eric reinhardt

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/ 86 6 es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net Éric Reinhardt France Né en 1965 à Nancy, Éric Reinhardt est un romancier et éditeur de livres d’art français. Dès la toute première œuvre de l’écri- vain, le roman Demi-sommeil (qu’il fait paraître en 1998 aux édi- tions Actes Sud), le ton est donné. L’auteur a la critique satirique socio-familiale ancrée profondément dans le style et l’écriture. Chaque nouveau pas franchi dans le parcours d’Éric Reinhardt semble venir consolider cet état de fait. C’est surtout son deu- xième livre, intitulé Le Moral des ménages et publié aux éditions Stock en 2002, qui semble le plus confirmer l’omniprésence de cette atmosphère psychologiquement oppressante qui plane entre les lignes ouvertement et amèrement sarcastiques de l’auteur. Éric Reinhardt est également éditeur en free-lance de livres d’art. C’est l’occasion renouvelée pour lui de travailler en collaboration avec différents artistes, dont le chorégraphe Ange- lin Preljocaj, l’architecte Christian de Portzamparc, le plasticien Sarkis ou encore le créateur de chaussures Christian Louboutin. L’auteur Zoom © Francesca Mantovani Le Système Victoria (Stock, 2011) (524 p.) L’argent, le pouvoir, les privilèges Feuille d’Or de la ville de Nancy, 2011 Si David Kolski, architecte reconverti en directeur de travaux, avait renoncé à adresser la parole à cette inconnue croisée dans une galerie marchande, s’il lui avait dit : « Excusez-moi, je suis désolé, je vous ai pris pour quelqu’un d’autre », s’il avait su qu’en abordant une femme de cette stature il entraînerait son existence dans une direction impossible, Victoria de Winter n’aurait pas trouvé la mort onze mois jour pour jour après leur rencontre. Aujourd’hui, elle serait encore vivante, David ne vivrait pas retiré dans un hôtel de la Creuse, séparé de sa femme et de ses filles. Il n’aurait pas été détruit par le rôle qu’il a joué dans ce drame ni par les deux jours de garde à vue qui en ont découlé. Seulement, le visage de Victoria s’est tourné vers le sien et David a aussitôt basculé dans sa vie. L’œuvre Le Système Victoria (Stock, 2011) (524 p.) Feuille d’Or de la ville de Nancy, 2011 Cendrillon (Stock, 2007 ; LGF, 2008) (577 p.) Existence (Stock, 2004 ; Livre de Poche, 2006 INDISPONIBLE) (334 p.) Le Moral des ménages (Stock, 2002 ; LGF, 2003) (261 p.) Demi-sommeil (Actes Sud, 1998 ; Points, 2010) (295 p.) La presse (suite) La presse « Le Système Victoria mêle ainsi brillamment l’intime et l’uni- versel, électrisant roman d’amour, mélancolique et tendre, histoire de sexe puissamment érotique et portrait au vitriol d’une époque dont la lecture s’avère de plus en plus com- plexe. Dominée par les excès de la finance qui conduisent droit à la crise que nous vivons aujourd’hui - c’était le su- jet de Cendrillon -, mais aussi plombée par une gauche étri- quée, enfermée dans ses principes, pusillanime et immobile. » Télérama « Et si l’on apprend dès le début que Victoria finira mal, c’est pour comprendre aussitôt que le destin de David ne sera guère plus enviable : une fois entré dans le système, on gagne avec lui, rarement, ou on tombe avec lui, presque toujours. Ce n’est pas une morale, bien sûr, mais la tonalité pessimiste de ce puissant roman qui tient les promesses de son prédécesseur. » Le Magazine Littéraire « Alliant une facture classique et une construction subtile, ce cinquième roman d’Eric Reinhardt tend un miroir implacable à notre époque. Quel livre fascinant ! » Lire

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Eric Reinhardt

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/ 866es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net

Éric ReinhardtFrance

Né en 1965 à Nancy, Éric Reinhardt est un romancier et éditeur de livres d’art français. Dès la toute première œuvre de l’écri-vain, le roman Demi-sommeil (qu’il fait paraître en 1998 aux édi-tions Actes Sud), le ton est donné. L’auteur a la critique satirique socio-familiale ancrée profondément dans le style et l’écriture. Chaque nouveau pas franchi dans le parcours d’Éric Reinhardt semble venir consolider cet état de fait. C’est surtout son deu-xième livre, intitulé Le Moral des ménages et publié aux éditions Stock en 2002, qui semble le plus confirmer l’omniprésence de cette atmosphère psychologiquement oppressante qui plane entre les lignes ouvertement et amèrement sarcastiques de l’auteur. Éric Reinhardt est également éditeur en free-lance de livres d’art. C’est l’occasion renouvelée pour lui de travailler en collaboration avec différents artistes, dont le chorégraphe Ange-lin Preljocaj, l’architecte Christian de Portzamparc, le plasticien Sarkis ou encore le créateur de chaussures Christian Louboutin.

L’auteur Zoom

© Francesca Mantovani

Le Système Victoria (Stock, 2011) (524 p.)

L’argent, le pouvoir, les privilèges

Feuille d’Or de la ville de Nancy, 2011Si David Kolski, architecte reconverti en directeur de travaux, avait renoncé à adresser la parole à cette inconnue croisée dans une galerie marchande, s’il lui avait dit : « Excusez-moi, je suis désolé, je vous ai pris pour quelqu’un d’autre », s’il avait su qu’en abordant une femme de cette stature il entraînerait son existence dans une direction impossible, Victoria de Winter n’aurait pas trouvé la mort onze mois jour

pour jour après leur rencontre. Aujourd’hui, elle serait encore vivante, David ne vivrait pas retiré dans un hôtel de la Creuse, séparé de sa femme et de ses filles. Il n’aurait pas été détruit par le rôle qu’il a joué dans ce drame ni par les deux jours de garde à vue qui en ont découlé. Seulement, le visage de Victoria s’est tourné vers le sien et David a aussitôt basculé dans sa vie.L’œuvre

Le Système Victoria (Stock, 2011) (524 p.) Feuille d’Or de la ville de Nancy, 2011Cendrillon (Stock, 2007 ; LGF, 2008) (577 p.)Existence (Stock, 2004 ; Livre de Poche, 2006 INDISPONIBLE) (334 p.)Le Moral des ménages (Stock, 2002 ; LGF, 2003) (261 p.)Demi-sommeil (Actes Sud, 1998 ; Points, 2010) (295 p.)

La presse (suite)

La presse

« Le Système Victoria mêle ainsi brillamment l’intime et l’uni-versel, électrisant roman d’amour, mélancolique et tendre, histoire de sexe puissamment érotique et portrait au vitriol d’une époque dont la lecture s’avère de plus en plus com-plexe. Dominée par les excès de la finance qui conduisent droit à la crise que nous vivons aujourd’hui - c’était le su-jet de Cendrillon -, mais aussi plombée par une gauche étri-quée, enfermée dans ses principes, pusillanime et immobile. »

Télérama

« Et si l’on apprend dès le début que Victoria finira mal, c’est pour comprendre aussitôt que le destin de David ne sera guère plus enviable : une fois entré dans le système, on gagne avec lui, rarement, ou on tombe avec lui, presque toujours. Ce n’est pas une morale, bien sûr, mais la tonalité pessimiste de ce puissant roman qui tient les promesses de son prédécesseur. »

Le Magazine Littéraire« Alliant une facture classique et une construction subtile, ce cinquième roman d’Eric Reinhardt tend un miroir implacable à notre époque. Quel livre fascinant ! »

Lire

/ 876es Assises Internationales du Roman / Un événement conçu et réalisé par Le Monde et la Villa Gillet / Du 28 mai au 3 juin 2012 aux Subsistances (Lyon) / www.villagillet.net

Existence (Stock, 2004 ; Livre de Poche, 2006 INDISPONIBLE) (334 p.)

Diplômé d’une école prestigieuse, obsédé de logique et fanatique de l’œuvre de Wittgenstein, Jean-Jacques Carton-Mercier est devenu à près de quarante ans un cadre supérieur détestable qui méprise ses contemporains. Égocentrique et conformiste, il se comporte en tyran

domestique avec son épouse et ses deux enfants. Mais un fait anodin - l’achat d’un Bounty dans une boulangerie - va déclencher dans sa vie une série de catastrophes. Ce misanthrope sûr de ses valeurs et de sa supériorité intellectuelle va rencontrer l’hostilité de ses semblables, découvrir ses faiblesses et ses doutes sur l’existence qu’il s’est construite. La folle journée de Carton-Mercier, d’humiliations en désastres, est un vrai régal pour l’esprit. Épousant la pensée chaotique du narrateur, souvenirs, hypothèses et inventions diverses bousculent le récit. L’enchaînement inattendu des dialogues et des situations, l’apparition de personnages burlesques font de cette étrange satire le roman le plus drôle et le plus surprenant qui soit.

Le Moral des ménages (Stock, 2002 ; LGF, 2003) (261 p.)

« Faiblesse des dépenses d’énergie ! Accroissement du taux d’épargne ! Effondrement du moral des ménages ! Cet article désignait ma mère avec une telle clarté qu’il n’était pas utile de lire son nom pour savoir qu’il s’agissait d’elle. Barbara Füller accusait ma mère frontalement d’avoir ralenti la croissance. Il aurait

pu y avoir un encadré consacré à ses habitudes de consommation, une photographie l’aurait représentée dans sa cuisine épluchant des courgettes, vêtue d’une robe de chambre élimée, un économe à la main. Examinant la photographie, le sociologue le moins subtil aurait pu en induire avec certitude que le moral de ma mère était au plus bas. En réalité, le moral de ma mère était au plus bas depuis qu’elle s’était mariée. Le moral de ma mère avait décliné lentement, régulièrement, inexorablement, au fil des ans. Elle avait perdu toute confiance en l’avenir.»

L’homme d’affaires qui l’emploie a envoyé Bruno Stepfer à Las Vegas, où il est censé prendre de fruc-tueux contacts commer-ciaux. C’est là, dans cette ville artificielle érigée en plein désert, que Bruno, médusé, pris au piège d’un décor hystérique, devient enfin le héros du film de sa

vie. Ce sera une grande histoire d’amour et son héroïne aura pour nom Judith, une jeune New yorkaise. Mais à Paris l’attend Margot, avec qui Bruno vit. Peu à peu le scénario amé-ricain dont, de Las Vegas à Manhattan, Bruno réactive compulsivement l’épisode amoureux, infiltre son existence au prix de la disparition de la réalité tout entière et d’une effective dé-chéance sociale. Né sans doute trop tard dans un monde trop vieux, Bruno Stepfer est de ces enfants du siècle qui rencontrent, en leur temps et à leur manière, les interrogations et le mal-être de leurs historiques aînés. Le décor a changé et les mythes ne sont plus les mêmes mais il en est du désir ce qu’il en fut toujours : il a un rêve et des images sur lesquelles une existence peut définitivement se fracasser. Car, à cause d’«une femme qui n’était pas son genre», et d’une autre dont il ne sait s’il l’aime, Bruno perd pied, s’exile, alors même que notre meilleur des mondes, à sa portée, lui envoie tous les signes d’un terrifiant encouragement à regagner ses rives.

Demi-sommeil (Actes Sud, 1998 ; Points, 2010) (295 p.)

Laurent Dahl prend la fuite, abandonnant femme, enfants, appartement londonien et domestiques. Son ascension fulgurante dans une société d’investissements vient de s’achever en faillite. Patrick Neftel roule à vive allure vers un studio de télévision, des armes cachées dans le

coffre de sa voiture, pour accomplir le geste radical et désespéré qui lui donnera enfin le sentiment d’exister. Thierry Trockel conduit son épouse vers un manoir isolé aux environs de Munich. Ils doivent y retrouver un couple rencontré sur Internet. À travers ces trois personnages issus d’une classe moyenne, c’est la société dans toute sa rudesse qui se révèle : traders bourrés de cocaïne, laissés pour compte de la promotion sociale, parents soumis et humiliés, adolescents rageurs, jeunes gens avides et ambitieux, arrogance et dégradation des people, mépris des intellectuels de gauche pour les déclassés. Cendrillon est le roman que l’on attendait sur notre monde, un monde qui agonise et ressuscite d’un marché financier à l’autre : documenté, précis, captivant. On se passionne pour les paris périlleux des spéculateurs qui jouent avec l’argent des autres, au risque de tout perdre.

Cendrillon (Stock, 2007 ; LGF, 2008) (577 p.)