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DOSSIER Librairies indépendantes : un vent mauvais ? p. 8 à 11 GRATUIT Nº16 / NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

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Un magazine à l'ouest

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DOSSIER

Librairies indépendantes :

un vent mauvais ?p. 8 à 11

gratuit

nº16 / NOVEMBRE / DÉCEMBRE 2010

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Expressions – 254, avenue Carnot – La Rochelle – Tél. 05 46 43 19 20 – www.performances-pub.fremail : [email protected] / Site : www.magazine-expressions.com

Directeur de la publication : Pierrick Zelenay / Responsable de la rédaction : Nicolas Giacometti / Ont collaboré à ce numéro : Gilles Diment, Jack Flenoir, Catherine Fourmental-Lam, João Garcia, Philippe Guerry, Dany Huc, Pierre Labardant, Élian Monteiro, Philippe Thieyre / Carte blanche à Véronique Lamare / Couverture Martin Masmontet / Date de parution : Novembre 2010 ISSN : 1960-1050 Photographe : Marie Monteiro / Maquette et mise en page : Antichambre Communication / Impression : IRO - ZI rue Pasteur - Périgny / Service commercial : Performances 05 46 43 19 20 / Expressions est une publication gratuite et bimestrielle de Performances Sports / Tirage : 20 000 exemplaires

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Bref…

L’opinion de Catherine Fourmental-Lam

Interview de José Varela

DossierLes librairies indépendantes

PoitiersLa Fanzinothèque

NiortCentre national des arts de la rue

PréhistoireMusée des Tumulus de Bougon

Agenda

Cinéma Le Dragon mange du pop-corn

DanseTransmission accomplie

Littérature Emmanuel Pierrat

Société Du bio dans la culture

Internet

Carte blanche àVéronique Lamare

Design De l'autonomie du créateur

Livres / Disques / Dvds

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BilletNICoLAS gIAComettI

Jus de presseRéforme des retraites, réforme de

l’heure d’hiver, et Grenelle™ comme future marque, blablabla… Ce soir, rien de beau sous les yeux. Ah, si, lu la « nouvelle » édition de Sur la route de Kerouac : il y a vingt ans, le choc reçu ; cette fois-ci, en attente, mais pas advenu. Tailler la route, pour-tant, toujours un sacré programme. Aujourd’hui, pour réussir un bon dé-marrage en cost : la « carte musique jeune ». Les majors du disque sont contentes, demain elles chialeront quand les 12-25 achèteront des appli sur iTunes au lieu des morceaux de musique prévus. Expo de l’artiste Nikhil Chopra, rappel d’heures dan-dys, rien compris mais ému, senti, pressenti l’intelligence.

Le Bondy Blog a 5 ans, Le Monde le fête… il fête aussi sa recapitalisation. Le Canard dit que ça va être la fête des journalistes enquêteurs. Rabat-joie, rabajoise, rabatpasjoisse… Une geekerie de masse au cinéma sur le facebookmetheworld : ami, consom-mateur, client, usager, abonné, cœur de cible, connectés transparents du monde, vous êtes unis / habitant, camarade, citoyen, homme, peuple, lotta continua… Ma voisine a 102 ans. « Il paraît » qu’« on » vivra tous aussi vieux qu’elle. Ceux qui l’ont, l’envie, en auront-ils la force ? Volonté et puissance : il va en falloir aux concur-rents sur la ligne de départ, plus en-core à l’arrivée. Jamais une question de justice, décidément.

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exPreSS exPreSS

Ferme ta boîte à camembert !

Sur la route de Chopinot…

Chaude et humide Quand l’acné pointe (sur) son nez

Un prix des mouettes sans mouettes ?

Le Maki se prépare à hiberner

Dans la peau de Bonneau

La compagnie de théâtre OPUS (« La crèche à moteur »,

« Colliers de nouilles »…) tourne actuellement en Charente avec sa nouvelle production « Les dangers du fromage : conférence pataphysique et apéritive », une pseudo-conférence informative

au titre évocateur. Trop peut-être puisque la Charente Libre nous apprend que le conseil municipal de Xambes a très sérieusement décidé, à l’unanimité, d’interdire la représentation prévue sur sa commune, à la demande d’un producteur de lait. • P.G.

I l faut plonger la tête la première dans cet opus d’Annie Suquet*

à l’écriture serrée et magnifique, qui entre dans le vif comme ça, dans un mouvement perpétuel, Chopinot embarquant tout, ample et jubilatoire ; comment se déroule tout au long du livre cet itinéraire de la chorégraphe, mettant en perspective la société, les racines, les mutations, comment sont donnés à voir le cheminement,

On vante les vertus des ailerons de requin. Mais que dire du bienfait des

rugissements de l’homme-tigre ? Car, à l’instant où le Legendary a clamé God is everywhere. Under a woman’s skirt and inside a man’s pants, l’assemblée blottie dans la moiteur de la Java des Paluches (LR) a gémi. Le chanteur lusitanien a la voix baladeuse. De celles qui font dresser poils et reliefs. En ce 5 octobre, faute de pouvoir traîner les chanteuses de son album « Femina » sur scène, Paulo Furtado a caressé les nuques

du public de son timbre suave et malmené les reins de ses tempos endiablés. Une petite mort au son du kazoo. • P.L.

Le Camji a dix ans. L’âge des

premiers boutons disgracieux et des célébrations. Car, après avoir

vécu une enfance financièrement difficile, la jeune salle de musiques actuelles de Niort connaît désormais le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure. À travers sa programmation du dernier trimestre, ce lieu de centre-ville, voulu et soutenu par sa mère-municipalité, va revenir sur son passé musical tumultueux à l’occasion de dix concerts et d’événements anniversaires dont un remarquable concert hors les murs – mais derrière les murs – à la maison d’arrêt de Niort. • P.L.

R ituellement, chaque automne depuis 14 ans, revient l’appel à

candidature du prix des Mouettes. Avec une innovation de taille cette année : il n’est plus demandé aux peintres et aux sculpteurs d’y faire référence à l’identité de la Charente-Maritime. La citation identitaire

n’avait de toute façon pas grand sens au regard de l’éclectisme des œuvres sélectionnées, elle devenait juste de plus en plus pesante… Faut-il lui préférer le vague d’une absence totale de ligne ? Chacun fait ce qu’il lui plaît. Sauf qu’au final, il faudra toujours compter sur le bon goût

d’un jury composé, entre autres, de l’indéboulonnable Richard Texier… et d’élus. • C.F.-L.

Prix des Mouettes, section peinture-sculpture. Exposition à partir du 2 décembre 2010, Maison de la Charente-Maritime.

C ’était annoncé : le Maki, lieu alternatif d’Angoulême, a été gentiment prié en

septembre dernier par son bailleur gracieux, la mairie, de quitter les entrepôts frigorifiques qu’il occupait depuis près de trois ans à proximité de la Nef. Motif : lesdits entrepôts devaient accueillir un « pôle agroalimentaire » et sa farandole d’emplois. Dont acte, c’était de l’art (pauvre) ou du cochon(-tirelire), il n’y avait donc pas à tergiverser. Sauf que les Makisards espéraient un relogement promis, qui n’a pas été trouvé. Ils ont donc sorti les casseroles et manifesté leur mécontentement. Un communiqué outré de la mairie s’est étonné de ce raffut malgré un « dialogue permanent […] avec l’association » et la mobilisation de « tous les partenaires ». Finalement, faute de candidat « agroalimentaire », les Makisards occupent encore discrètement les lieux, à deux ou trois bureaux près, en évitant de faire trop de bruit. Tapi dans le marais, le Maki s’apprête à passer l’hiver. • P.G.

Comme il avait fait son miel de ses échanges avec ouvriers,

syndicalistes et patrons pour composer Sortie d’usine, Nicolas Bonneau plonge à présent les mains dans celles d’un criminel pour écrire et conter Fait(s) divers, à la recherche de Jacques B.Jacques Bonneau (l’homonymie est à mourir) est un médecin serial-killer retrouvé nu comme un ver, occupé à déambuler en forêt de Compiègne. Derrière lui, le bon doc laissait sept cadavres de femmes. Nicolas Bonneau, lui, n’a tué personne. Il y pense, mais ne passe pas à l’acte. C’est de cela que parle sa création, du passage à l’acte.

Installé en résidence en novembre à Échillais pour écrire ce spectacle, il rencontre des journalistes versés dans le fait divers, des avocats, des auteurs de polar et fait sa visite à la maison d’arrêt. Le grand bain, propre à nourrir sa réflexion. Il mettra en scène ce conte moderne à l’issue d’une deuxième résidence, cette fois au théâtre de la Coupe d’Or à Rochefort en janvier 2011, avec en clôture deux représentations, les 27 et 28. Entre horreur et rumeur, il y

a tout de même de quoi sourire, prévient-on. Mais tout de même, ça va saigner ! • E.M.www.theatre-coupedor.com et http://alarecherchedejacquesbonneau.blogspot.com

annulation

Édition

la java 10 ans

arts plastiques

angoulême

serial-killer

BREF...

les questionnements de cette danse toujours creusant au plus profond, dans une logique tous azimuts, charpentée, intuitive et sans dogme. Tout au long des pages on est captivé par la justesse de l’analyse éclairant les forces en jeu, technique, physique et métaphysique, rappelant qu’à l’égal des autres domaines artistiques la danse n’est plus le « divertissement » auquel certains l’assignent… sauf à faire référence à Blaise Pascal ! Ce livre se lit comme un film, la fluidité de l’écriture d’Annie Suquet s’accordant à la parole de Chopinot et de nombreux autres intervenants, sans hiatus, sans surcharge, avec une extrême et lumineuse intelligence. • D.H.

Chopinot, Annie Suquet, éditions Cénomane.

*Annie Suquet, historienne de la danse, enseignante, conférencière et chercheuse au Centre national de la danse, à l’université Paris-VIII, à l’école des beaux-arts de Genève, entre autres.

© Le Maki

© Nicolas Bonneau

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exPeCtAtIve

opinion Catherine Fourmental-Lam

À l’entrée, impassible, une femme, un homme, un acteur ? dévisage la foule

qui se presse à côté d’un buffet que personne n’ose entamer. Il est emperruqué, porte une robe grand style et sur sa traîne se répand un dessin au fusain du Vieux-Port. Il descend les marches de l’escalier de pierre, esquisse quelques pas vite empêchés par un mal mystérieux, rampe jusqu’à un cintre où il finit sa mue en s’éclipsant dans une combinaison futuriste. Nikhil Chopra a investi en octobre dernier l’Espace d’art contemporain de La Rochelle et a livré sa dernière performance lors de son vernissage. Trop altière pour susciter les rires, trop intelligente pour faire naître le mépris, cette traversée énigmatique a peut-être bousculé ceux qui étaient juste venus manger quelques petits fours, mais plus sûrement elle a remis en lumière ce drôle d’objet qu’est devenu un vernissage.

Le moment privilégié, au xixe siècle, où le peintre posait la dernière patte à son tableau en le vernissant s’est en effet dilué aujourd’hui dans la représentation : l’exposition s’y découvre, l’artiste et le galeriste sont sur le pied de guerre, et le public s’y montre aussi. Dans ce cadre, la stature de Nikhil Chopra n’est pas donnée à tous. Des ventes à six chiffres grâce au coup de baguette magique d’une attachée de presse, comme dans le best-seller littéraire de la rentrée, non plus. Un vernissage n’est-il pas plutôt toujours un peu raté ? On n’a

Soyons vernis ! rien à dire à l’artiste, lui encore moins, on ne

voit pas ses œuvres, ou si peu, on se bourre de chips, on a du mal à obtenir un verre de mauvais vin, on croise plein de gens, toujours les mêmes, et pourtant on ne se souvient pas de leur nom, ce qui rend toute conversation difficile…

Mais n’y a-t-il pas encore plus raté ? Si un vernissage avec du monde ne dit rien d’une exposition, un vernissage sans personne, c’est la déprime à coup sûr. Les artistes qui organisent leurs propres accrochages en sont souvent les premières victimes, peinant à rassembler quelques amis et un voisin de palier curieux… Rituel surfait, certes, événementiel en lieu et place de l’artistique, il reste indispensable pour attirer les regards quand tant d’autres manifestations culturelles sollicitent les girouettes que nous sommes devenus. Finalement, un vernissage n’a rien du pompeux et de l’obligé d’une inauguration. Plus festif et plus ouvert, il permet de soutenir les artistes, d’y entamer quelques échanges, de prendre momentanément le pouls du jeu social… pour peu que chacun y aille. Donc allons-y, surtout sans y être invités… Peut-être qu’ensuite on prendra goût aussi au « finissage », ça se fait à la capitale, paraît-il ! •

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INtervIew josÉ varela

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I l abandonne des études d’architecture avant leur terme, ébloui par les lumières du cinéma.

« J’ai réalisé un premier film en 1967, Mamaia1 (avec Jean-Pierre Kalfon, Adriana Bogdan et les Jets), en décor naturel en Roumanie parce que j’étais amoureux d’une actrice roumaine rencontrée par hasard dans la rue. Claude Lelouch l’a produit et Serge Ganz m’a aidé à écrire un scénario qui tenait en seize pages. L’accueil des critiques a été très bon, trop d’une certaine manière. Le film a reçu un grand prix du jeune cinéma et le journaliste du Nouvel Observateur, Michel Cournot, a écrit que Varela était le nouveau grand du cinéma français. Ma tête et mes chevilles ont légèrement enflé, mais la diffusion estivale et incohérente m’a ramené à la réalité. » Son deuxième long-métrage, Money Money, en 1968, est un échec commercial malgré la présence de Jacques Charrier, Adriana Bogdan, Valérie Lagrange, du musicien Michel Portal et du couturier Paco Rabanne.

José Varela est aussi un auteur politiquement engagé. Après un bref passage aux jeunesses communistes à l’adolescence, en 1968, il se tourne vers le maoïsme aux teintes libertaires de VLR2. Cependant, il n’est pas un militant, mais quelqu’un qui exprime ses sympathies et ses espoirs, ce qui le conduit tout naturellement à travailler, comme acteur, avec Jean-Luc Godard et Daniel Cohn-Bendit sur un projet collectif. « En 1969, je me suis retrouvé à Rome pour tourner Vent d’Est, un film collectif avec Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Gorin à la réalisation sur un scénario de

Daniel Cohn-Bendit. Le matin, c’était assemblée générale pour remettre à plat tous les concepts culturels, puis pour discuter de ce qu’on allait faire. Le film est difficilement comestible aujourd’hui. Je me souviens d’une scène où l’on voit la bouche de Gian Maria Volonte engloutir une soupe en un plan fixe d’une dizaine de minutes pendant que la voix off de Jean-Luc Godard récite des passages de L’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État d’Engels. Mais, j’en ai gardé un formidable souvenir, celui d’un bouillonnement intellectuel au milieu de vrais penseurs, d’une parole libérée, surtout pour moi qui, jusque-là, étais un silencieux. »

extrA-DryexISteNCe

vive la

Avant d’être un éditorialiste cinglant dans Quartier Ouest, le journal du quartier Laleu/La Pallice de La Rochelle où il réside, José Varela, séducteur bourru, possédait déjà un casier bien fourni : cinéaste, reporter, journaliste (Actuel et autres collaborations), écrivain.

révolutionet lecinéma

Pas dans la peau d’un flicAprès l’expérience du cinéma, Varela va acquérir celle

de la télévision abordée suivant deux axes : le scénario pour des séries policières ou d’aventures qu’il dirigeait à l’occasion et la réalisation de documentaires pour des émissions d’informations. « Le Vagabond des mers, une des séries que j’ai tournées, a été programmée en 1990 sur TF1 alors que d’autres, comme Elle et Lui, une histoire policière, n’ont jamais été diffusées. Le problème, c’est que la commande est passée au moins un an à l’avance et que, vu le taux de rotation rapide des responsables

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de la fiction, de nombreux projets deviennent très vite caduques. J’ai calculé un jour que, si je mettais bout à bout le temps passé à écrire des scénarios aussitôt enterrés, au total, j’y aurais consacré quatre années de ma vie. Pour le documentaire, c’est autre chose, les décisions se font en fonction de l’actualité, dans l’instant. J’ai ainsi travaillé pour “Les mercredis de l’information”, “Carte de presse”, “Les nouveaux vendredis” etc. Il est certain qu’à la fois mon âge et mon installation à La Rochelle, loin des centres de décision de la télé concentrés à Paris, ont fait que je ne suis plus dans les tuyaux. À moins d’être une véritable vedette, ce que je n’ai été que le temps d’une année, l’éloignement en Province demeure un problème pour décrocher des contrats.

Parallèlement, j’avais commencé à écrire de plus en plus, des romans, essentiellement des polars, parce que ce genre, qui n’est plus une niche, permet de combiner récit réaliste et dramaturgie du spectacle, en général autour d’un crime énigmatique. Mon premier livre, Spécial Purée, est sorti en 1979 aux éditions Jean Goujon. Depuis, j’ai étoffé ma bibliographie chez Fleuve Noir, Marabout et Jean-Claude Lattès. Pour ce dernier éditeur, en 1985 avec Caroline Parent, j’ai concocté un roman d’aventures et d’espionnage, Phil Météor, qui, adapté en feuilleton-jeu sur Europe 1, est devenu la première course au trésor médiatique et française. Toutefois, dans ce domaine aussi, l’angoisse et l’inquiétude gagnent les éditeurs, les cadres subissent la loi du turn-over et les portes se referment plus facilement qu’auparavant.

En conséquence, avec Jean-Pierre Bastid et Michel Martens, nous avons décidé cette année de monter une maison d’édition, ici à Laleu, Tamtam. Nous ne nous sommes pas fixé une ligne éditoriale trop restrictive, avec, simplement, la volonté de publier six livres par an pour un tirage moyen de 1 500 exemplaires. Au temps des concentrations et des regroupements, Pollen, notre diffuseur, nous a imposé de nous associer avec La Chambre d’échos, édition parisienne dirigée par un ami. Pour Noir, premier livre de la série, je voulais choisir un héros récurrent qui puisse intervenir et enquêter dans tous les milieux, dans toutes les couches de la société. Comme le roman est écrit à la première personne, je ne me voyais pas dans la peau d’un flic. J’ai donc opté pour le journaliste, un métier qu’en outre je connais bien. »

Une parole libre à La RochelleAprès y avoir acheté une maison cinq ans auparavant,

José Varela s’installe à La Rochelle il y a une quinzaine d’années près du port de La Pallice dont il regrette la fermeture au public (« Partout, de plus en plus, l’accès aux lieux de travail n’est plus possible. Le

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extrAItS

travail devient invisible »). Plus moyen d’observer le déchargement des grumes et l’embarquement des poulets congelés. « J’avais des amis dans la ville, mais surtout ce qui m’a plu, ce sont les sonorités du nom, sa résonance : vivre à La Rochelle. » Il s’intègre rapidement dans le paysage public et politique, fournissant des articles au journal de la ville et à Charente-Maritime Hebdo. Mais, après quinze ans, comment voit-il la ville ? « Jamais je n’avais habité aussi longtemps dans une si petite ville. Ce qui frappe d’abord c’est que, politiquement, le copinage règne en maître. Tous les postes importants étant attribués sans vraiment tenir compte du degré de compétence de chacun. Le tout est enrobé dans un discours d’une démagogie rare imprégné d’autosatisfaction. Tous ces gens sont pourtant très sympathiques, mais, pour toute action, ils se contentent de prolonger ce qu’a impulsé Michel Crépeau avec ses vélos jaunes. D’autre part, trop de choses sont conçues autour du tourisme, abandonnant progressivement l’âme de la ville aux commerces et aux commerçants, laissant quand même les miettes aux pauvres parce que la mairie est de gauche.

En quinze ans, l’évolution est flagrante. On voit, par exemple, que le maire, suivant l’avis de Jean Cressant3, va confisquer un espace public dévolu à la culture maritime comme cette halle de l’Encan, au profit du privé dans le cadre d’un projet aberrant de studio de cinéma. Il oublie simplement qu’un studio de cinéma n’est pas un joli bâtiment éclairé par une verrière, mais un vilain cube en parpaings totalement aveugle, pouvant être morcelé, et situé en lointaine banlieue. D’autre part, dans cette ville, il n’y a pas de pratiques culturelles, seulement une présentation, de qualité et pléthorique certes, de l’activité culturelle extérieure, fabriquée ailleurs comme on peut s’en rendre compte à travers Sunny Side of the doc, les Francofolies, le Festival international du film, les Escales documentaires ou la programmation de La Coursive. Bien que les habitants en profitent avec plaisir, ces événements ne reflètent pas la capacité créative de la ville. » •

Propos recueillis par Philippe Thieyre

1. Mamaia a été projeté au Festival international du film 2004 de même que Money Money, Danser pour ne pas mourir (1984), En attendant Delphine (2002) filmé à La Pallice.

2. Vive La Révolution ou les mao-spontex comme on les appelait à l’époque.

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exIgeNCe

DoSSIer le commerce du livre

Librairies

Minuit. Un libraire brûle quelques bordereaux sacrificiels. Il murmure : « Ô grand oracle du commerce et de la culture, après les cinémas de quartier et les disquaires, serons-nous, indépendants libraires, les prochains à subir un funeste sort ? » Le souffle de l’oracle fait s’écrouler une pile de Houellebecq et scelle le destin du libraire en trois paroles sibyllines : « Ventes en ligne, c’est la guigne », « Le numérique, c’est la panique », « Grandes surfaces : la librairie trépasse. » Le libraire considère avec circonspection le tas de cendres qui noircit sa belle vitrine : « et c’est tout ? » Il balaie ses cochonneries en maugréant, pousse ses cartons et file dormir deux heures avant les premières livraisons.

… connaît pas la crise…« 38 ans que j’entends que la librairie

indépendante est en crise, s’amuse Jean-Paul Coumont, de la librairie MCL au cœur d’Angoulême. Les libraires ont craint le livre de poche, les FNAC, les soldeurs, les grandes surfaces. Maintenant ils crai-gnent Internet et le livre numérique. Notre métier, c’est certes de vendre des livres mais nous offrons surtout un accueil, des conseils, un savoir-faire et ça, ça n’a pour l’instant pas été remplacé. » Le libraire

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exAgérAtIoN ?

semble loin des augures alarmistes qui circulent dans la profession. Une fréquen-tation en baisse constante place tous les indicateurs dans le rouge : panier moyen qui rétrécit, trésorerie en berne, taux de re-tour des invendus inédit. Des termites nu-mériques grignoteraient même le papier, ce que le libraire d’Angoulême ne semble pas décidé à croire. Tout juste admet-il un léger tassement dû à la crise, qu’il relati-vise aussitôt : « Elle touche plus durement les grandes surfaces culturelles de la ville dont la clientèle est plus volatile. » Visés, Chapitre et Cultura qui, en compagnie d’autres enseignes de grande distribution, ont investi avec une grâce éléphantesque le marché de la librairie locale. Le constat est plus nuancé chez Philippe Legrand, de la librairie Calligrammes à La Rochelle. Le libraire a contribué à éviter l’implan-tation en centre-ville d’un Cultura – Fnac et consorts ne paraissent plus vouloir affronter les contraintes du centre histo-rique. Mais il dépeint une situation moins confortable que celle de son confrère devant une crise qui revient. Il a mis en suspens un lourd projet d’investissement et malgré sa position de tête, ou à cause de cela, il envisage sa succession avec scep-ticisme : murs hors de prix, fonds consé-quent, nombreux personnel qualifié… et rentabilité moyenne d’une librairie. Cela intéresserait qui ? Une enseigne plus im-portante, à l’indépendance relative, qui braderait fonds et personnel ?

L.I.R.E. pour endiguer la vague numérique

Cette hypothèse n’est même pas cer-taine : les chiffres de fréquentation sont à la baisse chez les indépendants comme dans les grandes surfaces. En 2009, selon les chiffres de la Direction du livre et de la lecture, 15,6 % des livres étaient achetés en librairie, 20,7 % dans des grandes surfaces culturelles, des proportions en net recul sur les deux premiers trimestres 2010. Parallèlement, la part de vente en ligne progresse constamment, avoisinant les 10 % de livres achetés. Le livre numérique reste en-core marginal, inférieur à 1 %, une proportion que des tablettes de lecture désormais opérationnelles risquent de faire flamber rapidement*. Davantage que les grandes surfaces, qui se révèlent

finalement peu convaincantes dans les aspects les plus fins du métier de libraire et ne sont pas parvenues à réellement bouleverser les écosystèmes locaux, la menace viendrait donc plutôt d’Internet et de sa capacité à rendre obsolète conseil et commerce de proximité. Une obsolescence qui ne serait pas sans conséquence sur l’attractivité culturelle des centres-villes et qui ne manque pas de faire réagir les collectivités.

Les bases d’une politique de soutien au livre ont été posées lors d’un forum « par-ticipatif » des acteurs de la filière en 2006. Les libraires, pourtant acteurs privés, y ont été résolument intégrés. L’état des lieux du Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes (CLL) témoigne d’une relative fragilité du secteur : « Le paysage régional se caractérise par un réseau assez fin de petites librairies, sans locomotive comme Mollat à Bordeaux, explique Emmanuelle Lavoix, chargée de mission au CLL. Cette petite taille rend ces commerces sensibles à l’évolution du foncier en centre-ville et aux marchés publics des collectivités. Mais elles jouent un rôle de médiation culturelle essentiel dans ces villes moyennes. »

La création régionale en 2007 du label L.I.R.E. (pour Librairies indépendantes régionales d’excellence) a été une mesure emblématique, parallèlement à la mise en place d’une charte permettant de postuler à diverses aides. Le dispositif, « ultra-crité-risé » – argent public oblige –, atteste du

indépendantes : un vent mauvais ?

Le lent recul des ventes enregistrées dans les librairies traditionnelles est amorcé depuis 10 ans : 20,8 % de parts de marché en 2000, 15,6 % en 2009.

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> halles » à Niort avec les éditions Gestes en 2008 de se réinventer encore… puisque l’esprit d’adaptation est bien la ressource phare de ces structures. Danièle Gay, de la librairie Les Lignes d’Horizon, constate la difficulté d’attirer des auteurs à Saujon. Oui, mais de toute façon « il est plus inté-ressant de travailler autour de la lecture et des lecteurs ». Un des deux groupes de lecture qu’elle anime entame l’étude d’un roman chinois du xviiie siècle, Le Rêve dans le pavillon rouge, prévue pour durer trois ans. Plus original encore, elle a fondé un prix couronnant chaque année une petite maison d’édition, en faisant circuler les ouvrages dans sa librairie : « En tant que libraire indépendant, il est nécessaire qu’on défende l’édition indépendante. »

Des images, mais en librairieLe travail se fait donc également en

amont avec les éditeurs, pour peu que, eux aussi de plus en plus regroupés, ils soient toujours attentifs aux petits points de vente. La vitalité des librairies Jeunesse et BD de la région résulte ainsi d’un par-tenariat étroit avec des éditeurs variés et de qualité bénéficiant des bons chiffres de ces secteurs – les livres avec images s’en sortent beaucoup mieux, culture visuelle oblige. Un positionnement de niche est donc possible, en concevant des magasins à la décoration recherchée, à l’accueil spécialisé et aux animations régulières. Là encore, il s’agit de dépasser les seules séances de dédicace : Lilosimages propose de nombreuses lectures en milieu scolaire à Angoulême, Mille Sabords a créé cette année le festival « P’Ré en bulles », l’Hy-dragon parraine le « Festival A2 bulles » de Niort.

Mais ces rendez-vous attractifs ne peu-vent masquer la fragilité de l’équilibre : à La Rochelle, certains jugent que parmi les trois librairies BD, une est peut-être de trop. En octobre, la librairie Les Mots Vagabonds de Niort a fermé amèrement en accusant les pouvoirs publics de l’avoir délaissée dans l’attribution du marché des bibliothèques. Au prix d’ajustements, ici les librairies indépendantes ont maintenu leur présence et continuent un combat au jour le jour : cela passe par un rappel aux plus jeunes de la loi Lang sur le prix unique, qui leur permet d’acheter un livre en librairie au même prix que dans le supermarché du coin. Sauf qu’il ne suffira

savoir-faire spécifique du li-braire indépendant et autorise une « aide à l’exploitation », à hauteur de 15 000 € par an. Un subventionnement non fléché qui agit comme une bouffée d’oxy-gène pour les libraires. « Certaines pratiques concurrentielles sont rudes, témoigne Patricia Hawkins de la librairie Lilosimages à Angoulême. Du jour au lendemain, des représentants “ou-blient” de nous présenter des catalogues dont les titres se retrouvent exclusivement chez les gros points de vente. Ou l’on plagie nos vitrines, ce qui renforce dans l’esprit des gens le fait qu’ici ou ailleurs, c’est la même chose. Alors cette reconnaissance, oui, c’est important pour nous. »

Nouvelles initiatives localesLe secteur a donc pu se redynamiser au-

tour de petites structures habiles à jouer leur carte dans des zones laissées vacantes par les grands groupes : dans les années 2000, Niort, Royan, Surgères n’ont plus eu temporairement de librairie de centre-ville avant qu’une nouvelle génération ne s’y installe.

Sur un marché qui se tend, ces nouveaux libraires savent qu’ils sont là pour vendre. « Le temps d’un certain amateurisme n’est plus de mise. La formation des libraires est désormais indispensable », affirme Emmanuelle Lavoix. Catherine Vautey de La Librairie des Thés de Surgères, qui s’est formée au métier à l’Institut national de formation des libraires, a maintenu le rayon papeterie de l’ancienne librairie et insiste : « Dans cette zone semi-rurale où il n’y a pas de librairie à 30 km à la ronde, je me dois d’avoir une librairie généraliste qui ne soit pas élitiste. » Mais au-delà du ser-vice de proximité, comme désormais dans toute bonne librairie indépendante, une valse de recommandations manuscrites aiguille aussi le chaland sur les rayon-nages. Et le salon de thé accueille aussi des ateliers d’écriture… Catherine Vautey a des raisons de se démener et soigner sa différence, l’ouverture d’un nouvel Espace culturel Leclerc à Surgères est prévue pour 2011. Dans la course à la plus-value culturelle, les petites librairies permettent de jouer – à côté d’un labeur sans comp-ter – sur une sensibilité de grand lecteur du maître de céans, ouvrant la voie à une

pas de balayer sur le pas de sa porte : « On crève si on reste dans son coin », assure Stéphane Émond. Pour que l’atout de leur petite taille ne se retourne pas contre eux, la LIPC (Libraires indépendants du Poitou-Charentes) tente donc de renaître depuis un an.

Pourra-t-elle fédérer les actions devant l’orage Internet qui s’annonce ? Chacun juge inévitable une présence numérique, mais les sites des libraires régionaux fleu-rent encore bon l’Internet d’antan, tablant sur une page d’accueil sympathique ou un calendrier culturel pour les plus vaillants. La vente en ligne via Amazon ou un autre portail indépendant – 1001livres.com doit se mettre en place à l’automne avec le Syndicat de la librairie française – s’avère une pratique commerciale balbutiante, alors qu’au niveau national, ce sont près de 18 % des libraires qui déclarent recourir à ce nouveau circuit de vente. Face à la va-gue numérique, la loi Lang, les bons soins de la collectivité et les compétences pro-fessionnelles seront-ils des remparts suffi-sants ? Les indépendants picto-charentais, inquiets ou confiants – en vieux loups de mer qui en ont vu d’autres – guettent la tempête à venir. Il est des conjonctions exceptionnelles. Parole d’oracle. •

Texte : Catherine Fourmental-Lam et Philippe Guerry

Illustrations : Martin Masmontet

* Le reste du volume des ventes se répartit comme suit : grandes surfaces généralistes, 23,5 % ; VPC et clubs, 12,1 % ; kiosques, gares et salons, 8,2 % ; maisons de la presse, 6,6 % ; soldeurs et occasions, 3,2 %.

En 2000, moins de 1 % des livres étaient vendus par Internet. En 2010, on dépassera les 10 %. Les ventes de livres numériques ne devraient pas excéder 1 % cette année.offre très person-

nelle, dans un lieu qui l’est aussi.

La ville de La Rochelle avait déjà ses librairies reconnues quand, en 2004, Stéphane Émond a ouvert Les Saisons, 35 m2 dans la rue Saint-Nicolas, un quartier où le montant des pas de porte n’est pas encore totalement prohibitif : « Le marché était hypersaturé, mais il y a toujours de la place dans une petite ville, quand on a déjà un réseau : je savais qu’il fallait un cadre et une offre différents. » À titre d’exemple, sa librairie épaule l’association « Les Saisonniers », qui organise des ateliers autour du philo-sophe Paul Laurent ; cette ligne exigeante fonctionne : la librairie s’agrandit actuel-lement dans un nouvel espace. Un change-ment d’échelle qui demande sans doute à celui qui a aussi ouvert « La Librairie, des

exPANSIoN ?exCeLLeNCe

En 1994, les grandes surfaces (culturelles et

généralistes confondues) vendaient 25 % des livres

en France (librairies traditionnelles : 21,5 %) ;

elles ont atteint 44,2 % en 2009. Leur

progression s'infléchit

depuis 2005.

Page 9: Expressions nº16

16 exPreSSIoNS uN mAgAzINe à L’oueSt 17

PoItIerS la fanzinothèque

Magasin du zineEn 13 lettres : cachette qui abrite le trésor patiemment constitué par une Fraternité alternative. « Île de la Tortue » ? Non : Fanzinothèque.

L a Fanzinothèque est au fond de la cour, puis au fond du couloir. Un brin intimidant pour qui n’est pas

familier du Confort moderne, la salle de concert et d’expo de Poitiers, dont elle est une composante. Deux pièces colorées où s’accumulent les bacs qui débordent d’im-primés de tout format. Au premier regard, on croit que c’est le bordel. Mais non. Le classement alphabétique des journaux semble le garant d’une maison sérieuse et prospère : 21 années d’existence et un fonds estimé à 50 000 fanzines, aug-menté de 100 à 150 nouveaux exemplaires chaque mois. Un centre de documentation ultraspécialisé qui collecte, catalogue et archive sans exclusive la fine fleur de la production underground, autoproduite et/ou micro-éditée mais dont la salle de consultation se résume à un vieux canapé fatigué. Le lieu semble hésiter entre son

attachement à ses origines alternatives – le Do it yourself des années punk est l’es-sence même du décollage du fanzinat (avec la photocopieuse) – et la visibilité institu-tionnelle, avec la ville, la région et la DRAC

qui soutiennent le travail fourni, eu égard à la richesse unique de ce fonds atypique. La quadrature d’un cercle littéraire qui reçoit des demandes toujours croissantes d’universitaires ou d’éditeurs de bande dessinée indépendants mais qui a lâché l’organisation du festival off d’Angoulême face au peu de considération du in. « Nous nous trouvons entre les créateurs et les institutions », témoigne Cécile Guillemet, la directrice, qui, dans cette déclinaison « indé », doit trouver un équilibre entre les missions de conservation, de va-lorisation et d’aide aux créateurs. Si les conditions d’archivage sont effectivement limitées dans les locaux actuels, l’activisme de la Fanzino sur les deux derniers points est indéniable : expos ré-

gulières, participation à des salons, labo de sérigraphie itinérant et projets de par-tenariat avec des structures similaires à l’étranger alimentent la flamme de l’auto-édition tous azimuts. Aucune crainte ce-pendant que cette flamme ne vacille, « les fanzines se renouvellent en permanence, analyse Cécile Guillemet, la tendance récente est au bel objet, aux publications très travaillées ». Faussement tranquille au fond du couloir, la Fanzinothèque veille avec opiniâtreté aux traces que laisseront les impressions du moment, photocopies militantes ou confidences sérigraphiées. •

Philippe Guerry

+www.fanzino.org

NIort centre national des arts de la rue

Sur les bords de Sèvre, un joli

petit CNAR

C hez Boinot, on vendait la peau de l’agneau après l’avoir tué.

Puis on a vendu la peau de Boinot. Usine fermée, le nom et le logo à l’agneau sont restés pour marquer la nouvelle fa-brique des arts de la rue. Sur 1 700 m2 de cette vaste friche industrielle en bord de Sèvre, la Ville de Niort a installé le CNAR, né à Cognac avec le festival « Coup de chauffe » auquel il est toujours lié.

La rue, lieu de contestation, de repré-sentation est moins évidemment un lieu d’élaboration et de répétition. En 2005 le ministère de la Culture a pour cela labellisé neuf centres nationaux. Niort en est. Sous son hangar graffé, le CNAR a amorcé une phase de préfiguration. Mission confiée à Adrien Guillot par la Région*.

Attention, sortie d’atelier (réticulaire)« Réticulaire » est le mot clé d’Adrien

Guillot. Parce que le CNAR fonctionne en réseau : « Il apporte une qualification artis-tique et collabore avec d’autres collectivités

demandeuses sur le territoire, du comité de village aux scènes nationales. L’économie de la culture n’autorise plus de signature individuelle. Il faut s’engager dans des logiques coopératives avec les centres sociaux, les lycées, les entreprises de spec-tacle. »

Depuis son installation, le CNAR a accueilli 44 compagnies en résidence qui ont créé et/ou finalisé puis diffusé leur spectacle, en région et à Niort où les « Sorties d’atelier » font le bien de la rue, des artistes.

La préfiguration touche à sa fin. Une équipe technique doit être constituée, un directeur sera nommé (au moment où nous mettons sous presse). Adrien Guillot est candidat. Pas le mieux placé, selon Nicolas Marjault, adjoint de la mairie à la culture : « Il serait difficile, pour celui qui détermine le projet, de le conduire par la suite. Même si sur le plan du droit, rien ne le lui interdit. » Le chargé de mission ne s’interdira donc rien : « Mon ambition n’est pas personnelle, explique Adrien Guillot, elle est collective. J’ose au contraire croire que celui qui détermine le projet sera à même de le conduire. À moins de vouloir reproduire les erreurs de ces architectes qui ont construit les grands ensembles sans jamais y vivre. »

Le CNAR, jusque-là géré en portage fi-nancier par le Moulin du Roc, devra aussi adopter une forme juridique autonome. Et trouver de l’argent pour payer les salaires (200 000 €) avec un budget identique. Resterait peau de chagrin pour la rési-dence des compagnies. « À la Ville, lance Nicolas Marjault en forme d’appel à l’État, nous militons avec la Région pour que les trois tutelles augmentent leur aide de ma-nière à arriver à 450 000 € de subventions » (au lieu de 360 000 €). Cela ne fera que 90 000 € de plus. Mieux vaudra compter sur l’autre ressource du CNAR, « réticu-laire » : l’élargissement partenarial. •

Élian Monteiro

* La Région, la Ville et l’État apportent 80 % des 450 000 € du budget.

+Du 16 au 22 décembre, spectacle de fin d’année de l’école Cirque en Scène.

Du 18 au 21 janvier, Accueil en résidence de la Cie Pernette. Sortie d’atelier jeudi 20 à 18 h. (http://www.usines-boinot.fr/articles/view/153/residences/cie-na-nathalie-pernette.html )

© LA FANzINothèque

extérIorISerexPérImeNtAL

Page 10: Expressions nº16

18 exPreSSIoNS

muSée des tumulus de Bougon

Les morts parlent aux vivants

Sur le chemin du tumulus, le poucet d’une école en visite cueille un caillou. À son copain des âges farouches, il dit : « Regarde ! ÇA, c’est un silex. »Peut-être, fils de Rahan, peut-être. Mais ton caillou cousine plutôt avec un gravier. Preuve que Bougon est un ferment pour l’imaginaire.

E n ce crayeux sentier qui boucle la visite, les pas reviennent au monde moderne élevé par l’architecte Jean-

François Milou à la mémoire et à l’avenir du néolithique dans une écriture d’acier, béton, bois et baies.

On a tourné le dos au dos rond des tumu-lus et des clairières où dort l’ancêtre depuis 7 000 ans – et pour l’éternité. Tourné talons à la maison (44 m, un building en long !) qu’il partageait avec d’autres, fa-milles et bêtes de son élevage. Sous le toit de chaume, la qualité du silence est si par-faite qu’on l’entendrait respirer, l’ancêtre ; et même former sa terre en pot au lait ; chercher l’étincelle ; souffler le feu ; semer le blé ; tisser sa laine. Craindre les loups.

Depuis longtemps sorti du seuil des cavernes, « l’homme du néolithique nous ressemble, il est le socle de notre monde », rappelle la conservatrice, Élaine Lacroix. Alors, pour se voir comme dans un miroir à 7 000 ans de la clairière, il faut entrer

au musée. Élégante bâtisse tirant une ligne claire des mégalithes au design du xxie siècle.

Archives de la terreS’il y a un musée à Bougon, on le doit

beaucoup aux anciens peuples du lieu et pas mal au conseil général.

Découvert en 1840, l’ensemble funéraire est acheté par le Département qui le place sous gardiennage dès 1863. Un gros siècle plus loin, l’archéologue Jean-Pierre Mohen* reprend les fouilles et suggère la mise en valeur des tumulus. En 1993, le projet dessiné par J.-F. Milou est inauguré à 800 m de la nécropole.

Un musée en creux, comme une fouille, et une construction posée en péristyle – elle ne dépassera jamais la cime des arbres.

Un musée-paysage qui boit l’extérieur à pleines verrières et ouvre la marche vers les mégalithes, intégrant au passage une ancienne ferme monastique médiévale comme une invite à remonter doucement le temps.

« Mais, votre site, c’est la mort ! » Voilà ce à quoi Élaine Lacroix dut répondre : « La mort explique le vivant. » Déposés jusqu’à 60 par tumulus avec vaisselle, armes et parures, ces hommes d’avant-hier sont diserts dans l’éternel repos. Assez en tout cas pour remplir les salles d’exposition et les réserves du musée – « les archives de la terre » – à titre conservatoire. Assez pour amener 24 000 visiteurs à l’année (dont 8 000 scolaires), majoritairement des familles qui prennent part à la quin-zaine d’ateliers proposés par l’équipe d’animation. Assez encore pour motiver l’installation de deux expos temporaires par an aux thématiques gentiment ico-noclastes – en ce moment « Archéopub » montre, entre autres, comment vendre un slip à l’homme moderne en singeant Cro-Magnon… La mort rendue bien vivante, comme il fut dit.

Voilà pourquoi, chemin faisant, petit Rahan en est convaincu : ÇA, c’est un silex ! •

Élian Monteiro

*Actuel directeur de la rénovation du Musée de l’homme.

+www.deux-sevres.com/deux-sevres/Institutionnel/Tourisme/LemuséedestumulusdeBougon

AgeNDAExPOSITIONS AUDIOVISUELLITTÉRATURE JEUNE PUBLICSPECTACLESMUSIqUE DIVERS

Envoyez vos informations à [email protected] NOVEMBRE + DéCEMBRE 2010

exhumer

Nov MERCREDI 10

■ La SaINTONgE aU XIXe SIèCLE, ENTRE BONaPaRTISME ET RéPUBLIqUE Un choix d’archives archives dép. – Jonzac 05 46 48 91 13 jusqu’au 10 décembre

■ UN COMMERCE POUR gENS ORDINaRIES La Rochelle et la traite négrière au XVIIIe sièclearchives dép. – La Rochelle 05 46 45 17 77 jusqu’au 31 décembre

■ D’ICI ET D’aILLEURSInspiration extra-euro-péenne dans la création artistique contemporaine M. E. Cognacq – St-Martin de Ré 05 46 09 21 22 jusqu’au 04 janvier

■ LE gOUT DES aUTRESRegard sur les sociétés extra-européennes 1800-1914 Musée Ernest Cognacq – St-Martin de Ré jusqu’au 14 mars

■ INTERVaLLES2

Mythologies numériques Carré amelot – La Rochelle 05 46 51 14 70 jusqu’au 13 novembre

■ FESTIVaL LES éCLaTS ChORégRaPhIqUES Festival de danse Région Poitou-Charentes 05 46 43 28 82 jusqu’au 29 novembre

■ LES ESCaLES DOCUMENTaIRES 10e festival int. du documentaire de création Carré amelot – La Rochelle 05 46 51 14 70 jusqu’au 14 novembre

■ RUBIk1re partie : KowalskiLe Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08

■ hyPOkRITECie La Caravane K. Fabrique du Vélodrome – LR 05 46 27 12 12 jusqu’au 05 décembre

■ La TROMPE SIDéRaLEPar le Surnatural Orchestra Théâtre des Fourriers – Rochefort05 46 82 15 15

■ BaLzaC ET La LégENDE NaPOLéONIENNE Conférence Salle de l’Oratoire – LR – 17h00 05 46 44 93 08

■ LE RéCIT DE La SERVaNTE zERLINE La Coursive – LR – 19h3005 46 51 54 02

■ INDIaN SUMMERSarah Braman Le Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08 jusqu’au 19 décembre

■ D’ICI ET D’aILLEURSInspiration extra-euro-péenne chez les artistes contemporains La Maline – La Couarde sur Mer 05 46 29 93 53 jusqu’au 30 décembre

JEUDI 11

■ BOB BROzMaN, ERIC MCFaDDEN, yaEL DECkELBaUM Le Camji – Niort – 20h00 05 49 17 50 45

■ LE PEUPLE DE L’hERBE1re partie : A State Of MindMaison g. Brassens – aytré 09 50 08 58 38

VENDREDI 12

■ DOS gRINgOSJazz Casino – Fouras – 20h30 05 46 84 63 16

■ MISSION IMPRO-CIBLEfête les 17 ans de La Maline Cie Cameleons La Maline – La Couarde sur Mer 05 46 29 93 53

■ aRNOConcert Esp. C. E.Leclerc – Niort 05 49 17 39 17

■ JIM JONES REVUE1re partie : Triggerfinger et Los Jivaros Maison g. Brassens – aytré 09 50 08 58 38

■ RaLLyE D’aUTOMNECourses automobiles Départ vieux port – La Rochelle 05 46 44 23 23 jusqu’au 14 novembre

■ 6e FESTIVaL D’aUTOMNE18 concerts / 18 communes Salle des fêtes - Villeneuve-les-Salines 05 46 30 37 44 jusqu’au 04 décembre

SaMEDI 13

■ DU Jazzy aUX CLaSSIqUES Maison de quartier de Port-Neuf05 46 41 82 38

■ aéRIENSMaud Torrent & Rémi Polack 23 rue de l’Escale – La Rochelle 06 73 15 20 10

■ BELLERUChE1re partie : OFNI et Nyktalop mélodie Maison g. Brassens – aytré 09 50 08 58 38

■ 120 aNS ORChESTRE D’haRMONIE Espace Encan – LR– 20h3005 46 45 90 90

■ UN PIED DaNS LE CRIMED’Eugène Labiche, mis en scène par Jean-Louis Benoit La Coursive – LR – 20h30 05 46 51 54 02 jusqu’au 16 novembre

DIMaNChE 14

■ FêTE DU JEU ET DU JOUETSalle socio-culturelleCourçon – 14h/18h 05 46 01 94 39

MaRDI 16

■ L’INDE, DE L’hIMaLaya aU gOLFE DU BENgaLE, DU yaCh à L’éLéPhaNT Par Gilbert Lerdy Salle Beauséjour – Châtelaillon 05 46 30 49 50

■ LES BELLES éTRaNgèRES COLOMBIE Rencontre littéraire Médiathèque – Rochefort 05 46 82 66 00

MERCREDI 17

■ ET L’EaUAtelier sur le thème de l’eau Médiathèque – Rochefort 05 46 82 66 00

■ hOMMagE à PIazzOLLaTango argentin St-Rogatien – 20h30 05 46 30 37 44

■ JIM JONES REVUE1re partie : GangliansLe Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08

JEUDI 18

■ FESTIVaL DU FILM D’aVENTURE Espace Encan – LR - 18h05 46 45 90 90Jusqu'au 20 novembre

■ LES FaTaLS PICaRDSEsp. C. E.Leclerc – Niort 05 49 17 39 17

■ LES DaNgERS DU FROMagE De et par J.Bourdeaux Cie O.p.U.S. Bar des Fourriers – Rochefort 05 46 82 15 15

■ DOUBLE DOwLaNDSalle des Fouriers – Rochefort 05 46 82 15 15

■ hOMMagE à PIazzOLLaMaison georges-Simenon - Marsilly – 20h3005 46 30 37 44

■ JEUNE ORChESTRE aTLaNTIqUE Formation unique en Europe La Coursive – LR – 20h30 05 46 51 54 02

■ LE BaRBIER DE SEVILLEOpéra Méga CgR – La Rochelle 08 92 68 85 88

■ NIkhIL ChOPRaet Laurent Millet Carré amelot – La Rochelle 05 46 51 14 70 jusqu’au 15 décembre

■ DéSERT(S)Chapelle Fromentin – LR05 46 41 17 75

VENDREDI 19

■ ERIk MaRChaND / FLORIaN BaRON Chants Breton et oud La Poudrière – Rochefort 05 46 87 24 96

■ LE BaRBIER DE SEVILLEOpéra CgR Dragon – La Rochelle 08 92 68 09 74

■ MaRIOPhONES ET SaXONETTES Salle de l’europe – angoulins-sur-mer 05 46 30 37 44

23 novemBre à 20h30

■ BOB LOg IIIOn l'a vu prendre d'assaut à moto la scène, avaler entre deux morceaux du shampoing liquide, jouer exclusivement dans les toilettes pour dames... toujours aussi lourd sur la grosse caisse, il déboule à 1000 à l'heure (Texte : XLR). XLR — Le Barbarella, 37 quai Valin 17000 La Rochelle Informations : 09 50 08 58 38

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arts plastiquescours et stages de 2 à 12 ans

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vente rochelais suivant :Tabac « Le Jean Bart » : 55 quai Valin

La Station : 21 rue du Minage

Le Stock Américain : 5 rue des Géraniums

et aussi sur www.performances-pub.fr

■ LE BOURgEOIS gENTILhOMME Par Les Tréteaux de France, mise en scène de Marcel Maréchal Le Palace – Surgères – 20h30 05 46 07 14 30

■ DON CaRLOSDe Bernard Lamouroux par l’Aigrefeuille Cie de Théâtre Salle des fêtes – aigrefeuille d’aunis – 21h00 05 46 27 53 87

■ LES BELLES éTRaNgèRES COLOMBIE Rencontre littéraire Médiathèque Michel-Crépeau 05 46 45 71 71

■ TaMBOUR qUaRTET / TOUMBaCk La Coursive – LR – 20h3005 46 51 54 02

■ XaVIER RIChaRDEaU qUaRTET Jazz Restaurant La Marine – La Rochelle – 20h00 05 46 41 08 68

■ RI-POSTECie Caméléons La Maline – La Couarde sur Mer 05 46 29 93 53

■ PETITES ET MOyENNES ENTOURLOUPES De et avec Jean-Jacques Devaux et Esther Barale L’azile – La Rochelle 05 46 00 19 19

SaMEDI 20

■ NOMEaNSNO1re partie : The Pack A.D.Le Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08

■ aPRèS-MIDI JEUXLudothèque Carré amelot – La Rochelle 05 46 51 14 74

■ PaSSagE DES hOMMES LIBRES En relation avec l’exposition temporaire M. d’histoire Naturelle – LR 05 46 41 18 25

■ MONDOMéLODIENuru Kane Périgny – 20h30 06 10 12 68 46

■ USTaD h. SayEEDUDDIN DagaR Musique indienne La Coursive 05 46 51 54 02

DIMaNChE 21

■ BRIC a B’ROCkBourses aux disques et aux instruments de musique Salle des fêtes de La Pallice – La Rochelle – 10h/19h 09 50 08 58 38

■ Jazz JaMaïCaEspace Michel-Crépeau Nieul-sur-Mer – 17h00 05 46 30 37 44

■ gRaSSE MaTINéEDe René de Obaldia Les Passeurs de Souffle Salle Mélusine – La Jarne 05 46 34 00 72

MaRDI 23

■ gRaNDS aIRS ET BaLLETS D’OPéRa Opéra national de Russie Parc des Expos – La Rochelle 05 46 30 08 58

■ BOB LOg IIIPunk/Blues/Rock’n’roll Bar Le Barbarella – LR – 20h30 09 50 08 58 38

MERCREDI 24

■ FESTIVaL OFNINyktalop Le Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08

■ MaCha ET L’OURSBibliothèque Mireuil La Rochelle 05 46 43 87 81

■ SLaVa’S SNOwShOwArt de la piste La Coursive – LR – 20h30 05 46 51 54 02 jusqu’au 28 novembre

JEUDI 25

■ LES JEUX DU SCRaTChDJ Asian’tuan L’azile – La Rochelle – 21h10 05 46 00 19 19

VENDREDI 26

■ SgaNaRELLE OU La RéPRESéNTaTION IMagINaIRE D’après Molière L’Estran - Marennes – 20h30 05 46 82 15 15

■ LE SON DE L’ESPaCE, VITESSE ET RyThME Art électroacoustique Carré amelot – La Rochelle 05 46 51 14 70

■ BJøRN BERgEBluesman norvégien Le Palace – Surgères 05 46 07 14 30

■ DON CaRLOSDe Bernard Lamouroux par l’Aigrefeuille Cie de Théâtre S. des fêtes – aigrefeuille d’aunis 05 46 27 53 87

■ FOOL’S gOLD1re partie : Daniel Paboeuf Unity Le Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08

■ BERNaRD aLLISONBlues La Maline – La Couarde sur Mer 05 46 29 93 53

■ kaRIMOUChE1re partie : SoanEsp. C. E.Leclerc – Niort – 20h30 05 49 17 39 17

■ EFFROyaBLES JaRDINSHistoire de clowns racontée par deux clowns Les Matapeste – Niort 05 49 17 06 11

■ LaURENT VIOLET“25e année de triomphe !” Le Best-of L’azile – La Rochelle 05 46 00 19 19 Jusqu'au 28 novembre

SaMEDI 27

■ EFFROyaBLES JaRDINSHistoire de clowns racontée

par deux clowns - Les Matapeste – Niort 05 49 17 06 11

■ JIL CaPLaN / éMILIE MaRSh La Poudrière – Rochefort 05 46 87 24 96

■ LES FaRFELUS FONT LEUR ChaUD Spectacle de C. Fritsch Salle des fêtes – angliers 06 23 74 44 81

■ DE L’OMBRE à La LUMIèREComédie musicale Salle polyvalente – Marans 05 46 01 12 87

■ zaz1re partie : Coup d’marronEsp. C. E.Leclerc – Niort 05 49 17 39 17

DIMaNChE 28

■ PaSSagE DES hOMMES LIBRES En relation avec l’exposition temporaire M.d’histoire Naturelle – LR 05 46 41 18 25

■ MaRaThON SERgE VIgOTLa Rochelle 05 46 44 42 19

■ IMPRESSIONS FRaNçaISES Orchestre Poitou-Charentes gymnase de la vieille forme – Rochefort – 17h00 05 46 82 15 15

LUNDI 29

■ MaBOULMarionnette et musique La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53

MaRDI 30

■ MaBOULMarionnette et musique La Maline – La Couarde-sur-Mer 05 46 29 93 53

■ CaRMEN MaRIa VEgaConcert La Coursive – LR 05 46 51 54 00

MERCREDI 01

■ RagEOUS gRaTOONS1re partie : Ziveli OrkestarLe Camji – Niort – 21h00 05 49 17 50 45

JEUDI 02

■ yaRON hERMaN qUaTOR MaNFRED La Coursive – LR 05 46 51 54 00

■ LILLy wOOD aND ThE PRICk 1re partie Perrine en morceauxLe Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08

■ LaRRy CROCkETTBlues et Jazzile L’azile – La Rochelle – 21h10 05 46 00 19 19

■ BEN L’ONCLE SOUL1re partie : What Da Funk !Esp. C. E.Leclerc – Niort – 20h30 05 49 17 39 17

VENDREDI 03

■ SaLON DU LIVRE DE La ROChELLE Espace Encan – La Rochelle05 46 45 90 90jusqu’au 05 décembre

■ La NOUVELLE BaByLONECiné-concert Surnatural Orchestra L’Eldorado – St-Pierre d’Oléron 05 46 82 15 15

■ PREMIER aMOURSamuel Beckett / Sami Frey La Coursive – LR 05 46 51 54 00

■ aU FIL DES MOTSExposition de poèmes Centre Intermondes La Rochelle05 46 51 79 16jusqu’au 22 décembre

■ TOI zé MOI FêTENT LEUR DIVORCE De et par Marie Blanche et Alain Chapuis, mise en scène Jacques Décombe L’azile – La Rochelle 05 46 00 19 19 Jusqu'au 5 décembre

SaMEDI 04

■ PREMIER aMOURSamuel Beckett / Sami Frey La Coursive – LR – 20h30 05 46 51 54 00

■ yOUNg Jazz TENTETSalle Beauséjour – Châtelaillon 05 46 30 49 50

MaRDI 07

■ NOUVEaU SPECTaCLE EXTRaORDINaIRE ancienne Ecole de médecine navale – Rochefort 05 46 82 15 15

MERCREDI 08

■ LES ENFaNTS SaUVagESThimothée de Fombelle / Betty Heurtebise La Coursive – LR – 19h30 05 46 51 54 00

■ aU BORD DE L’aUTRECie Ramodal Carré amelot – La Rochelle 05 46 51 14 70

JEUDI 09

■ LES MUSICIENS DU LOUVRE•gRENOBLE Marc Minkowski La Coursive – LR – 20h30 05 46 51 54 00

■ L’IDIOTThéâtre Amazone Fabrique du Vélodrome – LR 05 46 27 12 12 jusqu’au 18 décembre

■ hIgh TONE+ 1re partieLe Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08

VENDREDI 10

■ LOIC LaNTOINELe Confort Moderne – Poitiers05 49 46 08 08

■ BEC DE ChaFolk La Maline – La Couarde sur Mer 05 46 29 93 53

■ MaXXO1re partie : U-Man ZooLe Camji – Niort – 21h00 05 49 17 50 45

■ ChOC FRONTaL EST BORDERLINE De et par Xavier Chavari et Bruno Durand L’azile – La Rochelle 05 46 00 19 19 jusqu'au 12 décembre

SaMEDI 11

■ DaVID kRakaUER’S“Klezmer Madness” and Socalled La Coursive – LR – 20h30 05 46 51 54 00

■ MICROFILM1re partie : SweetbackLe Camji – Niort – 21h00 05 49 17 50 45

■ L’EVERESTFilm de Pierre Dutrievoz La Maline – La Couarde sur Mer 05 46 29 93 53

DIMaNChE 12

■ PROJET aLBaTROSSpectacles de Noël de la Cie Têtenl’air Esp. C. E.Leclerc – Niort – 15h 05 49 17 39 17

MaRDI 14

■ L’EVEREST hISTOIRES ET PaSSION SUR LE TOIT DU MONDE Réalisé et commenté par Pierre Dutrievoz Salle Beauséjour – Châtelaillon 05 46 30 49 50

■ JP NaTaFLa Coursive – LR – 20h3005 46 51 54 00

MERCREDI 15

■ CENDRILLONBallet du Grand Théâtre de Genève La Coursive – LR 05 46 51 54 00 jusqu’au 18 décembre

JEUDI 16

■ RISqUE zEROCollectif Galapiat Chapiteau Stade rouge – Rochefort 05 46 82 15 15 jusqu’au 19 décembre

VENDREDI 17

■ FUMUJ1re partie : Lords of Frequency Le Camji – Niort – 21h00 05 49 17 50 45

SaMEDI 18

■ RéMy BOIRONLes Frères Brothers L’azile – La Rochelle – 20h10 05 46 00 19 19

DIMaNChE 19

■ PROJET aLBaTROSSpectacles de Noël de la Cie Têtenl’air Esp. C. E.Leclerc – Niort – 15h 05 49 17 39 17

LUNDI 20

■ La MaLaDIE DE La MORTDe Marguerite Duras, mise en scène Christelle Derré Fabrique du Vélodrome – LR 05 46 27 12 12 jusqu’au 30 janvier

MaRDI 28

■ MONSIEUR ET MaDaME “O” Mime, burlesque La Maline – La Couarde sur Mer – 20h30 05 46 29 93 53

DéC

03 dÉcemBre à 20h30

■ La NOUVELLE BaByLONEUn ciné-concert proposé par la Surnatural Orchestra. Ni illustration sonore d'un film muet, ni concert accompagné d'images, l'ambition de l'orchestre est de proposer une histoire à deux voix, où la musique crée de la narration autant que le film. Cinéma L'Eldorado — Saint-Pierre d'Oléron Informations : 05 46 47 82 31

Page 12: Expressions nº16

FAIT(S) DIVERS (À LA RECHERCHE DE JACQUES B.)DE ET PAR NICOLAS BONNEAU27 et 28/01 - théâtre des fourriers à rochefortUn conteur comédien étonnant qui a plongé en immersion dans le crime et le fait-divers pour construire un polar théâtral avec suspens et rebondissements rocambolesques.Renseignements : 05 46 82 15 15www.theatre-coupedor.com

SOIRÉE 10 ANS DU CAMJI AVEC RAGEOUS GRATOONS ET ZIVELI ORKESTAR / MUSIQUE DE L’ESTMercredi 01 décembre à 21h au CamjiDans le cadre de ses 10 ans, Le Camji propose une soirée toute en festivités avec deux formations qui mêlent tour à tour musiques traditionnelles, boucles electrofolk, airs tziganes et rythmes des Balkans. Entrée libre - Contact : 05 49 17 50 45 - www.camji.com3 rue de l’Ancien Musée - 79000 Niort

Page 13: Expressions nº16

24 exPreSSIoNS uN mAgAzINe à L’oueSt 25

Depuis fin juin, le cinéma Dragon, sur le port de La Rochelle, a endossé des écailles neuves relevées de logos CGR. Le « Circuit Georges Raymond » déclenche désormais chaque jour les projecteurs des six salles. Un petit pas pour La Rochelle, l'apogée pour cette société qui détient aujourd’hui le monopole local du grand écran1. Avec un premier bilan qui oscille entre ombre et lumière. quelques éclaircissements s’imposent donc. À la mise en scène : Jocelyn Bouyssy, le directeur général du groupe ; à l’interprétation : des spectateurs pris au hasard à la sortie d’un film.

Le Dragon mange du pop-corn

LA roCheLLe cinÉma

C GR Cinémas est une entreprise familiale qui a vu le jour et s’est développée à La Rochelle, tirant

une certaine fierté de compter aujourd’hui parmi les « plus gros collecteurs d’impôts ». Elle peut s’attendre à en tirer certains avantages. Comme devenir « maître en sa ville ». Car, même si M. Bouyssy se défend d’en avoir fait une priorité, l’emprise de CGR sur la diffusion locale était un rêve de Georges Raymond, le père fondateur. La prise de contrôle du Dragon ayant même fait l’objet « en son temps » de plusieurs tentatives de rachat infructueuses. Avant que la mairie invite CGR à répondre à l’appel d’offres de reprise et rende un avis favorable à sa candidature. Dans sa démarche, CGR n’a pas simplement eu à cœur de défendre ses couleurs mais a surtout veillé à ne pas laisser le cinéma de Papy Xans à « quelqu’un dont ce n’est pas

a trop longtemps eu une mauvaise per-ception du prix du cinéma. « Aujourd’hui, nous pratiquons le prix moyen le plus bas de France6. » Les temps changeraient-ils à ce point ? « En période de crise, les gens se rendent compte que le cinéma est un loisir pas cher. » Ils ne sont d’ailleurs que 15 % à payer le plein tarif (8,50 euros), les autres profitant de réductions. Aux cinéphiles les mains pleines !

Y a-t-il un pilote dans le Dragon ?Même si les perspectives de fréquenta-

tion semblent bonnes, « on est conscients que le Dragon ne modifiera pas (ndlr : posi-tivement) la rentabilité du groupe ». Mais il n’est pas question pour autant de perdre de l’argent. Il faut donc trouver des postes d’économie. Parmi eux, le personnel semble avoir fait l’objet des plus grandes restrictions, en particulier pour les fonctions d’accueil. Avec de vraies réper-cussions sur le flux et le confort des spec-tateurs. Ainsi, nombreux sont ceux qui ont eu l’occasion de rentrer dans la salle pendant la séance précédente, personne n’étant en mesure de donner des informa-tions sur l’état des projections. « J’ai vu la fin du film alors que je pensais regarder des bandes-annonces. » Et CGR créa un métier d’homme à tout faire qui ne laisse pas les clients sans voix : « Le caissier est obligé de s’occuper de tout : vendre les billets, propo-ser des confiseries et lancer la diffusion des films ! » Car il ne peut pas compter sur les bornes, chroniquement défaillantes, qui sont censées offrir un accès privilégié aux possesseurs de cartes CGR… •

Pierre Labardant

1. Le CGR est en position de monopole dans 80 % des villes dans lesquelles il est installé.

2. Rappelons que l’appel d’offres a également mis aux prises la société Morgan Production (Francofolies) et le réseau de cinémas Utopia.

3. Le Dragon n’est actuellement qu’en 33e position du classement des 37 salles d’art et d’essai nationales.

4. L’Olympia ne fera pas les frais de l’arrivée du Dragon dans le groupe et restera la vraie vitrine art et essai du CGR.

5. Le CGR vient de créer une société de diffusion d’opéras, de pièces de théâtre et autres concerts rock sur grand écran.

6. Ce prix « moyen » est calculé sur la base du tarif le plus réduit et du tarif plein.

exPLoItAtIoNexPLoItANt

personnes handicapées. Pour le Dragon, le coût des travaux réalisés en quelques se-maines s’élève ainsi à 1,6 million d’euros.

Du lard et de l’essaiM. Bouyssy ne s’en cache pas, CGR diffuse

essentiellement du cinéma grand public : « On n’est pas philanthropes. » Mais avec l’avènement du numérique et la possibi-lité de bénéficier de plus de copies pour chaque film, le groupe se dit plus enclin à diffuser des films classés « art et essai » dans les salles de centre-ville des petites agglomérations comme La Rochelle. À l’Olympia4 pour les « films d’art et essai purs et durs », mais également au Dragon qui va se situer, en termes de program-

mation, « entre le Méga et l’Olym-pia ». Un grand écart entre Arthur et les Minimoys et Des hommes et des dieux, en passant par la diffusion de « contenus addi-tionnels5 particu-lièrement appréciés par les spectateurs de centre-ville », qui amène son lot de déstabilisation in-tellectuelle – avec la cohabitation de films situés aux antipodes culturels – et de nuisances sonores quand le bruit de l’attaque de la diligence d’un blockbuster couvre les dialogues mur-murés d’un film intimiste. « C’est bien d’avoir la clim’, mais j’aurais

préféré que les murs soient plus épais pour ne pas avoir l’impression d’être dans deux salles à la fois ! »

Certains regrettent les facilités de tarifs qui étaient pratiquées par les anciens ges-tionnaires du Dragon : « Avec les chéquiers de réduction distribués en boîte aux lettres, on pouvait se payait une séance à moins de 5 euros. » Pour Jocelyn Bouyssy, le public

le cœur de cible et le métier principal2 ». Une stratégie avérée qui a provoqué dès le printemps les premiers grincements et certains « positionnements de (ndlr : représentants du mieux disant culturel) locaux » s’insurgeant contre la mainmise de CGR sur ce juteux emplacement du front de port.

Des chiffres en imagesLes 800 000 entrées du Méga CGR (pre-

mier multiplexe historiquement construit par la société) et les quelque 150 000 vi-sites3 sur lesquelles table le Dragon sont les statistiques locales d’un groupe qui atteint annuellement les 20 millions d’en-trées (10 % du cumul national). Des résul-tats qui n’inspirent pas la morosité et que M. Bouyssy attribue au regain d’affection du public pour le cinéma. « Le marché nous porte. » Et la société de continuer à investir en passant peu à peu toutes ses salles au standard numérique (avec la possibilité de diffuser, avec un surcoût certain pour le spectateur, d’avantage de films en 3D) et en les mettant en conformité avec les normes 2015, c’est-à-dire accessibles aux

Page 14: Expressions nº16

26 exPreSSIoNS uN mAgAzINe à L’oueSt 27

DANSe lycÉe dautet

transmission accomplieOn dansait déjà depuis presque dix ans au lycée Jean-Dautet de La Rochelle quand, en 2000, l’option Art danse fut officialisée nationalement. Une conquête du nouveau siècle, une odyssée de l’espace intérieur…

E n septembre dernier, la salle de danse dédiée au travail des élèves de l’option a été inaugurée en grande

simplicité, et en danse. Sur le perron de l’hôtel particulier Duperré, enserré entre les bâtiments « modernes » du lycée, les élèves ont dansé, en dialogue avec ce décor parfait, l’utilisant avec humour et légè-reté… Art danse, c’est tout l’univers de la danse décliné, classique et contemporain, de l’historique à la pratique, en passant par l’écriture chorégraphique. Pascale Mayéras, responsable de l’option, passion et conviction indéfectibles, accompagnée de danseurs-interprètes professionnels, tels Matthieu Doze, Virginie Garcia, Anne Journo ou Perrine Gabrielsen, entre autres, résume ainsi sa mission : « Relier la danse, la pratique, aux œuvres, aux courants, chan-ger les mentalités, travailler la perception, découvrir d’autres expériences de corps, la virtuosité de l’intime… Cet engagement important est nécessaire pour ouvrir tous les champs des possibles, et les partenaires institutionnels sont en cela essentiels. »

Virginie Garcia, qui mène le travail de transmission sur les fondamentaux à l’œuvre dans les chorégraphies au pro-gramme, sait mesurer les potentiels des élèves : « Certains sont un peu déçus – ceux

qui imaginaient la danse comme technique de séduction ! Le travail individuel est aussi très exigeant, important ; on ne forme pas des danseurs, on les prépare, on leur donne des outils pour continuer s’ils le désirent vraiment. Ceux qui restent après la seconde sont déterminés, conscients de la chance qu’ils ont de vivre cette expérience. Quel que soit leur avenir professionnel, restera en eux l’empreinte d’un univers plein de sens. »

L’improvisation est une des épreuves au bac ; c’est Anne Journo qui y prépare les élèves, s’appuyant sur le travail de chorégraphes désignés par le ministère de la Culture : Trisha Brown, Pina Bausch, Merce Cunningham, Dominique Bagouet. « Improviser, dit-elle, c’est affirmer ce que tu es avec tes choix et ton énergie. Il y a parfois des résistances, mais la découverte et l’inté-rêt l’emportent ; il s’agit d’un travail sensitif, sur l’espace, le corps et la personnalité, un gros travail ! »

Tous ces élèves, on s’en doute, ne seront pas « étoile », ni danseurs professionnels, souvent ils resteront dans le domaine de la danse, sa production, sa communication, etc. Mais tous garderont l’empreinte de cette expérience et la capacité de percevoir les liens, passés et présents, entre l’art et le monde…

Et ça, c’est une conquête comme on les aime, aussi ! •

Dany Huc

J e suis ce qu’on appelle un vieux Rochelais, né en 1932, comme le mal-heureux Pierre Bouchet. J’occupe un

minuscule studio près des halles. Hormis des voisins et quelques rares anciens qui travaillent sur le marché, peu me saluent ou me connaissent, je suis une ombre, statut qui convient à ma personnalité. Je ne fréquente que très rarement les bistrots autour des halles, je n’y ai plus de repaire, mes copains de comptoir se sont tous mis au repos, éternellement.

Le marché, c’est toute ma vie, j’en ai usé des godasses lorsque, gamin, je rendais de menus services pour un franc ou une pomme. À 16 ans, on m’a embauché comme porteur (ou portefaix, comme disaient les nobles) ; nous étions quelques-uns, manutentionnaires pittoresques et anonymes, à tourner-virer autour des étals, toujours disponibles. On gagnait peu, on glanait de-ci de-là, juste pour se nourrir. Le métier aujourd’hui disparu, restent encore quelques petites mains aux larges épaules. Quant aux glaneurs, il y en a toujours…

La photo de JoséphineAujourd’hui, je ne possède que des heures

perdues, aucun lien social, ni familial. Un p’tit ballon de rosé, à l’occasion, à La Marinière, au Perthus ou à La Gerbe de Blé, puis un tour sous les halles… mais tout est si différent. Depuis peu, je vais à la mé-diathèque, pas pour lire des bouquins – je crois n’en avoir jamais ouvert un seul –, mais pour regarder les journaux, voir ce qui se passe dans le grand monde, le connaître avant de le quitter. J’aime l’ambiance du lieu, la vue qu’il offre. Parfois, je m’aven-ture à l’étage, dans les allées, comme au marché, regarde les tranches, lis les titres, me casse le cou, me brise le dos. Quelques-uns sont disposés sur des tables, je regarde les couvertures. Et là, un jour, le choc ; la photo de Joséphine, et un titre : Une maî-tresse de trop*. Je prends le livre, m’assois et lis. Quarante années ont passé depuis cette macabre histoire, mais c’est comme si c’était hier.

La CabaneAh ! Si je me la rappelle, la Joséphine…

je n’avais pas encore 40 ans à l’époque, et si ce n’était à La Gerbe de Blé, c’est à La Cabane, rue des Cloutiers, chez Joséphine Gardil, que je passais mes soirées. Un tri-pot bien mal fréquenté, et une tenancière peu farouche… Je me souviens de cette soirée du 2 au 3 novembre 1969, Pierre Bouchet est passé voir Joséphine en début de soirée, je savais tout de leur relation compliquée, j’étais même surpris de le revoir ici. L’assassinat de Joséphine à son domicile du quartier Saint-Éloi m’avait profondément marqué. J’ai toujours été convaincu de l’innocence de l’accusé ; ce précieux livre m’en apporte l’irréfutable preuve. La lecture achevée, je suis resté longtemps assis, partagé entre vertige de la mémoire et colère contre l’injustice. •

Jack Flenoir

* Dans ce récit digne de Simenon, Emmanuel Pierrat, avocat au barreau de Paris, retrace l’histoire du crime de la rue des Chrysanthèmes à Saint-Éloi en 1969, reprenant la voix de son illustre et controversé confrère, maître Isorni, chargé de la défense de l’accusé en juillet 1970. Un livre bref et captivant (agrémenté de photos d’époque), qui se lit comme un roman. Une maîtresse de trop est publié chez Biro Éditeur dans la collection « Les sentiers du crime ».

Parcours et soutiensAdmission en seconde dite « exploration » et terminales littéraires / coefficient au bac : 6 / entre 3 et 5 heures de cours par semaine + rencontres, spectacles / les partenaires : le Centre chorégraphique national de La Rochelle pour la pratique et la culture chorégraphique, les rencontres, l’accueil des lycéens à la chapelle Fromentin ; un partenariat artistique, financier et logistique / la DRAC Poitou-Charentes / le Conservatoire national de La Rochelle pour une participation pédagogique et La Coursive pour la diffusion d’œuvres chorégraphiques / une quarantaine de lycées en France proposent cette option.

mISe eN exAmeNexAmeN

LIttérAture emmannuel pierrat

Une maîtresse de trop

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28 exPreSSIoNS uN mAgAzINe à L’oueSt 29

Du bio dans la culture

DéveLoPPemeNt DurABLe responsaBilitÉ sociÉtale

Lorsqu’on dit « développement durable », l’oreille entend : énergies renouvelables, commerce équitable, circuits courts, alimentation bio. Elle traduit rarement : spectacle vivant, festivals, arts plastiques.

F rédéric Mitterrand, ministre à scooter, économe en voiture et chauffeur, a

réuni le 30 septembre le forum « Culture et développement durable1 ». Un lieu de discussion avant adoption d’un texte fondateur. Au programme de ce Grenelle de l’environnement appliqué à la culture, les thématiques sont éclectiques : langues de France, ampoules basse consommation au bureau, gobelets lavables au concert, toilettes sèches et festival sous énergie solaire2, papier électronique (sans être certain qu’un PC pollue moins qu’un livre imprimé), responsabilité sociétale – stagiaires et précaires ne sont pas recyclables !

Quel sens prend le développement durable en Poitou-Charentes ? Va-t-on au-delà de la déclaration d’intention du ministère et d’une bulle culturelle autoproclamée « mobilisée » à l’occasion d’un forum ?

La mobilisation de la Direction régionale des affaires culturelles fut moins que moyenne : elle n’y était pas représentée. Et la mobilisation des moyens est peu évidente à qui prend la peine d’examiner le budget 2011 du ministère : pas une ligne mettant en évidence un financement du développement durable sur le plan national. Alors, en région… Rien de très ambitieux, seulement des « dotations » attribuées en fonction de « missions » (chantiers

archéologiques, projets architecturaux). Une observatrice, à la DRAC, résume autrement la situation : « On a déjà du mal à faire en sorte que les compagnies soient subventionnées et continuent à vivre… »

éco-RégionL’école Sup de Co de La Rochelle a

exploré le sujet. Son équipe d’enseignants-chercheurs en environnement/organisation d’événementiels a récemment présenté le contenu de ses travaux au Festiv’pro de La Rochelle. « Le choix du développement durable impacte sur le choix du consommateur ; alors les grands événementiels (festivals, salons, etc.) vont mettre en avant l’éco-gestion des déchets, les équipements recyclables, opter pour les énergies renouvelables », explique Marie-Noëlle Rimaud.

L’intérêt commercial et le capital image croiseront parfois la sincérité de l’action.

De cette étude, il ressort qu’un certain nombre de pratiques sont adoptées. Par petites touches. On se hâte lentement.

« Tout cela est encore embryonnaire, remarque Sandra Painbéni, et c’est souvent un luxe que ne peuvent s’offrir que les entreprises fortes, les grands festivals, certains tournages de films. »

Les Francofolies ont « abordé » le sujet. Des gobelets lavables ont fait leur apparition – cachaient-ils les monopoles du seul brasseur à la pression et de l’hypermarchand de sandwich ?… Moyennement durables.

Pour citer des gens réellement impliqués, il faut regarder Angoulême (notre encadré) ou bien sortir de Poitou-Charentes3 : à Angers, une structure culturelle, « Le Quai », développe une thématique « Art et réchauffement climatique » et anime un forum très éco-solidaire.

Au-delà du déclaratif il y a donc bien quelques actifs d’assez longue date. Ils n’ont pas attendu un ramdam ministériel ou une politique régionale. Poitou-Charentes fut pilote mais elle pilote un peu moins : « Il y a eu des aides, il n’y en a presque plus », admet Aurélien Bernier au Conseil régional qui subventionnait les manifestations éco-responsables. Cinq ans plus tard, les aides ne sont plus individuelles mais collectives, ciblées sur l’achat de matériels destinés à un réseau d’événements. Cette ligne de budget a augmenté ; pourtant, constate Aurélien

Bernier, « on dépense moins d’argent car le nombre de projets est en recul ».

Régulièrement on recycle – des idées comme des papiers usagés. Mais passer au vert coûte plus cher. Un coup de peinture en communication ne suffira pas. Pour « cultiver » le développement durable, pour rendre la culture équitable, pour intégrer la notion de Responsabilité Sociétale des Entreprises au champ culturel – c’est bien de femmes et d’hommes, auteurs ou techniciens, baltringues ou comédiens que l’on parle, pas de gobelets recyclables –, pour rendre crédible le discours, il faudra de l’argent… On ne fera donc pas l’économie de souffler à tel Gouvernement, ici prescripteur de RSE, que les professionnels du spectacle sombrent avec lui de l’intermittence dans la précarité. Tout le contraire du développement durable. •

Élian Monteiro

1. Le discours du ministre sur www.culture.gouv.fr

2. Dommage ! Dans le même temps le gouver-nement veut limiter les installations et baisser le prix de revente de l’énergie propre sur le réseau !

3. On citera tout de même en Poitou-Charentes : Le festival Free (Montendre), Le Nombril du Monde (Pougne-Hérisson), Pose tes tongs (Niort).

Angoulême en vert, couleur des « Musiques Métisses »

exotIqueS ?exPérIeNCeS

« En 2005, le festival s’est engagé dans cette démarche. Depuis, on l’améliore », explique Lætitia Marchive, assistante administrative. Les festivaliers ont pu apprécier l’avancement des améliorations et la sobriété de l’édition 2010 : gobelets consignés ; sensibilisation au tri des déchets ; incitation au covoiturage ; navette entre les quartiers et le site ; générateur électrique solaire ; limitation des impressions papier… Réduire l’impact environnemental n’est pas tout. Le développement durable intègre le social et l’humain avec un espace

des solidarités (associations actives localement et à l’international) ; des places offertes par des partenaires aux publics en difficulté) ; des ateliers d’écriture en direction des quartiers défavorisés dont les productions sont valorisées. Et le festival n’accepte que deux-trois stagiaires à l’année – pour leur formation, pas pour remuer des caisses. « Le reste de l’équipe, ce sont des salariés avec de vrais salaires. »

Musiques Métisses a reçu le label « Éco » de la Région. Une aide lui a été attribuée mais ne l’est plus depuis la dernière édition.

Page 16: Expressions nº16

CArte BLANChe à VéRONIqUe LAMARe

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De l’histoire d’une technologie qui permet, au choix, de découvrir le monde, de se divertir ou de fouiner chez son voisin. Petit survol de sites remarquables en quelques lignes et clics.Sélection de Pierre Labardant

http://maison.lacharente.com

Plutôt rester en villeDans son texte d’introduction, le site nous prévient : « Vous allez voir comme Charente rime avec détente »… Mais à la visite de cette « Maison Charente » sur Internet, on peut se demander si le mot « détente » est synonyme de bien-être ou de doigt sur la gâchette. Si la démarche – vanter notre Charente verdoyante ! – est noble, le résultat est affligeant : liens inopérants (une compilation

www.youtube.com/elquijote

Celebremos la grandeza del españolNotre démocrate président peut bien réviser ses classiques, à essayer de faire lire les 20 lignes de la lettre de Guy Môquet à son peuple désabusé. La royauté d’Espagne le mouche mucho. À travers une initiative de son Académie Royale (RAE), notre voisin propose aux internautes de lire un extrait du célèbre Don Quichotte de la Manche de Cervantes et de le mettre en ligne, à terme, pour une diffusion intégrale d’environ 71 heures sur Youtube. Dans l’élan du président de la RAE qui a eu le privilège de lire les fameuses premières lignes de l’œuvre : « En un lugar de la Mancha… » •

www.notsonoisy.com/gameover

Guillaume Reymond est un artiste franco-suisse qui a décidé de mettre en scène, à l’occasion des performances du projet Game Over, le meilleur des jeux vidéo des années 80 (Tetris, Pac Man, Space Invaders…). De vrais gens remplacent les pixels et se déplacent sur leurs rangées (de sièges) à un rythme saccadé et selon la bande-son – approximative – de l’époque. Ces spectacles se déroulent sur plusieurs heures puis sont portés à l’écran (retour à l’envoyeur !) sous forme de films d’animation diffusés sur Internet. Plus drôle qu’une Flash Mob ! •

Same player shoot again

Études pour une performance, 2010, 27 dessins sur papier - 25 x 25 cm - projet en cours[études à partir de « Thrilla in Manila » - combat Ali vs Frazier - 1975]

http://v.lamare2.free.fr

d’erreurs 404), jeux de mots à la pelle et à la peine (« charent’aise show »…), animations pitoyables (le photomaton), graphismes et musiques datés… Une réalisation financée par le Comité départemental du tourisme. Un résultat assumé ? •

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DeSIgN et crÉation

de l’autonomie du créateurÀ Porto, la conférence annuelle de l’Alliance graphique internationale réunissant des designers du monde entier vient de se terminer. Autour du thème « Le processus est le projet », ils ont débattu et exposé pendant deux jours, sous diverses formes, leurs points de vue. L’image ci-dessous illustre l’un d’entre eux.

L ’uniformisation. Qu’elle soit poli-tique, esthétique ou comportemen-tale, nous en croisons régulièrement

des exemples. Raisons d’être et états des lieux de ce phénomène font couler de l’encre et du pixel. Mais au vu du faible niveau d’alerte, nous sommes encore au commencement de la dénonciation, aux prémices de la contestation. Ce qui semble déjà clair, en revanche, c’est que la techno-utopie1 s’est imposée, laissant derrière

elle la socio-utopie des idéologies qui guidaient nos vies il y a quelques années. Le temps que d’autres repères s’imposent, la peur de l’inconnu, de l’autre, nous en-traîne vers le centre, sur une route sûre, loin des extrémités qui réservent tant de surprises. Mais rouler au centre peut être violent, dans la mesure où ce non-choix déstabilise et que « […] quand on renonce aux grandes causes idéologiques, tout ce qui reste c’est une administration efficace de la vie […]. Ce qui signifie que, avec une administration spécialisée, dépolitisée et socialement objective […], la seule façon d’introduire de la passion […], de mobiliser activement les gens, est la peur2. »

L’uniformisation et la peur se nourris-sent mutuellement. L’individu cherche le confort d’une symbiose avec l’opinion des masses et, pour y parvenir, il se protège du harcèlement extérieur avec des certitudes trop rapidement forgées. « Aujourd’hui, la tolérance libérale vis-à-vis des autres […] est contrebalancée par une peur obsession-nelle du harcèlement. […] La tolérance coïn-cide avec son contraire. […] Je dois respecter l’intolérance de l’autre à mon approche. Le droit au non-harcèlement s’impose de plus en plus, le droit à garder les autres à distance. » « […] L’Autre c’est très bien, […] mais dans la mesure où l’Autre n’est pas vraiment un autre3… »

Remplaçons le mot « autre » par « diffé-rence » et nous avons là une transposition possible de cette idée maintenant appli-quée à la création. Pourtant… la création serait l’antithèse de cet état des choses, un champ de travail infini et libre. Un lieu où l’individualité côtoie la différence. Et même si chaque processus créatif reste un acte unique, original, il n’obtient sa véritable autonomie que lorsqu’il est en relation directe avec l’inconnu. •

João Garcia

1. Pierre Musso, « De la socio-utopie à la techno-

utopie », Manières de voir, no 112 – Le temps des utopies, p. 6-10, août-septembre 2010.

2. Slavoj Žižek, Violence, Six Sideways Reflections, Picador, 2008.

3. Ibidem.

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LIvre LIvre DISqueLIvre DISque

JOSÉ VARELA NOIR Tamtam/ La Chambre D’échos

Dans ce polar, écrit par José Varela pour sa toute nouvelle maison d’édition, Calder, un journaliste d’investigation, se lance dans une enquête complexe aux limites de l’horreur humaine comme dans tout bon roman policier actuel. Au départ, il découvre qu’un ami photographe s’est fait prélever ses yeux après une brève rencontre avec une femme fatale. Par qui ? Pourquoi ? L’intrigue est bien menée, sur un rythme soutenu. L’écriture est directe, sans fioritures. Au final, un bon polar classique dans l’esprit des Séries Noires d’antan. •P.T.

BOB GRUEN JOhN LENNON NEw yORk 1971-1980 Fetjaine

70 ans de la naissance, 30 ans de la mort, les occasions de célébrer le Beatles John Lennon ne manquent pas et les éditeurs ne s’en privent pas. Parmi la pléthore de livres déjà parus, celui-ci mérite d’être mis en avant. Bob Gruen, photographe new-yorkais qui écrit ses textes, propose un portrait de Lennon après son installation à New York à travers des photos souvent intimes, chez lui, à l’extérieur, en studio. Images sous le contrôle de Yoko Ono, mais qui révèlent les différents aspects du chanteur et du couple. Le texte en est intelligent, judicieux et explicatif sans redondance ni trémolos. • P.T.

TIMBER TIMBRE TIMBER TIMBRE Full Time Hobby / PIAS

Il aura fallu un an à l’album de Timber Timbre pour traverser l’océan et arriver aux oreilles des amateurs de folk du Vieux Continent. Une ouverture vers le monde à mettre au crédit du label canadien Arts & Crafts et à la présence du titre Magic Arrow dans la bande originale de la série télé Breaking Bad. Une musique sombre. Des arrangements simples mettant en exergue la voix caverneuse de Taylor Kirk, la caresse de la guitare sèche et la profondeur de l’orgue. Un univers à la croisée des chemins. Entre la veillée d’Halloween et le repas de paroisse. • P.L

STEVE MILLER BAND BINgO ! Roadrunner

RAY LAMONTAGNE gOOD wILLIN’ & ThE CREEk DON’T RISE Sony

Deux disques complémentaires. Le premier marque le retour discogra-phique du Steve Miller Band, un des groupes phares des années 70 et 80, dont l’activité scénique ne s’était, elle, jamais démen-tie. Que des reprises de blues jouées à la perfection avec un enthousiasme de débutants et une maestria incomparable au chant et à la guitare dont Steve Miller est un des héros. De la joie et du bonheur. Quant à Ray LaMontagne, de sa voix rappeuse et grave, il délivre des ballades mélan-coliques entre folk, blues et country ou, accélérant le rythme, il s’adonne aux charmes plus swinguant d’un rock teinté de soul. • P.T.

G. MANKOwITz / R. UNTERBERGER ThE EXPE-RIENCE JIMI hENDRIX à MaSON’S yaRD Fetjaine

Décidément, les éditions Fetjaine ne nous avaient pas habitués à une telle qualité. C’est à l’occasion des 40 ans de la mort de Jimi Hendrix que sort ce livre su-perbe par la beauté des reproductions et de la mise en page, sans oublier les courts mais pertinents textes d’Unterberger, un des meilleurs journalistes rock américains. Mankowitz, dont on connaissait le travail avec les Rolling Stones, présente ici des cli-chés magnifiques, alternant couleurs et noir & blanc, de Jimi Hendrix avec son groupe l’Expe-rience, au début de leur brève carrière. Tout a été pris en deux séances aux studios de Mason’s Yard à Londres, en 1967, grande année psychédélique. • P.T.

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38 exPreSSIoNS

KINGS GO FORTH ThE OUTSIDERS aRE BaCk Luaka Bop

Kings Go Forth rend hommage à nos grands disparus du moment. À Tony Curtis tout d’abord dont le groupe a endossé le nom d’un film (Kings Go Forth est une production de 1958 qui réunissait également Natalie wood et Frank Sinatra) et à Salomon Burke ensuite en perpétuant la ferveur musicale du pionnier de la soul. Du groove, du cuivre et de la Cold Sweat. De quoi se jeter sur la piste et ouvrir son col de chemise. Dès ce premier album édité par le label de David Byrne, un terme vient à l’esprit : jouissif ! • P.L.

THE DRUMSThE DRUMS Moshi Moshi/Cooperative Music

Hype et alors ? The Drums est une sorte de sensation pop comme les sixties pouvaient en produire. De jeunes New-Yorkais sautillants qui réussissent à faire cohabiter dans ce premier album éponyme les chœurs guimauve des Beach Boys, les guitares entêtantes de Joy Division et les envolées vocales de Morrissey. The Drums joue au xxie siècle mais vit au temps des trente glorieuses. The Drums sévit à Brooklyn mais rêve d’Europe. Jamais contents, ces gosses ! • P.L.

wILLARD HUYCK / RICCARDO FREDA / FRÉDÉRIC GROUSSET MESSIah OF EVIL / LE SPECTRE DU PROFESSEUR hIChCOCk / CLIMaX Ed. Artus Films

exhAuSteurS

DISque DvDDISque

frappés par une malédiction.Dès la première séquence, un climat dérangeant s’installe et ne quittera plus le film. L’ambiance est créée par une réalisation habile exempte d’effet spécial, qui recourt uniquement à des décors psychédé-liques et des effets de mise en scène.Flirtant sans cesse avec la frontière du réel et de l’ima-ginaire, Messiah of Evil a certaine-ment influencé des réalisateurs comme David Lynch et autre Dario Argento…Fascinant, ce film onirique est à dé-couvrir d’urgence.Avec Le Spectre du professeur Hichcock, nous avons affaire à un film nettement plus classique. Deuxième volet du professeur Hichcock, celui-ci n’a aucun rapport avec le précédent

sinon la présence de la sublime Barbara Steele. Tourné en Italie par Freda, ce huis clos teinté de fantastique et de sadisme délivre une ambiance malsaine matinée de gothique du meilleur effet. Sans être le meilleur film Bis de l’époque, il reste un modèle dans son genre.Enfin Climax, film français étonnant, nous scotche sur notre siège d’un bout à l’autre. Bien interprété, réalisé avec malice et intelligence, cet excellent thriller ne cesse de sur-prendre. • G.D.

Artus Films, petit éditeur indépen-dant ne cesse de nous étonner par des sorties vidéo que jamais nous n’aurions pu penser visionner en France. En ce mois d’octobre il nous dévoile trois petites perles, connues unique-ment des ciné-philes partageant le goût du cinéma de genre.Commençons par un film fantas-tique méconnu dans nos contrées mais culte aux États-Unis.Messiah of Evil débute comme une simple histoire de disparition. La fille d’un célèbre peintre arrive dans un village afin de retrouver celui-ci dont elle n’a plus aucune nou-velle. Après avoir rencontré un trio des plus étranges, elle assistera à l’évolution du can-nibalisme parmi les villageois, tous

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Préfiguration du Centre national des arts de la rue en Poitou-Charenteswww.usines-boinot.frSuivez toute l'actualité des arts de la rue en Poitou-Charentes sur :

Implanté dans 1 700 m2 de la friche des Usines Boinot à Niort, le Centre national des arts de la rue estdédié à la création de l'art dans l'espace public :

- il soutient la création des arts de la rue,- il accueille en résidence,- il met en œuvre une coopération territoriale à l'échelle de la Région Poitou-Charentes,- il revendique un urbanisme culturaliste pour inscrire l'art dans le quotidien,- il s'articule avec le Festival Coup de Chauffe à Cognac.

Parce que le monde évolue, le travail en réseau contribue à la qualification de l'art dans l'espace public.Nécessairement partenarial, le CNAR coopère avec ses partenaires pour la réalisation d'un objectif commun :rendre l'art disponible au plus grand nombre.

Parce que sans imaginaire commun, il n’y a pas de possibilité d’habiter et de vivre-ensemble dans un mêmeespace. Le Centre national des arts de la rue « réticulaire » est un manifeste, une exigence de sens pour construire, avec le concours de l’art un environnement, qui ressemble et qui appartienne à ceux qui l’habitent.

Soutenu par l'impôt et redistribué par le Ministère de la Culture et de la CommunicationDRAC Poitou-Charentes, le Conseil Régional Poitou-Charentes, le Conseil Général des Deux-Sèvres, la Ville de Niort, la Ville de Cognac, la Ville de Royan, la Commune de Bouillé-Saint-Paul.

Centre national des arts de la rue réticulaire

Un projet culturel, artistique et territorial inédit

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