etats-unis d’afrique préalables et perspectives d’avenir · et à maximiser les bénéfices...

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Etats unis d’Afrique • page Paper 4 • Juin 2007 Introduction. Selon les analystes, l’intégration est un processus qui commence par la Zone de Libre Echange pour se terminer par l’Union Politique. Les autres étapes du processus comprennent l’Union Douanière, le Marché Commun et l’Union Economique. Selon les théoriciens de l’intégration, le passage d’une étape à une autre est déterminé par l’accomplissement de tous ou mieux de la majorité des exigences de ladite étape. L’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) a été créée en 963 avec comme but principal l’intégration des pays africains. L’objectif poursuivi était de créer une union susceptible de mener au développement de tout le continent par le renforcement de la coopération inter-étatique dans l’exploitation rationnelle de leurs ressources. En 2002, l’Union Africaine a été lancée à Durban, en Afrique du Sud. Les leaders africains avaient alors estimé que l’OUA avait accompli sa mission de décoloniser les pays africains, et qu’il était donc temps d’évoluer d’un cadre purement politique vers une organisation destinée à l’intégration économique et le développement social, lesquels sont des préalables devant conduire à l’unité politique. L’approche fédéraliste adoptée dans la mise en place des structures de l’Union Africaine laisse penser que l’intégration du continent africain a atteint l’étape de l’union politique, stade final dans le processus d’intégration. Le présent travail a comme objectif d’examiner le processus d’intégration du continent africain depuis 963 afin d’évaluer, au regard de la théorie d’intégration régionale, si le continent africain, dans sa situation actuelle, est prêt à passer à l’étape politique de son processus d’intégration. Cet article comprend ainsi quatre parties, hormis l’introduction et la conclusion. Elles sont successivement consacrées à la théorie de l’intégration régionale; aux rétrospectives et tendances actuelles de l’intégration en Afrique; à une évaluation critique du processus d’intégration en Afrique ainsi qu’aux préalables et perspectives d’avenir pour les Etats-Unis d’Afrique. De la théorie de l’intégration régionale. Le caractère de la présente étude ne saurait normalement pas nous garantir suffisamment de latitude à pouvoir engager le débat sur la théorie de l’intégration régionale. Toutefois, le fait qu’elle se veut une évaluation du processus ou mieux de la pratique de l’intégration régionale en Afrique depuis la création de l’OUA nous oblige à brosser, ne fût-ce que succinctement, ladite notion pour autant que nos critiques sur les efforts africains entrepris dans ce sens jusqu’à ce jour ne seront fondées que si elles s’érigent sur la théorie ainsi établie. Dans les points qui suivent, nous tentons ainsi de définir le concept d’intégration régionale avant de pouvoir discuter les motivations qui poussent les Etats à s’intégrer ainsi que les différentes formes et/ou étapes pouvant être revêtues ou requises par l’intégration régionale. Tentative de définition. Selon Jens Harlov (997, p.5), «l’intégration régionale se définit en tant que processus à travers lequel un groupe d’Etats-nations s’engagent volontairement et librement à s’accorder à des degrés variés accès à leurs marchés respectifs et mettent sur pied des mécanismes et techniques destinés à minimiser leurs conflits éventuels et à maximiser les bénéfices économiques, politiques, sociaux et culturels aussi bien intérieurs qu’extérieurs de leurs interactions.» En ce sens, Harlov estime que l’intégration régionale se rapproche du concept de coopération régionale auquel il ne saurait pourtant se réduire. Il définit alors la coopération régionale comme étant un «processus à travers lequel des Etats-nations s’engagent à résoudre en commun leurs problèmes et améliorent les conditions susceptibles de leur permettre L’intégration est un processus qui se réalise en étapes. Le passage d’une étape à une autre est déterminé par l’accomplissement des exigences de ladite étape. Etats-Unis d’Afrique Préalables et perspectives d’avenir Par Umba Dindelo et Sadiki Koko ISS Paper 141 Juin 2007 Prix: R15.00

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Etatsunisd’Afrique•page� Paper�4�•Juin2007

Introduction.

Selon lesanalystes, l’intégrationestunprocessusquicommence par la Zone de Libre Echange pour seterminer par l’Union Politique. Les autres étapes duprocessuscomprennentl’UnionDouanière,leMarchéCommunetl’UnionEconomique.Selonlesthéoriciensdel’intégration,lepassaged’uneétapeàuneautreestdéterminéparl’accomplissementdetousoumieuxdelamajoritédesexigencesdeladiteétape.

L’Organisationdel’UnitéAfricaine(OUA)aétécrééeen �963 avec comme but principall’intégrationdespaysafricains.L’objectifpoursuivi était de créer une unionsusceptibledemeneraudéveloppementdetoutlecontinentparlerenforcementde la coopération inter-étatique dansl’exploitation rationnelle de leursressources.

En2002,l’UnionAfricaineaétélancéeàDurban,enAfriqueduSud.Lesleadersafricainsavaientalorsestiméquel’OUAavaitaccomplisamissiondedécoloniserles pays africains, et qu’il était donctemps d’évoluer d’un cadre purementpolitiqueversuneorganisationdestinéeà l’intégration économique et le développementsocial,lesquelssontdespréalablesdevantconduireàl’unité politique. L’approche fédéraliste adoptée dansla mise en place des structures de l’Union Africainelaissepenserque l’intégrationducontinentafricainaatteintl’étapedel’unionpolitique,stadefinaldansleprocessusd’intégration.

Le présent travail a comme objectif d’examiner leprocessus d’intégration du continent africain depuis�963afind’évaluer,auregarddelathéoried’intégrationrégionale, si le continent africain, dans sa situationactuelle, est prêt à passer à l’étape politique de sonprocessus d’intégration. Cet article comprend ainsiquatreparties,hormis l’introductionet laconclusion.Elles sont successivement consacrées à la théorie del’intégrationrégionale;auxrétrospectivesettendances

actuellesdel’intégrationenAfrique;àuneévaluationcritique du processus d’intégration en Afrique ainsiqu’aux préalables et perspectives d’avenir pour lesEtats-Unisd’Afrique.

De la théorie de l’intégration régionale.

Le caractère de la présente étude ne sauraitnormalement pas nous garantir suffisamment delatitude à pouvoir engager le débat sur la théoriede l’intégration régionale. Toutefois, le fait qu’elleseveutuneévaluationduprocessusoumieuxdela

pratique de l’intégration régionale enAfrique depuis la création de l’OUAnous oblige à brosser, ne fût-ce quesuccinctement,laditenotionpourautantquenoscritiquessurleseffortsafricainsentreprisdanscesensjusqu’àcejourneserontfondéesquesielless’érigentsurlathéorieainsiétablie.Danslespointsquisuivent,noustentonsainsidedéfinirleconceptd’intégrationrégionaleavantdepouvoirdiscuterlesmotivationsquipoussent les Etats à s’intégrer ainsiquelesdifférentes formeset/ouétapespouvant être revêtues ou requises parl’intégrationrégionale.

Tentative de définition.

SelonJensHarlov(�997,p.�5),«l’intégrationrégionalesedéfinitentantqueprocessusàtraverslequelungrouped’Etats-nationss’engagentvolontairementetlibrementàs’accorderàdesdegrésvariésaccèsàleursmarchésrespectifs et mettent sur pied des mécanismes ettechniquesdestinésàminimiserleursconflitséventuelsetàmaximiserlesbénéficeséconomiques,politiques,sociauxetculturelsaussibien intérieursqu’extérieursdeleurs interactions.»Encesens,Harlovestimequel’intégration régionale se rapproche du concept decoopérationrégionaleauquelilnesauraitpourtantseréduire.Ildéfinitalorslacoopérationrégionalecommeétantun«processusàtravers lequeldesEtats-nationss’engagentàrésoudreencommunleursproblèmesetaméliorentlesconditionssusceptiblesdeleurpermettre

L’intégrationestunprocessusquiseréaliseenétapes.Lepassaged’uneétapeàuneautreestdéterminéparl’accomplissementdesexigencesde

laditeétape.

Etats-Unis d’AfriquePréalables et perspectives d’avenirPar Umba Dindelo et Sadiki Koko

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individuellementde jouirdebénéficeséconomiques,politiques, sociauxetculturels intérieursetextérieursde leurs interactions.»Ainsi,dans lacoopération, lesEtats privilégient le bénéfice individuel, tandis quedansl’intégrationlapréférenceestaccordéeaugroupeentantquecommunauté.Lacoopérationaboutitdoncàunesimpleconsolidationdecollaborationfructueuseentre entités différentes pendant que l’intégrationpoursuitl’objectiffinaldefusioninstitutionnelle.C’estcequia faitdireàHaas (citéparHarlov�997,p.�4)que «l’étude de l’intégration régionale cherche àexpliquercommentetpourquoilesnationsacceptentd’aliéner une partie de leur souveraineté, commentetpourquoielles se joignent, s’allientà leursvoisins,s’amalgament avec ces derniers, perdant au passageunepartieimportanted’attributsdeleursouverainetétoutenacquerrantbiensûrdenouvellestechniquesderésolutiondeleursconflitséventuels.»

Poursapart,Lavergne(�997,p.2)pensequelanotiond’intégrationrégionalen’estpasseulementconfondueàcelledecoopérationrégionale.Ildécouvreainsique«danslalittérature, leconceptd’intégrationrégionalerevêtmajoritairementunecaractéristiquepurement économique au point dese confondre avec celui d’intégrationéconomique. Cependant, [estime-t-il] l’intégration régionale ne saurait selimiter aux seuls aspects économiques;elle couvre un éventail importantd’activitésdesecteurpubliccomprenantnon seulement la coordination despolitiques économiques, mais aussi lasécuritérégionale,lesdroitsdel’homme,l’éducation, la santé, la recherche etla technologie ainsi que la gestiondes ressources naturelles. Le conceptd’intégration régionale parait donc[conclut-il] beaucoup plus large queceluid’intégrationéconomique.»

Motivations pour l’intégration régionale.

Si l’intégration régionale peut, ainsi, être entenduecommeleprocessusparlequellesEtatssejoignentlesunsauxautres,aliénantainsivolontairementunepartieimportantedeleursouveraineté, l’inévitablequestionquiendécouleestcelledesavoirpourquoiilsagissentdelasorte.

Depuislafindela2èmeguerremondiale,en�945,lesnationsdumondesesontpréoccupéesdemettresurpieds des structures supranationales (entendues danslesensd’‘inter-nationales’)susceptiblesdedissiperleséventuelles suspicions réciproques et de promouvoirla coopération entre elles. Cependant, les rivalitéscaractérisantlapérioded’après-guerre,communémentconnue sous le nom de «guerre froide», poussèrentvite les organisations régionales et sous-régionalesà privilégier les préoccupations d’ordre sécuritaire

et/ou politique au détriment des objectifs purementéconomiques et sociaux. Avec la fin de la guerrefroide, le paradigme sécuritaire jadis caractérisant lapériode de la guerre froide a connu une évolutionpermettant aux regroupements régionaux d’élargirégalementleurconceptionsécuritaireverslapriseencomptedesadimensionhumaine.

Nonobstant l’influence exercée par la 2ème guerremondialeet laguerre froide,desmotivationsd’ordredivers amènent les Etats à rechercher l’intégrationrégionale. Le professeur camerounais Jean Mfoulou(�986, p.6�) estime qu’en considérant la littérature«six facteurs principaux peuvent pousser les Etats àdésirer s’unir. Notamment le sentiment d’insécuritédû à un danger militaire provenant de l’extérieur;le désir d’obtenir l’indépendance de puissancesétrangères; l’espoir d’obtenir des avantageséconomiques;uneassociationpolitiqueantérieure;laproximité géographique; et des institutionspolitiquessemblables.»Poursapart,laCommissionEconomiquedesNationsUniespourl’Afrique(2004,pp.�0-�7)situela motivation des Etats à œuvrer pour l’intégration

régionale dans les bénéfices quel’aboutissement d’un tel processus leurprocurerait.SelonlaCommission,lesditsbénéficescomprennentlespossibilitésetladiversificationdeséchanges,leseffetspositifsdelaconcurrence,lacroissancede l’investissement, ladélocalisationdela production […], l’accroissement dupouvoirdemarchandage,lacoopération,la garantiede sécurité et réductiondestensions, l’intégration régionale ainsique la croissance collective.» Harlov(�997, p.�5) estime ainsi que l’objectifde l’intégration régionale pour les Etatsqui la poursuivent est de parvenir à lamiseenplacedespolitiquescommunesdans des secteurs aussi variés que

la monnaie, le fisc, l’agriculture, la concurrence,l’industrie (manufactureetservices), lecommerce, lemouvement des capitaux et de la main-d’œuvre, lesocial,l’environnement,letransportetc.

Cependant, l’intégration régionale ne s’est paspoursuivie et/ou réalisée suivant un modèle uniqueà travers les temps et les espaces. Dépendant desobjectifsprioritairespoursuivisparlesEtats,l’intégrationrégionalerevêtdesformesdifférenteset/ouestpasséepardesétapesvariées.

Formes et/ou étapes d’intégration régionale.

SelonlaCommissionEconomiquedesNationsUniespour l’Afrique (2004, p.�0), l’intégration régionaleprendunevariétédeformes(et/ouétapes):

La Zone d’Echange Préférentiel: Ici, les Etatsmembres appliquent des tarifs moins élevés aux

Desmotivationsdiversesamènentles

Etatsàrechercherl’intégration

régionaledontl’objectifestde

parveniràlamiseencommun

despolitiquescommunes.

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importations produites par d’autres membres delacommunautéparrapportàcellesproduitesparles Etats tiers. En outre, les Etats membres de lacommunauté peuvent s’accorder sur un systèmedetarificationidentiqueàappliquerauxEtatstiers.La Zone de Libre Echange: C’est une zoned’échange préférentiel qui abolit toute tarificationsur les importationsprovenantdesEtatsmembresde la communauté. En outre, comme c’est lecas avec la zone d’échange préférentiel, ici aussiles Etats membres de la communauté peuventmettreenplaceuntarifidentiqueàappliquerauximportationsprovenantdesEtatstiers.L’UnionDouanière:C’estunezonedelibreéchangedans laquelle les membres de la communautéimposent une tarification commune et identiqueauxEtatstiers.Ilspeuventégalement,pourmieuxy parvenir, céder leur souveraineté à une uniqueadministrationdouanière.Le Marché Commun: C’est une union douanièreavec libre circulation des facteurs de production(capital, main-d’œuvre) à travers les frontièresnationalesdesEtatsmembresdelacommunauté.L’Union Economique: C’est un marché communavec politique monétaire et fiscale unifiées, voireunemonnaieunique.L’UnionPolitique:C’estl’étapeultimedel’intégration.Ici, les Etats membres de la communautéfusionnentpourdevenirunenation.Lesdifférentsgouvernementsnationauxcèdentleursouverainetéenmatièredespolitiqueséconomiquesetsocialesà une autorité supranationale, établissent desinstitutions communes ainsi que des mécanismesjudiciaires et législatifs dont un parlementcommun.

Selon El-Agraa (cité par la Commission 2004, p.�7),«les Etats sont libres de commencer par l’une oul’autreétape.Toutefois,engénéral,laplupartpréfèrentcommencer par la libéralisation des échanges avantd’introduire les autres mécanismes beaucoup pluslargesetcomplexes.»

En conclusion, il sied de remarquer que la zoned’échangepréférentiel,lazonedelibreéchange,l’uniondouanière, le marché commun, l’union économiqueainsiquel’unionpolitiquesonttoutàlafoisdesétapesdansleprocessusd’intégrationrégionaleetdesformesàpartentièred’intégrationrégionale.Ainsi,parexemple,pourl’Europe,ilsontconstituédesétapesàcequitendà être aujourd’hui une union politique européenne.Cependant, pour des associations à objectifs limitéscommel’UnionDouanièred’AfriqueAustrale(SACU)entre l’Afrique du Sud, le Swaziland, le Lesotho, leBotswanaet laNamibie, l’uniondouanièreconstitue,elleseule, l’objectif finalde l’association. Ilenestdemêmeavecl’AccorddeLibreEchanged’AmériqueduNord (NAFTA) entre les Etats-Unis, le Canada et leMexique qui n’envisage pas une quelconque unionpolitique.

Laquestionquipeutêtreposéeestcelledesavoirsila conception actuelle des Etats africains considèreces différentes formes comme des étapes ou desobjectifs.

Intégration en Afrique: Rétrospectives et tendances actuelles.

Bref aperçu.

L’Organisation de l’Unité Africaine, OUA, avait étécréée le 25 Mars �963 à Addis Abéba, capitale del’Ethiopie.Asacréation,ellecomptait32EtatsafricainstandisquelorsdesatransformationenUnionAfricaine,UA,enjuillet2002àDurbanenAfriqueduSud,elleencomptait53.TouslesEtatsafricainssontainsimembresde l’Organisation, à l’exception du Maroc qui s’enétaitretiréen�986enprotestationàl’admissiondelaRépubliqueArabeSahraouiDémocratiqueouSaharaOccidental.

Bienavantmêmequel’OUAfûtcréée, lesdirigeantsafricains s’étaient déjà divisés en deux groupes: legroupedes“radicaux”etceluides “modérés”.Encequiconcernaitlanaturedel’Organisationdevantêtrecréée, le groupe dit des radicaux ou de Casablancaproposal’unionpolitiqueimmédiatedetouslesEtatsafricains–dumoinsceuxquiavaientdéjàacquisleursindépendences–alorsquelesmodérésenappelaientàunesimpleassociation–moinsrigide–fondéesurlacoopérationfonctionnelledetouslesEtats.

Enguisedecompromis,l’OUAs’estretrouvéeoscillantentrelesidéologiesd’unitéafricaineetd’indépendancesouveraine des Etats, quoique la balance penchaitbeaucoupplusducôtédelasecondetendance.

Premières années d’indépendance et l’idéologie du Panafricanisme: la création de l’OUA.

La deuxième moitié des années 50 aura étésignificative en ce qui concerne l’effort d’intégrationenAfrique.Ellesymbolisel’èredudéveloppementdela «conscience non-alignée» d’une part, et le débutd’émancipationpolitiquedesEtatsafricainsengénéralet plus particulièrement de ceux au sud du Saharaavecl’accessionduGhanaàl’indépendanceen�957,d’autrepart.Unefoisindépendant,leGhanadevintleporte-flambeauaussibiendelacoopérationafricainequedelalibérationducontinent.

En effet, en avril �958, Accra abrita la premièreconférencedesEtatsindépendantsd’Afriquelesquels,à l’époque se consistaient notamment du Ghana,du Libéria, de l’Ethiopie, de l’Egypte, de la Tunisie,du Maroc, du Soudan ainsi que de la Libye.� Cetteconférence symbolisa un début de volonté decoopération sur les matières d’intérêt commun entreles Etats africains, une manifestation concrète d’une«PersonnalitéAfricaine»(Walraven�999,p.93).Ilétait

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alorsconvenu,àl’issuedecetteconférence,d’unifierdefaçonfondamentalelastratégiecontinentaleenmatièredesrelationsextérieuresainsiquedeparlerdésormaisd’uneseulevoixdanslesforumsinternationaux.

Cependant, la limitation des concertations africainesaux seuls Etats indépendants d’alors laissait augurerunedivisionartificielleentreAfricains, surtoutque ladécolonisationduresteducontinentparaissaitdeplusenplusimminente.Cecinécessitaainsilaconvocation,endécembre�958àAccramême,de laconférencede tous les peuples africains. Réservée aux seulsleadersd’Etatsencoresouscolonisation,laconférenceavait pour objectif principal d’étendre l’assise del’idéologie panafricaine et d’intensifier la lutte pourl’indépendance totale du continent. Avec l’accessionmassive de ‘nouveaux’ Etats à l’indépendance aucourant de l’an �960, le groupe d’Etats africainsindépendants s’élargit de façon très significative. Cetaccroissement numérique rapide aura, entre autre,comme corollaire le développement des blocs (voirsupra) au sein de la communauté africaine. Cesdivisionsquidevinrentplusapparentesdèsjuin�9602lors de la deuxième conférence desEtats indépendants d’Afrique tenue àAddis Abéba en Ethiopie, ne purentpourtant pas empêcher les dirigeantsafricains à maintenir leur déterminationà unifier leur continent. Ainsi, en mi-mai �963, toute l’Afrique convergeaune fois de plus à Addis Abéba enEthiopie pour consacrer la créationde l’Organisation de l’Unité Africaine,OUA. L’expression ‘toute l’Afrique’ seréfère ici à l’aspectunificateurdecetteconférenceinauguralequiadmitensonsein aussi bien les représentants desgouvernements des Etats africains déjàindépendants que les délégués – avecqualité d’observateurs – des peuplesencoresouscolonisation.3

Les revers des années 70 et l’adoption du Plan d’Action de Lagos (PAL).

L’OUAémergedoncen�963commeuneorganisationde tous les Etats africains, affichant les apparencesd’unestructurepluspréoccupéedecoopérationentreEtatsindépendantsetégaux–commeenvisagéparlesmodérés – que de fusion fédérale, comme l’auraientsouhaité les radicaux. «Dès lors que l’unité africaineest conçue dans le cadre d’une coopération entreEtats indépendants, il est normal que la premièrepréoccupation de ces Etats soit la défense de leursouveraineté [nouvellement conquise], leur intégritéterritoriale et leur indépendance» (Abdoul, Koffi etFethi�984,p.�3).C’estcequeAbdoul,KoffietFethi(�984, p.�3) considèrent «les objectifs politiques»de l’OUA. Sur le plan économiqueet socioculturel,l’article2delaChartedel’OUAdéclareensonalinéa

b.qu’undesobjectifsdel’OUAestdecoordonneretd’intensifier lacoopérationentreEtatsainsique leurseffortspouroffrirdemeilleuresconditionsd’existenceauxpeuplesd’Afrique.

Cependant,l’OUAsetournaviteenuneorganisationessentiellementpolitique.Plusieursfacteursexpliquentcettetendance.Premièrementlanaturedeséconomiesafricaines (extraverties et limitées à l’exportation desmatièrespremièresminièresetagricoles)réduisait lespossibilitésdecoopérationéconomiqueinterafricaine.Deuxièmement, leurs dépendances extérieuresrespectiveslesdivisaientplusqu’ellesnelesunissaienten ce sens qu’elles les obligeaient à se définir parrapport aux deux blocs idéologiques en présence.Troisièmement, la plupart de dirigeants devenaient,dèslelendemaindesindépendances,deplusenpluspréoccupés par leur survie politique à une périodeoù les coups d’état tendaient à se généraliser sur lecontinent.Ilsétaientdonc,désormais,pluspréoccupésd’accroîtrelescapacitésdesmécanismespolitiquesetsécuritairesdeleursrégimesrespectifsquedesobjectifséconomiques, surtout dans les pays où l’accession à

l’indépendance était directement suiviedesviolencespolitiquesetcontestationsarmées.Enfin,l’OUAambitionnaitd’êtrel’unique organisation de tous les Etatsafricains. Le fait que certains d’entreeux,particulièrementenAfriqueaustraleet/ou d’expression portugaise, restaientencore sous domination colonialeou des minorités étrangères, l’OUAs’engageait avant tout à déployer leseffortspolitiquesetmilitairesnécessairesà leur émancipation la plus immédiatepossible.

Malheureusement,alorsquelesrégimespolitiquesdespaysafricainsallaientenserenforçant–du faitde lagénéralisation

du système de la personnalisation du pouvoir, fut-ilcivil ou militaire – la situation socio-économique ducontinentcontinuaàsedétériorer.Cettesituationétaitégalementtributairedeplusieursfacteursdontcertainsintérieurs et d’autres extérieurs au continent. Dupointdevue interne,Naldi (�999,p.240) aligne«lesprogrammeséconomiquesmalconçus,lemanquedesressourcesfinancières,lesdéficienceseninfrastructuresphysiques et institutions, l’insuffisance en capacitémanagériale.Toutceciconduisantàlacorruption,audéveloppementinadéquatdesressourceshumaines,àl’instabilitépolitiqueainsiqu’auxdisparitésentermesdedéveloppemententrelesmilieuxurbainsetruraux,aggravéespardespolitiquesagricolesinadaptéesauxréalités environnementales et ne tenant pas comptede la démographie galopante.»Du point de vueextérieur,lacriseéconomiqueglobaledesannées70entraînantlabaissedanslestermesd’échangeencequiconcerne lesprixdesmatièrespremièresaffecta trèsnégativementleséconomiesdeplusieurspaysafricains

L’OUAémergedoncen�963commeuneorganisationdetouslesEtats

africains,affichantlesapparences

d’unestructurepluspréoccupéede

coopérationentreEtatsindépendants.

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dontlaplupartdéjàdépendaientdel’exportationd’unseulproduitagricoleouminier.Aceciilsiedd’ajouterladiminutionde l’aideextérieureet lescoûts liésauservicedeladetteextérieure.

Pourtantencréantl’OUAen�963,lesleadersafricainss’étaientengagésàharmoniserleurspolitiquesdanslesdomaineséconomique,techniqueetsocial.Toutefois,ils étaient convaincus que «le développement et lacoopération économiques entre [leurs] Etats … nedevraient pas conduire à l’isolement du continentmais à sonouverture sur lemondeextérieur envuede promouvoir une coopération juste et équitableà l’échelle internationale. Seulement [ajoutaient-ils],l’Afriquedevraitd’abordetavanttoutcoopéreravecelle-même,unifiersesénormespotentialitéséconomiquesetsesmarchés,exploitersescomplémentaritésenvued’undéveloppementéconomiqueharmonieuxdetoutlecontinent.»(Abdoul,KoffietFethi�984,p.�4)

Finalement, en février �979, l’OUA organisa encollaboration avec la Commission Economique(des Nations Unies) pour l’Afrique un colloque àMonrovia (Libéria)sur les«perspectivesde développement et de croissanceéconomiquepourl’an2000.»Ils’ensuivitl’adoption en juillet de la même annéepar l’Assemblée des Chefs d’Etat et deGouvernementdela‘RésolutionAHG/ST(XVI)Rev.I’connuesousl’appellationde«DéclarationdeMonroviad’engagementdes Chefs d’Etat et de Gouvernementde l’Organisation de l’Unité Africainesur les lignes directrices ainsi queles mesures pour l’auto-suffisancenationale et collective en matière dedéveloppement économique et socialen vue de l’établissement d’un nouvelordre économique international.» C’estcette déclaration qui balisa la voie àl’adoption, une année plus tard soit en avril �980,du Plan d’Action de Lagos (PAL). «La grande vertudu Plan d’Action de Lagos gît dans deux aspects: ilestpremièrement l’expressionde lavolontépolitiqueafricaine commune; deuxièmement, il adopte uneapproche objective et réaliste face à une situationglobalenécessitantaméliorationenvued’unprogrèsuniversel véritable» (OAU �982, iv). Par rapport àla théorie et à la pratique d’intégration, le PAL étaitcenséservirdeguidetopographiquepourl’intégrationéconomiqueducontinent.C’estdanscetteperspectivequ’il envisageait la création, en étapes, d’uneCommunauté Economique Africaine en vingt ans,soit en l’an 2000. Cette Communauté EconomiqueAfricaine avait déjà été envisagée en juillet �977 àLibreville, Gabon, faisant suite à une déclarationadoptée en décembre �976 à Kinshasa, RépubliqueDémocratiqueduCongo,dite‘déclarationdeprincipesur l’établissement d’une communauté économiqueafricaine’. En guise de stratégie pour une intégration

rapide, il était décidé de procéder à la création descommunautés économiques sous-régionales là oùellesn’existaientpasetàrenforcercellesquiexistaientdéjà. «Ces communautés devaient se créer sur basedenécessitésetlesEtatsquiallaientlescréerdevaienten définir clairement les objectifs et la nature desactivités mais surtout s’engager à leur fournir lesassistances politique et financière nécessaires à leurfonctionnement»(OAU�982,p.90).

La fin de la guerre froide et nouvelles responsabilités pour l’OUA.

Jusqu’en2000,annéeinitialedelaconsécrationdelaCommunautéEconomiqueAfricaine,lePland’ActiondeLagosn’avaittoujourspasencoreconnuuneavancéesignificative en termes de son opérationnalisation.Certes,lescommunautéséconomiquessous-régionalesavaientétécrééesetcouvraient toutes lescinqsous-régionsducontinent.Cependant,aucuned’ellesn’avaitencoreréussiàfranchirlecapdel’établissementd’unmarchécommun.

Dans un effort d’identifier les raisonsayant conduit à l’échec du Pland’ActiondeLagos,Makgetlaneng(2003,p.3) relève l’ignorance ou mieux lanégligence par les dirigeants africainsde«lapertinencedel’élémentpolitiquedansleprojetd’intégrationrégionale.»Ensonsens, lesdirigeantsafricainsavaienterré en misant sur une homogénéitéillusoire du continent et croyant qu’ilsavaient tous une égale déterminationà réaliser l’intégration de leurs Etats.A ce problème, il ajoute l’ignoranceexpresse des masses par les dirigeantspourautantque«lePlannedésignepasclairement les agents sociaux devantréaliser les objectifs arrêtés. Le Plan

n’indiqueaucunemesurepropiceàlamobilisationdesmassesetàleurimplicationetparticipationàsamiseenœuvre.»Entermesclairs,«lePland’ActiondeLagosa tout simplement été une articulation collective parlesdirigeants[africains]deleurincapacitéàtenirleurspromessesd’indépendance. Ilne s’agissaitqued’unedémarche maligne pour recouvrer leur légitimité,désormais en danger. Le document était donc unetentative–parlesdirigeants–desegarantirunesurviepolitique»(Rau�99�,p.�23).

Faisantuneauto-évaluationcinqansplustard,lesChefsd’EtatetdeGouvernementafricainseux-mêmesnotèrentdans leur déclaration sur la situation économiqueen Afrique (�985) que «malgré l’acceptation par lesEtats de la philosophie, des principes et objectifs duPlan d’Action de Lagos, il continue à se poser unproblème de sa mise en œuvre et de la prise encomptedespolitiquescontinentalesdansl’élaborationdespolitiquesetprogrammesnationaux.»Uneannée

Parrapportàlathéorieetàlapratique

d’intégration,lePland’ActiondeLagos

étaitcenséservirdeguidetopographique

pourl’intégrationéconomiquedu

continent.

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auparavant, soit en �984, l’Assemblée Générale desNations Unies se disait «alarmée par la situationéconomiquecritiqueprévalantenAfrique.»4

Et,pendantquelePland’ActiondeLagostombaitendésuétude faute de mise en œuvre, les perspectiveséconomiques du continent allaient en s’empirant,contribuantainsiàunemarginalisationcontinuelledel’Afriqueàuneèreoùnonseulementlamondialisationdevenaitlarègledujeumaisaussioùlesautrespartiesdu Tiers Monde, notamment le Sud-Est asiatique,les Proche et Moyen Orients et l’Amérique latine,affichaient des signes convaincants de croissanceéconomique.

La diminution de l’importance de l’Afrique dans lagéopolitique internationale était déjà apparente aulendemaindelafindelaguerrefroide.Eneffet,lafindelaguerrefroideavaitcoupélesdirigeantsd’unbonnombred’Etatsafricainsd’unepartieimportantedeleurassistance financière et technique. Malheureusementcet abandon du continent par les super-puissanceset leurs alliés se produisit à une période où lesEtats africains étaient confrontés à unaffaiblissementsystématiqueetcroissantde leurs systèmes étatiques en mêmetemps que la crise de développementcontribuait à la désarticulation de leurssystèmessociauxinternes.

Endébutdeladécennie90,lesdirigeantsafricainsfaisaientdoncfacenonseulementauxcrisespolitiquesgénéréesparleventdedémocratisationsoufflantdel’Europedel’Estetsymboliséparla‘Perestroika-Glasnost’ mais aussi à de croissantesrevendicationssocialespardespeuplesqui attendaient jouir de potentialitésnaturelles que regorgent leurs pays. Ildécoulait de ce fait que la fin de laguerre froideavaitdavantageexacerbé lesdifficultésdes Etats africains, contraignant leur organisationcontinentale, l’OUA, à plus de responsabilités.Ainsi, en juin �99�, ils signèrent à Abuja le traitéétablissant la Communauté Economique Africaine.Parmilesobjectifsàréaliser,letraitéciteentreautrela libéralisation du commerce, l’établissement d’unmarchécommun,lalibrecirculationdespersonnesetdesbiens…(article4)

Ce traité est véritablement différent du Plan d’ActiondeLagos en ce sens qu’il offre un détail schématisédu processus d’intégration économique (et, parconséquent,politique)ducontinent.Encequiconcernedonc les modalités pratiques de l’établissement dela Communauté Economique Africaine, le processusserait graduel comprenant six étapes avec une duréedetransitionnedépassantpasuntotaldetrentequatreannéesaumoinsetquaranteansauplus.Lapremièrephaseestréservéeàlaconsolidationdescommunautés

économiques sous-régionales existantes. Elle doits’étendre sur cinq ans (�994 – �999). La deuxièmeétapenedoitpasdépasserhuitannées(�999–2007)et devra permettre aux communautés économiquessous-régionales de stabiliser leurs tarifs d’exportationet douaniers dans une perspective d’uniformisation.L’objectif ultime ici est d’arriver à une coordinationet harmonisation entre les activités de différentesorganisations économiques sous-régionales. A latroisième phase, chaque communauté économiquesous-régionale doit arriver, pendant une période nedépassantpasdixans(2007-20�7),àétablirunezonedelibreéchangeaprèssuppressiondestarifsdouaniers.Il sera ainsi procédé à l’établissement d’une uniondouanièreavecadoptiond’untarifextérieurcommun.Deux ans plus tard, la quatrième phase (20�7 -20�9)consisteraenl’unificationdesunionsdouanièressous-régionalesenuneuniondouanièrecontinentaleavecuntarifextérieurafricain.Lacinquièmeétapes’étendrasurquatreans(20�9–2023)etconsacreral’établissementduMarchéCommunAfricain,fondésurl’adoptiondespolitiques économiques communes, l’harmonisationdespolitiquesmonétaires, financières et fiscales ainsi

quelalibéralisationdesmouvementsdespersonnessurlecontinent.Lasixièmeetdernièrephasedevracouvrircinqannées(2023 – 2028) et sera le couronnementduprocessusdel’intégrationcontinentaleen ce sens qu’elle amènera la créationd’une banque centrale commune etd’une monnaie continentale uniqueainsi que l’établissement des structuresexécutives définitives de l’Union avecdes députés africains élus au suffrageuniverseldirect.

De l’OUA à l’UA: Simple passage ou résultat d’un processus ?

Depuis l’entrée en vigueur du Traitéd’Abuja en mai �994, l’Organisation de l’UnitéAfricaine fonctionnait sur base de deux instrumentsjuridiques, à savoir, la Charte de l’OUA et le Traitéd’Abuja. Il est important de rappeler que le Traitéd’Abujapréconisaitl’établissementd’uneCommunautéEconomiqueAfricaineparétapesetprévoyaitlamisesurpiedsd’institutionscommunesafricaines.

La 4ème conférence extraordinaire du Sommet desChefs d’Etat et de Gouvernement de l’OUA tenueen septembre �999 à Sirte, en Libye, avait pour butd’amender la Charte de l’OUA en vue d’augmenterl’efficacité et l’effectivité de cette organisation. Ladéclaration y adoptée contribua à établir une unionafricaine en conformité avec l’ultime objectif de laCharte de l’OUA et les provisions du Traité d’AbujacréantlaCommunautéEconomiqueAfricaine.

Le dépôt, par le Nigeria, en avril 2002, du 36einstrument de ratification de la Charte de l’Union

...leTraitéd’Abujapréconisait

l’établissementd’uneCommunauté

EconomiqueAfricaineparétapesetprévoyaitlamise

surpiedd’institutionscommunesafricaines.

Etatsunisd’Afrique•page7 Paper�4�•Juin2007

Africaine adoptée à Loméen2000apermis à cettenouvelleorganisationcontinentaled’être inauguréeàDurban,enAfriqueduSud,enjuillet2002.

Commeonpeut leconstater, lepassagede l’OUAàl’UnionAfricainepeutêtreinterprété,selonlavolontédes Chefs d’Etats africains, comme le couronnementduTraitéd’Abujadontl’objectifultimeétaitlacréationdel’Unionéconomique.Dèslors,laquestionmajeurequimérited’êtreposéeestcelledesavoirsitouteslesconditions prévues par ce Traite étaient déjà réuniespourpermettrelepassageàcetteétapeouseulementil s’agissait de forcer les Etats à se sentir dans cetteétape?

Commeditplushaut,l’intégrationétantunprocessusqui est accompli par étapes, le passage à l’UnionAfricaine devrait être le couronnement du succèsrécoltédanslesétapesantérieuresetquiauraitmotivécepassage.Orl’analysedecesétapessemblerévélerque les résultats à atteindre dans chacune de cesétapes n’ont pas été obtenus. Le traité d’Abuja lui-même a prévu six étapes pour arriver à la mise surpieds de la Communauté EconomiqueAfricaine. Selon le chronogrammeétabli dans ceTraité, l’annéeà laquelleétait lancée l’Union Africaine (2002)est la deuxième étape qui supposaitquelaconsolidationdesregroupementséconomiquesexistants (premièreétape)étaitdéjàterminéeetqu’onétaitentrainde stabiliser les tarifs d’exportations etdouaniersdecescommunautés.

Pourleschefsd’Etatsetdesgouvernementsafricains,l’intégrationsembleêtreperçueentermesd’objectifsetnonentermesdeprocessus (étapes). C’est dans ce cadreque l’on comprendrait la décision demettre sur pieds une union africainependant que les étapes pouvant conduire à cetteultimephasen’étaientpasencorefranchies.

Selon eux, en prenant la place de l’OUA en 2002,L’Union Africaine devait faciliter l’accélération duprocessus de mise sur pieds de la CommunautéEconomique Africaine, la réalisation de la visioncommuned’uneAfriqueunieetforteetlerenforcementdescapacitésdesinstitutionsdel’organisationenleurprocurant les pouvoirs et ressources susceptibles deleurpermettredejouerefficacementleurrôle.5

Cependant, l’analyse de cette Institution depuis sacréation révèle qu’elle continue à faire face auxproblèmesdecapacitéinstitutionnelledesesorganes;sacapacitédesanction (reconnuepar l’article23del’ActeConstitutif)demeurantgénéralementinopérante.Ses déficits budgétaires la maintiennent dans unesituation de dépendance vis-à-vis de ses partenairesextérieurs. Et la volonté politique des dirigeants

reste sujet à interrogation non seulement au regarddes déficits budgétaires, mais aussi en considérantles situations des conflits sur le continent. La crisesomalienne affiche encore au grand jour le manquede volonté politique d’un bon nombre de dirigeantsafricains.Malgréleurengagementsolennelàdéployerdes troupes dans le pays, seul l’Ouganda a putimidement le faire jusqu’àce jour (quatremoisplustard). Et, puisque la plupart d’entre eux avancent lacroissante instabilité et insécurité sévissant dans lepayscommemotifd’hésitation, ilyaàcraindrequel’Afrique finisse par adopter à l’égard de la Somalieuneattitudesemblableàcellequel’ONUavaitpriseauRwandaen�994.

Maisau-delàmêmedesproblèmesinternesàl’UnionAfricaineetàsonfonctionnement–problèmesnaguèreconnusparl’OUA–ilimportedemesurerlatendanceàl’intégrationsurlecontinentdepuis2002.Acesujet,ilestà reconnaîtreque l’Unionentends’appuyersurles Communautés Economiques sous-régionales envue de l’intégration continentale. Cependant, leursfonctionnements respectifs restent inadéquats et

d’énormesdifférencesséparentcertainesorganisations (SADC, CEDEAO) desautres(CEEAC,UMA,IGAD).

En outre, l’effort d’intégration ducontinent selon l’entendement de lanouvelle Union Africaine se trouvecontrecarrénonseulementparlescrisespolitiques internes à certains Etats (leSoudan, la Côte d’Ivoire, le Tchad, laRépubliqueCentrafricaine,laSomalie,leZimbabwe…)maiségalementparlejeude déstabilisation réciproque auquel selivrent certains Etats (cas du Soudan etduTchad).

Certes,certainsdirontqu’ilestpeut-êtretôtderechercherlesdividendesdelatransformationdel’OUAenUA.Mais,l’onnesauraitsevoilerlesvisagesauregarddelapersistance,voirelacristallisation,desmauxquiontentravélebonfonctionnementdel’OUAsurlavoiedelanouvelleorganisationcontinentale.Ilestaussivraique lastructure institutionnellede l’UA(Commission, Parlement panafricain,Conseil dePaixetdeSécurité,ConseilEconomique,SocialetCulturel,pour ne citer que ces quatre) permettrait à l’Uniond’être beaucoup plus efficace si les Etats membresy mettaient de toute leur volonté politique. Sans unchangementradicaldanscesens,l’UAneseraqu’unerépliqueéhontéedel’OUA.

Du processus d’intégration régionale en Afrique: Evaluation critique.

A leur accession à l’indépendance à la fin de ladécennie�950etdébutdeladécennie�960,lesEtatsafricains ne manquaient pas de raisons pouvant les

PourlesChefsd’Etatsetdes

gouvernementsafricains,

l’intégrationsembleêtreperçueen

termesd’objectifsetnonentermes

deprocessus(étapes).

Etatsunisd’Afrique•page8 Paper�4�•Juin2007

motiveràmettreenmouvementunprojetd’intégration.Ladimension géographiqueunitairedu continent s’yprêtaittoutnaturellement.Lapeurd’unéventuelretourdu colonialisme autant que celle découlant d’uneconjoncturemondialecaractériséeparlabipolarisationétaient d’autres importants facteurs motivateurs. Laposition des économies africaines dans les échangeséconomiques internationaux ainsi que la fermedétermination des leaders d’indépendance à assurerl’amélioration des conditions socio-économiquesde leurs peuples justifiaient également l’aspirationafricaine à l’intégration régionale. Ainsi Nkrumah(�963,p.�63)déclarait en�963 : «Jene vois aucunesécuritépourlesEtatsafricainssidesleaderscommenous-mêmesneréalisonspasau-delàd’unquelconquedoutequelesalutdel’Afriquepasseparl’unité.Pourquenoussoyonsréellementlibresetpuissionsjouirdebénéficesréelsd’énormesrichessesdel’Afrique,nousdevons nous unir et planifier ensemble l’exploitationdenosressourceshumainesetmatériellesdansl’intérêtsupérieurdetousnospeuples.»

C’est cette détermination qui est restée, ne fût-ceque du point de vue des principes etmêmedesstructuresinstitutionnelles,lefil conducteur ayant accompagné l’élitepolitique africaine dans sa marche surla voie de l’intégration régionale. A cesujet, lePrésidentdelaCommissiondel’UA, Konaré, et le Secrétaire Exécutifde la Commission Economique desNations Unies pour l’Afrique, Amoako,estiment que «la Charte de l’OUA etl’Acte Constitutif de l’UA définissentl’intégration régionale comme l’unde piliers de l’unité africaine. Le Pland’Action deLagos et le Traité d’Abujaont tousmis surpiedsdesmécanismeséconomiques,politiquesetinstitutionnelsspécifiques en vue de la réalisation decet idéal. L’adoption du Nouveau Partenariat pourle Développement de L’Afrique (NEPAD) fournit uncadre global de développement du continent avecl’intégrationrégionalecommel’undesesobjectifs-clés.L’établissementdelaCommissiondel’Unionafricainedémontre clairement la détermination des leadersafricains à accélérer le processus d’intégration avecbeaucoupplusd’efficacitéetd’efficience.»(Konaré&Amoako,Avant-propos,inECA2004,ix).

Au-delà de ces structures à caractère panafricainauxquelles Konaré et Amoako font allusion, il y alieu d’épingler également les diverses plateformessuscitées au niveau des sous-régions avec l’objectifclair d’accélérer au mieux le processus d’intégrationducontinent.Ledésirdelapartdesdirigeantsafricainsàréaliseruneplusgrandeintégrationéconomiquedeleurcontinent lesaamenésàcréercequeDaddich(citéparButhelezi2006,xiv)qualifie«leréseauleplusétendud’organisations[sous-]régionalesaumonde.»

Cependant, le constat général qui se dégage d’unetentative d’évaluation du processus d’intégration surle continent laisse encore à désirer.Critique acerbede l’OUA, JeanMfoulou (�986,p.�4) estimeque«leprojetdel’unitéafricaineétaitcompromisdansletextemêmedelaChartedel’OUA.Dèslepréambuledéjà,pense-t-il,lesfondateursdel’OUAavaientclairementaffiché leur opposition à une unité véritable ducontinent. C’est cette opposition qui les motiva à serésoudrefermementàsauvegarderetàconsolideruneindépendanceetunesouverainetédurementconquises[…], à limiter la coordination et l’harmonisation deleurs politiques générales à quelques secteurs biendéfinis à savoir politique et diplomatie; économie,transport et communication; éducation et culture;science et techniqueainsi quedéfense et sécurité; àinsister sur les principes de l’égalité souveraine desEtatsmembres,de lanon-ingérencedans les affairesintérieuresdesEtatsetdurespectdelasouverainetéetdel’intégritéterritorialedechaqueEtat.»Mfouloupenseen outre que ces dispositions statutaires – destinéesà consolider «une Afrique des Etats ou des patriesplutôtqu’unefédération–ontd’ailleursétérenforcées

par les différentes résolutions adoptéesplus tard par les Chefs d’Etat et deGouvernement dans leurs conférences,plus particulièrement la résolution de�964adoptéeauCaire[Egypte]enjuillet�964 sur l’intangibilité des frontièreshéritées de la colonisation.» Toutefois,les écueils à l’intégration africaine ontété beaucoup plus complexes que lessimplesprincipes fondateursde l’OUA/AU, moins encore le seul manquede volonté politique de la part desdirigeants.

Danssaquêtedesraisonsayantempêchélaréalisationdel’intégrationenAfrique,laCommissionEconomiquedesNations

Unies pour l’Afrique (2004, pp.30-33) identifie lescontraintesmajeuresci-après:

leproblèmed’adhésionmultipleetconcurrente;l’indisponibilitédesEtatsàadhérerauxprogrammesd’intégration;insuffisanced’appuitechniqueetanalytique;des politiques nationales et macro-économiquesdivergentesetinstables;des capacités et ressources inadéquates entre lesEtatsetlescommunautéséconomiquesrégionalesrendant ces dernières incapables de participereffectivementauprocessusd’intégration;le manque de cohérence et des liens entre lesprogrammes de coopération sectorielle et lesdifférentes politiques macro-économiquespoursuivis par les communautés économiquesrégionales;absence ou ineffectivité des mécanismesd’organisation, de mise en œuvre, de contrôle,

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...lesécueilsàl’intégration

africaineontétébeaucoupplus

complexesquelessimplesprincipes

fondateursdel’OUA/UA...

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d’évaluation et de révision du processusd’intégration;absencedesmécanismesnationauxdecoordination,mise en œuvre et contrôle des politiques etprogrammesd’intégration;incapacitédesEtatsàalignerlesobjectifs,plansetprogrammes d’intégration dans leurs programmesnationauxdedéveloppementrespectifs.

Pourleurpart,Asante,NwonwuetMuzvidziwa(200�,pp.24-32) estiment que «les facteurs contraignant laréalisation d’une communauté économique africainecomprennent les politiques de prêt de la BanqueMondiale et du Fond Monétaire International, lesprogrammes d’ajustement structurel, les guerrescivilesetinstabilitéspolitiques,lefléaudeVIH/SIDA,les barrières linguistiques ainsi que les calamitésnaturelles.»

En ce qui concerne les communautés économiquessous-régionales, «il y a un terrible problème dechevauchement – de 53 Etats africains, 26 sontmembresde2communautéséconomiquesrégionaleset20appartiennentàtrois.Unpaysestconcurremmentaffiliéàquatrecommunautésrégionalespendantqueseulssixpayssontmembresd’uneseulecommunauté.Ceci conduit à des duplications inutiles d’efforts,accroît les obligations et contributions pour les Etatsmembresetdiminuelespossibilitésdesuccèscollectif»(ECA2004,x).

Enguisedeconclusionànotre tentatived’évaluationcritique du processus d’intégration régionale enAfrique, nous voudrions faire échod’une importantequestionqueJeanMfoulou(�986,p.6�)seposaitdéjàenpleinmilieudelacrisedel’Organisationdel’UnitéAfricaine. Il écrivait: «Si […] les chemins de l’unitéafricaineontétéjonchésd’écueils,voiredevéritablespierres d’achoppement, peut-on du moins espérerquedans les années à venir lamarchede l’unitéducontinent ira de l’avant et culminera par l’exaltanteétapedutriomphedelasupranationalité?»

Les Etats-Unis d’Afrique: préalables et perspectives d’avenir.

L’intégrationdel’Afriqueasansnuldoutetoujoursétéplacéehautdans l’agendades relationscontinentalespar les différentes générations des Chefs d’Etat etde Gouvernement que l’Afrique a connues depuisles temps de sa décolonisation. C’est dans cetteperspective qu’il sied de comprendre les différentesdéclarations, résolutions et politiques adoptées ainsiquelesautresmécanismesinstitutionnelsmissurpiedstoutaulongdelapériodecompriseentrelacréationdel’OUAen�963etsatransformationenUAen2002.Cependant, réfléchissant au-delà de simples aspectsextérieurs de ces déclarations, résolutions, politiquesainsiquemécanismesinstitutionnels,ilsedégagequelecheminàparcourirpourl’Afriqueresteencorelong

sisonobjectifd’intégrationdevraseréaliser.Uncertainnombredepréalablesdevraainsiêtreremplispourquele continent soit considéré comme étant entrain demouvoirverssaréelleintégration.Nousavonslocalisélesditspréalablesàtouslestroisniveauxdeprisedesdécisions en Afrique, à savoir le niveau étatique ouinterne, le niveau sous-régional et le niveau régionaloucontinental.

Préalables.

a) Au niveau des Etats.

Stabilité politique, restauration de la légitimité de l’Etat et bonne gouvernance

Si nous devons épouser le point de vue deMakgetlaneng (voir 2ème partie) qui estime quel’intégration relève de prime abord d’un agendapolitique, il y a lieu de reconnaître que laconjonctureactuellede l’EtatenAfriquen’augurepas en faveur de l’intégration du continent. Eneffet, l’Etat en Afrique devra tout d’abord releverlesdéfispolitiquesinternesquisontlessiensavantdepouvoirbienassumersonrôleentantqu’agentd’intégrationrégionale.Le�erdéfiestceluidustyledeleadershipqu’ilorganiseensonsein.Biensûr,l’onapuremarquerunebaissesignificativeencequiconcernelesrégimesdictatoriauxetpersonnelssurlecontinentdanslesdeuxdernièresdécennies.Toutefois, il sied de signaler que le fait pourcertainsdirigeantsdecertainspaysdes’accrocheraupouvoiret/ouderésisteràtoutetransformationsignificativedesrégimesaconduitàdesviolencesarmées dans des Etats aussi différents que leRwanda,leBurundi,laRépubliqueDémocratiquedu Congo, le Soudan, le Tchad, etc. Ceci créeune situation pouvant être caractérisée de cerclevicieuxd’instabilité politique sur le continent, faitdeconflitsarmés,devaguesdedéplacésintérieursetde réfugiés, ladestructiondes infrastructures…Le2èmedéfi,trèsliéaupremier,estceluidelapertede légitimité de l’Etat central vis-à-vis des entitéslocalesetdespopulations.Cefaitestgénéralementune conséquencede l’incapacitédesdirigeants àsatisfaire les besoins fondamentaux et essentielsdescitoyensqui,à son tour, s’expliqueaussibienparlamauvaisegouvernancedelaclassedirigeanteque par la crise économique dans laquelle bonnombre de pays se retrouvent engouffrés depuisla fin de la décennie 70. Ce défi est davantageaggravépar lespratiquesd’extorsionexercéesparles sphèresétatiquesà labasecontribuantà fairedel’Etatunréelinstrumentdeterreurauxyeuxdesespopulations.C’est à cedernier fait queGrantet Söderbaum (2003, p.4) font allusion quand ilsécriventque«lemodèleinter-étatiqued’intégrationsuivantlaprocédureinstitutionnelleformellequiajusqu’ilyapeudominél’analysedel’intégrationenAfriqueetpartoutailleursestdeplusenplusremis

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enquestionparlacroissantepertedecontrôleparlesEtatssurleurspropresterritoires,laproliférationdes réseaux informels ainsi que l’incorporationde l’Afrique (sur des bases de sujétion) dans lenouvel ordre mondial.» En outre, les deux défisde leadership et d’insuffisance de légitimité nepermettentpasparfois à certainsdirigeantsd’êtredes interlocuteurs valables face à leurs pairs etconsacrent progressivement l’existence de deuxzones politiques en Afrique, une politiquementstable et l’autre, instable et en proie aux conflitsinternes.

Relance, croissance et diversification économiques.

L’intégration régionale n’est pas simplementendiguée par des problèmes d’ordre politique.Les crises économiques internes à la majorité depays africains empêchent une coopération socio-économiqueviableentreeux.Ceciestdavantagecompliqué par les inégalités économiques intra-régionales (le cas de la République d’Afrique duSud et la plupart de pays en Afrique australe ouencoreduNigeriaaveccertainsdesesvoisinsdontleBéninetleNiger…)etinter-régionales(laSADCest,parexemple,politiquementetéconomiquementdeloinplusviablequelaCEEAC).

En outre, les pays africains ne commercentgénéralement pas entre eux non pas puisqu’ilsrefusentsciemmentdelefaire,maisplutôtàcausede la nature extravertie de leurs économies. Eneffet,depuislapériodecoloniale–situationnaguèrechangée jusqu’à ce jour, à quelques exceptionsprès – les Etats africains se limitent à produireles mêmes types de matières premières minièreset agricoles ne pouvant être transformées qu’endehors du continent. Cette situation les conduitmêmeàunesituationd’extrêmecompétitionentreeux, pour autant que des économies entièresd’un bon nombre d’entre eux dépendent presqu’entièrement de la vente d’un seul produit sur lemarchéinternational.

b) Au niveau sous-régional.

Affermissement des Communautés Economiques Sous-régionales.

Cependant,unautrefreinàl’intégrationducontinentdérive directement de la nature conflictuelle desrelations que certains pays africains entretiennententre eux. Le cas de l’Afrique du nord estparticulièrementpatentàcetégard.Makgetlaneng(2003, pp.27-28) estime que «l’Afrique du nordfournit un exemple classique de division entreEtats africains.» S’inscrivant dans une perspectivepurement sous-régionale, Makgetlaneng fustige latendance de la part des pays arabes d’Afrique

à privilégier la poursuite de leur arabisme audétriment de l’Africanité. Tout en souscrivant àcetteobservationdeMakgetlaneng,nousestimonsqu’il est important de noter que malgré leurspréoccupations respectives d’arabisme, les Etatsd’Afrique du nord ne sauraient pas constituerà ce jour un bloc unifié. L’Egypte, la Libye, leSoudan, laTunisie, leMarocet l’Algérieauxquelsl’on ajouterait la Mauritanie souffrent autant demanque de cohésion que leurs correspondantsausudduSahara.Les relationsLibye-Egypte sontcaractérisées par des méfiances tandis que leMaroc et l’Algérie se sont toujours tiraillés sur lestatut définitif de la République Arabe SahraouiDémocratique (RASD). Leurunion sous-régionalecommune, l’Union Maghreb Arabe (UMA) est àce jour l’organisation économique sous-régionalela moins opérationnelle en Afrique. C’est diredonc que les oppositions et les différences inter-africainessontprésentesmêmeauseindesrégionsapparemmenthomogènes.LesdivisionsenAfriquedoiventainsiêtreperçuesau-delàdusimpleclivageracial entre une Afrique arabe (au nord) et uneAfriquenoire(ausudduSahara).

Résolution du problème d’adhésion multiple et concurrente.

L’adhésionmultipleetconcurrentedesEtatsafricainsauxcommunautéséconomiquessous-régionalesadéjà été identifiée comme facteur empêchant laconcentration des efforts en vue de l’intégrationrapide des sous-régions. Il est donc temps queles Etats se résolvent à éviter d’adhérer à plusd’une communauté économique sous-régionaletellequedéfinieparl’UA,àsavoirl’UnionMaghrebArabe (UMA), la Communauté Economique desEtats d’Afrique de l’Ouest (CEEAO), l’AutoritéIntergouvernementale pour le Développement(IGAD), la Communauté Economique des Etatsd’AfriqueCentrale (CEEAC)et laCommunautédeDéveloppement d’Afrique Australe (SADC). Danscetteperspective,parexemple,desEtats telsquel’AngolaetlaRDCdevrontchoisirentrelaCEEACetlaSADCcommeleurcommunautééconomiquesous-régionaled’appartenance.Enoutre,l’UAdevras’assurerquelesautresplateformesdecoopérationinter-africaine (UEMOA, CEPGL, SACU, CEMAC,CEN-SAD,COMESA…)nerivalisentpas,encequiconcerne leurs objectifs, les cinq communautéssous-régionalesidentifiéesci-haut.

Mise sur pieds d’un mécanisme de consultation inter-sous-régionale.

Dès lors que les Africains, du moins leursdirigeants,ontreconnuetretenul’intégrationsous-régionalecommeétapeintermédiairepourparvenirà l’unité rapide du continent, il leur appartientde s’assurer que lesdites organisations sous-

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régionalesnetravaillentpasenordredispersé.Ilyaurgencequ’ellessepréoccupentderechercherlacompatibilitéentre leursdifférentsprogrammesetpolitiques,harmonisantleursséquencesévolutivesetseconformantauxobjectifsetdélaisarrêtésauniveau continental. Assurer cette collaborationétroite entre elles requiert qu’elles mettent surpieds desmécanismesde consultation inter-sous-regionaux.Lerôledecesmécanismesquidevrontfonctionner au sein de l’Union Africaine, sera depermettrelatenuedesconsultationsrégulièresentrelesorganisationssous-régionales, rendantpossiblel’harmonisationdeleursprogrammesrespectifs.

c) Au niveau continental.

Opérationnaliser la clause des sanctions de l’Union Africaine.

Ensontempsdéjà, l’OUAavaitétécritiquéesansrépitausujetdurégimeplusoumoinsvolontaristeet, par conséquent, laxiste qu’il organisait enson sein. En effet, la Charte de l’OUA n’avaitpasprévuun régimede sanction contre les Etatsrécalcitrants.Cecipeutapparemmentêtreamputéà son insistance sur l’égalité souveraine des Etatset à l’idéologie panafricaine telle qu’articulée aulendemain de l’indépendance, i.e. localisant lesennemisdel’Afriqueendehorsducontinent.CetteabsencederégimedesanctionsignifiaitainsipourlesEtatsqueseulleurlibrearbitrelescontraignaitàseconformerauxprincipes,résolutionsetdécisionsdel’Organisation.Cependant,l’avènementdel’UAaamenéuntondifférentàcesujet,dumoinsentermedesprincipes.L’article23del’ActeConstitutifde l’UA est consacré au régime des sanctionsqui seront désormais imposées sur les Etats quimanqueront soit de s’acquitter dûment de leurscontributions au budget de l’organisation, soit deseconformerà sesdécisionsetpolitiques.Certesleprinciped’égalitésouverainedesEtatsmembresest encore de nature à entraver l’application del’article23.Cependant,ilestànotreopiniontempsque les Etats les plus influents de l’organisation(Egypte, Algérie, Afrique du Sud, Nigeria, Libye)prêchentparl’exempleetœuvrentàseconstitueren une hégémonie collective qui se chargera defaireappliquerlesdécisionsdel’UA.

Rendre le processus du NEPAD obligatoire.

Depuissonlancementen200�,leNEPADs’étaitdéfinicommeunsimpleprogrammesocio-économiquedel’OUA/UA.Sonobjectifultimeestdemettrefinàlamarginalisationducontinentafricaindanslesgrandsenjeux économiques internationaux. La réalisationdecetobjectifest,dansl’entendementdespionniersduNEPAD,censépasserparlarenaissanceàlafoispolitique,économique,socialetculturelducontinent.Cependant,l’approchemultidimensionnelleadoptée

par leNEPAD luipermetde sepréoccuperautantde préalables politiques et de questions de bonnegouvernancepourl’accroissementdelacompétitivitédes économies africaines que de problèmeséconomiques liés à la relance et à la croissance.Cettesituationasouventétéàlabasedestensionsobservées entre l’UA et le NEPAD. Bon nombred’observateurs ont ainsi parlé de la duplicationdel’UA par le NEPAD, avec la seule différence que,contrairement à l’UA, le NEPAD entend être unprogrammetotalementvolontariste.EncetempsoùdesnégociationssemultiplientpouruneintégrationtotaleetdéfinitiveduNEPADdansl’UA–ladernièreen date étant la signature des accords d’Alger enAlgérie en févrierdernier – il importede repenserla‘clausevolontaristeetpersuasive’sous-tendantleNEPAD face aux préoccupations ‘d’uniformisationcontraignante’ de l’UA. Une fois que l’UA auratotalement intégré le NEPAD en son sein, il luireviendrade rendre sesprocessusobligatoires.Parexemple,leMécanismeAfricaind’EvaluationparlesPairsdevraopérercommeunindicateurrenseignantsurlagouvernancedechacundesEtatsmembresdel’UA,etnon seulementdeceuxquiyconsentent.Sonévaluationdevraêtrepériodiqueetcontinuelle,assortie de recommandations aux Etats en vued’améliorationetéventuellementdesanctionscontrelesEtatsrécalcitrants.

Résoudre le problème de la dépendance extérieure du continent.

S’ilestunecaractéristiquemajeurepartagéepartouslespaysafricains,c’est leur fortedépendancevis-à-visdumondedéveloppéengénéral,enversleursmétropolesoupuissancescolonisatricesrespectivesen particulier. Cette dépendance extérieureempêche les pays africains à développer desrelationspolitiquesetsocio-économiquessincèresà plusieurs égards. Premièrement, elle pousse lesEtatsafricainsàêtreconcurrentenmatièred’aideau développement et d’investissement extérieur.Deuxièmement, elle apporte le problème desconditionnalités dont s’accompagne toujoursl’assistance occidentale, conditionnalités qui neconvergent pas très souvent avec les intérêts desEtats africains. Troisièmement, la dépendanceextérieure, surtout en terme financier, paralyse lefonctionnement des organisations panafricainesaussi bien au niveau sous-régional qu’au niveaucontinental.

Cependant, la minimisation de la dépendanceextérieure, mieux sa rupture, nécessite uneinvestigationenprofondeursurlescauseslasous-tendant.Unsibrefarticlenesauraityparvenir.Cecine peut pourtant pas nous empêcher de cernercetteproblématiquedanssesdeuxaspectslesplusapparents,notammentl’aspectpolitiqueetl’aspectéconomique.Alorsqueladépendanceéconomique

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peutseminimiserparlarelance,lacroissanceainsiqueladiversificationéconomiques[voirpoint5.2.aplushaut], la rupturede ladépendancepolitiqueextérieure du continent passe, d’une part, parson auto-suffisance économique et, d’autre part,par le renforcement des mécanismes internes delégitimation des classes dirigeantes aux yeux despopulations.

Embrassant la problématique des préalables àremplir en vue de la réalisation de l’intégrationrégionaleenAfriquedanssatotalité,laCommissionEconomique des Nations Unies pour l’Afrique(2004,pp.33-34)identifielesdéfisci-dessous:

– Promouvoirunedistributionéquitabledescoûtsetbénéficesdel’intégration;

– Apporter le soutien techniqueet financierauxprogrammesdel’intégration;

– Faire correspondre l’agenda de l’intégrationafricaineauxautresarrangementsextérieurstelsquelesexigencesdel’OrganisationMondialedeCommerce(OMC)etdesaccordsdeCotonouentrel’UnionEuropéenneetl’AfriqueainsiquelespaysdesCaraïbesetdePacifique;

– Rechercher la compatibilité entre lesdifférents mécanismes d’intégration régionaleconformémentauxobjectifsdelaCommunautéEconomiqueetdel’UnionAfricaine,éliminantau passage les incohérences découlantdes affiliations sous-régionales multiples etconcurrentes;

– Promouvoirlacollaborationentrelesdifférentescommunautéséconomiquesrégionalesainsiquelesinstitutionsdedéveloppementspécialisées;

– Accorderausecteurprivéunrôlecentraldansleprocessusd’intégration;

– Accroître la compétitivité des communautéséconomiques régionales et de l’Afrique engénéral, aussi bien sur le plan interne que dupointdevueinternational.

Perspectives d’avenir.

Pendant qu’en �986, Mfoulou recherchait, au regarddesécueilsparsemantlescheminsdel’unitéafricaine,des raisons de croire au projet de l’instauration dela supranationalité en Afrique, Obasanjo (cité parAsante,NwonwuetMuzvdziwa200�,p.�) s’avouait,uneannéeplustard,«optimiste».Ildéclaraiten�987qu’«il pressentait l’Afrique commencer le [2�ème]siècle qui était le millénaire [à venir] politiquementbeaucoup plus stable et unie; économiquementplus autonome, compétitive et auto-suffisante;socialement plus harmonieuse, plus en paix et plussécurisée.» Cependant, loin d’être béat, l’optimismed’Obasanjos’accompagnaitdeconditions,notamment«la prise en compte des enjeux géopolitiques etéconomiques internationaux, l’abandondu tribalismeetdunationalismeétroitetl’articulationd’unnouveauconceptde‘territorialitécontinentale’.»

Ledébatci-hautn’apaspourfinalitédenousconduireà une appréciation idéologique entre une tendanceafro-pessimistequivoitdanslescontre-performancesafricainespasséesuncertaindestinàl’échecetuneécole pan-africaniste qui cherche à percevoir desprouessesmêmedansleséchecslespluspalpables.Dans le présent, nous nous limitons simplement àdégagerquelquesopportunitéss’offrantaucontinentcomme des facteurs de facilitation, de justification,voire d’accélération de son processus d’intégration.Lesfacteursci-aprèsontainsiétéretenus:l’émergenced’unnouveaustyledeleadershipsurlecontinent,ledésengagementde l’Occident, lesproblèmes socio-économiques internes, la prise en compte de lasociétécivileainsiquelafindegrandescrisesintra-étatiques.

a) L’émergence d’un nouveau style de leadership sur le continent.

S’il est un changement significatif s’opérant sur lecontinent depuis la décennie 90, c’est la disparitionlente mais sûre des régimes politiques personnalisésavecdesprésidentsàvie.Assumanttantbienquemalles exigences du système démocratique, le nouveautype de leadership émergeant désormais sur lecontinentsemontredisposénonseulementàadmettreleurs limitationsinternesentermedelaportéeréelledeleurpouvoir,maisaussiàrevoirleurappréhensionsur la notion de souveraineté. La consolidation decenouveausystèmeexigecertesdu temps; ildonnepourtantl’espoirqueleleadershipafricainàvenirsera,dupointdevuequalitatif,plus ‘développementaliste’etintégrationnistequeceluid’avant-�990.

b) Le désengagement de l’Occident.

Depuislafindelaguerrefroide,l’Afriqueademoinsenmoinsintéressél’Occident(i.e.lesEtats-Unisetsesalliés de l’Europede l’Ouest, leCanada et le Japon)en terme de géostratégie internationale. La menaced’expansioncommunisteenAfriqueayantdisparu,ilsnesavaientplusjustifierlanécessitédeconsacrerdesassistancessocio-économiques,politiques,militairesetsécuritairespourdespaysdontilsnepercevaientplusgrand-choseenéchange.Certes,cedésengagementouabandona,dansunpremiermoment,coupélesEtatsafricains de l’essentiel de leurs ressources (perçuessous forme d’aide). Mais à long terme, il est entraind’enseigner aux Africains à l’auto-prise en charge, àl’autonomieainsiqu’à l’autodépendance. Ilestausside nature à diminuer la dépendance extérieure ducontinent, poussant par le même coup les nationsafricainesàplusdecoopérationentreelles.

c) Les problèmes socio-économiques internes

Silesproblèmessocio-économiquesinternesauxpaysafricains les empêchent d’accélérer le processus deleur intégration, ils sont tout au moins une raison

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supplémentaire justifiant la nécessité de coopérationentreeux.Avec ledésengagementde l’Occident,uneaideextérieuredécroissantemais toujoursassortiesdeconditionsdifficiles,l’alternativelaplusplausiblerésideraitdanslacoopérationetl’intégrationrégionales.

d) La prise en compte de la société civile.

Unecaractéristiquecommuneauxrégimesdictatoriauxquel’Afriqueaconnusaucoursdesdécennies80et90étaitleurdédainfaceàlasociétécivile.Mêmelàoùelleétaitpolitisée,soninféodationaurégimesignifiaittoutsimplementqu’ellecessaitdereprésenterquelquesintérêtsquecesoitpourservirdemachinedeviolencestructurellesurlesmassespourlecomptedurégime.Maisavec les libéralisationssocio-politiquesdedeuxdernières décennies, la société civile africaine a unenouvelleopportunitédesereconstitueretdesedéfiniren tantqu’entitéautonome, indépendantedu régimepolitique.Certes,lestendancesvarientselonlesEtats.Cependant, les dirigeants africains sont désormaisconvaincusqu’ilsnesontplusseulsqualifiésà tracerlavoieà suivrepour lecontinent.Aujourd’hui, aussibien l’UA que les communautés économiques sous-régionalesnonseulements’engagentàcollaboreraveclasociétécivilemaisplusencorecommencentàdédierdesstipulationsjuridiquesetstatutairesàceteffet.

e) La fin de grandes crises intra-étatiques.

Leslongsconflitsintra-étatiquesdansdespayscommel’Angola,leMozambique,leLiberia,laSierraLeone,le(sud-)Soudan,leBurundi,laRépubliqueDémocratiquedu Congo et l’Ouganda (nord) ont non seulementendiguélastabilitépolitiqueetannihiléleseffortsdedéveloppementsocio-économiquedanslespaysoùilssesontproduits,maisaussiceuxducontinentafricaindanssatotalité.Bienquebonnombredepaysrestentencoredansdessituationsdesconflitsviolentsouverts(laSomalie,leTchad,laRépubliqueCentrafricaine,leSoudan-Darfur et encore dans une certaine mesurela Côte d’Ivoire), il y a lieu d’admirer la tendanceà la stabilisation du continent. Sans nul doute, unefois consolidée, cette stabilité s’avérera propice à lacroissance économique et à l’intégration des sous-régionset,partant,àcelleducontinenttoutentier.

Toutes ces opportunités ne sauront contribuer à lavéritable intégration de l’Afrique que si l’on s’atèle àcréerdesespacesintégréssous–régionauxparétapes.Les résultats atteints à chaque étape accélérerontl’intégration continentale. Sinon la mise sur piedsd’institutionscontinentalessupranationalesn’auraservià rien si les réponses étatiques et sous-régionales àl’égarddecesinstitutionssontnégatives.

Conclusion.

Depuis le début de la décennie �990 l’Afrique setrouve à la croisée des chemins, écartelée entre les

risques de ‘désintégration-anarchie’ et les exigencesd’auto-redéfinition’. En un temps où la mondialisationtriomphecommel’idéologiedominantedanslasphèrepolitico-économique internationale, l’Afrique réaliseles limites inhérentes à sa perception restrictive duconceptdesouveraineté.Deplusenpluselleaffichesapréoccupationàseprésentercommeunfrontuninonseulementdel’extérieur,maisaussidel’intérieur.Pourcefaire,elledéploiediversmécanismesetcadresdestinésàaccélérersonprocessusd’intégration.Cependant,alorsquedesperspectivesattrayantess’offrentàlaréalisationd’uneentrepriseaussigrandiose,c’estdanssacapacitéàdéfinirunestratégieréalisteetnoncomplaisantequedépendralesuccèsdecetteentreprise.

Notes.

�. L’on se souviendra à cet égard que le Maroc estjusqu’à ce jour opposé au Front Polisario sur le statutdéfinitifduSaharaOccidental.LeMarocconsidèrecederniercommefaisantpartieintégrantedesonterritoirenational pendant que le Front Polisario s’était résoluà s’engagerdans la luttearméeenvuedecontraindrele Maroc à reconnaître le Sahara Occidental commeunEtat.En�986,surcandidatureduFrontPolisario,leSecrétaire-Général de l’OUA de l’époque, Mr. EdemKodjo du Togo, avait rendu possible l’admission duSaharaOccidentalentantquemembreàpartentièredel’organisationcontinentale.En réaction, leMarocavaittoutsimplementdécidédeseretirer.

2. Au moment de l’éclatement de la crise congolaise, legroupedes‘radicaux’étaitconstituéduGhana,Maroc,Guinée, Algérie, Mali et Egypte. Les modérés étaientconstitués du Cameroun, République Centrafricaine,Tchad,Congo-Brazzaville,Bénin,Gabon,Côted’Ivoire,Madagascar,Mauritanie,Niger,SénégaletBurkinaFaso,auxquelssejoignaientl’Ethiopie,leLiberia,laLibye,leNigeria,leTogo,laSomalie,leSoudanetlaTunisie.

3. La «conscience non-alignée» qui se manifesta enmouvement non-aligné avait invité en son sein à saconférence de Bandoeng (Indonésie) certains leadersd’Etats coloniaux africains – dont le Ghanéen KwameNkrumah–ensignedesolidaritéauxpeuplesafricainspour leur décolonisation. Le mouvement non-alignéquiregroupaitlesEtatsditsduTiersMondeavaitpourobjectifultimedes’employeràaffirmerl’autonomiedugroupequ’il représentaitauregarddelabipolarisationEst – Ouest de l’époque et à s’investir à amener lesdeux blocs à reconsidérer un nouvel ordre politico-économique international qui, à la fois, apaiserait lesrivalitésetpermettraitauxpayssous-développésdejouird’opportunitéséquitablesaveclesnationsdéveloppéessurlemarchéinternational.

4. LireàcesujetWalraven,K.V.,�999.Dreamsofpower.TheroleoftheOrganisationofAfricanUnityinAfricanpolitics �963 – �993. Aldershot / Leiden: Ashgate /AfricanStudiesCentre,pp.93-95.

5. Cesdivisionssontdevenuesapparentesencettepériodeparticulièreàcausedelacrisecongolaise(RDC)etdelaguerred’indépendanceenAlgérie.

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6. Néanmoins, il sied de signaler que le Togo avait étéexclu des séances suite au coup d’Etat qui venait des’y produire et l’assassinat de son premier Président,SylvannusOlympio,quiendécoula.LeMarocs’absentaquantàluienprotestationàl’invitationdelaMauritanieaveclaquelleilavaitdesdifférendsfrontaliers.

7. UN Declaration on the Critical Economic Situation inAfrica,December�984,preamble.

8. Voir à ce sujet le préambule de l’Acte Constitutif del’UA,notammentlesparagraphes6,7et�0.

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A propos de cet article Depuisleuraccessionàl’indépendancepolitique,lesEtatsafricainsn’ontpascessédesepréoccuperdel’intégrationrégionaleenAfrique.Lesraisonsjustifiantunetelleinclinaisondeleurpartétaientlégion,comprenantdesdomainesaussivariésqueceuxdupolitique,del’économique,dusocialetduculturel.Cependantplusdequaranteannéesaprès lesannéesd’indépendance,pasgrand-chosenesemblepouvoirêtre jetéeàl’actifdel’intégrationrégionaleenAfrique.Cetarticleseveutuneévaluationduprocessusd’intégrationrégionaleenAfriquedepuislacréationdel’Organisationdel’UnitéAfricaine(OUA)jusqu’àsaformeactuelle,l’UnionAfricaine(UA).Partantdeleçonsquisetirentdesexpériencespasséesenlamatière,ildégagelespréalablesetanalyselesperspectivespourlaréalisationduprojetdesEtats-Unisd’Afrique.

A propos de l’auteur UMBADINDELOestchercheurAssociéau“Centre for International Political Studies (CiPS)”del’UniversitédePretoriaenAfriqueduSud.IlaservicommeconseillerdesministresdansdiversdépartementsenRépubliqueDémocratiqueduCongo. Il est consultant auprèsdeplusieursorganisationsnon-governementales. Ses recherchesportent sur lapaixetlasécuritéainsiqueladémocratisationenAfriquecentraleetaustrale.Ilesttitulaired’unMasterenSciencesDiplomatiques.

SADIKIKOKOestunchercheurindépendantbaséenAfriqueduSud.Sesdomainesderecherchecouvrentlapolitiqued’identité,lespolitiquesdedémocratisationetconflitsdanslarégiondesGrands-Lacsd’Afrique.Ilestporteurd’unMasterenRésolutiondesConflits.

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