evaluation sur les pratiques de soins nutritionnelles des populations vulnérables des ... · 2020....
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Evaluation sur les pratiques de soins nutritionnelles des
populations vulnérables des camps de déplacés internes
Port au Prince – Commune de Carrefour – Haïti
Evaluation réalisée du 20 Mars au 19 Avril 2014 par ACF pour
OIM
Ketty PIERRE, enquêtrice
Christiane HYACINTHE, enquêtrice
Armande LONISE, enquêtrice
Viviane DESTIN, enquêtrice
Alex ST VIL, enquêteur
Claudy ANTOINE, enquêteur
Yrmine REMY, enquêtrice
Bergeline CLAIRILUS, enquêtrice
Marie Myrta FERJUSTE, traductrice et saisie base de données
Nicolas GRILLET, responsable évaluation
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Haïti - Commune de Carrefour
Mars-Avril 2014
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Liste des abréviations utilisées (par ordre alphabétique)
ACF: Action Contre La Faim
AGR : Activités Génératrices de Revenu
ANJE : Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant
CASEC : Conseil d’Administration de Section Communale
DTM: Displacement Tracking Matrix (Matrice de Suivi des Déplacements)
IDP: Internally Displaced Person (Personnes Déplacées Internes) MSF : Médecins Sans Frontières
MSPP: Ministère de la Santé Publique et de la Population
MUAC: Mid-Upper Arm Circumference (périmètre brachial)
OIM: Office International des Migrations
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
UNICEF: United Nation Children’s Funds (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance)
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Résumé de l’évaluation
Cette évaluation nutritionnelle des pratiques de soins a été menée durant un mois du 20
Mars au 19 Avril 2014 sur la Commune de Carrefour, Arrondissement de Port au Prince à
Haïti, par une équipe ACF composée de 8 enquêteurs/enquêtrices, une traductrice chargée
également de la saisie des données et un expatrié expert en pratiques de soins.
L’objectif général de l’évaluation était le suivant :
� Identifier les principales causes de malnutrition liées aux pratiques de soins
infantiles (soins des femmes, alimentation du nourrisson et du jeune enfant, soins de
santé, soins psychosociaux, hygiène, pratiques alimentaires) dans la commune de
Carrefour à Port-Au-Prince, Haïti.
Les objectifs spécifiques étaient les suivants :
� Déterminer l’impact des conditions de vie de la population déplacée sur les risques
de la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.
� Etudier l’impact des pratiques de soins, de la structure familiale, du tissu social, ainsi
que des mécanismes communautaires, sur l’état nutritionnel des enfants de moins de
5 ans et les femmes enceintes.
� Identifier les groupes les plus à risque de malnutrition et leurs besoins spécifiques.
� Rédiger un rapport qui présente les résultats de l’enquête.
La population ciblée était les personnes déplacées internes vivant encore dans des camps
plus de 4 ans après le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Il a été décidé
conjointement avec OIM de s’intéresser uniquement aux populations dans la commune de
Carrefour où OIM a démarré des projets de relocalisation afin de ne pas créer de confusion
avec les autres acteurs humanitaires. Cette population ciblée est répartie dans 20 camps et
est composée de la façon suivante selon les données établies par OIM en Décembre 20131:
• 2100 ménages
• 6986 personnes
• 3584 personnes de sexe féminin
• 3402 personnes de sexe masculin
Les outils utilisés ont été les suivants:
- Un questionnaire afin de recueillir des informations sociodémographiques sur les
foyers, la situation nutritionnelle, les pratiques d’allaitement et alimentaires, les
soins en direction des femmes, l’environnement psychosocial et l’hygiène de la
maison.
Un total de 210 questionnaires a été administré sur la zone géographique
sélectionnée.
1 DTM Master List OIM Déc. 2013
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- Des entretiens individuels : 27 entretiens ont été menés avec des personnes
ressources de la communauté (dont un avec l’association haïtienne Mofta travaillant
en collaboration avec OIM sur les problématiques de violence) afin de comprendre
les difficultés principales de la communauté à faire face au quotidien et la façon de
les accompagner au mieux pour réduire ces difficultés dans le processus de
relocalisation.
- Des groupes de discussions : 45 groupes de discussions au total ont été menés avec
des hommes et des femmes de la communauté afin de comprendre davantage et
d’évaluer les pratiques en termes de soins auprès des femmes, d’allaitement et
d’alimentation des jeunes enfants, de soins psychosociaux et de santé.
Les conclusions de cette étude sont les suivantes :
� Des conditions de vie actuelle très difficile pour les populations déplacées :
environnement dégradé (renforcé durant la saison des pluies), difficulté d’accès aux
services de base, insécurité.
� Les personnes sont quasi toutes en situation de vulnérabilité après plus de 4 années
passées dans les camps : sentiment d’isolement, estime de soi réduite, sentiment
d’exclusion sociale et anxiété face à l’avenir.
� Difficulté d’accès à des revenus.
� Des cas de malnutrition sévère et modérée identifiés durant l’enquête et reportés
également par les familles au cours de l’année précédente principalement chez des
enfants malade. Le taux de malnutrition aigüe globale (sévère et modérée) est de
12,50%. Quand la mère ou l’enfant est malade ou faible, l’allaitement exclusif est
stoppé.
� Seulement 3% des femmes interrogées ont de bonnes pratiques d’allaitement et de
sevrage.
� Soins auprès des femmes : le niveau d’information est très hétérogène et bien
souvent insuffisant sur la maternité et les changements de comportements à adopter.
Les accouchements à domicile sont fréquents.
� Peu de prise en compte de la dimension psychosociale dans le développement de
l’enfant par les parents.
� Problématiques de violence importantes.
� Soutien communautaire fonctionne souvent qu’en cas d’urgence.
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� Seulement 3 % de bonnes pratiques d’hygiène sont appliquées dans les ménages
visités.
� Pratiques de santé : manque d’information et influence du surnaturel lié au vaudou.
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SOMMAIRE Liste des abréviations utilisées (par ordre alphabétique) .................................................................. 2 Résumé de l’évaluation .................................................................................................................... 3 SOMMAIRE ................................................................................................................................... 65 1 Présentation de l’évaluation ..................................................................................................... 76
1.1 Contexte ........................................................................................................................... 76 1.1.1 Contexte humanitaire pays ........................................................................................ 77 1.1.2 Contexte zone de l’évaluation ................................................................................... 87 1.1.3 Contexte de l’intervention ACF ................................................................................ 99
1.2 Objectifs de l’évaluation .............................................................................................. 1010 2 Méthodologie ...................................................................................................................... 1111
2.1 Calcul de l’échantillonnage .......................................................................................... 1111 2.2 Population étudiée ........................................................................................................ 1111 2.3 Sélection des ménages .................................................................................................. 1212 2.4 Présentation des différents outils .................................................................................. 1212 2.5 Equipe et déroulement de l’évaluation ......................................................................... 1414 2.6 Contraintes et limites de l’évaluation ........................................................................... 1414
3 Résultats et analyse ............................................................................................................. 1616 3.1 Situation actuelle et perception du programme de relocalisation par les bénéficiaires 1616 3.2 Données sociodémographiques .................................................................................... 1818 3.3 Situation nutritionnelle ................................................................................................. 2222 3.4 Pratiques d’allaitement et alimentaires ........................................................................ 2424 3.5 Soins en direction des femmes ..................................................................................... 2525 3.6 Environnement psychosocial ........................................................................................ 2727 3.7 Hygiène de la maison ................................................................................................... 2929 3.8 Pratiques de santé générales ......................................................................................... 3030 3.9 Synthèse de l’analyse ................................................................................................... 3131
4 Conclusions et recommandations ....................................................................................... 3332 5 Annexes ............................................................................................................................... 3534
5.1 Annexe 1- échantillonnage : table applicable pour méthodes aléatoire simple, grappe et stratifié .................................................................................................................................... 3534 5.2 Annexe 2 - sélection des grappes par le logiciel SMART ........................................... 3635 5.3 Annexe 3 – population de la zone d’étude ................................................................... 3736 5.4 Annexe 4 - questionnaire utilisé pour l’enquête ........................................................... 3837 5.5 Annexe 5 – trame des groupes de discussion ............................................................... 4241 5.6 Annexe 6 – trame d’entretien individuel avec les personnes ressources de la communauté ............................................................................................................................ 4544
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1 PRESENTATION DE L’EVALUATION
1.1 Contexte
1.1.1 CONTEXTE HUMANITAIRE PAYS
Haïti est le pays le plus pauvre des Caraïbes. Instable sur le plan politique depuis son
indépendance en 1804, il fait face à de nombreux aléas climatiques accentués par une
dégradation de son environnement (déboisement, urbanisation anarchique…). Depuis 2010,
le pays a subi une succession de crises naturelles et socio-économiques qui ont aggravé sa
situation structurelle déjà fragile. La population est très dense, ce qui provoque une tension
sur les terres disponibles et pousse les populations à s’installer dans des zones à risque
(glissements de terrain, inondations…).
Quatre ans après le séisme qui a frappé Port-au-Prince et ses environs, les conséquences de
la catastrophe se font encore sentir. L’exode interne en provenance de la capitale a impacté
l’ensemble du pays. A l’heure actuelle, un peu moins de 150 000 personnes vivent toujours
dans des camps. Au-delà du séisme, le pays est impacté par la récurrence de crises
multifactorielles : choléra, hausse des prix, sécheresse, cyclone.
Ces diverses crises menacent grandement la sécurité alimentaire. La situation est
inquiétante en milieu rural, notamment à cause du manque de services de base (santé,
éducation, eau et assainissement…) et de l’enclavement fort. Elle l’est également dans les
zones urbaines, en particulier à Port au Prince, victime d’une urbanisation anarchique et
d’un développement de l’habitat sur des zones à risques, qui accentue les conséquences des
catastrophes naturelles.
Jusqu'à la fermeture du cluster nutrition durant l’année 2011, un ensemble d'acteurs
humanitaires menaient des programmes de nutrition pour les enfants de moins de 5 ans et
les femmes enceintes dans les camps de déplacés du séisme de 2010. Le déclin des fonds
destinés aux services de base dans les camps a contraint la plupart des acteurs en nutrition
à fermer leur projet dans les camps, avec pour conséquence l'arrêt de la collecte
d'informations. Depuis, la situation nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans n'est plus
documentée. Bien que l'Etat Haïtien, via le Ministère de la Santé ait mis en œuvre des
programmes nutritionnels dans quelques camps, il reste 271 camps ouverts abritant 39 464
familles ou 146 573 personnes en janvier 2014 qui n'ont pour la plupart aucun service de
base. En ce sens, OIM Haiti s'est intéressé à une étude établissant une analyse des pratiques
de soins des mères, au statut nutritionnel des enfants de moins de 5 ans et des femmes
enceintes vivant dans les camps afin de mieux prendre en compte leurs besoins spécifiques
dans le cadre des activités de relocalisation.
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1.1.2 CONTEXTE ZONE DE L’EVALUATION
Carrefour est une commune d'Haïti, située dans le département de l'Ouest et dans
l'arrondissement de Port-au-Prince. Peuplée de 465 019 habitants (recensement par
estimation de 20092), Carrefour est situé autour de la capitale Port-au-Prince. Fin décembre
2013, il restait encore sur l’ensemble de la Commune un total de 55 camps regroupant 4737
ménages, soit 15900 personnes3. Sur ces 55 camps, 20 ont été retenus pour la zone de
l’évaluation. Ces 20 camps sont les camps où OIM a déjà amorcé le travail de relocalisation.
Localisation de la zone de Carrefour sur la carte d’Haïti
2 Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique 3 DTM Master List Déc. 2013 - OIM
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Zone de l’évaluation ACF : Carrefour et les sites de déplacés
1.1.3 CONTEXTE DE L’INTERVENTION ACF
Les 4 enjeux humanitaires majeurs identifiés aujourd’hui en Haïti sont l’insécurité
alimentaire, la persistance du problème des déplacés, le risque de catastrophe naturelle
(séisme, cyclone, inondation) et le risque épidémiologique (choléra). Présente dans le pays
depuis 1985 sans interruption, ACF s’efforce de faire face à chacun d’entre eux et d’apporter
une assistance adaptée.
Action Contre la Faim est une ONG internationale qui a pour mission de sauver des vies en
éradiquant la faim à travers la prévention, la détection, et le traitement de la malnutrition,
en particulier pendant et après des situations d’urgence de conflit et/ou catastrophe
naturelle. ACF s’attaque à la sous-nutrition sur deux fronts, le traitement et la prévention, et
s’appuie pour cela sur le Cadre Conceptuel de la Nutrition (Unicef), en abordant les causes
sous-jacentes de la malnutrition et ses effets. Ce schéma fait apparaître aux côtés de
l’alimentation et de la santé, un troisième facteur sous-jacent : les pratiques de soins
infantiles. La malnutrition résulte rarement d’une cause unique mais plutôt d’un ensemble
de facteurs reliés dans un contexte donné. Une approche holistique est donc plus pertinente
pour comprendre la malnutrition qu’une lecture causale linéaire : ainsi, une cause peut
avoir plusieurs effets et par rétroaction, un effet peut modifier les facteurs de risque. Il est
important de rechercher les causes ayant mené à la malnutrition afin de donner des
réponses et des conseils adéquats. De bonnes pratiques de soins infantiles (et/ou conduites
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de maternage) sont donc d’autant plus importantes que l’environnement est pauvre car
elles permettront l’optimisation des ressources disponibles.
1.2 Objectifs de l’évaluation
L’objectif général de l’évaluation était le suivant :
� Identifier les principales causes de malnutrition liées aux pratiques de soins
infantiles (soins des femmes, alimentation du nourrisson et du jeune enfant, soins de
santé, soins psychosociaux, hygiène, pratiques alimentaires) dans la commune de
Carrefour à Port-Au-Prince, Haïti.
Les objectifs spécifiques étaient les suivants :
� Déterminer l’impact des conditions de vie de la population déplacée sur les risques
de la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.
� Etudier l’impact des pratiques de soins, de la structure familiale, du tissu social, ainsi
que des mécanismes communautaires, sur l’état nutritionnel des enfants de moins de
5 ans et les femmes enceintes.
� Identifier les groupes les plus à risque de malnutrition et leurs besoins spécifiques.
� Rédiger un rapport qui présente les résultats de l’évaluation.
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2 MÉTHODOLOGIE
2.1 Calcul de l’échantillonnage
Pour le calcul de l’échantillonnage, la méthode des grappes a été choisie (cf. Annexe 1). Cette
méthode recommandée par l’OMS et UNICEF consiste à sélectionner 30 grappes (clusters)
de 7 unités sur la zone de l’évaluation. La zone de l’étude était composée de 20 camps où
OIM avait démarré les activités d’enregistrement et lancé les projets de relocalisation. Il a
été décidé conjointement avec OIM de ne pas intervenir dans les camps où l’ONG CARE
intervenait également pour ne pas créer de confusion ainsi que dans ceux où la population
n’était pas encore enregistrée par OIM afin de ne pas provoquer l’installation de nouvelles
personnes dans ces camps, pouvant penser en une intervention humanitaire imminente en
voyant nos équipes.
Les grappes ont été choisies au hasard grâce au logiciel SMART qui a donné les résultats
présentés en annexe 2. Les 30 grappes de 7 ménages ont été sélectionnées sur 13 camps
différents parmi les 20 en cours de processus de relocalisation par OIM sur la Commune de
Carrefour.
2.2 Population étudiée
Au total, l’évaluation a couvert 20 camps représentant 2100 ménages pour un total de 6986
personnes (3584 personnes de sexe féminin et 3402 de sexe masculin). Le détail est en
Annexe 3. Ces camps étaient tout à fait hétérogènes en terme de population, étant composé
d’une population allant de 4 ménages jusqu’à 777 ménages pour les plus peuplés.
L’évaluation étant orientée sur les pratiques de soins, notamment sur les conduites
d’allaitement et de soins des femmes, il a été opté d’administrer les questionnaires aux
femmes dans les ménages sélectionnés pour ne pas avoir de disparité dans les réponses
obtenues. Après discussion avec OIM, nous avons considéré l’ensemble de la population
étudiée dans les différents camps comme homogène en termes de caractéristiques. Aussi,
nous n’allons pas dans cette étude présenter de résultats par camp mais nous resterons sur
des informations générales concernant l’ensemble de la population étudiée.
Pour récolter des informations sur les hommes également, nous avons fait des groupes de
discussions avec des hommes. Il a été décidé de mener des groupes de discussion dans les
mêmes camps sélectionnés pour le questionnaire, à raison de 4 groupes de discussion sur 4
thématiques différentes par jour d’intervention.
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2.3 Sélection des ménages
Les ménages sélectionnés pour l’évaluation par questionnaire l’ont été selon la méthode
aléatoire suivante :
� Se rendre au centre du camp
� Faire tourner un crayon sur le sol
� Marcher dans la direction que le crayon indique jusqu’à arriver à une extrémité du
camp
� Refaire tourner le stylo sur le sol
� Marcher dans la direction que le stylo indique et compter le nombre d’abris jusqu’à
parvenir à une nouvelle extrémité du camp.
� Ecrire sur différents petits bouts de papier que l’on plie autant de chiffres que d’abris
comptés (s’il y a 20 habitations entre le point de départ et d’arrivée, on fait 20
« petits papiers »).
� On tire un papier au hasard et on découvre le chiffre
� On repart exactement d’où l’on vient et on s’arrête à l’habitation correspondante au
chiffre indiqué sur le papier (exemple si l’on a tiré le chiffre 7, on s’arrête à la 7ème
habitation).
� On administre le questionnaire à la femme du foyer où l’on s’est arrêté.
� On prend ensuite la première habitation sur la droite en sortant de celle précédente
et on administre le deuxième questionnaire, puis le 3ème de la même façon, jusqu’à
7. La grappe est finie. Si dans une habitation, il n’y avait pas de femme présente lors
de l’enquête, nous avons retenu l’habitation suivante sur la droite.
� Pour les camps de la Gras (Grace Village) et Gaston Margron, on a découpé le camp
en 3 sections en début d’enquête et on a considéré chaque partie comme une zone
différente pour l’enquête (trois grappes par section) car ce sont des grands camps de
par leur population.
2.4 Présentation des différents outils
Questionnaires (cf. annexe 4)
Un questionnaire a été administré à 210 ménages via la femme du foyer présente au
moment de l’enquête. Ce questionnaire, d’une durée approximative de 30 à 45 minutes,
visait à récolter des informations sociodémographiques sur le foyer, la situation
nutritionnelle, les pratiques d’allaitement et alimentaires, les soins en direction des femmes,
l’environnement psychosocial et l’hygiène de la maison. Ces questionnaires ont été
administrés par l’équipe recrutée pour l’évaluation, tous des anciens collaborateurs de ACF
en Haïti habitués à mener des travaux d’enquête. Durant l’administration du questionnaire,
le périmètre brachial des enfants de 6 mois à 5 ans présent dans le foyer sondé a été mesuré
afin d’évaluer la malnutrition infantile sur la zone de l’enquête.
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Groupes de discussion (cf. annexe 5)
45 groupes de discussions ont été organisés auprès des communautés de la zone
d’intervention par les équipes d’enquête sur 4 thématiques différentes avec la répartition
suivante :
• 11 groupes de discussion « Soins aux femmes » spécifiquement dédiés aux femmes ;
• 11 groupes de discussion « Pratiques d’allaitement » pour des groupes de femmes
également ;
• 12 groupes de discussion « Soins psychosociaux » pour des groupes d’hommes.
• 11 groupes de discussion « Soins de santé » pour des groupes d’hommes (1 a été
effectué avec des femmes).
Ces 45 groupes de discussion ont été organisés avec 9 participants en moyenne durant 45
minutes environ pour un total de 388 participants. Les groupes de discussions portant sur
les soins aux femmes et les pratiques d’allaitement ont été spécifiquement organisés avec
des femmes. Pour les soins psychosociaux et les pratiques de santé nous avons opté pour
des groupes composés d’hommes car le questionnaire était adressé aux femmes. Il était
également souhaitable de récolter le point de vue des hommes sur ces thématiques puisque
leur rôle est également important.
Entretiens individuels (cf. annexe 6).
27 entretiens individuels d’une durée moyenne de trente minutes ont été menés auprès de
personnes ressources afin de mieux comprendre les difficultés des gens au quotidien et
d’avoir des pistes d’amélioration d’un accompagnement dans le cadre des projets de
relocalisation. Ces entretiens individuels ont été faits auprès des personnes suivantes
Directeur école ND de Fatima, près Sous l'Antenne Membre du comité de CAJIT
Président Comité camp APEC Pasteur zone CAJIT
Président Comité Camp Sous l'Antenne Notable zone ODEDM
Conseiller Bureau CASEC, Jericho Vice-président du Comité ODEDM
Femme du Pasteur zone de Jericho Notable de la zone d’ODEDM
Pasteur zone Jérusalem Coordinateur adjoint comité Gaston
Directeur école zone de Jérusalem Commerçante de la zone de Gaston Margron
Notable zone Anba Mapou Secrétaire du comité Tema 1
Chef du comité Anba Mapou Commerçant de la zone de Tema 1
Délégué du camp Pak Alfred Notable de la zone de Larame
Pasteur zone Pak Alfred Président du camp
Membre du comité de vigilance de Cocoye Président du comité
Conseiller du comité de Cocoye Matrone de la zone Grace Village
Equipe de l’Association haïtienne Mofta
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2.5 Equipe et déroulement de l’évaluation
Ressources humaines
Une équipe de 9 personnes a été identifiée pour le travail d’enquête, 8 enquêteurs et une
personne en charge de la traduction et de la saisie des données. Toutes ces personnes
étaient des anciens collaborateurs et collaboratrices d’ACF et avaient une expérience solide
en évaluation, en nutrition et/ou pratiques de soins, ainsi qu’en animation de groupe. Cette
équipe nous a fortement facilité la tâche dans la réalisation de cette étude grâce à leur
expérience. L’enquête a été supervisée par un expatrié spécialement recruté pour la durée
de l’enquête.
Formation
Une journée de formation a été donnée à l’équipe sur la méthodologie de l’enquête en
« grappe » et le choix de ces grappes, la population cible, l’administration du questionnaire
avec des exercices de stimulation, la prise du périmètre brachial (MUAC) et la tenue du
groupe de discussion. De plus, une demi-journée de formation a été adressée à la personne
en charge de la saisie des données sur la saisie des informations recueillies par les équipes
terrain. Enfin, une première journée pilote a été organisée sur un camp afin de vérifier la
bonne appropriation des outils d’enquête. Un briefing/débriefing quotidien a été organisé
avec l’équipe d’évaluation.
Déroulement de l’évaluation
L’évaluation s’est déroulée pendant un mois du 19 Mars au 18 Avril.
• Du 19 au 29 mars : préparation.
L’expert expatrié a reçu un briefing au siège d’ACF à Paris avant de se rendre à Port
au Prince, l’équipe nationale a été identifiée, les outils ont été construits, une
rencontre de cadrage a été faite avec OIM et une visite terrain des deux camps de
Gastron Margron et de Grace Village a été menée conjointement avec OIM et ACF. De
plus, une journée de formation a été organisée pour l’équipe à la fin de la semaine.
• Du 31 Mars au 11 Avril, les enquêtes terrain ont été réalisées par l’équipe, à raison de
21 questionnaires en moyenne (3 grappes) et 4 groupes de discussion par journée.
• Du 12 au 18 Avril, les résultats ont été analysés et le rapport a été produit.
2.6 Contraintes et limites de l’évaluation
La contrainte principale a été une contrainte de temps. L’évaluation a été dimensionnée
pour mener les récoltes d’information sur le terrain durant deux semaines seulement,
sachant que les camps étaient dispersés sur la zone de Carrefour et pas toujours facilement
accessible. Pour accéder à certaines zones, il a parfois fallu marcher une partie par faute
d’accès pour rencontrer les communautés. La détermination des grappes par le logiciel
SMART nous a demandé d’accéder à 13 camps pour interroger un total de 210 ménages, ce
qui est relativement élevé pour 10 jours ouvrés de travail de terrain. Ces grappes ont été
identifiées à partir des chiffres de la DTM de décembre 2012, ayant eu la dernière version
d’Avril 2014 une fois la taille des grappes déjà calculée et l’enquête commencée sur le
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terrain. Entre le moment où nous avons commencé l’évaluation et la fin, la population a
fortement variée sur le camp de Grace Village avec de nombreuses habitations qui ont
disparues en quelques jours suite à relocalisation de nombreuses familles.
Certains camps ne sont plus vraiment des camps mais plutôt des bidonvilles et il a été
parfois difficile dans certaines zones reculées d’identifier les personnes déplacées après le
12 janvier 2010 d’autres installées précédemment, principalement le camp d’hébergement
Sous l’Antenne et APEC.
Une autre contrainte a été la récolte d’informations sur le contexte. Actuellement, il n’y a
quasiment plus aucun acteur intervenant sur ces camps et donc il a été difficile de récolter
des informations autres que celles provenant des communautés.
Il a été difficile également de récolter des informations objectives sur certains thèmes tels
que la violence. Les populations haïtiennes ne parlent pas de cette thématique facilement de
peur des réactions des autres membres de la communauté, voire de représailles.
De même, il est commun d’avoir des informations qui ne correspondent pas aux pratiques
réelles sur des thématiques que les populations connaissent mais ne pratiquent pas dans les
faits. Par exemple, l’ensemble de la population connaît les messages sur la nécessité de boire
de l’eau traitée et affirment en consommer, mais nous avons pu voir beaucoup d’entre eux
utiliser l’eau de la rivière comme eau de consommation quotidienne. En individuel, lors de
l’administration du questionnaire, il est commun que les personnes nous citent la « bonne
réponse », cela ne correspondant malheureusement pas toujours à une pratique.
Une autre difficulté dans la récolte d’informations objectives a été le fait qu’ACF est connu
pour ses programmes d’assistance dans le pays, et la venue de nos équipes a pu susciter des
attentes. Même si le message donné aux communautés sur notre présence était uniquement
basé sur l’évaluation en lien avec les programmes de relocalisation menés par OIM, la
perception par les communautés a pu être différente et les informations données dans
l’espoir de recevoir une aide à court terme. Nous avons tenté de réduire ce biais en
minimisant la présence de l’expatrié « blanc » sur le terrain à raison d’une journée par
semaine d’enquête.
Au vu de ces contraintes et limites, cette étude ne saurait être exhaustive et scientifique
mais tente de mettre en exergue les grandes tendances qui se dégagent.
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3 RESULTATS ET ANALYSE
3.1 Situation actuelle et perception du programme de relocalisation par les
bénéficiaires
Dans les camps où nous sommes intervenus, contrairement à ce que nous craignons, peu de
pressions ont été exercées auprès de l’équipe d’enquête ACF par les communautés pour une
assistance humanitaire immédiate. En comparaison à 2010-2011 où les populations
revendiquaient une assistance humanitaire, les gens semblent à l’heure actuelle avoir
abandonné tout espoir et s’être résigné à cette vie d’inconfort et de manque.
Sur l’ensemble des camps, les personnes ressources interrogées pointent les mauvaises
conditions d’habitat, la promiscuité, le manque de ressources liées au manque d’emplois
disponibles et les difficultés d’accès aux services de base en conséquence. Dans certains
camps, les enfants ne se rendent pas à l’école par manque de ressources et/ou d’école
gratuite sur la zone et font face à l’oisiveté. Toutes ces informations sont rapidement
vérifiables en se rendant sur les différentes zones de l’évaluation.
Camp de Grace Village, brûlage des déchets au centre du camp
Pour tous les camps, l’accès à l’eau est une difficulté majeure ainsi que l’hygiène et
l’assainissement. Les latrines ne sont plus fonctionnelles faute de maintenance et les
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déchets sont entassés dans divers points des camps. Cette difficulté d’accès à l’eau et
d’assainissement entraîne des mauvaises conditions d’hygiène.
Il est également pointé des difficultés d’accès à la nourriture par manque de ressources et
des problématiques de malnutrition principalement auprès des enfants. Les équipes
d’enquête ont identifiés de nombreux enfants en situation de malnutrition modérée, voire
sévère pour 9 d’entre eux. Face à ces situations, les équipes ont informé les familles de la
nécessité de se rendre au plus vite dans un centre de santé du MSPP ou autre de la zone,
puisque ACF à l’heure actuelle n’a pas de programme de prise en charge de la malnutrition
sur la zone et n’a pas les moyens disponibles pour intervenir directement. Ces centres
étaient généralement connus par les populations et certains enfants y étaient déjà pris en
charge.
L’accès à la santé est également une problématique, soit par manque de structures dans la
zone pour les camps reculés, soit par manque de ressources financières pour accéder aux
centres de santé privés et/ou payer les médicaments dans les services publics. Toutefois en
cas d’urgence, les communautés s’organisent et s’entraident pour que l’enfant ou l’adulte
malade puisse accéder à une prise en charge médicale via une collecte de fonds au sein de la
communauté et une organisation du transport (moto, voiture, ou brancard avec des moyens
de fortune). Les communautés ont une bonne connaissance du choléra et des moyens de
transmission, mais la prévention des autres maladies semble avoir été mise en retrait.
La promiscuité est perçue par de nombreuses personnes interrogées comme un facteur de
risque de violence conjugale, mais aussi de violence au sein même de la communauté, les
phénomènes de violence ayant été mentionnés par la majorité des personnes interviewées.
Ces phénomènes de violence sont davantage pointés dans le camp de Gastron Margron où le
lien communautaire est fortement mis à mal. Il semble que dans ce camp, les populations
proviennent de différentes zones et une partie d’entre elles ne soient pas des déplacés du 12
janvier 2010, mais sont venus s’installer par la suite. La promiscuité est considérée comme
un facteur de risque principalement pour les femmes. Des cas de viol, de « femmes livrées
aux pratiques sexuelles » ont été mentionnés aux équipes à de nombreuses reprises.
L’association haïtienne Mofta travaille en collaboration avec OIM sur ces problématiques de
violence faite aux femmes. Sur le camp de Gras Village, certaines personnes sont venues
durant la nuit voler les panneaux solaires et batterie qui permettaient l’éclairage du camp.
De même, les parois et dalles des latrines, même si elle n’était plus en état d’utilisation ont
également été volées durant une nuit. Par peur, les personnes n’osent pas sortir de leur abri
la nuit pour éviter ces vols.
Le programme de relocalisation en cours avec OIM via une subvention aux loyers est perçu
de façon très positive par les bénéficiaires. Ces derniers attendent le processus avec
impatience, selon l’ensemble des différents entretiens individuels menés auprès de
personnes influentes des différentes zones visées. Ces derniers pointent la nécessité de
mener le processus rapidement au vu des conditions de logement qui se dégradent avec la
saison des pluies. De plus, certains pointent des pressions subies et des menaces d’éviction
Evaluation des pratiques de soins nutritionnelles des populations vulnérables de déplacés internes
Haïti - Commune de Carrefour
Mars-Avril 2014
18
des camps où ils se trouvent actuellement. Cette problématique avait fait l’objet d’un
rapport « Nulle part où aller » par l’organisation Amnesty International en 20134.
Il a été mentionné par plusieurs personnes la difficulté de trouver un logement avec un
loyer abordable, certains propriétaires augmenteraient les loyers au vu de l’augmentation
des demandes de logement. Face à cette difficulté d’accès à des logements abordables, une
partie souhaiterait qu’on leur reverse la subvention au loyer directement afin de procéder à
une construction de leur logement. D’après une personne interrogée, même si la plupart des
personnes souhaitent reprendre une vie active et autonome hors camp, certaines personnes
éprouvent davantage de difficulté de sortir de la situation et espère encore rester dans les
camps avec une reprise de l’aide humanitaire.
Cette période de transition est également perçue comme très anxiogène par la plupart des
personnes interrogées. La grande majorité des personnes interrogées vivent dans les camps
depuis le 12 janvier 2014 et cette phase de transition amène une angoisse, angoisse de ne
pas pouvoir faire face aux dépenses courantes immédiates et d’assumer un loyer une fois la
période d’un an terminée. La majorité des personnes demandent un suivi plus personnalisé
et plus poussé que simplement une subvention aux loyers avec une priorité aux personnes
les plus vulnérables dans cette phase de transition. La quasi-totalité souhaiterait une aide à
la création d’Activités Génératrices de Revenu pour les accompagner dans ce processus
d’autonomisation afin de faire face aux dépenses une fois relogées.
3.2 Données sociodémographiques
Origine des personnes et souhaits de retour La grande majorité des personnes interrogées (91,40 %) sont originaires de la Commune de
Carrefour et souhaitent à plus de 82% retourner dans leur commune d’origine. Ils sont
présents à 86 % dans ces camps de Carrefour depuis le séisme du 12 Janvier 2010. 3%
étaient sur la zone avant, et le camp est venu autour de leurs habitations, principalement
sur les camps Sous l’Antenne et APEC. Enfin, 10% des ménages interrogés sont venus
s’installer après le 12 Janvier 2010, bien souvent victimes d’évictions d’autres camps de
déplacés.
4http://www.amnesty.fr/sites/default/files/Nulle_part_o%C3%B9_aller_Expulsions_forc%C3%A9es_dans_les_camps_d_Ha%C3%AFti.pdf
Evaluation des pratiques de soins nutritionnelles des populations vulnérables de déplacés internes
Haïti - Commune de Carrefour
Mars-Avril 2014
19
3%
87%
10%
durée de présence des personnes interrogéees sur
le camp
Plus de 4 ans Depuis le séisme Arrivée plus tard
Conditions de vie La grande majorité des personnes
interrogée vit actuellement dans des abris
de fortune, c'est-à-dire des abris
composés de tôle, de bâche plastique de
bois et autres matériaux de récupération
(Cf. photo ci-après). Les autres vivent sous
tente. Les seuls foyers vivant sous abri
permanent, c’est en dire en parpaing et
ciment sont ceux qui sont sédentarisés
bien avant le 12 Janvier 2010.
2% 1%
76%
21%
Type d'abri
abri permanent abri temporaire
abri de fortune tente
Au vu de ces conditions, la majorité des
foyers interrogées trouvent leurs
conditions de vie non satisfaisantes à 50%
d’entre eux, voire très mauvaises à 40%,
quand seulement 8% les trouvent
moyennes et 2% les trouvent
satisfaisantes.
Photo d’un abri de fortune, Grâce Village
Les raisons les plus importantes invoquées sont les mauvaises conditions d’habitat actuelles
et le manque d’hygiène ainsi que l’insécurité qui règne autour des camps.
Répartition démographique La totalité de la population concernée par l’enquête via la femme du foyer interrogée était
de 957 personnes : 528 personnes de sexe féminin et 422 de sexe masculin. La plus grande
catégorie de personnes représentée est la catégorie 18-59 ans, ce qui est relativement
logique vu l’amplitude. La tranche des moins de 5 ans représente un chiffre important de
Evaluation des pratiques de soins nutritionnelles des populations vulnérables de déplacés internes
Haïti - Commune de Carrefour
Mars-Avril 2014
20
22%, soit plus d’une personne sur 5. La moyenne de personnes par foyer est de 4,56
personnes.
56%44%
pourcentage de personnes par sexe
féminin masculin
22%
28%
49%
1%
pourcentage de personnes par
catégorie d'âge
Moins de 5 ans De 5 à 17 ans
De 18 à 59 ans Plus de 59 ans
Source de revenus Au niveau des revenus, l’homme est celui qui est le plus souvent source de revenus du foyer
dans plus d’un tiers des ménages, mais dans presque un quart des cas, c’est la femme qui est
en charge. Dans le même ratio, les deux personnes du couple exercent une activité
génératrice de revenus. Quasi 15% de la population n’a aucune source de revenus et survit
grâce à des dons de la famille et/ou des personnes du quartier. Aucun lien n’a pas être fait
entre le niveau d’éducation et l’accès à l’emploi. Certaines personnes ayant quitté l’école dès
la primaire voire n’y être jamais allé ont une activité de revenu quand d’autres avec un
niveau scolaire secondaire n’y ont pas accès.
23,81
36,19
25,24
14,76
activité professionnelle de la
femme uniquement
activité professionnelle de
l'homme uniquement
activité professionnelle des
deux personnes
aucune activité professionnelle
source de revenus du foyer (en pourcentage)
Pour les femmes, l’activité professionnelle la plus répandue est d’avoir un petit commerce.
Pour les hommes, la plupart des actifs travaille dans l’artisanat, le plus souvent lié à la
construction (charpentier, maçon, électricien). Alors que dans la société haïtienne, l’homme
est généralement en charge de faire face aux dépenses par un apport de revenus, plus d’une
famille sur 5 dépend de l’apport de revenus fait par la femme. Cet état de fait entraîne de
nombreuses frustrations et de sentiment d’inutilité sociale chez nombre d’hommes
rencontrés durant l’évaluation.
Statut des ménages La plupart des couples ne sont pas mariés, ce qui permet d’avancer que les populations
présentes dans ces camps font partie des classes sociales les plus défavorisées. Le mariage
en Haïti est réservé aux foyers avec un certain niveau de richesse, afin de faire face aux
dépenses du mariage. Les gens sont alors « placés », mais ne sont pas mariés5.
Education
17%
59%
23%
1%
0% 20% 40% 60% 80%
non scolarisés
niveau primaire
niveau secondaire
niveau universitaire
Niveau d'éducation
Au niveau de l’éducation, la répartition des études faites par les personnes des foyers
interrogés de plus de 5 ans (nous avons considéré que l’école commençait vraiment à 5 ans,
vu que peu de familles envoient leurs enfants à l’école avant) peut être vue sur le graphique
ci-dessus. La majorité des personnes a suivi ou suit actuellement l’école primaire quand
quasi un quart a été ou va à l’école secondaire. 17 % d’entre eux ne sont jamais allés à l’école
et une poignée est actuellement en cursus universitaire. Là encore, ces chiffres montrent la
vulnérabilité de ces personnes, la grande majorité d’entre elles n’ayant pas accès à une
scolarisation au-delà du cycle primaire.
5 http://www.ihsi.ht/pdf/ecvh/pnud_livre_enquete_volume_II.pdf, page 205
Evaluation des pratiques de soins nutritionnelles des populations vulnérables de déplacés internes
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Accès à la santé Concernant l’accès aux soins de santé, les
réponses ont toutes été homogènes au
sein d’une famille, c'est-à-dire que si une
personne a accès aux soins, l’ensemble de
la famille y a accès. Une seule disparité a
été relevée au sein d’un ménage où
l’enfant en bas âge avait accès aux soins
alors que le restant de la famille n’y avait
pas accès. Globalement, la plupart des
foyers ont accès aux soins de santé, mais
cet accès reste difficile dans la majorité
des cas. De nombreuses personnes nous
ont dit se rendre au centre MSF de
Carrefour, voire celui de Leogane à une
trentaine de kilomètres pour de
nombreuses femmes car les soins y sont
gratuits et de qualité.
6%
35%
59%
pourcentage de personnes ayant accès
aux soins de santé
pas d'accès accès aux soins accès difficile
Il est à noter toutefois qu’en cas d’urgence, toute la communauté se mobilise tout de même
pour ramener la personne à l’hôpital pas les moyens du bord, soit un véhicule si disponible,
ou un brancard improvisé pour les cas urgents. Dans ce cas-là, l’entraide tant au niveau du
transport que du paiement des soins est de mise au sein de la communauté.
Aucun lien n’a pu être fait entre l’activité économique du ménage et l’accès aux soins. Aussi
bien des ménages où les deux personnes exercent une activité économique nous ont dit
avoir des problèmes d’accès au soin que des personnes vivant de dons et d’entraide.
3.3 Situation nutritionnelle
A la question 11 « avez-vous eu au cours de l’année dernière des situations de
malnutrition … », 96 femmes sur 210 nous ont rapporté une situation similaire, soit un taux
élevé de 46 % de ménages. Il s’agit d’une information rapportée par les mères interrogées et
non pas d’un diagnostic fiable de malnutrition avérée, mais ces données nous alertent sur
une problématique majeure. Sur ces 96 cas rapporté, 62 étaient dus à l’enfant qui a été
malade et la difficulté de le faire soigner, soit presque 2 cas sur 3. Dans la plupart des cas,
soit 86 sur 96 (90%), il s’agissait d’enfant de 5 ans et moins. La répartition entre filles et
garçons est similaire, avec 49% de filles et 51% de garçons parmi les 96 cas signalés.
9 foyers ont évoqué la difficulté d’accéder à suffisamment de nourriture par manque de
ressources, 17 ne savent pas vraiment comment expliquer la situation de leur enfant, soit
quasi une femme sur 5. Les autres explications sont visibles sur le graphique ci-après.
Evaluation des pratiques de soins nutritionnelles des populations vulnérables de déplacés internes
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Toute la famille prend en général le même nombre de repas par jour pour 89 % des
ménages. Les 11% restants font une différence pour l’enfant en bas âge, ce qui induit qu’une
majorité des familles n’adapte pas l’alimentation aux besoins de l’enfant. Quasiment deux
tiers des ménages, 64% pour être précis, affirment ne prendre qu’un seul repas par jour, ce
qui est faible en apport alimentaire pour des jeunes enfants. Durant l’enquête, nous avons mesuré le périmètre brachial des enfants de 6 mois à 5 ans
présent au domicile. Nous avons pu mesurer le périmètre de 191 enfants au total. Sur ces
191 enfants :
• 9 avaient un MUAC inférieur à 115 mm, ce qui correspond à une malnutrition aigüe
sévère. Cela nous donne une proportion d’enfants malnutris aigüe sévère de 4,70%
pour la population de l’évaluation. Les enfants concernés étaient âgés de 7 mois pour
le plus jeune à 23 mois pour le plus âgé.
• 15 avaient un MUAC compris entre 115 et 125 mm correspondant à une malnutrition
aigüe modérée. La proportion d’enfants malnutris aigüe modéré parmi la population
étudiée est ainsi de 7,85%. Les enfants concernés étaient âgés de 6 mois à 5 ans pour
le plus âgé.
• Les autres 167 enfants présentaient un MUAC de couleur verte, soit une proportion
de 87,45% d’enfants avec un bon statut nutritionnel normal.
La proportion de malnutrition aigüe globale au sein de la population étudiée est de 12,50%.
Nous avons orienté les familles avec enfants en situation de malnutrition vers les services
MSPP et autres services disponibles. Néanmoins, beaucoup des enfants repérés en situation
de malnutrition étaient déjà pris en charge dans un service de la zone. Le seul point
commun entre les différentes situations est la naissance de ces enfants dans les conditions
de vie évoquées précédemment.
Evaluation des pratiques de soins nutritionnelles des populations vulnérables de déplacés internes
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En aucun cas ces chiffres ne peuvent être représentatifs de la situation globale dans le pays..
Dans le cadre de l’enquête, nous avons mesuré le MUAC des enfants présents au domicile.
Certains enfants de moins de 5 ans étaient scolarisés en maternelle ou « Kindergarten » et
n’étaient en conséquence pas au domicile lors des visites de l’équipe d’enquête. Les mesures
ont donc concernées les familles les plus vulnérables, n’ayant pas les ressources pour
scolariser leur enfant dès leur plus jeune âge.
3.4 Pratiques d’allaitement et alimentaires
Sont considérées par l’OMS comme pratiques d’allaitement et de sevrage appropriées:
- Allaitement moins d’une heure après l’accouchement
- Colostrum donné
- Allaitement exclusif pendant 6 mois
- Allaitement à la demande
- Allaitement la nuit
- Introduction de la bouillie à 6 mois
- Prolongation de l’allaitement jusqu’à l’âge de 2 ans
- Sevrage progressif de l’enfant
Seulement 3% des femmes interrogées dans le cadre de l’évaluation ont des pratiques
d’allaitement et de sevrage appropriées.
Sur 213 enfants de moins de 5 ans, 211 ont été allaités, dont la grande partie (206) dans les
premières heures. 194 ont été allaités exclusivement mais pour quasi la moitié d’entre eux
(102), la durée a été inférieure à 6 mois. Enfin, sur l’ensemble des mamans interrogées,
seulement 5 ont sevré leur enfant de façon progressive. Le graphique ci-après représente
les résultats en pourcentage.
100%
99%
97%
48%
3%
total enfants
enfants allaités
allaités dès les premières heures
enfants allaités exclusivement durant 6
mois
sevrage progressif
Pratiques d'allaitement
La raison principale invoquée pour ne pas avoir allaité exclusivement leur enfant est le
manque de ressources de la famille et l’alimentation insuffisante. Les mères haïtiennes
interrogées sont convaincus que leur alimentation n’est pas suffisante et que le lait maternel
ne suffit pas à l’enfant. Même dans les familles ne manquant pas d’alimentation, il est
courant de penser que le lait maternel n’est pas suffisant pour l’enfant. Les femmes ont
Evaluation des pratiques de soins nutritionnelles des populations vulnérables de déplacés internes
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évoqué avec nous que l’enfant réclame très tôt une autre nourriture que le lait maternel.
Toutes ont mis en lien l’allaitement maternel avec la nécessité pour la mère d’accéder à une
nourriture variée et riche, et d’avoir des ressources pour le faire. L’allaitement est en fait
arrêté à la moindre fatigue de l’enfant ou de la mère. Si la mère ne mange pas assez, elle
risque de maigrir et en plus de ne pas assurer assez de nourriture pour l’enfant. Elle risque
parfois d’avoir les « seins qui pendent », favorisé par la perte de poids.
Quand l’allaitement est pratiqué, le lait maternel est donné au besoin de l’enfant, jour
comme nuit dans la majorité des cas. Si les mamans ne sont pas disponibles, l’enfant doit
attendre pour certaines d’entre elles.
L’allaitement exclusif concerne prioritairement les jeunes mères qui parfois continuent
après 6 mois et éprouvent des difficultés à sevrer l’enfant et le faire passer à une nourriture
solide progressivement. Elles nous ont verbalisé leur manque de connaissances durant les
groupes de discussion et sont globalement très demandeuses de conseils en soins
nutritionnels, de même que les mères plus âgées.
Les compléments à l’allaitement maternel sont principalement la bouillie de farine maïs et
manioc citée par la quasi-totalité des mamans. Ensuite vient les pots « gerber », petits pots
de légumes ou de fruits, du lait en poudre, du yaourt, de la banane et de l’eau bouillie. Le lait
de coco est le seul aliment perçu comme très mauvais par les mamans, ainsi que les plats
salés et épicés.
Pour certaines mamans, rien n’est déconseillé. On peut donner de tout aux enfants et ce dès
quelques semaines.
3.5 Soins en direction des femmes
Le niveau de connaissance des femmes sur les soins en direction des femmes sont très
hétérogènes. Pour certaines, les grossesses peuvent s’étendre jusqu’à 45 ans sans aucun
problème. La maturité psychologique pour la plupart commence à 18 ans. Cependant, dans
les faits, beaucoup de mères ont des grossesses avant 18 ans. Les grossesses avant 18 ans
représentent plus d’un quart des naissances auprès des personnes enquêtées, dont
certaines dès 13 ans pour deux d’entre elles. Ces grossesses précoces sont pointées comme
une difficulté par les femmes car avant 18 ans les filles ne sont pas matures psychiquement
et encore moins financièrement. Ces grossesses précoces sont parfois liées à des viols,
d’autres fois à un manque d’information et d’accès à des contraceptifs. Les viols ont été
mentionnés à plusieurs reprises, le risque étant multiplié dans les camps.
Lors des entretiens individuels avec les personnes ressources de la communauté, il a été
mentionné à plusieurs reprises que les problèmes d’hygiène concernaient davantage les
femmes que les hommes.
oui
58%
non
42%
femmes ayant changé leurs
habitudes alimentaires
pendant la grossesse
oui
54%
non
46%
Femmes ayant réduit le portage
de charges pendant la grossesse
Une majorité de femmes changent d’habitudes alimentaires et réduisent le portage de
charge durant la grossesse, mais encore une grande partie ne procède à aucun changement.
Elles le font par obligation car leur corps ne leur permet pas la même résistance mais non
pas par connaissance des changements nécessaires. Les femmes revendiquent le droit à une
éducation et à exercer une activité professionnelle dans un souci d’autonomie et d’équilibre
dans le ménage. Nombreuses femmes déplorent les difficultés d’accès à l’emploi et à
l’éducation et l’inactivité qui en découle. Les tâches quotidiennes du foyer restent réservées
à la femme en Haïti, ajouté au fait que dans la plupart des foyers, la femme ayant une activité
professionnelle doit continuer cette activité tout au long de sa grossesse. Nombreuses
femmes ont mentionné également le fait qu’elles devaient économiser de l’argent durant
leur grossesse afin de payer l’accouchement et les soins médicaux à la naissance de l’enfant
et après. De ce fait, elles ne pouvaient se permettre financièrement d’acheter des
compléments alimentaires afin de varier leur alimentation.
Une grande proportion des femmes bénéficient d’un suivi pendant la grossesse. 87% d’entre
elles ont bénéficié d’un suivi médical pendant la grossesse majoritairement dans un hôpital
ou dans un centre de santé. Nombre de femmes se rendent à l’hôpital MSF de Leogane pour
bénéficier de la gratuité des soins.
Evaluation des pratiques de soins nutritionnelles des populations vulnérables de déplacés internes
Haïti - Commune de Carrefour
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Malgré le fait que les femmes mentionnent majoritairement l’importance d’une prise en
charge médicale au moment de l’accouchement pour éviter les complications,
l’accouchement se passe essentiellement à domicile avec l’aide d’une matrone.
Les croyances au surnaturel sont très fortes et la santé est fortement liée aux dieux. Le
médecin traditionnel et prêtre vaudou, le hougan, est très utilisé également. Les femmes
font appel à lui pour la détection et la guérison des maladies « surnaturelles ». Quasiment
toutes les maladies dans la culture haïtienne peuvent avoir une explication surnaturelle6.
Après grossesse, 65% des femmes bénéficient d’un suivi médical pour la mère et l’enfant
alors que 35% d’entre elles ne bénéficient d’aucun suivi. Quand ce suivi se fait, il est
essentiellement fait là aussi à l’hôpital prioritairement ou dans un Centre de Santé
3.6 Environnement psychosocial
Actuellement, il y a un manque certain d’accès aux services de base.
L’accès à l’éducation est très disparate : dans certains camps, la plupart des enfants y va,
dans d’autres la plupart n’y ont pas accès par manque d’école gratuite sur la zone.
Sur les 957 personnes de la totalité des foyers interrogés, 234 auraient des difficultés à faire
face au quotidien. Plus de la moitié l’expliquent par des problèmes de santé, un quart par les
conditions de vie et le manque de ressources, les autres pour des raisons diverses
(insécurité, difficulté à s’occuper des enfants, oisiveté…).
L’environnement dégradé a un impact sur le bien-être des populations. Sentiment
d’exclusion, baisse de l’estime de soi, sentiment d’inutilité sont courants au sein des
populations déplacées. A cela s’ajoute le sentiment d’anxiété lié à l’avenir. Les personnes
nous ont quasi toutes verbalisé cette crainte de l’avenir une fois relocalisés et de ne pas
pouvoir faire face aux charges du ménage. Toutes sont fortement demandeuses d’un soutien
en Activités Génératrices de Revenus.
La moitié des personnes interrogées nous ont dit ne pas avoir d’activité en dehors de celles
de la maison ou professionnelle. La raison principale évoquée est le manque de ressources
financières. Certaines mamans ont évoqué le fait que d’avoir beaucoup d’enfants ne leur
facilitait pas la tâche et qu’un accès à la contraception pour contrôler les naissances serait
bénéfique face à ce manque de moyens. L’activité principale pratiquée en dehors du
domicile est la religion. La religion est très importante et Dieu est le soutien pour une
grande partie de la population. De nombreuses croyances surnaturelles sont également
évoquées par les populations, comme par exemple le fait que l’eau autour de Grace Village
qui serait empoisonné.
Lors des groupes de discussions, beaucoup ont mentionné l’importance du jeu pour les
enfants mais déploré l’absence d’espaces dédiés. Les mères ont pointé également le fait de
ne pas avoir assez de temps libre à consacrer à leurs enfants. Contradictoirement, lors des
6 http://intellection.over-blog.com/article-la-representation-magico-relgieuse-de-la-maladie-en-haiiti-82018122.html
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questionnaires, la quasi-totalité a dit jouer régulièrement avec ses enfants. Il est probable
que les mères souhaitent montrer leur bon côté en individuel en donnant la réponse
attendue, mais dans les faits, les enfants sont souvent livrés à eux-mêmes. Nous avons vu de
nombreux enfants seuls jouer autour des habitations ou sous la garde bien souvent d’une
grande sœur. Certaines mamans ont évoqué également que si l’enfant n’était pas
respectueux, on ne jouait pas avec lui. Le mode de correction en cas de désobéissance
largement pratiqué est le coup, soit de baguette, soit avec une chaussure ou tout objet à
proximité. Plus de 83 % des mères reconnaissent punir leur enfant de cette façon quand il
n’est pas obéissant.
54%
35%
11%
Relations voisinage
bonnes moyennes mauvaises
Au niveau des relations de voisinage, la
plupart estiment leurs relations avec leurs
voisins bonnes, plus d’un tiers les
estiment moyennes et une petite partie les
trouve mauvaises.
Un tiers des personnes interrogées évoquent des conflits intrafamiliaux, principalement des
conflits, voire de la violence conjugale bien souvent lié à la jalousie.
54
7
63
3 211
67
Lieu de soutien en cas de difficultés
En cas de difficultés, la majorité des personnes nous a signifié n’avoir aucun lieu de soutien.
Une grande partie bénéficie du soutien au sein de la famille élargie tandis qu’une autre dit
pouvoir compter sur celui de la communauté. Quasi aucune famille n’a mentionné pouvoir
compter sur les différentes autorités locales (comité) ou nationales (police). Une poignée a
mentionné l’importance des CASEC durant les groupes de discussion. Le soutien
Evaluation des pratiques de soins nutritionnelles des populations vulnérables de déplacés internes
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communautaire, s’il n’est pas existant au quotidien, se met en place en cas de besoin urgent,
principalement lors d’urgence médicale. La communauté s’organise pour transporter par
différents moyens le malade à la structure médicale la plus proche.
La violence est très présente sur les quartiers de l’évaluation. Ainsi, plus de 85% de la
population évoque des cas de violences diverses : violences verbales, vols, agressions, jets
de pierre, viols, assassinats, conflits à main armée, menaces d’éviction par l’intimidation. La
plupart des personnes interrogées ont reconnu vivre dans la peur et ne pas sortir de leur
habitation durant la nuit. Il est difficile de dénoncer la violence au sein des communautés et
d’appeler la police par peur des représailles. Nous avons croisé des personnes de
l’association Mofta qui collabore actuellement avec OIM sur les problématiques de violence
et qui a confirmé le nombre important de victimes sur la zone d’intervention.
La population est en demande de formation, de sensibilisation sur la
violence. L’environnement actuel favorise cette violence : promiscuité, pas d’électricité, pas
de travail.
La population est consciente que certaines personnes sont plus vulnérables et que la
priorité doit leur être donnée dans les programmes de relocalisation.
3.7 Hygiène de la maison
oui
46%non
54%
Proportion des ménages
ayant de l'eau propre et
couverte au moment de la
visite
42%
58%
Proportion des ménages ayant du
savon lors de notre visite
oui non
Au niveau des pratiques d’hygiène de la maison, même si lors des focus groupe, les
messages importants sont connus, la mise en pratique semble plus difficile. Alors que
l’hygiène est citée comme moyen de prévention principale des maladies, la majorité n’a pas
de bonnes pratiques en matière d’hygiène. Plus de la moitié ne disposent pas d’eau propre
et couverte, et moins de la moitié a du savon disponible au domicile. Moins de 10% des
ménages avaient un domicile considéré comme propre par les équipes, c'est-à-dire libre de
déchets à l’intérieur, absence de salissure, et ustensiles de cuisine rangés. 45 % des foyers
étaient dans un état sale, c'est-à-dire avec des déchets à l’intérieur et aucun rangement
propre pour les ustensiles de ménages, et 46% étaient dans un état moyen, c'est-à-dire sans
déchets visibles à l’intérieur de l’habitat mais avec de la nourriture et des ustensiles de
cuisine non rangés. Plus de deux tiers des populations n’ont pas de latrines disponibles ni au
sein du ménage ni à l’extérieur, la défécation se faisant majoritairement dans des sacs
plastiques ou des vases, qui sont ensuite jetés à l’extérieur dans des fosses quand il y en a ou
Evaluation des pratiques de soins nutritionnelles des populations vulnérables de déplacés internes
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Mars-Avril 2014
30
à l’air libre, directement dans la mer pour les camps situés à proximité. La même chose est
faite pour les déjections infantiles.
Un peu plus de la moitié avait leur nourriture couverte lors de notre venue. Si l’on prend
l’ensemble des ménages ayant à disposition de l’eau propre et couverte, du savon à
domicile, un habitat propre ou moyennement propre, des latrines disponibles et la
nourriture couverte, on a seulement 6 ménages au total respectant des règles d’hygiène
strictes, soit moins de 3 % de la population étudiée. Il semble que les messages de prévention choléra soient bien passés et sont même devenus
prioritaires aux autres maladies. Les personnes ne nous ont quasiment pas cité d’autres
maladies. Le choléra les effraie car toute la population a côtoyé l’épidémie, mais la
prévention des autres maladies semble avoir été mise de côté. Par exemple, seulement un
quart des ménages visités utilisent des moustiquaires. Il est important de rappeler qu’au vu de la précarité des conditions de vie des personnes, le
manque de service et de ressources disponibles, il est évident que la mise en place de règle
d’hygiène représente un véritable challenge pour les communautés.
3.8 Pratiques de santé générales
Là aussi, le soutien communautaire se fait en cas de besoin urgent et critique.
La vaccination n’est pas mentionnée comme pratique de prévention importante.
L’auto médicamentation est très fréquente. Les pratiques varient en fonction des services de
santé gratuits disponibles sur la zone. Lorsqu’il y a un centre de santé gratuit, les gens s’y
rendent beaucoup plus facilement. Sinon, les personnes s’y rendent uniquement en cas
d’urgence. Lorsqu’il s’agit d’un enfant, la prise de décision à faire appel aux services de santé
a tendance à être plus rapide. Cependant, certains pères et mères nous ont dit ne pas savoir
exactement quels sont les signes de maladie chez l’enfant.
De façon générale, le vaudouisme est très important, tant en prévention que pour la
guérison. Les communautés ne font appel au professionnel de santé que pour les maladies
connues et relativement graves ou pour les grossesses pour une grande partie des femmes.
Pour les autres troubles, ils relèvent le plus souvent du surnaturel et on fait appel au hougan
qui utilise des recettes locales de tisane, d’huile et de bain de plantes. Il est également
commun d’associer médecine traditionnelle et moderne.
La croyance en Dieu est également très importante et de nombreuses personnes nous ont
dit s’en remettre à Dieu aussi bien pour la prévention que pour la guérison, « le seul à
pouvoir prévenir et guérir la maladie ».
La malnutrition rentre dans le cadre des maladies pour nombre de personnes et peut être
liée au surnaturel également. Les mères ne comprennent pas pourquoi leur enfant perd du
poids et pensent que cela est lié aux esprits maléfiques dans bon nombre de cas.
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Au sein des communautés, les messages sur la prévention du choléra et les moyens de
transmission sont globalement connus et la maladie fait peur. Cependant, aucune autre
maladie n’a été évoquée par les gens rencontrés.
3.9 Synthèse de l’analyse
• Il est indéniable que les conditions de vie actuelle dans les camps de Carrefour sont
très mauvaises, avec des abris en mauvaises conditions et un manque de services
disponibles, plus de 4 ans après le tremblement de terre qui a secoué Haïti. La saison
des pluies qui a démarré à la période de l’étude vient encore dégrader ces conditions.
A cela s’ajoute la promiscuité, vecteur d’insécurité, ainsi que l’absence quasi-totale de
services de base, tels que l’eau, l’hygiène et l’assainissement, les soins de santé,
l’éducation pour certains camps. Le manque de ressources des personnes logeant
dans ces camps posent également des problèmes d’accès à une alimentation
suffisante. Des situations de malnutrition persistent auprès de la population sans que
les mamans puissent identifier comment soutenir leur enfant. Le taux de
malnutrition aigüe globale au sein de la population étudiée est de 12,50 %.
• La population déplacée restant dans les camps plus de 4 ans après le séisme est une
population vulnérable avec des mécanismes de résilience mis à mal par ces quatre
années passées avec des conditions qui se sont dégradées au fur et à mesure de
l’arrêt de l’assistance humanitaire.
• Le manque d’activités génératrices de revenus suffisants amplifie ces difficultés
d’accès aux soins de santé, à l’éducation et à une alimentation suffisante.
• Les pratiques d’allaitement et de sevrage ne sont appropriées que dans seulement
3% des cas. Même si une partie de ces pratiques inappropriées s’explique par la
situation actuelle, les femmes présentent un déficit de connaissances sur ces
pratiques.
• Au niveau psychosocial, les personnes éprouvent des difficultés à trouver du soutien
pour faire face aux difficultés de la vie quotidienne. Une grande partie du soutien est
trouvé dans la communauté. La religion est un soutien également.
• Les parents ne connaissent que peu l’importance du jeu pour stimuler l’enfant et
favoriser son développement. Le coup est la réponse systématique à la
désobéissance.
• La violence est omniprésente et la plupart en ont été victimes ou témoins à de
nombreuses reprises. Cette violence est fortement présente dans le tissu haïtien mais
renforcée davantage dans les zones précaires que sont les camps.
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• Les bonnes pratiques d’hygiène ne sont absolument pas appliquées. Là encore, il est
difficile d’affirmer que cela est seulement dû aux mauvaises conditions actuelles.
• Le vaudouisme est très présent et les communautés ont souvent du mal à rationaliser
ce qu’elles ne comprennent pas et s’en remettent au surnaturel.
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4 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
Dans les conditions de vie actuelles, le programme de relocalisation mené par OIM est
accueilli avec grand intérêt pour la quasi-totalité des personnes afin de sortir de cette
situation d’inconfort et d’insécurité. Cependant, cette relocalisation via une subvention pour
payer le loyer montre certaines limites qu’il serait judicieux de prendre en compte. Les
changements à venir sont de nature très anxiogène pour les familles en phase de
relocalisation. Il conviendrait de prendre en compte ces facteurs d’anxiété et les difficultés
auxquelles les familles font face au quotidien afin de proposer un accompagnement adapté.
De nombreuses difficultés sont directement liées aux problèmes structurels que traversent
Haïti mais il est possible d’agir sur certains aspects afin de favoriser un processus de
réinsertion pérenne.
� Mise en place d’AGR afin de soutenir les communautés économiquement dans
cette phase de transition. L’aide au loyer va soutenir les familles sur un temps
déterminé et il est important d’aider les familles à pouvoir maintenir leur place
dans un logement à la fin du processus. De plus, la mise en place d’AGR facilitera
l’accès aux soins de santé, à l’éducation pour les membres de ces familles.
� Accompagner ces familles dans leur relocalisation via des travailleurs
psychosociaux afin de réduire l’anxiété liée aux changements. Actuellement les
familles trouvent du soutien pour bon nombre d’entre elles au sein de leur
communauté. Or ces communautés risquent d’être dispersées à l’issu du
processus de relocalisation. Ces accompagnants psychosociaux pourraient servir
d’appui et de soutien aux familles par des visites à domicile, le temps que ces
familles se créent un réseau social et se sentent véritablement chez elles.
� S’assurer que chaque enfant souffrant de malnutrition dispose d’un suivi
nutritionnel et soit pris en charge correctement.
� Faciliter l’élaboration d’un réseau d’accès aux services pour les familles par ces
mêmes équipes de travailleurs psychosociaux : inscription à l’école, identification
des structures de santé disponibles près de leur nouveau logement, identification
des centres de vaccination. Les mécanismes de résilience des familles ont été mis
à mal durant ces longues 4 dernières années et il est important de les
accompagner dans la reprise d’une vie plus active.
� Créer des espaces psychosociaux de soutien à la parentalité sous forme d’équipe
mobile pour des raisons logistiques, regroupant les parents et enfants d’un même
quartier en petits groupes. Ces espaces parents enfants pourraient servir
d’espace de jeux avec les enfants dans un objectif de renforcer le lien de
parentalité principalement des mères mais également des pères pour leur
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redonner une utilité sociale. Ces espaces permettraient également aux parents de
créer du lien social entre eux afin de renforcer leur intégration.
� Mise en place d’ateliers d’accompagnement et d’échanges autour de la nutrition
et des pratiques d’allaitement pour les mères sous une forme d’équipe mobile
également.
� Mise en place d’ateliers d’accompagnement et d’échanges sur les soins aux
femmes spécifiquement pour les mères et jeunes filles également en âge de
procréer. Etablir des partenariats avec des structures exerçant dans le cadre du
planning familial.
� Formation des matrones. Pour celles déjà formées par le MSPP auquel elles sont
rattachées, voir avec le MSPP les gaps en termes de formation. Pour celles qui n’y
sont pas rattachées, voir quels sont les gaps en termes de pratique et de
compétence pour organiser des formations ponctuelles en collaboration avec le
MSPP.
� Distribution de kits hygiène au moment de l’installation dans le logement et
sensibilisation sur les messages-clés.
� Renforcement de la prévention violence via les associations nationales haïtiennes
intervenant sur la problématique, dans le cadre de la concertation nationale
contre les violences faites aux femmes.
� Identifier les femmes seules avec ou sans enfant pour leur apporter une aide plus
rapprochée et individualisée en fonction des besoins réels.
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5 ANNEXES
5.1 Annexe 1- échantillonnage : table applicable pour méthodes aléatoire simple,
grappe et stratifié
Population : 2100 ménages (6986 personnes)
Méthode : en grappe, 30 grappes de 7 questionnaires
1 questionnaire = 45 minutes
3 équipes de 2 durant 10 jours pour les questionnaires
1 équipe de 2 pour les focus groupe et entretiens individuels
Journée 7h30 à 16h30 avec pause 1h et 1h30 de trajet en moyenne
Journée de 08 heures de travail
hypothèse basse = 1équipe fait 6 questionnaires par jour
hypothèse haute : 1 équipe fait 8 questionnaires par jour max
hypothèse basse 180
hypothèse haute 240
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5.2 Annexe 2 - sélection des grappes par le logiciel SMART
Unité géographique
Taille
population
Numéro de
Grappe
CGB-Comite des Gens de Bien 21
Centre d'hébergement Impasse Eden 16
Next Haiti 32
Bel Air 5 40
Camp CAJIT (Comité d'Appui des Jeunes de
l'Impasse Thomas) 60 1
Centre d'Hébergement Impasse Marseille 72
Teren Diquini 67
APEC 97 2
Centre d'Hébergement sous l'Antenne 133 3
Eglise Corps de Christ 107
Camp JERUSALEM 143 4
Camp JERICHO 210 5
Teren Pak Alfred 194 6
TEMA 1 178 7
Camp Anba Mapou 199 8
Camp Larame 236 9
Centre d'hébergement Cocoye 272 10
ODEDM 355 11,12
Camp de la Gras (Grace Village) 2212 13,14,15,RC,RC,16,17,18,19,20,21
Village Gaston Margron 2342 22,23,24,25,26,27,28,RC,29,30,RC
camp non retenu par le logiciel SMART
RC : remplacement si une grappe n’a pas pu être validé
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5.3 Annexe 3 – population de la zone d’étude
Nom du camp Nombre de
ménages
Nombre
d'individus Féminin Masculin
CGB - Comite des Gens de Bien 4 21 10 11
Centre d'hébergement Impasse Eden
4 16 9 7
Next Haiti 13 32 17 15
Bel Air 5 15 40 18 22
Camp CAJIT (Comité d'Appui des
Jeunes de l'Impasse Thomas) 18 60 31 29
Centre d'hébergement Impasse
Marseille 21 72 40 32
Teren Diquini 23 67 34 33
APEC 26 97 50 47
Centre d'Hébergement sous
l'Antenne 26 133 70 63
Eglise Corps de Christ 31 107 55 52
Camp JERUSALEM 38 143 74 69
Camp JERICHO 59 210 109 101
Teren Pak Alfred 66 194 101 93
TEMA 1 71 178 92 86
Camp Anba Mapou 73 199 103 96
Camp Larame 75 236 122 114
Centre d'hébergement Cocoye 78 272 141 131
ODEDM 90 355 185 170
Camp de la Gras (Grace Village) 592 2212 1128 1084
Village Gaston Margron 777 2342 1195 1147
TOTAL 2100 6986 3584 3402
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5.4 Annexe 4 - questionnaire utilisé pour l’enquête
Localisation précise (nom du camp) : ……………………………………………………* Nom de l’enquêteur :………………………………………………………………………… Date et heure de l’interview: …………………………………………………………… Données sociodémographiques sur la composition du foyer 1. Lieu d’origine de la famille : ……………………………………………………………..
2. Souhaitez-vous être relogés dans votre lieu d’origine (oui/non)?
3. Source de revenus de la famille: Femme: …………………………… Homme : …………………………
4. Conditions de vie actuelle (type d’abri) (entourez la bonne réponse): tente – abri de fortune – abri temporaire – abri permanent
5. Depuis combien de temps êtes-vous dans ce camp ? …………………………
6. Vos conditions de vie sont-elles (entourez la bonne réponse) : très mauvaises - non satisfaisantes - moyennes – satisfaisantes – très bonnes
7. Si réponse précédente est « très mauvaise, non satisfaisantes ou moyenne, quelle est la raison principale ? …………………..…………………………………………………………………………………………………
8. Combien de personnes composent le foyer : ……………
9. Statut du ou des chefs de ménage (entourez la bonne réponse) : non marié – marié – divorcé – veuf/veuve
10. Composition détaillée du foyer (complétez le tableau ci-dessous)
Sexe (F ou H)
Age Lien de parenté (place
dans la famille) Niveau d’éducation
Accès aux soins de santé (oui, difficile, non)
Situation nutritionnelle 11. Avez-vous eu au cours de l’année passée des situations de malnutrition telles que des enfants qui perdent du
poids, qui ne grandissent pas, qui ne mangent pas (entourez la bonne réponse)? oui – non
12. Si oui, qui (âge et sexe) et quelle situation ?.................................................................................................
13. Tous les membres de la famille prennent ils le même nombre de repas par jour (entourez la bonne réponse)? oui – non
14. Si oui, combien ?...................
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15. Si non, détaillez les différences:.........…………………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………
16. Prenez le MUAC des enfants de moins de 5 ans (précisez la couleur du MUAC – vert, jaune, orange ou rouge)
Age Sexe Couleur du MUAC Enfant n°1 Enfant n°2 Enfant n°3 Enfant n°4
Pratiques d’allaitement et alimentaire 17. Total des enfants de moins de 5 ans dans la famille:……………
18. Type d’alimentation donnée depuis la naissance aux enfants de moins de 5 ans (complétez le tableau).
Age Allaitement (oui/non)
Allaitement dès les premières heures
suivant la naissance (oui/non)
Allaitement exclusif
(oui/non) les premiers mois
Combien de temps
d’allaitement exclusif?
Si allaitement non exclusif, quels compléments alimentaires?
Sevrage de l’allaitement brusque ou progressif ?
Enfant le plus jeune
Enfant n°2
Enfant n°3
Enfant n°4
19. Si l’enfant n’a pas été allaité, pourquoi ?...........................................................................................................
20. Si l’enfant n’a pas été allaité, quelle substitut a-t’il reçut ? ………………………………………………………………………………………………………………………
21. Si l’enfant n’a pas reçu d’allaitement exclusif les premiers mois, pourquoi ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Soins en direction des femmes 22. Age de la première grossesse : …… ans
23. Date de la dernière naissance au sein de la famille: ...../…../…..
24. Avez-vous changé vos habitudes alimentaires pendant la dernière grossesse (oui/non)? :
25. Avez-vous réduit votre charge de travail pendant la dernière grossesse (oui/non) ?
26. Avez-vous eu un suivi durant la maternité (oui/non) ?
27. Si oui, où?....................................................................................
28. Où avez-vous accouché?...............................................................
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29. Avez-vous eu un suivi après votre grossesse (oui/non)?
30. Si oui, qui? ……………………………………………………………………………………..
Environnement psychosocial 31. Avez-vous des activités en dehors du travail et des tâches de la maison (oui/non)? :
32. Si oui, lesquelles? ………………………………………………………………………………………………………………………
33. Si non, pourquoi? ………………………………………………………………………………………………………………………
34. Diriez-vous que les relations avec vos voisins sont (entourez la bonne réponse) : mauvaise – moyenne – bonne
35. Avez-vous des conflits au sein de votre famille (oui/non) : ……………….
36. Si oui, de quel type ?..............................................
37. Combien de personnes éprouvent des difficultés particulières pour faire face au quotidien dans la famille ? ………..
38. Si au moins une personne, quels types de difficulté ? ………………………………………………………………………………………………………………………
39. En cas de difficulté, où trouvez-vous du soutien ? ………………………………………………………………………………………
40. Y a-t-il des violences dans le quartier (oui/non) ?
41. Si oui, de quel type ? ………………………………………………………………………………………………………………………
42. Qui prend soin des enfants en général ? ……………………………………………………………………………………………..
43. Jouez-vous avec vos enfants (oui/non)? …………….
44. Si les enfants n’écoutent pas, quel est votre réponse (entourez la réponse) ? Aucune réponse – brimade - punition - coup ?
45. Sur une échelle de 1 à 4, diriez-vous que vous et votre famille êtes (entourez la bonne réponse):
1. Très heureux
2. Heureux
3. Malheureux
4. Très malheureux
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Hygiène de la maison (remplir par l’observation) Demandez à vous laver les mains pour répondre aux questions suivantes 46. Y a-t-il de l’eau propre et couverte disponible (oui/non)?
47. 47. Y a t-il du savon à proximité (oui/non)?
48. Dans quel état d’hygiène est l’habitat ? (entourez la bonne réponse) Sale – moyen – propre
49. Y a-t-il des latrines disponibles à proximité (oui/non)? 50. Si la famille a un ou plusieurs enfants en bas âge, comment traite-t-il les déjections ?…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………. 51. Y a-t-il des moustiquaires dans l’habitat (oui/non) ? 52. Les aliments sont-ils couverts (oui/non)? Merci beaucoup pour votre temps accordé!!
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5.5 Annexe 5 – trame des groupes de discussion
Nom des facilitateurs : Composition du groupe : Nombre de personnes : Trame groupe « Allaitement et pratiques d’alimentation du jeune enfant » (à aborder avec un groupe composé de femmes) 1) Présentation des facilitateurs, d’ACF et des objectifs de l’évaluation.
2) Demandez à l’assemblée ce qu’ils pensent être bons pour alimenter les bébés et nourrissons et
l’âge correspondant 3) A l’inverse, demandez à l’assemblée ce qu’ils pensent ne pas être bon pour alimenter les
bébés et les nourrissons 4) A quel moment de la journée les participants pensent-ils qu’il est nécessaire de donner le sein
à l’enfant ?
5) Quels aliments peut-on introduire progressivement dans l’alimentation des enfants et à partir
de quel âge ?
6) Qu’est ce qui d’après l’assemblée rend les bébés forts et en bonne santé ?
7) Qu’est ce qui pourrait aider les gens à mieux alimenter leurs enfants ?
8) Remerciements au groupe et clôture du groupe
Trame groupe « soins en direction des femmes » (à aborder avec un groupe composé de femmes)
1) Présentation des facilitateurs, d’ACF et des objectifs de l’évaluation.
2) Questionnez les participantes sur les changements nécessaires dans la vie quotidienne pour la
femme qui est enceinte.
3) De quel âge à quel âge est-ce le mieux pour une femme d’être enceinte et pourquoi ?
4) Pensez-vous qu’il est important d’utiliser des services de suivi durant la grossesse ? Lesquels et
pourquoi ? Lister les réponses et le pourquoi.
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5) Pensez-vous qu’il est important d’utiliser des services pendant l’accouchement ? Lesquels et
pourquoi ? Lister les réponses et le pourquoi.
6) Pensez-vous que les garçons /hommes doivent avoir accès à l’éducation ? Expliquez.
7) Et les filles/femmes ? Expliquez.
8) Dans une famille, qui est en charge de ramener de l’argent pour faire vivre le ménage ?
9) Remerciements au groupe et clôture du groupe
Trame de groupe « soins psychosociaux »
1) Présentation des facilitateurs, d’ACF et des objectifs de l’évaluation.
2) Est-ce que les participants se sentent bien où ils vivent actuellement et pourquoi ?
3) Quels sont les plus gros problèmes rencontrés dans la vie quotidienne?
4) Quand une personne ne se sent pas bien dans la communauté, est ce qu’elle peut compter sur
quelqu’un pour l’aider ? Qui et de quelle façon ?
5) Y a-t-il de la violence dans le quartier ? Quels types de violence ?
6) Comment pourrait-on réduire ces violences ?
7) Les adultes jouent-ils avec les enfants dans la vie de tous les jours ? Si oui, quels adultes, quels jeux et
à quel rythme ?
8) Les enfants vont-ils à l’école en général quand ils sont en âge d’être scolarisés? Si non, pourquoi ?
9) Remerciements au groupe et clôture du groupe
Trame de groupe « Pratiques de santé »
1) Présentation des facilitateurs, d’ACF et des objectifs de l’évaluation.
2) Comment faites-vous pour que vous et les membres de votre famille évitent de tomber malade?
3) Comment peut-on savoir qu’une personne de la famille est malade ?
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4) Est-ce que les enfants montrent les mêmes signes quand ils sont malades? Si non, quels sont les
signes que l’enfant est en train de tomber malade ?
5) Quand une personne est malade, que faites-vous en général ?
6) Demandez si la même action est entreprise s’il s’agit d’un enfant.
7) En général, à partir de quel signe vous rendez vous au centre de santé ?
8) Remerciements au groupe et clôture du groupe
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5.6 Annexe 6 – trame d’entretien individuel avec les personnes ressources de la
communauté
Nom de la personne interviewé et rôle :
Nom de l’intervieweur :
1) Présentation de l’intervieweur, d’ACF et des objectifs de l’évaluation.
2) Quelles sont les difficultés principales des gens dans la vie quotidienne
3) Plus spécifiquement, quelles sont les difficultés dans le quotidien auxquelles les femmes font face ?
4) Quelles sont les difficultés principales pour les enfants ?
5) Et pour les hommes ?
6) Qu’est-ce que vous pensez des projets de relocalisation ?
7) D’après vous, comment peut-on faciliter cette phase de transition pour que cela se passe le mieux
possible ?
8) Remerciements