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ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
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ETUDE SUR « LA TRANSFORMATION NUMERIQUE ET
LA DIVERSIFICATION ECONOMIQUE EN AFRIQUE
CENTRALE : ENJEUX, DEFIS ET OPPORTUNITES »
RAPPORT PROVISOIRE
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
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Table des Matières
1. Introduction ............................................................................................................................................... 4
1.1 Contexte de l’étude ............................................................................................................................ 4
1.2 Objectifs du rapport ........................................................................................................................... 5
1.3 Méthodologie de l’étude, plan du rapport et limitations .................................................................... 6
2. Grandes tendances de l’économie numérique au niveau mondial et régional ........................................... 7
2.1 A propos de l’économie numérique ................................................................................................... 7
2.2 L’économie numérique au niveau mondial ..................................................................................... 12
2.2.1. L’écosystème de l’économie numérique et son impact économique ..................................... 12
2.2.2 Opportunités, enjeux, risques et défis liés à l’économie numérique ...................................... 17
2.3 L’économie numérique au niveau continental ................................................................................. 20
2.3.1 L’économie numérique : un socle pour la mise en œuvre de la vision 2063 de l’Union
Africaine 20
2.3.2 Quelques indicateurs de performance et d’impact de l’économie numérique en Afrique ....... 24
3. Etats des lieux de l’économie numérique en Afrique Centrale ............................................................... 27
3.1 Infrastructures de communications et services numériques ............................................................ 27
3.1.1 Les services de télécommunications et les services numériques ............................................. 27
3.1.2 Infrastructures de communications électroniques.................................................................... 31
3.2 Politiques nationales et sous régionales ........................................................................................... 33
3.2.1 Au niveau national .................................................................................................................. 33
3.2.2 Au niveau sous régional .......................................................................................................... 36
3.2.3 Impacts de l’économie numérique dans la sous-région ........................................................... 38
4 Opportunités et défis de l’économie numérique pour l’accélération de la diversification économique et
de l’industrialisation dans la sous-région ........................................................................................................ 38
4.1 Opportunités .................................................................................................................................... 38
4.2 Défis ................................................................................................................................................ 48
5 Conclusion et Recommandations ............................................................................................................ 54
5.1 Conclusion ....................................................................................................................................... 54
5.2 Recommandations ........................................................................................................................... 55
Bibliographie ................................................................................................................................................... 57
Glossaire .......................................................................................................................................................... 58
Annexes ........................................................................................................................................................... 60
Annexe 1 : Contribution des TIC à la réalisation des ODD ........................................................................ 60
Annexe 2 : Définition de la terminologie utilisée ........................................................................................ 60
Annexe 3 : Chaine des valeurs de l’économie numérique ........................................................................... 62
Annexe 4 : Principales écoles d’ingénieurs (ou universités), centres de recherche et cours en ligne en
Afrique ......................................................................................................................................................... 62
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Annexe 5 : Tarifs d’interconnexion dans les pays de la CEEAC ................................................................ 65
Annexe 6 : Liste des points d’atterrissement dans les pays de la CEEAC et leur capacité ......................... 66
Annexe 7 : Taux de pénétration du téléphone fixe dans les pays de la CEEAC ......................................... 67
Annexe 8 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande ................................... 67
Annexe 9 : Taux de pénétration de l’internet, pourcentage d’habitations ayant accès ................................ 68
à internet et pourcentage d’habitations disposant d’un ordinateur .............................................................. 68
Annexe 10 : Nombre de points d’échange internet par pays de la CEEAC ............................................... 68
Annexe 11 : UNCTAD Indice E-commerce B2C, 2018, Afrique ............................................................... 69
Annexe 12 : Mobile-cellular basket, 2017 ................................................................................................... 71
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1. Introduction
1. De façon unanime, les TIC influencent le développement socioéconomique durable et inclusif
des pays et occupent une place incontournable dans les économies du XXI siècle. La transformation
numérique, permet d’accroître l’apport des TIC dans les différents pans de l’économie et d’améliorer
sa contribution intrinsèque à l’économie, à la création d’emplois directs et indirects et au
développement des ressources humaines, dans la mesure où son énorme potentiel est suffisamment
valorisé, tout en minimisant les risques. Dans le cas spécifique de l’Afrique Centrale, il est question
dans cette étude, de dégager et renforcer le rôle à jouer en synergie par les acteurs majeurs (Etats
membres, secteur privé, Communautés économiques régionales, universités, organisations
internationales, partenaires au développement, les jeunes et les femmes) pour accélérer le processus
de diversification économique et d’industrialisation, afin de tirer davantage profit du numérique et de
s’inscrire dans l’ère de la quatrième révolution industrielle telle que définie par Davos. Telle est la
problématique de cette étude que le Bureau pour l’Afrique Centrale de la Commission Economique
des Nations Unies pour l’Afrique (BSR-AC/CEA) a décidé de mener au bénéfice des pays de
l’Afrique Centrale.
1.1 Contexte de l’étude
2. L’Afrique est le continent dont la population connait la plus grande croissance démographique
(soit un taux de croissance annuel de 2,5% contre un taux de 1,12% au niveau mondial), avec une
forte proportion de populations jeunes. Selon le rapport « La consommation en Afrique - Le marché
du XXIe siècle » de juin 2015 du cabinet Deloitte1, plus de 200 millions d’Africains, soit plus de 20%
de la population totale, sont âgés de 15 à 24 ans. Il précise que ce chiffre devrait passer à 321 millions
d’ici à 2030 et que les jeunes Africains, soit une grande partie de la classe moyenne émergente,
aspireront à un plus grand choix de produits alimentaires, de produits de consommation et de loisirs
ainsi qu’à une plus grande connectivité. L’Afrique devrait devenir le deuxième marché le plus
important pour les investissements des sociétés européennes des biens de consommation.
3. Cette tendance est davantage importante dans le domaine des TIC. En effet, l’Afrique
subsaharienne enregistre le plus fort taux de croissance en télécommunications mobiles dans le
monde, avec un taux annuel composé (CAGR) de 6,1%, soit un taux de 50% supérieur à la moyenne
mondiale, selon le rapport 2017 de GSMA sur l’économie du secteur mobile de l’Afrique
subsaharienne2,) et cette tendance devrait se poursuivre sur plusieurs années encore. Des pays
africains ont innové et sont devenus leaders dans des domaines spécifiques, à l’instar du Kenya pour
ce qui est du mobile banking avec plus de 2,5 millions de transactions par jour, et une meilleure
lisibilité et traçabilité de ces transactions, facilitant l’accès aux services financiers et la lutte contre la
corruption, entre autres. En outre, l’Afrique a le plus grand taux de progression du nombre de
consommateurs B2C en ligne sur la période 2013 – 2018, soit 82% par rapport à une moyenne
mondiale de 50% sur la même période (Rapport 2015 sur l’économie de l’information de la CNUCED
intitulé : Libérer le potentiel du commerce électronique pour les pays en développement3), même si
le pourcentage de la population ayant effectué un achat en ligne reste encore l’un des plus faibles,
1 https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/fpc/Documents/secteurs/consumer-business/deloitte_consommation-en-afrique_juin-2015.pdf 2 https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download 3 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2015overview_fr.pdf
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soit 7,1%. Ce développement fulgurant des TIC est de nature à contribuer à l’atteinte des ODD, ainsi
qu’affirme Houlin Zhao, Secrétaire Général de l’UIT : « les TIC offrent des possibilités
exceptionnelles pour accélérer les progrès en matière de réalisation des ODD et améliorer la vie des
personnes de façon radicale4 ».
Par ailleurs, la sous-région dispose d’un potentiel en ressources naturelles, matières premières et
terres arables unique en Afrique. Son sous-sol regorge d’importants gisements en minerais utilisés
dans la fabrication de composants électroniques et électriques dont l’industrie a besoin.
4. En dépit des atouts ci-dessus et de nombreuses potentialités dont dispose la sous-région
Afrique Centrale, les Etats qui font partie de cette sous-région, se trouvent, pour la plupart, au peloton
de queue lorsqu’on se réfère à l’indice de développement humain, l’indice mondial de compétitivité
ou l’indice d’intégration régionale en Afrique.
5. Plusieurs pays de la sous-région sont affectés par l’effondrement des cours des principaux
produits de base dont le pétrole et font face à des déséquilibres macroéconomiques importants
marqués par un fléchissement de la croissance. Lors de la 33e session du Comité Intergouvernemental
d’Experts (CIE) d’Afrique Centrale tenue en 2017 à Douala, à travers le Consensus de Douala, un
appel à l’action a été lancé en direction des acteurs majeurs des secteurs public et privé, pour passer
d’un cercle vicieux de l’exportation des matières premières non transformées à un cercle vertueux de
l’ajout de la valeur aux ressources grâce à une diversification et une industrialisation rapides. Cet
appel identifie le manque de financement comme l’un des principaux obstacles à la diversification de
l’économie et à l’industrialisation dans la sous-région. A la 34e session du CIE qui a suivi en 2018 à
N’Djamena, le thème du financement de l’industrialisation a été au cœur des échanges et des
propositions pour des financements innovants ont été formulées.
6. La transformation numérique est un pilier clé des stratégies de diversification économique et
d’industrialisation. En prenant l’exemple du commerce électronique, qui s’appuie sur la chaine
logistique pour son développement, il apparait que l’intégration sous régionale ou encore la zone de
libre-échange continentale africaine (ZLECA) sont des cadres favorables à l’essor de l’économie
numérique. L’avènement de la ZLECA est une des priorités de l’Agenda 2063 pour l’Afrique avec le
numérique qui peut y jouer un rôle de catalyseur.
7. En continuité des thématiques des deux dernières sessions, la 35e et prochaine session du CIE
porte sur le thème « Transformations numériques et diversification économique en Afrique Centrale :
enjeux, défis et opportunités » et va contribuer à l’opérationnalisation du Consensus de Douala. Cette
étude va servir de préparation aux travaux de la prochaine session du CIE et a fait l’objet d’une
mission de consultant.
1.2 Objectifs du rapport
- Objectif général :
8. L’objectif général du rapport est d’identifier les voies et moyens en vue de catalyser la
transformation numérique pour la diversification économique et la création de nouvelles opportunités
de croissance et d’emplois en Afrique Centrale.
4 Comment les TIC accélèrent la réalisation des ODD, ITU Magazine n°3/2017 https://www.itu.int/en/itunews/Documents/2017/2017-03/2017_ITUNews03-fr.pdf
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- Objectifs spécifiques :
- Faire un état des lieux sur l’économie numérique en Afrique Centrale ;
- Analyser les facteurs facilitateurs et ceux qui constituent des freins à son expansion et contribuer à
la diversification économique et à l’industrialisation ainsi qu’au processus d’intégration régionale
dans le cadre de la ZLECA ;
- Formuler des recommandations d’actions à mettre en œuvre destinées aux Etats membres, aux
Communautés économiques régionales, aux organisations internationales, au secteur privé, aux
universités et aux bailleurs de fonds.
1.3 Méthodologie de l’étude, plan du rapport et limitations
9. La méthodologie qui a été adoptée pour cette étude comprend essentiellement la recherche
documentaire et de données secondaires disponibles auprès des organisations nationales, sous
régionales, régionales et internationales spécialisées en la matière. Les indicateurs utilisés sont ceux
qui sont consacrés par l’UIT ou la CNUCED dans le cadre de leurs missions respectives.
L’élaboration du rapport a bénéficié d’une interaction constante entre le consultant et les experts du
BSR-AC/CEA.
10. Après avoir présenté les grandes tendances de l’économie numérique au niveau mondial et
régional, un état des lieux de l’économie numérique en Afrique Centrale est dressé afin de disposer
d’une bonne connaissance de l’existant. L’analyse de l’existant combinée avec les tendances
générales va permettre de dégager les opportunités et défis pour l’accélération de la diversification
économique et de l’industrialisation dans la sous-région, desquels découleront les conclusions et
recommandations de ce rapport.
Cette étude montre que (Principaux messages) :
11. L’économie numérique se développe rapidement, qu’il s’agisse des biens et services TIC ou
des biens et services fondés sur les TIC et cela se traduit par l’accroissement de leur taux de
pénétration ainsi que par l’importance des entreprises de ce secteur. Les technologies numériques
améliorent l’efficacité et la productivité des entreprises, administrations et organisations qui s’y
adaptent en effectuant leur transformation numérique, en même temps qu’elles facilitent l’inclusion.
Elles entrainent des changements profonds dans la façon de produire, dans la commercialisation et
dans l’organisation du travail et ont permis l’apparition de nouveaux modèles d’affaires disruptifs.
Elles permettent des créations d’emplois, mais aussi des destructions d’emplois qui sont cependant
de faible ampleur.
12. Cette tendance générale qui fait du numérique un catalyseur du développement économique,
vaut également pour l’Afrique Centrale. Sur la base de ses potentialités dans le domaine agricole,
forestier et minier, et en s’appuyant sur une population ayant une forte proportion de jeunes, les pays
de la CEEAC en fonction de leur particularité, ont dans ce rapport, des pistes de solution pour
coordonner leurs actions afin de moderniser leurs exploitations, transformer leurs productions et
passer à une phase d’industrialisation en maitrisant l’usage et le développement des outils
numériques.
13. Ce processus de diversification économique s’appuyant sur le numérique pour la création de
la valeur et des richesses ne peut être opérant que si les faiblesses que ce rapport a identifiées
concernant l’environnement juridique, les ressources humaines, le climat des affaires, les mécanismes
de financement, les infrastructures de TIC et les services numériques où il subsiste un risque de
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décrochage par rapport au large bande, sont corrigées. Une mesure comme faire de l’internet un bien
public est préconisée, parmi d’autres, pour amener le numérique à booster les activités des autres
secteurs et favoriser l’inclusion numérique et financière.
2. Grandes tendances de l’économie numérique au niveau mondial et régional
2.1 A propos de l’économie numérique
14. L’économie numérique est mondialement reconnue comme étant un vecteur de croissance, de
productivité et de compétitivité des entreprises, des organisations et des pays. Son caractère
transversal fait qu’elle impacte tous les domaines de la vie économique, sociale et culturelle. Il
importe de définir ce concept pour en circonscrire l’usage par la suite.
Définition de l’économie numérique : il n’en existe pas qui soit universellement reconnue. Nous
donnons ci-après celle de la CNUCED.
15. Selon le Rapport 2017 de la CNUCED sur l’économie de l’information5, l’économie
numérique est caractérisée par son champ d’application qui peut être de base, étroit ou large. Les
champs d’application de base et étroit concernent le secteur de la production télématique et englobent
divers services numériques (par exemple, les services des centres d’appel externalisés) et les services
de l’économie des plateformes (par exemple Facebook et Google). Le champ d’application large
comprend l’utilisation de diverses technologies numériques dans l’exécution d’activités telles que
celles menées dans les secteurs des affaires électroniques, du commerce électronique, de
l’automatisation et de l’intelligence artificielle. Cette définition est illustrée par la figure ci-après.
Figure 1 : Représentation de l’économie numérique
Source : Rapport 2017 de la CNUCED sur l’économie de l’information6
16. Toujours selon la CNUCED et extrait du Rapport sur l’investissement dans le monde 2017 :
l’investissement et l’économie numérique7, l’économie numérique est l’application des technologies
numériques fondées sur internet à la production et au commerce des biens et services. Ladite
5 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf 6 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf 7 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/wir2017_overview_fr.pdf
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production et ledit commerce des biens et services sont subdivisés en deux : la production et le
commerce des biens et services TIC et la production et le commerce des biens et services fondés sur
les TIC.
Encadré 1 : Définition de l’économie numérique telle que contenue dans le « Plan stratégique
Cameroun numérique 2020 »
La figure suivante donne une composition de l’économie numérique qui permet également de
cerner davantage cette notion. Cette illustration en trois cercles concentriques présente une nette
similarité avec la définition portant sur trois dimensions de l’encadré ci-dessus.
Figure 2 : Composition de l’économie numérique
Source : « l’impact de l’économie numérique, revue Sociétal n°1, 2011 ».
L’économie numérique revêt trois dimensions :
La première, qui est qualifiée de cœur de l’économie numérique, repose notamment sur le
développement des infrastructures de communications électroniques fixes et mobiles large bande,
le développement des secteurs de l’informatique et de l’électronique.
La deuxième dimension regroupe les activités dites de la nouvelle économie, qui sont des activités
nées du développement des TIC et qui découlent directement de l’existence du cœur du numérique,
c’est-à-dire des infrastructures large bande et de l’internet. Les plateformes de services en ligne en
font partie.
La troisième dimension porte sur la transformation des secteurs d’activités, des organisations, des
structures et des usages existants par l’intégration des TIC dans les processus de production et la
gestion de la relation client (e-commerce, e-santé, e-éducation, e-Administration, …). C’est ici qu’on
parle de transformation numérique.
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Son importance :
17. Au sein du Système des Nations Unies, la vision en matière de développement de l’économie
numérique au niveau mondial est portée par la Commission «Le large bande au service du
développement durable» créée en mai 2010, qui comprend l’Union internationale des
télécommunications (UIT), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture
(UNESCO) et de hauts dirigeants des secteurs public et privé, ainsi que d’organismes internationaux
et d’organisations qui œuvrent pour le développement. La vision de la Commission est de « connecter
l’autre moitié », partant du fait qu’environ 50% de la population mondiale est d’ores et déjà connectée
sur internet.
Encadré 2 : Les sept cibles de la Vision à l’horizon 2025 de la Commission « Le large bande au service du
développement durable »
Source : Commission « Le large bande au service du développement durable8»
18. L’Union internationale des télécommunications (UIT) qui est l’organisation des Nations
Unies spécialisée dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) a
défini en 2018 sa vision pour : « une société de l'information s'appuyant sur un monde interconnecté,
où les télécommunications/technologies de l'information et de la communication permettent et
accélèrent une croissance et un développement socio-économique écologiquement durables pour
tous ».
19. Dans le cadre de l’agenda 2030 des Nations Unies où la communauté internationale s’est fixée
17 objectifs de développement durable (ODD), plusieurs études ont fait ressortir le rôle crucial à jouer
par les technologies numériques dans l’atteinte de ces ODD. Quelques exemples pratiques sont
8 https://broadbandcommission.org/Documents/Translated%20Documents/Targets/Targets2025%20French.pdf
D’ici 2025, tous les pays devraient disposer d’un plan ou d’une stratégie au niveau national
doté de financements dans le domaine du large bande ou intégrer le large bande dans leurs
définitions de l’accès/du service universel.
D’ici 2025, les services à large bande d’entrée de gamme devraient être rendus
financièrement abordables dans les pays en développement, où ils devront représenter
moins de 2% du revenu national brut mensuel par habitant.
D’ici 2025, le taux de pénétration du large bande/de l’Internet devrait atteindre : a) 75% à
l’échelle mondiale b) 65% dans les pays en développement c) 35% dans les pays les moins
avancés.
D’ici 2025, 60% des jeunes et des adultes devraient avoir acquis un niveau minimum de
maîtrise en matière de compétences numériques durables.
D’ici 2025, 40% de la population mondiale devrait recourir à des services financiers
numériques.
D’ici 2025, l’absence de connexion devrait être deux fois moins importante dans les
microentreprises et les petites et moyennes entreprises.
D’ici 2025, l’égalité entre les hommes et les femmes devrait être atteinte pour
toutes les cibles.
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présentés en annexe pour l’illustrer. Aussi, selon le Rapport 2017 de la CNUCED sur l’économie de
l’information9, les TIC, le commerce électronique et d’autres applications numériques peuvent servir
à promouvoir l’entrepreneuriat, notamment en assurant l’autonomisation des femmes en tant que
chefs d’entreprise et commerçantes (ODD5, cible b), les activités productives, la créativité et
l’innovation, ainsi que la création d’emplois décents. Ils peuvent également stimuler la croissance des
microentreprises et des petites et moyennes entreprises (MPME) et faciliter leur intégration dans le
secteur formel, notamment par l’accès aux services financiers fondés sur les TIC (ODD 8, cible 3). Il
est possible d’utiliser les solutions numériques pour faciliter l’accès des MPME des pays en
développement aux services financiers (paiements en ligne et par téléphone mobile) et aux marchés
(par exemple, en exploitant les possibilités offertes par les marchés virtuels), ainsi que pour permettre
leur intégration aux chaînes de valeur (ODD 9, cible 3). En outre, le commerce électronique va jouer
un rôle de plus en plus important dans la réalisation de l’ODD 17, cible 11 – accroitre les exportations
des pays en développement et doubler la part des pays les moins avancés dans les exportations
mondiales d’ici 2020.
20. Selon le dictionnaire du web10, la transformation numérique désigne le processus qui consiste,
pour une organisation, à intégrer pleinement les technologies digitales dans l’ensemble de ses
activités. Ainsi, la transformation numérique est une démarche continue qui consiste en
l’automatisation, par le biais des TIC, des processus internes (production, ressources humaines,
administration et finance), l’utilisation des TIC pour la dématérialisation de la gestion de la relation
client et la désintermédiation, et la réinvention du modèle économique pour se démarquer de ses
concurrents et disposer d’un avantage compétitif. La transformation numérique est ainsi, et très
souvent, quelque chose de disruptif. A titre d’exemple les plateformes de gestion de la mobilité
urbaine, de la finance (Fintech), des assurances (Insurtech) ou les réseaux sociaux offrant des services
de télécommunications traditionnelles (OTT-Over the top) ont non seulement intégré les TIC dans
l’ensemble de leur processus, mais elles ont innové en mettant en place un modèle économique leur
permettant de devancer les concurrents se trouvant déjà sur le marché. La transformation numérique
des entreprises et des organisations est devenue un enjeu capital. En effet, selon une étude du cabinet
McKinsey effectuée en 2014 intitulée « Accélérer la mutation numérique des entreprises : un
gisement de croissance et de compétitivité pour la France11 », les entreprises qui réussissent leur
mutation numérique ont une augmentation brute potentielle de leur résultat opérationnel de 40% alors
que celles qui ne parviennent pas à s’adapter au numérique courent le risque de voir leur résultat
opérationnel baisser de 20%. Les résultats de cette étude extrapolés dans le contexte africain où
l’arrimage au numérique est plus faible, laissent entrevoir un risque plus grand pour les entreprises
dans leur processus de transformation numérique.
21. La transformation numérique, telle qu’indiquée ci-dessus, ne saurait donc se limiter à
numériser les processus et les outils auparavant utilisés pour faire la même chose que ce que l’on
faisait avant. Il s’agit en effet de re-optimiser l’ensemble du système de production, des offres et de
la relation clientèle en tenant compte des TIC.
22. De manière générale et de plus en plus, la société de l’information est associée à ce qu’il est
convenu d’appeler la 4ème révolution industrielle ou encore « Industrie 4.0 ». Dans un monde
9 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf 10 https://www.1min30.com/dictionnaire-du-web/transformation-digitale-numerique 11https://www.mckinsey.com/~/media/McKinsey/Locations/Europe%20and%20Middle%20East/France/Our%20Insights/Accelerer%20la%20mutation%20numerique%20des%20entreprises/Rapport_Accelerer_la_mutation_numerique_des_entreprises.ashx
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interconnecté, qui le sera encore davantage dès l’avènement de la technologie mobile 5G, avec en
perspective plus d’abonnements aux télécommunications que d’humains sur la planète, de plus en
plus d’objets connectés (Internet des objets), de gigantesques volumes de données (Big data)
concernant tout (individus, organisations, équipements, services d’éducation ou de santé, etc.) vont
être échangés et traités au moyen de l’intelligence artificielle (IA). C’est l’IA qui est à la base des
systèmes dits intelligents et qui ont donné lieu à des innovations majeures comme la voiture
autonome, la reconnaissance vocale ou la vision intelligente. L’importance des données dans
l’économie numérique est telle qu’elles sont qualifiées de nouvel « or noir » en comparaison au rôle
joué antérieurement par les hydrocarbures dans l’économie.
23. Drivers : Il est tout à fait indiqué d’examiner les facteurs qui sont à la base des progrès
continus que connait le développement de l’économie numérique, à savoir les drivers. Selon le rapport
intitulé « Le Regard : analyse des drivers de l’économie numérique12 » du Cabinet Mawensi Partners,
l’économie numérique de demain est tirée par cinq drivers : le réseau, les usages, l’accès, la régulation
et business model, et l’évolution de l’écosystème. Ces cinq drivers sont interdépendants au travers
d’un processus vertueux qui fait que le développement de l’un entraine celui des autres.
Figure 3. Les cinq drivers de l’économie numérique
Source : « Le Regard, Mawensi Partners, 2013 »
24. Les services et les usages (e-santé, e-éducation, e-gouv, e-sécurité, e-finance, etc.) se
développent grâce aux innovations de l’IA qui devient un enjeu principal de la recherche &
développement de ce 21e siècle, comme l’a été par exemple la recherche spatiale. Cette importance
est telle que les Ministres des TIC et de l’innovation du G7 ont, au cours de leur réunion en 2017,
adopté une déclaration au sujet de l’IA dans laquelle ils ont exprimé une vision de l’IA centrée sur
l’humain et axée sur l’innovation et la croissance économique et se sont engagés à investir dans la
R-D de base et la R-D appliquée précoce en vue de produire des innovations en IA, et soutenir
l’entrepreneuriat en IA.
12 https://www.mawenzi-partners.com/publication/Le-Regard-Mawenzi-Partners--5---Drivers-du-num--rique.pdf
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2.2 L’économie numérique au niveau mondial
2.2.1. L’écosystème de l’économie numérique et son impact économique
25. Telle que précédemment définie, l’économie numérique renvoie à la production et au
commerce des biens et services TIC, ainsi qu’à la production et au commerce des biens fondés sur
les TIC. Dans la chaine des valeurs, les équipementiers télécom et réseaux qui conçoivent et
fabriquent les composants, matériels et logiciels (terminaux, centraux, routeurs, passerelles, répéteur
de transmission, etc.) viennent en premier, suivis par les opérateurs de télécommunications fixes,
mobiles et d’internet, puis les fournisseurs de services et autres plateformes complètent la chaine.
La chaine des valeurs complète de l’économie numérique est jointe en annexe 2.
26. Pour ce qui est des biens TIC, il va être examiné suivant les récentes tendances concernant
les ordinateurs personnels (PC) et les smartphones. Les ordinateurs personnels, toutes catégories
confondues (de bureau ou portables, bureautiques) ont vu leur vente décliner de 3,6 % au troisième
trimestre 2017 (juin à septembre) par rapport à la même période en 2016, selon le cabinet Gartner.
Ainsi, seulement 67 millions d'unités se sont écoulées en 2017, contre 69,5 millions d’unités en 2016.
Il s'agit là du 12e trimestre consécutif de baisse des ventes.
27. Selon le cabinet IDC13, les ventes de Smartphone dans le monde en nombre d’unités, se sont
accrues de manière soutenue, de 2011 à 2016, avant de connaitre un léger ralentissement par la suite.
Il y a lieu de noter que six équipementiers (Samsung, Apple, Huawei, Oppo, Lenovo) seulement
détiennent 75% des parts de marché. Durant toute cette période, le chiffre d’affaire est resté en
constante augmentation, malgré le léger repli, en termes d’unités vendues. En début de la période
considérée, c’est-à-dire en 2011, l’équipementier Nokia était le numéro un mondial, mais il ne figure
plus parmi les leaders du domaine. Samsung a pris la 1ère place depuis 2012, et se démarque de ses
concurrents par les innovations ; la dernière en date étant le smartphone pliable.
Graphique 1 : Evolution des ventes totales de smartphone dans le monde (en millions d’unités) de
2011 à 2018.
Source : Cabinet IDC.
28. Pour ce qui est des services TIC, et notamment des activités de fourniture des services de
télécommunications fixes et mobiles, et d’internet dans le monde, plusieurs indicateurs sont utilisés
13 https://www.zdnet.fr/actualites/chiffres-cles-les-ventes-de-mobiles-et-de-smartphones-39789928.htm
0.00
200.00
400.00
600.00
800.00
1,000.00
1,200.00
1,400.00
1,600.00
2 0 1 1 2 0 1 2 2 0 1 3 2 0 1 4 2 0 1 5 2 0 1 6 2 0 1 7 2 0 1 8
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
13
dont le taux de pénétration du téléphone fixe, du téléphone mobile, de la téléphonie mobile large
bande, ainsi que le pourcentage de foyers disposant d’un ordinateur, de foyers ayant un accès internet
à domicile et d’individus utilisant l’internet. De manière générale, le taux de pénétration des
télécommunications fixe décline, alors que celui du mobile et de l’internet est en hausse. Ces taux,
qui constituent en fait des moyennes mondiales, masquent les disparités énormes existant entre les
pays développés et ceux en développement.
Graphique 2 : Evolution de 2011 à 2018 du taux de pénétration du téléphone fixe, mobile, mobile
large bande et d’internet
Source : Extrait de la base de données ICTEYE de l’UIT14
29. Les services fournis au sein de l’écosystème de l’économie numérique sont divers et
variés, et en constituent le principal driver. Les plateformes (e-mail, e-commerce, musique, vidéo,
réseau social, service télécom et informatique) connaissent un essor phénoménal et tirent vers le haut
le développement des réseaux dont elles siphonnent en partie les revenus (OTT). Certaines de ces
plateformes GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) ont vu leurs chiffres
d’affaires (CA) exploser (326 milliards de dollars US de CA en 2014, soit l’équivalent du PIB du
Danemark, 35è puissance économique mondiale). Elles occupent une position dominante sur le
marché, après avoir racheté leurs concurrents, innové ou développé une politique commerciale
offensive. Elles se retrouvent parmi les dix plus grandes capitalisations boursières et leur croissance
est telle que, leur nombre est passé de deux (au moment où les entreprises pétrolières dominaient) à
six entre 2011 et 2018. Le développement de l’économie numérique est ainsi passé d’un modèle
centré sur les technologies et les réseaux vers un modèle centré sur les services. Le graphique suivant
montre que les principales capitalisations boursières en 2011 étaient constituées de sociétés
pétrolières (Exxon mobil, Petrochina ou Petrobras), mais qu’en 2018, elles ont toutes cédées la place
aux GAFAM.
14 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/
-
20.0
40.0
60.0
80.0
100.0
120.0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018
Tau
x
Année
Taux de pénétration dutéléphone fixe
Taux de pénétration dutéléphone mobile
Taux de pénétration dumoblie large bande
Pourcentage de foyers ayantun ordinateur
Pourcentage de foyers ayantun accès internet
Pourcentage de parsonnesutilisant internet
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14
Graphique 3 : Comparaison du domaine des principales capitalisations boursières entre 2011 et
2018
Source : Magazine FORTUNE via le site web15
30. Pour ce qui est des services fondés sur les TIC, le Rapport sur l’économie de l’information
2017 de la CNUCED « Numérisation, commerce et développement16 » souligne le manque de
statistiques officielles y relatives.
31. L'e-Government ou l'utilisation des technologies de l'information et de la communication
(TIC) par les administrations publiques pour rendre les services publics accessibles à leurs usagers et
à améliorer leur fonctionnement interne, voire les repenser pour améliorer la transparence ainsi que
la productivité de l'administration et des services rendus aux usagers, est un aspect important pour
apprécier le développement de l’économie numérique. Il s’agit de rendre les informations au sein des
administrations disponibles et accessibles en ligne, de délivrer des services directement en ligne
(obtention d’autorisations et de permis divers tels que le permis de conduire, le permis de bâtir, les
visas ou la déclaration et le paiement des impôts en ligne) ou de rendre ces services des
15 https://www.journaldunet.com/management/direction-generale/1159250-entreprises-les-plus-riches-du-monde/ 16 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
EXXON Mobil
PETROCHINA
APPLE Inc,
INDUSTRIAL&COMMERCIAL BANK of CHINA
PETROBRAS
BHP Billiton
CHINA CONSTRUCTION BANK
ROYAL DUTCH SHELL
CHEVRON Coorp
MICROSOFT
Capitalisation boursière en milliards de $ en 2011
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
APPLE Inc.
ALPHABET (ex GOOGLE)
MICROSOFT
AMAZON
TENCENT
BERSHIRE HATHAWAY
ALIBABA
JPMorgan&Chase
Jonhson&Jonhson
Capitalisation boursière en milliards de $ en 2018
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
15
administrations publiques accessibles par téléphone mobile. Le graphique ci-après montre que les
administrations publiques ont de plus tendance à utiliser les TIC dans leur relation avec les citoyens.
Graphique 4 : Nombre de pays (sur 100) ayant des sites web, avec des services utilisés, y compris
par les couches vulnérables de la population.
32. Impact : L’économie numérique impacte la vie des citoyens, des entreprises, des
administrations et autres organisations en favorisant le tissage de liens sociaux, en minimisant les
coûts et les délais, en élargissant l’accès aux marchés, et en simplifiant et dématérialisant les
procédures administratives.
33. Au niveau macro-économique, la contribution des TIC et du numérique au PIB permet de
chiffrer leur apport. Des études ont d’ailleurs montré que la croissance du numérique et la croissance
du PIB sont positivement corrélées. De même, avec la réduction des coûts et des délais, on arrive à
accroitre la productivité du travail et la rentabilisation du capital. Pour les pays développés, le secteur
du numérique représente en moyenne 6% du PIB, ainsi que le montre le graphique suivant.
Graphique 5 : Poids du secteur des TIC dans le PIB pour les pays de l’OCDE en 2013
Source : Perspectives de l’économie numérique de l’OCDE 201517
17 https://read.oecd-ilibrary.org/science-and-technology/perspectives-de-l-economie-numerique-de-l-
ocde_9789264243767-fr#page48
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
16
34. En ce qui concerne les entreprises, l’automatisation des processus et des moyens de production
et de commercialisation accroit leur productivité. Le rapport sur le développement dans le monde
2016 du Groupe de la Banque Mondiale « Les dividendes du numérique18» précise que les
technologies numériques augmentent la productivité du capital humain et la rentabilité dans la quasi-
totalité des secteurs de l’économie. Il illustre cela par l’exemple du Viêt-Nam où les entreprises qui
font le commerce en ligne ont une productivité totale des facteurs supérieure de 3,6 points à celle des
entreprises qui n’en font pas.
35. Pour ce qui est de la création d’entreprises et d’emplois, deux effets sont enregistrés : D’un
côté on observe une création d’emplois et de l’autre leur destruction et redistribution. La création
d’entreprises et d’emplois est entrainée par l’innovation et la disruption qui sont au centre des progrès
de l’économie numérique. Selon le même rapport sur le développement dans le monde 2016 du
Groupe de la Banque Mondiale19, dans les pays en développement, le secteur des TIC n’emploie en
moyenne que 1 % environ de la population active alors que dans les pays de l’OCDE, environ 3 à 5%
des emplois sont dans ce secteur, ce qui est faible en comparaison de leur poids global dans
l’économie. Cependant, une création d’emploi dans le secteur des TIC crée d’autres emplois dans
d’autres secteurs à cause de ses effets multiplicateurs et dynamisant. En outre, de nouvelles
opportunités de création d’entreprises et d’emplois indépendants s’ouvrent rapidement dans
l’économie numérique. Il s’agit très souvent d’emplois de haute technicité nécessaires pour la
conception et la production de solutions logicielles et matérielles adaptées. Pour les pays et régions
disposant d’une main d’œuvre qualifiée et bon marché, l’externalisation (à l’instar des centres
d’appels) est une source de création d’emplois non négligeable.
36. En revanche, la plupart des emplois manuels et les tâches répétitives et routinières (secrétaires
et employés de bureau, techniciens de fabrication ou de réparation, caissières, chauffeurs, gardiens,
etc.) risquent d’être supprimés. La suppression de ce type d’emplois, habituellement peu rémunéré et
exercé par ceux qui disposent de faibles qualifications, pourrait aggraver les inégalités. Bien plus,
grâce aux avancées de l’intelligence artificielle et de la robotique, certaines activités intellectuelles
(traducteur, conseil juridique ou fiscal, etc.) seront automatisées, entrainant aussi des suppressions
d’emplois. Mais, globalement les créations d’emplois pourront largement compenser les pertes si des
dispositions appropriées sont prises, car on assiste moins à une destruction qu’à une redistribution
des emplois, avec beaucoup d’emplois intermédiaires supprimés.
37. Au niveau mondial, la transformation numérique va entrainer des pertes d’emplois, estimées
selon le rapport 2017 du cabinet McKinsey & Co « Jobs lost, jobs gained : workforce transitions in
a time of automation20 » d’ici 2030, soit à 800, 400 ou 10 millions d’emplois, selon que le rythme de
transformation est élevé, moyen ou lent. Malgré ces pertes d’emplois, ce même rapport prévoit qu’il
y aura une croissance de la demande de travail et par conséquent d’emplois nouveaux liée à la
transformation numérique estimée entre 555 millions et 890 millions d’emplois créés, soit des valeurs
largement supérieures au nombre de destruction d’emploi, et quelle que soit l’hypothèse considérée.
18 http://documents.worldbank.org/curated/en/527621468195004729/pdf/102724-WDR-WDR2016Overview-FRENCH-WebResBox-394840B-OUO-9.pdf 19 Idem 20 https://www.mckinsey.com/
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
17
38. La figure ci-jointe extraite du Rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED
« Numérisation, commerce et développement21 » donne quelques indicateurs de mesure de
l’économie numérique.
Figure 4 : Quelques indicateurs de mesure de l’économie numérique
Source : Rapport sur l’économie de l’information 2017 de la CNUCED « Numérisation, commerce
et développement » 22
2.2.2 Opportunités, enjeux, risques et défis liés à l’économie numérique
39. Etant donné que l’ensemble des processus de gestion de l’appareil de production, des
ressources humaines et financières, ainsi que les relations de l’entreprise avec les fournisseurs et les
consommateurs, s’appuie sur l’utilisation des TIC et qu’aucune technologie n’est sûre à 100%, les
21 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf 22 https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/ier2017_fr.pdf
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
18
cybermenaces constituent un risque important et les mesures de protection pour y faire face ou la
cybersécurité devraient être implémentées. Les vulnérabilités des technologies numériques peuvent
découler de leur faible robustesse, du non-respect des procédures, de la mauvaise gestion des
incidents, de l’insuffisance de contrôle ou de l’inadaptation des ressources humaines, et donner la
porte ouverte à des cyberattaques. En outre, selon le rapport de l’OCDE publié cette année 2019
« Comment va la vie à l’ère du numérique ? Opportunités et risques de la transformation numérique
pour le bien être des individus23 », les technologies numériques font courir à la société un risque
majeur de creusement des inégalités entre les personnes qui disposent des compétences adéquates
pour les utiliser et celles qui en sont dépourvues. Ce rapport identifie un deuxième type de risque
ayant trait aux problématiques de sécurité liées aux cyber-harcèlements et aux failles de sécurités
numériques.
L’économie numérique est à la base de la 4e révolution industrielle. Comme les trois autres
révolutions qui l’ont précédée, aucun pays ne saurait rester en marge.
40. Les défis de l’économie numérique au niveau mondial sont multiples. Un des premiers défis
est celui de la fracture numérique qui peut être associé soit la disponibilité de l’accès, l’abordabilité
du prix, l’âge, la langue, la bande passante, le genre, le lieu, la disponibilité des contenus ou des
usages utiles. Ainsi, 31% de la population mondiale en 2018 (graphique 2) n’a pas accès au mobile
large bande. La fracture numérique liée à la disponibilité de l’accès va être très prégnante avec
l’arrivée de la téléphonie mobile 5G qui véhicule des débits importants et impose l’utilisation de
backbone à fibre optique. En outre, la 5G permet de transporter plus rapidement un volume
considérable de données, de connecter de manière fiable un très grand nombre de dispositifs et de
traiter de très gros volumes de données en un temps record, et devrait connecter les personnes, les
objets, les données, les applications, les systèmes de transport et les villes dans des environnements
de communications en réseau intelligent. La 5G devrait prendre en charge des applications telles que
les domiciles et bâtiments intelligents, les villes intelligentes, la vidéo 3D, le travail et les jeux dans
le nuage, la chirurgie à distance, la réalité virtuelle et augmentée, ainsi que les communications
massives de machine à machine pour les systèmes d'automatisation industrielle et les voitures
autonomes, autant de services que les réseaux 3G et 4G ont actuellement des difficultés à prendre en
charge.
41. L’innovation est au centre des progrès de l’économie numérique qui repose sur la maitrise des
technologies, l’intelligence artificielle, le big data, l’internet des objets, etc. Le défi ici est celui de
disposer d’une masse critique de ressources humaines bien formées et en permanence renouvelées et
de disposer d’établissements et centres de recherche de pointe.
42. Le secteur du numérique, du fait de la demande en bande passante résultant de l’accroissement
du volume de données, a connu une progression du coût des investissements de 2014 à 2016, de
l’ordre de 4% dans le monde et cette tendance va se maintenir dans les années à venir. Le défi du
financement des infrastructures de communications électroniques et services numériques se pose pour
accompagner les mutations technologiques qui pointent déjà et celles à venir (5G, IA, robotique).
43. Un autre défi et non des moindres est celui lié aux cybermenaces ainsi que de la transparence,
de la confiance et de la sécurité en ligne. L’indice mondial de cybersécurité de l’UIT permet de
23 https://read.oecd-ilibrary.org/science-and-technology/how-s-life-in-the-digital-age/summary/french_9ae7e081-fr#page2
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
19
mesurer les efforts déployés par les états en la matière. La protection de la vie privée et la protection
des données personnelles permettent de renforcer la confiance dans l’utilisation du numérique.
44. Un environnement politique, légal et réglementaire propice est nécessaire et la mise en place
d’un tel environnement est le principal défi dans la mesure où il conditionne les autres. Ce nouvel
environnement devrait prendre en compte le changement de paradigme dans l’écosystème mondial
de l’économie numérique, où on est passé d’un modèle de développement basé sur les technologies
vers un nouveau modèle centré sur les logiciels/applications, services et usages.
Encadré 3 : Le programme e-Rezeki de formation à l’auto entrepreneuriat en Malaisie
Source : ITU news magazine N°3/2017 « Comment les TIC accélèrent la réalisation des ODD24 »
24 https://www.itu.int/en/itunews/Documents/2017/2017-03/2017_ITUNews03-fr.pdf
Pays d’Asie du sud-est d’une superficie de 329750 km2 pour 31 millions d’habitants, la Malaisie est
classée parmi les meilleurs du monde dans le domaine de l’économie numérique. Le programme e-
Rezeki donne une vue de ce qui est fait là-bas. Il est disponible dans les centres de formation à travers
le pays, et a pour objectif d'aider les personnes qui font partie des 40% de ménages les plus pauvres
dont les revenus mensuels sont inférieurs à 4 000 MYR (environ 950 USD), à compléter leurs revenus
en trouvant un emploi en ligne. Il aide également les personnes qui jusque-là ne disposaient d'aucune
expérience en ligne à acquérir des compétences numériques de base. Il propose trois grands axes de
travail : les micros tâches numériques, telles que l'extraction de données ou la modération de photos ;
les tâches numériques, telles que la fourniture de services commandés en ligne ; et le travail
numérique, tel que celui réalisé par les graphistes ou les assistants virtuels.
En juillet 2017, le programme comptait 23 000 utilisateurs actifs et 150 000 personnes enregistrées
sur la plateforme. Le gouvernement prévoit 200 centres en activité dans tout le pays en fin 2017. En
2016, 17,8% du PIB national malaisien reposait sur l'économie numérique, selon les chiffres du
gouvernement. Il subsiste toutefois une division en matière de développement socioéconomique
entre le milieu urbain et le milieu rural. L'une des mesures prises consiste à faire en sorte que tous les
Malaisiens maîtrisent les TIC et que chaque Malaisien ait au moins accès à l'Internet de base, ainsi que
des connaissances en Internet de base.
Grâce à l'accès à l'Internet et aux actions de formation que proposent les centres Internet ruraux
gérés par l'Etat, les entrepreneurs locaux malaisiens renforcent leur présence en ligne et en récoltent
les bénéfices.
Ces centres de formation sont répartis un peu partout en Malaisie et forment les gens à la recherche
d'emploi en ligne. En 2016, 150 000 utilisateurs enregistrés ont gagné 17 millions MYR (près de 4
millions USD) grâce à ce programme. Sachant qu'une portion considérable des écoliers d'aujourd'hui
va occuper des emplois qu'il faut encore créer, les nouveaux programmes d'acquisition de
compétences numériques tels que celui-ci, seront importants pour préparer la force de travail de
demain.
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
20
2.3 L’économie numérique au niveau continental
2.3.1 L’économie numérique : un socle pour la mise en œuvre de la vision 2063 de
l’Union Africaine
45. Pour bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses citoyens et constituant une
force dynamique sur la scène mondiale, l’Union Africaine, a établi des priorités à atteindre dans le
cadre du développement du continent à travers l’Agenda 2063. Cet Agenda fixe les aspirations de
l’Afrique pour 2063 qui sont axées sur 7 points à savoir : une Afrique prospère fondée sur une
croissance inclusive et un développement durable ; un continent intégré, politiquement uni, basé sur
les idéaux du panafricanisme et sur la vision de la renaissance de l’Afrique ; une Afrique où règnent
la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l’homme, la justice et l’état de droit ;
une Afrique pacifique et sécurisée ; une Afrique dotée d’une identité, d’un patrimoine commun, de
valeurs partagées et d’une éthique culturelle forte ; une Afrique où le développement est axé sur les
populations et s’appuie notamment sur le potentiel des femmes et des jeunes ; et une Afrique, en tant
qu’acteur et partenaire fort, unie et influente sur la scène mondiale.
46. Pour l’implémentation de l’Agenda 2063 en s’appuyant sur les technologies numériques,
l’Union Africaine s’est dotée en avril 2015, d’une vision ainsi formulée : « Les TIC : un continent
égal au reste du monde en tant que société de l’information, une économie en ligne intégrée où tous
les gouvernements, les entreprises et les citoyens ont accès à des services de TIC fiables et abordables,
grâce à une augmentation de la pénétration du haut débit, de la connectivité à haut débit de 20 points
de pourcentage et de la fourniture d’accès aux TIC aux enfants dans les écoles, et de capitaux risque
aux jeunes entrepreneurs et innovateurs dans le domaine des TIC25 ».
47. Une autre institution panafricaine, l’Alliance Smart Africa s’est donné pour vision de
« Transformer l’Afrique en un marché numérique unique ». Cette vision repose sur les principes
suivants : placer les TIC au centre de l’agenda national de développement socio-économique ; donner
la priorité au secteur privé, améliorer l’accès aux TIC, en particulier au haut débit ; améliorer la
responsabilité, l’efficacité, et l’ouverture grâce aux TIC et tirer parti des TIC pour promouvoir le
développement durable.
Comme indiqué plus haut, l’économie numérique est reconnue comme ayant un rôle moteur dans
l’atteinte des ODD.
48. L’économie numérique présente de nombreuses opportunités pour l’Afrique. Sur le plan
technologique, le numérique dans les aspects comme la conception et le développement des
applications, l’intelligence artificielle ou le traitement des données à grande échelle (Big data)
demande peu d’investissement en équipements ou matériels, car nécessitant seulement un ordinateur
muni de langages de programmation, et repose essentiellement sur la matière grise, ce qui met les
africains pratiquement au pied d’égalité avec les autres (dans le cas où le déficit qualitatif et
quantitatif en ressources humaines est résorbé) pour le développement de solutions logicielles
innovantes adaptées à leurs besoins. Aussi, de vastes séries de données sur les caractéristiques du sol
peuvent être exploitées afin de déterminer les besoins en engrais, permettant ainsi d'augmenter la
productivité.
25 « Agenda 2063 : l’Afrique que nous voulons » https://www.un.org/fr/africa/osaa/pdf/au/agenda2063f.pdf
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
21
49. Elle peut permettre d’améliorer sensiblement le ratio recettes publiques / PIB du continent,
donnant ainsi la possibilité de financer de manière adéquate les programmes de développement
nationaux cruciaux. Par exemple, le Rwanda a augmenté la collecte de ses recettes de 6% du PIB en
introduisant la fiscalité électronique et l’Afrique du Sud a utilisé les paiements d’impôts en ligne pour
réduire les coûts de mise en conformité de 22,4% tout en réduisant le délai de conformité à la taxe
sur la valeur ajoutée de 21,8%. Le Kenya est pionnier dans le domaine du mobile money avec son
produit M-Pesa.
Encadré 4 : Vers l’inclusion financière avec le mobile money M-Pesa au Kenya
Source : Article Jeune Afrique « Mobile money : une success story nommée M-Pesa26 »
50. L’Union Africaine dispose d’un portefeuille de projets portant sur l’harmonisation des
politiques et réglementations, ou d’ordre opérationnel. Sur le premier volet, il y a lieu de citer la
26 https://www.jeuneafrique.com/mag/421063/economie/mobile-banking-success-story-nommee-m-pesa/
M-Pesa (M pour mobile et pesa, argent en swahili) est un système de paiement et de transfert d'argent par
téléphone mobile, lancé en 2007 par Safaricom au Kenya. M-Pesa permet aux utilisateurs en possession d'une
carte d'identité ou d'un passeport de déposer, retirer et transférer aisément de l'argent grâce à un téléphone
portable. Ce service s’adosse sur un compte stocké sur leur téléphone portable, et est exploité au moyen de
SMS sécurisé par un numéro d'identification personnel (PIN) et utilisant les codes USSD. Il permet de déposer
et retirer de l’argent, de transférer de l’argent à d'autres clients ou à des personnes non-clientes, de payer des
factures, d’acheter des crédits de communication, de transférer de l’argent entre le service M-Pesa et un
compte bancaire (dans certains pays seulement, dont le Kenya), de faire de l’épargne et d’obtenir des crédits.
M-Pesa s'est développé rapidement et, depuis 2010, est devenu le service financier par téléphone portable
ayant le mieux réussi dans les pays en développement. Ce service permet une meilleure lisibilité et traçabilité
des transactions et permet ainsi de lutter efficacement contre la corruption. Il a aussi contribué à réduire la
criminalité dans des sociétés largement basées sur les échanges d'argent liquide.
La croissance du service est devenue phénoménale. En novembre 2014, les transactions de M-Pesa pour les
onze premiers mois de 2014 ont été évaluées à 2 100 milliards KES, en croissance de 28 % par rapport à 2013,
ce qui représente presque la moitié du PIB du pays.
Le succès repose notamment sur le réseau d'agents qui forme un maillage serré de 60 000 petits commerces
pour qui être agent M-Pesa apporte un complément de revenus apprécié.
Depuis le 19 novembre 2014, Safaricom propose une application Android pour M-Pesa.
La pénétration de M-Pesa chez les clients de Safaricom est proche de 90 %. Au troisième trimestre de l’année
2018, 730,2 millions d'opérations et près de 19,6 milliards de dollars ont transité via ce processus dans le pays,
représentant une progression de 19,45 % par rapport à l'année précédente. Cet essor est notamment lié au
taux de pénétration du mobile de l’ordre 100 % et de l'interopérabilité mise en place en avril 2018, permettant
à un client M-Pesa d'envoyer ou de recevoir de l'argent en temps réel sur un compte d’un autre opérateur,
grâce à un accord entre les opérateurs de télécommunication, lequel garantit l'interaction entre les six
plateformes de transfert d'argent mobile que compte le pays.
Une autre explication du succès de M-Pesa repose sur le rôle des régulateurs, qui ont autorisé le lancement du
service, malgré le lobbying intense des banques et d’autres groupes pour l’empêcher. Quand M-Pesa est arrivé,
il n’y avait aucune réglementation sur le transfert d’argent via le téléphone mobile, mais les autorités kényanes
lui ont permis de fonctionner.
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
22
Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection des données personnelles
adoptée en juin 2014 à Malabo. S’agissant des projets d’ordre opérationnel, la mise en place de points
d’échanges internet nationaux et régionaux, est réalisée sous la bannière du projet AXIS (African
Internet eXchange System).
51. Cependant, le continent fait face à plusieurs défis. En effet, il est évident que la réussite de
projets dans la société de l’information et du savoir dépend fortement de la qualité des ressources
humaines. Les compétences dans le domaine du numérique sont devenues indispensables. Elles
facilitent la recherche d’emploi, l’intégration dans le milieu professionnel, l’autoapprentissage,
l’apprentissage tout au long de la vie, et l’auto emploi. Les outils TIC sont multiples dans
l’environnement professionnel et social, et changent sans cesse, d’où l’exigence en termes d’avoir
des capacités solides et de pouvoir s’adapter aux nouvelles technologies. L’UIT a classé les
différentes compétences en trois : les compétences opérationnelles pour exploiter les outils
numériques, les compétences de gestion de l’information, les compétences de création de contenus et
sociales. Les compétences les plus pointues s’acquièrent dans les facultés et écoles d’ingénieurs,
lesquelles doivent travailler étroitement avec les centres de recherche pour promouvoir l’innovation.
Le graphique ci-après montre que l’Afrique est la région du monde ayant le moins de compétences
numériques.
Graphique 6 : Pourcentage de la population ayant des compétences numériques dans les différentes
sous-régions du monde, en 2017
Source: UIT « Measuring the information society report, 201827 ».
52. La plupart des pays, quels que soient leurs niveaux de revenus, misent sur les STEM (Science,
Technology, Engineering & Mathematics) et sur la recherche et l’innovation pour stimuler leur
croissance économique durable et favoriser leur développement. Un des indicateurs pour mesurer les
efforts fournis dans ce domaine est la dépense intérieure de recherche et développement (DIRD) qui
correspond aux travaux de recherche et développement (R&D) exécutés sur le territoire national
quelle que soit l'origine des fonds. Une partie est exécutée par les administrations, l'autre par les
entreprises. Cet indicateur prend en compte les dépenses courantes (masse salariale des personnels
de R&D et dépenses de fonctionnement) et les dépenses en capital (achats d'équipements nécessaires
à la réalisation des travaux internes à la R&D et opérations immobilières réalisées dans l'année).
27 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
23
L’UNESCO a publié en 2015 le « Le rapport de l’UNESCO sur la science, vers 2030 28» qui indique
le DIRD en pourcentage du PIB, par pays pour l’année 2011. Nous en avons tiré les valeurs pour
l’Afrique subsaharienne, qui varient de 0,01 à 1,06. Ce rapport souligne le fait que, bien que la part
de l'Afrique subsaharienne dans la population mondiale ait gagné un point de pourcentage entre 2007
et 2013, son PIB n'a augmenté que de 0,3 % et sa dépense brute en R&D (DIRD) n'a progressé que
de 0,1 %. Dans l’Union Européenne, l’objectif est d’avoir un ratio (DIRD/PIB) de 3%.
Tableau 1 : DIRD par pays pour l’année 2011.
Source : « Le rapport de l’UNESO sur la science, vers 203029 » 2015
53. Nous allons aussi illustrer les efforts déployés dans la recherche et développement par le
graphique ci-après qui indique le nombre de chercheurs en Afrique subsaharienne par millions
d’habitants. Ce graphique montre que le nombre de chercheurs par millions d’habitants en Afrique
Centrale varie de 31 (en RCA) à 350 (au Gabon), soit des valeurs nettement faibles par rapport à celle
du Sénégal (631) ou l’Afrique du Sud (818).
28 https://en.unesco.org/sites/default/files/usr_19-7_5_researchers_gers_ssafrica_fr.pdf
29 https://en.unesco.org/sites/default/files/usr_19-7_5_researchers_gers_ssafrica_fr.pdf
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
24
Graphique 7 : Nombre de chercheurs en Afrique subsaharienne par millions d’habitants, en 2013 ou
année la plus proche.
Source : « Rapport sur la science, vers 203030 » 2015, UNESCO
54. Pour booster la recherche et l’innovation, plusieurs pays s’appuient sur les pôles
technologiques, ou des smart city, à l’exemple de la Silicon Savannah au Kenya, le pendant africain
de la Silicon Valley qui fait partie de la Konza Technology City (KTC)31. La KTC est un espace de
2000 hectares, situé à 60 km au sud de la capitale Nairobi et a pour objectif de créer 20 000 emplois
en cinq ans et dix fois plus à partir de 2030. Elle devrait être aménagée pour accueillir un véritable
écosystème de startups, d’investisseurs et de chercheurs. Le développement de Konza Technology
City pourrait coûter entre 10 et 14,5 milliards de dollars, dont 5% financés par le Kenya. Le reste sera
à la charge d’acteurs privés, qui loueront les terrains au gouvernement kenyan en contrepartie
d’avantages fiscaux.
Quelques écoles d’ingénieurs (ou universités) et centres de recherche figurent en annexe 4.
2.3.2 Quelques indicateurs de performance et d’impact de l’économie numérique en
Afrique
55. Dans le domaine de l’économie numérique, il est primordial que les communications,
échanges et transactions soient fluides et sures. Les vitesses de transmissions de données et de
téléchargement des fichiers en Afrique sont les plus bas, comparés aux autres régions du monde.
30 https://fr.unesco.org/Rapport_UNESCO_science/Afrique 31 http://www.konzacity.go.ke/
0100200300400500600700800900
Leso
tho
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afri
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e
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Gab
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Sén
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l
Afr
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e d
u S
ud
Nombre de chercheurs par millions d'habitants
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
25
Graphique 8 : Evolution, de 2014 à 2016, de la vitesse de téléchargement (download), des
abonnements au fixe et mobile large bande, ainsi que des dépenses en capital, dans les différentes
régions du monde.
Source: « Measuring the information society report32 », 2018, UIT
56. Un autre paramètre de mesure de performance du réseau internet qui demeure le réseau le plus
utilisé est la bande passante internationale dont dispose en moyenne chaque utilisateur pour son trafic,
exprimée en kbits/s par utilisateur internet. Le graphique suivant montre que cette bande passante
internationale est de loin la plus faible en Afrique.
Graphique 8 : Répartition de la bande passante internationale par utilisateur internet pour les
différentes régions du monde, en 2017,
Source: « Measuring the information society report33 » 2018, UIT
32 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf 33 Idem
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
26
57. La sûreté peut être évaluée à partir de l’indice global de cybersécurité qui agrège la robustesse
sur les cinq piliers : légal, technique, organisationnel, de ressources humaines et de coopération. Selon
le rapport 2017 de l’UIT, le score obtenu par la région Afrique sur chacun des cinq piliers est le moins
bon par rapport aux autres régions du monde, même si quelques pays africains (Ile Maurice, Rwanda
et Kenya) sortent du lot et ont des scores tout à fait acceptables.
Tableau 2 : Mesure de l’indice global de cybersécurité dans les régions du monde sur chacun des
cinq piliers.
REGION LEGAL TECHNIQUE ORGANISATIONNEL
RENFORCEMENT
DE CAPACITES COOPERATION
AFRIQUE 0,29 0,18 0,16 0,17 0,25
AMERIQUE 0,4 0,3 0,24 0,28 0,26
ARABE 0,44 0,33 0,27 0,34 0,29
ASIE-
PACIFIQUE 0,43 0,38 0,31 0,34 0,39
CEI 0,58 0,42 0,37 0,38 0,4
EUROPE 0,62 0,61 0,41 0,5 0,47
Source : Rapport « Global cybersecurity index34 » de l’UIT, 2017
58. L’impact positif du numérique à la formation du PIB ou dans la création d’emplois est attesté
par diverses études et cela est valable dans toutes les régions du monde. Dans « Measurig the
information society report » publié par l’UIT en 2018, il est mentionné qu’une étude faite par deux
chercheurs (Katz et Callorda) indique qu’un accroissement de 1% du secteur du numérique entraine
un accroissement du PIB de 0,13%.
59. Pour l’impact sur le PIB, nous allons nous servir des données du secteur du mobile dont les
données sont disponibles. Le graphique ci-après donne la contribution du secteur mobile au PIB en
Afrique subsaharienne.
Graphique 8 : Contribution du secteur mobile au PIB, en Afrique subsaharienne, de 2014 à 2020
Source : Rapports GSMA « L’économie du secteur mobile - Afrique subsaharienne35 36»
34 https://www.itu.int/dms_pub/itu-d/opb/str/D-STR-GCI.01-2017-R1-PDF-E.pdf 35 https://fr.readkong.com/page/l-economie-mobile-de-l-afrique-subsaharienne-2013-9377219?p=1 36 https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download
0.00%
1.00%
2.00%
3.00%
4.00%
5.00%
6.00%
7.00%
8.00%
9.00%
10.00%
2014 2015 2016 2017 2018 2020*
2020*: valeur estimée
Secteur mobile/PIB
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
27
3. Etats des lieux de l’économie numérique en Afrique Centrale
3.1 Infrastructures de communications et services numériques
3.1.1 Les services de télécommunications et les services numériques
60. Les services offerts sont regroupés en services de téléphonie fixe et fixe large bande, services
mobiles et mobiles large bande, l’accès à internet et les services numériques.
Le graphique suivant donne le taux de pénétration de la téléphonie fixe et celui de la téléphonie fixe
large bande pour les onze pays de la CEEAC en 2017. Ces deux taux sont extrêmement bas (de 0 à
4%), et ont une moyenne sous régionale respective de 0.87% et 0,18%. Ces taux sont inférieurs à la
fois à la moyenne africaine et à la moyenne mondiale (de 12,4% pour la téléphonie fixe).
Graphique 9 : Taux de pénétration du fixe et du fixe large bande
Source : Bases de données ICTEYE37 de l’UIT
61. Pour les services de téléphonie mobile et mobile large bande, le graphique ci-après en donne
le taux de pénétration pour les pays de la CEEAC en 2017. Ces deux taux sont en constante
progression d’une année à l’autre, avec une moyenne sous régionale respective 65,81% et 22,48% et
sont proches de la moyenne africaine et en deçà de la moyenne mondiale (respectivement de 103,6%
et 62%).
62. Pour le large bande, les vitesses de transmission de quelques mégabits (inférieurs à 10) sont
également faibles par rapport à la tendance mondiale (en centaines de mégabits par seconde). Ces
taux de pénétration de la téléphonie mobile ne tiennent pas compte des abonnés ayant plusieurs cartes
SIM, ce qui veut dire qu’il est encore plus bas s’il est calculé seulement pour les abonnés uniques.
37 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
Angola
Burundi
Cameroun
Rép.Centrafricaine
Tchad
Congo
Rép. Démocratique du Congo
Guinée Equatoriale
Gabon
Rwanda
Sao Tome & Principe
MOYENNE CEEAC
Pourcentage (%)
Pay
s d
e la
CEE
AC
Taux de pénétration du fixe Taux de pénétration du fixe large bande
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
28
Graphique 10 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande
Source : Bases de données ICT EYE, UIT38
63. Les tarifs d’interconnexion entre les opérateurs et fournisseurs de services, ou encore tarifs de
gros, influent sur le tarif de l’utilisateur final et peuvent constituer des barrières à l’entrée pour les
fournisseurs de service. Le graphique ci-après donne le tarif d’interconnexion de fixe à mobile et de
mobile à mobile, pour les pays de la CEEAC dont les données sont disponibles. Ils sont extraits d’un
tableau plus général figurant en annexe 4. On peut remarquer que les pays comme le Rwanda et le
Gabon qui ont un tarif d’interconnexion de mobile à mobile bas ont également les meilleurs taux de
pénétration en téléphonie mobile.
Graphique 11 : Tarifs d’interconnexion fixe à mobile et mobile à mobile au sein de la CEEAC.
38 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/
0 20 40 60 80 100 120 140
Angola
Burundi
Cameroun
Rép.Centrafricaine
Tchad
Congo
Rép. Démocratique du Congo
Gunée Equatoriale
Gabon
Rwanda
Sao Tome & Principe
MOYENNE CEEAC
Pourcentage(%)
Pay
s d
e la
CEE
AC
Taux de pénétration du téléphone mobile
Taux de pénétration du mobile large bande
0 0.1 0.2 0.3 0.4
Angola
Cameroun
Tchad
Congo
Gabon
Rwanda
Sao Tome & Principe
Tarif ($)
Pay
s d
e la
CEE
AC
Fixe à Mobile
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
29
64. Pour apprécier l’accès à internet dans la CEEAC, trois indicateurs sont utilisés : le pourcentage
de la population utilisant internet, celui d’habitations possédant un ordinateur et celui d’habitations
disposant d’un accès internet pour l’année 2017. Ces trois indicateurs sont illustrés par le graphique
suivant. Ils ont des valeurs très inférieures aux moyennes mondiales (respectivement de 48,6%, 46,9%
et 54,5%).
Graphique 12 : Pourcentage d’habitations ayant unordinateur, un accès internet et de la population
utilisant internet, pour l’année 2017.
Source : Bases de données ICT EYE, UIT39
65. Pour tous les pays de la sous-région dont les données sur la répartition du taux de pénétration
de l’internet selon le genre sont disponibles, il existe une fracture numérique40.
Dans l’écosystème de l’économie numérique, les services numériques couvrent tous les domaines et
sont variés. S’agissant de services fondés sur les TIC, peu de statistiques sont disponibles.
66. L’exemple du commerce électronique va être pris pour présenter l’état des lieux actuel en
Afrique Centrale. Le commerce électronique désigne le processus d’achat et de vente de produits et
services par des moyens électroniques tels que les applications mobiles et Internet. Il permet d’acheter
et de vendre des produits sur une échelle globale, vingt-quatre heures par jour sans encourir les mêmes
frais généraux liés à un magasin physique. Il peut être un commerce entre entreprise particuliers
(B2C), d’entreprise à entreprise (B2B) ou de particuliers à particuliers (C2C). Lorsque le commerce
électronique s’effectue au moyen d’appareils mobiles, il est appelé «m-commerce » qui est sous-
ensemble du commerce électronique. Selon le rapport « UNCTAD e-Commerce index 2018 : focus
on Africa41 », en 2016, des pays comme le Royaume Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord,
39 https://www.itu.int/net4/itu-d/icteye/ 40 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Pages/stat/default.aspx 41 https://unctad.org/en/PublicationsLibrary/tn_unctad_ict4d12_en.pdf?user=46
0 10 20 30 40 50 60
Angola
Burundi
Cameroun
Rép.Centrafricaine
Tchad
Congo
Rép.Democratique du Congo
Guinée Equatoriale
Gabon
Rwanda
Sao Tome & Principe
Moyenne CEEAC
MOY MONDIALE
% de la population utilisant internet % d'habitations ayant un accès internet
% d'habitations ayant un ordinateur
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
30
la Chine et la Malaisie ont obtenu de bons résultats en e-Commerce représentant respectivement
7,3%, 6,9% et 6,4% de leur PIB. Une évaluation des performances du e-Commerce basée sur le
pourcentage d’individus ayant accès à internet, le pourcentage de personnes disposant d’un compte
auprès d’établissements financiers, le nombre de serveurs sécurisés et la qualité de la chaine
logistique, permet de calculer l’indice du e-Commerce B2C et de répertorier le Cameroun comme
10ème et le Gabon comme 12ème en Afrique en 2017, sur un total de 44 pays. Sont également classés
le Rwanda (19e), l’Angola (29e), le Congo (38e), le Burundi (40e), la RDC (41e) et le Tchad (43e). Il
en découle que les performances du e-Commerce B2C de plusieurs pays de la CEEAC sont en deçà
de la moyenne. En se basant sur le pourcentage de personnes ayant effectué un achat en ligne en 2017,
le Gabon (avec 6,1% de la population de plus de 15 ans) se classe 6ème en Afrique.
67. Pour donner une vue des prix pratiqués, pour ce qui est de la téléphonie mobile, le rapport
publié par l’UIT « Measuring the information society » en 2018, classe un ensemble de pays du
monde, à partir d’un panier de référence de services mobiles (53mn de communication et 100 SMS)
et son prix pour l’année 2017. Il exprime ce prix en pourcentage du revenu national brut (RNB) par
mois et l’utilise pour effectuer un classement des pays allant de Macao (1er avec 0,10%) au Libéria
(dernier avec 58,14%). Le tableau ci-après en donne un extrait pour les pays de la CEEAC (sauf le
Congo et la Guinée Equatoriale qui n’y figurent pas). On peut constater que tous ces pays figurent au
peloton de queue de ce classement, ce qui indique que les prix dans tous ces pays sont élevés comparés
au niveau de revenu. Par ailleurs, la Commission « Le large bande au service du développement
durable » des Nations Unies a fixé que le prix des communications électroniques devrait être inférieur
à 5% du RNB mensuel en 2015 et 2% en 2025. Rendu en 2019, l’objectif de 2015 est atteint par un
seul pays de la CEEAC.
Tableau 3 : Comparatif des prix de la téléphonie mobile dans les pays de la CEEAC.
PRIX D'UN PANIER DE REFERENCE (51mn, 100S MS) EN 2017
RANG PAYS %RNB $US PPA %Taxe RNB $US
115 Gabon 3,07 16,93 26,63 6,61
136 Angola 5,83 16,18 20,65 5 3,33
146 Rwanda 7,71 4,62 12,65 28 720
149
Sao Tome &
Principe 8,45 12,46 19,97 5 1770
161 Cameroun 12,02 13,62 33,21 19 1360
174 RDC 25,2 9,45 23,66 26 450
176 Burundi 30,03 7,26 18,52 18 290
178 Tchad 36,02 19 18 630
180 RCA 38,48 12,5 19 390
Source: « Measuring the information society report42 » UIT, 2018
68. Avec l’évolution technologique qui a conduit au tout numérique, tous les services offerts
dépendent de la qualité du trafic de données, en termes de rapidité, de délai de transmission et de
latence, et de disponibilité (assurée entre autres par la redondance des liaisons). Dans de nombreux
pays, la (faible) vitesse de l’internet est l’un des principaux problèmes limitant son utilisation.
42 https://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Documents/publications/misr2018/MISR-2018-Vol-1-E.pdf
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
31
69. En Afrique Centrale, beaucoup des services entrant dans l’écosystème de l’économie
numérique sont inexistants ou embryonnaires. On peut citer la fabrication d’équipements ou le
développement de contenus et solutions TIC ou autres adaptés au contexte et aux besoins locaux.
Au Rwanda, dans le domaine de fabrication et la commercialisation d’équipements, la société MARA
Phones fabrique les smartphones pour le marché de la région.
Au Tchad, la start-up Kouran Djabo a été créée en 2017 pour fournir de l'électricité aux familles les
plus modestes de Ndjamena. Elle met à leur disposition des kits solaires qui leur permettent, à minima,
de s'éclairer et de recharger les téléphones portables, moyennant un abonnement mensuel.
Au Gabon, la start-up Easytech offre des solutions dans le domaine du conseil et de l’intégration
logicielle aux administrations et entreprises depuis 2012.
70. Au Cameroun, concernant l’entreprenariat et l’innovation, plusieurs start-ups ont émergé,
avec parfois une certaine renommée. Parmi ces start-ups, on peut citer, sans être exhaustif :
MBOA Store d'ABEGA MOUSSA, une boutique d’application 100% africaine qui répond à
un souci de patriotisme numérique ;
Kyrio Games, le tout premier jeu vidéo africain développé par le jeune camerounais Olivier
MADIBA,
Drone Africa, un service de drones fabriqués au Cameroun par William ELONG, par un
jeune Camerounais ;
NJORKU de Churchill MAMBE, un moteur de recherche d’emplois ;
GIFTEDMOM de Alain NTEFF, une application de suivi médicale de femmes enceintes ;
WAZAPAY de SHEMBA Samuel NJUKWING, une plateforme de paiement en ligne et
porte-monnaie électronique ;
HImore Medical (Cardiopad) d’Arthur ZANG;
CAYSTY pour l’initiation des jeunes filles aux TIC développée par Arielle KITIO.
71. Les problèmes rencontrés par les startuppeurs vont de l’insuffisance de l’accompagnement
dans le démarrage de leur projet, aux difficultés d’avoir des ressources techniques, en passant par le
manque de financement sans oublier le coût et la qualité de la connexion internet.
3.1.2 Infrastructures de communications électroniques
72. Les infrastructures dans le domaine des télécommunications et TIC, sont constituées
essentiellement de réseaux à fibre optique qui est la dorsale (backbone) servant de support fiable pour
interconnecter les différents nœuds de réseau, utiles à toutes les parties prenantes du secteur, qu’il
s’agisse des opérateurs, des institutions ou des entreprises. Il sera présenté tour à tour les
infrastructures nationales et sous régionales.
73. Pour ce qui est du Cameroun, à titre d’exemple, le réseau de transport national terrestre à fibre
optique dispose d’un linéaire d’environ 12 000 kilomètres. Dix régions sur dix, 52 départements sur
58 et 209 arrondissements sur 360 ont accès à la fibre optique. S’agissant des autres pays, les unités
administratives de premier niveau (région, province ou département selon le cas) ont majoritairement
accès à la fibre optique. Le taux d’accès à la fibre optique baisse pour les unités administratives de
deuxième niveau (départements, province ou district selon le pays) et diminue sensiblement pour les
unités administratives de troisième niveau (arrondissement ou district). Dans tous les cas, l’utilisation
de la fibre optique dans le réseau d’accès (FTTH Fiber To The Home) est extrêmement rare et faible.
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
32
74. Pour permettre d'échanger du trafic Internet local dans un territoire donné, les infrastructures
physiques dénommées points d’échange internet (IXP) sont nécessaires. Elles améliorent la qualité
du trafic internet et évitent les coûts supplémentaires importants liés au transport des données sur des
liaisons internationales. Deux pays de la CEEAC, à savoir le Cameroun et le Congo disposent de
deux IXP chacun. Cinq pays (Angola, Burundi, Gabon, RDC et Rwanda) possèdent chacun un IXP.
Quatre autres pays n’ont pas encore d’IXP. Un IXP est destiné à permettre aux opérateurs des
télécommunications, aux fournisseurs d’accès internet et même aux plateformes de contenus
d’échanger leur trafic en local en qualité de membre ou de participant de cet IXP. Le nombre de
participants par IXP est donné dans un tableau joint en annexe 3. Ce nombre varie de 4 à 13 et laisse
entrevoir qu’il existe encore dans chaque pays disposant d’un IXP des fournisseurs d’accès internet
non raccordé à cet équipement.
75. Lorsqu’un IXP permet ou permettra dans l’avenir de raccorder des membres situés dans
d’autres pays, il est appelé point d’échange internet régional (RIXP Regional Internet eXchange
Point). Trois pays de la CEEAC (Congo, Gabon et Rwanda) ont des RIXP. Le Congo et le Gabon ont
d’ailleurs eu l’un après l’autre l’aval de l’Union Africaine pour abriter un point d’échange internet
régional. Cependant, la faible interconnexion directe entre les pays de la CEEAC rend difficile
l’effectivité de mise en fonctionnement d’un point d’échange internet régional car un RIXP sans
liaison d’interconnexion directe peut être comparé à un pont sur un cours d’eau entre des pays voisins
non encore desservis par aucune route.
76. Nous examinons à présent dans les lignes qui suivent les liaisons d’interconnexion directe
entre les pays. Le projet Central Africa Backbone (CAB) est une initiative des chefs d’Etat de
l’Afrique Centrale en 2008 pour l’interconnexion fiable et à haut débit des pays de la sous-région par
fibre optique. Au nombre des résultats attendus figurent la transformation du paysage des
télécommunications dans les pays ; la transmission de données d’un pays de la sous-région à un autre
sans transiter par les câbles sous-marins internationaux ; l’augmentation du taux de pénétration de
l’internet à haut débit et la dissémination de la connectivité internationale sur l’ensemble du territoire
des Etats concernés. A ce jour, trois interconnexions directes de pays sont effectives (Cameroun -
Tchad, Guinée Equatoriale - Cameroun et Congo – Gabon). Il est important de remarquer que
plusieurs travaux d’interconnexion directe sont en cours.
77. Pour écouler leurs communications internationales, tous les pays de la sous-région Afrique
Centrale disposant d’une façade maritime possèdent une ou plusieurs stations d’atterrissement de
câbles sous-marins à fibre optique. Le projet CAB vise également à permettre aux pays de l’hinterland
d’écouler leurs communications internationales par ces mêmes stations d’atterrissement à partir
d’interconnexion directe avec le ou les pays concernés. La liste des stations ou points
d’atterrissement, par pays de la CEEAC, avec éventuellement leur capacité est jointe en annexe 4.
Certains pays possèdent plusieurs points d’atterrissement (le nombre de ces points d’atterrissement
pouvant aller jusqu’à cinq) et le maillage du réseau à fibre optique devrait permettre de basculer le
trafic d’un point à l’autre en cas de problème.
78. Pour la sécurisation des transactions, plusieurs pays (Cameroun, Gabon, Rwanda) ont mis en
place une infrastructure à clé publique. Cette infrastructure est indispensable pour la confiance en
l’économie numérique, en ce sens qu’elle permet de garantir la sécurité des données à travers
l’identification, l’authentification des partenaires dans leurs transactions, l’intégrité et la
confidentialité des données échangées, ainsi que la non répudiation des messages ou transactions. Les
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
33
opérations bancaires et/ou financières par exemple, peuvent être effectuées en toute confiance sans
risquer d’être infiltrées par les cybercriminels.
Il s’ensuit du développement précédent que la sous-région dispose encore de faibles capacités
en infrastructures large bande à fibre optique, avec un peu de redondance au niveau national,
mais dont l’ossature devant relier les pays entre eux, reste à mettre en place. Il a aussi été établi
que les prix des communications électroniques sont élevés, si on fait la comparaison avec les
autres régions, en tenant compte du revenu national brut mensuel.
79. Les défis à relever sont nombreux. On peut citer l’extension de l’infrastructure de transport et
d’accès à toutes les populations qui est lui-même lié au problème de financement, ainsi que de
l’interconnexion sous régionale. Une autre priorité porte sur l’amélioration permanente de la qualité
de service et d’expérience du consommateur des communications électroniques afin de garantir la
disponibilité des services 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, dans des environnements où le réseau à
fibre optique fait parfois l’objet de coupure alors que sa redondance n’est pas toujours assurée, ou
même le réseau électrique réseau est peu stable, tout ceci sans occulter les questions qualité propre
de la communication.
3.2 Politiques nationales et sous régionales
3.2.1 Au niveau national
80. Certains pays disposent déjà d’une stratégie de développement de l’économie numérique,
mais d’autres n’en disposent pas encore. Il va être examiné spécifiquement le cas de quelques pays.
Pour ce qui est du Burundi, ce pays dispose d’un plan de développement du large bande dénommé
« Burundi large bande 2025 ». Pour donner corps à la vision du Burundi pour les TIC, son
gouvernement a décidé de définir une politique large bande, qui est l’acheminement de plusieurs
formats (voix, vidéo, texte et données) sur un seul canal via des techniques assurant des vitesses d’au
moins 256 kbit/s, qui servira de trajectoire à tous les acteurs des TIC, reconnaissant ainsi l’importance
socio-économique des services à large bande pour le développement national. Il veut garantir la
disponibilité de l'infrastructure nécessaire pour pouvoir fournir des services de qualité à tous les
citoyens et à des tarifs abordables. Le Burundi est conscient du fait que le haut débit est considéré
comme une denrée de première nécessité au même titre que l’électricité et va avoir un impact sur
l’industrie 4.0 similaire à celui que l’électricité a eu lors de la révolution industrielle. Le plan national
large bande du Burundi a pour objectif général de maximiser les avantages socio-économiques du
large bande aux entreprises et aux citoyens par la disponibilité des services numériques à des prix
abordables. En outre, l’évolution de l’Internet au Burundi est assez lente, les Fournisseurs d’Accès
Internet (FAI) restant implantés uniquement à Bujumbura et dans quelques grandes villes de
l’intérieur du pays, occasionnant ainsi une faible pénétration et la fracture numérique. C’est ainsi que,
tenant compte de ce que les TIC constituent un secteur transversal, générateur de revenus substantiels
et d’emplois et servant de base pour structurer, dynamiser et promouvoir d’autres secteurs comme
l’éducation, la santé, le commerce, l’administration publique, le transport, le tourisme, le
Gouvernement du Burundi a mis en place un Projet d’Infrastructure de Communication (PIC) financé
par la Banque Mondiale, un réseau de transport à fibre optique (Dorsale nationale) couvrant tout le
territoire national. Parmi les principaux acteurs, on peut citer le Ministère de la Jeunesse, des Postes
et des Technologies de l’information, l’Agence de Régulation et de Contrôle des
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
34
Télécommunications, les opérateurs (Econet Leo SA, ONATEL, etc.), les fournisseurs de services et
d’accès internet, etc.
81. Au Cameroun, la Vision à l’horizon 2035 formulée ainsi qu’il suit « Le Cameroun : un pays
émergent, démocratique et uni dans sa diversité » de même que le document de planification
décennale (DSCE - Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi) accorde la priorité, entre
autres, aux TIC et à l’économie numérique. Pour opérationnaliser cette vision dans le secteur de
l’économie numérique, un « Plan stratégique Cameroun 2020 » a été élaboré en 2016. La vision du
plan stratégique est de faire du Cameroun « un pays numérique en 2020 ».
82. Pour rendre concrète cette vision, les choix stratégiques opérés s’articulent autour de huit axes
associés chacun à un objectif stratégique. :
Axe 1 : « Développer les infrastructures large bande », avec pour objectif stratégique de généraliser
l’accès large bande pour les citoyens, les entreprises et les ménages. Différentes actions et initiatives
sont pour une véritable politique d’aménagement numérique du territoire national, par la mise en
place des infrastructures de qualité, garantissant un accès haut débit sur l’ensemble du territoire des
entreprises et des ménages, et la connectivité directe avec les pays de la sous-région Afrique Centrale.
Axe 2 : « Accroître la production et l’offre des contenus numériques » avec pour objectif de disposer
des contenus attractifs développés et hébergés au niveau local.
Axe 3 : « Assurer la transformation numérique de l’administration et des entreprises », avec pour
objectif d’accélérer la transformation numérique de l’administration et des entreprises pour accroître
leur efficacité, transparence, compétitivité et leur productivité.
Axe 4 : « Promouvoir la culture du numérique par la généralisation de l’usage des TIC dans la société
». L’objectif ici est d’améliorer la qualité de vie du citoyen par un meilleur usage du numérique.
Axe 5 : « Renforcer la confiance numérique ». Les actions proposées ici visent notamment la
sécurisation du cyber espace camerounais.
Axe 6 : « Développer une industrie locale du numérique et encourager la recherche et l’innovation ».
Son objectif est de développer au niveau national, des biens et services numériques produits
localement. Les actions et initiatives proposées ici sont celles qui permettent de développer des pôles
d’excellence dans l’innovation en matière du numérique.
Axe 7 : « Assurer le développement du capital humain et le leadership dans le numérique ».
L’illettrisme numérique constitue un frein important à l’avènement de la société de l’information A
cet effet, le renforcement des capacités des ressources humaines est une priorité pour faire du
Cameroun un pays numérique en 2020.
Axe 8 : « Améliorer la gouvernance et l’appui institutionnel » avec pour objectif de créer un
environnement propice à l’essor du numérique pour le développement économique. En effet, la mise
en œuvre des activités transversales telles que l’adaptation du cadre juridique et réglementaire, la
mobilisation des financements nécessaires à la mise en œuvre de l’ensemble des projets identifiés à
travers des modes de financement innovants tels que les fonds de capital-risque, sont autant de
facteurs indispensables à l’émergence d’une société de l’information inclusive au Cameroun. Un plan
d’actions prioritaires recense de nombreux projets à exécuter avec une évaluation sommaire de leur
coût.
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35
83. Quelques valeurs cibles pour mesurer les progrès accomplis ont été fixées. Ainsi, la
contribution au PIB devrait passer de 5 à 10%, le nombre d’emplois directs de 10000 à 50000 et la
contribution annuelle au titre d’impôts et taxes de 136 milliards à 300 milliards de Fcfa.
Parmi les acteurs, pour tenir compte de l’important rôle du capital humain, un accent est mis sur la
formation professionnelle dans les universités et écoles d’ingénieurs ainsi que dans les instituts privés
d’enseignement supérieur.
84. La stratégie d’industrialisation du Cameroun est déclinée dans le Plan directeur
d’industrialisation adoptée en 2017. Ce plan est destiné à asseoir les bases solides pour un
développement industriel intégré et compétitif, cohérent et compatible avec l’énorme potentiel en
ressources du sol et du sous-sol camerounais. Parmi les filières porteuses qui sont ciblées, l’agro-
industrie, l’énergie et le numérique figurent au premier rang. Le Cameroun ambitionne ainsi
d’accroître de 24% contre 13% actuellement, la contribution du secteur industriel dans la formation
du PIB du pays afin d’atteindre les objectifs d’émergence à l’horizon 2035
85. Au Congo, les pouvoirs publics se sont engagés au développement du secteur des
télécommunications et des technologies de l’information et de la communication pour soutenir l’essor
de l’économie numérique. Cet engagement est réaffirmé dans la vision du pays dénommée « La
Marche vers le Développement » dans son point cinq (5) qui stipule : « arrimer le Congo au
développement de l’économie numérique ». Il est question de créer les conditions adéquates afin de
bâtir une véritable société de l’information et du savoir, dans laquelle l’administration,
l’enseignement, la santé, le commerce et bien d’autres services, utilisent les TIC afin de doter le
Congo d’une politique nationale de développement des TIC, axée sur le e-gouvernement, le e-citoyen
et le e-business. Un des défis est la mobilisation des ressources nécessaires pour achever la couverture
nationale en télécommunications, et de donner la possibilité aux congolais de se connecter et, par la
même occasion, de faciliter la création d’applications et des services à valeur ajoutée, qui à n’en point
douter, devraient stimuler la croissance économique, l’emploi et par-dessus tout, le développement.
86. Le gouvernement du Congo se projette de mettre en place un cadre permettant d’assurer la
connexion des usagers au large bande ; de faciliter l’acquisition de l’outil informatique et de rendre
l’utilisation effective des technologies de l’information et de la communication obligatoire au sein
des administrations afin de contribuer à l’amélioration de l’environnement socioéconomique et
d’assurer la croissance durable sur la base d’une société de l’information et du savoir.
87. Des actions comme l’adoption de la politique nationale de développement des technologies
de l’information et de la communication (cyber stratégie), le renforcement des capacités du régulateur
(ARPCE) ou la mise en place effective du Fonds de Service Universel (FSU) comme réponse aux
obligations d’un accès aux services TIC pour tous les citoyens vivant dans des zones géographiques
non économiquement viables ou mal desservies sont prévues.
88. Au Gabon, la stratégie du gouvernement définie dans le Plan stratégique Gabon Emergent
(PSGE) accorde une place de choix à l’économie numérique. Le Plan sectoriel Gabon numérique du
PSGE prévoit de faire du Gabon un pays disposant d’une infrastructure numérique sur l’ensemble de
son territoire, permettant le développement d’une large gamme de services « favorisant un saut
qualitatif majeur dans les services sociaux et l’éclosion des piliers du Gabon Émergent. Ainsi, la mise
en œuvre du Programme Gabon numérique va entrainer des progrès significatifs dans les domaines
suivants : l’amélioration de l’accès par une plus forte couverture du territoire national, notamment en
zones rurales, l’amélioration de la qualité de service, l’augmentation substantielle du débit
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
36
d’Internet, la construction d’un Backbone national en fibre optique, les mesures incitatives à la baisse
du prix des terminaux, la mise en place d’un cadre juridique complet sur les TIC, la baisse des coûts
de communication.
89. L’exemple de la politique nationale du Rwanda est donné dans un encadré plus loin, comme
un cas de transformation numérique réussie.
Nous n’avons pas trouvé de données disponibles pour les autres de la CEEAC ne figurant pas dans
cette rubrique.
3.2.2 Au niveau sous régional
90. Le cadre légal et réglementaire au niveau sous régional est défini au sein de la CEEAC à
travers des lois type pour harmoniser les politiques et garantir leur cohérence. Huit lois type dans le
domaine du numérique sont en vigueur et sont ainsi libellées :
Loi type portant cadre Juridique et Institutionnel général du secteur de communications
électroniques Brazzaville novembre 2016 ;
Loi type relative aux régimes d’accès et aux activités de communications électroniques
Brazzaville, novembre 2016 ;
Loi type relative au service universel et les mécanismes de son financement Brazzaville,
novembre 2016 ;
Loi type relative aux fréquences radioélectriques et aux ressources en numérotation
Brazzaville, novembre 2016 ;
Loi type relative à l’interconnexion Brazzaville, novembre 2016 ;
Loi-type relative aux transactions électroniques ;
Loi-type relative à la protection des données à caractère personnel ;
Loi-type portant sur la lutte contre la cybercriminalité dans les Etats Membres de la
CEEAC/CEMAC.
91. Le niveau de transposition de ces lois types dans les législations nationales des onze Etats
membres de la CEEAC reste faible. En fait, il se trouve qu’après la phase d’élaboration des lois
type, il était prévu une deuxième phase pour l’accompagnement et le suivi de leur transcription dans
les lois nationales, mais cette phase n’a pas véritablement démarré.
92. Alors que l’économie numérique repose de plus en plus sur les données (Big data, IA,
etc.), la plupart de pays ne disposent pas de loi sur la protection des données à caractère
personnel.
Au niveau des instances politiques sous régionales, plusieurs projets ont été arrêtés en faveur du
développement et de l’intégration sous régionale. Parmi ceux-ci figurent, le projet Central Africa
Backbone (CAB), le Plan d’Action Consensuel de Déploiement des Infrastructures de
Communications Electroniques de l’Afrique Centrale (PACDICE-AC), l’Accord de coordination des
fréquences aux frontières.
93. En 2008, au terme d’un sommet, les chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire
de l’Afrique Centrale avaient décidé de doter la sous-région d’un réseau de télécommunications fiable
à haut débit qui devrait relier, au moyen d’une connexion terrestre à fibre optique, plusieurs pays de
la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale. Au nombre des résultats attendus
figurent la transformation du paysage des télécommunications dans un pays ; la transmission de
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37
données d’un pays de la sous-région à un autre sans transiter par les câbles sous-marins
internationaux ; l’augmentation du taux de pénétration de l’internet à haut débit et la dissémination
de la connectivité internationale sur l’ensemble du territoire des Etats concernés. Plus de dix ans
après, les objectifs assignés sont loin d’être atteints.
94. Le PACDICE-AC, adopté en mars 2019, est un programme de renforcement des
infrastructures communautaires large bande des Etats membres et d’interconnexion des
infrastructures large bande entre les Etats membres. Le programme de renforcement des
infrastructures communautaires large bande des Etats membres va combler les chaînons manquants
permettant d’atteindre les dernières chambres d’interconnexion au niveau des frontières des différents
pays et avec le concours de la CEEAC, doit aider les Etats membres concernés à lever les fonds
nécessaires à leur réalisation
95. Le programme d’interconnexion des infrastructures large bande des Etats membres obéit à
trois principes directeurs ; chaque Etat membre doit être interconnecté à chacun de ses voisins par au
moins un câble en fibre optique ; toute liaison d’interconnexion de deux Etats membres utilisant une
infrastructure internationale est une liaison de second choix ; la desserte du plus grand nombre des
citoyens doit être assurée le long du parcours de toute infrastructure d’interconnexion. Ce programme
s’est fixé deux objectifs spécifiques : parachever les interconnexions deux à deux entre les Etats
membres et interconnexion aux CERs voisines (ECOWAS, EAC, SADC) avec deux critères de
choix ; câbles posés entre deux capitales doit traverser autant que faire se peut le plus grand nombre
des localités habitées situées entre les deux Etats et pose des câbles le long des routes, chemins de fer
et infrastructures électriques.
96. La mise en œuvre de ce programme permettra de lever les problèmes suivants : des tarifs de
communications élevés dans la sous-région ; du contournement du trafic de la sous-région vers
d’autres backbones ; de la perte des opportunités liées aux externalités de réseaux ; de la perte des
devises dans la sous-région…
97. Dans le cadre des transactions électroniques, le problème de reconnaissance des certificats
électroniques émis par les infrastructures à clé publique (PKI) de chaque pays, par les autres pays
restreint la sécurisation des transactions au niveau national.
Pour garantir la fluidité du réseau internet et faire en sorte que le trafic national ou sous régional ne
transite pas par des pays non régionaux, un programme de déploiement des points d’échange internet
(IXP) national et régional est déployé sous l’égide de l’Union Africaine.
98. Il existe des accords de coordination et de partage des fréquences radioélectriques dans les
zones frontalières entre certains Etats membres (entre le Cameroun et le Tchad par exemple). Ces
accords comprennent le passage en revue des différentes conditions et possibilités de partage des
canaux dédiés aux opérateurs et fournisseurs de services de communications mobiles. Ils fixent le
cadre et les paramètres du contrôle d’empiètement des réseaux dans les zones frontalières pour
permettre un fonctionnement harmonieux des réseaux, éviter les brouillages réciproques. Ils règlent
le problème de roaming accidentel, notamment lorsque le free roaming n’est pas encore mis en œuvre,
et jettent les bases en vue du partage et de la coordination des fréquences aux frontières des pays pour
une optimisation de la gestion du spectre de fréquences radioélectriques pour l’ensemble des localités
frontalières et l’élaboration d’une cartographie de couverture. De tels accords n’existent pas entre
certains pays.
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38
Pour ce qui est de l’étendue des marchés, la libre circulation des personnes et des biens (matériels
homologués de TIC par exemple) existe en Afrique Centrale ainsi que la zone de libre-échange
continentale africaine (ZLECA), mais ne sont pas effectivement mises en œuvre.
3.2.3 Impacts de l’économie numérique dans la sous-région
99. Pour indiquer l’impact de l’économie numérique sur le PIB ou les recettes fiscales, il va être
pris en compte seulement le secteur mobile pour lequel les données sont disponibles. Selon le rapport
« L’économie du secteur mobile en Afrique subsaharienne 2017 » de la GSMA43, en 2016, les
technologies et services mobiles ont généré 110 milliards de dollars de valeur économique en Afrique
subsaharienne, soit 7,7% du PIB. La contribution du mobile au PIB devrait passer à 142 milliards de
dollars, soit 8,6% du PIB d’ici 2020 puisque les pays bénéficient d’une amélioration de la productivité
et de l’efficacité apportées par l’augmentation des abonnements aux services mobiles. L’écosystème
du secteur mobile a également permis de soutenir 3,5 millions d’emplois en Afrique subsaharienne
en 2016. Outre l’impact du secteur du mobile sur l’économie et le marché du travail, il apporte
également une contribution importante au secteur public, avec 13 milliards de dollars payés en 2016
sous forme d’impôts.
100. Sur la base de l’état des lieux, des tendances générales dans le domaine de l’économie
numérique et en tenant compte des potentialités des pays de la sous-région, les principales
opportunités pour l’accélération de la diversification économique vont être identifiées par pays ou
groupe de pays selon le cas, ainsi que les défis à relever pour les saisir.
4 Opportunités et défis de l’économie numérique pour l’accélération de la diversification
économique et de l’industrialisation dans la sous-région
4.1 Opportunités
101. Le financement de l’économie numérique se pose, tout comme celui de l’industrialisation ou
autres, et les marchés financiers peuvent en constituer une réponse. En effet, les marchés financiers
constituent une solution pour lever les fonds en vue du financement de l’économie. Les marchés
financiers sont devenus tous électroniques et l’existence d’un socle numérique, de qualité et sécurisé
est déterminant pour un bon fonctionnement d’un marché financier régional. Les marchés financiers
ont ainsi besoin des TIC pour décoller et donnent l’opportunité de lever des fonds en vue du
financement de l’économie en général et des activités de transformation numérique ou
d’industrialisation en particulier.
102. L’’économie numérique est une opportunité pour accroitre la taille de marché de manière
considérable. La taille de marché qui était auparavant associée à la taille d’un pays ou de la
communauté économique à laquelle il appartient, est maintenant sans limite, ou correspond à 50% de
la population mondiale accédant à internet, soit environ 3,8 milliards de personnes. C’est cela qui fait
en sorte que les plus grandes entreprises de nos jours, ce ne sont plus les entreprises pétrolières, mais
celles de ce qui est qualifiée de nouvelles économies reposant sur les plateformes qui accèdent par le
biais de l’internet aux potentiels clients situés dans tous les pays du monde. Plusieurs entreprises de
par le monde en tirent profit. La qualité et robustesse des outils numériques, alliée à un bon capital
43 https://www.gsmaintelligence.com/research/?file=0c798a6a56bdb31d4bc3b4ff4a35098d&download
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39
humain peut permettre à la sous-région de bénéficier davantage de l’accès généralisé au marché
qu’offre l’économie numérique.
103. Investir dans l’éducation permet d’apporter les ressources intellectuelles nécessaires à la
recherche et à l’innovation. De même, construire des infrastructures, notamment dans le domaine des
TIC, sert de fondement aux plates-formes en faveur de l’innovation. Tel est, selon OMPI Magazine,
le rôle important que jouent les TIC en faveur de l’innovation.
104. L’économie numérique est une opportunité pour l’Administration pour mieux répondre aux
besoins des populations. En effet le e-Gouvernement présente de nombreux avantages : la
simplification des démarches, l’amélioration de la célérité et de la transparence dans le traitement des
demandes des usagers, la lutte contre la corruption, la réduction des cas de vols à cause du non
maniement des espèces, etc. Les services visés ici sont nombreux et comprennent : la déclaration
d’impôts en ligne, le paiement en ligne des droits et amendes, la création d’entreprise en ligne, la
déclaration et l’obtention en ligne d’actes, permis ou documents divers (acte de naissance, acte de
mariage, carte grise, permis de conduire, carte nationale d’identité, permis de bâtir, visa, etc.).
105. Il est établi que le numérique peut avoir une contribution appréciable dans l’atteinte des
objectifs de développement économique, social et culturel. Par exemple, les questions de santé
comme celles de l’éducation, qui constituent la trame des ODD n°2 et n°3, peuvent en partie être
réglées grâce à l’apport du numérique. De même, tous les pays de la sous-région ont dans leur agenda
l’ambition de développer le secteur des services (tourisme, commerce, activités financières), bref le
secteur tertiaire dans son ensemble, et le numérique va être très utile pour cela.
Les domaines prioritaires identifiés et présentés ci-après sont choisis en fonction de la disponibilité
des intrants et matières premières, des perspectives d’écoulement de la production sur le marché
national, régional ou international et du potentiel en termes de création ou de transformation de
l’emploi.
106. En Afrique Centrale, le secteur agricole apparait comme un secteur avec des perspectives
favorables en termes de diversification économique et le numérique va pouvoir aider à saisir les
opportunités de croissance dans le domaine agricole et de l’agro-industrie. En effet, les besoins en
matière agricole sont nombreux et croissants, les terres arables sont plus ou moins abondantes et le
numérique peut avoir une contribution à apporter dans les différentes phases de production et de
commercialisation. Dans la phase de production, le numérique peut contribuer à une meilleure
sélection des intrants adaptés au sol, à mieux surveiller l’évolution des cultures, contrôler l’irrigation
ou apporter le traitement phytosanitaire approprié. Ainsi, des applications croisent les données
satellitaires et informations communiquées par les exploitants agricoles pour identifier les variétés
les mieux adaptées aux conditions locales de sol et de climat, ainsi que les traitements phytosanitaires
les plus indiqués. Des capteurs plantés dans le sol peuvent renseigner en temps réel sur la croissance
des semis et détecter rapidement des anomalies, comme par exemple des déviations par rapport aux
paramètres habituels de qualité des sols.
107. Dans la phase de commercialisation, le numérique permet d’assurer le marketing, la vente (y
compris à distance), la livraison (GPS) et le paiement.
Trois problèmes majeurs, à savoir l’insuffisance des quantités produites, la faible transformation
locale et le vieillissement des producteurs sont ainsi identifiés et doivent être adressés. Le numérique
est une opportunité pour apporter des solutions à ces problèmes notamment en motivant les jeunes à
s’intéresser à l’activité agricole.
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40
En raison de son image traditionnelle, le secteur agricole n’est pas d’emblée associé aux technologies
numériques. Or l’usage de ces innovations se répand rapidement dans tous les domaines, y compris,
celui de l’agriculture.
108. Dans un autre domaine, celui des machines agricoles, l’intégration de dispositifs numériques
permet d’optimiser leur utilisation. En diagnostiquant tôt des défaillances mécaniques ou en
formulant des conseils adaptés à chaque utilisateur, le coût de fonctionnement des machines peut être
réduit. Enfin, pour ce qui est de la commercialisation, l’accès aux informations relatives aux marchés,
aux demandes des fournisseurs et au prix, permet d’écouler rapidement la production au meilleur prix
tout en optimisant la gestion du stockage et des transports. Aussi, avec l’entrée en vigueur prochaine
de la zone de libre-échange économique africaine, les possibilités d’écoulement des produits se
trouvent décuplées. La sous-région dispose d’une start-up de fabrication de drones pouvant être
utilisés pour la surveillance de la production agricole.
Encadré 5 : L’utilisation de drones en Tunisie dans le domaine agricole
Source : Article Webmanagercenter, avril 201944
109. Dans le domaine forestier, le bassin du Congo qui couvre le Cameroun, la République
centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon et la Guinée
équatoriale est le deuxième massif forestier tropical après la forêt amazonienne. Il couvre plus de
deux millions de km². Il connait une surexploitation du bois et la déforestation est importante. Les
dégâts sont écologiques avec une diminution de la biodiversité mais les conséquences sont aussi
économiques avec la perte de ressources financières, liée à une faible transformation, voire une
absence de transformation.
Le numérique est un outil puissant pour une gestion optimale des ressources forestières et la création
de la valeur par la transformation. L’exemple du Gabon est assez édifiant. Récemment, le ministère
chargé des Forêts a annoncé la mise en place d’un système national de surveillance satellitaire des
forêts. L’objectif de ce dispositif de surveillance est de prévenir les activités susceptibles de porter
atteinte à l’intégrité forestière, mais surtout de veiller à l’exploitation rationnelle de la forêt.
44 https://www.webmanagercenter.com/2019/04/08/433405/tunisie-des-drones-agricoles-pour-sidi-bouzid/
L’exemple de la Tunisie qui utilise des drones pour améliorer la productivité agricole est assez
édifiant. En effet, en Tunisie, la Banque africaine de développement (BAD), le ministère tunisien de
l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche et l’agence gouvernementale sud-
coréenne Busan Techno Park a signé, le 8 avril 2019 à Tunis, un accord tripartite prévoyant le
déploiement, dès la fin avril, de drones dans des projets agricoles de la région de Sidi Bouzid, au
centre du pays. Ce projet pilote a été initié par la Banque qui, par le biais du fonds de coopération
économique Corée-Afrique (KOAFEC), a organisé le transfert de technologies pour l’utilisation des
drones. Cet accord a pour objectif de soutenir le gouvernement tunisien dans sa politique visant à
améliorer la productivité agricole. Par la mise en fonction de drones, ce projet permettra de fournir
rapidement des informations clés susceptibles d’optimiser l’utilisation des systèmes d’irrigation et
des engrais, de détecter de manière précoce les maladies qui affectent la production agricole, et
d’améliorer, par l’actualisation des données statistiques, la prise de décision durant les différentes
phases du projet. Un centre d’excellence régional sera créé en Tunisie pour partager cette
expérience à d’autres pays africain.
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41
110. Cette surveillance améliorée permettra d’assurer le respect des dispositions légales prévues
par le Code forestier en République gabonaise relatives à l’élaboration et au suivi des plans
d’aménagement, pour une gestion durable des forêts au Gabon.
Le système facilitera l’exploitation rationnelle de la forêt, la faune sauvage et des ressources. En
outre, l’outil de surveillance satellitaire va permettre de cartographier les paysages, en particulier la
forêt. Mais aussi, de surveiller la déforestation ou la (re) végétalisation des zones exploitées.
111. Dans le domaine des services financiers, la technologie numérique a transformé de fonds en
comble les activités. Le service financier numérique le plus porteur dans les pays en développement,
en Afrique et dans la CEEAC est le mobile money. Le mobile money permet aux gens de recevoir,
garder et dépenser de l’argent en utilisant un téléphone portable. Il est appelé parfois portefeuille
mobile où on utilise le nom propre au fournisseur du service tel que mPesa, EcoCash, GCash, Tigo
Pesa, MTN mobile money, Orange money, EU mobile money, etc. Chaque utilisateur du mobile
money a un numéro de compte unique et ce numéro est identique au numéro de téléphone portable.
En utilisant le menu ou l’application du portefeuille mobile sur leur téléphone portable, les utilisateurs
peuvent transférer des fonds à quelqu’un ou payer des sociétés comme des magasins ou des
restaurants, ou retirer de l’argent de leur portefeuille mobile auprès des agences dans leur pays. Les
portefeuilles mobiles sont une alternative populaire aux espèces et aux banques parce qu’ils sont
faciles à utiliser, sécurisés et on peut les utiliser partout où il y a un signal de téléphone portable.
112. Les possibilités de croissance du mobile money restent énormes. Selon un rapport de la
GSMA, 40% de la population adulte utilisaient le mobile money en 2016, pour un taux de pénétration
de la téléphonie mobile de l’ordre de 65% dans la CEEAC. Si on prend en compte le fait que ce taux
de pénétration pourra atteindre 90% dans les prochaines années et dans l’hypothèse d’une adoption
toujours forte du mobile money par les populations et les acteurs économiques (comparable à ce qui
est observé au Kenya où 90 % des abonnés à la téléphonie mobile utilisent le M-pesa), une simple
extrapolation montre que le pourcentage de la population utilisant le mobile money va être autour de
81%. Le mobile money va donc continuer à avoir une croissance phénoménale. Ce qui augure
également de belles perspectives pour la fintech.
113. Contraction de finance et technologie, le terme fintech est utilisé pour décrire des entreprises
innovantes, plutôt jeunes, utilisant les technologies du numérique, du mobile, de l'intelligence
artificielle, etc., pour fournir des services financiers de façon plus efficace et moins chère. Il s'agit
généralement de startups, même si des acteurs historiques du paiement ou du logiciel bancaire se
présentent parfois sous ce terme.
114. Selon le cabinet KPMG, les fintechs ont connu une explosion en 2015 avec des montants
investis par les fonds de capital-risque dans les startups du secteur de 47 milliards de dollars cette
année-là. Ils prennent dans certains cas la forme de néo banque, avec la possibilité d’avoir un
compte bancaire ouvert sur internet et sans agence physique. Les néo banques 100% digitales, sans
agence, proposent un compte et une carte de paiement à bas coûts ou disposent d’applications de
paiement de gestion des finances personnelles ainsi que des outils de gestion de patrimoine ou
d'investissement automatisé. Certains proposent des services financiers aux entreprises, PME ou
grands comptes, par exemple le transfert de devises en ligne ou l'affacturage dématérialisé.
115. D’autres, à l'image des plateformes de financement participatif, mettent en relation des
porteurs de projets, créateurs, commerçants, PME, et des investisseurs, particuliers ou
professionnels (crowdfunding en dons avec ou sans récompenses, crowdlending prêts aux PME, ou
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42
crowdequity pour financement en capital). Les Insurtech dans le domaine de l’assurance offrent les
services de comparateur, d'assurance collaborative, ou d'assurance santé 100% digitale.
116. Il y a lieu de remarquer que l’innovation est au cœur des activités des fintech. Constatant
que les services financiers mobiles money ne sont pas interopérables, la start-up WeCashUp dont
le fondateur est Cédric Atangana, a développé une passerelle de paiement mobile universelle pour
l’Afrique. Selon Cédric Atangana, l’Afrique compte plus de 155 formats de paiement mobile. Avant
l’arrivée d’une application comme WeCashUp, les e-commerçants devaient intégrer ces multiples
plateformes en fonction des demandes clients. Une passerelle universelle comme WeCcashUp facilite
grandement les paiements électroniques, grâce à l’intégration d’une API (interface de dialogue), qui
connectera le commerçant au bon standard de paiement. En dehors des e-commerçants, WeCashUp
travaille avec des banques, et des acteurs de la microfinance.
117. Toujours concernant les services financiers, la cryptomonnaie, une forme de monnaie
virtuelle, ne cesse de croître dans le monde, y compris en Afrique et certains économistes estiment
que cette innovation révolutionnaire a toutes ses chances sur le continent.
La cryptomonnaie ne connaît pas de frontières puisqu’elle dépend d’Internet : les transactions sont
enregistrées dans une base de données distribuée appelée « chaîne de blocs » (blockchain), soit un
ensemble d’ordinateurs connectés qui génèrent un registre en temps réel. La particularité de la
cryptomonnaie réside dans le fait qu’elle n’est pas encore réglementée par les États et ne passe par
aucun intermédiaire. Les transactions se font sur le Web et peuvent donc avoir lieu n’importe où dans
le monde. Parmi les principales marques mondiales de cryptomonnaies, on compte Bitcoin, Litecoin,
XRP, Dash, Lisk et Monero, mais Bitcoin arrive en tête en Afrique. Les cryptomonnaies pourraient
devenir le nouveau mode de transaction financière à l’ère numérique. D’ici à 2020, il y aura, en
Afrique, 725 millions d’utilisateurs de téléphone portable, selon la GSMA et davantage d’Africains
seront ainsi en mesure d’entrer dans l’univers de la cryptomonnaie. Les gouvernements ne
réglementent pas actuellement les cryptomonnaies et cela favorise sans doute leur croissance. Le fait
que les utilisateurs de cryptomonnaies puissent envoyer de l’argent partout où une connexion Internet
est disponible à peu de frais et sans l’interférence d’un tiers est un avantage que la plupart de monnaie
n’offre pas.
118. Les voitures autonomes de demain utilisent les outils numériques pour leur pilotage. De
même, pour une meilleure protection de l’environnement, les voitures de demain vont voir leur
moteur thermique remplacé par des moteurs électriques avec des batteries électriques. Ces batteries
électriques sont fabriquées à partir du cobalt, minerai dont regorge abondamment la RDC. Les
batteries des smartphones sont également fabriquées à partir du cobalt et en tenant compte de la
croissance prévue pour la téléphonie mobile large bande, cela préfigure de beaux jours pour l’avenir
de l’utilisation du cobalt dans l’industrie. En effet, 40 % du cobalt produit dans le monde est utilisé
dans les batteries pour smartphones et celles pour voitures électriques. Selon une étude commanditée
par Glencore, le nombre de ces véhicules devrait dépasser les 30 millions d'ici à 2030, la production
du minerai devrait, pour satisfaire les besoins, augmenter de 314 000 tonnes, soit plus de 300 % par
rapport au niveau de 2016. Dans le seul secteur des batteries, la demande mondiale de cobalt a triplé
depuis 2011 et devrait continuer sur cette voie. Elle passerait de 46 000 tonnes en 2017 à environ
190 000 tonnes d'ici 2026, selon l'analyste du secteur par Benchmark Mineral Intelligence.
119. La RDC produit environ 60% du cobalt mondial et possèderait 50% des réserves de ce métal.
La production de cobalt en RDC est duale. Elle provient de grands groupes mais aussi d'une multitude
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de producteurs artisanaux, employant quelque 200 000 personnes, ce qui pose le problème
d’exploitation judicieuse et de sécurité pour ces personnes.
120. Dans un premier temps, l’utilisation des outils numériques pourrait optimiser la gestion des
différents sites d’extraction du minerai, assurer la traçabilité de la production, en maitriser les
quantités et renforcer la sécurité dans les différents sites. Mais c’est surtout l’industrialisation pour
produire des produits semi finis, voire finis qui peut permettre de créer davantage de valeurs. Le
numérique est un puissant outil d’optimisation, de suivi de la chaine de production et d’automatisation
de ses différents processus. Une opportunité que la RDC devrait saisir.
121. Un autre minerai très précieux du fait de son utilisation dans l’industrie électronique, le coltan
fait partie de ces produits très convoités, qui font l’attrait, de quelques régions d’Afrique Centrale et
surtout de la RDC. Le terme coltan est employé pour désigner colombite-tantalite, minerai de couleur
noire ou brun rouge dont on extrait le niobium et le tantale. C’est ce dernier qui fait toute l’utilité du
coltan. En effet, de par sa résistance à la chaleur et la corrosion, le tantale produit à partir du coltan
est très recherché dans la fabrication de certains composants électroniques comme les condensateurs
d’ordinateurs et de téléphones portables. Selon les estimations, le secteur de l’électronique
monopoliserait 60 à 80% du marché du tantale. Son utilisation s’étend aux missiles, fusées ou encore
les avions. On l’utilise dans la composition d’alliages de cobalt et de nickel dans l’aéronautique et la
fabrication des réacteurs. Les ressources mondiales de coltan sont réparties dans de nombreux pays,
en particulier l’Australie, le Brésil, la Chine, le Canada, l’Espagne et la RDC. La RDC abrite les plus
importantes réserves de ce minerai, soit de 60% à 80% des réserves mondiales connues
122. La RDC n’est cependant pas le seul pays de la sous-région riche en coltan. Le Rwanda voisin
peut également produire du coltan, notamment dans la région de Gatumba. Très souvent,
l’exploitation du coltan se fait de manière sauvage et entraine des effets néfastes sur l’écosystème
local, notamment la faune, la flore et sur la vie quotidienne des communautés locales. Depuis 2012,
plusieurs actions ont été entreprises en vue de rationaliser l’exploitation du coltan. Le Burundi, le
Rwanda, et surtout la RDC, ont lancé des projets de traçabilité pour s’assurer que les minerais ne
proviennent pas de zones de conflits. Les outils numériques s’avèrent très utiles et efficaces pour la
surveillance des sites et assurer la qualité et la traçabilité du coltan. L’industrialisation avec des outils
numériques d’automatisation des processus de production et de gestion va dans un premier temps, au
moins avec des produits semi finis, permettre de bénéficier davantage de richesse par la création de
la valeur.
123. Les Centres d’appels et de manière générale les prestations de services à distance sont des
opportunités découlant des progrès enregistrés par les technologies numériques, si ces technologies
sont de qualité et si les pays ou zones de délocalisation possèdent une main d’œuvre bien formée et
que le coût de la vie est bas et par conséquent les salaires peu élevés.
124. Un centre d'appel (ou call center) est un ensemble de moyens, humains, immobiliers, mobiliers
et techniques, qui permet de prendre en charge la relation à distance entre une entreprise et son marché
(clientèle). Il est le plus souvent concrétisé par un ou plusieurs espace(s) de bureaux où sont
distribuées les communications électroniques telles que les appels téléphoniques, les emails et autre
messagerie. Ces appels peuvent être qualifiés d'entrants, lorsqu'ils sont reçus par les conseillers
clientèle du centre, ou à l'inverse de sortants lorsqu'ils sont émis par eux. De nombreuses entreprises
font appel aux centres d'appels principalement pour leurs relations externes mais aussi pour optimiser
leurs interactions internes. C'est le cas des centres d'assistance (help desks) internes qui dépannent à
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distance les employés, c'est le cas aussi des plateformes créées pour renseigner les salariés sur leurs
carrière, leurs droits et leurs obligations. Le nombre des centres d’appels croît de façon exponentielle.
125. De nombreuses entreprises industrielles ou de services offrent aujourd’hui à leurs clients un
service d’accès à distance par téléphone. Différentes organisations du travail sont possibles :
collaborateurs chez le client en délégation de personnel, en télétravail et, majoritairement, dans des
centres d'appels à proximité géographique ou délocalisés dans des pays où le coût de la main-d’œuvre
est moins élevé. Lorsque les équipes de conseillers clientèle sont réparties sur plusieurs centres ou à
leur domicile, on parle de centre d'appels virtuels. Les centres sont au cœur de la relation client de
beaucoup d'entreprises aujourd’hui. La qualité du service rendu au client et la diminution du coût de
ce service sont un des sujets récurrents des centres d'appels. Fréquemment le service est externalisé
chez des prestataires de services qui traitent les appels de plusieurs commanditaires.
126. Certaines entreprises ont fait le choix de l’externalisation. Les entreprises délèguent le
traitement des appels entrants aux centres d’appels en raison de ses nombreux avantages : la
suppression des investissements sur des standards téléphoniques, l’adaptation qu’offrent les centres
d’appels face à toutes les situations nouvelles ou imprévues en mettant à disposition des équipes
formées et ce en très peu de temps, la régulation du fonctionnement des services client en particulier
à certaines heures : soirées, nuits, week-ends...Plusieurs secteurs font recours aux centres d’appels :
les fournisseurs d’accès internet, les opérateurs de télécoms, les opérateurs d'électricité, les banques,
etc. La plupart des pays de la CEEAC ont des potentialités pour saisir les opportunités de
délocalisation des centres d’appels des états d’Europe ou d’Amérique sur leur territoire pour créer
des richesses et d’emplois au profit des jeunes qui maitrisent mieux les technologies numériques et
les langues parlées dans ces pays.
127. Plus particulièrement l’Angola et le Cameroun ont des spécificités de nature à leur permettre
d’accroitre l’installation des centres d’appels dans leurs pays respectifs. En effet l’Angola dispose de
liaisons internationales directes sur les continents européen et américain. Vu l’importance
économique des pays lusophones (Brésil, Portugal), cela constitue une niche à exploiter pour offrir
des prestations de centre d’appel. De même, le Cameroun possède comme l’Angola des liaisons
d’interconnexion directe avec l’Europe et l’Amérique. Ce qui donne de nombreuses opportunités pour
ce pays ayant le français et l’anglais comme langues officielles, ce qui constitue un avantage pour
héberger des centres d’appels gérant la relation clientèle avec les entreprises de ces deux continents.
128. Le secteur numérique est en constante et perpétuelle évolution et prend de plus en plus
d’importance du fait des incidences positives qu’il a sur tous les autres secteurs. Désormais c’est la
maitrise du numérique qui donne la possibilité de contrôler les autres secteurs. Puisqu’il s’agit d’une
économie de l’information et du savoir, toute la puissance est dans l’immatériel, l’intangible, les
données et surtout l’intelligence artificielle et la richesse qui y est contenue.
129. Le numérique a aussi apporté un modèle économique de rupture où l’accent est mis sur l’usage
optimal d’un service plutôt que la possession du matériel permettant d’en avoir accès. C’est ainsi que
la tendance pour les particuliers comme pour les entreprises d’utiliser les ressources informatiques
matérielles ou logicielles, sans les posséder se développe de plus en plus et constitue ce qui est
désormais appelé cloud computing. Ces équipements matériels, logiciel et réseau sont hébergés par
les data centers.
130. Le Cloud Computing est un terme général employé pour désigner la fourniture de ressources
et de services à la demande par internet. Il se rapporte au stockage et à l’accès aux données par
l’intermédiaire d’internet plutôt que via le disque dur d’un ordinateur. Il s’oppose ainsi à la notion de
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stockage local, consistant à entreposer des données ou à lancer des programmes depuis le disque dur.
On distingue le cloud public, le cloud privé et le cloud hybride. Les services de Cloud public sont
fournis par un tiers, par l’intermédiaire d’internet. Ces services sont vendus sur demande
généralement dans la minute ou l’heure qui suit la requête. Les clients payent uniquement pour les
cycles d’utilisation des serveurs, le stockage ou la bande passante qu’ils consomment. Les principaux
fournisseurs de Cloud public sont Amazon Web Services, Microsoft Azure, IBM et Google Compute
Engine. Les utilisateurs de services de Cloud public n’ont pas besoin d’investir dans le matériel, les
logiciels, ou les infrastructures qui sont gérées par les fournisseurs. Un Cloud privé est une
infrastructure entièrement dédiée à une entreprise unique, pouvant être gérée en interne ou par un
tiers, et hébergée en interne ou en externe. Ce modèle offre une versatilité aux entreprises, tout en
préservant la gestion, le contrôle et la sécurité. Les avantages sont l’accès en self-service à l’interface
de contrôle, permettant à l’équipe informatique un approvisionnement rapide, et l’allocation ou la
livraison de ressources informatiques à la demande. De même, la gestion des ressources est
automatisée, aussi bien pour le stockage ou l’analyse. De même, la sécurité et la gouvernance sont
conçues sur mesure pour les besoins spécifiques de l’entreprise.
131. Le Cloud Hybride est le croisement entre le Cloud public et le Cloud privé. Les entreprises
peuvent par exemple effectuer des tâches très importantes ou des applications sensibles sur le Cloud
privé, et utiliser le Cloud public pour les tâches nécessitant une scalabilité des ressources. L’objectif
du Cloud hybride est de créer un environnement unifié, automatisé et scalable tirant avantage des
infrastructures de Cloud public tout en maintenant un contrôle total sur les données.
132. Le cloud computing est en plein essor. Le grand public utilise de plus en plus de services
cloud, notamment pour le streaming vidéo, la recherche internet ou encore les réseaux sociaux. De
leur côté, les entreprises utilisent de plus en plus d’outils cloud pour leur gestion de ressources, la
collaboration et l’analyse de données. Cette utilisation des applications cloud va aller croissant de
même que le développement des Data Centers. Également, l’essor de l’Internet, des objets,
l’apparition des voitures autonomes, l’accroissement des smart cities, ou encore la prolifération des
appareils connectés pour la santé vont aussi augmenter la demande en Data Centers.
133. Les services offerts par le cloud computing sont divisés en trois catégories : l’infrastructure
en tant que service (IaaS), la plateforme en tant que service (PaaS) et le logiciel en tant que service
(SaaS). Les fournisseurs d’Infrastructures en tant que Service, proposent un stockage sur serveur
virtuel, mais également des applications laissant les utilisateurs transférer leurs charges de travail vers
des machines virtuelles. Il peut s’agir des serveurs, des réseaux, de l’espace de stockage ou des
espaces au sein de Data Centers. Les utilisateurs disposent d’une capacité de stockage allouée. Ils
peuvent ensuite démarrer, arrêter ou configurer la machine virtuelle et le stockage selon leurs désirs.
Les infrastructures fournies peuvent être petites, moyennes, grandes ou très grandes pour s’adapter
aux différents besoins. Ce type de solutions est également scalable et flexible, et s’adapte à la charge
de travail.
134. Les Plateformes en tant que services sont des environnements Cloud offrant tout le nécessaire
pour le cycle de vie complet d’applications Cloud, du développement à la livraison. Elles permettent
de s’émanciper de l’achat et de la maintenance du matériel, des logiciels, et de l’hébergement. Les
fournisseurs de Plateformes en tant que Services quant à eux hébergent les outils de développements
sur leurs infrastructures. Les utilisateurs peuvent accéder à ces outils par l’intermédiaire des
applications, des portails web ou des logiciels dédiés. Ce modèle est utilisé pour le développement
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général de logiciels et de nombreux fournisseurs hébergent également le logiciel une fois qu’il est
développé.
135. Les Logiciels en tant que service sont des applications basées sur le Cloud, lancées depuis des
ordinateurs distants détenus et gérés par des fournisseurs par l’intermédiaire du Cloud. Ce modèle
repose sur la distribution d’applications logicielles par internet.
Les limites de l’utilisation du cloud c’est qu’il faut faire confiance à un tiers pour la conservation de
données sensibles. Pour certaines personnes, le stockage local utilisé pendant les dernières décennies
demeure aujourd’hui supérieur au Cloud Computing. Ces personnes considèrent qu’un disque dur
permet de garder les données et les programmes physiquement proches, autorisant un accès rapide et
simplifié pour les utilisateurs de l’ordinateur ou du réseau local. Aussi, pour en limiter les
inconvénients le développement de data centers nationaux devrait être encouragé.
136. Le cloud présente plusieurs avantages. Il permet aux particuliers comme aux entreprises
d’acheter des ressources informatiques sous la forme de service, de la même manière que l’on
consomme de l’électricité, sans avoir à installer et entretenir des infrastructures informatiques en
interne. Les autres avantages sont l’approvisionnement en libre-service, l’élasticité, et le paiement
à l’utilisation. L’approvisionnement en libre-service permet aux utilisateurs finaux d’accéder à
n’importe quelle ressource informatique à la demande. L’élasticité offre l’opportunité d’augmenter
ou de réduire la consommation de ressources en fonction des besoins de l’entreprise. Enfin, le
paiement à l’utilisation autorise à ne payer que pour les ressources consommées. En outre, le cloud
réduit les coûts d’accès aux ressources informatiques, notamment pour les petites entreprises et les
utilisateurs à faible revenu, comme c’est majoritairement le cas dans la sous-région. Le cloud
constitue ainsi une opportunité pour les pays de la CEEAC d’accéder dans de meilleures conditions
de qualité et de coût aux ressources matérielles et logicielles dont ils pourraient avoir besoin.
137. L’intelligence artificielle (IA), du fait qu’elle permet à des machines et logiciels d’aider à la
résolution de problèmes complexes de la vie et est au cœur des progrès accomplis dans l’industrie ou
les services, constitue un enjeu stratégique capital. D’ailleurs elle figure au rang des priorités en
matière de recherche, d’innovation et de coopération de beaucoup de pays, en particulier ceux
développés. A tel point où elle a constitué le thème principal de la réunion des ministres des TIC et
de l’Industrie du G7 à Turin en 2017. L’IA comprend un ensemble de technologies complexes et
puissantes qui toucheront, voire transformeront, tous les secteurs et toutes les industries, et qui
aideront la société à résoudre certains de ses problèmes les plus épineux. En outre, les technologies
de l’IA apporteront vraisemblablement d’importants gains de productivité. Les innovations dans les
technologies de l’IA pourraient créer de nouvelles sources de croissance économique. Pour réaliser
le vaste potentiel des technologies de l’IA, il faudra des investissements judicieux dans
l’entrepreneuriat, l’éducation et le marché du travail, de façon à promouvoir les compétences et les
connaissances utiles aux emplois de l’avenir et à s’adapter aux changements dans la demande de
compétences. Conscients de tout cela, les ministres des pays du G7 ont exprimé une vision de l’IA
centrée sur l’humain et axée sur l’innovation et la croissance économique. Ils ont mis l’accent sur
l’interdépendance entre la croissance économique suscitée par l’innovation en IA, l’augmentation de
la confiance envers l’IA et de l’adoption de l’IA, et la promotion de l’inclusivité dans le
développement et le déploiement de l’IA. Ils ont compris que des innovations en IA induites par le
marché produiront des effets positifs dans tous les pays, dans des domaines vitaux comme la santé,
l’environnement, le transport, le secteur manufacturier, l’agriculture, la sécurité et la gouvernance.
Ces gains seront réalisés grâce à des politiques qui encouragent l’entrepreneuriat en matière de
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47
technologies de l’IA, qui préparent la population à des changements dans la société et dans la
demande sur le marché du travail, y compris les segments de la population qui risquent d’être laissés
pour compte, ainsi que des politiques qui créent des environnements de marché ouvert et équitable, y
compris en favorisant et en protégeant la libre circulation de l’information.
138. Pour réaliser des progrès dans chacun de ces domaines inter reliés, les membres du G7
s’attacheront à investir dans la Recherche Développement (R&D) de base et la R&D appliquée en
vue de produire des innovations en IA, et soutenir l’entrepreneuriat en IA. Plus apte que l'homme à
faire ressortir des tendances des données, l'IA permet aux entreprises d'exploiter un maximum
d'informations.
139. Il existe au moins un avantage réel à l’essor rapide de l’intelligence artificielle, c’est que cela
ne nécessite pas le déploiement d’infrastructures particulières. L’absence de serveurs peut facilement
être compensée par l’accès au cloud computing. Ceci permet aux pays africains en général et à ceux
de la CEEAC, de bénéficier d’une nouvelle possibilité et pas des moindres de leapfrogging.
Désormais, les jeunes développeurs peuvent, partout sur le continent, innover sur des applications
simples et apporter des solutions nouvelles. L’IA va permettre aux pays de répondre à des
problématiques de développement qui leur sont propres et donc n’intéressent pas d’autres, notamment
sur des questions de santé, de gestion de l’espace urbain et rural. Il va seulement falloir adresser les
contraintes liées au développement de talents de haut niveau.
140. Si nul ne conteste les vertus de l’intelligence artificielle sur la transformation digitale et la
dématérialisation des services publics, il convient de rappeler que certains penseurs éclairés ont pointé
les inquiétudes que font naître les modèles commerciaux, le capitalisme de surveillance et
l’exploitation fondée sur les données.
141. On note d’abord, avec la croissance du marché du numérique, l’émergence de tissu
entrepreneurial dynamique et plutôt jeune. C’est une nouveauté sur un continent où la carrière de
fonctionnaire avait longtemps été perçue comme la plus souhaitable, et cette nouvelle génération de
« start-uppers » peut donc être perçue comme le symbole des changements de mentalité permis par
le numérique. Par ailleurs, l’IA et le numérique sont un secteur d’opportunité pour les jeunes africains
car la barrière d’entrée en termes de coût d’investissement initial est relativement basse, ce qui permet
d’entrer sur le marché sans forcément lever des financements importants.
142. On peut notamment citer l’agriculture à titre d’exemple où l’intelligence artificielle peut
contribuer à une optimisation et rationalisation de la production sur le continent.
Avec une population constituée à 75% de moins de 25 ans, l’Afrique a également des besoins
spécifiques en termes d’éducation et de formation, ce à quoi l’IA permettrait de répondre. En effet,
en rendant possible un suivi robotisé et personnalisé des élèves, l’IA pourra optimiser les potentialités
dans des pays où le manque de financements publics crée des classes surpeuplées, atteignant parfois
jusqu’à 100 élèves pour un professeur.
143. Enfin, l’IA devrait donner à l’Afrique les moyens d’exploiter ses propres données, alors que
celles-ci sont déjà convoitées par les plus grandes multinationales. L’extrême rareté des data analystes
en Afrique faisant de sa data une réserve largement inutilisée ; le machine learning et ses modèles
prédictifs permettront de traiter celle-ci de façon automatisée, en limitant le recours aux ressources
humaines.
Comme on le voit, l’IA est une technologie à saisir pour le progrès des pays et ceux qui ne
suivent pas cette évolution n’auront pas une indépendance numérique.
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48
144. Dans le domaine du numérique, l’internet des objets est en pleine expansion. L’internet des
objets caractérise des objets physiques connectés ayant leur propre identité numérique et capables de
communiquer les uns avec les autres. Ce réseau crée en quelque sorte une passerelle entre le monde
physique et le monde virtuel. Il permet l'identification numérique directe et normalisée (adresse IP,
protocoles smtp, http...) d'un objet physique grâce à un système de communication sans fil. Les objets
connectés produisent de grandes quantités de données dont le stockage et l’analyse fait partie
intégrante du big data. Ses applications sont multiples. En logistique, il peut s'agir de capteurs qui
servent à la traçabilité des biens pour la gestion des stocks et les acheminements. Dans le domaine de
l'environnement, il est question de capteurs surveillant la qualité de l'air, la température, le niveau
sonore, l'état d'un bâtiment, etc. En domotique, l'Internet des objets renvoie aux appareils
électroménagers communicants, aux capteurs divers (thermostat, détecteurs de fumée, de présence...),
aux compteurs intelligents et systèmes de sécurité connectés. Dans le domaine de la santé et du bien-
être, il renvoie aux montres connectées, aux bracelets connectés et d'autres capteurs surveillant
différents paramètres. L’internet des objets constitue une opportunité pour les industries et
entreprises de tous les secteurs. Les industries manufacturières vont y trouver des solutions qui
prennent en charge les opérations de fabrication et la gestion des actifs de production. Les industries
des transports s’en serviront pour la gestion de la flotte et le suivi du fret. Les concessionnaires des
services publics quant à eux vont investir dans les réseaux intelligents pour l'électricité, l’eau tandis
que dans le secteur de la construction les bâtiments intelligents seront de plus en plus d’usage.
145. Dans la plupart des pays de la sous-région, une franche de la population rencontre d’énormes
difficultés à accéder aux services sociaux de base, faute d’acte d’état civil ou de pièce d’identité.
Pour celles des populations disposant de tels éléments, il subsiste des difficultés de sécurisation et
de traçabilité. L’identification numérique est une opportunité pour pallier ces faiblesses. La
délivrance de carte d’identité numérique va donner la possibilité d’effectuer tout type de transaction
sociale, administrative ou économique de manière fiable. Elle va surtout permettre une meilleure
intégration des populations marginalisées ou défavorisée.
4.2 Défis
146. Les nombreuses opportunités identifiées devraient être saisies afin d’accélérer le
développement économique et social par la création d’emplois et de richesse, l’amélioration du bien-
être des populations et la réduction des inégalités. Pour répondre à cet objectif de développement et
en tenant compte à la fois de la situation actuelle des pays de la CEEAC et du taux de croissance de
la population, il est établi que la diversification économique et l’industrialisation sont la meilleure
réponse, l’économie basée sur les matières premières ayant montré ses limites. Pour ce qui est du
secteur numérique, la diversification et l’industrialisation ont davantage d’impacts dans la mesure où,
ce secteur est transversal et touche tous les autres. Un ensemble de situations défavorables entravant
la transformation numérique et diversification économique qui empêchent de saisir les opportunités
ci-dessus évoquées, ont été exposées. On peut citer notamment :
- L’inexistence d’une formulation de vision de haut niveau relative à l’économie
numérique ou une vision non actualisée lorsqu’elle existe, de même pour ce qui est de
la stratégie de développement de l’économie numérique ;
- La faible cohérence des politiques nationales avec celle de développement de
l’économie numérique ;
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- La faible harmonisation des politiques nationales dans le domaine de l’économie
numérique ;
- L’inadaptation du cadre légal, réglementaire et institutionnel ;
- Le faible développement des services à valeur ajoutée, des contenus et solutions
adaptés au contexte local et aux besoins spécifiques ;
- Le faible appui des politiques publiques au développement du secteur privé
national de l’économie numérique ;
- La faiblesse d’une synergie d’action entre le secteur public, le secteur privé, les
instituts de formation et de recherche intervenant dans le domaine de l’économie
numérique ;
- Les difficultés de mobilisation des financements ;
- L’inadaptation quantitative et qualitative des ressources humaines ;
- L’insuffisance qualitative et quantitative des infrastructures nationales et sous –
régionales, couplée avec le coût élevé des communications ;
- La faiblesse des systèmes d’identification qui ne couvre pas l’ensemble de la
population, qui est peu fiable et qui limite l’accès des populations aux services
numériques.
147. Trouver des solutions appropriées à ces situations défavorables et anticiper sur les besoins
futurs constituent des défis à relever sur divers plans pour permettre à l’économie numérique de jouer
pleinement son rôle dans le processus de diversification et d’industrialisation.
Sur le plan politique, et d’une manière générale, la stabilité, la paix et la cohésion nationale sont des
gages, voire des préalables au développement de n’importe quel secteur. Sans stabilité politique,
même un programme bien conçu et bien exécuté est voué à l’échec. Les gouvernements de la région
devraient donc s’efforcer de réduire les incidences des crises politiques en améliorant la gouvernance
politique et économique, par exemple. L’intégration politique, au niveau sous régional ou régional,
est également un facteur favorable au développement économique. La non libre circulation des biens
et des personnes en Afrique Centrale, contrairement aux autres sous-régions, constitue donc un frein
pour les activités économiques.
148. Au niveau politique et spécifiquement pour ce qui est du secteur numérique :
- La vision et les stratégies nationales de développement, au plus haut niveau, devrait accorder une
place de choix à l’économie numérique.
- Il en va de même pour ce qui est des stratégies à l’échelle sous régionale. Il a été dit et redit, le
développement de l’Afrique et de la CEEAC passe par l’industrialisation. Les politiques de
développement de l’économie numérique et d’industrialisation doivent être inter reliées pour créer
des synergies en vue de la mise en place des pôles technologique TIC ou incluant les TIC par exemple.
Il est bon de disposer d’un plan stratégique en matière d’industrialisation qui accorde une priorité au
volet économie numérique. L’économie numérique, encore appelée économie de l’information et du
savoir, repose sur les capacités de toutes les populations à être en mesure d’utiliser les outils
numériques, et surtout de maitriser ces technologies pour développer des solutions innovantes
répondant à leurs besoins. Ceci implique la nécessité d’une politique de formation généralisée d’une
part, et pointue d’autre part, laquelle politique de formation devrait figurer dans les stratégies de
l’éducation, de l’économie numérique et d’industrialisation.
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50
149. S’agissant du cadre légal, réglementaire et institutionnel, la nature agile, évolutive,
changeante et globalisée de l’économie numérique impose une adaptation permanente des normes
juridiques et un renforcement de la collaboration sous régionale, régionale et internationale.
-Une plus forte intégration au niveau de l’Afrique Centrale est de nature à accélérer les échanges
commerciaux et à stimuler le développement des services numériques. L’état des lieux a montré
l’inadaptation du cadre réglementaire qui se traduit par la non existence de lois nationales dans
plusieurs pays (A l’instar du Cameroun et de la RCA) sur la protection des données à caractère
personnel, si on ne prend que ce cas.
-Sur le plan institutionnel, l’Administration devrait prêcher par l’exemple en étant une référence en
matière d’offres de services numériques. La transformation numérique de l’Administration devrait
être effective et complète et permettre l’expansion du e-Gouvernement au bénéfice des populations
et des entreprises.
-Le renforcement des capacités techniques et humaines des régulateurs est nécessaire pour la mesure
et le contrôle de la qualité de services ainsi que pour une tarification adéquate des services. Il est à
observer que le marché de la sous-région est envahi par des terminaux de qualité douteuse et des
efforts devront être faits par les régulateurs pour maitriser la situation, en procédant à leur
homologation.
-Par ailleurs, les opérateurs historiques qui offrent les services de communications électroniques fixes
ont vu leurs parcs d’abonnés décroitre sensiblement, alors que la tendance générale dans le secteur
est à la hausse, ce qui montre leur inadaptation structurelle. Le défi ici est celui de la restructuration
des opérateurs historiques pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle.
Aussi, les préoccupations en matière de cybersécurité obligent à doter les états d’institutions de
gestion, de contrôle et de réponse à de telles préoccupations.
150. Le secteur de l’économie numérique est à la fois très agile et évolutif. Le défi de l’instauration
de cadre de concertation afin de s’y adapter est très prégnant. A côté des institutions publiques et
privées, un cadre de dialogue entre le Gouvernement, le secteur privé, les milieux universitaires et les
milieux financiers pourrait s’instaurer au sein d’une sorte de Conseil de partenariat pour débattre des
perspectives et des freins qui entravent l’expansion des activités.
151. Relativement au secteur privé et au climat des affaires, les gouvernements de la région
font face aux défis liés à l’ampleur des incertitudes qui entourent l’investissement, et freinent ainsi le
développement des entreprises et l’entreprenariat. Dans cette perspective, il est essentiel pour les pays
de la région, qui trônent pour la plupart au bas du classement du « Doing business » pour diverses
raisons, d’envisager très sérieusement de s’attaquer aux freins à l’attractivité de la destination Afrique
Centrale.
152. Dans l’écosystème de l’économie numérique de la sous-région, en dehors des opérateurs et
fournisseurs de services de télécommunications et TIC et services financiers mobiles, les autres
éléments sont manquants ou embryonnaires. Il s’agit de la fabrication des terminaux et équipements,
de l’édition des logiciels ou de la fourniture des services à valeur ajoutée. Des mesures incitatives
d’ordre administratif ou fiscal peuvent amener à faire à ce que ces activités encore en veilleuse
puissent décoller.
153. S’agissant des investissements et des financements, la promotion du développement de
l’économie numérique, si l’on veut étendre la couverture et rendre l’accès et les services numériques
disponibles partout et pour tous, exige des efforts colossaux. La mobilisation de ressources afin de
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51
financer les investissements dans les domaines prioritaires identifiés doit prendre en compte toutes
les possibilités existantes ou futures et les adapter à chaque type de structure. Les pays de la région
ont souvent tendance à mettre l’accent sur l’allocation des ressources plutôt que sur la mobilisation
des ressources dans la conduite des politiques de développement. Ils devraient accorder davantage
d’attention à la mobilisation des ressources et renforcer cette mobilisation en favorisant l’épargne
intérieure, par l’emprunt auprès des institutions de financement du développement. Aussi, les modèles
de financement basés sur le partenariat public privé sont de plus en plus utilisés dans le secteur de
l’économie numérique et devraient être davantage explorés.
154. Le financement participatif (crowdfunding) est un créneau où les start-ups interviennent pour
sa mise en œuvre. Ce mode de financement est également utilisé beaucoup par les start-ups. Les pays
devraient fixer les lignes directrices concernant ce type de financement. Il en est de même pour ce
qui est des cryptomonnaies.
155. En ce qui concerne le capital humain, le contexte actuel de la mondialisation qui s’exprime
avec force dans le domaine de l’économie numérique, rend caduque le modèle traditionnel de
développement où on pouvait transposer dans les pays de la sous-région des solutions éprouvées
ailleurs et oblige à adopter, dans la mesure du possible, des stratégies qui reposent, sur le
développement des produits différenciés très innovants, ou des produits de niche à forte intensité
technologique. Ceci suppose la disponibilité d’une masse critique de ressources humaines hautement
qualifiées. Ainsi, le problème de développement des ressources humaines à tous les niveaux et plus
spécialement au niveau des formations universitaires et professionnelles se pose avec acuité. Il en est
de même des centres de recherche et des pôles technologiques qui sont les lieux par excellence où se
développe l’innovation. L’état des lieux a relevé l’énorme carence de la région en structures
spécialisées de formation de haut niveau et centres de recherche et le très faible niveau de produits de
moyenne ou haute technologie issus de la région.
Dans un contexte où l’innovation et les capacités techniques et technologiques sont des facteurs
importants dans la compétitivité, les pays d’Afrique Centrale se doivent d’investir massivement dans
la formation du capital humain.
156. Pour ce qui est des infrastructures, de la couverture et des coûts d’accès, la connectivité
a un rôle central à jouer dans l'édification de la société de l'information. Un accès universel,
ubiquitaire, équitable et financièrement abordable aux infrastructures et aux services numériques
constitue l'un des défis de la société de l'information et devrait être l'un des objectifs de tous ceux qui
participent à son édification. L’infrastructure comprend également l'accès à l'énergie et aux services
postaux, qui sont indispensables pour l’activation des équipements et les aspects logistiques liés à la
distribution des produits et biens dans le cadre des transactions électroniques. Par ailleurs, l’atteinte
des objectifs définis dans les différents engagements internationaux (Plan stratégique de l’UIT pour
la période 2020-2023 et ODD9-industrie, innovation et infrastructure) et les orientations nationales
(plan national stratégique de développement de l’économie numérique) demandent de formaliser le
cadre devant favoriser ou permettre de satisfaire les exigences de la société de l’information. Il s’agit
de relever les défis de la convergence multidimensionnelle (plate-forme d’offre de services
multimédia), de l’infrastructure large bande et de la confiance aux services de communications
électroniques.
157. Il est bien connu que les infrastructures de quantité suffisante et de bonne qualité (transports,
électricité ou communications électroniques), sont des conditions préalables au développement de
n’importe quel secteur économique. Dans le domaine de l’économie numérique, ceci est tellement
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
52
vrai que les infrastructures de communications électroniques sont appelées cœur de l’économie
numérique, en raison de son importance et de son rôle dans la bonne marche des autres composantes
de l’économie numérique.
158. L’état des lieux a mis en exergue d’énormes défis à relever en ce qui concerne les
infrastructures. Dans chacun des pays de la CEEAC, il faudra encore déployer des infrastructures,
notamment à fibre optique, pour pouvoir offrir les services large bande dont les utilisateurs ont besoin.
Ces infrastructures devront être posées de façon à assurer la redondance et être en mesure de
fonctionner même s’il y a des coupures et donc être résilientes. Des efforts devraient être faits pour
la baisse substantielle des coûts, car il ne faut pas perdre de vue le fait que dans cette sous-région les
prix sont les plus élevés du monde, lorsqu’on les rapporte au revenu national brut mensuel. Il est aussi
utile de rappeler qu’une enquête de l’UIT a montré que les principales raisons qui amènent les gens
à ne pas utiliser internet sont la vitesse (débit pas suffisant et prix élevé). L’interconnexion sous
régionale devrait continuer d’être une priorité et l’accent mis sur les aspects opérationnels, l’état des
lieux ayant relevé que depuis dix ans par exemple que le projet CAB fonctionne, il s’est appesanti
surtout sur les aspects réglementaire et institutionnel. Cette interconnexion régionale est d’une
importance vitale car les points d’échange internet régionaux ne peuvent jouer leur plein effet qui s’il
y a interconnexion directe entre les pays. En outre, l’interconnexion sous régionale est une motivation
supplémentaire pour la mise en œuvre du free roaming car les communications entre deux pays de la
sous-région n’auront plus à emprunter des réseaux tiers qui induisent des charges supplémentaires.
Aussi, pour tenir compte de la tendance mondiale qui est à l’utilisation du cloud computing, la
construction de data centers nationaux ainsi que des infrastructures de sécurisation des transactions
va assurer la souveraineté numérique des pays et susciter la confiance dans l’utilisation des outils
numériques, dans un contexte où les cybermenaces vont croissant.
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
53
Encadré 6 : Un exemple de transformation numérique réussie : le cas du Rwanda
Source : « Smart Rwanda Master Plan, 2015-202045
45 http://www.minecofin.gov.rw/fileadmin/templates/documents/sector_strategic_plan/ICT_SSP__SMART_Rwanda_Master_Plan_.pdf
Le Rwanda, petit pays de l’hinterland d’une superficie de 26 340 km2 et une population de 11 millions 900 mille
habitants a connu des épreuves difficiles il y a 25 ans, ce qui ne l’a pas empêché d’être désormais cité en référence
au niveau africain dans le domaine de l’économie numérique. Le pays s’est doté d’une boussole « Vision 2020 » et
d’un plan directeur de développement « Smart Rwanda master plan 2015-2020 ». L’un des principaux objectifs de
Vision 2020 est de transformer une économie agricole en une économie de l’information et du savoir d’ici à 2020.
Parmi les cibles visées par le plan directeur, on peut citer :
Self-Service 24-heures dans l’Administration. – Tous les services gouvernementaux devront être en ligne
en 2018 ;
Cashless et Paperless dans l’Administration. – Toutes les transactions financières dans l’Administration
devront être effectuées électroniquement, notamment via le mobile à partir de 2018 ;
Obtenir des gains d’efficacité d’une valeur de 50 millions US$ ;
Au moins un milliard de US$1 en termes d’opportunités pour le secteur privé – Ceci est une valeur estimée
du coût des projets à réaliser suivant le modèle PPP ;
La contribution de SMART Rwanda au PIB portée à 10% - L’accès large bande et les projets d’infrastructure
TIC constituent un terreau pour la croissance économique ;
Création de 100 000 emplois directs découlant des investissements prévus par le plan directeur SMART
Rwanda Master Plan – Un environnement favorable aux investissements privés va être mis en place et
permettre la création d’emplois, l’amélioration de la productivité et la compétitivité, le tout ayant pour
support l’innovation technologique.
Les résultats obtenus jusqu’à présent sont encourageants. Les recettes fiscales du Rwanda recueillies pour l’exercice
financier 2016/2017 ont atteint un nouveau record de 1.103 milliards RWF bruts (1,3 milliards de dollars) par
rapport à un objectif de 1.094,3 milliards RWF (1 milliard de dollars). Cela représente une augmentation de 10
millions d’USD au-dessus de l’objectif fixé. Dans le même temps, la collecte des recettes fiscales a progressé de 5,4
milliards RWF (6,5 millions de dollars). Les impôts ont affiché une croissance de 10,2% au cours de l’exercice 2016/17
par rapport à la performance de 2015-2016, ce qui représente une augmentation nominale de 100,2 milliards RWF
(119 millions de dollars).
Sur le plan de la formation, l’accent est mis sur le numérique, de l’enseignement primaire à l’enseignement supérieur.
S’agissant du primaire, le projet One Laptop per Child, un partenariat entre deux ONG américaines dont le but est de
mettre des ordinateurs à bas prix entre les mains des jeunes les plus pauvres de la planète est fonctionnel. Ainsi,
OLPC a distribué plus de 200.000 ordinateurs portables à plus de 400 écoles réparties dans tout le Rwanda, ce qui
place le pays à la troisième place du projet, derrière le Pérou et l'Uruguay, en termes d'appareils fournis.
Pour ce qui est de la création d’entreprises et l’accompagnement des start-ups, l’'un des projets phares mis en place
dans ce cadre est le kLab, soit knowledge laboratory ou laboratoire de la connaissance. C’est un espace collaboratif
unique permettant à des jeunes entrepreneurs et autres ingénieurs d'accéder à du WiFi gratuit, de participer à des
ateliers et des conférences, de se mesurer entre eux lors de hackathons, ou tout simplement d'échanger des astuces
de code. Ce centre s’appuie sur l'expérience de 21 mentors, disponibles pour développer des idées en germe ou offrir
des conseils commerciaux à toute nouvelle entreprise projetant de percer dans le secteur technologique. Le centre
klab fonctionne en association avec le campus de recherche, de l'Université Carnegie Mellon qui est un centre
d’excellence de l’UIT dans le domaine de la formation.
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
54
5 Conclusion et Recommandations
5.1 Conclusion
159. La plupart des pays de la CEEAC ont donné une place de choix aux TIC et à l’économie
numérique dans leur vision et leur politique de développement à long et moyen terme. Dans certains
pays, cette vision est déclinée dans des stratégies nationales de développement de l’économie
numérique telles que préconisée au niveau international et au niveau continental, mais dont
l’échéance est soit déjà arrivée, soit devrait l’être sous peu. Dans d’autres pays, ces stratégies ne sont
pas disponibles ou au mieux, sont encore en chantier.
160. A partir d’exemples et de cas concrets, nous avons montré que les outils numériques sont un
catalyseur du développement sur lequel l’Afrique Centrale devrait s’appuyer pour sa diversification
économique et son industrialisation. Bien que les outils numériques renvoient à la technologie, le
développement de l’économie numérique ne se joue pas seulement sur le terrain technologique et les
conditions pour son expansion sont des facteurs indispensables à la transformation et la diversification
économique par l’industrialisation, ce que le rapport de la banque mondiale de 2016 a qualifié de
compléments analogiques du numérique. Une revue de cet environnement a permis de conclure que
son adaptation est nécessaire ainsi que le renforcement de l’harmonisation au niveau sous régional.
161. La révolution numérique apporte un nouveau modèle d’organisation de l’activité économique
avec des outils pour transformer les processus de production, de gestion et de commercialisation par
l’accès non restreint aux marchés et la simplification des procédures de tous ordres. Les Etats ne
devraient pas être en reste et ont à procéder ou parachever leur transformation numérique en vue de
l’avènement du e-Gouvernement afin de mieux fournir les services publics à la population et aux
entreprises dans les meilleures conditions d’efficacité, de transparence et de coût. Dans cette
mouvance, bien que la transformation numérique soit une question transversale (Etat, secteur privé,
organisations), celle de l’Etat devrait servir d’exemple.
162. Le développement des infrastructures de télécommunications fixes est très faible d’une part
et connait une stagnation, voire une régression dans la plupart des pays du monde. Les pays de la
CEEAC avaient par le passé un retard considérable lorsque les communications étaient
principalement fixes. Depuis l’avènement des communications électroniques mobiles, des progrès
notables sont enregistrés dans beaucoup de pays, y compris ceux de la CEEAC, ce qui a permis de
résorber en partie leur retard (leapfrogging). Toutefois, l’économie numérique s’appuyant désormais
sur les réseaux haut débit ou large bande, le risque de creusement du retard est réel, si l’on tient
compte du faible développement des réseaux à fibre optique à partir desquels les services haut débit
actuels (4G pour le mobile ou FTTH pour le fixe) ou futurs (5G pour le mobile) vont s’interconnecter.
D’où la nécessité d’investir dans le développement de ces réseaux.
163. La diversification économique pourra bénéficier de la croissance phénoménale des services
financiers numériques tels que le mobile money. En effet, de 2016 à 2020, le pourcentage de la
population adulte utilisant le mobile money en Afrique subsaharienne va passer de 40% à environ
81%, soit plus du double. Il s’agit d’une opportunité contribuant grandement à l’atteinte de l’objectif
de l’inclusion financière. Cependant, les populations des couches défavorisées qui ne sont pas
touchées par les services numériques, sont souvent les mêmes qui n’accèdent pas aux services
d’identification (exemple services d’état civil) et l’identification numérique peut être une solution
pour généraliser les services d’identification, tout en les rendant davantage fiables.
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
55
164. Les mutations technologiques, notamment le passage de la 4G à la 5G dans le domaine des
communications électroniques mobiles couplées au besoin du maillage national des pays par des
backbone à fibre optique et d’interconnexion directe des pays entre eux, imposent des efforts énormes
à faire en matière d’infrastructure, y compris les data centers et les équipements dédiés à la
sécurisation. Ces infrastructures sont d’autant plus importantes que les plateformes de services
numériques ne peuvent fonctionner sans elles. En dehors des ressources humaines, les infrastructures
sont le maillon essentiel de la chaine de développement des services numériques. Dans le cadre du
développement des infrastructures, l’immensité de la tâche est telle que toutes les possibilités doivent
être explorées, y compris la recherche de partenariat multipartite public privé ou le concours des
bailleurs de fonds, en réinventant les procédés et mécanismes de fonctionnement. Ce d’autant plus
que l’exemple du projet CAB mis sur pied il y a plus de dix ans avec le concours des bailleurs de
fonds, n’a pas à ce jour abouti à beaucoup de résultats concrets et tangibles.
165. Dans l’ensemble de la chaine des valeurs, des infrastructures aux services numériques et autres
services à valeur ajoutée, en passant par les applications développées par les start-ups, la
problématique du financement se pose et devrait être adressée en tenant compte des particularités. La
question du financement participatif et des cryptomonnaies méritent une réflexion.
5.2 Recommandations
166. Les recommandations formulées ci-après découlent des messages provenant des conclusions
ci-dessus et s’adressent tour à tour aux Etats, aux Communautés Economiques Régionales, aux
organisations internationales, au secteur privé, aux universités et grandes écoles, et aux bailleurs de
fonds. Elles visent à mieux tirer profit de l’économie numérique pour répondre aux défis de la sous-
région, dont celui de la transformation, de la diversification et de l’industrialisation.
Aux Etats membres
Elaborer et/ou actualiser les stratégies nationales de développement de l’économie numérique
en veillant à une cohérence et une synergie avec les politiques d’industrialisation et de
diversification.
Actualiser le cadre réglementaire et de régulation en tenant compte des nouveaux services
numériques centrés sur les plateformes et les données.
Procéder à la transposition des normes juridiques sous régionales (lois type sur l’économie
numérique), régionales (Convention de l’Union Africaine sur la cybersécurité et la protection
des données à caractère personnel) ou internationales dans les législations nationales.
Poursuivre, parachever et/ou faire évoluer la transformation numérique de l’Administration
pour offrir des services publics de qualité, avec célérité et dans des conditions de transparence
aux populations et aux entreprises et faciliter la transformation numérique du secteur privé,
en prenant en compte les gains énormes apportés par les technologies nouvelles et d’avenir
(cloud computing, intelligence artificielle).
Promouvoir la formation, la recherche et l’innovation, notamment dans le domaine des
technologies et services numériques, à travers des centres de recherche ou des pôles
technologiques (technopoles ou cyberpark, à l’instar de la Kigali Innovation City du Rwanda),
afin d’accompagner le développement des entreprises et de l’entreprenariat.
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
56
Mettre en place un système d’identité numérique, en s’appuyant sur les initiatives régionales
existantes à l’instar de celle de la CEA, afin de prendre en compte toutes les couches de la
population et faciliter les transactions électroniques.
Prendre des mesures incitatives d’ordre administratif ou fiscal, à l’instar de la mise en place
de zones économiques préférentielles, en faveur des entreprises à forte valeur technologique
ou numérique pour accélérer le développement de la production manufacturière (agro-
industries ou industries minières) et bénéficier des avantages combinés de l’économie
numérique et de la zone de libre-échange continentale.
Envisager des mesures spéciales pour accroitre l’inclusion numérique, et corrélativement
l’inclusion financière.
Explorer toutes possibilités (renforcement de la régulation, rôle de la concurrence,
partenariats, financements innovants) à exploiter pour le développement des infrastructures
large bande (fibre optique, 4G et 5G), l’augmentation de la connectivité nationale et sous
régionale, l’amélioration de la qualité de service, le renforcement de la confiance dans l’usage
des outils numériques (gage de la souveraineté numérique), afin de rendre la sous-région
davantage attractive aux investisseurs.
Prendre toute mesure appropriée pour faire de l’accès internet (considéré comme un bien
public –Wifi dans les espaces publics) un droit inaliénable au même titre que l’accès à l’eau,
aux soins de santé ou à la sécurité afin de permettre à l’ensemble de la population de bénéficier
des atouts du numérique.
Mettre en place des politiques, stratégies et mesures visant à réduire les tarifs nationaux et
d’itinérance (free roaming) des services numériques afin de les rendre abordables, y compris
aux couches les plus défavorisées.
Aux Communautés Economiques Régionales
Poursuivre l’harmonisation du cadre réglementaire sous régional en tenant compte des
nouveaux services numériques centrés sur les plateformes et les données.
Accompagner les Etats dans le processus de transposition des normes juridiques sous
régionales (lois type sur l’économie numérique), régionales (Convention de l’Union Africaine
sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel) ou internationales dans
les législations nationales.
A l’instar du label « Made in Central Africa », institué lors de la réunion du CIE de 2017 pour
encourager la production au sein de la CEEAC, envisager d’instituer un autre label pour mettre
en valeur et/ou récompenser, les initiatives ayant un fort impact sur l’inclusion numérique.
Aux Organisations internationales,
Apporter un appui à l’élaboration et/ou l’actualisation des stratégies nationales de
développement de l’économie numérique.
Donner une assistance aux Etats dans le processus de transposition des normes juridiques sous
régionales (lois type sur l’économie numérique), régionales (Convention de l’Union Africaine
sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel) ou internationales dans
les législations nationales.
Continuer de soutenir ou étendre leur appui aux projets de développement des ressources
humaines de la région ainsi qu’aux initiatives visant à réduire la fracture numérique,
notamment à travers des programmes STEM.
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57
Accompagner les Etats membres dans la mise en place de système d’identité numérique qui
s’avèrera incontournable à l’avenir.
Elaborer un guide de bonnes pratiques concernant les financements innovants (financement
participatif ou autres et les monnaies virtuelles) qui va orienter les choix y relatifs.
Au secteur privé,
Engager ou poursuivre leur transformation numérique afin de pérenniser et développer leurs
activités, faute de quoi les entreprises qui n’auront pas opéré leur transformation numérique
risquent de disparaitre.
Saisir les immenses opportunités offertes par les technologies numériques pour développer de
nouveaux produits et services, et pour réaliser des projets d’industrialisation et bénéficier des
avantages combinés de l’économie numérique et de la Zone de libre-échange continentale.
Aux universités et grandes écoles,
Mettre en place des curricula de formation dans le domaine des technologies numériques
d’avenir et développer des partenariats, notamment avec le secteur privé, pour mener des
recherches et apporter des réponses aux problématiques liées à l’environnement économique
et social.
Se mettre en réseau afin de mutualiser les ressources et développer une spécialisation
thématique de pointe par pays qui permette le développement de compétences dans
l’ensemble des pays de la sous-région.
Aux bailleurs de fonds
Tenir compte de l’insuccès de certains projets conduits dans la sous-région, à l’exemple du
projet CAB et aider à les réorienter pour qu’ils aient un meilleur impact sur le terrain.
Contribuer aux financements du développement de l’économie numérique en proposant des
solutions adaptées en tenant compte de son agilité et de son évolutivité, ainsi que de la
spécificité des acteurs des différents segments de marché.
Instaurer ou accroitre les partenariats avec les écoles d’ingénieurs, universités et centres de
recherche pour soutenir le développement des ressources humaines de qualité, principal
moteur de développement des technologies numériques.
Bibliographie
1. Analyse des drivers de l’économie numérique, Mawenzi Partners, mars 2013
2. Annuaire statistique des télécommunications et TIC au Cameroun, édition 2017, MINPOSTEL-
INS
3. Atlas, mapping mining and SDGs
4. Global cybersecurity index 2017, ITU
5. ICT4SDG : Leveraging technology to achieve the global goals
6. Information economy report 2017 : digitalization, trade and development, UNCTAD
7. Innovating in a the digital economy, Global Information technology report 2016, World
Economic Forum
8. Global competitivity index, World Economic Forum, 2017-2018
9. Global information technology report 2016, World Economic Forum
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
58
10. ITU News magazine, n° 3/2017, intitulé « Comment les TIC accélèrent la réalisation des ODD »
11. L’économie du secteur mobile, Afrique subsaharienne 2017, GSMA
12. Measuring the information society report, ITU publication 2018
13. Observatoire annuel 2017 du marché des communications électroniques au Cameroun, ART
14. OMPI Magazine : les TIC et l’innovation, septembre 2013
15. Plan stratégique Cameroun numérique 2020
16. Rapport 2015 sur l’économie de l’information de la CNUCED « Libérer le potentiel du
commerce électronique pour les pays en développement »
17. Rapport sur le développement dans le monde : Les dividendes du numérique, par la Banque
Mondiale, 2016
18. United Nations e-Government survey 2018
19. UNCTAD B2C E-commerce Index 2018, focus on Africa
Glossaire
AXIS : African Internet eXchange System
B2C : Business to Consumer
BSR-AC : Bureau Sous-Régional Afrique Centrale
CAGR : Compound Annual Grow Rate ou Taux de croissance annuel composé en français
CEA : Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique
CEEAC : Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale
CER : Communauté Economique Régionale :
CIE : Commission Intergouvernementale d’Experts
CIS : Community of Independant States
CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement
DIRD : Dépense Intérieure de Recherche et de Développement
EAC : East African Community
ECOWAS :Economic Community of West African States
GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft
GND : Gestion Numérique des Droits
GSMA : Global System for Mobile communication Association
IXP : Internet eXchange Point
LDC : Low Development Contries
M2M : Machine to Machine
MPME :Micro, Petites et Moyennes Entreprises
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques
ODD : Objectif de Développement Durable
OS : Operating System
OTT : Over The Top
PIB : Produit Intérieur Brut
PKI : Public Key Infrastructure
PPA : Parité du Pouvoir d’Achat
RDC : Réseau de Diffusion de Contenus
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RNB : Revenu National Brut
SADC :Southern african Development Community
STEM : Science, Technology, Engineering and Mathemathics
TIC : Technologies de l’Information et de la Communication
UIT : Union Internationale des Télécommunications
UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization
WEF :World Economic Forum
ZLECA : Zone de Libre Echange Continentale Africaine
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
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Annexes
Annexe 1 : Contribution des TIC à la réalisation des ODD
Annexe 2 : Définition de la terminologie utilisée
5G : Technologie de communications mobiles, avec des débits de données plus rapides (de l’ordre
des gigabits par seconde), une connectivité fiable, un temps de latence ultra faible, une meilleure
efficacité énergétique, une sécurité accrue et autorisant un nombre très important de personnes et de
dispositifs connectés
Backbone : Cœur de réseau englobant les nœuds de réseau et les artères de transmission
Big data : Importants volumes de données de différente nature, accessibles rapidement, traités et
transmis à grande vitesse et dont l’analyse permet de tirer des informations utiles dans de très
nombreux domaines tels que le comportement des consommateurs, l’épidémiologie, la lutte contre la
criminalité, etc.
Blockchain : Bases de données distribuées contenant les listes de toutes les transactions entre
utilisateurs réalisées depuis leur mise en route. Chaque liste de transaction est contenue dans un bloc
qui est lié au suivant, formant une chaine. Le champ d’application des blockchains est très étendu et
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
61
ils peuvent remplacer la plupart des tiers de confiance centralisés (métiers de la banque, notaires,
cadastres, etc.)
Cloud computing : Utilisation de serveurs distants accessibles par internet pour stocker, accéder à
ou traiter l’information, depuis plusieurs postes de travail de type varié (ordinateur, smartphone), en
lieu et place de la station de travail de l’utilisateur.
Cryptomonnaie : Monnaie électronique pouvant s’échanger de pair à pair sur une blockchain ou un
réseau décentralisé ou registre distribué et dont l’implémentation se base sur les principes de la
cryptographie pour valider les transactions et la génération de la monnaie elle-même
Datacenter : Bâtiment sécurisé qui héberge des applications informatiques ou des équipements de
communication. Il est équipé de salles qui suivent des normes strictes (électricité, température,
humidité, contrôle d’accès, etc.) pour préserver la durée de vie des équipements.
Fintech : ce sont des entreprises, généralement des start-up, qui évoluent dans le secteur de
l’innovation technologique applicable aux services financiers et bancaires. Leur champ d’actions
s’étend du financement alternatif des entreprises jusqu’au paiement en ligne, en passant par la gestion
d’épargne, le prêt, les agrégateurs de comptes bancaires, etc. Leur but : offrir aux clients des services
de meilleure qualité et moins coûteux. Les FinTech ont donc une approche disruptive de l’univers de
la banque, de la finance et de l’assurance.
Imprimante 3D : machine destinée à la fabrication de pièces en 3 dimensions par dépôt de couches
successives de matière fondue (plastique, métal, nourriture, etc.) et permettant de produire des objets
réels.
Industrie 4.0 : nouvelle génération d’usines connectées, robotisées et intelligentes pour la fabrication
de produits uniques et personnalisés, adaptés au besoin de chaque client
Insurtech : entreprises s'appuyant fortement sur des activités technologiques pour créer de la valeur
sur les produits en assurance automobile, habitation, épargne‐vie et autres garanties professionnelles
et conquérir des parts de marché sur le marché de l'assurance.
Intelligence Artificielle (IA) : Ensemble de théories et de techniques mises en œuvre pour permettre
à des machines, et plus particulièrement à des systèmes informatiques, de simuler les processus
cognitifs humains. Ces processus comprennent l'apprentissage (acquisition d'informations et de règles
liées à leur utilisation), le raisonnement (application des règles pour parvenir à des conclusions
approximatives ou précises) et l'autocorrection. Les applications spécifiques de l'IA sont notamment
les systèmes experts, la reconnaissance vocale et la vision artificielle
Internet des objets : Réseau d’objets connectés au moyen de l’internet ou toute autre infrastructure
des TIC, permettant les échanges d’informations et de données provenant de dispositifs présents dans
le monde réel et issus de la vie quotidienne (montres, appareils électroménager et de domotique…)
ou dans le monde virtuel
Internet eXchange Point (IXP) : infrastructure physique qui permet d'échanger du trafic Internet
local dans un territoire donné. Cela améliore la qualité du trafic internet et évite les coûts
supplémentaires importants liés au transport des données hors du territoire, du pays ou du continent.
Large bande : synonyme de haut débit
Machine to Machine (M2M) : communication entre deux machines ou plus et nécessitant peu
d'intervention humaine directe, voire aucune
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
62
OTT : applications et services qui sont accessibles par internet et qui s’appuient sur le réseau des
opérateurs de télécoms tout en étant indépendants de ceux-ci, et pour fournir concurremment des
services de voix et de messagerie entre autres.
Start-up : jeune entreprise, généralement du secteur technologique, promise à une croissante forte et
rapide, et ayant réalisé au moins un tour de financement extérieur
STEM : Science, technology, engineering & mathematics
Très haut débit : Débit supérieur à quelques dizaines de mégabits par seconde (Mbps). Pour l’Union
Européenne c’est 30 Mbps.
Annexe 3 : Chaine des valeurs de l’économie numérique
Annexe 4 : Principales écoles d’ingénieurs (ou universités), centres de recherche et cours en ligne
en Afrique N° Pays Principales Ecoles Titres délivrés Centres de recherche Certification
Cours en ligne
1 Angola Universidade Catolica de Angola Licence professionnelle
2 Burundi Université du Burundi Master
Doctorat
3 Cameroun Ecole Nationale Supérieure des
Postes, Télécoms et TIC
(SUP’PTIC)
-Licence professionnelle/
Ingénieurs de travaux
-Master/Ingénieurs de
conception
Doctorat
Cisco
CCNP
CCNA
4 Ecole Nationale Supérieure
Polytechnique de Yaoundé
Master/Ingénieurs de
conception
Doctorat
Cisco
CCNP
CCNA
5 Institut Polytechnique de Maroua Master
6 Faculté de Génie Industriel de
Douala
Licence
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
63
Master
Doctorat
7 Institut Africain d’Informatique
(IAI)
Licence professionnelle
Master
8 Département Informatique et
Réseaux des Facultés des
Sciences de chacune des huit
Universités d’Etat
Licence
Master
Doctorat
9 Ecole Supérieure Inter-Etat
Cameroun Congo de formation
des TIC (Campus à Sangmélima et
Campus à Ouesso)
Ingénieurs
10 Gabon Institut Africain d’Informatique Ingénieur de conception
11 Ghana Ghana Technology University
College
Bachelor of science travaux
Master
12 Accra Institute of Technology Licence professionnelle
Master
Doctorat
13 Nigeria Digital Bridge Institute Master
Doctorat
E-learning
14 Cote d’Ivoire Ecole Supérieure Africaine des TIC
(ESATIC)
Ingénieur
Master
Doctorat
E-learning
Cisco CCNA
Microsoft IT
Academy
15
16
Kenya
African Advanced Level
Telecommunications Institute
(AFRALTI)
Mount Kenya University
Engineer
Master
Bachelor
Master
Certificate
Diploma
Cisco & IT
CCNA security
Huawei
CISCO
CCNA
E-learning
17 Technical University of Kenya Diploma
Bachelor
Centre de recherche en
science, ingénierie,
technologie,
entreprenariat
E-learning
18 Strathmore University Bachelor
Master
Diploma
10 centres de recherche E-learning
19 South Africa Centre for learning Telkom Master Cisco
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
64
Doctorat CCNA
20 Rwanda University of Rwanda, College of
Science and Technology (URCST)
Licence professionnelle
Maîtrise
Doctorat
E-learning
21 Kigali Independant University
(ULK)
Bachelor
Master
E-learning
22 Carnegie Mellon University Engineer
Master
23 Adventist University of Central
Africa
Bachelor
Master
E-learning
24 Tchad Université Emi Koussi Licence
Master
25 Sénégal Universités Cheikh Anta Diop de
Dakar :
Ecole Supérieure Polytechnique
de Dakar
Diplôme Supérieur de
Technologie (DST)
Licences professionnelles
Diplôme d’Ingénieur
Technologue (DIT)
Diplôme d’Ingénieur de
Conception (DIC)
Masters
Doctorat
Laboratoire
d'Informatique, Réseaux
et Télécommunications
26 ESMT Licence professionnelle
Ingénieurs des Travaux
Masters professionnels
Doctorat
laboratoire e-INOV ESMT VSAT
CCN- Equipement
Alcatel-Lucent
Fibre optique
NSOFT
Cours en ligne
27 Institut supérieur de
Formation/Management
Ingénierie et Technologie
Licence professionnelle
Masters professionnels
Cours en ligne
IT Pro
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65
Annexe 5 : Tarifs d’interconnexion dans les pays de la CEEAC
ITU Résultats - enquête 2018 ITU/BDT Classification: Afrique
Pays Tarif d’interconnexion sur le fixe- opérateur historique: Local
Tarif d’interconnexion sur le fixe- opérateur historique: Simple Transit
Tarif- d’interconnexion sur le fixe- opérateur historique: Double Transit
Tarif- d’interconnexion sur d’autres réseaux fixes: Local
Tarif- d’interconnexion sur d’autres Réseaux fixes: Simple Transit
Tarif- d’interconnexion sur d’autres réseaux fixess: Double Transit
Tarif- d’interconnexion aux réseaux mobiles: de fixe à Mobile
Tarif- d’interconnexion aux réseaux mobiles de mobile à Mobile
Bien vouloir indiquer le site web où les tariffs d’interconnexion sont disponibles.
Angola 0.02 0.60E-2 0.01 0.03 0.60E-2 0.01 0.03 0.03
Burundi 0.02
Cameroun 0.05 0.02 0 0 0 0 0.05 0.05 www.art.cm
Rép.Centrafricaine
Tchad 0.11² 0.11² 0.28² 0.35² 0.06² www.otrt.org mais sur ce site les tarifs d'interconnexion ne sont pas publiés²
Congo 0.07 0.05 0.05 www.arpce.cg
Rep.Dem du Congo 0.03 non operationnel
Guinée Equatoriale
Gabon 0.02 0.86E-2 0.02 0.02 www.arcep.ga
Rwanda 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.48E-2 0.01 www.rura.rw
Sao Tome & Principe 0.04¹ 0.06¹
Année: 2018
¹2017. ²2012. ³2015. ⁴2014. ⁵2011. ⁶2016.
Source: ITU World Tariff Policies Database
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
66
Annexe 6 : Liste des points d’atterrissement dans les pays de la CEEAC et leur capacité
Point d'atterrissement n°1
Point d'atterrissement n°2 Point d'atterrissement n°3 Point d'atterrissement n°4
Point d'atterrissement n°5
Point d'atterrissement n°6
Pays Nom Capacité (Gbps) Nom
Capacité (Gbps) Nom
Capacité (Gbps) Nom
Capacité (Gbps) Nom
Capacité (Gbps) Nom
Capacité (Gbps)
Capacité totale (Gbps)
Angola SAT3 ACE SACS
WACS (en cours)
Burundi
Cameroon SAT3 80 WACS 280
NCSCS (MAIN ONE) 40 SAIL 2800
ACE(en cours) 48,9 3200
Rép. Centrafricaine
Tchad
Congo WACS
Rép.Démocratique du Congo
WACS ACE
Guinée Equatoriale
CEIBA-1 ACE CEIBA-2 40 SAIL (en cours)
Gabon SAT3 12,5 ACE
Rwanda
Sao Tome & Principe
ACE
SACS : South Atlantic Cable System Luanda - Fortaleea 6300 km
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
67
Annexe 7 : Taux de pénétration du téléphone fixe dans les pays de la CEEAC
Taux de pénétration du téléphone fixe large bande
Taux de pénétration du téléphone fixe
Pays ISO 2017 2017
Angola AGO 0,3 0.54
Burundi BDI 0 0.22
Cameroun CMR 0,1 3.68
Rep.Centrafricaine CAF 0 0.04
Tchad TCD 0,1 0.07
Congo COG 0 0.32
Rep. Démocratique du Congo
COD 0 0
Guinée Equatoriale GNQ 0,3 0.88
Gabon GAB 0,6 1.05
Rwanda RWA 0 0.10
Sao Tomé & Principe STP 0,6 2.73
Source: TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database - TP:ITU World Tariff Policies Database
ITU ICT-Eye: http://www.itu.int/icteye
Annexe 8 : Taux de pénétration de la téléphonie mobile et du mobile large bande Taux de pénétration
de la téléphonie mobile large bande
Taux de pénétration de la téléphonie mobile
Région Pays 2017 2017
Afrique Angola 14,6 44,73
Afrique Burundi 12,6 54,5
Afrique Cameroun 17,7 83,71
Afrique Rép.Centrafricaine 4,7 25,23
Afrique Tchad 22,6 42,66
Afrique Congo 5,9 96,11
Afrique Rép. Démocratique du Congo 16,2 43,49
Afrique Guinée Equatoriale 0 44,66
Afrique Gabon 84 131,51
Afrique Rwanda 35 72,24
Afrique Sao Tomé & Principe 34 85,14
MOYENNE CEEAC 22,48 65,82
MOY MONDIALE 62,00 103,60
Source: ITU World Tariff Policies Database
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
68
Annexe 9 : Taux de pénétration de l’internet, pourcentage d’habitations ayant accès
à internet et pourcentage d’habitations disposant d’un ordinateur Pourcentage de foyers
ayant un ordinateur Pourcentage de foyers ayant un accès internet
Pourcentage de personnes utilisant internet
Pays ISO 2017 2017 2017
Angola AGO 11.89 11.30 14.34
Burundi BDI 3.24 3.32 5.59
Cameroun CMR 16.90 21.70 23.20
Rép. Centrafricaine CAF 2.91 3.03 4.34
Tchad TCD 3.30 3.44 6.50
Congo COG 5.73 2.97 8.65
Rép. Démocratique du Congo
COD 3.11 3.20 8.62
Guinée Equatoriale GNQ 15.76 9.27 26.24
Gabon GAB 34.66 40.98 50.32
Rwanda RWA 2.50 9.30 21.77
Sao Tomé & Principe STP 16.72 19.63 29.93
Source : TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database - TP:ITU World Tariff Policies Database
Annexe 10 : Nombre de points d’échange internet par pays de la CEEAC
Pays (Nom IXP) ISO 2017 Nombre de
membres 2017 Provenance
Angola (ANG-IX) AGO 1 13 Burundi (BDIXP) BDI 1 11 ICT-Eye TP
Cameroun CMR 2 8 ICT-Eye TP Rép. Centrafricaine. CAF 0
Tchad TCD 0 Congo (CGIX) COG 2 4 ICT-Eye TP
Rép.Démocratique du Congo(KINIX) COD 1 10 ICT-Eye TP
Guinée Equatoriale GNQ 0
Gabon (GAB-IX) GAB 1 6 Rwanda (RINEX) RWA 1 7 Sao Tomé & Principe STP 0
Source: TREG: ITU World Telecommunication/ICT Regulatory Database - TP:ITU World Tariff Policies Database
ITU ICT-Eye: http://www.itu.int/icteye
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
69
Annexe 11 : UNCTAD Indice E-commerce B2C, 2018, Afrique
Pays
%
d’individus
utilisant Internet
(2017 ou
plus récent)
%
d’individus
ayant un compte
(15+, 2017
ou plus
récent)
Serveurs
Internet sécurisés
(normalisés
) (2017)
UPU
fiabilité
de la poste score
(2017 ou
plus
récent)
Valeur Indice
(2017)
Variation de
l’indice (2016-17)
Rang
Mondial
1 Maurice 55 90 56 66 66.9 -7.2 55
2 Nigeria 42 40 52 85 54.7 5.5 75
3 Afrique du Sud 59 69 83 0 52.9 -1.9 77
4 Tunisie 56 37 51 63 51.7 2.1 79
5 Maroc 62 29 54 59 50.9 NA 81
6 Ghana 39 58 45 53 48.8 7.6 85
7 Kenya 39 82 37 27 46.2 3.7 89
8 Ouganda 17 59 31 58 41.5 -3.2 99
9 Botswana 47 51 41 26 41.4 0.1 100
10 Cameroun 23 35 25 78 40.3 3.6 101
11 Namibie 31 81 46 0 39.5 -4.9 103
12 Gabon 62 59 34 0 38.9 5.1 104
13 Libye 20 66 64 0 37.6 NA 107
14 Sénégal 46 42 24 34 36.8 4.5 108
15 Zimbabwe 31 55 34 26 36.7 1.2 109
16 Tanzanie 25 47 32 42 36.5 8.0 110
17 Algérie 43 43 41 18 36.3 0.5 111
18 Egypte 45 33 36 23 34.4 2.3 113
19 Rwanda 20 50 31 30 32.7 -5.1 116
20 Djibouti 13 12 32 20 30.2 13.5 119
21 Togo 12 45 19 41 29.6 -2.3 121
22 Swaziland 29 29 36 23 29.0 1.8 122
23 Soudan 28 15 12 59 28.7 14.7 123
24 Côte d'Ivoire 44 41 25 0 27.6 -10.6 124
25 Lesotho 27 46 31 4 27.2 1.3 126
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
70
26 Zambie 24 46 38 0 27.0 2.4 127
27 Madagascar 10 18 20 54 25.6 -4.2 129
28 Mali 11 35 23 25 23.9 -0.6 131
29 Angola 13 29 26 26 23.9 -4.7 132
30 Burkina Faso 16 43 12 22 23.4 1.8 133
31 Malawi 11 34 26 18 22.3 2.2 134
32 Mozambique 18 42 23 0 20.8 NA 137
33 Bénin 12 38 18 11 20.1 4.7 138
34 Mauritanie 18 21 18 21 19.6 0.3 139
35 Ethiopie 15 35 4 17 17.8 -0.4 141
36 Sierra Leone 12 20 11 20 15.9 -0.9 143
37 Liberia 7 36 12 7 15.6 -2.1 144
38 Congo 8 26 19 3 14.3 -2.7 145
39 Comores 8 22 20 0 12.5 -7.5 146
40 Burundi 5 7 19 15 11.8 1.8 147
41 R. D. du Congo 6 26 14 0 11.7 -1.0 148
42 Guinée 10 23 10 2 11.4 -0.9 149
43 Tchad 5 22 2 0 7.4 0.7 150
44 Niger 10 16 0 0 6.6 2.4 151
Source : UNCTAD.
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
71
Annexe 12 : Mobile-cellular basket, 2017
Rank Economy
Mobile-cellular basket
Tax rate
included
(%) GNI p.c., USD,
2017
as % of GNI p.c. USD PPP$
1 Macao, China* 0.10 5.65 6.97 0 65,130
2 Hong Kong, China 0.15 5.73 6.93 0 46,310
3 Singapore 0.17 7.92 9.32 7 54,530
4 Austria 0.17 6.63 6.89 20 45,440
5 United Arab Emirates 0.19 6.10 7.99 0 39,130
6 Estonia 0.22 3.38 4.95 20 18,190
7 Slovenia 0.24 4.45 5.86 22 22,000
8 Lithuania 0.26 3.27 5.64 21 15,200
9 Sweden 0.26 11.58 10.33 25 52,590
10 Iceland 0.27 13.84 9.16 24 60,830
11 Norway 0.28 17.66 13.91 25 75,990
12 Sri Lanka 0.30 0.94 2.84 50 3,840
13 Finland 0.30 11.22 10.23 24 44,580
14 Germany 0.31 11.26 12.02 19 43,490
15 Iran (Islamic Republic of) 0.34 1.53 4.26 9 5,400
16 Cyprus 0.35 6.91 8.72 19 23,719
17 Qatar 0.36 18.40 23.73 0 61,070
18 Brunei Darussalam 0.36 9.00 15.69 0 29,600
19 Luxembourg 0.40 23.18 20.43 17 70,260
20 China 0.40 2.91 5.11 0 8,690
21 Costa Rica 0.45 4.11 6.26 13 11,040
22 Switzerland 0.45 30.21 21.04 8 80,560
23 United Kingdom 0.46 15.44 14.96 20 40,530
24 Latvia 0.46 5.62 8.67 21 14,740
25 Ireland 0.49 22.54 20.09 23 55,290
26 Australia 0.54 22.99 18.71 10 51,360
27 Kuwait 0.54 14.14 21.82 0 31,430
28 New Zealand 0.55 17.95 15.41 15 38,970
29 Italy 0.56 14.54 15.96 22 31,020
30 Russian Federation 0.58 4.45 10.44 18 9,232
31 Bahrain 0.59 10.00 16.33 0 20,240
32 Mauritius 0.61 5.13 9.10 15 10,140
33 Croatia 0.64 6.60 11.00 25 12,430
34 Egypt 0.68 1.70 11.01 23 3,010
35 Romania 0.68 5.63 12.04 19 9,970
36 Malaysia 0.70 5.63 14.59 6 9,650
37 Kazakhstan 0.70 4.63 13.27 12 7,890
38 Maldives 0.71 5.67 7.30 6 9,570
39 Canada 0.74 26.39 25.27 13 42,870
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
72
40 Netherlands 0.74 28.47 28.29 21 46,180
41 Oman 0.75 9.00 17.36 0 14,440
42 Bahamas 0.77 18.79 16.46 8 29,170
43 Denmark 0.78 35.89 28.13 25 55,220
44 Malta 0.83 16.55 22.47 18 23,810
45 Japan 0.84 26.96 28.22 8 38,550
46 Saudi Arabia 0.84 14.13 27.38 0 20,080
47 Mongolia 0.86 2.36 6.81 10 3,290
48 Poland 0.87 9.19 18.46 23 12,710
49 Belgium 0.88 30.72 31.07 21 41,790
50 Turkmenistan 0.88 4.89 15 6,650
51 United States 0.90 43.55 43.55 9 58,270
52 Mexico 0.91 6.51 12.18 19 8,610
53 Armenia 0.91 3.04 7.46 20 4,000
54 Belarus 0.92 4.06 16.16 25 5,280
55 Greece 0.92 13.93 18.27 39 18,090
56 Tunisia 0.93 2.72 7.94 24 3,500
57 Spain 0.94 21.28 25.64 21 27,180
58 Azerbaijan 0.94 3.20 14.54 18 4,080
59 Bhutan 0.97 2.19 6.40 5 2,720
60 Slovakia 0.99 13.64 22.12 20 16,610
61 Portugal 1.02 16.84 22.11 23 19,820
62 Andorra** 1.02 31.49 36,987
63 France 1.08 34.20 34.96 20 37,970
64 Seychelles 1.09 12.94 20.45 15 14,180
65 Czech Republic 1.10 16.61 27.19 21 18,160
66 Chile 1.10 12.48 17.79 19 13,610
67 Israel 1.13 35.13 28.62 17 37,270
68 Libya 1.15 6.29 0 6,540
69 Jordan 1.16 3.83 8.20 46 3,980
70 Sudan 1.23 2..43 35 2,379
71 Korea (Rep. of) 1.23 29.10 32.77 10 28,380
72 India 1.24 1.88 6.12 18 1,820
73 Panama 1.24 13.59 23.02 7 13,100
74 Namibia 1.28 4.90 10.35 15 4,600
75 Hungary 1.28 13.74 25.25 27 12,870
76 Trinidad and Tobago 1.29 16.46 19.68 13 15,350
77 Uruguay 1.39 17.64 21.59 22 15,250
78 Bangladesh 1.39 1.71 4.31 21 1,470
79 Uzbekistan 1.39 2.30 20 1,980
80 Georgia 1.47 4.65 13.71 21 3,790
81 Jamaica 1.56 6.16 9.88 25 4,750
82 Thailand 1.57 7.79 20.62 7 5,960
83 Brazil 1.58 11.28 16.40 40 8,580
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
73
84 Botswana 1.61 9.13 18.04 12 6,820
85 Myanmar 1.61 1.60 6.38 5 1,190
86 Montenegro 1.61 9.86 20.05 19 7,350
87 Paraguay 1.82 5.94 12.85 10 3,920
88 South Africa 1.84 8.33 17.68 14 5,430
89 Albania 1.87 6.72 14.36 20 4,320
90 Saint Kitts and Nevis 1.88 25.10 32..85 16,030
91 South Sudan* 1.94 0.63 4.66 13 390
92 Argentina 1.99 21.68 21 13,040
93 Ghana 2.03 2.51 7.79 24 1,490
94 Indonesia 2.03 5.99 16.09 10 3,540
95 Kenya 2.11 2.53 5.62 26 1,440
96 Peru 2.15 10.71 20.13 18 5,970
97 Pakistan 2.19 2.88 9.46 32 1,580
98 Lebanon 2.32 16.07 26.66 10 8,310
99 Ukraine 2.34 4.65 20.92 20 2,388
100 Dominican Rep. 2.40 13.27 28.36 30 6,630
101 Nauru 2.43 20.71 15 10,220
102 Algeria 2.47 8.15 23.56 19 3,960
103 Viet Nam 2.52 4.56 11.25 10 2,170
104 Antigua and Barbuda 2.55 30.12 37.17 15 14,170
105 Turkey 2.56 23.30 52.99 43 10,930
106 Suriname 2.61 13.11 30.23 8 6,020
107 Barbados 2.64 34.15 27.84 18 15,540
108 The Former Yugoslav Rep. of Macedonia
2.64 10.73 25.49 18 4,880
109 Colombia 2.72 13.23 28.48 23 5,830
110 Bosnia and Herzegovina 2.80 11.53 24.88 17 4,940
111 Tonga 2.81 9.39 12.72 15 4,010
112 Iraq 2.84 11.30 22.10 0 4,770
113 Philippines 2.96 9.02 23.02 12 3,660
114 Grenada 2.96 23.77 31.94 15 9,650
115 Gabon 3.07 16.93 26.63 6,610
116 Ecuador 3.07 15.09 24.87 12 5,890
117 Samoa 3.14 10.74 14.62 15 4,100
118 Serbia 3.34 14.41 31.34 20 5,180
119 Lao P.D.R. 3.53 6.67 17.16 10 2,270
120 Guyana 3.60 13.38 21.07 14 4,460
121 Tajikistan 3.61 2.98 10.92 23 990
122 Saint Lucia 3.77 27.56 35.35 15 8,780
123 Nepal (Republic of) 3.91 2.58 7.35 24 790
124 Bolivia (Plurinational State of)
3.96 10.32 20.77 13 3,130
125 Dominica 3.99 23.24 31.87 15 6,990
126 Bulgaria 4.00 25.84 60.39 20 7,760
127 Moldova 4.06 7.37 19.90 20 2,180
128 Fiji 4.25 17.61 28.34 9 4,970
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
74
129 Kyrgyzstan 4.26 4.01 13.34 17 1,130
130 Ethiopia 4.73 2.91 7.38 15 740
131 Saint Vincent and the Grenadines
4.73 27.54 38.26 2 6,990
132 Morocco 4.77 11.37 26.22 20 2,863
133 Nigeria 4.87 8.45 20.90 5 2,080
134 El Salvador 5.27 15.63 30.35 18 3,560
135 Marshall Islands 5.56 22.22 0 4,800
136 Angola 5.83 16.18 20.65 5 3,330
137 Micronesia 5.89 17.63 0 3,590
138 Palestine 5.90 15.63 22.10 16 3,180
139 Cambodia 6.68 6.85 16.88 10 1,230
140 Guinea 6.90 4.71 10.78 11 820
141 Kiribati 6.96 16.12 2,780
142 Zambia 7.04 7.63 19.38 34 1,300
143 Yemen* 7.23 6.21 5 1,030
144 Honduras 7.49 14.05 28.08 15 2,250
145 Belize 7.56 27.68 48.57 13 4,390
146 Rwanda 7.71 4.62 12.65 28 720
147 Lesotho 7.81 8.33 23.76 5 1,280
148 Mozambique 8.32 2.91 9.53 17 420
149 Sao Tome and Principe 8.45 12.46 19.97 5 1,770
150 Solomon Islands 8.92 14.26 14.35 10 1,920
151 Vanuatu 9.19 22.35 20.46 13 2,920
152 Haiti 9.30 5.89 13.46 10 760
153 Guatemala 9.34 31.61 53.42 12 4,060
154 Timor-Leste 9.41 14.04 21..50 1,790
155 Afghanistan 10.09 4.79 15.69 0 570
156 Cabo Verde 10.33 25.74 55.09 15 2,990
157 Papua New Guinea 10.65 21.39 26.08 10 2,410
158 Uganda 10.96 5.48 16.39 18 600
159 Côte d'Ivoire 11.21 14.38 35.60 18 1,540
160 Djibouti 11.32 17.73 30.13 10 1,880
161 Cameroon 12.02 13.62 33.21 19 1,360
162 Benin 12.37 8.25 21.49 18 800
163 Sierra Leone 15.14 6.43 20.60 15 510
164 Madagascar 15.32 5.11 17.72 20 400
165 Senegal 15.62 12.37 30.60 23 950
166 Tanzania 15.89 11.99 33.01 33 905
167 Nicaragua 16.03 28.44 75.95 15 2,130
168 Comoros 16.46 10.43 0 760
169 Zimbabwe 17.72 13.44 26.48 25 910
170 Mauritania 19.11 17.52 45.96 18 1,100
171 Burkina Faso 19.49 9.91 26.41 18 610
172 Mali 19.60 12.58 33.46 18 770
173 Togo 20.15 10.24 25.50 18 610
ECA/SRO-CA/NRP/ICE/19
75
174 Dem. Rep. of the Congo 25.20 9.45 23.66 26 450
175 Malawi 27.39 7.30 25.74 17 320
176 Burundi 30.03 7.26 18.52 18 290
177 Guinea-Bissau 31.46 17.30 41.28 17 660
178 Chad 36.20 19.00 18 630
179 Niger 36.82 11.05 29.12 360
180 Central African Rep. 38.48 12.50 19 390
181 Liberia 58.14 18.41 23.37 14 380
Syrian Arab Republic*** 2..57 0 -
Somalia*** 3.54 10 -
San Marino*** 14.57 16.77 0 -
Cuba*** 21.46 0 -
Liechtenstein*** 27.59 8 -
Monaco*** 28.16 20 -
Source: ITU. GNI p.c. and PPP$ values are based on World Bank data.
Note: Palestine is not an ITU Member State; the status of Palestine in ITU is the subject of Resolution 99 (Rev. Dubai, 2018) of the
ITU Plenipotentiary Conference.
* Data correspond to the GNI p.c. (Atlas method) in 2016.
** Data correspond to the GNI p.c. in 2016, sourced from the United Nations Statistics Division (UNSD).
*** Country not ranked because data on GNI p.c. are not available.