du mÊme auteur : rythmes et rumeurs. poÈmes …

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D U M Ê M E A U T E U R :

RYTHMES ET RUMEURS.

Véteau 1924 (Epuisé).

POÈMES DÉSORDONNÉS.

Edi t ions de " L a P a l l a d i e n n e " 1940.

Sous presse :

LA GERBE ARCHAÏQUE. P o é s i e s .

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JEAN VENETTIS

S y n a m o n d a Chronique des Croisades

I l l u s t r a t i o n s de J o s e p h H é m a r d

PARIS Editions de " L A PALLADIENNE"

66, Boulevard Saint-Germain

MCMXLI

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A LA DOULCE FRANCE

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1

Certes, tant

de guerres l ongues et meurtrières

q u e n o u s f î m e s na-

guère contre l'ennemi mortel de notre religion, n'eussent point été couronnées de succès sans l'entremise divine de

Notre-Seigneur, au nom duquel elles furent toutes entreprises ; et bien que l'issue de tant de batailles eût été tou-

jours décidée par le haut courage et

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l'expérience guerrière de nos vaillants chevaliers, néanmoins, seule la protec- tion de Dieu eût pu les préserver d'un si grand nombre d'ennemis, car, seule eût été capable de donner à leur pitié la victoire pour loyer.

Un des plus vaillants chevaliers qui combattirent, jadis, en terre sainte, pour la plus grande gloire du Christ, fut, sans contredit, Baudouin de Bouillon.

Les hauts faits d'armes de ce comte,

roi de Syrie, et les non moins réputés exploits de ses fidèles vassaux, dont il recevait obéissance volontaire, furent les artisans et les témoins assurés de sa

renommée. Non qu'il eût reçu tribut pour ainsi dire, de toutes les actions d'éclat qui naquirent à l'entour de son nom par un louable désir d'émulation, mais, par la douceur de son gouverne- ment et ' la très confiante amitié qu'on

eut pour lui, il sut tant inspirer à ses

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compagnons d'armes l'amour des gran- des et belles choses, qu'il se vit obligé, tant qu'il vécut, d'en donner l'exemple par des continuelles et inimitables prou- esses, dont, cependant, jamais il ne tira la moindre vanité. Car, à l'encontre

de ces rois qui, bien que semblables à leurs pairs et chevaliers, pour ce qui est des avantages du corps et de l'esprit, aiment à être appelés et plus doctes et plus vaillants, le roi Baudouin ne se cuidait autre qu'il n'était, mais s'avou- ait-il, bien humblement, être venu en

terre sainte au même titre que tous ses barons, savoir, pour faire pénitence de ses péchés, combattre et souffrir au nom de Notre-Seigneur, afin de mériter dans

la vie à venir la royauté du ciel, et non point pour conquérir tel ou tel royaume aliénable sur terre. Toutefois, comme il

eut à combattre les nations les plus nombreuses et les mieux armées entre

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celles de toute la païennie, lesquelles nations, outre les avantages ci-dessus, eurent celui de n'être point couardes, quoique serves d'une religion lâche et

maudite, le roi Baudouin, guidé par sa bonne inspiration et en vue du bien commun, prit le commandement de l'ar- mée et marcha incontinent contre le

Sarrasin, jurant de le rendre tributaire

du royaume chrétien d'Outremer jusques au delà de la grande et puissante cité de Babylone.

Et déjà, Saudoine, le plus jeune des cinq émirs frères qui régnaient alors conjointement sur l'opulente cité de la Mecque, abandonnait Rochebrune, ville commise à sa garde, et fuyait le long du rivage, vers la direction de la Mecque. Son armée gisait tout entière sur des ruis- seaux de sang, en tel tas qu'il eût suffi d'un seul regard, quasi-rapide, pour estimer combien fut grande la bataille,

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complète et décisive notre victoire.

Donc, Saudoine, l 'émir vaincu, s 'en

allait, brochant son destrier à grands

coups d'éperons, les yeux et le cœur

remplis du spectacle affreux de sa dé- confiture et des feux d'une colère in-

domptable.

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II

P e n d a n t q u e Sa u- doine che-

vauchait à

g r a n d ' e r r e sur le che-

min de la Mecque, ses quatre frères,

les émirs Esclamart, Taillefer, Ector et

Marbrun, incertains du sort de leur ca-

pitale et doutant de leur sécurité propre,

consultaient avec une religieuse crédu-

lité la science prophétique de leur hôte

et cousin germain, le roi Mandas.

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Ce roi Mandas, alors en pèlerinage à

la Mecque, avait la réputation de savoir mieux que tout homme au monde, l'art de lire dans les livres de magie, d'opé- rer selon les rites et les principes de la géomance, ou bien, selon les règles de la kabale, d'expliquer tous les en- chantements, de jeter des sorts, et, pour tout dire, d'avoir révélation de toute

chose obscure, voire ignorée, par les moyens secrets de la sorcellerie.

Seigneur Dieu ! j'ignore quelle est la nature de ce pouvoir qu'ont certains hommes de dévoiler l'avenir aussi cer-

tainement qu'il appert par la suite, et de voir dans le passé des autres aussi clairement que dans le leur propre. Je ne crois guère ceux qui vont racontant grandes merveilles de telles choses ad- venues et prédites, disent-ils, choses qui, nonobstant, pour être à mon escient surnaturelles et fausses, ne peu-

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vent avoir existé que dans l'esprit des gens fourbes et crédules. Car il est avéré que nul homme ne peut percer les secrets du destin, ni changer les lois de la nature. C'est pourquoi je n'a- joute foi qu'aux très-saints miracles en- seignés dans l'évangile, eux seuls vrais, quoique au-dessus de l'humain enten- dement, et prouvés manifestement par notre foi dogmatique en J.-C. !

Néanmoins, eu égard au récit de ce conte plus qu'à demi païen, et que j'ai pris soin de transmettre ici au plus fi- dèlement, j'admettrai avec le consente- ment du lecteur la vraisemblance de

plusieurs faits qui y sont relatés ; ces faits ne sont point impossibles ; et je dirai même qu'ils me semblent particu-

liers à des gens chez qui le vrai nom de Dieu reste ignoré, et qui n'ont point été rachetés, ainsi que nous le fûmes,

par le saint mystère de la Rédemption.

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Chez eux, dit-on, le diable tient lieu d'oracle. Puis donc qu'il leur plait de converser avec le Maudit, je ne m'é- tonne plus de les voir livrés, âme et corps, à leurs sciences noires qu'ils appellent occultes et à leurs pratiques

de magie et d'abomination. Or, le roi Mandas ne pouvait guère

tirer de son travail divinatoire visant le

sort de la Mecque que des signes et des prédictions sinistres. Ses combinai- sons savantes, tracées sur le sable du bout de son bâton, lui annonçaient la

suite ininterrompue des déboires, des revers et des calamités qui allaient fon- dre, sous peu, sur la cité émirale. Pa- reilles prédictions ne sont à communi- quer ni à connaître sans grand déplai- sir; aussi le roi Mandas gardait le silen- ce, ne voulant pas, sans doute, attrister ses nobles cousins en leur apprenant ce que lui-même n'augurait qu'avec une