Pour cette deuxième édition 2017 d’afmNews, vous aurez le plaisir
de retrouver vos rubriques désormais habituelles qui vous condui-
ront notamment à la rencontre de chercheurs expérimentés et pro-
metteurs, et vous permettront de découvrir la salle d’expérimentation
de l’Université de Lille 2 et de mieux appréhender les stratégies de
publication à l’international.
Bonne lecture à tous !
Sonia Capelli
Vice-Présidente afm Communication – Valorisation
Arnaud Rivière
Chargé de mission Responsable afmNews
Jérôme Boissel et Koffi Selom Agbokanzo
Equipe de rédaction
Alice Falchi
Graphiste
L’édito du président p.1 - 2
Retour en images p.14 - 15
Le coin des lecteurs p.17 - 18
A la une p.3 - 6
Focus sur p.7 - 9
Le dossier p.10 - 13
Save the date p.16
Trente-trois ans pour une association,
c’est le bel âge ! Signe de solidité et
de pérennité de nos institutions, mais
également signe de vitalité. Une nou-
velle année s’annonce et je souhaite-
rais, à titre personnel, remercier tous
les collègues qui s’impliquent avec moi
au service de la communauté (VPs,
SDG, chargés de mission et experts
afm). Au-delà de la réalisation du nou-
veau site de notre association - dont
les chiffres de fréquentation ont «
explosé » -, et de la mise en route de
nouvelles plateformes pour nos re-
vues, facilitant la soumission et leur
gestion respective, je souhaitais parta-
ger avec vous, en ce début d’année,
quelques projets et évènements à
venir :
L’internationalisation de la recherche. Nous poursuivons notre
collaboration avec l’AMS (l’Academy of
Marketing Science). Pour la première
fois, une dizaine de travaux co-écrits
par des collègues de l’afm et de l’AMS
seront présentés à la 2018 AMS An-
nual Conference à la Nouvelle Or-
leans.
La coopération avec d’autres associations. Nous avons depuis
une année des RDV réguliers avec
l’ADETEM. Cela va nous conduire,
dans les mois à venir, à proposer des
possibles axes de coopération en
matière d’actualisation des Hot topics
et en matière éditoriale, notamment.
“ ”
1
La proposition de nouveaux services pédagogiques. Au-delà
des mini-cas, lancés il y a quelques
mois, et dont nous félicitons les pre-
miers lauréats, nous travaillons actuel-
lement sur la mise à disposition de
liens vidéos à utiliser pour nos cours.
La valorisation et la diffusion de nos travaux de recherche. A
l’aide de nos experts, nous allons
continuer à diffuser de nombreux bil-
lets de blog et de nouvelles éditions de
tribunes de plus en plus percutantes.
La création de GIT (Groupe-ment d’Intérêt Thématique). Un
GIT-afm est un groupe de chercheurs
en marketing et/ou issus d’autres dis-
ciplines, intéressés par débattre, par-
tager, confronter des idées autour
d’une thématique de recherche en
marketing. Nous venons de lancer, à
titre expérimental, un premier appel à
projet. Les propositions peuvent être
envoyées jusque fin octobre.
L’identification de règles de bonne conduite en matière de production académique. Une
charte éthique est en gestation. Elle
nous permettra d’avoir des éléments
tangibles auxquels nous référer en
matière d’éthique des auteurs, des
relecteurs, des éditeurs et en matière
d’autoplagiat par exemple.
La participation et le rôle de l’afm au sein du collège scienti-fique des associations de la FNEGE. La voix de l’afm a été enten-
due. Ainsi, le poids et le rôle des asso-
ciations historiques (dont l’afm) seront
renforcés dans les prises de décision.
Ceci est important dans le cadre des
procédures de classement de la future
liste FNEGE (2019).
Enfin, de nouvelles éditions de RDV institutionnels auront lieu cette année. Il s’agit des rencontres
de l’afm au cours desquelles, il sera
notamment question d’intelligence
artificielle et de grounded theory, cet
automne, et bien sûr, du 34ème congrès de l’afm, que les collègues
strasbourgeois nous préparent avec
passion pour mai prochain !
S’il est important de se projeter, il est
également important de rendre hom-
mage à nos ainés, aux fondateurs de
l’afm. Je souhaiterais particulièrement
rappeler ici la disparition d’Elyette
Roux, qui aura marqué de façon im-
portante et durable la production
scientifique en Marketing, les institu-
tions au sein desquelles elle a travaillé
- que ce soit l’ESSEC ou l’IAE Aix
Marseille – les nombreux collègues
qu’elle a formés et côtoyés.
Voilà, la vie continue, les institutions
demeurent mais doivent se renouveler.
J’aurai ainsi l’honneur et le plaisir de
travailler cette année avec le nouveau
1er VP, Gilles Ngoala, qui prendra la
présidence de l’afm en mai prochain.
Un dernier petit mot pour vous souhai-
ter une bonne rentrée à tous !
2
René Darmon (Ph.D., Wharton,
Université de Pennsylvanie) a
débuté sa vie professionnelle
comme cadre commercial, en par-
ticulier à IBM-France, avant de
poursuivre une carrière
d’enseignant aux universités de
Laval (Québec), McGill (Montréal),
puis à l’ESSEC Business School
(Paris) où il a occupé les fonctions
de Directeur de la Recherche
(1992-2000), puis de Doyen du
Corps Professoral (2000-2003).
René Darmon a poursuivi ses re-
cherches essentiellement dans le
domaine du management des
forces de vente. Il est l’auteur de
plusieurs ouvrages sur le marke-
ting et sur la gestion commerciale
dont les plus récents sont Leading
the Sales Force : A Dynamic Ma-
nagement Process (2007, Cam-
bridge University Press) et Pilo-
tage de la fonction commerciale
(2012, Economica). Ses re-
cherches sur le management des
forces de ventes ont par ailleurs
été publiées dans les plus grandes
revues académiques du domaine
en Amérique du Nord et en Eu-
rope. Au cours de sa carrière, ses
articles et ses présentations aux
congrès académiques ont obtenu
18 prix et distinctions.
Cette année, l’American Marketing
Association lui a remis, lors de son
congrès national à San Francisco,
un Lifetime Achievement Award
3 3
pour sa contribution aux re-
cherches sur la gestion commer-
ciale.
Au cours de la cérémonie de re-
mise de cette distinction, René
Darmon a souligné qu’une telle
récompense devait être partagée
avec beaucoup de personnes qui,
par leurs actions et leur influence,
y ont largement contribué : famille
proche, anciens professeurs, col-
lègues, responsables
d’entreprises… sans oublier des
milliers d’étudiants. Une des
grandes leçons qu’il tire de son
expérience et qui a guidé
l’ensemble de sa carrière de cher-
cheur, d’enseignant et de consul-
tant est ce qu’il considère comme
une vérité fondamentale énoncée
par Kurt Lewin : « il n’y a rien de
plus pratique qu’une bonne théo-
rie ». Il a suggéré aux jeunes cher-
cheurs et aux nouveaux diplômés
de la discipline de construire des
théories utiles et surtout
d’enseigner aux futurs praticiens la
manière de les appliquer. C’est
selon lui l’une des meilleures fa-
çons de rapprocher davantage les
entreprises des Universités et des
Écoles de Management.
Le Professeur Darmon en bref :
Président de l’Association Fran-
çaise de Marketing (2000-2002)
Chevalier de l’Ordre National du
Mérite (2003)
18 prix et distinctions pour ses
articles et présentations aux
congrès académiques
Lauréat du Lifetime
Achievement Award de
l’American Marketing Associa-
tion (2017)
Auteur de Leading the Sales
Force: A Dynamic Management
Process (2007, Cambridge Uni-
versity Press) et Pilotage de la
formation commerciale (2012,
Économica)
4
Éloïse Sengès a reçu le prix de la
meilleure thèse AFM pour son
travail sur la prise en compte du
bien-vieillir, réalisé à l’Université
Paris-Dauphine, sous la direction
du Pr Denis Guiot.
Dans son travail doctoral, Éloïse
Sengès identifie les objectifs pour-
suivis par les séniors dans leur
quête du bien-vieillir en interro-
geant 1 500 séniors : des objectifs
d’ordre physique, sociaux, psycho-
logiques et financiers. Elle montre
également que la consommation
permet de remplir en partie ces
objectifs, et que les entreprises
doivent prendre en compte la di-
versité de ces aspirations et ne
pas se limiter à l’idée selon la-
quelle les séniors seraient uni-
quement en quête de santé et
d’autonomie physique. Selon
Éloïse Sengès, « jusqu’à présent,
dans notre société, les marques
étaient avant tout les partenaires
de la jeunesse. L’idée pour de-
main, c’est qu’elles soient aussi les
partenaires du bien-vieillir des
personnes âgées ».
Il n’y a pas si longtemps que cela
pourtant, on aurait eu du mal à
imaginer Éloïse Sengès travailler
sur les aînés. Mais après un par-
cours de 10 ans chez Cadbury /
Kraft Mondelez dans l’univers plus
jeune de la confiserie (avec des
5
comptes comme Malabar, Holly-
wood ou La Pie qui Chante),
Éloïse Sengès s’est dirigée vers
l’enseignement en école de com-
merce puis la recherche lors de
son inscription en Master Re-
cherche à Dauphine. En quête de
« quelque chose d’humain », son
projet doctoral en marketing lui a
permis de se rendre « utile socia-
lement ». En effet, son sujet de
recherche, qu’elle a élaboré avec
le Pr Denis Guiot, son directeur de
recherche à qui elle n’oublie pas
de rendre hommage – « un direc-
teur de thèse de grande qualité »,
lui a permis de travailler avec un
consortium qui travaille sur la perte
d’autonomie (AMISURE). Cette
opportunité de travailler en équipe
de recherche et de voir directe-
ment l’application dans la « silver
economy » a été déterminante
pour Éloïse Sengès, pour qui « la
connexion avec le monde profes-
sionnel et très importante ». A ce
titre, elle compte bien conserver
cet équilibre entre enseignement
(EDHEC, campus de Nice), re-
cherche appliquée et monde pro-
fessionnel puisqu’elle continue sa
recherche en partenariat avec
AMISURE.
Malgré toute son humilité et sa
modestie, Éloïse Sengès n’en
oublie pas les jeunes chercheurs.
Ses conseils ? « Choisir un sujet
qui compte pour soi, c’est impor-
tant car on est monomaniaque sur
un sujet et cela oriente notre car-
rière. Pour les personnes en re-
prise d’études, c’est un choix que
j’avais fait, donc c’était dur mais
exaltant. La difficulté de la thèse,
c’est qu’on est parfois un peu soli-
taire et à Dauphine, on est vrai-
ment très bien encadré ».
6
Si des dispositifs similaires existent au sein de laboratoires en psychologie expéri-
mentale, force est de constater que les salles d’expérimentation en sciences de
gestion restent rares en France et sont souvent liées à des institutions privées ou à
des partenariats public-privé. Après une première expérience réussie par Sorbonne
Universités-INSEAD, le laboratoire MERCUR (Université de Lille et Skema Busi-
ness School) a décidé de se lancer à son tour dans l’aventure du laboratoire expé-
rimental. Retour sur une initiative tout aussi originale que prometteuse.
Le laboratoire de mesure comporte-
mentale et sociétale en marketing
« Mercur-Blanchemaille » a officielle-
ment ouvert ses portes début octobre
et est installé au sein d’un incubateur
et d’une ruche d’entreprises spéciali-
sées dans le digital (Blanchemaille by
Euratechnologies). Ce centre d’étude
a été conçu comme un lieu à la fois de
recherche polyvalent et d’échange
avec l’environnement entrepreneurial.
UN LIEU DE RECHERCHE
POLYVALENT
La salle d’expérimentation dispose de
10 postes informatiques équipés de
logiciels de référence (The Observer
XT, Face Reader, Qualtrics, CMA,
Nvivo...) et des dernières technologies,
permettant de combiner les mesures
déclaratives et comportementales
(notamment physiologiques : eye
tracker, face reader...). Des caméras
fixes et mobiles permettent des
enregistrements multiples (réactions,
discussions...) et offrent la possibilité
de coder des discours et des compor-
tements. La diversité des dispositifs
proposés permet de collecter des
données aussi bien qualitatives (is-
sues de focus groups,
d’observations...) que quantitatives
(provenant d’expérimentations).
L’ambition affichée de ce centre
Photo extérieure (partie incubateur de Blanchemaille by Euratechnologies)
7
d’étude est d’accueillir des chercheurs
provenant d’horizons variés aussi bien
en termes de nationalités, d’institutions
de rattachement, de positionnement
épistémologique, de domaines de
recherche, et d’encourager ainsi les
co-publications dans des revues scien-
tifiques de haut rang.
UN LIEU D’ECHANGE AVEC LE
MONDE PROFESSIONNEL
De par son lieu d’implantation, la salle
d’expérimentation constitue un lieu
d’échange privilégié avec
l’environnement entrepreneurial et
amène les chercheurs à s’intégrer
dans un éco-système de soutien et de
valorisation des projets
d’entrepreneuriat dans la région Haut-
de-France. Maud Herbert, maître de
conférences et co-responsable du
projet, souhaite « co-construire des
projets de recherche à partir du vécu
et des besoins des acteurs écono-
miques et politiques », adopter « une
démarche d’écoute attentive vis-à-vis
des problématiques managériales et
sociétales que les entrepreneurs et
institutions peuvent nous apporter », et
développer « un programme
d’animation scientifique très riche afin
de favoriser les échanges ». La venue
de chercheurs de renommée interna-
tionale sera l’occasion, par le biais de
La création de cette salle d’expérimentation a pu bénéficier de l’opportunité d’un appel à projets pour équipements au sein de l’Université de Lille 2 et du lance-ment du projet Blanchemaille by Euratechnologies (incubateur accélérateur dédié au e-commerce). En plus d’apporter des fonds nécessaires à l’achat du matériel scientifique d’expérimentation, l’Université Lille 2 s’est fortement impliquée dans l’ensemble du montage du dossier. Son président, Xavier Vandendriessche, a d’ailleurs suivi de près l’évolution de ce projet. Deux autres sources de financement ont égale-ment permis le développement de cette salle d’expérimentation : la MEL (Métro-pole Lilloise), qui finance l’animation scientifique sur trois années, et le Conseil Régional des Hauts-de-France qui participe sous forme d’un financement FEDER, prenant en charge les frais de fonctionnement et de développement. L’existence même du laboratoire expérimental doit également beaucoup à la municipalité de Roubaix. Le plan de financement prévoit de pérenniser le lieu au bout de 3 an-nées d’existence. Au total, 24 mois ont été nécessaires pour concrétiser le projet, du montage du dossier au déblocage des fonds.
8
conférences thématiques, de faciliter
les ponts entre le monde de la re-
cherche et celui des entreprises.
D’un point de vue organisationnel et
opérationnel, un post-doc, le Dr. Julien
Bourjot-Deparis, a été recruté afin
d’assurer l’assistance technique du
lieu, le soutien aux animations scienti-
fiques et managériales. L’étendue des
compétences, nécessaires dans le
maniement des dispositifs proposés,
dépend des modalités de l’étude réali-
sée. Pour une étude « classique »,
consistant par exemple en
l’administration d’un questionnaire
informatisé, un chercheur pourra rapi-
dement évoluer en autonomie. Des
études plus techniques, utilisant par
exemple les technologies de détection
des émotions, nécessiteront cepen-
dant l’intervention d’un technicien
formé à la méthode. La salle a pour
vocation d’accueillir des publics et des
projets variés. Il est prévu que les
collectes de données réalisées en
collaboration avec un chercheur du
laboratoire MERCUR à des fins de
publications scientifiques se feront
gratuitement. Pour les chercheurs
extérieurs, il a été décidé d’un forfait
de collecte de données dont l’objectif
est d’amortir les coûts d’utilisation du
lieu. Prochainement, un comité
d’éthique sera mis en place afin de
répondre aux exigences des revues
qui demandent, pour les études com-
portementales, des gages en la ma-
tière. Ce comité éthique n’agira pas de
manière coercitive mais émettra un
avis dont les chercheurs pourront se
prévaloir.
ET POUR L’AVENIR ?
Le laboratoire expérimental n’en est qu’à ses balbutiements. L’espace a été équipé
et aménagé avec les technologies de pointe d’aujourd’hui mais des modifications
seront nécessaires à l’avenir afin de s’adapter aux évolutions des technologies, des
pratiques et des besoins (par exemple des lunettes mobiles et des équipements en
capteurs géo-localisables), garantissant la richesse et l’originalité des données
collectées.
Pour plus d’informations sur la salle d’expérimentation :
https://www.euratechnologies.com/blanchemaille-by-euratechnologies/
Contacts : [email protected] / [email protected] /
Nous tenons à remercier Mme Maud Herbert, maître de conférences à l’IMMD –
Laboratoire MERCUR et co-responsable de la salle d’expérimentation, pour
l’ensemble des informations fournies.
9
Qui n’a pas entendu l’histoire de notre fameuse « génération FNEGE », de ces
chercheurs français partis dans les années soixante-dix en terre américaine pour
faire un PhD et essaimer à leur retour en France les bonnes pratiques de recherche
en marketing ? Cette idée de l’obligation d’un passage à l’étranger pour parvenir à
publier dans des revues internationales relève-t-elle du mythe aujourd’hui ou existe-
t-il d’autres modèles de publication à l’international pour les chercheurs français
formés en France ? Pour comprendre ce phénomène, nous avons sollicité Sébas-
tien Soulez, maître de conférences à l’université Lyon3 et spécialiste des ap-
proches scientométriques, qui a analysé les publications de notre communauté.
Nous avons ensuite rencontré Mbaye Fall Diallo, Professeur des Universités à Lille
2, qui nous a fait part de son expérience en matière de diffusion internationale de
ses recherches.
Les incitations à la publication dans
des revues internationales n’ont fait
que se renforcer ces dernières années
dans la plupart des institutions
d’enseignement et de recherche en
management en France. Face à ce
constat, il semble légitime de se de-
mander quelle est la place des cher-
cheurs français à l’international et
quelles sont les stratégies payantes
pour parvenir à publier dans ces re-
vues.
UNE RECHERCHE FRANÇAISE
QUI S’INTERNATIONALISE
L’internationalisation de la recherche
française en marketing n’est, tout
d’abord, pas un mythe : dans les re-
vues internationales classées en mar-
keting, le nombre de publications
émanant de chercheurs français a été
multiplié par 20 entre 1975 et 2015 (on
passe de 4 articles publiés en 1975 à
78 articles en 2015). Dans le même
temps, le nombre total d’articles pu-
bliés dans ces revues a été multiplié
seulement par cinq (435 articles pu-
bliés en 1977 contre 2065 en 2013 par
exemple). La présence des chercheurs
français à l’international est donc bien
plus importante, surtout depuis 2007 :
pas moins de 165 chercheurs en mar-
keting ont publié pour la première fois
en 2007 ou dans les années qui sui-
vent au moins un article dans une
revue internationale classée (soit 50%
de l’ensemble des chercheurs ayant
publié à l’international). Au total, près
de 60% du total des articles publiés
dans des revues internationales par
des chercheurs français dans l’histoire
l’ont été sur la période 2007-2015.
10
A CHACUN SA ROUTE !
Il est possible de faire émerger une
typologie des chercheurs français
publiant à l’international, ainsi que des
éléments de stratégies pour réussir à
publier dans ces revues. A la marge, on trouve quelques au-
teurs qui ne visent que les revues les
mieux classées (JM, JMR, JCR,
MKS…), ce qui est la norme dans les
institutions internationales les plus
prestigieuses, et qui font une carrière
entière en ne publiant que dans ces
revues. La plupart des chercheurs les
plus productifs à l’international travail-
lent pour des institutions étrangères ou
pour un nombre restreint de grandes
écoles. Ils ont, en outre, très souvent
un PhD obtenu à l’étranger, ce qui
confirme l’importance des réseaux
internationaux dans la capacité à pu-
blier dans des supports anglo-saxons.
On retrouve ici la bonne vieille straté-
gie du PhD à l’étranger…
Rien n’est perdu pour ceux qui ont
choisi d’étudier en France, puisque
d’autres alternatives pour publier à
l’international existent bel et bien au-
jourd’hui.
« la stratégie du 3-4 » : la stratégie
la plus courante est de viser des re-
vues de rang peu élevé (rang 3 ou
4 dans le classement FNEGE) ;
« la stratégie communautaire » :
Une stratégie payante semble être
d’intégrer une communauté qui
permet l’accès à la fois à des coau-
teurs et à la maîtrise des codes né-
cessaires à la publication ;
« la stratégie de spécialisa-
tion » : Certains chercheurs ne pu-
blient que dans certaines revues,
appartenant à un domaine très spé-
cialisé (la distribution, la communi-
cation, le comportement du con-
sommateur, etc.).
PUBLIER ENTRE FRANÇAIS
Enfin, les pratiques de co-publication
ont évolué : alors que la co-publication
avec des chercheurs étrangers étaient
la norme, on trouve de plus en plus
d’équipes de (jeunes) chercheurs
français qui parviennent à publier dans
des revues internationales, parfois, fait
nouveau pour ce public, dans
d’excellentes revues.
Source : tous les articles de recherche écrits ou co-écrits par des auteurs de nationa-
lité française depuis 1925 et jusqu’à fin 2015 dans l’une des 43 revues internatio-
nales classées en marketing à la fois par le CNRS, le HCERES et la FNEGE.
} La base de données contient 958 articles.
} Ces articles ont été signés par 538 auteurs français, dont 338 sont des cher-
cheurs en marketing (53% travaillant pour une Université, 32% pour une école et
15% pour une institution étrangère).
11
afmNews - Vous avez publié un
grand nombre d’articles et même
des chapitres d’ouvrages à l'inter-
national. Pouvez-vous nous présen-
ter votre démarche et votre straté-
gie lorsque vous souhaitez commu-
niquer à l'international ?
Mbaye Fall Diallo – Il est difficile de
résumer ma démarche de publication
en quelques lignes, mais elle s’appuie
sur trois piliers : (1) partir d’un sujet
avec un potentiel managérial avéré au
niveau international ; (2) trouver un
ancrage théorique ; et (3) utiliser des
outils méthodologiques solides.
Je fais aussi attention à certains dé-
tails pratiques qui aident à éviter le
« desk reject » : citer au minimum
quatre articles (dont deux récents)
publiés dans la revue-cible, lire attenti-
vement le premier éditorial du rédac-
teur en chef de la revue suite à sa
nomination, vérifier la liste des
membres du Comité de lecture de la
revue pour voir qui est spécialiste du
sujet traité, faire relire le projet par
deux collègues avec différents niveaux
de compétence sur le sujet, faire le
copy-editing du projet (…).
afmNews - A l'international, vous
publiez à la fois individuellement et
collectivement. Pouvez-vous nous
présenter les avantages et les in-
convénients du travail en solo et du
travail en co-signature dans une
perspective internationale ?
MFD – Oui, effectivement, pour un
tiers de mes publications j’ai travaillé
seul ; les deux autres tiers se répartis-
sent entre des publications où j’ai pris
le leadership (1/3) et des publications
issues d’une collaboration avec une
égale contribution des co-auteurs
(1/3).
Travailler seul permet de marquer un
territoire et prouver sa capacité indivi-
duelle à produire des travaux de
bonne qualité. Cependant, en travail-
lant toujours seul, on risque l’isolement
ou le manque de recul.
Le travail en co-signature s’inscrit dans
une logique de construction d’un ré-
seau et de mutualisation des compé-
tences. C’est très important en re-
cherche, mais des difficultés de coor-
dination peuvent se poser et rendre la
collaboration difficile. En ce qui me
concerne, j’ai la chance d’avoir
d’excellents co-auteurs dans
l’ensemble. Une bonne approche con-
siste à bien définir le rôle de chacun et
à fixer un agenda avec des deadlines
dès le début, mais tout en faisant
preuve de flexibilité en cas de nécessi-
té.
En bref, ces deux stratégies ont cha-
cune des avantages et des inconvé-
nients et doivent idéalement être com-
12
binées dans une logique
« d’optimisation ».
afmNews - En tant que spécialiste
du Retail Marketing, est-ce que le
fait de se spécialiser peut représen-
ter un avantage dans une stratégie
de publication à l'international ?
MFD – Le Retail Marketing me pas-
sionne car c’est dynamique. Il y a tant
de choses qui se passent dans ce
domaine et qui méritent une attention
particulière des chercheurs. Au-
jourd’hui, on ne peut plus rester dans
une logique généraliste si on veut
publier dans la plupart des grandes
revues internationales. Publier dans
ces revues exige désormais un niveau
de spécialisation assez élevé. En se
spécialisant, on parvient à apporter
des contributions plus pointues sur le
plan théorique et plus contextualisées
sur le plan managérial. Par consé-
quent, on va intéresser davantage les
rédacteurs en chef ou encore les éva-
luateurs.
Cependant, la spécialisation n’exclut
pas la transversalité interdisciplinaire.
Ainsi, mes travaux en distribution
s’appuient sur des cadres théoriques
issus de la psychologie, de la sociolo-
gie, ou encore de l’économie. Claire-
ment, il faut avoir un esprit de généra-
liste pour bâtir sa théorie, mais dans la
pratique il faut adopter une logique de
spécialiste pour présenter des résul-
tats intéressants. C’est comme cela
qu’on arrive à avoir de l’impact.
afmNews - Quel(s) conseil(s) don-
neriez-vous à un jeune chercheur
qui souhaiterait publier à
l’international ?
MFD – Le premier critère pour publier
à l’international en sciences de ges-
tion, c’est vraiment de travailler sur
des problématiques qui vont faire
avancer la recherche de manière signi-
ficative tout en apportant des solutions
concrètes aux entreprises / décideurs
publics.
L’utilisation d’une approche méthodo-
logique pertinente par rapport à la
problématique traitée sera également
déterminante.
Sur le plan stratégique, je résume mes
conseils en quatre points :
(1) Dès le début de la carrière ou de la
thèse, viser le plus haut possible et
surtout des conférences et des revues
internationales (anglophones). Cer-
taines de mes publications proviennent
de collaborations avec des personnes
qui avaient lu mes travaux et qui m’ont
contacté par la suite ;
(2) Travailler sur plusieurs projets en
même temps. En début de carrière, il
faut au minimum travailler simultané-
ment sur trois projets pour espérer
faire une ou deux publications par
année. Le processus de publication
est parfois aléatoire mais surtout long
(en moyenne deux ans entre le début
du projet et sa publication finale) ;
(3) Bien s’entourer de personnes com-
pétentes qui vont aider à avancer.
Idéalement, il faut travailler à la fois
avec des personnes très expérimen-
tées (souvent moins disponibles pour
la rédaction) et avec des personnes
plus disponibles pour aider dans
l’écriture ; et
(4) Construire un réseau (national et
international) personnel (via des
workshops, des conférences ou des
séjours de recherche). Je travaille
avec plusieurs chercheurs qui ont une
longue expérience des publications
internationales de haut niveau. De
plus, tous mes co-auteurs partagent la
même passion de publier à
l’international que moi. Au final, cela
me permet de multiplier mes chances
de publier à l’international. A plusieurs,
nous sommes toujours meilleurs !
13
LES RENCONTRES AFM
D’HIVER
Les 15 et 16 mars 2017, une soixantaine
de chercheurs et de praticiens du marke-
ting se sont retrouvés à la Maison des
Sciences de Gestion (Paris) dans le
cadre des rencontres AFM d’hiver.
Le but de ces rencontres est de favoriser
des échanges sur les problèmes actuels,
aussi bien sur les plans théoriques, mé-
thodologiques que pratiques. Ce qui
permet aux divers acteurs de la disci-
pline de rester à la pointe des nouveau-
tés dans leur domaine et de contribuer
au processus d’innovation.
FRENCH AUSTRIAN
GERMAN WORKSHOP 5 EME
ÉDITION
La 5ème édition du « French Austrian
German Workshop » s’est tenue dans le
« Sky Lounge » du centre de gestion des
entreprises de l’Université de Vienne
(Autriche) les 30 et 31 mars 2017. Elle
avait pour thème cette année « Les défis
de la culture ».
Autour d’un atelier sur le comportement
des consommateurs, des échanges ont
eu lieu entre les chercheurs franco-
phones et leurs collègues germano-
phones. Une conférence du Dr Robert
Zniva sur « les consommateurs les plus
âgés dans le commerce alimentaire »
s’est également tenue au Département
14
« Marketing et de la gestion des rela-
tions » de l'Université des sciences
appliquées de Salzbourg.
LE 33EME CONGRES
INTERNATIONAL DE
L’AFM - TOURS &
ORLÉANS
Le 33ème congrès international de
l’Association Française du Marketing
(AFM) s’est tenu les 17, 18 et 19 mai
2017 au Centre International de Con-
grès Vinci (Tours).
Au total, l’événement a réuni plus de
300 chercheurs et praticiens dans le
domaine du marketing et a suscité,
dans un climat convivial, de nombreux
échanges et réflexions sur des pro-
blématiques actuelles en marketing.
Outre les présentations des cher-
cheurs présents, plusieurs tables
rondes ont été organisées au cours de
ces trois jours afin de favoriser les
discussions avec les praticiens.
Ce congrès a été précédé du colloque
doctoral de l’afm, qui s’est déroulé le
16 mai 2017 à Orléans. Un colloque
qui a permis aux jeunes chercheurs
doctorants de présenter leur projet de
recherche et de bénéficier de
l’expertise de jurys composés
d’enseignants-chercheurs en marke-
ting.
15
LES RENCONTRES AFM D’AUTOMNE. Espace
de rencontre privilégié entre chercheurs et
professionnels de la communication et des
médias, les rencontres AFM d’automne auront
lieu les 15 et 16 novembre 2017 à l’IAE de
Paris. Les thèmes retenus pour cet évène-
ment sont : « grounded theory », « l'intelli-
gence artificielle » et « la convergence entre
le commerce et la communication digitale
(avec l'IREP) ». En savoir plus :
https://www.afm-
marketing.com/fr/content/rencontres-
dautomne-2017
12EME JOURNEE DE RECHERCHE EN
MARKETING HORLOGER. La 12ème journée de
recherche en marketing horloger est prévue
pour le 6 décembre 2017 à la Haute école de
gestion Arc à Neuchâtel (Suisse). Cette jour-
née de recherche aura pour thème phare :
« Marketing… l’intelligence digitale ». En
savoir plus : www.marketinghorloger.ch
Si vous souhaitez nous communiquer des
informations sur vos événements à venir,
des suggestions pour les prochains sujets
d’afmNews ou pour toutes autres re-
marques / questions, vous pouvez nous
joindre par mail à l’adresse suivante :
16
34EME CONGRES INTERNATIONAL DE
L’AFM. Le 34ème congrès international de
l’Association Française du Marketing (AFM)
se déroulera les 16, 17 et 18 mai 2018 à
l’EM Strasbourg. Il est organisé par l’équipe
du laboratoire HuManiS (EA 7308) et a
pour thème « Mobilités ». Vous envisagez
de participer à cet évènement d’échanges
entre les chercheurs et les praticiens en
marketing ? Vous souhaitez proposer une
communication ? Vous avez jusqu’au 10
décembre 2017 pour soumettre votre pa-
pier. En savoir plus : https://afm.em-
strasbourg. eu/congres-international-de-l-
afm-107507.kjsp
APPEL A CONTRIBUTIONS POUR LE
NUMERO SPECIAL RAM 2019. Vous avez
jusqu’au 8 janvier prochain pour soumettre
votre proposition d’article au numéro spé-
cial RAM 2019 : « Marketing et fertilisation
croisée ». Le rédacteur en chef invité est le
Pr Philippe Aurier. Il convient de préciser
que les manuscrits peuvent être soumis en
français ou en anglais. En savoir plus :
https://www.afm-
marketing.com/fr/content/numero-speci al-
2019-ram-marketing-et-fertilisation-croisee
APPEL A CONTRIBUTIONS POUR LE
NUMERO SPECIAL DM 2019. Vous avez
jusqu'au 30 septembre prochain pour sou-
mettre une proposition d'article au numéro
spécial 2019 de DM consacré au thème
suivant : "Marketing et santé : comment et
dans quelles limites 'marketer' la santé ?".
Les rédacteurs en chef invités sont le Pr
Karine Gallopel-Morvan et le Pr Dominique
Crié. Les manuscrits peuvent être soumis
en français ou en anglais. En savoir plus :
https://www.afm-
marketing.com/fr/content/appel-a-
contributions-numero-special-dm-2019
Catherine Lejealle et Thierry Delecolle, Editions Dunod (2017)
Sous la coordination d’Alain Decrop, Editions De Boeck (2017)
Vincent Chabault, Editions
Dunod (2017)
David Gotteland, Christophe Haon et Jean-Marie Boulé, Edi-tions Dunod (2017)
Nous avons sélectionné pour vous quelques ouvrages en marketing que vous
pouvez retrouver sur le site de l’afm (www.afm-marketing.com) :
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Richard Ladwein, Editions EMS (2017)
Sous la coordination de Domi-nique Roux et Lydiane Nabec, Editions EMS (2016)
Daniel Ray et William Sabadie, Editions Dunod (2017)
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