etude comparative des parlers mandingues du senegal.pdf

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  • ORGANISATION DE l'UNIT AFRICAINE

    CENTR~, D'TUDES lINGUISTlOUES ' ET HiSTQRIOUES PAR TRADmON ORALE

    ,

    ORGANIZAlJON OF AFfUCAN UNITY

    CENTER FOR UNGUISTIC AND HISTORICAL STUDIES BV ORAl TRAomON

    ETUDE COMPARATIVE DES PARLERS . .

    MANDINGUES' DU,' SENEGAL ,D~CTOLOGlE ET PHONOLOGIE

    ~d avea le conco~ F.manc::ier d~ l'UNESCO CELHTOILAI7 . Niamey, 10/1985"

  • ORGANISATION DE l'UNITE AFRICAIN~ CENTRE D'ETUDES LINGUISTIQUES ET :,t{ISlQRIQUES PAR TRADITION ORALE

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    ETUDES COMPARATIVE DES PARLERS MANDINGUES DU SENECAL

    Niamey, 10 Janvier 1985 .CElHTO/lA/7

    ,~~D,~.~~;E~T~L.O~I~"'I.~!. PH\~~N9L~9G.;~.E " . , .

    Abdou1aye BAlDE Publi avec le concours Financier de l'UNESCO

    '~, .; ; l "

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  • - 1-

    INTRODUCTION

    L'tude ici entreprise a pa;'r but de prsenter

    l'examen comparatif d'un groupe de langues de ltAfri~e de l'Ouest, connu sous le terme gnral de Mandingue ou mande(n) Le tenne "mandingue" (ou manding) est une al tration du nom de l'ancien empire originel du mande ( ou manden) que l' hie--taire et la tradition orale s'accordent localiser entr2 les villes actuelles de Siguiri( Rpublique de GUine) ct B~~ako Capitale du Mali Il est form partir de deux substantifs :

    \ '/ maIJ-, de mansa

    -d!) (ou d{lJ)

    "ra i" ; " chef" ;

    If eni' ant" ; trfrui tif.

    Donc mandingue = m8l1den = "les rils de roi".

    Ainsi le nom couramment attribu la IFd'lgue qui s lest diversifie pour donner tout un groupe de parlers, est

    celui que se donnaient ses locuteurs originels _ C'est aussi ex:

    mme temps Ir appellation du paYs mythique des locuteurs -ac-

    tuels.

    " Les paya ou une langue mandingue est parle sont

    - Le Bourkina-Fassr (ex. Haute Vol ta) ; - "la c6te d'Ivoire;

    1 a Gf!1Ilb ie ;

    - la Guine-Bissao ;

  • - 2 -

    l l GUine-Conakry ;

    - le Libri Cl ;

    - le Mali ;

    - le Sngal ;

    - la Sierra Leone.

    En 1963 Joseph Greenberg publiait une classifi-cation des langues africaines~ ~i dbouchait sur une int-grFltion de toutes les langues d'Afrique dans une des .. ~_uatre

    gr~ndes familles suivantes :

    - Afro-asiatique ;

    - Nilo-saharienne ;

    Kho-Sen ;

    - Niger-kordofanienne.

    William E~ Welmers soutenait en 1958 que les lAngues mandingues pouvaient bien avo ir t le l pernier groupe de

    , .

    langues importent a driver de la famille Niger-kordofanienne.

    Des investigations d'o~ure historique plus pousses indi-,

    querent que le groupe mandingue se divisait en deux ensembles

    - Mandingue Nord-Ouest ;

    - Manding\~.e Sud-Est. p.f

  • o

    -3-

    L'ensemble Sud-Est se subdivisa par la suite en S011S-

    groupes SUd et Est, tandis que celui du N,..,rd-ouest se subdi-

    vis8it en sous-groupes Nord et SUd-Questo N

    s , L'arbre que nous proposons ci-dessous a la suite de nos tra-

    vaux de lexi~e compar sur les langues p~rticlires, et dG nos discussions avec d'autres auteurs, montre la dispersicL

    ul trieure du sous-groupe mflIldingue Nord. G. Gal tier ( 1976 ) pour sa part, l'appelle trsous-groupe du Centre"., Cett.e repr-

    sentation rejOint, qu~lques modifications prs, de nom et de place, Las classements Long-Welmrs-Bimson d'une part,

    Galtier de l'autre.

    ~. /~

    Mande al)

    andi!ll(a Malink

    '"'

    kono, bl Yalunka, 80so

  • 00

    -4-

    La brenche Mandenkalj, du sous-groupe Nord du groupe de langues mandingues, est l'objet de nntre prsente tude.

    Les langues appartenant la branche MandenkalJ sont parles en .Afrique Occidentale sahlienne, en cont aet

    et dans la zone des langues Ouest-Atlantiques, notamment en

    Gambie : mandinkai en Guine-Bissao : mandinka ; au Mali

    bambara (ou bamanan), malink ; et surtout au Sngal: mandinka-malink, diakhank, bambara (du chemin de fer).

    En dehors de tr~vaux de classification comme ceux

    de Greenberg, d'laboration de carte linguistique d'Afrique ...

    comme ceux du Professeur DaVid DALBY, mises a part les com-

    munications des congrs et colloques consacrs spciale-ment aux langues, d'une fa90n gn~rale et celles du Sngal en particulier, ont fait 1 'obje't de diverses t'lldes appro-fondies. Si la grande majorit de ces tudes sont des ar-ticles traitant de points p,rcis, ou des aspects donns de

    langues particuli~res, de consistants travaux de recherche qui sont de vritables' rfrences sont BUssi et dj pu-blis aur les langues mandi~.ues, sous t'orme de thses de doctorat de 3e Cycle, de ph. D, ou d'Et at. ( Cf notre bi-bliographie)

    Toutes ces tudes de diffrents n. ~."':."eaux sont in-

    contestablement d'inestimables contributions la connais-Bence scientifique des parlers concerns.

  • v

    - 5 -

    Il reste cependant que la plupart de ces minents

    travaux antrieurs traitent de telle ou telle langue par-

    ticulire Qui est ainsi dcrite isolment. QUelques rares auteurs (quatre notre connaissanc~ ont accompli des tu-des de comparaison soit entre les langues d'un groupe dter-

    min : Kent D. BIMSON, 19'/6 ; Charles 8. BIRD, 0 ; 11 quipe

    de recherche de la D.NoA~FoLoA de Bamako, 1980, soit entre

    les parlers de l'ensemble mandingue: G. Galtier, 1980.

    Mais ces travaux restent encore limits au cadre de la r-

    flexion dialect~logique.

    La METHODE d'ensemble intgre un PLAN-AXE DE ru;~XION st articulant sur l es principaux points suivAnts :

    Il Identification du groupe de langues considres, par une analyse historique et dialectologi~e ;

    III Dgagement mthodique du systme phonologique

    du mandingue commun du Snga:).9 par les procds dt analyse de 18 comparative historique, partir des langues mandingues particulires du pays. Ce volet sera complt par une ap-'

    ... , proche du systeme tonologique qui est un parametre essentiel

    du fonctionnement dos p8rlers mandingues.

    III/ Prsentation synoptique de la morpho-syntaxe

    qui prs~nte en rsum, et titre de rappel, la comparaison des principaux lements du systme grammatical des langues

  • ... ~ .

    ,;J;. 6 "-

    mandingues du Sngalo (.An81yse dj faite dans une tude antrieure) ;

    IVI ~aboration d'un lexique-ch~tillon s'ins-pirant de l a mthode SW.ADESH g d'abord sous forme comparati ve",

    ensuite BOUS forme unique reconstruite

    . .......

  • - 7 -

    -R~MERCIEMENTS-

    Nous voudrions prsenter ici nos sincres remer-

    ciements :

    Aux dquipes d'enquteurs de plein-terrain qui

    ont pu recueillir 9 actualiser ou vrifier les donnes lin-

    guistiques et sociolinguisti c;EJ.es lors de missions da..71s le~

    diverses rgions et localits mandingues ;

    - Au groupe de transcripteurs qui a bien voulu

    excuter l'exploitstion souvent fastidieuee de masses

    d'informations G.t de corpus au dp art di sp arates, et do

    l'avoir fait correctement dans des dlais qui ont pu pa-

    raltre contraignants ;

    - A tous nos inform8teurs de plein terrain, ou

    de base, pour leur patience et leur comp.tance. Sans eux,

    ce travail n'aurait pu tre accompli.

    Noyre gratitude va au CoE.L.H.T.O. (Centre d'Etudes Linguistiques et Historiques par la Tradition Orale) qui nous avait confi ce travail et financ son excution.

    ,

    Nous adressons une note particuliere de remer-

    ciement et considration distingue l'endroit de la Di-rection du ~LHTO, et particulirement de Monsieur Diould LAYA, Directeur Gnral qui n'a cess d'oeuvrer constammement

    et inlassablement pour l' av Rncement de la recherche scien-

    tifi~e sur l'ensemble des diffrents volets du patrimoine

  • l'

    - 8 -

    culturel d'Afrique, et notamment en ce qui concerne le sup-

    port et le vhi"cule de ce dernier, sAvoir les langues et . la linguistique.

  • - 9 -'

    PREM IERill P J~RTIE '. :

    D l ~ L E'C T 0 LOG l E

  • - 10 -

    INTRODUCTION

    DEFINITION

    METHODO:"'OGI:C;

    j~. INTRODUCTION

    Un proverbe couramment employ dans les diffrentes

    commun~uts mandingues est exprim comme suit :

    d l k/ '1 k d/ .' l'a - 1~ 11i~ te or a ~a /, / ~ "

    - den kelen te so fa

    dt k6ren m6 banx{ rf'6m~, ~n soso) - etc.

    Traduction monmatique :

    enfant / un / ne / maison / remplit pas.

    Traduction littraire :

    "Un seul enf'ant ne suffit pas pour remplir une

    maison".

    c'est l l'expression chez ce peuple, de 18 phi-

    losophie selon laquelle plus il nat d'enfants dans une famille, mieux cela vaut.

  • - Il -

    Ces diffrentes formes sous lesquelles se prsente

    le mme proverbe 8 travers les P8rlers 8ppartenant ce groupe linguistique et ethnique donnent une ide de l'exis-

    tence de points de divergence et de points de convergence

    entre ces parlers. Les divers idiomes mandingues prsentent

    ainsi 18 preuve que sous des appel18tions varies, ils sont

    des produits divergents d'une mme l8llgue communea Et c'est

    prcisment en pareils cas que, pour les linguistes, il

    soit possible de perler sans ambigut $ de udi81ectes" (1) 0 C8r le terme de IIdialecte" ne dsigne pRS toujours las mmes situations linguistiques, comme l'indiE.le la diversj.t de ses dfinitions possibl~s.

    B. Dl:;FINITION

    iD la r0cherche d'une dfinition pour "dialecte",

    si nous mettons tout de sui te de ct le s llS que vhicu18i t

    le grec dialektos dSignant les systmes diffrents utilisn " d8QS toute la Grece, chacun pour un genre littraire dter-

    min (ex. l'ionien non seulement en Ionie, mais dans toute la Grce, pour le genre historique; le dorien pour le chant

    ch or 81) , nous pourrions dire qu'au sens gnral, ce terme dsigne une forme d'une langue qui a son sY8tme phontique,

    morphologique et lexical propre et qui est utilis dRns une

    aire gogr8phique ou rgion plus petite que la langue dont

    elle est issue.

    (1) lA" ~L.RTINDT.- 1965 : Elments de Linguistique Gnraleo .i~. Colj:.~. P8ris, 5e Di ti on, page 160.

  • o

    - 12 -

    Il semble ainsi que catte notion de rgion d'implan-

    tation soit d'une grande importance, car ne P8rle-t-on pas, le

    plUS souven t, d~ Ifdi8lecte rgional" '? Mais ce propos l'on P8rle flussi de "diAlecte social" en rfrence au comportement

    linguistique divergent de certai~s classes sociales. LB encore, il convient, s'agissant des parlers mandingues, de

    mett.re de ct ce demier type de dialecte, tant dam le

    caractre non encore diffrenci des communAuts concernes

    en classes sociales. Les l~ngu~s n'y ont p~s Bcquis de stetut culturel ~t social qui les 6p~re les unes des autres en

    tant que moyen d'expression d'un groupe social donn ou par ~ ~ ,

    ref\::rence a un tel groupe.

    Dans les pays o l'on trouve une 18llgue officielle

    unique, normalise, n'8yent acquis son statut le plus souvent

    que p~r mesure politi~e, ce sont les autres parlers locaux

    parmi lesquels la dcision politique a choisi la langue de-

    venue officielle, qui prennent la position de dialectes. Bien

    que ces di8lectes soient pArls quelquefois sur de v~stes

    rgions et s'crivent souvent mme, ils sont la plupart du

    temps exclus de l'cole et de l'Administration centrale.

    On sait que c' ~st l t inverst1 du pro ces sus prcdent,

    c'est--dire la considration comme langues part entire de tous les dialectes locaux, plus prcisment de toutes les

    t'ormes 10C810s de 18 langue commune, qui prvaut aux Etats-

    Unis d' .iamGrique du Nord. ~ ce sujet .i.. M".RTIW~T rem~u"que que

  • - 13 -

    "Tout Jimricain parle un diEtlecto, celui de Boston,

    celui de New York, celui de Chicago, ~u, s'il a beaucoup vOYag, quelque dialecte hybride, SRns avoir le sentiment

    qU'il ne p~rle jamais autre chose que l'~ng18is d'~rique sous und forme parfaitement acceptable d~ns toutes les cir-

    constances de la vie 0 0000 0 0.00 0

    0 0 0 0

    Les dialectes amricains correspondent peu prs ce qu'on appelle les fran9~is locaux, et nullement aux pa-tois de France, u (1 )

    Il importe de Signaler ici que fait p~rtie de ces

    fran9ais locaux le franais d'kfrigue, recueilli dans tous

    l~ s Et ats d' i.fr i que f'r ancophone, d~ns le cadre du proj et I.F./h (InventElire du Fran~als d'drique ) sous les auspices

    Toutes les considr~tions qui prcdent autorisent donc penser ~e les dialectes ont t~ujours exist d~ tout temps et en tout lieu. Les lBngues mandingues n'ont pas fait

    exception cette rgle, elles dont les commun~uts t'aites de guerriers et de commer~ants se sont dispors~s dells maintes

    directions, implantant ainsi leurs ronnes diversifies dans

    tous las P8YS de l'Ou~st africaino

    L'tude des dialectes, de dialectes particuliers ou

    d'ensemble de dialectes, entre dans le domaine de la linguis-

    ( l ) iu M.l.RTIN.:sT.- op. cit. p. 158.

  • -

    - 14 -

    tique qui a nom DI.i.L~C'lDLOGlj1. Et l'importance de la notion de zone, d'aire linguistique ou de rgion d'influence d'un parler, constate chaque dfinition du terme de dialecte, a fait que le domaine de le dialectologie a t aussi ap-pel "gographie linguistique", et le rsultat des re cherches

    qU'il occasionne peut tre consign dans un atl~s linguis-

    tique.

    Nous empruntvns au DictionnRire linguistique La-rousse de Jeen nUBOIS (1973, p. 150) pour la dialectologie, la dfinition trs significative qui suit :

    "Le terme de dialectologie, pris parf'o1s c(.,mme simple synonyme de gugrephie linguistique, dsigne la dis-

    cipline qui s'est donne pour teche de dcrire comparAtive-

    ment les diffrents systmes ou dialectes dans lasquels une

    lengue se diversifie dans l'esp~ce ct d'tablir leurs li-mites" (1).

    Dj en soit cette dfinition indique le profil de la mthodologie d'une tude de dialectologie.

    c. M~THODOLOGIE

    Dev8l1t tf dcrire comparativement n (cf. notre dfinition), l'tude ici engage fonde logiquement SA mtho-dolOgie sur la synchronie. (1) JeR.n"DUBOIS.- 1973.- Dictionnaire de Linguistique. Edit.

    Larousse. P~ri8 ; p. 150.

  • - 15 -

    .l_ p~rtir donc d~s systmes phonologiques des pftrlers en prsence, des trBits saillants de leur morphologie et des

    chantillons ind1c~tifs de leur lexi~ue, tous lments re-cueillis p~r enqutes systmatiques, il a t procd une tude comparative 8 tous ces diffr~nts niveBUX pour mettre en relief le~p.ints de continuit et ceux de r~ture qui

    caractrisent l'volution de ces PBrlers, les uns p~r rap-

    port ~ux autres. Le m~triel ainsi amass ~vait t not

    par crit et enregistr sur magndtophone. Le contenu de ce

    corpus ~e composa :

    1) d'une collection complte des inventaires pho-ntiques ;

    2) de la notfttion des structures principales de la grammaire, en particulier des systmes nomin~x et verbaux ( notamment les d~t0rmin8nts et fonctionnels), de l'orga-nisaticn des relations primaires et surtout secondaires,

    etc.

    3) d'une collection lexicale de plus de 1.200 notions caractristiques ;

    4 ) de ttlxtes de IF! li ttrature or ale de genres divers : lgendes, contes, histoires, etc.

    Nous avons d penser et chercher pendant longtemps ,

    A cerner systm~tiquement'la situation linguistique 8ctuelle

  • - .'

    - 16 -

    des pArlurs mandingues. Mais force nous $) t de reconnaltre , ,

    que nous rencontrions la une dit'ficul t majeur e et avec laquelle il fallait du ~ste compter. Car cette difficult

    est inhrents la nature-mme de cette situation linguis-tique. En effet oet~e importante question se rt're non seu-lement aux relations dialectal~s entre les langues, mais

    aussi et surtout toutes les donnes linguistiques carac-tristiques de chaque parler dans une certaine rgion

    dialectale. L'analyse des matriaux et informations amasss

    au cours des enqutes, tRnt linguistiques sociolingu1stiques~ devait, d~ns les conditions normales de stabilit des popu-

    lations et des dlimitations des aires d'infl~once de~ langues~ aboutir ~ sa finalit immdiAte qui est

    1) de spsnialiser les perIers par des tracs d'iso-glosses dlimitant les zones d'implantation de chacun d'eux ;

    2) da dnombrer les locuteurs se rclamant de chaque parler.

    Le tout aurait dbouch sur la confection d'atlas

    linguistiques prcis, donnant la nature et la configuration

    exactes de la situation linguistique actuelle des rgiOns man-dingophones.

    Or d~a la ralit prsente de l'volution socio-conomique des pays d'hfrique de l'Ouest comme le Sngal,

  • DO

    - 17 -

    la vie des populations aussi bien sur le plan individuel que

    sur celui des couches vU catgories socin-conomiques, est

    caractrise par :

    - des exodes permanents ( migrations s8is(,'mires d'leveurs en qute de pt1.;.t'age pour les animaux, et surtout

    dplacements de travailleurs saisonniers servant de main

    d'oeuvre agricole, etc.) dus ainsi aux fluctuations cono-miques ;

    - des dparts en masse des jeunes, femmes et hnmmes, pour les grandes Villes, R la recherche dtun travail rmunr, dparts entretenus et amplifis par l'urbanisme et le d.ve-

    loppement ;

    - des effets d'~prationB conomiques organises par l'administration, tel que l'amnagement du territoire qui

    entrane des transferts ou au contraire des implantations de

    pc,pulation. C' cst le cas par exemple de l"Opration Te.rres

    Neuves", au S:ngel oriental (rgion de Tambacounda) ;

    - des situations d'assimilation ~t de dculturation

    d'individus ou de groupes d'individus, rsultats de ce genre

    de brassage de populati~no

    Dans ces conditions do constants chengements de lieu

    de rsidence pour des couches ou des catgories soci~les

  • .,

    - 18 -

    ent1r~s, ou mme pour des villegas entiers, phnomnes que nous Bvons constats au fil des annes d'enqutes et de

    contre-en~tes sur le terrain, nous BVons d comprendre qU'il n'tait enco.re pes ais, ni surtout rentable de f~ire concider, pour l'instant en tout CRS, des donnes gogra-

    phi~es ou des faits. humains, socio-culturels et conomiq~s

    d'une aussi grande instabilit, avec pBr exemple des lignes

    de dmarcation ou des chiffres obtenus partir d'tudes de statistique. ~1nsi le trac d'isoglosses d'une part, l'ti-quetage et le dnombrement systm~t1ques ds locuteurs p~r

    v~r.it de langue d'autre part, s'avrent si alatoires qu'ils ne paraissent ni opportuns, ni ~iables d~ns les situations

    actuelles des parlers mandingues. Les travaux d'minents

    chercheu~s attestent cet tat de fait. P~r exemple une tude

    laborieuse de Gessain et Carlstan, du Centre de Recherches

    J~thropologiques du Muse de l'Homme(l), illustre loquement cet tat d'instebilit des paramtres d'valuation par des

    tracs et pA.r des ch1:f'fres, de la situation go1inguistique

    des communauts mandingues du Sngal. En etret ces deux

    chercheurs tablirent une c~rte ethnique des Villages du D-partement de Kdougou en 1965, puis en donnrent une nouvelle en 1975. Il se trouve et l~s auteurs le constatent eux-mmes que la c8rte des villages recenss en 1975 comporte

    ( 1) Gessain, Mo et Caris tan, G.- 1975 : Carte ethnique des Villages du Dpartement de Kdougou.- Nouvelle dition. Documents du Centre de Recherches bnthropologiques du Muse d~ l'Homme. P~ge 1.

  • - 19 -

    - 240 villages dj ports sur la carte de 1965 ;

    - 77 villages qUi ne sont p8S ports sur la carte de 1965, soit qU'il s'agisse de villages nouveaux, ou de vil-lages dont ils n'avaient pu avoir c~nnAisSAnce en 1965 ;

    - 4 villages, ports sur la carte de 1965; qui sont abandonns.

    Une explication de cette situation est que les

    langues d'J~rique ne connaissent pas encore la tradition

    d'tre fixes ou figes dans un cadre dtermin, qU'il soit

    graphique (orali t./cri ture) ou gographique (rgion dt im-plantation). On peut dire que l'oralit, une des principales caractristiques de la linguistique et la socit d'~rique, trouve ainsi un corollAire aussi dterminant qu'elle dans la

    civilis ation' flfricaine

    .. ~ctue1lement donc, si l'on veut quand mme dispos er d'indications de lieux et de chiffres sur l~s ralits des langues mandingues, il n'est PAS inintressant de sc rfrer

    aux donnes (t'orcment approXimatives.) qui peuvent se trouver' d~8 les rsultats des recensements effectus travers le Sngal en 1961 et 1976. On pourr~it en trouver aussi d~s

    l~s rapports Bdministratif~, et les chiffres de popUlation

    scolaire ~vec mention des ethnies et lieux d'habitation des

    lves fournis par les Inspections d'Enseignement Elmentaire,

  • - 20 -

    rgioD8les et dpartemantales, et qui sont tablis jusqu'au niveau des villages.

    Bnfin, toujours d8ns notre mthodologia, nous ap-puyant sur la dialectologie structurRle, nous avons tent

    d'exploiter les rsultats de IR description des parlers man-

    dingues en cherchant laborer chaque niveau de la des-cription o cela s'avrait utile, les di~systmes reprsentant les similRrits existant entre ces parlers.

  • - 21 -

    CHilPITRE PREMIER

    1.1. Introduction

    ,,;.prs avoir tabli dans un pass,age de l'tude pr-

    limin~ire prcdente, l'inst8bilit de la situation linguis-

    tique actuelle des communauts et des zcnes mandingues d'une

    part, les consquences r~strictives qu'elle impos~ pour le

    moment un rigoureux travail de dnombrement et de location durable des locuteurs, l'on pourrait se demander si cet tat

    de ffli t ne limite pas pRr trop l t ampleur et l a porte d'une

    tude dialectologique. Mais la linguistique ne rgit pas la

    socit; c'est plutt cette dernire qui lui fournit l'objet de son tude qu'elle a charge d'anRlysdr tel quel. Bien plus,

    l~ dial~ctologic tant pRr dfinition une tudG compRrative

    de p~rlers (surtout voiSins), l'indicRtion dos "lignes de dmarcation" et du nombre de locutc:urs de ces langues, peut

    sans doute laisser la priorit aux grands thmes ou ides-

    forces que sont par exemple, IR conf'iguration et les C8rac

    tristiques structurelles et fonctionnelles de ces diffrents ,

    systemes. Et du rbste d8ns un sujet Russi vaste que celui de cette th~se, l'tude qui doit trG concuntre essentiel-lement sur IGS grands axes de r6rlexion, gagne plutt en

    rigueur ce qu'elle perd en richesse.

  • - 22 -

    1.2. Le pays et ses langues

    J.u Sngal g lus pRrlcrs m8l1dingues entrent dEms

    un ensemble qu'on peut estimer 22 18ngues ethniques de souche ~fric8ino, se p8rtageant un territoire de 1960722 km29 et une population value . 5.0680741 habitants au 16 .i~vri1 1976 (1). Ct efi'ectif comprend auss i bien la population de-:-micilie que la population compte part et la population flot tante.

    Le peys est situ dans 18 partie Nord-Ouest de

    l' ~:rrique o il donne la pointe la plus aVMce du continent dans l'Ocan ~tlantique.

    Il est compris entre les parallles 120 30' et 16 30' Nord, et les mridions 118 '30' et 17 30' Ouest. Il se trouve ainsi dans IR zone intertropicale.

    Le Sngal est limit

    - l'Ouest par l'Ocan .tlantique ;

    - au 'Nord et au Nord-Est pRr le fleuve Sngal qui

    constitue une frontire n8turelle avec la Rpublique Islamique

    de Mauri tanie ;

    - l'~st9 PRr la rivire Falm qui sert de fron-tire naturelle av~c la Rpublique du Mali ; (1) Snga1 : Ministre de l'Economie et des Fil ... ances. Direc-

    tion d~ la St8tistiqQeo Recensement gnrel de la popu-lation, d'~vril 1976 ; p. 6.

  • Sil

    ... 2.3 -

    " - au Sud, par les :frontieres de la Guine-Biss au

    et da la Rpublique de GUine.

    La Ggnbie constitue une enclave d 10.300 km2 ,

    stavan~ant sur plus de 300 km l'intrieur du territoire s-ngalais.

    La topographie prsent e dans l r ens emble une conf:!:-

    guration de plaines et de bas-plateaux d'une altitude inf-,

    rieu.re a 100 m.

    Le climat est caractris pFfr deux sai8ons, lJ...113

    saison sche qui dure d'Octobre Juin et une saison dos pluies dite "hivernage", qui dure en principe de Juin 8 t'in Septembre. Il est gnralement chaud ( + 220 + 350 C, en moyenne) avec une priode de :froid, prcisment en Dcembre, Janvier et Fvri0r, due au vent de l'harmattan (entre + 120

    o et + 22 C, en moyenne) 0

    La population e st ingalement rpartio sur l' 00-

    semble du territoire nationalo Elle est fortement concentre

    dans les Rdgions administr8tives do Ddkar et de This, ~ui sont las plus urbanises du pays, alors qu'elle est pRr contre

    trs disperse dans los autres RGgions, notamment ceux vers

    1 r Es t du pays.

    .. Los langues du Sngal appartiennent a deux groupes

    linguistiques :

  • . - 24 -

    1) Le groupe Ouest-,,~tlantique ou Sn~galo-guinen ;

    2) le groupe Mendingue (ou Mand).

    A Ces deux groupes sont issus de la merne famille, la

    famille Niger-Congo.

    Niger-Congo

    f~~J /= -~. i1TIi ~f Ouest-J~t1antique Mandingue

    Le groupe Ousst-.l,tlantique ou Sngalo-guinen

    comprend:

    1) Les langues If sngalaises" : wolof' pollIar

    srre

    2) Les langues "Cangin" . . palre (ou :falor) . lehre

    ndoute

    none

    sf'ne.

    3 ) Les 18Ilgues "b 8k" diola manjak rnankagne

    ppel

    balante.

  • - 25 -

    4) Les langues "tt::nda-gnugne, avec : . sous-groupe tenda

    sous-groupe gnugne

    .

    . basari

    bedik

    banouk

    Le groupe mandingue quant lui, se subdivise en mandingue occidental et en mandingue orientalo

    1) Le sous-groupe occ ident al se compas e du [lE-rlQ:lnka-malink, tandis que,

    2) Le sous-groupe oriental comprend le diakhFlllk,

    le bamb ara.

    Ces parlers mandi~ues du Sngal sont les mmes qu'on rencontre en Gambie, en Guine-Bissau et surtout au

    Mali et en GUine-Conakry o existent d'Poutres langues man-

    dingues de sous-groupes diff'rents et qui peuvent .tre uti-

    lises dans des comp~raisons ventuelles.

    Le sonink f autre langue mandingue, est gnralement

    tudi P8rt, en raison de SR rupture be8ucoup plus ancienne que celles des autres pRrlers, du tronc commun m8ndingue, et

    qui lui fait prs~nter des car8ctristiques nettement parti-

    culires.

  • ?

    ...

    , J

    ... 26 -

    Enfin il convient de signaler les autres l~ngues

    en usage dens 10 pays, et ~i y ont un rle historique ou/et un impect 60cio conomi~e indniables. Il s'agit net 8lIlment :

    du crole,

    du fr~nais,

    du libano-syrien,

    du mflure,

    de l'arabe.

    1.3. ;Les pRrlers mandingues.

    Les langues mand ingues, "u l'ensemble linguis-

    tique que nous pouvons appeler ainsi, constituent un groupe

    de langues parles p~r plUS de 10 millions de personnes

    rparties dans diffrents ~tAts d'bfrique de l'Quest, notam-ment dans les Etats suiv~nts o les locuteurs du mandingue reprsentent une assez large proportion de la population

    totale :

    Pays Pop. totale Nbre locuteurs Md '0/0

    Ma11 5.697.000 2.900.000 50,9 0/0

    Sngal 5.068.741 268.156 5,2 0/0 GEIllbie 524.000 ? ?

    Guine-Bissau 525000 ? ?

    GUine-Conakry 4.416.000 1.800.000 40,7 0/;'

  • ,tt>.

    , - 27 -

    Meuritanie 1.318.000 . SC.OOO 3,8 0/0 Cte d'Ivoire 7.389.909 1.309.340 25 0/0 Burkina-Fas BA 6.032.000 750.000 12,4 0/0 Bierre Leone 2.707.000 1.670.000 61,7 0/0 Liberia 1.708.000 ? ?

    Les premiers tmoignages scientifiques crits sur

    les langues mandingues ou les langues que nous p~uvons ap-

    peler ainsi, sont dats de 1851 ~ 1854. Il s'agit des tra-Vt=lUX de recherches du Missionnaire -'11emand S.W. KOELLE qui

    publie en :

    1B51 : Grammar ot: the vai language (London) ; 1854 : Out1ines ~r a grammar of the vai l~Age,

    together with a vei vocabulary fQld an account on the dis-

    covery and nature of the ve i mode ("If sy11Abic wri ting (London) 1854 : Polygl.tta ..l~ricana (~ndon).

    Cette contribution 8 l~ connnaissance systmati~e des langues mandingues dbouche, avec POlyglotta ~fric~na,

    sur la premire tentative de classification et ~i reconn~lt les langues mandingues cemme un groupe distinct, indpendfU1t.

    En effet koel1e prsente, p~rmi des langues soudanaises, 13

    l~ngues sous la dnomination "Northwestern High-Sudan Family

    or Mandinga Family of Language".

  • - 28 -

    ,

    Cette premiere proposition de classific~ti~n sera

    suivie de diverses autres, dont celles de Maurice Delafosse,

    notamment en 1901, d~ns : ESS8i de m~nuel pr~tique de la l~ngue ma:r:-dingue (Paris, Leroux), Do westermann, en 1952, dans : The l~nguages of West .I.f'rica (Handbook of' ,~fric8n Languages, London, Oxford Universi ty Press), M. de Lvergne de Tressan, en 1953, d~s : Invent8ire linguistiSLue d~ l' Mrigue Occlidentale FrFlnqeise et d~ Togo (Dakp.r, IFJ.N),

    ~.E. Welm~rs, en 1958, dans : The Mande Languages (Monogr~ph series Cln language ~nd Linguistics Il, Georgetown Uziiversj t~/ Pr~ss, pp. 9-24) et JoHo Greenberg, en ~963, dans : ~e Languages of' ,~frica (The Hagne, Mouton).

    c'est ainsi que d'amliorp.tion en amlioration chaque reprise d'une classification antrieure, nous en

    Bommes arrivs celle Greenberg qui semble faire plus au-autorit actuellement p~rmi les linguistes africanistes

    et sfricains.

    Il convient toutefois de prCiser que ces trav?,ux

    ci-dessus mentionns ne sont p~s les tout premiers crits

    sur les langues mandingues. :En effet il semble que la pre-

    mire publication sur une Iflngue m~ndingue est du Rv. E. Brunton qui crit en 1802 GrammFlr and vocabulary of the

    Sueoo langyage (Edinburgh). Vient ensuite celle de Jean Dard : 1925 : dictionnftire frM.ais-bRmb ftra (St-Louis du

    Sng~l)

  • ',0

    \ ... j.-

    - 29 -

    L'histoire crite dont on peut disposer actuel-

    lement et la tradition~ral~ rdcueillie auprs des anciens et des griots,s'accordent pvur indiqu~r qua les 18ngues mandingues sont nes d811s le v~ste terri toirt: du Haut-Niger

    (ce fleuve Niger, le plus gr~nd d'.t~f'rique de l'Ouest, chflnt et difi mme p~r les Mangingues chez qui il porte le nom trBdi tionnel de Djoliba)

    Ce vaste territolrd du Haut-Niger e t le ber-

    ceau de l'-un des plus prestigieux emp1r(;}s noirs des temps enciena, le Manden, devenu pRr l~ suite le Mali, o da NiRni 1 'Ocan .;~tlantique une seule c~mmun~ut ethnique, poli-tique et linguistique s'est exprime, celle de l'empereur

    Soundi8ta Ki ta 12e roi du Manden', S'?uverain au triple nom

    et au triple totem 8 l~ lgende merveilleuse et l'pope fabuleuae,,(l) Cf. c~rte N2 2.

    L partir de 18 confrontation systmatique des deux

    sources de documents confirme que sont las travaux de re-

    cherChas crits d'africanistes et de chercheurs africains,

    avec les traditions orales les plUS selidement tablies qU'il

    a recueillies dans tous les pays mandingopho s d t J-~frique de l'Ouest, CE'mara Laye, en tant que cheroheur 1 f IF.;~N (Dakar), peut affirmer avec certitude dans Le Mettre de la Parole (1978), que :

    (1)- Camera Laye. 1978.- Le Maitre de lA Parole (Kouma LafS1S koums) - Plon, Paris, p. 320).

  • \.

    - 30 -

    If d8ns ce vaste territoire se sont succd des

    Etats plus ou moins stables et relativement centraliss, dont

    l'orgAnisation politique et sociale, complexe, devra peu de

    chose l'influence arab~ pUisqu'on retrouve les mmes ins-titutions politiques dans des r'yaumes comme celui du Mess.i,

    qui ont toujours t ~ l'abri des inflences extrieures.

    Un' autre p;:lrt, le Haut-Niger entretenfl1t depuis toujours des relEltions avec 1 .t~f'riqu.e du Nerd. Les historiens

    1

    et lds g.graphes arabes ont pu t'ournir des renseignements

    prcis, soit qu t ils aient recei1l ides tmo.ignages directs,

    et ct est le cas d'El Bkri au xr s1~c1e, d'Ibn Khaldoum et d'hl Omari au XIVe Sicle, soit ~'i16 aient envoy dans ces pays des messagers, comme Ibn Haoukal au Xe sicle, Ibn

    Batoutah au XIVe sicle et Leon 1 ti~fricain, de son vr8i nom Hassan Ibn Mohammed el Wazzen es Zayatte, au dbut du XVIe

    sicle.

    U, partir du XVIe Sicle, nos sources sont des

    chroniques historiques rdiges en p.rabe pp.r des rudits noirs

    des bords du Niger, tels Ir 00. que Mahmoud Kti, ~bderramane es Sdi n(l)

    ~ tr~vers toutes ces sources et toutes ces des-

    criptions, noua dcouvrons le r~t'let d'une civilisation ori-

    (1)- Cam~ra Laye.- 1978 : Ouvrage cit, p. 19 et 20.

  • ....

    ....

    - 31 -

    ginale que sut crer le Manden, empire constitu d'un ensemble

    de 12 roy~umes, peupl de diffrentes tribus melinkes mles aux bambara dont ils ont t les h9tdS, en venant du "Seleil

    Levant tl

    Le Manden devient le MAli en 1230. Mari DiAta

    (Mari : "mir", et Diat a : "lion"),' fondateur de l'empire du Mali, rgne de 1230 1255.

    Cette indication selon laquelle c'est la mme entit

    go-politique qui a t appele "MAnden", puis "Mali", est

    une prcision cR.Pitale. En effet il n'est p~s rare de cons-tater que d~s des recits et mme d~ns des crits, l'une et l'autre de ces appellations Gant utilises indiffremment,

    Bans qU'il Boit vident que le rfrent est le mme. Et sur

    le plan des lRngues, dans le mme ordre d'ide, l'on comprend

    BiB~ment que les pGuples et les langues du Manden tant d-

    signes sous le nom de "m8Ddingue", coux du.M.a.!1, c'est--dire

    les mmes mandingues qui viennent d'tre mentionns, ont

    t appels "malinks" ft CFluse du changement da nom du pays. En fait :

    rn81inke = Mli ( = nom du paYs) + nk ( ou k) (= homme) ; d'o Malink = habitant, sujet du Mali.

    Ce qu'on appelle le "mRlldi~an (au Sngal, en Gambie et mme en GUine-Bissau), et qui est une vRriante du mandingue, dite de"l'Ouest" se retrouve logiquement sous

  • .~

    - 32 -

    l'appellation de "malinkn , de l'Ouest, s 'entend. Cela

    explique que le terme malink ne soit point mentionn

    par l' ilbb David BOilat, dans Esquisses .S.ngAIAises A il n'est fait cas que des Mandingues et des pambara, le nom

    de mandingue incluant sans doute malink aussi. De mme,

    le titre de l'ouvrage de RC'wlands: ,lFlmbiAn mAndinkR est tradu1 t jus te ti tre par le "malink de Gambie" pAr Suzanne Platiel, dans "Les langues mand", in l!1"y~ntatr.ft

    des Etudes Linguistiques, CILF, 1978, po 57, ligne 8.

    Dana : Samori, une rvolution dVulR (1969), Yves Per60n aussi appelle le mEmdinka du Sngel, "m3link Occi-

    dental" (p. 49).

    lainsi SI smantiquemdnt 9 Manden = Mli ; et la trans-

    position Manden-Mali justifie l'appellation mandinka-malink, du mAndingue de l'Ouest ou Sngal.

    NC\us verrons ,si les tudes comparati vas qui

    seront faites aux divers niveAux phonologique, morpho-syn-

    toxique et l~xical confirmeront ou infirmeront cette iden-

    tit mandinka-malink.

    Quant 8 l'Empire mandingue il s 'nrganise et att"eint son apoge entre le XI et le XVIe sicle. Mais cette stabi-

    lit relative par aillollrs, allait cder la plAce des bouleversements provoqus par les trRditionn~lles pulsati0ns

    de l'instinct guerrier e: commercial dJS sujets du manden

  • Il -'

    - 33 -

    qui vont ainsi se trouver propulss par vegues scessives

    hors de l'expansion qui mnera les mandingues notamment

    vers l'Est, le Sud et surtnut l'Ouest.

    1.4. L'implantation.:des parlers mAndingues au SnEB!.

    La reprise des exp:}.o-i ts guerriers et l ~ instinct de cl\nqute de Soundiata et de ses sUccesoeurs sint les toutes

    premires et principales causes(l)de la dispersion du .. ~

    peuple, de le civiliS8tion et des 18ngues mAndingues , a

    travers l'Ouest africain. Car selon la devise de 1 'Empi!~e -mandingue du Mali :

    "c'est la guerre qui a com-

    truit le Mali . " ,

    KeIta le ka Mali t ! : "c'est la guerre qui a ruin l~ Mali l"

    Et cha~e direction cardinale d'invasion ou d'migra-tion amenait la langue dS tribus ffifllldinguas dans une

    colOgie linguistique particuli~re.dont le substrat la transformait cit la restructurait de fa90n spcifique. C'est

    ce qui fait distfnguer :

    (1) - L'Islam et le commerce longue dis+ance taient aussi et dj intgrs leur culture, mais seule-ment comme lments access~ireso Par la suite, l'apPArition imprvisible des Euro-pens s~ la Cate atlantique, en prsentant de nou-veaux objectiCs, allait simplement relancer un mou-vement qui touch~it dj sa fina

  • e -

    ,.

    - 34-

    mandingue de l'Est,

    m-mdingue du Sud

    et mandingue de l'Ouest.

    L'immense,p~usse vers l'Ouest, est celle qui n~us intresse directement dans cette tude. Elle passa et

    transita par le !\ab.u, prevince de l a priphrie occiden-

    tale du Mali qui ne tarda pas s'riger en vritable puis-san~e au sein du monde Sngambien, avec pour capitale

    Kaneala, en Guine-Bissau.

    En effet les tmoignages 'cri ts et les "tradi ti0ns

    .rales s'accordent p.r dire que le Kbou, l'un des plus

    puissants royaumes mandingues l'Ouest, au xrv sile, est p l t'.rigine de l'expansi.,n des manden-kee (les ('\riginaires de. Manden) dvenus Kbu-nke (les ress,qrtissants C4l Kbou),

    . ~

    dans les territ.ires guin&-sngambienso C'est lors de la

    r-ondation du Kbcu, vers la fin du XIIIe Sivle p~r T~ramakhan Tra.r, un des geands chefs de guerre de Soundiata,

    qu'une grande partie de la Sngambie aurait t conquiseo

    L'aire gographi~e du Kbou ou : 'Tiramakhan bank~ : .. "la terre de Tiramakhan" couv.re la maj aure partie des terri-

    t.iro~. actuels de Gambie, de la Rgion sngalaise de Kolda

    (le Paka-) et de GUine-Bissau. Elle se caractrise par l~unit de son milieu phySique et la diversit de ses peuples. Elle est limite au Nord par la Gambie, au Sud par les trois

  • - 36-

    fleuves Guinens que S0nt le Rio Cacheu, le Rio Geba, le

    Rio C~l"nbal, au Sud"Est par les contref~rts du Fduta

    Djallon. (cf. carte n.3, p. 39).

    Du Kbou vers le Ndrd-Est les Mandingues s'1mpltan-

    trent dans t'ute ltactuelle Rgion ~dministrative de Tambacounda. Il conviant de signaler que cette dernire

    Rgion prsente, dans chacun des trois Dpartements qui

    la ccnstituent, de nettes deminantes linguistiques :

    - Dpartement de Tambacounda, avec la dminante

    bambara ;

    - Dpartement de Kdougou (Kdugu = k "homme", et dug Itville"l, avec la dominante mandinka-

    Malink.

    Il faut maintenant noter, ici, la prsence du diakhan-

    k, autre variante mandingue, partout o on rencontre le

    mandinka-malinlt, dans toutes les communauts rurales du

    Dpartement de Kdougou. La mme coexistance est observe

    dans les villages des rgions du Kbvu aussi, o le diakhan-

    k (qui nt a jamais t majori taire nulle part au Sngal) est cependant immanquablement prsent en tant que langue

    de la minorit des Diakhanks reconnus comme fidles com~a-gnons des Malinks.

    D'aprs L.O. Sannah dans: Thq historY of the jakh~~e people of' the sene-gambia ( 1974), les Diakhanks taient

  • - 36 -

    venus de D1akha, rgion situe dans 18 muyenne valle du Niger.

    Dpartement de Bakel, c domine le parleer

    sonink (scn1nkee = s5 "cheval", nflJ If 8vec" et kb6 tlhomme" les Soninks sont ceux qUi sont venus cheval). Le nombre de locuteurs de cette langue est estim 330443 personnes dans une Rgion qui compte 287.313 habitants. Soit 11,60/;.:-

    de la population de la Pkgion et Og65 % de la population totale du Sngal, en 19760

    Par ailleurs un tm6ign8ge entre autres de l' ap-

    partenance du snnink au groupe mandingue est fourni par la

    tradition historique qui indique qu'une partie des tribus

    de langue 6"nink, cette langue dont on a di t aussi qu'elle s'tait dtache du grand courant du m8Ildingue. Ouest une date relativement ancieY'lne)", avait pris part, avec toutes les tribus ma1inks, la grande bataille de Kirina en 1235 o fut battu Soumaoro, le r ... ,i du Sasso, par Mari Diata (ou Soundiata Kita, le nom retenu par la tradi tior ) .

    Toujours du Kbou, des incursions eurent lieu vers le N~rd-Ouest, jusque dans l'actuelle Rgion de Fatick en PaYs srre Sine o elles laissrent dos lots mandingueso

    Cette expansion c~ntribua la fondation de la dYnastie princire des Guellowa~s des pays srres avec ~tavnement de Maysa Wali Di0ne, le premier Guellowar, selon la tradi-

    tion srre (XIVe et X\'": Sicles' "1

  • - 37 -

    Mais c'est par un cas de vritable naufrage lin-

    gUistique et culturel que se solda l'expansion mandingue Il ,

    en pays serere.

    En effet d~s kbunks qui, selon la tradition orale, 'avaient t It~rigine de la naissance des prin-ces srres des GuellowArs, subirent bientt la culture

    des aut~chtones. Ils y avaient port certes la royaut, ..

    maiF tant minoritaires, ils devinrent, progressivement,

    par des mariages, des srres au lieu de se maintenir comme

    mandingues. Ils ad~ptrent trs vite la langue srre, contrairement ce qui s'est pass dans les autres rgions o leurs tribus s'taient installes.

    Enfin en pMgressant vers le Nord, les mandingues

    accdrent au Fouta 'l'oro, sur la rive gauche du fleuve

    Sngal.

    Le pays des Toucnuleurs, "vers le Xe siclo de

    notre re portai t la dnnmination de Tkrour Les habi-

    tants du Tkrour se compnsaient [outre de Toucouleurs], d'lments divers et comprenaient surtout des Noirs Srres,

    Ou"lof's, Mand~ngues li Sarakolls [= Suninks] et de Peuls

    "Cette poque fut caractrise par une grande

    confusion politique, elle-m~me due l'instabilit de la prpc.;ndrance de tel royaume ou chef'ferie ethnique sur

  • !

    - 38 -

    tt'est cette an8rchie qui !-'aciliterft, aux deux

    sicles &uivants, la conqute puis l'annexion du Fout8-T~ro successivement par les souverains de l'empire sonink du

    Ghana et par ceux de l'empire mElndingue du Mali." (1)

    ,

    Bien plus, dtms Sfl ~ese de doctorat de 3e Cycle

    consacre l'histoire du hr'8 ~lgendaire du Fouta, Samba Guladigui, histoire que lui a raconte en "version indite"

    le clbre chroniqueun P~~L Mamadou Baila Oum~r~ ~mEldou LY crit :

    " 47. Sl1Illb a appartient ~ l'ethnie Malink, "48. Q~_!:!~!!i_g~~_~~!!!!!~ : "50. Leur nom tAit Kita, "51. Mais 1.rsqu'ils furent arrivs ici, au Fouta,

    "52. Quend on leur disait "merci vous n , "53. Ils rpond8ient . "mb an . "54. Et c'est de 1~ que leur vient le patronyme

    da A Ba. 'u 55. Le ItB" vient de "mba".- (2)

    i~insi s' implftntrent les premiers rameaux des par-lers mandingues du Sngal. Il convient d'indiquer tout sim-

    (1)- Yaya Wane.- 1969 : Les Toucou10urs du Fouta-Toro (Sng8~, stratifie ation sociAle et str ture familiale 0 IFJ.N, Dakar, p.9.

    (2)- Jmadou Ly.- 1978 : L'~pope de Samba Guladigui (tude d'une version indite). Thse Doctorat de 3e Cycle. Universit de Dakar. FRcult des L~ttre6 ; 1977-78 p. 35.

  • .,

    - 39 -

    plament qu' ces premires vagues de pntration ont suc-

    cd des dplacements et migrations ns des basoins des temps

    modernes, comme p~r exemple :

    1) Construction du chemin de fer du Dakar-Niger (ou Niger-Ocan) reli8nt DakAr Bamakc et qui drAina de 1911 8 1915 une irnp~rtante main d'oeuvre banbara 8U Sngal, notamment dans la zone de Tambacounda ;

    2) Concentration des troupes coloniales, les f8-meux "Tirailleurs SngalAis" dont on sait qu'elles compor-

    taient un fort contingent d Bamb8ra, notamment B This ;

    3) Migrations saisonnires restes toujt'urs d'ac-tualit, de travailleurs agricoles venant du Mali.

    ~ dfinitive, la dispersion des peuples et par

    consquent ds langues mandingues et leur pousse vers

    l'Ouest sont situer~d~ le cadre gnral des mouvements migratoires qui ont caractris l'histoire et la vie com-

    munes des peuples du continent africain. C'est un mouvement

    qui a t, et mme reste B la mede, et juste titre : il s'agit du courant qui, des steppes et des rivages de l'Est'

    du continent ( et mme de l' .i~sie peut-tre), a Sflns cesse pouss les hommes p~r vagues vors l'Ouest, et a en l'oc-currence tlmmen les fils du Manden (continental) au Kbou ~t au Pakao (atlantiques), plus prCisment au Sngal, pays de confluence et des mtissage.

  • ,

    - 40-

    S1 nous avons ins tet 3ur \:!ette prsentation des

    divers parl.e..:.JIl8ndingues du Sngal, 9~ t pour mieux sj.-tuer leur hist.o~e et poser sur des b~ses historiques Ifby_

    ,

    pothese de trflvail portflnt ~U!l leur origine commune '3t les

    :f acteurs de rupture ou de co nt inui t dFlIlS leur vol ut.i on res-

    pective, tr~verB la vie et le dentin de leurs divorses communauts 0

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    " ,'.

    ~"'

    ~. "

  • ,

    - 42 -

    2.1. - INTBQDUCTION :

    L'tude de l~ phonologie des parlers mandingues du Sngal est mene ici sous forme d'uri essai d'applica-

    tion de la mthode comparati ve (gntiqUe). Bien qu'elle s'inscrive ainsi dans la perspective de la linguistique

    compare dont lp mthode centrale est la reconstruction

    externe, elle ne vise cependant P8S reconstruire un proto-mandingue, mais simplement montrer, au stade mandin-gue qui leur est commun, leur langue de premire synthse,

    la nature et le degr de leurs divergence et convergence

    phonologiques.

    La linguistique africaine doit l'adaptation de

    cette mthode aux langues dont les tats antrieurs sont

    inconnus, entre autres et essentiellement Guthrie, Meinhof et Manessy.

    2.2. - DliFINITION ET PRINCIPES

    Le comperatisme est le mthode de recherche de

    linguistique compere qui prit naissance au d.but du XIXe ,

    s1ecle, sous le nom de grammaire comp@re et qui constitue

    l'une des premires approches scientifiques de langue,

    avec celle de la linguistique descriptive. Le but principal

    vis dans cette mthode est de trouver les liens entre les

    diverses l~ngues d'un groupe linguistique et de reconstruire des prototypes hypothtiques d'o taient drives les lan-

  • -.5

    ;.

    - 43 -

    gues attestes. Qu'elle soit gntique (historique) ou typologique, toute compRraison se fonde sur trois principes

    de bBse :

    ~) Et8Ilt donnes les re6sembl~nces ou correspon-dRnces constates entre deux ou plusieurs IBngues, la loi de

    l'arbitraire du signe permet de conclure que les formes

    semblables sont gnralement dues une relation historique entre ces langues, (hri tage comm.Ul~) et non un lien direct entre le signe linguistique et l'objet dsign

    La cor.respond~nca est la reletion structu-

    relle exist'ant entre les termes pris dans les diverses

    langues et entr~t dans las sries (listes ou groupes) qu'on appelle "formUles de correspondance".

    2) L'volution normalement progressive des langues permet de penser que tout tat de langue est une simple

    modif1cBtion d'un tat antrieur.

    ,

    3) La const~ce des changements phontiques auto-rise considrer que toutes les r~lisetions d'un phonme ou d'un groupe de phonmes changent, en gnral, d~ns le mme sens. Par exemple si Cg] devient [b] dans une 1 angue ou une forme, il devient ainsi dans toutes les formes is-

    sues de lB mme l~ngue Ancestrale.

  • .1'

    ..

    -44-

    lSnfin, il VFI S8IlS dire que la comparative ne doit

    tre entreprise qu'aprs une description systmatique pra-

    lable des diffrentes lfUlgues p~rticuli~res. En effet ce sont d~s systmes qu'on compare entre eux. Si non, on risque dos complications du fait p8r exemple des allophones.

    2.3. - M MEi.THOD.L. l!iN CO MP .t~RATIV~

    '" Elle consiste 1 d~ns ses grRndes lignes, a :

    ~) Rechercher deus les di verses langues des formes semblables qui traduisent des mmes rdalits ou concepts.

    Dresser ainsi des listes pour chaque ralit importante du

    milieu socio-culturel d~s locuteurs des langues tudies

    (leXique fOndamental).

    Pour que ces listes qui ne sont PFlS encore des

    bases da comparaison, mais des matires premires 9 soient

    des "sries compar~tivesttJ ii fflut :

    b) procder des tris pour s t assurer que tau tes les formes reprsentes sont effectivement de mme sens

    (sens propre), et enrichir les listes de nouveaux termes.

    ~) Faire correspondre dans IdS listes les lments constitutifs des formes, terme ~ terme, c'est--dire mettre ensemble les radic&ux des formes nOminAles ensemble, ceux

  • .--..i

    1

    . ~

    - 45 -

    des formes verb~les ensemble, etc De mme sp~rer les formes comport~nt voyelles longues de celles comportAnt

    voyelles brves, etc.

    d). La rgle, c'est qU'il y 8it 3 formes (ou termes) o l~ mme correspondance se retrouv~

    On tiendra donc pour valide toute c~rrespondance

    est atteste 3 fois.

    La sri~ comp~r~tive idale ser~it celle d~

    laquelle toutes les langues ser~ient reprsentes. Ce qui

    est en gnrel extr~ement rare.

    A p~rtir de ces principes et hypothses, 11 est possible de tenter de rtablir le phontisme du PArler com-

    mun ~ux l@ngues mandingues du Sngal.

  • .A

    , - hG -

    Les symboles utilics pour 18 transcription sont

    ceux de l' I .th Io (Intern8 t ion81 i1rric Rn Institu te), dont l'adaptAtion a donn l'orthographe pr~tique o~iciel des

    (1\ llngues snf:g81Bises. \ ) S;:,.les les gr8phies suivAntes dif'-

    '" , " , ferent, de 1 IoA.lo BU systeme seneg818is

    lo.A.I 1

    Systeme SngFllp,is

    ~~ --- -_t

    Pour les consonnes . .

    IF! n8sBle p F.8t flle . fv/ny Yl. "

    Pour les voyelles e

    e e

    ,

    0 0

    0 0

    --Cl) Dcret N~ 71566 du 21 MRi 1971" publ i d::ms le journFll officiel du 28 Juin 1971.

  • ,

    - 47 -

    2.5. - LA NOT JlTI ON DES TONS :

    Nous indiquons ici cette notation, en complment

    du systme de transcription, 8vec lequel il forme un tout

    mthodologique. Une tude systmatique d~s tons se~a fAite dans l~ IIIepArtieo

    Le syst~me d~ notation des tons Adppt ici s'ins-pire des trAVPlUX de la Runion I ... C.C.T .. /C~LHTO sur 1 'hflrmo-nisation de l'orthogrAphe des lAngues mandingues et paul

    convoque NiAmeY.(Novembre 1979) puis Bamako (28-1-80) et auxquels nous avons p~rticip. Il repose, d~s cette

    tude, sur les deux rgles principales suivRntes :

    2.6. - REGLE DE SUCC~SSION D~S TONS :

    Las tons se succdAllt dAnS la plupArt des mots

    selon l'ordre ton bAS, ton hAut, ton modul, on ne mArque

    que le premier ton hAut du mot. Les tons qui le prcdent

    sont bas, ceux qui le suivent sont hauts

    .... 'linsi :

    a) Lorsque tous les tops d'un mot sont h~uts, ce mot porte un accent Aigu sur lA premire syllAbe.

    ex. w6l' ~ wlilfl ; b6J.{ - btllu.

  • _0

    ,.

    - 48 -

    b).Lorsque tous les tons d'un mot-sont bas,* ce. .... -mot .ne-porte- ~ucun. accent

    , " ex. ~.:. .none ~ nono;

    , , kese ~ kese.

    ) ' , " c .. R~gle -generale .:

    ax. .' / / " 14' :: Jamana ~ JamAna.

    2..7. _. REGLp.; 1)4 NON SUCCbSSION n~s 'IDNS :

    .. Pour .les "mots (trs rfll'ea) qui n' obissent .p~s . # ......

    lA rgle ci-dessus, on marque tous lest.ons . Le tan ll8u:t--:

    est marQ...u pa:r:un Elccent aigu,. le ton bas par un.-8Cc.en.t grave.

    Les trois pArlers mandingues tudis ici sont les

    aUivents, avec indication. des 8brvia.tions. qui les rep.r-

    ... sentent :

    le . mandinka-m.alink (que. nous. r.epr.sentoDS p. sr. . Md-Ml).~ .. le diakhfUlk (Dkh} etl.e b8lllb8ra (Bb ) .

    2 . 8. - L.ci Ci CO NSO Nl'r.& S

    2.8.1. ~Les consonnes initiAles:

  • - 49 -

    60 pierre

    i~ Ib/ Md-Ml a1~~ / b // lb /.

    b b 8S8 eree Ulu

    ; i

    nkh b a1~~ b / b er6 lb ,11U flrJ Et /. ;1 / 610 Bb .

    b al0 b asa b ere b

    160 personne 14. mince 150 boire 18 .. .fem~3

    '* /m/ Md-Ml . 1/ ,/ . '"

    m 66 m ese1) m 11) m uS'rt

    1 ,/ ,/ Dkh m ox m ese1) m i1) m 1::,

    Bh m ogt m / esen m in m / uso

    19. vendre 2l~ dindon \.

    25. brousse 20. grener le cMpelet

    ... /.r" " ,~ I~/' ~a / " */w/ Md-Ml

    W ft ~ro w o 00 w w J.rdl Dkh '" /' // ~a . \. W afJ.ro w 0100 w w J.rdi Bb

    / 1 \, / /. ~ W 8.filJ. W olv w ula w ird~L

    26. , 31. chose pere 33. noir 36. deux

    *;f/ Md-Ml :r :r d r IJ :r ./ fl eIJ ula

    Dkh .f [-1

    .f lJ :r / a, ... -. eIJ uJ.8

    Bb :r a ; :r in :r 1/ ~ en J. a

  • - 50-

    2.8.1.20 - Dentales:

    50. tfUlg 510 enf~nt 54. petit 56. sous

    f r--, 'la !IJ Gk5 6ma * Id/ Md-Ml Id d d d

    Dkh d / d !IJ d 1 d -6ma ala oxo

    , Bb

    d ~18 d ~n d ag6 d &guma

    42. forteresse 4.3. p~s i'nga- 47. grenou1l- 48.areil-tion) le le

    * /t/ Md-Ml t ; 1 t t # t,1 t Ulu

    ate o 0

    Dkh t 1 t t ot6 t ul6

    Bte e

    Bb t at' t e t ott t ru

    57. utilit 60. l~ngue 62. lait 61 off r ir

    */n/ Md-Ml /,1 'IJ

    -.,

    n ai'aa n n 6n6 n i1

    Dkh n af n dIJ n ona n 1i Bb n ef n ln n one n 1.

    67. trois 81. cheval 77. baobab 79. pan-thr~

    */8/ Md-Ml s , aba 8 uu s 1t~ -;' 61.1 Dkh / t/ 1.i s 21ba 6 uu S ~ a s

    Bb / , it6 tli

    s Bba s 0 s s

    \ , .

  • - 51 -

    2.8.1.3. - Liquides :

    66. cinq

    * /1/ Md-Ml: Dkh Bb

    Lltrale :

    1 ~&u 1 ~~1U d &iru

    63. tui

    11 aa 1 aa

    l aa

    64. Vider

    il ,s~, l (1 1 ts'i

    Liquide, non latrale :

    90. doubl ure 89. pAlmier non taill

    * . ,...--! / '! , ,l"~ Ir/ Md-Ml : 1 " Ir . aeoo r sndoo Dkh

    l:. / Il

    .. ..' aaoo r andoo

    Bb --- - ---

    98. estomac 101. joli

    */'11/ Md-Ml Tl aa Dkh : Tl 88

    Bb : 11 aa

    65. toile

    ~._.

    l .' 6 01

    1 610 l 1 010

    102. mil

    1'1 66

    Tl 00

    li 00

  • "-

    f

    : .".

    - 52 -

    Pal at alt:s (suite) :

    91. o'ignon 93. voir 95. escl~ve

    */j/ Md-Ml ~/b li 1 iJ a a j ! Dkh 0 ! j 1 ~ba j i ,

    ly.J ' Bb ; j ~ba lOS. arbre 104. aux1lieire

    du p~ss

    */y/ Md-Ml r y (ri y l Dkh

    Y 1ro y t

    Bb l~ (ri t y

    2.8.1.5. - Vlaires

    109. nuage 113. homme

    Yk/ Md-Ml k / ~ { l aba

    / 1 // Dkh

    k aba k ee Bb k / 1/ aba c ee

    ! ---

    2.8.2. - Les. consonnes mdianes

    2.8.2.1. - Labisles :

    67. tro la 82. viFlnde

    Ibl Md-Ml : salbl~ /1 1 -su lb u

    j IJ

    j olJ j on

    107. errer

    Y ~o y 'ro

    y &.0

    128. tte

    ~~ x U1J

    ~un . .

    52. ombre

    dilbl~

    97. corde

    j Ul6 j rue' j Ull1

    106. sAlive

    Y ~/~1. ~ ... ' 00 00 y /.11\\ 00 00

    y .Ill' 00 0 '--_ ..

    126. an

    k t

    k ota

    k oro

    72. A reve

  • 1

    ~

    Labiales suite

    Dkh

    Bb

    92. pays

    */m/ Md-Ml . r-: 1 :Ja'm 8na Dkh ja m / ana Bb ja ml ~na

    1

    77. baobab

    */t/ Md-Ml :si t / a Dkh si t ,/ a

    1 Bb

    si t a

    124. perle

    * ,1 /n/ Md-Ml :k n oIJ

    Dkh ko n 6IJ

    Bb ko n 6n

    76. asthme

    */8/ Md-Ml :s1 s / a Dkh si s / a Bb si 1

    6 a

    - 53 ~

    s-6~ u ,1 ,

    80 g 0

    115. cent

    ka m ~ e

    ke ID.. e

    ka m a

    5 nombril

    ba t ~ a

    ba t / a

    ba r ,

    110. ~mour

    ,1 k~r 0 kan 6

    k~ r &

    800 h~ricot

    ,1 sa 8 0

    60 6 6 60 6 ~ 0

    ...... J

    ~I Sii~ ~ di b aIJ di.~. ~n sii b i 17. muet 69. 1phftnt

    m-6 ~~ m / m sa a m~ 6n" / ' " m e sa m a mt1 m 6n' sa m / a

    29. peau 58. apporter

    fa t / / t ! ,\

    a nA 1ro

    fa t / / t . ./, El na l.ro / ;/ A / fa r a na t J.

    62. lait 400 malheur

    ..---

    n n , 0 ta n a

    no n 0 ta n a

    no n 0 ta n a

    116. graine 30 natte

    k S bfl S / B'

    ke 8 e ba 8 / a

    ka S e ba s ,/ a

  • - 54 -

    2.8.2.30 - Vlaires

    Il. mangue 42. flr~chide

    * Ig/ Md-Ml /r;' t jY :man g fi nkh 1 1 t Iy

    : man~ 6 a Bb / " t : man g oro g a

    2.8.2.4. - Liquides

    Latrale

    55. lieu 129. peau

    * /1/ Md-Ml -/ :du 1 a ku Il ~ ,

    IHth

    du 1 / kul 6

    ~

    Bb 0 du l / go 1 6

    a

    Non latrale

    Ill. lune 71. couper

    /1 */r/ Md-Ml :k~ ~ r i s r 0

    Dkh k~ s6 , r u r 0 Bb k6 l 6 st, r \ J.

    128. Chef 83. jeune fille

    kunti i afin k utu kunti i s~ k utu kunti g i s~ g urn

    960 com- 48. oreille merant

    --, t~~u ju 1 j" ju 1 / tif 1 6 2i ju 1 1 t~ l . a

    19. vendre

    1

    / 1 ~ wafJ. r 0

    6r' , w J. r 0 / ~ l "-wafl ].

  • -'

    ... ss -

    2.8.3. - Les consonnes finales :

    108 0 cou 114. greisse 118. mordre 128. tte

    */n/ Md-Ml / iIJ kif k! -, l

    ku :ka IJ !JI lJ 1 Dkh k6 t_ k 1J k! ku 13 :1 Bb ~ k kf ku ka n n

    J 29. - AU SUJ".ciT DiiS IRR.i;GULJ~RIT6S DJ~NS b SYSTEME CONSON,,~N-

    TI~UE .

    La thorie linguistique prvoit, et l'exprience

    confirme, que d'une part le chengement phontique est un ph-

    nomne rguliar, mais d'autre part les mots ont souvent leur

    propre histoire. Celles-l sont dues eux conditions et aux

    lments qui ont dtermin l~ur dvolution dans les milieux o che que 1 engue a pu se trou ver un moment ou un autre. Plus une 1Rngue voYage plus elle amasse dos lments nouveeux

    ou tr8ngers, s'enrichit et se diversifie. Moins elle voyage,

    plus elle est conserv~trice. Il s'agit l~ d'un aspect sp-cial du phnomne observable d~s une communR.Ut linguistique

    , ,

    ou 8 chRque instant concourent deux forces antagonistes que

    Ferdinand de Saussure dnomme tlforce d' intclrcourse et espri t

    de clocher" (F. d~ Saussure, 1971, 284).

  • l) ,.1

    ..

    - 56 -.. , .~ , .

    CdS fa it s aident

    ~) 8 expliquer des irrgul ~ri ts rsul t~nt d'une volution et qui peuvent p~rfois p~raitre aberrantes, d8ns les srias de correspondAnces ;

    2) 8 dceler les phonmes mArginaux, souvent in-troduits d8ns des langues par des emprunts, ou mme par des

    faits extra-linguistique comme pAr exemple les onomatopes ;

    3)l s'apt.rcevoir du st8tut d'lments tflrdivement et/ou unilatralement fabriqus pflr les langues, d'un cer-

    tain nombre de phonmes.

    Ils st:rvent ainsi 8 r econnaltre et' 8 cerner les segments phoniques primitifs des langues, avec lesquels on

    fait la reconstitution du systme fondamental commun.

    2.9.1. - Les labiales prsentent des sris de corres-

    pondEUlces parfai tement rgulires en position initiale. Par

    contre en posi tion mdiFlne, on peut rencontrer d~s de rares

    cas l'irrgulRrit [b]/[g]. C'est ce qu'on relve comme [b:b:g:] dans le cas de "v il'lme" (82) : ii:n Md-Ml : sbu, Dkh sbu, Bb. : sS6. La premire question qui se pose en p~reil cas est d sp.voir si [b] et Cg] sont l'un le produit de l'vo-

    'lution de l'autre et si oui, lequel des deux sons a donn

    l'autre. Bien que [b] et (g] puissent tous les deux donner

  • ~

    3 "

    - 57 -

    des phonmes reconstruits d8ns la l~gue commune, le fait que [b] soit celui qu'on rencontre R la fois en position initiale et en position mdiane justifie 8 lui seul qu'on confre ici le statut de phonme primitif le plus stable , * , * a Ib/ et non a /g/.

    2.9.2. - Les dentales sont, l'initiale, en sries de correspondances gnralent tout 8 fait consist8ntes. En position mdiane, l'irrgularit [t:t:r:] se constate p8r exemplos dans les C8S de "nombril" (5) En Md-Ml / . . bata, . . Dkh ,1 Bb bar6, et de "pe au" (29) : .En Md-Ml /

    bata,

    . f~te,

    .

    Dkh 1 Bb / Cett.e apparente aberr8tion trouve

    fata,

    fars. sa

    solution dans l'ensemble du corpus am8ss sur les trois

    l~gues tudies, et dans lequel l'xtrme faiblesse du pour-centage d'app~rition de [r] 8 la pl~ce de [t] plaide net-t t l t ot ti de ~t/ft et d 'l / amen pour FI recons J. u on 1, non e 1 r

    2.9.3. - Les liquides :

    ~ La latrale */1/ et la non latr81e */r/ sont des segments difficiles ~ reconstruire en mandingue. Compte tenu de l~ur raret, ils sont souvent, si non tou-

    jours, classs comme phonm~s mBrgin8ux.

    */1/ prsnte en position initiale une grande r-gularit que perturbent des exempl~s de correspondances du

    type [l:l:d] comme dRns : Md-Ml : 16~lU, Dkh : l&~lU, Bb : d~~ru.

  • J

    - 58 -

    En position mdiRne, les rRres sries de corres-

    pond8nces obtenues sont plutt rgulires et l't~b11ssement de */1/ y est donc acquis

    */r/ est de beaucoup plus rare dans les

    lexies. Il est pratiquemant inexistant en position initiale

    et les cas execeptionnels de sries de corraspondances o

    il tist reconstruit nd comprennent PRS de reprsent8tions

    de toutes les lHngU6S. Il s'agit donc du sries incompltes

    Ex. : pour "doublure" ; on a : [r: r: ---] 0

    En position mdiBne, outre les CRS de sries in-..

    completes comme cel~ est signal ci-dessus, on a le plus

    souvent : [r: r: 1: ]. Le * Ir/ est celui qui est reconstruit dans ces CRS, tant en plUS du rapport de frquence de 3

    ,

    sur 4, du f~it aussi que dans l~ lfIDgue qui substitue [1] a [r] dAns ces contextes, (le bambara), [r] est plus stable que [1]. En effet, d8ns ce pRrler le chBngement r/l est frquent. Ex. : sf{rin/s{giln "Rssis" ; t~Rr/tapl "prendre"

    2.9.4. - Les p~latales : Elles sont caractrises par la rgularit dRns les rapports d~ cOrTespondRnces des seg-

    ments. Sur 12 sries de correspondanc0s consonantiqu0s ini-

    tiales, seules deux prsentent une irrgularit. Il s'Agit

    de (100) "poisson" : l'l'/ l'l'fi. j"g({ qui dorme c anme l'IS-

  • i .. ~ - 59 -

    s.rtiment structural : [ ] tI " ". ,,1 . 1 / ~:~:j~ ,et. voir : J6 g Je, y ,

    ~frrant [j:j:y:]. Dans le premier cas, c'est le phnemne de dnasalisation qui semble avoir jou, tant donn qU'il est plus naturel ~Ib] de perdre sa nasalisation pour' dev~ir [j], que p~ur [j] de gagner en nasalisation et se transmuer en [~]. Aussi, est-il hautement plus j~te que c~ Boit ./hl qui soit reconstruit.

    Dans le second cas, il convient de rappeler (ou prciser) que dans le systme de transcription adopt dans cette tude (celle en vigueur au Sngal pur les langues nationAles) , ces deux segments /j/ et Iy/ sont tous attests cnmme consonnes pleines. .Aucun d'eux nt es t Il semi -consonnes" ,

    comme c'est par exemple le cas de /y / dans l' .l\lphabet phon-tique de l'Institut Jlfricain International (I .t~.I.). Ila ont donc la mme stabilit d~ns les langues.

    c'est donc la frquence plus leve de /j/ qui dsigne ca segment comme phonme primitif de reconstruction.

    2.9.5. Les vlaires : L'irrgularit majeure qu'on constate au niveau des vlaires g en position initiale est

    , ) /~ // // tk:x:c:] dans "homme" (113 k, xee, cee g ou [k:x:k~) dans tte" : kw~), xUIJ, kun. La reconstruction se 1'ait presqu' au-

    \' 1

    tomat1quement en faveur du ~/ puisque [x] et [cJ sont connus tre des vari8ntes du [k] respectivement dans le diakhAnk et le bambara.

  • .. .

    .1

    - 60 -

    En PQsition mdiane on relve des c~s aberrants 1 ~ /

    du type [y:y:g:] c.m~e dans "arachide" : tiya, tiya,tiga.

    Mais ici aussi, tout uomme cele a t prcis

    au sujet de la correspondance jjy (1'2.9.4), il ne faut pas oUblier que jyj est une consonne pleine, au mme titre que jgj, dans le systme que nous utilisons. Par ailleurs, parmi les deux segments, jyj passe mme pour plus stable, tant donn que d~ns le parler mandinka-

    malink, /gj est dsonoris en /kj, ou simplement effac. Exemples :

    / Dkh et Bb : garange

    1 Bb : K'-,go --~ ..;.-~

    Md-Ml / , : Karanke i tJ J~/ : Koo

    c'est donc la fois les critres de stabilit d'une part, et de frquence comme indiqu dans la

    structure de la correspondAnce, d'autre part, qui

    plaident en ~aveur de jy/ comme phonne de reconatruc-tian.

    Nous voyons ~'en mandingue du Sngal, la vlaire

    "&;TJ/ est la seule consonne enf'inale des radicaux. La langue prsente ainsi une structure syllabation nette-ment ouverte

    1 ./

  • ~J,iI " __ ',

    - 61 -

    2.9.6. Cas de c nsonnes [pl 0 (c] 9 (h] :

    L'eXistence de ces consonnes n'est P8S niable dRns

    les parlers mandingues Actuels. Cependant, les radicaux

    qui les contiennent sont en nombre plutt trs rduit.

    Par exemple: 9 entres seulement sur 1.394 pour Cp], 30 sur 1.394 pour [cl et 20 sur 1.394 pour rh], dans notre

    lexique du mandenkakan du Sngal (Bald, 1981)~ Et d'ailleurs, la liste Swadesh trait par diffrents chr-

    cheurs dans les divers parlers mandingues ne prsente

    aucune attestation de ces segments.

    Ces faits amnent 8 penser Avec des chtircheurs comme Maurice Houis, que [pl et rh] qu'on ne rencontre dans la plupart des C8S que dans les emprunts (franaiS et anglais surtout pour Cp] et arRbos pour [h]~,s~nt bel et bien d'origine ,trangre. Il en va de mme pour [e]. Et par ailleurs, en dehors de ce cAractre de son import

    dans la majorit des CAS de ces segments, il se trouve que leurs autres occurrences ont lieu le plUS sOUv0nt dans

    des mots d'origine onomatopique.

    ~ussi, en l'tat actuel des recherches sur le

    statut de ces segments, convient-il de considrer ces

    lments comme des phonmes marginaux.

  • r J

    - 62 -

    2.9.7. Les gminations consonan ti gues et les ,

    complexes a_nasale~ :

    Tout comme pour les consonnes prcdentes, il

    convient de signaler, ct des consonnes fondamentales qui ont fait l'objet de reconstructions :

    1) L'extr~me r~ret, sinon l'inexistence de la gmination consonantique en mandingue. Les cas attests

    dans les leXiques sont Boit des emprunts, ex. : sUnna < Arabe: "devoir traditionnel tl , soit des formes composes

    du type : knnadi "sympathique tl , (= kwJ + na + di)

    2) Les complexes nasBles ou consonnes prnasa-Iises, essentiellement : nb : nbnba, tlgrant.\-parent" ;

    nt : nte, umoi" ; nk : nkani "poivre noir". Ils sont

    ainsi relativement peu usit~s dans les parlers mandingues

    .. ~ucun cas ne s'est prsent dans notre corpus leXical exploi

    . exploit pour cette prsente tude.

  • / /

    - 6.3 -

    2.9.8. Tableau du systme consonantique du mandingue commun :

    2.9.8.1. En position initiale

    *t *k, *g, t*x) *b *d *j

    li;

    *f *8

    *m *n *1\ ~

    *1.

    *w *y

    2.9.8.2.- En position mdiane

    *g, *k

    *b

    *8

    *m *n

    *1

    *r

    2.9.8 .3.- En position finale:

  • J :/

    J

    . .1

    '& ~

    - 64 -

    2.10. Les voyelles :

    Dans les parlers mandingues, il n 'y a gure

    de voyelles en position initiale de radical. Il ne sten

    est point prsent dans notr liste de mots utilise

    pour cette tude. La liste Swadesh, utilise par Long par

    exemple, n'en connat point. Dans LeXique mAndenkakan

    (Ba~d, 1981) , sur un total de 1.394 vo cables, 32 seulement soit 2,29 % sont initiales vocali~es. Et sur c~s 32 termes, 21 sont identifie comme tant des emprunts

    (au f'ran9ais, mais surtout l'arabe) Les 11 lment s restants soit 0,78 % seulement du corpus total sont soit

    .des pronoms, soit des voyelles monosyllabiques. Il convient

    de les traiter de cas d'espce, comme cela a d'ailleurs

    t fai t pour l'unique consonne finale du mandingue, la

    nasale (v lai ra) , l'J.

    2.10.1. Les voyelles mdianes

    2.10.1.1. /mtrieures

    7. c~rne 8. beau-parent 34. fleur 117. feu

    * nf/" fi t'IJ ~ /1/ Md-Ml:b 1 b f' ~ ri k i ma Dkh: :b 1 116 b i t'Il f { ri k i ma Bb :b 1 b i 1 f' ( ri k i ma e ralJ

    39. voir 51. en:f'ant 74. pied 120. cru, vert

    * l/ Md-Ml: j 1;,1 d { !J. e / !J k tiIJ ~ ~ t / ( Dkh j d k " tiIJ ", Il s lJ ~ .. -

    Bb Y' 6 d 6 n s 6 n k - tin e L-J

  • ; ,

    1

    ~ -,

    .~

    f) l,

    .. ~

    - 65 -

    112. faire 114. graisse 115, cent 43~pas nga-tion

    * lei Md-Ml: Ik ' k I( lJ k ri me t 71 Dkh k t k ~ lJ k t me t ~I Bb : ,k ~ k 6 n k , me t LJ L....J 2.10.1.2.- centrales :

    1. vie 3. natte 27. chance 69. lphant

    * l~~ b~B~ la; la ~, laI Md-Ml :b a f s a Dkh :b 1~6 f a lIa m6 a b a sa s a

    16 b al~ 1 m' Bb :b a f a lIa s a '-

    2.10.1.3 . d'arrire

    37. jumeau 130. mortier 127. affaire 49. sommet

    *fui Md-Ml: f' .~I k 1~ k ~~ t iu r~ u ne u 1

    nt 1~ dd rt. Dkh f u k u k t u

    Bb f ~6 k 1 k 1 t r~ 0 Ion 0 lU !--l

    47. grenouille 78. circon- 103. entr' 45. pourri cision aide

    * ll Md-Ml t ,. t6 It! li Yl. '", ." t ' l.irilJ I~ s 0 dema t't , ,

    " 1 Dkh t l: s 0 li Tl Q dema t 0 11rilJ '1 t \ I\. 6 Bb t to a li Ti 0 dema t 11 ~

  • .,

    . ~ ;

    - 66 -

    62. lait 123. ventre 122. puits 132' respecter

    * nia , r, ,0 1#/

    , , . /0/ Md-Ml: no k no .' k oIJ h o romo Dkh n # lib k 1 k l6IJ h roma 0 0 no tJ 0

    Bb 6 n6 k J k 6 16n h romo n 0 no 0

    2.10.2.1. Voyelles finales antrie~eB :

    2~ mais

    * /i/ Md-Ml: 1 barii 1

    1

    Dkh : bal' 1 i Bb : barli

    93. voir

    *;/ Md-Ml: j Dkh j

    Bb : y-

    30. aimer

    * /el Md-Ml Dkh

    Bb

    #1 e

    t I e

    ;.. 28. ane

    fal 11/ " fal I:{~ l'

    fal LJ 38. cadavre

    f .. II ure fur ~ fur t

    32. astuce

    fr

    feer e

    feer e U

    3. chant

    donkfl i

    d~nk{l 1 donk!l i

    116. graine

    1 kas

    ks

    ks

    94. diable 1---- -

    j(rm j{nn e j{n

    12. hippopotame

    mal

    mal

    mal

    { f ./ l.

    125. poison magi

  • 1 1

    fil'

    ,

    o

    - 67 -

    2.10.2.2. Voyelles finales centrales :

    133. mchoire 99. herbe 70. cul ti v ateur 73. voie */al Md-Ml '/ !J.aam JI , 1 -,- s{r

    1JssIJ a a senel a a Dkh / !J.aam / senel / s{r IJ88!J a a 8 a

    Bb IJssl) J llaam senel / stl

    a ,a a

    2.10.2.3. Voyelles finales d'arrire:

    10. canard 39. (se) marier 119. livre 88. hyne

    suruk {, suruk ~ suruk ~

    \__ : __ o_j

    * lui Md-Ml : bfu. 1 u 1 r6t u 1 Dkh : b-6r u f~t u

    Bb : bfu.lu :f'fu. u

    35. dire

    i/Md~Ml: f Dkh : f

    Bb : f 6

    o

  • \

    - 68 -

    2.11 .t~u sujet des voyelles du mandingue : . 2.11.1. Voyel}.es mdianes antrieures :

    Les voyelles mdianes antrieures prsentent

    dans les sries de correspondances des irrgularits dues

    essentiellement la rduction de leur nombre de trois (3 ) dans les Plrlers diakhank et bambara, deux (2) dans le mandinka-malink, fait est du reste significatif au niveau

    de la distinction d~ns le groupe mandingue du Sngal,

    entre un parler dit mandingue-Ouest (le mandinka-malink) qui a ainsi un total de 5 voyelles, et les deux autres variantes qualifies de mandingue-Est (diakhnk, bambara) qui prsentent 7 voyelles. Si la voyelle du 1er degr

    d'aperture (ferme): "Iii, est caractrise par une totale rgularit dans toutes les sries, celle du 20 degr

    d'aperture (mi-ferme): *//, qui n'existe que dRlls les parlers 7 voyelles, change souvent en */i/ .(~insi, dans 3 correspondances sur 4, nous avons : [i:i:]. Cette structure est illustre dans :

    "enfant" Md-Ml aIlJ , Dkh d{lJ, Bb / . den.

    "Pied"

    Md-Ml stIJ, Dkl s'lJ' Bb s6n.

    tr cru"

    Md-Ml kitiIJ, Dkh : kltil), Bb . ktin. .

    Cette mutation du *// en */1/, rgulire

    et frquente dans les sries, semble expliquer qu'en

    mandinka, l'absence de * // est due la fermeture totale * d'aperture de ce phonme qui a Ainsi fait fusion avec Iii.

  • a

    1:-

    ,

    ./

    (

    - 69 -

    2.11.2. Voyelles mdi~nes d'arrire:

    Paralllement aux voyelles mdianes antrieures, celles

    d'arrire auasi prsentent dans les sries des irrgularits

    du mme type : dans deux sries de correspondances sur quatre, '* * // change en ju/, et donne : [u:u:]. ,,~insi :

    "mortier" Md-Ml: kulfu.J, Dkh : kUl~, Bb : kolc5n. "arf'airett : Md-Ml: k.6~, Dkh : k66, Bb : k~

    * * Tout comme pour // et Iii, il semble qu'ici aussi le " * I~/ ph nomene explique 1 absence en mandinka-malink de lU

    qui a subi une fermeture totale d'aperture et s'est cunfondu

    avec * lui.

    On peut schmatiser ces mutations dans le mandinka-

    ma11nk comme suit :

    1

    *1 *u .tJ.1 !*u f .~" / ) 'u/ */1/ i * ~ 1 .~ ! 0* * ~ ./ 1 \_,e 0- 1 tf\ /1\

    */6/ 1 *0 )" /6/ / t....!e ..... / 1

    *a -------~-~ *a

    2.11.3. VOlelles mdianes centrales :

    Il s'agit de la voyelle * /a/. Elle ne prsente d'irr-

    gularit dans aucune srie de correspondance.

  • ,

    - 70 -

    2;11.3. Voyelles mdianes centrales :

    Il s'agi t de la voyelle * lai. Elle ne prsente d'irrgularit dans aucune srie de corresponda~es.

    2.11.4 .. V ... yelles finales :

    En position finale, ~utelles soient antrieures, centrales ou d'arrire, les voyelles finales ne semblent

    poser aucun problme spCial . ucune irrgulari t nt a t releve ce niveau dans le corpus qti nous prsen-tons et ~ui comporte pourtant jusqu'au 28 sries de correspondances. Seules les oppcsitions et non les

    irrgularits : */e/ ---*/j et ~~/e/ d'une part, et : * /0/ *// et * /0/ d'autre part, distinguant le systme 5 voyelles de celui 7 voyelles sent observes.

    2.11.5. Des voyelles longues et voyelles nasales :

    Bien qu'elles n'aient pas t'ait l'objet d'8n~lyses spciales dans cette tude ~ui semble ainsi n'avoir

    trai t que des segmebts "fondament aux", les voyelles

    longues, tout comme 'les voyelles nasales, existent d~

    les parlers mandingues. Elles ont des traits distinc-tif's.

    L'allongement "'''c'alique est note par le redoubl~ment de la voyelle: ru] ---~ [uu].

  • \

    .~

    ,

    - 71 -

    Ex. : s-6la tr singe"

    suula

    stilu

    s-dJ.uu

    etc.

    If flVO ir be soin de".

    = "rac ine"

    = "hyne

    La nasalis8tion est indique par l'addition de en] aprs la voyelle mGdiane, [~] aprs la voyelle finale :

    Ex. . woto

    "ainsi . donc"

    ,

    ~ "cobe" wonto

    saba

    "trois"

    sanba

    "conduire lt

    kfu- "groupe de cases"

    kur~ " cequillage . cauris"

    ,

    kul6 "peau"

    kulUlJ

    "mortier"

    etc.

    2.11.6. Systme vocalique fondamental du mandingqe

    commun :

    2.11.6.1. Voyelles initiales :

    =

    =

    =

    =

  • .1 \ l

    .4

    - 72

    2.11.6.2. Voyelles mdianes :

    *u

    'j *8

    *1

    * *6

    *e *0

    *a

    .. '.

  • .~

    -73 -

    Ille PARTIE

    LE SYSTEME TONAL

    ,. .

    ..

    " J~"

  • "" j

    o

    J

    l',

    - 74 ...

    3.10 Remarque liminaire ! Il 1;_. ai! ua,,;r 4

    c'est un fait tabli et bien connu maintenant, que les

    langues 'mandingues sont des langues tons. Le ton est l'une des caract~ristiques fondamentales du mcanisme de fonctionnement de

    ces langues. Et dj nombreux sont les travaux de recherche trai-tant du syst~me tonal des parlers mandingues. On peut, titre

    indicatif, citer parmi les pionniers qui ont consacr des ~tudes

    sur ce problme, l'amricain William E. Welmers : 1949, et le gUinen Sou1eymane Kant : 1949 (cf. bibliographie),. ce dernier auteur ,ayant pouss la recherche jusqu' crer son syst~me d'cri-ture, le "nko", ob les tons sont nots. Les 'travaux de ces deux

    prcurseurs ont t confirms pour l'essentiel, et poursuivis par

    des chercheurs aussi diffrents que :

    E.C. Rowlands : 1959 ; Ch. Bird : 1971 ;

    . Bakary CoUlibaly : 1964,1984 ;

    Maurice Houis : 1970 ; Grard Dumestre : 1972 ;

    Le R.P. Charles Bailleul: 1973, 1976 ;

    Boubacar Diarra : 1976 ;

    Denis Creissels : 1978 ; etc

    1

  • ,J

    - 75 -

    Mais s'agissant des langues mandingues du Sngal en tout

    cas, il semble que s'il y a un point sur lequel la comparaison do1-

    re, sinon attendre qU'il Y ait davantage de monographies

    ,. le sujet, du moins tre mene avec la plus stricte circonspec-ion, c'est bien sur les sch~mes tonals. En effet, pour un corpus

    /lexical de 1.400 vocables, des dizaines dt~noncs de divers types /

    _J et des textes suivis (dont ceux donns en annexe), il n'a gu~re td relev~ de diff~rences dans la tonalit des monmes au niveau sous-jacent. D'une fa90n gnrale, dans ces langues mandingues, seules les ralisations phontiques et leurs tons peuvent varier

    selon les parlers. On peut constater aussi deS variations tonales

    entre la gnration des locuteurs d'un ge avanc et celle des plus

    jeunes. Mais ces variations tonales de gn~ration en gnration ou/et les variations individuelles mises part, il appara1t net-

    t~ment qu'au niveau phonologique, le schme tonal de tel ou tel vocable mandingue est plutt identique celui de ses quivalents

    dans les autres parlers du groupe.

    Cette indiffrenciation synchronique des sch~mes tonals entre les diffrents parlers para~t troitement lie la situation socio-linguistique des communauts mandingues : contacts et inter-

    p~n~trat1on permanents dus de multiples raisons comme les migra-tions, les dominations politiques d'antan, les activits

    commerciales, qui ont instaur un brassage gnral des populations.

    Et comme l'tude 1ci prsente se situe essentiellement

    au niveau phonologique et non dans le cadre des formes phontiques,

    il n'est gure fait cas des diffrences de ralisations phontiques.

    Il s'agira donc, dans le prsent chapitre, plutat d'ana-

    lyser cette similitude des schmes tonals entre les parlers, au

  • .. 1

    J

    ~ 76 -

    niveau des principaux axes suivants :

    ~~, ; __ J.W.mlll"J" .. _ ~.~ 1) Dt!f1ni tion et importance du ton ;

    Q

    '\\~) Fonction de distinction lexicale du ton ; J) Fonctions grammaticales du ton; 4) Longueur vocalique et ton.

    /

    3.2. D~finition et importance du ton

    Il convient de noter tout de suite que dans les parlers

    mandingues du Sngal, on distingue deux tons sous-jacents fonda-mentaux :

    un ton bas, not t-); et

    un ton haut, not (L)G

    A ces deux tons s'ajoute la pos6ibilit~ de leur combinai-son pour obtenir un ton modul, essentiellement le ton haut-bas, not (~~).

    Soient par exemples, les successions de phonmes :

    1) t/a/~ (en Md-Ml et Dkh) et son quivalent et

    t/a/n (en Bro),

    2) m/u/s/u (en Md-Ml et Dkh) et son quivalent m/u/s/o (en Br.).

    J Dans les langues tons, bien que les vocables se prsen-6 tent avec des phon~mes se suivant dans un ordre dtermin, chaque

    succession n'a jusque-l, telle qu'elle, que la forme de vocable o

  • - 77 -

    Le oontenu en est encore latent, indtermin. Ce dernier ne sera

    prcis que lors~u'on aura mis chaque syllabe sur une certaine '. f '1_.iMi,iJefAJ:~ur relative de la gamme musicale :

    t/IJ (Md) et tIn (Bb), signifiant "dix1l ; et

    m'bst! (Md) et mbs6 (Bb), signifiant "femme".

    Ainsi dans los langues tons en gnral, et dans les

    ! parlers mandingues en particulier, on peut dfihir schmatiquement

    le ton-comme la hauteur musicale laquelle on prononce chaque syllabe d'un vocable, pour qua ce dernier dsigne un signifi d-

    termin. Et bien plus, en mme temps que la notation du ton indi-

    o

    J

    que le sens des vocables, elle donne aussi les variations .

    mlOdiques, la musicalit, si caractristiques de la langue quand

    on entend les locuteurs la parlero Et le sujet apprenant, mme s'il connatt une autre langue tons, plus forte raison si ce n'est pas le cas, rencontre ce niveau, dans l'dtude de ce type d'idio-

    me, un probl~'me supplmentaire des plus insidieux.

    A ce sujet, G. Gal t1er note avec p'ertinence : "Il est int~ressant de constater que les fran9ais parlant bambara'donnent l'impressi~n de prononcer la plupart des mots avec le ton haut et il leur est difficile de bien prononcer les mots ton bas,,(l).

    L'importance du ton est aussi grande que celle du phno-,

    mne, puisque sa valeur distinctive peut tre compare celle de ce dernier. Cette comparaison est fort judicieusement tablie par ,Sidia s. ~atta (1977) :

    (1) G. GALTIER : 1980 : ouvrage cit ; p.,109~

  • - 78 -

    "Du point de vue distinctif, l'opposition entre les deux

    tons du mandingue ~st mettre sur le mme plan que l'opposition entre deux voyelles ou entre deux consonnes. Prenons en effet le ',ii.kimee;;_fl!}"~~e b~soo "natte". De mme que la commutation de /01 avec Ifl

    distingue ce terme, de r\soo "bouillie", de mme la commutation

    entre' le ton bas et le ton haut distingue ce mme vocable, de b/so Ulzard" (1).

    Ainsi, d~s le stade de sa dfinition, le phnom~neton se rv~le d'une importance dterminante. Il assure une fonction

    , significative et comporte une valeur distinctive certaine. Il res-

    te que les sch~mes tonals des vocables ne semblent pas diverger

    de fa90n notable d'un parler un autre.

    3.3. Fonction de distinction lexicale du ton

    L'importance et la pertinence de l'lment ton sont

    manifestes du point de vue distinction lexicale dans les langues

    mandingues. En effet dans une tude lexicale, l'opposition tonale

    permet elle seule de distinguer entre e~ des couples de vocables qui seraient absolument indiffrencis ou ambigus, sans la notation

    de leurs tons.

    Exemples pris au Md-Ml et au Dkh :

    b~iid~: N; "pointe de fl~chen 1 bi : N;" gteau" ;

    (1) S.S. JATTA : 1977 : A propos de la dfinition d'une orthogra-phe pour le mandingue de Gambie (mandinka ka~). Mm. de Matri-se, Universit de Grenoble III, oct. 1977 ; p. 50

  • 1 \ --~~

    - 79 -

    No J "canari"

    : V j "s'arrter" / d(lJ

    adj. ; "peu, petit"

    V.N ; ucr~er J bouche, orifice, bord, prix" ;

    v ; n compter" ;

    . N ; "petit de, enfant de, fruit" ;

    V ; "tre riche, puissanttt .. v ; n accepter" ;

    N et adj. ; "orphelin de p~re"

    t'brd .:

    v ; "prendre"

    N ; "sommet"

    etc. etc.

    / t" : / tt1rb . .

    v ; "partir" ;

    N ; Il semence"

    . N ; "espo de poissonn;

    La liste de paires minimales de ce genre pourrait tre

    allon~e de fa90n consid~rable.

    Et mme pour les locuteurs natifs de la langue, on ne

    peut pas se passer de l'indication des tons dans les textes. Car

    en effet ni le contexte, ni mme la connaissance de la situation,

    ne suffisent toujours pour lever l'invitable ambigut au cas o le ton n'est pas exp,11citement marqu. Sans la notation des tons, .

    la lectur~ .d'Ull(t'exte devient une vritable devinette. Les obser-vations que nous avons pu recueillir au cours d'expriences faites

    dans ce cadre au ni ve~~~, de: n(o ... alphab~tes, on't nettement c'oirrirm cette si tlIation. On img1.-n~ par 1,~ ce que do~orai't ;I-~'le'cture d'un texte sans indications ~~:_.tons, par .des 'loGut~r's non natifs.

  • ~ 80 -

    3.4. Fonctions grammaticales du ton

    304.1. Distinction de catgories

    Des vocables composs de mmes phonmes placs dans le

    mme ordre, sont des verbaux ou des nominaux selon leurs schmes

    tonals ; exemples :

    f'lt\ V J "sparer" / r1tt : N "peau" , , rllr{ V "ngociert' / r{:!r) N "semailles" , , ftfut~~ V ; If sortir" / f'tmt

  • - 81 -

    3.4.3. Distinction dans le cadre de l'nonc

    1) Un verbe change de schme tonal en passan~ de la forme infinitive une forme conjugue, et cc changement s'effectue de la mme fa90n d'un parler un autre.

    Exemple en Md-MIo:

    infinitif , 1\

    : d6m~r~ "manger" ;

    et dans un ~nonc : l y' kinh d~mb ; il a le repas mang

    "il a pris son repas".

    2) L'abaissement des tons en finale distingue la forme d~finie de la forme indfinie des vocables, quel que soit le par-

    ler et quelle que soit la modalit de la dterminationo

    Exemple en Md-Ml :

    m'bsi fi{mm~ "une belle femme ft ; "la femme de Bassirou est bel-

    le"

    j {r k'nd~ "de l'eau chaude" ; ;f1~ k~ndit' "l'eau est chaude"o

    Le ton bas eat ainsi inhrent la finale de tout subs-tantif dfini en langue mandingue.

  • - 82 -

    3.5. Longueur vocalique et ton

    Les diverses fonctions assures par le ton et notamment

    les d1ff~rentes implications du ton bas comme celles qui viennent d'tre ~tudi~eB ci-dessus (marque de la forme dfinie des nominaux, du pluriel des pronoms personnels monophon~matiques, ) enclinent chercher une possible fonction du ton, ou tout au moins une in-

    fluence du ton, du catd de la longueur vocalique aUBsi. Et d'auctL ont pu penser que le problme de la quantit~ vocalique ~tait li ~ l'analyse du syst~me tonologique. Plus prcis~ment, il n'est pas

    ill~gitime de se demander si la longueur vocalique n'est pas U~ produit du ton bas.

    A ce sUjet, noua proposons l'examen, sinon l'analyse qui serait du reste facile faire, de la nature des diffrents tons g dans les rapprochements suivants :

    NOS: Md-Ml : Dkh : Bb : Traduction en fran9ais e

    _____ __________ e __________ e _________ e ________________________ _

    1

    2

    3 4 5

    6

    7

    8

    9

    .. e

    : b~\.

    " kbb

    e e

    : b\ b\ : suffixe d~r1vatif nomi-:

    ; bl.'

    e

    ; kt : : ktt e

    ; k~b : (=k~xb) ; lll,{J e

    e

    e e

    e

    : nal (augmentatif)

    e

    fleuve, bras de mer ; m~re.

    ch~vre (caprin) canari, pot en terre

    : crer ; tisser ; bou-: che ; orifice ; bord ; : porte ; prix.

    : dire

    : dos, haut du dos

    e

    : diamant

  • ,

    /

    - 83 -

    NO : M' ___ ~_: __ ~:Ml. ; Dkl1 ~ Bb : Traduction en fran9ais

    ---~- ---------- -~~-~---_. : . .~----~-~-----~-----~---

    10 ; ltfll1 : l,{lfi,{

    11 : s'i

    12 sl\ 13 sf{ 14 t~ 15' t~b 16 tcSts"

    : s\ : s))

    s/t tb

    t~~ ttt (=t6x6)

    ; al ; ~\ : s{{ : t'b

    ; tb'

    .

    .

    :

    cinq (5) predicatif

    s'asseoir ge ,

    mouche esp~ce ,

    postposition

    rester reste ,

    nom

    " ,,' 17. A y a k~ (Md-Ml, et Dkh) ----il) y'~ k~ Il l'a fait.

    18. l b(( \ f~ (Md-Ml ct Dkh)

    vie ,

    pargne ,

    Il l'a; ou : il l'aimeG

    L~on pourrait tre.tent de chercher vrifier l'id~e d'une relation de cause effet entre 'le ton bas et la longu~ur vocalique, dans les langues mandingues, en essa~ant de prouver le

    ontraire, par exemple en recherchant des paires minimales oppo-

    sant le ton bas au ton ~~ut aussi bien sur les voyelles longues

    que sur les voyelles brves et chacune des. positions : initiale,

    mdiane,