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Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

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Page 1: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles

F. KOHLER

Page 2: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Module 1 : Item 4 Argumenter l’apport diagnostique d’un

examen complémentaire, ses risques et son coût.

Faire l’analyse critique d’un compte rendu d’examen.

Prendre en compte les référentiels médicaux.

Rédiger une demande d’examen complémentaire et établir une collaboration avec un collègue

Page 3: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Argumenter l’apport diagnostique d’un examen complémentaire, ses risques et son coût.

Pour faire le choix entre différents examens, quelles caractéristiques ? Fiabilité/Reproductibilité Validité de l’examen Dépistage ou Confirmation diagnostic Risques Acceptabilité Coût

Page 4: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Fiabilité/Reproductibilité

Plus un examen est reproductible plus il est fiable

La reproductibilité peut être mesurée par le coefficient de Kappa

Page 5: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Kappa Soit le tableau des résultats (+ et -) pour 2

réalisations A et B concordance observée = concordance

réelle + concordance aléatoire. La concordance observée est p0 = (a+d)/N La concordance aléatoire est calculée sous

l'hypothèse d'indépendance de A et B a' = n1*N1/N et d' = n2*N2/N sont les effectifs théoriques pc = a’+d’/N

Kappa = (concordance réelle/ concordance non aléatoire)

1. KAPPA =

On admet que la concordance est : bonne si Kappa > 0,6 mauvaise si Kappa < 0,3 intermédiaire entre les deux.

+ -

+ a b N1 = a+b

- c d N2 = c+d

n1 = a+c n2 = b+d N =a+b+c+d

Réalisation 1

Réa

lisa

tio

n 2

p - pc 1- pc

0

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Validité de l’examen

C’est sa capacité à identifier la maladie ou suivre un traitement

2 types d’examens Examen avec réponse Positif/Négatif

(recherche de BK dans les crachats/tuberculose)

Examen avec réponses quantitatives (glycémie/diabète) => Problème du seuil

Identification de la maladie Examen de référence : gold standard

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Validité de l’examen Sensibilité/Spécificité d’un test Courbe de ROC Indice de Youden et rapport de

vraisemblance Règle de Sackett Prévalence de la maladie Valeur prédictives positive et négative Gain diagnostic d’un test

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Sensibilité et spécificité Sensibilité = fréquence des tests

positifs chez les malades Sensibilité = a/n1

Spécificité = fréquence des tests négatifs chez les sujets sains

Spécificité = d/n2 Pour évaluer ces fréquences, il faut un

groupe de malade => Gold standard Sensibilité et spécificité sont

indépendantes de la prévalence de la maladie

Intérêt de les évaluer par des études cas/témoins

Attention n1/(n1+n2) ne donne pas nécessairement la prévalence

Malades SainsT+ a bT- c d

n1=a+c n2=b+d

Page 9: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Courbe de ROC Receiver operating characteristic

pour la détection des avions ennemis par les radars

Résultat du test quantitatif En fonction de la limite que l’on se

fixe pour dire que le test est positif, on obtient différentes valeurs de sensibilité et de spécificité

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Courbe de ROCNombre de sujets

1 g/l

Sujets non diabétiques Sujets diabétiques

2,1 g/l

Limite L de la glycémie au-delà de laquelle on dit le test positif

P(T- / M+) =1- P(T+/M+) =1- Sensibilité

P(T+ / M-) =1- P(T-/M-)= 1- Spécificité

Page 11: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Courbe de ROC Pour chaque valeur de la

limite L du critère quantitatif, on a une valeur de la sensibilité et de la spécificité. On obtient ainsi 1 point de la courbe. En faisant varier la limite L on obtient d’autres points.

La courbe joignant les points est la courbe de ROC

Les valeurs de sensibilité et spécificité en fonction de L peuvent être obtenues par l’observation ou par la modélisation du phénomène par une loi de probabilité

1

10

Sensibilité

1-Spécificité

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Courbe de ROC

Aire sous la courbe : AROC Entre 0,5 (examen au hasard :

pile ou face) et 1 (examen parfait)

Instrument privilégié d’évaluation et de comparaison des performances diagnostiques des examens complémentaires

Page 13: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Indice de Youden et rapport de vraisemblance

Le test idéal sensibilité = 1 et spécificité = 1 n’existe pas

Indice de Youden Y = Se + Sp – 1 Rapports de vraisemblance

RV+ : L =

Un sujet a L fois plus de chance d'avoir le test positif s'il est atteint de la maladie que dans le cas contraire

RV- :

Se

1 - Sp

Sp

Se

1

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Valeur diagnostic d’un test La valeur diagnostique d'un test est

d'autant plus grande que l'indice de Youden est plus proche de 1. L'apport diagnostique d'un résultat positif du test est d'autant plus grand que le RV+ (L) est plus élevé. L'apport diagnostique d'un résultat négatif d'autant plus grand que le RV- est plus petit et proche de zéro.

B.Grenier

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Règle de Sackett

Si un test a une spécificité élevée, un résultat positif confirme l’hypothèse diagnostic

Si un test a une sensibilité élevée, un résultat négatif élimine le diagnostic

Page 16: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Prévalence de la maladie C’est la fréquence de la maladie dans la

population considérée (pourcentage de cas)

Attention : La prévalence dépend notamment de : La zone géographique (palu en Afrique et en

France) De la sélection de la population

Exercice libéral/hôpital Présélection par un dépistage

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Valeurs prédictives VPP : C’est la probabilité d’avoir la maladie quand le

test est positif VPN : c’est la probabilité de ne pas avoir la maladie

quand le test est négatif VPP et VPN dépendent de 3 paramètres

Sensibilité Spécificité Prévalence

Attention elles ne se calcule directement sur le tableau à 4 cases que si n1/(n1+n2) représente la prévalence de la maladie ce qui est le cas si l’étude a été menée sur un échantillon représentatif mais ce n’est pas le cas dans une étude cas témoins qui aurait été utilisée pour déterminer la sensibilité et la spécificité.

Elles se calculent dans tous les cas par le théorème de Bayes ou l’arbre des probabilités

Page 18: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Valeurs prédictives

Malades SainsT+ a (VP) b (FP) N1 = a+bT- c (FN) d (VN) N2 = c+d

n1=a+c n2=b+d N = a+b+c+d

Si l’étude est faite sur un échantillon représentatif, n1/N est la prévalence de la maladie.

On peut calculer Se et Sp Se =a/n1 = VP/(VP+FN) Sp = d/n2 = VN/(FP+VN)

Dans ce cas particulier, on peut calculer directement à partir du tableau les VP

VPP = a/N1 = VP/(VP+FP) VPN = d/N2 =

VN/(VN+FN)

• VP : Vrai positifs• VN : Vrai négatifs• FP : Faux positifs• FN : faux négatifs

Page 19: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Valeurs prédictives Théorème de Bayes

Test Négatif

Malade

Non Malade

Prévalence

1 - Prévalence

Test Positif

Test Positif

Test Négatif

Sensibilité

1 - Sensibilité

1 - Spécificité

Spécificité

)1(*)1()*(

*

éspécificitprévalencesensibiltéprévalence

ésensibilitprévalenceVPP

)1(*)()(*)1(

)(*)1(

sensibiltéprévalenceéspécificitprévalence

éspécificitprévalenceVPN

Page 20: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

VPP, VPN : exemple Le paludisme a une

prévalence de 90% en Afrique et de 0,001 (1 pour mille) en France. Un test biologique est utilisé pour le diagnostic avec une sensibilité de 95% et une spécificité de 85%. Quelles seront les probabilités pour des patients Africains et Français d’avoir le paludisme quand le test est positif et inversement de ne par avoir la maladie quand le test est négatif ?

9999,0))95,01(*001,0(85,0*)001,01(

85,0*)001,01(

654,0))95,01(*9,0(85,0*)9,01(

85,0*)9,01(

006,0)85,01(*)001,01(95,0*001,0

95,0*001,0

983,0)85,01(*)9,01(95,0*9,0

95,0*9,0

VPNFrance

AfriqueVPN

VPPFrance

VPPAfrique

Pour un test donné, quand la prévalence augmente, la VPP augmente et la VPN diminue

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Gain diagnostic d’un test

Gain diagnostic positif C’est la différence entre la probabilité pré-

test (prévalence) de la maladie et la probabilité post-test (valeur prédictive positive)

Gain positif = VPP – prévalence

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Dépistage, confirmation diagnostique

Dépistage : S’adresse à des sujets ne se plaignant de

rien à priori sains Prendre un test à sensibilité élevée Éventuellement suivi d’un test de

confirmation Confirmation d’une maladie suspectée

Prendre un test avec une spécificité élevée d’autant plus que le coût su faux positif est élevé

Page 23: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Risques Risque que le résultat du test ne reflète pas la réalité :

Affirmer une maladie à la vue d’un résultat positif du test : VPP => Risque de se tromper 1-VPP

Rejeter une maladie à la vue d’un résultat négatif du test : VPN => Risque de se tromper 1-VPN

Se méfier de la répétition des examens : Au-delà de trois répétition, le risque d’être faux positif

augmente : La spécificité de l’examen diminue fortement alors que la

sensibilité ne varie que peu Risque de iatrogénie

De l’examen lui-même De l’examen de confirmation Du à la répétition des examens

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Acceptabilité des examens

Obligation de l’information du patient des bénéfices risques attendus de l’examen

Obligation légale reaffirmée par la loi du 4 mars 2002 Obligation de se conformer au choix du patient

C’est le patient qui fait le choix, le médecin est là pour éclairer sa décision en prenant en compte la nature de l’examen, la gravité de la maladie potentielle, les conditions socio-culturelles, les facteurs moraux et éthiques pour adapter sa communication

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Coût de l’examen

A distinguer : Coûts directs de l’examen Coûts indirects : arrêt de travail, perte de

production… Indicateur

Efficience = Coût / Efficacité Effectivité = Coût / Efficacité en situation

réelle

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Analyse critique d’un compte rendu d’examen Dépend de la nature de l’examen

Biologie Test positif ou Négatif Valeur quantitative à comparer à des bornes

Imagerie, anatomopathologie Description des lésions Interprétation diagnostique

La malignité d’une lésion est jusqu’alors un diagnostic anatomopathologique. Épreuves fonctionnelles

Cinétique des événements Un CR doit comporter

L’identification du patient (nom, prénom, date de naissance, sexe) La date de l’examen (date de prélèvement si nécessaire) et date du résultat La finalité de l’examen (objectifs attendus) et le contexte clinique de

réalisation La nature de l’examen et les méthodes utilisées Le résultat Nom du médecin ayant réalisé, validé, interprété l’exame

Page 27: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Prendre en compte les référentiels médicaux

Rejoint la question 3 et la question 12 Les 5 niveaux de preuve et les 4 grades de

l’ANAES Référentiels médicaux

Guides de bonnes pratiques cliniques Références médicales opposables Rôles de l’ANAES

Attention la loi de juillet 2004 met en place une nouvelle organisation

Page 28: Évaluation des examens complémentaires dans la démarche médicale : Prescriptions utiles et inutiles F. KOHLER

Les 5 niveaux de preuves Les 5 niveaux de preuve de la médecine basée

sur les preuves (Evidence Based Medicine) Niveau 1 (le plus élevé)

Revue systématique d’essais randomisés : méta-analyse Niveau 2

Au moins un essai randomisé Niveau 3

Pas d’essai randomisé, étude de cohorte, étude cas témoins…

Niveau 4 Étude d’observation dans plusieurs groupes indépendants

Niveau 5 (le plus faible) Opinion d’experts, opinion d’autorités reconnues

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Les 4 grades de l’ANAES Grade A (le plus élevé)

Essais randomisés puissants de qualité, méta-analyse

Grade B Essais randomisés de faible puissance,

essais comparatifs non randomisés, étude de cohorte

Grade C Cas/témoins, études de séries de cas

Grade D Accord professionnel

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Rédiger une demande d’examen complémentaire et établir une collaboration avec un collègue

Les éléments de la demande Identification du prescripteur, Identification du patient Nature de l’examen demandé Objectif de la demande et stratégie envisagée Élément clinique du dossier pertinent pour la

continuité de la prise en charge et le bon déroulement de l’examen (allergie, condition particulière, affections suspectées…)

Urgence de la demande Identification du ou des destinataires des

résultats