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L’organisation des plantes (1/2)Ecole de botaniqueEcole de botanique
Les plantes à fleurs ont un appareil végétatif composé de trois parties: racine, tige et feuilles.
La racine. Le plus souvent souterraine, elle assure la fixation au sol ainsi que l’absorption de l’eau et
des éléments minéraux nécessaires à la croissance. Elle est en pivot (une seule racine verticale) ou
bien fasciculée. Parfois, elle sert aussi au stockage des réserves (cas de la carotte).
La tige. Généralement aérienne, elle porte les bourgeons qui assureront la croissance, la ramification
et la floraison. Elle assure le port érigé de la plante et le transport des éléments nutritifs (sèves). Elle
peut être grêle et herbacée ou bien rigide et lignifiée (bois) chez les arbres et les arbustes.
La feuille. C’est l’organe principal de la photosynthèse et de la transpiration. Elle comprend
généralement deux parties: le limbe et le pétiole. Le limbe est une lame aplatie et parcourue de
nervures qui conduisent les sèves. Sa forme, son découpage et sa nervation varient suivant les
espèces et constituent des critères de reconnaissance. Le limbe est divisé en folioles dans le cas
des feuilles dites "composées". Le pétiole, parfois absent, rattache la feuille à la tige. La phyllotaxie
désigne la disposition des feuilles sur la tige. Elles peuvent, par exemple, être groupées par deux et
se faire face (feuilles dites "opposées") ou bien être isolées et en disposition régulière et spiralée
autour de la tige (feuilles dites "alternes").
Les feuilles des Crassulaceae (ici la joubarbe Sempervivum montanum) servent au stockage
de l'eau (adaptation à la sécheresse)
Quelques exemples de la diversité des formes des limbes des feuilles. En marron, le pétiole; en
vert foncé, exemples de feuilles "composées"
Organisation générale d'une feuille et exemple des dispositions "alterne" et "opposée"
Schéma d'une plante: racines (en noir, ici fasciculées, avec plusieurs racines partant d'un même point), tige (en marron), feuilles (en vert) et fleur (en bleu). Les stolons sont des tiges aériennes à croissance horizontale et qui
produisent des clones de la plante mère
Cas d'une plante à tige souterraine ou rhizome (en marron) et tige aérienne; les racines (en noir) sont dites "adventives" (néoformées sur la tige)
Les pommes de terre sont des tiges modifiées pour stocker des réserves nutritives. Comme toute tige elles portent des bourgeons ("yeux")
limbe
pétiole
stipules
nervures
feuilles alternes feuilles opposées
lancéolée
ovale obovale
orbiculaire
sagittée pédalée pennatilobée cordée
palmée paripennée imparipennée
5353
L’organisation des plantes (2/2)Ecole de botaniqueEcole de botanique
Les principaux "types biologiques " définis d'après la position des bourgeons en hiver (en rouge). En noir, les parties pérennes d'une année à l'autre; en pointillés, les parties qui meurent l'hiver. Etymologie des termes:
"phanéro", visible; "chamae", nain; "hémi", à moitié; "crypto", caché; "théro", été. © Philippe Danton
Le botaniste danois Christen Raunkiær (1860-1938) a classé les plantes par rapport à leur stratégie de
passage de la mauvaise saison hivernale. Cette classification se fait en fonction de la position des
bourgeons durant l'hiver. Les phanérophytes sont les arbres et les arbustes de plus de 50 cm. Leurs
bourgeons ne sont pas protégés du gel par le manteau neigeux, ce qui est une des raisons de
l'absence d'arbres à l'étage alpin. Les chaméphytes sont des sous-arbrisseaux dont les bourgeons
bénéficient de la protection de la neige. De nombreuses plantes en coussins des montagnes sèches
(voir la rocaille "montagnes espagnoles") sont ligneuses à leur base et appartiennent aussi à cette
catégorie. Les hémicryptophytes ont leur(s) bourgeon(s) situé(s) au niveau du sol, que la plante
forme une rosette de feuilles (cas du pissenlit) ou une touffe (cas de nombreuses Poaceae ou
Cyperaceae). Les cryptophytes (aussi appelées géophytes) ont leurs bourgeons enfouis et ainsi
protégés du froid sous la terre (geo en grec). Les bourgeons sont situés sur les rhizomes (tiges
souterraines) ou sur les bulbes qui ont accumulé des réserves pour la reprise de croissance de l'année
suivante. Les thérophytes sont les espèces annuelles. Elles passent la mauvaise saison sous forme de
graines hautement résistantes à la sécheresse et au gel. Prédominantes dans les zones arides, les
espèces annuelles sont quasi absentes en domaine alpin, en raison du caractère trop aléatoire de
la reproduction sexuée en haute altitude.
Deux gentianes : Gentianella campestris (à gauche, hémicryptophyte) et Gentiana nivalis
(à droite, une des rares thérophytes alpines)
Les narcisses (Narcissus poeticus, famille des Amaryllidaceae), exemple de plante
cryptophyte à bulbe
e
A. Phanérophytes (arbres, arbustes de plus de 50 cm)
B. Chaméphytesarbrisseaux (a), arbrisseaux prostrés (b), plantes ligneuses à la base (c)C. Hémicryptophytes
D. Cryptophytes (ou géophytes)à rhizome (f ), à bulbe (g)
(les graines assurent le passage de la mauvaise saison)
Plantes pérennes (vivaces)
Plantes annuelles
E. Thérophytes
en rosette (d ), en touffe (e)
50 cm
A
B
C D
E
ab
c d
f
g
eeeeeeeeee
A. Phanérophytes (arbres, arbustes de plus de 50 cm)
B. Chaméphytesarbrisseaux (a), arbrisseauxuu prostrés (b), plantes ligneuses à la base (c)C. Hémicryptophytes
D. Cryptophytes (ou géophytes)à rhizommmmmme (f ), à bulbe (g)
(les graines assurent le passage de la mauvaise saison)
Plantes pérennes (vivaces)
Plantes annuelles
E. Thérophytes
en rosette (d ), en touffe (e)
50 cm
A
B
C D
E
ab
c d
f
g
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La notion de plante alpine (1/2)Ecole de botaniqueEcole de botanique
La dryade à huit pétales (Dryas octopetala, famille des Rosaceae), exemple de plante
arctico-apine
Les voies de colonisation de l’arc alpin: 1, méditerranéenne; 2, centrasiatique; 3, arctique
Les campanules (ici Campanula alpestris, famille des Campanulaceae), exemple d'origine
méditerranéenne
Les gentianes (ici Gentiana acaulis, famille des Gentianaceae), exemple de plantes venues
des régions himalayennes
Un étagement de la végétation avec l'altitude. La végétation des montagnes est répartie en étages
qui abritent des formations végétales caractéristiques. La limite supérieure de l’étage subalpin marque
la limite naturelle (sans intervention de l’homme) des forêts. Elle est située au voisinage de 2300 m
d’altitude dans les Alpes. Plus haut, on entre dans l’étage alpin où les conditions de vie deviennent de
plus en plus difficiles à mesure qu’on s’élève en altitude en raison de la baisse des températures
moyennes, de l’augmentation du rayonnement solaire, des vents violents, etc. Cette limite
subalpin/alpin varie entre 0 m d'altitude dans les zones polaires et plus de 4000 m en régions tropicales.
Une plante alpine désigne, pour les biologistes, une espèce qui pousse à l’étage alpin, dans les Alpes
ou dans une autre montagne. Largement conditionnée par le froid, la limite s’élève avec le
réchauffement climatique, mettant en péril les espèces qui poussent aux plus hautes altitudes.
Les plantes du Jardin alpin du Lautaret sont des plantes des étages subalpin et alpin.
Des origines multiples pour la flore des Alpes. La flore actuelle résulte d'une colonisation initiée il y a
environ 10 000 ans après le retrait des glaciers. Les principales influences sont issues des régions
méditerranéenne, centrasiatique (notamment himalayenne) et arctique. Dans ce dernier cas,
l'alternance des glaciations/déglaciations a contribué à de nombreux échanges de flores, d'où de
nombreuses espèces de plantes, appelées arctico-alpines, communes entre Alpes et régions arctiques.
1700 m
2400 m
1100 m
3000 m
1500 m
2200 m
900 m
ADRETSud Nord
2900 m
UBACEtage NIVALMousses et lichens
Etage ALPINPelouses alpines
Etage SUBALPINForêts de résineux
Etage MONTAGNARDForêts mixtes
Etage COLLINEENForêts de feuillus
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La notion de plante alpine (2/2)Ecole de botaniqueEcole de botanique
Androsace helvétique (Androsace helvetica, famille des Primulaceae), plante en coussin des
rochers du Galibier (vers 2800 m)
Organisation de l'androsace helvétique, exemple de plante en coussin avec long pivot
racinaire
L'edelweiss (Leontopodium alpinum, famille des Asteraceae), exemple de plante
couverte d'un duvet protecteur
Différence de températures entre la surface d'une plante en coussin et à deux mètres de
hauteur (chez le silène acaule)
Différences des teneurs en vitamine C chez trois plantes alpines (1, soldanelle; 2, homogyne; 3, renoncule des glaciers) et trois plantes de plaine (1, seigle; 2, pissenlit; 3,
renoncule âcre)
Saule nain des hautes altitudes (Salix serpyllifolia, famille des Salicaceae) ayant un port prostré,
conservé au Jardin
Des adaptations morphologiques. La petite taille est de règle chez les plantes alpines, ce qui permet
de profiter de températures moins froides près du sol qu'à 1 ou 2 m au-dessus. Elle permet aussi une
protection par le manteau neigeux en hiver et elle limite l'action mécanique de la neige et du vent qui
cassent les tiges et les branches. La forme en coussin est emblématique de l'adaptation aux conditions
extrêmes: le coussin fonctionne comme un piège à chaleur et sa forme géométrique expose le moins
de surface possible avec l'extérieur, limitant ainsi les pertes de chaleur (et d'eau). La pilosité des plantes
est une autre adaptation: elle forme un écran qui protège du froid, de la sécheresse et des
rayonnements en excès. Les systèmes racinaires présentent aussi des adaptations, comme la présence
d'un long pivot chez les plantes en coussin.
Des adaptations physiologiques. Les plantes alpines synthétisent des molécules (sucres, protéines
antigel) qui protègent les membranes de leurs cellules des effets du gel. Elles maintiennent aussi leurs
liquides cellulaires en surfusion, c'est à dire à l'état liquide jusqu'à des températures de -40°C. Pour lutter
contre le stress oxydatif induit par l’excès de rayonnements (lumière et UV), les plantes accumulent des
antioxydants, notamment la vitamine C.
Ces adaptations sont le fruit d'une longue évolution. Elles sont pour partie inscrites dans le patrimoine
génétique des espèces et pour partie dépendantes des conditions environnementales (acclimatation).
1 32 4 65
plantes alpines
plantes de plaine
Vitam
ine C,
micr
omol/
mg ch
lorop
hylle
0
1
4
3
2
5
à 2 mètresde hauteur
à la surfacedu coussin
9 12 15 18Heure de la journée (été)
Tem
péra
ture
(°C)
0
5
20
15
10
25
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Les relations interspécifiques (1/2)Ecole de botaniqueEcole de botanique
Bugrane du mont Cenis (Ononis cenisia, famille des Fabaceae), exemple de plante
fixatrice de l'azote atmosphérique
Pédiculaire à toupets (Pedicularis comosa, famille des Orobanchaceae), exemple de
plante hémiparasite
Les plantes entretiennent plusieurs types de relations entre elles et avec d'autres organismes
(bactéries, animaux). En voici quelques exemples.
La symbiose. Il s'agit d'une association durable entre deux organismes leur permettant de vivre
avec des avantages réciproques. Ainsi, les sainfoins, lotiers, astragales, bugranes, trèfles et les
autres plantes de la famille des Fabaceae abritent dans leurs racines (au niveau de nodosités) des
bactéries (Rhizobium) pouvant utiliser l'azote de l'air. Elles le transforment en azote organique
(acides aminés et protéines) qui alimente la nutrition azotée de la plante. De même, les lichens
sont issus d'une symbiose entre un champignon qui assure la résistance contre la sécheresse et une
algue qui assure la synthèse des sucres par la photosynthèse (utilisation de l'énergie lumineuse).
Le parasitisme. Il s'agit d'une relation de spoliation plus ou moins importante. Dans le cas de
l'hémiparasitisme (pédiculaires, rhinanthes, bartsie, etc.), une plante puise l'eau et les sels minéraux
au niveau de la sève (racines ou tiges) de la plante hôte, mais elle demeure verte et capable de
faire la photosynthèse (synthèse des sucres). Dans le cas de l'holoparasitisme (cas des orobanches
et des cuscutes), la plante a perdu la capacité de faire la photosynthèse: elle puise non
seulement l'eau et les sels minéraux, mais aussi la matière organique dans la sève de son hôte.Schéma d'un lichen avec le mycélium du champignon (traits marrons) et les
algues unicellulaires (vert)
azote minéralde l'air (N2)
azoteorganique(protéines) racines
nodosité(bactériesRhizobium)
eau etsels minéraux
racines (suçoirs)du parasiteSchéma de la symbiose entre les Fabaceae
(Légumineuses) et les bactéries hébergées dans les nodosités de leurs racines
Holoparasitisme
Hémiparasitisme
CO2(carbone minéral de l'air)
O2
mycéliums du champignon algues unicellulaires
sucres(carbone organique)
racine de l'hôte
racine de l'hôte
racines (suçoirs)du parasite
plantechlorophyllienne
(verte)
plante nonchlorophyllienne
eau et sels minéraux+ matière organique
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Les relations interspécifiques (2/2)Ecole de botaniqueEcole de botanique
Facilitation: l'alchémille (feuilles découpées) profite du microclimat favorable au sein d'un
coussin de silène acaule
Compétition entre la fétuque paniculée (grandes herbes) et les autres espèces des
pelouses du col du Lautaret
azote organique(acides aminés)
insecteenzymes
(protéases)
feuille depinguicule
Insecte digéré au niveau des feuilles collantes de la grassette Pinguicula vulgaris (famille des
Lentibulariaceae)
La carnivorie. Les plantes carnivores vivent dans des milieux humides peu oxygénés et pauvres en azote indispensable à la synthèse des
acides aminés et des protéines. La solution trouvée par ces plantes consiste à piéger au niveau de leurs feuilles (les pinguicules et les
droséras ont des feuilles collantes) des insectes qui sont ensuite digérés par des enzymes produites par les feuilles. Les acides aminés
libérés sont alors absorbés par les feuilles et permettent de synthétiser les protéines de la plante.
Les relations de facilitation et de compétition. Il s'agit de relations qui ne revêtent pas un caractère indispensable comme dans le cas
du parasitisme et de la symbiose où les plantes ne peuvent pas vivre sans leur hôte (parasité ou symbiotique). Ici, les plantes
entretiennent des relations qui affectent leur
croissance de façon positive (facilitation) ou négative
(compétition). Dans le cas de la facilitation, une plante
profite de l'environnement d'une autre qui lui assure un
microclimat favorable (protection contre le froid, la
sécheresse, l'excès de rayonnement lumineux, etc.).
Dans le cas de la compétition, les plantes sont en
concurrence pour la lumière, l’eau ou les sels minéraux,
ce qui réduit la croissance des espèces les moins
performantes.
facilitationla plante poussait mieux
avec ses voisins
compétitionla plante poussait moins
bien avec ses voisins
absenced'interaction
la plante pousse de façon identique avec ou sans voisins
Schéma montrant trois types d'interactions pouvant exister entre les espèces végétales: lorsque l'on supprime expérimentalement les voisins d'une plante, celle-ci peut pousser mieux, moins bien ou de façon identique, ce qui révèle les relations qui existent entre la plante et ses voisins
plante avec végétation avoisinante plante privée de végétation avoisinante (élimination des voisins)
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La répartition des végétaux (1/2)Ecole de botaniqueEcole de botanique
Quelques aspects de la répartition des plantes alpines sont abordés ici à partir de l'exemple des
saxifrages (genre Saxifraga, famille des Saxifragaceae). Ce genre comprend plus de 400 espèces
essentiellement distribuées dans les montagnes de l'hémisphère nord tempéré et arctique, avec
en particulier une forte représentation dans l'arc alpin.
Certaines espèces, dites arctico-alpines, comme Saxifraga oppositifolia ou S. aizoides, ont une large
distribution en région arctique, dans les Alpes et dans d'autres montagnes européennes (1).
Initialement distribuées en Arctique, ces espèces ont migré vers le sud durant les glaciations. Après
le recul des glaces, elles ont recolonisé l'Arctique et elles ont colonisé les hauteurs des Alpes.
Saxifraga caesia et S. bryoides (2) sont deux espèces à large distribution dans les Alpes et dans
quelques autres massifs. Malgré cette distribution similaire, les deux espèces ne se côtoient pas car
elles ont des exigences strictes quant à la nature du support rocheux: l'une pousse sur calcaire
(S. caesia) et l'autre sur silice (S. bryoides). On parle de vicariance écologique. D'autres espèces,
comme Saxifraga biflora, ne pousse que dans les Alpes (espèce endémique, 3). A noter qu'elle
pousse aussi sur une montagne de Grèce, peut-être transportée par des oiseaux ou bien témoin
(espèce relictuelle) d'un temps où l'espèce avait une distribution plus large.
Saxifraga bryoides (saxifrage fausse mousse), est inféodé aux rochers siliceux (acides) des Alpes et de quelques autres massifs européens
2. Répartition des deux espèces Saxifraga caesia et Saxifraga bryoides, deux plantes des
Alpes et de quelques autres massifs1. Répartition de Saxifraga oppositifolia en Europe, une espèce dite arctico-alpine. Pendant les glaciations, elle occupait les régions
hachurées dépourvues de glace
Saxifrage à feuiilles opposées (Saxifraga oppositifolia, fleurs roses) et Saxifraga à deux
fleurs (S. biflora, fleurs blanches)
Saxifraga caesia (saxifrage du mont Cenis), est inféodé aux rochers calcaires (alcalins) des Alpes et de quelques autres massifs européens
3. Répartition de Saxifraga biflora, espèce qui pousse exclusivement dans les Alpes (et au
mont Olympe en Grèce)
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La répartition des végétaux (2/2)Ecole de botaniqueEcole de botanique
Les espèces présentées ci-dessus correspondent à trois espèces qui ont des exigences
écologiques voisines (plantes de rochers à l'étage alpin), mais elles se rencontrent dans
des aires géographiques distinctes: Alpes de l'Est dans le cas de S. hostii; Alpes maritimes
pour S. cochlearis et Alpes occidentales entre France et Italie pour S. valdensis. On parle
ici de vicariance géographique.
Dans le cas des espèces présentées ci-contre, des recherches ont permis de comprendre
leur mise en place. Ces espèces (ainsi que d'autres non figurées sur la carte) sont toutes
issues d'une espèce ancestrale, Saxifraga cespitosa, que l'on rencontre encore
aujourd'hui dans les régions arctiques. Durant les périodes glaciaires, S. cespitosa aurait
migré vers le sud. Avec le retrait des glaciers, cette espèce aurait d'une part recolonisé les
régions arctiques et, d'autre part, colonisé l'ensemble des montagnes du sud de l'Europe.
Au niveau de chaque région montagneuse, l'isolement géographique aurait ensuite
permis une évolution particulière divergente et la mise en place d'une série d'espèces
endémiques de zones plus ou moins étendues. Plusieurs espèces sont à découvrir dans
cette rocaille ou bien au niveau des rocailles "Pyrénées" (S. hariotii) ou "Massif central"
(S. cebennensis).
Saxifraga valdensis (saxifrage vaudoise), une espèce protégée qui ne pousse en France que
dans quelques localités du massif du Queyras
Répartition de Saxifraga valdensis (Alpes occidentales), S. hostii (Alpes orientales) et S.
cochlearis (sud de l'arc alpin)
S. valdensis
S. hostii
S. cochlearis5353
La reproduction sexuéeEcole de botaniqueEcole de botanique
Fleurs de flouve odorante (Anthoxanthum odoratum, famille des Poaceae), exemple
de plante pollinisée par le vent
Les principaux types d'inflorescences (disposition des fleurs sur une tige). Les
flèches indiquent le sens de floraison des fleurs représentées en rouge
Les différentes parties d'une fleur, ici le lin des Alpes (Linum alpinum, famille des Linaceae)
Exemple d'inflorescence en ombelle composée, typique de la famille des
Apiaceae (Ombellifères), ici chez la grande berce, Heracleum sphondylium
Deux plantes aux fleurs très colorées à pollinisation par les insectes (oeillet négligé et
hélianthème à grandes fleurs)
La fleur est l’élément central de la reproduction sexuée des plantes. Elle comporte des parties fertiles:
étamines (parties mâles) et pistil (partie femelle) et des parties stériles: pétales et sépales. La majorité des
fleurs sont hermaphrodites, c'est-à-dire à la fois mâle et femelle. Elles peuvent être isolées ou bien
groupées en inflorescences. Les étamines sont formées d'un axe (filet) portant à son extrémité une
anthère souvent jaune qui contient une multitude de grains de pollen. Le pistil est constitué d’un ovaire
contenant les ovules et d'un (ou plusieurs) style(s) terminé(s) en stigmates qui reçoivent le pollen.
Le transport du pollen s'effectue par différents vecteurs. Le plus souvent, ce sont les insectes qui
interviennent et, dans ce cas, l'évolution a doté les fleurs d'éléments attractifs comme des couleurs vives,
des odeurs, du nectar sucré ou une forme particulière. Dans d'autres cas, c'est le vent qui intervient et les
fleurs sont dépourvues de pétales et non colorées (exemple des Poaceae et des Cyperaceae).
Une fois sur le stigmate, un grain de pollen assurera la fécondation d'un ovule, lequel deviendra une
graine au sein du pistil transformé en fruit. Ce fruit sera disséminé par le vent, les animaux, l’eau, etc.
Avec l'altitude, on observe une intense coloration des fleurs et une augmentation du temps de floraison,
ce qui permet de compenser la rareté des insectes pollinisateurs. Beaucoup d'espèces ont également
recours à la reproduction asexuée (clonale) ou bien à l'apomixie (production de graines et de fruits sans
fécondation comme chez les épervières).
sépale
pétale
pédoncule
ovuleovaire
filet
anthère
étamine
stylespistil
épi
grappe(racème)
corymbe
ombelle
capitule
panicule(grappe composée)
ombellecomposée thyrse
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La reproduction clonale (asexuée)Ecole de botaniqueEcole de botanique
Les stolons de la benoîte rampante (Geum reptans, Rosaceae) permettent de coloniser
les éboulis schisteux
Le vulpin de Gérard (Alopecurus gerardi, Poaceae) a des rhizomes qui produisent à leur extrémité des clones de la plante mère
Fleurs (reproduction sexuée) et bulbilles (reproduction clonale) du lis orangé (Lilium
bulbiferum var bulbiferum, Liliaceae)
Schéma montrant la production, à partir d'un pied mère (à gauche), de clones successifs à partir d'une tige horizontale (ici un rhizome d'iris)
Reproductions sexuée (fleurs) chez le rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum, Ericaceae) qui utilise aussi le
clonale par marcottage
La multiplication clonale permet à la fétuque violette (Festuca violacea, Poaceae) de
constituer des gradins stabilisant les pentes
La reproduction asexuée est également appelée reproduction végétative ou clonale car elle génère
des clones, copies conformes de l’individu initial. Elle présente un caractère moins aléatoire que la
reproduction sexuée car elle est indépendante des saisons, des agents assurant la pollinisation et de la
dissémination des graines. Cependant ce mode de reproduction ne produit pas de diversité
génétique, ce qui est un frein à l'évolution des espèces et à leur adaptation aux fluctuations de leur
environnement. Les deux types de reproduction cohabitent souvent chez les plantes alpines, deux
méthodes de reproduction valant mieux qu’une seule en conditions difficiles.
Pour de nombreux arbustes, un marcottage se fait à partir de branches couchées dont les bourgeons
se développent en racines au contact du sol (cas du rhododendron ou de l'aulne vert). Dans d'autres
cas, les plantes produisent des tiges aériennes rampantes appelées stolons (cas des benoîtes) ou bien
des tiges souterraines appelées rhizomes qui sont dépourvues de feuilles vertes et dont les bourgeons
peuvent générer des clones (cas de nombreuses Poaceae, comme le vulpin de Gérard).
Certaines plantes produisent des bulbilles, bourgeons charnus qui se détachent de la base des feuilles
et produisent des clones de la plante mère (cas de la renouée vivipare et du lis orangé).
On estime que certaines plantes, comme la laîche courbée, le saule herbacé ou le rhododendron
ferrugineux, constituent des clones âgés de plusieurs centaines voire milliers d'années.
1
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Systématique et classification (1/2)Ecole de botaniqueEcole de botanique
Phylogénie des plantes à fleurs, d'après la comparaison des séquences d'ADN. Les arborescences illustrent les filiations évolutives. Les noms indiqués à droite sont les "ordres" qui regroupent plusieurs familles. Par exemple les "Ranunculales" contiennent les familles Ranunculaceae et Papaveraceae (pavots)
Carl von Linné (1707-1778)
Etiquetage des plantes du Jardin selon la nomencladure créée par Carl von Linné
La systématique est la partie de la botanique qui vise à classer les plantes en groupes reflétant au
mieux leurs similitudes et leurs différences. Les critères de cette classification sont des caractères
morphologiques (organisation des fleurs et de l'appareil végétatif), et plus récemment des caractères
cytologiques (organisation et contenus des cellules) et génétiques (séquences d'ADN).
Le philosophe grec Théophraste (370-285 av. J.-C.) est à l'origine de la première classification connue qui
classe 480 plantes selon leur port (arbre, arbuste ou herbe) et certaines caractéristiques florales. Le botaniste
français Pitton de Tournefort (1656-1708) établit un classement des végétaux suivant la structure des fleurs et
des fruits. C'est le naturaliste suédois Carl von Linné qui instaure une nomenclature universelle des êtres
vivants, dite binominale, qui est encore utilisée actuellement: chaque espèce reçoit deux noms latins (ou
grecs): le premier correspond au genre et le second à l'espèce, suivi du nom de l'auteur qui l'a décrite. Les
espèces sont regroupées en genres et en familles. Ainsi, la pivoine bélier illustrée ci-contre est l'espèce
arietina (bélier) au sein du genre Paeonia (pivoine), lequel appartient à la famille des Paeoniaceae.
Aujourd'hui, la comparaison des séquences de l'ADN permet de compléter ces classifications basées
sur des siècles d'observations méthodiques avec une approche phylogénétique qui apporte des
informations relatives à l'histoire évolutive des différentes espèces et à leur parenté réelle.
Planche de pivoine extraite de "Éléments de botanique, ou méthode pour connaître les
plantes" publié par Tournefort en 1694
AmborellalesNymphaealesPiperales
DioscoralesLilialesAsparagales
CommelinalesPoales
LauralesMagnoliales
RosalesFagales
Buxales
Ranunculales
Alismatales
BrassicalesMalvales
OxalidalesFabales
Sapindales
EricalesCaryophyllales
GeranialesSaxifragales
Gentianales
Asterales
BoraginaceaeSalanalesLamiales
DipsacalesApiales
MONOCOTYLEDONES
DIC
OTY
LEDO
NES
GROUPES ANCESTRAUX
Berardia subacaulis Vill., une espèce décrite et nommée par le botaniste dauphinois Dominique Villars en 1789 (herbier du Jardin)
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Systématique et classification (2/2)Ecole de botaniqueEcole de botanique
Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina), une espèce rare protégée à l'échelle nationale.
Noter les éperons nectarifères en crochets
Aconit tue-loup (Aconitum lycoctonum), une espèce hautement toxique
Pulsatille des Alpes (Pulsatilla alpina): les fruits (akènes) sont surmontés d'un long style
plumeux qui croît après la fécondation
Coupe schématique d'une fleur de renoncule: sépales en vert, pétales en
blanc, étamines en jaune, fruits (akènes) en vert foncé
La renoncule de Kupfer (Ranunculus kupferi), espèce des pelouses alpines humides
Pigamon (Thalictrum aquilegifolium), avec ses fleurs blanches à nombreuses étamines. A
droite, le trolle jaune (Trollius europaeus)
1. Feuilles opposées, plante grimpante CLEMATIS (clématites)1. Feuilles alternes, plante non grimpante Aller à 22. Fleurs irrégulières, avec un seul plan de symétrie (zygomorphes) Aller à 32. Fleurs régulières, avec une symétrie rayonnante (actinomorphes) Aller à 43. Fleurs munies d’un éperon nectarifère DELPHINIUM (dauphinelles)3. Fleurs sans éperons nectarifères ACONITUM (aconits) voir plus bas 4. Fleurs en boule, restant fermées, jaunes (on ne voit pas les étamines et le pistil) TROLLIUS (trolles) 4. Fleurs ouvertes (on voit les étamines et le pistil) Aller à 55. Fleurs à 5 éperons nectarifères en crochet AQUILEGIA (ancolies)5. Fleurs sans éperon nectarifère Aller à 66. Fleurs à sépales verts et pétales petits en cornets, feuilles pédalées HELLEBORUS (hellébores)6. Caractères non réunis Aller à 77. Fleurs avec pétales et sépales présents et distincts Aller à 87. Fleurs avec un seul type de pièces stériles (sépales) ou absence totale de pétale et sépale Aller à 98. Trois sépales, fleurs violettes, bleues ou blanches HEPATICA (hépatiques)8. Cinq sépales; fleurs jaunes ou blanches RANUNCULUS (renoncules)9. Sépales grands, ressemblant à des pétales très visibles et vivement colorés Aller à 109. Quatre sépales petits et qui tombent très tôt; étamines colorées; feuilles composées, très découpées THALICTRUM (pigamons)10. Cinq sépales jaune-orangé; feuilles en forme de rein CALTHA (populages) 10. Sépales blancs, violets ou jaune pâle, en nombre supérieur à 5; feuilles très découpées Aller à 1111. Fruits (akènes) à long style plumeux. Plantes souvent couvertes de longs poils PULSATILLA (pulsatilles)11. Fruits (akènes) à style caduc. Plantes généralement peu poilues ANEMONE (anémones)
Clé de quelques espèces d'aconits (genre Aconitum) des Alpes, espèces toutes hautement toxiques1. Fleurs jaunes Aller à 21. Fleurs bleues Aconitum napellus
2. Casque étroit et bien plus haut que large. Feuilles à lobes larges Aconitum lycoctonum2. Casque à peine plus haut que large. Feuilles à lobes filiformes Aconitum anthora
Clé d'identification des principaux genres de la famille des Ranunculaceae présents dans les AlpesPour chaque plante de la rocaille, choisissez entre les deux alternatives 1. puis continuez de même pour chaque chiffre jusqu'à arriver à l'un des 12 genres (Clematis, Delphinium, Aconitum, etc.). Dans le cas des Aconits, identifiez les 3 espèces alpines. Vérifiez vos identifications sur l'étiquette des plantes
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