(ebook fr) la dietetique du tao (dietetics - dietetique - dietetica)

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5/21/2018 (eBookFr)LaDietetiqueDuTao(Dietetics-Dietetique-Dietetica)-slidepdf.com http://slidepdf.com/reader/full/ebook-fr-la-dietetique-du-tao-dietetics-dietetique-dietetica La diététique du Tao Unesagessemillénaireauservicedevotresanté. Auteurs: Philippe Sionneau € Richard Zagorski  Avant-Propos € Pour •tre m‚decin on doit comprendre lƒorigine de la maladie clairement. On doit conna„tre quelle partie du corps a ‚t‚ envahie et la traiter avec les aliments. Si la di‚t‚tique ne peut pas gu‚rir la maladie, alors il faut prescrire une formule de plante. … Bian Que (407 € 310 AV JC) l•un des grands ma‚tre de la mƒdecine chinoise Dans la culture chinoise de nombreux aliments sont utilis€s • des fins th€rapeutiques : ail, gingembre, jaune d‚ƒuf, mouton, ciboule, menthe, cannelle, miel, riz, etc. Selon les th€ories de la di€t€tique chinoise, tous les aliments ont des vertus particuli„res susceptibles d‚avoir une action sur le corps et d‚agir en cas de maladie. Il est courant d‚utiliser dans la cuisine chinoise des substances m€dicinales comme l‚igname, la racine d‚astragale, le fuit de lycium, la racine de pueraria, la graine de lotus, ect. La fronti„re entre les aliments et les m€dicaments est parfois floue, comme le souligne le proverbe chinois : … La m€decine et les aliments proviennent de la m†me source‡. La di€t€tique fait partie des piliers th€rapeutiques incontournables de la m€decine chinoise, au m†me titre que la phytoth€rapie, l‚acupuncture et le massage. L‚alimentation est essentielle non seulement pour nous r€g€n€rer mais aussi pour pr€venir les maladies. Cependant, si cet instrument de vie est mal employ€, il peut aussi †tre • l‚origine de nombreux troubles. L‚†tre humain moderne souffre d‚une alimentation erron€e, source de nombreuses maladies. La di€t€tique forte de son exp€rience d‚au moins 2500 ans et issue d‚une sagesse multimill€naire peut nous aider. € Celui qui ne sait pas manger, ne sait pas vivre…. Sun Si Miao (581-682) 1) Introduction 1.1 Sommes-nous à la dérive ? Que de changements en un demi-si†cle ! Les progr„s technologiques dans tous les domaines (m€dical, informatique, g€n€tique, astronomique, physico-chimique, communicationsˆ) nous propulsent vers des mondes palpitants, exaltant, mais souvent virtuels o‰ il semble que l‚†tre humain ait perdu certains rep„res fondamentaux vis-•-vis de sa  Terre nourrici„re. Dans le domaine de la sant€, qui nous pr€occupe ici, que constatons-nous • l‚€chelle de la plan„te ? Des disparit€s toujours plus grandes entre le … tiers monde‡ o‰ des enfants continuent de mourir de faim, de malnutrition, d‚€pid€mies et les pays … riches‡ o‰ des gens par milliers succombent • des maladies cardio-vasculaires, des cancers, des maladies de surcharge dues en partie • l‚exc„s de nourritureˆ La modernisation des hŠpitaux, les progr„s de l‚hygi„ne, la technologie m€dicale, la multitude des nouveaux m€dicaments n‚ont pas r€ussi • enrayer les maladies de d€g€n€rescence, le taux grandissant d‚ob„ses, de diab€tiques, de maladies auto-immunes, de gens d€vitalis€s, fatigu€s, immunod€prim€s et allergiques, qui au final, sont loin d‚avoir la force physique qu‚avaient nos grands-parents. Que s‚est-il pass€ apr„s la seconde guerre mondiale ? Force est de constater qu‚apr„s une p€riode de restrictions et de manques, les Occidentaux se sont mis • manger de fa‹on d€raisonnable et excessive. On trouve d€sormais … de tout ‡, en abondance et en toute saison, dans ces temples de la consommation que sont les grandes surfaces ! Est-ce un progr„s ?

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  • La dittique du TaoUne sagesse millnaire au service de votre sant.

    Auteurs : Philippe Sionneau Richard Zagorski

    Avant-Propos Pour tre mdecin on doit comprendre lorigine de la maladie clairement. On doit connatre quelle partie du corps a t envahie et la traiter avec les aliments. Si la dittique ne peut pas gurir la maladie, alors il faut prescrire une formule de plante. Bian Que (407 310 AV JC) lun des grands matre de la mdecine chinoiseDans la culture chinoise de nombreux aliments sont utiliss des fins thrapeutiques : ail, gingembre, jaune duf, mouton, ciboule, menthe, cannelle, miel, riz, etc.

    Selon les thories de la dittique chinoise, tous les aliments ont des vertus particulires susceptibles davoir une action sur le corps et dagir en cas de maladie.

    Il est courant dutiliser dans la cuisine chinoise des substances mdicinales comme ligname, la racinedastragale, le fuit de lycium, la racine de pueraria, la graine de lotus, ect.

    La frontire entre les aliments et les mdicaments est parfois floue, comme le souligne le proverbe chinois : La mdecine et les aliments proviennent de la mme source .

    La dittique fait partie des piliers thrapeutiques incontournables de la mdecine chinoise, au mme titre que la phytothrapie, lacupuncture et le massage. Lalimentation est essentielle non seulement pour nous rgnrer mais aussi pour prvenir les maladies. Cependant, si cet instrument de vie est mal employ, il peut aussi tre lorigine de nombreux troubles.

    Ltre humain moderne souffre dune alimentation errone, source de nombreuses maladies. Ladittique forte de son exprience dau moins 2500 ans et issue dune sagesse multimillnaire peut nous aider.

    Celui qui ne sait pas manger, ne sait pas vivre . Sun Si Miao (581-682)

    1) Introduction

    1.1 Sommes-nous la drive ?

    Que de changements en un demi-sicle !Les progrs technologiques dans tous les domaines (mdical, informatique, gntique, astronomique,physico-chimique, communications) nous propulsent vers des mondes palpitants, exaltant, mais souvent virtuels o il semble que ltre humain ait perdu certains repres fondamentaux vis--vis de sa Terre nourricire. Dans le domaine de la sant, qui nous proccupe ici, que constatons-nous lchelle de la plante ? Des disparits toujours plus grandes entre le tiers monde o des enfants continuent de mourir de faim, de malnutrition, dpidmies et les pays riches o des gens par milliers succombent des maladies cardio-vasculaires, des cancers, des maladies de surcharge dues en partie lexcs de nourriture

    La modernisation des hpitaux, les progrs de lhygine, la technologie mdicale, la multitude desnouveaux mdicaments nont pas russi enrayer les maladies de dgnrescence, le taux grandissant dobses, de diabtiques, de maladies auto-immunes, de gens dvitaliss, fatigus, immunodprims et allergiques, qui au final, sont loin davoir la force physique quavaient nos grands-parents. Que sest-il pass aprs la seconde guerre mondiale ? Force est de constater quaprs une priode de restrictions et de manques, les Occidentaux se sont mis manger de faon draisonnable et excessive. On trouve dsormais de tout , en abondance et en toute saison, dans ces temples de la consommation que sont les grandes surfaces ! Est-ce un progrs ?

  • La consommation de viande, de produits sucrs, dhuiles raffines a atteint des sommes alors que dans le mme temps, des aliments essentiels comme les lgumes, les crales, les lgumineuses, sont dlaisss. Et ce nest pas tout. Les aliments doivent tre pratiques et rapides prparer, esthtiques et bon march. Quils aient ou non de la vitalit nest vraiment pas un critre qui semble entrer en ligne de compte ! La frnsie du bas prix et le culte de la vitesse nous ont dcidment carts de certaines proccupations de base essentielles notre sant.

    On a vu ensuite les fast-foods, summum du mauvais got, envahir toutes les villes. La cuisine franaise, les plats traditionnels, ont progressivement cd le pas une cuisine mdiocre o le congel et la boite de conserve prennent une part de plus en plus importante. Nous cumulons normment derreurs sur le plan alimentaire et les effets sne font de plus en plus sentir (obsit, allergies, baisse globale de la vitalit, etc.) Se couper ce point de nos racines est une erreur grave et hlas les choses ne font quempirer.

    Vache folle, poulet la dioxine, OGM et aprs ?Aprs le scandale de la vache folle (qui continue), o lon fait manger des farines animales des herbivores, le poulet la dioxine, la fivre aphteuse, les engrais chimiques qui frelatent les nappes phratiques, voici les OGM, clones de crales et les manipulations gntiques en tout genre. Quelques cologistes ont beau crier casse-cou , la machine implacable est en marche. Lagroalimentaire est devenu un business complexe o les aliments deviennent de plus en plus des produits de laboratoire et des objets de marketing. Avec lintrusion de centaines dadditifs dans notre assiette et les aliments transgniques, beaucoup sinquitent, juste titre, que certains, pour senrichir, jouent aux apprentis sorciers avec notre sant.

    Dance ce bien sombre panorama, il est essentiel de faire preuve de discernement et de refuser clairement dtre les cobayes dune industrie agroalimentaire toute puissante. Il est temps de retrouver le bon sens, la qualit et la fracheur des produits. Nous disposons, par nos choix conscients vers une alimentation naturelle, dun pouvoir bien plus grand que nous limaginons pour modifier cette tendance alimentaire errone.

    Science et modernitLa dmarche moderne et scientifique qui consiste actuellement en llaboration de nouveaux concepts o le nouveau chasse lancien. Cest le mythe du progrs. Et le domaine de la dittique, qui nous intresse ici, ny chappe pas. Avec le tlescopage des mdias et du monde des marchands, les nouveaux modes alimentaires foisonnent mais ne perdurent pas. Haro sur le cholestrol, pour sapercevoir que le cholestrol a aussi sa raison dtre. Le nouveau rgime untel est la mode, avant dtre dtrn par un autre

    Chaque anne, ce sont de nouvelles cures damaigrissement rvolutionnaires qui nous sont proposes, parfois mme par des notorits, pour maigrir vite, juste avant lt.

    Or, en ralit, combien dobses ont vraiment vu leur poids diminuer durablement en suivant les conseils de la dittique scientifique moderne ou des mdias spcialiss ? Combien de gens ont vu leur poids subir le fameux effet yo-yo aprs des rgimes ! Et que dire, alors, des moyens impressionnants mis en uvre pour trouver des solutions aux problmes de sant, au sujet des maladies cardiovasculaires, des cancers du clon, des allergies alimentaires, qui sont en constante augmentation ? Le progrs mdical, dont on nous informe trs rgulirement, ne saccompagne-t-il pas dune forme de dgradation de certains secteurs de la sant ? Cette frnsie de nouveaux rgimes que nous abandonnons trs vite aprs un coup dclair mdiatique ne cache-t-elle pas une norme dficience qui dmontre notre ignorance en termes dalimentation malgr notre savoir scientifique ?

    Tradition et sagesseDpass par la masse dinformations vhicule par les mdias, dubitatif devant les diffrents courant dittique (dont les principes sont souvent contradictoires), ltre humain moderne a de plus en plus de mal se faire une ide juste de ce quest vraiment une alimentation saine.

  • Faut-il boire beaucoup ou non, consommer ou non des laitages, que penser du sucre, faut-il manger cru ou cuit, faut-il bannir la viande ou absolument la conserver, faut-il jener ou non ? Autant de questions parmi tant dautres, qui font dbat et qui reviennent de manire rcurrente.

    Un acte aussi naturel que celui de nous nourrir ne devrait normalement nous plonger ni dans lincertitude, ni dans une remise en cause permanente, ni porter prjudice notre sant. Or, lhumanit possde tout de mme une exprience et un pass particulirement riches. Quelles sont donc les solutions que nous propose la tradition en ce qui concerne les problmes de lalimentation ? Cest ce que nous vous exposons, tout au long de ce livre, en nous appuyant sur la tradition chinoise. Celle-ci, grce son exprience plurimillnaire, sa sagesse et ses rsultats concrets, semble la plus adapte pour nous aider retrouver la voie du bon sens et de la sant au moyen de notre alimentation.

    Quels sont les arguments principaux qui plaident en faveur de la dittique chinoise bien que nous soyons Europens ?

    1) Cette tradition est encore vivante en Chine et na pas boug fondamentalement depuis des sicles, gage de sa fiabilit.

    2) Elle sinscrit dans un mode de pense plus vaste, le taosme, conception globale de lUnivers et de ltre humain.

    3) Elle est capable dintgrer certaines dcouvertes rcentes valables, sans perdre son identit et dsquilibrer son systme.

    4) Grce la dittique et aux mthodes de prvention chinoises, la population de lempire du Milieu a la mme esprance de vie que les Occidentaux et ceci malgr un moins bon suivi mdical et des conditions de vie bien plus difficiles. Dautre part, lobsit est presque inconnue en Chine, du moins pour ceux qui suivent la tradition.

    5) Les Occidentaux qui lont exprimente srieusement ont vu leur sant grandement amliore.

    Seule vritable objection que nous puissions faire, cest que cest tradition nest pas la notre. Ceci est exact. Mais appliquer les principes de la dittique chinoise ne consiste pas manger comme un Chinois . Nous avons nos coutumes, nos rites, nos aliments propres, nous devons respecter cela. En revanche, sur le plan physiologique, ce sont bien les mmes lois qui gouvernent tous les tres humains et en cela nous pensons que la tradition chinoise a normment nous apprendre. Ds lors, il nous faut comprendre les grands principes de la dittique chinoise et non pas simplement appliquer des recettes de cuisine. Il faut aussi les adapter, sans les trahir, de manire raliste notre culture occidentale. Ce qui est tout fait possible ! Cet ouvrage tente dy contribuer.

    1.2 Quest-ce que la dittique chinoise ?La dittique chinoise est le fruit de milliers dannes dexprience. Elle repose sur la connaissance trs prcise quavaient certains sages chinois en observant la nature. Cest ainsi que sont nes les thories du Yin et du Yang, des cinq mouvements, les principes philosophiques taostes La lgende veut que les pres du Tao aient eu une obsession limmortalit. Leur recherches, dont la dittique faisait partie, tendaient vers ce but.

    La tradition chinoise a appris connatre, au fil des sicles, les proprits subtiles des aliments en suivant les lois du Yin et du Yang et des cinq mouvements (nature, saveurs, affinits de tel aliment avec tel organe, proprits asschante ou humidifiante, etc.). Elle a dcouvert galement comment prparer au mieux ces aliments (conservation dcoupe, cuisson) pour donner lune des cuisines les plus raffines qui soit.

    La dittique chinoise sappuie galement sur une reprsentation particulire de ltre humain qui explique le fonctionnement complexe du corps en tenant toujours compte de ses besoins et de ses capacits. Ceci nous donne un tout cohrent, en accord avec les cycles de la nature et notre propre cycle biologique. A partir de l nous pouvons constater que la dittique chinoise est constitue de deux aspects : lun prventif et lautre curatif.

  • La dittique prventiveLa sant en Chine a toujours t oriente vers la prvention des maladies et la recherche dune existence saine et harmonieuse. La dittique y joue un rle fondamental. Celle-ci comprend un ensemble de rgles valables pour tous, sappuie sur une tradition trs ancienne qui permet la grande majorit du peuple Chinois de jouir globalement dune relative bonne sant malgr une plus grande pauvret quen Occident et des conditions de vie souvent trs difficiles. Il sagit alors de la dittique du quotidien, dittique prventive, dittique que tout le monde peut et a intrt appliquer pour se maintenir en bonne sant.

    Les principes fondamentaux font partie intgrante des sept piliers fondamentaux des mthodes de prservation de la sant qui sont, selon la tradition chinoise :

    Savoir mangerSavoir bougerSavoir respirerSavoir se reposer

    Savoir faire lamourSavoir matriser son esprit

    Savoir se conformer aux cycles de la natureTout au long de ce livre, vous trouverez mentionns les principaux excs particulirement nuisibles dans le domaine de lalimentation. Ceux-ci concernent tous les aspects intervenant lors de la prise dun repas, avec, ple-mle : lambiance du repas, les motions, les excs de boissons, lexcs de tel type daliments, lexcs de telle ou telle saveur, lexcs daliments froids, et bien dautres choses encore. Vous trouverezgalement toutes les recommandations utiles pour prserver au mieux votre potentiel de vie et favoriser ainsi bien-tre, sant et longvit. Le respect de ces rgles est la meilleure prvention possible contre une multitude de troubles et finalement pour vivre bien.

    La dittique curativeSi la pathologie sinstalle, malgr toutes les mesures prventives dcrites plus haut ou si la gurison nest pas complte, interviennent alors les autres techniques de la mdecine chinoise : acupuncture, moxibustion, phytothrapie, massage. Mais ceci nempche pas dutiliser encore et toujours les vertus de la dittique chinoise. Nous pouvons parler ici de vritable ditothrapie , constituant en une rforme alimentaire prcise (aliments recommands, dconseills, voire interdits, modes de prparation adaptes des cas prcis. Il sagit alors de la dittique thrapeutique , mdicale , qui est prescrite par un praticien de mdecine chinoise et qui vise traiter le patient prsentant une maladie particulire.

    Mme si ladjonction de plantes, au pouvoir thrapeutique plus puissant, se rvle souvent ncessaire pour aider lorganisme surmonter la maladie, la dittique nen continue pas moins de jouer un rle fondamental. En fait, la phytothrapie et la dittique ont chacune leurs vertus, des niveaux dactions diffrents et doivent agir de concert. Il faut dire que la frontire est parfois floue entre aliments et plantes mdicinales. Certains aliments ont dailleurs de telles proprits bnfiques que nous pouvons vraiment parler daliments mdicaments.

    Les recommandations alimentaires par rapport une pathologie ne peuvent sentendre ici que dans le cadre dun examen complet du patient selon les paramtres de la mdecine chinoise. Il nous permet de dterminer quels drglements sont sous-jacents la maladie et dadapter le traitement afin de corriger ces dsquilibres.

    Par exemple, pour un syndrome dnomm feu du Foie , avec des signes comme : teint et yeux rouges, vertiges, cphales, acouphnes, douleur hypocondriaque, irritabilit, colres, cauchemars, gorge sche, got amer dans la bouche, saignement nasal, constipation, miction jaune, les bords et la pointe de la lange rouges, lenduit de la langue jaune, le pouls en corde et rapide, le principe de traitement consistera drainer le feu et clarifier le Foie.

  • Nous recommandons alors sur le plan alimentaire de ne plus consommer daliments chauffants, frits, et piquants, dalcool, etc. En revanche, nous prconiserons de privilgier des aliments de nature froide ou frache et de saveur amre (nous dvelopperons ces termes dans le chapitre 4 : Les aliments et leur proprits ). Nous favoriserons ainsi certains aliments spcifiques comme : lalgue laminaire, le cleri, lpinard, la menthe (feuilles + tiges en infusion), la fleur doranger (en infusion), la poire, etc.

    La dittique se rvle donc tre un outil prcieux si nous voulons retrouver la sant. Elle est un lment incontournable de la thrapie chinoise, surtout lors de troubles chroniques et rebelles. Cependant ce type de ditothrapie apparat complexe appliquer sans lavis dun praticien de mdecine chinoise bien form. Elle relve donc dune consultation mdicale. Cette dittique nest pas dveloppe dans cet ouvrage pour laisser davantage la place celle qui est la porte de tous et qui est encore plus primordiale car pralable : la dittique prventive.

    Absorber des aliments ou traiter les maladies avec des remdes dcoulent du mme principe : bien adapts, ils favorisent les organes (Zang Fu) de ltre humain, prviennent et gurissent les maladies, protgent la vie, inadapts ils blessent les vicres, aggravent les maladies et entranent la mort. Ben Cao Qiu Zhen

    Une bonne alimentation peut vacuer les facteurs pathognes, apaiser les viscres (Zang Fu) inspirer lesprit et renforcer le sang et le Qi . Sun Si Miao

    1.3 Brve histoire de la dittique chinoiseLorigine de la mdecine chinoise remontre environ 1000 ans avant J.C, poque de la rdaction du Yi Jing (Le Livre des mutations), rdaction quaurait effectue Fu Xi, le premier empereur mythique. Ce texte est lune des pices matresses de la pense chinoise. Ces enseignements poursuivis dans le Dao De Jing (attribu Lao Zi entre le IVme et le IIIme sicle avant J.C) et le Zhuang Zi (entre 350 et 275 avant J.C.) ont donn naissance au taosme. Le taosme ne se veut absolument pas moral et ne dicte aucun dogme. Il tudie simplement lUnivers et ses mutations, la place de ltre humain entre la Terre et le Ciel. La dittique, qui nous intresse ici, dcoule de ces grands principes philosophiques. Egalement non dogmatique et trs pragmatique, celle-l sest progressivement affine au fil du temps.

    De 2200 1100 avant notre re : Des traces nous montrent que les boissons alcoolises taient dj connues, quelles taient obtenues par la fermentation des crales et quil tait constat quelles facilitaient la circulation du sang et augmentaient les effets des plantes.

    De 1100 220 avant notre re : Pendant la dynastie Zhou, les mdecins royaux taient diviss en quatre catgories. Au sommet de la hirarchie mdicale se trouvaient les Shi Yi (mdecins des aliments). Ils avaient pour mission la prvention et la protection de la sant du roi. Ditticiens, ce sont eux qui laboraient les repas en veux de prserver au mieux lquilibre du souverain.

    Entre 475 et 221 avant J.C. : cest lpoque du Huang Di Nei Jing (ou Canon interne de lEmpereur Jaune). Cet ouvrage est considr comme le plus ancien livre de mdecine chinoise mais sert encore de rfrence de nous jours. Celui-ci nous donne dj des recommandations sur la faon de nous alimenter, sur limportance des saveurs dans le cadre de la loi du Yin et du Yang et de la thorie des cinq mouvements. A la mme poque, le mdecin Bian Que prcise que les maladies doivent dabord tre traites par le rgime alimentaire, et que si celui-ci choue, il faudra alors avoir recours la phytothrapie.

    Vers 200 avant J.C. : Sous la dynastie des Han ; lun des plus importants fondateurs du systme mdical chinois, Zhang Zhong Jing, prconise lutilisation de soupes et de dcoctions pour le traitement des maladies, notamment celles dues au froid. On trouve parmi celles-ci Gui Zhi Tang (la dcoction de rameau de canelle), bien connue en Chine pour traiter les refroidissements, les rhumes, les angines, les grippes

  • Vers 652 aprs J.C. : Sous la dynastie Tans, Sun Si Miao, figure trs populaire de la mdecine chinoise, crit une vaste compilation de 30 volumes : Qian Jin Yao Fang (prescription de mille onces dor), dont on peut dire que cest le premier crit o la thorie alimentaire est dcrite en dtail, avec le traitement des maladies. Beaucoup daliments y sont donns simplement titre prventif, car Sun Si Miao attachait beaucoup dimportance au diagnostic prcoce. Cest ce qui lui faisait dire :

    Le traitement suprieur consiste soigner la maladie avant son apparition, le traitement moyen consiste soigner la maladie sur le point de se manifester, le traitement infrieur consiste soigner la maladie une fois dclare .

    De 960 1276 : La dynastie des Song est une priode faste pour la culture chinoise en gnral et la mdecine en particulier. On assiste alors une floraison de publications. Parmi celles-ci, on trouve le Tai Ping Sheng Hui Fang, immense collection de recettes. Il comporte un chapitre qui traite de 328 maladies soignes uniquement par lalimentation !

    1.4 Quest-ce qutre en bonne sant ?Avant daborder les principes de base de la dittique chinoise, nous avons jug bon de prciser ce que nous entendons par sant . En effet, il est bien plus frquent de parler de maladie que de sant. De l dcoule une attitude mentale porte uniquement combattre la maladie, lui donnant une importance toujours plus grande. Tournons-nous donc plutt vers la sant qui est bien plus quune absence de maladie.

    Prcisons quelques points cls, relativement objectifs, issus non pas de la tradition chinoise mais de nos rflexions et observations personnelles qui nous servent de repre pour dfinir ce quest la sant :

    1) Le physiqueIl ny a certes pas de canon de la sant, pas plus que de canon de la beaut, mais tout de mmepouvons-nous parler dharmonie . Ltre humain sain de corps se reconnat lharmonie de ses proportions. Nous pouvons tre mince ou massif selon notre type de morphologie, petit ou grand, mais dans tous les cas, il ne doit pas y avoir ni manque ni excs. La forte maigreur ou lobsit sont des signes criants et immdiats dun dsquilibre.

    2) La souplesseNous entendons par souplesse aussi bien celle du corps que celle de lesprit. La souplesse du corps sobtient par la pratique dexercices physiques rguliers, de prfrence dans la nature : la marche, le vlo, le Qi Gong, en sont de bons exemples. La seconde souplesse, celle de lesprit, vient surtout de sa jeunesse. Cest dans notre jeunesse que nous apprenons la plus. Celle-ci se caractrise par la curiosit qui favorise lusage des facults mentales. Cest dailleurs un concept des mthodes hyginistes chinoises : si on veut rester jeune et en pleine sant, il faut continuer sintresser la vie et faire fonctionner son esprit .

    3) LenduranceLendurance est laptitude rsister la fatigue. Aprs une journe de travail, il est normal dprouver le besoin de repos mais vous ne devez pas vous sentir puis. Les individus des peuplades qui comptent beaucoup de centenaires sont capables de marcher des heures sans tre fatigus. En gnral, les personnes qui atteignent des ges avancs ont le plus souvent bnfici dune bonne rsistance physique.

    4) LhumeurLaspect psychologique est bien sr fondamental en ce qui concerne la sant. Lhumeur doit tre gale autant que possible. La sant se traduit par des ractions mesures par rapport aux vnements de la vie quotidienne. Un calme intrieur, une certaine gaiet, un sourire sont autant de signes de bonne sant. A noter que des rires exagrs, tonitruants et intempestifs ne sont pas forcment le signe dune bonne sant mais peuvent parfois cacher une dpression larve ou un dsquilibre motionnel.

  • 5) Le sommeilLtre humain en bonne sant un sommeil profond et rparateur. Il dot la nuit, se couche avant minuit et sadapte aux saisons. La quantit de sommeil peut varier selon la constitution et lactivit, mais se situe en gnral entre 6 9 heures. Lendormissement est gnralement rapide et le sommeil a lieu sans interruption. Aucun rve, aucun cauchemar, ne doivent perturber sa nuit ni troubler son sommeil. Le matin, il se lve en forme, parfaitement repos, plein dallant.

    6) Les liminationsLes selles : Elles constituent certainement lun des moyens les plus fiables pour juger de la sant dune personne en gnral et de son potentiel digestif en particulier. Des selles normales doivent tre lisses, homognes, moules et de couleur brun-marron. Elles doivent navoir que peu dodeur et nous devons nous rendre la selle une fois par jour sans exception, quoique certaines personnes, de par leur constitution, puissent sy rendre deux fois au maximum sans pour cela prsenter de dsquilibre. Une constipation chronique ou bien des selles molles, de couleur ple, des diarrhes, des selles malodorantes ou irrgulires sont des situations anormales auxquelles il faut remdier au plus vite.

    Les urines : Celles-ci doivent tre de couleur jaune fonc le matin (sans tre troubles) et jaune clair le reste de la journe. Elles sont produites en quantit normale et nous ne devons pas uriner plus de 4 ou 5 fois par jour. Des urines frquentes et claires ou bien peu abondantes et fonces ou malodorantes indiquent un dsquilibre. Notons au passage que le fait de boire abondamment conduit en gnral uriner trop souvent (voir le paragraphe : Boire des litres deau ? )

    7) LapptitLapptit doit tre bon, rgulier mais non excessif. Une personne en bonne sant varie bien son alimentation et jouit des mets les plus simples, les plus naturels. Un apptit faible est souvent le signe dune paresse digestive plus ou moins importante qui provient frquemment dune dficience. En revanche, un apptit immodr, rvle plutt dun emballement des fonctions digestives, rsultant le plus souvent dun excs.

    Nous conclurons cette section par un proverbe qui, notre avis, rsume assez bien ce quil faut entendre par favoriser la sant :

    Tte froide, ventre libre, pieds chauds, remdes tous les maux .

    2) Les bases thoriquesAvertissementLe chapitre qui suit demande un effort certain pour le lecteur nayant aucune notion de base en mdecine chinoise. Il sagit dune vision qui peut paratre technique, trange pour certains, trop complexe pour dautres, mais qui nen est pas moins le tmoignage dun systme mdical complet, cohrent et efficace qui gre la sant de centaines de millions de personnes dans toute lAsie mais aussi de plus en plus en Occident. Si les notions abordes taient trop indigestes, inspirez-vous tout de mme du schma concernant la physiologie digestive dans le chapitre 3), lisez le paragraphe sur le Yin et le Yang, les cinq mouvements et passez directement au chapitre 4) : Les aliments et leurs proprits . Etant donn que les concepts essentiels sont repris dans les parties pratiques, il vous sera peut tre plus ais de revenir ensuite aux principes de base. La mdecine chinoise est bien plus complexe, complte et labore que lintroduction que nous vous proposons ci-dessous. Elle vise simplement donner une ide gnrale au lecteur nophyte. Il faut comprendre que la mdecine chinoise possde sa propre logique, sa propre vision du monde et de ltre humain. Ce qui est important de retenir cest que le tout constitue un systme mdical cohrent en lui-mme, dune grande rigueur et dune grande efficacit.

  • 2.1 Les Yin/YangConcepts fondamentaux de la pense chinoise, il nest aucun domaine de la vie terrestre (politique, religieux, social, mdical, etc.) auquel les lois du Yin et du Yang ne puissent sappliquer. Pour la dittique, qui nous intresse ici, il est galement essentiel de bien intgrer ces deux notions.

    Quest-ce que le Yin Yang ?Dfinition :Le Yin et le Yang reprsentent deux forces fondamentales, opposes, complmentaires et interdpendantes qui expliquent la manire dont les chosent naissent, croissent, dcroissent et meurent travers la valse incessante des mutations-transformations qui caractrise lunivers manifest.

    Figure 1: Le Tai JiLa nature du Yin et du YangA lorigine, si nous nous penchons sur la calligraphie chinoise des deux idogrammes, Yin signifie le versant nord, froid et humide dune colline alors que Yang signifie le versant sud, chaud et ensoleill de la mme colline. Ce qui veut dire que le Yin est plutt associ lombre, au froid, au nord, ce qui est cach ou couvert alors que le Yang est plutt associ la lumire, la chaleur, au sud, ce qui est visible ou dcouvert. A partir de cette symbolique, les Chinois ont conu une nature Yin et une nature Yang et ont propos une classification des tres et des choses selon ces deux emblmes.

    YIN YANGTerre CielLune SoleilEau FeuNuit JourFroid Chaleur

    Humide SecAutomne, Hiver Printemps, t

    Lent RapideLourd LgerBas Haut

    Passif ActifIntrieur Extrieur

    Xing (forme) Qi (nergie)Descendant AscendantContraction Expansion

    Grce ces grandes caractristiques gnrales, il devient plus ais de penser en termes Yin/Yang. Leau par nature est froide et scoule vers le bas, elle est donc Yin. Le feu est chaud et slve en senflammant, il est donc de nature Yang. Mais attention, le danger est ici de croire que les choses sont concrtement du Yin ou du Yang. Non, le Yin et le Yang sont les forces qui sous-tendent et permettent ces manifestations mais ne sont pas ces manifestations.

    Les lois du Yin/YangLoi dtre figs, statiques ou binaires, ces principes sont en fait dynamiques et possdent quatre caractristiques principales, que nous ne ferons quvoquer, sans les dvelopper.

  • 1. Le Yin et le Yang sopposentAu vu du tableau ci-dessus, nous comprenons immdiatement que les qualits du Yin et Yang sopposent et nexistent que relativement lune par rapport lautre : jour/nuit, lumire/obscurit, chaleur/froid.

    2. Le Yin et le Yang sont interdpendantsConstituant les deux aspects dune mme ralit, le Yin et le Yang ne peuvent pas exister lun sans lautre. Ainsi, il ny a pas de jour sans nuit, de froid sans chaleur, de lumire sans obscurit.

    3. Croissance/dcroissance du Yin et du YangLorsque le Yin crot, le Yang a tendance dcrotre et inversement. Cest le cycle immuable des jours et des saisons. Cest ce qui fait que plus la lumire du jour sinstalle, plus lobscurit diminue. De mme, lorsque le soleil se couche, la lumire cde le pas lobscurit. La vie est un mouvement perptuel fait de cycles.

    4. Le Yin et le Yang se transforment mutuellementLa transformation mutuelle fait allusion la capacit du Yin se transformer en Yang dans certaines conditions et vice et versa. Aucun des deux principes nest dominant de manire durable, lextrme tension de lun provoque une transformation. Cest notamment, ce qui donne la qualit de changement perptuel, dimpermanence des choses dans lunivers manifest. Il existe comme un rflexe naturel, comme un automatisme spontan qui fait que lorsquun lment est son paroxysme, une mutation sopre vers lautre aspect.

    En quoi le Yin et le Yang sont utiles dans un bilan de sant en mdecine chinoise ?

    Yin/yang et anatomieDans le corps humain, la thorie du Yin et du Yang sapplique galement. Si nous observons les oppositions interne/externe, haut/bas, forme/nergie, nous pouvons dj faire un certain nombre dobservations. Nous pouvons distinguer la peau et la superficie qui sont Yang, par rapport linterne, aux organes qui sont Yin. Ces mmes organes entre eux peuvent tre plus Yin lun par rapport lautre. Par exemple, les reins sont considrs comme plus Yin que les poumons, car celui-ci est en relation avec lextrieur et situ plus haut dans le corps. Nous pouvons galement distinguer le haut du corps Yang, par rapport au bas du corps considr comme Yin.

    Yin Yang et anatomie1

    YIN YANGInterne Externe

    Bas du corps Haut du corpsGauche Droite

    Moiti infrieure du corps Moiti suprieure du corpsAbdomen Dos

    Face antrieure Face postrieurePartie latro-interne des

    membresPartie latro-externe des

    membresFoie, Rate, Reins Cur, Poumons2

    Mridiens Yin : Tai Yin, Shao Yin, Jue Yin

    Mridiens Yang : Tai Yang, Shao Yang, Yang

    MingOrganes (Zang) et entrailles (Fu)3 Peau, mridiens, muscles

    1 Nous noublierons pas que les classifications sont toujours relatives, jamais absolues. Ainsi, le cur est un organe Yin mais il est Yang anatomiquement car situ en haut du corps. 2 Attention, il sagit ici danalyser les organes Zang selon leur emplacement anatomique. Et, en effet, en mdecine chinoise, le Poumon et le Cur sont en haut appartenant au Yang et la Rate, le Foie et les Reins sont plus bas appartenant au Yin. 3 Nous voyons ici une illustration de la relativit de la classification Yin/Yang. En effet, si les entrailles Fu sont Yin par rapport la peau, elles sont considres Yang par rapport aux organes Zang qui eux sont Yin.

  • Organes (Rate, Foie, Poumon, Cur, Reins)

    Entrailles (Estomac, Gros intestin, Vsicule Biliaire, Intestin Grle, Vessie)

    Ying Qi : Lnergie nourricire

    Wei Qi : Lnergie dfensive

    Orifices infrieurs Orifices suprieurs

    Foyer infrieur (Xia Jiao) Foyer suprieur (Shang Jiao)

    Yin/Yang et physiologieDune manire gnrale, la mdecine chinoise considre les rserves essentielles et hrditaires (le Jing, voir plus loin ce terme), le sang et les liquides organiques sont Yin, alors que les fonctions des organes, la dfense, le rchauffement, tout ce qui fait circuler dans le corps est Yang. Le tableau ci-dessous rsume les principales relations entre le Yin/Yang et la physiologie.

    Yin Yang et physiologieYIN YANG

    Femme HommeStructure FonctionMatire EnergieSang Energie

    Jing (Yin Jing) Qi (Yang QI)Qi nourricier Yang Qi Qi dfensif Wei Qi

    5 organes Zang 6 entrailles FuYin du foie4 Yang du foieDescente MonteEntre Sortie

    Stockage MobilisationYin/Yang et pathologie

    Lorsque lindividu est en bonne sant, Yin et Yang sont harmonieusement intgrs dans un quilibre dynamique. En revanche, lorsquils ne sont pas quilibrs dans le corps, il sensuit des tableaux pathologiques qui varient en fonction du type de dsquilibre.

    4 Cette logique peut tre applique lensemble des autres organes et entrailles : Yin de lestomac, de la Rate, des Reins, etc., Yang de lestomac, de la Rate, des Reins, etc. Lexemple du foie nest quune illustration.

  • Il est dlicat de dcrire les typologies caractristiques du Yin et du Yang. Car dans la ralit, nous sommes plutt un savant mlange des deux et qui peut varier selon les organes du corps. Cette complexit est parfaitement repre par les outils de diagnostic de la mdecine chinoise et relve dune consultation. Nous pouvons cependant dcrire les tendances pathologiques gnrales des typologies Yin ou Yang :

    Spcificit Typologie YIN Typologie YANG

    Comportement motionnel Calme, taciturne, introversionAgitation, nervosit,

    extraversionCouleur du teint Terne, ple Lumineux, vif

    Froid/chaud Frilosit, membres froids, attirance pour le chaud

    Fivre ou crainte du chaud, peau chaude, attirance pour le froid

    SoifAbsence de soif, prfrence pour les boissons chaudes

    Soif, prfrence pour les boissons fraches

    Excrtions Selles molles, urines claires et abondantesConstipation, urines

    fonces et peu abondantes

    Respiration Respiration faible et peu sonore Respiration forte et sonore

    Corpulence Tendance lembonpoint Tendance la maigreur

    Langue Langue ple, paisse et molle avec enduit humideLangue rouge avec enduit

    jaune voire sec

    Pouls chinois Chen (profond), Xi (fin), Ruo (faible)Hong (vaste), Shi (plein),

    Hua (glissant)Nous garderons lesprit que cette classification est trs schmatique. Elle est davantage un outil de diagnostic que la description de pathologie pure. La raison essentielle est, comme nous lavons dj dit, que dans la ralit clinique les choses sont plus compliques que cela. Cette classification permet toutefois davoir une ide dy Yin Yang par rapport la pathologie. Pour pousser un peu plus loin notre analyse, nous pouvons aussi parler des syndromes de base du vide du Yin et du vide du Yang.Une fois de plus, ceux-ci servent de rfrence pour dterminer nos tendances pathologiques mais rares sont les individus qui se trouvent exactement dans une typologie ou dans une autre.

    Le vide de Yang : Teint ple et terne, frilosit, membres froids, fatigue, faiblesse, douleur amliore par la chaleur et la pression, urines claires et abondantes, selles molles, langue ple avec un enduit blanc, pouls Wu Li (sans force, Chen (profond), Chi (lent)..

    Nous pouvons constater quen labsence (dficience) de Yang, cest le Yin qui automatiquement va dominer, cest le Yin qui va prendre le dessus. Or, le Yin est associ au froid, au calme, au ralentissement, ce qui apparat dans les symptmes.

    Le vide de Yin : Pommettes rouges, maigreur ou amaigrissement, fivre basse ou vesprale ou bouffes de chaleur, transpiration nocturne, sensation de chaleur, dans les mains, les pieds, la poitrine, bouche et gorge sches, constipation, urines, fonces et peu abondantes, langue rouge avec peu denduit, pouls Xi (fin), Shuo (rapide).

    Nous pouvons constater quen labsence (dficience) de Yin, cest le Yang qui automatiquement va dominer, cest le Yang qui va prendre le dessus. Or, le Yang est associ la chaleur, lagitation, lacclration, ce qui apparat dans les symptmes.

    2.2 Les cinq mouvementsLes cinq mouvements sont un autre concept fondamental de la pense chinoise, tout aussi complexe expliquer et comprendre que celui du Yin / Yang. Nous pourrions dire que les cinq mouvements sont une loupe grossissante des mcanismes du Yin / Yang. Ce sont des moules vibratoires nergtiques, qui colorent, conforment, faonnent les phnomnes de tout lunivers manifest selon les lois du Yin et du Yang.

  • Par exemple, au sud, midi, lorsque le Yang est son maximum, le Yin est son minimum. Le yang tant de nature chaude, dynamique, mobile, expressive, lorsquil domine ce moment prcis, il gnre une nature particulire, une proprit spciale que les anciens appelrent Feu . Pendant cette phase, tous les phnomnes de la nature seront faonns, caractriss par cette qualit spcifique.

  • En dautres termes, les cinq mouvements sont les cinq tapes du cycle croissance / dcroissance du Yin / Yang qui est lorigine de toute manifestation. Ce schma nous montre que chaque tape reprsente chaque fois un dosage particulier du mlange du Yin et du Yang.

    FeuApoge du Yang

    BoisCroissance du YangTerre

    MtalDcroissance du

    Yang

    EauDclin du Yang

    Les cinq mouvements qui sont lEau, le Bois, le Feu, la Terre et le Mtal permettent de classifier tout phnomne naturel, mais aussi dtudier les caractristiques de lorganisme, de ses tissus, de ses organes et des relations que lensemble de ses structures entretiennent entre elles. Ceci est galement valable pour les proprits dun aliment, des relations entre le corps humain et son environnement, etc.

    Qualits des cinq mouvementsLeau : LEau est associe lhiver, au froid qui congle, qui durcit. LEau, de part sa nature fluide, sert galement humidifier, rafrachir. Elle voque aussi lide de stockage, daccumulation. Cest le mouvement du calme, du repos, du non-agir qui implique un retour vers lintrieur.

    Le bois : Le Bois est associ au printemps, au vent qui rveille, vivifie, agite. Ceci nous voque lide de dynamisme, de mobilit, dagitation. Le Bois, cest le mouvement de la naissance, de ce qui pousse, sort de terre, cest la monte en tension des nergies.

    Le Feu : Le Feu est associ lt, priode dpanouissement, de maturation. Associ au soleil, il rayonne, rchauffe, et peut mme brler. Le Feu, cest le mouvement de laction, il favorise les dplacements, les dynamismes, les mtabolismes, les changes, etc.

    Le Mtal : Le Mtal est associ lautomne, priode de dclin, de rcoltes, de bilan. Il exprime aussi ce qui est dur, sec, rsistant, tranchant. Le Mtal, cest le mouvement de la descente, de la contraction, de la solidification, de la matrialisation, de la condensation.

    La Terre : La Terre est la grande mdiatrice aux qualits harmonisantes. Elle est la rfrence autour de laquelle les quatre autres mouvements sarticulent. Nous pouvons mme dire quelle est la toile de fond o sexpriment les quatre autres mouvements. Elle nous supporte, elle nourrit, cest une matrice.

  • Tous les vnements de la nature qui se rapprochent de ces caractristiques peuvent alors tre qualifis comme appartenant une de ces cinq qualits fondamentales. Mais la thorie des cinq mouvements ne se contente pas de prciser les variations du Yin et du Yang dans leur valse incessante. Cest aussi un systme qui permet dtudier les phnomnes entre eux. Ceci a donn naissance deux principes : celui dengendrement et celui dopposition. Zhang Jie Bin (1563-1640), un grand matre de la mdecine chinoise, dit dans le Lei Jing Tu Yi : Dans les mcanismes des crations et des transformations, il ne peut pas y avoir labsence dengendrement et aussi ne pas y avoir labsence de contrle. Sans engendrement alors la croissance (le dveloppement) ne peut pas tre, sans contrle alors cest lexcs qui est nuisible.

    Le principe dengendrement (Sheng)Les cinq mouvements se donnent vie mutuellement dans un ordre bien prcis. Ce concept dengendrement explique le principe de transformation qui est lorigine de toute cration dans lunivers. Selon le Nei Jing, les cinq mouvements sont relis entre eux dans cet ordre :

    Leau engendre le Bois : sans eau, pas de vgtation, elle est la base de la vie.

    Le Bois engendre le Feu : En effet, il faut du bois pour faire du feu.

    Le Feu engendre la Terre : Aprs le feu il reste des cendres.

    La Terre engendre le Mtal : Cest dans la terre que se trouvent les minraux, les cristaux

    Le Mtal engendre lEau : les mtaux se liqufient sous laction de la chaleur.

    Figure 2: Ces relations sont aussi appeles sous le nom de relations Mre-Fils

    FEU

    TERRE

    METALEAU

    BOIS

  • Le principe de contrle (Ke)Si nous pouvons dire que le principe Sheng est lacclrateur qui anime la vie, Ke en est le frein. Frein aussi utile que lacclrateur, qui permet de garder lquilibre, prvenir les excs qui pourraient gnrer de la dysharmonie. Ainsi, les cinq mouvements sautocontrlent, sautoquilibrent. Cest un principe de rgulation.

    LEau contrle le Feu, en lteignant.

    Le Feu contrle le Mtal, en le fondant.

    Le Mtal contrle le Bois, en le coupant.

    Le Bois contrle la Terre, en la recouvrant.

    La Terre contrle lEau, en lendiguant, en labsorbant.

    Figure 3: Ces relations sont aussi appeles Grand-mre-Petit-fils

    FEU

    TERRE

    METALEAU

    BOIS

  • Le cycle dengendrement et le cycle de contrle forment ensemble un systme parfaitement rgul.

    Classification des cinq mouvementsNous avons runi dans les tableaux ci-aprs les relations classiques des cinq mouvements. La majorit provient du Huang Di Nei Jing Su Wen. Nous avons respect lordre de gnration des cinq mouvements qui commence par lEau.

    Les cinq mouvements dans la nature :

    EAU BOIS FEU TERRE METALOrientation NORD EST SUD CENTRE OUEST

    Saison HIVER PRINTEMPS ETE INTERSAISON AUTOMNEClimat FROID VENT CHALEUR HUMIDITE SECHERESSEPlante MERCURE JUPITER MARS SATURNE VENUS

    Transformation RESERVE NAISSANCE Dveloppement Transformation RcolteCouleur NOIR VERT/BLEU ROUGE JAUNE BLANCSaveur SALE ACIDE AMER DOUX PIQUANTOdeur PUTRIDE RANCE ROUSSI PARFUME ACRE

    Consistance MOU DUR FIBREUX CHARNU CROQUANT

    Graine POIS BLE MILLETGLUTINEUX

    MILLETNON

    GLUTINEUXRIZ

    Lgume FANES DE HARICOTPOIREAU CHINOIS

    ECHALOTE CHINOISE MAUVE OIGNON

    Fruit Chtaigne Prune Abricot Jujube PcheAnimal

    domestique PORC POULET MOUTON BUF CHEVAL

    FEU

    TERRE

    METALEAU

    BOIS

  • Les cinq mouvements dans ltre humain :

    EAU BOIS FEU TERRE METALOrganes REINS FOIE CUR RATE POUMON

    Entrailles VESSIE VESICULEBILIAIREINTESTINGRELE ESTOMAC

    GROSINTESTIN

    Orifice Les 2 orificesinfrieurs YEUX OREILLES BOUCHE NEZ

    Sens OUIE VUE PAROLE GOUT ODORATForme

    corporelle OS TENDON VAISSEAU CHAIR PEAU/POIL

    Ornements CHEVEUX ONGLES VISAGE LEVRES POILS

    Territoire LOMBES HYPOCONDRE POINTE DU CUR ABDOMEN THORAX

    Liquide SALIVE EPAISSE LARMES SUEURSALIVE FINE

    GLAIRE MUCUS

    Emotion PEUR COLERE JOIE SOUCI TRISTESSEBruit GEMISSEMENT CRI RIRE CHANT SANGLOT

    Changement FRISSON SAISIE Inquitude Eructation Toux

    Vertu SagesseVolontBienveillanceAltruisme

    BiensanceCivilit

    Bonne FoiFidlit

    DroitureJustice

    Remarque gnrale sur le Yin/Yang et les cinq mouvements

    Certains pourraient trouver nave cette manire daborder le vivant. En fait, la ralit est une chose trop complexe pour que lon puisse prtendre dtenir la vrit. Les thories du Yin / Yang et des cinq mouvements sont avant tout des outils exploratoires qui permettent davoir une reprsentation du monde. Celle-ci est base sur lanalogie, la symbolique, la mtaphore, lallgorie, etc. Il ne faut pas prendre ces concepts de manire simplette, au premier degr mais comprendre le sens subtil cach derrire ces notions philosophiques ancestrales. Lutilisation dimages simples, comme par exemple, lEau engendre le Bois, va au-del de la simple ide physico-chimique ou du simple moyen mnmotechnique, bien que ces deux aspects soient aussi intgrs dans ces enseignements. Cest une technique pour ouvrir la conscience des connaissances subtiles qui sont difficiles daccs par le mental, ou tout au moins par le cerveau gauche. Sans vouloir tomber dans lsotrisme de salon de th, il est certain que ces grands concepts recouvrent bien plus que ce que lon peut imaginer de prime abord.

    2.3 Les substances vitalesLa mdecine chinoise considre le fonctionnement du corps et de lesprit comme linteraction de certaines substances vitales. Mais ces substances ne se manifestent pas de la mme faon. Certaines sont plus denses, dautres plus subtiles, dautres encore immatrielles. Elles reprsentent la vision quont les Chinois du corps et de lesprit.

    Pour la tradition chinoise, le corps et lesprit ne sont pas considrs comme deux choses spares, ou mme une espce de machine que lon peut traiter isolment de son contexte climatique, social, familial, environnemental Lindividu lui-mme est envisag comme un ensemble organis de faon hirarchique sur trois niveaux, que les Chinois appellent les Trois Trsors (San Bao) : le Shen, le Qi et le Jing. En haut, le Shen (la conscience organisatrice), reprsentant le ciel, gouverne lensemble et gre tout ce qui concerne les activits mentales, psychiques, motionnelles. En dessous le Qi (lnergie) dsigne dans ce contexte lanimation mtabolique de ltre humain sous des formes plus ou moins denses. Enfin, la base il y a le Jing (lessence ou principe vital), tourn vers la Terre, la matire, qui est support de la manifestation corporelle de lindividu. Cette structure trois tages sorganise autour dun axe vertical, celui qui nous fait dire que ltre humain est entre la Terre et le Ciel.

  • A partir de ce concept fondamental de Trois Trsors, sajoutent deux substances qui sont finalement des manations du Qi et du Jing. Ainsi, les substances vitales fondamentales sont :

    Le Shen Le Qi Le Jing Le sang Les liquides organiques

    REMARQUE : La notion de Shen, lesprit, la conscience organisatrice tant quelque peu loigne du thme de ce livre, nous ne laborderons pas ici. Ceux qui souhaiteraient avoir plus dinformations sur ce sujet sont invits consulter le livre Troubles psychiques en mdecine chinoise, de Philippe Sionneau, aux ditions Guy Trdaniel.

    2.3.1 Le QiUn concept fondamental mais complexe

    Fondamental pour comprendre comment le corps fonctionne, le Qi est un concept trs difficile saisir tant il recouvre une multitude de ralits. Nous allons essayer de prsenter la facette qui est indispensable de connatre pour saisir par la suite le comportement de lorganisme par rapport aux aliments et la digestion. Dabord, notons quaucune traduction : nergie, souffle, force vitale, fonction.. nest apte exprimer ce quest rellement le Qi. Par convention, nous garderons lune des plus courantes : nergie, bien quelle ne nous satisfasse point.

    Quest-ce que le Qi ?

    De manire gnrale, nous pouvons dire que lnergie reprsente, au sein de lunivers, sur Terre et dans lHomme, tout dynamisme, tout mtabolisme, tout mouvement, induits par linteractivit du Yin-Yang. Cette activit permet la manifestation, la croissance, le dveloppement, lactivit de toute chose, de tout tre ou de tout phnomne.

    Les fonctions du Qi dans lorganisme

    Lnergie, au vu de ce qui a t dit auparavant, est la base de la vie et du maintien de la sant. Pour cela, elle possde cinq fonctions fondamentales :

    1. Transformer : Le Qi est lorigine de tous les mtabolismes, toutes les transformations. En ce qui nous concerne plus prcisment ici, il permet la rception puis la transformation du bol alimentaire pour en tirer les nutriments qui nourriront tout lorganisme

    2. Mobiliser : Le Qi est lorigine de tous les mouvements physiologiques dans le corps. Cest lui par exemple qui mobilise le sang et les liquides organiques. Au niveau digestif, il permet la progression du bol alimentaire ses diffrentes tapes, la distribution des nutriments obtenus et lvacuation des dchets alimentaires.

    3. Rchauffer : De par sa nature, le Qi est Yang, dynamique, chaud. Cest lui qui assume le rchauffement du corps. Lorsquil manque un endroit, celui-ci se refroidit. Il apporte la chaleur ncessaire pour que la digestion seffectue correctement, pour que les aliments soient transforms en substances nutritives.

  • 4. Protger : Le Qi protge lorganisme des attaques de ce que la mdecine chinoise appelle les six pervers externes. Ceux-ci pourraient tre prsents comme tant des agressions de facteurs pathologiques climatiques (voir plus loin les causes des maladies). Le Qi les empche de pntrer dans le corps en les expulsant. Dune certaine manire nous pourrions parler de fonction immunitaire.

    5. Retenir : Le Qi a pour mission de maintenir les organes et les tissus leur place, le sang dans les vaisseaux. De plus, il doit contrler la rtention et lexcrtion des liquides (urines, salive, sueur, larmes, sucs digestifs, bile) mais galement du sperme ou des scrtions vaginales.

    Comment est produit le Qi ?

    Pour assumer le maintien de la sant travers ces cinq fonctions fondamentales, il faut produire de lnergie. Nous prsentons ci-dessous une explication simplifie du processus de la production du Qi o lalimentation et la digestion ont une part essentielle, centrale.

    Figure 4: Schma de production du QiQue pouvons-nous dduire du mcanisme de la production de Qi ?

    Nous pouvons dduire que, sans une bonne respiration, sans une bonne nergie inne (Yuan Qi5), sans une bonne alimentation et une bonne digestion, il ny aura pas de production correcte de lnergie et donc notre sant sen ressentira directement. Nous pouvons difficilement agir sur nos constitution, difficilement contrler lair que nous respirons mais en revanche nous pouvons surveiller ce qui entre dans notre bouche, aider la digestion et donc favoriser la production dune meilleure nergie. Apprendre bien manger est donc essentiel pour bien vivre.

    5 Yuan Qi, lnergie originelle est une nergie inne que nous recevons de nos parents la conception et qui participe ensuite tous les mtabolismes. Par exemple, nous avons vu plus haut quelle entre dans la production de lnergie acquise. Yuan Qi est aussi utile lors du processus digestif pour aider lnergie de la Rate transformer les aliments.

    POUMON

    RATE

    REINS

    2

    1

    QI de lAIR

    QI des ALIMENTS

    QI ORIGINEL

    QI ESSENTIEL

    QI DEFENSIF

    QI VERITABLE

    QI NOURRICIER

    3ACQUIS

    4INNE

  • Quelles sont les pathologies du Qi ?

    Bien que les pathologies de lnergie ne soient pas toutes dues une dficience, une mauvaise alimentation et une digestion dfectueuse sont souvent lorigine dune insuffisance du Qi qui peut tre alors la source des quatre autres pathologies fondamentales de lnergie :

    1. Vide de QiIl sagit souvent du Qi de la Rate, des Reins, ou du Poumon qui est insuffisant. Ce vide saccompagne souvent de fatigue, de lassitude, dune voix faible, de souffle court, de pleur, de transpiration spontane, de vertige orthostatique, damaigrissement Et selon lorgane concern, des troubles de loreille, des lombes ou de la sexualit (pour les Reins) ; de la toux, de lasthme, des dsordres respiratoires (pour le Poumon) ; dinapptence, de digestion faible, de fatigue et de distension abdominale aprs le repas, de troubles digestifs (pour la Rate).

    2. Affaissement du QiIl sagit dune aggravation du vide de Qi, avec les mmes symptmes gnraux mais avec en plus des prolapsus dorganes ou de tissus, des diarrhes chroniques ou de lincontinence urinaire. Il sapplique essentiellement la Rate.

    3. Stagnation du QiNous disons que le Qi stagne lorsque le fonctionnement de lnergie est bloqu nimporte o dans le corps. Lorsque lnergie ne peut pas circuler librement, cela donne des symptmes tels que : douleur associe une sensation de distension ou doppression (souvent au niveau poitrine, pigastre, hypochondres, abdomen, petit bassin, voire rgion lombaire), la douleur est souvent mobile, douleur et distension sont amliores par un massage, par les soupirs profonds, par les ructions et les flatulences, les troubles sont souvent erratiques. Si le Foie est impliqu par ce dsquilibre de lnergie sajoutent des symptmes dirritabilit, de colre, de soupirs frquents

    4. Inversion de QiDans le corps circule dans des directions bien prcises pour assumer lactivit physiologique. Dans des conditions pathologiques, il arrive quil emprunte un sens contraire. En fonction de lorgane atteint, cela donne pour le Poumon : toux, asthme, dyspne, pour lEstomac : nause, vomissements, ructations, rgurgitations

    Le Qi, lintrieur transforme les boissons et les aliments, lextrieur rchauffe les quatre membres, sil est prsum normal alors les cent maladies ne sont pas gnres. Ding Guo Rui (Dynastie Qing)

    2.3.2 Le sangQuest-ce que le sang ?

    Le sang est un liquide physiologique qui contribue lquilibre Yin/Yang dans lorganisme et dont la caractristique principale est de circuler dans lensemble du corps pour nourrir tous les tissus et les organes.

    Les fonctions du sang

    Le sang nourrit et humidifie tous les tissus et les organes. Le sent sert de support lactivit mentale (en relation avec le Cur, il permet la concentration, la capacit laborer des concepts, des ides, de mmoriser).

    Comment est produit le sang ?

    Le sang provient essentiellement de lnergie des aliments extraite par la Rate (voir la physiologie de la digestion en mdecine chinoise dans le chapitre 3). La Rate fait monter cette nergie au Poumon, qui la propulse vers le Cur o elle est finalement transforme en sang. Les Reins jouent galement un rle dans la formation du sang. En effet, les Reins stockent le Jing (voir cette notion dans les paragraphes suivants), qui contribue galement la formation de sang.

  • Figure 5: Schma de production du sangRelations entre le sang et les organes

    Le Cur gouverne le sang et les vaisseaux (il permet sa libre circulation)

    Le Foie stocke le sang (il permet la rgulation de son volume).

    Le Poumon aide le Cur la propulsion du sang dans les vaisseaux (cest une fonction circulatoire).

    La Rate est la base de la production du sang et maintient le sang dans les vaisseaux (cest la production du sang la plus importante).

    Les Reins contribuent la production du sang (cest une production secondaire).

    Quelles sont les pathologies du sang ?

    Bien que les pathologies du sang puissent provenir de diffrentes origines, un dysfonctionnement de la Rate et donc de la digestion peut tre la source de diffrents dsquilibres au niveau du sang. Nous prsentons ci-dessous les principaux syndromes du sang.

    1. Vide de sangIl peut y avoir vide de sang parce quil nest pas produit en quantit suffisante. Cela peut tre le cas par exemple si la Rate est dficiente. Ceci nous montre une fois de plus le rle essentiel de cet organe. Une alimentation saine, une bonne digestion et assimilation des aliments est donc autant de pralables une bonne quantit et qualit de sang circulant dans lorganisme. Si le sang est insuffisant, on aura des signes tels que : teint ple ou jaune et fan, lvres ples, vertige, vision trouble, palpitations, insomnie, engourdissement des mains et des pieds, saignements menstruels en petite quantit, rgles retardes, amnorrhe dans les cas srieux, langue ple, pouls fin

    2. La stase de sangLe sang, pour assumer ses fonctions nutritives et psychiques, doit circuler librement dans tout lorganisme. Si les aliments sont de mauvaise qualit ou si la Rate ne transforme pas correctement la nourriture, il en dcoule directement un manque dnergie. Or lnergie a pour fonction de faire circuler le sang. Si lnergie est insuffisante, le sang stagne. Ceci nest certes pas la seule cause de stase de sang mais constitue lune des plus courantes. Aussi, lorsque la circulation du sang est entrave, cela induit des troubles bien prcis. Il y a dabord les symptmes gnraux de la stase de sang : douleur pongitive (en coup daiguille ou en coup de poignard), saignements, la couleur violace sur les tissus ou tguments, des varicosits, le contour noirtre des yeux, un lobe de loreille bruna^tre et dessch, une peau de serpent , une aggravation des symptmes la nuit, etc.

    QI DES ALIMENTS

    RATE

    JING ACQUIS

    POUMON COEUR

    CURDES

    REINS

    MOELLEOSSEUSE

    SANG

  • Il y a ensuite les symptmes spcifiques en fonction de la localisation de la stase de sang, au niveau du cur : douleur et oppression cardiaque, au niveau du poumon : douleur de la poitrine et crachements de sang, au niveau de lestomac : douleur pigastrique et vomissements de sang, au niveau des intestins : douleur abdominale et selles noirtres, au niveau du foie : douleur et masses sous les hypochondres, au niveau de lutrus : douleur des rgles, caillots menstruels, sang menstruel sombre, irrgularits menstruelles, etc.

    3. Chaleur du sangCest une situation pathologique o un excs de chaleur (voir plus loin les causes des maladies) se transmet dans le sang. Cette chaleur qui correspond une hyperactivit peut avoir des consquences au niveau du sang et un peu partout dans le corps. Il en dcoule alors des hmorragies (tout type), des dsordres menstruels (mnorragie, mtrorragie, cycle court), des troubles dermatologiques (eczam, dermatose inflammatoire, abcs), des perturbations psychiques (agitation, insomnie) ; certaines maladies fbriles.

    4. Scheresse du sangNous pourrions dire que le syndrome de scheresse du sang est une forme de vide de sang mais dont la cause est un peu diffrente (il sagit ici dune perte importante de sang ou de liquides qui provoquent la scheresse) et les symptmes, bien quils soient aussi dus un manque de nutrition, se manifestent par : peau sche et fltrie, cheveux secs, maigreur, bouche et gorges sches, teint et lvres ples, peau de serpent , dmangeaison cutane Mme si la dficience de la Rate nest pas lorigine de ce dsquilibre, il est vital de privilgier une bonne transformation du bol alimentaire pour favoriser la production du sang.

    Les yeux reoivent le sang, alors on eut voir, les mains reoivent le sang, alors on peut saisir, les pieds reoivent le sang, alors on peut marcher. Huang Di Nei Jing Dai Su (Dynastie Sui)

    1.1.1 Les liquides organiquesNotre cors est constitu denviron 70% de liquide. Il convient donc dexaminer soigneusement la formation, la croissance, et la circulation de lensemble des liquides dans le corps. On en recense plusieurs catgories et parmi les principales se trouvent : la lymphe, le sang, le liquide cphalo-rachidien, le liquide sinovial, le liquide amniotique, les scrtions glandulaires, le sperme, les urines, la sueur, les larmes, les crachats

    En fait, la mdecine chinoise voque deux sortes de liquides : le sang (Xue) dune part et tous les autres liquides cits ci-dessus dautre part, quelle rassemble sous le terme Jin Ye et que lon traduit habituellement par liquides organiques .

    Les fonctions des liquides organiques

    Les liquides organiques humidifient et nourrissent les tissus. Les liquides organiques participent la formation du sang. Les liquides organiques participent la thermorgulation du corps.

    Comment sont produits les liquides organiques ?

    Les liquides organiques proviennent des aliments et des boissons. Ils sont le rsultat dune srie complexe de transformations successives quil nest pas utile de dtailler ici. Toutes ces transformations seffectuent grce laction de la Rate, qui , ici encore, joue un rle majeur et des Reins. Ltat de la Rate, la qualit de notre alimentation (liquide et solide), le respect des rgles de la dittique, sont nouveau autant de facteurs dterminants concernant la qualit de la production des liquides organiques.

  • Relations entre les organes et les liquides organiques :

    La Rate est la base de la formation des liquides organiques. Le Poumon contrle la diffusion des liquides organiques. Les Reins gouvernent les liquides organiques. Le Triple rchauffeur aide la transformation, au transport et lexcrtion des liquides

    organiques.

    Quelles sont les pathologies des liquides organiques ?

    1. Insuffisance des liquides organiquesLes causes peuvent tre une faiblesse de la Rate et de lEstomac, des carts alimentaires, qui perturbent les fonctions de transport et de transformation, mais aussi des causes diverses comme : transpiration excessive, scheresse et chaleur externes, chaleur interne, vomissements excessifs, diarrhes prolonges, apport hydrique insuffisant. Ce tableau appartient au syndrome de scheresse et on aura des signes come : soif, urines peu abondantes, constipation, peau sche, scheresse de la gorge et de la bouche, des lvres, du nez, langue sche

    2. Rtention des liquidesLorsque la circulation des liquides est entrave lintrieur du corps ou lorsque ceux-ci sont mal transforms ou transports, celui induit des accumulations de liquide dans les organes ou dans les tissus. Les expressions les plus courantes de ce dsquilibre sont ldme, ascite, les mucosits. Il existe diffrentes causes une rtention interne des liquides. Au niveau des organes, ce sont le Poumon, la Rate et les Reins qui sont le plus souvent impliqus dans ce type de dsordre. Une dficience de la Rate et certains carts alimentaires que nous dveloppons plus loin, sont la cause principale de mucosits surtout lorsquelles sont chroniques. Or, ces dernires peuvent tre lorigine de trs nombreuses maladies. Selon la conception chinoise, les mucosits induisent des troubles non seulement au niveau du Poumon (rhinite, sinusite, bronchite, rhume), mais aussi des articulations (rhumatisme, douleur), du systme digestif (vomissements de glaire, glaires dans les selles, distension pigastrique et abdominales, perte dapptit), de lesprit (perte de mmoire, confusion mentale, diminution des facults intellectuelles et mentales, dpression, psychose) ; du derme (kyste, lipome),etc.

    1.1.2 Le JingAppel aussi parfois essence , quintessence , ou principe vital , le Jing est une notion importante de la mdecine chinoise mais difficile apprhender, pour nous, les Occidentaux6. Sans rel quivalent dans la mdecine moderne, ce terme apparat intraduisible et cest pourquoi nous le conserverons sou sons nom en pin-yin : Jing .

    Quest ce que le Jing ?

    Le Jing est la trame de vie, le programme dexistence, la matrice, qui sont la base de toute manifestation. Le Jing est un champ de possibilits travers lesquelles la vie peut sexprimer et se dvelopper. Le Jing est le support et la rserve des qualits et caractristiques intimes et spcifiques de chaque tre vivant. Cest ce qui fait quun arbre donne toujours les mmes fruits, que la graine dune orchide produit une orchide et non une ortie ou un baobab. Mais, cest aussi le fait quune rose soit diffrente dune autre rose : une sera belle, charnue, majestueuse, rsistante, alors quune autre sera quelconque, chtive, fragile.

    6 A ceux qui souhaitent avoir plus de dtails sur ce que reprsente le Jing, mais aussi le Shen, lesprit, le Qi, lnergie, nous conseillons la lecture de Troubles psychiques en mdecine chinoise de Ph. Sionneau.

  • Le Jing inn (ou le Jing du ciel antrieur)

    Le Jing du ciel antrieur7 nous est transmis par les parents au moment de la conception. Il est le vecteur des caractres de lespce, des lignes ancestrales et des deux parents. La qualit de ce Jing rsulte donc du capital vital de lespce, des anctres et des parents de lindividu. Prcisons que le Jing du ciel antrieur dune personne est, comme nous venons de le dire, le fruit de lunion du Jing des deux parents mais aussi du Jing acquis (voire paragraphe suivant) que la mre a capt dans son environnement (air, liquides, aliments) puis fourni au ftus tout au long de la grossesse. Nous pourrions comparer le Jing du ciel antrieur une certaine somme dargent que des parents donneraient leur enfant au moment o il quitte la maison pour sinstaller dans la vie (quil pourra gaspiller ou faire fructifier selon son comportement et les alas de la vie). Le Jing du ciel antrieur est limit en quantit et non renouvelable. Il constitue nos rserves les plus prcieuses. De sa qualit et de sa quantit dpendent notre sant, notre quilibre, notre vitalit, notre longvit. Lpuisement de cette source intime de vie entrane la mort. Cest le sable de notre sablier intrieur.

    Le Jing acquis (ou le Jing du ciel postrieur)

    La quantit de Jing inn que nous possdons la naissance est limite et ne nous permettrait en fait de vivre que quelques annes (certains lestiment environ 5 ans). Il est donc ncessaire de protger, sauvegarder et entretenir le Jing inn en lui apportant du Jing du ciel postrieur8 .

    La production du Jing du ciel postrieur (Jing acquis) nous vient principalement de lnergie de lair (nergie du ciel), des aliments et des boissons (nergie de la Terre). Comme la Rate et lEstomac sont responsables de la digestion de la nourriture, de sa transformation et du transport des essences qui en dcoulent, le Jing acquis est troitement li ces deux viscres. Le Jing acquis est primordial puisquil nous permet de conserver et donc de moins dpenser notre Jing inn. Nous voyons ici nouveau quune bonne alimentation et une bonne digestion ( travers le bon fonctionnement du tandem Rate/Estomac) sont essentielles au maintien de la sant.

    Pour illustrer notre propos, prenons limage suivante : la naissance, nous recevons de nos parents une bougie en vie. La cire de la bougie symbolise le Jing inn alors que la flamme symbolise la transformation permanente du Jing en nergie ncessaire au maintien de la vie. Cette bougie a une certaine taille et donc une dure de vie limite. Pour vivre bien et longtemps, nous devons extraire de notre environnement un combustible (Jing Acquis) que nous dposerons rgulirement dans la petite cuvette qui se trouve juste sous la flamme. Ainsi, ce combustible permet de ralentir, voire de temporiser ponctuellement, la consommation de la bougie elle-mme.

    Le Jing dans la physiologie humaine

    1. Le Jing est prsent en toile de fond dans tout le corps. Toutefois ce sont les organes pleins (Zang), c'est--dire Foie, Cur, Rate, Poumon, Reins qui rcoltent et thsaurisent le Jing. Cependant, les Reins grent la plus grande partie du Jing du ciel antrieur et le surplus du Jing du ciel postrieur.

    2. Le Jing est le support de la procration et de la fertilit. Chez lhomme, il se manifeste dans le sperme (Jing Ye) et chez la femme dans le sang utrin nutritif (Jing Xue), dont la forme dgrade est le sang mentruel.

    3. Le Jing gouverne la croissance et le dveloppement, (par exemple : os, dents, cheveux, cerveau, sexualit, gonades).

    7 Le ciel antrieur fait rfrence tout ce qui provient de la priode prcdant la naissance. Il est reli ce que nous ont lgu nos parents et travers eux la ligne familiale. Par extrapolation, nous pourrions dire quil est en relation avec linn, avec le congnital, avec la constitution de base. Ce sont les Reins qui gouvernent le ciel antrieur. Il faut alors cho au Jing, au Yin vritable, au Yang vritable. 8 Le ciel postrieur fait rfrence lactivit postnatale, grce laquelle lindividu maintient ses activits physiologiques. Par extrapolation, nous pourrions dire que le ciel postrieur est en relation avec lacquis. Ce sont la Rate et lEstomac qui gouvernent le ciel postrieur. Il fait alors cho au Qi.

  • 4. Le Jing est lorigine de la production des moelles (moelle osseuse, moelle pinire et cerveau) et du sang.

    5. Le Jing est prsent dans toutes les humeurs du corps et plus particulirement dans la salive.

    6. Le Jing nourrit, accueille, ancre lesprit.

    Causes et consquences de la perte du Jing

    Le Jing est une rserve utilise en permanence pour soutenir la structure corporelle et pour maintenir les fonctions vitales de lorganisme. Le Jing est donc essentiel pour notre bien-tre, notre sant et notre longvit. Sa disparition entrane la mort. Il nous est donc apparu important dvoquer les diffrents facteurs de dperdition du Jing, afin que nous soyons mme de reprer ces causes de maladies. Nous voquons ici seulement les plus videntes.

    1. La vieillesseLa vieillesse est elle-mme la cause et le signe dun affaiblissement naturel du Jing. Ltre humain est programm pour vivre un certain temps et notre stock de Jing est limit pour assumer ce cycle de vie. Le Jing est notre compte rebours intrieur.

    2. Le surmenageToute activit excessive, quelle soit physique, intellectuelle, sensorielle, psychologique, consomme de lnergie et du sang. Si la personne ncoute pas les signes de fatigue que lui envoie son corps, elle puise dans ses rserves pour tenir le coup tout prix et consume donc son Jing qui se transforme en nergie et en sang.

    3. Les maladies chroniquesNous pouvons considrer la maladie comme une forme de surmenage. En fait, lorganisme sactive vivement pour protger les fonctions vitales et pour rparer les dgts. Comme il y a danger et urgence, le corps dpense sans compter et utilise de grandes quantits de Qi, de Sang, de Yin, de Yang et finalement pour combler leurs carences, consume le Jing. Plus une maladie est grave ou chronique, plus le Jing est mis contribution. Ces maladies participent un affaiblissement prcoce du Jing.

    4. La sexualit et les menstruationsLe Jing est le vecteur des caractres hrditaires. Il est indispensable la reproduction de toute espce. Chez lhomme, il se transmet par le sperme (Jing Ye). Ainsi, lhomme perd un peu de son Jing chaque jaculation. Cest pourquoi certaines pratiques taostes demandent lhomme de matriser son jaculation. Chez la femme, le Jing est associ au sang gnsique (Jing Xue). Ainsi, il peut y avoir affaiblissement du Jing par des menstruations excessives ou trop longues.

    5. Les drogues et les substances mdicamenteusesLa mdecine occidentale utilise abondamment des mdicaments qui consument le Jing : antibiotiques, anti-inflammatoires, cortisone, morphine, etc. Les effets immdiats de ces substances sont parfois spectaculaires, mais sont souvent obtenus au dtriment dune perte de Jing, mme sil est parfois absolument ncessaire de les utiliser.

    6. Le nombre important de grossessesComme nous lavons dit plus haut, le Jing est indispensable la reproduction. Chez la femme, il se communique par le sang gnsique utrin (Jing Xue). Ainsi, les grossesses trop nombreuses ou rptitives ou tardives, sont des causes de dperdition du Jing.

    Quelle est la relation entre Jing et dittique ?

    Lalimentation, nous lavons vu, est donc un facteur cl si nous voulons conserver au mieux ce prcieux Jing. Une bonne hygine alimentaire, une dittique juste, une digestion satisfaisante, permettent de dgager une bonne quantit de Jing acquis, de manire conforter au mieux le Jing inn et donc jouer favorablement sur la dure et la qualit de notre vie. Ceci est dailleurs lobjet mme de ce livre.

  • Hlas, nous verrons plus loin que les mthodes modernes de conservation, les cultures hors sol, les cultures intensives, certains modes de cuisson, altrent passablement le Jing des aliments, compromettant ainsi la quantit et la qualit du Jing acquis susceptible dtre rcupr. Fort heureusement, nous verrons galement les divers facteurs qui prservent au mieux le Jing des aliments9.

    Il y a deux Jing, un est gnr par le Ciel Antrieur, lautre est gnr par la nourriture. Huang Di Nei Jing Ling Shu Ji Zhu (Dynastie Qing)

    1.2 Les organes / entraillesPour la mdecine chinoise, le sens donn chaque organe du corps humain est trs loign de la conception quen a notre mdecine moderne. Chaque organe (Yin), coupl avec une entraille (Yang) appartient un des cinq mouvements et possde une synergie, un ensemble de fonctions bas sur un systme cohrent et parfaitement rgul. Lensemble assure lquilibre de lorganisme.

    Les organes (Zang)Les organes sont au nombre de cinq : le Cur, le Poumon, la Rate, le Foie et les Reins.

    De nature Yin, ce sont des viscres pleins dont le rle est avant tout de produire, transformer, stocker lnergie, le sang, les liquides organiques, le Jing, et mme le Shen (on dit que le Cur est le palais du Shen). Il existe un autre organe Yin un peu particulier, appel Enveloppe du Cur qui, en fait, est un prolongement du Cur et dont la fonction principale est de protger le Cur des agressions externes.

    Les entrailles (Fu)Les entrailles sont au nombre de 6 : lEstomac, lIntestin Grle, le Gros Intestin, la Vsicule biliaire, la Vessie et le Trois Foyers.

    De nature Yang, ce sont des viscres creux dont le rle est avant tout de recevoir, transformer et excrter les aliments et les liquides. Il est noter que la Vsicule Biliaire chappe cette rgle puisquelle ne reoit aucun aliment. Elle reoit par contre la bile, produite par le Foie, quelle excrte selon les besoins. Le Trois Foyers, entraille sans forme, joue un rle de rgulation, dharmonisation dans lorganisme tout entier. Il veille la coordination des organes entre eux et la bonne circulation des liquides dans le corps.

    9 Voir chapitre 4 : Les aliments et leurs proprits .

  • Les fonctions des organes et entraillesNous rsumerons ici sur les deux tableaux suivants, les principales fonctions des organes et des entrailles de manire avoir une vue densemble :

    Organe Fonction Ouverture

    Cur Gouverne le sang et les vaisseaux. Abrite lesprit Langue

    Foie

    Cre la libre circulation du Qi et indirectement celle du sang.Stocke le sang.Produit la bile.Gouverne les tendons.

    il

    Rate

    Gouverne le transport et la transformation des aliments.Fabrique le sang.Maintient le sang dans les vaisseaux. Fait monter le Yang pur .Gouverne la chair et les membres.

    Bouche

    PoumonGouverne le Qi et la respiration.Contrle la surface du corps (incluant la peau et les poils)Gouverne lnergie dfensive

    Nez

    Reins

    Stockent le Jing.Contrlent les orifices du bas.Gouvernent les liquides organiques. Produisent les moelles.Aident le Poumon linspir. Rgissent la croissance et la reproduction. Gouvernent les os.

  • Entraille Fonction Organe associ

    IntestinGrle

    Trie le clair et le trouble : il rcupre les essences subtiles et transporte les dchets liquides et solides vers la Vessie et le Gros intestin.

    Cur

    VsiculeBiliaire

    Stocke la bile.Excrte la bile.Aide lEstomac faire descendre les dchets alimentaires (le trouble).

    Foie

    EstomacReoit les aliments et les boissons.Dcompose les aliments et les boissons. Abaisse les liquides et les aliments solides vers lIntestin Grle.

    Rate

    Gros Intestin

    Excrte les dchets alimentaires solides et quelques liquides.Rabsorbe une partie des liquides. Poumon

    Vessie Stocke lurine.Excrte lurine Reins

    Trois FoyersVoie de circulation de lnergie originele.Voie de circulation des aliments.Voie de circulation des liquides.

    Enveloppe du Coeur

    Le dsquilibre des organesUn organe est perturb dans la mesure o une ou plusieurs de ses fonctions sont dfaillantes. Ceci aura bien sr des consquences sur les substances vitales auxquelles il est associ et pourra donc lser le stockage, la production, la transformation, la circulation du Qi, du Sang, du Jing, etc. Pour illustrer notre pense, nous vous proposons ltude dun cas concret.

    Cas clinique :

    Une patiente, ge de 62 ans, se plaignait de nycturie et se levait cinq fois par nuit pour uriner. Les urines taient claires. Elle tait trs frileuse, avait le teint ple et souffrait de lombalgies chroniques que rien ne semblait soulager si ce nest la chaleur. Trs introvertie, elle avoua tre souvent prise de peur panique devant des choses pourtant anodines .

    Selon les paramtres de la mdecine chinoise, il sagit ici clairement dun dsquilibre des Reins, affaiblis dans plusieurs de leurs fonctions. Les troubles urinaires, les problmes osseux, les lombalgies, la peur sont autant de caractristiques dune pathologie des Reins. Dautre part, cest ici laspect Yang des Reins qui est en insuffisance car tous les signes sont finalement des signes de froid . Cest pourquoi la mdecine chinoise traitera le dsquilibre prsent comme un vide de Yang des Reins . Ce diagnostic, tenant compte du Yin / Yang, des organes et de leurs fonctions, des substances vitales associes, suffit dj au praticien pour tablir un principe thrapeutique (ici tonifier le Yang des Reins). La tonification de cet organe, grce une phytothrapie et une dittique personnalise, a permis de traiter lensemble des symptmes, tout en ramenant progressivement lharmonie chez cette patiente.

    1.3 Comment surviennent les maladies ?Avant daborder la physiologie digestive proprement dite, il nous a paru intressant de voir de manire gnrale comment survenaient nos maladies.

    Pourquoi tombe-t-on malade ? Question fondamentale que la tradition chinoise claire de manire tout fait diffrente de la notre. Les mdecins chinois ont depuis longtemps constat que la sant de chaque individu dpendait de lquilibre interne entre deux polarits Yin et Yang, mais aussi de lharmonie quil entretient avec tout ce qui lentoure. Ceci nous ramne une notion laquelle la mdecine chinoise tient beaucoup, celle de lharmonie et de lquilibre : quilibre entre le repos et lexercice, quilibre sexuel, quilibre dans lalimentation, quilibre climatique, quilibre motionnel, etc.

  • Identifier les causes du dsquilibre prsent est fondamental, car ce sont elles qui permettront au praticien en mdecine chinoise de conseiller correctement le patient sur les changements adopter pour retrouver son quilibre idal. Il ne sagit donc pas ici de traiter simplement un symptme mais den comprendre les mcanismes, danalyser les causes pour uvrer sur la racine mme du dsordre.

    La mdecine chinoise dispose pour cela dune mthode de diagnostic trs labore et dun arsenal thrapeutique riche qui a fait ses preuves aujourdhui travers le monde entier : acupuncture, phytothrapie, dittique, massages, Qi Gong, recommandations sur lhygine de vie. La mdecine chinoise regroupe les causes des maladies en 3 grandes catgories que nous voquons successivement.

    1. Les causes externesLes causes externes proviennent essentiellement de facteurs climatiques, que sont :

    Le vent La chaleurLhumidit La caniculeLe froid La scheresse

    Selon les thories des cinq mouvements et selon ce que nous pouvons vivre nous-mmes, chaque saison est associe un climat particulier. La chaleur en t et le froid en hiver sont des choses normales et gnralement les conditions climatiques nont pas deffets pathologiques. Cest lorsquelles deviennent excessives ou lorsque notre corps est faible que celles-ci peuvent devenir la cause de maladies. Les six excs climatiques attaquent alors le corps par les voies cutanes, par la bouche ou le nez. Nous parlons dans ce cas de facteurs pathognes dorigine externe.

    Le vent, se combinant facilement avec les autres excs climatiques, donne par exemple dans le cas trs courant o il se combine avec le froid, des symptmes comme : fivre et frissons, cphales, rhinorrhes claires, ternuement, raideurs articulaires, cervicalgies, courbatures.

    2. Les causes internesLa mdecine chinoise a toujours considr les facteurs motionnels comme des paramtres fondamentaux influenant fortement notre sant. Elle a pouss trs loin ltude des motions, les a dissques , a constat quelles taient en correspondance avec les organes, selon la loi des cinq mouvements. La mdecine chinoise compte sept causes internes que sont :

    La colre La joieLe chagrin Le souciLa tristesse La peurLa frayeur

    Les autres motions, sentiments, ne sont finalement que des drivs ou des combinaisons de ces sept expressions fondamentales. L encore, ce sont les excs qui sont particulirement nfastes lindividuet non pas les motions en elles-mmes. Il est normal davoir peur lapproche du vide, dtre triste lorsque nous perdons un tre cher et mme dtre en colre lorsque nous subissons une injustice. En revanche, lorsque ces motions sont intenses, quelles perdurent ou quelles sont contenues , refoules, nous pouvons en tre gravement affects et notre sant sen ressentira.

    Nous lavons dit, les motions entretiennent des rapports troits avec les organes. Chaque excs motionnel blesse le Cur et lorgane avec lequel il a une affinit. Par exemple, la colre blesse le Foie, la rumination mentale blesse la Rate, la peur blesse les Reins, la tristesse blesse le Poumon et toutes blessent le Cur. Or, si les organes sont perturbs par les motions, leurs fonctions en sont drgles et des troubles apparaissent. Par exemple, une colre prolonge (exprime ou non) peut entraner une chaleur sur le Foie avec des signes comme : yeux rouges, teint rouge, irritabilit, douleurs aux hypocondres, bouche amre, saignement de nez, insomnie, agitation, soif, langue rouge, pouls en corde

  • 3. Les autres causesLes autres causes des maladies sont celles qui ne sont dues ni aux conditions climatiques (causes externes) ni aux motions (causes internes).

    Une constitution faible :Chaque individu nat avec une constitution donne issue de sa ligne familiale. Cette constitution dpend en particulier de ltat de sant des deux parents au moment de la conception mais aussi de celui de la mre pendant la grossesse. Ainsi, une constitution faible la base nous prdispose un nombre important de pathologies.

    Le surmenage :Le surmenage est une cause extrmement frquente de maladies dans notre monde occidental. En gnral, les gens travaillent trop, font trop peu dexercice physique et ne se reposent pas assez. Ceci a une influence norme sur notre nergie vitale qui na pas le temps de se reconstituer.

    Lactivit sexuelle : Nous devons nous rappeler que le Jing chez lhomme est vhicul par le sperme. Ainsi, chaque jaculation, cest un peu de Jing qui est perdu. Une activit sexuelle excessive ou qui commence trop tt, ou trop frquente partir de la cinquantaine, est donc une cause de maladies. Notons aussi quune activit sexuelle trop rduite, voire inexistante, peut engendrer beaucoup de frustrations, ce qui nous ramne dans ce cas aux causes motionnelles (internes).

    Les traumatismes : Il sagit ici des traumatismes physiques : accidents, chutes, chocs, entorses. Ils sont autant de causes qui affectent la partie du corps touche en provoquant localement une stagnation de lnergie et du sang. Il est possible que les cicatrices laissent une faiblesse lendroit atteint. Ainsi, des facteurs pathologiques externes (premire cause de maladie) pourront pntrer plus facilement et venir crer dautres troubles dans la mme zone. Nous noterons que les traumatismes psychiques sont inclus dans les causes motionnelles ou internes.

    Les parasites et les poisons : Les parasites et les poisons sont nombreux. Nous pensons par exemple aux vers intestinaux, certains champignons, aux piqures dinsectes et aussi labus de certaines drogues Toutes ces causes induisent diffrents types de maladies.

    Lalimentation : On peut distinguer plusieurs causes de maladies dues lalimentation. Des causes directes et videntes suite lingestion de produits avaris, contamins, pollus, etc. Ceux-ci provoquent le plus souvent des troubles aigus quil faut traiter au plus vite et qui relvent de lurgence. Cest lintoxication alimentaire classique , assimilable un empoisonnement .

    Puis il y a les causes beaucoup moins videntes, beaucoup plus sournoises, qui peuvent passer inaperues. Elles proviennent derreurs dhygine alimentaire : excs de certaines saveurs comme le sucr par exemple, consommation excessive daliments dvitaliss, horaires de repas anarchiques, grignotage, excs daliments froids ou crus, trop de fritures ou de graisses animales, quantits trop importantes le soir et insuffisantes le matin, absence de bonne mastication

    Ces erreurs dittiques , qui de prime abord semblent anodines, lorsquelles se prolongent dans le temps, finissent par induire une des causes fondamentales de maladies chez ltre humain moderne : le vie de lnergie de la Rate. Comme nous le verrons plus loin, la Rate est la racine de la rgnration du Jing, du QI, du sang, des liquides organiques. En clair, cest lorgane de lacquis, de la reconstruction, de lentretien de notre sant. La dficience de la Rate engendre, bien entendu, des dsordres digestifs mais galement une multitude de pathologies qui vont de la simple asthnie, lallergie, en passant par des maladies auto-immunes ou de dgnrescence. Avoir une mauvaise alimentation est grave.

  • 3) La physiologie digestive selon la mdecine chinoise

    IntroductionLes grands principes de la dittique chinoise sont bass sur la comprhension du processus digestif selon les paramtres de la mdecine chinoise. En comprenant comment se droule la digestion, il devient alors ais de tirer des conclusions quant ce qui favorise ou dfavorise la transformation et lassimilation du bol alimentaire. De plus, pour celui qui ne connat pas la mdecine chinoise, comprendre ce qui se passe permet aussi dtre mieux convaincu du bien-fond des rgles de la dittique chinoise et donc de les appliquer avec plus denthousiasme, de facilit, e conscience.

    3.1 Les trois foyersLe Trois Foyers (encore appel Triple Rchauffeur) est un concept spcifique de la mdecine chinoise. Il na pas de forme propre, pas de structure organique mais peut cependant tre considr comme une grande enveloppe englobant tous les organes. Il agit en fait comme un chef dorchestre qui coordonne toutes les activits fonctionnelles de lorganisme. Ce systme assure la rception, la transformation, la distribution de lair, des aliments, de leau, de lnergie ainsi que llimination des dchets qui sy rapportent. Appel aussi voie de leau et des crales , le Trois Foyers est la voie de circulation de lnergie originelle, des liquides et des aliments. Il se compose de trois parties distinctes dont chacune a des caractristiques spcifiques.

    Le foyer suprieurCIEL Il comprend toute la zone situe au-dessus du diaphragme avec la tte, la

    poitrine et incluant les organes Cur et Poumon. On dit du Foyer Suprieur quil est comme un brouillard. On fait rfrence ici aux rles de diffusion et de distribution du Jing, du Sang, des liquides, de lnergie, assurs par le Cur et le Poumon. Cest le lieu o nous captons lnergie du Ciel, grce au Poumon et recevons les essences subtiles envoyes par la Rate. Cest aussi le lieu o lesprit (associ au Ciel) est abrit grce au Cur. Le Foyer Suprieur est associ au Ciel.

    Le foyer mdianTERRE Il comprend la partie de labdomen situe au-dessus de lombilic jusquau

    diaphragme. Les organes concerns sont la Rate et lEstomac. On dit du Foyer Mdian quil est comme un chaudron bouillonnant, ce qui se rapporte aux fonctions digestives de ces deux organes. Cest le lieu o nous captons les nergies de la Terre (aliments/boissons) grce la Rate et lEstomac. Le Foyer Mdian est associ la Terre.

    Le foyer infrieurETRE HUMAIN

    Il se situe au-dessous de lombilic, et comprend les parties gnitales, le Foie, la Vsicule Biliaire, les Reins, la Vessie, les Intestins. On dit du Foyer Infrieur quil est comme un gout, ce qui se rapporte aux fonctions de sparation du clair et du trouble10 et aux fonctions dexcrtion des dchets (assures par les Reins, la Vessie, les Intestins)

    10 Les aliments et les boissons sont constitus de deux parties : le clair qui correspond la partie nutritive et utilisable par le corps, le trouble qui correspond aux dchets inutilisables par lorganisme. Ce sont, comme nous le dveloppons plus bas, la Rate et lEstomac, aids par lIntestin Grle qui oprent la sparation du clair et du trouble.

  • Lquilibre du Trois Foyers est directement li un bon fonctionnement des organes concerns par chacun. Ceci se manifeste :

    - Au Foyer Suprieur, par une bonne respiration et un rythme cardiaque rgulier.

    - Au Foyer Mdian, par une bonne transformation du bol alimentaire.

    - Au Foyer Infrieur, par des liminations normales et rgulires.

    Dans cet ouvrage, bien videmment nous nous focaliserons surtout sur le Foyer Mdian, puisque cest de lui dont dpend en majeure partie laspect digestif. Dans la section suivante, nous allons donc voir en dtail les principaux organes qui le composent, la Rate et lEstomac.

    3.2 Le rle de la rateLa Rate est le grand alchimiste du corps. Que fait lalchimiste ? Il transmute la matire grossire en or. Et cest bien ce qui se passe lintrieur de notre corps. Nous mtamorphosons tous les jours, le fruit des nergies de le Terre en nergie, en substance qui rgnre notre corps. Nous ne pouvons assimiler les aliments directement, de faon brute. Nous devons transformer notre nourriture pour pouvoir en profiter. Et cest la Rate aide par lEstomac qui assume cette fonction essentielle.

    Les fonctions gnrales de la RateElle gouverne le transport et la transformation

    La Rate transforme les aliments et les boissons pour en extraire le Qi et le Jing. Une fois ce Qi et ce Jingcapts, ils sont transports dans le corps, vers chaque organ