches conduites à ce jour,
il est évident que le renforcement des capacités est un
domaine en expansion. C’est pourquoi l’ITRECH envisage
de mettre sur pied un cours international consacré au
renforcement des capacités pour améliorer les compétences
et aptitudes des institutions et des organisations travaillant
dans le domaine de la culture et du patrimoine culturel.
Le contenu du master sera élaboré de manière à
traiter toutes les composantes du renforcement des
capacités, dont la formation sur la théorie économique et
sociologique des organisations et institutions, la gestion
des ressources humaines, la responsabilisation des
communautés, les techniques de communication et de
gestion du conflit, la gestion de projet, et, par-dessus tout,
le développement de la créativité individuelle et collective.
Visite d’étude au Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO dans le cadre du Master Patrimoine mondial et projets culturels pour le développement 2012-2013 ©ITRECH
Visite d’étude au siège de l’UNESCO à Venise dans le cadre de l’Atelier sur l’urbanisation et le paysage culturel 2013 ©ITRECH
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IMPLIQUER LA SOCIÉTÉ DANS LA PROTECTION
DU PATRIMOINE CULTUREL
Institut régional du patrimoine mondial à Zacatecas (Mexique)
“Personne ne peut défendre ce qu’il n’aime pas,
et personne ne peut aimer ce qu’il ne connait pas”
À l’occasion du deuxième anniversaire du Centre de
catégorie 2 de Zacatecas, au Mexique, une conférence a
été donnée sur la participation de la société à la protection
et à la conservation du patrimoine culturel. La conférence
s’est tenue le 19 août 2013, et a été donnée par Aarón
Roman Delgadillo Alaníz, un maître de la restauration, et
le coordinateur du Département des Arts et du Design de
l’Université de Concordia à Aguascalientes (Mexique).
L’objectif de la conférence était de sensibiliser le
public, de l’encourager à mieux apprécier l’importance
du patrimoine culturel, et de l’inciter à modifier son
comportement en vue d’obtenir une plus grande
participation à la protection du patrimoine.
Les pressions exercées par le développement, et la croissance
de la population, mettent le patrimoine à rude épreuve, et
conduisent peu à peu à sa détérioration. Le défi consiste à
trouver un équilibre entre les besoins de développement et
ceux de conservation, ainsi que le droit d’utiliser et de profiter
du patrimoine culturel tout en garantissant sa sauvegarde.
Pour y réussir, il est fondamental d’impliquer la société
civile dans la protection du patrimoine. Aussi l’un des
objectifs du Centre de catégorie 2 de Zacatecas est-il
d’encourager le patrimoine à jouer un rôle plus important
dans la vie des communautés locales et régionales.
C’est là une des prémisses de la Convention du
patrimoine mondial ; par conséquent, le renforcement des
capacités au niveau régional est essentiel pour garantir
le succès de sa mise en œuvre au niveau national.
Présentation durant une conférence publique ©Institut régional du patrimoine mondial à Zacatecas
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VERS UNE RÉGION PILOTE NORDIQUE-BALTIQUE POUR
LE PATRIMOINE MONDIAL ET LE TOURISME DURABLE
NWHF – Fondation nordique pour le patrimoine mondial
Selon toute logique, le patrimoine mondial et le tourisme
semblent liés. Mais quel est l’impact de l’un sur l’autre
? Si le « développement durable du tourisme » dispose
de sa propre définition (Organisation mondiale du
tourisme), la définition du tourisme durable sur les biens
du patrimoine mondial – ou « tourisme durable du
patrimoine mondial » – n’est pas clairement établie. Pour
être plus concret, il est urgent de mettre en place des
outils permettant d’évaluer et de développer le tourisme
durable dans le contexte du patrimoine mondial.
A moins de définir des critères et indicateurs clairs qui
déterminent la relation entre le tourisme durable et le
patrimoine mondial, il sera impossible de fixer des repères,
de prendre des décisions informées, et de développer des
stratégies relatives au tourisme durable. Il est essentiel que
ces critères et indicateurs tiennent compte des besoins et Riga (Lettonie) © Ole Søe Eriksen
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intérêts d’un large éventail de parties prenantes,
dont le secteur du patrimoine et du tourisme.
Reste à poser la question suivante : en quoi la
valeur universelle exceptionnelle se rapporte-
-t-elle à la définition de tourisme durable
pour un bien du patrimoine mondial?
L’objectif du projet « Vers une région pilote
nordique-baltique pour le patrimoine mondial
et le tourisme durable » est d’apporter les
outils nécessaires pour évaluer et développer
le tourisme durable sur les biens du patrimoine
mondial. Ce projet aboutira à un cadre analytique
permettant d’évaluer la durabilité du tourisme
sur un site du patrimoine mondial, et à un
cadre stratégique avec des principes directeurs
permettant à l’utilisateur de développer une
stratégie en impliquant les parties prenantes.
Le projet, qui bénéficie du soutien du Centre du
patrimoine mondial, aura cours entre mars 2013 et
novembre 2014. Les principales parties prenantes
sont les États parties et leurs sites pilotes, les
gouvernements nationaux et locaux, et le secteur
du tourisme de la région nordique-baltique.
13
État partie participant
Bien du patrimoine mondial et type de destination concerné
Culture Nature Urbain Paysage culturel
Danemark
Tumulus, pierres runiques, et église de Jelling
Fjord glacé d’IlulissatChâteau de Kronborg
Cathédrale de Roskilde
Estonie Centre historique (vieille ville) de Tallinn
Finlande Forteresse de Suomenlinna
Finlande / Suède Haute Côte / Archipel de Kvarken
Islande Parc national de Thingvellir
Lettonie Centre historique de Riga
Lithuanie Centre historique de Vilnius
Norvège Ville minière de Røros et la Circomférence
Fjords de l’Ouest de la Norvège (Lærdal / référence)
Vegaøyan – Archipel de Vega
Suède
Ville hanséatique de Visby
Birka et Hovgården
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Le projet est géré par la Fondation nordique
du patrimoine mondial (NWHF), et un groupe
consultatif réunissant les parties prenantes
concernées garantit que le projet et ses
objectifs se fondent sur des consultations
de grande ampleur. Afin de développer ces
stratégies pour le tourisme durable et le
patrimoine mondial, plusieurs biens de la
région ont été identifiés en tant que points
de référence et études de cas pilotes.
La région nordique-baltique est la première à
mettre en œuvre le Programme de l’UNESCO
sur le patrimoine mondial et le tourisme durable
adopté par le Comité du patrimoine mondial en
2012. Il est attendu que ce processus permette
d’aider à affiner l’outil de rapport périodique, dans
la mesure où cet exercice constitue un dispositif
clé de suivi dans le cadre de la Convention du
patrimoine mondial, qui permet d’évaluer l’état
des questions relatives au patrimoine mondial.
Les politiques et orientations nationales, à
l’instar des cadres internationaux et des critères
tels que les Critères Mondiaux du Tourisme
Durable (GSTC) pour les destinations, seront
également examinés. À travers Innovation
14
Norway, le pays est le premier à appliquer ces
critères dans un contexte national, en utilisant
les biens du patrimoine mondial comme pilotes.
Il est important de souligner que les données
existantes seront utilisées ; l’objectif du projet
n’est pas de créer quelque chose de nouveau
mais plutôt de renforcer ce qui existe déjà.
Le Cadre analytique est actuellement en
cours de développement, et les résultats
finaux du projet seront partagés avec
la communauté du patrimoine.
Tallinn (Estonie) © Ole Søe Eriksen
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Nouvelles des Centres
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SUIVI DES ATELIERS
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3
LES ENSEIGNEMENTS DE L’ATELIER
RÉGIONAL SUR LE PATRIMOINE
MONDIAL DES ORGANISATIONS
CONSULTATIVES POUR L’ASIE
Ma. Joycelyn B. Mananghaya
L’atelier sur le patrimoine mondial des organisations
consultatives, tenu au centre du WHITRAP (l’Institut de
formation et de recherche sur le patrimoine mondial pour
l’Asie et le Pacifique) de Shanghai, n’était semblable à
aucun de ceux auxquels j’avais eu l’occasion de participer.
Il m’a donné une compréhension plus approfondie
de la manière de considérer le patrimoine mondial
du point de vue d’une organisation consultative.
Ayant pris part à un bon nombre de forums consacrés
aux différentes perspectives du patrimoine mondial,
et ayant représenté mon pays à plusieurs sessions du
Comité, j’ai forgé mon humble expérience du patrimoine
mondial en travaillant comme point focal aux Philippines.
Malgré cela, l’atelier tenu à Shanghai s’est révélé une
expérience unique et extrêmement enrichissante.
Le point de vue duquel une organisation consultative
considère le patrimoine mondial est bien différent de celui
adopté par le membre d’un État partie. L’atelier a donné
une compréhension approfondie des différents concepts et
processus liés au patrimoine mondial, qui ont été présentés
dans un ensemble de précieux documents. Parmi ceux-ci
se trouvaient les Orientations, l’instrument clé devant guider
la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial,
utilisé pour évaluer les propositions d’inscription sur la Liste
du patrimoine mondial ou l’état de conservation de sites déjà
inscrits.
La visite, à l’issue de l’atelier, des Jardins classiques de Suzhou,
site du patrimoine mondial, a été elle aussi une expérience
productive. Nous avons découvert les qualités remarquables
du jardin à travers son dossier d’inscription, et nous les
avons comparées avec leur état actuel de conservation.
Cette comparaison a permis de mettre en lumière un certain
nombre d’effets découlant du tourisme.
La partie la plus utile de l’atelier était une conférence sur
les normes de conduite à adopter durant les missions,
SUR LE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS RÉGIONALES:
TÉMOIGNAGES
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
qu’il s’agisse d’évaluer des biens potentiels du
patrimoine mondial ou de contrôler des sites
déjà inscrits nécessitant la plus grande attention.
Cela m’a préparée à la mission que j’ai entreprise
immédiatement après cet atelier, en République
populaire démocratique de Corée (Corée du Nord),
pour le compte de l’ICOMOS.
Avant cet atelier, j’avais déjà conduit un bon nombre
de missions, au nom de mon État partie ; mais
le faire depuis le point de vue d’une organisation
consultative m’a donné davantage la sensation
d’être guidée par un code de conduite éthique. Les
directives données sur la manière de se comporter
avec l’État partie et ses représentants m’ont été
d’une grande utilité, comme le fait de ne pas
divulguer d’informations durant ou après la mission,
et de n’émettre des recommandations que dans le
rapport de mission, et non directement.
Une directive particulièrement utile concerne
l’explication selon laquelle une mission ne constitue
que l’un des processus participant à l’évaluation
d’une proposition de bien. J’ai pu appliquer ce
principe lorsque j’ai dû expliquer à des responsables
que ma présence sur leur site n’en garantissait
pas l’inscription, dans la mesure où la mission
ne représente qu’une partie de l’ensemble du
processus d’évaluation.
La mission a donné lieu à des expériences
mémorables mais aussi à des défis. Dans la mesure
où je disposais d’une période limitée pour accomplir
les nombreuses tâches nécessaires, je demandais
de visiter certains des sites du patrimoine identifiés
à des heures parfois tardives. Nous avons tenu de
nombreuses discussions à des heures avancées
avec les représentants de l’État partie, qui ont
grandement contribué à concrétiser des pensées
difficiles à formuler durant les visites de site.
Les directives fournies durant l’atelier m’ont
également aidée à préparer le rapport de mission
devant suivre un format spécifique et inclure les
justifications de ma position. Cette mission m’a
donné une compréhension directe de l’état de
conservation du bien, y compris des questions
relatives à son authenticité et son intégrité. J’ai
donc été à même de formuler clairement un point
de vue objectif, même si de ma propre perspective
uniquement, sur les conditions actuelles d’attributs
matériels spécifiques. Il m’a semblé qu’un examen
impartial et honnête était nécessaire pour aider
l’ICOMOS à avoir une meilleure compréhension de
la gestion et de l’état de conservation du bien, lui
permettant d’évaluer la proposition d’inscription.
À de nombreuses reprises durant la mission, j’ai senti
que mon intégrité et mon éthique étaient mises à
l’épreuve, mais, au bout du compte, c’est la raison
qui l’a emporté. L’objet de la Convention, soit le
maintien de « la conservation pour la paix », associé
aux efforts sans fin déployés par le Comité visant à
forger des amitiés entre les nations, ont constitué
à mes yeux le principe directeur dominant que j’ai
appliqué durant et après la mission.
16
3Suivi des ateliers sur
le renforcement des capacités
régionales: témoignages
Entrée de Taesong, Koryo Songgyunwan, Kaesong, RPDC © Ma. Joycelyn B. Mananghaya
Une session de l’atelier © Ma. Joycelyn B. Mananghaya
Ma. Joycelyn B. Mananghaya est une architecte spécialisée dans
la conservation patrimoniale. Elle est doyenne de la Faculté
d’Architecture de l’Université FEATI à Manille (Philippines),
membre actif d’ICOMOS Philippines, administrateur du Conseil
d’ICOMOS Philippines, et membre du Comité scientifique
international de l’ICOMOS sur les paysages culturels.
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
17
3
PRENDRE CONSCIENCE DE SON PROPRE RÔLE DANS
LA PROTECTION DU PATRIMOINE NATUREL
Oliver Avramoski
L’atelier des organisations consultatives a constitué une
opportunité précieuse de rencontrer et d’interagir avec
d’autres professionnels du patrimoine naturel, ainsi qu’avec
ceux qui travaillent dans le domaine du patrimoine culturel.
Treize participants venus de Bosnie-et-Herzégovine, de
Bulgarie, du Chili, de Croatie, de République tchèque, de
Hongrie, de Macédoine, du Mexique, de Slovénie, d’Ukraine,
et du Venezuela se sont rassemblés à cette occasion au siège
de l’UICN à Gland (Suisse), en mars 2013.
Les présentations et les ressources fournies au début de l’atelier
ont servi d’introduction à la Convention du patrimoine mondial
et à ses concepts fondamentaux, comme la valeur universelle
exceptionnelle, et les concepts d’authenticité et d’intégrité qui
s’y rapportent. Les discussions qui ont suivi ont mis en lumière
les différentes perspectives et interprétations de ces concepts
parmi les participants, en particulier parmi les professionnels du
patrimoine culturel et ceux du patrimoine naturel.
Les Orientations devant guider la mise en œuvre de la
Convention du patrimoine mondial ont fait l’objet d’une autre
session, qui a évoqué en particulier les principaux processus
et le rôle des organisations consultatives du Comité du
patrimoine mondial. À l’issue de cette session, il est apparu
très clairement que chacun de nous, avec ses intérêts, ses
connaissances, et son expérience professionnelle propre,
a le potentiel d’apporter un soutien précieux au travail des
organisations consultatives en vue de mettre en œuvre plus
efficacement la Convention.
La journée suivante était consacrée à la protection, la
conservation, et la gestion des biens du patrimoine mondial.
Les exemples soigneusement choisis exposés dans les
présentations ont donné lieu à des discussions productives
concernant le caractère approprié des limites, et le rôle des
zones tampons.
La session suivante, sur l’évaluation et le suivi des sites du
patrimoine mondial, a retenu l’attention de chacun. Les
orateurs ont particulièrement stimulé mon enthousiasme
et mon désir de contribuer plus activement au travail de
l’UICN sur le patrimoine mondial, à travers des leçons sur le
comportement à adopter ou à éviter durant une mission.
Ils ont également développé notre conscience des
compétences nécessaires sur le terrain, que ce soit dans le
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Suivi des ateliers sur
le renforcement des capacités
régionales: témoignages
18
3
cadre de missions d’évaluation ou de suivi réactif.
En outre, l’exercice de terrain réalisé le quatrième
jour a été pour nous une excellente opportunité
d’expérimenter ce qu’est une mission de terrain.
Il m’a été donné de mettre rapidement à l’épreuve
l’ensemble des enseignements de cet atelier, en tant
que membre de la mission d’évaluation technique
de l’UICN sur l’extension de la mer des Wadden
(Danemark et Allemagne) en août 2013. Durant la
préparation de cette mission, j’ai fréquemment eu
recours au matériel fourni dans le cadre de l’atelier,
afin d’appréhender entièrement le rôle que les
missions de terrain jouent dans le vaste processus
d’évaluation des propositions d’inscription au
patrimoine mondial conduit par l’UICN.
Lors de l’examen du dossier d’inscription, il est apparu
évident que les États parties avaient soigneusement
présenté leur argumentaire sur la valeur universelle
exceptionnelle du bien proposé pour inscription,
en particulier concernant les trois aspects clés que
constituent (i) les critères pour l’inscription des biens
sur la liste du patrimoine mondial, (ii) son intégrité, et
(iii) sa protection et sa gestion.
Une fois sur le terrain, cependant, j’ai
considérablement puisé dans mes connaissances
et mon expérience pratique pour comprendre ce
qu’il faut pour sauvegarder la valeur universelle
exceptionnelle du bien dans le contexte particulier
de la région de la mer des Wadden. L’interaction
avec les nombreuses parties prenantes durant la
mission, et la possibilité de visiter de nombreux
sites au sein du bien proposé, ont été des éléments
inestimables qui m’ont aidé à remplir ma tâche
relative à l’évaluation de l’intégrité, de la protection,
et de la gestion de ce bien.
À l’issue de cette mission, j’ai pu me rendre compte
que cette expérience nouvelle a été pour moi une
excellente occasion d’apprendre davantage sur la
manière dont je peux aider à préserver les biens du
patrimoine mondial, dont le patrimoine naturel et
culturel de la région d’Ohrid, au sein duquel je vis.
Mission de terrain de l’UICN sur la mer des Wadden - Marais salant de Skallingen © Oliver Avramoski
Mission de terrain de l’UICN sur la mer des Wadden - Marais salant de Skallingen © Oliver Avramoski
Oliver Avramoski est Directeur du Département de conservation
de la nature de l’Institution publique du Parc national Galicica
(Macédoine), et membre de la Commission Mondiale des
Aires Protégées (CMAP). Son engagement dans la protection
environnementale et la conservation de la nature au sein du
patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid date de 15
ans, durant lesquels il s’est particulièrement concentré sur la
gestion participative et le contrôle de la biodiversité.
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Suivi des ateliers sur
le renforcement des capacités
régionales: témoignages
19
3
ATELIER RÉGIONAL SUR LE PATRIMOINE MONDIAL POUR
L’AFRIQUE FRANCOPHONE : EXPÉRIENCES ACQUISES
Djafarou Tiomoko
Grâce à l’atelier régional sur le patrimoine mondial pour
l’Afrique francophone, j’ai pu renforcer mes capacités.
L’événement s’est tenu à l’École du Patrimoine Africain (EPA) de
Porto-Novo au Bénin, du 29 novembre au 3 décembre 2010.
L’atelier était animé par des experts confirmés de l’UICN et
de l’ICCROM, deux organisations consultatives du Centre
du patrimoine mondial de l’UNESCO. Leurs différentes
présentations, les échanges et les discussions m’ont permis
de mieux comprendre les concepts de valeur universelle
exceptionnelle, d’authenticité, et d’intégrité.
À l’aide d’outils divers, les personnes-ressources m’ont permis,
avec les autres participants, d’acquérir les compétences
nécessaires pour effectuer aussi bien des évaluations sur les
propositions d’inscription des biens naturels et mixtes sur la
Liste du patrimoine mondial, que des missions de suivi réactif
des biens déjà inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. La
première leçon apprise à l’issue de l’atelier fut, à n’en point
douter, le respect des processus d’évaluation et de suivi mis
en place par l’UICN. Les aspects pratiques et la formulation
des recommandations sont une composante essentielle et
décisive des rapports de missions, car ils doivent intégrer un
ensemble de normes relatives aux attributs des éventuels
biens du patrimoine mondial.
La deuxième leçon concerne les règles de bonne conduite,
empreintes d’objectivité et de crédibilité. À l’issue de l’atelier,
j’ai été invité à conduire deux missions pour le compte de
l’UICN : l’une sur les Lacs d’Ounianga au Tchad, et l’autre sur
l’Archipel des Bijagos en Guinée Bissau. Dans ce cadre, les
relations avec les représentants des États parties ont été des
plus cordiales. J’ai veillé à leur faire comprendre, ainsi qu’à la
presse, que le processus d’évaluation s’applique en plusieurs
étapes et sur plusieurs niveaux, et que ma mission n’en est
qu’un aspect, et ne constitue en aucun cas une décision.
La troisième et dernière leçon concerne ma disponibilité à
coopérer avec les représentants de l’État partie pendant la
mission, de manière à garantir un processus professionnel et
plaisant.
Je tiens à remercier tous ceux qui ont apporté leur expertise,
sans lesquels l’atelier n’aurait pas été possible.
Djafarou Tiomoko est gestionnaire d’aires protégées. Il est membre de la
Commission Mondiale des Aires Protégées (CMAP UICN) pour l’Afrique
Centrale et l’Afrique de l’Ouest. Il a été Directeur du Parc National de la
Pendjari de 1999 à 2011.
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Suivi des ateliers sur
le renforcement des capacités
régionales: témoignages
20
3
ÉVALUATION DE L’ERG DU NAMIB :
MISE EN PRATIQUE DES ENSEIGNEMENTS DE
L’ATELIER DES ORGANISATIONS CONSULTATIVES
Darlington Munyikwa
Le succès de la mise en œuvre de la Convention du patrimoine
mondial repose en grande partie sur la compréhension
et l’application de ses concepts par les professionnels du
patrimoine naturel et culturel. C’est dans cet esprit que
les organisations consultatives ont tenu, en septembre
2011, un atelier de renforcement des capacités destiné
aux professionnels du patrimoine d’Afrique anglophone.
J’ai trouvé cet atelier enrichissant et instructif. Il m’a
donné l’opportunité de découvrir la manière dont
les organisations consultatives fonctionnent. Il m’a
également permis de mieux comprendre la Convention
du patrimoine mondial et son application.
Les illustrations des trois piliers de la valeur universelle
exceptionnelle (critères, intégrité et authenticité, protection
et gestion) ont revêtu une importance particulière. J’avais
précédemment pris part à deux ateliers de renforcement
des capacités, en Namibie (2001) et au Malawi (2005),
axés sur l’identification, l’inscription, et la conservation des
biens du patrimoine mondial. L’atelier des organisations
consultatives m’a donc donné une nouvelle perception du
fonctionnement de la Convention du patrimoine mondial.
Cet atelier a été l’opportunité de comprendre le processus
par lequel passe un bien avant son inscription sur la
Liste, avec une emphase sur le rôle des organisations
consultatives. Les documents et la littérature utilisés
en appui ont été d’une grande utilité. La richesse des
informations fournies par les médiateurs était stimulante,
et les illustrations utilisées ont ouvert mon esprit et m’ont
permis de visualiser les processus du patrimoine mondial.
Le travail de terrain conduit dans les Forêts sacrées
de kayas des Mijikenda m’a permis de mettre en
pratique les concepts appris. Les observations et
les discussions ont été productives, à l’instar des
présentations des conclusions des travaux de groupe.
L’efficacité de l’atelier a été optimisée par les diverses
expertises des participants, qui ont permis une pollinisation
croisée des idées et de nouveaux réseaux entre les
professionnels du patrimoine culturel et naturel d’Afrique. Nous
avons échangé nos adresses électroniques, et je suis depuis en
contact avec plusieurs collègues qui étaient présents à l’atelier.
Les compétences que j’ai acquises se sont avérées précieuses
dans le cadre de ma première mission d’évaluation pour
l’UICN. En 2012, j’ai été désigné, avec Peter Howard,
membre de la CMAP, à conduire une évaluation portant
sur la proposition d’inscription de l’Erg du Namib.
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Témoignages
21
3
Bien que ma tâche ait été simplifiée par la présence
de Peter Howard, que je considère comme un
professionnel expérimenté du patrimoine naturel
qui détient de vastes connaissances sur les modelés
désertiques, l’atelier m’a permis d’établir facilement
un climat de bonne entente avec mon collègue.
Notre premier défi dans le cadre de cette mission
était de faire comprendre à l’État partie notre
rôle en tant qu’évaluateurs, et notre obligation
d’impartialité. Les directives fournies lors de l’atelier
nous ont aidés à expliquer que notre mission ne
constituait qu’une étape du processus d’évaluation.
Nous avons exprimé clairement que nous étions
là pour vérifier les faits présentés dans le dossier
d’inscription, et que nos recommandations seraient
simplement transmises à l’UICN. Cela a écarté
d’emblée toute tension potentielle, et a instauré
une atmosphère amicale, qui a abouti à des
discussions ouvertes et productives avec toutes les
parties prenantes que nous avons rencontrées.
Cependant, nous nous sommes heurtés à
certaines situations difficiles, dans la mesure où les
attentes des parties prenantes différaient parfois
de l’objet de notre mission. Elles espéraient que
nous leur offririons des solutions aux problèmes
rencontrés lors de l’élaboration de la proposition
d’inscription, plutôt que de prendre note de
ces difficultés. En outre, certaines de leurs
préoccupations n’avaient pas trait à la proposition
d’inscription, mais lui étaient antérieures.
Notre rencontre avec le Chef local a été
particulièrement intéressante ; sa principale
préoccupation concernait les droits et bénéfices
de la communauté locale, et plus particulièrement
l’accès à leurs sites culturels, l’utilisation des
ressources, et les bénéfices du tourisme. Les
Forêts de kayas que nous avions visitées pendant
l’atelier faisant face à des défis similaires, j’étais
bien placé pour comprendre la situation.
Notre réunion de clôture avec les représentants
du ministère, à l’issue de notre visite de terrain,
s’est avérée délicate, dans la mesure où ils
semblaient vraiment désireux d’entendre les
conclusions de notre évaluation du bien. Comme
je l’avais appris durant l’atelier, nous nous sommes
contentés d’évoquer le succès de la collecte
des informations factuelles, et nous leur avons
garanti que nous rédigerions un rapport objectif.
Oui, la salle faisait preuve d’une grande curiosité,
mais nous avons réussi à gérer la situation.
Les leçons que j’ai apprises durant l’atelier ont
tenu un rôle central au niveau de ma capacité
à mener à bien cette mission, aussi bien lors
de la phase de terrain que lors de la rédaction
du rapport. J’en ai sincèrement retiré des
bénéfices, et je soutiens vigoureusement tous
les efforts déployés en vue de donner aux
professionnels du patrimoine l’opportunité de
participer à des ateliers de cette importance.
Mission d’évaluation à Dead Vlei, dans l’Erg du Namib © Darlington Munyikwa
Darlington Munyikwa est Directeur général adjoint des Musées
et monuments nationaux du Zimbabwe (NMMZ) et membre de
la CMAP. Il a occupé au préalable le poste de Directeur régional
du Musée d’Histoire naturelle (2009-2012) et celui de Directeur
régional du Musée de Mutare (2004-2009). Il a également été
conservateur de la géologie et de la paléontologie, et Chef de
l’Unité sur la Biodiversité du Musée d’Histoire naturelle.
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Témoignages
DÉVELOPPER UNE STRATÉGIE RÉGIONALE POUR
L’ASIE ET LE PACIFIQUE
Le WHITRAP (Institut de formation et de recherche sur
le patrimoine mondial pour l’Asie et le Pacifique) joue
un rôle majeur dans le développement d’une stratégie
de renforcement des capacités régionales pour l’Asie
et le Pacifique. Il s’appuie sur les résultats du second
cycle de rapport périodique, et s’efforce de répondre à
la situation et aux besoins spécifiques de la région.
Pour développer cette stratégie, il a fallu d’abord comprendre
les besoins en capacités de la région, concernant le
développement et la conservation du patrimoine. Les
résultats de l’exercice de rapport périodique, et l’analyse
des rapports sur l’état de conservation des sites de la
région, ont aidé à examiner les questions et défis cruciaux,
et ont servi de références à partir desquelles évaluer les
besoins. En outre, un questionnaire a été conçu, en vue
de rassembler des informations détaillées sur la situation
actuelle du renforcement des capacités. Ce questionnaire,
distribué en juillet 2012, a récolté 32 réponses valides.
Après analyse des informations recueillies à l’aide de ce
questionnaire, des objectifs stratégiques ont été proposés
pour répondre aux demandes préalables de la région,
et affinés ensuite en consultation avec le Centre du
patrimoine mondial, les organisations consultatives, et
des experts régionaux. Ces objectifs sont les suivants :
22
4
PROF. JIAN ZHOU
ET DR. PING KONG
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
1) L’échange entre le patrimoine culturel et naturel
est renforcé afin de développer une approche
intégrée de la conservation et de la gestion, en
mettant l’accent sur l’efficacité de la gestion, le
tourisme durable, et la préparation aux risques en
tenant compte des contextes locaux dynamiques
et des systèmes de planification existants;
2) La sensibilisation du public et des parties
prenantes clés envers les principaux
concepts et procédures de la Convention
du patrimoine mondial est intensifiée, ce qui
permet de renforcer la supervision publique
de l’application de la législation pertinente;
3) Dans le respect des savoirs traditionnels,
les communautés locales sont engagées à
participer au développement du tourisme, à la
gestion du patrimoine, et au processus de suivi,
et à profiter du partage des bénéfices et de
l’amélioration de leurs moyens de subsistance;
4) Des documents d’orientation, des trousses
à outils, et des modules de formation sont
développés en réponse aux besoins émergents
régionaux, avec le soutien de programmes
pour le renforcement des capacités au niveau
régional, et font l’objet d’une vaste diffusion
en vue d’enrichir les capacités d’un public
plus vaste doté d’une expérience régionale;
5) La coopération régionale, les réseaux, et les
dispositifs de partage des informations sont
renforcés pour permettre la diffusion efficace
du matériel sur le renforcement des capacités
et des opportunités qui s’y rapportent, tout
en créant des synergies entre les initiatives
qui produisent des bénéfices mutuels.
Sur la base de ces objectifs stratégiques, un cadre
de programme se rapportant à l’approche de
gestion axée sur les résultats1 a été développé,
afin de rassembler et d’exploiter les ressources
disponibles pour le renforcement des capacités,
en vue d’atteindre des objectifs communs. En
vue de mobiliser et de créer des synergies entre
les ressources régionales, un vaste processus
de consultation a été lancé en août 2013, pour
inviter les professionnels du renforcement des
capacités de la région à partager leurs programmes
pertinents au niveau régional et sous-régional.
1 La gestion axée sur les résultats (GAR) est appliquée en tant qu’élément central
du processus de réforme de l’UNESCO, pour déplacer l’accent mis sur les activités,
projets, et programmes liés, dans les grandes lignes, au mandat de l’UNESCO, au
profit de l’accomplissement de résultats clairement définis dérivant de ce mandat.
Les principes directeurs de la GAR sont disponibles sur le site internet de l’UNESCO :
http://unesdoc.unesco.org/images/0017/001775/177568F.pdf
Les données résultant de ce processus de
consultation feront office d’inventaire des
activités actuelles de renforcement des capacités
dans la région, et seront partagées avec les
professionnels du renforcement des capacités
et les autres parties prenantes de la région. L’un
des résultats escomptés concerne l’amélioration
de la compréhension mutuelle des ressources
disponibles en matière de renforcement des
capacités, et la promotion de programmes
pertinents auprès d’un plus large public.
Le succès de cette stratégie, et des programmes
qui lui sont associés, repose sur la participation
et l’engagement des États parties et des
professionnels du renforcement des capacités
dans la région. En retour, cette stratégie
renforcera le partage des informations et la
coopération régionale, pour mieux servir les
différents acteurs de la région concernant le
développement et la conservation du patrimoine.
Pour toute question ou contribution au CBSAP-
AP, merci de contacter Mme Ping Kong à travers
le courriel [email protected].
23
4 Développer une stratégie régionale
pour l’Asie et le Pacifique
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
“Les communautés locales et
les peuples autochtones ont
été les gardiens de nombreux
site du patrimoine mondial
durant des siècles. À travers
les douze ans d’expérience de
l’initiative COMPACT, nous avons
appris beaucoup sur la manière
d’engager ces communautés
à relever les nombreux défis
actuels en matière de protection
et de gestion de ces sites
et paysages d’importance
mondiale. Par le biais de cet
ouvrage, nous espérons que
les leçons retenues pourront
être appliquées à l’ensemble
du réseau mondial des sites
du patrimoine mondial.”
Kishore RaoDirecteur du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO
UN RAPPORT SUR LES DOUZE ANNÉES DE COMPACT
GESTION COMMUNAUTAIRE DU PATRIMOINE MONDIAL:
Fondé sur douze ans de travail conduit sur huit sites du
patrimoine mondial, le programme COMPACT fait le bilan
de ses succès et des leçons apprises sur le renforcement des
capacités des communautés locales concernant la gestion
partagée des sites du patrimoine mondial. Le rapport, intitulé
COMPACT : engager les communautés locales dans la gérance
du patrimoine mondial, a été lancé lors de la 37ème session du
Comité du patrimoine mondial, en présence d’un panel d’experts
provenant des organisations consultatives, des représentants des
peuples autochtones, et de délégations gouvernementales.
Les initiatives fondées sur les communautés peuvent améliorer de
manière significative l’efficacité de la conservation de la biodiversité
au sein des aires protégées d’importance mondiale. C’est dans
ce but que l’initiative COMPACT pour la gestion communautaire
de la conservation des aires protégées a été établie en 2000, en
tant que partenariat entre le Programme des petites subventions
du FEM mis en œuvre par le PNUD1 , la Fondation des Nations
1 Le Programme des petites subventions du FEM est un programme institutionnel du partenariat FEM mis en œuvre par le PNUD dans 128 pays. De petites subventions compétitives et reposant sur la demande, destinées à contribuer aux bénéfices environnementaux à l’échelle mondiale, sont approuvées par un Comité directeur national décentralisé avec une majorité non-gouvernementale.
24
5
JESSICA BROWN ET TERENCE HAY-EDIE
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
autochtones à la conservation et à la gouvernance
partagée des sites du patrimoine mondial naturel.
Offrant de petites subventions allant de 10.000
à 50.000USD dirigées directement vers des
organisations communautaires et des ONG locales,
l’initiative a travaillé dans les zones tampons et les
paysages environnants de sept sites du patrimoine
mondial de l’UNESCO, et d’un site proposé pour
inscription. Ces sites incluent le récif de la barrière
du Belize (Belize), Sian Ka’an (Mexique), Morne
Trois Pitons (Dominique), le Mont Kenya (Kenya), le
Mont Kilimandjaro (Tanzanie), le Parc national de la
rivière souterraine de Puerto Princesa (Philippines),
le Parc des oiseaux du Djoudj (Sénégal), ainsi
que les forêts sèches d’Andrefana (Madagascar),
qui figurent sur la liste indicative du pays.
Suivant une approche de conservation à l’échelle
du paysage, plus de 430 petites subventions ont été
allouées à des organisations non gouvernementales
et communautaires locales sur ces huit sites. Pour
financer ces subventions, la Fondation des Nations
Unies a mis à disposition un fonds catalytique de 6
millions de dollars américains pour aider le PNUD à
lever plus de 10 millions de dollars pour les FEM.
Ces petites subventions ont été guidées par des
stratégies propres à chaque site, développées par
divers groupes de parties prenantes locales et
basées sur les menaces principales susceptibles de
peser sur l’intégrité des sites du patrimoine mondial
ciblés. Les coordinateurs locaux et les organes
consultatifs locaux ont joué un rôle fondamental
pour faciliter l’engagement de la communauté,
améliorer les compétences locales pour décentraliser
la planification des aires protégées, et examiner les
propositions de petites subventions se fondant sur
une compréhension intime de la zone locale.
Les communautés ont développé et soumis des
concepts et des propositions basés sur leurs
propres besoins, tels qu’elles les ont identifiés. À
travers ce processus, le programme a bénéficié à
des milliers de personnes pauvres pour lesquelles
les services de l’écosystème sont synonymes à la
fois de moyen de subsistance et de bien-être.
En outre, le Programme WH LEEP, consacré à
l’entreprise écologique locale du patrimoine mondial,
a été développé en vue d’offrir des services de
développement d’affaires adaptés pour renforcer les
capacités des entreprises de petite et de moyenne
taille travaillant au sein et aux alentours de vastes
paysages du patrimoine mondial. Ce programme, qui
vient compléter COMPACT, a pu voir le jour grâce au
soutien accordé par le programme « Verde Ventures
» de Conservation International, par l’UNF, et par
le programme des petites subventions du FEM.
Exercé dans le cadre d’une convention de garantie
de prêt établie entre l’UNF et Conservation
25
5Gestion communautaire du patrimoine
mondial : un rapport sur les douze
années de COMPACT
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Unies (UNF) et le Centre du patrimoine mondial.
Au cours des douze dernières années, l’initiative a testé
un modèle innovant basé sur des subventions pour
faire participer les communautés locales et les peuples
International, le WH LEEP a pu aider environ 40
organisations (dont un certain nombre d’anciens
bénéficiaires de COMPACT), et accorder quatre
prêts destinés à des investissements favorables
à la biodiversité au sein des paysages ciblés.
Le lancement du rapport sur les douze ans de travail,
intitulé COMPACT: engager les communautés
locales dans la gérance du patrimoine mondial,
lors de la 37ème session du Comité du patrimoine
mondial tenue en juin 2013, a réuni un panel
d’experts provenant des organisations consultatives,
des représentants des peuples autochtones,
et de délégations gouvernementales. Tim
Badman, Directeur du Programme du patrimoine
mondial de l’UICN, a noté qu’il serait pertinent
que le Comité se penche davantage sur un
certain nombre d’éléments de COMPACT.
D’abord, l’adoption d’un organe consultatif local
multipartite pour les sites du patrimoine mondial
afin d’assurer que les principes d’obligation
redditionnelle, de transparence, et de bonne
gouvernance promus par l’UICN pour chaque site du
patrimoine mondial soient intégrés et normalisés.
Ensuite, l’opportunité de développer des mécanismes
de financement durable pour financer de petites
subventions au niveau des
zones protégées elles-mêmes,
offrant la possibilité d’augmenter
l’appropriation locale, ainsi que
l’efficacité de la conservation, des
biens inscrits au patrimoine mondial.
Enfin, la nécessité d’associer davantage
la méthodologie COMPACT au
niveau du paysage avec l’outil actuel
« Amélioration de notre patrimoine »
développé conjointement par le Centre
du patrimoine mondial, l’UICN et l’UNF pour
améliorer l’efficacité de la gestion et de la
gouvernance des sites du patrimoine mondial.
De nombreux événements et célébrations ont
été organisés en 2012 pour marquer le 40ème
anniversaire de la Convention du patrimoine
mondial et donner un nouvel élan à la manière
dont la Convention peut être utilisée plus
efficacement pour promouvoir le développement
durable au profit des communautés locales. Dans
cet esprit, le Centre du patrimoine mondial et
le Programme des petites subventions du FEM
travaillent sur une version actualisée du guide
méthodologique COMPACT, en vue de pouvoir
l’appliquer sur d’autres sites du patrimoine mondial.
En offrant de petites subventions, la méthodologie
COMPACT, testée sur le terrain, a montré que cette
approche peut rassembler des organisations non
gouvernementales et communautaires, et bâtir
un capital social à travers une « circonscription
» d’acteurs de la société civile apportant leur
soutien au patrimoine mondial. Elle peut fournir
un mécanisme consultatif et participatif viable
permettant d’assurer la participation pleine
et effective des peuples autochtones et des
communautés locales au travail de la Convention.
Pour télécharger une copie de la publication, veuillez
vous rendre sur www.sgp.undp.org ou cliquer ici.
Le guide méthodologique est en cours de
développement, et sera disponible fin 2013.
26
5
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Gestion communautaire du patrimoine
mondial : un rapport sur les douze
années de COMPACT
Myanmar a ratifié la Convention du patrimoine mondial
en avril 1994, mais ne dispose encore d’aucun bien inscrit
sur la Liste du patrimoine mondial. La coopération de
l’UNESCO avec le secteur de la culture se concentre
particulièrement sur le renforcement des capacités
du personnel technique et des fonctionnaires des
départements du gouvernement impliqués dans la mise
en œuvre de la Convention du patrimoine mondial.
Étant donné l’objectif ultime du pays, qui souhaite proposer
des sites pour inscription sur la Liste du patrimoine mondial,
DE L’UNESCOSTIMULÉE PAR LE SOUTIEN
LA CONSERVATION DU PATRIMOINE DE
MYANMAR
27
6
Après une pause de plus de dix ans au niveau de sa
coopération avec Myanmar dans le secteur de la culture,
l’UNESCO, grâce à un financement généreusement
accordé par les gouvernements d’Italie, de Norvège, et de
Suisse, a relancé sa coopération technique avec ce pays.
La reprise de l’assistance apportée par l’UNESCO a
émergé dans le contexte du récent réengagement de
Myanmar envers les processus internationaux de la
Convention du patrimoine mondial, à la suite de réformes
menées par le gouvernement à partir de 2010.
Coucher de soleil sur les monuments de Bagan ©UNESCO / Mme Angsana Chuamthaisong
TAKAHIKO MAKINO
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
l’assistance inclut également le renforcement des
capacités pour l’examen de la liste indicative et la
préparation d’un dossier de proposition d’inscription
au patrimoine mondial. Elle met également le
pays en présence des pratiques internationales
de conservation les plus avancées, lui permettant
ainsi d’améliorer sa capacité à conserver et
gérer son patrimoine culturel et naturel.
L’assistance apportée par l’UNESCO en 2012 et
au début de l’année 2013, financée par l’Italie, a
répondu aux besoins immédiats et hautement
prioritaires identifiés par le gouvernement de
Myanmar. En particulier, il était nécessaire
d’établir de meilleures normes de conservation
pour plusieurs sites du patrimoine culturel
importants inscrits sur la liste indicative,
comme les villes anciennes pyues, et le site
archéologique et les monuments de Bagan.
Concernant le patrimoine naturel du pays,
l’UNESCO a également apporté son assistance
en vue d’identifier des sites du patrimoine
mondial naturel potentiels pour la liste
indicative de Myanmar, avec le soutien de la
Fondation nordique du patrimoine mondial.
Sur les sites culturels des villes anciennes pyues
et de Bagan, une formation pratique a permis
d’améliorer les normes. Des organisations
internationales majeures, dont l’ICCROM
et la Fondation Lerici, ont conduit cette
formation consacrée à la conservation des
sites archéologiques, à la gestion des sites du
patrimoine mondial, et à la conservation des
peintures murales et de stucs sculptés. Des
projets de démonstration pratique incluaient la
consolidation de décors sculptés extérieurs en
stuc sur un temple à Bagan, et la conservation du
très important tumulus de Khin Ba à Sri Ksetra.
La participation de gestionnaires de divers sites
inscrits sur la liste indicative, et de conférenciers
de la Field School of Archaeology (la principale
institution de Myanmar pour la formation sur la
conservation du patrimoine culturel) a garanti
que les sites patrimoniaux de tout le pays
puissent bénéficier de cette initiative dédiée
au renforcement des capacités. L’activité a été
planifiée en vue de permettre aux professionnels
du patrimoine national d’appliquer leurs
connaissances nouvellement acquises, et de
les partager avec leurs jeunes collègues et avec
les membres des communautés locales.
28
6
Le site archéologique et les monuments de Bagan inscrits sur la Liste indicative ©Takahiko Makino
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
La conservation du patrimoine de Myanmar
stimulée par le soutien de l’UNESCO
Au niveau institutionnel, l’UNESCO a aidé
les autorités à renforcer leurs capacités de
gestion pour les sites du patrimoine culturel et
naturel. Pour la première fois à Myanmar, des
technologies avancées comme le SIG (système
d’information géographique) ont été mises en
place avec succès, en vue de protéger les sites du
patrimoine. Des documents de référence clés se
rapportant au patrimoine mondial ont été traduits
en birman pour une meilleure communication
et pour en faciliter l’application continue par
les diverses autorités nationales et locales.
Le dossier d’inscription des villes anciennes
pyues a été préparé avec minutie et soumis au
Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO
début 2013. Ce site en série, qui comprend
les trois villes d’Halin, de Beikthano, et de Sri
Ksetra, constitue la première priorité en termes
d’inscription sur la liste du patrimoine mondial.
Ces villes anciennes, intactes du point de vue
archéologique, construites il y a près de deux
mille ans, témoignent de l’introduction du
bouddhisme de l’Asie du Sud en Asie du Sud-
Est. Elles offrent la preuve de l’établissement des
premiers habitats urbains dans la sous-région.
Les activités autour du dossier du site en série
ont été conduites de manière à renforcer autant
que possible les capacités nationales. À ce titre,
le comité de rédaction de Myanmar a préparé
le contenu du dossier d’inscription, guidé par
des experts et mentors internationaux.
L’assistance de l’UNESCO a abouti à des
résultats importants, en grande partie grâce à
l’immense engagement politique et institutionnel
des contreparties birmanes, et à l’excellente
bonne volonté des organismes internationaux
qui ont coopéré. Tout cela révèle bien la
haute priorité que les autorités de Myanmar
accordent aujourd’hui au patrimoine mondial.
À la suite de la préparation réussie du dossier
d’inscription des villes anciennes pyues, le
gouvernement est désireux de continuer à
travailler dans le cadre du patrimoine mondial.
Le prochain site culturel prioritaire identifié
pour la coopération internationale est le site
archéologique de Bagan et ses monuments.
Le site de Bagan a connu une forte augmentation
du nombre de visiteurs et d’investissements liés au
tourisme. La priorité immédiate serait d’améliorer sa
conservation et sa gestion, en vue d’une inscription,
à terme, sur la Liste du patrimoine mondial.
Pour renforcer les réalisations des projets passés
et en cours, et pour fournir des efforts soutenus
en termes de renforcement des capacités, la
future assistance internationale est nécessaire,
afin de développer encore les compétences
relatives à la sauvegarde du patrimoine culturel
et naturel de Myanmar. Cette assistance sera
particulièrement la bienvenue étant données les
pressions liées au développement qui posent,
à travers le pays, un défi urgent aux sites du
patrimoine à la fois culturel et naturel.
29
6 La conservation du patrimoine de Myanmar
stimulée par le soutien de l’UNESCO
Durant le programme de renforcement des capacités sur la conservation des peintures murales à Bagan ©UNESCO / Clara Rellensmann
Paya-Taung, Sri Ksetra ©Nilan Cooray
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
30
7
DINA BAKHOUM
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
En Égypte, les sites du patrimoine mondial, à
l’instar des autres sites protégés au niveau national
(et qui figurent parfois sur la liste indicative de
l’Égypte), font face à plusieurs défis en matière de
conservation et de gestion. Il existe un grand besoin
de gestionnaires de sites qualifiés capables de
mettre en place des systèmes de gestion efficaces.
Le Ministère d’État aux Antiquités, qui est en charge
de toutes les questions relatives à la protection,
la promotion, et la gestion du patrimoine culturel
en Égypte, dispose d’un grand nombre de jeunes
inspecteurs, énergiques et expérimentés, qui
travaillent sur les sites à valeur de patrimoine. Bon
nombre d’entre eux sont spécialisés dans des
domaines spécifiques, comme la conservation
et l’archéologie ; mais ils ne sont pas toujours
conscients de la Convention du patrimoine
mondial et de l’importance de gérer un site en
faisant appel à une plus grande participation des
parties prenantes, pour la protection à long terme
de la valeur universelle exceptionnelle de ce site.
C’est pourquoi le Ministère a demandé au Bureau
de l’UNESCO au Caire d’aider à la préparation, au
financement, et à la mise en œuvre d’un cours
sur le patrimoine mondial, destiné à un certain
nombre d’employés travaillant sur des sites du
patrimoine culturel à travers toute l’Égypte. Ce
cours, qui a commencé en mai et s’achèvera
en décembre, comporte quatre modules :
1 La Convention du patrimoine mondial de 1972 ;
2 La gestion d’un site du patrimoine mondial
et le rapport sur l’état de conservation ;
3 L’analyse et la révision de la liste
indicative de l’Égypte ;
4 L’introduction au format du dossier d’inscription.
Chaque module dure une semaine. L’ensemble
de ce cours dédié au renforcement des capacités
est conçu pour fournir aux participants les outils
de base leur permettant d’approfondir leurs
connaissances et compétences. Il est attendu
qu’ils s’engagent à développer plus avant leurs
ÉGYPTEAUGMENTER LES CAPACITÉS
POUR LE PATRIMOINE MONDIAL EN
31
7 Renforcer les capacités pour le
patrimoine mondial en Égypte
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
compétences en-dehors du cours, et qu’ils
partagent leurs connaissances avec leurs
collègues et d’autres parties prenantes.
On trouve sur internet une vaste quantité
de matériel consacré à la conservation et à
la gestion du patrimoine, auquel il est facile
d’accéder. Aussi, dès le début, les participants
ont été encouragés à commencer à utiliser
les informations disponibles pour optimiser la
pertinence du cours par rapport à leurs besoins.
Pour garantir l’entière compréhension de
tous les concepts et discussions, le cours est
dispensé en arabe, la langue maternelle des
participants. Les présentations PowerPoint,
toutefois, sont à la fois en arabe et en anglais,
afin que les participants se familiarisent avec les
terminologies utilisées au niveau international
et avec l’une des deux langues de travail du
Centre du patrimoine mondial. Le cours tient
également compte du fait que certaines
références sur le patrimoine mondial ne sont
disponibles qu’en français et en anglais.
Le premier module s’est tenu du 19 au 23 mai
2013, et s’est concentré sur la Convention du
patrimoine mondial et les Orientations devant
guider sa mise en œuvre. Le module a également
abordé l’importance de la documentation, de
disposer d’un inventaire accessible de tous les sites
du patrimoine en Égypte, et de la mise en valeur des
sites de manière à susciter l’intérêt et à accroître la
sensibilisation envers les valeurs du patrimoine.
De nombreux malentendus ont été mis à jour parmi
les participants, concernant les rôles et responsabilités
de l’UNESCO, des organisations consultatives, et
de l’État partie. Plusieurs participants ont indiqué
que ce module leur a permis de comprendre
mieux et plus clairement le rôle positif joué par
l’UNESCO quant à la protection du patrimoine
mondial et à l’assistance apportée à l’État partie.
D’autres ont mentionné le fait que, bien qu’ils aient
toujours été fiers de leur travail, le cours les a aidés
à apprécier la grandeur de ces sites du patrimoine
mondial. Il leur a permis de prendre conscience
de la responsabilité qui leur incombe en matière
de protection et de sauvegarde de ce patrimoine.
Le second module s’est déroulé du 15 au 19
septembre 2013 et s’est concentré sur les
questions de gestion et de protection des sites.
Le Caire historique a servi d’étude de cas d’une
ville qui doit faire face à d’immenses pressions en
termes de conservation et de gestion. Le projet de
régénération urbaine du Caire historique du Centre
du patrimoine mondial a été présenté par l’un des
membres de son équipe, et une visite de site du
Caire historique a été organisée le lendemain.
Pendant longtemps, les édifices du Caire historique
et d’autres villes historiques d’Égypte ont été traités
comme des îles de « monuments classés ». Par
conséquent, il s’est avéré bénéfique pour tous les
Photo de groupe des participants du cours et de leur instructeur durant la visite de site du Caire historique (module nº2) ©Hossam al-Din Abud
32
7 Renforcer les capacités pour le
patrimoine mondial en Égypte
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
institutions, et les autorités gouvernementales
(comme la police, la circonscription, etc.). Il leur
a semblé évident qu’une approche descendante
de la gestion du patrimoine n’est pas viable
; ce n’est qu’à travers une compréhension
et une estimation communes du patrimoine
qu’on peut le protéger de manière efficace.
Les participants ont tiré parti de leurs présentations
respectives pour approfondir leurs connaissances
relatives aux autres sites d’Égypte, dont certains
ignoraient l’existence ou ne les avaient jamais
visités. Dans la mesure où ils viennent de tout le
pays, ils ont suggéré, à la fin du deuxième module,
de tenir le troisième et le quatrième modules
ailleurs qu’au Caire, par exemple Haute-Égypte.
Différents lieux ont donc été choisis, afin de
visiter différents sites offrant des préoccupations
différentes en termes de conservation et de gestion.
En novembre, le troisième module se tiendra à
Louxor, et le quatrième à Aswan, en décembre.
Une fois les quatre modules complétés, le
Ministère d’État aux Antiquités recevra l’évaluation
de chacun des participants ainsi que leurs
recommandations quant à la manière dont
leurs connaissances et capacités sont le mieux
à même de bénéficier à la gestion des sites et
au renforcement des normes de rapport.
participants de comprendre comment une ville doit
être gérée et à quel point il est important de traiter
le patrimoine de la ville dans sa globalité, avec ses
habitants, son tissu urbain, ses paysages naturels et
culturels, ses traditions et artisanats, et ses histoires.
Le Caire historique ©Matjaz Kacicnik
Des concepts tels que l’approche du patrimoine
vivant, la conservation et la gestion orientées
sur les valeurs, ont fait l’objet de discussions.
Durant la visite du site, un rôle hypothétique
a été attribué à chaque participant : celui d’un
touriste étranger, d’un visiteur local, ou encore
d’un propriétaire de boutique, par exemple.
Cela leur a permis de voir la ville depuis une
perspective différente, avec un ensemble de
valeurs différent de celui qu’ils ont habituellement
en tant qu’inspecteurs du patrimoine.
Durant la période qui a séparé le premier module
du suivant, et en préparation de ce deuxième
module, il a été demandé à chaque participant de
préparer une présentation du site au sein duquel
il travaille. Cette présentation devait inclure une
brève histoire du site, les facteurs qui affectent le
bien (les menaces mais aussi les opportunités),
et les questions de gestion au sein du site.
Tous les participants avaient bien préparé leurs
présentations. Il est apparu clairement que la plupart
des sites partagent des problèmes similaires, qui
peuvent se résumer à un manque de gestion et de
coopération entre les différentes parties prenantes.
À l’issue du deuxième module, les participants
ont suggéré de lancer une série de présentations
et de discussions sur le patrimoine et ses valeurs
avec les membres de la communauté, les
Quel est le point commun entre le gestionnaire d’un
parc national zambien, un responsable du tourisme
philippin, un archéologue péruvien, et un gardien du
Serengeti ? Tous, à l’instar de neuf autres professionnels
du patrimoine, ont été boursiers du patrimoine
mondial dans des parcs nationaux américains.
Le Programme de bourses du patrimoine mondial a
été développé par le Bureau des Affaires internationales
du Service des Parcs Nationaux (NPS) des États-Unis,
pour offrir aux pays en développement une assistance
technique dans le domaine de la gestion et de la
conservation de leurs sites du patrimoine mondial.
Selon Stephen Morris, Chef du Bureau des Affaires
internationales du NPS, « Les sites exceptionnels qui
UN PROGRAMMEDE BOURSES QUI BÉNÉFICIE AUX SITES DU PATRIMOINE MONDIAL
33
8
DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT ET AUX
PARCS NATIONAUX AMÉRICAINS
obtiennent ce prestigieux statut ne sont pas toujours gérés,
préservés, et protégés comme il se doit. Dans l’idéal, la
communauté internationale toute entière joue un rôle dans
la protection de chacun des sites du patrimoine mondial.
Ce programme de bourses est une manière, pour le NPS,
d’aider les États-Unis à assumer cette responsabilité ».
Le programme de bourses offre aux gestionnaires de sites
d’autres pays une formation dans des conditions réelles et une
expérience au sein de parcs nationaux américains inscrits sur la
Liste du patrimoine mondial. Les boursiers passent en général
entre cinq et huit semaines à apprendre les pratiques de gestion
du NPS, et à travailler aux côtés de professionnels du NPS dans
des disciplines variées ; dans le même temps, les employés du
NPS acquièrent eux aussi de nouvelles idées et perspectives
pouvant être appliquées au système des parcs américains.
Photo d’un ranger avec un chien dans la Réserve naturelle de Great Fish River ©Stephen Morris
STEPHEN MORRIS
ET ROXANNE DEY
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Depuis la fin de l’année 2009, le NPS a accueilli
13 boursiers du patrimoine mondial, qui ont été
recrutés pour les qualités faisant d’eux des dirigeants
potentiels. Le NPS a évalué les candidats susceptibles
d’utiliser au mieux la formation reçue pour garantir
un impact maximum dans leurs pays d’origine.
Résultats directs de l’attribution de ces bourses,
plusieurs nouveaux programmes, formations, et
initiatives ont été mis en œuvre dans les sites du
patrimoine mondial respectifs des boursiers.
Gavin Shaw, gestionnaire de la Réserve naturelle
de Great Fish River, en Afrique du Sud, nous
parle des changements qu’il a mis en œuvre à
son retour du Parc national Olympique dans
l’État de Washington, au sein duquel il a été
accueilli en tant que boursier en 2011.
Shaw a crée une infrastructure pour soutenir un
centre de contrôle pour la réserve, qui héberge la
troisième plus grande population de rhinocéros noirs
au monde. Les nouvelles stations-relais radio ont
considérablement amélioré la communication et aidé
les rangers, qui ont arrêté 18 personnes coupables
d’activités illégales au cours des 12 derniers mois.
Il s’est également rendu compte que ses rangers
avaient besoin d’une meilleure formation en
matière de maintien de l’ordre, et de cours de
perfectionnement. Il a créé une nouvelle formation
pour les rangers de la réserve, basée sur le modèle
du NPS découvert lors de son séjour au parc national
Olympique. « Dix rangers ont suivi la nouvelle
formation, ainsi que deux rangers qui ont obtenu leur
certificat de maître-chien », indique Gavin Shaw.
« On ne peut pas raconter par écrit ni montrer
dans un documentaire ce qui fait du parc national
Olympique un endroit aussi spécial. C’est la neige
dans vos bottes et l’air froid qui souffle autour de
vos oreilles. Ce sont ces matins frais des montagnes
et l’immense arrière-pays boisé », explique-t-il. «
Je ne peux qu’espérer que d’autres gestionnaires
africains auront l’honneur de participer à ce
programme, car nous avons beaucoup à apprendre
du Service des Parcs Nationaux américains. »
Colin Smith, Chef des rangers au parc national
Olympique, confirme que la visite de Gavin Shaw
au parc a constitué pour lui aussi une expérience
précieuse, ainsi que pour tous les employés du
parc avec lesquels il a travaillé. Il se souvient de
nombreuses et longues discussions sur la gestion
des personnes et le fonctionnement du parc.
« C’était impressionnant d’entendre Gavin décrire à
quel point l’infrastructure et le soutien dont il dispose
pour gérer son parc sont modestes. Il était très doué
et se débrouillait avec les petits financements et le
matériel limité qu’il avait à disposition. Il y parvenait
principalement en faisant preuve d’imagination, et
en explorant des stratégies innovantes pour faire
avancer les choses. Le fait que Gavin m’ait donné
à découvrir certaines de ces stratégies m’a permis
d’être davantage prêt à affronter la période actuelle de
réductions budgétaires », affirme le Chef des rangers.
Godson Kimaro, qui travaille au parc national
de Serengeti, en Tanzanie, est rentré avec de
nombreuses idées glanées durant son séjour au parc
national de Yellowstone en tant que boursier en 2013,
recommandant aux parcs africains d’adopter des
mesures telles que la formation et les techniques de
maintien de l’ordre, un meilleur équipement pour les
gardiens du parc, des pistes et des sentiers. Grâce
à cette initiative, un amphithéâtre devant abriter
des présentations est en cours de développement
à Serengeti, semblable à celui qu’il a découvert à
Yellowstone, mais avec une structure d’ombrage.
34
8
G. Shaw, Boursier du patrimoine mondial 2011, au Parc national Olympique ©Stephen Morris
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Un programme de bourses qui bénéficie aux sites du patrimoine mondial dans les pays en développement et aux parcs nationaux américains
« Le séjour ici de Godson Kimaro a constitué une
excellente expérience », selon Tim Reid, Chef des
rangers de Yellowstone. « Peut-être que la principale
chose que nous avons apprise est la confirmation que
la mission du NSP est noble, et que l’organisation du
NSP, en dépit de son caractère familial et des disputes
qui lui sont associées, fonctionne extrêmement bien
et s’appuie sur un personnel dévoué à sa mission. »
« Sur la base de mes connaissances de Serengeti, et
après le séjour de Godson, je pense que la grande
leçon que nous pouvons tirer de cette expérience
est que la valeur que le public confère aux parcs
nationaux, et notamment les communautés voisines,
est fondamentale pour le succès de la conservation
et de l’administration d’une aire protégée. Sans
valeur aux yeux du public et des communautés
voisines, les parcs connaitraient des difficultés »,
poursuit Reid. « Si le NPS est plus en avance à cet
égard que les parcs nationaux de Tanzanie, c’est
toutefois un point que nous devons continuer de
mûrir et de développer au niveau de l’agence. »
« Le programme des bourses du patrimoine
mondial favorise ce type de formation
mutuellement bénéfique, et permet au NPS de
tirer profit de nouvelles idées et perspectives
pouvant être appliquées à la gestion de nos
propres parcs », assure Stephen Morris, Chef
du Bureau des Affaires internationales.
Le financement initial du programme du Bureau
des Affaires internationales du NPS provient d’une
subvention de 30.000USD accordée en 2010
par la Fondation des Nations Unies au NPS, à
travers la National Park Foundation. Ces fonds
ont permis de régler les frais de transport, un petit
salaire, et la couverture d’assurance requise pour
les neuf participants. Des fonds et un soutien
supplémentaires ont été apportés pour quatre
boursiers par Tourism Cares, la George Wright
Society, et le Département de l’Intérieur. Les
35
8Un programme de bourses qui bénéficie aux sites du patrimoine mondial dans les pays en développement et aux parcs nationaux américains
parcs nationaux américains qui accueillent les
boursiers pourvoient aussi généralement à leur
hébergement sur le site. Le Bureau des Affaires
internationales recherche actuellement des sources
de financement supplémentaires, en vue de garantir
la continuation de ce programme au succès avéré.
Pour de plus amples informations, veuillez
consulter le Programme des bourses des
sites du patrimoine mondial du Bureau des
Affaires internationales du NPS sur
http://www.nps.gov/oia/new/New_Page/
WH_Fellowship.htm ou rendez-vous sur le site
de la National Park Foundation www.npf.org.
Boursier du patrimoine mondial
Site du patrimoine mondial Site d’accueil du NPS américain
Nuno Rodriguez Brésil, Parc national de Pantanal Parc national des Everglades
Bernard Ngoru Kenya, Parc national du Mont Kenya Parc national des volcans d'Hawaï
Gavin Shaw Afrique du Sud, Baviaanskloof Parc national Olympique
Gonzolo Rodriguez Pérou, Parc archéologique de Caral Supe Parc national de l'Indépendance
John Zulu Zambie, Parc national des Chutes Victoria Parc national du Grand Canyon
Jovel Ananayo Philippines, Rizières en terrasses Parc national des volcans d'Hawaï
Cameron Gill Saint-Kitts-Et-Nevis, Parc national de la forteresse de Brimstone Hill
Site historique national de San Juan, Porto Rico
Tameem Fuaad Ben Taher Libye, Site historique de Cyrene Parc national de Mesa Verde
Anoop K.R. Inde, Parc national de Keoladeo Parc national des Great Smoky Mountains
Ada Ruth Castillo Pérou, Machu Picchu Parc national des Everglades
Godson Kimaro Tanzanie, Parc national de Serengeti Parc national de Yellowstone
Nasser Al-Zawideh Jordanie, Aire protégée de Wadi Rum Parc national de Yosemite
Marc Jean-Baptiste Seychelles, Aldabra et Vallée de Mai Parc national du Grand Canyon
LES BOURSIERS DU PATRIMOINE MONDIAL
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
Nous travaillons sur la traduction en
langue espagnole des quatre manuels de
référence. Nous espérons qu’ils seront prêts
d’ici mi-février. Vous les trouverez sur
http://whc.unesco.org/fr/manuelsdereference/
RESSOURCES À PARAÎTREPROCHAINEMENT
La Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial
: l’évaluation environnementale et les Orientations
relatives aux études d’impact sur le patrimoine pour les
biens du patrimoine mondial culturel de l’ICOMOS seront
également publiées en français, en espagnol, et en arabe !
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9
Disponibles en format de document portable PDF®
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL | Lettre d’information 4
RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL
CONTRIBUTEURS:
Pamela Mac QuilkanRon van Oers Li HongAlessio ReAurora Méndez LlorenteCarol WestrikMa. Joycelyn B. MananghayaOliver AvramoskiDjafarou TiomokoDarlington MunyikwaJian ZHOU Ping KONG Jessica Brown Terence Hay-EdieTakahiko MakinoDina BakhoumStephen Morris Roxanne Dey
Cette lettre d’information a été développée avec le soutien financier de l’Office fédéral
de l’environnement de la Confédération suisse
COORDINATION:
Letícia Leitão
TRADUCTION:
Cécile Lacroix
CONCEPTION:
Tiago Marques (www.tmarq.com)
Lettre d’information 4
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