SOCIOLOGIE DE LA SANTÉ
COS EUROPE – 2017/ 2018
Sociologie générale / sociologie de la santé
Cours magistral – séance 1
Vivien BRACCINI Christophe HUMBERT associé au LISEC doctorant DynamE
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Introduction
I. Première partie : sociologie générale
- Expérience collective : le rôle des déterminants sociaux dans l’orientation post-bac
- Cadrage théorique succinct : entre choix libre et éclairé et illusion du choix quant à l’orientation scolaire : l’individualisme de Raymond Boudon, le déterminisme de Pierre Bourdieu.
- Réflexion collective et échange avec la salle quant aux éléments théoriques abordés : choisit-on librement ? Le fait d’être inscrits dans des groupes sociaux donnés détermine-t-il nos actions et nos choix sans que nous n’en soyons pleinement conscients ?
- une position intermédiaire : François Dubet et le sujet face à la socialisation
- Le suicide en tant que « fait social » selon E. Durkheim + échange collectif
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II. Deuxième partie : les déterminants sociaux de la santé
- Le rôle des déterminants sociaux sur la santé des populations. Auto-évaluation collective des connaissances.
- Approche socio-historique du rapport à la santé* émergence des questions de santé en tant que questions sociétales* La question de l’accès différentiel aux soins en tant que déterminant social de santé ?
- Échange collectif
- L’inscription des inégalités sociales dans les corps* Comment le social s’inscrit dans le biologique* De la naissance jusqu’à la mort…
- Exercice collectif : quels déterminants sociaux de santé pour M. Coté, Renée et Nadia ?
- Retours sur l’auto-évaluation collective initiale
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Hypothèses posées par les intervenants :
-Age moyen > 22 ans
- Majorité de femmes
- De « relativement » à « beaucoup » sensibles aux questions
environnementales
-Part importante de réorientation après une première année universitaire,
principalement en médecine. Plus rarement après une prépa, quasi aucune
première année BTS, DUT ou DE.
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-Part importante d’étudiants dont le père est de PCS « cadres et professions
intellectuelles supérieures »
- Part importante d’étudiants dont la mère est de PCS « Professions
intermédiaires » ou « sans activité professionnelle »
- Plus grande reconduction des lignées professionnelles parentales par les filles
(mère dans une profession intermédiaire du soin, père cadre supérieur)
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Des processus de sélection sociale masqués selon Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron
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« l'école reproduit les inégalités sociales à travers des méthodes et des
contenus d'enseignement qui privilégient implicitement une forme de culture
propre aux classes dominantes. La pratique du cours magistral, qui se fonde sur
l'usage d'un langage cultivé sans en dévoiler les mécanismes, induit une
"complicité cultivée" entre les enseignants et les élèves des milieux
culturellement favorisés, déjà accoutumés à ce type de rapport au langage.
Sous couvert d'universalisme, l'école leur permettrait en fait de faire fructifier le
"capital culturel" que leur transmettent leurs parents. Là où E. Durkheim voyait
la transmission de valeurs communes, P. Bourdieu et J.-C. Passeron dénoncent
une légitimation des inégalités, puisque l'école masquerait derrière un discours
sur l'égalité des chances des processus de sélection sociale qui aboutissent à
justifier ces inégalités par la sanction du diplôme scolaire. »
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Le postulat de l'acteur social rationnel selon Raymond Boudon
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« Mais l'analyse de P. Bourdieu et J.-C. Passeron a aussi été très tôt critiquée.
Dès 1972, dans un livre intitulé L'Inégalité des chances, Raymond Boudon
récuse la thèse déterministe des deux auteurs, qui posaient que les individus
agissent en fonction de "dispositions" sociales qu'ils ont inconsciemment "
intégrées" pendant leur enfance et qui dirigent leurs comportements. R. Boudon
part d'un postulat inverse : celui de l'acteur social rationnel, emprunté aux
théories économiques. De son point de vue, les inégalités sociales observées
dans les parcours scolaires sont le résultat de la juxtaposition de stratégies
divergentes, adoptées consciemment par les familles en fonction des
informations dont elles disposent et de leur manière d'évaluer les avantages et
les coûts d'une poursuite d'études [...] »
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« "L'éventualité de devenir, par exemple, instituteur, écrit R. Boudon, n'est pas
perçue de la même manière par le fils d'un ouvrier et par le fils d'un membre de
l'académie des sciences." Le fils d'ouvrier se satisfera d'un statut qui constitue
pour lui une progression sociale notable, alors qu'il anticipera négativement le
coût psychologique et financier d'études longues, ce qui ne sera évidemment
pas le cas du fils d'universitaire. Le phénomène de "reproduction" sociale
analysé par P. Bourdieu et J.-C. Passeron ne serait alors qu'un effet pervers
d'une accumulation de choix individuels rationnels (d'où le nom d'"individualisme
méthodologique" donné à cette interprétation), mais dépendants de la position
sociale initiale des acteurs. »
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Source :
https://www.scienceshumaines.com/la-sociologie-de-l-education-en-france_fr_5
010.html
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Kevin, 24 ans, est ouvrier chez Peugeot à Mulhouse. Il est fumeur,
consomme régulièrement des boissons alcoolisées. Il est fan de rap
français et de tuning. Il est père de deux enfants (1 et 3 ans).
Charles-Frédéric, 35 ans, est professeur d’histoire agrégé en lycée
général. Il est amateur d’opéra, de jazz et d’astronomie. Il « vapote »,
pour arrêter de fumer. Il est amateur de bon vin, mais limité sa
consommation. Il a un fils de 6 ans.
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- Pensez-vous que certains traits propres aux profils de Kevin et Charles-Frédéric soient
liés à des déterminants sociaux ? Si oui, lesquels ? Pensez-vous que ces déterminants
sociaux agissent de la même manière chez les autres membres des familles respectives
de chacun ?
- En vous référant aux théories évoquées précédemment, pensez-vous avoir choisi votre
orientation post-bac de manière totalement rationnelle, en ayant pleinement conscience
de l’ensemble des paramètres ?
- Plus largement, pensez-vous que nos choix se font toujours de manière totalement
éclairée ? Autrement dit, selon vous, le fait d’être inscrits dans des groupes sociaux
donnés détermine-t-il nos actions et nos choix sans que nous n’en soyons pleinement
conscients ?
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Subjectivation versus socialisation
« F. Dubet est d'ailleurs un des premiers à tenter de donner à ces nouvelles approches
un cadre théorique renouvelé. Dans A l'école. Sociologie de l'expérience scolaire, écrit en
1996 avec Danilo Martuccelli, il analyse la manière dont les élèves vivent ce qu'il appelle
leur expérience scolaire. Selon lui, la construction individuelle de la personnalité, ce qu'il
nomme la ""subjectivation", qui passe notamment chez les jeunes par la participation à
une consommation culturelle spécifique, entre en conflit au cours de la scolarité avec la
socialisation, c'est-à-dire l'imposition des normes collectives et la compétition scolaire.
Pour résoudre ce conflit, les élèves disposent de ressources différentes selon leurs
origines sociales. Cette tension entre subjectivation et socialisation est plus violente chez
les jeunes d'origine populaire, notamment en raison de l'écart entre leur culture familiale
et la culture scolaire, et peut expliquer leurs plus fréquents échecs. »
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Le suicide en tant que fait social selon Durkheim
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« Pour comprendre l'importance du Suicide, il faut déjà le replacer dans le contexte de son époque : point d'ordinateur, ni même de calculatrice, une science des statistiques encore rudimentaire... C'est avec papier et crayon et une arithmétique simple qu'Emile Durkheim (1858-1917) va produire cette enquête.
Pour cela, il va récolter ses données dans un nombre impressionnant de registres de statistiques officielles, en France, mais aussi en Prusse, en Angleterre, au Danemark... Il va chercher des corrélations, calculer des « coefficients de préservation » ou d'aggravation... Que ressort-il de son analyse ? Au xixe siècle, on se tue plus en ville qu'à la campagne, plus si l'on est un homme qu'une femme, si l'on est célibataire ou veuf que si l'on vit en famille, en temps de paix qu'en temps de guerre, et le taux de suicide varie aussi selon la religion : les protestants se suicident plus que les catholiques, et ces derniers plus que les juifs...
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[…] Durkheim établit alors une typologie des formes de suicide ; il distingue le suicide « altruiste », « égoïste » et « anomique ». Le premier est en perte de vitesse car il concerne des individus trop intégrés et qui ne supportent pas de faillir aux règles de leur groupe : les militaires de carrière, par exemple, se suicident plus que les civils.
Les deux autres, en revanche, sont symptomatiques des transformations sociales de l'époque. Ainsi, le suicide égoïste (que l'on appellerait plutôt aujourd'hui « individualiste ») provient, lui, directement d'un défaut d'intégration, d'une perte de repères, d'un isolement (veufs, célibataires). Et si les protestants se suicident plus que les catholiques, c'est que leur religion laisse davantage l'individu face à lui-même.
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Le suicide anomique (anomie = absence de normes), quant à lui, met en évidence certains dérèglements des sociétés modernes qui conduisent les individus à trop espérer et à ne plus être capables de contenir leurs désirs (comme par exemple certains industriels qui se sont enrichis trop vite...)
[…] Durkheim arrive alors à la conclusion que « le suicide varie en fonction inverse du degré d'intégration des groupes sociaux dont fait partie l'individu », et que l'augmentation du suicide constatée tout au long du xixe siècle est « l'indice d'une misère morale » due à l'affaiblissement des anciens cadres de sociabilité. »
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[…] Mais l'analyse de Durkheim va bien au-delà de ces constats. Car, celui que l'on considère aujourd'hui comme le père de la sociologie moderne a une idée en tête : ce qui l'inquiète, c'est de savoir comment se tisse le lien social dans les nouvelles sociétés industrialisées. Et pour lui, le suicide constitue un dysfonctionnement de ce lien social.
Mais pour cela, il lui faut déjà démontrer que le suicide est un « fait social » : il analyse alors méthodiquement les explications « psychopathiques », celles qui invoquent « la race » ou « l'hérédité », ou encore « les facteurs cosmiques » (le climat). S'il n'en nie pas l'importance, pour lui, ces facteurs cachent d'autres causes : si l'on est déprimé, cela peut venir de ce que l'on n'a plus de famille ; si on se suicide plus dans les régions du Nord que dans le Sud, ce n'est pas à cause du froid, mais parce que l'on s'enferme plus chez soi...
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https://www.scienceshumaines.com/le-suicide_fr_13009.html
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Pensez-vous que l’analyse de Durkheim sur le suicide soit encore valide
aujourd’hui ? Si oui, en quoi ? Si non, en quoi ? Pensez-vous qu’il soit
possible d’utiliser la grille de lecture durkheimienne pour analyser les
Situations, de plus en plus fréquentes de nos jours, de suicide au
Travail (en envisageant cette fois non plus la famille, mais la profession
comme une institution) ?
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II. Deuxième partie : les déterminants sociaux de la santé
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Le rôle des déterminants sociaux sur la santédes populations.
Auto-évaluation collective des connaissances.
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Émergence des questions de santé en tant que questions sociétales
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« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.
La possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale.
La santé de tous les peuples est une condition fondamentale de la paix du monde et de la sécurité ; elle dépend de la coopération la plus étroite des individus et des Etats.Les résultats atteints par chaque État dans l’amélioration et la protection de la santé sont précieux pour tous.
L’inégalité des divers pays en ce qui concerne l’amélioration de la santé et la lutte contre les maladies, en particulier les maladies transmissibles, est un péril pour tous.
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Le développement sain de l’enfant est d’une importance fondamentale ; l’aptitude à vivre en harmonie avec un milieu en pleine transformation est essentielle à ce développement.
L’admission de tous les peuples au bénéfice des connaissances acquises par les sciences médicales, psychologiques et apparentées est essentielle pour atteindre le plus haut degré de santé.
Une opinion publique éclairée et une coopération active de la part du public sont d’une importance capitale pour l’amélioration de la santé des populations.
Les gouvernements ont la responsabilité de la santé de leurs peuples ; ilsne peuvent y faire face qu’en prenant les mesures sanitaires et socialesAppropriées. »
Constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé, 1946
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« en donnant une caution à la diffusion très large, en particulier dans les pays du Sud, de pollutions industrielles dont les effets durables s'ajoutent aux maux multiples qui
caractérisent la santé dans les pays "endettés" de la planète. Alors que l'amiante était
connue depuis plus de trente ans comme un matériau cancérigène puissante, dans les
années quatre-vingt-dix, les organisations internationales (OIT, OMS) ont parrainé des
colloques et groupes de travail internationaux et cautionné leurs résultats, participant
ainsi d'une gigantesque opération de lobbying, conduite par l'industrie, dont l'objectif était
la réhabilitation de ce matériau, en dépit des connaissances acquises sur les risques qu'il
engendre » (Thébaud-Mony, 1996 : 36).
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« Quelle que soit l'échelle considérée, la rue, le quartier, l'arrondissement de Paris, ou les
départements, il réussit à mettre en évidence une relation entre la plus forte mortalité et la plus
grande misère, qui relègue à un rôle secondaire l'effet de l'élévation du sol, de sa nature, celui de
la concentration des constructions et même celui de la densité de population, contrairement à ce
que beaucoup pensaient alors » (Bourdelais, 2000 : 35).
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« la presse des notables a en effet sélectionné ce qui pouvait illustrer l'approche classique du
paupérisme, en particulier toutes les observations qui renforcent la thèse suivant laquelle la
dégradation morale est à l'origine de la misère ouvrière et non le développement de
l'industrialisation » (Bourdelais, 2000 : 36).
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La deuxième moitié du XIXe siècle est marquée par « l'intensification rationalisée de
l'exploitation des corps. Intensification qui se manifeste aussi bien par l'allongement des temps de
travail que par l'augmentation de la pénibilité des efforts exigés, sans préoccupation des dangers
encourus » (Fassin, 1996 : 86).
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La question de l’accès différentiel aux soins en tant que déterminant social de santé ?
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« il tient aussi au fait que la mort est considérée comme le terme d'un processus
dans lequel interviennent tous les éléments de la vie sociale et psychique qui se
sont inscrits dans le corps, notamment ceux qui ont un effet particulièrement
nocif sur le "capital santé" hérité par chaque être humain à sa naissance. D'où
l'idée que la différence dans la durée de vie est l'expression synthétique de
l'ensemble des inégalités sociales entre les groupes sociaux hiérarchisés et que
son usage n'est pas un pis-aller, mais correspond bien à une exigence théorique
forte » (Aïach, 2000 : 86).
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L'instituteur, « modèle de vertu, de vie bien réglée, de tempérance,
devenait ainsi un modèle social à proposer à tous. De façon
implicite, cela voulait dire que les limites de la mort sont davantage
reculées quand on règle sa vie selon les principes de modération et
de tempérance, plutôt que lorsqu'on possède argent et pouvoir »
(Aiach et alii, 1987 : 153).
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Si, comme on l'a vu plus haut, on peut considérer que les inégalités
différentielles de mortalité reflètent de façon synthétique l'ensemble
des inégalités sociales, peut-on considérer que les inégalités en
matière de recours aux soins sont un reflet fidèle des inégalités
sociales de santé ?
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L’inscription des inégalités sociales dans les corps
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Comment le social s’inscrit dans le biologique
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« Non seulement les disparités physiques entre les individus ne sont
pas fondées, de manière absolue en nature, dans une sorte d'essence
biologique de l'être humain, mais elles sont déterminées par les
inégalités que la société institue » (2000 : 13).
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« la longévité des femmes des pays développés ne doit pas faire oublier qu'en dehors de
notre monde industriel, les restrictions qui marquent l'accès et le recours des femmes au
système de soins ont des effets tout aussi pernicieux en termes de santé que les risques
spécifiques liés à la masculinité. Ainsi, 99 % des femmes qui décèdent chaque année du
fait de leur grossesse vivent dans les pays en voie de développement [...]
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[...] Dans de nombreux pays, où être une fille constitue un handicap social dès la
naissance, et même parfois avant, puisque l'échographie peut être maintenant utilisée à
des fins sélectives, les femmes ne bénéficient d'aucun bénéfice « biologique » : « il
meurt, en une année, plus de femmes au cours de l'accouchement, dans la seule ville de
Conakry, en Guinée, que dans la France entière » (Thonneau, 1995 : 318). »
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Les femmes « échappent aux conditions de travail des hommes lorsqu'elles sont au foyer
et, lorsqu'elles sont actives, ce qui leur est demandé est moins de l'ordre de l'épreuve
physique de force » (Aïach, 2001 : 143). En dehors du travail, elles partagent les mêmes
difficultés quotidiennes que leurs maris et c'est pourquoi « les conditions difficiles de vie
des femmes de ce milieu se traduisent par une mortalité supérieure à celle des femmes
de milieu social plus élevé et non pas à celle des hommes plus élevés socialement »
(Ibid.)
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Les femmes « échappent aux conditions de travail des hommes lorsqu'elles sont au foyer
et, lorsqu'elles sont actives, ce qui leur est demandé est moins de l'ordre de l'épreuve
physique de force » (Aïach, 2001 : 143). En dehors du travail, elles partagent les mêmes
difficultés quotidiennes que leurs maris et c'est pourquoi « les conditions difficiles de vie
des femmes de ce milieu se traduisent par une mortalité supérieure à celle des femmes
de milieu social plus élevé et non pas à celle des hommes plus élevés socialement »
(Ibid.)
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« Non seulement pour les femmes mais aussi pour les hommes, privés de leur
légitimation par le travail, la fécondité constitue une valorisation narcissique élective,
ainsi qu'un mode de défense contre le manque, l'abondance des corps se substituant à
l'abondance des biens » (Schwartz, 1990 : 136-139).
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De la naissance jusqu’à la mort…
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« à une époque de son histoire où la France a un besoin vital d'accroître sa population,
le premier devoir qui s'impose (...) est de sauvegarder l'existence des enfants qui
viennent au monde »
(Ordonnance n°45-2720 du 2 novembre 1945 sur la protection maternelle et infantile)
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La mortalité périnatale et la mortalité infantile ont considérablement
baissé dans les trente dernières du XXè siècle, passant
respectivement de 21,3 et 16 pour 1 000 naissances en 1972 à 7,4 et
4,9 pour 1 000 naissances en 1995. La prématurité a elle aussi
régressé - de 8,2 %, en 1972 à 5,6 %, en 1981 - mais elle a stagné
puisqu'elle est encore de 5,9 %, en 1995.
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https://www.mediapart.fr/journal/france/140118/pour-amazon-est-des-robots
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Selon vous, en quoi les conditions de travail décrites dans la vidéo
sont-elles pathogènes ? Pensez-vous que ce rapport à la flexibilité
soit vécu de la même manière dans tous les métiers qui reposent sur
ce principe (exemples vécu comme positif / négatif) ? Pensez-vous
que l’on puisse retrouver des difficultés similaires dans d’autres
métiers ? Lesquels ? Comment pourrait-on y remédier ?
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« En 1998, en réponse à une enquête nationale du Ministère du
Travail, 37 % des salariés français déclaraient travailler dans une
posture pénible. Ils n'étaient que 29 % en 1991, 16 % en 1984 »
(Gollac, 2001 : 29).
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« l'intensification du travail empêche les travailleurs de construire
un compromis entre les objectifs de la production, leurs
compétences et la préservation de leur santé. Ils doivent en effet
travailler de façon la plus rapide mais non la plus adaptée à leurs
spécificités personnelles. Ils ne peuvent faire varier leurs façons de
procéder pour limiter l'usure physique » (Gollac, 2001 : 32).
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« les facteurs professionnels sont une source majeure d'inégalités
sociales en matière de santé et pèsent d'un grand poids sur la santé
des populations. Ainsi on estime qu'environ le tiers des différences
sociales de mortalité par cancer dans les pays industrialisés (...) est
expliqué par l'exposition à des facteurs d'origine professionnelle, et
que cette fraction s'élève à 50 % pour les cancers du poumon et de
la vessie » (Goldberg, 2001 : 52).
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« le poids de la pathologie d'origine professionnelle est considérable bien que
très sous-estimé, socialement très inégalitaire et économiquement coûteux. Il
s'agit pourtant de problèmes contre lesquels il est souvent possible d'agir de
façon préventive : les mesures techniques ou organisationnelles sont souvent
connues, la législation française donne les moyens de les appliquer, la médecine
du travail et l'inspection du travail permettent de veiller à leur mise
en œuvre sur le terrain » (Ibid.)
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En ce qui concerne les cancérigènes, 18 % des ouvriers sont
concernés contre 9 % dans l'ensemble des salariés et la proportion
peut atteindre 39 % dans la fabrication des machines, 44 % dans la
réparation automobile et 50 % chez les ouvriers du bois (Volkoff et
Thébaud-Mony, 2000).
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1. La santé se définit comme l’absence de maladie ou d’incapacité.
Faux
La santé n’est pas la simple absence de maladie ou d’incapacité. Au contraire, la santé se définit comme une ressource de la vie quotidienne qui permet aux personnes de poursuivre des objectifs de vie et de jouer leurs rôles dans la société.
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2. Les choix et les comportements personnels, en particulier les habitudes de vie (alimentation, activités physiques, tabagisme, etc.), expliquent plus que tout autre facteur pourquoi des gens sont en meilleure santé que d’autres.
Faux
Certains facteurs qui influencent la santé relèvent des choix et des comportements adoptés par les individus. Toutefois, parmi l’ensemble des facteurs identifiés comme pouvant agir sur la santé, la majorité est constituée de déterminants sociaux de la santé, par exemple ceux en lien avec les conditions de vie des personnes.
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3. Il est ardu d’améliorer considérablement la santé des populations, car les principaux facteurs qui agissent sur la santé sont difficilement modifiables, tels que les facteurs environnementaux ou les caractéristiques biologiques et génétiques.
Faux
La majorité des facteurs qui influencent la santé sont des déterminants sociaux de la santé. Ce sont des facteurs produits par l’action humaine qui peuvent donc être modifiés. En ce sens, il est possible d’agir sur la plupart des facteurs qui affectent négativement la santé.
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4. Les facteurs sociaux qui influencent la santé sont méconnus, car ils ont un impact relativement minime sur la santé des individus et des collectivités.
Faux
Certaines actions visant à agir sur les déterminants sociaux de la santé peuvent avoir des effets positifs considérables sur la santé des individus et des populations. C’est notamment le cas des actions qui visent la réduction de la pauvreté, le soutien à l’éducation, l’accès à des logements sains et la création de liens sociaux.
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5. La santé d’une population est surtout influencée par sa capacité d’accès à des services de santé et de services sociaux ainsi que par la qualité de ces derniers.
Faux
Les services de santé et de services sociaux constituent un important déterminant de la santé. Toutefois, les meilleurs systèmes de santé et de services sociaux qui puissent exister n’arriveront jamais à faire en sorte que tous les individus d’une collectivité soient en parfaite santé. En effet, plusieurs autres facteurs sociaux influencent la santé d’une population et doivent être considérés.
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10. Pour améliorer la santé des individus et des collectivités, les intervenants du réseau de la santé et des services sociaux doivent s’attarder davantage aux caractéristiques individuelles comme les antécédents héréditaires ou biologiques, les connaissances sur la santé ou les compétences personnelles.
Faux
S’ils souhaitent favoriser la santé d’un plus grand nombre d’individus, améliorer la situation des plus démunis et générer des impacts positifs à long terme, les intervenants et futurs intervenants doivent agir sur les déterminants sociaux de la santé.
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6. Les écarts de santé s’observent surtout entre les pays riches et les pays pauvres.
Faux
Les écarts de santé s’observent entre pays, mais aussi au sein d’un même pays : entre des régions, des villes, des quartiers ou même des voisinages. À Montréal, par exemple, on observe un écart de l’espérance de vie d’en moyenne 10 ans entre les quartiers les plus riches et les plus pauvres.
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7. Les écarts de santé entre les sous-groupes d’une même population s’expliquent généralement par l’environnement naturel, l’hérédité et l’adoption de comportements sains et sécuritaires.
Faux
D’importants écarts de santé peuvent être observés entre des sous-groupes d’une même population alors que ceux-ci partagent le même environnement naturel, le même bagage héréditaire et les mêmes comportements. Ces écarts sont ainsi dus à des facteurs sociaux tels que les milieux familiaux, sociaux et de travail.
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8. Les écarts de santé entre des sous-groupes d’une même population sont naturels, normaux et immuables.
Faux
Les écarts de santé entre différents sous-groupes ne sont pas naturels : ils sont principalement le résultat des structures sociétales, en particulier de la hiérarchie sociale, qui font que plus la position sociale décline, moins l’état de santé est bon. Ils ne sont pas normaux, car ils proviennent de circonstances généralement indépendantes de la responsabilité des personnes. Enfin, ils ne sont pas immuables parce qu’ils découlent de processus sociaux sur lesquels il est possible d’agir.
SOCIOLOGIE DE LA SANTÉ
COS EUROPE – 2017/ 2018
9. On parle peu des actions pour réduire les écarts de santé parce que celles-ci sont généralement trop coûteuses et impossibles à soutenir à long terme.
Faux
Bien des actions pouvant contribuer à réduire les écarts de santé relèvent des domaines de la promotion de la santé, de la réduction des inégalités sociales et du développement des communautés. Ces actions ne seraient pas plus coûteuses que les actions qui se concentrent àsoigner les personnes malades. Des études indiquent même qu’à long terme l’adoption de ces actions serait économiquement avantageuse pour les collectivités.