Titredel’éditionoriginale:Rule©2012,JenniferM.VoorheesLaprésenteéditionaétépubliéeenaccordavecl’éditeuraméricain:©2013,HarperCollinsPublishers,NewYorkImagedecouverture:©FotoliaCollectiondirigéeparHuguesdeSaintVincentOuvragedirigéparAudreyMessiaen©2016,HugoRomanDépartementdeHugoetCompagnie34/36,rueLaPérouse75116ParisDépôtlégal:mars2016ISBN:9782755625783

Celivreestdédiéàtousceuxquim’ontécoutéemeplaindrequ’ilmefallaitunnouveauprojetdevie.Etaussiàceuxquim’ontencouragéeàfairecequejefaisdemieux.J’essaied’écriresurce

quejeconnais,maisdefaçonunpeuplusromantiqueet idéalisée,alors jedédieégalementcelivreàtouslesvraisgarçons tatouésquiont faitpartiedemavieces dernières années et ont inspirémes

héros.

Chapitre1Rule

Audébut,j’aicruquelescoupsquej’entendaisvenaientdemoncerveau,quiessayaitdes’enfuirdemoncrâneaprèsladizainedeshotsdeCrownRoyalque jem’étaisenfilée laveille,mais j’ai finiparcomprendrequelebruitétaitcauséparquelqu’unquitournaitdansmonappartement.Elleétait là,et jemesuissouvenuavechorreurqu’onétaitdimanche.Peuimportaitcombiendefoisjeleluiavaisdit,oucombienj’étaismalpoliavecelle,oul’étatdedébaucheinfectedanslequelellemetrouvait,ellevenaitmecherchertouslesdimanchesmatinpourmetraînerjusqu’àlamaisonàl’heuredubrunch.Unfaiblegémissement,del’autrecôtédulit,m’arappeléquejen’étaispasrentrédubartoutseulhiersoir.Jenemesouvenaisnidunomdelafille,nideceàquoielleressemblait,nimêmesicelaavaitvalulecouppourelledevenirtituberdansmonappartement.J’aipasséunemainsurmonvisageet jeté lesjambeshorsdulitàl’instantmêmeoùlaportes’ouvraitbrusquement.Jen’aurais jamaisdûdonneruneclefàcettesalegosse.Jenemesuispasembêtéàmerhabiller;cen’étaitpas lapremière foisqu’elleentrait pourme trouver à poil avec la gueule de bois, et je ne voyais pas en quoi aujourd’hui seraitdifférent.Lafilledansmonlits’estretournéeetaplissélesyeuxenvoyantlenouveaumembredenotrepetitefêtegênante.-Jecroyaisquetuétaiscélibataire?Elleavaitditcettephrasecommeuneaccusationetlescheveuxsurmanuquesesonthérissés.Unefilleprêteàallerchezuninconnupourunenuitdesexesansattachesn’avaitpasledroitdemejuger,surtoutsielleétaitencorenueetemmitoufléedansmonlit.-Donne-moivingtminutes,dis-jeenpassantlamaindansmescheveuxdécoiffés,etlablondesurlepasdelaporteahausséunsourcil.-Jet’endonnedix.J’auraisvolontiers réponduàson ton etàsonattitude par un autre sourcil levé,mais j’avaismal aucrâneetlegesten’auraitserviàrien,elleétaitplusqu’immuniséecontremesconneries.-Jevaisfaireducafé.J’aiproposéàNashdevenirmaisilm’aditqu’ildevaitallerausalonpourunrendez-vous.Jet’attendsdanslavoiture.Ellea tournéles talonset,enuneseconde, iln’yavaitpluspersonnedansl’encadrementdelaporte.J’essayaispéniblementdemelever,jecherchaisàtâtonsunpantalonque j’auraispu jeterdans lecoinhiersoir.-Qu’est-cequ’ilsepasse?-J’avaisoubliélafilledansmonlit.J’ailâchéunjurondansmabarbeetaipasséuntee-shirtquiavaitl’airraisonnablementpropre.-Ilfautquej’yaille.-Quoi?J’aifroncélessourcilstandisqu’elles’asseyaitdanslelitettiraitledrapsursapoitrine.Elleétaitjolie

etavaitunbeaucorps,d’aprèsceque jepouvaisvoir. Jemesuisdemandéceque j’avaisbienpu luisortirpourqu’ellerentreavecmoi.Ellefaisaitpartiedecellesauxcôtésdequijeneregrettaispasdemeréveiller.-Jedoisallerquelquepart,alorsilfautquetutelèvesetquetupartes.Simoncolocavaitété là, tuauraispuresterencorecinqminutes,maislà ilbosse,donc il fautque tu rhabillesce joliculetque tusortesd’ici.-Tutefousdemoi!?m’a-t-ellesortienmepostillonnantunpeudessus.Je l’ai regardéepar-dessusmonépaulependantque je cherchaismesbottines sousunepilede lingesale,puisjelesaienfilées.-Non.–Tuesquelgenredeconnard,pourfaireça?Mêmepasunpetit«mercipourhiersoir,c’étaitsuper,ons’appelle,onsefaitunebouffe»?Juste«tire-toi»?Elleaenlevéledrapetj’airemarquéqu’elleavaitunbeautatouagequicouraitsursescôtes.C’étaitprobablementcequim’avaitattiré,dansmonhébétementimbibé.-Tuesvraimentuncas,tulesais?J’étaisbienplusqu’uncas,maiscettefille,uneparmitantd’autres,n’avaitpasbesoindelesavoir.J’aimauditNashintérieurement.Moncolocétaitgénial,onétaitmeilleurspotesdepuisl’écoleprimaireet,généralement, jepouvaiscomptersur luipourmecouvrirquand jepartais ledimanchematin,maisj’avais oublié qu’il finissait unegrossepièceaujourd’hui.Cela voulait dire que j’étais tout seul pourfairesortircettemeufetmebougeravantque lasalemômenepartesansmoi,cequi représentait uneprisedetêtedontjemeseraisbienpassé,vumonétat.-Eh,commenttut’appelles,aufait?Siellen’étaitpasénervéeavant,làelleestdevenuetoutbonnementfurieuse.Ellearemissajupenoiretrèscourteetundébardeurquasi inexistant.Elleaattachésamassedecheveux teintsenblondetm’alancéunregardnoircernédemascaradégoulinant.-Lucy,tunetesouvienspas?J’aipasséduproduitdansmescheveuxpourqu’ils tiennentdans tous les sensetvaporiséunpeudeparfumpourmasquerl’odeurdesexeetd’alcoolquimecollaitsûrementàlapeau.J’aihausséuneépauleetattendutandisqu’ellesautaitàcloche-pieddevantmoipourenfilerunepairedetalonsquicriaient«jesuisunecochonne».-Moi,c’estRule.Je luiauraisbien serré lamainmais celam’a paru bête, alors je lui ai simplementmontré la ported’entréeetjesuisallémebrosserlesdentsdanslasalledebains,pourmedébarrasserdugoûtrancedewhiskydanslabouche.-Ilyaducafédanslacuisine,tupeuxnotertonnuméroetjet’appelleraiuneautrefois.Ledimanche,cen’estpasmonjour.Ellenesaurait jamaisàquelpointcettephraseétaitvraie. Elleme fixait en tapant du pied dans sessuperchaussures.-Tun’asvraimentaucuneidéedequijesuis,hein?Cettefois,mêmecontrelavolontédemoncerveauensouffrance,monsourcils’esthaussétoutseuletjel’airegardéelabouchepleinededentifrice.Jel’aifixée jusqu’àcequ’elles’énerveetmemontresonflanc.-Tudoisaumoinsterappelerdeça!Voilàpourquoi j’aimais autant son tatouage, c’était un desmiens. J’ai recraché le dentifrice dans lelavabo et ai jeté un coup d’œil àma tête dans lemiroir. Je ne ressemblais à rien. Mes yeux étaient

embuésetcerclésderouge,mapeauavaituntongrisâtreetj’avaisunsuçondelatailledeRhodeIslanddans lecou.Mamèreallaitadorercela, toutcommeelleallait semettredans tous ses états envoyantl’état actueldemes cheveux.Normalement, ilssontnoirsetépais,mais j’avais rasé les côtés et teintl’avantenvioletvif,etilstenaientsibiendeboutqu’onavaitl’impressionqu’ilsavaientétécoupésàladébroussailleuse.Mesparentsavaientdéjàunsouciavec l’encrequis’enroulaitautourdemesbrasetdansmoncou,alorslescheveux,c’étaitlacerisesurlegâteau.Jenepouvaispasfairegrand-chosepourrattraper lacatastrophequ’étaitmonrefletdans lemiroir, aussi je suis sorti de la salledebains et aiattrapélafilleparlecoudepourlatirerjusqu’àlaportesanscérémonie.Ilfallaitquej’apprenneàallerchezellesplutôtquedelesramenerchezmoi;c’étaittellementplussimple.-Écoute,jedoisallerquelquepartetçanemefaitpasparticulièrementplaisirdedevoirpartir,maispéteruncâbleetfaireunscandale,çaneserviraàriensaufàmemettresurlesnerfs.J’espèrequetuaspasséunebonnesoiréehierettupeuxmelaissertonnuméro,maisonsaittouslesdeuxqueleschancesquejeterappellesonttrèsminces.Situneveuxpasêtretraitéecommeunemerde,tudevraispeut-êtrearrêterdepasserlanuitchezdesmecsbourrésquetuneconnaispas.Crois-moi,onnecherchequ’uneseulechose,etlelendemainmatin,cequ’onveut,c’estquetupartessansfairedebruit.J’aimalaucrâne,j’ail’impressionquejevaisgerber,etjevaispasseruneheuredansunevoitureàcôtédequelqu’unquimedétestesournoisementetcomplotejoyeusementpourmetuer,donc,sérieux,onpeutzapperlacomédieetsebouger?J’avaiseuletempsd’amenerlafillejusqu’àl’entréedel’immeuble,etj’aivul’autrem’attendredanslaBMWàcôtédemonpick-up.Elles’impatientaitet elle allait partir sansmoi si je perdais encore dutemps.J’aiadresséundemi-sourireàLucyethausséuneépaule ;après tout,cen’était pas sa faute sij’étaisunconnard,etjesavaisqu’elleméritaitmieuxqu’unadieuaussiexpéditif.-Écoute,ilnefautpast’envouloir,jepeuxêtreungroscharmeurquandjem’ymets.Tuesloind’êtrelapremièreettuneseraspasladernièreàvoircettepetitescène.Jesuiscontentquetontatouagesoitaussiclasse,etjepréféreraisquetutesouviennesdemoipourçaplutôtquepourhiersoir.J’ai descendu lesmarchesen trottinantetsans regarder derrièremoi, et j’ai ouvert la portière de laBMW noire clinquante. Je détestais cette voiture et je détestais qu’elle soit aussi bien assortie à saconductrice. Classe, soignée et chère, troismots qui pouvaient parfaitement décrire ma compagne deroute.Alorsquenoussortionsduparking,Lucyacriéquelquechoseetm’afaitundoigtd’honneur.Monchauffeuralevélesyeuxaucieletmarmonné«Charmant»entresesdents.C’étaitunehabituéedespetitsscandalesquelesfillesfaisaientquand jemedéfilais le lendemainmatin.Une fois, j’avaismêmedûremplacerson pare-brise car l’une d’entreellesm’avaitjetéuncailloualorsquejepartais,etm’avaitloupé.J’ai reculé lesiègepour fairede laplaceàmes longues jambes etme suis installé, la tête contre lavitre. C’était toujours un long trajet, et douloureusement silencieux. Parfois, comme aujourd’hui, celam’arrangeait,parfoiscelam’étaitinsupportable.Nousétionschacununecomposantedelaviedel’autredepuislecollège;elleconnaissaittoutesmesqualitésettousmesdéfauts.Mesparentsl’aimaientcommeleurproprefilleetnesegênaientpaspourmontrerqu’ilspréféraientsouventsacompagnieàlamienne.Onpourraitpenserqu’avectoutcepassif,bonetmauvais,nousserionscapablesdebavarderquelquesheuressanstropdedifficulté.-Tuvasmettrelasaloperiequ’ilyadanstescheveuxsurmavitre.Savoixn’allaitpasaveclereste,elleétaitfaitedecigarettesetdewhisky,alorsqu’elleétait toutenchampagneetsoie.J’avaistoujoursaimésavoix.Quandons’entendaitbien,jepouvaisl’écouterpendantdesheures.JelaporteraiauLavomatic.Cela l’a fait ricaner. J’ai fermé les yeux et croisé les bras. Je me préparais à un trajet muet, mais

apparemmentelleavaitdeschosesàdireaujourd’hui, cardèsquenous sommesentrés sur l’autorouteelleabaissélaradiopourmedire:-Rule…J’ailégèrementtournélatêteetouvertunœil.-Shaw.Sonnométaittoutaussiclassieuxquelerestedesapersonne.Elleétaitpâle,avaitdescheveuxblondsclairscommede laneigeetdegrandsyeux verts comme des pommesGranny Smith. Elle était petite,facilement trente centimètres de moins que mon mètre quatrevingt-dix, mais avait des formesinimaginables. C’était le genre de fille que les mecs regardaient parce qu’ils ne pouvaient pas s’enempêcher,mais dès qu’elle posait ses yeux verts glacés sur eux, ils savaient qu’ils n’avaient aucunechance.Elleavaituneaurad’inaccessibilité,toutcommecertainesfillesavaientuneaurade«viensmechercher».Elleasoupiréetj’airegardéunemèchedesescheveuxvolersursonfront.Ellemeregardaitducoindel’œiletjemesuistenduquandj’aivucombiensesmainsétaientcrispéessurlevolant.-Qu’est-cequ’ilya,Shaw?Elleamordusalèvreinférieure,signeindéniablequ’elleétaitstressée.-J’imaginequetun’aspasréponduàtamèreautéléphone,cettesemaine?Je n’étais pas vraiment proche de ma famille. En fait, notre relation tenait plutôt de la tolérancemutuelle,c’estpourquoimamèreenvoyaitShawmechercherchaqueweek-end.Nousvenions tous lesdeux d’une petite ville appelée Brookside, dans une région cossue duColorado. J’avais déménagé àDenverdèsquej’avaiseumonbac.Shawétaitplusjeunemaisellenesouhaitaitriendeplusaumondequ’entreràDU(UniversitédeDenver).Cettefilleressemblaitàuneprincessedecontedefées,maisenpluselleétaitpartiepourdevenirdocteur,rienqueça!Mamèresavaitqu’iln’yavaitpasmoyenquejefassedeuxheuresderoutealler-retourpour lesvoir leweekend,maissiShawconduisaitetvenaitmechercher,nonseulementjem’enseraisvouludeluifaireperdredutemps,maisenplusjen’avaisaucuneexcusepournepasvenir.Shawpayaitl’essence,attendaitquejesortepéniblementdemonlitettraînaitmesfessesjusqu’àlamaisontouslesdimanches,etdepuisdeuxans,ellenes’étaitpasplainteuneseulefois.-Non,j’aiétéoccupétoutelasemaine.C’étaitvrai,j’étaisoccupé,maisdetoutefaçonjen’aimaispasparleràmamère,aussiavais-jeignorésestroiscoupsdefil.Shawasoupiréetsesmainssesontencoreserréesdavantagesurlevolant.-Ellet’appelaitpourtedirequeRomeestblessé.L’arméel’arenvoyéàlamaisonpoursixsemainesdeperm.TonpèreestdescenduàlabasedeColoradoSpringshierpourleramener.Jemesuisredressésivitesurmonsiègequejemesuiscognélatêtecontre le toitde lavoiture.J’ailancéunjuronetaimassél’endroitdematêtequimedonnaitencoreplusmalaucrâne.Quoi?Commentça,ilestblessé?Romeestmonfrèreaîné. Ila troisansdeplusquemoietapasséunebonnepartiedessixdernièresannéesàl’étranger.Nousétionstoujoursprocheset,mêmes’iln’aimaitpasladistancequej’avaispriseavecmesparentscesdernièresannées,j’étaissûrques’ilétaitblessé,ilm’auraitdonnédesnouvelles.– Je ne sais pas trop, Margot m’a dit qu’il était arrivé quelque chose à son convoi pendant unepatrouille. Il a euunaccident assezgrave, je crois.Ellem’aditqu’il avait unbrascassé et quelquescôtesfêlées.Elleétaitchamboulée,j’aieudumalàtoutcomprendrequandellem’aappelée.-Romem’auraitappelé.-Romeétaitsousmédocs,etilapassélesdeuxderniersjoursàfairedescomptesrendus.Ilademandé

àtamèred’appeler,parcequevousautres,lesfilsArcher,vousêtesplusqu’obstinés.Margot luiaditquetunerépondraispas,maisilluirépétaitd’essayer.Monfrèreétaitblessé,maisilétaitàlamaison,etjen’étaispasaucourant.J’airefermélesyeuxetailaissématêtetombercontreledossier.-Ehbien,onvadirequec’estunebonnenouvelle.Tuvaspasservoirtamère?Jen’aipaseubesoindelaregarderpoursavoirqu’elleétaitencoreplus tenduequ’avant.Jepouvaispresquesentirlatensionémanerd’elleparvaguesglacées.-Non.Ellen’arienditdeplus,etcelanem’apassurpris.LesArchernesontpeut-êtrepaslaplussolidairenila plus chaleureuse des familles, mais nous n’avons rien à envier aux Landon. La famille de Shawrespirait de l’argent et chiait de l’or. C’était aussi des tricheurs et desmenteurs. Ses parents avaientdivorcé,s’étaientremariés,etd’aprèscequej’avaisvuavecletemps,ilsnes’intéressaientpasoupeuàleur fillebiologique,conçueà lasuited’uneuniondécidéedevantunedéclarationd’impôtsplutôtquedans une chambre. Je savais que Shaw adorait ma maison et qu’elle aimait mes parents car ilsreprésentaient le seul semblant de normalité qu’elle connaissait. Je ne lui en voulais pas, d’ailleursj’appréciaisqu’elle fasse tomber lapressionquipesaitsurmoi. Si Shaw réussissait à l’école, sortaitavec un riche étudiant, vivait la vie que mes parents avaient toujours voulue pour leurs fils, ils melaissaient tranquilles.CommeRomeétaitsouventéloignéd’uncontinentoudeux, ilsnepouvaient s’enprendrequ’àmoi,alorsjen’avaispashonted’utiliserShawcommebouclier.-Çafaittroismoisquejen’aipasparléavecRome.Çavaêtregénialdelevoir.JemedemandesijepeuxleconvaincredevenirpasserunpeudetempsàDenveravecNashetmoi.Ilasûrementbienbesoindes’amuser.Elleasoupiréunenouvellefoisetamontélesondelaradio.-Tuasvingt-deuxans,Rule,quandest-ceque tuarrêterasde jouerà l’ado?Est-ceque tu lui as aumoinsdemandésonnom,àelle?Etaucasoùtuvoudraislesavoir,tonodeurcorporelleestunmélangeentreunedistillerieetunclubdestrip-tease.J’airicanéetlaissémesyeuxserefermer.-Tuasdix-neufans,Shaw.Quandest-cequetuarrêterasdevivretavieselonlesexigencesdesautres?Magrand-mèreaquatre-vingt-deuxans,elleauneviesocialeplusactiveque toiet jecroisqu’elleestmoinscoincée.Jeneluiaipasparlédesonodeurcarelleétaitdouceetagréableetquejen’avaispaslamoindreenvied’êtregentil.Jesentaissonregardnoirposésurmoietj’aicachéunsourireencoin.-J’aimebienEthel.Sontonétaitmaussade.-ToutlemondeaimeEthel.C’estunebattanteetelleneselaissepasmarchersurlespieds.Elleauraitdeuxoutroisleçonsàt’apprendre.-Oh,jedevraispeut-êtremeteindre lescheveuxenrose, tatouerchaquepartievisibledemoncorps,fourrerpleindemétaldansmonvisageetcoucheravectoutcequibouge?C’estça,taphilosophiepouruneviericheetépanouissante?Celam’afaitrouvrirlesyeuxetlafanfaredansmatêteacommencésasecondeparade.-Aumoins,jefaiscequejeveux.Jesaisquijesuisetcequejesuis,Shaw,etjenevaispasm’excuserpourça.J’entendsbeaucoupdeMargotArchersortirdetajoliepetitebouche.Seslèvressesonttiréesenmêmetempsqu’ellefronçaitlessourcils.-Bref,onpeutcontinueràs’ignorer.Jeme suis juste dit qu’il fallait que tu saches pour Rome. LesArchern’ontjamaisététrèsversésdanslessurprises.Elle avait raison.D’aprèsmon expérience, les surprises n’étaient jamais une bonne chose. Elles se

terminaientgénéralementparunepersonneénervée, etmoidansunebagarre. J’aimaismonfrère,maisj’admetsquej’étaisassezcontrariéque,d’une,iln’aitpasjugéutiledemedirequ’ilétaitblessé,etdeux,qu’ilessayeencoredem’obligeràjoueraugentilavecmesparents.Jemesuisaffaléautantque lepermettaitsapetitevoituredesportetaicommencéàsomnoler.Jenedormaisquedepuisunevingtainedeminutesquandj’aiétéréveilléparsontéléphonequichantaitTheCivilWars.J’aiclignédesyeuxetpasséunemainsurmabarbedetroisjours.Simescheveuxnesuffisaientpasàénervermamère,lefaitquejesoistropoccupépourmeraseravantsonbrunchdominicalpourraitbienlarendrehystérique.-Non,jet’aiditquej’allaisàBrooksideetquejerentraistard.Jel’airegardéeetelleadûlesentir,carellem’alancéunregardrapideetj’aivulerosemontersursespommettesrelevées.-Non,Gabe,jet’aiditquejen’auraipasletemps,etj’aiunTPàrendre.Jenepouvaispasdéchiffrersesmotsmaisceluiquiétaitàl’autreboutdufilavaitl’airencolèredesefairerembarrer.J’aivusesdoigtsseresserrersurletéléphone.-Çaneteregardepas.Ilfautquejetelaisse,maintenant,onparleraplustard.Elleapasséundoigtsurl’écranetjetésonportableclassedansleporte-gobeletàcôtédemongenou.-Ilyadel’eaudanslegaz?Sijenem’intéressaispasvraimentàShawetàsoncopainrichecommeCrésus,futurmaîtredumondeconnu,ilauraitcependantétémalpolideneriendirecarelleétaitvisiblementénervée.Jen’avaisjamaisrencontréGabemais,d’aprèscequemedisaitmamère,quandjel’écoutais,ilétaittaillésurmesurepours’accorderaupersonnagedeShawfuturemédecin.Sa familleétaitpleineauxas, toutcommecelle deShaw:sonpèreétaitjuge,ouavocat,ouunebêtisepolitiquedecegenredontjemefous.J’étaiscertain,sansl’ombred’undoute,que lemecportaitdespantalonsavecunplisur ledevantetdespolos rosesavecdesmocassinsblancs.Pendantun longmoment, j’aicruqu’ellenerépondraitpas,maiselles’estéclaircilavoixets’estmiseàtapotersurlevolantavecsesonglesmanucurés.-Pasvraiment,ons’estséparés,maisjecroisqueGabenecomprendpas.-Ahbon?-Oui,ilyadeuxsemaines,enfait.J’ypensaisdepuisunmoment.Avecl’écoleetleboulot,jesuistropoccupéepouravoiruncopain.-Siçaavaitétélebon,tun’auraispasréagicommeça.Tuauraistrouvédu tempsparceque tuauraisvouluêtreaveclui.Ellem’aregardéaveclessourcilslevésjusqu’enhautdesonfront.-Êtes-vous,monsieurlequeutarddusiècle,entraindemedonnerdesconseilsenamour?J’ailevélesyeuxauciel,cequiaprovoquéunhurlementdeprotestationssousmoncrâne.-Certes,iln’yapasunefilleavecquij’aieuenviederesterexclusivement,maisçaneveutpasdirequejenesaispasfaireladifférenceentrequantitéetqualité.J’yauraispresquecru.Gabevoulaitplusquecequejevoulaisluidonner,c’esttout.Çavaêtregalère,parcequePapaetMamanl’adoraient.-J’imagine.D’aprèscequejesais,ilétaitfaitpourplaireàtesparents.Qu’est-cequeçaveutdire, ilvoulaitplusquecequetuvoulaisluidonner?Est-cequ’ilaessayédetepasserlabagueaudoigtauboutdesixmois?Ellem’ajetéundrôlederegardetseslèvresontforméunpetitrictus.-Non,loindelà,maisilvoulaitqueleschosessoientunpeuplussérieuses…J’ai riunpeuetmesuismassé lefront.Monmalde têtese transformaitenpulsation lancinantemaiscommençaitàêtregérable.IlfallaitquejeluidemandedepasserparunStarbuckssijevoulaissurvivre

àcetaprès-midi.-Est-ceunefaçonprudedemedirequ’ilenvoulaitàtaculotteetquetunevoulaispasdeça?Ellem’aregardéenplissantlesyeuxtandisqu’elleprenaitlasortiepourallerversBrookside.-Ilfautquetut’arrêtesdansunStarbucksavantd’allerchezmesparents,etnecroispasquejen’aipasremarquéquetuévitesmaquestion!-Sions’arrête,onva êtreenretard.Et tous les garçons ne pensent pas avec ce qu’il y a dans leurpantalon.-LecielnevapasnoustombersurlatêtesionarrivecinqminutesenretardparrapportauplanningdeMargot.Nonmaistutefousdemoi,tuasfaitmarcherceloserpendantsixmoissansl’amenerdans tonlit,c’estuneblague!?Jeluiailittéralementriaunez.Jeriaistellementfortquej’aidûmetenirlatêteentrelesdeuxmainsquandmoncerveaunoyédanslewhiskys’estremisàhurler.J’aireprismonsouffleetl’airegardéeavecdesyeuxhumides.-Sic’estvraimentceque tupenses, tues loind’êtreaussi intelligenteque je lepensais.Absolumenttousleshommesdemoinsdequatre-vingt-dixansessaientdetedéshabiller,Shaw,surtoutlui,s’ilpensequ’ilesttonmec.J’ensuisun,jesaisceschoses-là.Elleaunenouvellefoismordusalèvre,commepouradmettrequej’avaisavancéunbonargument,etelles’estgaréedevantlecafé.J’aipresquesautédelavoiture,pressédemedégourdirlesjambesetdem’éloignerdesonairhautaincaractéristique.Quand jesuis rentré, j’ai jetéuncoupd’œilà la file degensquiattendaientpourvoirsijereconnaissaisquelqu’un.Brooksideestunepetiteville,etquandj’ypasseleweek-end,jetombeimmanquablementsurquelqu’unavecquij’allaisàl’école.Jen’avaismêmepasdemandéàShawsiellevoulaitquelquechose,parcequ’elleavaitdéjàtellementrechignéàs’arrêter.C’étaitpresquemontourdecommanderquandmontéléphones’estmisàlancerunechansondeSocialDistortiondansmapoche.Jel’enaisortiaprèsavoircommandéungrandcafénoiretm’êtreassisprèsducomptoir,àcôtéd’unepetitebrunemignonnequidéployaittousseseffortspourquejenevoiepasqu’ellemematait.-Çava?J’entendaislamusiquedusalonderrièrelavoixdeNashquandilm’ademandé:-Commentças’estpassé,cematin?Nashconnaissaitmesdéfautsetmesmauvaiseshabitudesmieuxquequiconque,etsil’onavaitpumaintenirnotreamitiéaussilongtemps,c’étaitparcequ’ilnemejugeaitjamais.-Mal. J’ai la gueule de bois, je suis demauvaise humeuret jem’apprêteà subir de force un repasfamilialdeplus.EtShawestenforme,aujourd’hui.-Etlafilled’hiersoir,elleétaitcomment?-Aucuneidée.Jenemerappellemêmepasêtresortidubaravecelle.Apparemment,jeluiaifaitunesupergrandepiècesurlescôtes,doncelleétaitunpeuénervéequejenemesouviennepasd’elle,oups.Ilrigolaitàl’autreboutdufil.- Elle t’a répété ça aumoins six fois dans la soirée ; elle a même voulu enlever son haut pour terafraîchirlamémoire.Etc’estmoiquiairamenétonculàl’apparthier,poivrot.J’aiessayédetefairepartirversminuitmaisyavaitpasmoyen,commed’hab.J’aipoufféderireetaitendulamainversmoncaféquandleserveuraditmonnom.J’airemarquéquelesyeuxde lapetitebrunesuivaientmamainqui s’enroulait autourdugobelet encarton.C’était celleaveclalargetêted’uncobraroyal.Leresteduserpents’enroulaitlelongdemonavant-brasetautourdemoncoude,etl’extrémitédesalanguedardéeformaitun«L»surmonannulaire,intégréautatouagequiépelaitmonnomsurmesquatredoigts.SaboucheafaitunpetitOdesurprise,alorsjeluiailancéunclind’œiletjesuisretournéverslaBMW.

–Désolé,mec.Comments’estpassétonrendez-vous?OnclePhil, l’oncledeNash,avaitouvert lesalonàCapitolHill ilyavaitdeceladesannées,quandcelui-ciétaitsurtoutfréquentépardesmembresdegangsetpardesmotards.Maintenant,aveclavaguedejeunescitadinsetdehipstersquipeuplaientlequartier,TheMarkedétaitl’undessalonsde tatouagelesplus réputésde laville.Nashetmoinoussommes rencontrés en cours d’art plastique enCM2, etdepuis,noussommesinséparables.Enfait,depuisnosdouzeans,nousavionsprévudevenirenvilleetde travailler pour Phil. Nous avions tous les deux le talent et la personnalité nécessaires pour fairetourner le salonàplein régime,alorsPhiln’a pas hésitéà fairedenousdes apprentis et à nous fairetravailleravantquel’onaitvingtans.C’étaitmorteld’avoirunpotedanslemêmedomaine ; j’avaisunpaquet d’encre sur la peau qui allait de génial à pas terrible et relatait l’évolution de Nash etl’améliorationdesonart,etc’étaitlamêmechosepourlui.-J’ai fini ledossur lequel jebossaisdepuis juillet.Ça rendmieuxqueceque jepensais,et lemecsongeàfaireletorse.Jeleferaivolontiers,ilestgénéreuxenpourboire.-Cool.Jejonglaisentreletéléphoneetlecafétoutenessayantd’ouvrirlaportièredelavoiturequandunevoixfémininem’aarrêté.-Eh!J’airegardéderrièremoietlabruneétaituneplacedeparkingplusloin,unsourireaux lèvres.J’aimevraimentbeaucouptestatouages.Je lui ai rendu son sourire puis j’ai sursauté et aimanqué de renversermon café bouillant surmonentrejambequandShawaouvertlaportièredel’intérieur.-Merci.Si j’avaisétéplus près de chezmoi et que Shaw n’était pas déjà en train de fairemarchearrière, j’aurais sûrement pris uneminute pour demander son numéro à cette fille. Shaw m’a jeté unregarddédaigneuxquej’aipromptementignorépourreveniràmaconversationavecNash.-Romeestrentré,ilaeuunaccidentetShawm’aditqu’ilavaitquelquessemainesdeperm.J’imaginequec’estpourçaquemamèreaharcelémontéléphonetoutelasemaine.-Excellent.Demande-luis’ilveutsquatteravecnousquelquesjours,ilmemanque,cecondegrosours.J’aiprisunegorgéedecaféetmoncrâneaenfincommencéàsecalmer.–C’estprévu.Jeterappelleenrentrantpourteteniraucourant.J’aiglissémonpoucesur l’écranpour raccrocheretmesuis réinstallédans lesiège.Shawme fixaitd’unairirrité,etjejurequej’aivusesyeuxémettredelalumière.Sérieusement,jen’avaisjamais rienvu d’aussi vert, cela n’existe pas dans la nature. Quand elle est en colère, ils sont tout simplementsurnaturels.-Tamèreaappelépendantquetuétaisoccupéàdraguer.Elleesténervéequ’onsoitenretard.J’ai aspiré encore un peu du noir nectar et j’ai commencé à tapoter en rythme sur mon genou. J’aitoujoursétéunmecunpeunerveux,etplusons’approchaitdelamaisondemesparents,pirec’était.Engénéral,lebrunchétaitguindéetforcé.Jenecomprenaispaspourquoiilsinsistaientpourqu’onlefassetouteslessemainesetjenecomprenaispaspourquoiShawacceptaitdemarcherdansleurcombine,maisj’yallaistouslesweek-ends,mêmesijesavaisqueriennechangeraitjamais.-Elleesténervéequetoi,tusoisenretard.Onsaittouslesdeuxqu’ellesefichebienquejesoislàoupas.Lerythmedemesdoigtss’estaccéléréquandelleafranchileportailduquartiersécuriséetquenoussommespassésdevantdesrangéesdeminimanoirsquisedétachaientàl’emporte-piècecontrelesmontagnes.-Cen’estpasvrai,Rule,et tu lesais.Si jem’infligeces trajetsenvoiture tous lesweek-ends,si jesubislesdélicesdeteslendemainsdesoirée,cen’estpasparcequetesparentsveulentmevoirmangerdesœufsetdespancakestouslesdimanches.Jelefaisparcequ’ilsveulenttevoir, ilsveulentessayer

d’avoirunerelationavectoi,peuimportecombiendefoistulesasblessésetrepoussés.Jeledoisàtesparents,etsurtout,jedoisàRemyd’essayerdeteconvaincredebienfaireleschoses,mêmesiDieusaitquec’estpresqueunjobàtempsplein.J’ai pris une inspiration quand la douleur aveuglante,qui survenait toujours lorsqu’onme parlait deRemy,apercutémon torse.Sansm’en rendre compte,mes doigts se sont dépliés et repliés autour dugobeletdecaféetj’aitournélatêteversShawpourluiadresserunregardnoir.- Remy ne serait pas tout le temps sur mon dos, à essayer de faire en sorte que je sois pour euxquelqu’unquejenesuispas.Jen’aijamaisétéassezbienpoureux,etjeneleseraijamais.Ilcomprenaitçamieuxquetoutlemondeetfaisaitdesheuressup’pourêtretoutcequejenepourraijamaisêtrepoureux.Elleasoupiréetagarélavoituredansl’allée,derrièreleSUVdemonpère.- La seule différence entre Remy et toi, c’est qu’il laissait les gens l’aimer, et toi… Elle s’estinterrompue, a ouvert sa portière et s’est tournée vers moi avec un regard dur. Tu as toujours voulucontraindrelesgensquisesoucientdetoiàleprouversans laisser l’ombred’undoute.Tun’as jamaisétéfacileàaimer,Rule,ettufaistoutpourquepersonnenel’oublie.Elleafermélaportièreassezfortpour faireclaquermesmolairesentreelleset relancermonmaldetête. Cela faisait trois ans. Trois années solitaires, vides, remplies de chagrin depuis que les frèresArcherétaientpassésd’untrioàunduo.J’étaisprochedeRome, ilétaitgénialet ilavait toujoursétémonmodèleentermesdegrosdur,maisRemyétaitmamoitié,auproprecommeaufiguré.Nousétionsdevraisjumeaux,ilétaitlalumièrecontremonobscurité,lafacilitécontremadifficulté, la joiecontremacolère,laperfectioncontremoncôtébien,bienvrillé,etsansluijenesuisquelamoitiédelapersonneque jepourrais jamaisêtre.Cela faisait troisansque je l’avaisappeléaumilieude la nuit pour qu’ilviennemechercheràunefêtepourrieparcequej’avaistropbupourconduire.Celafaisaittroisansqu’ilavait quitté l’appartement quenouspartagionspour venirme chercher, sansposer de questions, parcequ’ilétaitcommeça.Cela faisait trois ans qu’il avait perdu le contrôle de sa voiture sur l’autoroute 25, pluvieuse etglissante, et s’était encastré à l’arrière d’un semi-remorque qui roulait bien au-dessus de la limiteautorisée.Cela faisait trois ans que l’on avait enterrémon frère et quemamèrem’avait regardé, leslarmes aux yeux, enme lançant à bout portant: «Ça aurait dû être toi », alors qu’ils descendaient lecercueildeRemy.Cela faisait trois ans,et lesimplefaitde prononcer son nom a suffi àmemettre àgenoux,surtoutvenantdelaseulepersonneaumondequeRemyavaitaiméeautantqu’ilm’aimait.Remyétait toutceque jen’étaispas : raséde près, bien habillé, soucieux de faire des études et deconstruireunavenirstable.Laseulepersonnesurcetteplanèteassezbienetassezclassefaceàtoutesamagnificence était Shaw Landon. Ces deux-là avaient été inséparables depuis la première fois qu’ill’avait ramenéeà lamaison,alorsqu’elleavaitquatorzeans et essayait de fuir la forteresse du campLandon.Ilrépétaitqu’ilsétaientjusteamis,qu’ilaimaitShawcommeunesœur,qu’ilvoulaitlaprotégerdesonhorriblefamille,maissafaçond’êtreavecelleétaitpleinederespectetdesollicitude.Jesavaisqu’il l’aimait, et comme tout ce queRemy faisait était bien, Shaw est rapidement devenue comme unmembre de la famille. Bien que cela m’exaspère au plus haut point, elle était celle qui comprenaitvraiment,profondément,madouleurdel’avoirperdu.Ilm’afalluquelquesminutespour reprendremesesprits,puis j’aiavalé le reste demon café et j’aiouvertlaportière.Jen’aipasétésurprisdevoirunegrandesilhouettefaireletourduSUVtandisquejesortaisdelavoituredesport.Monfrèrefaisaitquelquescentimètresdeplusquemoietétaitconstruitsurlemodèleduguerrier.Sescheveuxchâtainfoncéétaientcourts,àlamodemilitaire,etsesyeuxbleupâle-lamêmeteinteglacéequelesmiens–semblaientfatiguésau-dessusdesonsourireforcé.J’aiémisunsifflement,carsonbrasgaucheétaitplâtréettenuenécharpe,ilavaituneattellesurunpiedetl’onvoyait

une ligne noire de points de suture traverser son sourcil et monter jusqu’en haut de son front. Ladébroussailleusequiavaitattaquémescheveuxs’enétaitvisiblementaussiprisàmongrandfrère.-Tuasl’airenforme,soldat.Ilm’atirécontreluiavecsonbrasvalide,etj’aieumalpourluiensentantlesbandagessursonflanc,signedecôtescasséesouabîmées.-Jesuisaussienformequej’enail’air.Toituasl’aird’unclownensortantdecettevoiture.-Detoutefaçon,j’ail’aird’unclownquandjesuisaveccettefille.Ilaexploséderireetapasséunemaindansmescheveuxenpics.-Shawettoijoueztoujoursauxennemismortels?-On est plutôt des connaissancesmal à l’aise. Elle est toujours aussi coincée et dans le jugement.Pourquoitunem’aspasappeléouenvoyéunmessagepourmedirequetuétaisblessé?Ilafalluquecesoitellequimeledise,surlaroute.Ilalancéunjuronalorsquenousnousdirigionslentementverslamaison.Celam’ainquiétédevoirleseffortsqu’ildevaitfournirpourmarcher,etjemesuisdemandés’ilyavaitdesdégâtsplussérieuxqueceuxquiétaientvisiblesàl’œilnu.-J’aiperduconnaissancequandleHummers’estretourné;onestpasséssurunEEI1etc’étaitpasbeau

NdT:Enginexplosifimprovisé.àvoir.Jesuisrestéunesemaineàl’hôpitalaveclatêteenvrac,etquand jemesuis réveillé ilsdevaientopérermonépaule,donc j’étaisdrogué. J’ai appeléMamanet jemesuisditqu’elletetiendraitaucourantmaisj’aiapprisque,pourchanger,tuétaisinjoignablequandelleappelait.J’aihaussélesépaulesetaitenduunemainpourlestabilisercarilchancelaitunpeusurlesmarchesdelaported’entrée.-J’étaisoccupé.-Tuestêtu.-Pastantqueça,jesuislà,non?Jenesavaismêmepasquetuétaisrentréjusqu’à,genre,ilyaunquartd’heure.-Laseuleraisonpourlaquelletueslà,c’estparcequelapetitefilledanscettemaisonestdécidéeetdéterminéeà rassemblercette famille,peu importequecene soitpas lasienne. Tu vas rentrer et êtregentil,sinon,jetecasselagueule,brascasséoupas.J’aimarmonnéquelquesmotsetsuivimonfrèretoutcassédanslamaison.Ledimancheétaitvraimentlejourquej’aimaislemoins.

Chapitre2SHAW

La porte de la salle de bains s’est fermée avec un petit clic et j’ai tourné le verrou. Je me suiseffondréecontrelelavaboetaipassémesmainstremblantessurmonvisage.Chaquedimanche,c’étaitplusdifficiledechaperonnerRulependantlesréunionsdefamille.J’avaisdéjà l’impressiond’avoirunulcère,et si je le trouvais encoreavecunedecesbimbosdebardégueulasses, je n’étais pas sûre desortirdesonappartementsanscommettreunhomicide.Jemesuis retournée pour passer un peu d’eaufraîchesurmonvisageet j’aisoulevé les longscheveuxblondsqui tombaientdansmanuque. Il fallaitque jeme reprenne, car je ne voulais surtout pas queMargot et Dale remarquent que quelque chosen’allait pas, etmême drogué et blessé, Rome était l’une des personnes les plus observatrices que jeconnaissais.Ilnemanquaitrienlorsqu’ils’agissaitdesespetitsfrèresetdemoi,parassociation,puisquej’étaisattachéeàlacatégoriedepetitesœurd’adoption.C’étaitdeplusenplusdurdepasserdu tempsavecRule,etpasseulementparceque le regardermerappelait toutceque jen’avaisplus ;ça,c’estceque ressentaientMargotetDale. J’avaisdumalcarRule était compliqué : il était effronté, insolent, irréfléchi, inconstant, souvent grognon, et de façongénérale insupportable et très, très chiant.Maisquand il le voulait, il était charmant et drôle, brillantartistiquementet,laplupartdutemps,lapersonnelaplus intéressantedugroupe.Jesuisdésespérémentamoureuse de ces deux aspects de lui depuis que j’ai quatorze ans. Évidemment j’aimais Remy, jel’aimaiscommeunfrère,commelemeilleuramietleprotecteurinvétéréqu’ilavaitétépourmoi,maisj’aimaisRulecommesic’étaitmamissionsurTerre.Jel’aimaiscommesic’était inévitable,commesimalgrélenombredefoisoùj’avaisvuàquelpointc’étaitunemauvaiseidée,combiennousn’allionspasensemble,quelinfectconnardilpouvaitêtre,jenepouvaisrienychanger.Alorschaquefoisquejemeprenaisdanslatêtelefaitqu’ilnevoyaitenmoiqu’unchauffeur,celamedéchiraitencoreunpeupluslecœur.Maproprefamilleétaitunteldésastrequejen’auraispaspuêtrelamoitiédecequejesuisaujourd’huisansceque lesArcheront fait pourmoi.Remym’avait prise sous son aile quand j’étais une pré-adoisolée sans amis. Rome avait menacé de tabasser le premier garçon qui m’avait fait pleurer. Margotm’avaitemmenéefairelesmagasinspourhomecomingetpourlebaldefind’année,alorsquemamèreétait trop occupée avec son nouveaumari pour s’en soucier.Dalem’avait emmenée à l’université deDenveretàColoradoUniversity-Boulderetm’avaitaidéeà fairedeschoix logiqueset rationnelspourchoisirlabonneuniversité.EtRule,ehbienRuleétaitunrappelconstantqu’onnepeutpas toutacheteravecde l’argent,et j’avaisbeauessayer d’être parfaite, faire demonmieux pour être ce dont tout lemondeavaitbesoin,cen’étaittoujourspasassez.J’ailaissésortirunsoupirquej’avaisl’impressionderetenirdepuisuneheureetj’aiessuyélestracesnoires sousmes yeux avec unmorceau deKleenex. Si je ne descendais pas très vite dans la salle àmanger,Margotallaitvenirmechercheretjen’avaispasd’excusecrédibleàmacrisedans lasallede

bains.J’airécupéréunélastiqueaufonddemapocheetaiattachémescheveuxenunequeue-de-chevalbasse, jeme suis passé du gloss, et jeme suis fait un discoursdemotivation en silence ; jeme suisrappeléquej’avaisdéjàfaitçaunmilliondedimanchesetquecelui-cineseraitpasdifférent.Aumomentoùjesortaisdanslecouloir,montéléphoneasonnéetj’aidûlutterpourravalerungrognementquandj’aivuquec’étaitencoreGabequim’appelait.J’aienvoyésonappeldirectementsurmessagerieetjemesuisdemandé,pourlacentièmefoiscemois-ci,pourquoij’avaisgaspillélamoindresecondeaveccet idiotprétentieux. Il croyait que tout lui était dû, avait les mains baladeuses, était trop superficiel et plusintéresséparmonnomdefamilleet lefricdemesparentsqueparmoi.Jenevoulaismêmepassortiravec lui, je ne voulais sortir avec personne, mais mes parents m’avaient forcé la main. Commed’habitude,j’avaispliésouslapressionetm’étaisretrouvéeàpasserplusdetempsavecluiquejen’enavais envie. J’avais réussi à le tolérer pendant beaucoup plus longtemps que ce dont je me croyaiscapable.Aprèstout,Gabes’intéressaitplusàlui-mêmequ’àmoi.Cen’estquequandilestdevenu tropinsistant que j’ai coupélesponts.Malheureusement, ni lui nimes parents ne semblaient comprendre lemessageetj’étaisinondéed’appels,detextosetd’e-mailsdepuisdeuxsemaines.Gabeétaitassezfacileàignorer;mamère,unpeumoins.Jeglissaisletéléphonedansmapochearrièrequandunevoixbassem’ainterrompue.-Qu’est-cequ’ilsepasse,petitefille?Jesuispartiplusdedix-huitmoiset toutceque j’ai,c’estuncâlinetunpetitbisoupuistudisparais?Oùsontleslarmes,oùestl’euphoriedemesavoirsainetsaufàlamaison?Qu’est-cequifaittravaillercecerveaucompliqué?Parcequejevoisbienquequelquechosetetracasse.Monpetitrirearésonnédansunhoquet,etj’ailaissémonfronttombercontrelegrandtorseenfacedemoi.Mêmecabosséetpleindebleus,Romeétaitlegenredegarsquisemeten traversde toutcequipourraitblesser lesgensqu’ilaime.Ila tapoté ledessusdema têteetaposésa lourdemaindansmanuque.-Tajoliebouillem’amanqué,Shaw,tun’imaginespascommeçafaitdubiend’êtreàlamaison.Jetremblaisunpeuetj’aipasséunbrasautourdesataillepourpouvoirleserrersansluifairemal.Tum’asmanquéaussi,Rome.Jesuisjustestressée.C’estlafolieàlafac,jetravailletroisouquatresoirsparsemaine,etmesparentsneveulentpasme lâcheraveccemecque jeviensdequitter.Tusaisquej’adorequandonesttousensemble.J’aicruquetamèreallaitavoirunecrisecardiaquequandellem’aappeléepourmedirecequ’ilt’étaitarrivé.Jesuistellementheureusequetuaillesbien,jenecroispasquecettefamilleauraitsupportédeperdreunautrefils.-Non, sûrement. Jen’en revienspasqu’elle te fasse toujours jouer au chauffeur pourmon crétin defrère.J’aiaccrochémonbrasausienetnousavonscommencéànousrapprocherdelasalleàmanger.-C’estleseulmoyendelefairevenir.Sijenepeuxpasveniràcausedemescoursouautrechose,illeslaisseenplan.Lamoitiédutemps,quandj’arrivechezlui, ilnesaitmêmepasqueljouronest;cematinenétaitunbonexemple.Maisquand jepasse leprendre, il sesentobligédefaire le trajetavecmoi,peuimportecequ’ilestentraindefaireouquiilestentraindesefaire.Romealaissééchapperunjurondanssabarbe.-ÇaneletueraitpasdefaireuneffortavecMamanetPapaunefoisparsemaine.Ilnedevraitpasavoirbesoinquetulebabysittes.J’aihaussélesépaulescarnoussavionsbienquetouslesfilsArcheravaientunrôle.Remyavaitétélefilsmodèle, lebonélève, le futurétudiantd’unegrandeécole.C’était aussià luiqu’incombait le rôled’empêcherRuled’atterrirenprisonetd’intervenirquandsonjumeausemettaitdansunemouisedontilnepouvaitpassesortirtoutseul.Ruleétaitl’imprévisible,celuiquiprofitaitde lavieetnes’excusait

pasauprèsdeceux qu’il pouvait blesser ou choquer sur sa route. Rome était le patron : les jumeauxl’adoraient et le suivaient quoi qu’il arrive. Depuis que Remy était parti, Rome était encore plusprotecteuraveclefrèrequ’illuirestait,etj’avaisnaturellementhéritédelamissiondegarderRulesurunesortededroitchemin.-C’est lemoins que je puisse faire pourMargotetDale. Ils ont toujoursété là pourmoi, sans riendemanderenretour.SupporterlafureurdeRuleunefoisparsemainen’estpasungrossacrificeàfaire.Quelquechoseabrillédanssesyeux,quiressemblaienttellementàceuxdesonfrèrequec’étaitparfoisdouloureuxdelesregarder.Romeneselaissaitduperparpersonne,etjen’auraispasétéétonnéequ’ilensachebienplussurtoutcequejegardaisenfouienmoiquecequejepouvaisimaginer.-JeneveuxsimplementpasquetudeviennesuneciblequandRulefaitsonRule.Mamandoitréglersesproblèmes,etluiaussi.Onest tousadultes,maintenant,et lavieest tropcourtepourque tupasses tontempsàservirdemédiateurentrelesdeux.J’aisoupiréetbaissélavoixenentrantdanslapièce.Latableétaitdéjàdresséeettoutlemondeétaitàsaplacehabituelle.Daleétaitenboutdetable,àsadroite,Margot,etuneplacequim’étaitréservée.ÀlagauchedeDale,ilrestaituneplacelibrepourRome,etRuleavaitprislachaiseàl’autreboutdelatable,leplusloinpossibledesesparents.Ilfautqu’ilsacceptentqu’ilneserajamaisRemy,etildoitarrêterdelesobligeràavalerça.Tantqu’undesdeuxcôtésnelaisserapastomberetn’apprendrapasàpardonner,çanechangerapas.Iladéposéuntrèslégerbisousurmatempeetm’aserréecontrelui.-Jecroisqu’aucund’euxneserendcompteàquelpointilsontdelachancedet’avoir,petitefille.Jel’ailâchéetmesuisdirigéeversmaplaceentreMargotetRule.J’aiessayédenepascillerquandRulem’ajetéunregardauxyeuxplissés,conscientqueRomeetmoivenionstrèscertainementdeparlerdelui.JemesuisassisesurlachaiseetaifaitunsourireàDalealorsqu’ilcommençaitàfairepasserlesplatsdubrunch,aussiabondantsqu’àl’accoutumée.J’allaisdemanderàRomecequ’ilcomptaitfairedesontempslibremaisj’aidûtournerlatêteversMargot,choquée.-Est-cequeceseraittroptedemanderdeveniràcebrunchavecunechemiseetunpantalonquin’ontpasl’airdesortird’unefriperie?Enfin,tonfrèreadesoscassés,ilaeuunaccidentterribleetilarrivequandmêmeàfairemeilleurefigurequetoi,Rule.J’aidûmemordre la langue pour ne pas perdremon sang-froid et lui crier de le laisser tranquille.Principalementparcequelesrepasenfamillesontcensésêtredétendusetagréables.Jesavaistrèsbienquesij’étaisarrivéeenjeanettee-shirt,ellenel’auraitmêmepasremarqué,maiscommec’étaitlui,ellelevoyaitcommeuneagressioncontreelle.Ilaattrapéquelquestranchesdebacondansleplatquejeluitendaisetn’amêmepasprislapeinedeluirépondre.Aulieudeça,ils’esttournéversRomeetluiademandécequ’ilavaitprévudefaire tantqu’ilseraitlà.Rulevoulaitqu’ilvienneunesemaineenvillepourpasserdutempsavecluietNash.J’aivuleslèvresdeMargotseserrerdevantsonindifférenceetlessourcilsdeDalese froncer.J’observaisplusieursdegrésdecemêmeregardtouslesdimanchesoùnousvenions.Celamefaisaitmalaucœurcar,mêmedansun tee-shirt froissé et un jean déchiré, Rule avait de l’allure. Cela s’appliquait aussi à lamassede tatouages qui le couvrait des pieds à la tête et à la collection demétaux qui parsemait sonvisage.Il était indéniable que Rule était un bel homme, sûrement trop beau pour être honnête, mais il étaitcompliqué et la beauté qu’il possédait était enfouie etcamoufléesousdes choses qu’il était facile denégliger.Destroisfrères,c’estluiquiavaitlesyeuxlesplusclairs,d’unbleuarctique,etsescheveux,mêmeteintsenvioletouenvertouenbleu,restaientencorelesplusépaisetlesplusbrillants,etmêmesisa peau portait toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, Rule avait toujours été celui vers qui les filles

gravitaient.CommelabruneauStarbucks,toutàl’heure.Elles’appelaitAmyRodgers,etelleavaitpassénosquatreansdelycéeàmemalmener,avecsescopinespompomgirls.Engénéral,ellesortaitavecdessportifsetdesgarsausangbleu,pasdesmecsquiportaientunecrêteetdespiercingsàl’arcadeetauxlèvres,maisellenepouvaitpasrésisteràRuleArcherdanstoutesagloiremagnétique.-Etqu’est-cequ’ilsepasseavectescheveux,monfils?Ceseraitbiend’yvoirunecouleurquiexistedanslanature,pourchanger,particulièrementquandlafamilleestaucompletetquenousavonslachanced’avoirtonfrèreàlamaisonenunseulmorceau.J’aigrondéintérieurementetprislesaladierdefruitsqueMargotme tendait, sans riendire.S’ilss’ymettaientenéquipe,Rulen’allaitpascontinueràse taire.Engénéral, il ignoraitsamère et lançait depetites phrases sarcastiques àDale.Mais se faire interrompre et attaquer des deux côtés alors qu’ilessayait de prendre des nouvelles deRome, cela ne passerait pas. Même dans ses bons jours, Ruledémarraitauquartdetour.Alorslecoincerainsi,sachantqu’ilavaitlagueuledeboisetqu’ilfaisaitdeseffortspourrestercourtois,ilallaityavoirdesdégâts.J’ai lancéunregardpaniquéàRomede l’autrecôtéde la table,mais iln’apaseu le tempsd’interveniravantque lavoixdeRuleclaquecommeunegifleverbale.-Ehbien,papounet,ontrouveduvioletpartoutdanslanaturedoncjenevoispasdequoituparles,etencequiconcernemesvêtements,jecroisqu’onesttouschanceuxquej’aiepenséàmettreunpantalonvu l’état dans lequel Shaw m’a trouvé ce matin. Si vous avez fini de critiquer le moindre de mesmouvements,puis-jecontinuermaconversationavecmonfrèreque jen’aipasvudepuisplusd’unan,alorsqu’ilafaillisefaireexploserparunebombesurlebordd’uneroute?MargotaeuuneexclamationchoquéeetDaleareculésachaise.J’ailaissématêtetomberenavantetaiappuyémonpouceentremesdeuxyeux,oùunemigraineétaitentraindenaître.-Unaprès-midi,Rule,unaprès-midi,c’est toutcequ’on tedemande.Dales’estprécipitéhorsde lapièceetMargotaimmédiatementfonduenlarmes.Elleaenfouisatêtedanssaservietteet j’ai tendu lamainpourlaposermaladroitementsursonépaule.J’aitentéunregardversRulemaisils’étaitdéjàlevéetmarchaitverslaported’entrée.J’aialorsregardéRome,quiasecouélatêteets’estlevélourdement.Margotarelevélatêteetlancéunregardsuppliantàsonfilsaîné.-Dis-lui,Rome,valuidirequ’onnetraitepassesparentscommeça.Iln’aaucunrespect.Va luidirequec’estinacceptable,déclara-t-elleenmontrantlaported’undoigttremblant.Romeaposélesyeuxsurmoiavantderegarderànouveausamère.-D’accord,Maman,jevaisluidire,maisjevaisaussitedirequetun’avaisaucuneraisondeluitomberdessuscommeça.Qu’est-cequeçafait,s’ilveutporterunjeanetavoirdescheveuxdeschtroumpf?Cequicompte,c’estqu’ilsoitlàetqu’ilfasseuneffort.Shawaprisune journéesursonemploidu tempstrèschargépourquePapaettoipuissiezlevoir.Vousluiavezlaisséexactementtroissecondesavantdevolontairementremuerlecouteaudanslaplaie,touslesdeux.MargotétaitbouchebéemaisRomen’enavaitpasfini.-Papaettoiavezbesoinqu’ontire lesignald’alarme.J’aurais toutaussibienpurentrerà lamaisondansuncercueilaulieud’unplâtre.Vousavezdéjàperduunfils,profitezdeceuxqu’ilvousreste,quevoussoyezd’accordavecnoschoixoupas.Leslarmessesontmisesàcoulerplusfortetelleaposésatêtesurmonépaule.Shawadorenousrendrevisiteledimanche,ondevraitsimplement luidemanderd’arrêterdeprendreRuleavecelle,parcequec’estévidentqu’ilneveutpasêtrelà.J’enaiassezdetoutfairepourqu’ilfassepartiedelafamille,çamefaittropmal.Romeasecouélatêteetnousavonssoupirétouslesdeux.IlasuivisonfrèrehorsdelapiècetandisquejecontinuaisàconsolerMargot.Cettefemmeavaitfaitpreuvedebeaucoupdegentillesse,ellem’avait

traitéecommesafillequandmamèren’enavaitrienàfaire,alorscequejem’apprêtaisàluidirevenaituniquementdufaitquejenevoulaispasvoiruneautrefamilleimploser.–Margot,Daleettoiêtesdespersonnesmerveilleusesetdebonsparents,maisvousdevezarrêterdevivredans le passé. Je ne viendrai plus vous voir le dimanche, àmoins que vous trouviez unmoyend’accepterRuleexactementcommeilestetdel’aimerquandmême.Jereprismonsouffleetcontinuai:-Remymemanqueetsamortétaittragique,maisvousneferezjamaisdeRuleunautreRemy,etjenepeuxpascontinueràvousregarderessayersansrienfaire.Çafaitdesannéesquemesparentsessaientdemefairerentrerdansunmoulequinemevapas,etj’aimeraistellementavoirassezdevolontépour lerefuser,commeRulelefait.Jemesuislevéeetj’aidûravalermeslarmeslorsqu’ellem’aregardée,choquéeetendétresse.- Si Remy était là, rien de tout cela ne serait arrivé. Vous seriez toujours heureux ensemble, Rulen’auraitjamaiseuuncomportementaussiatroce,etRomeneseseraitjamaisengagédansl’armée.J’aidûfairequelquespasenarrièrecarcequ’ellevenaitdedireétaittellementfauxquecelaauraitpumefairetomberparterre.-Margot,Ruleatoujoursétécompliquéàgérer,ilnes’estjamaispliéàvosrègles.Romes’étaitengagébienavantl’accident.Etjet’aiditunmilliondefoisqueRemyétaitmonmeilleurami.Iln’yavaitpascegenredesentimentsentrenous.Jecroisquetudevraispenseràallervoirunprofessionnel,parcequeturéécrisl’histoireet,aupassage,tuesentraindeperdreunfilsassezexceptionnel.–Nemedispasquec’estvraimentcequetupenses?Ruleestaussi insupportableavec toiqu’il l’estavecsonpèreetmoi.Jemesuismordulalèvreetaimassémestempesunpeuplusfort.-Iln’estpasinsupportable,ilestjusteplusdifficileàaimer.VousavezeulaviefacileavecRemy,pasavecRule.Maisilméritequevousfassiezuneffortettantquecettefamillen’estpascapabledevoirça,j’aimieuxàfairedemontemps.Sijevoulaisdes reprochesetde l’amertume, ilmesuffitd’allerchezmoi.Jevousaime,toietDale,maisjevoiscequevousfaitesàRuleetjeneveuxplusfairepartiedeça.Romearaison,ilfautquevousprofitiezdelafamillequevousavezetpasquevouspassiezvotrevieàlacompareràcellequevousavezperdue.Remyétaittoutemavie,Margot,maisilestpartietRuleesttoujourslà.Elleacroisélesbrasetalaissésatêtetombersurlatable.Jesavaisquejenepourraispasl’atteindre,alorsjesuissortiedelamaison.Jen’aipasétésurprisedevoirDale,adosséaucomptoirdelacuisine,me lancer un regard grave. Ça va être dur pour elle, si tu ne viens plus nous voir. Tu es une partieimportantedelafamille.J’aicoincémescheveuxderrièremesoreillesetluiaiadresséunsouriretriste.-Votrefilsaussi.-Margotn’estpaslaseulequidoits’ensouvenir,ettuadmettrasquesescheveuxsontridicules.J’airipourdevrai,cettefois,etmesuisrapprochéepourluifaireuncâlin.-Elleabesoind’aide,Dale.ÇafaitunmomentqueRemyn’estpluslà,ettoutcequ’elleveutfaireestpousserRuleàprendresaplace.Çanepeutpasarriver,onlesaittous.Ilm’afaitunbisousurlatêteetm’aéloignéedelui.-Jenesaispaspourquoitudéfendstoujourscegarçon;ilamauvaiscaractèreetungroscôtérebelle.Tuesunefilleintelligenteenplusd’êtrebelle,tusaiscommentvasefinirl’histoiredeRule.-Jecroisqu’ilnefautpassauterdechapitre,Dale.Jelisleslivresenentier.DisàMargotdemepasseruncoupdefilquandelleseseracalmée,maisj’étaissérieusepourlebrunchdudimanche.Tantqueceneserapasunevraieréuniondefamille,tantqueRuleseratoujoursdiabolisé,jeneviendraiplus.Çame

faittropdemal.-Jecomprends,mapetitefille,maissituasbesoindequoiquecesoit,tusaisqu’ilsuffitd’appeler.-Jesais.–Tusaisqu’ilnevoudraitpasquetupayesàsaplace.-Peut-être,Dale,maisc’estàmoidesavoirsijeveuxpayer,etilenvautlapeine.C’estcequejecroisetjesaisqueRemyl’atoujourscruaussi.Essayezd’ypenserlaprochainefoisqu’ilsepointeraaveclescheveuxroses.Jemesuisdirigéeversl’alléeetmesuisarrêtéeenvoyantlesdeuxfrèrestêtecontretête.Ruleavaitl’airénervéetRomeavaitl’airtriste,celamebrisaitlecœuretm’impressionnaitàlafois.Rulem’avueenpremieret s’estdétachédeson frère. Ils sesontditquelquechoseàvoixbasseetont frappé leurspoings.RomeatiréRuledansuneaccoladeàunbrasets’estdirigéversmoi.J’aiététraitéeàlamêmeenseigne,avecunbisousurlajoueenprime.-Jevaisessayerdecalmerleschosesicipendantencoreunesemaineetensuitejeviensenville.Jetetiensaucourant.-Essaiedeconvaincretamèredesefaireaider,Rome,s’ilteplaît.-Jet’aime,petitefille.Essaied’empêchercepetitcondesemettredanslamerde.Jeluiaifaitunbisousurlajoueenréponse.-Jenefaisqueça.-Jenesavaispasquec’étaitàcepoint-là,Shaw.J’aimanqué tellementdechosesdepuisque jesuisparti.-Unefamille,c’estcommetout,çademandedutravail,de lapatienceetdesgensquiveulentqueçafonctionne.Jesuisvraimentheureusequetusoisàlamaison,Rome.JemesuiséloignéeaprèsunsecondcâlinetaijetémesclefsversRule.–J’aimalaucrâne.Tupeuxconduirepourleretour?Normalement,jenelelaissepass’approcherduvolant,ilrouletropviteetsefichedesautresconducteurs,maisjen’allaispasyarriver.Jesentaislemaldetêtesetransformerenmigraineettoutcequejevoulaisétaitfermerlesyeux,merecroquevillerdansunlitetdisparaîtresouslacouette.Jemesuisinstalléedanslesiègepassageretmesuisrepliéesurmoi-même.Rulen’ariendit,adémarrélavoitureetaprislarouteduretour.Iln’apasallumélaradioetnes’estpasforcéàfairedesblagues.Jesavaisqu’ilnes’excuseraitpaspourlescandale;ilnelefaisaitjamais,doncjen’enaipasparlé.JesomnolaisquandlasonneriedeGabes’estmiseà retentirdansmapoche.J’ailancéunjuron,chosequejefaisrarement,etj’aiéteintcefichutéléphone.Àcemoment,j’avaisdesnœudsdansleventreetjevoyaisdespointsdanserdevantmesyeux.-Ilt’appelleplussouventquequandvousétiezensemble.LavoixdeRuleétaitbasseetjemesuisdemandés’ilsavaitàquelpointj’avaismalàlatête.-Ilestchiant.Jetel’aidit,ilnecomprendpas.-C’estungrosproblème?J’aiouvertunœilcarcen’étaitvraimentpassonstyledes’inquiéterpourmoi.-Non,enfinçanefaitquedeuxsemainesetjepensequec’estl’idéedenousdeuxquiluimanque,pasvraimentmoi.Jemedisqu’ilvaselasseroutrouverquelqu’und’autreetlaissertomber.-Surtout,parles-enàquelqu’un si ça devient un problème.Aucune fille ne devrait avoir à gérer cegenredenuisance.-Jeleferai.Noussommesretombésdanslesilence jusqu’àcequ’ilse racle lagorge.JeconnaissaisRuledepuisassezlongtempspoursavoirqu’ilsepréparaitàdirequelquechose,etquejen’avaisqu’àattendre.

-Écoute,jesuisdésolépourcematin;jesuisdésolépourbeaucoupdedimanchesmatin.Tun’aspasàcontinueràmevoirdansmespiresétats,d’ailleurscen’estpastonboulotdemevoirtoutcourt.J’enaifiniaveclesbonsmomentsforcésenfamille.Çanefaitriend’autrequ’enfoncerlecouteauunpeuplusprofondément,jelevoismaintenant.Toutcedramemontedepuisdesannées,etcen’estpasjustequetusoiscoincéeenpleinmilieusanslesoutiendeRemy.Ilt’aimaitàmouriretjen’aifranchementpasétéàlahauteur.J’avaistropmalpourdébattreunefoisdeplusdesdétailsdemarelation,ouplutôtdemanon-relation,avecRemy.Dans la familleArcher,personnenesemblait comprendrequenous étions amis,meilleursamis et rien de plus. La légende de notre couple était devenue un monstre que je ne pouvais pascombattre,surtoutquelepeudechosesquej’avaismangéesaubrunchétaiententrainderemonter.Jemesuispenchéeenavantetj’aiattrapélebrasdeRule.Cen’étaitsûrementpasunmouvementtrèsintelligentsachantqu’onétaitàcentcinquantesurl’autoroute,maisj’étaissurlepointderendremespetitsgâteauxdansunevoiturequicoûtaitplusquecequecertainespersonnesgagnentenunan.-Arrête-toi!Rulealâchéunesériedegrosmotsetaesquivérapidementunefourgonnettepours’arrêtersurlecôtédelaroute.J’aiouvertlaporteetjesuisquasitombéeàgenouxenvomissantviolemmentsurl’asphalte.Des mains tièdes ont relevé ma queue-de-cheval et m’ont tendu un vieux bandana. Quand j’ai pu ànouveaurespirer,j’aiprislabouteilled’eauqu’ilmetendaitetjemesuisaccroupie,tandisquelemondetanguaitautourdemoi.-Qu’est-cequ’ilya?Jemesuisrincélaboucheetj’airecrachél’eauparterre,loinduboutdesesbottesnoires.-Migraine.-Depuisquandest-cequetuasça?–Depuistoujours.Ilfautquejem’allongeàl’arrière.Ilm’aaidéeàmereleverenpassantsonbrassouslemienetj’airéaliséquec’était lapremière fois,depuisdesannées,qu’ilmetouchaitdélibérément.Nousnenousfaisionsjamaisdecâlin,nenousfrôlionspas,nenoustapionspasdanslesmainsounenousserrionspaslamain;notre relationétaitstrictementsans contact, aussimon organisme a failli se révulser en sentant sa main. J’ai grogné alors qu’il mepoussaitpresquedanslavoiture.Jesuispetite,decefait,m’étendresurlabanquettearrièren’étaitpascompliqué.Ruleareprisplacederrièrelevolantetm’aregardéepar-dessussonépaule.-Tuvastenirlerestedelaroute?J’aiposéunbrassurmesyeuxetmonautremainsurmonventrequiremuait.-Cen’estpascommesij’avaislechoix.Tiens-toijusteprêtàt’arrêtersijetecrieencoredessus.Ilareprislarouteets’esttupendantuneminute,avantdemedemander:-Est-ceque tout lemondesaitque tuasdesmigraines?Non.Jen’enaipas trèssouvent, seulementquandjesuisstresséeouquejenedorspasbien.-Est-cequeRemysavait?Jevoulaisjustesoupirer,maisj’airépondu:-Oui.Ilamarmonnéquelquechosequejen’aipascomprismaisj’aisentiqu’ilmeregardait.-Ilnem’enajamaisparlé.Ilmedisaittout,mêmedestrucsdontjemefoutaistotalement;iln’arrêtaitpasdeparlerdetoi.Ilavaittort,tellement,tellementtort,maisc’étaitlesecretdeRemyet,mêmes’iln’étaitplus là, je legarderais jusqu’àmamort. Il y avait beaucoup de choses queRule et Rome n’avaient jamais sues àproposdeleurfrère,deschosesqu’ilavaitpeurdepartager,deschosesavec lesquelles il sedébattait

chaque jour.Lefaitque j’aiedesmigrainesetque jesois irrémédiablementamoureusedeRulen’étaitquelapartieémergéedel’iceberg.- Il avait sûrement oublié. Comme je te l’ai dit, ça ne m’arrive pas souvent, et quand vous avezdéménagé àDenver et que j’étais encore au lycée, il a sûrement oublié parce qu’on se voyait moinssouvent.Ellessesontaggravéescesdernièresannées.Je n’avais pas besoin d’expliquer que c’étaitparce queRemy était parti et que je devais désormaisgérerseuletoutlestressqu’ilm’aidaitàéquilibrer.-Çamesembleunpeugrospourqu’iloublie…-ContrairementàcequelesArchersesontmisdanslecrâne,laviedeRemyneseréduisaitpasànotreamitiéetàcequ’ilsepassaitoupasentrenous.Ilapoufféderire.Ouais,biensûr.Remyétaituneautrepersonneaprèst’avoirtrouvée.Ilatoujoursétéunmecbien,toujourslemeilleurd’entrenous,maisquandtuesarrivée,c’estcommes’ilavaittrouvésonbutdanslavie.Tul’asrendumeilleur.Dansmapoitrine,moncœurs’estserrésifortquej’aicruquetoutesmesentraillesallaientseretourner.-Ilm’asauvée,alorsons’esttouslesdeuxrendusmeilleurs.Noussommesretombésdansunsilencegêné,jusqu’àcequelavoitures’arrêtedevantsonimmeuble.Ils’est retournédans son siègepourbaisser lesyeuxversmoi.Je lui ai jetéunregard par-dessousmonbras.Lebleudesesyeuxétaitpresqueengloutiparuntonargentéetgrispluspâle.-Tupeuxrentrerjusqu’aucampusoutuveuxquejet’yconduise?JepeuxdemanderàNashdenoussuivre,ilestrentréduboulot.C’étaitunegentilleproposition,etj’étaissurprisequ’ilmelafasse,maisj’avaiseumadosed’ArcherpourlajournéeetletrajetdepuisCapitolHillneseraitpastropgalèreundimancheaprès-midi.-Jevaisyaller.Cen’estpassiloinqueça.Jeme suis tortillée pourme lever de la banquette et j’ai dû m’appuyer contre l’encadrement de laportièrependantqu’ilselevaitdusiègeconducteur.Nousétionssiprochesl’undel’autrequejevoyaissonpoulsbattredanssoncou,souslecolibriqu’ilavaittatouélà.-Maismerci.Il a soufflé et a passé sesmains sur son visage. Ila fait un pas en arrière et s’est assuré que je leregardaisbiendanslesyeuxquandilm’adit:Jesuissérieuxpourledimanche.Nevienspaslasemaineprochaineenespérantquejeseraisympa.J’enaimarre.Jeluiaifaitunsalutenposantdeuxdoigtscontremonsourciletj’ailaissémoncorpstomberdanslesiègequ’ilvenaitdelibérer.-Messagereçu.Onsepasserademesservicesdechauffeuretpunchingball,cequiveutdirequejeneteverraisûrementplusbeaucoup.Essaiedeprendresoindetoi,Rule.Caril fautbienquequelqu’un lefasse.J’aifermélaporteavantqu’ilpuissedirequoiquecesoitetjen’aimêmepasattenduqu’ils’éloignedela voiture pour passer enmarche arrière et sortir de la cour du bâtiment. Je n’étais pas loin demonappartement,quejepartageaisavecmameilleureamie,Ayden.Jel’avaisrencontréeenpremièreannée,nouspartagionsunechambreuniversitaire.Ellefaisaitdesétudesdechimie,travaillaitdanslemêmebarque moi et avait l’extrême patience de supporter mes incessantes conneries de névrosée. Sa famillen’étaitpasunmodèlenonplus,etj’étaiscontentedepouvoirtoujourscomptersurelle.Elleétaitdeplusextrêmement intelligente et il luiavait falluprécisémentzéro seconde pour comprendre que sima viesocialeétaitaussivideetquejenepouvaispasm’engageraveclesmecsquejevoyais,c’étaitparcequejefaisaisunefixationsurRuleArcher.Aussi,quandjesuisrentréechancelante,souffranteetdeslarmespleinlesyeux,ellem’amiseaulitsansmeposerdequestions,afermélesstoresdemachambreetest

alléemechercherdesantidouleursetungrandverred’eau.Le lit s’estaffaisséquandelle s’estposéeprèsdemoitandisquej’enlevaismestalonsàboutsouvertsetretiraismaceinturedespassantsdemonpantalon.-Ças’estmalpassé,aujourd’hui?AydenvenaitduSudetsonaccentroulaitsurmoicommeunbaumeapaisant.- Ilétaitencoreavecunepouffe, ilavaitunsuçonde la taillede l’Alaskadans lecou,mon ennemiemortelledulycéel’adraguéauStarbucks,etilafallumoinsd’uneminuteàMargotetDalepourinsultersesvêtements, sescheveuxet lui rappelerqu’iln’estpas,etnesera jamais,sonfrère jumeau disparu.Heureusement,cettefois,ilsn’ontpasparlédesontravailnidesesbonnesmanières,maisilapétélesplombsetestsortientrombe.Ilsonttousdécidéqueceseraitmieuxquel’onarrêtedevenirledimanche,celamefaitdoncunedeuxièmefamille incapablede régler sesproblèmespour simplement s’aimeretprofiterlesunsdesautres.Pourcouronnerletout,Gabeafaitchauffermontéléphonetoutelajournéeetc’est la dernière personne à qui j’ai envie de parler. Donc, oui, ça s’est franchement mal passéaujourd’hui.Elleacaressémescheveuxetaridoucement.–Mapetite,tuteretrouvesdansdetellessituations…-Nem’enparlepas.-Tuluiasrendulaclefdechezlui?J’aigémidoucementetaienfouimatêtedansl’oreiller.-Non.J’aicomplètementzappé,maiscen’estpascommesij’étaispresséedetombersurluiavecunefille,unefoisdeplus.Honnêtement,jeseraisraviedeneplusjamaisvoirlespartiespercéesdeRule.Ellem’alancéunriremoqueurets’estallongéesurledos,lesyeuxrivéssurleplafond.LescheveuxdeAydenétaientaussinoirsque lesmiensétaientblonds,etelle portait unecoupe courte style pixie trèscool.Elle avaitdegrandsyeuxcouleurwhiskyet un cœur en or pur.À partRemy, elle était la seulevéritableamieque j’avais jamaiseue.Je l’aimaiscar jen’avaispasbesoinde tout lui expliquer pourqu’ellemedissèque;ellecomprenaitnaturellement.Ellenecomprenaitpeut-êtrepasquejepassemontempsàdétesterunepersonneautantquejel’aimais,unepersonnequinemevoyaitcommeriend’autrequ’unenuisance,maisellenem’avaitjamaisjugéenicritiquéepourcela.-Cegarçonestuncasdifficile.-Jenesaispas,peut-êtrequeladistancemeferadubien.Peut-êtrequepasserdu tempssans toute lafamillemedonneraenfinassezd’espacepourtuerlessentimentsquej’aipourlui.Jenevaispaspassertoutemavieàfuirlesgensparcequ’ilsnesontpasRule.-Entoutcas,jenepeuxpasdirequeçam’attristedevoirGabepartir.Maistuméritesquelqu’unquitetraite superbienetqui t’aimede toutesses forces. Tu l’asmérité, parce que je n’ai jamais rencontrépersonne qui vit aussi librement et qui donne autant que toi. Sachant que ceux qui te tiennent lieu deparentspourraientêtresculptésdanslaglace,c’esttoutbonnementunmiracle.Tuesunefillebien,Shaw,ettuméritesunmecbien.J’aicollémesmainsl’unecontrel’autreetaiposémajouedessus.Ladouleurdansmatêtecommençaitdoucementàsecalmerettoutcequejevoulaisétaitfaireunesiesteetéventuellementessayerdedigérertoutcequ’ils’étaitpasséaujourd’hui.Aydenavaitraison,jeméritaisunmecbien.Jesavaisàquoiça ressemblait, jesavaiscommentçasecomportait, d’ailleurs, j’avais été amie avec le parfait mec bien. Remy était l’incarnation de tout cequ’unefillesained’espritpourraitattendred’uncopain,etpourtant jen’avais jamaiseudesentimentspourlui,pasuneseconde.Jemesouviensdistinctementdelapremièrefoisqu’ilm’aramenéechez lui.J’avaisquatorzeans,etbeaucoupdemalàm’intégrerchezlesgaminsrichesetapprêtésdemapremière

année de lycée. Je savais que l’apparence et lesmarques étaient importantes, mais à l’époque je nevoulaisporterqu’unjeanetunequeue-de-cheval.Remyavaitdix-septansetilétaitcapitainedel’équipede foot. Il m’avait trouvée devant le vestiaire des filles, je pleurais après une agression verbaleparticulièrementviolentevenued’Amyetde sabande. Ilne s’étaitpasmoquédemoi, nem’avait pasposédequestionsetn’avaitpasétégênéparladifférenced’âge, ilm’avait justeprisedanssesbrasettraînéejusqu’àchezluiparcequej’étaistristeetseule,etqu’ilnevoulaitplusjamaismevoircommeça.Ilm’aditqu’ilvoyaitdansmesyeuxquej’étaisunepersonnegentille,quej’avaisbesoinquequelqu’ungardeunœilsurmoi,etàcetteminutepréciseiladécidéquecequelqu’un,ceseraitlui.Jemesouvenaisdetouteslesémotionschaudesetrassurantesassociéesàcemoment,maisaussidelagratitudeetdelajoie envahissante que j’avais ressenties car quelqu’un voyait enfin que je méritais un amourinconditionnel,maiscedontjemesouvenaislemieux,c’étaitlafaçondont je fus toute retournéequandRuleestentrédanslacuisine,afaitunsignedumentonversmoietademandé:–C’estqui,lafille?Mon cœur avait cessé de battre, mes poumons étaient sur le point de défaillir, ma peau étaitsoudainementtropserréetoutautourdemoncorpsetjenepouvaisplusformulerunepenséerationnelleni une phrase cohérente. À l’époque, j’avais relégué ça au statut de petit béguin adolescent, tous lesgarçonsArcherétaientbeauxetavaientdesqualitésquifaisaientd’euxdevraispersonnages,ettouteslesfillesquejeconnaissais,àunmomentouàunautre,avaientcraquésurunmauvaisgarçon.Biensûr,ellesavaient généralement déchanté en comprenant que le mauvais garçon n’était qu’un con et qu’ellesméritaient d’être mieux traitées. Le temps avait passé, les choses avaient changé, mais pas messentiments. Ilétaitévidentqu’ilsne seraient jamais réciproques.Rulemevoyaitcommele caniche deRemy,unepetitefillericheetgâtée,puisenvieillissant,commelacopinedeRemy.C’étaitnul,parcequejen’avaisjamaisétéaucunedeceschoses,etj’avaisfiniparsaboterdesrelations,parrejeter touslesmecssimplementcarjenevoulaispasd’unmecbien,jevoulaisceluiquiétaitabîméetincapabledevoircequejeressentais.Moi,j’étaisunefillebien:j’étaisloyale,honnête,jetravaillaisduretj’investissaisbeaucoupdetempsetd’énergiepourmeprévoirunavenirsûr.J’évitaislesennuis,jefaisaistoutpourêtrelafillepolicéeetparfaite quemes parents voulaient, et la femme déterminée et accomplie que je pouvais être grâce àl’assuranceque lesArcherm’avaientdonnée.Cequin’avaitpassa place dansmon emploi du temps,c’était être la personne que je pensais être.Elle était enferméebienprofondément enmoi, étouffée ettoujoursaccrochéeàl’espoirqueRuleremarquequ’elleexiste.C’étaitépuisant,etdanscesmomentsdevulnérabilitéoùj’étaisterriblementhonnêteavecmoi-même,jedevaisbienadmettrequejenetiendraisplustrèslongtemps.

Chapitre3Rule

Lasemaineavaitététrèschargéeausalon.Jepensequec’estsurtoutparcequ’onétaitenpleindanslapériode des remboursements d’impôts et que les gens avaient de l’argent à dépenser. J’avais desrendezvouslesunsàlasuitedesautresjusqu’àsamedietjeprévoyaismêmed’yallermonjourderepospourbossersur lamanchetted’ungarsque j’avaiscommencée quelquesmois plus tôt.Nash était toutaussiprisquemoi.Samedisoir,nousavionstouslesdeuxbesoindelâcherlapressionetdenousmettreunemurge.Ledimanches’estpasséàpeuprèsdelamêmefaçonquelasemaineprécédente,excepté lefaitquecettefoisj’airaccompagnélafillejusqu’àsavoitureetquejen’avaispasàcraindrequeShawdébarquependantunescènequejenevoulaispasqu’ellevoie.J’aiappeléRomepoursavoirquand ilcomptait venir en ville, mais apparemment les choses ne s’étaient pas arrangées depuis la semainedernière,doncilnevoulaitpaslaisserMamantouteseule.J’auraisaimém’ensoucier,mesentirmalpourelle,maisjenetrouvaispaslecourage.Jem’apprêtaisàouvrirunebière,m’affalerdevantl’écranplatetmedétendredevantlematch,quandNashestsortidesachambreenmettantlacapuchedesonsweatshirtpar-dessuslacasquettequ’ilavaitsursatête rasée. Il faisaitquelquescentimètresdemoinsquemoi,étaitbeaucoupplusmassif,maisentoutehonnêteté,ilétaitdansl’ensemblebienplusbeaugossequemoi.Sescheveuxnoirsétaienttoujourstrès courts car il avait des tatouages jumeaux de chaque côté du crâne et ses yeux étaient très, trèsbrillantsetplusvioletsquebleus,etilsressortaientnettementsursonteintplutôtmat.Iln’avaitpasautantdemétalquemoisurlatête,seulementunanneauaumilieudunezetdeuxécarteursenobsidiennedanslesoreilles.Pourjenesaisquelleraison,ilvoulaitgardersoncouetsesmainssanstatouages,cequimefaisait toujours rireconsidérantqu’il avait lecrânemarquéàvie.Nousfaisions lapaire : quand noussortionsensemble,c’étaitquasicertainquenousne rentrionspasseuls le soir.Nashétaitunmecbienplussympaquemoi,ilétaitjustequelquesniveauxau-dessusdemoidanslelookbadass.–JetetRowdysontauGoalLinepourregarderlematch.Situespartant…RowdytravaillaitausalonavecnousetJetétaitlechanteurd’ungroupedemetalducoinqu’onaimaitbien;c’étaientlesdeuxautresmembresdenotrebande.Alleraubarpourregarderlematchmesemblaitbienplusdrôlequederesteràbroyerdunoirtoutseulsurmoncanapé,alorsj’airemislabièredanslefrigoetaienfilémesbottesnoires.NashconduisaitunDodgeCharger de1973 complètement retapé. C’était unmonstre fait de noir, dechromeetdemoteur.J’étaissûrquetousleshabitantsdenotreimmeublesavaientquandnouspartionsetrevenionstellementellefaisaitdubruitetgrondait,maiselleétaitcool.Jesavaisqu’elleétaitimportantepour luiparce qu’il avait presque tout retapé toutseul. L’histoire deNash n’était pas très nette,maiscommelamienneétaitloind’êtrebrillante,jenel’avaisjamaispousséàm’enparler.Jesavaisquesonpèreétaitmortquandilétaittrèsjeuneetquesamères’étaitremariéeavecunricheconnardàquiNashnevoulaitpasavoiraffaire.Phil, lemêmePhilquinousavait laissésnousappropriersonsalon,avait

joué un rôle essentiel pour que Nash arrive à l’âge adulte sans casier judiciaire ni tribu d’enfantsillégitimes.Lebarétaitsituédanslesudducentre-ville,ouLoDo2,commedisentlesgensducoin.C’étaitunbartrèsfréquenté,surtoutparleshabitantsduquartieretlesgensdumilieu,etcommecelafaisaitdesannéesque je n’avais pas passé un dimanche ici, j’avais oublié qu’il était plein à craquer les soirs où lesBroncos3jouent.Lesgarsavaientunetableaufond, justeendessousd’un immenseécranplat,etnousattendaientdéjàavecunpichetdebière.Despoingssesontentrechoquésetdessignesdetêteéchangéspoursedirebonjour,etunegrandeexclamationNdT:LowerDowntown.1.NdT : Équipe de football américain deDenver.a retenti dans le bar bondé quand les Broncos ontmarqué lepremiertouchdowndumatch.-Quoideneuf,lesgars?ademandéNashenremplissantnosverrespendantqu’ons’installait.Rowdyahaussélessourcilsendésignantuncoindubarderrièrelui.–Alors,c’estpasmieuxqu’undimancheenfamille?Personneneveutvoirsamèrehabilléecommeça.Les filles qui travaillaient dans le bar portaient toutes un uniforme sur le thème du sport. Certainesétaientdespom-pomgirls super sexy, et d’autres portaient deminusculesmaillots et des shorts lacéscomme des pantalons de football américain. Mes préférés étaient les petites tenues d’arbitre quimasquaientàpeineleurderrière.-Non,çac’estclair.Ça faisait du bien de se détendre et de passer du temps avec les gars un dimanche, alors quegénéralement le dimanche était le pire jour dema semaine. C’était largement mieux que de me fairedémonterparmesparentspouravoirosérespirer.J’aisentiunepetitepointedeculpabilitédevantmonégoïsme,maisjesavaisquejepourraislavaincreàgrandrenfortdebière.Jetalevélesyeuxdel’assiettedenachosqu’ilassassinait tranquillementetamontré lebardudoigt,derrièrelui.-Attendsdevoirlafillequinoussert.Mec,maismec,jenetrouvemêmepaslesmots.LegroupedeJet,Enmity,étaitassezconnusur lascène localeet jesavaisd’expériencequ’iln’avaitque l’embarras du choix entre groupies et rockeuses. S’il était impressionné par une fille, c’étaitforcémentune10/10etj’avaishâtedelavoir.Onadiscutéetvidélepichetenmoinsd’unedemi-heure,lesgarsparlaientdeplusenplusfortetétaientdemoinsenmoinsfins,maisonpassaitunbonmoment.Ilallaitnousfalloirunenouvelletournéeincessammentsouspeu.Jen’avaistoujourspasvulamystérieuseserveuse.Lescheveuxdemanuquesesontdressésetjefussoudaintrèsalerte.Uneblondes’approchaitdenotretable.Sescheveuxétaientsiblondsqu’ilsenétaientpresqueblancs,et ilsétaient ramassésendeuxcouettesdechaquecôtédesatête.Sesyeuxvertssurprismeregardaientderrièreunefrangebiendroite.Saboucheétaitunéclatderougesurcevisageque jeconnaissaisaussibienque lemien. Elleportaitlefameuxuniformed’arbitre,avecsonpetitshortnoiràvolantsetsescollantsrésille.Elleportaitaussiunepairedebottesnoiresqui ressemblaientcarrémentauxmiennes,maisplus féminines,etellesmontaientsurdesjambessérieusementsuperbesavantdes’arrêteràsongenou.Tandisquejeluttaispourlareconnaîtreetquemesidiotsd’amisladéshabillaientduregard,Nashs’estlevépourl’engloutirdansuncâlind’ours.-Salutmademoiselle,qu’est-cequetufaislà?Shawafaitunpetitbruitenrendantsoncâlinàmoncoloc,maissesyeuxnelâchaientpaslesmiens.-Euh…Jetravailleici,çafaitunmoment.Normalementjenetravaillepasledimanche,maisilyadumondeetmonplanningachangé,doncj’aiprisceshoraires-là.Etvous,qu’est-cequevousfaiteslà?Jesavaisquelaquestions’adressaitàmoi,maisj’étaisencoretroppétrifiéparsonapparencepourréagir.

Nashalaissésonbrasautourdesesépaulesetamontrénosamisdudoigt.-Celuiaveclescôtelettes,c’estRowdy,iltravailleausalonavecRuleetmoi.Legarsquisegoinfredenachos,c’estJet;ilchantedansEnmityetonagrandiensemble.Lesgars,jevousprésenteShaw;elleagrandiavecRuleetsesfrères.J’airegardémesamisavecunmélanged’ébahissementetderépulsionquandilssesontpresquemarchédessuspourserrerlamainqu’elletendait.Jen’avaistoujoursrienditetcelacommençaitàêtregênant,maiselleasimplementsouri,prislepichetvideetaditqu’ellenousenapportaitunautredansquelquesminutes. Nos quatre paires d’yeux ont suivi lemouvement de ses cheveux et des volants sur son culpendantqu’elle s’enallait. J’avais enviedemettreuncoupdepoingdans la face de tout lemonde, ycomprismoi.Dèsqu’elleaétéassezloin,Rowdys’esttournéversmoiets’estpenchéau-dessusdelatablepourmedonneruneclaquederrièrelatête.Jel’aiinsultéetluiaijetéunregardmauvais,mais jen’aipasessayéderiposter.-C’étaitpourquoi,ça?Ilasecouélatêteetapointésondoigtsurmoi.-C’estelle,lafillequiteconduitjusqu’àcheztoitouslesweek-endsetdonttuteplains?Cellequi tefaitchouinerparcequ’elletetombedessusalorsquetufaislecon?C’estlafilledonttufiltreslesappelsetquetuévitescommelapeste?BonDieu,Rule,jenesavaispasquetuétaisgay.NasharicanéetJetacarrémentexploséderire.J’aifaitundoigtd’honneuràRowdyetaiplissé lesyeux.Tagueule.Tunesaispasdutoutdequoituparles.-Ahnon?J’aidesyeuxetcettefilleestunebombe,alorssoit tuesaveugle,soit tuesstupide,parceque si j’étais au chaud dans une voiture avec elle toutes les semaines pendant deux heures, jeremercieraisDieu,jeneferaispasmonpourrigâté.Nashasecouélatête.-Jen’arrivepasàcroireque tunesavaispasqu’elle travaille ici.Tupasses ton tempsà ignorer cequ’elletedit?Jeluiailancéunregardnoir.-Tunelesavaispasnonplus,ettuluiparlesquandellevientledimanche.-Jeluidemandesielleveutuncafé,pascommentellegagnesavie.Mec,admets-le,tucrains.J’allaismedéfendremaisilnes’estpasarrêtélà.-Etelleestsexy,ellel’atoujoursété.C’estjustequetunel’aimespas,donctun’arrivespasàlevoir.Elleestbelledanslesfringuesqu’ellead’habitudemaisputain,danscetuniforme…-Jel’aimebien.J’airefusédecommenterlefaitqu’ellesoitsexyounonparcequec’étaitbizarre.Évidemment,j’avaisdes yeux, je savais que techniquement c’était une jolie fille,mais elle avait toujours paru si froide etintouchablequejenel’avaisjamaisvraimentconsidéréecommeattirante;plutôtcommeuneœuvred’artimpressionnantefaitepourêtreadmiréedansunmuséeetpaspourqu’onenprofitetouslesjours.-Arrêtedementir.Vousnepouvezpasvoussupporter,touslesdeux.J’aivaguementhaussélesépaules.C’estcommeunmembredemafamille.Ettusaiscequejepensedemafamille.Jetahausséunsourcil.-J’aimeraisquelesmembresdemafamilleressemblentàça.J’ailevélesyeuxauciel.-Ohlaissetomber.Arrêtedefairetonpervers.Elleestrevenueavecnonpasunpichetmaisdeux,etuneassietted’ailesdepoulet.ElleasouriàNashetauxautres,maisquandsesyeuxbrillantssontarrivéssurmoi,elles’estassombrie.

– Les ailes sont offertes par lamaison. Je ne peux pasm’empêcher dem’assurer que tu manges ledimanche.Elles’estretournéeenfaisantvolersescheveuxclairsetestalléetranquillement jusqu’àuneautretableoccupéeparungroupedequarantenairesquiportaientdesmaillotsquine leurallaientpas.J’aifroncélessourcilsquandl’und’euxaposésamainsursonculcouvertdevolants.Detouteévidence,elleavaitl’habitudeetasortisonplusbeausouriretoutensedéplaçantpouréviterletripoteur.C’étaittellement différent de la voir comme ça que, quand elle est de nouveau passée près de notre table,clairementdécidéeàm’ignorer,j’aitendulamainpourattrapersonbras.Desétincellesvertessesontalluméesdanssesyeuxquandelleavumesdoigtstatouésenroulésautourdesonpoignet.J’aiétésurprisparunedéchargeélectriquequiacourujusqu’àmonépauleàsoncontact.J’ailevélessourcilsetluiaifaitunméchantrictus.–Tesparentssaventquetutravaillesici?EtMargot?J’aidumalàcroirequelesadultesquetuessaiestantd’impressionnersaventquetutebaladesiciàmoitiéàpoil.Elleaprisunairrenfrognéetasecouélebraspourenlevermamain.-Non, mes parents ne savent pas parce qu’ils ne me l’ont jamais demandé, et Margot sait que jetravailledansunbar sportifmaisellene saitpasàquoi ressemble l’uniforme,et je suis loind’êtreàmoitiéàpoil.Laisse-moitranquille,Rule.Macoloctravailleiciaussi,etellemelanceunregardquiveutdirequ’elles’apprêteàappelerlacavalerie.Alorsàmoinsquetuneveuillestefairesortirpartroisgrosvideurs,tugardestesmainsdanstespocheset tu fermes tabouche.J’aimebienNash, ila toujoursétésympaavecmoi,maisçanemedérangepasdevousfairetousvirersitucontinuesàmefairechier.Nousnoussommesfixésdansunduelhostilejusqu’àcequ’uneautretablel’appelle.-Justeunweek-end.J’aifroncélessourcilscarelleavaitmarmonnécesmotstellementdoucementquejenel’avaispresquepasentendue.-Quoi?Sesyeuxétaienttellementbrûlantsquejen’arrivaispasàydistingueruneémotionclaire.-Jevoudraisjusteunweek-end,unepausesansêtreobligéedetevoir.Elles’estlancéeversl’autretable,etpourlapremièrefoisdepuisquejelaconnaissais,j’airéaliséquepasserdu temps avecmoiétait peut-être une torture pour elle autant que pourmoi.Quand jeme suisretournéversmesamis, ilsmeregardaient tous avecde lapitié etde l’émerveillement à la fois.Monexpressions’estencoreplusassombriequandj’aiengloutimabièreculsec.-Quoi?J’entendaisl’irritationdansmaproprevoix.-Mec,qu’est-cequ’ilvientdesepasser?C’étaitRowdyquiavaitposé laquestion,maisNash et Jet avaient l’air de vouloirme demander lamêmechose.-Dequoituparles?Nashasoulevésabièrepourcamouflersonsourire.-Vousavieztouslesdeuxl’airdevouloirvouscasserlagueuleoudedéchirervosvêtementsaubeaumilieudubar.Çasortd’où,jecroyaisqu’ellet’énervait?-Oui,ellem’énerve.Elleestricheetgâtéeetonn’estd’accordsurrien;onnes’estjamaisentendus.Rowdym’alancéunregardquivoulaitexplicitementdirequ’ilnemecroyaitpas.-Jesaiscequej’aivuetjesaisquesielleteleproposait,tunepourraispasrésister.Jevoulaisluihurlercombienilavaittortparceque,avantd’être toutesceschosesquim’agaçaientetme tapaient sur lesnerfs, elle avait été àRemyet rien, surTerre commeauciel, nepourraitme faire

oublierça.J’aigardémonsang-froid, jemesuisserviun autreverre et je suis tombédansun silencemorose. Je n’étais pas attiré par Shaw. Je la voyais simplement dans un nouvel environnement, dansd’autresvêtementsquesestenuesclassequicoûtaientplusquecequejegagneenunmois.NousvoyionslefonddudeuxièmepichetetShawavaitdéposésonremplaçantsurlatable,quandunetrèsbelle filleavecdescheveuxnoirssupercourtsest soudainementapparueauboutde la table.Elleétait grande et ses yeux avaient la couleur du JackDaniels.Sabouche aurait rendue jalouseAngelinaJolie, et son corps aurait pu provoquer des accidents de la route. Elle portait lemême uniforme queShaw,maisaulieudebottessuper,elleportaitdestalonsàclousquilarendaientsûrementplusgrandequeNashetJet.Riensursonbeauvisageneparaissaitaccueillant.Jets’estredressésursontabouretetRowdy,quiétaitdeloinleplusbourrédenoustous–ilétaitpasséàlatequiladepuisunevingtainedeminutes–,afaillicarrémenttomberquandelles’estpostéeentreeuxdeux.Maissonregardétait fixésurmoiet je l’aiscrutéeenretour jusqu’àcequ’elleparleenfin.Elleavait ce petit ton nasillard du sud des États-Unis et je jure que j’ai vu Jet tomber amoureux à cettesecondeprécise.-TuesRule.Cen’étaitpasunequestion,alorsj’airéponduenhochantlatête.-Jem’appelleAydenCross.JevisavecShaw.Jen’étaispassûrdecomprendrecequecelapouvaitbienmefairealorsjesuisrestésilencieuxtandisquemonmeilleuramitournaitlatêtepourmeregarder.J’étaisunpeumalpoli,maisj’avaisbuetj’étaistoujoursénervécontreShaw,doncjem’enfoutaisunpeu.-Jenesaispasquelest tonproblème,mais laisselavivre.Ellen’apasbesoinque tucontinuesà luifairedesnœudsaucerveau,alorslaisse-latranquille.Jen’aipuqueclignerdesyeuxcarjen’avaissincèrementaucuneidéedecequevoulaitdirecettefille.Jen’essaiepasd’emmerderShaw.Elleaplissélesyeuxetpointésondoigtsurmoi.-Jesaisexactementcequetufaisetcequetunefaispas,le tatoué.J’aimebeaucoupShaw.Elleestadorable, gentille, et c’est lameilleure coloc du monde. Va juste jouer ton mauvais garçon perturbéailleurs,ellen’apasbesoindeça…J’avaisl’impressionqu’ellesepréparaitàm’enbalancerencoreplus,maisquelquechoseaattirésonattention,etsoudain,unfeudoréabrillédanssesyeux.-Ohputain!Jen’arrivepasàcroirequececonnardaleculotdevenirici.Ilfautquej’aillechercherLou.Elleatournélestalonsetafendulafoule,melaissantsouslechoc.Jenesavaispasdutoutdequoielleparlait,maisilétaitclairquequelquechoseladémangeait.J’airegardépar-dessusmonépauleetj’aisentitoutmoninstinctdeprotectionseréveiller.Shawsetenaitprèsdubar.Ilyavaitdumonde,maissescheveuxblondsétaientfacilesàrepérer.Elleavaitl’airstresséeeteffrayée,unmecenpoloblanclapoussaitcontreleborddubar.Ilavaitunemainsursonépauleetétaitpenchéau-dessusdesonvisage.D’aprèssonexpression,cequ’illuidisaitdonnaitenvieàShawdeluimettreuncoupdepoingoudevomirsurseschaussures.Jen’avaisjamaisvuuntelairpaniquésursonvisage;d’habitude,elleétait toujourscalmeet imperturbable.Endépitde toutbonsens,j’étaisentraindemelever.Jen’étaispasdugenreàm’inquiéterpourlesdemoisellesendétresse,etjesavaisparfaitementquelademoiselleenquestionpouvaitsedébrouillertouteseule.Maiselleavaitl’aird’avoirdumaletmalgrécequejepensaisd’elle,j’allaisintervenir.–Jereviensdansuneseconde.Commejesuisgrandetqu’unebonnepartiedemapeauvisibleétaitcouvertedemotifsquicriaient«nemefaispaschier»,jen’avaisrienbesoindefairepourquelesgenss’écartentdemonchemindans

lebarrempli.Quandjesuisarrivéàcôtéd’elle,sesyeuxsesontposéssurmoietjesuissûrd’avoirvudusoulagementdans leurprofondeurvertescintillante.MonsieurPolo s’est penché encore plus contreelleetjecroisl’avoirentenduparlerde l’imagequeceladonneraitquand il rentreraità lamaison toutseul pour les vacances d’hiver. Je l’ai vue se raidir et essayer de se libérer,mais lePolo s’est collécontreellepourlacoincercontrelebar.–Jemefousdecequemamèret’adit,Gabe.C’estfini,jen’aipasl’intentiond’alleràAspenavectoiettafamille.Arrêtedem’appeleretarrêtedevenirmevoir.-Bébé,onestfaitsl’unpourl’autreetquandtuarrêterasd’êtrebornée,tuverrascommeonpourraitêtrebientouslesdeux.Jedétestelesmecsquiappellentlesfilles«bébé».C’estcequ’onditquandonnesesouvientpasdesonprénomouquandonestjustetropfainéantpourluitrouverunvraisurnom.Elle s’est tortillée un peu plus et j’ai vu que les yeux dumec plongeaient dans le décolleté de sonuniforme.-Lâche-moi,Gabe.Jenevoulaispasqueçasepassecommeçaquandonétaitensemble,etjeneveuxcertainement pas que ça se passe comme ça maintenant. Laisse-moi tranquille. La tête du Polo estdevenueécarlatedevantsonrejetévident.Ilallaits’approcherd’elleencoreplusprès,ilallaitposersonautremainsurellequandjemesuisavancé,quej’aiprislepoignetdeShawetquejel’aitiréeversmoi.LePolofaisaitbiendixcentimètresdemoinsquemoi,alorsj’aicaséShawsousmonbrasetluiailancéunregardmauvaispar-dessuslatêtedeShaw.-Désolépourleretard,Casper.Ellea toutdesuitecompris,apassésonbrasautourdema tailleets’est appuyée contremoi. Je luidonnaiscesurnom avant, pour l’embêter, car ses cheveux étaient presque blancs, et je savais qu’elledétestaitça.Maintenantcelaparaissaitpersonneletintime,commesinousavionsunsecretque lePoloneconnaissaitpas.–Net’inquiètepas.J’aiencoreuneheuredeservice.Tupeuxresterjusqu’àcequej’aiefini?Sesyeuxmesuppliaientde jouer le jeumais j’étais tropoccupé àme demander pourquoimes côtesétaientenfeuàl’endroitoùellem’avaittouché.-Pasdeproblème.C’estqui,tonami?LePolomejetaitunregardnoiretsonvisageviraitaurougecarmin,c’étaitinquiétant.Iln’amêmepaslaisséàShawletempsderépondre.-Jesuissoncopain,GabeDavenport.Ettoi?Shaws’estraidiecontremoietj’aisentisesdoigtsserrermontee-shirt.-Gabe, je teprésenteRuleArcher,Rule,voiciGabe,mon EX-petit copain, qui a dumal à piger lapartie«ex».-Shaw,nerestepasàcôtédelui.Qu’est-cequ’ilsepassedanstatête?Tunepensespassérieusementquelesgensvontcroirequetupassesdemoiàquelqu’uncommelui,si?Nonmaisregarde-le,c’estunecatastrophe.J’étais immunisé contre la tactique du « quelqu’un comme lui », je l’avais trop entendue, maisapparemmentcen’étaitpaslecasdeShaw.Elles’esthérisséecommeunchatmouilléetabougécommesielleallaitpousser.Jel’aireprisecontremonflancetaisubtilementessayédelacalmerenpassantmamainsursonbrasnu.-JeconnaisRuledepuisdesannées,Gabe.Jen’airienàfoutredeceàquoi il ressembleparcequ’iln’estlepantindepersonne,etonnepeutpasdirelamêmechosedetoi.Nevapascroirequetupeuxlejuger,niluinimoi,surtoutquandtumeharcèlesetquetuessaiesdemeforceràfairepartied’uncouple

enmanipulantmesparentsparcequetusaisqu’ilst’aimentbien.Aydenestlà,ettupeuxêtresûrquesiellet’avu,elleadéjàappeléLou.EtLoun’aimepasquesesfillessoientcontrariées,alorsàmoinsdevouloirunscandaledonttuneteremettraspas,va-t’enetnerevienspas.Tupeuxappelermamèreouparleravecmonpèreautantquetuveux,jeneveuxpasêtreavectoietçanechangerapas.Ilavaitl’airdeseprépareràcontinuerlecombatmaislafouleaeuunmouvementbrusqueverslebar,cequiaeupoureffetdeserrerShawplusprèsdemoi,etj’enaiprofitépourlacollercontremoi.Cettefille avait des formes de ouf et jeme suis demandé ce que j’avais fumépour ne pasm’en être renducompteavantaujourd’hui.- Ilyaunproblème,mongars? je luiaidemandé.Elles’estunpeudécolléedemoi en fronçant lessourcilsetaposésesmainscontremontorsepouravoirunpeud’espace.-Ouaismongars,ilyaunproblème.Maiscen’estni lemomentni l’endroit. Jen’aipasde tempsàperdreavecunpauvremeccommetoi.Shaw,onseverraplustard.Onn’enapasfini.Ilm’abousculél’épauleenpassantavecunregardénervé.J’aiserréShawetl’ailaisséefaireunpasdecôté, mais j’ai gardé les mains sur sa taille. J’ai regardé le Polo s’en aller et ai j’essayé d’attirerl’attentiondeNash.Shawalaissésortirunsoupirquiafrôlémagorgeetfaitfrissonnermapeau.-Merci.-Pasdeproblème.Ilfautqu’ilcomprenne,lui.Nashaenfinlevélesyeuxetjeluiaifaitunsignedetêteverslaportepar laquelle lePolovenaitdesortir.Ilahochélatête,aditquelquechoseàRowdyetJet,etilssesontlevéstouslestrois.J’aivulacolocdeShaw,avecsescheveuxnoirs,àcôtédelaporteavecunearmoireàglace.Ellealancéunregardbizarreàmesamisquandilssontsortis,maisn’ariendit.J’aisortimonAmexdemonportefeuilleetl’aimisedanslamaindeShaw.Sesyeuxlumineuxmeregardaientaveccuriosité.–Tuveuxbienpayernotreardoiseavecça?Jereviensdansuneseconde.Elleaprislacarteeta faitunpasenarrière.J’aiessayédenepas faireattentionàcequefaisaitsapoitrinequandelleacroisélesbrasdessus.-Oùvas-tu?-J’aiunecourseàfaire.–NevapasvoirGabe,Rule.Iln’estpascommeRomeettoi.Ilestnépourêtrepoliticien.Lesmenaceset l’intimidationneveulent riendirepourunmeccommelui,oublie-le.L’idéeque je puisse le quitterpour un gars tatoué aux cheveux violets fera assez mal à son ego pour qu’il me laisse tranquille unmoment,croismoi.DetoutefaçonjevaisenparleràLou,levideur.SijeluidisqueGabemeharcèle,ilslebannirontpourdebon.-Écoute,Romememettraituncoupdepiedauculquime feraitvoler jusqu’auNebraska s’il savaitqu’unpetitcontefaitproblèmeetquejenefaisrien,etenplus jedéteste lesmecsquicroientpouvoirfaire n’importe quoi à une fille juste parce qu’ils ont ses parents dans la poche. Je reviens dans uneminute,paiel’ardoiseetgardelacarteaucasoùtudevraispayerpournoussortirdeprison.Jepensaisêtredrôle,maiscelaneluiamêmepastiréunsourire.Ellemeregardaitcommes’ilvenaitdemepousserunesecondetête.Ilfallaitquejebougeavantquelemorveuxsoitparti.-Çavaaller,Shaw.Sérieux,jem’enoccupe.Jel’aiéloignéepoursuivrelesgarshorsdubar.Lajoliecolocacroisémonregardetahausséunsourcil.–Peut-êtrequetuasquelquesqualités,finalement,Archer.Jeluiaifaitundoigtd’honneurparceque,ehbien,c’estcequejefais.Jemesuisdirigéversleboutdelarue,oùNashetlesgarsétaientappuyéscontreuneLexusblanche.UnPoloblancà l’air trèsnerveuxtournaitenrondenmenaçantd’appelerlesflics,soniPhoneenmain,etiln’arrêtaitpasdeleurdemanders’ilssavaientquiétaitsonpère.J’aienfoncémesmainsdanslespochesdemonjeanetpenchélatêtesur

lecôté.JevoyaispourquoilesparentsdeShawaimaientcegarçon.Ilétaitassezmignon,sionaime legenreBananaRepublic.Onavaitquelquespointscommuns,descheveuxnoirsmoinslevioletetlespics,etdesyeuxbleuclair,maisilrespiraitleprivilègeetlavanitécommeseulslesrichesoisifslepeuvent.Ilétait taillé pour être lemari qui s’amusait discrètement alors que sa jolie femme souriait devant lescaméraspourlesélections.BienquemarelationavecShawsoit,aumieux,tumultueuse,jesavaisauplusprofonddemoiqu’elleméritaitmieuxquecequepouvaitluioffrircetteordure.-EhlePolo,attendsuneminute,jeveuxteparler.Ilétaitentraind’expliqueràNashqu’ilallaitluifaireunprocèspourcecietcela,etquesonpèreétaitjuge et qu’il lui mettrait le maximum, lorsqu’il a enfin remarqué ma présence. Il a baissé ses brasgesticulantsetm’afixéméchamment.-Jesaisqui tues, tusais.Shawsecroitpeut-êtremaline,maiselleaunephotodevous troissursatabledenuit.Sesparentsm’ontparléplusieursfoisdesonattachementmalsainàtoietàtafamille.Sonpère l’a mêmemenacée de ne plus payer pour sa scolarité si elle continue à avoir de si mauvaisesfréquentations.Cettepetiterencontrevapeut-êtrelefairepasseràl’action.Ilfallaitluireconnaîtreunechose:bienqu’entourédemecsaussigrandsqueluietbienplushabituésàlaviolencequelui,lepetitrésiduneselaissaitpasimpressionner.-Je ne sais pas pourquoielle est fascinée par une erreur de la nature comme toi,mais il est tempsqu’ellepasseàautrechose.Elleestfaitepourêtreavecquelqu’uncommemoi,pasavecunmecquidoitdéminersagueulepournepasfairesonnerundétecteurdemétaux.NasharicanéetRowdyacarrémentrigolétouthaut.Jen’aifaitquesecouerunpeula têteet luidireavecundemi-sourire:- Je pense qu’elle est faite pour être avec quelqu’un qui s’intéresse plus à sa petite culotte qu’auportefeuilledesonpapa.Shawestunefillebienetellealatêtesurlesépaules.Lefaitqu’ellenet’aitmêmepas laissé la toucherpendantsixmoisparle de lui-même,mon gars.D’après ce que je sais, tuauraiseuplusdechancesavecsesparentsqu’avecelle.Écoute,ellefaitpresquepartiedelafamilleetjen’aimepasque lesgensemmerdentmafamille.Là,c’estunepetitediscussiongentilleparcequ’onestdansunlieupublicetquejesuisdebonnehumeur.Laprochainefois,onseraenprivéetmagénérositéadeslimites.Tulalaissestranquille,pointfinal.Ilavaitl’airdevouloirmerépondrequelquechose,maisl’homme-montagnequiétaitdetouteévidencelevideurdubarestarrivéjusqu’ànotrecoinderue.Louaregardélesgarssurlavoiture,puis lePoloénervé,etasecouélatête.-Çasuffit.Vousquatre,vousrentrez.Aydenm’aditcequ’ils’étaitpassé,doncjepaievotreaddition.Toi,a-t-ilpoursuivienmontrantGabedesondoigtboudiné,tun’esplusautoriséàentrerauGoalLine,tupeux teconsidérercommebanni.SiShawneveutpas tevoir ici, jeme fousdeceque tu asdans tonportefeuilleoudel’influencequ’atonpère,icic’estmamaisonettun’espaslebienvenu.Laprochainefoisquetuviensemmerderunedemesfillesouquetuposeslesmainssurelles,cen’estpasàcesgars-làquetuaurasaffaireetjem’arrangeraipourqu’onneretrouvepastoncorps,compris?Mêmemoi,jeneremettaispasenquestionlesérieuxdumonstre.LePoloaavalésasaliveetahochélégèrementlatête.MesgarssesontdécollésdelavoitureetNashl’a«accidentellement»bousculéensedirigeantversmoi.Gabealancédesgrossièretésetasautédanssavoiture.Ils’estéloignédutrottoiretnousafaitàtousundoigtd’honneurens’engageantsur la route.Levideurm’aregardédehautenbasetabalayémadrôledebandedesonregardimpassible.-TuesamiavecShaw?Nousn’étionspasvraimentamismaisc’étaitlemotquis’enrapprochaitleplus,alorsj’aisimplementhaussélesépaulesetrépondu:

-Ouais.Ilahochélatête.-Moi,c’estLou.Jegardeunœilsurlesfillesquitravaillentici.IlsetrouvequeShawetAydenfontpartiedemespréférées.Cesontdesfillesbienetellestravaillentdurici;ellesnesontpaslàquepourmontrer leur cul et chercher les ennuis, je respecte ça. Je ne laisse personne faire chier ces deux-là,d’ailleursjeleprendspersonnellementquandquelqu’unessaie.Jenesavaispaspourquoiilmeracontaittoutçamais,honnêtement,ilmefaisaitflipper,doncj’aifermémagueuleetjenel’aipaslâchédesyeux.- Shaw est une gentille gamine, mais elle veut tout faire toute seule. Si ce trou du cul continue àl’emmerder, elle va souffrir en silence. Il me regardait désormais avec insistance, et j’ai haussé unsourcil.-Jeveuxsavoirs’ilfautquejem’occupedelui.-Shawetmoi,onn’estpas trèsproches,ellenemeparleraitpasdece genre de choses. Il vaudraitpeutêtremieuxenparleràsacoloc.-C’estàtoiquej’enparle,fiston.Jenesavaispasvraimentquoi répondreàça,maisalorsque jem’apprêtaisà lui lanceruneréponsesarcastique, laportedubars’estouverteet legroupedequarantenairesenmaillotestsorti,et ilssontpassésentrenous.Loum’ajetéundernierregarddroitdanslesyeux,quej’aipriscommeunmoyendemedirequ’ilétaitsérieux,puisilestrentré.Jemesuis retournéversmespotesetai levé lesmainsenl’air.-Est-cequejeloupetoutçaquandjem’envaisledimanche?IlsontexploséderiretouslestroisetJetadécidéqu’ilétaittempspournousdepasseràunautrebar,doncjesuisretournécherchermacartequej’avaisconfiéeàShaw.Lesgarsontchacundonnédixballespourqueje laisseunpourboireàShawet j’ai tracémoncheminjusqu’aubar,oùelleparlaitavecuneautreserveuse,quiavaitlescheveuxblondmieletununiformedepom-pomgirl.Shaws’estarrêtéeenpleinmilieudesaphraseetm’alancéunregardsuspicieux.Jeluiaifaitungrandsourireetluiaitendul’argent.-Toncopainlevideurapayépournous,maislesgarsvoulaientêtresûrsquetuaiesquelquechose.Ellem’atendumacarteAmex.-Qu’est-cequevousavezfaitàGabe?- Rien. Elle a soupiré et je n’ai même pas essayé de cacher mon regard sur sa poitrine dans sonminusculeuniforme.-Bon,mercid’avoirfaitquelquechose.Jenesaispascequ’ila.Lapom-pomgirlmefaisaitl’amouraveclesyeux,etbienqued’habitudej’adorequedesfillessexymefassentça,jel’aiàpeineremarquéecarShaws’étaitpenchéepourramasserdesverreset jenevoyaisplusquelespetitsvolantssursesfesses.Elleétaitpetite,doncjen’avaisjamaispenséqu’elleauraitdesibellesjambes,maisellesétaientparfaitementmuscléesetcourbées.Avecunpeudetemps,jepourraismettreaupointdebonsfantasmescomprenantcesjambes,cesbottesetriend’autre.-Sonproblème,c’estquetuessexy,richecommepasdeux,quetuasdesparentsquiontdesrelationsàne plus savoir qu’en foutre et que tu n’as pas voulu te mettre à poil. Non seulement tu l’as frustréphysiquement,mais tu as détruit son fantasme de jouer au golf avec ton père au country club et des’asseoiràcôtédetamèreàuneconventiondesRépublicains.Tuasdémonté toutcequ’ilessayaitdeconstruire.Ellearejetéunedesescouettesenarrièreetasoulevéunplateaupleindeverres.-Fautquejeretournebosser.Tucroisqu’unjouronauraundimanchesansdramenibagarre?

J’aipasséunemaindansmescheveuxdécoiffésetaibalancétristementlatête.-Lesdimanchesn’ontjamaisétémonjour.Àuneautrefois,Shaw.Salut,Rule.J’aitracémaroutehorsdubarenmedisantquec’étaitsûrementlapremièrefoisdepuisquejel’avaisrencontrée,quandellen’étaitencorequ’unegamine,que jevoyaisShawêtreShaw.Celam’arenduunpeunerveuxdeconstaterque,quandellenemettaitpas toutessesbarrièreset toussesmécanismesdedéfensedédaigneuxenplace,elleparaissaitsifaillible,siindéniablementhumaine,siaccessible,etsi…disponible.

Chapitre4SHAW

J’ai compté pour la cinquième fois le tas d’argent que j’avais sous les yeux. J’avais du mal à meconcentrer,pourplusieursraisons;un,lebaravaiteubeaucoupdeclientsdoncj’étaisrestéedeuxheuresdeplusetjemetraînais;deux,unedizained’autresfillesessayaientdecompterleurssousetpapotaientàproposdegarçonsetdesacsàmaincommeunessaimd’abeilles ; trois,Ayden gardait ses yeux defauconrivéssurmoi,ellecherchaitquelquechosemais jenesavaispasquoi ;etenfin,LorenDecker,monAmyRodgerspost-lycée,merebattaitlesoreillesavecRule.Lorenétaitunevraiepin-upenchairet enos,et elle représentait ce qu’il se passe quand les pestesquittentlelycéeetarriventdanslevraimonde.Elleétaitinsipide,ennuyeuseetgagnaitplusd’argentquenoustoutesréuniesparcequesonboulotétaitdeflirteretdeparaîtrefacile;deuxchosespourlesquellesellen’avaitpasbesoindefairebeaucoupd’efforts.Pourjenesaisquelleraison,ellemouraitd’enviedeconnaîtretouslesdétailssurlaviedeRule.Ellevoulaitsavoircommentonseconnaissait,pourquoi iln’étaitjamaisvenuaubaravant,quelâgeilavait,commentilgagnaitsavie,sionsortaitensemble,s’ilavaitune copine, s’il aimait les blondes, etc., etc. C’était interminable, épuisant, et je crois que celam’embêtaitqu’unebimbodeplusfassetoutpourtomberdanssesbras.Jesavaisquemessentimentspourluiétaientmonproprefardeau,mais jen’allaispas lui offrirma collègue dévergondée sur un plateau.Alors je lui répondis en marmonnant et j’évitai les questions personnelles, ce qui ne l’empêchamalheureusementpasderadoteràquelpointilétaitbeau.-Jeveuxdire,engénéral,jen’aimepaslesgarsquiontpleinde tatouagesetdepiercingscommeçamais,monDieu,sesyeux,tuenasdéjàvudescommeça?C’estcommedudentifriceàlamentheouuntruccommeça,tropbeau!Etsoncorps,jesuissûrqu’il faitde lamuscu.Tuvois,normalement j’aimebienlesmecsquiontdesabdos,maisletypegrandetfinçamarchecarrémentavecsonlook.Quelgenredefilleilaimebien,engénéral?Tuessûrequ’iln’apasdecopine?Sérieux,Shaw,j’aijusteenviedelécherl’anneauqu’ilaàlalèvre,maistrop.Jen’arrivepasàcroirequetusoisamieavecunmecaussisexyetque tune tesoispasservie. C’est genre, contre nature. Je nem’étais jamais « servie », avecpersonne,maisellen’avaitpasbesoindelesavoir.Desmecsavaientessayé,etj’avaisététentée,maischaquefoisquej’étaisprêteàconclure,moncerveaufaisaituncourt-circuitetmerappelaitquecen’étaitpasceluiquejevoulaisvraimentetjemerefermaiscommeunelampequis’éteint.J’ailevélatêteverselleetaiplissélesyeux.-Loren,j’essaiedecompter,est-cequeçapeutattendre?-Donne-moijustesonnuméro.Jen’étaispasloindepéteruncâbleetdeluifourrermontasdebilletsd’undollardanslegosier.Aydenadûsentirquelamarmiteallaitdéborderetelleestvenues’asseoiràcôtédemoien lançantunregardnoiràlablonde.Aydenaquelquechosequifaitquelesgensfontattentionàelle.Jenesaispasceque

c’est,maisjel’adorepourça.-Lore,lâche-launpeu.Cen’estpasnonplussonmeilleurpote.Situvoulaissortiraveclui,tuauraisdûluidemanderquandilétaitlà.Ellea faitunegrimacequipoussait sûrement lesmecsà luiacheterdeschoses,maisquimedonnaitenviedeleverlesyeuxauciel.-Jevoulais,maisilétaittropoccupéàmaterleculdeShaw,c’estpourçaque jedemandaiss’ilyaquelquechoseentreeux.Enfin, ilne t’apas faitdecâlin ni rien en partant,mais vous vous regardiezcommesivousalliezvoussauterdessus.Surprise, j’ai levé les yeux vers Ayden. Depuis quand Rule, qui normalement m’ignorait ou faisaitcommesijen’existaispas,s’étaitmisàmemater?Elleahausséunsourcil.-SiShawlecroisedansunavenirproche,jesuissûrequ’elleluidiraquetuveuxsonnuméro,ouellepeut juste lui donner le tien s’il est intéressé. Maintenant, parlons de quelque chose de vraimentimportant,qu’est-cequetuveuxfairepourtonanniversaire?C’estdéjàdansdeuxsemaines.J’aigrognéetabandonnél’idéedecomptermessouscorrectement.J’aitendulesbilletsàAydenetaicommencéàtrieretàagraferlesticketsdecartebleue,cequidemandaitbeaucoupmoinsdeneurones.Jedétestaismonanniversaire.Enrèglegénérale,c’étaituneguerreentremesparentsetmesbeauxparentspoursavoiravecquij’allaispasserundînerinconfortable;etencore,ça,c’étaitquandilssesouvenaientdemonanniversaire.L’annéedernière,jen’avaisreçuqu’unecartedemonpèreavecunchèquedemilledollarsetunappeldemamèrequim’avait promis dem’offrir quelque chosequand elle trouverait letemps–ellenel’ajamaistrouvé.Aydenavaitfiniparm’emmenermangerdessushis,onétaitalléesvoirunebêtecomédieromantiqueet la journée s’était écoulée, terneetsans riendemémorable.Même lesArcheravaienttendanceànepasfairetoutunfoindemonanniversaire.Celaleurrappelaitqu’uneautreannéeavaitpasséetqueRemyétaittoujoursabsent.Romem’envoyaittoujoursquelquechose,depuislepaysoùilétaitàcemoment-làet,àcejour,celaavaittoujoursétémoncadeaufavori.Jemesuisditquecommej’avaisvingtanscetteannée,jedevraisessayerd’enfaireungrandévénement,mais jen’avaispasenvie.-Pourquoionn’iraitpasdanser?J’ai regardéLorencommes’ilétaiten trainde luipousser trois têtes.Jenesocialisaispasbeaucoupaveclesfillesautravail,maiscen’étaitpasparceque jene lesaimaispas.Certainesétaientvraimentgentilleset laplupartétaientcommeAydenetmoi :ellesgaléraientàpayer les facturesetàcombinercelaaveclesétudes,maisellesaimaientboire,fairelafête,rencontrerdesmecs,sortiretfairetoutesleschosesquin’étaientsimplementpasmontruc.Jen’avaispasbesoinqued’autrespersonnespensentquej’étaisfondamentalementcassée,doncj’évitaislesinteractionssociales.-Euh…jenedansepas.Aydenafroncélessourcilsenregardantlablonde.-Etdetoutefaçon,quit’ainvitée?Elleaclignédesyeuxavecsescilslourdementmaquillésetaretroussélenez.–Jemesuisditque,commec’étaittonanniversaire,peut-êtrequeM.Grand,ténébreuxettatouéseraitdanslecoin.Jevousledis,lesfilles,jesuisauniveauquatredelubricitéetseulRulepourrameguérir.Aydenetmoiavonséchangéunregardetjesuisretournéeàmonagrafeuse.-Non,monanniversairen’estpasungrostruc,doncRuleneserapaslà.Jepréfèrequandc’estcalme.-Tuveuxdirechiant.Jen’étaispasamieavecLoren,d’ailleursjenel’aimaispasparticulièrement.J’allaisluidiredese lemettre làoùlesoleilnebrillepas–cequin’étaitpasvraimentmongenre–,maisAydenacontinuéàparlercommesiLorenn’étaitpaslà.

-Allez,Shaw,onvafaireuntrucfun.Tusaisquetesparentsvonttestresser,etonn’avingtansqu’unefois.Ilfautquecesoitdrôleetexcitant.Ilyavaitunelueurdanssesyeuxambrésetjesavaisqu’ellemijotaitquelquechose,etquej’auraisbiendumalàl’endissuader.J’aiglissélesliassesdebilletsdanslesacentoile,prisl’argentquemetendaitAyden et j’ai fait mes comptes. On se faisait toujours pas mal d’argent, mais aujourd’hui avait étéparticulièrementrentable.J’aidéfaitmescouettesetpassémesonglessurmoncuirchevelu.-Onenparleplustard,OK?JevaisjustechercherLoupourqu’ilnousraccompagne,aucasoùGabedécidederéapparaître,etonrentreàlamaison.Elleapassésonbrassouslemienetnousnoussommesdirigéesversl’entréeprincipale.-Tucroisqu’ilaurait leculotdefaireça?Ruleetsescopainsavaient l’airbiendécidésà lui fairepasserlemessage,etLouluiaditdesetirersinonilletuerait.- Je ne sais pas, Ayd. On dirait qu’il est fou. Je n’aurais jamais cru qu’il se pointerait ici et qu’ilm’attraperaitetmecollerait.Jenecomprendspluscequ’ilsepasse.Jeveuxdire,cen’estpascommesionavaitvécuunegrandehistoired’amouretque je luiavaisbrisé lecœurouquoi.Çan’a jamaisétépassionnel.Rulepensequ’ilatoutsimplementhontequejel’aielargué.-Ilasûrementraison.J’aifaitunegrimacependantqueLounousescortaitjusqu’àmavoiture.Nousluiavonsditaurevoiretavonsprislaroutedelamaison.Jefaisaisdemonmieuxpourprendredesdécisionsquiconviennentàtoutlemonde:jevoulaisqueRuleaitl’amouretlesoutiendesafamille,jevoulaisqueMargotsefasseaideretarrêtedediabolisersonfils,jevoulaisqueGaberèglesesproblèmesetpasseàautrechose,etsurtout,jevoulaisarrêterdemesentirresponsabledetoutça.✻✻✻Lasemainesuivanteestpasséeàunevitessefolle.J’avaisdeuxexamens,j’aiprisquelquesheuresenplusauboulotetjejouaisaujeutrèscompliquéd’«esquivetonex».GabeallaitaussiàDU,etbienqu’ilsoitenprépadedroitetaitcoursàl’autreboutducampus,jelecroisaisàtouslescoinsderue.Ilm’appelaitaumoinsdeuxfoisparjouretj’avaispenséàchangerdenuméro,maiscelamesemblaittropcompliqué,aussijel’envoyaissurmessagerieetjedevenaistrèsbonneàfairecommesijenelevoyaispas.Romeaappeléetm’aditqueMargotn’allaitpasmieux.Elle refusaitcatégoriquementd’allervoirunspécialiste,etmaintenantelledisaitquelefaitquejeneveuilleplusveniràBrooksideleweek-endétaitla fautedeRule.SelonRome,elleaffirmaitqu’ilm’avait faitun lavagedecerveauetm’avaitdresséecontreelle. Ilpréférait toujoursnepas la laisserseule,mêmesiRule leharcelaitpourqu’ilvienne levoir.J’aicomprisqu’ilressentaitlatensionquejeressentaissouvent,coincéentresonfrèreetsamère.J’étaisdéçuecarilneseraitpaslàpourmonanniversaire,maisilavaittropdepainsurlaplanche,alorsjeneluiairiendit.Quand leweek-end est arrivé, j’aurais bien laissé tombermon service du dimanche pour éviter unnouveaudramemaislebarétaitplein,etsiRuleestvenuavecsesamis,jenel’aipasvu.C’étaitencorebizarredenepasavoiràmedisputeravec luipourqu’ilvienneaubrunchfamilialdudimanche,maisquandmonservices’estterminé,sansmigraineniaccusationsnivexations,j’ailâchémonpremiersoupirdesoulagementdepuisdesannées,semblait-il.Jemesentaistellementsereinequej’ailaisséAydenmeconvaincredeséchermesrévisionsengroupeetd’allermangermexicain.C’étaitlapremièrefoisdepuisdessièclesquejemesentaissimplementmoi-même,etjenesavaispresqueplusquoifairedemapeau.Commec’étaitledébutd’unnouveausemestre,j’avaisl’impressiondecroulersouslesdevoirs,aussiai-jeéchangémesjournéesdevendredietdimancheauboulot.Jenetravailleraispassamedicarc’étaitmonanniversaire,ettoutlemondeaubarsavaitqueLoum’adoraitetqu’iltueraitquiconqueessaieraitdemefairetravaillerlejourdemesvingtans.

Vendredi après-midi, je n’avais toujours aucune nouvelle de mes parents, j’ai donc supposé que jen’auraispasàsubirdemomentsenfamille.J’avaisreçuuntextodeMargotquimedemandaitderéfléchiràvenir cedimanchepourmonanniversaire. J’avais réponduque jeserais ravie devenirsi Rule étaitinvitéaussi,etjen’avaispaseuderéponse.Aydenvoulaitgardersecretcequ’elleavaitprévu,etcelame stressait. J’aurais été satisfaite avec une autre journée sushis et ciné, mais elle répétait que nousdevions nous diversifier, partir à l’aventure et faire quelque chose de nouveau. Son discours et sonattitude sans pitié étaient les ingrédients d’une catastrophe, mais j’essayais de rester optimiste parcequ’ellevoulaitjustemefaireplaisir.Jesortaisdemoncoursd’anatomieetécrivaisunmessageàunecollèguepourluirappelerqu’ellemeremplaçaitpourlafermeture,quandjesuisrentréedansquelqu’un.J’aitoutdesuitefaitunbonddepeuretd’agacement.Gabesetenaitenfacedemoi,toujoursaussilisseetparfaitementpomponné.Onauraitditqu’iln’avaitpasarrêtédesepasser lamaindanslescheveuxet,quand ila tendu lamainpourmestabiliser,j’aireculésivitequej’aifaillitomberleculparterre.-Qu’est-cequetufais?Jevoulaisavoirl’airoutréeethostile,maismavoixacasséetj’aidûmel’éclaircirpourretrouvermonsang-froid.Sesyeuxbleusontscruté lesmiensminutieusementet jemesuisdemandécomment j’avaisbienpuêtreattiréeparlui,maintenantilmemettaitjustemalàl’aise.-Euh…tunerépondspasquandjet’appelleetj’aibeaucoupdemalàtetrouverencemoment.-C’estparcequejeneveuxpasteparler,nitevoir.Pousse-toi.-Shaw,attends.Ilalevélamainetasortiquelquechosedesapocheavantdemeletendre.-Jesaisquec’esttonanniversairedemainetjevoulaist’offrirquelquechose,pourtedirequejesuisdésolédem’êtrecomportécommeça.Çamerendaitfouquetuaiespumequitterpource taré,mais tamèrem’aexpliquéqu’ilnesepassaitrienentrevous.Tiens,prends-le.Ilapoussélaboîteenveloursversmoietjemesuisreculéecommes’ilavaitunserpentdanslamain.-Jeneveuxpasque tum’offresça, jeneveuxpasquetum’offresquoiquecesoit.Laisse-moitranquille,Gabe,jesuissérieuse.-Écoute,Shaw,tunepeuxpascroiresincèrementqu’ilyauraunjourquelquechoseentretoietcemec.Tamèrem’aditquetuavaisunfaiblepourluidepuisdesannéesetqu’ilneteregardemêmepas.Tun’espassongenre;tuestropbienpourluietillesait.Donne-moiuneautrechance,c’esttellementlogiquequ’onsoitensemble.J’avaisenviedeluimettreuncoupdepoing,maisj’aijustelaissélaglacequesesmotsprovoquaientenmoirecouvrirlacolèrequejesentaismonter.-Non.Jen’airienditd’autre,rienque«non»,parcequejen’avaispasàjustifiermessentimentsnilefaitquejesavaisquecequ’ildisaitsurRuleétaitvrai.Jen’étaispastropbienpourlui,j’étaissimplementtropMOIpourqu’ilmevoieautrementquecommeilm’avaittoujoursvue,etjem’yétaisrésignéedepuisdesannées.J’aifaitquelquespastrébuchantsenarrièrepuisj’aitourné les talonsetmesuismiseàcourirpourm’éloignerdelui.Jecroisqu’ilacriémonnom,mais jem’enfichais, jecourais. Ilcommençaitàvraimentmefairepeur,etlefaitquemapropremèreluidonnedesdétailsintimessurmaviemedonnaitenvie de vomir. J’avais dumalàcroirequ’unefemmequin’avait même pas réagi quand j’avais quitté lamaisonpourallerà l’université avait remarquémessentimentspourRule. SiGabe ne se calmait pas,j’allaisdevoirchangerdenuméro,voiredemanderuneinjonctioncontrelui.Quandjesuisrentrée,l’appartementétaitvide,alorscommeunegrossenazej’aivérifiéque toutes les

portesétaientferméesàdoubletouretqueleverroudelaported’entréeétaittourné.Jemesuiscachéedansmachambreetj’airéviséenm’apitoyantsurmonsort.Jenemeconsidéraispascommequelqu’unde particulièrement extravertie ou optimiste, cela venait d’années d’indifférence à la maison etd’exclusionàl’école.Pendantunmoment,Remyavaitréussiàmefairesortirdelacarapacedeprivilègeoùjem’abritais.EnquittantBrooksidepourl’université,j’étaiscertainequej’allaistrouvermonidentité,maisRemyétaitmortetjefaisaisencoretellementd’effortspourcorrespondreauxattentesdegensquinesemblaientmêmepass’enrendrecompte.Jem’habillaisbienetjegardaismesbonnesmanièrespourquemesparentsn’oublientpas totalementmonexistence.JesurveillaisRuleetjesupportaissoncomportementdétestableparcequejevoulaisqueMargotetDaleserappellentqu’ilméritaitleuramouretenavaitautantbesoinqueRemyauparavant.Jeportaisunetenueridiculeautravailetjesupportaisdes fillesneuneusetdesclientsbourrésparcequeAydenavaitbesoind’unecolocsérieusesurquiellepuissecompter.Etsurtout,jefaisaiscommesiavoirdescontactsavecRuleetlevoirsetapertouteslesjeunesfemmesdeDenvernemedérangeaitpasetnetuaitpasquelquechoseàl’intérieurdemoi.Etfairetoutcelatouslesjourscommençaitàtransformerlespartiesdemoiquiétaientvraimentmoienfantômes.Jesavaisquelaraisonpourlaquellej’avaisacceptédesortiravecGabeaudépartétaitqu’ilmefaisaittrès vaguement penser àRule. Il avait des cheveux noirs, des yeux clairs, et bien qu’il soit soigné etBCBG, ilavaitunpeudemaliceen lui qui avait réussi à dépassermes réserves habituelles.Dès lespremiersrendez-vous,j’avaisbienvuqu’iln’yavaitpasdecoupdefoudre,pasd’étincelle.Jecherchaisencorequelquechose,ouplutôtquelqu’un,quin’étaitpaslà.Gabeétaitpolietagréablejusqu’àcequ’ilcomprennequejenevoulaispasqueleschosesdeviennentphysiquesentrenous.Sixmois,c’était longpourfairemarcherquelqu’un,jelesavais,maiscelanejustifiaitpasl’attitudebizarreetobsessionnellequ’ilmontraitmaintenant,etc’étaitunfardeaudeplusquejedevaisporter.J’étais vraiment prête à tout lâcher. Je me suis changée pour enfiler un survêtement et me suisrecroquevillée sur le lit pour regarder quelque chose surNetflix.Sachant queAyden ne rentrerait pasavantdeuxheuresdumatin,jenepouvaisquefairelatêtetouteseule.J’auraisdûêtredehorsàm’amuser,j’aurais dû avoir un portable plein d’amis à appeler pourpasser le vendredi soir – un des rares quej’avaisdelibre–avecmoi,maisjen’enavaispas,etc’étaittriste.Ilnememanquaitplusqu’unchatoudeux et un gros pot de glace pour compléter ce pathétique tableau. Après ma deuxième comédieromantiqueetmalivraisondebouffechinoise,jemesuisfaitlapromessed’accepterpleinementcequeAyden avait en stock pourmon anniversaire demain, parce que ce que je faisais en ce moment étaitdéprimant.Macolocavaitraison,ilfallaitquejem’amuse,quejem’allège l’esprit,et j’étaispartante,peuimportecequ’elleavaitprévu.Jemesuisendormieenregardantuneénièmefillemaladroitefaireunrelookingfantastiquecar,pouruneraisonquim’échappait,lemecdesesrêvesnevoyaitpascommeelleétaitbellederrièreseslunettesetsescheveuxenbataille.Lelendemainmatin,jemesuisréveilléeavecdes messages me souhaitant un joyeux anniversaire de la part de Rome et de mon père. Commed’habitude,rienvenantdemamère,etmêmesicelam’énervait,jedevaisadmettrequej’étaistristequeMargot nem’ait rien envoyé. J’ai décidé deme faire un petit déjeuner et je me suis dirigée vers lacuisine.J’aiétésurpriseparuntrèsbeaubouquetsurlatabledelacuisinemaisj’aieuunmouvementdereculenvoyantlenomsurlacarte.IlallaitvraimentfalloirfairequelquechoseàproposdeGabe.Aydenétaitmatinale;elleallaitcourirtouslesmatins,peuimportaitl’heureàlaquelleelleétaitrentréelaveille.Elles’estapprochéedesfleurs,satasseàlamain,etafaitunegrimace.-Ellesétaientsurleperronquandjesuisalléecourircematin.-Jecroisquejevaisdevoirdemanderuneordonnancedeprotection.-Sonpèren’estpasjuge,ouuntrucdugenre?J’aisoupiré.

-Si.MedébarrasserdeGabeseraitpeut-êtreplusdifficilequecequej’avaisimaginé.-Tuveuxquejepréparelepetitdéj?Elleasecouélatêtededroiteàgaucheetleregardqu’ellem’alancébrillaitd’enthousiasme.-Non, je t’ai planifié lameilleure journée d’anniversaire de l’Histoire des journées d’anniversaire.D’abord,onvaàLucille’s.J’adorais Lucille’s. C’était un célèbre restaurant cajun àWashington Park, et probablement l’un desraresendroitsoùl’onpouvaittrouverunbeignetcorrectendehorsdeLaNouvelle-Orléans.-Ouais!Çameva.Qu’est-cequ’ilyad’autresurlaliste,pouraujourd’hui?-Dushopping.Jeluiaifaitlagrimaceparcequejedétestaisfairelesmagasins.Jevivaisdansununiformeridiculeautravail, et dans des vêtements chers demarque que mes parents voulaient que je porte car je devaism’habillerpourleboulotquejevoulaisetpaspourleboulotquej’avais;etapparemment,lesdocteursnesebaladaientpasenjeanettee-shirt,mêmeendehorsdeleursheuresdeservice.Envoyantmatête,ellearéponduparunsouriremaléfique.-Non,onnevapasfairedushoppingderiches,onvafairedushoppingd’étudiantenormaledetouslesjours.Onvaalleraucentrecommercial,àmafriperiepréférée,etdansuneboutiquevintagegénialedansPearlStreetettoi,monamie,tun’espasautoriséeàdépenserplusdecinquantedollarspararticle.Pasde talons à deux cents dollars, pas de pull en cachemire à cinq cents dollars, et pas de pantalonsparfaitementcoupéscoususàlamainpardesmoinesaveuglesdanslesAndes,oujesaispasquoi.Onestjuste deux amies normales qui ont enviede passer leur journée à gaspiller leurs pourboires dans desconneriesinutiles.Enfait,çaavaitl’airmarrantetc’étaitquelquechosequejen’avaisjamaisfait.-Etaprès,a-t-ellepoursuivienécarquillantthéâtralementsesyeuxcouleurwhisky,onvaausalonpoursefaire coiffer, plusmanucureetpédicure.Unefille demon cours de chimieminérale a des cheveuxgéniaux–elle resplenditcommeunarcen-ciel–etellene jurequeparcesalon.Alors on va se fairetoutes belles, enfiler nos nouvelles fringues de filles normales et aller dîner au resto brésilien qu’onmeurtd’enviedetestertouteslesdeux.Çaavaitl’airfabuleux,toutcelaavaitl’airfabuleux.J’allaismejetersurellepourunénormecâlindegratitudequandellealevélamain.-Jen’aipasfini.Elleadisparudanssachambrependantuneminuteetenestressortieavecunecartedansuneenvelopperose.-Ensuitetuprendrascecadeaud’anniversairetrèscoolettrèsindispensablequejetefais,etonsortiratouteslesdeux.Jeneteparlepasdesortiraurestoouaubowling,jeteparledesortirpourdevrai. Jevaistefairepasserunbonmoment,mêmesijedoisteforceràl’avaler.J’aiouvertlacarteavecunelégèreappréhension.Jenesavaispascequ’elleentendaitpar«sortirpourdevrai».Danslacarte,aupremierabord,lecadeauemballéressemblaitàunecartebleue.Aprèsavoirlusesadorablesvœuxd’anniversaire,j’aisoigneusementdépliélepapieretailaissééchapperuncridesurpriseenvoyantcequ’ilrenfermait.-Ayd,jenepeuxpasm’enservir.Lapièced’identitécomprenaitmaphoto,madatedenaissance–avecunandeplus–etavaitl’exacteapparence d’un permis de conduire du Colorado. D’ailleurs, elle ressemblait tellement à celle quej’avaisdansmonportefeuillequejenevoyaisaucunedifférence.-Ohsi,tupeux.Tuaspassévingtansàêtreunegentillepetitefillepourtoutlemonde,etj’enaimarre

de voir que ça te tue. La plupart des filles de ton âge sortent, se faufilent en boîte, embrassent desgarçons, ont des coups d’un soir ratés, rentrent dans des disputes ridicules et dramatiques avec leurscopines,ettoi,Shaw,tunefaisriendetoutça.Cesoir,tuprendscepermisettusorsavecmoi,ettutecomporterascommetouteslesstupidesfillesdevingtansquejeconnais.Onvaboirequelquesverresdetrop,fairelesfollesets’amuser,tulemérites.Jenemesouviensmêmepasdeladernièrefoisquejet’aivuesourireourire.Tulaissestonâmesefaneràforced’essayerd’êtrequelqu’unquetun’espas,etjenepeuxplusenêtreletémoinsansrienfaire.-J’auraivingtetunansl’annéeprochaine.Jenesaispasvraimentpourquoij’aipenséqueceseraitunargumentvalidecontrelessiens,bienpluspertinents,maiscesontlesseulsmotsquisontsortisdemabouche.Elleasecouélatête.-Etalors?Aujourd’huituasvingtans,ettuviscommesituenavaiscinquante.Celam’apiquéecar,lorsdenotredernierpassageàBrookside,Rulem’avaitditàpeuprès lamêmechose.Avecunsoupir,jemesuisrappelémarésolutiondelaveille,demeconformerauplandeAyden,etdeme laisser porter, pourune fois. J’ai remismes cheveuxderrièremesoreilles et ai redressé lesépaules.-OK.Aydenalevélesyeuxethaussélessourcils.-OK?-Ouaip.Onlefait.Lançons-nousdanslefunetladébauched’anniversaire.Elleacouinéassezfortpourmefairemalauxoreillesetacouruautourde la tablepourmefaireuncâlinquim’aétouffée.-Fais-moiconfiance,Shaw,tun’oublierasjamaiscettejournée.Elleavait raison,card’icià la finde lanuit,cetanniversaireallait se révéler un tournant dansmonexistence.Lepetit déjeuner étaitmerveilleux.Nousnoussommes tellement goinfrées demerveilleusesfritesque, quandnous sommes arrivées aucentrecommercial, j’ai dû courir un peu, simplement pourencorearriveràbouger.J’aiessayéunmilliondejeansetj’aifiniparenacheterquelques-uns.J’aiprisunepairedeConverse;j’enavaistoujourseuenviemaisjen’avaisjamaiseuledroitd’enavoir.J’aifaitdes réserves de bons vieux tee-shirts et débardeurs. À la friperie, j’ai déniché une veste en cuir àl’ancienne, démente, et quelques chemises style western avec des boutons nacrés que je voyaisparfaitementavecmonnouveaujeanskinny.Àlaboutiquevintagejemesuisunpeupluslâchéeparcequejetombaisamoureusedetouteslesrobesdesannées1950et1960.JeressemblaisàunpersonnagedeMadMendanscertaines,etàBettiePageavecquelquescentimètresenmoinsdansd’autres.J’aiachetéunepairedetalonsbleucanard avec des sequins et des plumes sur le côté et une petite toque que je ne porteraisprobablementjamais,maisquej’adorais.Etleplusimportant,c’estquej’airiavecAydenpendantdesheures alors que nous essayions un vêtement après l’autre. J’avais l’impression qu’on venait dem’enleverunpoidsimmensedelapoitrine.C’étaitamusant,niplusnimoins,etlefaitquej’avaisoubliécequecelafaisaitétaitbientriste.Ausalon,jemesuisfaitfaireunemanucurepédicurerosevifet,justepourvoir,j’yaiajoutédepetitesétoiles noires. C’était cool et complètement à contre-courant des couleurs pâles et nacrées que jechoisissaisd’habitude.Lafillequimelefaisaitavaitdesdreadlocksvertfluoetuntatouagesurlefront,donc j’étais tout excitéequandellem’a fait ungrand sourire etm’adit qu’elle approuvaitmonchoix.Tousceuxquitravaillaientdanscesalonavaientuneauracooletrockandroll.En tempsnormal jemeseraissentiedécaléeetréservée,maisilsétaienttoussisympasetsinaturelsquec’était impossibledefaireautrementquedesedétendreetprofiter.Lemecquis’occupademescheveuxétaitafro-américain,

imposant,detouteévidencegay,etungrosœilétaittatouésursoncrâneraséetluisant.Ilétaithabilléenimpriméléoparddelatêteauxpiedsetportaitdeschaussuresquiavaientcertainementcoûtépluscherquelesmiennes.Ilétaitgentiletm’aditquemescheveuxétaientmagnifiques.Ilm’aconseillédefaireunsimpledégradé,pourleurdonnerducorpsetdelavie.J’étaiscomplètementpartante,etje luiaimêmedemandés’ilpouvaitmefairequelquechosedenouveauaveclacouleur.Mescheveuxétaient tellementclairsquej’évitaisengénéraldelesteindre,carlerésultatétaittropextrême.Sesyeuxnoirssesontmisàscintillerd’enthousiasmequand je lui ai demandéquelquechosed’audacieux,mais respectable. J’aifini avecmonblondcendréhabituel et une once de châtain en dessous. C’était génial, différent,maisassezdiscretpournepasêtrechoquant.Cequejepréféraisétaitmafrange,qu’ilavaitdiviséeendeuxpour ajouter de la couleur d’un côté. C’était tendance, original et tellement différent de ce à quoiressemblaientmescheveuxd’habitude.Je l’aiserrédansmesbras, toutsourire,avantdepartir. Ilm’aserréeaussi,trèsprobablementparcequejeluiavaislaisséunpourboireassezgrospourpartirenweek-end,maispeuimporte,j’avaislaclasse.Nousnoussommesempresséesderentreràlamaisonpournouspomponnerpourledîner.J’aimisunedemesnouvellestenues,unejupecrayontrèsserréeetunhautbleutransparentavecundébardeurendessous.J’aibouclémesnouveauxcheveux,misplusdemaquillagequed’ordinaireetj’aidécidédeportermessuperbottesnoiresquiiraientbienàunmannequinpourHarleyDavidson.Ellesdonnaientunpeudepiquantàmonlooketcelameplaisait,aprèsavoirpassélajournéeà laisser lavraieShawen liberté.Les jambesdeAydenparaissaient interminablesdanssa roberougechic,etaurestaurant,ellesfirentbavernotreserveurchaquefoisqu’ils’arrêtaitpourremplirnosverresd’eau.Ellem’afaittestermonnouveaupermisencommandantunverre,etcelaamarchésansproblème.Sansquejem’enrendecompte,nouspassionsunmoment fabuleux,sanssoucis,onallaitd’uneboîteàl’autre dans LoDo et on écumait les bars miteuxmais branchés deCapitol Hill. J’ai été surprise deconstaterquejen’avaismêmepasbesoindemontrermonfauxpermisdans laplupartdesbars ; il fautcroirequ’unejupeserréeetundécolletéfonctionnenttoutaussibien.Aydenimitaunmecquis’agitaitdanstouslessenssurlapistededanseetj’airicommeunefolle.Nousavionspasmalattirél’attentionpartoutoùnousétionsallées,etnousn’avionspaseuàpayerbeaucoupde verres. À ce moment, un mec de CU-Boulder 4 essaya de me raconter en détail sa carrière defootballeurillustre,ouplutôtillaracontaitàmesseins,jecroisd’ailleursqu’ilne lesapas lâchésdesyeuxuneseulefois.Aydenlevaitlesyeuxaucielettentaitd’éviterunmecencostarddebanquierquiluiproposaitdes’occuperdesacomptasielleluidonnaitsonnuméro.C’étaitlégeretmarrantetjen’avaispasbesoindefairebeaucoupd’effortspour flirterouêtreséduisante ; j’étais déjà plus que pompette,doncplusquestiondefairelaconversation.Toutcequej’avaisàfaire,c’étaitsourireetrestersagementassise sur le tabouret du bar, deux choses pour lesquelles j’étais apparemment très douée. Un autreCosmo,dontjen’avaisfranchementpasbesoin,apparutdevantmoi,etM.Footballsepenchaitdeplusenplusprèsdemoilorsqu’unsixièmesens,oumoninstinctdefuite,s’estdéclenchéàpleinepuissance.J’ailevélatêteetaitournésurmon tabouret,manquantdemettreuncoupdegenouaufootballeurauregardlubrique.J’airegardéautourdemoi,tenduUniversitésituéedans labanlieuedeDenver.lecoupourvoircequi m’avait donné la chair de poule, mais je n’ai vu que les clients du bar qui tournaient et semélangeaient.Lefootballeuraessayéd’attirermonattentionenpassantundoigtsurmonbras,j’imaginequec’était censéêtre sexy,mais j’étaisbourrée, sur lesnerfs,et jevoulaisqu’ilse tire. Tout à coup,j’étaisprêteàm’enaller,etj’aicherchéAydenpourappeleruntaxietpartir.Maisavantquej’aiepulatrouver,unemainchaudes’estglisséesousmescheveuxdansmanuque.Unevoixgraveagrognédansmonoreille:–Qu’est-cequetuasfoutupourrentrerici,Casper?Etqu’est-cequetuasfaitàtescheveux?

Lefootballeurafaitdegrandsyeuxparceque,bon,RuleestRule.Disparus,lescheveuxvioletscoiffésenpicsetenbordel.Maintenant,ilavaittoutrasésurlescôtésetavaitdécolorélerestepourenfaireunecrêteblanchehautedeplusieurscentimètres.Ilportaituntee-shirtnoirserréavecuncrâneenflammédansun casque deViking quimontrait ses deux bras tatoués, un jean noir déchiré au genou, et ses grossesbottesnoiresdemoto.Ilauraitdûavoir l’aircradeetnégligéàcôtédufootballeuretdesoncolenV,maiscen’étaitpas lecas.Sexyetdébraillé, ilavait l’airdequelqu’unqu’onnevapasemmerder. Lefootballeurs’estrapidementécartédelatableetadisparudanslafoule.J’étaisbourrée,doncpeut-êtrepasdanslemeilleurétatpourunface-à-faceavecRule,mais j’adoraismescheveuxetiln’allaitpasgâchermesbonnesondesd’anniversaire,surtoutqu’ilnesavaitévidemmentpasqueljouronétait.J’aibougépourqu’ilmelâcheetaibumonverreaugoûtacideculsec.Qu’est-cequetufaislà?Il a hausséunsourcilet a pris laplacequ’avait laissée le footballeur, en baissant les yeux surmondécolleté.-Lesalonestauboutde la rue ;avecNash,onvient tout le tempsfaireun tourdanscebaraprès leboulot.Jeviensdefiniravecunclient.Jesaisqu’ilsdemandentunepièced’identitéàl’entrée,commenttuesrentrée?J’ai jeté mes cheveux par-dessus mon épaule comme j’avais vu un nombre incalculable de fillesinsupportables le faire,saufque j’ai failli tomberdemon tabouret.C’était une bienmauvaise idée deboiremon dernier verre d’un trait. J’ai agrippé le bord de la table et Rule a tendu le bras pour merattraper.Quand il a touchémon bras, c’était comme une brûlure. J’aurais dû écoutermon instinct etm’enfuir.J’aiposéunemainsurmonfrontcarilétaitchaud,etsoudainjemesuissentiemoite.-Ilfautquej’yaille.Ilfaisaittropchaud,ilyavaittropdebruit,etsijenesortaispasprendrel’air,toutdesuite,j’étaissûrequej’allaisvomirpartout.J’aiessayédemelevermaislapièces’estmiseàtourneretj’aidûmeraccrocheraubicepsdeRulejustepourresterdebout.J’étaistellementcontented’avoirmismesbottesplutôtquedestalons…J’auraisfinilatêteparterre.-C’esttoiquiconduis?J’entendaislavoixdeRuledeloinetilsentaitvraimentbon.Ensoupirant,jemesuisappuyéecontreluietj’aienfouimonnezdanssoncou.Ilétaittellementgrandquej’aidûpoussersursesbraspouryarriver.-Sérieux,Shaw,commenttuesvenueici?-AvecAyden,onaprisuntaxi.-Oùelleest?-Avecunbanquier.Ilfautquejerentre.Jesentaismesjambesalcooliséescommenceràtrembleretilaserréunbraslourdautourdema taillepourmegarderarriméeàsontorse.J’aimaisbien.Sansyréfléchir,j’aienroulémesdeuxbrasautourdesoncou.C’étaitaussiagréablequecequej’avaistoujoursimaginé.-Sacolocsebaladedanslecoin,tuveuxbienvoirsitulatrouves?Jevaislaramenercheznous.Jenesavaispasàquiilparlaitmaisunevoixfamilièrea répondu.Unesecondeplus tard, j’étaismi-escortéeetmi-portéejusqu’àlasortiedubar.L’airfroiddejanvierm’afaitmeredresseretRulem’afaitbougerdel’avantdesoncorpsàsoncôté,engardantunbrasautourdemesépaules.J’aipassémonbrasautourdesatailleétroiteetjemesuisserréecontrelui.Jesavaispertinemmentquelavodkamefaisaitfairen’importequoi,maisjenepouvaispasm’enempêcher.–Onn’estqu’àtroisruesdechezmoi.Jevaistefaireavalercinqlitresdecafé,deschipsouunburritoett’appeleruntaxi.Tuesencorepluspâlequed’habitude,etsitumontesdansunevoituremaintenanttu

vasdégueulerpartout.Etaufait,pourquoiest-cequetuesbourréeethabilléetoutesexycesoir?J’aifrissonnéunpeuàcauseduventsurmesjambesnues.J’aiposémonnezfroidcontresescôtesetj’aiinspiré.Ilsentaitl’antiseptiquedusalondetatouage,lescigarettesdeNash,legelpourcheveuxdesa crête, et en dessous de tout ça, l’odeur chaude et terreuse qui était simplement lui. En six ans, jen’avaisjamaisétéaussiprochedeluiaussilongtemps.C’étaitassezpourfairedéraillermonorganismeenmanquedesexeetentrop-pleind’alcool.-Tutrouvesquejesuissexy?Celame semblait être la partie la plus importante de cette conversation.Nous nous sommes arrêtésdevantunpanneaustopetilm’aregardéeavecdesyeuxclairsemplisd’exaspération.-Shaw,touslesmecsdubarteregardaientcommesituétaisunappâtdansunbassinàrequins.Tusaisquetuesjolie,tudevraistefoutredecequejepense.Cequiestimportant,c’estpourquoitoutàcouptut’habilles,tutemaquillesettutecomportescommequelqu’und’autre.Qu’est-cequ’ilt’arrive?Jevoulaisluilancerunregardnoirmaisc’étaittropdur,surtoutquesontee-shirtremontaitdanssondosetquemonbrastouchaitsapeaudouceetchaude.J’aitrébuchésurletrottoiralorsquenousdescendionsuneautrerue,etj’aiaperçusonimmeublevictorien.Ilm’atenueplusfortcontreluietjen’aimêmepasessayédecamouflerledouxsoupirquej’ailâché.-Toutlemondepensequejedoisêtrecommecioucommeça:toi,mesparents,tesparents,lesfillesau boulot, Gabe. Tout le monde veut que je sois comme ci, que je fasse ça, que j’aille par-là, et àclochepied,etj’enaimarre.Peut-êtreque,pourunefois,j’aienviedemecomportercommej’aienvieetmesentircommejeveuxsansquepersonnenemejugeouattendequelquechosedemoienéchange.Alorsquenousmontions lesmarchesvers sonappartement, il ne disait rien. Il essayait peut-être dedéchiffrermondiscours imbibé,carmêmemoi, jepouvaisentendreque j’articulais difficilement entremesdentsquiclaquaient.Ilaouvertlaporteettourné leverrou. Il faisaitchaudà l’intérieur,alors j’aienlevémavesteetaipassémesmains tremblantesdansmes cheveux. J’ai tourné les yeux vers lui et,mêmesijevoyaisflou,j’aifaillim’étouffer.Ilétaitadossécontrelaporteetmeregardaitavecdesyeuxvoilés. Iln’étaitpasen traindeme lancerdespiquesoudem’ignorer, ilmeregardait. J’ai poussé unsoupiretaisentil’amertumedujusdecranberrysurmalangue.J’aifaitquelquespaschancelantsverslui.Ilétaittellementgrandquej’aidûmemettresurlapointedespiedspouratteindresonoreille.J’aiposéunemainsursonépauleetl’autresurlaporteprèsdesatête,etj’aimurmuré:-C’estmonanniversaire,Rule.Jem’attendaisàcequ’ilbouge,qu’ilmepoussedoucementsurlecôté,maisiladécroisélesbrasetaposésesmainsdechaquecôtédemataille.Unrefletestpassédanssesyeuxpâlesetsaboucheafaitunsourireinverséquiafaitbrillerl’anneauaucoindeseslèvres.-Jesuisdésolé,Shaw.Jenesavaispas.J’aihaussélesépaulesetfaitunautrepasverslui.-Cen’estpasgrave,maproprefamilleaoublié.Jemesuisavancéetellementprèsdeluiquemapoitrineétaitécraséecontre lasienne.J’aisentiquecetteproximitéavaituneffetsurlui.Sijen’avaispasdûmeconcentrersurmonéquilibre–j’étaissurlapointedespieds–,celaauraitpumefairesourire.Toutcequej’avaisvouludansmavieétaitavoiruneffetsurlui,luifaireressentirquelquechose,quoiquecesoit,quelquechosedeplusquede lasimpletoléranceàmonégard.-Jesaiscequetupeuxfairepourmoiquiferaofficiellementdecettejournéelemeilleuranniversairedel’Histoire.Jevoulaisavoirl’airsûredemoi,sexyetsensuelle,maisjecroisquej’avaissurtoutl’airlibidineuseet

saoule.Jem’enfoutais.J’étaislà,lavraiemoi,cellequilevoulaitdésespérément,etquil’avaittoujoursvoulu.C’étaitimpossibledelaremettredanssacage,maintenant.Jenepensaispas,jeneréfléchissaispas,jemesuissimplementappuyéesurluipourmegrandirunpeuplusetplaquersolidementmabouchecontrelasienne.L’anneauàsalèvreétaitétonnammentfroidcontrelamienne, tout le resteétait indéniablementchaudetdur.C’était toutceque j’avais toujours voulu, etmême s’il nem’a pas rendumon baiser, je l’ai quandmême placé tout en haut de la liste comme lemeilleurcadeaud’anniversairedemavie.Quandjesuisredescenduesurletalondemesbottes,quelquechoseabougé,quelquechoseachangé,etRuleestpassédereceveurpassifàtoutautrechose.

Chapitre5Rule

Shawétaitbourrée,vraimenttrèsbourrée.Elleétaitaussihabilléecommeunfantasmerétroetportaitcesbottesquimefaisaientbaver.J’avaisétégrognonetdemauvaisehumeurtoutelasemaine,mesamis l’avaient remarqué,mesclientsl’avaient remarqué, la fille que j’avais abandonnée samedi soir l’avait remarqué. Je n’arrivais pas àcomprendrepourquoi.Audébutjepensaisquec’étaitRome:celam’énervaitqu’ilnedisepasàMamand’arrêterdefairelagamineetderéglersesproblèmes.Jevoulaisqu’ilpassedutempsavecmoi,qu’ons’amuseunpeuavantqu’ilnesoitrenvoyédansledésert,maisilnevoulaitpasabandonnerl’espoirqu’ilpourraitréparernotrefamillediviséeetjenevoulaispasmedisputeravecmonfrère,ceputaindehérosdeguerre.J’aipenséque j’avaispeut-être justebesoindebaiser,mais labelleblondechezqui j’étaisallé samedi soir commençait déjà àm’énerver dans la voiture. Le temps que nous arrivions dans sachambre,lavoirnueétaitladernièrechosequejevoulais,alorsjemesuistiré.Dimancheestpasséetmonhumeurs’estencoreassombrie.Lesgarsontproposéd’allerauGoalLine,ensedisantqu’unbottagede cul verbal par une blonde froide comme la glaceme sortirait peut-être demamorosité,mais j’airefuséetaipassélajournéeàjoueràCallofDutyenbroyantdunoir.Jenevoyaispasdutoutquelétaitmonproblème,maismaintenantqueShawétaitétaléecontremoi, jecommençaisàenavoirunepetiteidée.Jen’avaispas réussi àme sortir de la tête l’imagedeShawetdesoncul recouvert de petits volants,depuisdesjours.Ditesquejesuissuperficiel,quejesuisunporcmacho,maislefaitdelavoirsexyetàpeine habillée avait complètement changé la vision que j’avais d’elle. C’était comme si je laredécouvrais depuis le début et que la petite fille sage que Remy vénérait avait laissé place à uneétudiantesexyquim’empêchaitdedormiràcausedepenséesclasséesX.Alorsqu’ellemeregardaitavecdegrandsyeuxet tanguaitdangereusement, je savaisque lameilleurechoseà faireétaitde lui faire àmangeretdelarenvoyerchezelle.Maisellem’aembrasséet,àcemoment-là, j’aioubliémonproprenom.J’étais troppétrifié pour réagir. Je veux dire, j’avais embrassé des centaines de filles et c’étaittoujoursagréable,maisShawenvoyaitvalserl’agréableetdonnaitdanslebaiserquirendmentalementinstable.Aprèsavoir fait remonterassezdesangau-dessusdemaceinture, j’ai réaliséqu’ellesedécollaitdemoi,ouplutôtqu’elletombaitenarrière.Etoui,j’aiétéunconnardcertifié,parcequejesavaisqu’elleavaitété,etqu’elleétaittoujours,pourainsidire,lacopinedemonfrèrejumeau.Riendetoutcelanem’aarrêtéparcequ’elleavaitungoûtsucréetacidulé,etquelatoucherétaitmieuxquetoutcequejepouvaisimaginer.Sonhautfrottaitérotiquementcontremontorse,sesmainsétaientautourdemoncouetjouaientavec ledernierpicdemanouvellecoupedecheveux; toutcelaallaitdirectementversmabitequimehurlaitdefairequelquechose.Alorscommeunenfoiré,j’aifaitquelquechose.Jel’aisoulevéeparcequ’elleestpetiteetquej’enavaismarredemepencher.Sajupeétaitserréeetje

n’aipaseudemalàlaremonterlelongdesesjambesbienfaitespourqu’ellelesenrouleautourdemoi.Elleaeuuneexclamationdesurprise,etpeutêtrequej’auraispuarrêtercequejefaisaisàsabouchesiellen’avaitpasprofitédesanouvellepositionpoursefrottercontremonsexeetpassersesmainssousmontee-shirt.J’avaispensébeaucoupdechosesdeShaw,maisjen’aurais jamaispenséqu’ellepuissepartir comme une fusée si on la touchait juste comme il fallait. Elle avait toujours l’air si calme etcontenue.Mais là,elle tiraitmon tee-shirtpar-dessusma têteet faisaitun trucavecsa languesurmonpiercingàlalèvrequifaisaitroulermesyeuxdansleursorbites.JesavaisbienqueNashallaitsûrementrentrerdansquelquesminutes,aveclacolocdeShaw,etqu’ondevaittoutarrêter.Jen’arriveraisjamaisàmepardonnersi je laissais toutceladégénéreralorsqu’elleétait ivre.Je l’ai lâchéequandellem’apoussédoucement,etjel’aiposéesursesjambeschancelantesdevantmoi.Jemesuisditquepeut-être,éventuellement,mêmebourrée,elleseraitlavoixdelaraison.Ellem’aregardéeavecdesyeuxvoiléscouleurdejadeets’estléchéleslèvres.Ellesavaientl’airbienrougies,grâceàvotrehumbleserviteur.Riensurcetteplanèten’avaitjamaisétéaussisexy.Elleacommencéàdéfaire les liensde son haut soyeux et est passée devantmoi, versma chambre.J’avaisoubliéqu’ellesavaitoùétaitmachambre,qu’elleconnaissaitleslieux;elleavaitmêmeuneclef,bordel.J’étaissurlepointdeluidired’arrêter,quej’allaislamettreaulitetqu’ellepouvaitdormirpourquetoutcelapasse,maisalorsquejelasuivaisverslachambre,lehautbleuesttombéparterre,suividudébardeurnoiretcettejupequifaisaitdeschosesmerveilleusesàsesfesses.J’airamassélesvêtementsabandonnésetaiessayédemeraisonner.Jenepouvaispasfaireça,jeneferaispasça.C’étaitdéjàassezmal comme ça de l’avoir embrassée comme un obsédé sexuel. Il fallait que je reprenne le contrôle,j’auraisdéjàdûlefaire.C’étaitShaw,pasunebimbotrouvéedansunbar.Pasquelqu’unquejepourraisvirerdechezmoisanspitiélelendemainmatinetàquijenereparleraisjamais.–Shaw…Elles’estretournéepourmeregarderpar-dessussonépauleetjecroisquej’aieuuneabsencependantunesecondeoudeux.Letasdevêtementsm’esttombédesmainsetj’aiessayédedécollermalanguedemonpalais.J’avaisvubeaucoupdefillestoutesnues,maisaucunen’étaitcettefille,aucuneneluiarrivaitàlacheville.Jenesaispascomment,maisellea réussiàsortirdesesbottesdemotosans tomber facecontre terre,etellemefixaitavecsesgrands yeux verts, vêtue de rien d’autre que de petits bouts dedentelle noire pensés pour être esthétiques plus que fonctionnels. Toutes mes bonnes intentions, madécisionquejedevaisêtreunmecbien,fairecequ’ilfallait,sesontenvolées.Elle était tout en cheveux frais et glacés, peau pâle parfaite, taille toute fine et seins qui criaient «touchemoi, je t’en supplie touche-moi ». Son corps rendait les hommes stupides et je ne faisais pasexception.J’aifaitunpasmaladroitverselleaprèsavoirfermélaported’uncoupdepied.Quelquepart,maconsciencememurmuraitquejedevraislamettreaulitetallerchercherunebouteilledeCrownpourm’ynoyerpuisprendreunedouchefroidepourramenermalibidoà lanormale.Maisriendetoutcelan’allaitarriver,nousétionsallésdéjàtroploinetetsespetitesmainsontdirectementvisémaceinture.-Shaw…J’aiessayéunesecondefoisdel’arrêter.J’aimismesmainssursesépaules,etalorsquejecomptaislarepousser,moncorpsm’atrahietjemesuisretrouvéàdescendrelesbretellesdesonbeausoutien-gorgesursesépaules.Elles’estpresséecontremoi,sesmainss’occupaientenvitessedemaceintureetdemabraguette. Ses lèvres ont frôlé ma gorge, où mon pouls battait à toute vitesse. Ses mains ont glissélégèrement surmon torse et surmes abdos tendusdedésir. Une de ses jambes s’est glissée entre lesmiennesets’estfrottéecontrelapreuvequejen’allaispasl’arrêter,mêmesijesavaisquecelaauraitétélameilleurechoseàfaire.Arrêtederéfléchirautant.Savoixétaitrenduerauqueetnuageuseparl’excitation.ElleétaitladernièrepersonnesurTerreavec

quij’auraisenvisagédefairecela,maismalgrélesobjectionsquitraversaientmonbrouillarddedésir,j’aidéfaitsonsoutien-gorged’unemainetemmêlél’autredanssescheveuxencollantmabouchesur lasienne.Embrasser Shaw s’est révélé une expérience différente. Premièrement, elle le faisait très bien. Laplupartdesfillesétaientperduesàcausedel’anneausurmalèvreetdemonpiercingà la langue,maisShawsemblaitlesignoreretm’embrassaitcommesielleétaitnéepourlefaire.Elleétaitaussibeaucouppluspetitequelaplupartdesfillesavecquijecouchais,doncj’avaistouteunemarged’apprentissageetilfallaitquejetrouveunmoyend’alignertouteslesmeilleurespartiesdenoscorps.Ellenesemblaitpasdérangéeparlefaitquejesoisunpeubrut,quejesoissoudainementimpatient.J’avaisl’impressionquesi je me donnais le temps de me rendre compte de ce que j’étais en train de faire, j’hésiterais etj’arrêterais.Etfranchement,jenevoulaisvraiment,vraimentpasm’arrêter,parcequesesmainsavaienttrouvéleurchemindansmonpantalonetquemabitemetueraitsijestoppaistoutmaintenant.Elleabaissémon jeansurmon cul et je l’ai soulevée pour que nous soyons l’un contre l’autre desépaulesauxcuisses.Jemesuisdébarrassédemonpantalonetl’aipousséepourqu’elletombedoucementsurmonlitdéfait.J’aidûmanœuvreret lancerquelquesgrosmotspourenlevermesbottesetquandjesuismontésurle lit,moncerveaua faituncourt-circuitcarelleneportaitquesaminusculeculotteendentelleetunairrêveursurlevisage.Beaucoupdefillesétaientpasséesdanscelitmais,mêmedanscetourbillondedésir quime tordait les testicules, je savais, sans l’ombred’undoute, qu’aucuned’entreelles n’avait été aussi belle que Shaw sur ces draps noirs. Elle a glissé un regard admiratif sur masilhouettenue,cen’étaitpascommesiellene l’avait jamaisvue,maismaintenantque j’étaisétaléau-dessusd’elle,sonregarddisaitplus«prends-moi»que«t’escrade».ElleapassélamainsurletatouagereprésentantunSacré-Cœuraucentredemontorseetlelongdemescôtessurlesdeuxpiècesgéantesquirecouvrentpresquetoutmonbuste.J’avaisnombredecouleursetd’œuvressurlapeau,etquandj’étaisnucelafaisaitbeaucoupàencaisserpourmesconquêteslesmoinsaventureuses.Jenesuispasnarcissiqueouprétentieux,mais je saisque jene suispasmoche. Je suisgrand, plutôt fin, jevaisà la salledesport plusieurs fois par semaine,mais rien de tout cela n’avaitd’importancecarellemeregardaitcommesij’étaistoutcequ’elleavaittoujoursvouluetcelafaisaitdeschosesbizarresdansmatête.J’avaisaussiunbarbellpercésur leboutdemonpénis,quimontraitquej’étaisà la foiscourageuxet idiot,car lamoitiédes fillesqui levoyaientne savaitpasquoi en faire.Shawétaittombéeassezsouventsurmoiàpoilpoursavoirqu’ilétaitlà,maispeusemblaitluiimporter.Ellelaissaleboutdesonpoucepassersurlabillesupérieure,cequim’afaitinspirerungrandcoup.Jemesuis renducompteque je laissaiscette filleprendre toutes lesdécisions,que jem’apprêtais àfairel’amouravecelleetquenousavionsàpeineéchangéunmot,qu’ellemetouchait,merendaitfouetquejelalaissaisfaire.Ilfallaitquejemeréveillealorsj’aipassémondoigtdanssaculotteminusculeetl’ai tirée le longde ses jambes. Elle a répondu par un frémissement, etmaintenant qu’elle était enfincomplètement nue et coincée sous moi, j’ai vu une pointe d’appréhension dans son regard couleurmousse.-Tuesmagnifique.Jel’avaisditàbeaucoupdefilles,mais jecroisquec’était lapremière foisque je lepensais.Elleaposésesmainsdechaque côté dema têteet j’ai réalisé quema nouvelle coiffure n’était pas facile àgérer,sexuellementparlant,iln’yavaitrienqu’ellepuisseagripper,oùellepuissepassersesdoigts,mescheveux étaient dressés en pics intimidants – non pas qu’elle ait eu l’air intimidée. Elle a passé sesongles surmon cuir chevelu etm’a adressé un sourire en coin. Je ne savais pas si l’effet de l’alcools’estompait ou si elle comprenait enfin que nous étions nus, dans un lit, et prêts à franchir une limiteclaire,maisj’aivuunepartiedelaShawquejeconnaissaisrefairesurface.

-Toiaussi,tunedevraispas,maistul’astoujoursété.Jemerappellelapremièrefoisquejet’aivu,jen’arrivaispasàcroirequetuétaislejumeaudeRemy.Ilétaitbeau,toujourssoigné,maistoi…BonDieu,Rule,tuétaisjusteparfait.Lefaitqu’elleprononcelenomdeRemyavecsamainenrouléeautourdemabiteauraitdûavoirl’effetd’unedoucheglacée.Maisnon.Jel’aiembrasséesousl’oreilleetj’aipincésoncouentremesdents,etelleafaitunbruitquiarésonnéaumilieudemapoitrine.Elleapasséunejambeau-dessusdemahanchepourquetoutesachaleursoitpresséecontremonérection.J’aibloquépendantunesecondeparcequej’avais l’impression d’oublier quelque chose. Elle avait enroulé ses bras autour de mes épaules ethaletaittandisquejedéposaisdesbaiserssursestétonsdressés.Alorsquej’allaislalaissermetirerenelle,unfrissond’inquiétudeatraversémacolonnevertébraleetjemesuispousséenarrière.-Capote.J’avaisdes relations sexuelles depuismes quatorze ans et peu importe qui était la fille ou combienj’avaisbu,jen’oubliaisjamais.Lefaitqu’ellem’aitautantfaittournerlatête,quej’aieétéaussiabsorbéparcequel’onfaisaitetquej’aiefaillinousmettretouslesdeuxendangerm’afaitsuperpeur.-J’enaiunedansmonsac.Jel’airegardéeetn’aipassuquoirépondre.-J’aiuneboîtedanslatabledenuit,Shaw.Écoute,tuveuxvraimentfaireça?Réfléchis,tuesbourrée.Tuvassûrementleregretterdemainmatin.Elles’estassiseetses cheveux bicolores ont glissé en avant pour camoufler ses seins gonflés. Elleressemblaitàtouslesrêvescoquinsquej’avaisfaitsd’elleetjen’arrivaispasàcroirequej’essayaisdelaconvaincredenepasfaireçaavecmoi.Sesyeuxsontsoudaindevenusvitreuxetj’aicomprisqu’elleétaitsurlepointdepleurer.Elleallaitrampersurlelitpourpartirmaisjel’airattrapéeetprisedansmesbraspourquenoussoyonsànouveaucollés.-Nepleurepas.-Tun’asjamaisvouludemoi.J’étaistellementstupéfaitquej’ensuisrestélaboucheouverte.-Heu…ilmesembleque tusensencemomentmêmelapreuvequecen’estpasvrai.D’ailleurs, tuavaistesmainschaudesdessusilyauneseconde.Elleasecouélatêteetsescheveuxblondssoyeuxontfrottécontremontorse.-Cen’estpascequejeveuxdire.-Qu’est-cequetuveuxdire?Elles’esttortilléeunpeucontremoietatendulebrasversletiroirdematabledenuit.Avecn’importequid’autre j’auraispaniqué,mais c’était Shaw.Rien de ce qu’il y avait dans ce tiroir ne pourrait lasurprendre ou la dégoûter, pasmême le flingue chargé que je gardais là. J’ai entendu l’emballage enplastiqueetj’aisentisesmainsrevenirsousmataille.Jen’étaispassûrquequelqu’unm’aitdéjàmisunpréservatif,ouquecelaaitétéaussibon.–Rule,c’estmonanniversaireetmavieestunbordelmonstrelamajeurepartiedutemps,est-cequetupeux,justeunefois,êtresympaavecmoi,s’ilteplaît?Quelhommeaméricainnormalementconstituédiraitnonàuneblondeaffreusementsexyquidemandeàêtresatisfaiteparlui?Pasmoi,non,non,pasmoyen,alorsjel’aiencoreembrassée,j’ailaissémalangueglissercontrelasienneetaimontésajambeau-dessusdemahanche.J’aimaisàpenserquejesavaisceque je faisais dans ce domaine, après tout, j’avais eu plus d’entraînement que je ne voulais bienl’admettre,maisjenesaispaspourquoi,avecelle,j’avaisl’impressionque toutceque je faisaisétaitnouveau.Ellem’arendumonbaisereta inspirédoucementquand j’aicommencéàmeglisserenelle.Elleétaitserrée,elleétaitpetite,elleétaitchaudeetmouillée,etj’aipenséquej’allaismourirsi jenerentraispasentièrementenellelasecondesuivante.

Elleachuchotémonnomcontremoncouetacambrésondos.Sesonglessesontenfoncésdansmesépaulesalorsquejelasoulevaisunpeupourentrerenentier.J’ailâchéunjuronetelles’estimmobiliséecommes’ilyavaitvraimentquelquechosequibloquait,mais j’étaispartidansmonélan,et je l’avaistropexcitéepourm’arrêterlà.Ellem’aregardéavecdesyeuxécarquillésetsabouches’estarrondieàcaused’unedouleurinattendue.Jel’airegardéebizarrement.-Shaw,commentçasefait?Elleasecouéunpeulatête,asoulevésonautrejambeau-dessusdemahancheetabougécontremoid’unefaçonquim’afaitsortirtouslesmotsgrossiersquejeconnaissais.-N’arrêtepas.Rule,s’ilteplaît,net’arrêtepas.Ellerespiraitvite,etdetoutefaçon,ilétaittroptardpourça.Êtreavecelleétaitmeilleurquetoutcequej’avaisconnudansmavieetilétaitimpossiblequej’arrêtemaintenant,àmoinsdevouloirmarcherde travers jusqu’àmes trenteans.J’ai fermé lesdoigtsd’unemaindanssescheveuxetai reportémonpoidssur l’autrepournepas l’écraser,et j’aieu la relationsexuelle laplus folledemavieavecunepetiteviergementeuse.Ellebougeaitexactementcommejelevoulais,safaçondemetoucherallaitmeréveillerlanuitquandjem’en rappellerais, elle m’embrassait comme si elle avait été créée pour le faire exactement commej’aime,ellecollaitàmonrythmecommeseulslesgensquicouchentsouventensemblearriventgénéralementà le faire. Chaque fois qu’elle chuchotait mon nom ou faisait un bruit sexy de satisfaction, j’avaisl’impressiondemesurertroismètres.Celafaisaitlongtempsquejen’avaispasfaitl’amoursobre,etcelafaisait longtemps que je n’avais pas fait l’amour avec quelqu’un que je connaissais depuis plus dequelquesheures,etjen’arrivaispasàcroirecombiencesdeuxchosesfaisaientunedifférence.Je voulais que ce soit bon pour elle, je voulais que ça la retourne tout comme çame retournait, etcommec’étaitsapremièrefois,jevoulaism’assurerquecesoitceàquoiellecompareraittouslesmecsaprèsmoi.Nousbougionsensemble,elleacambrésondosetremissesmainssurmatête.–OhmonDieu,Rule.Elleyétaitpresque,jesentaislespetitstremblementstoutlelongdemaqueue.Iln’yavaitpasmoyenque je lui gâche ça, alors je l’ai touchée d’une façon qui garantissait de la faire exploser, et j’ai étérécompensé par de grands yeux et une exclamation d’abandon. J’étais incroyablement soulagé car jen’allaispastenirencoretrèslongtemps.J’aienfouimonnezdanssoncouetl’aisuiviedel’autrecôté.Quandnouseûmesterminé,mesbrastremblaientetjerespiraiscommesij’avaiscouruunmarathon.Jemesuisglisséhorsd’elleetjemesuisallongésurlecôté,prêtàcroulersousleregretetledésespoir,maissesyeuxs’étaientfermés.Jemesuislevépourallermenettoyerdanslasalledebains.J’aienfiléunbasdesurvêtementetaiprisungantdetoilettepourelle.Quandjesuisrevenudanslachambre,elleétaitrecroquevilléesurlecôté,lajoueposéesursesmainsrepliées,etelleavait l’aird’avoirseizeans.Lerythme régulier de sa poitrine indiquait qu’elle dormait, alors je l’ai nettoyée comme j’ai pu sans laréveiller, et jeme suis installé sur le lit à côté d’elle. J’ai croisé les bras sousma tête et ai fixé leplafond.Maisqu’est-cequejevenaisdefaire?Etqu’estcequeRemyavaitbienpufoutreavecelletoutescesannéess’ilsne couchaient pas ensemble ? Ils avaient toujours dit qu’ils n’étaient que des amis,maispersonnenelescroyait.L’amourqu’ilsavaientl’unpourl’autre,commeilsseprotégeaient,lacomplicitéqu’ils partageaientm’avaient souvent rendu jaloux, etmaintenant je ne savais plus quoi penser. Shawavaitétédanslacatégoriedes«fillesavecquijenepeuxpasetjen’auraipasderelationssexuelles»pendantlamajeurepartiedemavie.Maisnousvenionsdefairevolercelaenéclatsetjenesavaispasquoienconclure.Ellen’étaitpasunefillequejepouvaisnejamaisrappeler,quejepouvaispousserverslaportelelendemain,etjen’avaispaslamoindreidéedecequej’allaisfaire.Ajoutezàcelalefaitque

c’étaitsûrement lameilleure et la plus intense expérience sexuelle demavie, j’avais l’impressiondeperdre tout contrôle. Je ne devrais pas ressentir cela pour Shaw ; elle ne devrait pas être celle quiretourne mon monde comme personne auparavant. Honnêtement, cela me faisait bizarre qu’elle soitmeilleureetplusexcitéeparmestatouagesetmespiercingsquelesfillesquejeramenaishabituellement.Ilfallaitmaintenantquejegèremaconfusion,etlafillequin’auraitpasdûêtredansmonlit.Jen’avaispaslamoindreidéedequoifairedetoutça.✻✻✻Jemesuisendormiaprèsquelesoleils’estlevéetquandj’aiétéréveilléparlasonneriedemonportable,lapremièrechosequej’aifaiteaétéderegarderdel’autrecôtédulit.Touslesévénementsdelanuitpasséemesontrevenusenpleineface.Shawétaitpartie.Letasdevêtementsquej’avaislaisséparterreétaitproprementpliéauboutdulitetilnerestaitriendesesbellespetitesaffaires.J’aigrognéetjetéunbrasau-dessusdemesyeuxenrépondantàl’appel.-Quoi?Quelquechose s’est froissé sousmahanchequand j’aibougéalors quemon frère ricanait dansmonoreille.-Est-cequej’interrompsquelquechose?Surunmorceaudepapierdemoncarnetdecroquisquitraînaittoujourspasloinetdanslequeljefaisaislesdessinspourmesclients,elleavaitécritdesajolieécritureféminine:Lemeilleurcadeaud’anniversairedumonde!Merci!Ellen’avaitpassigné,n’avaitpasditqu’ellem’appellerait ni demandé de l’appeler. C’était clair etconcis,etjenesavaispassicelamerendaitfoudejoieouderage.Monfrèreattendaittoujoursquejeluiréponde,alorsj’aisecouélatêtepourmedébarrasserdestoilesd’araignéequil’encombraientetmesuisassisdanslelit.Ilsentaitlesexeetsonodeur.-Non,j’aimaldormicettenuit.-C’estcequ’ilsepassequandturamènesdesinconnuescheztoi,ilfautfaireattentionànedormirqued’unœilpourqu’ellesnetecambriolentpasounetepoignardentpasdanstonsommeil.J’airéponduparungrognement.-Mec,ilfautquetusortesdel’armée.Touslesinconnusnesontpasdesinsurgés.Ilagrommeléquelquechosedanssabarbequejen’aipascompris.- Eh, je vais venir à Denver cette semaine. Mon épaule fait des siennes, il faut que je voie monchirurgien-orthopédiste,etMamanme tapesur lesnerfs.ShawarefusédevenirmangercemidiparcequeMamannevoulaitpast’inviteraussi.Maintenantelleestpersuadéequetuascorrompusapetitefillechérie.Jen’arrêtepasdeluidirequ’elledevraitvoirquelqu’un,mêmePapaestd’accord,maiselleesttroptêtue.J’imaginequec’estd’ellequ’ontientça.J’aifaitunepetitegrimace;j’étaisbiencontentd’avoircetteconversationautéléphone.J’étaissûrquelaculpabilitéselisaitsurmonvisage.Mamèrepéteraituncâbleàunniveaujusqu’alorsinconnusielleapprenaitcombienj’avaiscorrompuShaw.–Ilterestecombiendetempsavantdedevoirpartir?-Ilfautd’abordquemonétatdesantésoitvalidé,etjedoisvoirunpsydesAnciensCombattantspourvérifierquejen’aipasdestresspost-traumatiqueàcausedel’accident.Ilfautquejesoisenbonnesantésurtouslesplansavantderepartir.-Ehbien,çaserasympad’avoirenfinuneoccasiondesevoirsanstoutlethéâtrefamilial.-Oui,j’aipassélamatinéeàessayerd’appelerShawpourvoirsijepeuxl’inviteràdînerouquelquechosecommeça,poursonanniversaire. Jesuis sûrquesesparentspourrisn’ont rien fait,une fois deplus,et jen’aimepasmedirequ’ellea passé la journée toute seule. Tu devrais bouger tes fesses defeignasseetveniravecnous,sij’arriveàlajoindre.

J’aicommencéàétoufferunpeu.Jel’avaissurleboutdelalangue,j’allaisluidirequej’étaiscertainqu’ellen’avaitpasétéseule,maisc’étaitShawetj’avaisbeauêtreprochedeRome,iln’avaitpasbesoindesavoircequenousavionsfaitlaveille.-Nan,jepensequ’ellem’aassezvu.Jel’aicroiséeilyaquelquessemainesetjelavoisdetempsentemps.Jecroisqueçaluifaitdesvacancesdenepasêtreobligéedemevoirtouslesweek-ends.Ilarigolédoucement.-Tuassûrementraison.JevaissquatterchezmonpoteDrew,jenepensepasquemonépaulesoitprêteàdormirsurtoncanapédemerdeetilaunechambrelibre,mais je te tiensaucourantquand j’arriveàDenver. Si je n’arrive pas à avoir Shaw, on peut allermanger un truc quelque part et tu pourras medégoûteravecleshistoiresdetesdernièresconquêtes.J’aipasséunemainsurmonvisagefatiguéetaiglissélemotdeShawdanslatabledenuit.Jesentaisencoresesmainspartoutsurmoi.-Ilfautquetubougestonculetquetuaiestespropresconquêtes.Tuesunhéros,mec,lesfillesadorentcesconneries.-Jenesuispascommetoi,Rule ; jen’aipasvingtdeuxanset jenevis pas au jour le jour. Pour lemoment,jeveuxretrouverlasantéetfinirmonservicesansautrecadavre.J’aivucequel’humanitéadepireàoffrir, et ces quatre dernières années j’ai enterré plus d’amisque je n’en ai gagnés. Je sors del’Arméedansmoinsdedeuxansetjenesaispasceque l’avenirmeréserve,alorsme taper toutes lesjoliesfillessurmarouten’estpasdansmespriorités.Unjourtucomprendras.Iln’avaitpas tort.Mesprioritésétaient différentes des siennes. Je gagnais pasmal d’argent, j’avaispleind’économies,etunebellevoiture.Jen’étaisquetropconscientdepasserlamajeurepartiedemontempsàfuirlefantômedemonfrèrejumeau.Jemecomplaisaisdansdesrelationssuperficiellespourquepersonnenesoittropprochedemoi,quepersonnenemejugeetnemetrouveinsuffisant.Jecherchaisdesfillesfaciles,quin’avaientaucuneattenteàpartcequej’avaisàproposer:unbonmomentetquelquesminutesd’oubli.Jen’avaisjamaiseudecopine,etjenem’étaisjamaiscomplètementouvertàquelqu’uncarj’avaispeurdenepasêtreàlahauteur,unefoisqu’ellearriveraitaucœurdequi jesuis.Jesavaisquec’étaittordu,jesavaisque j’étaisunecatastropheémotionnelleetcettehistoireavecShawn’allaitfairequ’empirerleschoses.-Ouaissituledis.Çan’ajamaistuépersonnedes’amuser.Rappelle-moiplustard.J’aijetéletéléphonesurlelitetsuisallédanslasalledebains.Quandjesuisentrédanslesalon,Nashétaitvautrésurlecanapéetregardaitunmatchsurl’écranplat.Ilavaitunetassedecafédansunemainetundonutdansl’autre.-’Lut.Ilalevélesyeuxversmoi.-Çava?-Ouais.TuasvuShaw,cematin?Ilaacquiescéetalevélebraspourmemontrerledonut.-Ellea laisséça.Alors c’est quoi, cebordel?Elle était dans la cuisine cematin alors je supposequ’elleapassélanuitavectoi.Jecroyaisquetuallaisluiappeleruntaxi?-Oùest-cequesacolocafini?J’aiessayédechangerdesujetenmeservantmoncafé.-JeluiaiproposédelaramenericipourattendreShawmaiselles’amusaitbienlà-bas,donconaprisquelques verres de plus et j’ai appelé un taxi pour elle. Elle avait l’air de penser que c’était uneexcellenteidéequesonamieenétatd’ébriétéavancérentreavectoi,commentçasefait?J’aigrognéetmesuisaffaléàcôtédeluisurlecanapé.-Jenesaispas.Shawetmoi,onapleind’histoirescompliquées,alorsquisait?

-Maiselleapassélanuitavectoi?-Ouais.-Etjesuppose,parcequejeteconnaisdepuisdessiècles,quevousn’avezpaspassélanuitàdiscutergéopolitiquedevantlatélé?Jeluiailancéunregardnoir.-Non.Ilasecouélatêteetfaitun«tsktsk»désapprobateur.-Àquoitupensais?-Àrien,detouteévidence.-Mec,cen’estpasunefillecommeça.Tunepeuxpasmedemanderdeluimontrerlasortielematinetdeneplusjamaisluiparler.-Eh,jemesuisréveillétoutseul,cematin.Cen’estpasmoiquil’aifaitpartir.Maistul’auraisfait,etShawesttropclasseet trop intelligentepourunwalkofshame.Merde, j’enrevienspasque tu tesoistapélacopinedetonfrère.Tuasvraimentunproblème,c’estunbordelque j’éviteraisà toutprix,peuimportecombienlafilleestcanon.J’aifaitunbruitétoufféetjemesuispenchéenavantpourposermescoudessurmesgenoux.-Disonsquejenepensepasqu’ilyaitderéelmotifquisaliraitlamémoiredeRemy.Jenesaispascequ’ils’estpasséentrecesdeux-làpendanttoutescesannées,maisaprèshiersoir,j’ailapreuveformellequ’ilsnecouchaientpasensemble.Nashalâchéungrosmotetaécarquillélesyeux.-Elleétaitvierge?J’aihochéla tête.Jenedevraisprobablementpaspartager toutcelaavecNash,mais j’étaisperduetc’étaitmonmeilleurami.J’étaiscomplètementdépassé.–Elleaperdusavirginitéavectoi?Putaindemerde,frère,c’estsuperimportant!J’aisoupiré.-C’estcequejemesuisdit,maisquandjemesuisréveillé,elleétaitpartie.Elleétaitbiencuitehiersoir,doncc’estpeut-êtrequelquesmartinisdetropetlamagiedel’alcoolquiontfaitlechoixpourelle.-Elleavaitl’airbien,cematin.Jeveuxdire,elleavaitlagueuledeboisetelleétaitcrevée,maisellen’étaitpasnerveuse,malàl’aiseouquoiquecesoit.ElleaappeléAydenpourqu’elleviennelachercheretestpartieacheterdequoidéjeunerenattendant.Jenesaispas,ellen’avaitl’airnidingueamoureuse,niénervée,c’étaitlaShawhabituelle.J’avoue,j’aitoujourspenséqu’elleavaitunpetitfaiblepourtoi.Jemesuistournéversluiavecunregardperplexe.-Quoi?-Ellesupportetesconneriesmêmequandçavatrèsloin.TunetesouvienspasduNouvelAnoùelleestvenuetechercheretquetuavaisramenélarousseetsacopine?C’étaituncirqueetcen’étaitpasbeauàvoir,etShawn’apascillé,t’abalancétonpantalonett’aditdetebouger.Elletelaisseavoirdessautesd’humeur,fairelagueuleetêtregrincheuxsansriendire;etcroismoi, frère,onse lassede toutça trèstrèsvite.Elleestprêteàpartirenguerrecontre lesseulsparentsqui luiont témoignéunpeu d’amourparce qu’elle veut qu’ils te traitent correctement et arrêtent de te reprocher la mortde Remy.EllenefaitriendetoutçapourMargotouDale,etencoremoinspourRemy.Laseulepersonnequiprofitedetoutça,c’esttoi.Aussibornéetégocentriquequetusois,tuesbiencapabledevoirça.- Mais c’est Shaw. Shaw, la fille parfaite. Même quand elle était petite, elle était distante etinaccessible.ElleétaittoutletempsàlamaisonavecRemyetdèsque jedisaisoufaisaisquoiquecesoit,ellemeregardaitcommesij’étaisdébile.-Maistuétaisdébile.Tuterappellesquandtuavaisseizeans?Onétaituncauchemar,et jamais très

sympasavecelle.Tutemoquaisdesescheveux,tufaisaischierRemyenpermanenceparcequ’ilpassaitdutempsavecelle,tuétaisunpetitcon.-C’estvrai?–Maismec,tuestoujoursunpetitcon.EtShaw,c’estShaw.Elleesttellementbellequeparfoisçafaitmal de la regarder,mais elle ne le sait même pas. Elle est toujours inaccessible parce qu’elle seratoujoursplusricheetplusintelligentequenous,maisellesefoutde toutça.Elleestcool,ellese fichequetusoistoi,ethonnêtement,Rule,unefillequipeutsupporterlesprisesdetêtequetuprovoques,moijeluipasseraislabagueaudoigt.Jeluiaimisuncoupdepoingdansl’épaule.-Jenesuispassiterrible.Ilm’ajetéunregardinsistant.-Si, tu l’es.Réfléchis, il t’asuffide lavoirhabillée en arbitre sexy pour remarquer que c’était unevraiefille,aprèstoutcetemps.Tucrains.-Maisbordeldemerde,qu’est-cequ’illuivabien,cetuniforme!-Tuvois?Craignossuprême.Bon,tuvasfairequoimaintenant,tuvasl’appeler?-Jenesaispas.Romevaveniretcommej’aimeraisgardermesbijouxdefamille,jepréfèregarderçadiscret.Jenecroispasqu’elleluienparlera.-J’imagine,ellesaitqueçaferaitbasculertafolledemère.-Ouais.-Alors,a-t-ilcommencéavantdefaireunepauseetdemelancerunregardappuyé.Est-cequeçavalaitlecoupdetoutfoutreenl’air?J’ailaissématêtetomberenarrièresurlecanapéetaifixéleplafond.-Oh,maistellement…J’avaisvéculemeilleurcoupdemavieavecunefillequejen’avaisjamaisconsidéréeàmaportéeetque je pensaisamoureusedemonfrèremort. Ouais,Nash avait sûrement raison, si quelqu’un pouvaitsupportertoutemadosedefolie,jedevraissûrementl’enfermer,etvite,carmêmemoi,jevoyaisàquelpointj’étaistordu.

Chapitre6SHAW

Arrêtedemeregardercommeça.Jejouaisavecmescheveuxet replaçais l’écharpeautourdemoncou.Romemeregardaitcommes’ilessayaitdevoiràl’intérieurdemoncrâneetjen’aimaispasçadutout.J’avaisignorésesappelstoutelajournéededimanche,parceque j’essayais toujoursd’assimiler le faitque,bourrée, j’avaisdemandé àRuledeprendremavirginité.Enplusj’avaismalpartout,àcausedel’alcooletdesacrobaties.J’avaisun examen lundi et je devais faire la fermeture du bar, mardi je devais faire une permanence devolontariatàl’hôpitalpourenfantsetsurvivreàundînerinfernalavecmonpèreetsanouvelle femme.Romeavaitdûattendremercredipourm’inviteràundînerd’anniversaireenretard.Depuisl’instantoùjem’étaisassise, ilmescrutaitattentivementet jen’arrêtaispasderemettremon écharpe pour être sûrequ’ellecachaitlesuçonmignonqueRulem’avaitlaissésamedisoir.J’avaisreçuassezdecritiquesàcesujetdelapartdeAyden,etjen’avaispasbesoinqueRomerejoignel’équipe«Shawestuneidiote».-C’estlescheveux.C’estsympa,maisjesuishabituéà tevoir touteblonde.Ça techange, tuas l’airplusmature.-Merci,çameplaîtbien.–D’ailleurs,jecroisquejenet’aijamaisvueenjeannonplus.-Jesuisalléefairelesmagasinspourmonanniversaire.J’aidécidéquejen’étaispasobligéedeporterdesperlesetdestalonsàchaquefoisquejesortaisdechezmoi.J’aitoutcequ’ilfautpourlesmomentsoùjedoisjouerlaprodesmondanitéschezmesparents.-Enparlantd’anniversaire,jet’aiapportéçadelapartdePapaetMaman.Ilm’atenduunpetitsacquej’aiposésurlatable,entrenousdeux.-Tamèreneveutpasmeparler,j’aiessayédel’appelerl’autrejour.C’estdifficilepourelledepuisquetuasimposétesrègles.Ellet’atoujoursvuecommeunealliéedanslaguerre«Ruledoitse reprendreenmain».Ellene se rendpas comptede cequ’elle lui fait, de cequ’ellenousfait.J’aisoupiré.Jesais,c’estpourçaquejedevaisarrêter.-Ça,c’estdemapart.Ilm’aoffertunecartecadeaudemonmagasindeproduitsdebeautépréféré.Jeluiaisourietluiaifaitungroscâlin.J’adoraiscemec,ilavaitunealluredeguerrier,maisilavaitunboncœur.–MerciRome,c’estvraimentgentil.Jesuiscontentequetusoislà.-Moiaussi,petitefille.J’aiessayédeconvaincreRuledevenir,maisiltravaillaittardsurunclient.IlseplaignaitdedevoirdessinerunénièmetatouageHarryPotter,ouunehistoirecommeça.Jecroisquej’oubliequ’iltravaillevraiment,enfait.

J’ai jeté un coup d’œil dans le petit sac ; c’était une photo. Margot avait trouvé l’une des toutespremièresphotosdeRemyetmoietl’avaitmisedansunbeaucadreargenté.J’étais toutepetiteetmaldansmapeau,etRemyétaitgrandetbeau:nousétionsridicules.C’étaitunebelle intentionetcelam’afaitmonterleslarmesauxyeux.Jel’aimontréeàRomeetl’airemisedanslesac.-Ilmemanquetouslesjours.–Moiaussi.Et la façon dont il arrivait à faire que tout lemonde se comporte correctement, çamemanque.J’airidoucementetaiprisunegorgéedemonthéglacé.–Ouais, ilétaitbonpourveiller à ce que tout lemonde traite bien les autres. Il ne tolérait pas lesbêtisesqu’onatendanceàlaisserpasser.-Rulem’aditqu’ilt’avaitcroiséeunefoisoudeux,commentças’estpassé?JemesuiséclaircilavoixetaipriépournepasdevenirécarlateenentendantlenomdeRule,commejel’avaisfaittoutelasemaine.-C’étaitunpeubizarre.Ilestvenuaubaroùje travailleavecdesamisà lui,unsoirdematch.C’estétranged’interagircommedesgensnormaux.Ilaacquiescéetj’airemarquéquelaserveuselemataitouvertementennousapportantnosplats.Ilm’aditquetuavaisdesproblèmesavectonex.J’aigrognéetsecouélatête.-Ilaunegrandegueule.Entreautreschoses,maisjen’allaispaslaissermonesprittordus’aventurerparlà.Alorsqu’est-cequ’ilsepasse,petitefille?J’aifaitunegrimaceetaiengloutiunebouchéedepâtes.Ruleestdéjàalléluiparler,ainsiquelevideurdubar,unancienMarinegigantesque.Gabeestjusteunpetitgarçongâtéquin’apasl’habitudequ’onluirefusedeschoses.Iladumalàcomprendreque je luidisenon.-Ilt’appelleencore?Jenevoulaispasmentir,j’aidoncessayédechangerdesujet.-Qu’est-cequeledocteuraditpourtonépaule?Ilaplissélesyeuxetajouéavecsanourriture.- Il pense qu’il faut que j’accélère ma kinésithérapie. Et si ça ne marche pas, il faudra peut-êtrem’opérerunedeuxièmefois,danstouslescasjevaisrestericipluslongtempsqueprévu.-Ehbienc’estunebonnechose,non?Ilahaussélesépaulesetj’aieul’impressionquecelanel’enthousiasmaitpasautantquemoi.-Jesuppose.-Tuveuxyretourner?-Jeveuxfinirmonservice,jeneveuxpasqueçaseterminelà-dessus.Jen’aimepaslaissermasectionenplan.Jesuisdansl’Arméedepuissixans,Shaw,jenesaispasfairegrand-chosed’autre.-Tuaspleindegensqui t’aiment,Rome.Sortirde l’Arméenedevraitpasêtrecequi te faitpeur.Jesais,maisc’estcommeça.Noussommesrestésplongésdanslesilencependantuneminuteavantqu’ilnerepartesurGabe.-Qu’est-cequeRuleaditàtonex?J’aisoulevéuneépauleetl’ailaisséeretomber.-Jenesaispas.IlluiaditdemelaissertranquilleetGabeenaimmédiatementtirélaconclusionquejel’avaislarguéàcausedeRule.ToutlemondepensetoujoursquetoutcequejefaisestàcausedeRule.C’estfatigant.Romemefixait,etsesyeuxressemblaienttantàceuxdesonfrère.D’aprèsl’expressiondesabouche,jevoyaisdéjàquejen’allaispasaimercequ’ilallaitmedire.

-Etcen’estpasvrai?Jeluiailancéunregardmauvaisentapotantmonassietteavecmafourchette.-Non.-RuleaconvaincuRemydedéménageràDenverdèsqu’ilsauraientfinilelycée,alorstuasdécidédevenirvivreiciaussi.Rulesecomportecommeuncon,rendlavieimpossibleàPapaetMaman,alorstudécidesdejouerlemédiateuretdeletraîneràlamaisontouslesweek-ends.Ruleagit,ettoutlemonden’ad’autrechoixquederéagir,etc’estcequ’onfaittousdepuisdesannées,ycompristoi.-Jen’aipasquittéGabeàcausedeRule.Cen’étaitpasentièrementvraimaisjen’avaispasbesoinqueRomedissèquecettehistoire.–Vraiment?m’a-t-ilrépondud’unevoixincrédulequim’airritée.JeneconnaispastouslestenantsetlesaboutissantsdetarelationavecRemy…Jel’aiinterrompuparréflexe:–Onétaitjusteamis,meilleursamis.Romeacontinuécommesijen’avaisriendit.–…mais je sais que quand tu pensais que personne ne te voyait, tu regardais Rule avec unœil defaucon.Jesaisquechaquefoisqu’ilrentraitbourréettitubant,qu’ilpuaitlesexeetleparfumpascherdejenesaisquelleadofacilequ’ilavaitconvaincuedebaissersaculotte,onauraitditqu’ilt’avaitmisuncoupdepieddansleventre.Jesaisquetouslesdimanches,tuavaislamêmetêtequandtuleramenaisàlamaison.AlorsShaw,tuvasvraimentessayerdemefairecroirequeteschoixn’ontrienàvoiravecRule?J’aisoupiréetrepoussémonassiette,j’avaissoudainperdul’appétit.-Qu’est-cequetuveuxquejetedise,Rome?MavieestentremêléeaveccelledesfilsArcherdepuisaussilongtempsquejem’ensouvienne.Combiendevéritéscrois-tuquetupeuxsupporter?Jeveuxdire,certaineschosesneregardent personne.Tuveuxentendre qu’à la seconde oùRemym’a ramenée à lamaison, je l’aimaismais j’étais amoureuse deRule ?Tuveuxentendre queRemy le savait et qu’il aemportécesecretdanssatombe?Tuveuxentendrequej’aipassédesannéestristeetseule,avecRemyetvouspourseulsamis,maisqueçaallait,parcequevousétiez toutcedont j’avaisbesoin?Tuveuxentendrequemêmesimoncœursebrisaitunpeupluschaquejour,Ruleneserendaitmêmepascomptequej’étaisvivante?Tuveuxentendrequesanstesparents,onm’auraitsûrementenvoyéedeforcedansun internatpuisdans une grande université sanctifiée, simplement pourquemesparents n’aient plus às’occuperdemoi?Allez,Rome,qu’est-cequetuveuxvraimentsavoir?Letempsquej’arriveàlafindematirade,mavoixétaitaigrieetj’avaisréduitmaservietteenunepetiteboulesurmesgenoux.-Pourquoiest-cequeRemyestrestésiprochedetois’ilsavaitquetuétaistouteretournéeparRule?Ildevaitbiensavoirqueçanese ferait jamais.Rule ne fait rien qui demande du travail, etmême si jet’aimebeaucoup,petitefille,tun’espasfacile.J’auraisaiméqueRemysoitlàpourrépondreàcesquestions.J’aisoupiré.-Ilavaitsesraisons,notammentmegarderleplusloinpossibledemafamille.Ilnevoulaitpasquejeme transforme en parfaite petite femme insipide,même s’il n’a réussi que partiellement. Parfois, j’aiencorel’impressionquejenepeuxpasmedéfairedetoutcequ’ilsattendentdemoi.Ilatapédesdoigtssurlatable.-Donctuesamoureusedemonfrèredepuistesquatorzeans?J’aireniflé.-C’estàpeuprèsça,etlemondeentiersembleêtreaucourantàpartlui.J’aiessayédetoutesmesforcesdenepasmereplongerdanslessouvenirsdesamedisoir.-Pourquoiest-cequetuneluidispas?

-Heu…tuconnaisvaguementtonfrère,non?MonsieurJe-me-tape-tout-ce-qui-bouge-avecdes-nichons-et-un-QI-négatif,Monsieur Je-faisce-que-je-veux-quand-je-veux. Rule n’a pas besoin de savoir, parcequeçanechangerarien.Romeahaussésonépaulevalideetaadresséunclind’œilàlaserveusequandellenousaapportél’addition.-Jenesaispas,peut-êtrequeçaluiferaitdubiendesavoir.Çafaittroplongtempsqu’ilvitcommeunsubstitutdeRemy,peut-êtrequeçaleréveilleraitdesavoirquequelqu’undebiencommetoi,degentiletd’aimant,adessentimentspour lui etdepuis longtemps. Je sais qu’au fond c’est un bon gars,mais ill’enfouitsoustellementdeconneriequeçapeutêtreduràvoir.Monplanétaitd’éviterRulejusqu’àcequ’ilneigeenenfer.Jeneregrettaispasd’avoircouchéaveclui;d’ailleursilavaitréponduàtouteslesattentesquej’avaisparrapportausexe,eten toutehonnêteté,àl’idéequejemefaisaisdusexeaveclui.Jen’auraispaspuimaginerperdremavirginitéavecquiquecesoit d’autre. J’aurais préféré être sobre, et que la relation soit fondée sur l’émotion plus que surl’attractionphysique,mais l’acteen lui-mêmeétait incroyableetvalait tous lespincementsderemordsque j’avais. Je savais quema relation avec Rule ne serait plus jamais la même, et il fallait que jel’accepte.Je refusaisd’êtreunefillequise languitde lui,qui lesuitpartoutet l’appellecent fois parjour.J’avaisdécidé,lematinsuivant,quejepouvaism’estimerheureusequecelasesoitaussibienpasséetque,sijen’obtenaisriend’autredeRule,celaauraitétésuffisant.-Non,çanechangeraitrienqu’ilsache,toutcequeçaferait,c’estquejemesentiraisencoreplusmal.On sait tous les deux que je ne suis pas son genre et j’aisubiassez de rejet de la part de personnescenséesm’aimerpour toutemavie.Rule etmoi, on peut continuer à être des camaradesmal à l’aisequandonestobligésdepasserdutempsensemble,etilfaudraqueçarestecommeça.Je n’avais pas besoin d’expliquer à Rome pourquoi les choses allaient être encore plus tendues etgênantesentrenous,maintenant.-Ledîneravectonpères’estsimalpasséqueça,cetteannée?-Ils’estencoreremarié,elleavingt-cinqans,dis-jeen levant lesyeuxauciel.Elleapassé toutsontempsàm’expliquerque jedevraismeprécipiterdans lasororitéoùelleétait l’année dernière, avantd’avoirsondiplôme.Papaapassétoutledîneràm’expliquerquejedevaisdonnerunesecondechanceàGabe. Ilm’afaitunchèquedemille dollars, en sous-entendant qu’ilme donnerait le double si jemeremettaisavecGabe,doncçaressemblaitplusàdelatortureetàduchantagequ’àundîner.Ilaricanéjaune.-Pasdenouvellesdetamère?-Non.-Jenesaispascommentcesdeux-làontpudonnernaissanceàuntelcœurtendre.-Moinonplus.Jesuiscontentedeneplusavoiràlessupporterqueparpetitesdoses.C’estépuisant,d’êtreunedéceptionconstante.Ilahausséunsourcil.-Monpetitfrèredoitenconnaîtreunrayonlàdessus.-Bienjoué.-Jefaisdemonmieux.Cequiseditàundînerd’anniversairenesortpasdudînerd’anniversaire,hein,Rome?-Jenedirai rien.S’iln’a toujours rien remarquédepuis toutce temps,cen’estpasmon rôle de luibalanceràlagueule,maisjepensevraimentqu’ilyaunechancepourquevousvousfassiezdubien,touslesdeux.Lesopposéss’attirent,toutça,toutça.Leproblème,c’estquejen’étaispassûrequeRuleetmoisoyonssiopposésquecela.Certes, ilétaittatouéduhautdesoncrâneàcrêtejusqu’auxorteilsdanssesbottes,etilétaitpleindebarresdemétal

tandisquej’étaisplutôtdugenreperlesetmédaillonsanciens,maisnousessayionstouslesdeuxdevivreau-delàdeslimitesquetouslesautressemblaientvouloirnous imposer.Nousavions tous lesdeuxdessoucis profonds et douloureux avec nos parents, nous aimions tous les deux les autres fils Archerinfiniment,nousvoulionstouslesdeuxêtredésespérémentreconnusànotrejustevaleur,peuimportecequelesautrespensaientquel’ondevaitounedevaitpasfaire,etaprèssamedi,jesavaisdésormaisquenousaimionstouslesdeuxquelesexesoituntoutpetitpeubrutetuntoutpetitpeusalace.Ouais,passiopposésqu’onpourraitlecroireaupremiercoupd’œil.- J’essaie d’empêcher Rule de vivre dans le noir depuis que Remy est mort. Les choses n’ont faitqu’empirer,çanes’estjamaisamélioréetilnepeutpascontinuercommeça,sinonçan’enfinirajamais.Romeasoupiréalorsquenousnouslevionspoursortirdansl’airfraisdelaville.-Finalement,petite fille, tout cequ’ona,c’est lesgens autour desoi, alors peu importe combien çadevientdifficile,ilfautavanceretresterenunseulmorceau.Jel’aiserrédansmesbrasetaifrottémesmainsfroidesl’unecontrel’autre.Jetenaislaphotoserréecontremapoitrineetj’aifrissonnéquandlabrisemordanteestpasséesousmonécharpe.-C’estfacileàdirepourtoiparcequetuesàunocéand’ici.Laplupartdutemps,iln’yaquemoietRuledansuncessez-le-feubancal,tesparentssurnotredosetlesmiensquim’ignorent.-Tul’asdittoi-même,Shaw,tun’esplusunegamine,tupeuxtrouverunesolutionàtoutça.J’aifoientoi.C’étaitRometoutcraché.Ilétaitleprotecteur,celuiqui,aufond,voulaitlemeilleurpourchacund’entrenous.Jeluiaiditdem’appeleravantderetourneràBrookside,etjesuisrepartieversmonappartement.C’étaitl’undesraresjoursoùniAydennimoinetravaillions,etelleétaitétaléedanslesalon,entouréedelivres.Elleétaitsiconcentréesursescoursetlevolumede la radioétait tellement fortque jecroisqu’ellenem’apasentenduerentrer.Ellem’avaitfaitchiertoutelasemaineavecRule.Elleétaitpourquej’expérimenteetquejeprennedesdécisionsquimerendaientheureuse-etcroyez-moi,celle-cim’avaitrenduetrèsheureuse–,maisellesavaitquemessentimentspourRuleétaientcompliquésetétaitpersuadéequejerisquaisderamassermoncœurencoreplusbrisé.J’aimarchéjusqu’àellesurlapointedespiedsetaitapésursonépaule,cequil’afaitseretournerencriant.Saréaction était tellement exagérée que je fus pliée de rire. Jeme suis jetée sur le canapé engrommelantetaienlevémonmanteauetmonécharpe.Ellem’aregardée, lessourcils froncés,enallantbaisserlaradio.-Passympa.Comments’estpasséledîner?-Bien.-C’esttout?-Romem’acuisinéesurRule, ila l’airdecroirequ’onpeutse réparer l’un l’autre,ouuneconneriecommeça.-Enparlantduloup,tuaseudesnouvelles?J’aisecouélatête.-Non.Jesaiscommentilfonctionne,Ayd.Tusaiscombiendefillestristesetperduesjel’aivuvirerlelendemainmatin?Jeneveuxpasenfairepartie.-Ouais,maisvousvousconnaissez,vousêtesunpeuamis.J’aihausséuneépaule.-Çane change rien, pour lui.Les femmesont toujours été interchangeables. C’est comme ça depuisqu’onestgamins.J’ai passé lamain dansmes cheveux emmêlés et ai réprimé un bâillement. Je révisais àfond en cemoment car les examens de la mi-semestre allaient arriver très vite, et ma journée de travail

supplémentaireleweekendcommençaitàmefatiguer.Ajoutezàcelalefaitquejemeréveillaislanuit,chaudeetexcitée…-Jecroisquejevaisprendreunbouquinetmecouchertôt.-Jemettrailamusiquedoucement.-T’inquiète,bonnenuit.-Toiaussi.Eh,ondiraitquetonsuçoncommenceàdisparaître.Jeluiaitirélalangueetsuisalléedansmachambre.Jemesuisétaléedetoutmonlongsurlelit,facecontrelematelas,etj’aimurmuréungrosmotenentendantmonportablesonnerdansmonsac.Jel’auraisbienignoré,maislasonnerieétaitcelledemamère:We’reNotGonna Take It de Twisted Sister. Si je ne répondais pas, elle continuerait àappelerjusqu’àcequejecède.Voilàcombiensontempsétaitimportant.Jemesuisretournéeetj’aisortimonportable.-Bonjour,mère.-Shaw, jesuisdésoléed’avoirmissi longtempsà te recontacteràproposde tonanniversaire.NousétionsenCalifornie.Jackavaitunvoyage d’affaires et comme il fait froid ici, jeme suis dit que lesenfantsaimeraientalleràlaplage.J’imaginequelestéléphonesnefonctionnentpasenCalifornie.-Pasdeproblème.-J’aiparléàtonpère,ilm’aditquetuavaisl’airdistraiteetmal lunée.Nousenavonsdiscutéet jepensevraimentquetudoisarrêtertonpetitjeuavecGabe.Tuesunejeunefemmemûre,maintenant,Shaw;tudoisfairedemeilleurschoixdevie.Sauterd’ungarçonàl’autrenevapasmarcherencorelongtemps.Ellenem’avaitmêmepassouhaitéunjoyeuxanniversaire.-Gabenem’intéressepas,Maman,pasdutout.-L’intérêt,c’estsuperficiel.Ilvientd’unebonnefamille,ilaunavenirtouttracé;cesontdeschosesqu’unejeunefilledetonoriginedoitrechercherchezunpartenaire.J’aisiffléentremesdentsetaifermélesyeux.-DonccesontceschosesquiontattiréPapaversMarissa?Ellevientd’unebonnefamille?Elleaunavenirsûr?Oupeut-êtrequ’ilaimejustelesdoubleDetlefaitqu’ellefassetoutcequ’illuidit.Allez,Maman,tuesridicule.Jenevaiscertainementpaspasserdutempsavecunmecquimefilelachairdepoulejusteparcequetul’aimesbien.-Surveilletonlangage,jeunefille!Jenesaispasd’oùtucroistenirtonattitudedeje-sais-tout,maisjenesuisnibêteniaveugleetjesaisquec’estàcausedecegarçonArcher.C’esttoujoursça.Jeme suis frotté le front, où je sentais le début d’unemigraine se former ; elle avait le don de lesprovoquerplusvitequen’importequid’autre.-Etalors?-OhShaw,quandest-cequetuvaslaissertombercebéguinridicule?-Maman,jecommenceàavoirmalàlatête.Est-cequ’onpeutremettreça?Elles’esttuependantunelongueminuteetjesentaisdesvaguesdereprocheàtraversletéléphone.-JevaisinviterlesDavenportàdîner.Ilfautquetusoislà.-Non.PassiGabevientaussi.-Si,tuseraslà.N’oubliepasquec’esttonpèreetmoiquipayonstesfraisdescolarité.Super,encoreunpeudechantageparental.Disdonc,quellechancej’avais.-Ouais,d’accord,situveux.Jen’aimêmepasditaurevoir,j’aipousséletéléphonesousmonautreoreilleretéteintlalumière.JenecomprenaispascommentRomepouvaitbiencroirequejepourraisréparerquiquecesoit,êtrebienpourquiquecesoit,jenecontrôlaismêmepasmaproprevieetcelamerendaitphysiquementmalade.

✻✻✻J’aipassélerestedelasemaineàêtreunebonneétudiantemodèle.Jerévisaisdèsquej’avaisunmoment,j’aifinimesTDdelabo,j’aiprisdel’avancesurunécritque jedevais rendreà lamoitiédusemestre.J’aimêmeréussiàcaserunpeudetempspouraiderAydenàréviser,carelleavaitdumalenchimie minérale et pour moi c’était du gâteau. Je travaillais sur un texte pour un de mes coursobligatoires,unedissertationexpliquantpourquoilesuicideassistédevraitêtrelégal–sujettrèsdrôle–,maisl’appartementétaittropsilencieuxetj’enavaismarred’ignorermontéléphoneàchaquefoisqu’ilsonnait,depeurquecesoitl’undemesparentsouGabe.Alorsj’aiprismonordinateuretjesuisalléeàPikesPerkpourleterminer.Aydenm’avaitenvoyéunmessagepourmediredeveniraubarcarc’étaitcalme,maisj’avaisbesoind’unenvironnementmoinsstimulant,etuncafépleindehipsterssemblaitêtreexactement ce qu’il me fallait. J’avais un tas de recherches devant moi et un latte au caramel quirefroidissaitsous lecoude.J’étais tellementconcentréesurceque je faisaisque je n’ai pas remarquéqu’ontiraitlachaiseenfacedemoisurlapetitetable.En réalité, j’étais tellement absorbée par les papiers étalés devant moi qu’il a fallu qu’une mainfamilière,avecun tatouagedeserpentetsonnomsursesphalanges, rabatte l’écrandemonordinateurpourquejemerendecomptequej’avaisdelacompagnie.Surprise,j’aiclignédesyeuxetailevémonregardpourtrouvercesyeuxbleuarctiquequimeregardaient intensément. Ilarborait toujourssacrête,maiselleétaitdésormaisd’unrougechoquantetses fringues luiallaientaffreusementbien,un tee-shirtserréàmancheslonguesetunjeanunpeutropgrand.Jen’aipasessayédecacherlefaitquejelemataisdelatêteauxpieds.-Etsijen’avaispasenregistrétoutça?-On s’est déjà rencontrés, tu te rappelles ? Je te connais assez bien pour savoir que tu enregistresprobablementaprèschaquephrase.C’étaitaprèschaqueparagraphe,maispeuimporte.-Cen’estpasvraimentsurtaroute,ici,qu’est-cequetufaislà?Je ne l’avais pas vu et ne lui avais pas parlé depuis exactement dix jours. L’idée qu’il m’aitvolontairement cherchéen’était pas très réaliste, alors jeme suis sermonnéedenepas interpréter sonapparitionsoudaine.- Je suis allé au bar, en fait. J’ai vu ta coloc et elle m’a dit que tu serais probablement ici pourtravailler.Shaw,ilfautqu’onparle.Jenel’avaisjamaisentenduprendreunairaussisérieux,etcelam’ainquiétée.Ilfallaitquejetrouvequoifairedemesmains,doncj’aiprismoncaféetaiessayédemecacherderrière.-Jenecroispas.J’étais àmoitié sûrequ’il allaitmedirequelquechosequimedonneraitenviede lui jetermon cafétièdesurlatête.Ilahaussésonsourcil,celuiauquelilavaitdeuxbarresargentées,etils’estpenchéenavant ; ses coudes étaient posés sur ses genoux et il me regardait droit dans les yeux. Des ombresintéressantesapparaissaientetdansaientdanslesprofondeursargentéesdesesyeux,jenesavaispasquoienpensermaisiln’avaitjamaisétéaussiséduisantqu’àcetinstant.-Allez.Tucroisvraimentqueleschosespeuventsepassercommeçaetqu’onpeutfairecommesiderienn’était?-Pourquoipas?C’estcequ’onfaitpourl’instant,etçamarchetrèsbien.- Shaw, reprit-il sur un ton exaspéré.On ne va pas avoir une partie de jambes en l’air incroyable,surtoutquec’étaittapremièrefois,etnepasenparleraprès.Déjà, jevoudraissavoirceque tuas faitavecRemytoutescesannéessivousnecouchiezpasensemble.Jeveuxaussisavoirpourquoituespartielematin,tunem’asmêmepaslaisséunechancedeteparler.J’aiposémoncaféetrepousséquelquescheveuxdemonvisage,jemesuispenchéeversluijusqu’àêtre

quasidanslamêmepositionquelui.Nousétionssiprochesquejevoyaischacundescilsquitouchaientsapeauquandilclignaitdesyeux.-Jevousaidit,jusqu’àenperdrelesouffle,queRemyetmoiétionsamis.Onn’ajamais,jamaiseuunerelationamoureuse.Notreamitiéétaitprofonde,elleétaitpuissanteet intimed’unefaçonque lesmâlesnéandertaliensnecomprennentpas,maisçan’ajamaisétéphysique.Etj’aidumalàcroirequetuaiespenséquej’allaisresterpourquetupuissesmefoutreàlaportelelendemainmatin.Jet’aivuenactionplus d’une fois,Rule, je ne voulais pas être unede tes innombrables prises de tête dumatin. J’ai unminimumdefierté.-Mais tuétaisprêteàgarder tavirginitépendantvingtansetsoudainementmeladonnersansraisonapparente?Ilavaitl’airunpeuénervé,cequim’afaitsourire.-J’avaismesraisons,Rule.-Etcesraisonssont?-Personnelles.Écoute,jene t’ai riendemandéaprès, jen’attendsriende toi,alorsest-cequ’onpeutpasseràautrechose?-Non,onnepeutpas.Jemesuisreculéeunpeuetaifroncélessourcils.-Quoi?Pourquoi?Onseconnaîtdepuistoujours,c’estjusteunedeschosesqu’ils’estpassé.J’aifaitunmouvementdupoignetquej’espéraisnonchalantetjemesuispétrifiéequandilaattrapémamaindanslasienne,bienplusgrande.Jel’aifixée,fascinéeparsesdoigtstatouésentrelesmiens.-Tuvois,cettechosequiestarrivée…Savoixestdescendued’untonetj’étaissoudaintrèsconscientequelecaféétaitpleinetque,pouruneraisonouuneautre,nousavionsattirél’attentiondesautresclients,quiobservaientnotreéchangeavecintérêt.–…cen’estpasunpetitévénementsans importancequ’onpeut ignorer,crois-moi j’aiessayé.Jesuissortisamedietj’airencontréuneroussetrèssexy.J’aisentimonvisagesefermerenunegrimacealorsquej’essayaisdelibérermamain.Ilm’asourietm’a tirée plus près de lui. – Malheureusement, il ne m’a fallu que cinq minutes pour réaliser quej’essayaisdemeservird’unefillepourenoublieruneautre.Alorsjemesuisditque lesamedisuivantj’essaieraisuneblonde,ouunebrune,oulesdeux,parcequematêteétaittoutenbordelàcaused’unefillequinedevraitpasmefaireça.J’ai tirémamainmais ilm’a tirée encore plus près, au point qu’ilmemurmurait à l’oreille, et quej’étaispresqueassisesursesgenoux.J’aidûm’appuyersursacuissefermeavecmamain libre.C’étaitbeaucouptropintime,beaucouptropfamilierdeletouchercommeçaalorsquej’essayaisdemettredeladistanceentrenous.-Donc,Nashetmoi,onestsortisetilyavaitdesrousses,ilyavaitdesbrunesetilyavaitmêmeunefillesupersexyqui ressemblaitunpeuàPink,mais tucroisque j’enai trouvéunequim’allait?Non,Shaw,pasune,parcequ’ellesn’étaientpastoi.Depuisquetut’estiréedimanche,jenepensequ’àtoi.Tupeuxmedirepourquoi?Sesmotsm’ontfaitfrissonnerdel’intérieur.-Parcequec’étaitnouveau,parcequ’onaunehistoiretouslesdeuxetquec’estplusdurpourtoidemevoircommeunefillesansnometsansvisage.Jenesaispas,Rule.Ilalevésonautremainetapassésonpoucesurmapommette.Celam’afaitretenirmonsouffleetmoncœuratrébuché.-Peuimportelaraison,c’estimportant,Shaw.

C’esttrèsimportant.-Qu’est-cequetuessaiesdemedire,Rule?-Jenesaispas,toutcequejesais,c’estquelesautresfillesnesontpastoietqueçanelefaitpas,pourmoi.Jecroisqu’ilfautqu’oncomprennecequ’ilsepasseentrenous.J’aisecouéunpeulatêteetunrefletargentéaéclairésonregardpâle.-Jeneseraipasuneparmitantd’autres.Commejetel’aidit,j’avaismesraisonspourqueleschosessepassentcommeça,maissitucroisquejevaisaccepterd’êtreunbouche-troudans ton litparcequepersonne d’autre ne te convient en cemoment, tu fais une grossière erreur. Je te connais, Rule, je teconnaisdepuisquetuascomprisquelesfillesétaientpluscompliquéesquelesgarçonsettun’asjamaisvoulufaired’efforts.Ce geste de son pouce surma joue, aussi léger qu’une plume, avait failli me réduire en une flaquedevantsesbottes.-Alorscettefoisjeleferai,onpasseradutempsensemble,onferadestrucstouslesdeux.Jeveuxdire,onseconnaîtdepuistoujoursmais,honnêtement,jenesaisriendetoi.Allez,Shaw,qu’est-cequetuasàperdre?Pasmoncœur,carill’avaitdéjàsanslesavoir.-Donctuveuxqu’on,genre,sorteensemble?Ilarigolé.–Cen’estpasvraimentmongenre,maisjeprometsqueletempsqu’onessaiedecomprendrecequ’ilsepasse,jegarderaimabraguettefermée.Jen’iraipasvoiràdroiteàgauche,pasd’autresfilles.Jeteledois,etjemedoisdevoirs’ilyaquelquechoseentrenousousic’étaitjusteunhasard.Ilsemblaitsisincère,ilavaitl’airsérieuxetdéterminéàmefairecroirecequ’ildisait.Jemesuisraclélagorgeetmesuismordillélalèvreinférieure.Certes,c’étaitcedont j’avaisrêvé:queRuleserendesoudain compte que j’étais une fille, et qu’il veuille être avecmoi. Bon, dansmon petit rêve, c’étaittoujours accompagné d’une déclaration d’amour et de dévotion éternels. En réalité, sa curiosité et sapromessed’aumoins voir comment ça allait se passer étaient sûrement ce que je pouvais espérer demieux. Jene savaispasàquelpoint lui faire confiance,mais je l’avais toujours, toujoursvoulu, et jen’avaispaslaforcederefusercelaalorsqu’onmel’offraitsurunplateau.-Sionfaitça–sortir,passerdu temps ensemble –, tes parents,mes parents, Rome… ça ne va pasbeaucoupleurplaire.-Ons’enfout,non?Jenem’enfoutaispas,maisj’étaistoujourslaseuleàm’inquiéterdecegenredechose.-OK.-OK?J’ailaissééchapperunsoupiretquandilestpassésursabouche,ilabrièvementfermélesyeux.Alorsj’aifaitlaseulechosequ’ilrestaitàfaire,jemesuispenchéeenavantetj’aipressémeslèvrescontrelessiennes.Cen’étaitpasavec lemêmedésespoirque ladernière fois, iln’yavaitpas l’inquiétudequ’ilchanged’avis,pasd’annéesdefrustrationetdedésirréprimé,etiln’yavaitpasderegretquecenesoitqu’uncoupd’unsoir;seulementladoucepressiondemeslèvressurlessiennesetlapetitepiqûredesonpiercingsurmalèvreinférieure.EmbrasserRuleseraittoujoursradicalementdifférentd’embrasserquiquecesoitd’autre,ilyavaitquelquechosequifaisaitdecetteexpérienceuntrucàpart.J’aisentiseslèvresformerunpetitsourirequanddessoupirsaudiblessesontélevésdestablesautourdenous.Ils’estretiréetatapésurmonnezduboutdudoigt.Jemesuisrassisesurmachaiseetmesuiséclaircilavoix.-Bon,voilà.Ilaexploséderire.

-Ouais,aumoinsdececôté-là,onn’apasdequestionsàseposer.J’aibougésurmachaiseetaipoussésansyréfléchirlespapiersquiétaientencoreétaléssurlatable.-Bienquecettepetitevisiteaitététrèssympa,ilfautquejefinissecetteprésentation.Unéclairdedéceptionestpassédanssesyeuxmaisill’acachéderrièresonsourirepasse-partout.-Tutravaillesquand,ceweek-end?-Je travaille tout leweek-end,mais je finis tôt samedi soir, et je ne dois reprendre qu’à 10 heuresdimanchematin.-Tuesunefilleoccupée.-Tun’asmêmepasidée.-Donc,cetteidéedepasserdutempsensemblevaêtrepluscompliquéequecequejepensais?Ill’avaitditsuruntonlégermaisjeconnaissaisRule,c’estlegenredemecquiveutunesatisfactionimmédiate.Simon emploi du temps chargé rendait difficile le faitde se voir régulièrement, je nemefaisaispasd’illusionsetjesavaisqu’iln’attendraitpasque jeme libère. Ilpasseraitàautrechose,deplus facile et de plus gérable.Je finisvers22heures samedi, et en général je sors vers 19 heures ledimanche.Leservicedudimanchen’estpasobligatoire,jelefaisdepuisqu’onnevaplusàBrookside,pouravoirunpeud’argentenplus.-Monpote Jet joueauCerberusceweek-end, tupourraisveniravec tacolocet passer la soirée desamediavecnous.-C’estquelgenredemusique?Cerberusavaitunepetiteréputation,enville.Ilétaitsituédanslequartierindustrieletavaitdûfermerplusieursfoispourdesraisonsdiverses.Cen’étaitpaslegenred’endroitoùj’iraispasserunesoiréeentempsnormal.Enfait,c’étaitlegenred’endroitquej’évitaisàtoutprixpournepasprendrelerisqued’ycroiserquelqu’unquejeconnaisetquiiraitmedénonceràmesparents.Maissijevoulaisêtresérieuseet essayer de voir ce garçon que je désirais depuistoujours, j’allais devoir m’ouvrir à de nouveauxhorizons.-Dumetal.J’airicanéunpeu.-AydenvientduKentucky,elleaimeTaylorSwiftetlacountry.Jenesaispassijepourrailatraînerlà-bas.-Maisilssontvraimentbons,ilssontpartisentournéeavecungroupeassezconnul’annéedernière.Enplus,Aydena l’airplutôtcool, jesuissûrequ’elleviendrait justepour t’accompagner.Siellenevientpas,vienstouteseule,jenetelaisseraipasenplan.-EtRome?- Il doit aller à FortCarson ceweek-end. Il faut qu’il prenne rendez-vous avec un psy desAnciensCombattants.C’estunpeudurpourluiparcequ’ilnerécupèrepasaussivitequecequ’ilpensait.-Oh,c’estnul.-Jenevaisriencacheràpersonne,Shaw.Situveuxjoueràcegenredejeu,tuferaispeut-êtremieuxderéfléchiràcequetuveuxvraiment.J’aiprissonavant-brasetailaisséleboutdemesdoigtss’enfoncerdansleserpentquiyétaittatoué.-Non,jenevaispasmecacher,maisnemefaispaspasserpouruneidiote,Rule.C’estimportant.-C’estimportantpourmoiaussi,Casper.Ils’estlevéetsemblaitgéantfaceàmoi.Ils’estpenchéetadéposéunlégerbaisersurmatête.-Aufait,lesjeanstevontbien.Viensauconcertsamedi.-D’accord.Jel’airegardésortirducaféetilnem’apaséchappéque toutes lesautres filles le regardaientaussi.

J’airetenuunsoupiretaisecouélatêtetristement.J’allaisreleverl’écrandemonordinateurquandj’aicroiséleregardd’unefilleassiseunpeuplusloin,enfacedemoi.Elleétaitunpeuplusvieillequemoi,avait de longues dreadlocks bleu océan etme fixait avec une jalousie non dissimulée. J’ai dû resterbloquéequelquessecondescarj’avaisl’habituded’êtrecellequilançaitceregardauxfillesquisortaientdesonlit.Ellem’afaitunsourirepenaud.-Tuvasavoirduboulotaveccelui-là.Sachantquejen’étaispasmoi-mêmesûredecequel’onétaitentraindefaire,j’étaiscertainequ’elleavaitraison.Cen’étaitpascommes’ilm’avaitdemandéd’êtresacopine,ouproposéunrencardcommeilsedoit, ilavaitsimplementditqu’ilvoulaitqu’onsevoieetque l’onpassedu tempsensemble.Cen’étaitpasclairementdéfinietjenesavaismêmepascequecelavoulaitdirepour lui. J’étaiscontentequ’ilm’aitditqu’ilétaitprêtànevoirpersonned’autre, ilétaitconscientquecomprendrecequ’ilsepassaitentrenousétaitassez importantsansque l’on ait besoin de complications avec d’autres filles,maisj’étaisaussiconscientequelesvieilleshabitudesontlapeaudure,etRulen’étaitpasconnupoursaretenue.J’aisoufflé.-Jenetelefaispasdire.Lafillearigoléunpeu.- Il a tatoué une énorme fleur de lotus sur la jambe d’une copine. Elle a passé les trois sessions àessayerdefaireensortequ’ill’inviteàsortiraveclui.Jecroisque jevais luidirequ’ilaunecopine,elle se sentiramieux. J’ai reprismon café et essayé de faire redescendrema tête du brouillard danslequelRulel’avaitplongéepourrevenirenmodeétudiantemodèle.-Jenesuispassacopine.-Tuessûre?Çam’enavaittoutl’air.–Onseconnaîtdepuislongtemps,c’estcompliqué.Ellem’afaitunclind’œiletm’aadresséunsourireentendu.- Oh ma belle, quand ils ressemblent à ça et ont cette aura qui dit « baise-moi », c’est toujourscompliqué.Bon,c’étaitdit.Siuneparfaiteinconnuepouvaitvoir,aprèscinqminutesànousregarderensemble,queceseraittoujourslaguerre,commentest-cequejepouvaisfaireensortequecelafonctionneentrenous?Surcetteidéedéprimante,jesuisretournéeàmonsuicideassistéenessayantdemeremonterlemoral.

Chapitre7Rule

Leclubétaitplein.Enmityattiraitpasmaldemétalleuxetdepunksducoin,etJetétaitdanslemilieudepuisqu’ilétaittoutgamin,doncilavaitamassépasmaldefanssimplementparcequ’ilétaitlà depuis longtemps. Un groupe de merde qui se prenait pour Slayer faisait la première partie etcommençait déjà à s’installer. Ils seraient suivis par un groupe de punks composé de filles, donc leconcertdevaitdurerlongtemps,cequiétaittrèsbiencarilétaitplusde23heures.Jen’arrêtaispasderegarderl’heuresurmonportable.Chaquefoisquelefaisais,NashlevaitlesyeuxaucieletJetsefoutaitdemoi,mais ils s’appliquaient à descendre une bouteille de Patron à deux, donc je ne l’ai pas prispersonnellement.J’avaisenvoyéunmessageàShawuneheureplustôtpourvérifierqu’elleallaitvenir,etjen’avaispaseuderéponse.J’étaisnerveuxetgrincheux,enpartieparcequejenaviguaisenterreinconnue,etclairementparcequele concept de monogamie était nouveau pour moi. J’avais l’habitude de me gratter quand ça medémangeait, j’avais l’habitude d’écoutermesbesoinsbasiques et de laissermes instincts charnelsmeguider.Mecontrôler,pasparcequ’onmeledemandaitmaisparcequeje levoulais,c’étaitentièrementnouveaupourmoi,etleseffetssecondairesétaientpourris.J’étaisfrustréetirritable,etj’enavaismarredejouerauchatetàlasouristéléphoniqueavecelle.Jen’avaisaucuneidéedecombienlaviedeShawétaittrépidante.Ellecouraitdesescoursautravailetàdesvolontariatstoutelajournée.Quandjenelavoyaisque leweek-end, je supposaisqu’elle avait du temps libre etqu’elle choisissait de passer sesdimanchesavecmesparents ;de touteévidence,cen’étaitpas lecas.Chaqueminutede la journéedecette fille était soigneusement planifiée et je commençais à comprendre ce qu’elle avait sacrifié pours’occuperdenotrefamillepétée.–Relax.Sielleaditqu’elleviendrait,ellevavenir.Nashm’adonnéuncoupdecoudedanslescôtesetafaillifairetombermontéléphone,quej’allaisfairefondreàforcedelefixer.Jel’airemisdansmapocheetj’aireprislabièrequejedorlotaisdepuisplusd’uneheure.J’aicroisé le regardd’uneblondebouillantequi gardait unœil surmoi depuis que nousétionsentrésdanslebar,etj’aidûmefaireunrapiderécapitulatifmentaldepourquoijevoulaispasserdutempsavecShawetcomprendrecommentellem’avaitembrouillélatêtealorsquej’avais la facilitéincarnéesouslesyeux.Lablondem’alancéunsourirequivoulaitdire«Jeveuxquetum’arrachesmesvêtementsaveclesdents»etj’aifaillim’étrangleravecmabièrequej’aiavaléedetravers.Jetarigoléetapassésamaindanssescheveuxnoirsmalcoiffés.Cemecressemblaitàunerockstar,ilétaitdégingandéetavaitenpermanencelelooksautdulitquirendaitlesfillesfollesetleurdonnaitdesyeuxrêveurssansaucuneffort.Ilavaitaussiunevoixgénialeetilsavaitchanter,vraimentchanter.C’étaitd’ailleursironiquequ’ilaitchoisidechanterdansungroupedeheavymetal,carlamajoritédecequ’ilfaisaitavecEnmityétaithurleretfairedubruit.Cemecétaitunmusicienaccompli,pouvaitécriredeschansonsmortelles et jouer d’à peu près n’importe quel instrument qu’il essayait.Une nuit, après une

partieparticulièrementméchantedebeerpong, ilm’avaitconfiéqu’ilaimait lemetalcar ilnepouvaitpasgérer lacélébritéet l’adorationquivenaientavec lesstylesdemusiquepluspopulaires. Ilvoulaitêtredansungroupemais,pourdesraisonsqu’ilétaitleseulàcomprendre,ilnesouhaitaitpasêtreunevraierockstar,bienqu’ilaitlatêteetlavoixpour.-Jetejure,tuasplusdetouchesquemoi,alorsquejesuisdansunputaindegroupe.Toutcequetuasàfaire,c’estclignerdesyeux,ettuasdespoulettesquisemarchentdessuspourtenterleurchance.Jemesuiséclaircilavoixetj’aiposémabièresurlatable.-Ouais,benjevousaiditqu’ilfallaitquejemecalmelà-dessuspourunpetitmoment.Jetalancéunregardàlablondederrièrelui,puisilm’aregardéavecunsourireencoin.-Bonnechance.Nashs’estavaléunshotetasiffléentresesdents.-Laisse-leunpeu,mec,ilaquelquechosedebienquisemetenplace.-C’estjustepourdire,iln’arienbesoindefaire.J’aisortimontéléphoneetairegardél’heurepourlacentièmefois.-Quelquechosemeditqueçaserabientôtcomplètementfaux.JetetNashonttouslesdeuxbuunautreshotetJetalancéunhurlementdeloup.-Lepremiergroupes’apprêteàcommencer,ilfautquej’aillevoirsi lesgarssontprêtsàenvoyerdulourd.Onvabientôtfinirl’albumsurlequelonbosse,alorsilfautqu’ondéchiretout,cesoir.Nous avons échangé des coups de poing contre poing et j’ai soupiré quand la blonde m’a encoreregardé. Je ne faisais pas exprès de regarder tout le temps dans sa direction,mais j’imagine que leshabitudesontlaviedure.-Çacraint.- Sérieux, détends-toi. Shaw est géniale, elle est toute mignonne, elle a assez de couilles pour terenvoyer tesconneriesetelle teconnaît,etelleestquandmêmeprêteà tedonnerunechance.Ellevavenir,alorscalme-toietdisàtonentre-jambededécompresser.Mescheveuxétaient toujourscoiffésencrêtede fou,cequi faisaitque jenepouvaispaspassermesmainsdedans;àlaplace,j’aifrottémanuqueettapéleborddelatableavecmesdoigts.-Pourquoi tucroisqu’elleveut tenter lecoup?Honnêtement,en toute logique, elle saitquec’est unmauvaispari,elleconnaîtmonpassé,etdefaçongénéraleonn’arienencommun.Jesaisquejenepeuxpasmelasortirdelatête,maisàtonavis,quellesraisonselleadevoircequetoutçaveutdire?-Jecroisquec’estunefilletrèsmaline,etquellequesoitsamotivation,elleyabeaucoupréfléchi.Jenecroispasqu’elleaitcouchéavectoijustecommeça,etjedoutesérieusementqu’elleaitacceptédepasserdutempsavectoijusteparcequetuluiasdemandé.Jecroisquesitugardeslatêtesurlesépaulesettaqueuedanstonpantalon,tufinirasparcomprendrepourquoiellel’afaitetjesuissûrquetuserassurlecul.-Jepensequejepourraismefaireinternerjustepouravoircruquejeseraiscapabledefaireça.J’aimais les filles, j’aimais le sexe sans attaches, j’aimais aller où je voulais quand je voulais, etj’aimaisn’avoirdecomptesàrendreàpersonne;sortiravecShawpouvaitremettretoutesceschosesenquestion.J’aisoupiréunenouvelle fois et j’ai laissémes yeux se balader jusqu’à la blonde. Ellemeregardait toujours, mais maintenant son joli visage était déformé par une grimace. Sa bouche étaitramassée comme si elle avait mangé quelque chose d’acide et je ne comprenais pas ce qui avait puchanger en l’espaced’uneminute, jusqu’àceque j’entendeNashmarmonner « Putain », et jeme suisrendu compteque tous lesmecsqui nous entouraient avaient tourné lesyeux vers Shaw etAyden, quipassaientdevantlebarpourrejoindrenotretable.Ellesfaisaientlapaire,ellesétaientde loin les filles lesplusclassedanscebar. Ilétaitclairquenil’unenil’autren’étaientjamaisvenuesauCerberus.LeslongscheveuxblondsdeShawétaientdétachés

ettombaientsursesépaulesdécouvertesparunhautnoiràdosnu.Elleportaitunjeanskinnymoulantetunepairedetalonsbleuvifquiauraientdûêtreridiculesàcetypedeconcert,maisqui faisaientmêmebaver leshard-rockeursà l’ancienne dans leurs pintes. Les cheveux noirs deAyden étaient coiffés enbatailleetsexy,elleportaituneminijupeetunhautvioletamplequitombaitcomplètementd’uneépaule.Elleavaitunepairedebottesdecow-boynoiresquin’étaientclairementpasaumieux de leur forme,maiscelanelesempêchaitpasdefairetournertouteslestêtes,masculinesetféminines,surleurchemin.Jenesavaispasquoifairealorsj’aifixéShaw,quimefixaitaussi.J’étaissûrquetoutlesangdemoncerveauavaitdésertéausud,doncjesuisrestéfaceàellecommeunidiotpendantqueNashsemarraitetleurdisaitbonjour.-Salut.Désoléepourleretard,ilyaeuunenterrementdeviedegarçonetçanousaprispluslongtempsqueprévudenousensortir.-Jet’aienvoyédesmessagespoursavoircequ’ilsepassait.J’auraisdûluidemandersiellevoulaitboireunverre,fairequelquechosepourluimontrerquej’étaiscontentqu’ellesoitlà,maisaulieudeçaj’étaisbourruetbizarre.Elleafroncélessourcils.-Montéléphoneestéteint.AydenaposésescoudessurlatableetaprisleshotqueNashluitendait.EllealancéunregardappuyéàShawetl’apointéedudoigt.Dis-luipourquoiilestéteint.Saphrasesonnaitcommeuneaccusation,etmêmedanslalumièretamiséedubar,j’aivuShawrougir.J’aiposéunemaindans lebasdesondosetmesuispenché jusqu’àcequemes lèvres touchent sonoreille.Jel’aisentieplustendue,maiselleaposésahanchecontrelamienne.-Pourquoiest-cequetontéléphoneestéteint,Casper?Elles’estappuyéesursonautrepied.-ParcequeGaben’arrêtepas.MamèreainvitésesparentsàdîneràBrooksideleweek-endprochainetilsveulentqu’onysoittouslesdeux.Ils’estmisdanslatêtequ’ondevraitfaireletrajetensembleetilnemelâchepasavecça,doncj’aiéteintmontéléphoneparcequ’ilmerendfolleetquejeneveuxmêmepasyaller,detoutefaçon.Uneserveusedecocktailachoisicemomentpourpasseràcôtédenous,alorslesfillesontcommandédesverresetj’aiprisuneautrebière.J’aicolléShawplusprèscontremoi,etjemesuistournépourquenoussoyonsfaceàface.-Alorsqu’est-cequetuvasfaire?Elleaposélapaumedesamainaumilieudemontorse,justesurmoncœur,etm’aregardéavecdesyeuxvertstristes.- Je ne sais pas. Il faut que j’y aille, sinon ma mère va me pourrir la vie, mais je ne veux pasm’approcherdeGabe.J’essaiesimplementd’ignorertoutça.-Çanevapasmarcherlongtemps.J’aimaiscommentellesecollaitcontremoi,commesielleétaitfaitesurmesurepourêtrelà.Jesais.LaserveusenousaapporténosverresetAydenafaitlagrimacequandlepremiergroupeacommencéàjouer.J’airigoléetjeluiaiserviunautreshot.-Tienslecouppourlesdeuxpremiers,jeteprometsquelegroupedeJetestvraimentbon.Ellem’afaitunegrimace.-J’aimelamusiqueavecunpeuplusdecordesetbeaucoupplusdebanjo.Nousavonstousrigolé.-AideNashàfinirlatequila,çat’aideraàlessupporter,etsic’estvraimenttropdur,jesuissûrqueJetauradesbouchonsd’oreilleàtedonner.

Ellearéponduquelquechosequejen’aipascomprismaisquiafaitexploserNashderire,alorsjemesuis retournéversShaw.J’ai trembléde l’intérieurquand j’aivuqu’ellesebattaiten duel de regardsaveclablondedetoutàl’heure.J’aipassémamainautourdesatailleetl’aitiréejusqu’àcequetoutsoncorpssoitpressécontremoi.-Eh,arrête.-Ellen’estpasobligéed’enfaireautant.-Shaw,regardeautourdetoi.Dansunrayondedeuxmètres,jevoisaumoinsunedizainedemecsquitedéshabillentdesyeux,cen’estpasgrave.Jesuisavectoi,pasavecelle,et tues làpourmoi,paspoureux,c’estcequicompte,non?Ellem’afaitunegrimacequim’adonnéenviede luisucer la lèvre inférieure.J’ai levé lamainetaipasséunemèchede sescheveuxderrière sonoreille. Ilsétaient commedusatinet ont immédiatementglissé.–Jen’avais jamaispatientéunesemainepour passer du temps avec une fille que j’aime bien,franchementc’estnul,etjeveuxpasserdutempsavectoi.-Jesuisvraimentdésoléequ’onsoitarrivéesenretard.ÇaaétéunvraiboulotdeconvaincreAydendevenir.Cen’estvraimentpassonenvironnement,etmoinonplusd’ailleurs,mais jesuiscontentequ’onsoitlà.Elleapassésonindexsurletatouageduphénixquidépassaitdelamanchedemon tee-shirt, surmonbiceps.-Moiaussijeveuxpasserdutempsavectoi,Rule.Jesuisdésoléequemaviesoitaussichaotique.-Net’inquiètepas,dis-jeenpassantmamainsoussescheveux,avantdemepencherverssonoreille.Bon,turentresavecmoicesoiroupas?Siellemerépondaitnon, ilyavaitungrandrisqueque jedoiveprendreunedouche froideavantdepouvoir enlevermon jean.Sesyeuxverts étaientbrillantsquandelle aposésonregard surmoi, et jen’avaisjamaisvuunefille,surtoutunefillequejeconnaissaisdepuisaussilongtemps,quiarrivaitaussibienàcachercequ’ellepensait.Shawétaitdifficileàdécrypter,sesyeuxsemblaientseulementrenvoyercequejeressentais.-Onestvenuesentaxi.Donc,tantquec’estbonavecAyden,c’estunepossibilité.Savoixétaitdescenduedans lesgraveset jemesuisditqu’ilétaitpossibleque jen’aie jamais rienentendu d’aussi sexy. J’ai grogné mon approbation comme le néandertalien que j’étais et j’ai laissétombermamaindubasdesondossurlacourbedesesfesses.Nousavonsdiscutétouslesquatreetprisquelquestournéesdeplusensupportantlesdeuxpremiersgroupes.Ledeuxièmeauraitpuêtrebonsi lachanteuses’étaitplusconcentréesursonchantquesurlerôlequ’ellejouait,maisengrosellesontcriéetsautépartoutpendantuneheure,aupointqueAydenétaitprêteàsautersurscènepourarracherlemicrodecettepauvrefille.J’aiétésurprisdem’apercevoirquec’étaitmarrantdejusteêtreensemble.Aydenétaitdrôle et sarcastique, elle etNash se renvoyaient des piques comme s’ils étaient amis depuis desannées,etletempsqu’Enmitys’installe,labouteilleavaitdisparuetilsétaienttouslesdeuxbourrés.Shawétaitplusdiscrète,elleregardaittoutettoutlemondeautourd’elle,elleposaitdesquestionsetrépondaitquandon l’incluaitdans laconversation,mais laplupartdu temps,elleobservaitcequ’ilsepassaitplutôtqued’yparticiper.Àunmoment j’ai failli lancerunebagarre.J’étaisalléaux toilettesetNashétaitsortipourfumer,nousn’étionspartisqu’uneminutemais,quandjesuisrevenuànotretable,unmétalleuxtranspirantessayaitd’approcherShaw.Jen’étaispaslegenreàêtrejaloux,jeveuxdire,j’avaispassétoutemavieàêtremoinsbienquemonfrèrejumeau,doncjen’aipascomprislaragemeurtrièrequimetraversaitsoudain,lebesoindedéclarermapropriété,d’annonceraumondeentierqu’elleétaitàmoi.Heureusement,Nashestarrivéà la table

avant moi et a envoyé promener le gars sans façon, parce qu’il y avait de fortes chances que jelepulvériseetquejepasselasoiréeautrou.Maisenarrivantàlatable,j’aiquandmêmesoulevéShawsurleboutdeseschicschaussuresbleuesetaiplantéunbaisersursajolieboucherose,assezfortpourquemonpiercingàlalèvremefassemal.J’aipenséqu’ellesereculeraitpeut-être,qu’ellem’enverraitpeut-êtrechierparcequejemecomportaiscommeuncon,maiselleaagrippémon tee-shirtavecsespetitesmainsetm’a laissé faireceque j’avaisà faire.Quand je l’aienfin reposéepar terre,ses yeux étaientvitreuxetelleétaitrouge.Elleapassésalanguesursalèvreinférieureets’estréinstalléeàcôtédemoi.-Ilfautquejetedise,Rule,j’adoret’embrasseravectoutcemétalsurtatête.Jen’auraisjamaiscruqueceseraitquelquechosequej’aimerais,maisçamarchebiensurtoi.Ohputain,c’était lachose laplussexyque j’aie jamais entendue. J’ai passémonbras autour de sesépaules.-Ettusais,peut-êtrequelaprochainefoistupourraisjustepisserencercleautourdemoipourqu’ilssachentquetuespasséparlà.Saremarquesèchem’afait rire,mais jen’aipaspris lapeinedenier les raisonsdemonacte.Nousavonscontinuéàdiscuteretpasséunesupersoirée,maisaumomentoùleslumièressesontéteintesetoùJets’apprêtaitàmontersurscène,j’avaispasséassezdetempsentreamisetjevoulaisdutempsseulàseulavecShaw.Malheureusement,Jetsavaitmettrel’ambiance,etbienqueAydenpersisteàdirequelebruitquefaisaitlegroupenepouvaitpasêtrequalifiédemusique,ilneluiafalluquedeuxchansonspourtraînerShawjusquedevantlascène.Legroupe jouait fort,agressif et enchaînait lesmorceaux,mais Jet, beau gosse, enflamma le public,aussijenefuspassurprisdevoir,quandlesfillesfurentparties,unelueuralcooliséeetintéresséedanslesyeuxdeAyden.Maiscelamevalutaussideresterseulàgérermonmeilleuramitorché.-Çavaaller?LesyeuxvioletsdeNashétaientàmoitiéfermés,etj’étaisquasisûrquesilatablen’étaitpaslàpourletenir, il serait déjà face contre terre. C’était ce à quoi je ressemblais généralement après une nuit depicole,etc’étaitunpeueffrayantdelevoirdel’extérieur.-Hein?Ses mots étaient un marmonnement distrait et j’ai vu mes images de nuit sexy s’envoler et êtreremplacéesparlaréalité, j’allaisdevoir leporter jusqu’àl’appartementet lui trouverdes toilettes, là,toutdesuite.-Mongars,tun’aspasintérêtàgerberdansmonpick-up.Jevaischercherlesfillesetjeleurdisqu’ondoityaller.-Smhhh…D’accord,ilétaitimpératifdelesortird’iciavantquelatequilaneremonte.J’aisoupiréetjemesuisavancéverslascène,pourêtreinterceptéparlablondedetoutàl’heure.MaintenantqueShawétaitlàetquemon cerveau avait repris le contrôle – et pasmon entre-jambe –, je voyais clairement qu’on nepouvaitmêmepascomparerlesdeux.Shawétaitparfaiteetavaitunebeautéquinenécessitaitpasdeuxkilos de maquillage ou des vêtements qui en montrent plus qu’ils n’en cachent. Elle avait aussi uneignorancecharmantedesoneffetsurlesexeopposé,alorsquecettefilleétaitlàpoursemontreretêtreadmirée. Elle a posé un doigt au milieu de mon torse et a battu ses cils pleins de mascara en meregardant.-Hey.-Euh…Salut.J’aurais pu simplement la contourner, mais le bar était plein et le groupe rendait les gens fous. Ilssautaientsurplaceetsecouaientlatêtedanstouslessens,alorsàmoinsdecarrémentluimarcherdessus,

jen’allaispaspouvoirpasser.Commejesuisgrand,j’avaisunebonnevuesurunetêtebruneetl’autreblonde, qui sautillaient au rythme de lamusique tout devant. J’étais content que Shaw s’amuse, maisj’étaisaussidéçuquecesoitquasiimpossibledelarejoindre.-Jet’aivutoutàl’heure,tuconnaislegroupe.-Ouaip.Entempsnormal,c’étaitlegenredefillequejerecherchais:facile,détachée,conscientedeladirectionqueprenaitlasoiréeetdecequ’ilsepasseraitlelendemainmatin.-Donc,heu…tuvoudraispeut-êtresortird’ici, trouverunendroit tranquilleoùonpeut…discuter ?Messourcilssesontlevés.Peut-êtrequequandj’étaisbourrécelaavaitl’airplusmalin,maisj’étaissobreetcelaparaissaitglauqueetdésespéré.-Merci,maisjesuisvenuavecquelqu’un.Saboucherougevifafaitunegrimaceetelleafaitunpasenarrière.-Ouaisj’aivuça,etj’aiaussivuquec’estclairqu’ellenevapasresterlongtempsavectoi.J’avais l’habituded’être jugé,d’entendreque jen’étaispasassezbien pour une raison ou une autre,maisl’entendredelapartd’unefilleunpeubourréedansunbar,quivenaitd’essayerdemetirerjusqu’àsonlit,m’adéstabilisé.-OK.Jenesavaispasquoirépondred’autre.Lafillearenifléetajetésescheveuxperoxydéspar-dessussonépaule.

-Cettefilleadel’argentetunstatutetçasevoitsurelle;tuasdestatouagesetriend’autrequ’unbonmomentàoffriretçase litclairementsur toi.Tupensesqu’ellevacroirecombiende tempsque tuasautrechoseàluiproposer?J’aifroncélessourcils,j’enavaismarrederestercourtois.Jel’aiphysiquementôtéedemoncheminetailancépar-dessusmonépaule:-Jenesaispas,maisjeseraisbêtedenepasresterjusqu’àcequ’elles’enrendecompte.Pourarriverjusqu’auxfilles, j’aidûpousseretbousculerpasmaldecorpsensueur.Jetétaitpileenfaced’elles,àgenoux,latêteenarrière,letee-shirtdéchiré,etl’immenseangedelamortquejeluiavaistatouésur le torseétaitbienvisible. Ilhurlaitcomme un dieu du rock et si Shaw avait l’air fascinée,Aydenavait l’airprêteà fondreenun tasdegeléeorgasmique. Il semblait que, grâce à Jet, le rat deschampss’étaitouvertaurockandrollcesoir.J’aiposémamainsurlahanchedeShawetmesuispenchépourluidire:-IlfautquejesorteNashd’ici,ilestmort.Ellem’a regardé de ses grands yeux et a hoché la tête sans discuter. Elle s’est penchée pour crierquelquechoseàAyden,quiluiaréponduenhurlant.Labrunem’afaitunsignedelamainet,unesecondeplustard,lepetitcorpsdeShawmetiraitdanslesensinverse.Nashrecouvraitmaintenanttoutelatableetj’aivuleregardquelevideurluialancé.-EtAyden?Tum’asditquetuvoulaist’assurerqu’ellepuisserentrer.-Ellem’apromisdem’appelerquandellepartait.Ellem’aditqu’elleprendraituntaxi.-Çavaaller,touteseule?-Oui,c’estunegrandefille,ellepeuts’ensortirtouteseule,enplusjepensequ’elleaassezdansépouréliminerpasmald’alcool.Jecroisqu’elleveutresterpourdireàtoncopainàquelpointelleaaiméleconcert.-Jetaceteffetsurlesfemmes.-Jepeuxcomprendre.J’ai luttépour remettreNashdeboutet l’ai fait sortir dubar avecunbras autourde sa taille. Il étaitcostaud,etmanœuvreravecsacarruren’étaitpasfacile.-Tuvaschangerd’avisetmelaissertomberpourunerockstar?ElleapoufféetaprislesclefsquejeluiailancéespourouvrirlavoitureetquejepuissepousserNashsurlabanquettearrière.-Tun’aspasintérêtàêtremalade,mec.Il n’a pas réagi, alors j’ai aidé Shaw àmonter et j’ai soudain pensé qu’elle n’avait pas hésité unesecondeàpartiravecmoi.Celaarenduquelquechose,aucentredemapoitrine,toutgluantetchaud.-Jedisjustequ’iladucharisme,etmêmesijen’aipascomprislamoitiédesesparoles,c’étaitplutôtpuissant.Lebarentierluimangeaitdans lamain,cegenredemagnétisme,c’est impressionnant.Ouais,Jetestnépourdevenirunerockstar.Maisilaunproblèmeaveclesprojecteursetlareconnaissance,çaatoujoursétécommeça.-Tuleconnaisdepuislongtemps?-Onallaitlevoir jouerquandonétaitgamins, il faisaitdupunkà l’époque.Nash,JetetRowdyfontpartiedemabandedepuisunboutdetemps.Rowdy,onl’a rencontréplus tard,quand ilacommencéàtravaillerausalon,maisons’entendcommesionétaitfrères.Elles’est installéesur labanquetteencuiret j’aimonté lechauffagequand j’aivuqu’elle frottait lachairdepoulesursesbras.-Çadoitêtrebiend’avoirbeaucoupdebonsamis.

Jen’aijamaisétécommeça.Jel’airegardéeducoindel’œil.-Qu’est-cequetuveuxdire?-Jesuistimideetmaladroite.Jen’aijamaissucommentmefairedesamissimplement.Onm’embêtaitbeaucoupquandj’étaisaulycée.Remyétaitmonseulvraiami,etmaintenantiln’yavraimentqueAyden.J’aidumalàm’ouvrirauxgens.J’imaginequec’estparcequej’aivucommec’estdouloureuxquandlespersonnesdequionestleplusprochenousdéçoiventconstamment.-EtRomeetmoi?-Etvousquoi?Nashagrognéàl’arrièreetj’airegardépar-dessusmonépaule,inquiet.Iln’avaitpasl’airbien.-Etnous?Onétaitlàaussi,onn’étaitpastesamis?Elleafaitunbruit,commeunfredonnement,quedespartiesvitalesdemonanatomieonttoutdesuiteapprécié.Romeatoujoursétécommeungrandfrère,ilfaitattentionàmoi,semoquedemoi,essaiedemeprotégerdecequipeutmeblesseretmefairesouffrir.Toi,ehbientoi,tuastoujoursétéautrechose,pasunami,pasunfrère,autrechose.-Etc’estmauvais,cetteautrechose?Jel’aisentiehausserlesépaulessansvraimentlavoir.-Çal’aété,etparfoisnon.Jenesavaispascommentprendresaréponse,doncj’ailaissétomberlesujet. J’aiconduit le restedutrajetavecunœilsurlarouteetunœilsurNash,quifaisaitdessonsdedétressedeplusenplusbruyantsà l’arrière.Quandnous sommesarrivés à l’appartement, je l’ai regardéemais elle s’était retournée etcaressaitlatêtechauvedeNashenluidisantdesmotsrassurants.-Jenesaispascombiendetempsçavameprendredem’occuperdelui,tupeuxvenir,etaprès,si tuveuxquejeteramèneouquoi,jeleferai.Ellem’aregardéetahausséundesespâlessourcils.-Rule,çava.Cen’estpascommesijenesavaispascommenttufinisd’habitude,vul’étatdanslequeltues ledimanchematin. Je te l’aidit, il fautque jesoisau travaildemainà10heures.Tantque tu tedébrouillespourfaireça,toutvabien.Sanssavoirquoidire,jel’aifixéeunbonmomentavantquelesgargouillementsdeNashnemefassentbouger.-Tuastoujoursétéaussigéniale?Elleafermétouteslesportesderrièrenousetm’aaidéàfairemonterNash.J’avais remarquéqu’ellen’avait pas répondu à ma question, mais elle est allée prendre un grand verre d’eau pour Nash etfarfouillerdansmasalledebainspourtrouverdesantidouleurs.Elleaposé le toutsur le lavabode lasalledebainsducouloir,queNashutilisait,etm’alancéunregardappuyé.-Viensmechercherquandtuaurasfini.J’ailâchéunelonguelitaniedejuronsdansmabarbeenaidantNashàsedéfairedesapolaireetdesonjean.J’hésitaisàlepassersousunedouchefroidequandlatequilaaprissa revanche.Sa tête tatouéeadisparudanslestoilettesetj’aipasséuneheureàm’assurerqu’ilneperdaitpasconnaissance,touràtourenluifaisantavalerdel’eaudeforceetenm’ôtantdesoncheminquandelleremontait.Lorsquej’aienfinétésûrqu’iln’allaitplusvomir,jel’aitirésursonlitetl’aiallongésurleventreavantdenettoyerunpeulasalledebains,etdemelaveraussi,puisjesuisallétrouverShaw.Laportedemachambreétaitentrouverteetelleavaitallumé la télé.Jenesavaispasceque j’allaistrouver, la partie la plus coquine demon imagination avait toutes sortes de scénarios intéressants enréserve,maiscequim’attendaitn’enfaisaitpaspartie.Monlitkingsizeétaitdévêtujusqu’aumatelaset

elles’affairaitàchangertoutelaliterie.Seschaussuresbleuesdefolieétaientparterreaumilieude lapièce, totalement hors contexte entre mes tee-shirts et mes jeans sales. Je me suis appuyé contrel’encadrementdelaporteetjenepouvaisquelaregarder.Ellesemblaitêtreenpleineconversationavecelle-même,maisellemarmonnaittropbaspourquejepuisseentendrecequ’elledisait.J’aiattenducinqbonnesminutesqu’ellelèvelesyeuxetremarquequejelaregardais,maisellenel’apasfait,doncjeluiai demandé «Qu’estce que tu fais ? », ce qui lui a fait faire un bond de surprise d’au moins trentecentimètres.Elleaposésamainsursapoitrineetaeulapolitessedeprendreunaircoupable.-Jechangetesdraps.-Pourquoi?-Euh…pourquoi?-Oui,Shaw,pourquoiest-cequetuchangesmesdrapsàpresquetroisheuresdumatin?Elle a été sauvée par une chanson de Garth Brooks qui s’élevait de sa poche. Je commençais àcomprendrequ’elleaimaitchoisirdessonneriesquicorrespondaientàlapersonnequiappelait.ElleaeuunebrèveconversationavecAydenetaposéletéléphonesurlatabledenuitprèsdu lit.Elleapris lecôtédemacouetteetacommencéàl’aplatirsurmongrandlit.-Aydens’estfaitraccompagneràlamaison,j’imaginequetoncopaindugroupes’estsouvenud’elleauGoalLineetluiaproposé.–C’estcool,maisJetn’estpasconnupour sa fidélité, donc j’espère qu’elle ne va pas se faire desidées.-Jetel’aidit,ellepeutsedébrouillertouteseuleet,honnêtement,tun’espascélèbrepourçanonplus,dit-elle enpassant samain sur la couette,alorspasquestionque jedorme, encoremoins que je fasseautrechose,dansunlitquiaeuplusdevisiteursque l’aéroportdeDenver,sansaumoinschanger lesdraps.Salèvreinférieureressortaitetelleavaitunpetitairdedéfi.-Shaw,dis-jeenpassant laporte, avant de la refermeret de tourner le verrou puis dem’approcherd’elle.Celitn’aconnupersonned’autredepuistoi.Jet’aiditque,cettenuit-là,j’aisuquequelquechosededifférentsepassaitentrenous.Elleafrissonnélégèrementcommejem’approchais,etj’aivudelavulnérabilitébrutedanssesyeux.C’étaiteffrayantdevoircommecelaauraitétéfacilepourmoideblessercettefilleetcombienjevoulaisévitercelaàtoutprix.-Jenesaispascommentfaireçaavectoi,Rule.Jemesuisjetéesurtoialorsquej’étaisbourréeetj’aieudelachancequetuveuillesbienmerattraper,maissobre,c’estdurderegardercelitsansvoirtouteslesautresfillesquiysontpasséesavantmoi,etparfoisplusd’uneàlafois.Elleaessayédelediresuruntonlégermaisj’entendaislamélancoliesincèrequicoloraitsavoix.J’aiposémesdeuxmainsdechaquecôtédesonvisageetaipenchésatêteenarrièrepourquenoussoyonsfaceàface.-Jenepeuxpaschangerlepassé,Casper,jenepeuxpas.Jenepeuxpasfairedisparaîtrecesfillesoulefaitquetulesaiesvues.JenepeuxpasramenerRemy,niremonterletempspournepasl’appelercesoir-là.Ilyasûrementmilleetunregretsquej’aiets’ilsrestentcoincésentrenous,iciouaulit,autantarrêterdèsmaintenantparcequejenevaispasmebattreavecmonpasséalorsquejecommenceenfinàvouloirinvestirdansmonavenir.Ellealevélesbrasetsaisimespoignets.Audébutj’aipenséqu’elleallaitmepousser,maisnon.Elles’estpenchéeenavantetalaissésonfrontfrapperlemilieudemontorse.Rule,siçafinitmal,çafiniratrès,trèsmal.

Savoixn’étaitqu’unmurmurerauquecontremapoitrine.-C’estvrai,maissiçasepassebien,çavaêtrevraimenttrès,trèsbien.J’aipassémesdoigtsdanssescheveuxetellealaissésesmainstombersurmesépaules.Nousn’étionspas parfaitement assortis, elle était beaucoup plus petite quemoiet je devais bien admettre que nousétionsundrôledecouple,physiquementparlant,maiselleavaitcepetitquelquechose.Quelquechosedanssafaçondesecourbercontremoi,safaçondesoupirermonnomcommeuneprière,sonodeurdesoleil,dedouceuretdetoutcequiestdélicieux,letoutemballéenunepetitebouchéequirendaittoutlerestesuperflu.Celafaisaitd’ellelaseulefilleàlaquellejevoulaism’accrocherpourplusd’uneminutefugace.Elleacommencéàtirermontee-shirtau-dessusdematêteetj’airigoléunpeuquandelles’esténervéeparcequ’ilétaitcoincésurmescheveuxenpics.Ellem’afaitunegrimaceetl’afaitvolerderrièreelle.Elleatouchél’avantdemacrêteduboutdudoigtetahausséunsourcil.-Tuessexyavectacrête,Rule,maisj’avouequecettecoiffureestplusgênantequ’autrechose.Elleapassésesmainssurmescôtesets’estarrêtéepour regarder lesœuvres qui y étaient gravées.D’uncôté, une faucheusequis’étalaitdemonaisselle jusqu’au haut dema cuisse, de l’autre, un angemagnifique,etentrelesdeux,dansmondos,unecroixgothiquemassivequis’étendaitd’uneomoplateàl’autreetdescendaitjusqu’enbasdemacolonnevertébrale,etsuruneélégantebannièrequisedéroulaitd’uneépauleàl’autre,ilétaitécrit«Remy»dansuneécriture large.J’avaisplusdepeau tatouéequevierge,etalorsqu’engénéraljen’ypensaispasplusquecela,êtrenuprèsd’elledanstoutelagloiredesapeauclaireetparfaitemesemblaitunpeuécrasant.Sesmainssontdescenduesetavantmêmequej’aiepul’embrasser,elles’attaquaitàlaboucledemaceinture.– Remy aurait adoré cette pièce, tu sais ? Ilme disait tout le temps qu’il était content quand tu ascommencéàtefairetatouer.Ildisaitqu’avoirquelqu’unaveclamêmetêtequeluiétaittropbizarre,etquandtuascommencéàavoirunlookdifférent,ilétaitcontentquecesoittoiquile fasses,parcequ’ilétaitincapabledetenirenplaceassezlongtempspourfairequelquechosecommeça.C’étaitvrai.Remyétaittoujoursenmouvement,toujoursentraindejoueravecsesmainsouautrechose,etiln’auraitjamaispuresterimmobileassezlongtempspourunesession,etchaquefoisquej’étaisrentréà lamaisonavecunenouvellepièceàmontrer, ilavait été le premier à la voir. S’il avait vécu assezlongtempspourmevoirfinirmonapprentissage,ilm’auraitlaissédessinerunmotifpourlui.C’étaitl’unde cesmille et unregretsdont jeparlaisplus tôt.Elle se précipitait surmon pantalon et j’ai soudainressenti le besoin de la ralentir,alors je l’aisoulevéecomme une petite poupée et je l’ai poussée aumilieudemonlit.Ellea rebondietaatterriétaléeencroixsur ledos.J’aienlevémesbottessans lesmains et ai laissé mon pantalon tomber tout seul, et comme je ne porte généralement pas desousvêtements, quand je me suis mis au-dessus d’elle j’étais nu, et elle était encore complètementhabillée.Sesyeuxsesontécarquillésquandj’aipassélamainsoussonhautetquejesuisdescendupourposerunetraînéedebaisersdanssoncou.-Tuescommedubonwhisky,Shaw.Tumontesviteàlatête,maisendouceur.Ladernièrefois,onazappébeaucoupdebonneschoses.Pourquoionneprendraitpasnotretemps,cettefois?J’ailaissémesdoigtsfrôlersonsoutien-gorgeetj’aisentisoncorpsseraidir.Elleapliélesgenouxdesortequejesoisentourédesesjambes,etmalgrénotredifférencedetaille,çacollaitparfaitement.Ellelaissaitsesmainsparcourirmondos et j’ai senti le bout de ses onglesmordrema peau et ses talonss’enfoncerdanslecreuxdemesfesses,c’étaitincroyable.-Ladernièrefois,j’avaispeurquesionralentissaittu t’arrêtespour réfléchir,et j’avais l’impressionquej’allaismourirsituarrêtais.Mesmainsétaientmaintenantsoussonsoutiengorgeetsa respirationhaletantemerendaitencoreplus

durquejenel’étaisdéjà.J’aienlevésonhautenlepassantau-dessusdesatêteetluiaifait fermer laboucheenposantlamiennedessus.Ellen’apashésitéàmerendremonbaiseret,àcetinstantprécis,j’aidécidéqu’embrasserShawétaitsûrementlachoselaplusprocheduparadisquejeconnaîtrais.Ilyavaitexactementcequ’ilfautd’échange,delangueetdedents,justeassezdetractionessouffléepourmefairevoirdepetitesétoilesetmedonnerenviededéchirersonpantalonetdefoncercommeunvoleur.Ellenementait pas quand elle disait qu’elle aimait les bijoux dansma bouche. Elle passait sa langue sur lebarbelletfrottaitsalèvrecontrel’anneaud’unefaçonquimefaisait fermer lesyeuxetpresqueoublierquejedevaisluimontrertouteslesbonneschosesquenousavionszappéesladernièrefois.–Tuvois,jenecroispasqu’onaitpassédutempsici.J’aipassémonpoucesursontétonetl’airegardésedresserinstantanémentàmontoucher.-Tuestellementbelle,Shaw,etjecroisquetun’enasmêmepasàmoitiéconscience.J’ailaissémalanguecouriràlabasedesoncoupuisdescendrejusqu’àavoirleboutdesonseindanslabouche.Songoûtétaitaussisucréquesonodeur,etl’idéequej’étaisleseulàluiavoirfaitça,qu’elleétaitàmoi,rienqu’àmoi,rendaitletoutencoremeilleur.Elleamurmurémonnomets’estcambrée.Elleondulait endessousdemoi,me tirait plus prèsd’elleavecdesmainsaffamées et se frottait contre lapartiedemoiquitrouvaitaussiquej’allaistroplentement.-Tuvois,c’estdubon.Elleasoupiré.-Carrément.Jemesuisappuyésuruncoudeetaitracéunchemindesagorgejusqu’àsonnombril.Lapeautenduedesonventreafrissonnélégèrementquandj’aifaitletourdecepetitcreux.J’aimaisvoirmapeautatouéeàcôté de cette toile vierge bien plus claire ; cela me faisait aussi quelque chose de voir que, quandj’aplatissaismamainsursonventre,monnoms’étalaitd’unboutàl’autrecommepourmarquercellequeje considérais de plus en plus commem’appartenant.Mon pouce s’est accroché sous le haut de sonpantalonetatracéunmotifquil’afaitsetortillersanséquivoquecontremoi.Rule,a-t-elleditavecunecassuredanslavoix.Qu’est-cequetuattends?-Rien.Jel’aiembrasséeànouveauet j’aiprismon temps.Jevoulaisqu’ellesachequ’ellemefaisaitautantd’effetque jesemblais luienfaire.Normalement,quand j’étais avec une fille, j’étais intéressé par larécompenseimmédiate,iln’yavaitpasdepréparation,pasd’impatience.J’aimaisàpenserque j’avaismisaupointquelquesbonnestechniquesaveclesannées,maisj’adoraisaussipasserlaligned’arrivéeleplusvitepossible.Jen’étaispaslàpourlessouvenirs.J’étaislàpourunorgasmequiparalysel’espritetuneminutedepaix.Maiselleétaitdifférente.Avecelle,j’étaisdifférent,etcequ’ilsepassaitentrenousétaitdécidémentdifférent.Jesuispassésoussonpantalonsuperserréetj’aiétésurprisdevoirqu’ellen’avaitpasprislapeinedeporterquoiquecesoitendessous.J’ailevélatêteetluiaifaitunlargesourire.-Pasdeculotte?Elleahausséuneépauleetbougéunpeuquandmesdoigtssontpasséssursespartieslesplusdoucesetchaudes.-Quoi?Cepantalonestpresquepeintsurmoi,etpeuimportelatailledelaculotte,ellesevoit,alorslaseulesolutionétaitdenepasenmettre.-Jen’auraisjamaispenséçadetoi.Elleachuchotémonnomcomme je faisaismoncheminvers sachaleurhumide.Toutson corps s’estarquécontrelemienetj’aidûtenirsondospourlagardersousmesbonssoins.Lafrictionentrecequejefaisaisetsonpantalonserrélafaisaitfrémirdansmesbrasetjesavaisquecen’étaitqu’unequestion

detempsavantqu’ellenecraqueentremesmains.-Tuestoujourssicorrecteetsoignée,quieûtcruquederrièresecachaitunefillesicoquine?Elleétaitglissanteetagitée, toutceque jeveuxqu’unefillesoit, justeavantdefaireundouxsondesurpriseetd’écarquillerlesyeuxenmeregardant.Sesmainsontagrippémanuqueetellem’atirépourunautrebaiseràm’enretournerlecerveau,avantquejelasentefondre.J’aisouricontresaboucheetaibougépourl’aideràenleversonpantalon.Unefoisqu’elleaétéaussinuequemoi,j’aiprisuneminutepouradmirerlavueparcequ’uneShawnueétaitadmirable,maisuneShawnue,satisfaiteet lumineuseétaitquelquechosequ’ungrandmaîtretueraitpourpouvoirlacapturersurunetoile.Elles’estpenchéeau-dessusdemoipourprendreunpréservatifdansletiroir.Jemesuisallongésurledosetl’ailaisséerampersurmoi.J’aicroisémesmainssousmatêteetl’airegardéeouvrirl’emballageaveclesdentsetseprépareràm’habiller.Ellelefaisaitavecdélicatesseetjecroisqu’elleavaitpeurdemefairemal,maisc’était trèsbienqu’elleyailledoucementcarmonpiercingcompliquait leschoses.Lorsquetoutfutprêt,ellem’aregardéavecunpeud’appréhensionets’estinstalléesurmesjambes.–Jecroisquejenesaispascommentfaire,commeça.Celan’était-ilpasmerveilleux?J’allaispouvoirapprendreàcettebellefilleincroyableetexcellentetoutcequ’elledevaitsavoirsurlesexe.J’aibougépour qu’elle soit où il fallait et je l’ai aidée à trouver comment se laisser descendre et remonter. Jeserraislesdentsetj’ailâchéquelquesgrosmotscarjen’étaispaspréparéàlasentiressayerdetrouversonrythme.Alorsqu’ellebougeaitdehautenbas,sebalançaitd’avantenarrièreet,engros,transformaitmoncerveauenbouillie,j’essayaisdegarderunsemblantdecontrôlemaisc’étaitenvain.Quandjel’aisentiecommenceràcraquer,jel’airetournéesurledosetmesuisenfoncéenellecommesij’essayaisdem’enterreràl’intérieurd’ellepourtoujours.Lamanœuvren’apastropeul’airdeladéranger,sesonglesrâpaientlapartieraséedemoncrâneetsestoutespetitesdentsontmordillémonépaule.Ilnem’afalluqu’une respiration de plus pour la suivre de l’autre côté, avant de m’étendre sur elle comme un tasanéanti.J’aisentisesmainspassersurmesépaulesetsavoixrauquedansmonoreillemedemander:–Ettoi,tuastoujoursétéaussigénial?

Chapitre8SHAW

J’avaisdumalàmeconcentreravecmongroupederévision,etcen’étaitpasunebonnechosecarnousdevionschacunfaireunepartiedutravail.J’étaisassezbonneenanatomiedoncjen’avaispaspeurdeprendreduretard,maisjenevoulaispasquelesautressoientperdusparcequejen’arrivaispasàresterconcentrée.Essayerd’intégrerRuledansmonemploidutempsdéjàtropchargéétaitunetâchecomplexeet frustrante.Cesdeuxdernièressemaines, je n’avais réussi à caser que deux repas quand il avait unmomententredeuxclients,unvendredisoiroù ilestvenuau bar avec ses amis et est resté avecmoijusqu’àcequej’aiefini,etensuiteunsamedisoirqui,évidemment,s’étaitprolongé jusqu’audimanchematin.Jedevaisallertravailler,doncledimanchen’aétéqu’unpetitbisouetj’étaispartie.Nousparlionsau téléphone et nous échangions des textos, mais ce n’était pas assez pour moi. Maintenant que jecouchaisavecluirégulièrement,cen’étaitpasassezpourmoiquinevoulais riend’autrequefairedescabriolesdanssonlitdèsquej’enavaisl’occasion.Unsouvenirparticulièrement chaudmefaisait rougirquandunedes fillesm’a tapé sur l’épaule pourattirermonattention.Jesuissûrequemonvisageétaitécarlate,alorsjemesuisraclélagorgeetmesuisserviedemoncahiercommeéventail.–Excuse-moi,qu’est-cequetum’asdemandé?Ellea répété laquestionet j’ai improvisé une réponse enme disant que je devais rester concentréependantl’heurequ’ilrestaitàcetteséance.Montéléphoneasonnéplusieursfoisdansmapoche,maisenbonne étudiante, je l’ai ignoré et ai grincé des dents pendant la partie questions-réponses de notreréunion.Dèsquecefutl’heure,j’airangémesaffairesetsuissortiedelasallecommeunefusée.C’étaitmalpolimaisjen’aimêmepasprisletempsdedireaurevoiràmescamarades.Jevoulaisvoircequim’attendaitsurmonportable.Ruleaimaitm’envoyerdestextoscochonsquandjenem’yattendaispas.Ilsmerendaientneuneuetj’avaishâtedevoircequ’ilétaitécritdansceux-là.Orcen’étaitpassonnomsurl’écranmaisceluideGabe,etcelam’adonnéenviedebalancercepetit appareil par terre.Mamèreinsistait encore pour organiser une petite réunion de famille, mais heureusement son planning était sichargéque j’avais réussià lesévitercesdernièressemaines,elleetGabe,maisd’après lesmessagesqu’ilm’avaitlaissés,ceneseraitpluslecaspourtrèslongtemps.shaw,j’aiparléàtamèreaujourd’hui.ellevoudraitquejet’amèneàBrooksidepourdîneraucluBsamedisoir.ellevoudraitque tupasses lanuitlàBas,etnousferonsunegranderéunionchezelledimanche,pourleBrunch.mesparentsseront là,ainsiqued’autrespersonnesd’influence.J’aigrognéàhautevoixetsuispasséeaumessagesuivant. jecomprendsteshésitationsàpasserdutempsseuleavecmoiaprèsmoncomportementincohérent,maisjet’assure que mes intentions sont louaBles. je ne fais que proposer de t’y conduire. JenevoulaiscertainementpasêtrecoincéedansunevoitureavecGabependantuneheure,etjenevoulaispasnonplussupportermamèrependanttoutunweekend.Enplus,ilsetrouvaitquelesamedisoirétaitlaseulenuitque jepouvaispasseravecRuleet jenevoulaisabsolumentpas sacrifier cela.Mais jenevoyaispas

d’autrechoix.Jemesuismordulalèvreetairéponduquejeviendrais,maisquejeferaisle trajetmoi-même.Cen’étaitpaspossiblequej’ailleàBrooksidesansmoyendem’enfuir.Ilm’arenvoyéunmessagedisantquecen’étaitpasunproblèmeetmedemandaits’ilpouvaitveniravecmoi.Jevoulais répondrenonmais jemesuisditquecelanechangeraitpasgrand-chosede le récupéreretde ledéposer.Noussommesconvenusdenousrejoindredevantuneboulangerieàmi-cheminentrenosdeuxappartements lesamedimatin,et j’allais rangermon téléphonequandBlackRebelMotorcycleClub s’estmis à sonnerdansmamain.LevisagedeRuleetsonsourireencoinmeregardaientdepuisl’écran,et jen’aipaspumeretenirdesourire.Tous les jours,Aydenme rappelait de faire attention. J’étais amoureuse de Rule ; Rule n’était pasamoureuxdemoi.Nouscouchionsensemble,etc’étaitvraiment fou,aupointque laTerres’arrêtaitdetourner,maisiln’avaitjamais,jamaisparlédesemettreencoupleoubiendesessentiments.Macolocétaitpersuadéequej’étaisauborddugouffre,prêteàtomberdansunchagrind’amourexceptionnel.Pourlemoment,prendrecequ’ilvoulaitbienmedonnerétait suffisant, c’était déjà plus que ce qu’il avaitdonnéàn’importequid’autre,maisdanslefondjesavaisquecelanemesuffiraitpastoujoursetqu’àlafinquelquechoseallaitdevoirchangerentrenous,ouentoutcasêtremieuxdéfini,dansdestermesquejepourraissupporter.-Salut,toi,jecroyaisquetutravaillaistard,cesoir.-Oui,maisjesuisaussiaffaméetjemedemandaissituavaisdéjàmangé.-Non.Jeviensdesortirdemongroupederévisionet jedoisaller travaillersurunprojetpourmoncoursd’anatomie.-C’estquelquechosequetupeuxfaireici?J’ai passé unemèche de cheveux derrièremon oreille alors que jemarchais avec précaution sur leparkinggelé.-Ausalon?-Ouais,onalewifietiln’yaquemoietmonclient,doncc’est tranquille.Tupeuxprendrequelquechoseàmangerettravaillericiquelquesheures,letempsquejetermine.Aprèsonpourraallerchezmoi,si tuveux.Jevoulais,oui,vraiment,complètement.Jemesuismordu la lèvre et suismontée dansmavoiture.-Tuessûrquetupeuxtravailleravecmoiàcôté,jeveuxdire,jeneveuxpastedéconcentrerouquoi.Ilaeuunpetitrirequiafaitmonterlachairdepoulesurmesbras.- Bien que tu sois une sacrée distraction, Casper, mon client est un ancien enquêteur criminel decinquante-cinqansquiseferaunplaisirdemetordrelecousijefoiresontatouage.C’estunhommageenl’honneurdesonfilsquiestmortenAfghanistan.Nourris-moi,quejepuissefairedubonboulotetnepasmefairetaperdessus.J’ai rigoléetaicoincémonportableentremonépauleetmonoreille.Jen’étais jamaisalléedans lesalondeRule,celameparaissaitêtreuneligneànepasfranchirdanslarelationquenousavionsavant,maisjedevaisavouerquej’étaisassezcurieusedevoiràquoiressemblaitl’intérieurd’unvraisalondetatouage.-Qu’est-cequetuveuxquejet’apporte?-Jem’enfous.Jenesuispasdifficile,maisfaisensortequ’ilyenaitbeaucoup,quoiquecesoit.-D’accord,jesuisencoreàl’école,alorsdonnemoiunedemi-heure.-Cool.Ilaraccrochésansdireaurevoir,c’étaitquelquechosequimerendaitfollecarilavaittoujoursfaitça,maisjedécouvraisqu’ilavaitdenombreuseshabitudesbizarresquejen’avaisjamais remarquées.J’enapprenais beaucoup sur lui, des choses que j’étais surprise de ne pas avoir vues toutes ces années,

commelefaitqu’ilétaituntrèsbonami.Jel’avaisvuéchangeravecRomeetRemy,aussijesavaisqu’ilétaitgénéreuxetattentionnéavec lesgensquicomptaient pour lui,mais il était pareil avec ses potes.Nash et Rule formaient une vraie équipe. Quand l’un agissait, l’autre réagissait instinctivement, ilsvivaientsynchronisés,travaillaientsynchronisés.Ilétaitévidentqu’ilssecomprenaient,toutsimplement,etsachantcombienRuleétaitcompliquéetexigeant,jedoisdirequec’était fascinantàobserver. Ilssefaisaientrireetsemettaientencolère.RuleétaitbordéliqueetNashétaitunmaniaquedelapropreté.Ilsprenaientsoinl’undel’autreàleurfaçon.Nashétaitpluscalme,illaissaitcouler;commequandlecondevoisinluiavaitprissaplacedeparkingalorsqu’il faisait froidetqu’ilneigeait,celane l’avaitpasassezembêtépour faireunesclandre,maisRuleétaitun lutteur-né,une tête brûlée qui ne laissait rienpasser.LemecquiavaitprislaplacedeNasharetrouvésavoitureaveclecapotrecouvertd’unescènetrèsdétaillée,ungranddinosaurevioletquisefaisaitsucerparcequiressemblaitàunYodapervers,letoutàlapeinturelavable.Évidemment,ilétaitfurieuxetilvoulaitappelerlesflics,maisNasharéussiàledissuaderenluifaisantremarquerqu’ilauraitpufaireremorquersavoiture,cequiluiauraitcoûtépluscherqu’unevisiteaulavageauto.Celaillustraitbiencommentlesgarçonss’équilibraient.J’aichoisichinois,parcequejepouvaisprendrepleindechosesdifférentesetquej’adoraislepouletau sésame. Il y avait la queue, et j’ai dû attendrecequim’a paru une éternité pour commander. Celafaisaitprèsd’uneheurequej’étaispartiequandj’aienfintrouvélesalonetuneplacepourmegarerquinesoitpasàtroiskilomètres.segarerdanslequartierdeCapitolHillétaituncauchemaretmarchersurle trottoirbondéavecdessacspleinsdebouffeetmonordinateurs’est révéléêtreundéfi intéressant,mais jem’en suis sortie et laporteenverrecouverted’unsavantmélangede tatouagesdemarins oldschools’estouverteavantquej’aieàmedemandercomment jongleravecmesaffairespouryparvenir.Rulem’aprislessacsdesmains,aposéunbaiserfermeetrapidesurmabouchesurpriseetm’atiréeàl’intérieurdusalon.Ilaretournélepanneausurlaportepourqu’ilaffiche«fermé»etm’aguidéelelongd’uncomptoirenmarbreoùétaientalignésdesportfoliosetunénormesystèmeinformatiquehigh-tech.Lespostesdetravailétaientséparésparunmuretàhauteurdelatailleetunetéléàécranplat.Toutétaitclairetbrillantdepropreté, ilyavaitunemyriaded’œuvresdifférentesaccrochéesauxmurset toutessortesdemotifsvintagefascinantsquelesgenspouvaientchoisir.C’étaitstimulantvisuellementetdubonvieuxBadReligionpassaitdoucementsurlasonodusalon.ToutcelafaisaittrèsRule,c’étaitcommes’ilavaittrouvéunendroitoùtravaillerquireprésentecomplètementlapersonnequ’ilest,etc’étaittrèsparticulierdevoircela. Ilm’amenéedansunesalleàl’arrièreéquipéed’unetable,d’uncanapé,ainsiqued’unminifrigoetd’un tasdepostesdetravailavecdes tablesàdessinetdes lampes spéciales pour les artistes.Assis à la table, un hommed’unecinquantained’annéesquiauraitpuêtreuncopaindegolfdemonpère,saufqu’ilétaittorsenuetquelemilieudesontorsen’étaitpasrecouvertdepoilsgrismaisducontournoird’ungrandaigleetd’undrapeauaméricain.Ruleaposélessacssurlatableetacommencéàseplongerdedans.-shaw,jeteprésenteMarkBradley,Mark,voicishaw.J’espèrequeçanet’embêtepassielleresteunpeu,commeellealagentillessedenousapporternotredîner.Ils’estmisàservirlesplatsdansdesassiettesqu’ilavaitsortiesdenullepart.-Pasdeproblème,jenesavaispasquetut’étaistrouvéunecopine,Rule,etunejolieenplus.Ilm’afaitunclind’œilpar-dessuslatêtedumecetm’atenduuneassiettebienrempliequej’arriveraisàpeineàentamer.-Ça,ellel’est.Nousavonsmangéensilencependantquelquesminutesmaisjen’arrêtaispasderegarder lescontoursépaisdumotif sur le torsedeMark. Il était énormeet celamesemblait être ungros engagement pour

quelqu’undeplusdecinquanteans.-Cetatouageestassezimpressionnant.IlabaissélesyeuxsursontorsepuisarelevélatêteversRule.-Legaminaunvrai talent.J’aiparcourutoutelavillepourtrouverquelqu’unquiferaithonneuràceque je voulais. Rule a tout de suite compris, et ce n’était pas un mal que son frère soit engagé, ilcomprendtoutel’importancequ’ilyaderrière.-Ilm’aditquec’étaitpourrendrehommageàvotrefils.Malheureusement.Unebombeaubordd’unerouteilyaquelquesannées.C’étaitmonaîné,etjenevoyaisriendeplusadaptépourhonorercombienjesuisfierd’êtresonpère.J’aisenti les larmesmemonterauxyeux.J’avais l’habitudedesparentsabsentsoutropabsorbésparleurpropredeuilpourvraimentexprimer leurchagrindemanièresaine. J’ai tendu un bras et serré lamaindecethommeenclignantdesyeuxpourfairedisparaîtremeslarmes.-Jetrouveçatrèsbeau.-Mongaminadoraitlesbonsvieuxtatouagesoldschool.Jelefaisaischierchaquefoisqu’ilrentraitàlamaisonavecunnouveautatouage.Çaleferaitbienriredevoirquec’estcommeçaque jechoisisdefairevivresonsouvenir.-Ilseraterminéaujourd’hui?j’aidemandéàRule,quimangeaitdeboutenobservantattentivementmonéchangeavecsonclient.-Non.Ilfautplusieurssessionspouruneaussigrandepièce.Aujourd’huionvafairelerestedunoiretlesgris,ajouterunpeudelumièresetd’ombres, laprochaineséancedureraàpeuprèsuneheureet jemettrailacouleur.Çavaêtretrèsclassequandceseraterminé.Nous avons fini demanger et j’ai proposé de débarrasser pendant queRule allait préparer ce qu’ilfallaitpourMark.Jesortaismonordinateuretmeslivrespourm’installerdansl’arrière-sallequandilapassésatêteparlaporteetm’afaitsigneavecundoigt.-Viensparlàetpose-toidansundespostesvides.-Jeneveuxpastegêner.Allez,Casper,tuamélioreslepaysage.J’ai levé lesyeuxaucieletmesuis levéepourm’installerenfacede lui. Jeme suis assise dans lefauteuilétonnammentconfortableetaiposémonordinateursurmesgenoux.LamusiqueestpasséeàTheGaslightAnthemetjemesuismiseàfredonnerl’air.-Qu’est-cequetuétudies?J’ailevélesyeuxversMark,quifaisaitunedrôledetêtealorsqueRuleétaitpenchéau-dessusdelui,etlebourdonnementconstantdelamachineétaitétrangementcalmantetréconfortant.-Jeveuxêtremédecin.Àterme,j’aimeraisbientravaillerdanslesurgences.–Cen’estpasunpetitobjectif.Pourquoilesurgences?J’airamassémescheveuxenunchignonapproxi-matifsurledessusdematête.-J’aitoujoursvouluêtremédecin,monpèreestchirurgiencardiaque,maisilyaquelquesannées j’aiperduunamitrèsprochedansun terribleaccidentdevoiture,et jesupposeque jemesuisditques’ilavaitétémieuxsoignéenarrivantauxurgences,peut-être qu’il s’en serait sorti. J’ai envie de faire ladifférenceaumomentoùçacompteleplus.Rules’estrelevéetnousnoussommesfixéspendantunlongmomentavantqu’ilnerebaisselatêteetneseremetteàl’ouvrage.Markagrondé.-Cen’estpasn’importequellefillequetuaslà,gamin.Tuasintérêtd’êtrecorrectavecelle.Ilamurmuré quelque chose que je n’ai pas compris et j’ai ramenémon attention sur le projet pourlequelj’avaisencorebeaucoupdeboulot.J’aipianotéet lamachineabourdonnépendantdeuxbonnes

heures. Nous ne parlions pas vraiment beaucoup ; moi, parce que je travaillais et que je regardaisdiscrètement Rule, Mark, parce que, à mesure que le temps passait, il souffrait de plus en plusostensiblement,etRuleparcequequandiltravaillait,ilseconcentraituniquementsurcequ’ilétaitentraindefaireetc’étaitextraordinairede le regarder.Enréalité, ilmettait un peu de lui-même dans ce qu’illaissaitsurMarketilnesecontentaitpasd’unrésultatquinesoitpasparfait. Jecroisque le regardertravailler, le regarderchanger lecorpsdecethommepour toujoursavecautantdedélicatessem’afaittomberencoreplusamoureusedelui.Mark a dû prendre plusieurs pauses, et chaque fois qu’il se levait, Rule se dirigeait vers moi. Lapremièrefois,ilaposéunbaisersurledessusdematête.Ladeuxième, ilm’a tirédansuneséancedepelotage intégral et j’ai dû redescendre mon haut quand Mark est revenu de sa pause cigarette.Finalement,c’étaitunefaçonplutôtsympadepasserlasoiréeetj’aiabattupleindetravail.Quatreheuresplustard,Ruleessuyaitlestracesd’encrenoiredelapeaurougeénervéedeMark,etl’imagequ’ilrestaitsursontorseétaituntatouagemagnifiquementdessiné,unhonorablehommageàsonfilsdisparu.Jeluiaiànouveauditcombienjeletrouvaisbeauetque j’aimeraisbeaucoup levoirquand il serait terminé. Ilm’afaituncâlincommeunvraipèreetm’aditdeprendresoindemoi. IlaaussipayéRule,cequiafaillimefairetomberparterre:jen’avaisaucuneidéeduprixd’untatouage.Enplusdeça,illuialaisséunpourboiregigantesque.Rulem’aditderangermesaffairesetestallénettoyersonposteet fermer lesalonpourlanuit.Ilnousafalluuneheuredeplusavantd’enfinpartir,etjecommençaisdéjààbâilleretàm’endormir.Mavoituren’étaitpasloin,j’aidoncdécidédelalaisseroùelleétaitsansessayerdelarapprocherdel’appartement,etRulem’apromisdeselevertôtetdem’accompagnerlelendemainmatinsi je levoulais.Nousmarchionsvitecar il faisait froid; ilm’a tenue serrée contre lui pendant tout letrajet.NousavonsditbonjouràNash.J’aipenséqu’ilvoudraitpeut-êtrediscuteruneminutemais ilaposémesaffairessurlatablebasse,aattrapédeuxbièresdanslefrigoetm’aemmenéedanssachambre.Nous n’avons pas parlé, visiblement ce n’était pas nécessaire. À ce moment-là, je commençais àcomprendrecommentcettehistoiredesexefonctionnait,ouplutôtcommentcettehistoire du sexe avecRulefonctionnait.Ilétaittrèstactileetc’étaitmoiquienbénéficiais.Aprèsavoir fait l’amournonpasune,maisdeuxfois,jesuisrestéejoyeusementétaléesursontorsenutoutensuivantdudoigtlesécaillesduserpentsursonbras,prèsdemonvisage. Ilétaitappuyésurunoreiller, ilbuvaitunedesbièresetbidouillaitsursontéléphonetoutendessinantunmotifsurmondosavecsondoigt.J’étaissonnéeetquasiendormiequandsavoixarésonnédansmatête.-Tuveuxveniràunautreconcertavecmoi,samedi?Jetatoueundesmecsd’Artificeetj’aidespassbackstage.J’aiouvertlesyeuxetmesuisraidie,cequ’ilallaitforcémentremarquerétantdonnéquejemeservaisdeluicommed’uncoussin.J’aipoussélescheveuxquiétaientsurmonvisageetailevélesyeuxverslui.sesyeuxétaient tombantsetensommeillésaussi,mais j’ai vuqu’il voulait vraiment avoirma réponse.J’aiavalémasaliveetmordilléunpeumalèvre,commejelefaisaisquandj’étaistendue.- Je dois aller chezmamère, ceweek-end. Je pars samedi et je ne reviendrai que dimanche, dansl’après-midi.Maintenant,c’étaitluiquis’étaitraidiendessousdemoi.-Tuyvastouteseule?-Non.Mavoixs’étaitréduiteàmurmure.-J’aiditàGabequejeledéposeraischezsesparentssurlaroute.

-Tuasditaumecquitetraqueetquiteharcèlequetul’emmèneraisenvoiture?sontonincrédulem’astressée.-Oui,j’aifaitça.-Pourquoi?-Parcequec’étaitplus facile que de gérermamère qui allaitme faire culpabiliser etme jeter sesinnombrablesdéceptionsàlagueulesijenelefaisaispas.Tunecomprendspas.-Oh,jecomprendstrèsbien.Tamèreteditdesauterettulefais,directementdanslesbrasdecetaré.Jen’ycroispas,shaw;j’aidéjàdumalàtrouverunmomentpourtevoir.Jedevienscomplètementfoulamoitiédutempsparcequejemeréveilleaumilieude lanuitet je tends lebrasmais tun’espas là,etmaintenanttupréparesunepetiteescapadeavectonexpsychopathe.Incroyable.Jemesuisretournéeetairemontéledrapsurmoi,jemesentaisànuetvulnérable.-Cen’estpasça,ettulesais.Jeneveuxpasyaller,jeneveuxpaspasserdutempsavecGabe,maislaissermamèreavoircequ’elleveutestplussimplequ’essayerdes’opposeràelle.-Commenttulesais?Est-cequetuasdéjàessayédet’opposeràelle?J’aiprisuneinspirationfroideentremesdents.-C’estmamère,Rule.-Peuimporte.Onpourraenparlerdemain.Il s’est allongé sur le côté, dos àmoi, et je connaissais assez bienRule pour savoir que nous n’enparlerionspaslelendemain.D’ailleurs,quandilm’aramenéejusqu’àmavoiturelematin,nousn’avonspasparlé,nenoussommespasembrassés,nenoussommespasregardés,ilnem’adonnéaucunsignequiauraitindiquéqu’uneconversationpouvaitréparercequejesemblaisavoirfait.Je luiaienvoyéun textoaprès le travail le lendemain,disantque j’étaisdésoléeetque jevoulais levoir,maisiln’apasrépondu.Jel’aiappelélemardipourvoirs’ilvoulaitdéjeunerquelquepartetparlerdetoutcela,etj’aidirectementeusonrépondeur.Lemercredi,j’étaisdevenuequasihystériqueetj’étaisprêteàdébarquer au salonou à son appartementpour exiger qu’ilmeparle,seulement Rome était deretourenvilleetm’avaitréquisitionnéepourdîner.Ilalaissééchapperqu’ilsquattaitchezRulequelquesjourscarsonautrecopainhébergeaitdelafamillecettesemaine.Moncœurafaillisedévorerlui-mêmequandj’airéaliséqueRulen’avaitpasdaignémeprévenirqueRomeétait là.J’aurais trèsbienpumepointer là-basetpasserpourunedébiledevantsonfrèreet il s’enfoutait. J’ai passémes journées dejeudietvendrediàsanglotersurl’épauledeAyden,trèspeucompatissante,etj’essayaisdetenirlecoupau travail. J’étais une catastrophe sur pattes et le samedi matin, quand je me suis arrêtée devant laboulangeriepourprendreGabe,toutcequejevoulaisétaitécrasersatêtehautaineetsourianteavecmaBMW.Ilaessayédesepencherpourmefairelabiseetj’aireculésiviolemmentquejemesuiscognélatêtecontrelafenêtre.-Non.Onpouvaitpresquevoirlesstalactitesaccrochéesàmavoix,maisjem’enfichais.Rulememanquait,j’étais en colère de devoir choisir entre lui et une autre famille et j’étais énervée qu’il ne voie paspourquoijedevaisfairecequejefaisais.Toutelasemaine,j’avaisétéenvahiedel’imagedesachambrequiredevenaitundéfilédeconquêtesetcelamefaisaithyperventiler.Jecomprenaispourquoiilpouvaitêtreénervécontremoi,maisjedétestaislefaitqu’ilsefermecomplètement.-Allez, shaw, tu pourrais au moins essayer de rendre ce week-end agréable. Nos parents seraienttellementcontentssionpouvaitréglernosproblèmes.J’aiallumélaradioetlaisséGeorgiadeDrive-ByTruckersremplirlevidequelaissaitmonmanquedeconversation.J’aidonnéuneclaqueà lamainde

Gabequandelles’estapprochéedel’autoradio.-N’ypensemêmepas.-Arrête,shaw,ilfautqu’onparle.-Non.Arrêted’êtreaussitêtue.–Gabe,jesuisavecquelqu’und’autre,nousn’avonspasbesoindeparler.Laseuleraisonpourlaquellejeviensceweek-end,c’estpourquemamèremelâche.- Le gars tatoué ? Tu ne crois pas que tu peux avoir quelque chose de sérieux avec lui, shaw,sérieusement,qu’est-cequetucrois?Tuvasrentrerd’unejournéedesoixante-douzeheuresàl’hôpitaletil t’attendracommeune sorted’hommeau foyer ?Tucrois que c’est unebonnedescriptionde ce quel’avenirteréserveavecunmeccommeça?Quandtucommencerastoninternatetqu’ilverraàquelpointtun’espaslàetqu’ildoitrestertoutseul,ilcommenceraàramenertoutescesfillesquiétaient làavanttoi.soishonnête,lesmecscommeçanes’engagentpassurlelongterme,ilsnesontlàqueletempsquelamagiedisparaisse.Mespoilssesonthérisséscarcelamerappelaittropdechosesencemoment,alorsj’aijustemontélevolumedelamusiqueetj’aifaitdemonmieuxpourl’ignorerlerestedutrajet.J’aifaituntempsrecord,jeroulaisplusvitequej’auraisdûmaisj’étaistroppresséedesortirdecetespaceconfinéavecGabe.Plusieursfois,ilavaitessayéderelancer laconversation,maischaquefois jemontais levolumede lamusiquejusqu’àcequelesTruckersnoustuentlesoreillesetrendentridiculetoutetentativedediscussion.Ilafiniparcomprendreetfermersabouche.Jel’aipourainsidirepousséhorsdelavoituresansm’arrêterquandnoussommesarrivésdevantsamaisonàBrookside. Ilm’ademandéd’ouvrirlafenêtre,enmimantlegeste,pourpouvoirmeparler,maisj’aiserrélesdentsetj’airedémarréenfaisantcrisserlespneus.MesparentsvivaientdansunautrequartiersécuriséàBrookside.Alorsentraversantlaville,j’aidécidédem’arrêteraustarbucksoùj’avaisamenéRuleladernièrefoisquej’étaisvenue,pourmecalmerunpeu.Pourme torturerencoreplus, j’aisortimon téléphoneet j’aivuque jen’avaisni textonimessagevocal. Je ne savais pas quoi faire et j’avais l’impression que tout ce quej’avaistoujoursvouluétaitentraindemefilerentrelesdoigts.-shaw?shawLandon,c’esttoi?J’ai levé lesyeuxdemoncaféetai retenuungrognement quandAmyRodgersm’est tombée dessus.J’auraisdûmerappelerquecestarbucksetelleallaientdepair.-C’estbienmoi,Amy.Commenttuvas?Ellem’a fait la bise sansme toucher etm’a lancéunsourire pleindedents.Elle n’avait jamais faitsemblantd’êtreaussigentilleaulycée,cequim’atoutdesuitealertée.-Oh,çavabien.Jeviensdefinirmaformationd’esthétiqueetjetravailledansunsalonsuperbranché,superhautniveauàDenver.Toiaussituhabiteslà-bas,maintenant,non?J’aihochélatêteetj’aivusonregards’attardersurmescheveuxrécemmentaméliorés.-Ehbien,jesuiscontentedetecroiser,jevoulaistecontacter.J’aihausséunsourcil.-Pourquoi?Elleajetésescheveuxenarrière.-Ben,j’étaisiciilyaquelquessemaines,j’étaisvenuefairemalessiveetj’aicroiséundes jumeauxArcher,celuiaveclestatouages.Etjemesuissouvenuequetulesconnaissaisbienetjemedemandaissitupourraismedonnersonnuméro.Jenemerappellejamaisquiestquimaisdisdonc,cequ’ilétaitbeau.J’ai entendu dire qu’ils avaient déménagé à Denver aussi, et j’espérais que je pourrais commencerquelquechoseaveclui.

J’ai senti tout l’intérieur demon corps se glacer. J’ai failli lui jetermon café au visage, tout joli etparfaitqu’ilétait,maisj’airéussi,surlefildurasoir,àmeretenirdelefaire.-Remyestmort,Amy.Iln’yaplusqueRule,depuisprèsdetroisans,etjesuissûrequ’iladoooooreraitavoirdes nouvelles d’une idiote qui ne saitmêmepasqui ilest, juste un des jumeauxArcher. Tumedonnesenviedevomirettuasdelachancequ’onsoitdansunlieupublic,sinonilyadeforteschancesque jeseraisdéjàen trainde temettreuncoupdepoingdans la gueule. Ellem’a regardée la bouchegrandeouverte,stupéfaite,etjesuispasséeenlabousculantavantdejetermoncafédanslapoubelle,carjen’enavaisplusdutoutenvie.-Jenevaispastedonnersonnuméroparcequ’ilestàmoi,etsitut’approchesdelui,jejurequeleschosesquejeteferaiserontdétailléesdansFaitesentrerl’accusépendantdesannées.Le temps d’arriver jusqu’àma voiture, je tremblais, et il nem’a fallu qu’une seconde pour que leslarmesmontent. Remymemanquait, Rulememanquait, etMargot etDalememanquaient. Rule avaitraison, je ne savais pas ce que cela faisait dem’opposer àmamère car je ne l’avais jamais fait, etmaintenantellen’étaitqu’unepersonnedeplusàessayersemettreentraversdemarouteetdeceluiavecquijevoulaisêtre.Jen’avaisaucunproblèmeàmel’approprierdevantunebimbocommeAmy,maismamère,çac’étaitune autre paire demanches. J’avais toujours su qu’il en valait la peine, c’est ce quej’attendaisdésespérémentquesesparentscomprennent,maisquand lemomentétaitvenude leprouver,j’avaisfaitcequetouslesautresluiavaientfait,j’avaislaissémamèremepousseràfairequelquechosequim’éloignaitdelui.J’aiposémonfrontsurlevolantetj’aireprismontéléphone.Jel’aifixépendantcinq bonnesminutes après avoir démarré la voiture, j’essayais de trouver quoi lui diremais la seulechosequim’estvenueest:jesuisdésolée,vraiment ; jen’ai jamaisvoulu te fairedumal. j’auraisdûrester.tumemanquesBeaucoup.Jel’airangéavantdemerendrefolleàforced’attendrequ’ilmerenvoieun texto, et j’ai pris le chemin de la maison de mes parents. La maison ressemblait plusàunélégantchaletdemontagnequ’àunevraiemaison.Derrière le portail, tout était élégant et cher et, alorsquejemegaraisetmedirigeaisverslaported’entrée, jemesuis rappelécombien jemesentaispetitefaceàtoutecettegrandeur.QuandRemyétaitarrivédansmavieetm’avaitprisesoussonaile,j’avaissaisimachancepourpasserchaquesecondequejepouvaischezlesArcher.Malgrétousleursdéfauts,ilsavaientcrééunfoyeroùilétaitévidentquelesgenss’aimaientetsesouciaientlesunsdesautres.Ni lamaisondemamèrenicelledemonpèrenepossédaientcela:ellesétaientrempliesdedomestiquesetdevitrines.Onmeguidaverslesalonetj’aiànouveauétéfrappéeparlefaitquejenevoulaisabsolumentpasêtrelà,etquesijenepouvaispasrattraperlecoupavecRuleaprèsceweek-end,ilyavaitdeforteschancesquejemefasseinternercarjepourraisbiendevenirfolle.Mamère,danstoutesagloireraffinée,s’estapprochéeavecunœilcritique.Iln’yapaseudecâlin,pasdecomments’estpasséletrajet,pasdedésoléed’avoirloupétonanniversairechérie,simplementunrapidecoupd’œildesonregardglacialquim’a balayé de la tête aux pieds jusqu’à mes bottes en cuir à lacets. sa bouche déjà pincée s’esttransforméeengrimace.-Qu’est-ceque tuas faità tescheveux,shaw?C’estépouvantableet j’espèreque tuasapportédesvêtementsplusappropriéspourlecountryclub,nousallonsàundîner,pasunpique-nique.Jeportaisdesleggingsavecunelonguechemiseàcarreauxetunelargeceintureencuirquiallaitavecmesbottes.Unefoisdeplus, je n’avais pas réussi à correspondre à ses exigences astreignantes.Mesmains se sont serrées sur le sac que j’avais refusé de donnerà la bonne quim’avait ouvert la porte.J’avais lecœur dans la gorge, enfin il était plutôt resté àDenver etm’ignorait actuellement,mais cen’étaitpaslesujet.

-J’imaginequeGabeettoiavezeuletempsdeparlersurlaroute?-Pasvraiment.Jet’aiditquejen’avaisplusrienàluidire.Celaparaissaitimpossible,maissabouches’esttiréeenunegrimaceencoreplusmarquée;onauraitditqu’ellesuçaituncitron.Mamèreétaitunebelle femme,c’estd’elleque je tenaismescheveuxetmonteintclairs,maisalorsquejelaregardaisobjectivement,peut-êtrepourlapremièrefoisdemavie,jemesuisrenducomptequetoutecettebeautéétaitdureetemprisonnéedans tellementdeglaceetd’aigreurqu’elleétaitdifficileàvoir.-Jet’aidemandéd’arrêterdeterendreridicule,jeunefille.Ceweek-end,tuseraspolieetcharmante.Je ne tolérerai aucune hostilité ni impolitesse à l’encontre deGabe ou aucun desDavenport, tum’ascomprise?Quelquepartaufonddemoi,lashawquej’étaisquandj’étaisavecRule,lashawquiauraitdûrefuserdeveniràcettefarceceweek-endalevélatête.J’aijetélespointesdemescheveuxbicoloresderrièremonépauleetsuispasséedevantmamèreenlafrôlantpourmonterlesescaliersversmachambre.–Tum’asordonnéd’êtrelà,mère,doncmaintenanttuvasdevoirfaireavec,quetuaimeslerésultatoupas.Ellem’acriéquelquechosed’unevoixperçantemaisj’airecouvertcequ’elledisaitenlançantpar-dessusmonépaule:–Dis-moiquandtuserasprêteàpartirpourledîner.J’aifermélaportede lachambreque jen’avaisjamais vraiment considérée comme la mienne et j’ai laissé tomber mon sac par terre. L’architected’intérieurdemamèreavaitdécorélachambreselonunepalettedegrisetderosepâle.L’ensembleétaittrès joli, féminin et girly à l’extrême, avec unmillion de coussins à froufrous sur le lit et même unbaldaquinendentellepostéau-dessusdu lit blanc. C’était une chambre faite pour quelqu’un qui aimedormirdansleluxeetêtreentourédedrapsavecunedensitédetissaged’unmillion,maispourmoielleavaittoujoursétésansvieetplate.Iln’yavaitpasdephotospersonnelles,pasdetouchesdecouleur,pasdetéléouderadio–rienquidisequoiquecesoitsurlapersonnecenséevivreici.Jemesuisassiseentailleuraumilieudugrand litetaienvoyéunmessageàAyden.Ellesecomportaitunpeubizarrementdepuis le soir où Jet l’avait ramenée à la maison, mais elle nevoulait pas enparler.Commej’avaismonproprefeuilletonamoureux,jenevoulaispasmebattrepourluitirer lesversdunez.j’étaisàpeinerentréequ’ellecritiquaitdéjàmescheveuxetmatenue.Çafaitplaisird’êtreàlamaisonmapuce,c’estnul.ouais,etrulenemerépondtoujourspas.humm…quoi?jenesaispassijedevraisteledire.medirequoi?tudoismepromettredenepaspaniquer.Bahmaintenantjevaisforcémentpaniquer!lorenmedisaitqu’elleétaitsortiehiersoir;ellem’aditqu’elleavaitvuruleetsespotesdansjenesaispasquelBar.ohmondieu…ouais,etellem’aditqu’ellevoulaitaller luiparlerouun truccommeÇaparcequec’estune pouffedéBile,maisilavaitunerousseaccrochéeàlui,ellem’aditqu’ellen’avaitmêmepaspus’approcherdelui.putain.ouais,etellem’aaussiditqu’ilétaitpartiavecelle,la rousse,enfinellem’aditque tout leurgroupeétaitpartiensemBle.c’estunelanguedeputeetelleaimeBienfoutre leBordel,mais j’aipenséque tudevraisêtreaucourantvuquetun’arrivespasàlejoindre.merci.Çava?non,pasdutout.tuveuxquejeletapedetapart?

peut-être, je t’appelleraiplus tardquand j’enaurai fini avec ce dîner à la con. je t’aime,meuf.moiaussi,Bisous.J’aifaitglissermondoigtsurl’écranetairetenumonsoufflependantunesecondeavantdelerelâcherdansuncristridentenbalançant lepetitappareilcoûteuxcontre lemuravecuncraquementsatisfaisant.J’aienfouimatêtedansmesmainsetj’aiessayédenepasvomir.Jen’arrivaispasàcroireque c’était en train d’arriver. J’avais eu tout ce que j’avais toujours voulu pendant à peine quelquessecondes,etilavaitsuffid’unseulobstacle,d’un toutpetitdésaccordpour tout foutreen l’air.Celanedevraitpasmesurprendred’êtreremplacéeaussifacilementetaussirapidement.JeconnaissaisRule,safaçondefaire,maisj’avaisquandmêmel’impressionque l’onperçaitdes trousdans l’essencedemonâme avec un tisonnier chauffé à blanc. Être amoureuse de Rule n’avait jamais été chose facile, etmaintenantquejesavaiscequec’étaitdevraimentl’aimer,jen’étaispassûredesavoircommentrevenirenarrière.J’aipassélerestedel’après-midireclusedansmachambre.Mamèreaenvoyéquelqu’undupersonnel pour voir si je voulais déjeunermais j’ai refusé de répondrequand il a frappé. Elle a faitmontersonmariverscinqheurespourmedirequenousallionspartirpourleclubdansuneheure,etbienqu’unegrandepartiedemoiaiteuuneenviefolledeporterunjeanetmesbottesdemoto,j’aidécidéquem’engueuler avec ma mère à ce sujet devant mes demi-frères et sœurs me ferait paraître puérile etridicule. J’ai donc mis une robe trapèze blanc et violet à manches longues, qui s’arrêtait quelquescentimètres au-dessus du genou, et j’ai passé quelques minutes à me lisser les cheveux pour qu’ilstombent en un rideau régulier surmes épaules. J’avais une paire de bottines violettes avec un talonhérissé de pics et des petits clous à l’arrière qui complétaient la tenue. Je n’avais pas exactementl’attirailparfaitducountryclub,maisceladevraitme permettre de passer la porte d’entrée sans tropd’encombre.Mamèrem’alancéunregardassassinquandj’aidescendulesescaliersetJackm’aaidéeàenfilermoncabangris.Nousnoussommesentassésdansle4x4familialsansquepersonnenediseunmot,etnoussommespartispourlecountryclub.LesenfantssechamaillaientetjememorfondaisenpensantàRuleetàcetteinconnuerousseenespérantquecelanevoulaitpasdirecequejepensais,etjepriaispourqu’unpneu crève et que je puisse éviter Gabe et sa famille. Mais celanes’estpasproduit, etquand noussommesarrivésauclub,quej’aidûfaireunsourireforcéet laisserGabemefaire labiseet reculermachaise,j’aidûrassemblerlittéralementchaquegouttedevolontépournepasm’enfuirencourant.Jemesuis installée entreGabeetmamèreetme suispréparéeà traverser ledîner leplusgênantet le plusatrocedemavie.

Chapitre9Rule

Bon,tuveuxcracherlemorceauetmedirepourquoitufaisencoreplusleconnardqued’habitude,cettesemaine?Romesetenaitau-dessusdemoipendantquejefaisaisdesdéveloppéscouchés.Ilm’avaitdemandédel’accompagner à la salle de sport le samedi car il devait commencer à rééduquer son épaule.Mêmecabossé,j’avaisoubliécombienmonfrèreétaitbientaillé.Fairedelamuscuavecluimefoutaitlahonteetj’aipassélamajeurepartiedutempsàessayerdenepasréagirenvoyantlepoidsqu’ilsoulevaitparrapportàmoi.Unefoisquelabarreabienétéenplacesursonsupport, jemesuis relevéet j’aipasséuneserviettesurmonvisageensueuretmatêterécemmentrasée.Jen’avaispastoutcoupéjusqu’àmoncrânecommeNash,maislacrêteavaitdisparuetilnemerestaitqu’unduvetnoirsurlatête.Avecmesanneauxausourciletlestatouagesquiremontaientdansmoncou,jetrouvaisquecelamedonnaitunpetitairdeprisonnierévadé.-Pasvraiment.J’aisuiviRometandisqu’ilsedirigeaitverslasériedepoidsavantdesemettreàensouleverunavecsonbrasblessé.Celalegênaittoujours,jevoyaisqu’ilserraitlesdentschaquefoisqu’ilpliaitetdépliaitle bras, mais il ne se plaignait pas et continuait les exercices. J’aurais dû lui dire que j’étaiscomplètementretournéparShaw;ilauraitsûrementdebonsconseilsàmedonner,car j’étaissûrd’êtrebien parti pour foirer quelque chose qui aurait pu être incroyablement bien. Mercredi, quand il étaitrevenudurestaurant,j’avaisdûfaireuneffortcolossalpournepasluisauterdessusetexigerdesavoirsielleavaitparlédemoietsielleallaitbien.Puisjemesuissouvenuquec’étaitmoiquinerépondaispasàsesmessagesniàsesappels,etjemesuisditquejedevraislaissertomber.Sonregardacroisélemiendanslemiroiretsonvisages’esttordudansunegrimacededouleur.-Çan’auraitpasunrapportaveclefaitqueShawavaitl’aird’unfantômequandjel’aivuemercredi,si?-Pourquoitucroisqu’ilyaunlienentrelesdeux?-Parceque jenesuispasdébile.Elleaunfaiblepour toidepuisunmoment,et jemedisaisque cen’étaitqu’unequestiondetempsavantquetutesorteslatêteduculetquetut’enrendescompte.Enplus,vousêtestouslesdeuxscotchésàvotre téléphonedepuis ledébutde lasemaine,commes’ilcontenaitdesréponsesexistentielles,etvousprenezunairdechienbattuquandvousvoyezqu’iln’affichepascequevousattendez.J’ailâchéungrosmotetaitripotémonpiercingàlalèvreavecmalangue.-Tuvasvraimentrestercalmesijetedisqu’onsevoit,Shawetmoi?Ouest-cequetuvasmefrapper?-Tantquecen’estpasqu’unplancul,jeresteraicalme.Shawn’estpasunedetesfillesd’unsoir,etsitulatraitescommeça,jetecasselesdeuxjambes.Jeluiailancéunregardnoiretluiaifaitundoigtd’honneurdanslemiroir.

-Qu’est-cequetuveuxdire,elles’intéresseàmoidepuisunmoment?Elles’estbourré lagueuleunsoir,leschosessesontemballéesetjenepouvais rienempêcher,alors jemesuisdit,pourquoinepaslaisserleschosessefaire?Jel’aimebien.Jeveuxdire,j’aimebienpasserdutempsavecelle.Elleestmarrante,maiselleesttoujourstrèsoccupée,etceweek-endelleestretournéeàBrooksideavecsonexchelouparcequesamèreleluiademandé.C’estjustequejenesaispassijepeuxêtreavecquelqu’uncomme ça. Elle a vingt ans, elle devrait vivre sa propre vie, pas se plier aumoindre souhait de sesparents.-Alorslaisse-moideviner,aulieud’avoiruneconversationrationnelleet raisonnéeavecelle lorsdelaquelle tuauraispuexpliquer tes inquiétudes, tu l’asprobablement éjectée et tu refuses de lui parlerpendantquetubousetquetupourrisdanstacolère.J’aihausséuneépaule.- Rule, Shaw te connaît depuis longtemps. Tu crois qu’elle imagine que tu fais quoi pendant que tul’ignores?Allezfrangin,sers-toide toncerveauuneminute.Est-cequeçavaut lecoupde toutgâcheravantmêmedecommencer?Cettefilletevoit,jeveuxdirequ’elletevoitvraimentetjepensequec’estlecasdepuisledébut,alorsquetoutlemonderegardaittoujoursautourdetoipourtrouverRemy.Ilfautquetuarrêtesd’êtrebornéetqueturattrapeslecoupavecelle.-Elleyestalléeavecsonex,Rome.-Ouais,ethiertuessortiettuaslaisséunepouffiassefoutresalanguedanstagorge.Toutlemondenefonctionnepasavec lesmêmes règles, Rule. La plupart des gens veulent faire plaisir à leurs parents,veulentqu’ils approuvent cequ’ils font de leur vie. Tout lemonde ne peut pas couper tous les pontscommetulefais.Laplupartdesgensveulentunmoyenderentrerchezeux.J’aiunpeugrimacécarsesmotsmefrappaientaucœur.Si j’avaisétéun toutpetitpeuplussaoul,untoutpetitpeuplusstupide,j’auraisprobablementfaituneerreursur laquelle jen’auraispaspurevenir.Heureusement,larousseavaitungoûtdeglosscollantetsucréetsentait leparfumauxfleurspascher.Ellen’avait riende ladouceuroude laperfectionque je ressentais quand j’étais collé aux lèvres deShaw,alorsjeluiavaisditderentrerchezelleetjem’étaissenticommeunemerde tout le restede lasoirée.Jesavaisquej’allaisdevoirparleravecShaw.Jenepouvaispascontinuercommeçaouj’allaisfinirparsabotertoutcequiseconstruisaitentrenous.-Çamefaitflipper,Rome.-Pourquoi?-Tusaispourquoi.Unefoisquetulaissesquelqu’unentrer,çatetuequandilpart.-MaisRule,lesgensquisesoucientassezdetoipourvouloirentrerneveulentpaspartir,normalement.Regardeautourdetoi,jesuistoujourslà,Nashn’estpartinullepart,JetetRowdyseraientprêtsà tuerpourtoi,etsituyréfléchisuneminute,tuverrasqueShawestlàdepuistoutaussilongtemps.Tupensaispeut-êtrequ’elleétaitlàpourRemy,parcequ’ils’occupaitd’elleetlaprotégeait,maisjepensequetuesassezintelligentpourcomprendremaintenantqu’elleessayaitpeut-êtredeprendresoinde toipourunetoutautreraison.Ilalaissélespoidsretombersurleportantavecfracasets’estretournépourmeregarderavecdesyeuxfroids.-Grandisunpeu,Rule,arrêtedejoueràl’enfantgâtéquinepeutpasvivreendehorsdel’ombredesonfrère.Tuasunecarrièreréussieetgéniale,ungrouped’amissolide,unefamillequiestpeut-êtrebriséemaisquit’aimequandmême,ettuasunefilleassezspectaculairequiattendqueturéalisesque tupeuxl’avoirtoutentière.-Mec,quand tu jouesaugrandfrère, tuyvasà fond. Ila levé lesyeuxauciel tandisquenous nousdirigions vers les vestiaires. J’ai enfilé mes vêtements normaux et ai lancé un regard rapide à mon

téléphone.Moncœurs’estserrédansmapoitrinequand j’aivu lemessagequ’ellem’avaitenvoyé.Jepouvaispresqueentendrecombienelleétaittristedanssesmots.J’étaisvraimentunconnard;j’auraispuluiparleraulieudelalaisserpartiraveccetenfoirésansunmot.J’essayaisdepenseràcequejepouvaisluirépondrequandRomem’amisuneclaquederrièrelatête.-Onyva.-Ilfautquejesoisauboulotàmidi,detoutefaçon.EhRome…J’aiattenduqu’ilseretourneetmeregardedanslesyeux.-PourMamanetPapa?-Ehbienquoi?-Shawetmoi.Sijemedébrouilleavecça,sij’arriveànepasroyalementtoutfoutreenl’air,qu’est-cequejesuiscenséfaireaveceux?Ilsnecomprendrontjamais.-Etalors?Tuméritesd’êtreheureux,etShawaussi.Remyestpartietc’estcommeça.Jemesuiséclaircilavoixetj’aipassélamaindansmanuque.-Ouais,enfinShawn’ajamaisétéavecRemydanscesens-là.Sesyeuxsesontécarquillésetsaboucheestrestéeouverte.-Est-cequejepeuxsavoircommenttusaisça?-Probablementpas,maisdisonsque jesaisaveccertitudequeRemyn’avaitpas ce type de relationavecelle.-Bon,peuimporte,cen’estpaslesaffairesdeMamanetPapa.J’aisoupiréànouveau.-Ouais,j’imagine.Noussommespartischacundenotrecôtéet j’aipris lechemindusalon.J’avaisune journéechargéeavecdesclientslesunsaprèslesautressanspause,etjecomptaistoujoursallerauconcertaveclesgarsce soir.Brent, le chanteur du groupe, était un bon client, et avoir travaillé sur lui avait bien aidémaréputationcarArtificeétaitentraind’explosercesdernièresannées.Jesuisrentré,jemesuischangéetjemesuispréparéàsortiraveclesgars,maisjepensaistoujoursàShawetaumessagequ’ellem’avaitenvoyécematin.Ellem’avaitblesséetj’étaistroptêtupourl’admettre,c’étaitpourcelaquejem’étaiséloigné.Jenevoulaispasqu’ellevoiesonexparceque,objectivement, ilétaitunmeilleur parti pourelle,etjenevoulaispasperdrecontrelui.Maisenlarejetantetenneluidonnantpasl’occasiond’enparler,ouennenousdonnantpasunechancedepasseroutre, j’annulais tout risquederejet. J’étaisunidiot,detouteslespersonnesdansmavie,Shawn’avaitjamaisétédecellesquimefaisaientmesentirmoinsquerien.Oui,ellepouvaitêtredureetfroidequandellesesentaitsouspressionouacculée,maisellenem’avaitjamaisfaitsentirquejen’étaispasassezbien.Leconcertétaitmortel ;onaété traitéscommedesrockstarsparcequ’onétaitdans lescoulissesetqu’on connaissait le groupe. Les filles autour de nous étaient séduisantes et tentantes,mais quand estarrivéel’heuredel’after,jemesuiséclipsétôtetjesuisrentrétoutseul.J’aiprisunedoucheetjemesuisrecroquevillédansmonlit,toujoursaccrochéàmontéléphone.Jen’étaispluscapabledemereteniretjeluiairépondupartexto.j’aiemBraSSéunefillehierSoir.J’airetenumonsouffleparcequejenesavaispascequ’elleallaitmerépondre.J’étaisparfaitementpréparéàcequ’ellemedisequec’étaitfini,que j’étaisallé trop loin,mais rien.J’ai fixé l’écranpendantvingtbonnesminutes,moncœurbattait àtoutevitessemaisrienn’arrivait.jeSuiSdésolé,jenel’aipaSfaitpourteBlesser,jesuisjusteunidiotettoutÇaestplusdurquecequejepensais.Jen’avaistoujourspasderéponseetj’aisenticettedrôledepartiedemapoitrineattachéeàShawsecasserenmorceaux.Toutcequejesavais,c’étaitquejedevaisrattraperça,quejen’étaispasprêtàlalaisserpartir,pastoutdesuite.Romeavaitraison,ilfallaitquejegrandisse. Je n’avaismême pas donné une vraie chance à cette histoire ; comme d’habitude, ma tête

brûléefaisaitdespromessesquelerestedemoin’étaitpasprêtàtenir.J’aitournéetviré toute lanuit,ellenem’apasrappeléniréponduparmessageetj’aicommencéàpaniquer.J’aientenduNashrentrerentitubantàunmomentaprèsquatreheures,etj’espéraisqu’iln’avaitpasréveilléRome.Jemesuislevélelendemainmatinetmesuismisàfairelescentpasdansl’appartement.Jemesuisbrossélesdentsetmesuisenfournéunbagel.J’aividémonplacardpourtrouverlaseulechemisequejepossédaisetmonseulpantalonnoirDickies quin’étaitpas un jean. J’ai enfilé un sweatshirt noir et une veste de costume àrayures fines,et j’ai foncé vers la porte tandis quemon frère etmon colocme regardaient comme sij’avaisperdulatête.-Jereviensplustard.-Oùtuvas?Àl’église?Nashn’avaitpas l’air en super formeetRomeme regardait commes’il avait compris. Il faut que jeparleàShaw.-Appelle-la.-Ellenerépondpas.-Tucroisquesamèrevatelaisserdébarquerdevantsamaisonettelaisserrentrer?-Jem’enfous,ilfautquejeluiparlealorsjevaisluiparler.Romem’afaitunclind’œiletalevésatassedecaféversmoi.-Bongarçon.Appelle-mois’ilstefontarrêter,jeviendraicarrémenttechercher.-Àplus.J’aidûm’arrêterpourremettredel’essencedansmonpick-upet,pourjenesaisquelleraison,ilyavaitune tonne de voitures qui quittaient la ville. Quand je suis enfin arrivé à Brookside, j’avais perdupatienceetj’étaisprêtàfaireunecrisederage.J’aiessayédel’appelerunefoisdeplusmaisj’aiatterridirectementsursamessagerie.J’ai failliécraser le téléphonedansmamain quand sa voix enregistréem’ajoyeusementdemandédelaisserunmessage.Jesavaisoù vivait samère parce que j’avais été obligé d’aller la chercher plus d’une fois pour larameneràlamaison,quandRemyetmoipartagionsunevoiture.J’aisuivilavoitureenfacedemoipourpasser le portail et j’ai trouvé la maison sans problème. Il y avait toute une panoplie de voituresluxueusesquin’étaientfranchementpasàleurplacegaréesdevantunemaison-chaletduColorado.J’aimontélesquelquesmarchesentrottinantetj’aiappuyésurlasonnette.Jem’attendaisàcequ’unebonneouunmajordomederichevienneouvrirlaporte,maisjenem’attendaispasàvoiruneversiondeShawplusvieilleetplusdure.Celanefaisaitaucundoutequec’étaitsamère,ellesavaientlesmêmescheveuxblonds,lesmêmesyeuxvertsperçants,maislàoùShawétaitdélicateetadorable,onauraitcruquecettefemmeavaitététailléedansunblocdeglace.J’aivusesyeuxseplisseretm’examinermaisj’avaisunemission,etjemefoutaisdequielleétait,ellenemebarreraitpaslaroute,mêmesijedevaisluipassersurlecorps.-IlfautquejeparleàShaw.Sabouches’estresserréeetelleaplacésonpetitcorpsaumilieudel’embrasuredelaporte.-TueslegarçondeMargotetDale,c’estcela?-L’und’entreeux.Nousn’étionspasamis,nousneleserionsjamais,etellemelefaisaittrèsclairementcomprendre.-Qu’est-cequetuveuxàmafille?-C’estpersonnel.J’aijustebesoindeluiparleruneminute,etaprèsjem’enirai.-Tu interromps un rassemblement privé. Shaw est venue avec son copain et je ne crois pas qu’elleveuilletevoir.Jemesuisretenudeleverlesyeuxauciel.Madameétaitmanipulatriceetavaitdéclarécelacommesi

c’étaitunfait,maisjen’étaispasbêtealorsjemesuiscontentédelafixer.-Davenportlaharcèle,cen’estpassoncopain.Allezlachercherpourmoi,d’accord?Jevoyaisquemonmanquederespectcommençaitàl’agacer.-Commentprésumes-tusavoircequ’ilsepassedans lavieprivéedemafille?Tun’as toujoursétéqu’unbéguin,noussavonstousquevousn’allezpasensembleetilesttempsd’arrêterdejoueràdesjeuxpuérils.-Écoute,machère,cequ’ilsepasseentreShawetmoin’a rienàvoiravec toiet je t’assurequecen’estpasun jeu.Çanemedérangepasdefaireun scandale pour avoir ce que je veux,mais quelquechosemeditquevousnevoudriezpasquevosinvitéssedemandentd’oùvienttoutcebazar.J’aihaussémonsourcilpercé.-Jen’aipasraison?Jecroisqu’elles’apprêtaitàmedirequ’elleallaitappelerlapoliceouappelersonmariàl’aide,maiselle n’en a pas eu le temps car, soudain, la lourde porte s’est ouverte et le visage pâle de Shaw estapparu.-Rule?Qu’est-cequetufaislà?Sescheveuxétaient tressésdansunecoiffureélaboréequiavait l’airde lui fairemal.Elleportaituncollierdeperlesquisemblaitdaterduxixesiècleetunpull rosequiavait l’airdouxetmoelleux.Elleportaitaussiunpantalonlargecouleurcrèmeetdestalonsrosesquiavaientdûcoûteraussicherquemonpick-up.ElleétaittellementloindelaShawavecquijefaisaisdesgalipettesque j’ai faillimeretourneretpartirsans riendire,maissesgrandsyeuxvertsétaient tristes et ce sentiment glissant au cœur demapoitrines’estmisàtambouriner.Jemefichaisquesamèremeregarded’unœilperçant;jeluiaiprislebrasetjel’aitiréesurleperronprèsdemoi.J’aiprissonvisageentremesmainsetjel’airegardéedroitdanslesyeux.-Jesuisdésolé.Elleaposésesmainssurlesmiennesetaclignédesyeuxenmeregardant.Quoi?-Jet’aienvoyéunmessagehiersoir,j’aiessayédeterappelertoutelanuitettunerépondaispas.Jesuisdésolé.Désolédet’avoiréloignéedemoi,désolédem’êtrecomportécommeunidiot,désolédenepassavoircommentfairecetrucentrenous;jesuissimplementdésolé.-Montéléphoneestcassé.-Quoi? je luiaidemandé en riant. Je voulais l’embrasser, je voulais la soulever dansmes bras etl’emmenerquelqueparttrèsloind’ici.-Jel’aijetécontreunmurparcequeAydenm’aditquetuétaisrentréavecunefillevendredisoir.J’aiexplosél’écran.-Merde,jet’enrachèteraiun.Elleafermélesyeuxetaserrémesmains.-Est-cequec’estvrai?Tuesrentréavecelle?-Non,jel’aiembrassée,cequiestvraimentnazedemapartetfaitdemoiunsalaud,maisjesavaisquej’avaistortalorsj’aiarrêté.Jetejurequesionsesortdeça tous lesdeux,çan’arriveraplus jamais.J’essaie de comprendre comment ça fonctionne, Shaw, je déteste le fait que ce soit toi qui souffres àcausedemapérioded’apprentissage.-Tut’esfermé,tum’aslaisséetouteseuledanslenoir,Rule.Jenecroispasquequoiquecesoitm’aitdéjàfaitaussimal.-Jesais,Casper,jesais,maisnem’abandonnepastoutdesuite,d’accord?-Tuasrouléjusqu’icijustepourt’excuser?J’aihochélatête.

-Ilfautqu’onrépareça.Ellem’afaitunsourireencoin.-Ilfautqu’onapprenneànepaslecasser,déjà.J’airavalélavagued’émotionquimontaitdansmagorgeetl’aiserréetrèsfort.C’étaitcommerentreràlamaison,unsentimentque jen’avais jamaisvraiment ressenti, jecrois.Je l’ai embrassée doucementderrièrel’oreilleetaimurmuré:-Aufait,tamèremedéteste,genreellemehait.Elleamis sesmains dans lespochesarrièredemon jeanets’estmise sur la pointe des pieds pourembrasserledessousdemamâchoire.-Cen’estpasgrave,ellemedétesteaussi.Pourquoituascoupétoustescheveux?C’estbien,çatevabien,maisj’aimaisbienlacrête.Gêné,j’aipasséunemainsurmoncrânenu.-Jenesaispas.J’avaisbesoindechanger.Ellem’aregardéavecdesyeuxsérieuxetamissamaindanslamienne.-ÇatefaitressembleràRemy,encoreplusquetoutestesautrescoupesdecheveux.–Shaw,disaurevoiràtonamietreviensàl’intérieur,nousavonsdesinvitésettuestrèsmalpolie.Elleajetéunœilàsamèrepar-dessusmonépauleetj’aisentisamainseresserrerautourdelamienne.-JeneviendraipassansRule.Ohmerde,ellerecommençait,ellesemettaitencoreentremoietunparentdésapprobateur.-Eh,cen’estpasgravetantqueçavaentrenous.OnseverraquandtuserasrevenueàDenver.Jepeuxattendreettevoirplustard.-Non.-Shaw.Lavoixdesamèreétaitunavertissement,sèchecommeuncoupdefouet.-Çaseterminetoutdesuite.Renvoie-lechezluietrentreàlamaison,tuenasassezfaitcommeça.- Non. Je suis avec lui, si tu veux que je reste sagement assise pendant un repas où tu ignoresvolontairementqueGabeessaiedemetoucheretdememettremalàl’aise,alorsjeleferaiavecRuleàcôtédemoipourgarderunœilsurlui.-Shaw,iln’arienàfaireiciaveccegroupedepersonnes.Etvoilà,lejugement,lacritique,l’idéequecommejevivaisselonmespropresstandardsetàmafaçon,je n’étais pas assez bien pour cette fille. Je l’ai tirée contremoi et j’ai rendu à sa mère son regardmauvais.Remyl’avaitpeut-êtreprotégéeenluioffrantunhavredepaix,maisj’étaisunbattantparnatureetcettedamem’avaitassezprovoquépourquejetiennedesannées.-Peut-être,mais c’est avecmoiqu’elleapasséson anniversaire, c’estmoi qui la rends heureuse etc’estmoiquisuisprêtàlaprotégerduperversquevousn’arrêtezpasdeluiremettredanslespattes.Jeserais plus qu’heureux de l’emmener avecmoi et de vous laisser tranquille, mais je doute que vousvouliez expliquer sondépartprécipité auxDavenport, alors encaissezpourunefoisdans votre vie, etlaissezvotrefilleavoirquelquechose,uneseulechosequilarendheureuse.-Shaw?Maintenant,letondesavoixétaitconfus.-J’iraioùilva,doncsituneveuxpasqu’ilentre,jem’envais.Jen’auraisjamaisdûvenir,de toutefaçon.Jesuisfatiguéedemefairemanipuleretdeservirdepionetd’accessoire.Jet’aiparlédeGabe,maisturefusesdem’écouter.-Maisvousêtesparfaitsensemble.-Ouais,saufquejeveuxêtreaveclui.Elleafaitunsigneversmoiavecsonpouce.- Ilaavouéouvertementqu’il t’avait trompée il y a à peine deux jours.Honnêtement, quel genre de

relationpenses-tuquetupuissesavoiraveclui?Tucroisque tonpèrevacontinueràpayer tesétudesquandilapprendraça?Elleahaussélesépaulescontremoietj’aiposémamainsursahanchepourlaramenercontremoi.- J’en ai plus quemarre dem’en inquiéter, çame donne desmigraines et c’est àmoi de gérer marelation.Iln’estpasparfaitetmoinonplus,etsijechoisisdeluipardonner,tun’aspastonmotàdire.Celaaétécommeuncoupdansleventre.Jen’auraispasdûcroirequelarousseseraitsiviteoubliée,maisellemelaissaittoujourslatenircontremoi,doncjenem’enfaisaispastrop.-Trèsbien.Entrez,mangezetessayezdenepasvousridiculiser.Shaw,jeveuxquetupartesdèsquelebrunchestterminé,etnepensepasuneseulesecondequenousenavonsfini.Attendsunpeuquejeparledececirqueavectonpère.Elleatournélestalonsetadisparuàl’intérieurdel’immensemaison.J’aibaissélesyeuxversShawetpasséundoigtsursessourcilsfroncés.-Çavaentrenous?-À peu près.On n’a qu’à passer le brunch et s’occuper du reste plus tard. Elle a commencé à sedécollerdemoimaisjel’airattrapéeparlatailleetramenéecontremoi.-Shaw.-Ouais?Je l’ai embrassée. Je l’ai embrasséepour qu’elle puisse sentirmes regrets,mondésir debien faire,qu’elle sente quedésormais elle avait unmorceau demoi, et que je ne laisserais pas tomber. Je l’aiembrasséeparcequ’il le fallait,et l’embrasserm’afaitme sentirmieux.Quand j’ai relevé la tête, saboucheétaitgonfléeethumideetsesyeuxétaientvitreux,emplisdepassion.-Tum’asmanquéaussi.Ellearidoucementetaaccrochésonbrasaumien.-C’estun tasdegensducountryclubetdespartenairespolitiquesdemamère. Tu es tout beau toutpropre,maisnet’attendspasàcequ’ils t’accueillentàbrasouverts.Jecroisqu’aucund’entreeuxn’ajamaisvuuntatouagedeprès,alorsprépare-toiàêtretraitécommeunpariaouunanimaldansunzoo.-Çavaaller.Enrevanche,jenepeuxpastepromettrederestergentilsil’autreconessaiedeposerlesmainssurtoi.Elleafrissonnécontremoi.-C’étaitaffreux,hiersoir.J’essayaisdem’éloignerdeplusenplusmaisilmesuivait.Mamèreestfolledecroirequejevaispasseruneminutedeplusaveclui.-Tunedoispasleramenersurlecampusaujourd’hui?-Jecomptaissimulerunmaldetête,m’allongerà l’arrièreet le laisserconduire.Jen’aimaispasdutoutcetteidée,iln’yavaitpasderaisonqu’ellesoitenpositiondevulnérabilitéetobligéedesupportercesabsurdités.-Donne-luilesclefsdelaBMW,etturentrerasavecmoi.Demande-luidet’envoyerunmessagequandilserarentréetj’iraicherchertavoitureavecNashdanslasoirée.-C’estvrai?-Ouais,écoute,jesaisquej’aidéconnémaismaintenant,jesuislàpourdevrai.Onvafaireleschosescorrectementetjeprometsquejeprendraisoindetoidumieuxquejepeux.Ilfaudraquetusoispatienteavecmoiparcequejepiloteàvue,maisc’estlegenredechosesquejedoisfairepourtoi,etenplusjeneveuxpasquetut’approchesdecemec.Ilyadeschosespasnettessoussonpolo,etjeneluifaispasconfiancedutout.-D’accord,jevaisorganiserça,ets’ilrefuse,jeluidiraiqu’ilsedébrouilletoutseulpourrentrer.Ellem’aconduitjusqu’àlasalleàmanger,peupléede toutes les femmesaufoyerdeBrooksideetde

toutes les personnes constituant le 1% le plus riche duColorado. Il y avait beaucoup d’argent et depouvoirdanscettesalleetShawavaitraison,ilsmeregardaienttouscommesij’étaisunanimalsauvagequ’onavaitsortidesacage.Elleaserrémonbrasplusfortetm’aguidéverslatable,oùétaientdisposéstoutessortesdeplats.Ilssesonttoustenusàbonnedistancedenouspendantlestroispremièresminutes,maisdèsqueShawaessayéd’allerjusqu’àlatable,lePoloetlerestedesabandedegaminsnousontcoupélaroute.Ilm’aregardédelatêteauxpiedsetafrôléShawd’unemanièrequim’adonnéenviedelependreàunarbreavecsespropresboyaux.-C’estuneréceptionprivée,jedoutequetuaiesétéinvité.J’aihausséunsourciletposémamaindanslebasdudosdeShaw.-Ilestavecmoi.Sontonétaitfroidetnelaissaitpasdeplaceàladiscussion.-Laissetomber,petitPolo.Cen’estnilemomentnil’endroitpourfaireça.-Tun’asrienàfaireici.Tuesunebruteetunraté.Shawvavitese fatiguerdevivreà lasauvageetreveniràlaraison.-Tiens,dit-elleen luimettant lesclefsdans lamain,etellem’a tirédans lapièceoù ilsétaient tousassisàunetableimmense.Touslesyeuxétaientrivéssurnousquandelleafoncéverslatableenlançant:-Jenepasseraipasunesecondedeplusavectoi;tupeuxrentrertoutseulavec laBMou trouverunautremoyen.Jel’aientendubafouillermaisj’étaistropoccupéàtirerlachaisedeShawetàm’installerprèsd’ellepourlesavourer.Jesentaisquelaplupartdesregardsétaienttournésversnous.J’allaisdireàShawquetoutcelaétaitstupideetmettaittoutlemondemalàl’aise,quandj’aientenduunevoixétonnéeappelermonnom.-Rule?RuleArcher,c’esttoi?Qu’est-cequetufaissiloindeDenver,pourunbrunch?Quelqu’una tiré lachaiseàcôtéde lamienneetAlexanderCarsten,unclientde longuedate,s’yestassis.Jeluiaifaitungrandsourireetaiserrélamainqu’ilmetendait.-Quoideneuf,Alex?Çafaitunbail.Commentvatajambe?Çaabiencicatrisé?Ilaéclatéd’ungrandriresincère.Alexétait avocat ou quelque chose comme ça, il avait une petitequarantained’annéesetréussissaitbiensavie.Jesavaisqu’ilconduisaituneJaguarsympaetavaitunloftgénialdansLoDo,maisilétaitfranchementcoolpourunmecquifermetouslesboutonsdeseschemises.J’avais faitquelquesgrossespiècessurses jambesetdanssondos,etsoussachemiserepasséeet sacravateensoie,jesavaisqu’ilavaitdeuxmanchettescomplètes,unequeNashluiavaitfaite,l’autreparRowdy. Il dépensait pasmal chez nous et était généreux en pourboires.Sachant que c’était le dernierendroitsurTerreoùj’auraispensécroiserunclient,jesuisrestésilencieuxuninstant,souslechoc.J’aisentiqueShawavaitposésamainsurmacuisseetj’aiposémamainpar-dessus.-Ilaparfaitementbiencicatrisé.D’ailleurs,jepensaispasserdansquelquessemainespourtedemanderdedessinerquelquechosepourmontorse.Alors,qu’est-cequetufaisici?-Enfait jeviensdeBrookside,mais aujourd’hui je suis là surtout parce quema copine est têtue etessaiedeprouverquelquechose.J’aifaitunsignedetêteversShawetellem’aregardéaveclesyeuxplissés.Alexs’estpenchépourlaregarderets’estretenudepoufferderire.-Tusorsaveclafilled’EleanorLandon?Jepariequeçapassecommeunelettreàlaposte.J’imaginequ’ellen’avaitpaschangésonnomenquittantlepèredeShaw,oupeut-êtreétait-ceunmeilleurnompoursapropagandepolitique.-Ohoui!Ellen’estpasfan.-Bon,net’inquiètepas,ellen’estpasfandegrand-chose,d’aprèscequejesais.Çafaitdubiendevoir

unvisageconnuàcespetitessauteries.J’espèrequ’elleva tegarderdans lecoin,un choc culturel neferaitpasdemalàcesgens.Ons’ennuietellementàcestrucs,engénéral.NousnoussommesfaituncheckpoingcontrepoingetjemesuisretournéversShawpourluidemandercombiendetempsnousdevionsrestermaistouteslespersonnesprésentesdans lapiècemeregardaientdésormaiscommesij’avaisdeuxtêtes.-Quoi?Ellearigoléetaposésatêtesurmonépaule.-Tuaslamoindreidéedequic’était?J’aiavaléunquartierd’orangeetaiappuyéplusfortsursamaincontremacuisse.-Alex.Jel’aitatoué,d’ailleursonl’atoustatoué.C’estunhabituédusalon.Elleriaittellementfortquedeslarmescoulaientaucoindesesyeux.-C’estAlexCarsten.-Ouijesais,jeviensdeteledire.-Rule,AlexestleProcureurgénéraldel’État.Ilestlapersonnequialeplusd’influencejudiciairedetoutleColorado.Mamèreaaidéàlefaireélire.J’aimangéunautremorceaud’orangeetj’airemarquéquelamèredeShawmeregardaitdifféremment,maintenant.Bizarre.Ilesttatouédepartout.Soussoncostard,ilyadesacréesœuvres.-C’esttropdrôle.-Eh,combiendetempsondoitresterici?-Onn’aqu’àfinirdemanger,etaprèsilfautquejepréparemesaffairesdansmachambre.Tupourrasmonterm’aider.-Tucroisquelareineduchâteaumelaisseramonterdanslatourd’ivoire?Elles’estpenchéecontremoietaremontésamainsurmacuisse,etj’aimanquédem’étoufferavecmonorange.–Peut-être qu’elle ne veut pas de toi là-haut, a-t-elle commencé avec des yeux verts scintillants degaieté,maismoi,si.Cebrunchà la con devait se finir le plus vite possible. J’ai gobé un autre quartier d’orange et j’aiessayéde compter à l’envers depuis 100 pour reprendre le contrôledema libido. Je pensais que lesbrunchsavecmafamilleétaientdurs.JecommençaisàcomprendrepourquoiShawtenait tantàsuturerma famille divisée. Ça avait beau être le gros bordel chez les Archer, ces riches nous surpassaientquestionfolieetméchanceté.Etdeloin.

Chapitre10SHAW

Jefaisaiscequejepouvaispourquitterlamaisondemamère.Notreplanétaitdenousenfuirdèsquenousaurionsfinidemanger,maisAlexavaitréapparuàtableets’étaitemparédeRule.Ildisaitqu’undesescollèguesrecherchaitdesœuvrespersonnaliséespoursa tanièreet ilpensaitqueRulepourraitêtrel’artistequiconviendraitparfaitement.Etvoilàque j’étaisencore lacinquièmeroueducarrosseàunehorriblefêtedemamère,alorsquemoncopain tatouéetpercéétait lecentrede l’attentioncommeunecélébrité.C’était assez drôle et j’étaissecrètement ravie de savoirmamère énervée.Mais je voulaispartir.JevoulaisavoirRulepourmoitouteseuleetrattraperletempsperdu.J’avaisl’impressionqueleschoses avaient radicalement changé entre nous et il me fallait du temps pour prendre du recul, pourcomprendreprécisémentcequecelavoulaitdirepourlui.Carpourmoi,envenanticipours’excuser,ilavaitofficialisénotrerelation,etj’avaisbesoindesavoirqu’ilvoyaitleschosescommemoi.Mamères’affairaitdanslapièceetJackétaitcoincéaveclesenfants,Gabetraînaitavecd’autresfuturspatronsetlançaitdesregardsassassinsàRule,quiétaitaumilieud’hommesbienhabillés,hochantlatêteàcequ’ildécrivaitavecsesmainsetdiscutantavecenthousiasme.J’aivuunechancedem’échapperuneminutealorsjemesuisfaufiléedanslacuisineetsuismontéejusqu’àmachambre.J’aijetétoutesmesaffairesdansmonsacetaiposémontéléphonecassépar-dessus.J’aipenséquejeprendraisRuleaumot,qu’ilm’enrachèteraitunneufcarc’étaitàcause de lui que je l’avais jeté contre lemur. Je regardaisautourdulitpourvérifierquejen’avaisrienoublié,quandj’aisentidesmainschaudesseglissersurmataille.JeconnaissaislesmainsdeRuleetcen’étaitpaslessiennes,j’aisursautéetaipousséviolemment letorsedeGabe.-Qu’est-cequetucroisfaire,là?Ilaattrapémonbras,enleserrantfort,etaessayédemetirerverslui.-Sorsdemachambre,Gabe.-J’aitoutcompris,Shaw.Ilcontinuaitàtirermonbrasassezfortpourquejesachequej’auraisunbleu.J’essayaisdelepoussermaisiltiraitplusfort.-Tum’aslarguépourpouvoirtetaperArcher.Maisdepuisletemps,vousavezdûbaiserassezpourquetutelassesdelui.Tunem’asjamaisdonnéuneoccasiondetemontrercequejesaisfaire.Jecroisquetuasbesoind’unecomparaisonhonnêteavantdecomplètementmelaissertomber.Jeredoublaisd’effortspourmelibérer.-Nonmaistutefousdemoi!Jen’aipascouchéavectoiparcequetunem’attirespas.Jenevoulaispasquandonétaitensemble,etjeneveuxpasmaintenantnonplus.Ilfautquetupartes,ouRulevatetuer.Ilatordumonpoignetdansmondos,sifortquej’ailancéuncri.Ilabaissésonvisagejusqu’àcequ’ilsoit collé aumien et a prismamâchoire dans samain libre. Je commençais à vraiment paniquer,ma

chambreétaitàl’étageetà l’autreboutde lagrandemaison.Onm’entendraitsi jehurlais,mais jemedemandaisquellesseraientlesconséquencesdecescénario.Jemedébattaispourqu’ilmelâcheetilnefaisaitquerire.-Tonpetitvoyounemefaitpaspeur,etjenesuispasimpressionnéparsongénieartistiqueoujenesaisquoiqueCarstenadore.C’estunemerdeetilnem’empêcherapasd’avoircequejeveux.EtShaw,tuesàmoi,tudevraislesavoirmaintenant.Ilm’apousséed’uncoupetjesuistombéesurlelit.J’aitoutdesuiterampéjusqu’àl’autrecôtépourm’éloignerlepluspossibledelui.-Tuferaismieuxdetefaireàl’idée,Shaw,avantqueçanedeviennemoche.J’avaisdumalàrespireretj’avaisunemainsurmagorge.Mamaintremblait,jetremblais.Ilajetémesclefssurlelit.-JemedébrouilleraipourrentreràDenver.Jeneveuxpasque tupassesplusde tempsseuleavec lepetit tatoué, hein. Il est sorti de la chambre comme si de rien n’était, comme s’il ne venait pas dem’agresser et dememenacer. Je suis sortie demon état de choc, j’ai rassemblé mes affaires et j’aidescendu les escaliers en courant. J’ai trouvé Rule errant dans la cuisine, il avait l’air perdu et mecherchait.Jeluiaitendumonsacetl’aipousséhorsdelamaisonsansprendreletempsdedireaurevoiràpersonne,pasmêmeàmamère.Cen’estqu’unefoissurl’autoroutequej’aicraqué.Sansprévenir,dessanglots hachés ont commencé à secouer tout mon corps et je ne pouvais plus arrêter de pleurer. JetremblaistellementetjefaisaisunetellecrisequeRuleapaniquéets’estrangésurlecôtédelaroute.Iln’arrêtaitpasdemedemandersic’étaitmatêtemaisjen’arrivaispasàrépondre,alorsjemesuisjusterecroquevilléesursesgenouxetj’aipleuré,etpleuré…Il m’a fallu vingt bonnes minutes pour que le déluge s’arrête, au moment où Rule menaçait dem’emmenerauxurgences.-Non.Çava,donne-moiuneminute.Ilcaressaitmondosetsesyeuxbleusétaientcristallins,commedugivre.J’aiappuyémonfrontcontrele sien et j’ai relevé les manches de mon manteau. De méchantes zébrures rouges et des contusionsviolettesentouraienttoutmonpoignet.-Gabem’apiégéedansmachambrequandjefaisaismesaffaires.Ilm’abousculéeetmenacée.Ilm’adit qu’il fallait que jem’y fasse,mais je ne sais pas à quoi, avant que ça ne deviennemoche. Ilm’avraimentfaitmal,Rule,etilm’afaitpeur.Jenesaispasd’oùvientsonproblème,maisçadevientgrave.Ils’estfigécommeunestatueetalevéunemainpourprendremonpoignetblessé.Ilatournélatêtepourposerunpetitbaiserdansmoncouetasoufflé,suruntonquim’afaitfrissonner:-Jevaisletuer.-Jesais.Jel’ailaissémeconsoleruneminute,avantdemeredresseretderevenirdanslesiègepassager.-IlfautquejeretourneàBrooksidedemainpourrécupérermavoiture.-Net’inquiètepaspourça,oniralachercheravecRome.-Tunedoispastravailler?- Pas avant treize heures. Je crois que je vais appeler Mark et lui demander comment obtenir uneordonnancedeprotection.-Jen’arrivepasàcroirecequ’ilsepasse.-Jen’arrivepasàcroirequ’onsoitpartis.Tuauraisdûletraînerdanslabouedevantsesparentsettouscesgensqu’ilessaietellementd’impressionner.–J’avaispeur,jevoulaisjustem’enfuir.Jetevoulais,toi.Mavoixs’estéteintedansunmurmureet ila tendu lebraspourmeramenercontresonflanc.C’était

sympad’avoirunebanquettedansungrospick-up.-Jesuisàtoi,Shaw,jeseraicequetuveux,cedonttuasbesoin,jesuislà.J’aicollémonvisagedanslecreuxdesoncouetaiprisunegrandeinspiration.Jecroisquec’étaitlachoselaplusgentillequel’onm’avaitjamaisdite.-Ettoi,tuasétélareinedubal,aujourd’hui!Jesuissûrequemamèreétait furieuse.J’aicruqu’elleallaitnousfaireunecrisecardiaque.J’aibeaucoupdeclientsquifontpartiedumondedesaffaires,ilyadeplusenplusdegensquisefonttatouerdanstouslesmilieux.Ellenedevraitpasjugeraussidurement.- Non, elle ne devrait pas. Je ne veux pas que tu aies des problèmes à cause de Gabe. Je veuxsimplementqu’ilmelaissetranquille.-Net’inquiètepaspourmoi,Casper.Jeteprometsdenerienfairedetropdébile.Jeveuxaussiqu’iltelaissetranquille,etjevaisfairecequ’ilfautpour.D’icilà,jecroisquetunedevraispassortirduboulottoute seule.DemandeàLoude te raccompagner jusqu’à tavoiture, et sion trouveunmoyenavecnosemploisdutempsdefous,jeveuxquetudormeschezmoioumoicheztoi.-Tun’aspasbesoindefaireça,jeneveuxpasqueturéorganisestoutetavieenfonctiondemoiàcaused’unconnard.-Si,etpasparcequejesuisobligé,maisparcequejeleveux.Ilneposerapluslesmainssurtoi,Shaw.Plusjamais.J’aimais cette idée alors je n’ai pas voulu discuter, je l’ai laissé me serrer contre lui en passantdistraitementmamainsursacuissependantqu’ilconduisait. Jen’avaispasdemandé s’ilme ramenaitchezmoiouchezlui,ethonnêtementjem’enfichaisjusqu’àcequejemerappellequeRomedormaitsursoncanapé.-Eh,onvaenvilleouchezmoi?- Je pensais plutôt chezmoi, puisqu’il faut que je demande à Rome dem’aider à aller chercher tavoituredemainmatin.Çateva?–Euh…Çanevapasêtrebizarred’arriverensembles’ilestlà?J’aieuassezdecinémapouraujourd’hui.Jel’aisentifairenondelatête.-Nan,on en a parlé aujourd’hui. Il sait qu’il se passe quelque chose entre nous, et ce n’est pas unproblème.Ilm’aditqu’ilmecasseraitlesdeuxjambessijecontinuaisàfairelecon,parcontre.-Euhhh…pourquoituasfaitça?Jesavaisqu’ilsauraitdequoijeparlaissansquej’aieàluiexpliquer.- Parce que c’est ce que je fais, dit-il avant d’ajouter une grossièreté dans sa barbe. Les filles onttoujoursétéfaciles,ellessententbonetellesontunbongoût,alorspendantunesecondetoutestsimpleetagréable,ettouteslesconneriesquisebattentdansmatêtesetaisent.Jesavaisquejenevoulaispasdequelqu’unquin’étaitpastoi,maisj’étaisencolèreetpauméalorsj’aifaitcequejefaistoujours,etjemesuisditquejemesentiraispeut-êtremieux.Saufquenon,jemesentaiscommeunemerdetotaleetcelam’afaitvoirassezclairementquetun’avaispasderemplaçante.J’aifaituneerreurmaisçaauraitpuêtrebienpire,etj’espèrequetupeuxmepardonner,sincèrement.Celam’avaitblesséemaisjecomprenais,parcequejelecomprenais.-Jen’aimepasça,maisjecomprends.Çanepeutpasêtretonexcusepourtetireràchaquefoisqu’onsedispute.Jen’auraipaslaforcedepardonnerchaquefoisquetutesersd’uneautrefillepournoyertonchagrin.-Jetel’aidit,c’estfini.Jevaisgérertoutça,Shaw,jetelepromets.–J’espère,parcequ’onneserapastoujoursd’accord,onsedisputaitavantdecoucherensemble,donconvasûrementsedisputerencoreplusmaintenant.Ilapassésamainsurmonbras.

–Tantmieux,parcequejepariequelaréconciliationsurl’oreilleravectoiseraextraordinaire.Jen’aipasnié, jemesuis tueet je l’ai laissémecalmerenconduisant ; il amêmechoisi d’écouterStraylightRunau lieudesonpunkhurlantouheavymetalhabituel.Quandnousnous sommesgarés enfacedel’immeublevictorien,j’avaisretrouvélecontrôledemoi-même.Ilaprismonsacetm’amenéejusqu’àl’appartement.RomeetNashétaientsurlecanapéetcriaientcontrelatélé,j’aisupposéquelesBroncosétaiententraindeperdre.Ilsonttouslesdeuxlevélesyeuxversmoi,leursvisagesemplisdesoulagement.-Dieumerci.Ilvapeut-êtreenfinarrêterdejoueraubébécontrariéquin’apasfaitsasieste.RuleamisuneclaquederrièrelatêtedeNashtandisqueRomeselevaitpourmesouleverdansuncâlingéant.-Jesuiscontentquetuluiaiesdonnéuneautrechance,petitefille.Deretoursurmespieds, je leuraiadresséunsouriregênéà tous lesdeuxet jemesuis tournéeversRule.-Ilfautquej’appelleAydenetmontéléphoneestfoutu,jepeuxprendreletien?Jem’attendaisàcequ’ilpassedeuxminutesàeffacerdesmessagesousonhistorique,mais ilme l’atendutoutdesuite.J’aiessayédecachercombiencelamefaisaitplaisir,jemesuismordulalèvreetjemesuisdirigéeverslecouloir.-Jevaisallerdanstachambrepourqu’onpuissemieuxs’entendre.-Vas-y,detoutefaçonjevoulaisparlerunpeuauxgars.Sontonsombrem’afaitdevinerqu’ilvoulaitlesteniraucourantdemasituationavecGabe.-Jeterejoinsdansuneminute.J’airésistéàlatentationdefouillerdanssescontactsetsesmessages,etj’aiappeléAyden.Jenesavaispassiellerépondraitcarellen’avaitpaslenumérodeRule,maiselleafinipardécrocheràlatroisièmesonnerie.-Allô?-Salut,c’estmoi.-C’estquoi,cenuméro?-J’aiprisletéléphonedeRule,parcequejesuisungénie:j’aijetélemiencontreunmur.Ellearicané.–C’étaitquandjet’aiparlédelafilledubar,c’estça?-Ouaip.-Maismaintenanttuassontéléphone,doncvousavezdûvousexpliquerentre-temps.-IlestvenuàBrooksidepourmeprésentersesexcuses,puisils’estinvitéaubrunchdemamèreetçaaétél’attractiondelajournée.C’étaitimpossibledenepasluipardonner.-Tantmieuxpourtoi.Quelquechosemeditqu’ilestlivréavecunebonnedosed’histoirescompliquéesalorsautantquetut’yhabitues.–Ouais,enfin,j’aiaussicequ’ilfautniveauhistoirescompliquées.Jesuisalléedanslasalledebainsetjemesuisappuyéecontrelelavabo.L’imagequimeregardaitdanslemiroirétaiteffrayante.J’avaisl’airagitéeetencorepluspâlequed’habitude.-Gabem’aattrapéeetm’apoussée là-bas. Ilm’acoincéedansmachambreetm’amenacéede trucsfous. Je ne sais pas du tout ce que je vais faire. Rule est bien parti pour former une bonne vieilleexpéditionpunitivemaisjeneveuxpasqu’ilsemettedanslamerdeàcausedemoi.C’estlebordel.-Lepetitsalaud,ilaposélesmainssurtoi?J’aisoupiré.-Ouais,j’aidesbleus.-Alorsmoijedis,laisseRules’occuperdelui.Tuasplutôtintérêtàterenseignerpouruneordonnance

deprotection.-C’estcequejefais.Ruleaunclientquiétaitdans lapoliceet ilva l’appeler. Ilm’aaussiditqu’ilvoulaitresteravecmoiouquejeresteicijusqu’àcequetoutçasoitréglé.-Ondiraitquetonmecpasseauxchosessérieuses.-Ilessaie.-Ehbien jesupposequec’estmieuxque rien, pour l’instant. Quand est-ce que tu auras un nouveautéléphone?-Probablementdemain,Rulem’aditqu’ilm’enachèteraitunneuf.-Ah,j’aimebienquandunmecs’excusedanslesrègles.Onsevoitdemain?-Jepense,jetetiensaucourantquandjesuissûre.–J’t’aime,meuf.Soisprudente, laisseRuleprendresoinde toiuneminute, tu l’asmérité.Tuasbienprissoindeluipendanttoutcetemps,maintenantc’esttontour.-Uncouple,cen’estpascenséprendresoindel’autreàégalemesure?Ellearigolémaisc’étaitunrireamer.–Tu ne poses pas cette question à la bonne personne, chérie, je n’ai pas de quoi être fière de mesantécédents.-Ayden,est-cequ’ilyaquelquechosedonttuveuxparler?Tuasl’air,jenesaispas,plusacerbequed’habitude.-Non.Çava,occupe-toidetoipourl’instant,chérie.Tum’asmanqué,ceweek-end.-Tum’asmanquéaussi.J’airaccrochéletéléphoneetl’aiposésurlereborddulavabo,puisj’airemontélesmanchesdemonpulletaipasséunpeud’eausurmonvisage.J’aienlevél’élastiquedemescheveuxetaidéfaitmatresseserréepourlaissermescheveuxtombersurmesépaules.J’aienlevémoncollierdeperlesetmestalonsetj’aicommencéàmesentirunpeuplusmoi-même.J’aientendulaportede lachambres’ouvriretserefermer,etRulem’appelerdoucement.-Jesuislà.J’ai entendudes froissements et des grosmots comme il slalomait entre les affaires éparpillées parterre. La porte de la salle de bains s’est ouverte et son regard a croisé lemien dans le miroir. Lesprofondeursglacéesdusienétaientassombriesparl’inquiétudetandisqu’ilsecollaitderrièremoi.-Tuvasbien?-Jeflippe,maissinonçava.-Tut’inquiètesque tamère tebalanceà tonpère? Ilaposéunemaindechaquecôtédemoncorps,coincéentreluietlelavabo.-Jenepeuxpasl’enempêcher,doncsiellelefait,jeverraiçaplustard.-Ettesétudes?Elleaditqu’ilnepaieraitplussitunefaisaispascequ’ellevoulait.Jemesuispenchéeenarrièrepourmecollercontresontorse.–Ilsadorenttouslesdeuxseservirdecettemenace,c’estleuroutildechantagepréféré.Jepensequ’ilssont tous lesdeux trop stressés à l’idéed’expliquerpourquoi leur fillebossedansun Subway au lieud’êtreenfacdemédecine,ilsn’arrêterontpasdepayerlesfraisdescolaritéets’ilslefont…J’aihausséuneépauleetl’ailaisséeretomber.-AlorsjetrouveraiunplanB.-Toutsimplement?-Plusoumoins.-Jen’auraisjamaiscruquetut’adapteraissifacilement.Jeluiaifaitunegrimacequil’afaitrireetilabougésesmainspourlesposersurmonventre.

-Lesgarsvontcommanderunepizzaetregarderlafindumatch.Jeleuraiditquej’allaistedemandercequetuveuxfairecesoir.J’aipoussémescheveuxenarrièreetlaissématêtetombersursonépaule.-Jeveuxprendreunedouchebienchaudeetaprèsjecroisquejevaisfaireunesieste.Cettesemaineaéténulle,j’étaisstresséeetépuiséeparmescours.Jenemesouviensmêmepasdeladernièrefoisoùj’aipumedétendre.Sessourcilsnoirssesontlevés.-Çanet’embêtepassijeresteunpeuaveceux?J’aifaitnondelatête.-Sérieux,vat’installeravectespotes.Çava.Ilm’aregardéependantunebonneminute,enattendantdevoirsijemefoutaisde lui,etpourprouverquecelanemedérangeaitpasqu’ilpassedutempsaveclesgars,j’aiposéunbaisersursamâchoire.Ilaembrassémescheveuxetestsortidelasalledebains.-Jevaistecherchertonsac.Ill’aposésurlestoilettesetm’aembrasséefermementavantd’inspectermonvisageàlarecherchedesignes.J’airigoléetjel’aimisdehorsavantdeluiclaquerlaporteaunez.–Allez,vafairetonmec.Jeserailàquandtureviendras.J’aiattendud’entendrelaportesefermer,jemesuisdéshabilléeetjesuisrentréedansladouche.J’airécuréchaquecentimètredemoncorpsjusqu’àcequ’ilsoitbienroseetbrillant,et je riais touteseulecommeunefolleparcequej’aidûutiliserlesavondeRuleetjesuissortieavecl’odeurd’ungarçondedix-septansquivientdedécouvrir ledéodorantAxe.Mêmesonshampooinget son après-shampooingétaientconçuspourleshommesuniquement,alorsaulieudemanoixdecocoetdemoncitronvert,jemesuis retrouvéeavecdescheveuxquisentaient leboisdesantal et les épices. J’ai peignémes cheveuxmouillésavecmesdoigtsetaienfilémonpantalondeyogaetuntee-shirt,etjemesuisécrouléesursonlitdéfait.Pourlapremièrefoisenunesemaine,j’avaisl’impressiondevraimentpouvoirrespirer.Jemesuis lovée sur son côté du lit et je me suis endormie en quelques secondes, malgré les cris et lesencouragementsquivenaientdusalon.✻✻✻Desmains chaudes se baladaient sousmes vêtements dans une caresse paresseuse. Je me suisréveilléedéjàexcitéeetondulantsousletoucherséducteurdeRule.J’aiclignédesyeuxpourm’habitueràl’obscuritémaisjelesairefermésquandsaboucheaatterrisurl’intérieurdemacuisse.C’étaitcommelemeilleurrêvedumonde,àpartquej’étaisréveilléeetquejemetortillaisd’impatiencetandisquesonsoufflepassaitsurlespartieslesplussensiblesdemonanatomie.J’aitouchésatêteetj’airidoucementquand mes doigts ont effleuré sa surface tondue. Ses cheveux chatouillaient le bout de mes doigtssensibles.-Lacrêtememanquevraiment.-Çarepoussera.J’aisentileglissementdesonanneauàlalèvrecontremapeauhumideetcelam’acoupélesouffle,sibrutalementquej’enaieumalauxpoumons.Ilarigolécontremapeauetsesmainsontbougépourmemaintenircommeillevoulait.-Çam’amanqué.Personnen’ajamaisétéaussidoucequetoi,Shaw.J’aisentilapressiondubarbellsursalangue,lafaçondontillabougeaitdansetautourdemonsexe,prêtàprendrecequ’ilavaitàdonner.-Jecroisque le faitque tumecomparesaux légionsdefillesquisontpasséesavantmoidevraitmemettre en colère,mais je vais choisir de le prendre commeun compliment.Lafin dema phrase s’estévanouiedansungémissementaigulorsqu’ilasoulevémeshanchesetaposéseslèvressurmonclitoris.Mescollègues,etmêmeAyden,m’avaientracontédeshistoiresdisantquequandunmecfaisaitça,c’étaitsouventlemeilleurmomentdespartiesdejambesenl’air,maisj’avaistoujourseudesdoutescarcela

meparaissaitintrusifettrop intime.Maisalorsqu’ilembrassaitet léchaitetsepromenaitsurmesplismouillésetmachairardente, jesuisdevenueunpeufolle.Jenepouvaispas cacher combien ce qu’ilfaisaitm’affectait,etputain,ilsavaitcequ’ilfaisait.Àunmomentj’aieuenviedehurlersonnom,maisàladernièreminutejemesuissouvenuequesonfrèreétaitdel’autrecôtédumuretj’aimordumonpoingpourétouffermaréaction.Lemondeestdevenuunkaléidoscopegéant où les couleurs tournaient danstouteslesdirections.Jenesavaispascommentc’étaitaveclesautresmecs,maiscommepourtoutcequej’avaisfaitavecRule,ilrendaitcelasacrémentbon.Jesuis restée étalée comme un tas de confiture, incapable de bouger, tandis qu’il se levait du lit etenlevaitsesvêtementsn’importecomment.C’étaitundéliced’yassister,alorsquandilestrevenudanslelitprèsdemoi,j’étaisprêteàronronneretàm’enroulerautourdeluicommelechatonsatisfaitqu’ilavaitfaitdemoi.-C’étaitunetrèsbonnefaçondeseréveiller.J’aipassémesmainsderrièresesépaulescommeilnousavaitfaitroulerpourêtreau-dessusdemoi,etilamissongenouentremesjambes.–Tuasdormipendanttoutl’après-midi.J’attendaisquetusortestatêteetquetunousrejoignes,maiscen’estjamaisarrivé.Ilabaissélatêteetsonnezfrottaitlecôtédemonvisage.-Jesuisvenutevoirettuavaisl’airsiparfaite,toutendormieetjoliedansmonlit,jen’aipaspum’enempêcher.Ila tracéunchemindepetitsbisousdepuis l’arrièredemonoreille jusqu’aucreuxdemagorge trèssensible.Sesdoigtsont frôlémonbraset ont délicatement fait le tour demon poignet endolori. Gabeavaitlaisséunanneaudetracesbleuesetnoiresquisedétachaientfortementcontremapeaublanche,etjen’ai pas pu retenir l’émotion quim’a noué la gorge quandRule a doucement caressé et soulevémonpoignetpourdéposerdesbaisersdepapillontoutautour.-Çan’auraitjamaisdûarriver,jesuisdésolé.J’aiglissémamainsursonflancetlaissémesdoigtss’étalersursescôtescolorées.-Jen’auraispasdûyaller,déjà.Ilfautquej’apprenneàposerdeslimitesavecmesparents,etàm’ytenir.Çanevautpaslecoupdesacrifiercequiestimportantpourmoiafindeleurfaireplaisir.Ilaprismamainqu’iltenaitetl’asoulevéeaudessusdematête,etsesyeuxpâlesetbrûlantssesontplantésdanslesmiensavecunmélangededésiretdecompassion.- Shaw, c’estmoi qui ressens le besoin de brûler lamaison quand un robinet fuit, je sais que j’aitendanceàallervers lesextrêmeset il fautque jemecalme.Mais si tupensesque jevaisme tenir àl’écartet teregarder temettreendangervolontairementavecce trouducul,prépare-toiàcequ’onsebatte.Jen’aipas eu l’occasion de répondre car ilm’a embrassée, pour de vrai, embrassée avec uneintensitéqui ne laissait pas de doute quant à son engagement, et qui voulait dire que je devais prêterattention à ce qu’il se passait entre nous. J’ai senti unmordillement, la pression dumétal quand noslanguesontglisséensemble et que nosmains ont commencé à errer. Il a attrapémamain libre et l’aplaquéesurlelitau-dessusdematête,avecl’autre,desortequej’étaisétiréeetprêteendessousdelui.Ilmeregardaitetdanssesyeuxscintillaientdemauvaisesintentions.-Jecroisquejet’aimebien,commeça.Samain librese tordaitetsepromenaitsurmapeauhypersensible et ses creuxhumides. Je geignaisdoucementcarc’étaitsibon,etparcequejevoulaisbouger,maisilmemaintenaitimmobilegrâceà lapressiondesoncorpslourdsurlemien.-J’aimebient’avoiràmamerci.Jepeuxtefairetoutcequejeveux.Etill’aprouvéenprenantleboutdemonseindanssaboucheetensuçantjusqu’àmefairepresquemal.Il m’avait laissé un suçon la première fois aussi, mais celui-ci me semblait différent, une sorte de

marquagedeterritoire,uneformed’appartenance.-Heureusementpourtoiquej’aimetoutesleschosesquetuveuxmefaire.Ilasoulevémajambeetl’aremontéeautourdeseshanchesfines.J’aisentisonsexechaud,prêt,etj’aiessayédebougerpourqu’ilvienneàl’intérieur.Ils’estreculéetm’asouri.-Toujours aussi impatiente. J’ai tiré surmesmainspiégées.Tun’imaginesmêmepas. Il a ricané enm’embrassant.-Alorsdis-le-moi.J’aiessayédeletirerenmoiparlaforcedemavolonté,maisilcontinuaitdesedéplacerjusteassez,avecunrictusdeprovocation.-Sérieusement,Shaw,dis-le-moi.J’aifermélesyeuxcarilyavaitunequantitémaximaledevéritéquejepouvaisluilivrerenuneseulejournée.Iladéplacémonautre jambeets’estpressécontremoiens’avançantseulementd’unoudeuxmillimètres,cequiacommencéàmefairefrémir.-Dis-moipourquoioncroyaittousqu’ilyavaitquelquechosedesérieuxentreRemyet toi,alorsquej’aiététonpremier.Dis-moipourquoiRomea l’airdecroireque je t’intéressedepuis longtemps.Dis-moipourquoi,quandonfaitça,c’estsidifférentdetouteslesfoisoùjel’aifaitavant.Je voulais qu’il bouge, je voulais qu’il me laisse bouger, mais quand j’ai rouvert les yeux il meregardaitdeprès,visiblementenassezbonnepossessiondesesmoyenspourmefaireattendre.J’ai faitfaceàsonregardperçantpendantunesecondeavantdemurmurer:-Parcequeçaatoujoursététoimêmequand jene levoulaispas,mêmequandçamebrisait lecœurencoreetencore.Çaatoujoursététoi.Mesparolesontchangéquelquechoseenlui,uneétincelleglacéeabrillédanssesyeuxetsoudain, ilétaitenmoietilbougeaitetlerestedumondes’estarrêtépourdevenirflou.Toutcequiimportait,c’étaitce qu’il se passait entre nous à cet instant et que ça compteautantpourmoi que pour lui. Son tempochangeaitàchaquecoupdereins,ilétaittoujoursunpeusauvage,déchaînéaulit,maisc’étaitcommesimesmotsavaientlibéréquelquechoseenluietquej’avaisdevantmoilevraiRule,lemecquiseservaitde ses cheveux multicolores et de son corps recouvert de tatouages pour détourner quiconques’approchaitd’unpeutropprès.J’aisoupiré,gémi,et j’ai finipardiresonnomd’unevoix tremblantealorsquenousapprochionsdelafintouslesdeux.C’étaitdifférent,pluspuissant,plusintense,etquandilaenfinposésonfrontsurlemien,jemesentaisentière.J’aipousséunsoupirdesatisfactionetaienroulémesbrasautourdelui.Il s’est retournéetm’a tiréesurluipournepasm’écraser.J’ai fermé lesyeuxet j’allais replongerdansunsommeilassouviquandtoutelalongueurdesoncorpsestdevenuedurecommeuneplancheendessousdumien.Mesyeuxsesontrouvertsquandj’aisentisesmainsraidiesdansmescheveuxetjemesuisforcéeàreleverlatêtepourleregarder.-Qu’est-cequ’ilya?-Lelitestmouillé.Jel’airegardésanscomprendre.-Et?-Etçaveutdirequ’onnes’estpasprotégés.Jen’aipaseuderelationsanspréservatifdepuisquejenesuisplusunadodébile.NomdeDieu,pasétonnantquec’étaitsibon.-Jeprendslapilule.-Pourquoi?J’aifaitunegrimaceetmesuisallongéeàcôtédelui.-Parce quemamèrem’a obligée.Elle croyaitque jecouchaisavec l’un de vous ou vous deux, les

jumeauxArcher,bienavantqueçaarrive.J’aicontinuéàlaprendreparcequeçacalmemesrègles,doncçadevraitaller.Ilm’atiréecontresontorseetaenlevémescheveuxdemonvisage.-Avecmonpassé,tuveuxvraimentprendrelerisque?J’aisoufflé.-Tusaisvraimentt’yprendrepourgâcherunbonmoment,Rule.–Eh,jet’aiditquec’étaitmonboulotdeteprotéger,mêmesiçaveutdireque jedois teprotégerdemoi. On doit avoir un bilan sanguin nickel pour travailler au salon, comme on touche à des fluidescorporels,desaiguillesetdelapeauouverte.Ledernierquej’aifaitétaitcleanetcommejetedisais,jemeprotègetoujourssaufquanduneblondedehautniveauavecdesyeuxvertsdedinguemerendfouaupointquej’oublie.Jemesuislovéeaucreuxdesoncorpsetjel’ailaisséenroulersesbrasautourdemoi.Lamainportantsonnomtatouésurlesphalangesafinisurmapoitrineetj’aicaresséleslettresépaissesavecmonindex.-Jetefaisconfianceetjecroisqu’onnecraintrien,donconnevapasenfaireunproblème.-Non?-Non,parcequecommejetel’aidit,Rule,çaatoujoursététoi,mêmequandjevoulaisàtoutprixqueçanelesoitpas.-Jecommenceàmedirequej’auraisdûfaireplusattention.J’ai entrelacémesdoigts avec les siens. J’aimais bien lesvoir emmêlés ensemble. Les siens étaientlongsetcouvertsdemotifssuperbes,lesmiensétaientpetitsetcoiffésdevernisrosetriste,maiscôteàcôteilsétaientplusintéressants,plusvivants.Jemesuisrendormieenécoutantlerythmerégulierdesesinspirationsetexpirationsdansmonoreilleetenmedisantque,mêmesijen’avaispasprislapilule,unmomentdesexesauvage,désinhibéetsansaucuneprotection avec lui valait tous les risques que celacomportait.JepourraisconnaîtreunpiredestinqueceluidemettreaumondeleprochainchieurArcher.

Chapitre11Rule

Lapremièrefoisquejesuisarrivéàlamaisonetquejet’aivueassisedanslacuisineavecRemy,jemesouviensm’êtredemandédansquoiils’étaitfourré.Tuétaistoutepâleeteffrayée,tuavaisdesyeuxdeuxfoisplusgrandsquelanormaleettuavaisl’aird’unoisillontombédunid.Remyavaittoujourseuunfaiblepourlesgensenmanqued’attentiondoncjen’étaispassurpris,maisj’aiétéimpressionnédevoirlavitesseàlaquellelerestedelafamilles’estentichédetoi. J’avais toujourspenséqueceseraitnous, lesArchercontre le restedumonde,pour toujours,et toutàcoup tuétais là,et touts’estunpeucassé la gueule car j’étais encore plus le mouton noir qu’avant. Rome t’adorait, Maman et PapaacceptaientRemyet toicommeuneunitéenelle-même,et j’étais laisséde côté comme d’habitude. Jecroisquej’aijustepristouscessentimentsdeséparationetd’aliénationetquejelesaitransféréssurtoi.Remyetmoiavionstoujoursétélesdeuxpartiesd’untout,etquandtuesarrivée,celaaunpeudisparu.Jecroisquej’étaisjalouxqu’ilpasseautantdetempsàêtretonhérosetpasàêtremonfrère.-Lapremièrefoisquejet’aivu, j’étais terrifiée.Jevousavaisvus,Remyet toi,à l’école,et tout lemondeparlaitdesjumeauxArchercommesivousétiezuneespècedecréaturemythologique.Remyétaitsportif,ilavaittouslesamisqu’ilfallaitetdebonnesnotes,ettoituavaistoujoursdesennuis,tutraînaisavecdesgaminsplusvieuxet tuétais sanscesseconvoquéparceque tu séchais les coursoud’autresconneries.Remym’asauvéeetm’aramenéeàlamaison,ilm’afaitrirequandriendansmavienemesemblaitdrôle,etilaétégentilavecmoiquandpersonne,detoutemavie,n’avaitessayéd’êtresympa.Ilm’aditdem’asseoirdanslacuisineetdenepasm’inquiéterquandsesfrèresrentreraient,qu’ilgarderaitunœilsureux.PuisRomeettoiavezdébarquéenclaquantlaporte.Romem’aregardée,asecouélatêteetademandéàRemysij’étaisunautrechatsauvageettoi,tonregardaglissésurmoicommesij’étaisunfantômeettuluiasdemandés’ilvoulaittoujoursallerprendreunepizzaavecNashettoi.Jemesuisditquetuétaisbeau,pasdelamêmemanièrequeRemy.Vousvousressemblieztellement,maistuajoutaisàton apparence quelque chose de si intéressant que je ne pouvais pas te lâcher des yeux. Je t’ai fixépendantquinzebonnesminutesetquandRomeettoiêtesrepartis, tum’asregardéeettuasdit :«BonDieuRemy,fais-luiunetassedethéoujenesaispasquoi.OndiraitCasperl’apprentifantôme.»Remyasecouélatêteets’estassisenfacedemoi;ilsavaitdéjà,ilatoujourssu,etilm’adit:«Ruleestunbongars,Shaw,ilestmêmesuper.Jel’aimeplusquetout,maisc’estaussiungarçondeseizeans,etunArcher.Nevapastebriserlecœuralorsquetupeux l’éviter.»Pendantdesannées, ilm’aditetreditquec’étaitunebêtise,quejenedevraispasmemettredansunétatpareilàcausedetoialorsque tesprioritésétaient toutautres.Puis,àpeuprèsunanavant samort, il a changé de refrain.QuandvousavezdéménagéàDenver,soudainilvoulaitabsolumentquej’ailleàDU,quej’arrivaisàunmomentdemavieoù jepourrais tedireceque je ressentais.Toutàcoupc’étaitRemy l’entremetteur,c’étaitbizarre,etpuisl’accidentestarrivé,etjen’aijamaiseul’occasiondeluidemandercequil’avaitfaitchangerd’avis.

-Ehbienjesuiscontentdelesavoir,maintenant,etjepensetoujoursqueturessemblesàCasper.-Jesuiscontenteaussietçanemedérangepasquetum’appellesCasper,c’estmignon.Enplus,quandtuascommencé,jemesuissentieprivilégiée,aucuneautrefillen’avaitdroitàunsurnomdetapart,tulesappelais«mapuce»,«bébé»ou«chérie».-Oui,tuesàpart,ettul’étaisdéjààl’époque.J’étaisjustetropconpourlevoir.-Jecroisquejen’auraispasétéprêtepourtoiàcemoment-là.-Ettuesprêtepourmoimaintenant?-Quandtuveux.Cette conversation chuchotée m’a donné une tout autre vision de la fille qui commençait à être siimportantepourmoi.Elleaaussisoulevébeaucoupdequestionsquejenepourraisjamaisposeràmonfrère.Jevoulaiscomprendrepourquoi,s’ilsavaitqu’elleavaitunfaiblepourmoi,ilavaitlaissécroireainsi à toute la famille qu’ils étaient ensemble pendant des années. Cela me semblait malhonnête etlouche,etcen’étaitpasdutoutlegenredeRemy.Jevoulaisaussisavoirpourquoiilnem’avaitriendit;jepensaisquenouspartagionstout,etbienquel’adoquej’étaisn’auraitrieneuàoffriràShaw,celamesemblaitétrangequ’ilnem’aitpasparlédesessentiments,aumoinspourque je fasseattentionàelleplutôtquedepiétinersesémotionscommeuntroupeaudebuffles.Notreconversationàvoixbasseaeulieutôtlematin,tandisqu’elletournaitdansmachambrepourseprépareràallerà la fac.Ellen’avaitquesesvêtementschicsde«dîneravecMaman»et jenevoulaispascourir jusqu’àsonappartement,doncjeluiaiditdeprendreundemestee-shirtsdans leplacard.C’étaitdrôledevoirunefillesexyàmoitiénuefarfouillerdansmagarde-robedemecplutôtbasique.Elleaesquivémesmainsbaladeusesenrigolant,toutenessayantd’attachersescheveux.C’étaitletyped’interactionquimemanquait,enn’ayantquedescoupsd’unsoirsansintérêt.J’aimaisbienjoueravecShaw,j’aimaisbienqu’elleutilisemasalledebainsetdéplace toutesmesaffaires,etplus j’y pensais plus jeme rendais compte qu’ellem’avaitmanquédansbeaucoupdepartiesdemaviecettesemaine,passeulementdansmonlit.Elleadéposéunrapidebaisersurmeslèvresetm’aditqu’elleallaitfaireducaféetpréparer lepetitdéjeuner,alorsj’ailuttépourmereleveretj’aicherchémontéléphonepourappelerMark.Jen’allaispasperdredetempsetjevoulaisessayerdemettreleplusd’obstaclespossibleentreDavenportetShaw.J’aienfiléunjeannoiretuntee-shirt,etjesuisallémepasserdel’eausurlevisagedanslasalledebains.LetéléphonesonnaitpendantquejemebrossaislesdentsetMarkadécrochéjustequandjecrachaisdanslelavabo.-Quoideneuf,gamin?Jeregardaismonvisagemalrasédanslemiroiretj’aidécidéquecommejen’avaispasdecheveuxencemomentj’allaislaisserpousser,peut-êtregarderunbouc.-SalutMark,désolédetedéranger,maisj’aiunproblèmeetj’aibesoindetesconseils.-Tuasénervétajoliefille?J’airigoléetmesuisappuyécontrelelavabo.-Ouais,maisj’airéussiàréglerçatoutseul,maisc’estpourellequejet’appelle.Elleaunexpasnetquineveutpascomprendrequ’elleditnon.Ils’estpointéàsonboulot,illasuit,ill’appelleunmilliondefoisdanslajournéeetc’estunamidelafamille,doncsesparentscherchentlamoindreexcusepourqu’ilssoientensemble.Ceweek-end,ill’acoincéequandelleétaitseuleetill’asecouée,bousculée.Illuialaissédesbleussurlesbrasetl’amenacéeenluidisantcequ’ilallaitluifairesiellen’acceptepasdeseremettreaveclui.-Jesuissurprisquetunesoispasenprison.- Elle ne m’en a parlé qu’après que l’on est partis de chez ses parents, et je lui ai déjà dit très

clairementdelalaissertranquille.-Commentils’appelle?-GabeDavenport.IlasifflélonguementetjevisualisaisMarkentraindefairelescentpas.-CeneseraitpaslefilsdujugeDavenport,parhasard?-Sûrement.Iln’arrêtepasdebalancerquejenepeuxriencontreluiparcequesonpèreestimportant.-Ilapeut-être raison.Jediraisqu’il fautdemanderuneordonnancedeprotectionpersonnelle leplusvitepossible,maisilyadesrisquesqueçanepassepassiDavenportvoitquesonfilsestimpliqué.-C’estdégueulasse.-Oui,maisilfautquandmêmeessayer;sinoniln’yaurariendanssondossier.Ilfautquetugardeslatêtesurlesépaules,gamin.LenomDavenportestassezpuissantdanslesystèmejudiciaire,etvautmieuxnepasselesmettreàdos.J’aipasséunemainanxieusesurmatête.-Jenelelaisseraipass’approcherd’elle,Mark,c’estaussisimplequeça.-Tuasraison,maisnevapaschercherlesennuis.Elleserauneciblefacilesitut’attaquesaufilsetquetuteretrouvesenfermé.-Jesuisénervé,Mark,maisjenesuispasbête.Jeveuxqu’ellesoitensécuritéetquecemecbaissed’untonoudeux,maisjesuisbienconscientqueluicasserlagueulen’arrangerarien.Enrevanche,s’ilvientmechercher,jeneprometsrien.-S’ilvienttechercher,mets-leparterre,maisrappelle-toiquelesgarscommeluisebattentavecdesloisetdesrègles,pasàmainsnues.DisàShawdefairetrèsattention,detoujoursavoirquelqu’unavecelle,etrenseigne-toipourluiprendreunTaserouunebombelacrymo,etdis-luiques’ilvientlavoirous’il la touche, qu’elle appelle la police tout de suite. Elle peut faire reconnaître le harcèlement s’ilcontinueà la suivreetune foisque lapoliceest saisie,un jugenepeutpas faire grand-chose pour sedébarrasserdurapport.Donne-luimonnuméroaucasoù,dis-luidem’appelersielleadesquestionsoumêmejustepourdiscuter.Commejedisais,c’estunefilleàpartquetuastrouvée,gamin.Gardeunœilsurelle.-Jefaisdemonmieux.-Jesais,etRule…çafaitdubiendetevoirenfinteposer.Tum’astoujoursunpeufaitpenseràmonfils,libreetinsouciant,maisiltefallaitquelquechosequi tedonneunbut.Pourmonfils,c’étaitdesebattrepournotrelibertéetdeprotégersonpays,pourtoijepensequec’estdecomprendrequetuméritesl’amour et l’affection qu’une fille comme elle peut t’offrir. Prenez soin de vous, je viendrai auxnouvelles.J’airaccrochéletéléphonequandlaportes’estouverteetqueShawapassésatêtedansl’ouverture.-Allez,viensmangeretonyva.Jel’airegardée,jeveuxdirevraimentregardée,etcetrucglissantdansmapoitrines’estsoudainposépileaucentre.Elleaécarquillé sesyeuxvertsquand je l’ai tiréedans la salledebainsetque je l’aiplacée entremes jambes écartées pour qu’elle soit contremon torse, et j’ai posémonmenton sur ledessusdesatête.Parfois,notredifférencedetailleétaitexquise.-Çava?Elleapassésesmainsautourdematailleetm’aserréfort.J’ailâchéunsoupirquej’avaisl’impressionderetenirdepuisunsiècle.Toutàcoup,jesavaisquepeuimportaitcequ’enpensaientmesparents,peuimportaitcequ’ilsepasseraitdansl’avenir–procheoulointain–,jesavaisque,pourunefois,jefaisaisexactementcequ’ilfallait.-Ouais,çavabien.Mieuxqueça,même.-OK,bon,jeneveuxpasêtreenretardalorsviensmangerdespancakesetemmène-moiàlafac.

Ellem’adonnéunepetite tapesur les fessesetabondihorsde lapièce. J’ai secoué la tête en riantdoucementetjel’aisuivie.Romeétait réveilléetassisà table, il l’écoutait raconter lebrunchétranged’hier,maisNashn’étaitnullepartàl’horizon.Jeleuravaisracontéàtouslesdeuxcequ’ils’étaitpasséaveclePolohier,etjecroisqu’ilsétaienthyperattentifsàcequejenedéraillepas.Monfrèrem’alancéunregardinterrogateurquandjemesuisassis,mais jenevoulaispas rentrerdans lesdétailsalorsqueShawsautillaitennousservantlepetitdéjeuner.-Tuestoujoursd’accordpourallerchercherlavoitureavecmoi?-Ouaip,maisjevaispasserchezPapaetMamantantqu’onysera.Tuveuxvenir?Jeluiai faitundoigtd’honneurcar il savaitquevoirmesparentsétaitbien ladernièrechoseque jevoulaisfaire.-Jenepeuxpas.Detoutefaçon,j’aiunrendezvousàmidi.Shaw a posé des assiettes en face de nous et s’est assise àma droite. Ellem’a adressé un sourirechaleureux et j’ai su que, au-delà du sentiment que celame procurait, c’était ce qui m’avait manquédepuissilongtemps.Jemesentaischezmoi.Cettefille,monfrère,mesamiset toutcedont jem’étaisentouréfaisaitsenstoutàcoup,etj’aitrouvéuneclartéd’espritquejen’avaisplusconnuedepuislamortdeRemy.J’aimaismafamille,mais jen’avais jamaiseu l’impressiond’enfairepartie.Cemondequej’avais construit, cette vie que jemenais était bien, remplie de gens solides quime voyaient commej’étaisetm’aimaientquandmême.Magorges’estserréeetj’aidûcachermamontéed’émotionderrièremonjusd’orange,sinonjerisquaisdechialercommeunbébé.Jemesuiséclaircilavoix.-JevaisemmenerShawàlafacetaprèsjerevienstechercher,çateva?-Pasdeproblème.JevaisréveillerNashetvoirs’ilveutfaireuntouràlasalledesportpendantcetemps-là.J’aijetéunregardàShaw.-TudemanderasàAydendet’accompagnerautravailaprèslescours,hein?Elleahochélatêteetacontinuéàmangersonpetitdéjeuner.-Tantmieux. J’irai te chercher aubar quand ton service sera terminé.Tavoiture sera là, tu pourrasdéciderplustardsituveuxrestericiouallercheztoi.Elleahausséuneépaule.-Jenesortiraipasavantdeuxheuresdumatin.C’estlematchdulundisoir,ilvayavoirdumonde.Jeresteraisûrementici,enplusilfautquetum’emmènesacheterunnouveautéléphonedemain.-Pourquoiest-cequ’il tedoitun téléphone?J’ai lancéunregardnoiràmongrandfrèremaisellearéponduavantquejediseàRomedelafermer.–J’aicassélemienparaccidentetRulem’aproposédeleremplacer.–C’estvrai?Cen’estpaslegenredemonpetitfrère.Jesavaisqu’ilessayaitsimplementdem’agacer,maisaprèsunetellenuitdesexe,avecShawàportéedemainetuneassiettedepancakesenfacedemoi,c’étaitimpossible.JeluiaifaitunsourireencoinetmesuisétirésurmachaisepourpassermonbrasdansledosdeShaw.-Jecommenceunnouveauchapitre.Ilaricané,sesyeuxsisemblablesauxmienspleinsd’humourréprimé.- Si tu attaches de l’importance à quelqu’un d’autre comme ça, c’est plus qu’un chapitre, c’est unnouveaulivre,maistantmieuxpourtoi.C’estunchangementpositifpourtoid’êtreattentionné.-Vatefairefoutre.Shawalevélesyeuxaucieletalaissésafourchettetombersurl’assiette.-Vousêtestouslesdeuxridiculesetjevaisêtreenretard,onyva.

Jemesuispenchéetluiaifaitunbisousurlajoue.-Donne-moiletempsdetrouverdeschaussuresetonestpartis.Vaprendretesaffaires.Mercipourlepetitdéj.-Pasdeproblème.Elleatrottinéjusqu’àlachambreetjemesuislevé.J’aijetéunregardmauvaisàmonfrère.-Jesaisêtregentil.–Seulementquandtuveuxquelquechoseenéchange.Certes.Jelaveux,elle.-D’aprèscequejevois,tul’asdéjà.-Maintenantilfautjustequejemedébrouillepournepastoutfoutreenl’air.Romes’estlevéaussi.-Tuyarriveras,Rule.Pourcequicompte,tuyarrives,souviens-toideça.Eh,qu’est-cequet’adittoncopainflic?-Qu’elledoitfaireattention,etilveutquejeluiprenneunTaserouunebombelacrymo.Ilpensequelepetitconestbienprotégégrâceàsonvieux,maisengros ilm’aditques’il tentaitquelquechoseavecmoi,jepouvaislemettreparterre.C’estvraimentpourri,ilnedevraitpasavoirledroitdeleverlamainsurelleetdesurvivre.-Ongarderaunœilsurelleettoutresterasouscontrôle,tusaisqu’onestavectoi,petitfrère.J’aifaitunegrimaceetaibaissélavoixparcequej’avaisentenduShawdanslecouloir.–S’il luiarrivequelquechose,Rome, jedeviendrais fou.Jeveuxdire, je sais que j’ai un peu pété lesplombsquandRemyestmortmaisquelquechosemeditquesicettefilleestblesséeoupire,jenepourraipasm’enremettre.Jecroisqu’ilallait répondrequelquechosemaisShawestarrivée,m’aprispar lecoudeetm’a tirésanssubtilitépourmefairecomprendrequ’elleétaitprête.ElleafaitunsignedelamainàRomeetm’apresséverslepick-up.Ilfaisaitfroiddehors,alorsj’aienrouléunbrasautourd’elleetl’aitiréeprèsdemoi.Elleafrottésonnezfroiddansmoncouetarigoléquandjel’aiinsultée.Iltefautunbonnet.Ma tête fraîchement tondueétaitglacée,mais j’étaisundurdonc j’ai juste relevé la capuche demonsweatshirtetj’aihaussémonsourcilpercé.-C’estmieux?-Commetuveux,machoman.Mercid’allercherchermavoiture.-T’inquiète,penseàresterattentiveàlafacaujourd’hui.JeneveuxpasquelePolotecroiseparhasardenallantencours,ouuneconneriecommeça.-LePolo?–Davenport,ilportetoutletempsdespolosàlacon.Ellearigolésifortquej’aidûlatenirpourqu’ellerestedebout,etlapousserpourqu’ellegrimpedanslepick-up.Nonpasquecelam’aitdérangé,celam’adonnél’occasiondepalpersonsublimederrière.-Ça,c’estvrai.J’iraiàtousmescoursavecquelqu’un.Ilyaunefille,Devlin,quisuitpresquetouslesmêmescoursquemoi,etonaquelquesgroupesderévisionencommun,jeresteraiavecelle.Jenecroispasqu’elleadoreGabenonplusalorsçanedevraitpasêtrecompliquédeluidemander.-Cool.Qu’est-ceque tuveux,commetéléphone?Jeneveuxpas que tuattendes jusqu’à demain. Jem’arrêteraienrevenantdeBrooksidepourenprendreun.Elleahaussé lesépaulesets’estmise à tripotermon iPod jusqu’à ce que le son enfumé de Luceroemplissel’habitacle.-Jem’enfiche.Lemêmequel’ancien,çameva.Ilfautquejetransfèremescontacts,parcontre.

-Jem’enoccuperai.Ellem’afaitungrandsourireets’estdéplacéepourpouvoirposersamainsurmongenou.Sesdoigtsbattaientlamesuredurock teintédecountry tandisquenous traversions lavilleversl’université.Celanenousaprisqu’unevingtainedeminutescar ilyavaitpeudemonde.Cependant, ilallaitsûrementbientôtneigeretjemevoyaisdéjàdécalermonrendez-vousausalon.Ellevoulaitquejemegaredanslaruepourladéposermaisjevoulaislasurveiller leplus longtempspossible,aussi, j’aigarélepick-upsuruneplacepayanteetje luiaiditque je l’accompagnaisàsonpremiercours.Ellealevé les yeux au ciel mais n’a pas discuté quand je lui ai ouvert la portière et que je l’ai aidée àdescendre.Jel’aiànouveaulogéecontremoncorpsetj’aitraversélecampusavecelle,enmedisantquec’étaitlapremièrefoisquej’étaissuruncampusuniversitairepourautrechosequ’unefête.Plusieurspersonnesluiontditbonjouroufaitsignedelamain,elle répondaitgentimentet j’aibienvu les regardscurieuxquenousattirions.Jesuiscertainquenousfaisionsundrôledecouple,etsescamaradesdeclassen’avaientprobablement pas l’habitude de la voir sans son attirail de fillederiches.Nous nous sommes arrêtésdevantunbâtiment impressionnantetelleapenchésa têteenarrièrepourme regarder.Sesyeuxvertsétaientbrillants,sescheveuxenbordelsexyàcausedemoietdel’airfraisduColorado,etsonnezétaitd’unrosedespluscharmantsetjecroisquejen’avaisjamaisrienvud’aussimignon.-Soisprudentsurlaroute.Jesuisd’accordavectonfrère,jecroisquetudevraisessayerd’allervoirtes parents tant que tu es là-bas. Je ne voulais pas me disputer avec elle alors je l’ai embrasséevoracement,avecassezdelangueetdeforcepourqu’ellesachequejepenseraisàelletoutelajournée.Jemesuisditqu’ellen’aimeraitpeut-êtrepascettemarqued’affectionenpublic,mais ilne luia falluqu’unbattementdecœurpourremontersesmainssurmontorseets’enroulerautourdemoncou.Ellem’arendumonbaiseravectoutautantdeferveuret,quandelleestretombéesursespieds,ellerespiraitfortetsesjouescommençaientàjolimentrougir.-Soisprudenteaussi.Àtoutàl’heure.Jet’apporteraitontéléphoneaubaraprèsleboulot.Penseànepasresterseule,quandtupeux.EtShaw…

Elleacroisémonregardetsesyeuxétaientdéjàamusés.–J’aimebientevoiralleràlafacdansmesvêtements,c’estcarrémentsexy.Elles’estlevéesurlapointedespiedsetaembrasséleboutdemonnezglacé.-Jesuisd’accord.Parailleurs,cen’estpasbiend’avoirchangédesujetcommeça,maisj’aicompris,donconsevoitcesoir.Je l’ai regardéemonter les escaliers du bâtiment et elle s’est arrêtée en haut, où une fille semblaitl’attendre.Elleluiasourietluiaditbonjour.J’aientendul’autrefilleluidemander,d’unevoixsurpriseetassezfortepourquejel’entended’enbas:-C’étaitqui,ça?J’étaiscurieuxdeconnaîtresaréponseétantdonnéquenousn’avionspasvraimentmisçaauclair.J’aientendusonrirenettementàtraversl’airhivernal.C’estRule.-Jenesavaispasquetuavaisunnouveaucopain.-Beniln’estpasvraimentnouveau,maisoui.J’étaissoncopain.C’étaitmacopine.C’étaitbizarre,non?Envingt-deuxansdevie,jen’étaispasrestéassezlongtempsavecunefillepourl’appelermacopine;jen’avaismêmepasvraimentdecopinesdans lesensd’amies.Shawétaitaussicequise rapprochait leplusdecerôle.J’étaissoncopainetcelamedonnaitenviededanseretdedonnerdescoupsdepoingdanslevide.Aulieudeça,jeluiaifaitunclind’œilquandelles’estretournéeetj’airigolélorsqu’ellem’aréponduenme tirant la langue.Pourquoiest-ceque jen’avaispas réaliséplus tôtquem’ouvrir àquelqu’unmerendraitheureux,qu’ellemerendraitheureux?Jenemesouvenaispasdeladernièrefoisoùj’avaisautantri,etmêmeaulitellerendaitleschosesmarrantes.Ellerendaittoutmieux,etjesavaisquejevoulaisfairelamêmechosepourelle.J’aienvoyéuntextoàRomepourluidirequej’étaisenrouteetilm’aréponduqueNashetluisortaientdelasalledesport,qu’ilseraitdoncprêtàpartirquandj’arriverais.J’aichangélamusiquepourmettreTheBloodyHolliesetmesuiséclatésurletrajet.J’airécupérélevieuxtéléphonedeShawdanssonsacetmonfrèreetentrentesecondesnousétionssurl’autoroute, directionBrookside.Lespremièresbourrasquesdeneigecommençaient à s’écraser sur lepare-brisejustequandnousarrivionssurlanationale,etjesavaisparfaitementlesconséquencesquecelaauraitsurmonplanningpourlerestedelajournée.Enfait,avantmêmequenousn’arrivionsàBrookside,Nashm’aappelépourmedirequemesclientsdemidietde14heuresvoulaientdécalerleurrendez-vousàcausedelamétéo,doncjen’avaispluscetteexcusepourrentrerrapidementsansvoirmesparents.Rome,pasbête,écoutaitlaconversationetalancéunregardinterrogateurversmoi.-Çanetetuerapasdet’arrêteretdedirebonjouruneminute.Onpeutmêmeyalleravant,commeçailsnenousdemanderontpaspourquoionalavoituredeShaw.-C’estjustequejenevoispasl’intérêt.- L’intérêt, c’est que peu importe ce qu’ils ressentent, ce sont toujours nos parents et tu ne peuxsimplementpasleslaissertomber.-Pourquoipas?Ilsm’ontlaissétomberàlasecondeoùlebonjumeauaétédéclarémort.-Arrêteetsoisunhomme.TupeuxencaisserunevisitedecinqminutesàMamanetPapa,neserait-cequepourdirequetuasessayé.ÇaferaplaisiràShawdesavoirquetuas faitunminimumd’efforts,aumoins.N’oubliepasqu’ilssontplussafamillequesesvraisparents,alorssivouscontinuezcequevousfaitesàlongterme,ilfaudraquetuluimontresquemêmesiMamanneveutpascéder,aumoinstuaurasessayé.Il avait raison et cela m’a complètement retourné l’estomac. En ce moment, Shaw faisait tout pourreconstruireunepasserelle et forcer lamaindemamèrepour qu’ellemevoie etm’accepte.Mais vucommentsonaffreusemèrebiologiquelatraitait,j’étaissûrquesaruptureavecmesparentsnedurerait

paslongtemps,cequivoulaitdirequejedevaistrouvermaplacedanscepuzzle.Celanemetueraitpasd’essayer,maiscelaallaitêtregênantetmettretoutlemondemalàl’aise,j’enétaissûr.-D’accord, on peut s’arrêtermais n’aie pas trop d’espoir. Je n’ai aucune nouvelle d’eux depuis lebrunchd’oùjesuisparti.-LafiertédesArcherestdangereuse.Sionn’yfaitpasattention,ellevadétruiretoutelafamille.Jen’airéponduqueparungrognementet j’aiessayédemedirequecelan’allaitpasseulement faireplaisiràShawmaisquec’étaitclairementimportantpourRomeaussi,ets’ilyavaitbienunepersonneaumonde pour qui je ferais n’importe quoi, c’étaitmon frère. Rome ne me demandait jamais rien, medonnaitsonsoutienetsonapprobationenpermanence,mêmequandçalemettaitenporte-à-fauxaveclerestedelafamille.Je luidevaisd’aumoinsessayerderafistolercequiétaitbrisé.Nousavonsfait lereste de la route en silence ; je voyaisRomeme regarder subrepticement tout du long. Je crois qu’ilattendait que je loupe la sortie ou que je pète un câble et change d’avis, mais je me répétais que jen’avaispasbesoinquemesparentsaient lemêmeregardsurmoiqueceluiqu’ilsavaient sur luipourrentreràlamaisonetqueçaaillebien.Avant,celamedéchiraitetmefaisaitagircommeunadolescentperturbéquicherchelabagarre.Maintenant jesavaisque,chezmoi, j’avaisunboulotquidéchirait,unfrèrequiétaitunevraiestar,unefilleéblouissantequicraquaitpourmoimalgrétousmesproblèmes,etunbongrouped’amisprêtsàmesupporteretàmesoutenirquoiqu’ilarrive.Levidequ’avait laissé lamortdeRemyneseraitbiensûrjamaisrempli,maisj’avaisunebonnevieet ilsdevraientêtre fiersdemoi.S’ilsnel’étaientpas,ilspouvaientallersefairefoutre.Lesdeuxvoituresdemesparentsétaientdansl’alléequandnoussommesentrésdansleurrue.J’aisiffléentremes dents et j’ai essayé de ne pas sursauter quand Rome m’a tapé sur l’épaule et m’a poussédoucement.-Allez,onnerestepaslongtemps.Quand j’ai sauté du pick-up,mes bottesont fait volerdespetits tas de neige. Je voyaismon soufflequandjerespirais,cequivoulaitdirequeletempsn’allaitpass’arrangeravantnotre retour.Jesavaisque Rome avait une clef,mais comme j’étais avec lui, il s’est arrêté devant la porte et a frappé, sereléguanttoutcommemoiaustatutd’étranger.J’aientendudumouvementderrière laporteet ila falluquelques minutes avant que mon père ne vienne ouvrir. Il nous a regardés avec surprise et je doisadmettrequej’étaiscontentdevoirqu’ilétaitaussisurprisdevoirRomequemoi.-Lesgarçons?Qu’est-cequevousfaiteslà?Ilaouvertlaportemoustiquaireetnousafaitentrerdanslamaisonbienchauffée.Jefrottaismesmainspourlesréchaufferaussin’a-t-ilmêmepasessayédemefaireuncâlinaprèsavoirenlacéRome,cequim’allaittrèsbiencarjen’étaispassûrquenousensoyonscapables.- Rule avait quelque chose à faire dans le coin avant le travail, donc jeme suis dit qu’on pourraits’arrêterdirebonjour.Onnevousdérangepas?-Non,tamèreestdevantlatélé.Sonregards’estposésurmoi.Jesuisétonnédetevoir,monfils.Jevoulais luirépondredefaçondésinvolte,maisdansl’intérêtde lapaix j’ai faitundemi-sourireetj’airépondu:–Ouais,j’imagine.Romes’estditqueceseraitbien.-Rule,tueschez toi, tues toujours lebienvenu ici. J’avaisenviededireque jenem’étaispassentibienvenuicidepuisplusdetroisansmaisjemesuiscontentédehocherlatêteetdedire:-Merci,Papa.-Qu’est-cequetuavaisàfaireici,àuneheurederoutesouslaneige?J’aipassémamainsurmatêteetjetéunregardenbiaisàRome.

-Euh…Enfaitj’aiditàShawquejeviendraischerchersavoiture.Ellel’alaisséeiciquandelleestvenuevoirsesparents.-ShawétaitàBrooksideceweek-end?Ilvautpeutêtremieuxnepasledireàtamère.ElleadumalàaccepterlalimitequeShawaposée.Cettepetiteestaussitêtuequevous,lesgars,etjecroisqueMargotnes’étaitpaspréparéeàcequ’ellecampesursespositionscommeellelefait.C’estterriblementgentildel’aider,Rome.J’ailevélesyeuxaucielàcausedecettedéductionautomatique,bienquejeluiaiedéjàditquec’étaitmoiquivenais.Jen’allaisrienrépondre,maisRomearicanéetaposélamainsurl’épauledemonpère.-Pasmoi,Papa.ShawetRuleontfaitlapaix.Tudevraislesvoir,ilssontcivilisésetpassentdutempsensemble comme des gens normaux. C’est lui qui lui a ditqu’ilviendrait chercher la voiture, je suisembauchécommedeuxième conducteur.Monpèrem’aregardéau-dessusdel’épauledeRome,et la surpriseselisaitsursonvisage.-C’estvrai?Vousaveztoujoursétéopposés,touslesdeux,mêmequandvousétiezjeunes.J’aihaussélesépaules.-J’essaiedemûrirunpeu.Elle faitpartiedemaviedepuis longtempset j’essaiedevoirçasousunautrejour.Ons’entendbien.Enplus,passerleplustempspossibletoutnuavecelleétaitdevenumaprioriténumérounetfaireensortequ’ellesoitheureuseetprotégéeavaitl’effetbonusdemerendreheureux,cequiétaitsinouveaupourmoiquejenesavaispastropcommentfaire.-Ehbien,tupourraspeut-êtreluidirecombienc’estdifficilepourtamèredenepluslavoir.Ceseraitparfaitsitupouvaislaconvaincredevenirfaireuntour.-Elleadesraisonsdegardersesdistances,Papa.Montons’estdurciparréflexe,maisj’aigardéuneexpressionneutrepouressayerderetenirlatensionquimontaitalorsquenousentrionsdanslesalonoùmamèreregardait la télésur lecanapé.SesyeuxontsautédeRomeàmoi,puisànouveausur Rome.Mêmeàl’autreboutdelapièce,jesentaisl’agacementqu’elledégageait.-Qu’est-cequetufaislà?ElleneregardaitmêmepasRome,sesyeuxétaientcolléssurmoietsacolèreétaitcommeuncoupdefouetsurmapeau.J’aienfouimesmainsdansmespochesetaisoutenusonregardsansciller.Cettefois,jenelalaisseraispasmepousseràbout,jeledevaisàmonfrèreetàmacopine.-Jesuisjustepassédirebonjouretvoircommentvousalliez.Jeneveuxpastevoirici.Romes’estraididerrièremoietj’aientendumonpèreprendreuneinspiration,maiscelanem’étonnaitpas.-Jesais,maisjemesuisditqueçanemetueraitpasd’essayerd’arrangerleschoses.-Àquoibon?Tugâchestoujourstout.Savoixétaitrauqueetjejurequejepouvaisvoirlahainequ’ellenourrissaitàmonencontreaccrochéeàchacunedesessyllabes.MonpèreafaitunpasenavantmaisRomel’aretenu.-Margot,çasuffit.Cegarçonestnotrefils,pasuninconnuquel’onvamettreàlarue.-Papa,cen’estpasgrave.Jesaiscequ’ellepenseetellenel’ajamaiscaché.-Àquoit’attends-tu,Rule?Tonfrèreestdansuncercueilàcausedetoi,etlagaminequejeconsidèrecommemafilleneveutrienavoiràfaireavecmoi.Tuesunpoisonpourcettefamille.C’étaitunpeuplusdirectetunpeuplusviolentqu’àl’accoutumée,maisc’étaitenfinsurletapis.Jemesuis frotté lesyeuxet j’ai laissééchapperunsoupir.MonpèreetRomeessayaientdeparlerenmêmetemps,ilsessayaienttouslesdeuxdeluifaireretirerlesmotshorriblesqu’ellevenaitdeprononcer, luidirequetoutcelaétaitfaux,maissanssuccès.-Eh,eh,toutlemondesecalme.C’estpasgrave,allezRome,nefaispascommesituétaischoqué.Elle

m’enatoujoursvouludel’avoirappelécesoirlàpourqu’ilviennemechercher,cen’estpasgrave, jecomprends.D’ailleurs,jem’ensuisaussivoulupendantlongtempsavantdecomprendrequeçaauraitpuarriverpourmille raisons différentes. C’était un accident, un accident qui a emporté quelqu’un qu’onaimaittous,maisunaccidentquandmême.Ellepourraitenvouloirauchauffeurducamion,ellepourraitenvouloiràRemyd’avoirconduit tropvite,ellepourraitenvouloiràDieupour lapluieoumêmeaudocteurdesurgencesdenepasavoirétéassezbon,maisnon,ellem’enveutàmoietcesera toujourscommeça,etçamevasic’estcequ’illuifautpourtenirlecoup.Jepeuxportercefardeau.Ilsmeregardaient tous les troisavecdegrandsyeux.C’était probablement la plus longue tirade quej’avaisfaiteàmesparentsencinqans,sanshurlementsnicrisedenerfs.-Shawestunefilleintelligenteetelleadefortesconvictions,doncjerefusequetumereprochestesacteset leursconséquencesavec elle. Elle t’a ditclairement ce que tu devais faire pour préserver tarelationavecelle,ettuasrefusé.Tunepeuxenvouloirqu’àtoi-même.-TunesaisriendeShaw.Ellenejouepasdutoutdanslamêmecatégoriequetoi;Remyetelleétaientsurunebienmeilleurevoiequecedonttupourraisrêver.J’aisecouétristementlatêteetaifaitunsigneverslaporte.-Maman, tu ne comprends pas. Shaw est la personne la plus aimante, gentille et compatissante dumonde.Elleseraitcapabledesemangerlebrasplutôtquededoubler lesgensquicomptentpourelle.Ellese fichedequellevoieprendre, tantqueceuxqu’elleaimesontauboutduchemin et heureux. Jem’envais.J’aidestrucsàfaire.Papa,c’étaitsympadetevoir.Rome,jevaisdanslepick-up.Jemesuisretournépourredescendrelesescaliersetsortirparlaported’entréemaissavoixfroidem’aglacésurplace.-Net’approchepasdeShaw,Rule.Tuvasjustefinirparluifairedumal,commeàtonfrère.J’aieuenviedeluidirequec’étaittroptardpourmedonnercetavertissement.Que jecommençaisàconnaîtreShawd’unboutàl’autre,etqu’elledevenaitunepartieessentielledemoi-même,mais jen’airéponduàsonregardfroidqueparunautreregardquicontenaitsûrementunetristesserésignée.-Si tuveux la ramenerdans la familleArcheravecune telleattitude,boncourage,Maman.Continuecommeçaetlespoulesaurontdesdentsavantqu’ellereposeunpieddanscettemaison.-Pourquoielletechoisitaulieudecettefamille,çamedépasse.Jeluiaidonnélaseuleréponsepossible:-Parcequ’ellepensequejelemérite.J’ailancéunregardfadeàRomeetl’aicontournéenévitantsoigneusementmonpère.Jenemesuispasretournépourvoirs’ilsmesuivaient,maisquandjesuissorti,j’ailâchéunsoupirrefouléetairegardélaruerecouvertedeneige.Sesmotsm’avaientblessé,ilsmeblessaienttoujours,maisaulieudemesentirseuletautodestructeurcommed’habitude,maintenantjevoyaisbienquelesproblèmesvenaientd’elleetquejenepouvaisrienfairepourlafairechangerd’avisàmoinsqu’ellen’aillevolontairementsefaireaider.J’avaisjouélerôled’accusédepuistroplongtempspouravoirquelqueformedeclartéàluioffrir.-Rule.J’aisursautéenentendantlavoixdemonpère.Ils’étaitarrêtépourmettreunevestemaism’avaitsuividansl’allée.Romen’étaitpasaveclui.J’aibougémespiedsdanslaneigeetaienfoncémesmainsdanslefonddespochesdemonsweatshirt.-Ilfautqu’onenparle.-Onvoitquejesuislebienvenuchezmoi,heinPapa?Je l’ai regrettéaumomentmêmeoù je l’aidit. Ilyavait toujoursunpetitgarçonau fonddemoi quivoulaitl’approbationdesesparents,etj’avaisbeauessayer,jen’arrivaispasàluifermersonclapet.-Désolé,c’étaitcon.

Monpèreasecouélatêteet,pourunefois,j’aivuunremordsincèredanssonregard.-Jen’avaispasidéequeçaenétaitàcepoint-làavec tamère,Rule.Jenesuispas fandescheveuxbariolés,des tatouagessur tout lecorps,et çam’agace au plus haut point que tu t’habilles comme unvoyouuniquementpournousembêter,maisjenet’aijamaisreprochécequiestarrivéàRemy.Vousétiezdeuxgarçonstrèsdifférents,depuistoujours,maisjevousaimaistouslesdeuxautant.J’aientenducequetamèreadità l’enterrementmais jemesuisconvaincuquec’était ladouleur, lapeineexagéréed’unemèrequiaperdusonfilstropjeune.Jepensaissincèrementqu’ellearriveraitàsortirduchagrinetdeladépression,maisaveccequ’ellevientdedire, jecomprendsRome.Onabesoind’aide,elleabesoind’aide.Jen’interdiraijamaisàmonenfantdevenirchezmoi,cheveuxroses,bleus,verts,aufondçanecompte pas parce que je t’aime et je veux juste que tu sois heureux et que tu aies une belle vie. Jepréféreraisquetuévitesd’énerverlevieilhommequejesuisàlamoindreoccasionmaisjeneveuxpasque tupensesque j’aiun jour souhaitéquece soit toi au lieudeRemydanscettevoiture.Çan’auraitjamaisdûarriveràcettefamille,maisc’estfait,ettuasabsolumentraison,c’étaitunaccident.J’aifixémonpèrecommesij’avaisuninconnuenfacedemoi.Ilfaisaitfroidetjenesentaisplusmesorteils,maislesangbattaitfortdansmesveines.-Tunem’avais jamais dit tout ça. En général, tu t’énerves et tu t’en vas ou tu laissesMaman s’enprendreàmoidèsqu’ellelepeut.-J’aitoujourseudumalàtrouverunlienavectoi,Rule.Romeétaitmonpote,Remyétait lemeilleuramidetoutlemondeettoi,ehbientufaisaistavie,déjàtoutpetit,etjen’aijamaiseul’impressionquetuaiesbesoinquel’onteguidepourt’aideràallerlàoùtuvoulais.Tamèreestfragile,plusquejenelepensais,maisjecroisquejecontinuaisàespérerqu’elles’ensortetouteseule.Plusonétaitdurs,plusturésistais,tunel’asjamaislaisséet’atteindrecommeellelevoulait,jecrois.J’auraisdûymettrefinilyadesannées,maismaintenantjecroisquejevoiscombiencequ’onafaitaput’abîmer.-ElleveutquejesoisRemy.Ledireàvoixhauteàmonpère,c’étaitcommelâchertouslessecretsbiengardésdansmavie.Ila tousséeta frottésesgrossesmainsentreelles.Elleveutavoir avec toi la relation facilequ’elleavaitavecRemy.Remyn’avaitpasl’espritdecontradiction,ilnecréaitpasdeproblèmes, il suivait lecourant.Romesavaitqu’onnevoulaitpasqu’ils’engagedansl’Armée,maisill’afaitquandmêmeparcequ’ilesttêtuetveutfaireunedifférencedanslemonde.Tun’asjamaisétéfacileàvivreetcomplaisant.Tudétestaisavoirlapermissiondetelleheureettouteslesrèglesquel’ont’imposait,tuastoujoursétécréatifetdécalé.C’étaitdurdeseconnecteràtoi–ontedisaitd’alleràgauche,tuallaisenarrière.Ellen’a plus de fils qu’elle peut diriger, à qui dicter sa conduite. Ça lui manque de n’avoir personne àmaterner,çan’ajamaisdérangéRemyqu’ellelefasse,niShaw,maismaintenantShawachoisisoncampetMargotrégresserapidement.-Papa,jenepeuxpasrevenirici,pascommeça.Jesuiscontentd’avoirentendutoutcequetum’asditaujourd’hui, d’ailleurs j’aurais aimé l’entendre il y a des années, et peut-être qu’aujourd’hui je netraîneraispascettelonguelistedemauvaischoix,maisjeneseraiplussonboucémissaire.Ilasoupiré,aregardélaporteetRomequinousrejoignaitavecunairfuribond.–Quelquechosemeditquetun’espasleseulArcheràavoirpriscettedécision.-Shawaussi.JenelaisseraipasMamanlamanipulerdanscebordel.-Ouais,moinonplus.Elleestcommemafille.Romea rejointnotrepetitgroupeet il avait l’airbienencolère.Mesyeux clairs avaient tendance àtourneraugrisouàl’argentéquandjeressentaisuneémotionforte,maisceuxdemonfrères’allumaientd’unbleuvif,lacouleurdelabased’uneflamme.-Elleaperdulatête,putain.Sérieusement,Papa,ilfautqu’ellevoieunpsyetpeut-êtrequ’elleprenne

desmédicaments.Jen’arrivepasàcroirequ’elleaditcesconneriesàRule.Monpèreaencore soupiré et bougé pour faire tomber par terre les petits tas de neige qui s’étaientforméssursesépaules.-Jesais,fiston.JeviensdedireàRulequeleproblèmeestplusgravequecequejepensais.–Jen’aiplusquequelquessemainesdepermission ; fais-luicomprendreque je ne reviendrai pas àmoinsqu’ellenerécupèresatête.J’aiessayédeluidiremaiselleacommencéàcracherdesabsurdités,commequoiRulefaisaitunlavagedecerveauàtousceuxqu’elleaime.Ellel’acomplètementdiabolisé,sonproprefils.Jerefusedesoutenirlafaçondontelleletraite.-Vousêtestouslesdeuxdesbonsgars.Pourl’instant,prenezsoindevousetjevaism’occuperdevotremère.Jevousaimetouslesdeux.Nenouslaissezpastombertoutdesuite.Nousavonspartagéunetournéed’accoladesavecdegrandestapesdansledosavantqueRomeetmoineremontionsdanslepick-up.J’aidûlaisserlemoteurgéantchaufferavantque le radiateurenvoiedel’airchaud,alorspendantquenousattendions,jeregardaislepare-briseenneigé,lesyeuxdanslevide,tandisqueRomecontinuaitàblablatersurMaman.Ilétaitdégoûtéparsa réactionàmavisitesurprise,maismoipas.Enrevanche,j’étaisabasourdipar toutcequemonpèrem’avaitdit. Jenemesouvenaispas de la dernière fois que quelqu’un m’avait dit qu’il m’aimait, à part mes frères. J’avais oubliécombiencelamefaisaitdubien.-TuveuxprendrelaBMoulepick-up,vuqueçaneigebienmaintenant?-LaBMW.Jet’aivuconduire,petitfrère.TunerentreraspasàDenverenunseulmorceaudansunevoituredesport.C’étaitunbonargument.JevoulaisrentrerenunseulmorceauparcequejevoulaisprendreunnouveautéléphonepourShaw,allerlachercherautravailetpasserlanuitaulitavecelleenrouléeautourdemoi.Jevoulais lui fairemurmurermonnom,encoreet encore,de savoixenrouée. Jen’étaispas sûr,maiscettesensationglissantedansmapoitrineressemblaitpasmalàdel’amour.

Chapitre12SHAW

J’essayaisencoredecomprendrecommentfonctionnaitmonnouveautéléphone.Aulieuderemplacerl’ancienparlemêmemodèle,Rulem’avaitachetéletoutdernieravectoutletralala,etlamachineétaitdixfoisplusintelligentequemoi.J’essayaisd’envoyerunmessageàAydenpour luidirequejeseraisenretardpournotrecaféparcequ’undemescourss’étaitéternisé.Cesdernièressemaines,jenel’avaispasvueplusdequelquesminutesalorsnousavionsdécidédeprendrerendez-vouspoursedonnerdesnouvelles.Ellen’étaitpaselle-mêmeencemoment.EntrelesnuitsoùjedormaischezRule,cellesoùilétaitcheznous,etmavigilanceconstantepouréviterGabe,celan’avaitpasétépossibledemeposeravecellepourlafaireparler.Jemettais au point un assez bon rythme. Les jours où je travaillais, je dormais chez Rule, car sonappartementétaitplusprèsetquecelaneledérangeaitpasdevenirprendreunverreenattendantquejetermine;luietLouétaientmeilleursamis,maintenant.Lesjoursoùj’avaiscoursouquandjefaisaisduvolontariat,ilvenaitparfoispourledîner,souventjusteavantdesecoucher,etpassaitlanuitchezmoi.J’avaisdécidédeneplusfaire leservicedusamedipouravoirunesoiréedeweek-end libreàpasseraveclui.Ilaimaitbiensortiravecsesamislevendredietlesamedisoir,doncjem’étaisditqueceseraitsympadelui laisserunesoiréepourêtreavecsespotespendantque je travaillais.Etpuisc’étaitcoold’avoirunejournéepourfairelesmagasinsouregarderunfilm,pourmoiquiavaisprisl’habituded’êtretout le tempsoccupée.ÊtreavecRulem’avaitapprisquemon tempsétaitprécieuxetque jedevais lepasseràfairedeschosesquej’aimais,passeulementdeschosesquel’onmedemandait.C’estenpartiepourquoi j’estimais avoir le droit d’ignorer les appels demes parents qui se succédaient depuismonpassageàBrookside.J’aienfinréussiàenvoyermontextoetj’enaireçuunquidisaitqu’elles’étaitdéjàinstalléeetqu’elleavaitcommandépournous.Quandjesuisarrivéeaucafé,ilétaitpleindemondemaisAydennousavaitréservéuneplaceprèsdesfenêtresetjouaitsursontéléphone.Unetabléedemecsunpeunazesessayaitd’attirersonattentionenparlantetenrigolantfort,maisellen’avaitpasl’airdes’enrendrecompte.Nosmomentsentrefillesmemanquaient,etj’espéraisqu’ellemeparleraitdecequilaperturbaitdepuisunmois,mais avec tout ce que je devais gérer aussi, j’étais bien consciente que je n’avais pas été lameilleuredesamiescesdernierstemps.Jemesuislaisséetombersurlachaiseenfaced’elleet,pleinedereconnaissance, j’aisaisi laboissonmousseusequ’elle avait commandée pourmoi. Elle a fait unedrôledetêteetaposésontéléphone.-J’aifaillivoirtoncopainàpoil,cematin.L’expressiondesonvisagem’afaitrire.-Jenesaispasquoiterépondre…Ellearetroussélenez.-Iln’estpastrèspudique,non?-Vousvousêtesdéjàcroisés,ilmesemble?Elleaprissoncaféetm’aregardéepar-dessuslegobelet.

-J’imaginequ’iln’apasvraimentàs’inquiéter,hein?Jenesaispascommenttufaispournepasêtredéconcentrée par tous ces dessins sur lui. Je crois que je passerais tout mon temps à regarder sestatouagesaulieudepasserauxchosessérieuses.-C’estpasmal.-J’imagine.Sonbeauregards’estperdudanslevideetjenepouvaispluslelaisserpasser.-Ayden,dis-moicequ’ils’estpassécesderniers temps.Jesaisque j’aiétéabsorbéeparmessoucismaisjevoisquequelquechoseachangé.Tuastoutletempsl’airtriste,etçaneteressemblepas.Sesyeuxcouleurwhiskyontregardésurlecôté,puisdel’autrecôté,avantdeseposersurlatableentrenousdeux.Elleavaitreposésoncaféetfaisaitletourdureborddugobeletavecsondoigt.-Jenesaispas,enfin,jesais,maispasvraiment.Jeme suiscontentéede la regarderparceque je n’étais pas sûre de saisir le fond de sa pensée. Jepensaisquej’avaistoutprévu,lesétudes,lesgarçons,monavenir,tout.Jesavaisquevenirdenullepartsanspersonnen’étaitpasimportantcarj’étaissurlabonnerouteet j’allaisfairedegrandeschoses.Etmaintenant,jenesaisplus.-Qu’est-cequit’afaitpenserça?-L’autresoiraubar,quandJetm’aramenéeàlamaison,jemesuispresquejetéesurlui.Jel’aivueavoirunpetitticnerveux.-Polimentilm’aditquejen’étaispassongenreetquelesfillessympascommemoiméritaientmieux.-Çamesembleassezgentiletcourtoisdesapart,rienquichangeunevie.-Maisc’estça,Shaw,jesuisunefillesympa,maintenant!Mais tun’asaucuneidéede lavieque jemenaisavantdevenirvivredansleColorado.Quand j’étaisdans leKentucky, j’étais incontrôlable.Jefaisaislafête,jetrempaisdanspleindetrucspasterribles,jem’amusaisavectropdemecs,etj’étaisunecatastrophedudébutàlafin.Ilafalluunmiraclepourquej’arrivedanscettefacetquejem’éloignedetoutça,maisilyaunepartiedemoiquiesttoujourscettefilleetquandJetm’aditnon,cesdeuxpartiesdemoisesontentrechoquées.Ilestmignon,dansungroupe,etj’étaisencolère,vraimentencolèrequandilm’arepousséesousprétextequej’étaisunefillebien.C’estjustequejenecroispasquejeveuilleêtrecettefillebien.Jeruminetoutçadepuis.J’aiposémoncaféetl’airegardéeenplissantlesyeux.-Tuaslaisséunmectevrillerlecerveauaprèsuneseulepetiterencontre?Çaneteressemblepasdutout.Ilyavaitquelquechoseaveccemec,Shaw.Jenesaispascequec’était.-Ayden, tuesgéniale. Jeme fichede lavieque tuavaisavantparcequemaintenant, tu es loyale etgentille, tume fais rire, tu es plus intelligente que presque toutes les personnes que je connais, tu estellementbellequec’enestridicule,etonsaittouteslesdeuxquecesdeuxdernièresannées,ilyaeudespériodesoùtuétaislaseulechosequimepermettaitdetenirlecoup.J’aivuJetplusieursfoiset ilestsympa,etcertesbeaugosse,maisc’estaussiunmecrockandrollavecdes légionsdegroupiesquisepâmentdevantlui,alorscemomentquetuaspasséavecluineméritepasquetudoutesde toi-mêmeetquetutemorfondes.-…ditlafillequis’estlanguiedesonmecensilencependantunedemi-décennie.Sonsarcasmeétaitmordant,maismérité.-Oui,etregardecommeçam’arendueseuleetmalheureuse.Toutcequejedis,c’estquesiunmecnet’appréciepaspourtoutcequetuasdemerveilleux,c’estqu’ilnevautpas lecoup,ets’ilneveutpassouillertabelleimage–qu’ellesoitvraieoupas–,alorsjesuisdésoléemaisçaveutpeut-êtredirequ’iln’estpasintéressé.Tuesplutôtcountryetilestplutôtrock.Jeveuxdire,jesaisquejesuisenpleindans«lesopposéss’attirent»ettoutçadepuislongtempsavecRule,maispeut-êtrequecen’estpasvraiet

que tun’es vraiment pas son genre. J’ai vu les filles qui gravitent autour desmecs quand ils sortent.Putain,jelesaivuesdanslelitdeRuleplusd’unefoisetcrois-moi,groscerveau,confianceensoietambitionnesontpasleursplusgrandesqualités.Elleasouffléfort.-Peut-être.Çam’ajustefaitréfléchiràcequej’étaisentraindefaire.Jevoisdesmecs,jepasseunbonmoment,j’adorevivreavectoietjem’ensorssuperbienà la fac,mais j’ai l’impressionqu’ilmanquequelque chose et quand je vois ton copain tatoué super sexy à moitié à poil avec un air endormi etsatisfait,j’aiunepetitebrûlureprèsdemoncœurquimefaitmal.Jecroisquejemesensseule,etjeneveuxpasdequelquechosedesimplesansprisedetête.Crois-moi,j’aiassezdonnéquandj’étaisjeune.J’airigoléetprisunpeudemousseavecmondoigtpourlamettredansmabouche.Jecroisquelatabledegeeksenaeulesoufflecoupé,maislorsquej’ailevélesyeuxilstapaienttousfrénétiquementsur leclavierdeleurordinateur.- Et tu choisis de t’amouracher d’un chanteur de heavymetal ?Dis donc, tu as un goût fabuleux enmatièred’hommes.Ellearigoléavecmoiets’estpenchéeenarrièrepourcroiserlesjambes.-Jepensequeçava sûrement disparaître toutseul,mais en attendant il faut que je trouve lemoyend’avancer sans oublier totalement qui je suis. Je veux dire, regarde-toi, tu n’es pas soudainementrecouvertedetatouagesdespiedsàlatêteoudepiercingspartoutsurlevisage.TuasprislaphilosophiedeRule,fixersespropresrègles,ettul’asutiliséepourt’adouciretprendrelecontrôlede tadestinée,paspourtetransformerenquelqu’und’autre.Elleavaitenpartieraison.Etjemesuisditquecen’étaitpaslemomentdeluiannoncerquejepensaissérieusementàmefairepercer les tétons.Rulen’arrêtaitpasdemedirecombien ilsétaientsensibles,commec’était facile dem’exciter, de jouer avecmesnerfs rienqu’en jouant avec.Après avoir eu denombreuses relations sexuelles avec quelqu’un qui était percé à des endroits stratégiques, je savaisexactementcommentcespetitsbijouxpouvaientaméliorerl’expérience.Jen’avaisconnuqueRule,doncjenesavaispascommentc’étaitsansbarbellsurlepénisetdanslalangue.Maisvucommec’étaitbonaveclui,jen’avaisaucuneenviededécouvrircommentc’étaitsansornements.Jenevoulaispaslefairepour lui, je voulais le faire pour moi, mais je n’étais pas sûre d’être prête à prendre un si grosengagement.-Ilm’influence,depuistoujours,maisjeneveuxpasêtreavecquelqu’unquin’estavecmoiquepourmefairechanger.-Jesais,etmoinonplus.Jecroisquequandjesuispartiedechezmoi,j’avaisdansl’idéequesijenechangeaispas,j’allaisrestercoincéedansceshabitudespour toujours,etd’unecertainefaçon j’ai toutperdudel’Aydenpré-Denver,mêmelesbonneschoses.J’aitendulebrasetaiserrésamaindanslamienne.-Peut-êtrequetuentressimplementdansunenouvellephase,peut-êtreque tun’esni l’ancienneni lanouvelleAyden,maisuneexcellenteincarnationdesdeux.Tuesbiencommeça,cellequetuétaisetcellequetuveuxêtresonttrèsbien.-J’espèrebien.Alors,est-cequetuasvuGabeoueudesnouvellesdelui?J’aisecoué la têteetmesuis reculéesurmachaise.Non. Je l’ai vu sur le campusmais il garde sesdistances.D’aprèslecopaindeRule,l’ancienflic,le jugeDavenportn’étaitpascontentquelenomdeson fils apparaisse dans un tribunal public, donc peutêtre qu’il lui a mis des limites. Les gars fontvraimentdubonboulotpourresterprèsdemoi,aussijenepensepasqu’ilaitleculotdeseconfronteràRuleouàRome.J’évitesoigneusementtoutcontactavecmesparents.S’ilessaiedeselesmettredanslapoche,çanejouerapasensafaveur.-Alors,c’estquoileplanàlongterme?Romevabientôtdevoirretournerjouerausoldat,etmêmesije

suissûrequeRuleaimet’avoirprèsdelui,çavafinirparêtrelassant.Lapériodelunedemielnevapasdurertoutelavie.Celam’inquiétaitdéjà.Pourl’instant,celaavaitl’airdeluiplairedeveniraubar,etlefaitdejongleravecnosemploisdutempsdefouspourquenouspuissionsnousvoiretqu’ilgardeunœilsurmoinesemblaitpasledéranger.Maisj’étaisd’accordavecelle,celanepourraitpasdureréternellement.-Jenesaispasquoifaire.Silesystèmejudiciairenepeutpasm’aideretquemespropresparentsseliguentcontremoi, jenevoispasdesolution.Jevoudrais justequ’il trouve une autre fille acceptablesocialementetqu’ilm’oublie.-Jenesaispasnonplus,maisjesuiscontentequetun’essaiespasdegérerçatouteseule.-Rulemefaitdubien.J’ail’impressionquemaviem’appartientenfin,maintenantqu’ilenfaitpartie.-Est-ce que tu lui as dit que tu étais amoureuse de lui, et ce depuis une éternité? J’ai bu quelquesgorgées de mon café et j’ai avalé de travers. J’ai toussé une seconde jusqu’à ce que mes yeux seremplissentdelarmes.-Non!Tuesfolle?Pourquoiest-cequejeferaisça?Ilsaitdéjàqu’ilmeplaîtdepuis ledébutet jecroisquerienqueça,çaluifaitbizarre.Jeneveuxpasluimettredepression,qu’ilsesenteobligéderessentirlamêmechosepourmoi.Ilveutqu’onsoitensembleetilfaitunvraieffortpourêtredanscetterelation,etpourl’instant,c’estsuffisant.Elleaclaquélalangueetm’apointéedudoigt.- Si tu crois que tu arrives à cacher ce que tu ressens pour lui, tu temets le doigt dans l’œil. Lessentimentsquetuaspourcegarçonrayonnentautourdetoicommeunelumièrevive.Illevoitforcémentchaquefoisqu’ilteregarde.Jejouaisnerveusementaveclapointedemescheveux.-Ehbienilnem’enajamaisparléetçamevatrèsbiencommeça.-Tuesvraimentbête.Tuesamoureusedecemecdepuisquetuesado,etmaintenantquetul’as,tuasencorepeurdet’ouvriretd’êtrehonnêteaveclui?Onpourraitsedirequetun’aspasenviedeperdreplusdetemps.-C’estdeRulequ’onparle.Ilestimprévisibleetnegèrepassesémotionscommelaplupartdesgens.Jeneveuxpasluifairepeurenétanttropintense,tropvite.J’aivucequ’ilfaitauxgensquilepoussenttropetcen’estpasbeauàvoir.-Çavautcequeçavaut,maisjepensequ’ilesttoutaussiaccroàtoiquetoiàlui.Cetteauraquetuas,ehbienill’aaussi,maisdefaçonplussombreetconfuse.Entoutcas,çafaitplaisiràentendre.Jenesaispassij’ycrois,maisc’estuneidéequimeplaît.Nousavonspasséplusd’uneheureàdiscuterdanslecafé.Nousavonsparlédescours,etjeluiaiunpeuparlédelacrisedeMargotquandRuleestallécherchermavoiture.NousavonsparléduboulotetdecombienLorenétait ridiculechaque foisqu’elleouvrait labouche.Nousavonsprévud’aller faire lesmagasinsleweek-endsuivant,aprèsunautrepassageausalondebeauté.Nousnoussommesquittéessuruncâlinqui,j’ensuispresquesûre,acausénombred’érectionsjuvénilesàlatabledesgeeks,etj’aiprisladirectiondeCapitolHill.CommejenetravaillaispasetqueRomeétaitretournéauxSpringspourunautreexamen,j’avaispromisàRulequejelerejoindraisausalonetquej’attendraisqu’ilenaitfiniavecsondernierclient.Jen’étaisjamaisentréedanslesalonpendantleshorairesd’ouverture,etquandj’aiouvertlaportej’aiétéunpeusonnéepar toute l’activitéquiy régnait.Derrière le comptoir, il y avait une fille avec descheveuxsupercourts décolorés aussi blancs que lesmiens et coiffés en pics dans tous les sens. Ellerépondaitautéléphone,géraitlesgensquierraientdanslasalled’attenteetorientaitlesclientspotentielsverslesportfoliosqu’ilsrecherchaient.Troisautresartistesétaientinstalléssurlespostesdetravailqui

n’étaientpasoccupésparNash,RowdyouRule.J’airemarquéquel’uned’entreellesétaitunetrèsbellefille aux cheveux noirs et verts qui semblait sortie d’une BD. Il y avait aussi six clients, dans despositions diverses, qui se faisaient tatouer des motifs divers, en lançant des regards et des bruitsd’inconfort qui provoquaient des blagues de la part de leurs amis et des tatoueurs. La sono passaitAgainstMe!àfond,etl’ambianceétaittrèsénergique,enthousiasmante.J’avaisdumalà imaginerquedesgenspuissentsibiengagnerleurviedansunenvironnementaussibarré,maiscelasemblaitconvenirparfaitementàlapersonnalitédeRule.Je suis restée une bonne minute devant la porte, à observer tout ce qui m’entourait, jusqu’à êtrebousculéeparunefilledansunpantalontropserréetdesUggshideuses.Elleavaitlescheveuxcrêpésenun chignon et je voyais qu’elle avait les deux bras tatoués sous son minuscule tee-shirt. Je supposequ’elle était mignonne dans le genre vulgaire et désespéré, mais la fille derrière le comptoir n’avaitapparemmentpasdetempsàperdreavecellecarsavoix,claireetforte,avecunsoupçond’accentdelacôteEst,luiaditnonfermementetsansgrâce:-Tire-toi,Liza.Jet’aidéjàditautéléphonequ’iln’avaitpasdeplaceavantdeuxsemainesetiln’apasl’intentionderesterlesoirpourfairetesretouches.Lafilleamarmonnéquelquechosequejen’aipasentenduets’estpenchéepar-dessuslecomptoir.Laréceptionniste,oujenesaisquelétaitsonposte,alevélesyeuxaucieldefaçonthéâtrale.-Bon,laisse-moit’expliquerçaclairement;tunel’intéressespas.Tuesunecliente:tuluidonnesdel’argentpourqu’il te tatoue,paspour sortirouflirteravec toi. Ilestoccupé,et je veux dire vraimentoccupé, alors si tu veux qu’il travaille sur toi, tu vas prendre rendez-vous et venir à l’heure prévue,commetoutlemonde.Enplusilaunecopine,maintenant,etlespetiteslapinestatouéesnel’intéressentplus.J’ai clignédes yeuxde surprise quand jeme suis rendu comptequ’elle parlait trèsprobablement deRule, et que j’étais très probablement la copineenquestion.Qu’est-ceque c’était bizarre ! La fille acontinuéà fairesapetitecrise jusqu’à ce qu’il soit très clair que la petite boule de feu blonde ne lalaisseraitpaspasser.Ellem’abousculéeenressortantetunétudiantbienpropresur luiaprissaplacedevantlebureau.Ilaprisrendez-voussansproblèmeetj’aicontinuéà regarder le fluxet le refluxdesclientsjusqu’àcequelafillem’accordefinalementsonattention.-Est-cequejepeuxt’aider?Ellen’étaitpasfranchementaimable,plutôtpragmatique,etj’aiunpeusursauté.-J’attendsjustequelqu’un.-Tupeuxt’asseoirici,situattendsunclient.J’aimismescheveuxderrièremesoreilles,j’aiunpeuinclinélatêteetl’aiobservéeprudemment.-J’attendsRule,enfait.Maintenant qu’elle me regardait, je pouvais voir qu’elle avait des yeux très inhabituels, l’un étaitmarronfoncéetl’autreunmélangedebleuetdevert.Ellealâchéuntrèslourdsoupiretm’aregardéeenplissantlesyeux.-Commeje l’aidità l’autreputeà tattoos,Ruleestoccupé.Si tuveux levoir, il fautque tuaiesunrendezvouscommetouslesautresclients.J’aipouffécontremongré.–Puteàtattoos?C’estcommeçaquetulesappelles?Maquestionaeul’airdelasurprendre.Ouais.Tun’imaginespascombiendepauvresfillesdanscettevillesebaladentavecuntatouagedébiledanslebasdudosjusteparcequ’ellesvoulaientbaisserleurculottedevantundesmecs.-Oh,j’imaginecarrément.Elleaposésescoudessurlecomptoiretm’aregardéedehautenbas.

-Commenttuasditquetut’appelais?-Jenel’aipasdit,maisenmêmetempstunemel’aspasdemandé.JesuisShaw,jenesuispasuneputeetjen’aipasdetatouagedoncaucundesdeuxnefonctionnepourmoi.Dèsquej’aiditmonnom,elleestrestéelabouchegrandeouverteetellea reculé legrandfauteuilencuirsurlequelelleétaitassise.Sesyeuxmulticoloressesontécarquillésetelleaplaquésesmainssurlasurfacedemarbrequinousséparait.-Putaindemerde!C’esttoi,Shaw?Tuexistesvraiment?Incroyable!Lesgars,lacopinedeRuleestlà, et c’est genre, une vraie fille avec un vrai cerveau. In-croy-able.Ça fait des semaines que le trioterribleparledetoietjen’ycroyaispas,maistevoilà.Commedansunfilm,touteslespairesd’yeuxsesontsoudaintournéesversmoi.J’avaispassébeaucoupdetempsavecNashetRowdycesdernièressemaines,quim’onttouslesdeuxaccueillieavecunsimple«salut»etsontretournésàcesurquoiilstravaillaient.LeregarddeRulem’aretournéedel’intérieuretilm’afaitunclind’œilavantdes’asseoiretdeparleraugaminqu’iltatouait,puisd’essuyerl’encresursapeau.Lestroisautresartistesmeregardaientfixement,cequiauraitpumemettresupermalà l’aise,maislablondeavaitquittésonfauteuilàtoutevitesseetsetenaitmaintenantdevantmoi.Ellefaisaitàpeuprèslamêmetaillequemoimaispesaitbienquinzekilosdemoins,etjenesaispaspourquoimaissescheveux la faisaient paraître plus grande, et c’était dur de croire qu’une voix aussi forte sorte d’unensembleaussipetit!Elleétaitcommeunpetitlutinpunk.-Est-cequetuaslamoindreidéedutempsquej’aiattenduavantqu’undesmecssetrouveunecopinesérieuse?Uneéternité!Renvoyerleslapinestatouéesn’ajamaisétéaussisatisfaisantqu’aujourd’hui,etjen’auraisjamaispariéqueRuleseraitlepremieràtomber.Elleafaitunsignedemain,par-dessussonépaule,vers l’autre côté dusalonoù travaillaient les trois artistes que je ne connaissais pas, et les amontrésdudoigttouràtour.-Bixie,elleestmariéeàunpompierdoncçan’a jamaisété trop lebordel avecdesclients bizarresobsédés,Maseaunecopineparintermittencedoncilsaitsetenir.Maisquandilsnesontpasensemble,ilfaitdelaconcurrenceàRuledanslegenrequeutard.Jasper,enfinonl’appelleJaz,restediscretlà-dessusparcequ’iladesliensaveclesKingsofSorrow,leclubdemotardsducoin,etapparemmentc’estcenséêtre topsecretalors les lapinesne traînentpas troppour lui.Mais le trio terrible,putain, jepassemajournéeàmontrer laporteàcespoufs, tous les jours,etmêmedepuisqueRuleestcasé avec toi, j’ail’impressionquec’estmonboulotàpleintemps.Elleparlaittellementviteettellementfortquej’avaisdumalàenregistrertoutcequ’ellemedisait.Enplus Rule avait enlevé ses gants et s’approchait demoi de cette façon qui rendaitmes jambes toutesmolles. Il se déplaçait avec une aisance tout en souplesse, sexy et confiant, et puis ses cheveuxcommençaientàrepousseretj’aimaisbienlescheveuxcourtspresquenoirsquirecouvraientsoncrâne.-Turacontesdeshistoiresàmacopine,Cora?Jet’aiditquejeconnaissaisShawdepuislongtemps,tunepourraspasluifairepeur.Ilacontournélecoindumuretetavantquej’aieletempsdem’inquiéterdesavoirsic’étaitacceptablequejeletoucheautravail,ilm’avaitprisedanssesbras,sesmainsdansmescheveuxetsabouchecolléedebiaiscontre lamienne. Ilavait un goût de café et de bonbon à lamenthe ; il ne semblait pas êtredérangéparlefaitquetoutlemondenousfixaitencorependantqu’ilmedévoraitassidûment,commesionnes’étaitpasvusdepuisdesmoisalorsquecelanefaisaitquequelquesheures.Iladonnéunderniercoupdelangue,enfaisanttaperlepiercingdesalanguecontremesdents.Quandils’estreculé, jesuissûrequemesyeuxétaientvitreuxetj’avaisdumalàrespirer.Jemesuisraclé lagorgeet j’aiposéunemaintremblantesursontorseletempsdereprendremesesprits.- Ildoitmeresterunedemi-heuredeboulot.Çane t’embêtepasd’attendre?Tu peux venir te poser

derrièreetbossertescoursoucequetuveux.J’aiacquiescéetj’aifaitunpasenarrière.-Non,restelàetpasseletempsavecmoi.Jemeursd’enviede toutsavoirdecettecréaturemythiquequiaréussiàlefaireagircommeunêtrehumain,pourunefois.Ilajetéunregardagacéaulutindanssondos.-Shaw,jeteprésenteCoraLewis.C’estlagérantedusalon,etnotreexperte interneenmodificationscorporelles.Elleahausséplusieurs fois lessourcilsenme lançantunregard lubrique,puiselleamontréRuledudoigtentournantsonpoignet.-Puisquetuesaveccejeunehomme,j’imaginequetuconnaisbienmontravail.J’airetenuunrireetmesuisétouffée,etj’aimislamaindevantmabouchealorsquelecoudeRulesemettaitàrougir.-Sérieux,Cora?Elleahaussésapetiteépaule.-Quoi?C’estvrai,non?Sesyeuxarctiquessontrevenussurmoietledépitquej’yvoyaism’afaitexploserderire.–EllevientdeBrooklyn.Personnenesaitoùl’onclePhilestallélachercheretilsrefusentdenousledire,maisellefaittournerlesaloncommeunehorloge.Sanselle,lamajoritéd’entrenousnesauraitpasoùdonnerdelatête.–Jepeuxresterlàett’attendre.Enrevanchej’aifaim.Ils’estpenchéetamisses lèvresprèsdemonoreille.-Oh,t’inquiète,jetenourriraiquandj’auraifini.Unfrissonchaudm’aparcouruealorsjeluiairenduunregardauxpaupièreslourdes.-Miam.Ilm’afaitunbisousurlajoueetestretournéàsonclientquil’attendait.J’airegardéCoraetj’airougienvoyantqu’elleavaitungrandsouriredérangécommelechatduCheshire.Alorsc’estcommeça,hein?J’aiclignédesyeuxetaipiétinémaladroitement.Elleaprismamainetm’atiréederrièrelecomptoiravantdemepousserdansunautrefauteuilencuirquiétaitdansuncoin.-Commequoi?Elleafaitpivotersachaisepourquenoussoyonsfaceàfaceetm’aregardéedroitdanslesyeux.-C’estchaudetintense,etmignonettoutdouxenmêmetemps.Jenesavaispasquelepetitconpouvaitêtrecommeça.Tulerendshumain.C’étaitladeuxièmefoisqu’elledisaitcelamaisj’aidûattendrequ’elleaitréponduàquelquescoupsdetéléphonepourluiposerlaquestion.-Qu’est-cequetuveuxdireparlà,exactement?- Ça fait cinq ans que je travaille avec Rule. J’étais là quand Nash et lui ont commencé leurapprentissagejusteaprèslebac.Philetmoi,onseconnaîtdepuislongtempsalorsçafaitunmomentqueje côtoie les gars. J’adoreRule. Je crois que c’est génétiquement impossible de ne pas être àmoitiéamoureusedeluiàpartirdumomentoùtuasunvagin.Ilyaquelquechose,danssonattitudeénervéeetlunatique,quidonneenviedeluifaireungroscâlinpourqu’ilsesentemieux.Jevoyaistrèsbiencequ’ellevoulaitdire,alorsj’aisimplementacquiescé.-Maisilestaussiarrogantetexplosif, il traitelesfemmescommede lamerdeet laplupart le laisses’ensortirsansriendire,etpendantunbonmomentaprèslamortdesonfrère,jel’aivuvivresavieenmodeautomatique. Ilvenaitau travail, traînaitavec lesgars,me faisait chierquotidiennement, abaisétouteslesfemmesduColorado,maisilfaisaittoutçadepuissabulle,oùaucundeceuxquil’aimaientne

pouvait entrer. Il était froid et inaccessible. Et puis, tout à coup, on a vu des fêlures qui laissaientapparaîtreunpeude l’ancienRule.Laversionrobotiséede luimême, qu’il contrôlait depuis tellementlongtemps, a commencé à s’effacer et le bon vieuxRule humain était de retour, et je pense que ça aquelquechoseàvoiravectoi.-C’estvraimentgentildedireça.-Cen’estpasde lagentillessesic’est lavérité.Alorsdis-moi commentunepetite fille à lavanillecommetoi,peauviergeetsanspiercings,s’intéresseàunmeccommeRule.Aupremierregard,jenemediraispasquec’esttongenre;tufaisplutôtpantalonàplisqueDickies,situvoiscequejeveuxdire.J’enroulais unemèche de cheveux autour demon doigt et je la regardais taper plein de choses surl’ordinateur. Elle était affreusement efficace et rapide, et je n’étais pas sûre de vouloir lui détaillercombienjetrouvaisRulesexy.-Quandilavaitseizeans,unjourilestrevenuavecuntatouagehorribled’unferàchevaletd’untrèflesurl’avant-bras.Philavaitoffertunemachineàtatoueretunpeud’encreàNashpoursesseizeansetaulieu d’apprendre sur des peaux de cochon ou des melons, ils avaient décidé qu’ils essaieraientd’apprendrel’unsurl’autre.Ilsonttoujourseuundonartistique,touslesdeux.Nashétaitplutôtbranchéstreetartetgraffiti,etRule s’est juste retrouvé às’amuser avec ça et a découvert qu’il avait un vraitalent.Bref, j’étaischezluiet jenesaispassi tuaspurencontrerRemy,maiscesdeux-làétaientpirequ’identiques :mêmeyeuxbleus,mêmecheveuxbruns,même beauté surréaliste.Mais Rule est rentréaveccetatouagemocheettoutàcoup,c’étaitunautrehomme.Ilavaitprispossessiondesapeau,l’avaitmarquéepourdéfinirquiilétaitetcommentilétaitdifférentdeRemy,etc’étaitbeaudevoircombienilaimait l’influencequesonchangementd’apparence avait sur son identité. Il a toujours étébeau gosse,mais quand il a commencé à personnaliser son corps, il l’a sublimé. Sans tous ses tatouages et sespiercings,ceneseraitpasRule.-Ettoi?Tun’aimespastropça?-Jenesaispasvraiment.J’aigrandiavecdesparentstrèsparticuliersetsijem’étaispointéeavecuntatouageouunpiercing,ilsm’auraientpuniejusqu’àl’âgeadulte,doncjen’yaijamaispensé.-Tuasquelâge,maintenant?-Jeviensd’avoirvingtans.-Tuvistoujoursavectesparents?-Nan.-Alorsest-cequetunedevraispasavoirledroitdefairecequetuveuxdetoncorpssansavoirpeurdeleurréaction?J’aisoupiréetj’aifaitpivotermachaisededroiteàgauche.-Ouais.Enfaitjesuisentraindepenseràfaireunpetitquelquechose.-Untatouage?TusaisqueRulepourraitt’enfaireunmagnifique,surtoutqueceseraitluiquidevraitlevoirtoutletemps.Nousavonsrigolé toutes lesdeuxet lesmecsnousont regardéescurieusement.Non, jepensaisàmefairepercerlestétons.Jen’étaispasaussibavarded’habitude,maisjemesuisditquecommec’étaitsonmétier,c’étaitcommeparlerd’unproblèmedesantéàundocteur.Sesyeuxvaironssesontouvertsengrandetellem’afaitunlargesourire.-C’estsupersexy.J’aihaussélesépaulesetj’aicontinuéàjoueravecmescheveux.-Jetrouveçajolietcommetudisais,jeconnaisbientontravail,doncjesaisqueçapeutêtregénial.C’estjustequejenesuispassûred’êtreprêtepouruntrucaussiextrême.

-Çaprendunmomentàcicatrisermaisunefoisquec’est fait,c’estde la folie.Si tu tedécidesà lefaire,dis-moietjeteleferaigratuitement,tun’aurasqu’àpayerlesbijoux.-Ehbienl’anniversairedeRuleestlemoisprochain;sijelefais,ceseraavant.Elleatapédanssesmainsetarigolécommeunepetitefille.Elleétaitunpeutaréemaisjecroisquejel’aimaisbien.J’avaistoujourseubeaucoupdemalàmefairedesamis ;êtresimplementà l’aiseavecquelqu’unquejeneconnaissaispasétaitunepreuvedetoutelabonneinfluencequeRuleavaitsurmoi,etvoilàquejeparlaisaveccettefillefarfeluesansréservesetsansinhibitions.-Oh,unesurprisesexy, j’adore l’idée.Je t’aidit, tiens-moiaucourantetons’arrangera.J’aimevoirmesgarsheureuxetprendresoind’unefillebien.NousavonsdiscutépendantfacilementuneheuredepluscarcesurquoiRuletravaillaitluiprenaitpluslongtemps que prévu. Je l’ai regardée s’occuper des clients qui avaient terminé et aider quelquespersonnesquiétaientvenuesposerdesquestionsetvoulaient prendre un rendez-vous. Elle a viré uneautrefillequicherchaitRowdy,etquandRuleestvenujusqu’aucomptoiravecsatoileetsonpansementtoutfrais,j’avaisl’impressiondem’êtrefaitunenouvelleamie.Elleétaitsarcastique,pleined’esprit,etsaperspicacitésurlefonctionnementdemonhommeétaitclaireetmedonnaitunpointdevuetotalementdifférent.LeclientdeRuleavaitl’aird’avoiràpeinequinzeans,maisilarboraitdéjàdetrèsbellespiècesettoutsonbrasétaitrecouvertd’encreetbrillantdepommade.J’airemarquéleregardappuyéqu’ilm’alancéensortant,etapparemment,Ruleaussi. Ilamisune tapederrière la têtedugaminet lui adit que s’ilvoulait finirsamanchette, ilavait intérêtàgarder ses yeux dans sa poche. Ilm’a demandé d’attendreencoredixminutes,letempsdenettoyersonposte,etquenouspourrionsyaller.Jel’airegardémarcherjusqu’àsonposteetj’airemarquéquelaclientesurquitravaillaitNash,etlajeunefillequeledénomméMase tatouait, le regardaient aussi. Cora avait raison : il avait une espèce d’attirancemagnétique quitouchaitlesexeopposé,ettantquejeseraisaveclui,j’allaisdevoirm’yfaire.Il est revenu me chercher quelques minutes après, a tendu un sac à Cora et a crié au revoir à lacantonadepuis ilm’a tiréedans l’airglacialdusoir. J’ai frissonnésans levouloiretmesuis réfugiéecontreluialorsqu’ilrelevaitlacapuchedesonsweatshirtsursatêtetoujoursquasiraséeetpassaitsesbrasdanslesmanchesd’unevestenoireaveclenometlelogodusalonbrodésdansledos.-Tuveuxqu’onsefasselivrerquelquechoseouqu’onaillemangerquelquepart?Ilfrottaitsesmainsl’unecontrel’autrepuislesapasséessousmescheveuxpourtenirmanuque.Ellesétaientfroidescommedesblocsdeglaceetj’aifrissonnéencoreplusfortjusqu’àcequ’ilmetirecontresontorseetcalematêtesoussonmenton.-Livraison,commeçajen’aipasbesoindebougermavoiture.-Cool,qu’est-cequetuasenviedemanger?Jevaisappelersurlaroute.-Peuimporte,vraiment.J’aijustefaim.-Pizza?-Çamarche,maispasdepoivronsvertsoudechampignonssurmamoitié.J’aipassémonbrassouslesienetaiessayédesuivrelerythmedesesgrandesenjambéespourrentrerjusqu’àl’immeublevictorien.Monportableavibrédansmapocheetj’aifroncélessourcilsenvoyantquec’étaitencoremonpère.J’étaissûrequemamèreluiavaitracontéjenesaisquellehistoiresurmadernièrevisite,maisjen’avaistoutsimplementpaslapatiencederecevoiruneleçondemoralitésurlechoixd’unpartenaireamoureuxacceptabledelapartd’unmecdontlanouvellefemmeétaitàpeineplusâgéequemoi.J’aienvoyél’appelsurmessagerieetj’ailâchéRulepourfaireunpasdecôtéetéviteruneflaquegeléeparticulièrementdangereusesurletrottoir.Ilm’ajetéunregardnoiretarécupérémamain.Ilm’atiréeenmeretournantpourquejesoispresséefaceàlui,etilacontinuéàmarcherenmeguidantà

reculons.-Jenevaispastelaissertomber.J’ailevélesbraspourposerlesmainssursesépaulesetailevélesyeuxverssonregardaussigivréquelaneigequirecouvraitlesoltoutautourdenous.-Non?-Non.Tunemefaispasconfiance?-Laplupartdutemps,si.-Pourquoipastoutletemps?Nousnoussommesarrêtésdevantl’immeubleetj’aidéplacémesmainsdesesépaulesàsanuque,cequiafaittombersacapuche.-Parcequejen’aijamaisfaittotalementconfianceàquelqu’un.Cesont lesgens importantspourmoiquisemblenttoujoursfaireleplusdedégâts.-Jeneseraipasl’unedecespersonnes,Shaw.Siseulementilsavaitcombiencelam’avaitbrisélecœurchaquefoisquejel’avaisvuavecl’unedesesconquêtes,ilnediraitpascela.J’aifaitunpetit sourire forcéetai frôlédemesdoigts lescheveuxnoirsetdouxquicommençaientàpoussersursatête.-J’espèrequenon.Ilajustesecouélatêteetm’apousséedansl’appartementcarilfaisaittropfroidpourcontinueràfairelesidiotsdehors.Ilaenlevésavesteetsonsweatd’uncoupd’épauleetestvenuversmoipourprendremesaffaires.-Nashaunrencardcesoir,ilrentreratard,voirepasdutout.Iladisparudanslecouloirpourdéposerlesvêtementsdanssachambreetestrevenuautéléphoneaveclapizzeria.J’aisortidesassiettesetluiaitenduunebière touten regardant,dansuneffort inutile, si je trouvaisdequoi faireunesaladedans lefrigo.Ilfallaitquejerapportedelanourriturenormaledanscetappartementouj’allaisatteindrelepoidsd’unbébéhippopotame.-Jecroisqu’ilenasûrementassezdemevoirdanssagarçonnière.Aydenm’aditqu’ellet’avaitvuàpoilchezmoicematin.Ilsenontpeut-êtremarredenous.Ilarigoléetabuunegorgéedebière.-JenevoulaispasprendreAydenparsurprise,cematin.Jecroyaisqu’elleétaitpartie.Jenesavaispasqu’elleétaitjustealléecourir.- Ouais, elle fait ça tous les matins et ce n’est pas comme si elle se plaignait, d’ailleurs elle acomplimentélavue.Ilaricané.-ÇanedérangepasNashquetusoislà.Ilaimebienlefaitquetucuisinespourdevraietqu’onaitpasbesoin de se faire livrer ou de ramener àmanger tous les soirs. En plus, tu sens bon et tu ramassestoujourslestrucsqu’onlaissetraînern’importeoù.Siçal’énervaitquetusoisici,ilm’enauraitparlé,etiltel’auraitsûrementditàtoiaussi.IlnesegênepaspourfairecomprendreàRomequandilabusedenotrehospitalité.Jemesuisadosséeaucomptoirdelacuisineetaitournélebouchond’unebouteilled’eau.-Tiens,Coram’aparlédeteslapinestatouéesouputesàtattoos,commeellelesappelle.Jen’imaginaispasàquelpointtuattireslesgens.Ilyadesfillesquisefontdestatouagesqu’ellesn’aimerontplusdansdixans,justepourpasserdutempsavectoi.C’estassezfou.-Coraestunegrandegueuleetelleexagère,maissefairetatouerestassezintime,peuimporteleclient.Quandilss’envont,ilsrepartentavecquelquechosequ’onleuramissurlapeaupourtoujours.Ilstefontconfiancepourcapturer l’imagequ’ils imaginentet la réaliser parfaitement.Donc parfois ça veut dire

qu’ilfauts’investiraveclapersonne,dansunecertainemesure.Ilyadesfilles,surtoutlesplus jeunes,quisontàfonddanstoutleprocessusetquiyvoientdeschosesquin’existentpas.J’aiunbonquotadeclientsquicraquentunpeusurmoietreviennentpourd’autrespièces.Pasparceque jesuissuperbon,mais parce qu’ils veulent passer du temps dans cet environnement, mais c’est mon boulot, je resteprofessionnel.Jenevaispasmentir,çam’estarrivédefiniravecuneclienteoudeux,maisjamaisaprèsle boulot ou pendant que je préparais leur tatouage. Le sexe et le travail, ça ne se fait pas au mêmeendroit.J’aiaspiréunpeud’eauetj’airuminétoutcelapendantuneminute.-Est-cequeçat’embêtequejeneressemblepasauxfillesparquituesattiréengénéral?-Maisdequoitumeparles?J’aisautépourm’asseoirsurlecomptoirenlaissantpendremesjambes.J’aitapélescarreauxavecleboutdemesongles,aipenchélatêtesurlecôtéetl’aiobservédeprès.-Jen’aipasdetatouagesnidepiercings.Jen’aipaslescheveuxsensuellementdécoiffésetjeneportepasdevêtementsdanslesquelsilestimpossiblederespirer,jesuisjuste,tuvois,unefillenormale.J’enaivuassez,j’aiassistéàassezdelendemainsmatinpoursavoirquejenesuispaslegenreautourduqueltu gravites en temps normal. Quand tu me regardes, tu ne te demandes pas si tu préférerais que jeressembleplusàtoietàtabande?Ilaposésabièresur la tableàmangeretm’aregardée droit dans les yeux en s’approchant demoi.Avant, cela m’aurait fait stresser et paniquer, mais maintenant ça me donnait chaud et me coupait lesouffle. Il ne s’est pas arrêté avant d’être collé tout contremoi, entremes jambes, avec nos hanchesalignéesdansunepositionparfaitepourmefaireoubliercommentjem’appelle.-Quandjeteregarde,jenevoisriend’autrequetoi,etShaw,tuesparfaite.Jemefousdelacouleurdetes cheveux, si tu es pâle oumate, si tu portes du maquillage ou si tu viens de te réveiller. Ce quim’importe,c’estquequandjeteregarde,tumerendstoujoursceregard.Tuesbellededansetdehors.Situvoulaistatouertoutecettebellepeaublanchedespiedsàlatête,jeseraishonorédelefairepourtoi,maissinon,jeteprendraitoutedouceetblanchecommedulaitàlamoindreoccasion.C’étaitromantiqueàs’entordrelecœur.C’étaitlachoselaplusgentillequepersonnem’aitditeet jem’apprêtaisà laisserparler lananasentimentaleenmoietàbalbutiercombiencequ’ilvenaitdedireétaitmerveilleuxetcombienilétaitimportantpourmoi.Soitça,soitj’allaisdéchirersesvêtementsetluifairel’amourjustelàdanslacuisine.Jetergiversaisentrecesdeuxoptionsquandlasonnettearetentietcassél’ambiance.Ilm’afalluuneminutepourreprendremesesprits.

Chapitre13Rule

Aucoursde lasemaineprécédente, ilyeutquelquesmomentssiparfaits, sipoignantsqu’ilsm’ontfigédepeuretm’ontdonnéenviedecourirdans lesensopposéaussivitequepossible.Parexemple,assistranquillementsurlecanapédansmonsalon,nousmangionsdelapizza,jebuvaisquelquesbièresen regardant la chaîne des sports pendant qu’elle travaillait sur son ordinateur. La regarder toutsimplementexisterm’adonnél’impressiondesuffoquerdanstoutcequecelaavaitdeparfait,etj’aidûm’échapper pour prendre une douche brûlante avant de faire une bêtise, comme lui demander dem’épouseroud’allervoirailleurs.Ellem’allaitbien,ellecomblaittousles trousqu’ilyavaitdansmavieetl’idéequ’ellenesoitpas là,que toutcelas’enaille,me terrifiaitcommeriennem’avaitencoreterrifié.Jenevoulaispastropattendred’elle,jenevoulaispasmefaireunemontagnedecequipouvaitn’êtrequ’unepassiondedébutderelation,maisquelquechosemedisaitquesitoutceladisparaissait,jeneseraisplusjamaislemême.Ces dernières semaines avaient été incroyables. J’aimais qu’elle soit chez moi et dans ma vie, etj’aimaismefaireuneplacedanslasienne.Mesamisl’adoraientetjenepouvaispas leur reprocher lepetitbéguin qu’ils avaient pour elle.Elle ne se rendait tellement pas compte de sa beauté que c’étaittouchantetdurdenepascraquer.Quandonestsortisdusalon,j’aivuqueCoraétaitemballée.Cen’étaitpasriencarelleétaitunpeucommeunegrandesœurpourmoi,jefaisaisconfianceàsoninstinctsurlesgens.C’étaitcequifaisaitd’elleunesibonnegérante.Shawfaisaitdéjàpartiedemafamille,etaprèsluiavoirrésumécequ’ilétaitarrivélorsdemadernièrevisite à lamaison, elle s’est empressée d’adresser un e-mail très dur à ma mère, lui expliquant trèsclairementqu’ellen’accepteraitpascecomportementetl’implorantdesefaireaider.Ellemesoutenait,etjemesuisdemandéunefoisdeplusdepuiscombiendetempsellesebattaitpourmoiavantquejenemedécideàouvrirlesyeux.Jemesentaisnazequandj’ypensais.Lesmomentscalmesétaientreposants,etcelamedonnaitl’impressionquejeconstruisaislesbasesdequelquechosedebien.Lesmomentspassionnés,ceuxoùellemeregardaitcommesi j’étaisuncadeauqu’elleavaittoujoursvouludéballer,suffisaientàmefairepenserque j’avais trouvé l’uniquepersonneaveclaquellejenem’ennuieraisjamaisaulit.Commej’étaisleseulmecavecquielleavaitcouché, jepouvaistoutluiapprendre,etShawatoujoursétéunetrèsbonneélève.Quecesoitrapideoulent,tendreoubrutal,unquickiequimefaisaitexploserlatêteouunesessionquiduraittoutelanuitetlamettaitenretard le lendemain matin ; aucun doute n’était possible quant à notre compatibilité sexuelle. Ellecommençaitàconnaîtresespréférences ; elle aimait que ce soit un peu plus brut que ce que j’auraispensé,parexemple.Elletrouvaitaussilemoyendefairedel’humourpendantl’actequandc’étaitgênantouqueçan’allaitpascommenouslevoulions.Jenemerappelaispasm’êtreautantamuséaulitdetoutemavie.Jenesavaispasquec’étaitpossible,maiselleamélioraitmêmelesexe,et l’idéedeperdreneserait-cequ’unepartiedetoutcelamedonnaitenviedesauterdansuntrouetdenejamaisenressortir.

J’essayaisdebalayerlapeur.Aprèstout,cen’étaitqu’unesoiréesympaàlamaison.Nashn’étantpaslà,jedevaisfairedemonmieuxpourqu’ellecriemonnomencoreetencore,detoutessesforces.Maisledoutenevoulaitpaspartir,etjesuisrestésousladouchejusqu’àcequel’eausoitfroideetm’obligeàsortir.J’aipasséuneservietteduveteusesurmoncrâneetmonvisageetj’enaiattachéuneautreautourdema taille. J’ai laissémes vêtements en tas par terre etme suis dirigé vers la chambre, en me disantqu’elleseraittoujoursentraindetravaillerdanslesalonetque j’auraisquelquesminutesdepluspourmeremettre sur pied. Seulement la télé était éteinte, et elle était assise aumilieu demon grand lit etsirotaitlabièrequej’avaisabandonnéeenm’enfuyanttoutàl’heure.Commesicelanesuffisaitpas,elleneportaitriend’autrequemontee-shirtaveclelogodusalondetatouage.Illuiallaitmieuxqu’àmoi,etellemeregardaitavecdesyeuxtrèssérieux,delacouleurdebrinsd’herbe.-Qu’est-cequinevapas?Jemesuiséclaircilavoixetj’aiessayédefairecommesiderienn’était.-Rien.Pourquoi?Maisc’étaitShaw,etelleconnaissaitmesconneriesmieuxquen’importequi.Elle s’estdéplacéeauborddulitetaposélabièresurlatabledenuit.-Parcequetuaspassétroisheureslà-dedansetquetuasdéjàprisunedouchecematin.Quelquechoset’afaitpeur,ettuespartiencourant.Jeveuxsavoircequec’est.J’aipenséluimentir,penséluidirequ’elles’imaginaitdeschoses,maisendéfinitive jesavaisque jeluidevaislavéritéetespérerqu’ellenepaniquepas.-Toutça,ai-jecommencéenfaisantunsignedemainentrenousdeux.C’esttellement facileetsimplequeparfoisçamefaitflipper.Jen’aipasl’habitudedunormal,del’ordinaire,alorsçamefaitstresser.Dans la vie, j’ai toujours essayé d’attraper des petits moments de plaisir pour me sentir bien, etmaintenantj’aiçatoutletempsavectoietjemeperdsàforcedemedemandercequejevaisfairequivatoutfoutreenl’air,oucommentjetiendrailecoupsitudécidesdemel’enlever.Parfoisjesuistellementabsorbéparcequipourraitarriverque j’aibeaucoupdemalà resterdans leprésent.Regarder la téléavectoi,rienqu’êtreavectoi,çam’apaise.Maisilyaautrechoseàl’intérieurquiserecroquevilledepeur.Jesuisdésolé.Ellemeregardaitetjemesuispréparéàcequ’elleselèveetsorte.Siellelefaisait,j’étaiscertainque,avecousansmaserviette,jeluicourraisaprèsdanslefroidetlasupplieraisjusqu’àcequ’ellerevienne.Maisaulieudeça,elles’estlevéedulitetamarchépiedsnusjusqu’àmoi.Montee-shirtrecouvraitcequ’ilyavaitdemieux,maisàpeine.Elles’estarrêtéeassezloinpourquel’onnesetouchepas,maisassezprèspoursentirlesouffledel’autre.-Çamefaitpeuraussi,Rule.Jenesuispasnonplushabituéeàl’ordinaireetjen’auraisjamaiscruquejevivraisçaavectoi,jen’aijamaiscruqu’ilsepasseraitquoiquecesoitavec toi,donccen’estpasgravesi tu teperds, tantque tuenreviensetqu’on peut en parler. Je ne vais pas te demander demedonnerquelquechosesicen’estpasnaturelpourtoi.Lesgensontfaitçatoutemavieetj’enaimarre.J’ailâchéungrandsoupiretairelâchélespoingsquej’avaisserréssansm’enrendrecompte.-Etsijetedemandedetoutmedonner,Shaw?Sijeveuxtout?Çaneferaitpasdemoilemêmequelesautres?Elleaémisungrognementdanssagorgeetafaitunsourirequiauraitpume tuer instantanément.Elleétaittellementadorableetpure.-Non,parcequetun’asrienbesoindemedemander,toutestdéjààtoi.Tuesleseulàquij’aijamaisvoululedonner.Cette fille allaitm’achever. Elle a posé sesmains sur mes côtes, l’une sur l’ange et l’autre sur lafaucheuse,etmon cœur battait si fort que j’ai cru qu’il allait sortir dema poitrine. Il faut que tumepromettesdenepasmelaisserenplanquandjemeperds,Shaw.Ilfautquetumepromettesd’attendre

quejetrouvemoncheminpour revenir. J’aibesoindesavoirque tuserasauboutdu tunnelquand toutdevientnoir.-Jesaist’attendre,Rule,etçanemedérangepasdelefairetantquetuprometsdenepast’enfermer.Jenepeuxpas faireçaavec toi,êtreaussiabsorbéepar toietparcequ’ilsepasse entre nous, si tumefermeslaporteaunezquandc’esttroppourtoi.Moncœurnepeutpassupporterça.-Jesais.Maisjen’étaispassûrdepouvoir tenircettepromesse.Monréflexeétaitde retournerversceque jeconnaissais,enl’occurrenceladistanceetl’espacepourpouvoirmeprotéger.-Jevaisfairedemonmieux,Shaw,maisjetedisdepuisledébutquejenesaispastropcommentfairetouscestrucsdecoupleetjemechiedessusdepeurdetoutgâcher.Elles’estpenchéeenavantetalaissésesmainsglisserdansmondosetsurmesépaules.Elleaposéunbaiserdouxavecseslèvresentrouvertesaumilieudemontorseetmavieentières’estconcentréesurcetuniquepointdecontact.-Bon,tupeuxavoirpeurtoutseulouonpeutavoirpeurensemble.Jepréfèrelesecondchoix,maiss’iltefautdutempspourtefaireàl’idéeetdéterminercequetuveux,jepeuxfaireça.Jeveuxêtreavectoi,Rule,maisjenevaispasrestersiçatefaitdumalettefaitflipper.Onméritetouslesdeuxmieuxqueça.Àcemoment-là,jen’étaispassûrquecequicomptesoitcequejeméritaisounon,maisjen’allaispaslaisserlepoidsdemesdoutesincontrôlablesdémolircequej’avaisavecelle.J’aienfintendulebrasetje l’ai tiréecontremoipouruneétreinteétouffante qui collait tout son corps contrema peau nue.Maqueue a réagi sous la serviette, lui prouvant que quoi qu’il se passe dans ma tête, cela n’avait pasd’influencesurcequemoncorpsressentaitpourelle.-Jesuisenvrac,Shaw.Jesuisdésoléd’êtrecommeçamaisladernièrechosequejeveux,c’esttournerenrondtoutseul.Jel’aiembrassée,pourqu’ellesenteleschosesquejenepouvaispasluidireetquibrûlaientdansmonsang.Jelavoulaispourtoujours,etcetteidéerendaitmesjambeschancelantes.Ellem’alaissédévorersabouche,emmêlerviolemmentmesdoigtsdanssescheveux,lacollercontrelemurleplusprocheetpressermonérectioninsistantecontreellesansunmot,sansplainte.Iln’yavaitpasdetendresse,pasdesoucidemaîtriseoudesavoirsijefaisaisensortequecesoitbonpourelle,toutcequiexistaitétaitunbesoinassourdissantderentrerenelle,deluifairesentircetteémotionquimerendaitfou. Il fallaitque jedéversemondésiret laseule façonde le faire était de sortir demoi-même et derentrerenelle.Satêteafaitunbruitsourdcontrelemuretjel’aisentieprendreuneinspirationtendue,etpourtantpasuncentimètredemoines’estarrêté.Laservietteesttombéeparterreetmontee-shirtn’apasrésistéquandjemesuisdépêchédenousmettretouslesdeuxnus.Quelquepartdansma tête, jesavaisqu’ilfallaitquejeralentisse,quejedevaisreprendrelecontrôle,quemesmainsétaienttropbrusquessurelle,quemaboucheallaitlaisserdesmarques,maisjenepouvaispasmeretenir.Elleamurmurémonnom,essayédemefaireralentir,maisjem’enfichais.J’étaisprêtàmefondreenelle,àenfouir toutemapeuretmesincertitudesaveuglémentdanssoncorpschaud,maiscette fillemeconnaissaittropbien.Ellesavaitquej’étaisdansunétattelquejenemesouviendraisprobablementpasdecequej’avaisfaitlelendemainmatin,etellen’allaitpasmelaisserfaired’elleuneénièmeconquêtesansvisageutiliséepourtrouverlesilence.Commejen’avaisplusdecheveuxetque j’étaisbeaucoupplusgrandqu’elle,elleadûenfoncersesonglessurmoncrâneetmordrema langueenvahissantepourquejesursauteetluilaisseunpeud’espace.Elleavaitdumalàreprendresonsouffleetm’aéloignédumurenplaquantsesmainssurmontorsepourmepousserfermement.J’aitrébuchéenarrièreetj’aisecouélatête.-Casper…

Jevoulaism’excuser,maisellenem’enapaslaisséletemps.Elles’estmisesurlapointedespiedsetaposésapetitemainsurmabouche.Sesyeuxvertsétaient immenseset j’yaivuunmélangededésiretd’inquiétudequianouémoncœur.Cette fillemecomprenait,etellen’allaitpasmereprocher toute lafoliequis’étaitaccumuléeenmoi.-Nefaispasça,Rule.Elleaenlevésamainetm’aembrasséavecmillefoisplusd’attentionquejeneluienavaisporté.Tuasbesoinquejem’occupedetoitoutdesuiteetjevaislefaire,maispasquestionquetunesachespasquec’estmoi.-Jesaisquec’esttoi,Shaw.-Tantmieux,parcequependantuneminutejen’enétaispassûre,etjenet’expliquepascombiençam’aénervée.Maintenanttais-toietlaisse-moit’aideràsortirdunoir.Jemesuisavancépourlaprendre,l’envelopperdansmesbrasetlaserrercontremoi,maiselleaévitémesmainsetaglissépourseretrouveràgenouxdevantmoi.J’aiarrêtéderespirerpendantunesecondequandseslèvresontatterrisousmonnombril,etmesabdossesontcontractésassezfortpourquecelamefasse mal. Nous avions pas mal batifolé mais c’était un terrain où elle n’avait pas semblée prête às’aventurer jusqu’àmaintenant.Ma bite était prise de spasmes d’impatience tandis que le bout de salanguesuivait le tracéde lasirèneque j’avais tatouéeenbasetdont laqueues’enroulait autour de labasedemaqueue.Jenesavaispasjusqu’oùellevoulaitaller,doncj’aidélicatementposémesmainssurledessusdesatête.Sescheveuxétaientcommedelasoiesousmesdoigtsetj’aiarrêtédebougerpourêtresûrdenerienfairequilaferaits’arrêter.-Shaw.Jenesavaispassijevoulaisluidemanderdecontinueroud’arrêter,carjenesavaispascequej’allaispouvoirsupporter.Jemesentaisdéjàtrèstenduetprêtàexploser.-Tun’espasobligéedefaireça.Quandjel’aidit,jelepensais,maisjesavaisaussiqu’ilyavaitdebonneschancesquejemeuresielledécidaitd’arrêter.Sabouchechaudeétaithumideet l’apadravyaquiperçait leboutdemaqueue,ainsique l’échelledeJacobendessous tiraientsurma peau sensible quand elle l’a refermée autour demachairavide.Mesyeuxsesontfermésquandj’aiatteintle fonddesagorgeet toutes lessensationsquej’avaisconnuesjusqu’àcetinstantdemavieontcesséd’exister.Jem’étaisfaitsucerparuncertainnombredefillesdansmavie,etj’avaisappréciéàpeuprèschaquefois,maisquelquechosedans le faitd’avoirShawàgenouxdevantmoi,de lavoirme lécherdans sabelle bouche rendait cette expérience mieux que tout le reste. Je respirais fort et j’avais soudainl’impressionquemesgenouxnepouvaientplusmesoutenir.Maqueuepulsaitaumêmerythmequemoncœur etma chair sensible semblait tout à coup trop tendue et prête à se séparer en morceaux. Je netrouvaispas lesmotspour l’encourager,nonpasquecela fasse une différence car elle semblait avoirpourcelauneaptitudenaturelle.Ellejouaitavecmespiercings,dardaitsalangueautourdumétalquiseréchauffaitouserefroidissaitquandellebougeaitsaboucheautour.J’aiprisuneinspirationetj’aiessayéderepousserl’orgasmequiapprochaitmaisc’étaitimpossibledelecontrôler.J’aiditsonnomdansunsoufflepour laprévenir, tiré sur ses longscheveuxpour lui faire comprendrequ’elle voulait peut-êtres’éloigner,maiselles’enfichait.Ellem’afinicommeunechampionne,aposéunbaisersurmonventretremblantalorsquej’essayaisderemettremoncerveauenétatdemarche,ets’estrelevéedans toutesagloiredénudée. Elle a haussé un de ses sourcils blonds et a jeté ses cheveuxmaintenant décoiffés etemmêléspar-dessussonépaule.–Jem’occuperaitoujoursdetoi,Rule,enfaitj’aimelefaireparcequeçamerendheureuseetmefaitme sentirbien,mais jene te laisserai jamais te servirdemoipourexorciser tesdémonscomme tu le

faisaisavectoutescesfillesquisontpasséesavantmoi.Alorstuasintérêtàapprendreladifférence.Jeneluiairienréponduparcequ’elleavaitraison.Jel’aisoulevéeparlatailleetjel’aijetéesurlelit.Je n’avais pas besoin de lui donner du temps, j’étais sûr que ce qu’elle venait de faire –mieux quequiconque auparavant – avait dû l’exciter et la rendre mouillée et glissante. Ses lèvres étaient déjàluisantesetprêtespourcequej’avaisàdonner.Quandjesuisentré,j’aiveilléàcequelabouleduhautdemonpiercingfrottecontresonclitoris.Maintenantquenouscouchionssansrienentrenous,jesaisquemêmesijen’étaispasexceptionnellementperformant,tousmesbijouxluidonnaientdessensationsquilaferaientdécollermalgrétout.Ellearemontésesjambessurmeshanchestandisquejerentraisetsortaisd’elle et ellea laissé ses yeux se fermer àmoitié. Jeme tenais au-dessus d’elle et sesmains étaientenrouléesautourdemesbiceps.J’étaissûrquejepourraismourirheureuxsiellemeregardaitcommeça,qu’ellegémissaitetsetordaitendessousdemoi.Je n’avais jamais beaucoup réfléchi à lamonogamie et à l’idée de coucher avec lamême personneencoreetencore,carjen’avaisjamaispenséqueceseraituneoptionpourmoi.Avecelle, jesavaisaufonddemonâmequejeseraisheureuxden’avoirqu’elle.Quandelleagémimonnom,d’unevoixbasseetdemandeuse,celaadéclenchémonexplosionetj’aienfouimonvisagedansladélicatecourbedesoncouetgrognécommeunanimalsauvage.Commenousétionstouslesdeuxlessivés,jemesuisécroulésurelle comme unmollusque et j’ai senti qu’ellem’enveloppait de ses bras fins. J’ai gardé mon visagecontresoncouetluiaifaitunesériedebaiserslégersaveclesyeuxfermés.–Tumefaispenserquetoutvabiensepasser.Elleatournélatêtepourmedonnerunmeilleuraccèsàsoncouetadoucementpassésesmainssurmacolonnevertébrale.–Toutcequ’onpeutfaire,c’estessayer,Rule.Jeveuxlefairetantquetuleveuxaussi,etjenemefaispasd’illusions;jeteconnaisdepuislongtempsetjesaisqueceneserapas toujours facileetmarrant,quedeschosescommeunesoiréepizzatranquilleàlamaisonontlepouvoirdetefairepartirenvrille,maisjeserailàtantquetureconnaîtrascequiarriveetquetuaccepterasd’essayer.J’airiunpeucontresapeauhumide,cequil’afaitfrissonner.–Sichaquefoisquejepèteuncâble,tumesucespourquej’arrêtedefairelecon,jeneteprometspasd’arrêterdesitôt.Ellem’ainsultéetm’adonnéuneclaquesurlecul.Jemesuisendormiavecelleentremesbrasetsonriredouxdans lesoreilles.Le tunnelétait long,sombreetparfois,même quand j’avais lesmeilleuresintentions,lesmursserefermaientsurmoi.MaissiShawvoulaitbienêtrema lumièreaubout,alors ilétaitimpossiblequejen’essaiepas.✻✻✻Nousétionstouslesdeuxsilencieuxlelendemainmatin,quandnousnoussommeslevéspourrejoindresavoiture.Nousnoussommesarrêtésaucaféducoinde la ruepouryprendreunpetitdéjeuneretnousnesemblionspaspressésderevenirsur lesévénements de laveille,nil’unnil’autre.Aprèsunebonnenuitdesommeiletm’êtreréveillédevantsonvisagepaisibleetinnocent,ma têtes’était remisedans lebonsens etme traitait de tous les nomspour avoir laissémesblocageshabituelsmetirerverslebas.Unepizza tranquillesur lecanapén’était riencomparéà toutesles histoires lourdes qui se baladaient dansma tête depuis qu’ellem’avait fait dire la vérité. J’avaishontequ’elleaitcomprisquej’essayaisdemeservirdesoncorpspourm’échapper,deprendrequelquechosequiétaitsidifférentetau-dessusdetoutavecelle,etdelerabaisserauniveaudetoutesmesautresrencontressexuelles.SiShawnem’avaitpasmislenezdansmamerdeetm’avaitlaisséfaire,celaauraitété lafinpournous.Je lesavaiset j’étaissûrqu’elle lesavaitaussi.Ellenepermettraitpasque je lamettedansuneboîteavectouteslesautresetjeluienseraiséternellementreconnaissant.Ilfaisaituntoutpetitpeupluschaudquelaveilleetlesflaquesgeléessurletrottoirétaientdésormaisdesflaquesdeneigefonduemarronnasse.Nousslalomionsentreellestoutengardantl’équilibreavecnos

cafés. Elle n’avait pas garé sa voiture dans la grande rue, mais à quelques pâtés du salon, dans lequartier.Jem’apprêtaisàluidemandersicelaallait,sitoutallaitencorebienentrenous,maiselles’estarrêtéed’uncoupetj’aifailliluirentrerdedans.J’aijuréàvoixbassequandlecaféchauds’estrenversésurmamain.–Qu’est-cequetufous,Shaw?Ellenebougeaitpasetj’aidûfaireunbondenarrièrequandsoncaféaglissédesamainsoudainementinerteets’estrenversésurlesolenneigé.Ellealevéunemaintremblantesursaboucheet,avantquejepuisseànouveaudemanderquelétaitleproblème,unpick-upaavancéetj’aipuvoirsavoiture.Touteslesvitresétaientcassées,lespharesaussi,lesquatrepneusavaientétécrévés,etlecaoutchoucétaitétaléenlambeauxautourdel’axemétallique.Lacarrosserienoireétincelanteétaitscarifiéepardelapeinture rouge.Sur lecapot, lemot«pute»engrosses lettres,et sur chaque côtéde lavoiture, del’avantjusqu’aucoffre,onlisaitdesvariationssurlemêmethème.Cen’étaitpasbeauàvoir,etsachantqueltypedevoiturec’était,celaallaitaussiêtreextrêmementonéreuxàréparer.Jevoyaisqu’elletremblait,alorsj’aipassémonbrasautourdesesépaulesetjel’aitiréecontremontorse.Audébutellea résisté,elle restaitdemarbre, lesyeux fixés sur cette destruction absurde,maisquandjel’aitiréeuntoutpetitpeuplusfort,elleestvenueetj’aicasésatêtesousmonmenton.-Ondevraitsûrementappelerlesflics.Elleafrissonnécontremoietjel’aisentiefairenondelatêtecontremagorge.-Non.Pourquoi faire?Sonpèrevaencore lecouvriret tout fairedisparaître.Enplus,cen’estpascommesionavaitunepreuvequec’étaitlui.Jedétestaisl’admettre,maiselleavaitprobablementraison.–Tuveuxquejet’emmèneàlafac?Jepeuxm’occuperdeçapendantquetuyseras.-Non.Ilfautquej’appellemonassurancepourlafaireremorquer.Pourquoiilneveutpasmelaissertranquille?J’aipassémamaindudessusdesatêtejusqu’auxpointesdesescheveuxpresqueblancs.-Parcequec’estimpossibledet’oublier.Elleasoupirédansmoncouetm’alaissélatenirdansmesbrasjusqu’àcequ’ellearrêtedetrembler.-Jesupposequ’ilfautquejerentrecheztoietquejem’occupedeça.-Biensûr.Jeluiaitenducequ’ilrestaitdemoncaféetaiveilléàlagarderbiencontremoisurletrajetduretour.Nous étions tous les deux silencieux,maintenant pour d’autres raisons, mais je savais que je devaisretenirlaragequim’étouffaittantqu’ellen’étaitpasdansunendroitsûretqu’ellenesesentaitpasensécurité.Sefairevandaliser commeça,celadevait êtreuneviolationque jenepouvais pas imaginer.MêmesiGabe s’était tenu à carreau ces dernières semaines, désormais ilétait clair qu’il n’avait pasl’intentiondecalmersonobsessionsurmacopine.Quandnoussommesrentrés,elleacommencéàappelerpartoutpourqu’unexpertvienneévaluer lesdégâts et fasse remorquer la voiture jusqu’à une carrosserie.Enattendant, il lui fallait une voiture delocation et elle n’a pas perdude tempspour s’enoccuper aussi.Après uneheureoudeux, toute cetteadrénalinel’ayantépuisée,ellem’aditqu’ellevoulaitprendreunedoucheets’allonger.Jel’aienvoyéedansmachambreavecunbaiserenserrantlesdents,etenespérantqu’ellenesentiraitpaslafureurquibrûlaitdanschaquecelluledemoncorps.Nash est revenu à quatre pattes quelquesminutes après que j’ai entendu l’eau chaude commencer àcouler.Ilavaitl’airunpeudéfraîchimaisaffichaitunsouriredebranleuretsontee-shirtétaitàl’envers,j’aidoncsupposéquelerencardavaitremplisonrôle.Ilajetéunregardàmamâchoireserréeetàmesyeuxquibrillaientsûrementd’unfeuplatine,etilm’ademandé:-Mauvaisesoirée?

-Mauvaisematinée.LavoituredeShaws’estfaitmassacrerhiersoir.-Tucroisquec’étaitlePolo?–Quid’autrepourraitluifaireunechosecommeça?-Jenesaispas.Undetescoupsd’unsoirquiesténervéequetunesoisplussurlemarché?Vousaveztouslesdeuxunpasséassezlourdquivouscolleauxbasques.Jen’avaismêmepaspenséquejepouvaisêtrelacausedecetteagressioncontreelle.Celam’aencoreplusénervé.J’aifaitunsignedetêteversmachambre.-Tupeuxgarderunœilsurelle jusqu’àceque je revienne?Çaavait l’aird’allermais jevoisbienqu’elleestsecouée.-Oùtuvas?Ilfautquejesoisausalonà13h.-Jeserairevenuavant.-Rule…-N’essaiemêmepas,Nash,j’aitropattenduavantdepéteruncâble.Leconnardval’entendredemabouche,ques’ilcontinueàl’emmerder,jevaisleréduireànéant.-Tuvaschercherlesennuis,etpaslesbons.-Jem’enfous.Je reviensvite.SurveilleShaw,etsielledemandeoù jesuis, inventequelquechose.Ellen’abesoindes’inquiéterderiend’autreaujourd’hui.Ilaacceptéàcontrecœur,maisjevoyaisqu’iln’étaitpassupercontentdecequej’allaisfaire.J’aisautédanslepick-upetjesuisalléjusqu’àlafac.JesavaisqueShawavaitcoursenmêmetempsqueGabelelundi,lemercredietlevendredi,doncunefoisquej’eustrouvéuneplacepourmegarer,ilasuffid’unsignedetêteàuneétudianteetd’unclind’œilàuneautrepourtrouvermonchemin jusqu’aubâtimentdessciencespolitiques.Ilfaisaitfroiddehors,lesétudiantssedépêchaientd’allerd’unbâtimentàl’autre,têtebaissée,etpersonneneprêtaitattentionàmoiquirôdaisautourdubâtimentdontj’étaissûrqueGabeallaitsortir.Heureusement,jen’aipaseulongtempsàattendreetlesvigilesducampusétaientdéjà passés devantmoi sansmême un regard.Vingtminutes après, les portes se sont ouvertes sur ungroupe de mecs qui avaient l’air d’avoir dévalisé une boutique J. Crew assaisonné de fringues depêcheur.IlsétaienttousentrainderireetdeparlerdequelquechoseetDavenportavait l’airsi fierdeluiquej’aieuenviedeluifaireavalersesdentsbienblanchesàcoupsdepoing.J’aiattenduquelegroupesedisperseetqu’ilnerestequeDavenport.IlaremontélecoldesavestePatagoniasursesoreillesetasortisonportable.Jemesuisdécollédumurcontrelequelj’étaisadosséetjel’aisuivisansriendirejusqu’auparking.Quandils’estarrêtéàcôtédesaLexus, j’ai tendu lebras,prissanuqueet l’aipousséenavantpourquesonvisagesoitécrasécontrelemétalglacédu toit. Ilalaissééchapperuncridesurpriseetlesacquicontenaitseslivresetsonordinateuresttombéparterre.Ilsedébattaitmaisj’avaisunebonnepriseetj’étaisnourriparunefureurardente,donc iln’avaitaucunechance.Jemesuispenchéenavantpourquemoncoudeappuiedouloureusementdanslebasdesanuqueetj’aiserrémesdoigtsjusqu’àsentirlarésistancedesapeau.-Situveuxharcelerquelqu’un,fairepeuràquelqu’un,terroriserquelqu’un,tu feraismieuxdechoisirquelqu’unquin’apasuncopainénervéquit’attendautournant,BCBG.C’estladernièrefoisquejetedisdelâcherShaw.Situcontinues,cettebellegueuledeKenquetusemblesadorerfiniraparressembleràungrossteak.Jel’aipousséunesecondefoisetlemétalaclaquésanspitiécontresajoue.Lesgensquisebaladaientsurleparkings’arrêtaientpournousregarder,maisjem’encontrefoutais.-C’estcompris?Ilagrognéetaramenésesmainscontresontorsepourpoussercontrelavoitureets’endécoller.Jel’ailâchéetj’aifaitunpasenarrière,lesbrasballantsaucasoùildécideraitdesebattreicietmaintenant.Il

arecoiffésescheveuxquemamanipulationavaitébouriffésetm’alancéunregardnoirtoutenbougeantsamâchoire.-Onsait tous lesdeuxquemonpèrepeutm’éviter laprison,et le tien, il peut faire quoi pour toi ?Changerunpneu,t’aideràdéménager?Ilalancéunrireameretacrachédusangquiaratémonpieddejustesse.-Tunem’arrivespasàlachevilledanslevraimonde.Tupeuxdirequetuessoncopainautantquetuveuxmaislefaitestqu’ellen’asimplementpasledroitdemelaisserpourquelqu’uncommetoi.Çacréedemauvaisprécédents.Jepensaisqu’ilétaitjustegâtéetagaçantmaisplusjel’écoutais,plusjemeposaisdesquestionssursasantémentale.Lemecparlaitcommeunfou.-Mec,vabaiserquelqu’und’autre.Shawnes’intéressepasàtoi,ellenes’intéresserajamaisàtoietlaharcelermet tout lemonde en colère. Si tucroisque j’ai peur de ce que ton père ou qui que ce soitd’autrepeutmefaire,tuvasavoirdessurprises.Mêmesituarrivaisàtedébarrasserdemoi,ilya toutungroupedepersonnesquiestprêtàprendremaplace.Tun’arriverasàrienencontinuantàl’emmerderetsitulatouchesneserait-cequ’unefois,jetecasserailesdoigtsunparunettelesenfonceraidans lagorge.Ilapouffésousmonnezetaposéundoigtsurmontorse.Ilavaitdelachancequejeneluimettepasuncoupdepoingdanslagueule.-Tuessanséducation,vulgaireettellementcondepenserquec’estunequestiondesexe.Jepeuxavoirçan’importeoù.Tucroisvraimentquej’ailaisséShawremuersonculdevantmoipendantsixmoissansvoirpersonneàcôté?Lesexen’arienàvoirlà-dedansetsivousfaitesçatouslesdeux,jeneveuxpasm’approcherd’elleàmoinsdetroismètres.C’estunequestiondebusinessetd’image;ellenepeutpasdonnerl’impressionquejesuisremplaçableparunpauvremectatouéquin’arienàoffrir.Jenepeuxpasmepermettrequelesgensserappellentdeça.J’aisaisisonpoignetetjel’aiencorejetécontrelavoiture.-SitucroisquelesexeavecShawn’estpasimportant,alorsc’esttoiquimanquesd’éducation,têtedecon.Descends de ton piédestal. Si je peux prouver que c’est toi qui as défoncé sa voiture, on porteplainte. Si tu continues à la harceler, on continuera à aller au tribunal et quelqu’un finira bien parremarquerquetonvieuxsauve tonculàchaquefois.Je te ledis,ças’arrête toutdesuiteou tu finisàl’hôpital,etjepeuxsurvivreàunpeudeprison,compris?Nousavionslesyeuxfixésl’unsurl’autre.Ilyavaitmaintenantuncertainnombredegensrassemblésautour de nous alors que nous nous fixions. Je n’ai pas vu le gars de la sécurité jusqu’à ce qu’ils’interposeentrenous.Avantqu’ilaiteuletempsdeposerdesquestions,j’aifaitundoigtd’honneuràGabeetjesuisretournédanslapetiterueoùj’avaisgarémavoiture.Levigileacriéaprèsmoiet j’aientenduDavenport hausser la voix,mais je neme suis pas arrêté avant demonter dans le pick-up etd’allumerlechauffage.J’aiserréplusieursfoismesmainssurlevolantenrespirantprofondémentpourreprendrelecontrôledemoi-même.Ladernièrefoisquej’avaisressentiautantdecolèreimpuissante,cebesoin inassouvi de détruire quelque chose, c’était quand ils avaient enterré mon frère. Je voulaisdéchirerlecorpsparfaitement tailléduPolo,morceauparmorceau,et le regardersouffrir.Celanemesuffisaitpasde lebousculeretde lui fairepeur.Lanoirceur, l’imprévisible qui étaient cachés enmoirugissaient à nouveau et exigeaient une vengeance débridée,mais il fallait que je les renferme car jen’allaispasobligerShawàsedébattreavecçaunedeuxièmefois,pasaussitôt.Ilm’afalluunebonnedemi-heureavantdemesentirprêtà rentrerchezmoi età la voir. Quand j’aipassélaporte,Nashjouaitsurlaconsoleethurlaituneséried’obscénitésdanslemicrodesoncasque,àl’intentionde l’inconnuqu’ilaffrontait. Ilaenlevé lecasqueetm’a regardédehauten bas quand j’ai

refermélaporte,puisils’estlevé.-Jenevoispasdesang,pasdeplaieouverte.J’aihaussélesépaulesetaijetémavestesurledossierducanapé.-Tropdemondeautour.Enplusjecroisquesijeluicassaislagueuleçaneferaitquel’encourager.Illuimanqueunpaquetdecases,àcemec.Cen’estmêmepasàproposdeShaw;son problème, c’estl’image que ça donne qu’elle l’ait largué et qu’elle soit avec moi. Son ego est énorme. Je ne saisfranchementpascequ’onpeutfaireparcequ’ilaraison,sonpèrepeutlecouvrir,ill’adéjàprouvéunefois.Nashafaitunsignedetêteversmachambre.-Ellen’apasfaitunseulbruit.Jenel’aipasvueaprèssadouchedoncjenesaispascommentelleva.Mais il faut que j’y aille sinon je vais être en retard pourmon rendez-vous, et il faut encore que jebidouilleunpeuledessin.-T’inquiète,jem’occuped’elle.Peut-êtrequ’elleétaittellementangoisséequ’elleadormitoutdulong.–C’estlameilleurechosequipourraitt’arriver,mec.J’airicanéetluiaifaitsignedelamainenallantvers ma chambre. La porte était fermée et il faisait noir à l’intérieur. Shaw était recroquevillée enpositionfœtaleaumilieudulit,etpasbesoind’êtreungéniepoursavoirqu’elleétaitbienréveilléeetqu’elleavaitpleuré.Elleavaitlesdeuxmainssoussajoueetregardaitverslatélééteinte,lesyeuxdanslevide.-Qu’est-cequetuluiasfait?Savoixétaitbruteetencoreplusrauquequed’habitudeàcausedesespleurs.Jemesuisassissurleborddulitetaitendulebraspourpasserlamainsursacuisse.–Jeluiaiditdesecalmer,etquecen’étaitpasmalindemettreencolèrequelqu’unquim’avaitpourcopain.Jenesaispasd’oùvientsonproblème,Shaw,maisjecroisqu’onpourraitlefaireinterner.Soncasestpsychiatrique.-J’aicruquetuallaisluifairedumal.-J’auraispumaisc’étaitenpleinjouretaumilieud’unefacpleined’étudiantsquisebaladaient.Jel’aipoussé un peu et on s’est balancé des conneries,mais je voulais surtout lui faire comprendre que tun’étais pas toute seule, que s’il te faisait dumal, tout un tas de gens attendaient en coulisse pour luitomberdessus.Deslarmessilencieusesontcommencéàcoulersursesjouesetj’aidûmepenchertoutlelongdesasilhouetteallongéepourlesessuyeravecmespouces.-Jeveuxjustequ’ils’enaille.Jen’aijamaisrienfaitpourmériterça.Toutcequejefais,c’esttoujourscequelesautresveulent.Pourquoisuis-jepuniealorsquepour lapremière foisdemavie, je faisunechosepourmoi?Jenesaispas,Casper,jenesaispas.Jenesavaispascommentfairepourqu’ellesesentemieux,alorsjemesuisallongésur le litderrièreelleet je l’aiprisedansmesbras tandis qu’elle pleurait. Je neme considérais pas comme quelqu’und’empathiqueoumêmedecompatissant.J’étaisgénéralementtropabsorbéparmespenséesetmaspiraled’absurditéémotionnellepourfairetrèsattentionàcellesdesautres,maistenirShawdansmesbrasalorsqu’elle pleurait a changé quelque chose en moi à un degré fondamental. J’avais l’impression qu’iln’existaitriensurTerrequejeneferaispasouquejenedonneraispaspourqu’elleaillemieux.J’avaisl’impression d’être un raté car je n’avais pas réussi à lui éviter cela, et je savais qu’à partir demaintenantlasurveilleret lagarder relativementà l’abrideDavenportnesuffiraitplus.Soudain,avecuneclartéaveuglante,j’aisuquejevoulaislagarderensécuritécontretoutcequipourrait lui fairedumal.Cequiétaittriste,c’estquej’avaisl’impressionpersistantequ’àunmomentj’avaisétélasourcedetoutautantdedétressequelePolo.Celam’aencoredonnéenviedetoutcasser.

Chapitre14SHAW

Tuessûrequetuveuxfaireça?Ayden avait l’air inquiète et elle n’était pas joyeuse que je l’aie traînée jusqu’au salon de tatouageMarkedaussi tôtdans la journée.Nous étions assises dans une petite salle que je n’avais jamais vueavant,mêmesij’ypassaisdeplusenplusdetempsàattendrequeRuleaitfiniouàluiameneràmangers’ildevaittravaillertard.Ilétaitévidentquelapièceavaitétédécoréeparunefemme,onreconnaissaitlestylefunkydeCoraunpeupartoutetcelasentaitunpeumoinsl’antiseptiquequedanslerestedusalon.J’étaisassisesurunfauteuilquiressemblaitaffreusementàceuxquel’ontrouvechezlesgynécologues,etjejouaisnerveusementavectoutcequimetombaitsouslamain.-Jesuissûre.-C’estjustequejenecomprendspaspourquoituveuxfairequelquechosequivatefairemal.Çaneferapasmallongtemps,etjefaisconfianceàCora.C’étaitvrai.Quand j’étaisausalon,nousfinissions toujourspardiscuter pendant des heures, et nousavionsmêmesortinotreamitiénaissantedecebâtiment.QuandRuleouRomenepouvaientpasjouerà«onsurveilleShaw»,celanesemblaitpasdérangerCoradetraîneravecmoijusqu’àcequel’undemesnombreux bodyguards se libère. Je l’aimais vraiment beaucoup et la seule façon d’arriver àme fairepercer,c’étaitdelefaireavecquelqu’unquimemettaitàl’aise.CoraavaitmêmeacceptédevenirquandlesalonétaitferméetqueRuleetNashétaientàlagym,pourquecelapuisseresterunesurprise.-Jeveuxêtresûreque tu le faispour toietpaspourRule.Etsi jamaisvousvous séparez et que leprochainmecavecquitusorsesttoutsérieuxetcolletmonté?Lestétonspercés,çanemarcherapeut-êtrepassurtonprochaincopain.Jeluiailancéunregardennuyéenessayantdecalmermesnerfs.Envérité,fairecelan’avaitrienàvoiravecRule.J’avaisànouveaul’impressionden’avoiraucuncontrôlesurmavie.L’histoiredemavoiture,Gabequiavaittoujoursuneincidencesurmaviequotidienne,lapressiondemesparents,la façondontRuleserenfermaitsur lui-mêmedèsque l’onse rapprochait trop, toutcelacommençaitàm’étoufferetj’avaisbesoindefairequelquechosejustepourmoi.Jevoulaiscettepetitechosequiétaitmonchoix,unedécision de modifier mon corps pour laquelle personne d’autre n’avait son mot à dire. J’avais desmigrainesdeplusenplussouvent,déjàtroisendeuxsemaines,etsijenefaisaisrien,j’allaisexploserentellementdemorceauxqu’ilseraitimpossibledelesrecoller.-SiRuleetmoinousséparons,tucroisvraimentqueleprochainmecquej’auraiseratoutpropreetnet?-Etpourquoipas?TuesrestésixmoisavecGabeetc’est l’exactopposédeRule.Jeparieques’ilvoyaitdestétonspercés,ilauraitunecrisecardiaque.-Jenesortiraiplusjamaisavecquelqu’unjusteparcequec’estcequejesuiscenséefaire,etdetoutefaçon jen’aipas l’intentiondesortiravecquelqu’und’autrequeRuledansunavenir proche, donc ne

t’emballepas.Enréalité, leschosesétaientunpeutenduesavecRuledepuisunesemaine.Jenesavaispascequ’ilavait,maisilmetraitaitcommesij’étaisensucreetquejepouvaiscasseràtoutinstant.Quandilpensaitquejeneregardaispas,jelevoyaism’observerd’unœilconfus,commes’ilessayaitdecomprendrecequejefoutaisencorelà,oupourquoiluiétaittoujourslà.Ilétaitobsédéparmasécuritéets’assuraitquejenesoisjamaisseule.Nouspassionstoujourstoutesnosnuitsensemblesoitchezl’unsoitchezl’autre,et les moments que nous passions au lit, auparavant passionnés et incontrôlables, étaient devenusgentilletsetfugaces.Cen’étaitpasmal,maiscelaneluiressemblaitpasetcelacommençaitàvraimentm’inquiéter. Je ne savais pas comment lui en parler, car il n’y avait pas de problème précis. Il étaittoujours présent émotionnellement, attentif et clairement déterminé à faire des efforts, mais il y avaitquelquechosedebizarre.Etjen’arrivaispasàmettreledoigtdessus.-Sitonpèrelesait,ilmettraenfinsamenaceàexécutionettuneverrasjamaissonchèquepourl’annéeprochaine.Mon père en avait eu marre que j’évite ses coups de téléphone et il m’avait tendu un piège àl’appartementleweek-enddernier.J’avaisessayédeluiexpliquerlasituationaveclavoiture, lui fairecomprendrecommentGabememenaçait,maiscelan’avaitserviàrien.Toutcequiinquiétaitmonpère,c’étaitsonimageetcelledemamère.Ilavaitutilisésamenacehabituelledemecouperlesvivres,maiscelan’avaitplus aucunpoids surmoi. Je lui avaisditque s’ilnepayaitplus la fac, j’iraisvolontierstravailler comme strip-teaseusepourpayermesétudesdemédecine. Je savais que cettemenace ne lecalmeraitpaslongtemps,maispourlemomentcelamesuffisait,puisqu’iln’allaitpasmedéfendrefaceàGabe.Jen’avaispasvul’ombred’unGabecesdernierstemps,maisjenecroyaispasquelecoupdepressiondeRuleaitsuffiàlefaireabandonner.Aydenm’avaitditqu’elleavaitentendudes fillesparlerdemoidansundesescours,etapparemmentsonnouveaujeuétaitdemetaillerunesaleréputationsurlecampusgrâceàunesériedemensongeséhontésetd’histoiresinvraisemblables.Parchance, j’étais relativementimmuniséecontre les ragotsque j’entendaissurmoi, après avoirgrandidansunemaisonaussidure ethaineuse. Sinon, j’aurais paniqué encore plus et j’aurais songé à changer de fac simplement pour yéchapper.Ouais,illeferaitsûrement.Çatombebien,cen’estpasquelquechosequ’ilaural’occasiondevoir.Coraaouvertlaporteavecunpetitplateauenmétaldanslesmains,quiavaitl’airstérileetsentaitl’antiseptiqued’hôpital.-Prête?J’ailevémesjambesetjemesuistournéesurlefauteuilpourm’allonger,puisj’aiessayéderégulermarespiration.-Aussiprêtequejamais.-Jesuisrapide,ceseravitefait.N’oubliepasquetudoislesgarderbienpropres les troisouquatrepremièressemaines,doncnejouepasavec,etnelaissepastu-sais-quijoueravec.Ildevraitconnaîtrelesrègles,maintenant.J’airigoléetellem’ademandéd’enlevermonteeshirtàcoltunisienetmonsoutien-gorge.J’aifrissonnéd’êtreaussidécouvertemaisCoraétait rassurante,etmêmesiellesavaitquec’étaitgênant,Aydenmetenaitlamainetregardaitattentivementcequ’ilsepassait.-D’abord,ilfautquejefasseunemarquepourêtresûrequ’ilssontdroitsetaumêmeniveaudesdeuxcôtés.C’étaitbizarrequequelqu’un,mêmeuneamie,touchemoncorpscommeça.Lapointedumarqueurétaitfroideetcelam’afaitfrissonner,maisbienmoinsquequandelleamislapinceenmétalsurlepremierpointrose.Sesyeuxbicoloressesontplantésdanslesmiensetj’aisentimesongless’enfoncerdans la

maindeAyden.-Allezma puce, inspire à fond et quand je te le dis, expire lentement. Tu vas sentir beaucoup depressionquandl’aiguillevatraverseretquandlebijouseramisenplace,alorsgardelesyeuxsurmoietrespirebien.J’aifaitcequ’ellem’aditetaprès lapremièredouleurqui, je l’avoue,m’a tiréquelques larmesparsurprise,c’étaitplusuninconfortqu’unevraiedouleur.Ellea répétésesgestesde l’autrecôté,etpuisc’était fini et j’étais percée.Ellem’ademandé si je voulais unmiroir. Je l’ai pris et j’ai admiré sontravailhabile.Messeinsétaientdetaillecorrecte,ilsn’étaientpasénormesnonplus,maisilsétaientfermesetrelevésetmestétonsétaienttoujoursd’unjolirose.LesanneauxdemétalressemblaientàceuxqueRuleavaitausourciletàlalèvre,maislapetitebouleaumilieudesmiensétaitunglobebleu-vert.Ilsétaientsexyetfémininsetjetrouvaiscelatrèsbeau.J’aiprislesinstructionsdesoinsetj’airemismesvêtements.J’aisentilepetitmorceaudemoiquiétaitensuspensdepuisdessemainesretomber, j’aisouriàCoraet jel’aiprisedansmesbras.-J’adore.-Tuasintérêt.C’estsupra-sexy.Aydenaacquiescéenremettantsonmanteau.-Jenepensaispasqueça t’irait,mais jeme trompais. Ilssontsuper fémininsetsexy.Maintenant, jevoispourquoituvoulaislefaire.Coraahaussésessourcilsultrablondsquandjeluiaifourrédel’argentdanslesmains.-Jesaisquetum’asditquetuvoulaislefairegratuitement,maisjeveuxtepayer.Elle a secoué la tête et a essayé de me le rendre mais j’ai refusé. Je considère qu’on est amies,maintenant,etjeneprofitepasdemesamis,doncprends-les’ilteplaît.Elleafroncélessourcilsets’estdéplacéepourrangertoutsonmatériel.-SituvoulaisuntatouageetqueRuleouNashproposaitdetelefairegratos,tuleslaisserais?-Ruleoui,Nashnon.Elleasoupiré,vaincue.–Bon,alorsd’accord.Tumedirascequel’amoureuxenpense,maisjecroisqu’ilnepourrapascachersonsouriresatisfait.Jetejure,sonhumeurdépendentièrementdecequevousfaitesdansvotrelit.J’aisortimes longscheveuxducoldemonmanteauet j’aiessayédenepas fairedegrimace car cemouvementavait faitbougermesnouveauxcompagnonscontremonsoutien-gorgeetcen’étaitpas trèsconfortable.-D’ailleurs,commentilest,cesdernierstemps?Jevoulaisvraimentuneréponse.-Çava,pluscalmeetpeut-êtremoinsbavardqued’habitude,maisçava.-D’accord,c’estbien,jesuppose.-Tun’aspasl’airtrèssûre.J’aihaussélesépaules,jenesavaispascommentl’expliquer.-Rulen’ajamaisétéunmectrèscalme.-Non,c’estvrai,maispeut-êtreque tu luidonnesuneraisonde l’être. Peut-être qu’il est heureux etqu’ilatoutcequ’ilveut,donciln’aplusderaisonsd’êtreencolèreetagressiftoutletemps.J’auraisétéraviesij’avaispenséqu’elleavaitraison,maisjeconnaissaisRuleetriendetoutcelanemeparaissaitnormal.Peut-être.Ellem’afaitunautrecâlinenprenantgardeàmapoitrineetnousafaitsortirdusalon.-Netefaispastropdenœudsaucerveauàcausedeça.Iln’yariendegravedanslefaitd’êtrecalme.-Merci,Cora.-Pasdeproblème,maintenantfilezpourquejepuissenettoyeravantquelesclientsarriventetqueles

garsviennentsepréparer.Aydenmeregardaitducoindel’œiltandisquenoussortionsdanslefroid.-Commentas-turéussiàsortirsansteschiensdegarde,cematin?Rulefaitunecrisechaquefoisquetuessaiesd’allertebaladersanspersonnesurlestalons.–Jeluiaiditquej’avaisrendez-vouschezlecoiffeur,quetuvenaisavecmoietquetunemelâcheraispasdesyeux.Aucunmecneveutpasseruneheurechezlecoiffeur,surtoutpasunmeccommeRule.Elleahaussélessourcilsalorsquenousarrivionsàhauteurdelavoituredelocationquejeconduisaisencemoment.-Donconvavraimentallersefairecouperlescheveux?Commejen’étaispasunementeuseetquejedétestaisêtremalhonnêteavecRule,j’avaiseffectivementprisrendez-vouspournousdeux.-Oui,saufquecettefoisc’estmoiquit’inviteetqu’ondoits’arrêterailleursavant.–Oùça?J’aiprisl’avenueColfaxetjemesuisdirigéeversl’autoroutequimenaitàBrookside.-Oùest-cequ’onva?Quandjem’étaislevéecematinetqueRuleavaitétéaussimièvrementpolietgentil,jesavaisquejedevaisaccomplirdeuxchosescejour-là.Lapremièreétaitfaite;etlaseconde,jen’enétaispasvraimentsûremaisj’avaisl’impressionqu’elleseraitpeut-êtreencoreplusdouloureuse.-Ilfautjustequejepassevoirunvieilamivitefait.-ÀBrookside?-Justeàcôté,laisse-moifaireetjet’expliquerai.J’aiconduitensilenceàtraverslesmontagnesjusqu’àcequenousarrivionsàunpetitcimetièredanslesenvironsd’Evergreen,enécoutantdeschansonsmélancoliquesdesDawesquicollaientparfaitementàmonhumeur.J’avaistoujourstrouvéassezironiquequeRemysoitenterréaussiloindelaville,surunboutdeterreaussicalme,alorsqu’ilétaitsibouillonnantetpleind’énergieetdevie.Jemesuisgaréesurleparkingdesvisiteursetj’aisortiunbonnetetunepairedegantsparcequejenesavaispascombiendetempsj’allaisrester,etilfaisaitencoreplusfroidici,àunealtitudeplusélevéequ’enville.-Jetelaisselesclefs,commeçatupeuxmettrelechauffageetallumerlaradiosituveux.Jenesaispaspourcombiendetempsj’enai.LeregardambrédeAydenétaitcommeliquide,tristeetcompréhensif.Ellem’afaituncâlind’unbrasetm’afaitsortir.-Çaira.Prendsautantdetempsqu’iltefaut.Tupourrasmepayerunmassageauxpierreschaudessiturestestroplongtemps.-Deal.C’étaitpourcelaquej’adoraiscettefille.Mesbottescrissaientdanslaneigealorsquejemedirigeaisderrière le parking, où la pierre tombale se tenait,griseetstérile, une énième nuance de gris dans lepaysagetristedel’hiver.Unbouquetderoses rougevifétaitposésur l’emplacementblancetcelam’afait sourire. Remy adorait le rouge, il adorait les choses vives qui attiraient l’œil, tout ce quicorrespondaitàsapersonnalité.Sansmesoucierdusolgeléetcouvertdeneige,jemesuisagenouilléeetaipassémondoigtgantésursonnom.Mesyeuxsesontimmédiatement remplisde larmes.J’aidéplacémamainpourtoucherlegrandferàchevalquisetrouvaitsurlatombecarlesdeuxfilsArcheravaientinsistépourqu’ilsoitlà.Tournéverslehaut,ondisaitqu’ilgardaittoutelachanceà l’intérieur.Romeaimaitbiencesymbole,etRuleaimaitquecesoituneimagequilesliaittouslesdeuxpourl’éternité.-Salut,beaugosse.Jesuisdésoléedenepasêtrevenuedepuissi longtemps,mais il s’estpassédeschoses…intenses.J’airijaune.

-J’ailesentimentquesituétaislà,tuseraismortderireettunousregarderaistousd’unairaffligé.Tumemanques tellement, et tous les jours, je me dis que tout serait tellement plus facile si je pouvaist’appeler,quetutrouveraisunsensàtoutçapourtenirlecoup.C’estunmilliondefoisplusdurdefaireçasanstoi.Désormaisjepleuraischaudementetjenevoyaispluslapierretrèsclairement.J’aiposélapaumedemamainsursonnomet jemesuisconcentréesurmarespiration.Jecoucheavec tonfrère,etsi tumeprenaispouruneidiotefollementamoureuseavant,tudevraisvoirmaintenant.Jepaniqueparcequ’ilesttrop gentil. Je sais, il n’y a quemoi pourm’inquiéter parce quemon copain est trop gentil, mais onconnaîtRuleetjesaisqu’ilyaquelquechosequicloche.Ilneveutpasm’enparler.Etd’ailleurs,tuasvucommec’estbizarred’appelerRulemoncopain?Moncœurseretournechaquefois,etparmomentsj’aimême l’impression que toutmonmonde est dans ses yeux.Et pourtant ilm’enferme dehors, il sefermeetcompliquelesimplefaitdel’aimer.Situétaislà, jeteferaisluisortir lesversdunezet il tediraittout,parcequ’iltedisaittoujourstout.J’aisoupiréetj’aibaissélatête.-J’auraisvouluquetuleurdises,àRuleetàRome.J’auraisvouluque tu leur fassesassezconfiancepourt’ouvriràeuxcommetul’asfaitavecmoi.TamèreapétéuncâbleparcequeRulerefuse toujoursd’êtretacopieconforme,etducouptafamilleestenlambeaux.Peut-êtrequesitoutlemondesavait,situavaisessayédeleurexpliquerquetoutlemondemérited’êtreaimé,peuimportecommentonvitsavie,les choses seraient différentes. Ton père avancemais il essaie toujours d’empêcherMargot d’atterrirdansunasilede fous.EtRome, lepauvreRomen’estqu’uneballedeping-ponggéante quiessaie deprotégertoutlemondeetdetoutarranger,maisiln’apersonnepourl’aider.Ilabesoinque tu fasses lemédiateur,commetulefaisaistoujours.Mesgenouxétaientgelésetl’eauavaittraversémonpantalondepuislongtemps.Jeclaquaisdesdentsetj’avaisvitecomprisque les trèsbasses températureset les tétonspercésnefaisaientpasvraimentbonménage.-J’aiunex taréquime suit etmeharcèle ; çamepourrit lavie.Mesparents sont persuadés que jedevrais l’épouser et déménager à Cherry Hills. Rule le déteste et il y a de fortes chances que s’ilcontinue,Rulel’assassine,cequinefaitqu’empirerdeschosesdéjà trèscompliquées.J’aidans l’idéeque si tu avais été là, tu auraisvu lapourriture à travers levernisdeGabeet jeneme serais jamaisretrouvéedanscettesituation.Çamemanquequetunesoispluslàpourmeprotégerdemoi-même.Tonfrèrenepensequ’àmegarderensécuritéetjecroissincèrementquec’estimportantpourlui.Maisilesttellementoccupéàmeprotégerdesautres,ycomprisdelui,quejecroisqu’ilnevoitpasquejepeuxêtremapireennemie.Iln’arrêtepasdeparlerdufaitqu’ilpeuttoutfoutreenl’airentrenousetjen’osepasluidirequ’ilnepourrajamaisassezmerderpourquej’arrêtedel’aimer.C’estfortprobableque,commetoutlemonde,ilfinisseparvoirquecequej’aiàoffrirn’estpassigénialetquejeveuxplusquecequejepeuxdonner.C’esttellementtorduetcompliquéquejesuisdéjàsurprisequ’onensoitarrivéslà.J’airigoléunpeu,d’unvrairirecettefois,etuncoupledevantunetombeunpeuplusloinm’ajetéunregardnoir.-J’étaisbourréelesoirdemonanniversaire,etjemesuisjetéesurlui.J’étaisterrifiéedudébutàlafin,j’avaispeurqu’ilmedisenon,qu’ilcroieprofiterdelasituationparcequej’étaissaoule,maisças’estpasséetj’aicarrémentdonnémavirginitéà tonfrère.Jenesaispaspourquoimais jesuissûreque tuauraistrouvéçadésopilant.Maistuavaisraison.J’attendaisencorequ’ilcomprennecequ’ilsepassaitetmaintenantquec’estfait,laisse-moitedirequecequ’ilsepasseestgénialetj’aidumalàenvisagerl’avenirsanslui.J’aidéposéunbaisersurmongantencuirraideetl’aiplacésursonnom.

-Touslesjours,Rem,touslesjoursquelquechosemefaitpenserà toi, jepenseàdeschosesque jevoudraistedire,j’aienviedepleureràcausedecequ’il t’estarrivé.Tumemanques tous les joursetmaintenantj’aibesoindetoiplusque jamais, j’essaiedeprendredesdécisions, j’essaiedeprendre ladirectionquiterendraitfier,quiteferaitsourirepourmoi,maisc’estdur.Jesuisrestéequelquesminutesdeplus,jusqu’àcequeleslarmesnesoientplusquedestracesglacéessurmes joues,puis jemesuis relevée. J’aiposémamainsur ledessusde la tombeet je luiaiditundernieraurevoirenessayantdereprendremesesprits.Quandjesuisrentréedanslavoiture,AydenavaitprispossessiondelaradioetLadyAntebellumfaisaitsonnersescordes.Elleabaissélesonauminimumtandisquejem’installaisderrièrelevolantetquej’enlevaismesgants.-Toutvabien?J’aihochélatêteetaimismesmainsglacéesdevantlechauffage,regrettantdenepasenavoirunassezgrandpourséchermonjean.-Ouais, c’est juste triste. Ilmemanque beaucoup.On se parlait tous les jours, parfois pendant desheures.Jemesensperduesans lui.Lamajeurepartiedu temps, jemedisqu’ilest leseulquipourraitcomprendre combien c’est difficile de comprendre Rule. Ils étaient très différents, mais tout au fondc’étaitlesmêmes,deshommesbonsavecunsenstrèsfortdeleuridentitéetdelafidélité.-C’estévidentqu’ilcomptaitbeaucouppourtoi,alorspourquoivousn’avezpasfiniensemble,touslesdeux?Ondiraitqueçaauraitétélacombinaisongagnante.J’aisouritristementetj’airedémarrélavoiture.-Parcequecen’étaitpas ceque l’onressentait l’un pour l’autre. Il savait que j’étais amoureuse deRule.Parfoisilm’yencourageait,parfoisilfaisaittoutpourmedissuader,maisilsavait,etengénéralillerespectait.EtRemyétaitamoureuxdequelqu’und’autre,detrèsdifférentdemoi.Remyétaitleboute-en-train,ilavaitunmilliond’amisettoutlemondevoulaittoutle tempsêtreavec lui,mais ilétait trèspudiquesursaviesentimentale.RomeetRuleenchaînaientlesfillesàunrythmefranchementinquiétant,maisRemycachaitsonjeu.Jecroisqu’illaissaitlesgenscroirequ’ilsepassaitquelquechoseentrenousparcequeçalesempêchaitdeposerdesquestionsauxquellesilnevoulaitpasrépondre.Ilnevoulaitpasêtrecomparéàsesfrères,etsesparentsm’adoraient,doncc’étaitplusfacilepourluidejouerlejeuquedegérerlesprisesdetête.-Çanemesemblepastrèsjustepourtoi.S’ilsavaitque tuétaisamoureusedeRuledepuis ledébut,pourquoiest-cequ’illeurlaissaitcroirequevousétiezencouple?Rulemeposaitsanscesse lamêmequestion,mêmes’ilnesavaitpasquej’étaisamoureusedeluidepuisaussilongtemps.Jenepouvaispasluirépondre,etjedétestaisça.Cen’étaitpasàmoiderévélerlessecretsdeRemy.-Ilavaitsesraisons.Àl’époquejecomprenais,j’imaginequejenevoyaispascombiençapouvaitêtrenéfaste.Finalement,ilm’asauvéd’unevieaulycéequiauraitétémalheureuse,etd’unefamillequimetraitecommeunmeuble,alorscelanemedérangeaitpaslemoinsdumondedesouffrirunpeupourlui.Tul’auraisbienaimé,toutlemondel’aimait.AussicolériqueetdifficilequepuisseêtreRule,Remyétaittout l’opposé. Il était toujours affable, souriant et content. Il voulait seulement que je passe un bonmoment,etquetouslesautresaussi.Quandilaeulebac,ildevaitallerenCalifornieparcequ’ilavaiteuuneboursed’étudesgrâceaufootballaméricain.Ilétaitbon,meilleurquebon,maisill’arefuséecars’ilsesentaitobligédejouerpouralleràl’école,celaluiretiraittoutleplaisirdu jeu.RuleadéménagéàDenveravecNash,etRemyestpartiaveceux.Lesgarssontallés travaillerausalondèsqu’ilsonteuleurdiplôme,etRemypassaitletempsenessayantdedécidercequ’ilvoulaitfaire.Finalement,ils’estfaitrepérerparuneboîted’événementieldeluxequifaisaitdesfêteschicsetdessoiréescostard-cravate.Il avait trouvé sondomaine et il n’a plus jamais parlé d’aller à la fac. Il gagnait pasmal d’argent, iladoraitvivreenville, ilavaitunesuper relationavecses frères et sa famille. Il était en couple avec

quelqu’un qui le faisait sourire et agir comme un petit gamin. Je venais d’emménager ici pour mapremièreannéequandilestmort.C’étaitnuletcen’étaitpasjustedutout; toutsepassaitcommeil levoulait,etonl’aenlevéàtoutçaàcaused’unaccidentbête.-C’esttragique.J’entendaisl’émotiondanssavoix.-Oui.J’aiconfirmécarc’étaittoutcequejepouvaisfaire.Quandnoussommesarrivéesausalondecoiffure,nousétions toutes lesdeuxplusqueprêtesànousremonter lemoral et j’ai décidéqu’unmassage auxpierreschaudesétaitderigueur.Nousnous sommes fait pomponner et nousnous sommesdétendues.Peut-êtreun peu trop, car quandl’heureestvenuedepasseràmescheveux,jeluiaidemandédepasserlamoitiédemafrangedechâtainclairàpresquenoir.Ilafaitlamêmechoseaudessousdemescheveuxlongs,celafaisaitpresqueuneffetdamier.C’étaittendanceetaffirmé,onnepouvaitpaslelouper,etlenoirdemescheveuxrendaitlevertdemesyeuxirisé.J’aimaisvraimentbeaucoup.Etjen’étaispaslaseulepuisquedèsquenoussommessorties,ungroupedefillesdenotreâges’estarrêtépourmedemanderoùjel’avaisfaitfaire.Aydenetmoisommesalléesmanger etavonsdécidé de prendre un cocktail dans un bar pas loin del’appartement.J’aijetéunœilàmontéléphoneetj’aivuuntextodeRulequimedemandaitcommentçaallait.J’aifroncélessourcilsetluiairéponduenvitessequetoutallaitbien.Jepensaisqu’ilexigeraitdesavoiroùj’étaistoutelajournée,qu’ilmedemandecequej’avaisfait,maisilm’ajusteréponduquetantmieuxetm’ademandéàquelleheureilpouvaitvenircesoir.Monventres’estnouéetj’aisentiquelquechosedeterriblemonterdanslefonddemagorge.Ilnefaisaitqu’êtreprévenant,maisjedétestaiscelaetjevoulaisquecelas’arrête.Jeluiaienvoyé:jecroiSquej’aiunemigrainequiarrive.aydennetravaillepaSceSoiretjepenSequ’onvaSefaireuneSoiréefilleSàlamaiSonavecunfilmBêteetdupop-corn,donc tupeuxSortiravec teSpoteSoufaireceque tuveux.Je voulais qu’ilme dise que c’était idiot.Qu’évidemment,ilviendraitquandmême,maisj’aireçu:d’accord.tienS-moi au courant S’il te faut quelque choSepourtatête.gardelaportefermée.je ne faiS toujourS paS confiance àdavenport. Jevoulais récupérermonRule.Jevoulaisqu’ils’énervecontremoi, jevoulaisqu’il retrouve lemauvaiscaractèrequ’il trimballaitnormalement,maisilavaitdisparu.Toutcequej’avais,c’étaitunacquiescementsilencieuxetuneacceptationfacile,deschosesinconnuesdemonRuleàmoi.J’étaisencolèresanssavoirpourquoinicommentyremédier,j’aijetémontéléphonedansmonsacetaidemandéuneautretournée.-C’estquoileproblème,maintenant?-Rien.-Allez,Shaw.Jesuisavectoidepuiscematin;dis-moicequ’ilsepasse,lesnichons,lescheveuxetlavisiteglacialeducimetière,ilyaquelquechosederrièretoutça.Tumefaisparlerquandjeneveuxpas,alorsbalance.J’aisoupiréd’unairdécouragéetj’aitournémapailledansmonverre.-J’aiditàRuledenepasvenircesoirparcequej’avaisunemigraine.-Etcen’estpasvrai,jesuppose.-Non,etjeneveuxpasvraimentqu’ilrestechezlui.Jeveuxjustequ’ilfassecequ’ilfaitd’habitude,qu’ilpiqueunecrise,qu’ilsoitcolériqueetautoritaire,qu’ilmedisequ’ilvientqueçameplaiseounon.Maisilrépondjuste«d’accord»commesicen’étaitpasgrave,etjenesaispasquoienpenser.Cen’estpascommes’iln’étaitjamaisdouxetgentil,maiscen’estpassafaçond’êtrepardéfaut.Ilestcompliquéetilal’espritdecontradiction,maiscesdernierstempsilnefaitquesourireethocherlatêtecommesij’avaistoujoursraison.Çaneluiressemblepas,etçamefaitbizarre.-Tupeuxpeut-êtreessayerd’êtrecontentequetoncopainaitl’airsuper?

J’aiessayédesourirecarjesavaisqu’elleplaisantait,maisjen’avaispaslecœuràça.–Cen’estpasseulementquandondiscuteouquandjeluidemandedefairequelquechose,c’estaussiaulit.Normalement,c’estpassionincontrôlableetorgasmeaprèsorgasmeparalysant,maiscestemps-cic’estbeaucoupplus«Est-cequejepeuxfaireci?»et«Tuesd’accordsijefaisça?»et«Commenttutesenssijefaisça?».Çan’ajamaisétésongenrededemanderlapermission,ilprendcequ’ilveutetfaitensortequ’àlafintuleveuillesdeuxfoisplusquelui.Çacommenceàmefairepeurparcequejenesaispascommentluienparlersansavoirl’aird’unetaréeparano.-Ehbien,ilfautquetuluienparles.Tunepeuxpasattendrequ’ilfasseleschosesdetellefaçonalorsqu’ilsecomportedifféremment,ouvoussereztouslesdeuxdéçus.Jesavaisqu’elleavaitraisonmaiscen’estpaspourautantquej’avaislamoindreidéedecommentm’yprendre.-Jenesaispascequ’ils’estpasséavecGabeaprèsqu’ilapourrimavoiture,maisc’est làqueçaacommencé.Ilaquittél’appartementetquandilestrevenu,cen’étaitpluslemême.-Jeconnaisquelquespersonnesquiallaientencoursquandc’estarrivé.Ilsm’ontditqu’ilsontpenséqueRuleallaitdéfoncerGabe,maisill’alâchéetunagentdesécuritélesaséparés.Jenesaispascequiauraitpudéclencheruneréactionaussibizarrechezlui.-Jenesaispasnonplusmaisçanemeplaîtpasdutout,etçafaituneraisondeplusdemaudireGabe.Je n’étais pas en grande forme, donc nous avons pris quelques cocktails de plus que prévu.Ayden adécidé que, comme nous étions bien parties, nous devrions passer à la soirée filles. Nous avonscommandédesailesdepouletaubaretsommesrevenuesàpied,carnousn’étionsqu’àquatre ruesdel’appartement.Noussommesrentréesen titubantunpeuetnousnous sommes écroulées sur le canapé.Nousavonsregardétroiscomédiesromantiquesàl’eauderoseàlasuite,faitdescendrelepouletavecunebouteilledevin,avonsplongédanslacrèmeglacéeetlepopcornetavonsricommedesfollespourdeschosesquin’étaientmêmepasdrôles.Cen’estqu’enmemettantaulitdesheuresplustardquejemesuisrenducomptequejen’avaispasappeléRule,oumêmeenvoyéunmessagepour luidireceque jefaisais toute la soirée. Je crois quemon cœur s’est un peu fendu quand j’ai regardé l’écran de montéléphoneetqu’iln’affichaitaucunappelmanquéniaucunmessage.Iln’avaitmêmepasprislapeinedemedirebonnenuitoudemedirequejeluimanquais.J’aijetéletéléphonequelquepartparterre,enfaisantattentiondenepasl’envoyercontrelemur,cettefois,etjemesuisréfugiéesouslescouvertures.Jepensaisquecommej’étaisbienbourrée,jeplongeraisdanslesommeilenmoinsdedeux,maisj’avaistort.J’aitournédansmonlitpendantplusdedeuxheuresavantd’abandonnerquandj’aicomprisquejen’allaispasdormirsijenechangeaisrien.J’avaispassétoutlemoisderniercontrelecorpssolidedeRule,etdormirdansunlitvidealorsquejemesentaismaln’étaitpasaussiplaisant.J’aipoussélescouverturesetj’aifouillédansl’undestiroirsdemacommodequeRuleavaitcommencéàremplirquandilvenaitdormir.J’aitrouvésontee-shirtpréférédeDefianceOhio,jemesuisdéshabilléeetjel’aienfilé.Ilétaitusé,douxetilmefaisaitpenseràlui,aussi,quandjesuis retournéedansmon lit jesuisenfintombéedansunsommeilreposant,ensachantqu’ilfallaitquejemesortedelàavantdedevenirfolleoudemetransformerenpochtronneinsomniaque.

Chapitre15Rule

Eh,tuasuneminute?J’ailevélesyeuxdudessindebateaudepirateoldschoolsurlequeljetravaillaisquandlavoixdemonfrère, dans l’encadrement de la porte, m’a surpris. J’étais tellement concentré que je ne l’avais pasentenduentrer,enplusj’avaislatêteailleurscar,deuxsoirsdesuite,Shawavaittrouvéuneexcuseàlaconpourresterseuleetcelacommençaitàm’énerver.Jem’efforçaisd’agircommecequejepensaisêtreunbonpetitami.J’étaisattentionné,attentif,jerépondaisàsessouhaits, jen’insistais jamais–doncenrésuméjefaisaislafiotte–etjelalaissaisprendretouteslesdécisions.Çanemeréussissaitpasdutout,mêmeaulit.Jevoulaisêtrelemecquineluidonneraitaucuneraisondepartir,quilarendraitheureusepourqu’ellen’aitpasàcombattremessautesd’humeuretmescrisesdefolie.J’essayais,avecunsuccèslimité, d’être unmec qu’elle voudrait garder, surtout avecDavenport le déséquilibré qui se baladaittoujoursdanslecoin.Maismanouvelleattitudesemblaitprovoquerlerésultatinverse.J’avaispassélesdeuxdernièresnuitsàtournerdansmonlitcarj’étaishabituéàsaformedouceprèsdemoi.J’étaistropagacépoursimplementl’appeleretluidirequejevenaisquandmêmeparcequejesavaisquec’étaitcequenousvoulionstouslesdeux.J’aijetémoncrayonàlatêtedeRomeetluiaifaitsignepourluidired’entrers’ilvoulait.-Qu’est-cequ’ilya?Ilm’a lancé lecrayonàson tourets’est lourdement laissé tombersur le lit. Il a étendu ses grandesjambesdevantluienlescroisantets’estpenchéenarrière,appuyésursescoudes,commechezlui.-ToujourspasdenouvellesdeShaw?J’airavaléungrognementcarrienqued’ypenser,celamedonnaitenviedefrapper.-Elleditqu’elleatropdedevoirspourdemain,elleveutrentrerdirectementchezelleaprèsleboulotpourlesfaire.-Ah…-Qu’est-cequeçaveutdire?-Rien,juste…ah.-Arrête,Rome,ton«ah»veuttoujoursdirequelquechose.-Ehbien,c’estbizarrequ’ellenesoitpasvenuedepuisquelquesjours.Vousvousêtesdisputésettunem’enaspasparlé?-Non.-Tuessûr?Jeluiaijetéunregardnoir.Oui,jesuissûrqu’onnes’estpasdisputés.Tuesvenupourmeharceleroutuasvraimentquelquechoseàmedemander?-Tuessaiesdechangerdesujet?Aprèsl’avoirgentimentinsulté,j’aitournémachaise.

-Situveuxjusteêtrechiant,sachequ’ilfautquejefinisselapiècesurlaquellejebosse.-J’aieumadéchargemédicaleaujourd’hui.LetoubibdeCarsonm’aappelétoutàl’heure.Çaveutdirequejedécolleendébutdesemaineprochaine.J’aifaitpivotermachaise.Ilessayaitd’avoirl’aircoolmaisjevoyaislatensionautourdesaboucheetdanssesyeux.-Tonépaulevatenirlecoup?-D’aprèseux,oui.-Ettoi?Tutesenscapablederepartir?-Jecroisquejen’aipasvraimentlechoix.Jepartiraisplustranquillesijesavaisque toutsepassaitbienentretoietShawetsiellen’avaitpasuntaréquilapoursuit.EtbiensûrsiMamanavaitacceptédesefaireaider.Maisjesupposequelesmiracles,çan’arrivequedanslesfilms.J’aigrognéetaipassémesmainssurmescheveuxquipoussaientàvued’œil.J’étaistentédelesraserpourretrouverunecrête,maisdansmonespritShawnepouvaitpasêtreavecunmeccoiffécommeça,donc je les gardais normaux et naturels, même si elle me disait régulièrement combien la crête luimanquait.-ÇavapourShawetmoi,net’inquiètepaspourça.EtpourMaman,jenepeuxpas fairegrand-chosepour t’aider. Promets-moi que tu feras attention.On arrête de rouler sur des bombes. Ce n’était pasvraimentprévuladernièrefois!Écoute,jevaisledireàPapaetMaman.Tusaisqu’ilsvontvouloirfairequelquechosepuisquepersonnenesaitquandjevaisrentrernidansquelétat.-Rome,jenepeuxpasréitérerl’expérienceavecMaman.-JediraiàPapad’organiserçadansunrestaurantouquelquechosedanslegenre.Je lui feraicomprendreque ça doit être une réunion de famille, ce qui veut dire que tu dois être là, et Shaw aussi. Je ne tedemandepas,petitfrère,jet’informe.Jevaisretournerdansledésertpourjenesaiscombiendetemps,etjemérited’avoirunbonsouvenirenfamilleàemporteravecmoi.Toutlemondepeutravalersafiertépourunesoirée.Jelemérite.-Tuasvucommeças’estbienpasséladernièrefois,etjen’aimêmepasfaitdeprovocation.Ilasoupiréets’estrelevé.-Faisçapourmoi,Rule,s’ilteplaît.Jenevoulaispasfaireça,sachantquec’étaitbizarreavecShawetquemamèreavaittrèsclairementditcequ’ellepensaitdemoi,maisilyavaitpeudechosesquej’auraispurefuseràmonfrère.J’aienchaînébeaucoupdegrossièretésd’unevoixérailléeenlaissantmatêtetomberenarrière.-Dis-moioùetquand.J’enparleraiàShaw,mais tun’aspas ledroitde t’énerveretderepartirà laguerreencolèresiMamanfaitcequ’elleal’habitudedefaireetpourrittout.-Jenecomprendspaspourquoionnepeutpasêtreunefoutuefamille,pourunefois.Jen’aipourtantpasl’impressionquecesoittropdemander.Tuasraison,cen’estpastropdemanderetjeferaicequejepeux.D’accord?-Merci,frangin,tun’esqu’àmoitiéaussiconquecequelesgenspensent.-Tagueule.J’airigoléetjesuisretournéàmondessin.-Justepourdire,çavamemanquerdeneplusvoirtasalegueuledepetitchef.Ils’estavancéversmoietacoincématêtesoussonbras.Jemesuisdébattuenvainpouressayerdemelibérermaisilétaittropmassifetm’afacilementmaîtrisé.-Çavaaussimemanquer,tagrandegueuleettonsalecaractère.Enrevanchecescheveuxquetugardes,c’estnuletcen’estpasdutouttoi,doncçanevapasmemanquer.Ilm’aenfinlâchéquandjeluiaimisuncoupdepoingdanslescôtes.Ilaenlevésonbrasengrognantet

j’aipoussélesmèchesinformessurmonfront.-Tuasjustepeurparcequesij’aidescheveux«normaux»,lesgensvontserendrecomptequejesuisbeaucoupplusbeauquetoi.Ilaànouveaufoncésurmoietnousnoussommesbattusunpeucommequandnousétionspetits,maismaintenantRomeétaitungéantquipesait facilementvingt-cinqkilosdeplusquemoi,donc le combatn’étaitpasvraimentéquitable.Maislevoirsortirensetenantlescôtesm’adonnéunepetitesatisfaction.J’aisortimontéléphoneetj’aifixél’écran.Jenesavaispascommentformulercequej’avaisàdireàShaw,jedétestaiscela,m’inquiéterdesmotsquejedevaischoisir.J’avaistellementl’habitudededireetfaire ce que je voulais, que cette version diluée de moimême me fatiguait. J’ai écrit un messagerapidement:romevientd’avoirSadéchargemédicale.alorSilretournedanSledéSertlundi.Jemesuisditquecommeelletravaillait,ellenerépondraitpastoutdesuite.Cen’étaitpascommesinousétionsembarquésdansdeprofondesconversationsphilosophiques,cesdernierstemps.ohnon!Çava?J’avaisdéjàperduunfrère,alorsl’idéequeceluiquimerestaitaituntravailquilemettaitconstammentendangernemefaisaitpasdubiendutout,maisjenepouvaisrienyfaire.LesensdudevoirdeRomeétaitunepartiedesonidentité,jerespectaiscelaetjelerespectaisbientrop pour laissermes sentiments contaminer le peu de temps que nous passions ensemble. j’ai connumieuxmaiSilal’airdeBienlevivre,doncqu’eSt-cequ’onpeutyfaire?tuveuxquejevienneaprèSletravail?jecroyaiSquetuavaiSdeSdevoirSàfaire?oui,maiS Si tu aS BeSoin demoi,Ça peut attendre.Oui, j’avais besoin d’elle. Je voulais la tenir dansmesbras et lacouvrird’amourmaispasparcequ’elleavaitpitiédemoi, jevoulaisquecesoitparcequ’ellevoulaitêtreavecmoiaussi.J’aigardélesyeuxsurletéléphoneavecunregardmauvaisàcausede la tournurecompliquéeque toutcelaavaitprisd’un jourà l’autre.nan,c’eStBon,maiS ilveut faire un repaS defamilleavectoutlemondeavantdepartir.ilvademanderàmonpèred’organiSerÇa.commentÇavaSepaSSeravecmargotettoi?paSSeulementmoi,tuvienSauSSi.jenem’inquiètepaSpourmoi.romeal’airdepenSerquecommeilrepart,elleSetiendraàcarreauS’il luidemande,maiSj’aideSdouteS.ilcroitqueSionfaitÇadanSun

lieupuBlic,Çaira.c’eSttellementtriStequevouSayezàvouSSoucierdeÇa.jeneSuiSpaSleSeulàavoirdeSproBlèmeSdefamille,caSper.non,c’eStvrai.paSSeuneBonnenuit.Ilyaeuunlongblancetjenepensaispasqu’elleallait répondre,maiscinqminutesplustardmontéléphoneabipé,nouveaumessage.tumemanqueS,rule.Jenesavaispasquoiluidirecarcen’étaitpasmoiquim’éloignais,cettefois.J’aiverrouillél’écranetaicontinuéàdessiner.Lelendemainsoir,c’étaitmoiquinevoulaispaspasserdetempsavecShaw.J’avaisdécidéquec’étaituneexcellenteidéedesortirRomepourqu’iltireuncoupavantderepartiràl’étranger.J’airéussiàfinirallongé dans un verre deCrown, donc assez certain d’avoir lamentablement échoué et d’être le pirecompagnondedraguedel’histoire.RomeetNashm’ontlaissésurmonlitaprèsm’avoirtraîné jusqu’àl’appart. Ce n’est que bien après 11 heures, le lendemainmatin, alors que j’essayais deme laver etd’avoir l’air à moitié humain pour aller travailler, que j’ai remarqué trois appels manqués et cinqmessagesnonlusdelapartdeShaw.Ilsétaienttousdesvariationsdumêmethème:oùes-tu,quefais-tu,pourquoi tunerépondspas, tuveuxquejevienne, tuvasvenir? Ilsm’ont tousfait faire lagrimaceetlâcherdes jurons. Jemesentais supercoupablecarsi leschosesn’avaientpasétéaussi tendues entrenous,jel’auraisappeléeavantdepartiroujeluiauraisproposédeveniravecnous.Aulieudeça,j’enavaisprofitépourêtremonmoinormaletnefaireaucuneffortpourêtreparfaitauxyeuxdequiconque.J’allaisl’appelerpourluiexpliquerquandRomeestsortidelasalledebainsducouloirenpassantune

serviettesursatête.-Tuesvivant?-Àpeine.Ilfautquej’appelleShaw.Hiersoir,j’étaistropbourrépourluidirecequ’ilsepassait.Ilm’alancéunregardperçant.-Je l’aidéjàappelée.Ellem’aenvoyéunmessagehierparcequ’ellesedemandaitceque tu faisaisalors je luiaiditque tuétaispleinet incontrôlable.Ellea l’air triste.Pirequeça,ellea l’air tristeàcausedetoi.J’aigrondéunpeuetaiposémescoudessurlecomptoirdelacuisine.Jesaismaisjenesaispascequej’aifaitdemal.J’aifaillitabassersonexsurunparkingmaisjemesuisrenducomptequesi j’agissaiscommeunhommedescavernes j’allais laperdre,etque je ne serais plus là pour la protéger. Je faisattentionàmesbonnesmanières,etlaisse-moitedire,jen’imaginaispascombienceseraitcompliqué!Maisdepuis,ellesecomportecommesijel’avaistrompéeouquej’avaisfaituntruchorribledugenre.-Rule,ellet’aimaitavectesmauvaisesmanières.Arrêted’essayerd’êtrequelqu’unquetun’espasetlaisse-lat’aimer.Cen’estpasdur.PapaaappeléetonmangeàRuth’sChrisdans lecentre-ville,à18heures.Jel’aidéjàditàShaw,doncàmoinsquetuveuillesramperpourt’excuser,tun’aspasbesoindel’appeler.-Ilsviennentici?-Papas’estditqueçaferaitdubienàMaman.IlapenséquelasortirdeBrooksideenlèveraitunpeudupoidsdupassé.-Onverrabien.-Rule…Jemesuisretournépourleregarderetj’aiétéfrappéparlasincéritédanssesyeux.-Mercidefaireçapourmoi.Jesaisquecen’estpasfacilepourtoi.- Je suis en train d’apprendre que le facile ne paie pas. Ce sont les choses qui te font bosser quicomptentvraiment.-Tuestoujoursunpetitconquinetientpasl’alcool,maisenchemintuesdevenuunhommequejesuisfierd’appelermonfrère.Nousnoussommesfixéspendantunlongmomentet, jepréféreraismourirquedel’avouer,maisleslarmesmesontcarrémentmontéesauxyeux.Jemesuiséclaircilavoixetmesuisécartéducomptoir.-Merci,Rome,maintenantilfautquejevoiesij’aitoujoursunecopineousij’aiassezbuhiersoirpourfinircélibataire.Jepensaisàcequ’ilm’avaitditenappelantShawetfinalementatterrirdirectementsursamessagerie.Ilfallaitjustequejelalaissem’aimer;jenesavaispastropcommentfairemaisjesavaisqueceque jefaisaisencemomentnefonctionnaitpas.J’ailaisséunmessagerauque.-Salut,c’estmoi.Jesuisnuletjesuisdésolé.J’auraisdût’appeler.Jesuissûrquet’esinquiétéeetsitum’avaisfaitça,jemeseraistapélatêtecontrelesmurs.Vraiment,jen’aipasd’autreexcusequelefaitqueleschosessoientunpeubizarresentrenousencemomentet j’essaiedecomprendre.Appelle-moiquandtuaurascemessage,situveux.Onsevoitcesoir.Jesuisvraimentdésoléetjeteprometsd’arrêterdefaireleschosesdifféremmentalorsqueçamarchaittrèsbienavant.Jenesavaispasquelleallaitêtresaréponse,toutcequejesavaisétaitquej’avaismerdéetj’espéraisqu’iln’étaitpas trop tardpourmerattraper.J’ai finidemepréparer pour le travail sans avoir de sesnouvelles. J’ai passé mes deux premiers rendez-vous toujours sans réponse, et j’ai commencéàm’inquiéter.Jesavaisqu’elleétaità lafacaujourd’hui,maisgénéralementcelanel’empêchaitpasdeme contacter entre deux cours. J’étais tenté de l’appeler une seconde fois, mais j’avais peur de maréactionsi j’étaisencoreenvoyésurmessagerie,sachantque jene tenaisdéjàqu’àunfil. Je nettoyais

aprèsmondernier rendez-vousde la journéequand j’ai enfin reçuunmessaged’elle :onSe verra audîner.C’étaittout.Iln’yavaitpasde«Jetepardonne»,pasde«Oui,t’esnaze,maintenantembrasse-moi»,pasde«Onfaittousdeserreurs»,pasde«Jesuistellementcontentequ’onrevienneàlanormale»,juste«Onseverraaudîner».Qu’est-ceque j’étaiscenséfairedeça?Toutesceshistoiresd’avoirune copine commençaient à me faire mal au crâne et je regrettais l’époque où nous nous détestionscordialementetnepassionsqu’uneheureensembletouteslessemaines.C’étaitcomplètementfaux,maiscelam’afaitmesentirunpeumieuxtandisquejerentraischezmoiledosvoûtépourmechangeretéviteràmamèreunecrisecardiaque.J’aimisunDickiesgrisetunechemiseàcarreauxavecdesboutonspressionnacrésetj’aiéchangémaceintureàclouspourunenoire toutesimple.J’aigardémesbottesetaivérifiéqu’ily avait tout justeassezdegeldansmescheveuxpourqu’ilssoientàmoitiécoiffés.Je ressemblais toujoursàmoi-même,maisunmoidontmon père ne semoquerait pas et dontmamère ne se plaindrait pas. Je devais bienadmettreque jevoulaisaussimontreràShawque jepouvais fairepropre quand l’occasion l’exigeait,maisj’étaissipertubéquandjepensaisàellequej’aiessayédenepastropimaginersaréactionlorsquenousnousverrionsenfin.Romeetmoi avonsgrimpédans le pick-uppour allerdîner.Sur la route durestaurant,j’aibienvudanssonsilencequ’ilétait stressé,et jenepouvaispas luienvouloiraprès lefiascodenotredernièreréuniondefamille.Àcejour,Mamanconsidéraittoujoursqu’ellen’avaitaucuneresponsabilitédansnotreschismefamilial.Jen’étaispassûrquesevoirdansunlieupublic,avectoutecette tensionentreShawetmoi, soit laclefdusuccès,mais j’étaisdécidéàoffriràRomel’au revoirqu’ilméritait,etànepas le laisserpartirdéçuouavec tropderaisonsde s’inquiéter pour ceux qu’ilaime.Nous nous sommes garés dans un parking plein à craquer et avons mis quelques dollars dans leparcmètre. En nous dirigeant vers le restaurant rempli demonde, nous avons vu Maman et Papa quiattendaient devant, avec Shaw. En la voyant, ma respiration s’est accélérée et quelque chose s’estretournédansmapoitrine.Celanefaisaitquequelquesjours,maisàcetinstantj’aieu l’impressionquenous avions été séparés des années. Elle avait changé sa couleur de cheveux entre-temps, ils étaientmaintenantsévèrement bicolores, et cela claquait avec sa peau blanche et ses yeux clairs. Nous nousapprochionsetsonregardétaitferméetsesjouesrosiespar le froid.J’aivuquemamères’accrochaitobstinémentaubrasdeShawetellen’apasvraimentexplosédejoieennousvoyantarriver.Romes’estpenchépour leur faire labiseà toutes lesdeuxetaserré lamain de Papa avant de se déplacer pourouvrirlaporte.J’aioptépourunsignedumentonetaihausséunsourcilenregardantShaw.Salut.Lescoinsdesabouchesesontretroussésetmamèrem’atoutbonnementignoré.-Salut.Onrentre,jesuisgelée.Ellealaissémamèrel’entraîneretunepointedecolères’estglisséesousmapeau.Maisnousn’étionspaslàpourmoidoncj’aiessayédel’étouffertandisquemonpèreposaitsamainsurmanuquepourmesecouerunpeu.Songestem’adonnél’impressiond’avoirdixans,cequiétaitassezdrôlemaintenantquejefaisaisquinzecentimètresdeplusquelui.-C’estunebonnechosepournoustous,gamin.Soispatientetonvas’amélioreretredeveniruntout.–C’estjusteundîner,Papa.Neparlonspastropvite.-Ehbien,ilfautapprendreàmarcheravantdecourir,fiston,etpourl’instantlesArcherarriventàpeineàboitiller.Toutcequ’onpeutfaire,c’estallerdel’avant.Jenesavaispasquoi répondre,aussi j’ai fermémaboucheetai regardé lasilhouettedeShawalorsqu’une serveuse guidait notre groupe vers une table au fond de la salle. Ma mère n’arrêtait pas dejacasseravecShaw,ellehochaitlatêteoumarmonnaitdetempsentemps,maiscequ’ellenefaisaitpasdu tout,c’étaitmeregarderoureconnaîtremaprésence. La colère était en train de passer de fumée à

brûlure.Sicelanechangeaitpas trèsvite, j’allais fairequelquechoseque je regretterais plus tard.Àtable, je me suis retrouvé coincé entre mon frère et ma copine. L’un me regardait en guised’avertissement, l’autre avait un regard voilé de tristesse et de reproche ; deux choses que je necomprenaispas.J’étaisprêtàtoutenvoyerbaladerpouravoirdesréponses.Jen’enaipaseul’occasioncar,dèsquejemesuistournéversShaw,laserveuseestapparueetnousavonsétéoccupésàcommanderlesboissons.Mamère,unefoisdeplus,aaccaparétoutel’attentiondeShaw.Simplementpourtâterleterrain,j’aiposémamainsursacuissesouslatableetjel’aisentieseraidirsousmon toucher. J’ai attenduqu’elle bouge ou qu’elle poussemamainmais elle ne s’estmême pasarrêtéedanssaconversationavecmamère.Ilétaitévidentqu’elless’étaientmanquées.J’airessentidelaculpabilité comme un coup de poignard, car Shaw avait interrompu une relation qu’elle appréciaitvisiblementàcausedesa loyautéetdesessentimentspourmoi.J’ai laissémonpèreetmon frèremehapperdansuneconversationsurlesBroncosetj’aigardéunœilsurShawquandnousavonschoisinosplats.Ellen’apaspoussémamainmaisellen’a pas non plus regardé une seule fois versmoi. Je nesavaispasquoiendéduire.Enrevanche,j’étaissoulagécartantquemamèreétaitconcentréesurelle,elleneposaitpaslesyeuxsurmoi;vulescirconstances,celapermettraitaudînerdesepasser lepluscalmementpossible.Monpèreacommandéunebouteilledechampagneavecledessertetavantqu’ellen’arrive,mamères’estéclipséeaux toilettes,donnantainsi l’occasionàShawdese tournerversmoi.Maisseslèvresétaientpincéesetsessourcilstrèsclairsétaientfroncés.-Ilfautqu’onparle.Mespropressourcilssesonthausséssivitequ’ilsonttirésurlesanneauxquiyétaientaccrochés.Cen’estpasévidentàfairesitunerépondspasquandjet’appelleetque tu inventesdesexcusespourriespournepasmevoir.Jel’aivuetiqueretelles’estpenchéeplusprès,desortequenostêtesétaientpresquecollées.Elleasifflé,assezbaspourquejesoisleseulàl’entendre:-Ehbienexcuse-moidenepassavoirquoitedire,sachantqueladernièrefoisqu’onnes’estpasvusdurantplusieursjours, tuasfoututalanguedanslagorgede lapremièrevenue.Jenesaispascequ’ilt’arrivemaisj’ail’impressionquetudeviensuninconnuetjedétesteça.Jeluiailancéunregardnoiretj’aiserrémesdoigtssursajambe.-Est-ceque tumefaisunminimumconfiance?Putain,Shaw,peut-êtreque j’essayais justed’êtreunmeilleurcopain,uncopainquinepètepasuncâblepourdesconneriestouteslestroisminutesetquinefinitpasenprisonalorsquetonextarérôdeencore?Peutêtrequej’essayaisdefairecequ’ilfaut,pourchanger.J’essayaisd’êtrelegenredemecquetumérites.Elleasouffléungrossoupirentresesdentsserréesetsesyeuxémeraudesesontaffûtés,d’unecolèrequej’aiétésurprisdevoirbrûleraussifortquelamienne.-Peut-êtreque tu aurais dûme demander avant de décider de ce que jemérite, Rule. Peut-être quej’aimaisquetupètesdescâblespourdesconneries.Peut-êtrequ’ilmemanque, leRulequiétaitassezpassionnéparmoietmasécuritépourrisquerd’allerenprisonàcausedemonexpsychopathe.Etjesuissûreetcertainequejenet’aijamaisdemandéd’êtreunmeilleurcopain.D’ailleurs,lepetitcopainquetuasétécettesemainen’afaitquemefairesentirperdueettriste.Jecroisqueni l’unni l’autrenenousétionsrenducomptequenousavionsélevé lavoixetquenousavionsmaintenantunpubliccaptif.Mamère,quiétaitrevenuedestoilettes,afaitunbruitétrange,commeunanimalblessé, et elle a titubé sur ses talonspour attirernotreattention.Sonregard allait demoi àShawavecdesyeuxénormes,etsamainétaitplaquéecontresapoitrine.Monpèresemblaitbienmoinssurpris,maisinquietpourmamère,commed’habitude.-Commenttuviensdel’appeler?

Shawaregardémamère,puismoi.Elleasoupiréeta répondud’unepetitevoix,commesielleavaitpeurquecequ’elleallaitdiredétruiselafemmeenfaced’elle.-Ruleetmoi,onsevoitdepuisunpeuplusd’unmois.Jeluiaiditd’arrêterdefairecommes’ildevaitêtrequelqu’und’autrepourêtreunboncopain.Elle s’est tournéepourmeregarderet je voyaisqu’ellemenait une guerre intérieure. Elle a fini parprendreunegrandeinspirationetseretournerversmamère.-Jesuisamoureusedeluidepuisquej’aiquatorzeans,Margot.Jemesuisfigéenentendantsaconfessionetl’intérieurdemoncorpss’estintégralementtransforméengelée.Ellem’aime.Cettejeunefemmegentille,merveilleuse,parfaite,m’aime,etdepuislongtemps.Jenesavaispasquoifairedecetteinformationcarmamèreessayaitderetenirseslarmes,etpourlapremièrefoisdelasoirée,elleaprêtéattentionàmoi.Çanet’apassuffid’avoirprislaviedeRemy?Il fallaitaussique tu luiprennes la fillequ’il aimait?Un silence choqué s’est abattu autourde la table, lourdcommeunetonnedebriques.Moninstinctmedisaitdequitterlatableetdesortirdurestaurant,mais jenepouvaispascarShawavaitserrésamainautourdelamiennesursacuisse.MonpèreetRomesesonttouslesdeuxlevésd’uncoup,outrés.-Margot!-Maman!Lesdeuxvoixsesontélevéesetlesautresclientsdurestaurantcommençaientànousregarderdeplusenplus,maisj’étaistropestomaquépourm’ensoucier.J’aientenduShawdiremonnom,j’aisentimonfrèreposersamainsurmonépaule,maisjen’étaispluslà.Entoutcasjen’étaispluslàjusqu’àcequeShawselève,mettesesdoigtsentreseslèvresetémetteunsifflementquinousa tousfait tourner la têteverselle,souslechoc.Elleaposélesmainssurlatableets’estpenchéeenavantpourparlerdirectementàmamèretoutennousregardanttous.- Tout le monde se tait, dit-elle en montrant ma mère du doigt et en plissant les yeux. Écoute-moiMargot,etpourunefoisilfautquetuentendesceque j’aià tedire.J’aimaisRemy, je l’aime toujours,maisnousn’avonsjamaisétéamoureux.IlsavaitcequejeressentaispourRule,parfoisilm’encourageaitetparfoisilmedissuadait,maisendéfinitiveilétaitd’accordsurlefaitqu’onnechoisitpas forcémentquionaime.Elleaprisunegrandeinspirationetj’airegardésapoitrinemonteretretomber.Ellesedébattaitavecquelquechose,quelquechosedegros,àenjugerparsonvisagerougeetsespoingsserrés.- Remy avait des secrets. Je sais que vous étiez proches, les gars, que vous vous aimiez et vousrespectieztouslestrois,maisRemyétaitdifférentdevousdeuxetilnesavaitsimplementpascommentvous ledire. Ilpensaitquec’étaitpeut-êtremieuxpour tout lemondede vous laisser croire que nousétionsencouple.DaleetMargotétaientdéjàtrèsdursavecRulealorsqu’ilnefaisaitquesetatoueretsecoiffern’importecomment…Elles’esttournéepourêtrefaceàmoietj’aivuqu’elleavaitleslarmesauxyeuxetquesonmentontremblait.Jevoulaisl’envelopperdansuncâlinettoutarrangermais,mêmedansmacoquilledechocémotionnel,jesavaisquesesparolesallaientchangermonmondepourtoujours.-Jeluiavaispromisetjeluidoistellement.J’aijurésurmaviequejenelediraisjamaisàpersonne.Sonregardaglisséets’estarrêtésurchacundenousautourdelatable.-Mais ilvoudraitquecette familleaillebienetsoitentière,plusqu’ilne voudrait que je garde sonsecret.Elleaprisunegrandeinspiration.-Remyétaitgay.Ilétaitmonmeilleurami,mafamilledesubstitution,etilétaithomosexuel.Ilavaitunerelationsérieuseavecungarçonquis’appelleOrlandoFredrick,qu’ilavaitrencontréendernièreannée

delycée.C’étaitlavraieraisonpourlaquelleilavaitdéménagéàDenveraprèslelycée,LandovaaussiàDU.L’incrédulité, froide et étrangère, a remonté ma colonne vertébrale. Rome a balancé un chapeletd’insanitésetmamères’estmiseàchialerpourdebon.Shawatournésesyeuxtristesversmoietjel’airegardéecommesijelavoyaispourlapremièrefois.-Paspossible.Ilmel’auraitdit.Elleasecouélatête,etsescheveuxnoirsetblancsglissaientsursesépaules.-Ilvoulaitteledire,maisilavaitpeurquetunecomprennespassavolontédegarderçasecret.Ilavaitpeurquetulepoussesàledireàtoutlemonde.Ilnes’estjamaisinquiétédetaréaction,mais il savaitqueçaauraittuéMargot.-Onétaitjumeaux,nomdeDieu.Ilmel’auraitdit.-Rule…Jemesuiséloignédelatableetjeluiailancéunregardmauvais.-C’estdesconneries.Romes’estlevéaussietj’airemarquéquesonregardsurShawétaitdurégalement.-Tun’aspasbesoind’inventerdeshistoiressurlesmortspouressayerd’arrangerleschosespourRule.C’estdésespéréetcen’estpascorrect,Shaw.Des larmescoulaient sur ses joues tandisque sesyeux faisaient desallers-retours entre nous. Elle aouvertlabouchepourdirequelquechosemaismonpèrel’acoupéeentapantsacuillèresurlecôtédesaflûtedechampagne.-D’accord,toutlemondes’assoitetsetait.Ilajetéunregarddurversmamèreetluiamontrélachaisequ’elleavaitquittéequelquesinstantsplustôt.Elleavaitl’airprêteàs’évanouir,etpasravied’êtresiprèsdeShaw.Jemesuisrassisàcontrecœurmaisétonnamment, c’estRomequinevoulaitpasbouger. Il est resté debout derrière le dossier de sachaisejusqu’àcequemonpèreluifassedegrosyeuxetlemontredudoigtendisant:-Posetonculsurlachaise,soldat.Shawpleuraitàcôtédemoietmaintenant,aulieudelaconsoler,toutcequejevoulaisfaireétaitpartirleplusloinpossible.Monpères’estéclaircilavoixetacroisésesbrassurlatable.-Celafaitlongtempsqueleschosessontbriséesdanscettefamille.Ilyaeutropdemalhonnêtetéetdefaux-semblants,etj’enaimarredemettretoutçasousletapispourquemafemmesoitheureuse.Caraufinal,ellenel’estpas,d’ailleurspersonneicinel’est.Ilapasséunemainsursonmentonetparaissaitsoudainavoircentans.-Margot,nefaispascommesitunesavaispasquelafaçondonttutraitesRuledepuisdesannéesestcruelleet injuste.J’aiperdumonfils toutcommetoi,et jene te laisseraiplusessayerdefaire de sonjumeauunétrangerouquelqu’unquinousdéteste.C’estunbongars;iltravailledur,ilaimesafamille,etdetouteévidenceiladesqualitésquecellequetuconsidèrescommetafillesaitapprécier.Jeneveuxpluslemettreàl’écart.OnsaittouslesdeuxqueShawestamoureusedeluidepuisqu’elleestgamine,onavucommeelleleregardait,commeelleledéfendait,etnecroispasquejen’aipasvuquec’étaitpourçaquetuessayaissanscessedelapousserdanslesbrasdeRemy.Ilalâchéunsoupir,puisilaregardéRomeetmoi.-Shawnevousmentpas,lesgarçons.C’estvraiquevotrefrèreavaitunautremodedevie.Peut-êtrequ’ilnevoulaitpasquevotremèreetmoisoyonsaucourant,mais lesadosnesaventpasmentir et iln’étaitpasvraimentaussidiscretqu’illepensait.IlaglisséunregardencoinversmamèrependantqueRomeetmoiéchangionsdesregardschoqués.– Margot a cru que c’était passager, c’est la principale raison pour laquelle elle était si contente

d’accueillirShawcheznousetdansnotrefamille.Audépartelleétaitpersuadéequetuallaislechanger,luifaireaimerlesfillesou,plusprécisément,t’aimertoi,maiscommejeledisais,c’étaitassezclairquetu t’intéressais à Rule. Ensuite on t’a adorée et on a vu combien tumanquais d’amour et combien tupouvaisendonner.Onnepouvaitplustelaisserpartir,bienquejen’aiejamaisaiméqueRemylaissetoutlemondecroirequ’ilyavaitautrechosequedel’amitiéentrevous.J’aigrogné.–Ilmel’auraitdit.J’aitapémamainsurlatableetmonpèrem’afixéavecunregardnoir.–Non,monfils,ilnetel’auraitpasdit.Remyavaitdumalavecça,ilavaitdumalàaccepterleregarddesautressurquiilétait,ettun’asjamaisvécuça.Tuas toujoursassuméqui tues,sans tesoucierduqu’endira-t-on.J’airegardéShaw,puislatable.J’avaisessayédechangerpourelleetcelaavaitétéunécheccuisant.Jemesuisrelevéetj’ailaissémesyeuxs’arrêtersurmamère.-Jenecomprendspaspourquoitun’asjamaispum’aimercommejesuisalorsquetuétaisvisiblementcapabledel’aimermalgrétout.Çan’apasdesens.Ilfautquejesorted’ici.- Je viens avec toi. Rome avait l’air aussi déchaîné quemoi. J’ai baissé les yeux quand desmainsdoucessesontagrippéesàmonavant-bras.J’aisursautéet jecroisquej’ai réellementvusoncœursebriserdanssesyeux.-Rule…Savoixétaitunmurmurerauque.-Jesuisdésolée.Ellem’alâchéetj’avaisdumalàparleràcausedelabouledansmagorge.-Jecomprendscequetuvoulaisdirequandtuparlaisdesgensprochesqui te font leplusdemal.Jet’appellerai.MaisalorsqueRomeetmoisortionsdurestaurant,jen’étaispassûrdelefaireetjerefusaisd’imagineràquelpointcelafaisaitmaldelalaissercommecela.

Chapitre16SHAW

Celafaisaittroissemaines,àunjourprès,quejen’avaispaseudecontactavecRule.Pasdemessage,pasd’appel,pasdemail,pasdepigeonvoyageur,justebeaucoupdesilenceetdechagrindemoncôté.Romen’avaitpasréponduàmesappelsoumêmeàmesmessagesdanslesquelsjeluidisaisaurevoir,etqu’ilmemanquerait.Ilétaitpartipourledésertencolèrecontremoi,etsicelaétaitdur,c’estbien labataille quotidienne que je menais contre moi-même pour savoir si je devais appeler Rule quim’anéantissait. Je voulais qu’il comprenne que cela n’avait jamais été à moi de révéler le secret deRemy,peuimportaitnotrerelation.Aydenrépétaitquecelaallaitretomberetqu’ilreviendrait,alorsqueMargotetDalecroyaientdurcommeferqu’ilnenousreparleraitplusjamais.Nousétionstous les troisdans le même bateau, les gars ne voulaient pas leur parler et Margot avait pour ainsi dire fait unedépressionnerveusequandRomeavaitrefuséqu’ilsl’emmènentàFortCarsonpoursondépart.Lesdeuxfrèresyétaientallésensembleetnousavaientabandonnésdanslefroid.J’avaismalmaisj’étaisaussifatiguéequemonamouretmonaffectionnesoientjamaissuffisantspourpersonne.J’avaisaiméRuleplus fortetplus longtempsquen’importequidansma vie, et cela n’étaittoujours pas assez pour qu’il voie au-delà de ce sentiment de trahison pour faire en sorte que celafonctionneentrenous.J’étaistoujoursénervéequ’ilaitcherchéàêtrequelqu’und’autretoutelasemaineavantquejelâchelabombe,maisquandjepleuraistouteseuledansmonlitlesoir,jereconnaissaisquecelapartaitd’unebonneintention–bienquepeujudicieuse.Jemesouvenaisluiavoirditdeseméfierdumal que cela pourrait faire si nous essayions d’être ensemble et que cela ne fonctionnait pas. D’unecertainefaçon,mêmele trouver au lit à répétition avec toutes lespouffes de l’Ouest n’arrivait pas lachevilledecesilenceradio.Jefaisaisdemonmieuxpournepaspenseràcequ’ilfaisaitouavecquiilétait,maischaquejourquipassait,j’étaisunpeuplusfataliste.Peuimportaitcequ’ilavaitressentipourmoi,celan’avaitpasétéassezfortpourqu’ilsurpassesesblocages.Celamefaisaitaffreusementmaldedevoirrenonceràlui,maisilfallaitquejepasseàautrechose.Jedevaism’efforcerd’avancercarmêmes’ilmerecontactait, ilyavaitde tropgrandsrisques qu’il ait replongé dans ses vieilles habitudes, etc’étaittotalementimpossiblequejesurviveàcela.Alorsau lieudeme languir, jemeforçaisàsouriretouslesjours,j’avaisreprismesancienshorairesautravail,meplongeantcorpsetâmedansmesétudes,etjepassaisautantdetempsquepossibleavecAydenetCora.AvecCora,jefaisaisbienattentiondenerienlaisserparaîtreetellefaisaittoutaussiattentiondenejamaisparlerdeRuleoudequoiquecesoitquiaitunrapportaveclui.DirequemesparentsétaientcontentsqueRulenefassepluspartiedupaysageseraituneuphémisme.Monpèreétait tellementheureuxqu’il aprismaBMWrécemment repeinte et l’aéchangée contre unePorscheCayenne,carj’avaisparlédeprendreunSUVpour laneige.J’aiessayéderefuser.Jen’avaispasbesoindepot-de-vin,mais lavoitureétaitàmonnomet laBMWavait déjà disparu, donc je l’aiacceptée avec réticence. Ma mère était encore pire. Elle m’appelait tous les jours pour avoir des

nouvelles.Lafemmequin’avaitjamaiseuuneminutepourmoiétaitsoudainpassionnéepartoutcequejefaisaisettouslesgensquejevoyais.Jecroisqu’elleessayaitsubtilementdemefairecomprendrequetantquejen’avaispasdemauvaisesfréquentations,jefiniraispargagnersonapprobation.Cequiétaitdrôle,c’étaitquemaintenantqueRuleétaitparti,jeneressentaispluslebesoinqu’ellesoitfièredemoi.J’auraisacceptéd’êtrerépudiéeetdéshéritéeunmilliondefoissicelaavaitpermisqu’ilmeparle,qu’ilressentelamoitiédecequej’avaistoujoursressentipour lui.Jecroisquemonmanqued’intérêtinquiétaitmesdeuxparents.Ilsétaienthabituésàmefairemiroiterleurapprobationcommes’ilsmetendaientunecarotteenor,etilsnesavaientplusquoifairemaintenantquejem’enfichais.Avoircepouvoir aurait dû être exaltant pour moi, mais je me sentais vide. J’aurais dû leur résister plus tôt.J’auraisdûsentirceladèsqueRuleetmoiavionscommencéànousfréquenter.J’avaisgaspillétellementdetemps,etcelanefaisaitqu’ajouterdesregretsàmatristesse.-Merci,Lou.Je luiai adressé un sourire fatigué que je dégainaismaintenant comme une pro, et je l’ai laissémesouleverdansuncâlindenounoursalorsqu’ilmeraccompagnaitjusqu’àmavoitureaprèsmonservice.Jen’avaispaseuuneseulenouvelledelapartdeGabedepuisdessemaines,maiscelamefaisaitdubiende savoir que quelqu’un se souciait assez demoi pour s’assurer dema sécurité, donc je ne refusaisjamaisquandLoumeproposaitdemeraccompagner.C’étaitunesoiréebizarrepourmoi, j’avaisbossécaruneautre filleétaitmalade,doncAydenn’étaitpasdeserviceet j’étais touteseule.D’ailleurs,macolocsemblaitseremettredesesémotionsetpassaitlasoiréeavecunétudiantenphysiquetrèsmignon,quisetrouvaitêtretotalementdifférentdurockeur.ElleétaitdéjàsortieavecluideuxfoiscettesemaineetjeretrouvaislaAydenquejeconnaissais.J’étaiscontentepourelle,mêmesicelavoulaitdirequejepasseraisunenuitdeplusàm’apitoyersurmonsort.Aprèstout,personnen’ajamaisditquelechemindelaguérisonétaitchouette.Loum’areposéeparterreetm’afaitunbisousurlefront.-Ilmemanque,tonjeunehomme,Shaw.C’étaitunpetitcon,maisungarsbien.J’aisoupirécarj’avaisdéjàeucetteconversationplusieursfoisavecLou.Jesais.Ilmemanqueaussi.-Prendssoindetoi,petite.-J’essaie,toujours.Jenevaispasmentir,manouvellevoituredéchirait.Elle ronronnaitcommetoutes lesbonnesvoituresde sport, mais naviguait sans souci sur la neige en centreville tandis que je traçais ma route versl’appartement.J’aiécoutélesAvettBrothersmemurmurerdeschansonstristesquiparlaientdecœursbriséspendanttoutletrajet.Ilétaitminuitbienpasséunsoirdesemaine,aussin’yavait-ilpasgrandmondesurlaroute.Unchienaaboyéauloin,ilfaisaitfroidetsombreetj’aieuunfrisson.Jedétestaiscettepartiedemon trajet. J’aieude lachanceetai trouvéune place juste devantl’immeubleetj’aisprintéjusqu’à laporte,carmonuniformen’étaitpas faitpourêtreportéà la findel’hiveràDenver.J’aientendul’habituelclicquandj’aicomposélecodeetjemesuisdépêchéed’entrer.J’aisoufflésurmesmainsetaifouillédansmonsacpourycherchermesclefs.Engénéraljelessortaisetjelestenaisprêtesàl’emploi,maiscestemps-cij’étaistropdistraitepartoutcebruitdansmatêteetlepoidsdansmapoitrine,etpenseràmasécuritéétaittombéquelquepartenbasdemalistedepriorités.Jevenaisdemettrelaclefdanslaserrureetjem’apprêtaisàouvrirleverrouquandunevoixgraveaditmonnom,dansmondos.Pendantunefractiondeseconde,j’aiétécontente.Unprofondsoulagementm’aenvahie car le seul mec qui pourrait m’attendre chez moi était Rule. Avant même que je puisse me

retourneretleprendredansmesbras,desmainsduresm’ontattrapéeparlanuqueetontpoussématêtecontrelaporte.J’aipousséunpetitcrisouslechoc,unepartiedemoncerveausignalaitque jedevraisêtreentraindecrieràl’aide,maislaporteaétéouverteparuncoupdepoignetentouréd’unemontreTagHeuerquejeneconnaissaisquetropbien,etj’aitrébuchétandisquedesmainsrêchesmepoussaientàl’intérieur.Monsacavoléetj’étaisabasourdiedevoirGabedevantmoi.Ilavaitl’airaussisoignéetpolicéquetoujours,mis à part que ses yeux étaient fous et que son visage portait un sourire de dément qui meterrifiait.Jenepouvaispasbouger.-Commentes-turentréici?Jesavaisquecen’étaitpasbon.Jen’étaispasensécuritéaveclui,jenevoulaispasêtreseuleaveclui,maisl’appartementétaittoutpetitetjenepouvaism’enfuirnullepart.Mabombelacrymogèneétaitdansmonsac,surlesol,etleTaserqueRulem’avaitachetéétaitdanslavoiture,inutile.JeregrettaisvraimentdenepasavoiracceptéqueRulelaissesonpistoletici,ilmel’avaitsouventdemandéquandnousnousvoyions.Gabeapassésesmainsnerveusesdanssescheveuxbrunsetm’aregardéecommeunprédateurregardesaproie.-J’aiditàtamèrequ’onétaitenvoiederéconciliationetquejevoulaistefaireunesurprise.Ellem’adonnélecode.Jet’aisuivieaprèstonboulot.Commeletarénefaitvisiblementpluspartiedutableauetque le singemilitairen’est plus là, jeme suisditquemaintenant serait unbonmomentpourqu’on semettesurlamêmelongueurd’onde.Ilétaittellementfroid,tellementdétachéquejecroisqu’ilneserendaitmêmepascomptequ’ilvenaitderentrerchezmoideforceetquejetremblaisdepeur.J’aicroisémesbrassurmapoitrineetaiessayédeblufferpour fairedisparaîtrema terreurmais ilacontinuéàmeregardercommes’ilmedisséquaitmentalement.-Onn’estmêmepassurlamêmefréquence,Gabe. Il fautque tupartesparceque,dansenvirondeuxsecondes,jevaismemettreàhurlerdetoutesmesforces.Ilasecouélatêteetafaitun«tsktsk».-Ehbientuvois,Shaw,toutestvraimentdevenupourripourmoi.Depuisquetonvoyoudecopainm’afaitpasserpourunechochotteetquemonpèreacoupé toutesmescartesdecréditàcausede tapetiteblague avec l’ordonnance de protection, tout se casse la gueule. J’ai raté mon examen de théoriepolitique,mafraternitéveutmefoutredehorsparcequ’apparemmentcen’estpascorrectde laisser unmecquialeQId’unratd’égouttefairepasserpourunnazesur toncampus,mesparentssont furieuxàcausedel’ordonnancedeprotection,etlestagequejevoulaisavoirdanslebleddetamèreesttombéàl’eaucarellen’asimplementpas eu le temps de s’en occuper.Donc tu vois, Shaw, depuis que tu asdécidéd’êtreuneputeégoïsteetdetournerledosàtouteslesgrandeschosesqu’onauraitpuavoir,j’aidûtravaillerdeuxfoispluspouravoircequejemérite.Ilétaitvéritablementfou.J’essayaisdem’éloignerlentementdeluicar jesavaisques’il s’approchaitassezpourposerlesmainssurmoi,leschosespasseraientdeterrifiantesàunehorreurinimaginable.-Jesuisdésoléequetuaiesdumalaveccequ’ilsepasse,Gabe,maistun’auraispasdût’enprendreàmavoiture.Çaaétélagoutted’eaupourRule.Jet’avaisditdemelaissertranquille,quesinontun’allaispasaimercequ’ilallaitfaire.J’aicrié,carapparemmentparlerdeRulen’étaitpaslameilleurechoseàfaire.Gabeabougéplusvitequejenel’encroyaiscapable.Ilm’acouruaprèsalorsque je reculaispourgarder leplusdedistancepossible entre nous.Malheureusement, il a réussiàme rattraper dans le salon et bien que jeme soisdébattue, il était tropgrand et trop fort. Ilm’a prise par lagorgeet nous nous sommes battus jusqu’à

tomberparterre.J’airenverséunetabled’appoint,cequiafaitunénormeboucanetm’avaluuneclaquedureversdelamainquim’aouvertlalèvre.Ilétaitassissurmoiettenaitmesbraslelongdemoncorps,et ilapassésamainautourdemagorge.Mesyeuxétaienthumidesàcausedes larmesdepeuretdeseffortsquejefaisaispourrespirer.Jetiraissursesmainsquiserraientet jebattaisdesjambesmais ils’estjustepenchéplusprèsetilaserrémoncouplusfort.-Tucroisqueçam’intéresse,cequepenseleloser?Tucroisquej’enaiquelquechoseàfoutre,decequ’ilveutmefaire?Iln’estriendutout.Jet’avaisditdepuisledébutqu’ilneresteraitpas;maintenantregarde-toi.Touteseule,ettufaisenfincequejeveux.Jet’avaisditquej’auraiscequejevoulais.J’aitoujourscequejeveux.IlfallaitquejemedébarrassedeGabe.Ilallaitmetuer,metuerpourdevrai.Mavisioncommençaitàsebrouilleretmespoumonsétaienten feu. Il était toujoursassis surmoi etcontinuaitàserrer tout enm’expliquantquenousallionsnousremettreensemble,quej’allaisappelermamèreet lui fairechangerd’avis concernant son stagemaintenantquenousétionsuncouple.Jebougeais la tête pour essayer derespirer,etj’airéussiàpassermesmainsentrenouspourenfoncermesonglesd’uncoupsecsoussonbiceps,cequil’afaitgrimaceretl’aassezdéstabilisépourquejepuisseramperunpeuetm’éloigner.Jemesuisouvertlamainsurunboutdeverred’unelampecasséealorsquej’essayaisdemerelever, toutcelapourqu’unemaincruelletiremescheveuxetmeremetteàterre.J’aigrognéquandsonpoidss’estécroulésurmondosetj’aidûclignerdesyeuxcarunflotdesangcoulaitdematempe,quiavaitcognécontrelepieddelatable.-Aydenvarentrerd’uneminuteàl’autre.Mavoixétaitunfaiblefiletàcausedelapressionqu’ilavaitimposéeàmoncou,maiscelanechangeaitrien;ilm’atiréepourmereleveretm’apousséepourquejesoispliéeendeuxsurledossierducanapé.J’essayais désespérément de ne pas penser au peu de résistance que mon uniforme offrait pour ledécourager,maisils’estpenchéetsatêteétaitprèsdelamienne,iln’avaitpas l’airgêné lemoinsdumondeparlesangquiserépandaitpartout.-Etalors?Tuesmacopine,Shaw,tum’appartiens.Sitacolocrentre,tuluidirasjustequeleschosesontdérapépendantqu’onseréconciliait.Ilmettait tout son poids surmon dos et il avait tordumamain d’une façon que mon corps n’a passupportéeetunbruit ignoblenousa tous lesdeuxfaitsursauterquandmon épaule s’est déboîtée. J’aihurlédedouleuretmonbrasestdevenuflasque.Lapeurpaniqueestmontée trèsvitealorsque jemedébattais.Jesavaisqu’ilfallaitquejerécupèremonsacpourprendrelabombelacrymo,ouquej’arriveàlacuisinepourytrouverunearmeàutilisercontrelui. Ila lâchémesmainsmaintenantque l’unedesdeuxétait totalement inutile,et ilaposélasiennesurmanuquepourmegarderpenchéesur lecanapétandisque l’autre s’estmise à tirer sur le basdemonuniforme. Ilmarmonnaitdesbouts de phrase etdisaitqu’ilallaitmefairecomprendrequ’onétaitensemble.Ildivaguaitsurnotremariageet l’uniondenos deux familles. J’ai commencé à pleurer pour de bon car je ne savais pas comment l’empêcherd’abuserdemoi.Parchance,desmorceauxdelalampequej’avaiscasséeavaientatterriprèsducanapéetunboutdeverreétaitenfoncédansuncoussin.AlorsqueGabeétaitoccupéàtirersurmesvêtements,j’aiutilisémabonnemainpourleprendre.Jesentaisqueleshortàvolantsquejeportaissousl’uniformecommençait à se déchirer, et cela a suffi à me faire passer à l’acte. La seule chose que je pouvaisatteindredanscettepositionétaitlachairdesacuisse,etjen’étaispassûred’avoirassezdeforcepourfairedevraisdégâts,maisj’aienfoncél’éclatdeverreaussifortquejelepouvaisetjel’aientendujureren faisant un vifmouvement en arrière. Jeme suis écroulée à quatre pattes et j’ai crié comme si onm’égorgeaitquand je suis retombée de toutmon poids surmon bras blessé. J’ai rampé pendant qu’ilessayaitdesortirlemorceaudeverredesajambeetj’airéussiàallerjusqu’àmonsac.Jemerelevaisà

peinequ’ilmefonçaitdessus,maisj’avaissortilabombeetl’avaistournéecontrelui,etjeluiaimisunebonnedoseenpleineface,cequil’afaitbeuglercommeunoursblessé.J’aigardélabombeserréedansmamainvalideetj’aifoncéhorsdel’appartement.J’étaissûrederessembleràuneévadéed’unasiledefous, jepleuraisconvulsivement, j’avaisdusangpartoutsur levisage,et j’arrivais à peine à parler àcausedesblessuresdemagorge.J’aifoncéverslaportesécuriséeetjesuisrentréeenpleindansAydenquiarrivait.Jemesuiseffondréeetj’aifonduenlarmes,etellem’arattrapée.Ellehurlaitmonnom,voulaitsavoircequ’ils’étaitpasséet je l’aientendueappeler leSAMU,maisentrelechocetladouleur,jemesuisévanouie.Jelaregardaismalgrélesangquicoulaitsurmonvisageetj’avaisvaguementconsciencedevoirdesgenssortirdesautresappartements.C’était tropet toutestdevenunoir.Quand j’ai enfin repris connaissance, j’étaisattachéeà un brancard et l’onmemontait àl’arrièred’uneambulance.Lessirèneset les lumièresmedonnaientmalaucrâneetun jeuneurgentistebalançaitunmilliondequestionsàAyden,quiestmontéetantbienquemaldansl’ambulanceavecmoi.Elleatoutdesuiteprismamainetl’aserrée.J’airemarquéqu’ellepleuraitpresqueautantquemoitoutàl’heure.-Gabe?Magorgeétaitenfeuetc’étaitcommesijeparlaisàtraversuneforêtdelamesderasoir.Aydenaessuyéseslarmesavecdesmainstremblantesetj’aieuunrictusquandl’urgentisteatournésonflotdequestionsversmoi.-Lesflicsl’ontembarqué.Sonpèreestarrivéquandilslefaisaientmonterdanslavoituredepolice.Vulescirconstances,ilnepouvaitpasvraimentnierqu’ilétaitentrécheznous.Commentest-ilentrémalgrélecode?J’aigrimacéquandl’urgentisteapalpémonépaule.Ilatournésonregardcompatissantversmoi.-Onvadevoirlaremettreenplace.Elleestdéboîtéeetjepensequelacoupuresurvotrefrontestassezprofonde,onvadevoirlacolleroularecoudre.Désolé.Jevoulaisluidirequecen’étaitpasgravecarj’étaisvivanteetqueGaben’avaitpasréussiàatteindreson but, mais parler me faisait trop mal. Quand ilm’a demandé si j’avais besoin d’un examen pouragressionsexuelle,j’aifaitnondelatêteetj’aiserrélamaindeAydenquirecommençaitàpleurer.-Mamère.Mesmotsétaienthachés,etpasseulementàcausedemagorge.-Elleluiadonnélecodeparcequ’illuiaditqu’onseremettaitensemble.Aydens’estlâchéeetaenchaînédesgrosmotsquiauraientrenduRulefieretnousavonspasséleresteducourttrajetaccrochéesl’uneàl’autre.Lesdeuxheuressuivantesontétéconstituéesd’ungrandfloudedocteursetdepoliciers.Auboutd’unequinzainedeminutes,ilétaitclairquejenepourraispascontinuerlaconversationavecmescordesvocalesaussiabîmées.J’aidûmerésoudreàtoutécrire.Gabeétaitengardeàvueaumoinspourcettenuit,etsonpèrenepouvaitrienfairepourlesortirdelà.L’inspecteurquiaprismadépositionm’aditqu’ilyavaitdegrandeschancesquesafamillepaielacautionetqu’ilsortedemainmatin,maisqu’uneordonnancedeprotectionobligatoireétaitmiseenplaceetquesonpèrenepourraitrienyfaire.Nonpasquecelachangequoiquecesoit,car ilsmegardaientà l’hôpital toute lanuitpourvoirl’étenduedesdégâtsàmagorge.MamèreetJack se sont pointés vers l’aube etmon père est venu aussi. J’ai dit àAyden que je nevoulaispaslesvoir,cequiacauséunscandale.Quandmamères’estmiseàhurlerquec’étaitsûrementun des voyous que j’avais rencontrés quand je sortais avec Rule, Ayden a complètement perdu sonsangfroidetlesatousinformésquesimamèren’avaitpasdonné lecodeàGabe, riende toutcelaneseraitarrivé.Celaafaittairetoutlemonde.Monpèreestrentrédeforcecarilavaitdesconnaissances

dans l’hôpital et j’ai passé une bonne heure à l’ignorer et à lui jeter des regards noirs pendant qu’ils’excusaitplatement.Lorsqu’ilaessayédemefaireunbisousurlajoue,j’aitournélatêteenfaisantensortequ’ilvoieledégoûtabsoludansmesyeux.L’obsessiondeGabes’expliquaitenpartiepar toutcequecesgensreprésentaientetjenepouvaispastolérerdelesavoirprèsdemoiencemoment.Ilssonttouspartisaprèsqu’uneinfirmièreamenacéd’appelerlasécurités’ilsn’arrêtaientpasdemedéranger.Aydenatiréunechaiseetaposésespiedssurleborddulit,etnousavonstouteslesdeuxplongédansun sommeil agité toute la matinée. Je ne faisais que somnoler et me réveiller, quand j’avais besoind’autresantidouleurs,carmonépaule recommençaitàmefairemal.Aydenadisparuversmidi,cequin’étaitpasgravecarj’aieudroitàunedeuxième tournéededocteursetdepoliciers.LepèredeGabeavaitpulefairesortirenpayantsacaution,maisilnepouvaitpasnierqu’ilm’avaitgravementblesséeetlapolicepensaitqu’ilseraitinculpédetentativedemeurtre.Ilsm’ontfaitrépétermonhistoireencoreetencore,et je neme suis jamais éloignée des faits purs et simples.Gabe étaitmalade, il avait besoind’aide,maisplusqueça,ilavaitbesoind’êtrequelquepartoùilnepourraitpas fairecelaàquelqu’und’autre. Se sentir autorisé à posséder une personne peu importe ce qu’elle ressent allait au-delà dudéséquilibremental.Aydenestrevenueavecduyaourtetdescéréales,enaffichantunairpenaud.-J’aiappeléCorapourluidirecequ’ils’étaitpassé.Jen’aimêmepaspenséaufaitqu’elleallaitpéteruncâbleauboulot.Jemesuiscomplètementimmobiliséeetj’aitournémesyeuxécarquillésversmonamie.-ApparemmentRuleapiquéunegrossecrisequandilaentendulanouvelleet,tut’endoutes,ilseralàdanscinqminutes.Désolée,jemesuisditquetuvoudraisêtreprévenue.J’imaginequejepeuxdemanderaupersonneldel’hôpitaldel’empêcherd’entrersituveux,bienquej’aielesentimentquel’arrêterseraitunegrossecorvée;çateferaitunexdeplusàenvoyerentaulepourlanuit.Jen’étaispassûredecequecelamefaisaitqu’ilvienneici.D’uncôté,toutcequejevoulaisdepuisunmoisétait levoir,qu’il reconnaissemonexistence,maisd’unautrecôté, iln’auraitpasdû attendre unsignalaussiviolentetbrutalpourquecelaarrive.J’aisoupiréetj’aihochélatête,elleavait raison,detoutefaçon;l’empêcherd’entrerseraituneprisedetêtedontjen’avaispasbesoin.-Cen’estpasgrave.Jepeuxgérer.Mavoixétaittoujoursérailléeetrocailleusemaisaumoins,celamefaisaitunpeumoinsmaldeparler.-Tun’aspasl’airencapacitédegérerquoiquecesoit.Ellen’avaitpas tort. J’avaisunbrasenécharpe,une balafre de huit centimètres recollée et entouréed’unbandageblancsurlefront,assortiàceluisurmamain,malèvreétaitouverteetrecouvertedesangséché, j’avaisunsupercerclenoir et bleu sur la peau blanche demon cou, et pour couronner le toutj’arboraisunetrèsélégantepairedecocardsaprèsavoirétébalancéetêtelapremièrecontrelaporteetlesol.-Çavaaller.Ilvavoirquejevaisbienetreprendreuneactiviténormale,jesuissûrequec’esttoutcequ’ilveut.Ellem’alancéunregardsceptiqueetatapotémespiedssouslacouverturedel’hôpitalquigrattait.

-D’accord,situmejuresqueçateva,jevaismedépêcherd’allerchercherunendroitquivendducaféquin’apaslegoûtdegoudron,etjereviens.Iln’yauraitplusunseulmomentoùj’iraisvraimentbien,jepensaisquequelqu’unquiavaitvécucequej’avaisendurécesderniersmoisnelepouvaitpas,maisjen’avaispaspeurdeRule.Lefaitdemanquerdemefaireviolerm’avaitdonnéunetoutenouvelleperspectivesurcequimanquaitàmavieetsurceque j’allais changer à partir demaintenant. J’avais envie de jouer avecmes cheveux,mais ils étaientcolléspardusangséchéet jenesaisquoid’autre,etcen’étaitpascommesi jepouvaisarrangermonvisage.Ruleallaitdevoiraffronterlespectacledepleinfouetets’enaccommoder.J’étais au téléphone, je répondais auxmessages deCora et des copains deRule pour leur dire quej’allais bien, quand la porte s’est ouverte et qu’il est entré.J’ai levé les yeux pour le regarder, et lacolèrequejevoyaisgravéesursonbeauvisages’esttransforméeenhorreurlorsqu’ilm’avuebattueetcouvertedebleus. J’ai vu sa poitrinemonter et descendre alors qu’il prenait une inspiration audible.Nous nous sommes fixés en silence et j’ai remarqué distraitement que ses cheveux étaient encorenormaux, même s’ils étaient décoiffés, et qu’ils avaient gardé leur couleur naturelle brun foncé. Jedétestaiscaronaurait dit un inconnu. Ses yeux avaient l’air fous et trop grands pour son visage ; unblizzardviolentremontaitdeleursprofondeursglacées.Iljouaitavecsonpiercingàlalangue,commeille faisait quand il était stressé,et jemesuis renducompteque si je ne disais rien, nous risquions depasserlerestedel’après-midiànousregarderaveccirconspection.-Tun’étaispasobligédevenir.Jevaisbien,jesuisjusteunpeusecouée.Sesgrandesmainssesontcrispéessurlelitetj’airegardélatêteduserpentse tordreàcausedesonagacement.-Jevoulaisvoirmoi-mêmequetuallaisbien.Tuauraispum’appelerpourmedirequetuétaisblessée.-Sachantquetunem’aspasparlédepuisdessemaines,çanesemblaitpastrèslogiquedeteteniraucourant.Sabouches’estpincée.-Tuasraison.J’auraisdûêtrelà.Tun’auraispasdûêtretouteseule.J’aisoupiréetj’aiserrélacouverturedansmesmains.-C’estvrai, tu aurais dû être là,mais pas parce queGabe est fou, et pas parce que j’ai besoin deprotection.Tuauraisdûêtrelàparcequejecomptepourtoiautantquetucomptespourmoi,maiscen’estpaslecas.Leseulfautifdanscebordel,c’estGabe,ilestmalade,etilyadeschancesquemêmesi jen’avais pas été seule, il aurait pété un plomb quand même. C’est la vie. Je ne tiens personne pourresponsableàpartlui,etdetoutefaçonmoncorpsestdéjàenvoiedeguérison,c’estmoncœurquiesttoujoursencompote.-Shaw…Ilaessayéd’intervenirmaisj’ailevémamainvalideetl’airegardédroitdanslesyeux.-J’enaimarrequemonamournesoitpasassezbien.Quandçaacommencéavectoi, jepensaisquej’accepteraiscequetuvoudraisbienmedonner.Jepensaisquejepourraist’aimerassezpournousdeuxpuisquequejemenoyaisdansl’amourdepuissilongtemps,maismaintenantjemerendscomptequejeméritedavantage.J’airetenudeslarmesquiarrivaientsournoisement.-Jeméritebeaucoupparcequejesuisprêteàdonnerbeaucoup.J’auraistraversélenoiravectoi,Rule.Cequejeneferaipas,c’est teregarderpartirdèsquequelquechosequipourrait teblesserarrive.Jesuisdésoléedenejamaist’avoirparlédeRemy,maisjet’aiditdescentainesdefoisqu’onn’étaitpasensemble.Tuenaseulapreuveirréfutablelesoirdemonanniversaire.Tudevraisêtreénervécontreluiparcequ’ilgardaitsonsecret,pascontremoi.Tuavais raisondepuis ledébut ;onnese faitpasassezconfiancepourquetoutcelaaitunechancedemarcher.Jecroisquejelevoulais trop,et toipasassez.

J’aiété surprise de voir que ses yeux étaient humides quand j’ai eu fini de parler. La seule fois quej’avaisvuRulepleurerétaitàl’enterrementdeRemy.Ilatendulamaincommes’ilallaitlaposersurmajambemaisl’aretiréeavantdemetoucher.-Shaw…Etsijet’aimais?Savoixdépassaitdejustesselemurmure.-Quand je te vois comme ça, j’ai envie d’assassinerDavenport àmains nues,mais cela mefait maldefaçonplusprofondeaussi.Tum’asmanquécesdernièressemaines,mais j’étaisaussi furieux contretoi.Lesdeuxn’ontjamaisréussiàs’annuler.J’aifaitunpetitmouvementdetêtetristeetj’ailaissécoulerleslarmesquimontaientdansmesyeux.-Çanesuffitpas.J’aipassétoutemavieàrépondreàdesattentesimpossibles,tuétaislaseulechosequejevoulaisvraiment,etunefoisquejet’aieu,tuaspenséquetudevaisentièrementchangerquituespourêtreavecmoi.Jerefused’imposeràquelqu’unlespressionsquej’aitoujoursdétestées,mêmesijenet’airiendemandéprécisément.Certainespartiesdenousvonttrèsbienensemble,Rule,maisd’autrespartiesnefonctionnenttoutsimplementpas.Toutça…J’aidésignétoutmoncorpsaveclamainquejepouvaisbouger.Toutça,çaseremettratoutseul.Çaira,etonreviendraàcequel’onétaitavant,peuimportecequec’était.Jeme suis assurée qu’il comprenait que je parlais de tout, dema balafre àmon cœur brisé. Je meremettraisdelui,iln’yavaitpasd’autresolution.–Tuastoujoursfaitpartiedemavie,Shaw.Onauraitdûêtrecapablesdefaireensortequeçamarche.Jevoulaishausserlesépaulesmaisjen’enavaisqu’uneenétatdemarchedonccen’étaitpaspossible.J’aiessuyémeslarmesavecledosdemamainetluiaioffertunsouriretremblotant.-Ilyabeaucoupdechosesquiauraientpeut-êtredûsepasserd’unecertainefaçonetsesontpasséesautrement.Jesaisquebeaucoupdegenspensaientquenousdeuxensemble,cen’étaitpasgagné,doncondevraitjusteêtrecontentsdecequ’onaeu.-J’ail’impressiondetedécevoir,dedécevoirtoutlemonde,etpourunefois,jenelesupportepas.Jenesaispascommentmesortirdecequ’ilsepasselà-haut.Ilatapéundoigtsursatempe.Jepleuraispourdevraidésormais,etcelamedémangeaitde luidireques’ilpouvait justem’aimer,apprendreàmelaisserl’aimercommeilleméritait,commejelevoulaisabsolument,alorstoutiraitbien,maiscen’étaitpasvrai.Nousdevionscroireennousmêmes,croiretouslesdeuxquenousn’avionspasbesoind’êtrequelqu’und’autre.Etcelan’allaitpasarriver,alorsj’aifermélesyeux,etpourunefoiscefutmoiquimerefermaisurmoi-même.-Certaineschosesnesontpascenséesarriver.Jecommenceàfatiguer.Est-cequetupeuxappeleruneinfirmièreensortant?Jecroisquelesantidouleursnefontpluseffet.-Shaw,jesuisvraimentdésolé.-Moiaussi,Rule,vraiment.Moiaussi.J’avaispassétouteunevieàêtreamoureusedelui,etj’avaisbeauvouloirêtreforteetlaissertoutceladerrièremoi,oubliertoutcequej’avaisressentipourluiallaitêtrelachoselaplusdurequej’aiejamaisfaite.Nousnoussommesregardéspendantunelongueminutetriste,puisilatournélestalonsetestparti.QuandAydenestrevenuedanslachambre,jepleurais,inconsolable,etelleadûmontersurlelitpourmeprendredanssesbras.J’aipleurépluslongtempsquejamaisaucoursdemavie.Jen’avaisjamaisautantpleurédetoutemavie.J’ailaissémameilleureamiemeserrerdanssesbrasalorsquejem’effondrais.L’infirmièreestentréeavecunantidouleur,maisquandelleavul’étatdanslequeljemetrouvais,elleafaitdemi-touretestrevenueavecunsédatif.J’aipasséunejournéedeplusàl’hôpital,etquandjesuissortie,j’airéaliséquec’étaitimpossiblepour

moideretournerdanslevieilappartementalorsqueGabeétaitlibredesesmouvements,ordonnancedeprotectionou pas. Par chance, Cora avait deux chambres vides dans lamaison qu’elle louait dans leWashingtonParkcarsesdeuxcolocss’étaientrécemmentfiancéesetavaientemménagéensemble.Aydenm’adéposéelà-basetestrevenuequelquesheuresplustardavecmesaffairespourunséjourprolongé.Ellem’aditquelesgérantsdel’immeubles’occupaientdenettoyerl’appartementmaisellenesesentaitpasbienquandelleétaitlà-bastouteseule. Iln’apas falluplusd’unesemainepourqu’elledemandeàCorasiellepouvaitsquatterl’autrechambrechezelle.Nosancienspropriétairesontmêmeacceptéquenouscassions lebailsans rienpayeràcausedecequ’ilm’étaitarrivé.Êtreavec les filles faisaitdesmerveillespourmonétatmentaletphysique.Ellesnemelaissaientjamaissombreretilyavaittoujoursquelqu’unpourmerappelerquecequejeressentaisétaittemporaire.EllesrefusaientaussidemelaisserpaniquerconcernantmaplaintecontreGabe.Les choses avançaient vite et, plusieurs fois, il a sembléque sonpère allait utiliser toutes les rusespossiblespourqueGabes’ensorte.AlexCarstens’enétaitmêlé,etmaintenantGabeavaitunbraceletélectroniqueetétaitaccusénonseulement de coups et blessures avec circonstances aggravantes,maisaussid’effraction.Évidemment, lesDavenport avaient lemeilleur avocat de la ville dans leur poche,maistoutsemblaitindiquerquec’étaitgagnéd’avancepourmoi,doncj’essayaisderesteroptimiste.Je refusaisdeparler àmesparents.En fait, jene leuravaispasditque j’avais déménagé et j’avaischangédenumérodetéléphonequelquesheuresaprèsêtresortiedel’hôpital.Lefaitétaitquejen’avaisrienàleurdire,toutcequej’avaisditàRulevalaitpoureuxaussi.Jeméritaismieuxets’ilsnevoulaientpasmedonnerl’amourquejeleurtémoignais,sansrestrictionsetsansexigences,jenevoulaispasd’euxdansmavie.Jesavaisquemamèresesentaitresponsablecarelleavaitdonnélecoded’entréeàGabemais,commejel’avaisditàRule,laseulepersonneàquij’envoulaisétaitGabelui-même.Pourmoi,ilétait plus important qu’elle reconnaisse qu’elle n’aurait jamais dû insister alors que je lui disais quej’étaisamoureusedequelqu’und’autre.S’ilsn’arrivaientpasàtrouvercommentm’aimeretm’apprécieràmajustevaleur,jemedébrouilleraissanseux.Aydenetmoinousinstallionsdansunenouvelleroutine,etnousadorionstouteslesdeuxCora.C’étaitsympadevivredansunemaisonplutôtquedansunappartement,etchaquejourquipassait,ilétaitunpeuplusfacilederespirermalgrélaplaiedansmoncœur.Celanefaisaitquedeuxsemaines,pourtantj’avaisl’impressionquenousétionsséparésdepuistouteunevie.Cettefois,ilétaitbeaucoupplusdurdefairesemblantdetenirlecoup.Peut-êtreparcequejesavaisquec’étaitvraimentlafin.Cettefoisiln’yavaitpasde faux sourire, jene faisaispas semblantde surfer sur lavie. Je luttais, et j’avaisdumal. Ilmemanquait. Je l’aimais.Jenepouvaispas l’avoiretcelame tuait,d’une toutautre façonque lorsque jel’aimaisdeloinsansmêmequ’illesache.Coracontinuaitàéviterdeparlerdutravailetdesgars,maisdetempsentempselleoubliaitetlaisseréchapperquelquechoseàproposdeRule,etchaquefoisc’étaitcommeunéclatdeverredansuneplaieouverte.Celaauraitdûmefairemesentirmieuxdesavoirqu’ilsemblaitalleraussimalquemoi,maiscen’étaitpaslecas.Nousméritionstouslesdeuxd’êtreheureux,c’étaitjustenulquenousnepuissionspasyarriverensemble.Onétaitensemaine,quelquesjoursavantlasaintPatrickquinonseulementtombaitunweek-endcetteannée,maissetrouvaitaussiêtrelejourdel’anniversairedeRule.Cesoir-là,lesfillesavaientdécidéquenousnedevionspasresteràlamaison,maissortiretnousamuser.Jenevoulaispasyaller,jeveuxdire,jenevoulaisvraimentpasyaller,etpasseulementàcausedemonvisagequiétaitencoreamoché,maisparcequejenemesentaispasencorecapabled’êtreaumilieud’unefoule.J’étaissûrequej’allaispasserunesoiréeatroce,maisjelesaimais,alorsjelesailaisséesmeharcelerjusqu’àcequej’acceptedevenir.Àmagrandesurprise,aprèsquelquesmartinisdansunbartranquillequeCoraconnaissait, jemesuisdétendueet j’ai commencéàpasserunbonmoment.Non, c’étaitmêmeunmoment fantastique

dontj’avaisabsolumentbesoin.Lelendemainmatin,c’étaithorriblededevoirseleverpouralleràlafacetj’aiététentéedesécher,maisj’avaisloupétellementdecoursàcausedel’agressionquejenepouvaispasmelepermettre.J’étais debout enfacedumiroiren train deme coiffer et j’essayais en vain de camoufler les restesjaunâtresdemoncocardlorsquej’aieuunerévélationsurprenante.AimerRulen’avaitjamaisétéfacile,celaavaittoujoursétédouloureuxetlarécompenseavaitmisdesannéesàarriver,maisjen’avaisjamaisdécidéqu’iln’envalaitpaslecoup.Pourmoi,l’aimern’avaitjamaisétéunchoix,c’étaitunechosequej’avais décrétée inévitable, tout comme j’avais décrété que le moment où je compterais pour luin’arriverait jamais.Hier soir, j’étais tellement sûre que je ne m’amuserais pas, que sortir allait êtrehorribleettriste,maismaintenantquec’étaitfait,celavalaitlerisquequej’avaispris.J’avaisfaitavecRulecequej’avaisjurédenejamaisfaire,j’étaispartiecariln’yavaitpasdecertitudesurlafin,pasdehappyendgarantipournous.J’aiposémonferàfrisersurlelavaboetjemesuisregardéedanslemiroir.Toutematristesseetmasolitude sevoyaientclairementdans le refletquime faisait face.Ruleétait la seulechoseque j’avaistoujoursvoulueetquandc’étaitdevenutropdifficiledem’accrocheràlui,j’avaislaissétomberau lieudemebattrepourlegarder.Cen’étaitpasjuste.Jeméritaisdel’amourmaisjeleméritaisaussilui,peuimportelaformequeprenaitsonamour.Rulen’étaitpasunmecnormal,iln’yauraitjamaisdecœurs,defleursetdepoèmesremplisdemotsquimeferaientrougir.Cequ’ilyauraittoujours,ceseraitdesà-peu-près,deshautsetdesbasetunepassionquinousconsumerait.Quandàl’hôpitalilm’avaitdemandé«etsi…?»,ma réponse aurait dû être « si tume le demandes, c’est que c’est déjà fait ». Je le savais,maintenant,jelevoyaisaussiclairementquejevoyaismonvisagedanslemiroir:Rulem’aimait. Ilnesavaitsimplementpasquecelas’appelaitcommeça.Nil’unnil’autren’avionsdebrillantesréférencesdesquellesnousinspirerenmatièrederelationssainesetaimantes,maisàlasecondeoùilm’aditqu’ilvoulait essayer, j’auraisdû savoirqu’il tombaitamoureuxdemoi. Il n’avait jamais fait d’efforts pourpersonned’autre.OnafrappéàlaportedelasalledebainsetAydenapassésatêtedansl’entrebâillementdelaporte.-Ilvafalloirqu’onyaille.Tuesbientôtprête?Sachantqueseullecôtédroitdemescheveuxétaitbouclé, jecroisque la réponses’imposaitd’elle-même.Jemesuis tournéeverselleavecdegrandsyeux. Il fautqu’onailleacheterunerobe après lescours.Elleaouvertunpeupluslaporteetyapasséunehanche,puisahausséunsourcil.-Ilyauneraisonparticulièreàça?-C’estl’anniversairedeRule,ceweek-end.-Coral’apeut-êtreévoqué.-Ilvaforcémentfaireunegrossefête.-Elleapeut-êtrevaguementparlédeçaaussi.-Ehbien,ilfautqu’onyaille.-Pourquoi?Jecroyaisquetuenavaisfiniavectoutça,ouest-cequecesont lesmartinisd’hiersoirquiparlent?J’aisecouélatêteetaireprisleferàboucler.-Ilfautquejeluifasseuncadeau.-Ahouais?Ets’ilestavecquelqu’un?Jeluiailancéunregardencoin.Cettepossibiliténem’avaitmêmepaseffleurél’esprit.-Est-cequec’estprobable?Elleamarmonnédanssabarbeetapoussésalonguefrangedesonvisage.

-Non.Coraditquec’estunermitedepuisquevousvousêtesséparés,qu’ilatrèsmauvaiscaractèreetquetousceuxquineveulentpasêtrebrûlésvifss’écartentdesonchemin.Qu’est-cequetuasl’intentiondeluioffrir,déjà?-Laseulechosequ’ilveut,jecrois.Ellearicané.-Plusdebijouxpoursonvisage?J’airiunpeu.-Non…moi.Jecroisquelaseulechosequ’ilveut,c’estmoi.Onétaittouslesdeuxtropabîméspournousenrendrecompte.Elles’estfrottélesmains.-Bon,ben,çadevraitêtreintéressant…quoiqu’ilsepasse.Intéressantétaitunmotbientropfaible,maismonnouveaumoiseconcentraitsurl’auto-récompenseet,sommetoute,larécompensequejevoulaisétaitRule.Jenepouvaisqu’espérerqu’iln’étaitpasdescendusiloindansletunnelquejenepourraisplusl’ensortir.

Chapitre17Rule

Salut,mec,joyeuxanniversaire.J’aipasséundoigtsurleferàchevalquiétaitsursatombe,etj’aividél’émotionquim’encombraitlagorge.Jenevenaispasiciassezsouventmaistouslesans,poursonanniversaire,jevenaisfaireuntourpourqueRemysachequejepensaisàlui.C’étaitdurdeserappelerqu’iln’auraitpasvingt-troisansenmême temps que moi, que je vieillissais et qu’il était figé dans le temps à vingt ans, sa vie coupéebeaucouptropvite.-Jesuisassezénervécontretoiencemoment.Mavieestsensdessusdessousetjen’arrivepasàmeremettredebout.Enplustouteslesconneriesquejefaisengénéralpouroublierladouleuretlaconfusionnem’intéressentpas,cettefois.Jenecomprendspaspourquoitunem’aspasparlé,pourquoitut’esservideShawcommetul’asfait,etjenecomprendsvraimentpaspourquoitum’aslaisséêtreunconnardavecellependantdesannéesalorsquetusavaisqu’elleavaitdessentimentspourmoi.Alorsvoilàunscoop,frangin,moiaussij’aidessentimentspourelle.Etmaintenantc’esttellement le foutoirque jene trouveaucunmoyendemerattraper.Toutlemondem’atoujoursmauditparcequej’étaisdifficile,quej’avaismauvaiscaractèreetquej’étaiscompliqué;finalement,ilsepassaitplusdechosessoustacarapacequeRomeetmoinel’aurionsjamaisimaginé,etpourtanttuétaisquandmêmelepréféré…Pourlasecondefoisenquelquessemaines,j’aisentideslarmesmemonterauxyeux.-Shawagardétonsecret.Toutcetemps,mêmequandleschosesétaientvraimentintensesentrenous,elleagardétonsecret.Ellet’aime,maisellem’aimeaussi.Maisjenesavaispasquoifaireavectoutça,alorsjemesuismisencolèreetjemesuisfermé,çal’ablesséeetellen’apasvouluque je reviennealorsquejenevoulaisqueça.C’estnul,l’amourestnul,etj’ail’impressionquesituavaisétélà, riendetoutcelaneseraitarrivé,alorstuesnulaussi.Iln’yavaitpasderéponse,seulementlesondemarespirationrapideetduventdanslesarbres.Pourlapremièrefoisdepuislongtemps,jemesentaisvraimentseuletlapertedemonfrèrepesaitlourdementsurmesépaules.Lessixdernièressemainesavaientétédifficiles;cettehistoireavecShawm’avaitlaisséàcranetàvif.Maréactionnormaleàcettesubmersiond’émotionétaitdeboire jusqu’àcequemonfoiedisestopetdebaisern’importequellefillequiregardaitdansmadirection.Maislà,jenefaisaisaucunedeceschoses:l’alcoolnesuffisaitpasàcequemoncerveauarrêtedemecrierquej’auraisdûfaireplusd’efforts,quej’auraisdûmieuxgérerlechocetlacolère,etl’idéed’êtredansunlitavecuneautrequeShawgelaittoutcequisetrouvaitsousmaceinture.Je travaillais en permanence, j’essayais de garder unœil surGabe grâce à Mark et Alex – j’étaisdéterminéàl’empêcherdes’approcherd’ellepourdebon,mêmesiellenesavaitpasquejelefaisais–etjepassaisbeaucoupdetempsaveclesgars,àpansermesblessures.MêmesiShawn’avaitpasaiméque j’essaie de changer et de m’améliorer pour elle, je crois que j’avais opéré quelques groschangements sur moimême sans m’en rendre compte, et ce n’était pas une mauvaise chose. Je me

permettaisdetoutressentir,etmêmesilessentimentsliésàmaruptureavecShawmebrûlaient,aumoinsj’ytravaillaisetjenelesnoyaispasdansdemauvaiseshabitudes.J’allaisluidireaurevoirquanddesbruitsdepassurlafineneigecraquantequirecouvraitencorelesolm’ont fait lever la tête.J’aisentimes yeux se plisser etmes lèvres se pincer lorsque j’ai reconnu lasilhouettequis’avançaitversmoi.Tousmesréflexesmedisaientdepartirviteavantqu’ellenegâchemajournée,mais jesuis resté immobile car elleme regardait droit dans les yeux et pour une fois, je nevoyaispasdeméprisnidehainedanssonregard.-Maman.-Joyeuxanniversaire,Rule.Jemesuisraclélagorgecarjen’avaisaucuneidéedecequejepouvaisluidire.J’aiposémonpoingsurledessusdelapierretombalepoursaluermonfrèreensilence.–Jevaisyallerpourquetuaiesunpeude tempsavec lui. Jesuissûrquec’est une journée difficile pour toi. J’ai failli tomber par terrequand elle a tendu la main pour la poser sur mon avant-bras. Ma mère ne m’avait pas touchévolontairementdepuisdesannéesetcelaasuffiàcequejerestebouchebée.-C’estdurpournoustous,maiscen’estpourçaquejesuislà.Enfait, j’aiappeléà ton travailpoursavoirsionpouvaitdéjeunerensemblepourtonanniversaire.Jemesuisditquetunerépondraispassij’appelaissurtonportable,doncj’aidemandéàtoncolocataireoùjepourraistetrouveretilm’aditdevenirici.Jesupposequesijen’avaispaspasséautantdetempsàterejetercesdernièresannées,j’auraispudevinerçatouteseule.J’aireculéd’unpas,certainquemamères’étaitfaitenleverpardesextraterrestresetquecettecréaturedevantmoin’existaitpas.Cequisortaitdesaboucheétaitpresquetrop,jenepouvaispasl’entendre.-OùestPapa?-Àlamaison.Ilessaiedejoindretonfrèreetaprèstoutcequ’ils’estpassé,ilfallaitquecesoitmoiquivienneverstoi.Est-cequejepeuxt’inviteràdéjeunerouàprendreuncafé?Jenevoulaispasyaller. Jene lui faisaispasconfiance, jeneconnaissaispas sesmotivations,maisc’étaitmonanniversaireetnousétionsdevant la tombedemonfrère,doncrefusernemesemblait pasenvisageable,oujefiniraisparm’envouloir.-Uncafé,çameva.Ellem’afaitunsouriretriste,jeveuxdirevraiment,vraimenttriste,etpourlapremièrefoisj’airéaliséquemamèreavaitaussidisparudansuntunnelsombre,quec’étaitpeut-êtreunechosequej’avaishéritéed’elle.Noussommesretournéssurleparkingensilenceetjel’aisuiviejusqu’àBrooksidemêmesitoutceque jevoulaisétaitpoursuivre jusqu’àDenver.Nous nous sommes arrêtés au Starbucks où j’allaistoujours,etjel’ailaisséemecommanderuncafépendantquejem’installaisdansuncoinunpeuisoléetdépliaismesjambes.Jevoyaisqu’elleétait stressée,aussiai-jeessayédemedétendreetd’êtremoinssurladéfensive.-J’aiparléavecunspécialiste.Tonpèreatrouvéquelqu’uniciàBrooksidequis’occupedudeuiletdesproblèmesfamiliaux.Jecroisqueçam’avraimentm’aidée.J’aiclignédesyeux.-C’estnouveau.Elleafaitunsourirepenaudetj’aiaperçulafemmequim’avaitélevéavantquenotre relationnesoittachéeparlatragédie.-Aprèscequ’ils’estpasséaurestaurant, tonpèreavaitatteintses limites.Jepouvaisallerme faireaiderouregarderl’hommeavecquij’étaismariéedepuistrente-sixanss’enaller.Daleatoujoursétélaseuleconstantedansmavie.Jenem’ensortiraispassanslui,etilafalluenarriver làpourque jeme

rendecomptedecequej’avaisfaitàmafamille.Jenepouvaisque la regarder,éberlué.Jenesavaispasquoidireniquoi faire, donc j’ai continué àsirotermoncaféenlaregardant.- Tu m’as demandé comment je pouvais aimer Remy sachant qu’il était différent alors que cela atoujoursétécompliquéavec toi, et je veux t’expliquer des choses. Ce n’est pas une excuse car notrerelationn’ajamaisétéfacile,nousn’avonsjamaisétéaussiprochesquejel’aiétéavectonfrère,etçaacommencédèsvotrenaissance.Vousêtesarrivésenavance,cequiestassezfréquentaveclesjumeaux,seulementtoi,tuessortifortetenpleinesantéenhurlantàtue-tête;Remyn’apaseuautantdechance.Ilavait lecordonautourducouetestarrivépar lesiège.Çaaétébeaucoupde travailet d’efforts pourqu’ils’ensorteetjecroisque,dèsledébut,jemesuisplusconcentréesurluiquesurtoi,cequifaitdemoiunemèrehorriblemaisçaneveutpasdirequejenevousaimaispastouslesdeux.Remytétaitettupréféraislebiberon;quandvousavezcommencéàmarcher,Remys’accrochaitàmesdoigtspourtrotterdans lamaison, toi tu te levais en t’appuyant surRomeet tu partais tout seul.Tonfrère a toujours eubesoindemoi,ilatoujoursvouluêtreavecmoiettoi,ehbientuétaiscommemaintenant: indépendant,sauvage et déterminé à tracer ton chemin comme un incendie. Et je t’ai laissé faire. Ton père etmoit’avonstouslesdeuxlaissét’échapper.J’avaisdumalàrespirermaisj’étaistellementconcentrésurcequ’elledisaitquecelanesemblaitpasimportant.-QuandRemyaramenéShawàlamaison,j’étaistellementcontente.Iln’avaitjamaismontréd’intérêtpouraucuneautrefille,alorsquetonpèrevoyaitunefilleseglisserpartafenêtreaumoinsunefoisparsemaine,etilcommençaitàavoirdesdoutes.J’étaisconvaincuequ’ilattendait labonneetShawavaittoutcequ’il fallait :elleétaitadorable,bienélevée,venaitd’une bonne famille. Jen’ai jamais penséqu’elleseraittropcasséeparsaproprefamillepourêtreavecquelqu’und’aussidouxetgentilqueRemy.Enfait,elleavaitbesoindequelqu’undefort,quelqu’unquin’auraitpaspeurdecequilatourmentaitàlongueurdejournéedoncévidemmentellet’achoisi,ellet’aimedepuistoujours.Jelevoyais,tonpèrelevoyait etmalgré ça, on a laissé Remy se servir d’elle et faire croire à tout le monde qu’ils étaientensemblecarc’étaitplusfacilequed’affronterlavérité.Elleaarrêtédejoueravecsongobeletetacroisémonregardstupéfait.Ilyavaitdeslarmesdanssesyeux,cequin’avaitriendenouveau,maispourunefoisceslarmessemblaientvenird’unvrairegret,etpasdecolèreetdereprochesenversmoi.-Lanuitdel’accident,Remym’aappelée.Jesavaisqu’ilallaittechercheretjeluiaiditdenepasyaller,quetuétaisungrandgarçonetquetupourraisrentrertoutseul.Ils’estmistrèsencolère,ilm’aditqu’il fallait que je me débarrasse de ce blocage qui m’empêchait de t’accepter, de t’aimer aussicomplètementetouvertementquelui.Jemesuisénervéeaussietjeluiaiditqu’ilétaitmalplacépourmedonnerdesleçonssurmarelationavectoipuisquelui-mêmevivaitdanslemensonge.Nousavonseuunegrossedispute,c’étaitmocheetjel’aimenacé.Jeluiaiditquejevousrévélerais,àRomeetàtoi,quiilétaitvraimentetilapaniqué.Ilaraccrochéetestpartitechercher.Cesontlesderniersmotsquej’aiditsàmonbébé…Ellepleuraitsansretenuedésormais,etjenepouvaisrienfaired’autrequeresterassislàetassimilertoutcequ’ellevenaitdemedire.J’aiditqueçaauraitdûêtre toi, j’ai transféré toutemapeine etmaresponsabilité sur tes épaules parce que j’étais trop faible pour assumermon rôle dans ce qu’il étaitarrivéàRemy.Denoustous,c’esttoileplusfort,c’esttoiquiaslemieuxgéréetc’étaitplusfaciledet’envouloirquedeteregarderetdevoirceque j’avais fait.Tunem’as jamaisaiméecommeRemyetplusjeterepoussais,plusc’étaitfaciled’éviterlaculpabilité.Jesuisdésoléed’avoirfaitça,tune l’asjamaismérité. J’avais l’impression de t’avoir déjà perdu donc l’idée de te perdre n’était pas aussi

insupportablequepourRome,mais jecomprendsmaintenant que tu n’as jamais été perdu ; je t’avaispousséleplusfortetleplusloinpossible,etcen’estpassainniacceptable.Nous sommes restés assis en silence tandis que j’essayais d’intégrer tout cela. Je ne pouvais toutsimplementpasaccepter sesexcuses, tropde tempsavaitpasséet tropdeparolesetd’actes blessantsavaientétééchangés.Maisjepouvaisreconnaîtrequenoussommestoushumainsetquenousfaisonsdeserreursinconscientesaveclesgensquenousaimons,etessayerd’avancerversunesolutionenpartantdelà.-Çafaitbeaucoupdechosesd’uncoup,Maman,etjenesaispascequetuattendsdemoiaprèsm’avoirdittoutça.Elleaessuyésesjouesavecledosdesamainetm’aadresséunsouriretriste.-Jen’attendsrien.Maisjeveuxquetusachesquetonpèreetmoisommesdécidésàrassemblercettefamille,Shawcomprise.Jesaisquetuesencolèrequ’ellenet’aitpasditpourRemymaisj’aiaussivucommentvousvousregardiez.J’aivucommenttuétaisavecelle,Rule,etjesaisque tun’as jamaisétécommeçaavecpersonned’autre.Ellea toujourspenséque tuméritais d’être aimé et que tu en avaisbesoinmêmequandtufaisaisdetonmieuxpourconvaincrelerestedumondeducontraire.Jecroisquetudevraispenseràçaavantdedéciderdelaquitterpourdebon.Est-cequemamère,quiavaitpassélestroisdernièresannéesàtoutfairepourmefairecomprendrequej’étaisundéchetdel’humanité,essayaitdemedonnerdesconseilssurmoncouple?Est-cequ’ellemedisaitsérieusementderecommenceravecShaw?-Enfait,c’estellequim’aquitté.Ellem’aditqu’essayernesuffisaitpas,qu’elleavaitbesoindesavoirquejel’aimaisaveccertitudeetjenepouvaispasfaireça.Jenesaispassinoussommesvraimentbonsl’unpourl’autre.Mamèreaavancésonbrassurlatableetaprismamain,poséeprèsdugobelet. J’ai failli tomberdemachaise.-Elleabesoindetaforceettuasbesoinqu’ellet’apprenneàaimer.Ellevientd’unefamillehorrible,Rule. Elle a besoin de quelqu’un qui peut rester à ses côtés le temps qu’elle s’occupe de ça et tu asbesoindequelqu’unquin’apaspeurde toi,quelqu’unquipeut aimer toutes lespartiesde toi sans tedemanderdeleschanger.Elle lefaitdepuisdesannées,mêmesi tune lesavaispas.Elleaété loyaleenverstonfrère,elleagardésonsecretmêmesiçaacréédesproblèmesentrevous,etelleteseraloyaleaussi.Noussommesrestésassissansriendiretandisquejetentaitdedigérersesmots.Jenesavaispasquoidire,maisjesavaisquecen’étaitpaspareilquandShawnefaisaitpaspartiedemavie.Cesdernièressemainesavaientétévides.Ellenememanquaitpasseulementaulit.Ellememanquaitlematinquandjeprenaismonpetitdéjeuner,celamemanquaitdenepasavoirdesesnouvellesdansl’après-midi,denepasluienvoyerdesmessagescoquinsquilafaisaientrougir,qu’elleneviennepasausalonpourmangerlesoiretresterfairesesdevoirs.Ellememanquaittoutsimplement,etrienn’étaitaussibienquequandelleétaitlà.-Jedoisdirequec’estl’undesanniversaireslesplussurprenantsquej’aievécus.-Tuméritesunpeudepaix,etilfautquej’assumelerôlequej’aijouédanslefaitquetuaiesdumalàreconnaîtreunamourvraietsincèrequandilestsoustonnez.-Ilfautquej’yaille.Jemesuiséloignédelatableetjel’airegardée.Jeluiétaisreconnaissantdenepasavoiressayédeseleveretdemeprendredanssesbras,carj’étaisloind’êtreprêtpourça,maisquandellem’aoffertunpetitsourire,jen’aipashésitéàleluirendre.-Merci,Maman.

-Tuméritesdeschosesgéniales,Rule,ycomprisunefamilleheureuseetentière.-Unechoseàlafois,Maman.Jesortaisducaféquandj’aifailliécraserlabrunequimeregardait ladernière foisque j’étaisvenu.J’aiattrapésesbraspourl’empêcherdetomberetjel’ailâchéepourpasser.Cequejedevaisfaireetquijedevaisrejoindreétaitsoudainsiclair,lalumièreauboutdutunnel.Jesavaisquesijepouvaisréparer,jeneplongeraisplusdanslenoir.-Pardon.J’allais la contourner mais elle m’en a empêché et s’est remise en plein sur mon passage. Je l’airegardéeenfronçantlessourcilstandisqu’ellebattaitseslongscils.-Pasdecopine,cettefois,c’estdommage,hein?J’aireculécarc’étaitcequim’attendaitdehors:desfillesquimedragueraient,quivoudraientcoucheravecmoimêmeensachantquej’étaisavecquelqu’un.Celanemesuffisaitplus.Jeméritaismieux.-Enfait,jevaislachercher,là.Labruneaessayédefaireunejoliemouequin’eutaucuneffetsurmoi.-Jen’auraisjamaiscruqueShawettoifiniriezensemble.Elleestfrigidedepuislelycéeetjecroyaisqu’elleétaitamoureusedetonfrère.Çanetefaitpasbizarredeservirderemplaçant?En temps normal, ce genre de chose m’aurait fait voir rouge, m’aurait fait exploser la tête, maismaintenantc’étaitdifférent;cettefillen’étaitrien,sonopinionétaitinsignifianteetsonerreurrisible.Jene laisseraisplus n’importe qui,mêmeune inconnue ignorante, se servirdeRemy comme d’une armecontremoi.-Jedoisyaller.Laprochainefoisjeferaibienattentiondet’évitersijetevoisvenir.Elle a eu un petit cri outrémais jem’en fichais, j’étais trop occupé à la dépasser et à envoyer unmessageàCorapoursavoirsiShawétaittoujourschezelle.Jen’étaispassûrd’avoiruneréponse,carlesfilless’étaientliéesd’amitiéetqu’elletenaitàcequejeresteloindeShaw.Mais,peut-êtreparcequec’était mon anniversaire, elle m’a répondu que Shaw et Ayden avaient toutes les deux travailléaujourd’huietqu’ellesdevraientdoncêtreàlamaison.J’auraispréférédirecequej’avaisàdireàShawentêteàtête,sachantqueAydenn’étaitpasmaplusgrandefanencemoment.Enrevanche,j’étaisprêtàlasouleveretàl’ôterdemoncheminsiellem’empêchaitdevoirmameuf.Letempsquejerentreenville,l’après-miditouchaitàsafin.J’étaiscontentd’avoirprismajournée,vule nombre de révélations inattendues etbouleversantes que j’avais vécues. J’étais censé rejoindre lesgarspourdînerpuis faireunepetite fêteauCerberus.LegroupedeJetdonnaitunconcertet tousmesamisetquelquesunsdemesclientsréguliersdevaientpasserprendreunverre.C’étaitnulqueRomesoitdéjàparti,maissurtoutcelan’auraitriend’unefêtetantquejen’auraispasvuShaw.QuandjesuisarrivéchezCora,mesnerfsontcommencéàme jouerdes tours.Sic’étaitmadernièrechancedefaireensortequecelamarche,siellem’envoyaitencorebalader,jenesavaispascommentjeréagirais.IlyavaitdeforteschancesqueShawmebriselecœur.C’étaitimportantetcelamefaisaitpeurcarjenesavaismêmepasquej’avaisuncœuràbriseravantqu’ellesoit là.Jemesuisgaréprèsd’unSUVPorscheflambantneufetj’aiétésoulagédevoirquelaJeepd’Aydenn’étaitpaslà.J’entendaisdelamusiquequivenaitdelamaison.ElleécoutaitTheHeartlessBastardsetcelam’a fait rirequand j’aiappuyésur la sonnette.J’aidûattendrecinq bonnesminutesavantd’entendrelamusiquebaisseretdevoirlesstoresbougerà la fenêtre.J’étais fierd’ellecarellen’avaitpasouvertsansregarderquivenaitdesonner,maismesnerfssesontencoreplusaffoléscarellen’apasouvertlaportetoutdesuite.Quandlaportes’estenfinouverte,j’aiarrêtéderespireretoubliétoutcequejevoulaisdire.Detoute

évidence,ellecomptaitsortir.Elleportaitunerobenoiretrèsmoulanteettrèscourtequirendaitlevertde sesyeux électrique et le blondpâlede ses cheveux rayonnantautourdesa tête comme un halo. Jel’avaisvisiblementinterrompuecarelleétaitpiedsnusetpasencoremaquillée,maissescheveuxétaientbouclés dans une coiffure élaborée. Elle avait l’air si parfaite que cela faisait mal aux yeux. L’idéequ’elle puisse avoir un rencard a écrasé toute la volonté que j’avais réussi à rassembler et m’a faitclaquerdesdents.-Salut.Cen’étaitpaséloquentni romantique,mais j’avaisdumal à réfléchir et cela n’avait pas l’air de ladéranger.Elleafrissonnédanssarobequasiinexistanteetafaitunpasenarrièrepours’éloignerdelaporte.-Entre.Ilfaitfroiddehors.Je l’ai suivieà l’intérieuret j’aiétésoulagédevoirqu’elleallaitvers lacuisinepourmesortirunebière.Celamedonneraitquelquechoseàfairedemesmainsetuneminutepourmettremesidéesauclair.– Ce n’est pas vraiment un cadeau, mais c’est tout ce que je peux faire dans l’urgence. Joyeuxanniversaire,Rule.-Merci,tu,euh…tuallaissortir?J’ai laissémonregardgourmandcourirduhautde sa tête rayonnante jusqu’auboutde ses pieds auxorteilsvernisderouge;elleétaitquasiguérieetressemblaità toutceque j’avais toujoursvoulu,avecquelquesbleusetquelquesbossesenpluspourmerappelerquej’avaisfaillilaperdrepourdebon.-Tuestrèsjolie.Elleaeuunsouriresatisfaitetaenrouléunemèchedecheveuxautourdesondoigt.-Jemepréparaispoursortirplustard.-Ahd’accord,jenevaispasteretenirtroplongtemps,alors.Jevoulaisjusteteparlervitefait.Elles’estappuyéecontrelecomptoirdelacuisinetandisquejem’asseyaisàtable.-Aydenavaitoubliéqu’elledevait fairequelquechosepoursoncoursdechimieminérale.ElleenapourquelquesheuresetCoranefinitqu’àseptheures.Onvadînertouteslestrois.J’étaistellementheureuxdesavoirqu’ellen’allaitpasvoirunautremecquej’ailâchéungrossoupir,cequiluiafaithausserunsourcil.-Dequoiest-cequetuvoulaismeparler,Rule?C’estsympadetevoir,maisjedoisdirequejesuisassezsurprise.Jevoulaisluidirequej’avaisbesoind’elle,quejen’étaispluslemêmesanselle,qu’elleétaittoutmonmonde,maiscequiestsortidemaboucheétait:-J’aibuuncaféavecmamèreaujourd’hui.J’aivusesyeuxs’écarquiller.-Waouh.Cen’estpasrien.-Ellem’aretrouvédevantlatombedeRemyquej’étaisentraind’engueulertoutenluidisantcombienilmemanquait.J’yvaistouslesans,pournotreanniversaire.Tusavaisquemonpèreavaitmenacédequittermamèresiellenesefaisaitpasaider?

Elleamordusalèvreinférieureetj’aidûconcentrer tousmeseffortspournepas luisauterdessusetremplacersesdentsparlesmiennes.-JenesavaispasqueDaleluiavaitditça,maisjesavaisquec’étaitassezgrave.Ilsontl’habitudequetut’éloignes,maiscelaavraimentfaitdesdégâtsquandRomearefuséqu’ils l’accompagnentavantderepartir.Jesuiscontentequeçaaide.Vousêtesunefamille,vousavezbesoinlesunsdesautres.-C’estçaletruc,Shaw,jenepensaispasçaavantd’êtreavectoi.Jen’auraisjamaiscruquej’auraisbesoin de quelqu’un ou de quelque chose avant que tu n’entres dans ma tête et que tu commences àdétruirelesmursquej’avaisconstruitsautourdemessentiments.Nousnoussommesfixésdansunsilencetendu.Jusqu’àcequ’ellesouffledoucementetdise:-Je nem’en excuserai pas. Ce n’est pas grave de ressentir des choses, ce n’est pas horrible de sesoucierdesgens.Jel’airegardéeattentivement.Jen’arrivaispasàsavoircequ’elleressentait,etcelarendaitleschosesencorepluseffrayantes.-Non,cen’estpasunemauvaisechose,maisçamefoutlatrouille.Jen’avaisrienàperdreavant,etteperdreafaillimedétruire.Elleaprisune inspiration rapide et j’aivuunemyriade d’émotions passer dans ses yeux et sur sonvisage.-Çam’adétruiteaussi.J’aipassémesmainsdansmescheveuxetj’aicroisésonregardpouressayerdeluifairevoirtoutcequejeressentais.Jen’étaispasbonpourexprimercegenred’émotions,etcelamefrustrait.- Je veux que tu saches qu’il n’y a eu personne d’autre que toi, Shaw. Je tourne en rond et je suistellementsurlesnerfsqu’ilnepourraitjamaisyavoirpersonned’autre.Tumemanques.Jesaisque tuveuxdesdéclarationsd’amouréternel,jesaisqueçanesuffitpasd’essayeretqu’ilfautque je le fassevraiment,maisjeteveux.J’aibesoindetoietsurtout, jesaisque tuasbesoindemoiaussi.Pasd’uneversion de moi diluée et synthétique, mais de la version lourde, dure à gérer sur laquelle tu peuxt’appuyerparcequejesuisfort,Shaw.Jenelaisseraipersonne,surtoutpastafamille,dévalorisertouteslesmerveilleuseschosesquetuasàoffrir.Jemesuislevéetj’aimarchéjusqu’àelle.Elleavaitdesyeuxénormeset jevoyaissapoitrinesesouleveret retomberàcausedesa respirationrapide. Elle n’avaittoujoursriendit,doncj’aisortilestyloquiétaitdansmapocheetj’aiouvertmamainàplat.-JenesuispasJet,doncjenepeuxpast’écrireunechansonpour te fairecomprendrecombien tuesimportantepourmoi.JenesuispasNash,jenepeuxpastrouverunimmeubleettepeindreunefresquepourtefairevoirquepourmoi,toutcommenceettouts’arrêteavectoi.Elleaplacésamainsurlamienneetn’apasdétournélesyeuxquand jemesuispenchépour faireuncroquisaustylo-billesursapeautrèspâle.-Jesuistatoueur, jeseraiprobablementtoujourstatoueuretjenesaispascommentçacolleavectonavenirou l’avenirque tuavaisprévuaprès la fac,et franchement jem’en fiche. C’est ce que je peuxt’offrir,Shaw,ettoutcommetum’aslaisséêtretonpremier,jetelaisseêtreàmoi.J’avaisrecouverttoutelapaumedesamaind’unSacré-Cœurtrèsdétaillé,assortiàceluiquej’avaistatouéaumilieudemontorse.Ilyavaitdesflammesquidansaientderrière,unecouronned’épinesau-dessus,quelquesrosesendessous,etsurunebannière,aumilieu,j’avaisécritmonnom.-Voicimon cœur, Shaw. Il est entre tesmains et je te promets que tu es la première et la dernièrepersonneàletoucher.Ilfautquetuyfassesattentionparcequ’ilestbeaucoupplus fragileque jene lepensais,etsituessaiesdemelerendre,jenelereprendraipas.Jen’ensaispasassezsurl’amourpour

êtresûrquec’estcequ’ilyaentrenousmais jesaisquepourmoi,c’est toi,etcesera toujours toi àpartirdemaintenant.Jepeuxseulementtepromettredefaireattentionetdeneplus te repousser.Laviesanstoiestpossible,maissij’ailechoix,jeveuxlavivreavectoiàmescôtésetjetedisquejenefuiraipasletravailquej’aiàfairepourquecelaarrive.Shaw,jen’aipluspeurdenous.Quandj’aieufini,j’étaisessoufflémaisj’avaisl’impressiondem’êtredélestéd’unpoidsénormecar,mêmesiellemerejetait,aumoinsellesavaitcequejeressentais.J’ailâchésamainetellearefermélesdoigtsautourdudessinquiencouvraitlapaume.Quandj’ailevélesyeuxverslessiens,j’aiétéunpeusurpris de voir des larmes briller dans leurs abysses d’émeraude.Elleaposé lamain sur laquelle jen’avaispasdessinésurlecôtédemonvisageetapassésonpoucesurmeslèvres,ens’arrêtantsurmonpiercing.Sabouches’estrelevéed’uncôtéetjustecommeça,j’aisuquetoutiraitbien.- J’allaism’inviter à ta fête d’anniversaire, ce soir. Nous étions proches mais toujours séparés dequelquescentimètres.Jenepouvaispaslalâcherdesyeux.Elleaouvertsonautremainetl’aposéesurmontorseau-dessusducœurcorrespondantàceluiquejevenaisdeluioffrir.-C’étaitlàquej’allaissortir.-J’auraisétécontentdetevoir.Elleasouriunpeuplus.- L’autre jour, j’ai décidé que je devais arrêter de contrôler les choses avant même qu’elles sedéroulent.Tut’esfermé,Rule,maisseulementparcequejet’ailaissém’enfermerdehors.Jem’inquiétaistellementdecequetufaisais,decequ’ilsepasserait,que je t’ai laissé fermer laporte,etquand tuasvoulularouvrir,j’avaistellementpeurdumalqueçamefaisaitd’êtreavectoiquejenevoulaispasqueçaarriveencore.Cen’étaitpas juste,nipour toinipourmoi.Jen’aipluspeur non plus de faire desefforts,nidenous.Jeprometsdeneplustelaisserm’éloigner.J’aibesoindetoi,Rule,ettueslaseulechosequej’aiejamaisvoulue.J’auraisdûm’accrocheràtoiparcequetuasraison,il fautque je fasseattentionàça.Elleatapécontrelesbattementssousmapeauaveclamainoùétaitlecœur.-C’estprécieuxetc’estleplusbeaucadeauquejepouvaisimaginer.Jel’aiserréefortdansmesbrasetjel’aisoulevéedusol.Jevoulaisl’embrasser, jevoulais lui fairetoutes les choses qui m’avaient manqué depuis des semaines, je voulais lui faire oublier les mainscruellesdeDavenportet imprimer sur son corps tout ce que je ressentais pour elle,mais juste quandj’allaisposermabouchesurlasienne,elles’estreculéeetasecouélatête.-Situcommences,ilestimpossiblequetuaillesàtondîneretàtafêtecesoir!Elle avait raisonmais jem’en foutais. Je l’avais, elle,etc’était leseulcadeau que je voulais. Celadevaitsevoirsurmonvisagecarelleaposésurmaboucheunbaiserennuyeuxavecleslèvresferméesets’esttortilléepourquejelalâche.-Jet’aime,Rule,vraiment.Ilyaquelquechosequejeveuxt’offrirpourtonanniversaire,maisçadevraattendreplus tard, quand on sera seuls et qu’on ne courra pas le risque qu’Ayden ouCora arrivent àl’improviste,alorsvat’amuseraveclesgars.Onseverraensuiteaubaretonpourrafêterçaenprivé.J’aifaitlamoue.Oui,j’aiboudécommeunpetitgaminàquil’onrefusesonjouetpréféré,cequiétaitunpeulecas.Nousavionsétéséparéstroplongtemps.J’avaisbesoindelatoucher,besoindeposermesmainssurelle,maisellenecoopéraitpasdutout.-Allez,Shaw,justeunbisou.C’estmonanniversaireettum’astellementmanqué.J’avaisl’airpleurnichardetpascooldutoutmaisjevoyaisqu’elleallaitcédercarelles’estglisséeunpeuplusprèsdemoi,maislemomentaétégâchéparlebruitdelaserruredelaported’entrée.Aydenestarrivéedanstoutelagloiredeseslonguesjambesetsescheveuxcourts.ElleajetéunregardversShawetmoietafaitungrandsourire.Alléluia!Ilétaittempsquevousvousrendiezcomptequevousêtesfaits

l’unpourl’autre,imbéciles!Shawarigoléetasecouélatête.Ellem’adonnéunautrebrefbaiserets’estéloignée.–Cesoir.Jeteprometsqueçavautlecoupdepatienter.J’aiaccepté,nonsansprotester.Jevoulaistoujourslatoucher,maiselleneselaisseraitclairementpasconvaincre.Jedevaisadmettrequ’elleavaitéveillémacuriositésur lecadeauqu’ellemeréservaitenprivé.Jesuisrentréàlamaisonetj’aiprisunedouche,bienglacée,etjemesuispréparépourlasoirée.Jen’avaispas l’intentionde tropboire,nevoulantpasque l’alcool refrènemes retrouvaillesavecmameuf.Jen’avaisjamaiscruàl’idéequ’êtreamoureuxrendaitlesexemeilleur,maisc’étaitvrai.Lesgarsm’ont emmenéauBuckhornExchangepour que nous puissionsmâcher des pièces de gibiergéantesetjouerauxhommesdescavernes.MaintenantqueleschosesétaientrevenuesàlanormaleavecShaw,jemesentaispluslégeretplusheureuxquejenel’avaisétédepuisdesmois,etcelasevoyait.Ilssesonttousfoutusdemagueuleàcausedemamauvaisehumeuretdemondegréavancéde«connardise» de ces dernières semaines, mais je voyais qu’ils étaient tous soulagés et contents. Le dîner étaitchouette,maisj’étaisprêtàcontinuerlasoiréepourpouvoirensuiteramenerShawàlamaisonpouruneséancedesexederéconciliation,etainsifairedecettesoiréelemeilleuranniversairedetouslestemps.Lebarétaitremplidegensquimesouhaitaientunjoyeuxanniversaire.Mêmel’onclePhilavaitfaitledéplacement.J’acceptaisdes tapesdans ledosetdescâlins toutencherchantunecertaine tête blondedanslafoule.Celademandaitunebonnemaîtrised’évitertouslesshotsquel’onmetendait,maisjem’ensuissorti. J’avaisaperçuunéclatnoiretblancprèsde lascène.Shawétait toutdevantavecAydenetCoraetcelam’aagacéauplushautpointdevoirque Jet étaitdéjàà leur tablepourdraguer labellebrune.J’aiignorétousceuxquicriaientmonnometm’appelaientpouravoirmonattention,j’aisoulevémacopine,mêmesielleportaitdetrèshautstalons,etj’aiscellémabouchesurlasienne.Jemefoutaisqu’ellemarmonneuneprotestationsurprise,jevoulaisunbaiseretc’étaitmonanniversaire.Elles’esttortilléeunpeujusqu’àarriveràmettresesmainsdansmescheveuxetj’aipassémalanguesurlasienne,quis’abandonnait.Elleaémisunpetitgémissementetj’aiplacéunemainsursonculenmepressant contre elle aussi fort que possible, avant d’entendre le rugissement des sifflements et desapplaudissements autour de nous. J’ai levé la tête, ce qui nous a laissés tous les deux essoufflés ethaletants,etj’aiétéfélicitéparunestandingovationdetoutlebar.Shawetmoiavonséchangéunregardchoqué et nous avons explosé de rire enmême temps. Jeme suis incliné en avant et elle a fait unerévérence,cequiafaitriretoutlemonde.Elles’estrecolléecontremoipourmedonnerunautrebaiserquiaréduitmoncerveauenbouillie.L’additiondequelquesbières,deses lèvresdoucesetdesaroberidiculementcourtem’adonnéenviedequittermapropresoirée.Noussommesrestésassez longtempspourvoirJetmechanter joyeuxanniversaire sur scène et pourque je recommandeàNash de se fairediscret quand il rentreraità lamaison. J’ai pris les cadeaux que l’onm’avait offerts et j’ai fait sortirShawdubarbienavantminuit.Nousnoustenionslamainsurletrajet,danslepick-up,etdiscutionsdecequenousavionsfaittoutcetempsoùnousnenousétionspasvus.J’étaiscontentd’apprendrequ’ellegéraitlasituationavecGabedefaçonprofessionnelleetrationnelle.Elleétaitgénialeetj’étaisvraimentchanceuxdel’avoir.Quandjel’aifaitrentrerdansl’appartement,j’étaisprêtàlatirerdanslachambreetluifairecequejevoulais,maiselleaenlevésestalonssexyetamarchéjusqu’àlacuisinepournoussortiràboire.J’étaisexcitéetimpatientmaisjenevoulaispastroplapousser,aussije l’aisuiviesur lecanapéetaipris labièrequ’elleme tendait.Elle s’est assise faceàmoi et a tendu lebraspourpasser lamain dansmescheveux.C’étaitpasmalmais il y avait beaucoupd’autres endroits où j’aurais aimésentir sesmains,alorsjeluiaidemandé:-Pourquoiest-cequetujouestoutletempsavecmescheveux?

-Parceque tuchanges tellementsouventdecoiffurequ’ilssont toujoursdifférents.C’est la premièrefoisquejelesvoisaunatureletjen’arrivepasàcroirequ’ilssontsidoux.-Jecroyaisquetuaimaisbienlacrête?-Oui.Jelesaime,peuimportelacoiffure,maisquandilssontnormauxcommeça,çatedonnel’airplusaccessible.Elleavaitl’airstressée,etjetrouvaiscelabizarre.C’étaitundomainedanslequelnousn’avionsjamaiseudeproblème,ducoup,jenesavaispasquoifairepourlamettreàl’aise.J’aitrinquéavecelleetluiaifaitunsourireencoin.-Joyeuxanniversaireàmoi.Ellem’arendumonsourireetabougésibienquesescheveuxontglisséversl’avant.-Bon,ilfautquejetedisequelquechoseavantquetuaiestoncadeau.Elleavaitprisuntonassezsérieux,aussimonespritaimmédiatementpenséaupire:Gabeluiavaitfaitplusdemalqu’ellenel’avaitditetellen’étaitpasencoreprêtepourunetelleintimité,ellenevoulaitpasvraimentêtreencoupleavecmoi,elledéménageaitauPérou.Ilafalluquejemobilisechaquegrammederetenuequej’avaispournepaspaniqueretgâcherlesprogrèsquenousavionsaccomplisaujourd’hui.-D’accord,balancetout.-C’estunpeugênant.-Shaw,jevaismourir,là.Parle-moi.Elleaposésabièreets’estglisséeunpeuplusprèsdemoisurlecanapé,cequiarelevélebasdesarobesursescuissesblanchesd’unefaçontrèsalléchante.Siellenecrachaitpasvitelemorceau,j’allaislaporterjusqu’aulitquandmêmeetonpourraitreparlerdetoutçademainmatin.Elleaposésesmainsdechaquecôtédemonvisageetl’abaissépourquenosregardsseplantentl’undansl’autre.-Toutecette histoire d’être gentil et d’essayer d’être quelqu’un d’autre pour que ce soit plus faciled’êtreensemble,ças’estappliquéaussiaulit,non?J’aisentimessourcilsseleveretj’aitirésursatoutepetitetaillejusqu’àcequ’ellesoitàchevalsurmesgenoux.Qu’est-cequetuessaiesdedire,Casper?Crachelemorceau.Elleafaitunegrimaceetj’aivusapeauseréchaufferavecunejoliecouleurrosée.-LeRulegentil, leRulequivaaveccettecoupedecheveuxestennuyeuxau lit, jene l’aimepas.JeveuxrécupérerleRulenormalettoutcequivaavec.Çafaitunmoment,donc jevoulais justeêtresûrequ’onétaitd’accord.J’aiéclatéd’ungrandrireetl’aiserréecontremoienremontantmesmainssousletissudesarobepourmesaisirdesesfessesàcroquer.-Jen’arrivepasàdécidersijedevraisêtreexcitéouinsulté.Elles’estpenchéeenavantetnoslèvressetouchaientpresque.-Jeteveux,justetoi.J’aigrognéenréponseet j’aidécidéqu’iln’étaitplus l’heuredebavarder.Elleacouinédesurprisequand jeme suis levé en la tenant toujoursdansmesbras.Elleabougéses jambes pour les enroulerautourdematailleetapassésesbrasdoucementautourdemoncou.–Laremisedecadeaupeutsefairedanslachambre,j’imagine.Ellen’apasrépondumaisacommencéàembrassertoutlecôtédemoncou.Celaa fait tonner lesangdans mes veines et je n’étais pas sûr de tenir jusqu’au lit quand ses petites dents pointues se sontreferméessurmonoreilleetqu’ellea commencé àmurmurer toutes les choses cochonnes que j’avaisenvied’entendre.J’aifermélaporteavecletalondemabotteetjel’aiembrasséejusqu’àcequenoussoyonsallongéssurlacouettenoiresurmonlit.Sesjambessesontécartéesetjemesuisretrouvéauseulendroitoùjevoulaisêtredésormais.J’aipasséundoigtdanssatoutepetiteculotteetlaluiaienlevée.Si

j’avais suqu’elleportait aussipeudechoses sous sa robecourte, jen’auraispas tenu lamoitiéde lasoirée.Nousavonstouslesdeuxgrognélorsquenospeauxsesonttouchées,quandelleaprisledosdemontee-shirtetl’atiréau-dessusdematête.Nousavionsencoreassezdevêtementspourquejepuissel’embrasseretmefrottercontreelledansunefrictiondélicieuse,nousmettanttouslesdeuxtellementsurlesnerfsquenousétionshaletantset tendus l’uncontre l’autrede lamanière laplusagréablequisoit.J’étaiscontentqu’elleneveuillepasquejesoisdouxettendre,carcelafaisaittroplongtempsetj’avaisl’impressionquematêteallaitexplosersouslapression.J’aifaitunsongutturaldeprotestationquandelle amanœuvré pour se libérer et m’a poussé sur le dos. Savoir qu’elle était nue sous sa robe medémangeaitlesmains,jevoulaislesposersurtoutcequiétaithumide,maiselleavaitautrechoseentête.Elles’occupaitdelaboucledemaceintureettoutenmedisantd’enlevermesbottes,maisapparemmentjemettaistropdetempsàm’exécutercarelles’estoccupéedetoutcelaet,endeuxsecondes,j’étaisétalésouselleentenued’Adam.Ellem’atournéledosetm’ademandédel’aiderpourdéfairelafermeturedesarobe,quiallaitdesesomoplatesaubasdesacolonnevertébrale.Je luiaiobéiavecplaisir, surtoutquandletissunoirquirecouvraitsapeausatinéeesttombéparterreautourdeseschevilles.J’aipassémondoigtsurlaligneprononcéedesacolonnevertébraleetj’aiétésatisfaitdevoirquemonpassageluidonnaitlachairdepoule.Ellem’aregardépar-dessussonépauleet j’aisentimoncœurseretourneràcausedelamalicedanssesyeux.-Bon,enfait,j’aitoncadeaudepuisunbonmoment,avantquel’oncommenceàavoirdesproblèmes.Jemedisqueçatombebien,parcequemaintenantilsontcicatriséettupeuxlestoucher.Elleasoulevétousseslongscheveuxd’unemainets’esttournéepourmefaireface,sonbrascachaitsapoitrine.Elleestremontéesurlelitets’estmiseàchevalsurmataille,cequiétaitagréableàregarderetafaitremontermonérectiondroitecommeunpiquet.Ellealaissétombersonbrasetj’aiécarquillé lesyeux.J’étaisquasisûrquejebavais,carShawétaitdéjàlaplusbellefemmedumondeàmesyeux,maisShawavecdespiercingsauxtétons,toutenueau-dessusdemoi,c’étaitassezpourcauseruncourt-circuitdansmoncerveauetquetoutlesangqu’ilmerestaitdescendetoutdroitentremesjambes.-Oh,putain,c’estsupersexy.Sonpetitrires’esttransforméengémissementquandj’aifaitletourdumétalfroidavecmondoigt.-C’estmapierreporte-bonheur.Lapierreaucentredel’anneauétaitunebelleaigue-marinebrillante,jolieetdélicate,toutcommeelle.Elleasiffléentresesdentsquandj’aitirédoucementsurl’anneauetj’aivusesyeuxsefermeràmoitié,d’un désir pur. Je savaismieux que personne combien les piercings intimes pouvaient améliorer uneexpérience sexuelleet jeme feraisundevoirdemontreràShaw toutceque j’avaisappris.Elle s’estbaisséepourm’embrasser.-Joyeuxanniversaire,Rule,jet’offremoi,pourl’instantetpourtoujours,etmêmesituveuxmerendre,jenem’eniraipas.Jenousairetournésetjel’aiembrasséecommesic’étaitlafindumonde,jel’aiembrasséecommesic’étaitladernièrefois,jel’aiembrasséecomme,ehbien,commesijel’aimaisetquejenelalaisseraisjamaispartir.Lesglissementsdelangueetlapressiondemonpiercingàla lèvre laissaientsurelleuneempreinte,celledumanque.Nosmorsures laissaientdes tracesdedentsqui indiquaientquenousnousappartenions,lapressiondesonglessurlapeautendrenousfaisaitrespirerviteetaumomentoùj’aimismamainentresesjambesetmabouchesurcesbeauxbijouxquidécoraientsesencoreplusbeauxtétons,nous étions emmêlés tous les deux dans un besoin de nous agripper et de nous toucher, tout sauftendrement.J’aisentisesonglespercermapeauau-dessusdemesfesses tandisque je la rendais folleavecmesmainsetmabouche,maisj’étaisloind’enavoirfini.Nousavionsétéséparéstroplongtemps,etlessemainesprécédentes,j’avaistellementessayéd’êtrequelqu’und’autrequelesexeavaitétéunpeu

bâclé.Jevoulaiseffacertoutcela.Mafemmeavaitd’autresidées.-Rule…Unedesesmainstiraitmescheveuxtandisquel’autrepartaitàlarecherchedemaqueuequipalpitaitcompulsivemententrenosdeuxventres.Bienquej’apprécielespréliminairesetlefaitquelegentilRuleaitvisiblementdisparu,situnemebaisespasdanslesdeuxsecondesquiviennent, jevaismemettreàhurler.Çafaittroplongtemps.Sesyeuxétaientbrillantsetvifsetmêmesij’auraisaimélacombleraumoinsunefoisavantderelâchersurelletoutemafrustrationsexuelleaccumulée,ellen’avaitpasl’airdemelaisserlechoix.J’aigrognécarsesdoigtssesontenroulésautourdemabiteetontglissécontre lapeau tenduepar lesbarbellsetmonérectionenvahissante.Etjel’ailaisséemeguiderverslamaison.Nousnoussommestouslesdeuxfigésaumomentducontactinitial.Laperfectionabsoluedenousdeuxensemblecommeçaétaitdureàassimileretnousavonsprisuneminutepournousenremettre.Ellea levéseshancheset jesuis rentrétoutentier,etnousavonstouslesdeuxlâchéunjurondifférent.Cen’étaitpaslentetdoux,plutôtsauvageet frénétique,maisc’étaitgénialet tellementchaudque j’aicruquenousallionsnousbrûler.Lemétaldanssestétonsfermesmefaisaitgeindreàchaquefoisqu’ilfrôlaitmontorse,et jesentaischaquefoisque la boule audessus demon gland touchait son clitoris car son corps s’arquait et sa respiration sefaisaithachéeetirrégulière.C’étaitlegenrederelationquejenepouvaisavoirqu’avecelle,etquandjel’aisenties’abandonnerautourdemoi,j’airéaliséquejenesavaispeut-êtrepascequel’amourétaitdemoncôté,mais je le reconnaissaissiclairementdanssesyeux lorsqu’ellemeregardaitainsique jenepouvaispasm’empêcherdepenserqu’ellevoyaitlamêmechosequandjelaregardais.J’aiaccéléré lerythme,jel’aisentiepassersesmainsdansmondosets’accrocheràmonculpuiséclater.Elleatournélatêteetm’aembrassésurlatempe.-Jet’aime.J’aienfouimonvisagedanslacourbedesoncouetj’aiaspirésapeauentremesdents.-Jevaist’aimer,Shaw.Lecoindesesyeuxs’estplissé.-C’estdéjàfait.Jen’avaisrienàdirecarj’aipenséqu’elleavaitsûrementraison.Cettefilleetmoiavionspassétropdetempsàessayerd’êtretropdechosespourtropdegensetpour tropdemauvaisesraisons.Maintenant,c’étaitnotreresponsabilitéd’êtrenous-mêmesl’unpourl’autreetdenousaimerpourtouteslesbonnesraisons.Alorsqu’elleselovaitcontremoietpassaitsa jambesurma taille, j’aisuque,d’unecertainefaçon,c’étaitcequiauraitdûsepasserdepuistoujoursetquepeut-être,c’étaituncadeauquejepouvaispartageravecRemycarj’étaisheureux,Shawétaitheureuseet,définitivement,c’étaittoutcequ’ilauraitvoulupournous.

EpilogueEnvironhuitmoisplustard

-Restesagementallongéeetarrêtedegigoter,sinonj’arrête.-Maisçafaitmal.-Tudisçachaquefois.Onl’afaitassezsouventpourquetusachesàquoit’attendre.J’aipresquefinialorsarrêtedeteplaindre.-Tupourraisyallerplusdoucement.–Tun’aimespasquand j’yvaisdoucement.Sérieux,Casper, tues lapireclientede tous les tempsetc’estbiendommageparcequetoutecettepeaublancheprendl’encrecommedansunrêve.J’ailancéunregardencoinàRowdyalorsqu’iljetaitencoreunœilpar-dessuslemuret,puisjeluiailancéunregarddetueur.-Situn’arrêtespasd’essayerdematerleculdemacopine,tuvasdevoirtrouverunenouvellecarrièreparcequejevaistepétertouslesdoigts.Ellearigoléetatournélatête,poséesursesbrascroiséssurlatableoùelleétaitallongéedevantmoi.Lapiècesur laquelle je travaillaispourelle recouvrait tout son flanc droit, de son aisselle jusqu’à labellecourbeoùsafesserencontraitsacuisse.Elleétaiténorme,trèsgraphiqueetsuivaitlaformedesacagethoraciquedélicate.J’avaisencoretroisheuresd’ombresetdecouleursàrajouter,maiscommela«toile»habitaitpresquechezmoi,jen’avaispasàm’inquiéterdetrouverunmomentpourlefinir.Rowdym’afaitundoigtd’honneurmaism’aaussisouri,debonnefoi.MesamisadoraientShaw, ilsaimaient le faitqu’ellecalmemoncôté taréet fassedemoiunmecplus facileàvivreetà fréquenter.Celafaisaitprèsd’unanetsijen’étaistoujourspaslapersonnelaplusfacileàsupporter,jefaisaisdesprogrèspourêtreaumoinsunêtrehumainplustolérable.-Cela pourrait bien être laplusbellepièceque je t’aivu faire. Tu vas lamettre dans ton portfolioquandtul’aurasfinie?Ledessinétait une faucheuse trèsdétailléeet très colorée, inspirée duDía deMuertosmexicain. Levisagedelafemmeétaitbeauettragique,etelletenaitdanssesmainsunerépliqueexacteducœurquej’avaisdessinédanslapaumedeShawilyadesmois.Shawavaitinsistépouravoirdeuxchosesdansledessin:ellevoulaitqueleSacré-Cœurysoitreprésentéetellevoulaitqu’ilressembleàlafaucheusequej’avaissurle flanc.Jen’aurais jamaiscruqueShaws’intéresseraità lamodificationcorporelleautantquemoi,maisalors que cela faisait seulement unmois que nous étions officiellement en couple, ellem’avaitdemandédeluidessinerpleindepetitsfloconsenbleu,grisetblanc.Quand je luiaidemandépourquoi,ellem’aditquemesyeuxluifaisaientpenseràl’hiveretqu’ellevoulaitquelquechosequiluiferaitpenseràmoietqu’ellepourraitgardersurelle,alorsmaintenantelleavaitunetempêtedeneigequidémarraitderrière son oreille gauche, passait dans sanuqueets’arrêtait en bas de son épaule droite.C’étaitl’undesendroitsdesoncorpsquejepréféraiscaresseravecmalangue,etj’aimaisnonseulementqu’elleaitfaitquelquechosequiluifassepenseràmoi,maisaussiquecesoitmoiquileluiaietatoué.

Quelquesmoisplustard,elleavaitvouluquejeluidessineunferàchevalaveclenomdeRemydedans,doncelleportaitaussiuntatouageenmémoiredemonfrèrequimefaisaitdubienchaquefoisque je levoyaisapparaître,quandellemeserraitdanssesbrasouquenousnous tenions lamain. La pièce surlaquelle je travaillaisaujourd’huiétaitcent foisplusgrandeetplusdétailléeque les deux autres.Ellecontenaitunmessage et je devais admettre que je l’adorais, j’adorais le dessin, j’adorais qu’ellemefasseassezconfiancepourlamodifierdéfinitivement,etj’adoraisêtreceluiquileverraittous les joursquandellesecoucheraitauprèsdemoi.J’aipassésursahanche lepapierque j’utilisaispour essuyerl’excèsd’encreetlesang.Jeluiaimisunepetitetapesurlesfessesetj’aienlevémesgantsenlesfaisantclaquer.-ÇadépenddeShaw.Sielleveut,jelemettrai,sinoncen’estpasgrave.J’aipliéetdépliémesdoigtstandisqu’elleserelevaitpourquejeluimettedelageléeàtatouageetduplastique,qu’ellenedégoulinepasdesangetd’encreavantque je la ramèneà lamaison.J’ai plié lamainquiportaitsonnomsurmesphalangeset j’ai frôlésajoueen lui volant un baiser. En tant que tatoueurprofessionnel,jeconnaissaislessuperstitionsetlesmisesengarde :ne jamaisse tatouer lenomd’uneamoureusenullepart,maisjem’enfoutais.J’aimaisbaisserlesyeuxetvoirsonnom,j’aimaisvoirquequandmesmainsétaientl’uneàcôtédel’autre,nosnomsétaientcôteàcôtepourtoujoursdansmapeau.J’avaisaussidemandéàNashdemefaireunerépliqueexactedeCasperl’apprentifantômederrièremonoreillegauche.C’était unpeununuchemais elle trouvaitcelamignon, et la façon dont elleme l’avaitmontrém’avaitfaitgarderlesourirependantdesjours,alorsons’enfoutait.-C’estmagnifique.Merci,monamour.-Toiaussi,tuesmagnifique.Jel’aiencoreembrasséelorsqu’elleestdescenduede la tableenfaisantattentionà restercouverteetelleestalléeserhabillerdanslasalledebains.Elleapasséundoigtsurlecôtédemoncrânequej’avaisrasé.La crête était de retourde temps en temps et elle nementait pas, elle se fichait toujours demacoiffure.Tant qu’elle pouvaitmettre sesmains dedansoudessus,elle se fichait de la coupe ou de lacouleurquejechoisissais.Rowdyasecouélatêteetm’ajetéunregardacerbe.-Tuasvraimentunechancedeconnard,Archer.J’airigoléetj’aicommencéànettoyermonposte.-Jesaisbien.Les choses n’étaient pas toujours parfaites.Nous étions toujours deux personnes très différentes, surdeux voies très différentes,mais nous arrivions toujours à prendre le temps de régler les choses. LeprocèscontreDavenportavaitétédifficileetj’avaisdétestélavoirrevivretoutcela.Ilyavaittropdepression pour qu’il ait vraiment la condamnation qu’il méritait, mais elle est restée forte. Quand sesparents l’avaient poussée à retirer sa plainte et à laisser le père deDavenport s’occuper de lui, ellen’avaitpasfaiblietfaitcequ’ilfallait.Gabeavaitétépuni,maispasaussidurementquenousl’aurionstousvoulu.Sesparentsétaientloindesoutenirnotrerelationmaisunefoisqu’ilsonteuintégréqueShawetmoiétionsuneformuletoutcompris,sanslaquelleilsnepourraientplusavoirdecontactavecelle,ilssesontunpeucalmés.Personnellement,jepensequec’est laculpabilitéde l’agressionet le faitqu’ilsontétéglobalementdesparentsdemerdequilesapoussésàcontinuerdepayersesfraisdescolaritéetàm’acceptertantbienquemal.Jem’enfichaiscarj’étaislàpourlaprotéger.Peuimportaitlaraison,tantqu’ilssetenaientbien,toutsepasseraitbien,ouplutôtpastropmal.Leschosess’étaientarrangéesavecmesparents,cen’étaitpasparfait,maisc’étaitmieux.Mamèreetmoinousétionsmisd’accord,nousn’aurionsjamais lamêmerelationquecellequ’elleavaiteueavecRemy,mais aumoins nous pouvions discuter,maintenant. Je l’avaismême accompagnée à un ou deuxrendezvousavecsonpsyetjecomprenaismieuxcommentellefonctionnait.Àmagrandesurprise,nous

nousressemblionsbeaucoupplusquecequej’auraisimaginé.Shawetmoimettionsunpointd’honneuràyretournertouslesdimanchespourlebrunch,maismaintenantjeparticipaisvraimentetc’était l’undemesmoments préférés dans la semaine.Malheureusement, c’était désormais Rome qui était devenu lefrèreArcherdifficile.IlrefusaittoujoursdeparleràMamanetPapa,et ilnes’étaitouvertàShawquelorsquejeluiavaisfaitcomprendreques’ilnelefaisaitpas,j’allaisluitaperdessusquandilrentrerait.Leschosesétaientagitéesdececoté-là.Ilsesentaittrompéettrahi,maisjecroyaisenlui.Sij’avaispuretrouverlalumière,alorsmonfrère,quiétaitdéjàunbienmeilleurhommequemoi,finiraitbienparyarriver.Shaw est sortie de la salle de bains en remontant ses cheveux en une queue-de-cheval désordonnée.Coras’estretournéederrièresonbureaupourluijeterunregardnoir.-Jen’arrivepasàcroirequetumequittespourcepetitcon.Tuvastropmemanquer.-Ahhh…Tuvasmemanqueraussi,meuf,mais jenesuis jamais làet j’enaivraimentmarred’avoirmesaffairesàdeuxendroitsdifférents.ShawemménageaitavecNashetmoiceweek-end.Nousavionsrepoussél’échéancemêmesielleétaitlàcinqousixnuitsparsemaine,carjenevoulaispasqueceladérangeNash.C’étaitmonmeilleuramiquiluiavaitfinalementdit,aupetitdéjeuner,quesielleacceptaitdecuisiner laplupartdu temps,ellepouvait emménager quand elle voulait. Nous étions tous les deux soulagés car j’aimais bien notreappartement, il était super bien situé pour mon travail et je ne voulais vraiment pas déménager nidemanderàNashdepartir.Nousnousentendionstrèsbientouslestrois,etNashsortaitsouvent lesoirdoncnousnenoustapionspassurlesnerfs.LesfillesétaienttristesqueShaws’enailleetjesavaisqueAydenetCoraallaientbeaucoup luimanquer,maisellessevoyaientsouvent et avaient décrété que lejeudisoirseraitunesoiréefilles.Decefait,jen’avaispaspeurqu’elleregrettesadécision.Coraaretroussélenezcommeuneféeclochetteénervée.-C’est juste que je déteste l’idée d’avoir à vivre avecun inconnu.Ayden et toi étiez lesmeilleurescolocsdumondeetaprèscequ’ilt’estarrivé,jenevaispasfaireconfianceàn’importequidanslarueetluidemanderdevenirvivrechezmoi.Shaws’estassisedanslachaisequej’avaisquittéepournettoyer,etj’aicachémonsourirequandelleasournoisementpasséleboutdesesdoigtssurl’intérieurdemacuisse.NashalevélesyeuxdelachouettesurlaquelleiltravaillaitetsonregardsautaitdeRowdyàmoi.-Jetvabientôtrevenirdetournée,non?-Ouais.Et?Artifice avait sérieusement explosé. Ils s’étaient fait une place au Metalfest et avaient demandé augroupedeJet,Enmity,defaireleurpremièrepartie.Ilétaitpartidepuisplusdesixmoisetpendantqu’ilétaitsurlaroute,lafillequ’ilvoyaits’étaittrouvéunex-tôlard,doncilétaitàlarue.Nousnousdisionstousqu’ilsquatteraitchezRowdyouchezunautremecdugroupe.-Tupeuxluilouerlachambre.Nashaprononcélaphrasecommesic’étaitparfaitementlogique.Ils’entendbienavecAydenetdetoutefaçonilesttoujoursentournéeouailleurs.Jesuissûrqueçacolleraitbien.Shawetmoiavonséchangéunregardetunhaussement de sourcils. Jet s’entendait bien avecAyden,d’ailleurs ils avaient développé une relation en dehors du groupe, ce qui nous faisait souvent nousdemanderàquelpoint la fillede lacampagneet lemétalleuxs’étaient rapprochés. Ilsétaientproches,maistellementéloignésquec’étaitdurdecomprendrequelsujetdediscussionilspouvaientbientrouver.Sil’onmedemandaitmonavis,faireemménagerJetetlabellebruneallaitsoitcréerdesennuis,soitêtreunesuperbonneidée,selonlepointdevue.Jemesuiséclaircilavoixetj’aiprislamaindeShaw.-Mongrandfrèrevarevenirdansquelquesmois,aussi.Illuifaudraunendroitoùcrécherletempsde

savoircequ’ilfait.Çapeutêtreuneautreoptionàenvisager.Coraahochélatêteetestretournéeàcequ’elleétaitentraindefairesurl’ordinateur.-Prêtepourrentreràlamaison?J’adoraisluidemandercela.J’adoraisaussilefaitqu’ellesachequej’adoraisluidemandercela.Ellem’asouriets’estmisesurlapointedespiedsavecprécautionpourmefaireunpetitbisou.Jesavaisquesonflancdevaitluifairemal.Sefairepiquerpendantquatreheures,c’étaitlong,etengénéralellerestaitassiseimmobilecommeunechampionne,demarbre.J’allaislamettresousunedouchechaudeetlafairesesentirbeaucoupmieux.-Ouaip.Nous sommes sortis du salon main dans la main et nous sommes dirigés vers l’immeublevictorien.Elleaimaitbienpassersonpoucesursonnomsurmesdoigts,etcelanemanquaitjamaisdemefairesourire.-Est-cequetuveuxmemettredanstonportfolio,Rule?Jenem’attendaispasàcettequestion,alorsjeluiailancéunregardsurpris.-Pourquoiest-cequetumedemandesça?Elleahaussélesépaules.-Jenesaispas.Tuymets toutes tesplusgrossespièces, jenevoispaspourquoi tunevoudraispasmettrecelle-là.J’aipassémonbrasautourdesoncouetl’aitiréeversmoipourembrasserledessusdesatête.-Parcequelesautres,c’estdutravail.Jelesfaissurdesgenspuisilssortentdanslevastemondeoù,avecunpeudechance,ilssontappréciésetadmiréspard’autresgens.Toutcequejefaispourtoi,toutcequiestentrenousn’estpasdutravailetc’estpourquenous,nousl’apprécions.Quandjetravaillesurtoi,jelefaisensachantquecequejefaisseraavecnouspourtoujours.Commejedisais,situveuxquejelemettedansleportfoliojeseraiheureuxdelefaire,maissinonjeseraiheureuxd’êtreleseulàpouvoiradmirermonouvragetouslesjours.Ellem’afixéquelquessecondessansriendirepuisaexploséderire.-Tufaislescomplimentslesplustordusaumondemaisc’étaitjoliettuasabsolumentraison.Laseulepersonneàquijeveuxvraimentlemontrer,c’esttoi.J’aigrognéettiréunpeusursescheveux.Letruccouvrelamoitiédetafesse.Yaintérêtàcequejesoisleseulàlevoir,Casper.Sesyeuxvertsbrillaientd’unefaçonquej’étaisleseulàpouvoirprovoquer.-Jet’aime,RuleArcher.Chaquefoisqu’elleledisait,c’étaitplusfacilepourmoideluidirequejel’aimaisenretour,etc’étaittout.Jen’avaispasàleremettreenquestion,pasàm’inquiéter,pasàtomberdansletunneld’obscuritécarcequeShawressentaitpourmoi,jeleluirendaisetjesavaisquec’étaitassez.Jen’avaispasbesoind’essayer,jelefaisaistoutsimplementetchaquejourquipassait,jelefaisaismieuxquelaveille.-Alors,aufait,deJetouRomequiiravivreavecCoraetAyd?Elles’estlovéecontremoitandisquenousapprochionsdel’appartement.-J’aihâtedevoircommentçavasepasser.J’airicané.-C’estcequetoutlemondedisaitpournous.-Etregardelespectaclequ’onleuraoffert.-C’estvrai,etlesopposésnefontpasques’attirer,ilspeuventtoutbrûlersurleurpassage.-Jenetelefaispasdire.Quoiqu’ilarrive,j’étaissûrd’unechose.Siundemesgarsétaitassezchanceuxpourtrouverunefilleavec qui il se sentait comme jeme sentais avecShaw, je ferais toutmonpossible pour qu’ils restentensemble.Un amour comme ça, ça ne se loupe pas, même pour ceux d’entre nous qui n’avaient pasréaliséqu’ilexistait.Regardez--moiça,voilàquejesuisoptimiste!

Remyseraittellementfier.

SicettehistoireavaituneBandeSon,voilààquoielleressemblerait:TheCivilWars,FallingSocialDistortion,OutlawTwistedSister,We’reNotGonnaTakeItGarthBrooks,IGotFriendsInLowPlacesBlackRebelMotorcycleClub,Ain’tNoEasyWayBadReligion,AmericanJesusGaslightAnthem,FilmNoirDriveByTruckers,DecorationDayStraylightRun,BigShotTheBlackAngels,BetterOffAloneLucero,IKissedTheBottleTheBloodyHollies,RaisedByWolvesAgainstMe!,BorneOnTheFMHeartWaveDawes,IfIWantedSomeoneLadyAntebellum,NeedYouNowDefianceOhio,AnxiousAndWorryingTheAvettBrothers,IWouldBeSadHeartlessBastards,OnlyForYou

AProposdel'AuteurPremièrement,jesuisunefille…Oui,jesais,moinonplusjenepensaispasdevoir lepréciser,maisaprèsavoirreçuquelquesmailscurieuxcesdernierstemps,j’aipenséqueçanecoûtaitriendevous ledire.-JayestlediminutifdeJennifer.JevisdansleColorado,c’estunbelendroitetonytrouvetoutessortesde personnes intéressantes de qui s’inspirer. J’adore les tatouages et les modifications corporelles.J’adoreaussilire,tousgenresconfondus;biensûr,avecunbeaugarçontatoué,c’estencoremieux.Mavieachangécetteannée,etunmatin, jemesuis levée et j’ai décidé que j’allais enfin finir l’une desmillions d’histoires avec lesquelles je jouais. J’adore écrire, et cela faisait longtemps que je medemandaiscequej’allaisfairedemavie.Alorssachezquevous,lecteurs,êtesunepartieprécieusedemanouvellevieetj’espèrequevousavezaimécettehistoire.