expressions nº18

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INTERVIEW Rodolphe Burger p. 5 Supplément gratuit au journal SUD OUEST du 2 mars 2011 disponible sur les lieux de ventes des communes référencées en page 3. mars + avril 2011 un magazine à l’ouest nº18 EXPRESSIONS GRATUIT LITTéRATURE Sur les traces de Salgon p. 15 DOSSIER Les spectacles jeune public p. 6 et 7

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Un magazine à l'ouest

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Page 1: Expressions nº18

interview

Rodolphe Burgerp. 5

Supplément gratuit au journal SUD OUEST du 2 mars 2011 disponible sur les lieux de ventes des communes référencées en page 3.

mars + avril2011

un magazine à l’ouestnº18

expressions

Gratuit

littérature

Sur les traces de Salgonp. 15

dossieR

Les spectacles jeune public

p. 6 et 7

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expressions un maGazine à l’ouest 3

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al-Qahira, la Victorieuse

nicolas Giacometti

a u moment où la révolte dynamite le monde arabe, qui un matin a décidé de se soulever au lieu de

continuer à se courber, et bien conscients de la gravité des faits, prenons un temps pour interroger l’œuvre de l’écrivain égyptien Albert Cossery, dont les person-nages miséreux savent eux aussi inventer leur vie, loin des théories et des utopies occidentales.

Avant de mourir, en 2008, Cossery n’avait cessé de prôner, sa vie durant, la dérision face à ce qu’il nommait l’« autorité bouffonne », arguant qu’« elle dure depuis des siècles. Cela n’a jamais changé. C’est pourquoi l’humanité ne changera pas1. » Il entendait par là : toute forme d’autorité. Pourtant, voir le peuple se révulser jusqu’à provoquer la chute de l’honni Moubarak l’aurait certainement réjoui, notamment parce qu’ici les gens ont su éviter le recours à la violence que leur imposait le régime.

Cependant, un des risques que nous encourons avec les « événements histo-riques », que nous en soyons spectateurs ou acteurs, c’est l’aveuglement, qu’ils nous empêchent de fomenter notre révolution personnelle, tâche majeure à laquelle nous enjoint l’œuvre de Cossery, à l’écart de tout message politique collectif prêt à l’emploi. Si l’écrivain invite à combattre la tyrannie extérieure, c’est plus encore l’imposture intérieure qui le soucie, celle qui pousse chaque individu à tirer profit de la société dans laquelle il vit.

L’humour féroce qui anime les héros cosseriens eût-il résisté aux sirènes d’un monde meilleur ? C’est possible, tant les 94 années passées sur terre par leur auteur, témoin de tous les bouleversements politiques du xxe siècle, n’ont en rien altéré la vision qu’il avait de l’homme et de ses « jeux » de domination. Son profond attachement à son pays et à ses marginaux n’avait d’égal que sa méfiance à l’égard du « progrès » et, plus encore, de ceux qui le professent.

Mais les révolutions dont on parle, populaires et collectives, sont nées de la rue, ce qui constitue leur immense force. Personne ne sait où elles mèneront. Espérons que les individus qui y prennent part s’opposent aux habituels petits calculs mesquins et visent à l’émancipation de tous. Comme il nous faut espérer qu’ils inventeront un système nouveau qui donnera tort à Albert Cossery et ensei-gnera à notre monde comment sortir de ses impasses.

1. Michel Mitrani, Conversation avec Albert Cossery, éd. Joëlle Losfeld, 1995.

04 opinion Pierre Labardant + Brèves

05 interVieW Rodolphe Burger 06 dossier

Les spectacles jeune public 09 saint-Jean-

de-liVersay Lara Blanchard + oléron Théâtre

d'ardoise 10 carte blanche Gianni-Grégory

Fornet 13 documentaire Patrick Métais

+ niort Planète Clowns 14 barbezieux

Jean-Marie Reynaud coGnac West Rock 15

la rochelle Frédéric Kuhnapfel + littérature

Jean-Jacques Salgon + desiGn Le chant du signe

16 aGenda 18 internet + exhausteurs

éditoexpressions nº18 / mars + avril 2011

Magazine Expressions – 254, avenue Carnot — BP 32046 – La Rochelle – Tél. 05 46 43 19 20 www.performances-pub.fr Site : www.magazine-expressions.com / email : [email protected] Directeur de la publication : Pierrick Zelenay Responsable de la rédaction : Nicolas GiacomettiDirection artistique : João Garcia Ont collaboré à ce numéro : Gilles Diment, Jacky Flenoir, Catherine Fourmental-Lam, João Garcia, Philippe Guerry, Dany Huc, Pierre Labardant, Élian Monteiro, Philippe Thieyre

Carte blanche à Gianni-Grégory FornetIllustration du dossier et couverture : Olivier Latyk Photographe : Marie Monteiro Maquette et mise en pages : Antichambre Communication Impression : Sapeso Service commercial : Performances 05 46 43 19 20 Expressions est une publication gratuite et bimestrielle de Performances Sports / Tirage : 31 000 exemplairesDate de parution : Mars 2011 / ISSN : 1960-1050

points de distribution

parution du prochain numéro le mercredi 4 mai 2011

Dpt 17 Aigrefeuille-d'Aunis / Andilly / Angoulins / Arces / Archiac / Archingeay / Ardillières / Ars-en-Ré / Arvert / Asnières-la-Giraud / Aulnay / Aumagne / Authon-Ébéon / Aytré / Balanzac / Ballans / Ballon / Beaugeay / Beauvais-sur-Matha / Bernay St-Martin / Berneuil / Beurlay / Bignay / Blanzac-les-Matha / Bords / Bougneau / Bouhet / Bourcefranc-le-Chapus / Bourgneuf / Boutenac-Touvent / Breuil-Magné / Breuillet / Brie-sous-Mortagne / Brizambourg / Burie / Bussac-sur-Charente / Cabariot / Chaillevette / Champagne / Champagnolles / Chaniers / Charron / Châtelaillon-Plage / Chérac / Chermignac / Chives / Ciré-d’Aunis / Clavette / Clion / Consac / Corme-Écluse / Corme-Royal / Courçon / Cozes / Cram-Chaban / Crazannes / Cresse / Croix-Chapeau / Dampierre-sur-Boutonne / Damvix / Dœuil-sur-le-Mignon / Dolus-d’Oléron / Dompierre-sur-Charente / Dompierre-sur-Mer / Échillais / Écoyeux / Épargnes / Esnandes / Étaules / Ferrières / Fontaine-Chalendray / Fontaines-d’Ozillac / Fontcouverte / Fouras / Geay / Gémozac / Germignac / Grézac / Guitinières / Haimps / Hiers-Brouage / Île-d’Aix / Jarnac-Champagne / Jonzac / L’Éguille / L’Houmeau / La Brée-les-Bains / La Brousse / La Chapelle-des-Pots / La Couarde-sur-Mer / La Flotte / La Grève-sur-Mignon / La Jard / La Jarne / La Jarrie / La Laigne / La Rochelle / La Ronde / La Tremblade / La Vallée / Lagord / Landes / Landrais / Le Bois-Plage-en-Ré / Le Château-d’Oléron / Le Chay / Le Douhet / Le Grand-Village-Plage / Le Gua / Le Thou / Léoville / Les Églises-d’Argenteuil / Les Gonds / Les Nouillers / Les Portes-en-Ré / Les Touches-de-Périgny / Loire-les-Marais / Loire-sur-Nie / Loix / Longèves / Lonzac / Lorignac / Loulay / Lussant / Macqueville / Marans / Marennes / Marignac / Marsais / Marsilly / Matha / Mazeray / Médis / Meschers-sur-Gironde / Meursac / Meux / Migron / Mirambeau / Moëze / Montils / Mornac-sur-Seudre / Mortagne-sur-Gironde / Muron / Nancras / Néré / Nieul-le-Virouil / Nieul-lès-Saintes / Nieul-sur-Mer / Nieulle-sur-Seudre / Nuaillé-d’Aunis / Ozillac / Paillé / Pérignac / Périgny / Pisany / Plassac / Pons / Pont-l’Abbé-d’Arnoult / Port-d’Envaux / Port-des-Barques / Préguillac / Prignac / Puilboreau / Rétaud / Rioux / Rivedoux-Plage / Rochefort / Rouffiac / Royan / Sablonceaux / Saintes / Salignac-sur-Charente / Salles-sur-Mer / Saujon / Semoussac / Semussac / Siecq / Sonnac / Soubise / Soubran / St-Agnant / St-André-de-Lidon / St-Augustin / St-Bonnet-sur-Gironde / St-Bris-des-Bois / St-Césaire / St-Christophe / St-Ciers-Champagne / St-Ciers-du-Taillon / St-Clément-des-Baleines / St-Denis-d’Oléron / St-Denis-du-Pin / St-Dizant-du-Gua / St-Félix / St-Fort-sur-Gironde / St-Genis-de-Saintonge / St-Georges-Antignac / St-Georges-d’Oléron / St-Georges-de-Didonne / St-Georges-des-Côteaux / St-Georges-du-Bois / St-Germain-de-Lusignan / St-Germain-de-Marencennes / St-Hilaire-de-Villefranche / St-Hilaire-la-Palud / St-Hippolyte / St-Jean-d’Angély / St-Jean-d’Angle / St-Jean-de-Liversay / St-Julien-de-l’Escap / St-Just-Luzac / St-Laurent-de-la-Prée / St-Léger / St-Loup / St-Maigrin / St-Mard / St-Martin-de-Ré / St-Médard-d’Aunis / St-Nazaire-sur-Charente / St-Ouen-d’Aunis / St-Palais-sur-Mer / St-Pardoult / St-Pierre-d’Oléron / St-Pierre-de-Juillers / St-Porchaire / St-Rogatien / St-Romain-de-Benet / St-Sauvant / St-Sauveur-d’Aunis / St-Savinien / St-Seurin-de-Palenne / St-Sever-de-Saintonge / St-Simon-de-Bordes / St-Simon-de-Pellouaille / St-Sulpice-de-Royan / St-Thomas-de-Conac / St-Trojan-les-Bains / St-Vivien / St-Xandre / Ste-Gemme / Ste-Lheurine / Ste-Marie-de-dRé / Ste-Même / Ste-Soulle / Surgères / Taillebourg / Taugon / Tesson / Thaims / Thairé / Thénac / Thors / Tonnay-Boutonne / Tonnay-Charente / Trizay / Tugeras-St-Maurice / Vandré / Varaize / Vaux-sur-Mer / Vergne / Vérines / Villedoux / Villeneuve-la-Comtesse / Vouhé / Dpt 16 Agris / Aigre / Ambleville / Anais / Angoulême / Ars / Asnières-sur-Nouère / Aubeterre-sur-Dronne / Baignes-Ste-Radegonde / Balzac / Barbezieux St-Hilaire / Bardenac / Blanzac-Porcheresse / Bourg-Charente / Boutiers-St-Trojan / Bréville / Brie / Brossac / Chabanais / Chalais / Champagne-Mouton / Champniers / Charras / Chasseneuil-sur-Bonnieure / Chateaubernard / Chateauneuf-sur-Charente / Chazelles / Cherves-Châtelars / Cherves-Richemont / Cognac / Condéon / Confolens / Deviat / Dignac / Douzat / Étagnac / Exideuil / Fléac / Fontclaireau / Garat / Genac / Gensac-la-Pallue / Genté / Gondeville / Gond-Pontouvre / Gourville / Guimps / Hiersac / Houlette / Jarnac / Juillac-le-Coq / L’Isle-d’Espagnac / La Couronne / La Rochefoucauld / Les Métairies / Lesterps / Lignières-Sonneville / Linars / Louzac-St-André / Magnac-sur-Touvre / Mansle / Marcillac-Lanville / Marthon / Massignac / Mérignac / Montbron / Montembœuf / Montignac-Charente / Montmoreau-St-Cybard / Mornac / Mouthiers-sur-Boëme / Nanteuil-en-Vallée / Nercillac / Nersac / Pranzac / Puymoyen / Rouillac / Roullet-St-Estèphe / Roumazieres-Loubert / Ruelle-sur-Touvre / Ruffec / Salles-d’Angles / Segonzac / Sers / Sigogne / Sireuil / Soyaux / St-Amant-de-Boixe / St-Amant-de-Graves / St-Angeau / St-Bonnet / St-Claud / St-Cybardeaux / St-Fort-sur-le-Né / St-Genis-d’Hiersac / St-Laurent-de-Céris / St-Laurent-de-Cognac / St-Léger / St-Même-les-Carrières / St-Michel / St-Romain / St-Saturnin / St-Sornin / St-Sulpice-de-Cognac / St-Yrieix-sur-Charente / Ste-Sévère / Vars / Verrières / Verteuil-sur-Charente / Villebois-Lavalette / Villefagnan / Villognon / Vœuil-et-Giget / Xambes / Dpt 79 Mauzé-sur-le-Mignon / Niort (distribution commerces) / Dpt 85 Damvix / L’Île-d’Elle... et dans des lieux de culture de Charente, Charente-Maritime et Deux-Sèvres.

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© Michal Batory

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les éléfants du rock

opinion bref...

À Rochefort, en ce moment, la réfection d’un mur du collège

Pierre-Loti est l’objet de controverses. L’architecte responsable du projet, avec la bénédiction de son camarade de la Ville, a conçu un revêtement de cuivre marron, qui, avec le temps, devrait prendre des teintes dorées ou vert-de-gris. Ce parti pris esthétique, marqué par les années 70, tout à fait respectable en soi, peut choquer dans une ville d’art et d’histoire où prédomine la blancheur, donnant ainsi le sentiment que l’ego du concepteur est plus important que l’intégration de son travail dans un ensemble cohérent*. Plus gênant, en revanche, le fait qu’un simple citoyen, pour changer, par exemple, un Velux à peine visible de la rue, va se heurter aux pires tracasseries de la part des garants du patrimoine architectural, imposant, à juste titre, couleurs et matériaux. Dichotomie que certains citoyens pourraient exprimer par un des adages favoris de nos élus de tous bords : « faites ce que je dis, pas ce que je fais », mais allez voter. • P.T.* À l’inverse de la restauration réussie du musée Hèbre de Saint-Clément.

rochefort

Des règles de l’architecture publique

Un forum titré « La culture en mauvais État* ? » annonce qu’il

y a du sens dans la majuscule et une intention derrière l’interrogation. Face à des collectivités de plus en plus présentes, cet État serait si peu ce qu’il fut que l’on pourrait s’en passer ! Sérieux et malicieux (sic), ce « Master tchat » organisé par le master Développement culturel de la ville, questionnera Marie-France Garaud (Institut national de géopolitique) : « Y a-t-il encore un État ? » ; sollicitera Jérôme Bouet sur la relance des partenariats État / collectivités ; entendra les réflexions de Dominique Ducassou (adjoint à la culture, Bordeaux) et Maxime Bono, député maire de La Rochelle. D’autres se demanderont si le discours politique a un sens et s’il y a encore besoin d’une politique nationale en faveur de la culture ? Nous de même. • E.M.

* Le 25 mars à l’université de La Rochelle.

forum

Culture, dans quel État ?

pierre labardant

One for the moneyLe monospace est garé un peu à l’écart sur le parking. À l’approche de l’entrée de la salle de concert, la mine se fait plus menaçante. Pendant que le tout-venant s’impatiente dans la file d’attente, ils se présentent à l’accueil des invités. Ils sont « listés ». Un juste privilège arraché à ce réseau soigneusement entretenu au fil des années et des comptoirs. Depuis que le rock résonne de nouveau en ville, ils viennent se dérider sur des rythmes binaires. On est ici en famille. Aux vieilles connaissances, les embrassades. À quelques adoubés, l’accolade. Les autres se contenteront d’une ferme poignée de main. Dans cette promiscuité bruyante, l’honnête commerçant est le cordial ami du tatoueur patibulaire. La plupart ont partagé les bancs de l’école, leurs premiers vinyles et commis leurs primes excès éthyliques en réunion. Mais le des-tin ne les a pas fait monter sur les mêmes scènes. Beaucoup n’ont pas dépassé le bout du bar et se disputent les maigres opportunités du marché de l’emploi local, s’épanchant sur les aberrations du statut d’intermittent. Certains reviennent s’ins-taller en région, auréolés de leur succès à la capitale. Pour la qualité de vie.

two for the showDe leur portefeuille, accroché à une

solide chaîne métallique, ils extraient quelques pièces qui tintent au contact des jetons de Caddie et laissent deviner une carte de client fidèle chez Leroy-Merlin. Cette tournée de bière aux forts relents d’eau fait amèrement regretter les millésimes stockés à la maison. La bonne chère a depuis longtemps supplanté le kebab dans le menu du pachyderme quarantenaire, désormais à l’aise dans les magasins de porcelaine. Accoudés au bar, les notables de la rébellion jaugent l’assemblée. Le torse est soudainement bombé. Même si le cheveu est plus rare – le poil a blanchi –, le cuir plus cintré et le ventre tenté de recouvrir la boucle de ceinture. Les badges ont perdu leur éclat et les T-shirts, ramenés de quelques cam-pagnes sur des festivals disparus, sont délavés. Les bagues ornées de menaçants faciès cisaillent des doigts plus épais. Faudrait que je me remette à courir.

three to get readyCette virile bonne humeur ne saurait

être entachée par la présence parasite de quelconques compagnes. Laissées à la maison, ou bénéficiant d’une bien-veillante autorisation de s’adonner à une soirée de filles, les miséreuses pourront stigmatiser à loisir l’éternel manque de maturité de leurs conjoints. Ils ne grandiront jamais. Quelques infortunés traînent leurs adolescents surexcités. En présence de ce parterre de jeunes ignares, ils s’adonnent – et se bidonnent – au récit d’anecdotes ramenées de concerts d’an-thologie. Avant la reformation du groupe. C’était mieux avant…

Now, go éléfant go ! •

© DR

© DR

Pendant de nombreuses années, la station balnéaire de Fouras,

calée paisiblement à l’embouchure de la Charente, n’a résonné qu’aux harmonies de la fanfare ouvrant le festival de majorettes et à la sirène des bateaux en partance pour l’île d’Aix. Depuis 2008, une jeune association a décidé de changer de disque. Les Rencontres des Arts Fous se sont installées sur la presqu’île pour offrir un nid culturel aux Fourasins et aux oiseaux de passage. À la croisée de la fête de village et du festival, concerts et performances investissent les espaces naturels et autres lieux historiques au printemps et à la fin de l’été*. Des rencontres qui rassemblent la grande famille du jazz – des bands classiques aux groupes de hip-hop – et ondulent au rythme du village et des marées : jam-sessions pour se réveiller en douceur le matin, sunset apéros pour admirer le coucher de soleil sur l’océan et concerts en plein air, les pieds dans le sable, à la nuit tombée. • P.L.

* Cette année, le 4 juin sur la plage sud, les 19 et 20 août au fort de l’Aiguille et dans le centre de Fouras. www.rencontresdesartsfous.org

les arts fous

Hype hype hype, Fouras !

Des haltérophiles de foire ; un éléphant sur le toit ; des automates

à manivelle ; des musiciens embarqués à ramer sur des vagues à l’âme ; du bleu (couleur d’âme), du jaune, du feu. C’est Pereira qui peint. Sa palette est latine, ses personnages sont moustachus comme des Mexicains, mais ses toiles sont grandes comme la Bebelplatz. Depuis Berlin où il vit, Claude Pereira invite, à la médiathèque de sa ville d’origine, à entrer dans son limonaire sonore, soleilleux et sombre à la fois, suivant un sentier noir bordé de graviers blancs. Un bel endroit où aller. • E.M.

Médiathèque Michel-Crépeau, La Rochelle, jusqu’au 30 avril.

exposition

sur le sentier de Pereira

Inventif, le service communication de la mairie de Niort, lors des vœux

à la presse, proposait à chaque journaliste un entretien de 7 minutes en tête à tête avec l’élu de son choix. À Expressions, nous sommes des lents – seulement 6 numéros/an ! –, le speed dating n’est pas notre truc. On a donc tranquillement posé la question par téléphone : « Pourquoi le CNAR [Centre national des arts de la rue] va-t-il sans tête alors qu’un directeur devait prendre ses fonctions en janvier ? — Parce qu’à l’issue de la période de préfiguration, explique Nicolas Marjault, adjoint à la culture, le CNAR a opté pour un statut associatif autonome* et non pour un recrutement interne. Nous allons donc recevoir les candidatures jusqu’en mars. Le poste sera pourvu en juin. »Ailleurs ( jusque dans l’opposition, railleuse), on sait que la Ville a manqué de speed, justement, et d’anticipation sur le départ d’Adrien Guillot, chargé de mission de préfiguration en fin de contrat. Rassurant pour les partenaires, celui-ci a laissé la caisse au clair et une programmation d’avance…Il n’y a personne aux commandes, mais le CNAR ronronne. Il redémarrera avec son(sa) directeur(trice) dans quelques mois. Adrien Guillot est candidat… Tous les autres CNAR de France sont bien dirigés par ceux qui les ont « préfigurés » ! • E.M.* Il est actuellement juridiquement lié à la scène nationale.

niort

Le CNAR sans tête

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Pale Blue EyesinterVieW rodolphe burGer

Rencontrer Rodolphe Burger, ce n’est pas seulement suivre les traces d’un musicien aux multiples facettes et d’un producteur éclectique, c’est d’abord évoquer un parcours atypique.

propos recueillis par philippe Thieyre

r ocker précoce, Rodolphe Burger délaisse les scènes pour la philosophie qu’il

enseignera avant de revenir à la musique et fonder Kat Onoma. Entre 1986 et 2004, ce groupe strasbourgeois réalise sept albums plus une compilation dont les magnifiques « Billy The Kid », en 1992, et « Happy Birthday Public », en 1997. Parallèlement à Kat Onoma, Rodolphe Burger a entamé une carrière solo dès 1993 avec le superbe « Cheval Mouvement ». Toutefois, solo est un mot inapproprié tant son activité se conjugue avec les notions de partage, de collaborations, de créations collectives aussi bien comme artiste, dont le nom est fréquemment associé à ceux des écrivains Pierre Alfieri et Olivier Cadiot, que comme produc-teur, accompagnateur et compositeur pour Alain Bashung, Jacques Higelin, Françoise Hardy, Jeanne Balibar, Ben Sidran ou David Thomas de Père Ubu. Il côtoie des légendes telles que le gui-tariste américain James Blood Ulmer (l’album « Guitar Music » en 2003). Il multiplie également les résidences et les expériences pluridisciplinaires, par exemple avec les dessinateurs Dupuy et Berberian au festival de bande des-sinée d’Angoulême en 2009, ou avec Olivier Cadiot au festival d’Avignon, notamment pour un mémorable bal du 14 juillet, en 2010. Enfin, outre la gestion d’un label, Dernière Bande, et la mise en place, en 2009, de la Compagnie Rodolphe Burger, support de production et de diffusion, il crée à Sainte-Marie-aux-Mines, sa ville natale, le studio d’enregistrement Klein Leberau et le festival « C’est dans la vallée » qui, l’année dernière, a fêté sa dixième édition.

De Babar… « Pendant mon enfance à Sainte-

Marie-aux-Mines, en Alsace, j’étais à la fois isolé et connecté musicalement. Mon père, un ingénieur, qui dirigeait la scierie familiale, n’était pas musicien, mais mélomane. Il adorait la musique classique romantique. Aussi, de cinq à dix ans, j’ai dû prendre des leçons de piano. Non seulement il ne m’en reste rien, mais, des années durant, je n’ai pas supporté les concerts classiques. C’est à dix ans, en 1967, que j’ai vraiment été happé par le rock, grâce aux Beatles, aux Rolling Stones (surtout l’album « Aftermath »), à Jimi Hendrix, à Pink Floyd et à Otis Redding. Dès l’année suivante, j’ai formé mon propre groupe, à deux guitaristes et un batteur. Nous jouions des instrumentaux, des compositions originales et quelques reprises dont Hey Baby (New Rising Sun) de Jimi Hendrix, sur lequel j’ai essayé une fois de chanter. Ce fut une catastrophe. Avec ce trio, nous avons parcouru pendant plusieurs années toute la région, de Sélestat à Strasbourg. Nous avons même obtenu notre petit succès avec une reprise du générique de Babar. Sous l’influence des formations allemandes, le groupe a pris plus tard le nom de Fusion. »

l’actiVité de rodolphe burGer se conJuGue aVec les notions de partaGe,de collaborations, de créations collectiVes.

… à Derrida et au Stromboli« À l’âge où la plupart des musiciens 

débutent leur carrière, j’ai abandonné toute prétention musicale, en 1974, pour me consacrer à la philosophie en entrant en hypokhâgne à Strasbourg, puis en khâgne à Paris. Cet apprentis-sage de la philosophie a provoqué chez moi une véritable exaltation, en même temps que mon implication politique grandissait, sous l’influence de pasteurs calvinistes proches du PSU. Les premiers temps à Paris furent difficiles, moralement et matériellement, jusqu’à ce que je réussisse le concours des Ipes*. Tout en poursuivant mon cursus universitaire jusqu’au DEA, je fréquentais, aux Hautes Études, les cours de Michel Foucault, Roland Barthes, Gilles Deleuze et Jacques Derrida, avec qui je me suis lié d’amitié. 

Pendant toute cette période, si je ne pratiquais plus la guitare que pour mon plaisir, essentiellement des variations autour du blues, j’écoutais énormément de choses et, après le Velvet Underground, je m’immergeais 

© Jean-François Dréan

dans le jazz, en particulier grâce à ma rencontre avec le trompettiste Joe Newman, et le free-jazz avec la décou-verte d’Ornette Coleman et de James Blood Ulmer, sans toutefois renier mes racines rock. J’alternais les concerts, les Rolling Stones à Stuttgart en 1976 ou Albert Collins, et les festivals, Nice, Antibes… Tous ces sons de guitare m’ont redonné peu à peu l’envie de jouer. En 1980, j’étais à la croisée des chemins, désireux de partir à l’étranger sans savoir précisément quoi faire avec la philosophie. Un ami me prête alors une maison au pied du Stromboli, un endroit aride et isolé avec pour seule compagnie une guitare. »

Dernière bande, Kat Onoma, la Compagnie Rodolphe Burger

« De retour en France, je suis affecté à un lycée de Saint-Louis, près de la frontière suisse et, m’étant acheté une Fender Telecaster avec ma première paye, je décide de former de nouveau un groupe, recrutant les premiers musiciens parmi les élèves. Le 

projet n’était pas clairement défini, il s’agissait surtout de jouer partout où c’était possible, de retrouver une aisance, une familiarité avec les instruments et la scène. Sous le nom de Dernière Bande, un collectif dont les membres allaient et venaient, cette aventure a duré jusqu’en 1986, lorsqu’une formation s’est stabilisée autour d’une nouvelle dénomination, Kat Onoma. Cette année-là, j’ai choisi de quitter l’enseignement bien que, dès le départ, il fût évident que, financièrement, ce serait difficile. C’est une des raisons pour lesquelles je multiplie, encore aujourd’hui, les projets, car il s’avère toujours aléatoire de gagner correctement sa vie avec un groupe. D’ailleurs, outre la lassitude, la distance géographique (moi à Paris, les autres à Strasbourg) et l’ambition de projets consomma-teurs d’énergie, la séparation de Kat Onoma, après dix-huit ans, est venue de nos difficultés à nous imposer dans le paysage musical français. »

Un studio, des écrivains et des projets

« Le studio de Sainte-Marie-aux-Mines est né de la sensation d’être un héritier symbolique du passé familial. J’ai ainsi progressivement investi la maison de ma tante Frida pour en faire un lieu de répétition, puis, après ma rupture avec EMI en 2002, un vé-ritable studio d’enregistrement de très haut niveau avec un ingénieur du son à demeure. En raison de la faiblesse actuelle des budgets de production et de coûts de fonctionnement élevés, il n’est pas rentable en soi, mais il s’intègre dans un tout. En revanche, j’ai arrêté la structure maison de disques avant la catastrophe, l’idée n’étant pas de faire un label, mais de proposer un catalogue artistique, d’où la mise en place de la Compagnie. 

J’ai toujours composé la musique, avec parfois des bribes de textes dans la tête. J’aime surtout travailler avec des écrivains. Leurs rencontres appor-tent un côté littéraire à mes chansons que j’apprécie particulièrement. En 2011, avec Olivier Cadiot, nous préparons un genre de road movie sur une Allemagne imaginaire. »

Parallèlement, Rodolphe Burger met au point un livre-CD chez Actes Sud et continue ses partenariats et ses résidences avec des scènes nationales comme celle de Sète, où s’est construit le projet autour de la musique du Velvet Underground, ou comme la Comédie de Reims pour une adaptation du Faustus de Gertrude Stein, qui sera aussi présenté aux Bouffes du Nord en mai, sans oublier le travail de produc-tion, les concerts et le festival « C’est dans la vallée » en octobre .

Peu invité aux Francofolies de La Rochelle, le guitariste et chanteur s’est produit deux fois à Rochefort-en-Accords, notamment, lors de la première édition en 2005, pour une rencontre inoubliable avec David Thomas, chanteur de Père Ubu, et Jacques Higelin. •

* Ipes : concours qui assurait un salaire pendant trois années d’études en échange d’un engagement de dix ans dans l’enseignement. Il a été supprimé en 1978.

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expressions un maGazine à l’ouest6

philippe Guerry

p our le meilleur et pour le pire, le « spectacle jeune public » a longtemps été associé à la sortie

scolaire ou à la représentation ama-teur, où se traînaient tant bien que mal des parents sans illusion. C’est probablement pour avoir vu des gé-nérations d’adultes assis en tailleur gigoter sans arrêt parce qu’ils avaient mal aux fesses que les auteurs et les comédiens, au milieu de la petite jauge de leur petit spectacle, ont dé-cidé de faire quelque chose pour oc-cuper les « accompagnants » : moins éducatif, plus artistique, moins in-fantile, plus ambitieux… Depuis une décennie environ, auteurs, compa-gnies, théâtres et festivals insufflent donc un peu d’air frais à une produc-tion qui vient taquiner les vieilles barbes du « vieux public » et remet en question les frontières tradition-nelles entre les âges et les genres artistiques. « C’est une évolution sen-sible, confirme Marie-Christine Léger,programmatrice jeune public du Théâtre d’Angoulême, le public adulte se  soucie  moins  qu’avant  des  classifi-cations  par  âge,  qui  deviennent  per-méables.  Nous  avons  vu  récemment des adultes, sans enfants, assister à Oh Boy ! de Marie-Aude Murail et Olivier Letellier, alors que notre programma-tion  l’affichait  “à  partir  de  9  ans”. » Si les théâtres maquillent parfois ces étiquetages pour ne pas effrayer les parents (le « jeune public » devenant « tout public » ou « sortie familiale »), il n’en reste pas moins que de pesants a priori subsistent.

dossier les spectacles Jeune public

moins éducatif,

plus artistiQue,

moins infantile,

plus ambitieux…

La société du pestacleLes portes des théâtres municipaux étant bien trop lourdes et les fauteuils bien trop hauts, il semble encore nécessaire que des adultes accompagnent les enfants au spectacle. C’est précisément à cela que servent les parents et les maîtresses d’école. Armés de patience pour les uns, de bonnes intentions pour les autres, lesdits adultes trouvent cependant désormais des spectacles qui s’adressent aussi à eux.

La mauvaise éducationHistoriquement, dans la décennie

qui suit la Seconde Guerre mondiale, les premières réflexions autour du « théâtre pour la jeunesse » sont liées aux mouvements d’éducation popu-laire et les visées éducatives y sont essentielles. Cette double dimension, artistique et éducative, créera finale-ment un hiatus institutionnel dans les années 60 et 70 entre les premiers ministères de la Culture et celui de l’Éducation nationale. La Culture se méfie de ce patronage éducatif et n’accorde qu’un soutien institution-nel symbolique en créant en 1975 six centres dramatiques nationaux « jeune public » dont le nombre n’évo-luera plus jamais. L’Éducation, qui se retrouve de fait avec la garde des enfants, témoigne quant à elle d’am-bitions timides et de moyens idoines. Quelques initiatives émergent, autour de « projets d’action éducative » qui ne suffisent cependant pas à créer un réel essor hors du circuit scolaire. Même si les relations entre ministères iront s’améliorant à compter des années 80, c’est sous ce giron éducatif que le

spectacle jeune public se diffusera le plus largement, ce qui influera sur la forme même des créations : faute de moyens, les spectacles sont assez souvent soit des « petites formes » au dispositif scénique un peu pauvre, soit des représentations « exploitables en classe » et d’une audace formelle très relative. « C’est  un  fait  que,  pour certains  artistes,  il  a  pu  être  tentant de profiter de cette rente de situation, avec  des  productions  assez  faibles, analyse avec lucidité Michel Roudier, directeur du Gallia à Saintes, scène conventionnée bénéficiant d’un label jeune public. À  leur  décharge,  je  fais partie  d’une  génération  de  program-mateurs  qui  s’est  longtemps  montrée très  distante  vis-à-vis  du  jeune  pu-blic.  » Outre la qualité très variable des productions, ce type de spectacles implique en effet pour les scènes une économie très spécifique : « Les jauges sont  réduites,  le  prix  des  places  doit rester  faible  et  il  faudrait  idéalement multiplier  les  représentations  pour que  ce  soit  intéressant,  ce  qui  bloque l’installation de nos autres spectacles », poursuit-il. Les scènes nationales ne se sont donc jamais battues pour les promouvoir.

De fait, la diffusion de ces produc-tions au-delà du réseau « éduc’nat’ » sera jusque dans les années 80 et un peu après le fait de quelques in-dividualités à la foi militante. Dans la région, on cite fréquemment en exemple Alain Duchâtel qui créera le festival L’Échappée Belle, à Blanque-fort, Marie-Jeanne Vian qui préfigu-rera le festival La Tête dans les nuages, à Angoulême, ou encore le travail de fond mené depuis des années par la Maison des jeunes de La Rochelle, fu-tur Carré Amelot. Malgré ce soutien à bout de bras, le spectacle jeune public peine cependant à sortir du carcan de la « sortie scolaire » et sa reconnais-sance reste encore longtemps le fait d’initiés.

Allons enfants…Pour les professionnels, le renou-

veau qualitatif de ces spectacles se fait sentir à compter du milieu des années 90 et s’expliquerait par un changement notable du regard des adultes sur l’enfance : « Parce  que les  habitudes  de  fréquentation  des théâtres  commençaient  à  être  prises, les  parents  ont  davantage  souhaité se  rendre  au  spectacle  en  famille », affirme Michel Roudier. « Ce  qui  se passe  alors  dans  le  théâtre  jeune  pu-blic peut être rapproché de ce qui s’est 

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expressions un maGazine à l’ouest 7

passé en littérature jeunesse, complète Marie-Christine Léger. L’apparition d’un  répertoire  théâtral  destiné  à  la jeunesse  a  contribué  à  donner  de  la légitimité  à  ces  créations.  » Certains éditeurs (Actes Sud, l’École des loisirs, les Éditions théâtrales) développent en effet leurs premières collections théâtrales autour de certains auteurs (Fabrice Melquiot, Karine Serres, Syl-vain Levé…). Dans le même temps, l’apparition de ce répertoire s’accom-pagne d’un intérêt nouveau d’auteurs consacrés et reconnus dans le théâtre « adulte », qui ne craignent plus de se frotter à la création jeunesse : Olivier Py (qui met en scène les frères Grimm en 1997 avec La  Jeune  Fille,  le  Diable et  le  Moulin), Joël Pommerat ou un jeune auteur comme Matthieu Roy, en résidence à Poitiers, sont de ce mouve-ment. « Ce passage assumé par le jeune public d’auteurs reconnus a été décisif. C’était  auparavant  très  risqué  ;  une création de ce type les aurait enfermés dans un créneau déconsidéré, poursuit Marie-Christine Léger. Comme certains auteurs  sont  également  directeurs  de scènes culturelles, on a vu des mises en scène  plus  ambitieuses,  des  références littéraires plus assumées,  ce qui a per-mis au public adulte de s’y retrouver. » L’apparition, en 2005 seulement, d’un

Molière  du  spectacle  jeune  public té-moigne de façon anecdotique mais révélatrice de ce regard nouveau des professionnels.

Ce changement n’est pas sans conséquence sur les dispositifs de sou-tien à la création. Sensibles à la des-tination familiale de ces spectacles, mairies, communautés de communes – notamment rurales – et départe-ments soutiennent davantage les compagnies locales. DRAC et conseils régionaux consolident quant à eux les actions mises en place depuis des années par certains des « pionniers » cités plus haut en développant une politique de labellisation des théâtres et des festivals : Le Carré-les Colonnes, à Blanquefort (nouveau nom de l’éta-blissement après sa fusion avec la scène de Saint-Médard-en-Jalles), est Pôle de ressources jeune public pour la Région Aquitaine, le Gallia à Saintes est labellisé « jeune public et écritures contemporaines ». Le cahier des charges implique notamment de coproduire des spectacles et de déve-lopper les résidences de compagnies. La compagnie La Petite Fabrique, di-rigée par Betty Heurtebise, est ainsi associée depuis plusieurs années aux Colonnes, reçoit une aide à la créa-tion de la Région Poitou-Charentes, et multiplie les partenariats, du Théâtre national de Bordeaux au Gallia en passant par le pays mellois : « Il  est 

évident  que  nous  profitons  de  ces bonnes  conditions  de  création  et  de répétition.  Nos  projets  sont  soutenus, nos  productions  tournent  dans  la  ré-gion,  ce  qui  nous  permet  de  conforter l’artistique.  La  labellisation  assure cette reconnaissance », explique-t-elle. En programmant ces compagnies « de proximité », les scènes nationales té-moignent ainsi de leur ouverture au public familial, limitent leur « déficit artistique » et les collectivités voient leurs subventions utilement inves-ties. Cercle vertueux donc. Mais dont le périmètre peine toutefois à dépas-ser l’échelon régional. Un palier reste là à franchir pour les compagnies soutenues, qui ne disposent pas né-cessairement de moyens de diffusion adaptés. « Les Enfants sauvages, créé à Blanquefort et présenté à La Tête dans les nuages en 2010, tourne bien en ré-gion, rapporte Betty Heurtebise, mais nous  n’avons  pas  trouvé  à  le  diffuser plus  largement. » Pour assurer cette diffusion, le rôle de la douzaine de festivals jeune public fréquentés par les programmateurs (dont L’Échap-pée Belle et La Tête dans les nuages) semble désormais primordial.

En attendant DodoReste qu’en sortant petit à petit de

son image un peu cheap, le spectacle pour enfant est capable désormais de mettre en avant ses particularismes : les années de débrouille où il fallait produire à moindre coût couvaient un théâtre d’avant-garde, inexploré par le théâtre « adulte » : théâtre de marion-nettes, d’objets, nouveau cirque… cette inventivité se trouve désormais valori-sée aux yeux d’un public adulte qui se soucie moins de ne pas correspondre à la classe d’âge affichée sur le pro-gramme. Philippe Schlienger, direc-teur du festival Momix à Mulhouse, a défini le spectacle jeune public comme « un spectacle adulte accessible aux enfants ». Le 19 mars prochain, le groupe The 1234 va reprendre a  cap-pella les Ramones lors d’une représen-tation exceptionnelle à La Nef dans le cadre de la 14e édition de La Tête dans les nuages. « Le  concert  ne  figure  pas en  tant  que  “spectacle  jeune  public” dans  la  programmation  de  saison  de La Nef, s’amuse Marie-Christine Léger, ce  qui  veut  dire  que  les  publics  “rock” de La Nef et “jeunes” du festival seront mélangés devant un groupe qui jouera indifféremment pour tout le monde. » Du grand spectacle. •

en saVoir plus

http://o-lapetitefabrique.fr www.theatre-angouleme.org www.lecarre-lescolonnes.fr http://gallia-theatre.fr

Elle est paf la girafe. Il a bu le zébu !La mine réjouie des enfants et de leurs parents, dodelinant de la tête sur les mêmes rythmes en voiture, suffit à comprendre que l’offre musicale à destination des plus jeunes a changé. Un petit pas dans l’histoire culturelle mais un grand pas pour l’équilibre psychique des familles.Pendant longtemps, la production musicale pour les enfants sent la layette ou l’herbe fraîche, et résonne aux seuls accords des guitares sèches. What a folk ! Les fabulettes d’Anne Sylvestre, la moustache d’Henri Dès ou la Baleine bleue de Steve Waring usent les platines vinyle et les nerfs de

parents résignés. À cette époque, seul Pierre Perret livre quelques messages d’insoumission, usant de son « zizi », incitant à la pratique de la « vaisselle cassée » et ouvrant en grand « la cage aux oiseaux ». Émilie Jolie, le conte musical de Philippe Chatel, tente de s’appuyer sur le renfort de nombreux artistes de renom pour hisser le niveau mais, avec l’avènement de la cassette et de la télévision privée, la situation s’aggrave et le marché « culturel » connaît l’avènement de stars comme Dorothée ou Chantal Goya. L’ultime renoncement des adultes.À la fin des années 80, les enfants de cette génération perdue sont dans la rue pour mettre « Devaquet au piquet ». Les cortèges diffusent les premiers hymnes de la scène alternative et réinterprètent les chansons de leur enfance endolorie. Un air de changement résonne. Les musiciens, qui mènent désormais plusieurs carrières, marquent leur rupture avec le mièvre répertoire d’autrefois et s’adressent aux petits comme autant d’adultes en devenir. La musique, mêlant rock, ska et autres rythmes envolés, reçoit textes engagés et humour caustique. On trouve à la tête de ce nouveau mouvement des groupes comme les Ogres de Barback (chantant les aventures du héros Pitt Ocha), les fameux Zut ou des têtes d’affiche locales (Baobal à La Rochelle), et des artistes comme Vincent Malone qui glorifie « le Roi des papas ». Dans certaines occasions, les interprètes s’effacent même derrière des personnages fictifs (les marionnettes High Dolls). Le Soldat rose peut commencer à avaler son chapeau… •

Pierre Labardant

Théâtre de

marionnettes,

d’obJets,

nouVeau

cirQue…

l’inVentiVité se

trouVe désormais

Valorisée aux

yeux du public

adulte.

Page 8: Expressions nº18

2011la rochelle

tout un programme !

L’agenda

complet sur

www.larochelle.fr

escales Shopping 15 au 17

Festival de la Fiction tV

Journée sans voiture

14 au 1922

Festival international du film de La rochelle

Championnat du monde de plongeon de Haut vol16 au 18

1 au 10

21 au 24

12 au 16

7 au 11

Sunny Side of the Doc 22ème édition

nuit des musées

Cavalcade

1428 et 29

Carnaval

ouverture de La Sirène (salle de musiques actuelles)1er

9

10 ans de l’aquariumaVriL

JuiLLet

Septembre

grand pavois

Francofolies de La rochelle

Fête du port de pêche

Semaine du nautisme

4

11 au 15

Juin

mai

www.larochelle.fr

1er

Page 9: Expressions nº18

expressions un maGazine à l’ouest 9

L’artiste en glaneuse

oléron théâtre

saint-Jean-de-liVersay lara blanchard moribonds

Installée désormais à Saint-Jean-de-Liversay (17),

Lara Blanchard y a posé des valises nombreuses, très nombreuses… C’est

que valises, boîtes et autres contenants ayant

vécu sont à l’origine de « Géographie

personnelle », un travail plastique tissant l’intime

à la poussière, envers des célèbres peluches

rigolo-trashs, les « Mange-bobos », de la demoiselle.

philippe Thieyre

h éritier de la propriété ostréi-cole familiale, Jean-Marc Chailloleau aime les huîtres,

son métier et son territoire de ca-naux et de marais en bordure d’océan au point qu’il a envie de le raconter dans un langage qui mêle français et patois charentais. En 1997, il se lance seul sur scène après avoir écrit une série d’histoires sous forme de contes et de saynètes dans lesquels il raconte, avec humour et faconde, la nature, la vie des gens qui la fa-çonnent et le travail des huîtres. Son spectacle d’acteur raconteur trouve rapidement son public sur l’île, puis conquiert des territoires éloignés de son terroir, dans la région et au-delà. Il n’en abandonne pas pour autant son métier d’ostréiculteur auquel il se consacre à temps plein jusqu’à l’été.

Une folle entrepriseSous l’œil incrédule de ses voisins

et circonspect de la mairie, Jean-Marc Chailloleau conçoit l’idée de faire venir son public sur place, sur sa propriété, au milieu des marais sur la côte est d’Oléron, dans le cœur même de ses récits. Avec Gérard, son salarié polyvalent, ils mettent quatre ans, à raison de quatre mois par an, pour

construire un amphithéâtre avec des pieux en ardoise récupérés sur les bouchots, pour conte-nir la terre des gradins. Située au bout d’un marais, la scène, elle, est en bois, solidement soutenue par des poteaux enfoncés de 3,50 m

dans le sol. Le bois est aussi le matériau uti-lisé pour les constructions annexes. Le résultat étonnant et inattendu en ces lieux possède un charme indéniable, amplifié à la nuit tombante lors des spectacles. Les gradins peuvent conte-

nir 400 spectateurs au maximum, pour des prix d’entrée entre 10 et 23 euros.

Après un concert inaugural en août 2008, les deux années sui-vantes le Théâtre d’ardoise adopte le rythme d’une dizaine de repré-sentations concentrées en juillet et août : concerts (Titi Robin, Malted Milk, Quatuor de cuivres…), théâtre (Jacques Bonnaffé), one-man show (Jean-Jacques Vanier) et un festival de rencontres, le « Festivase ». En-tièrement privé, ne recevant aucune subvention, son fonctionnement est assuré par les seules entrées. Une association des amis du Théâtre (TATA) gère les ventes de produits et partage la programmation avec l’ostréiculteur, qui en revanche as-sume seul les pertes financières. Un taux de remplissage moyen de 250 spectateurs assurerait l’équilibre. L’année dernière, il se situait un peu en dessous, autour de 200/220. Il est par ailleurs dommage que la mairie de Dolus n’apporte aucun soutien, au contraire, à cette initiative originale, réellement implantée dans son envi-ronnement naturel et humain. •

en saVoir plus

www.letheatredardoise.comJoëlle : 06 29 53 68 32 ou 05 46 47 10 13

Un amphithéâtre de pieux d’ardoise et de terre se dresse au milieu des marais ostréicoles du chenal d’Arceau, sur l’île

d’Oléron, étonnante résurgence culturelle entre terre et mer.

Le Théâtre d’ardoise

caTherine fourmental-lam

Vide-poches…D’abord, elle glane. De son enfance

dans la campagne franc-comtoise, elle a gardé le goût des petites choses qu’on ramasse, miettes de paysages rencon-trés : « Je ne peux pas aller quelque part sans ramasser. Des pierres, des bâtons, une racine, un lucane… j’en ai toujours plein  les  poches  !  » Ensuite, elle as-semble. En Irlande où elle a passé sept ans, les Dublinois l’appelaient une «  compulsive  maker  ». Il faut qu’elle fasse, absolument. Juste des souvenirs de balade mis en boîte alors ? Mais la jeune femme a fait des études d’arts plastiques à Strasbourg et s’est prise de passion pour la photo argentique. Le travail sur les tirages et le papier qu’elle aimait n’a plus cours – « c’est de-venu inabordable ! » – mais elle a gardé

une « banque d’images » qu’elle peut retravailler à loisir. Et rajouter à ses col-lections. Autoportraits, silhouettes ga-gnées par une alchimie qui les rend au mystère, photos anciennes… Creusant le réel imposé des clichés, elle tente d’en remonter le fil : « As far as remem-ber » titre-t-elle lors d’une exposition à Saintes en 2003. D’aussi loin qu’elle se souvienne : le temps s’épaissit, se rap-proche, s’éclipse, cerne les images.

… et reliquairesDonc elle se souvient : les menus

trésors et les photos personnelles sont savamment orchestrés dans des écrins de bois, tapissés de dessins déchirés, de mots découpés, fleurs séchées et plumes d’oiseaux pour toute cou-ronne. Un théâtre de poche beau et cruel : « Un ogre » y rôde, de « L’envol et la chute » personne ne gagne, « Le rêve de l’enfant » est là mais « La chair » s’y éveille douloureusement et « Ce qu’il nous reste » paraît à la fois si lourd et si maigre… « Chacun raconte l’histoire, assure-t-elle. Je vais vers des boîtes de plus  en  plus  réduites.  J’aime  que  les gens  se  rapprochent,  qu’ils  rentrent dans mon monde. Qu’ils s’y retrouvent aussi. »

Rien à voir alors avec sa production de Mange-bobos, exhibant sexes et grimaces, présents sur les marchés de créateurs de la région ? «  J’ai  fait les premiers pour  les offrir à des amis. Et  puis  ça  a  eu  tant  de  succès  que  j’ai continué.  Ça  me  permet  de  lâcher  du lest  !  » Entre l’exhibition joyeuse et le goût du secret, Lara Blanchard ne choisit pas. Elle s’équilibre. Et garde la même ardeur pour couturer dentelles désuètes et imprimés pop. •

en saVoir plus

www.artmajeur.com/larablanchard

Indépendants livres morts

philippe Guerry

À Barbezieux, la librairie jeunesse

indépendante Quartier Libre ferme ses portes en avril, faute d’une clientèle suffisante sur ce créneau étroit et malgré l’attachement des habitués. À Poitiers, la librairie Le Feu Rouge, spécialisée dans la bande dessinée indépendante et proche des éditions FLBLB tourne également la page, faute de pouvoir pérenniser ses emplois aidés, faute également de trouver un repreneur qui ne brade pas ce fonds exigeant. Le coup de vent annoncé sur la librairie indépendante dans la région (voir Expressions no 16) ferait-il ses premières victimes ? La librairie est un secteur fragile, l’indépendance un idéal précaire. Les deux sont menacés. Dans le même temps, les salariés de L’Association, fer de lance de l’édition indépendante de bandes dessinées, profite de l’audience du festival d’Angoulême pour protester contre leur licenciement annoncé. Quand auront disparu tous ces traits singuliers, les pixels luminescents de nos iPad achèveront d’assécher les petits globes inutiles qui assuraient un lien entre le monde et nos cervelles. •

Page 10: Expressions nº18

expressions10 un maGazine à l’ouest

WILLY / sur une pelouse, dans un jardin.Je m’appelais Willy. Je � opais le jeune � ien dans un coin du jardin. Où je m’amusais à le coincer. C’était une femelle de berger belge. Avec les oreilles cassées. Je la plaquais sou-vent à terre, un jour je me suis plaqué contre elle. J’ai senti son ventre de � ien. Et je me suis excité sur elle, j’ai eu cette montée de plaisir qu’ont les enfants. Je l’ai relâ� ée. Elle avait ce râle qu’ont les � iots. J’ai compris qu’elle avait senti ce que je faisais. Et elle a détalé comme pour jouer encore. Je l’ai relâ� ée. Elle sautait sur ses pattes. Je me suis relevé de la pelouse. J’ai regardé le ciel. Et là où j’étais, dans le jardin, je me suis suicidé.

JIMMY / dans la rue, près d’un gymnase / dans une chambre / sur la route. Je me suis réincarné, je m’appelais Jimmy. C’était à la sortie de la salle (je sais plus comment), un gymnase, à une grande fête du lycée. Il y a toujours des plus jeunes aux fêtes des élèves du lycée. Je me balançais à un poteau d’éclairage. Il y avait un groupe de deux � lles. À celle qui était le plus près du poteau, je me suis mis à dire des poèmes. Ça la séduisait. Elle avait des lèvres hyper ourlées, genre de lèvres qui gercent. Ça mar� ait, elle me posait des que� ions. J’ai � ni de poser ma phrase, j’ai regardé le ciel, l’ampoule du lampadaire m’a aveuglé. Une seconde je me suis dit que je vivrais pas longtemps. On baisait dans sa � ambre. C’était vraiment bon ce qu’on se faisait. On se lavait pas entre les rapports. Je retournais � ez moi en mobylette. Des fois deux jours s’écoulaient. On rebaisait. Je voyais son poil plein de � erme. Et je voyais aussi les fautes d’orthographe. Dans les lettres qu’elle m’écrivait. Je suis sorti de � ez elle une après-midi en me disant qu’elle était bête. Qu’elle était pas assez bien pour moi. J’ai regardé le ciel, j’ai pris la route et je me suis suicidé.

MAÉVA / dans une chambre / dehors devant chez elle.Je me suis réincarnée (ju� e à côté), je m’appelais Maéva, j’étais blonde et j’avais du � erme sur le ventre. J’étais amoureuse du garçon qui se relevait de sur moi, il était maigre, c’était bon, et il était très bran� é. À côté du lit il y a mon po� e, il me dit que c’e� bien. La musique qu’écoute mon grand frère. Il dit des poèmes et que je lui ai man-qué. J’ai des trucs pour manger dans ma � ambre que l’on mange. On rebaise. Il sent un peu mauvais à la � n. On parle de nos idées noires, je me dis que j’ai de la � ance. À cinq heures il part, il m’embrasse, il me met vraiment dans un état tout love. Je re� e un peu devant � ez moi je regarde le ciel. Je reviens à l’intérieur. Je vais me suicider.

STEEVY / dans la cour d’un lycée / dans une cellule / dans la rue / dans un square.Je me suis réincarné. Je m’appelais Steevy, je faisais le fe� i-val. L’année d’un é� ange. Ju� ement je rencontre une petite � agiaire maigrissime qui veut parler, me voir fumer une cigarette, c’e� le soir, le portail du lycée Saint-Joseph e� fer-mé. On mar� e dans la cour. Viens dans ma cellule je lui dis.Dire� un barreau de � aise elle me taille. Je ne pense même pas à l’enculer. Je la pénètre, elle me suce, je la pénètre, elle me suce. J’éjacule sur elle, c’e� elle qui me branle. Cette � lle me dit de lui faire le cul, ça me rend quatre fois plus dur. J’ai un moment ré� exif comme ça, je regarde la lu-mière jaune sur les murs, je me dis  : elle me parle, elle m’appelle par mon prénom Steevy, m’attire sur elle pour la baiser, à lui mettre dans sa bou� e, je ne pense même pas à l’enculer. Elle me ma� urbe. Je me dis qu’elle ne fait pas ça pour les mêmes raisons que moi. J’éjacule comme un fou, elle e� contente, elle e� vraiment maigre, ça m’excite, la lumière éle� rique e� vraiment dégueulasse. Le lendemain on fait une promenade. Je termine la promenade seul, je regarde le ciel. J’entre dans un square et je me suicide.

DIDJI / dans une chambre / dans la rue / près d’un terrain de foot.Et je me suis réincarné, je m’appelais Didji. La consigne entre lui et moi, il me disait : fais-moi la même � ose que si j’étais Stéla – ma petite amie. Il se met sur le ventre, je m’al-longe sur lui. J’ai le droit de lui tou� er la bite, pendant que je m’a� ique sur ses fesses. Et � acun son tour durant les après-midi libres on avait plusieurs jeux. Ses parents vien-nent le � er� er. Il me dit : je vais le dire à Stéla – ma petite amie. Si tu le fais je te tue je lui dis. J’ai regardé le ciel puis la voiture de ses parents qui partait, je l’ai suivie jusqu’au terrain de foot, là je me suis suicidé.

0 % deCroissance

EDDY / dans une école primaire / au fond de la cour.Et je me suis réincarné, je m’appelle Eddy, je suis à l’école primaire avec Tomi, les grands nous obligent à nous enfer-mer dans les cabinets abandonnés qu’il y a au fond de la cour. Il a peur, je suis plutôt con� ant, parce qu’il me plaît. Je suis crâneur et toute l’école le dit. Il fait noir. Je l’en-tends qui re� ire. Il veut pas me parler. Il veut pas parler. Le jour nous éblouit d’un coup. Le maître nous colle deux grandes beignes dans la gueule. J’en � iale et Tomi ne re-viendra plus à l’école. Moi j’y ai des amis. Je regarde le ciel. J’embrasse les deux nouvelles Laetitia et Jessica le jour de leur arrivée. Un midi je retourne dans ces fameux cabinets. Et je m’y suicide.

LAETITIA / dans un collège / sur l’herbe d’un chemin à proximité d’un lotissement / près d’un bois.Et je me suis réincarnée (ju� e à côté). Je m’appelle Laeti-tia. Premier jour de classe pour moi et ma sœur. J’entends : Qu’elles sont grosses ! et je vois un garçon qui me sourit. À quatre heures, je le raccompagne sur le � emin. Avant de rejoindre le lotissement, on se plaque dans l’herbe, il me pelote les seins. Jusqu’à cinq heures trente. J’ai mal aux seins. Il e� canon. Il a la voix aiguë. Il ne veut pas que je mette ma main dans son jogging. Tu t’es pas pissé dessus au moins je lui jette. Non j’t’aime trop, ça m’excite trop il me dit. Ça serait pas beau à voir. Je pense que si ça serait super à voir. Mais j’ose pas. Suis un peu vexée, je tou� e la ta� e sur le jogging et je me recule comme ça. Je me lève. Si ça serait super excitant de voir, de la tou� er, je lui de-mande. Je crâne un peu au-dessus de lui. Il se vexe. Lui se remet bien et se lève. Il dit tu verras demain. Moi je sens mes doigts. Lui s’en va dans le lotissement. Moi je regarde le ciel. Je suis au bord de l’allée. Alors je tourne les talons. Je mar� e sur l’herbe, je regarde le ciel, je vois deux per-sonnes sortir du bois avec un sac. Une sorte de sac de toile, j’ai le même. Les feuilles te font un bruit sous les bottes ! Je les croise. Sur l’herbe de la clairière, l’un des hommes fait traîner sa pelle, me sourit. Je mar� e sur l’herbe, je regarde le ciel, et puis je vais me suicider dans les bois.

PÉTRA / dans une chambre.Et je me réincarne, je m’appelle Pétra, je comprends pas ce qui m’arrive, je me suicide dans une � ambre rouge, en� n la lumière e� rouge et sombre, j’ai mal à la � gure et aux côtes, je me cri� e quand une personne entre dans la � ambre, il en e� rentré trois, ils parlent mais j’entends pas, je me dis j’ai treize ans j’ai treize ans merde ! et j’ai très mal dans les jambes, dans les jambes, je � nis mal ma croissance.Je vois deux sœurs s’appro� er. Elles me prennent sous les jambes et sous les bras pour m’asseoir. L’une met de l’eau sur mes lèvres, l’autre passe un gant de toilette sur mon visage. J’a� ire et c’e� � aud. Je déglutis et c’e� salé. Je suis malade et j’ai l’impression que c’e� sacré.

MIKI / dans un appartement au 5e étage d’un bâtiment.Et je me suis réincarné (ju� e à côté) je m’appelle Miki. Je sue putain. Les escaliers me font suer. Bon, j’vois plus ma mère parce qu’elle me fait suer. Hier elle me dit qu’il faut que j’arrête de me goinfrer. Je l’emmerde. J’habite au cinquième étage, � ez mon père, il travaille d’habitude, là quand je rentre il e� là. Y’a la lumière orange de la cuisine allumée. Il e� dans le salon. Qui a une lumière jaunasse de merde aussi. J’vais à la cuisine. Je fais le va-et-vient entre le salon et la cuisine. Pour manger et répondre à mon père. T’as pas été bosser ? Il dit rien. Je fais le va-et-vient comme ça une heure avant de comprendre. J’vais au vide-ordures pour jeter l’emballage de mon kinder bueno. Y’a le � ien mort dans sa panière. Complètement allongé sur le côté. Je dis à mon père  : y’a le � ien qu’e� mort. Il ne répond pas tout de suite il dit mais non mais non. Je crois qu’il e� mort. Quand je le tou� e c’e� super impressionnant. Il e� dur. Y’a des mou� erons qui s’envolent. Et retombent sur sa tête. Je vais dans le salon. Là y’a mon père sur son canapé. J’lui dis il e� en� n crevé. Il me dit oh non. Il rejoue la scène il va voir la panière, il s’accroupit et il sanglote  : oh Smartie – c’e� le nom du � ien. Je les regarde. Il veut pas que je re� e autour. Il me dit je verrai ça demain. Je le regarde. T’as assez fait quatre heures ? il me dit, je vais faire à manger. Je le regarde. Lui me regarde pas. Je suis content pour lui qu’il soit crevé. Là il me dit t’es un imbécile. Pu-tain il a du � agrin. Un � ien qu’il a toujours ba� onné. Il e� sauvé y’a pas de lumière dans le cellier-cer-cueil du � ien. Nous on se paye cette putain de lumièreorange de merde.J’vais dans ma � ambre, j’entends mon père qui bouscule ses gamelles. Une minute de : je fais � au® er les poêles, je vais � er� er le beurre. Puis rien. Longtemps. Les pompiers sont venus me � er� er. J’étais enfermé dans ma � ambre. J’ai plus vu le père.

APRÈS ÇA / dans une rue / sur un trottoir. Je ne me suis plus réincarné.Je vois deux mômes sur le trottoir s’avancer vers la maison, je sais que ces deux, ils viennent voir mon � ls ; c’e� des amis de mon � ls.— Salut ça va ?— Ouais. — Ouais bien.Lui c’e� Willy ; et lui c’e� Eddy.

Dans cette vie-là je grandissais, mais je pouvais pas dire que c’était moi. C’étaient tous ces pingouins dont j’avais la mé-moire, presque la parole encore sur les lèvres. Il y avait Didji, Laetitia, Jimmy, Maéva, Pétra… et tous les autres. Je me suis dit, je suis le maire d’une ville d’enfants.La vie pour moi c’e� pas réel. Comme quand tu regardes un � lm qui parle un peu de ce que t’as vécu, ou une publicité, tu vois tu re� es comme ça un peu somnolent. T’y penses. Un jour je décide je me laisse un peu aller. Mais je peux pas. J’ai l’impression que le ciel e� cou� é sur moi et qu’il me copule sans s’arrêter. J’ouvre les yeux et quand je regarde le ciel il ne me renvoie rien. Je ne le reconnais même pas. Ju� e cette immensité � upide qui me donne envie de fracasser n’importe quoi. ¶

carte blanche à Gianni-GréGory fornet

Comment décoller ? De ce sol. Rien de ce qui se passe à l’endroit où nous sommes n’intéresse le maire, alors ?Comment commettre une exaction, envers ce qui est ? Sur ce sol.

Comment décoller ? De ce sol. Rien de ce qui se passe dans les ateliers n’intéresse l’actionnaire, alors ? Comment commettre une exaction, envers lui et la patronne, envers l’état de fait ? Sur ce sol.

Comment décoller ? De cette putain de cité. Rien de ce qui se passe à l’endroit où l’on pionce, près du HLM, n’intéresse le maire, alors ? Comment combattre une infection, comment sauver le nom de notre pauvreté ? Sur ce sol. De notre pauvreté. Sur ce sol.

Plus d’infos sur www.dromosphere.net

En tournée

: Flûte

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et la réalisation de ses propres pièces. Sexe, désespoirs et délitements sociaux caractérisent l’univers d’un travail que son m

inimalism

e formel, par ailleurs, établit au carrefour du théâtre, de la danse et du ciném

a. Il y a, dans 0 % de Croissance , urgence à courir, à fuir, à se suicider et renaître. Réitérative, obsessionnelle, la chute y est omniprésente. ¶

Page 11: Expressions nº18

11expressionsun maGazine à l’ouest

WILLY / sur une pelouse, dans un jardin.Je m’appelais Willy. Je � opais le jeune � ien dans un coin du jardin. Où je m’amusais à le coincer. C’était une femelle de berger belge. Avec les oreilles cassées. Je la plaquais sou-vent à terre, un jour je me suis plaqué contre elle. J’ai senti son ventre de � ien. Et je me suis excité sur elle, j’ai eu cette montée de plaisir qu’ont les enfants. Je l’ai relâ� ée. Elle avait ce râle qu’ont les � iots. J’ai compris qu’elle avait senti ce que je faisais. Et elle a détalé comme pour jouer encore. Je l’ai relâ� ée. Elle sautait sur ses pattes. Je me suis relevé de la pelouse. J’ai regardé le ciel. Et là où j’étais, dans le jardin, je me suis suicidé.

JIMMY / dans la rue, près d’un gymnase / dans une chambre / sur la route. Je me suis réincarné, je m’appelais Jimmy. C’était à la sortie de la salle (je sais plus comment), un gymnase, à une grande fête du lycée. Il y a toujours des plus jeunes aux fêtes des élèves du lycée. Je me balançais à un poteau d’éclairage. Il y avait un groupe de deux � lles. À celle qui était le plus près du poteau, je me suis mis à dire des poèmes. Ça la séduisait. Elle avait des lèvres hyper ourlées, genre de lèvres qui gercent. Ça mar� ait, elle me posait des que� ions. J’ai � ni de poser ma phrase, j’ai regardé le ciel, l’ampoule du lampadaire m’a aveuglé. Une seconde je me suis dit que je vivrais pas longtemps. On baisait dans sa � ambre. C’était vraiment bon ce qu’on se faisait. On se lavait pas entre les rapports. Je retournais � ez moi en mobylette. Des fois deux jours s’écoulaient. On rebaisait. Je voyais son poil plein de � erme. Et je voyais aussi les fautes d’orthographe. Dans les lettres qu’elle m’écrivait. Je suis sorti de � ez elle une après-midi en me disant qu’elle était bête. Qu’elle était pas assez bien pour moi. J’ai regardé le ciel, j’ai pris la route et je me suis suicidé.

MAÉVA / dans une chambre / dehors devant chez elle.Je me suis réincarnée (ju� e à côté), je m’appelais Maéva, j’étais blonde et j’avais du � erme sur le ventre. J’étais amoureuse du garçon qui se relevait de sur moi, il était maigre, c’était bon, et il était très bran� é. À côté du lit il y a mon po� e, il me dit que c’e� bien. La musique qu’écoute mon grand frère. Il dit des poèmes et que je lui ai man-qué. J’ai des trucs pour manger dans ma � ambre que l’on mange. On rebaise. Il sent un peu mauvais à la � n. On parle de nos idées noires, je me dis que j’ai de la � ance. À cinq heures il part, il m’embrasse, il me met vraiment dans un état tout love. Je re� e un peu devant � ez moi je regarde le ciel. Je reviens à l’intérieur. Je vais me suicider.

STEEVY / dans la cour d’un lycée / dans une cellule / dans la rue / dans un square.Je me suis réincarné. Je m’appelais Steevy, je faisais le fe� i-val. L’année d’un é� ange. Ju� ement je rencontre une petite � agiaire maigrissime qui veut parler, me voir fumer une cigarette, c’e� le soir, le portail du lycée Saint-Joseph e� fer-mé. On mar� e dans la cour. Viens dans ma cellule je lui dis.Dire� un barreau de � aise elle me taille. Je ne pense même pas à l’enculer. Je la pénètre, elle me suce, je la pénètre, elle me suce. J’éjacule sur elle, c’e� elle qui me branle. Cette � lle me dit de lui faire le cul, ça me rend quatre fois plus dur. J’ai un moment ré� exif comme ça, je regarde la lu-mière jaune sur les murs, je me dis  : elle me parle, elle m’appelle par mon prénom Steevy, m’attire sur elle pour la baiser, à lui mettre dans sa bou� e, je ne pense même pas à l’enculer. Elle me ma� urbe. Je me dis qu’elle ne fait pas ça pour les mêmes raisons que moi. J’éjacule comme un fou, elle e� contente, elle e� vraiment maigre, ça m’excite, la lumière éle� rique e� vraiment dégueulasse. Le lendemain on fait une promenade. Je termine la promenade seul, je regarde le ciel. J’entre dans un square et je me suicide.

DIDJI / dans une chambre / dans la rue / près d’un terrain de foot.Et je me suis réincarné, je m’appelais Didji. La consigne entre lui et moi, il me disait : fais-moi la même � ose que si j’étais Stéla – ma petite amie. Il se met sur le ventre, je m’al-longe sur lui. J’ai le droit de lui tou� er la bite, pendant que je m’a� ique sur ses fesses. Et � acun son tour durant les après-midi libres on avait plusieurs jeux. Ses parents vien-nent le � er� er. Il me dit : je vais le dire à Stéla – ma petite amie. Si tu le fais je te tue je lui dis. J’ai regardé le ciel puis la voiture de ses parents qui partait, je l’ai suivie jusqu’au terrain de foot, là je me suis suicidé.

0 % deCroissance

EDDY / dans une école primaire / au fond de la cour.Et je me suis réincarné, je m’appelle Eddy, je suis à l’école primaire avec Tomi, les grands nous obligent à nous enfer-mer dans les cabinets abandonnés qu’il y a au fond de la cour. Il a peur, je suis plutôt con� ant, parce qu’il me plaît. Je suis crâneur et toute l’école le dit. Il fait noir. Je l’en-tends qui re� ire. Il veut pas me parler. Il veut pas parler. Le jour nous éblouit d’un coup. Le maître nous colle deux grandes beignes dans la gueule. J’en � iale et Tomi ne re-viendra plus à l’école. Moi j’y ai des amis. Je regarde le ciel. J’embrasse les deux nouvelles Laetitia et Jessica le jour de leur arrivée. Un midi je retourne dans ces fameux cabinets. Et je m’y suicide.

LAETITIA / dans un collège / sur l’herbe d’un chemin à proximité d’un lotissement / près d’un bois.Et je me suis réincarnée (ju� e à côté). Je m’appelle Laeti-tia. Premier jour de classe pour moi et ma sœur. J’entends : Qu’elles sont grosses ! et je vois un garçon qui me sourit. À quatre heures, je le raccompagne sur le � emin. Avant de rejoindre le lotissement, on se plaque dans l’herbe, il me pelote les seins. Jusqu’à cinq heures trente. J’ai mal aux seins. Il e� canon. Il a la voix aiguë. Il ne veut pas que je mette ma main dans son jogging. Tu t’es pas pissé dessus au moins je lui jette. Non j’t’aime trop, ça m’excite trop il me dit. Ça serait pas beau à voir. Je pense que si ça serait super à voir. Mais j’ose pas. Suis un peu vexée, je tou� e la ta� e sur le jogging et je me recule comme ça. Je me lève. Si ça serait super excitant de voir, de la tou� er, je lui de-mande. Je crâne un peu au-dessus de lui. Il se vexe. Lui se remet bien et se lève. Il dit tu verras demain. Moi je sens mes doigts. Lui s’en va dans le lotissement. Moi je regarde le ciel. Je suis au bord de l’allée. Alors je tourne les talons. Je mar� e sur l’herbe, je regarde le ciel, je vois deux per-sonnes sortir du bois avec un sac. Une sorte de sac de toile, j’ai le même. Les feuilles te font un bruit sous les bottes ! Je les croise. Sur l’herbe de la clairière, l’un des hommes fait traîner sa pelle, me sourit. Je mar� e sur l’herbe, je regarde le ciel, et puis je vais me suicider dans les bois.

PÉTRA / dans une chambre.Et je me réincarne, je m’appelle Pétra, je comprends pas ce qui m’arrive, je me suicide dans une � ambre rouge, en� n la lumière e� rouge et sombre, j’ai mal à la � gure et aux côtes, je me cri� e quand une personne entre dans la � ambre, il en e� rentré trois, ils parlent mais j’entends pas, je me dis j’ai treize ans j’ai treize ans merde ! et j’ai très mal dans les jambes, dans les jambes, je � nis mal ma croissance.Je vois deux sœurs s’appro� er. Elles me prennent sous les jambes et sous les bras pour m’asseoir. L’une met de l’eau sur mes lèvres, l’autre passe un gant de toilette sur mon visage. J’a� ire et c’e� � aud. Je déglutis et c’e� salé. Je suis malade et j’ai l’impression que c’e� sacré.

MIKI / dans un appartement au 5e étage d’un bâtiment.Et je me suis réincarné (ju� e à côté) je m’appelle Miki. Je sue putain. Les escaliers me font suer. Bon, j’vois plus ma mère parce qu’elle me fait suer. Hier elle me dit qu’il faut que j’arrête de me goinfrer. Je l’emmerde. J’habite au cinquième étage, � ez mon père, il travaille d’habitude, là quand je rentre il e� là. Y’a la lumière orange de la cuisine allumée. Il e� dans le salon. Qui a une lumière jaunasse de merde aussi. J’vais à la cuisine. Je fais le va-et-vient entre le salon et la cuisine. Pour manger et répondre à mon père. T’as pas été bosser ? Il dit rien. Je fais le va-et-vient comme ça une heure avant de comprendre. J’vais au vide-ordures pour jeter l’emballage de mon kinder bueno. Y’a le � ien mort dans sa panière. Complètement allongé sur le côté. Je dis à mon père  : y’a le � ien qu’e� mort. Il ne répond pas tout de suite il dit mais non mais non. Je crois qu’il e� mort. Quand je le tou� e c’e� super impressionnant. Il e� dur. Y’a des mou� erons qui s’envolent. Et retombent sur sa tête. Je vais dans le salon. Là y’a mon père sur son canapé. J’lui dis il e� en� n crevé. Il me dit oh non. Il rejoue la scène il va voir la panière, il s’accroupit et il sanglote  : oh Smartie – c’e� le nom du � ien. Je les regarde. Il veut pas que je re� e autour. Il me dit je verrai ça demain. Je le regarde. T’as assez fait quatre heures ? il me dit, je vais faire à manger. Je le regarde. Lui me regarde pas. Je suis content pour lui qu’il soit crevé. Là il me dit t’es un imbécile. Pu-tain il a du � agrin. Un � ien qu’il a toujours ba� onné. Il e� sauvé y’a pas de lumière dans le cellier-cer-cueil du � ien. Nous on se paye cette putain de lumièreorange de merde.J’vais dans ma � ambre, j’entends mon père qui bouscule ses gamelles. Une minute de : je fais � au® er les poêles, je vais � er� er le beurre. Puis rien. Longtemps. Les pompiers sont venus me � er� er. J’étais enfermé dans ma � ambre. J’ai plus vu le père.

APRÈS ÇA / dans une rue / sur un trottoir. Je ne me suis plus réincarné.Je vois deux mômes sur le trottoir s’avancer vers la maison, je sais que ces deux, ils viennent voir mon � ls ; c’e� des amis de mon � ls.— Salut ça va ?— Ouais. — Ouais bien.Lui c’e� Willy ; et lui c’e� Eddy.

Dans cette vie-là je grandissais, mais je pouvais pas dire que c’était moi. C’étaient tous ces pingouins dont j’avais la mé-moire, presque la parole encore sur les lèvres. Il y avait Didji, Laetitia, Jimmy, Maéva, Pétra… et tous les autres. Je me suis dit, je suis le maire d’une ville d’enfants.La vie pour moi c’e� pas réel. Comme quand tu regardes un � lm qui parle un peu de ce que t’as vécu, ou une publicité, tu vois tu re� es comme ça un peu somnolent. T’y penses. Un jour je décide je me laisse un peu aller. Mais je peux pas. J’ai l’impression que le ciel e� cou� é sur moi et qu’il me copule sans s’arrêter. J’ouvre les yeux et quand je regarde le ciel il ne me renvoie rien. Je ne le reconnais même pas. Ju� e cette immensité � upide qui me donne envie de fracasser n’importe quoi. ¶

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Comment décoller ? De ce sol. Rien de ce qui se passe à l’endroit où nous sommes n’intéresse le maire, alors ?Comment commettre une exaction, envers ce qui est ? Sur ce sol.

Comment décoller ? De ce sol. Rien de ce qui se passe dans les ateliers n’intéresse l’actionnaire, alors ? Comment commettre une exaction, envers lui et la patronne, envers l’état de fait ? Sur ce sol.

Comment décoller ? De cette putain de cité. Rien de ce qui se passe à l’endroit où l’on pionce, près du HLM, n’intéresse le maire, alors ? Comment combattre une infection, comment sauver le nom de notre pauvreté ? Sur ce sol. De notre pauvreté. Sur ce sol.

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En tournée

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et la réalisation de ses propres pièces. Sexe, désespoirs et délitements sociaux caractérisent l’univers d’un travail que son m

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e formel, par ailleurs, établit au carrefour du théâtre, de la danse et du ciném

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Page 12: Expressions nº18

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Page 13: Expressions nº18

expressions un maGazine à l’ouest 13

dany huc

a près de multiples réalisations et quelques projets sans suite (côté production), Pa-

trick Métais décide de chercher tout près, dans le quotidien, une aventure humaine avec des héros insoupçon-nables, une mystérieuse alliance…

L’image d’un couple d’amis s’im-pose à lui : Pierre et Gudrun Albas-ser, mariés depuis quarante-six ans, artistes plasticiens du modeste, de l’art postal, leur vie de tous les jours comme source de création – chaque soir Pierre, qui travaille quotidienne-ment, offre à Gudrun le vernissage du résultat, un rite ! Gudrun est aussi la muse, la collaboratrice, et la pour-voyeuse du matériau de prédilection de Pierre – emballages, cartons, pa-piers divers, choix délibéré et jubila-toire pour des œuvres graphiques de petit format*. Un couple en symbiose, ce qui n’exclut pas mille épreuves, et un projet commun, chacun amenant sa singularité…

C’est peut-être ça, l’aventure se-crète, et Patrick Métais, dans ce film, va intégrer l’histoire de trois autres couples qui durent dans l’engage-ment consenti : Maïté et Michel Cormier, qui furent instituteurs mou-vance Freinet, rédigent un « livre de raison » à partir de documents accu-mulés tout au long de leur vie com-mune ; Pépo et Pitchoune Despres,

documentaire patrick métais cloWns très Grand conseil mondial

Comment un couple peut-il durer quarante ans et plus en partageant, de bon gré, le quotidien dans son entier ? C’est la question au centre de Construire ses rêves, nouveau projet de Patrick Métais, auteur, réalisateur de nombreux documentaires, dont Simenon et les hommes de la Côte.

Une si grande route Niort, au centre de la planète

clowns

navigateurs, propriétaires du bateau Notre-Dame-des-Flots, une épave quand ils l’ont acheté, aujourd’hui classé monument historique – une vie sur les mers avec leur fils, un bateau ressuscité ; et, enfin, Marie-Thérèse et Vincent Peltier qui furent agriculteurs, œuvrant pour la mise en commun des terres, ont écrit en-semble Nous n’avons pas fini de mar-cher, un livre sur leur parcours.

Construire  ses  rêves est un projet choral et positif, «  un  hymne  à  la vie, dit Patrick Métais, à  l’amitié,  à l’amour,  qui  propose  une  expérience de  vérité,  être  deux  et  non  pas  un, dans le monde actuel ».

En contrepoint, de courtes sé-quences de très jeunes gens donnant leur vision de l’engagement amou-reux seront mises en résonance avec les portraits.

De ces rencontres, de ces témoi-gnages, Patrick Métais a tiré une autre certitude : dans les couples sin-guliers et créateurs, si l’un d’eux doit s’effacer pour que l’autre se réalise pleinement, c’est le plus souvent la femme qui se met entre parenthèses. Parole d’homme. •

Cinergie Productions Nantes / coproduction France 3 Limousin Poitou-Charentes, avec le soutien du conseil régional de Poitou-Charentes.

* Exposition Pierre Albasser en avril à la galerie Hang Art (44390 Saffré)

élian monteiro

l orsqu’elle se farde et porte à rire, la mondialisation profite au spec-tacle. Le clown global existe, il vit

à Niort*, centre cosmique de l’univers clown et siège du Très Grand Conseil Mondial.

Le TGCMC a deux Vénérables Maîtres : Charles le clown blanc et Félix l’Auguste. Dans le vent facé-tieux soulevant leur perruque, on les connaît moins sous le nom de Fran-cis Lebarbier et Hugues Roche qu’en Matapeste, leur nom de piste – de Matamore, Capitan de la commedia, et d’une petite peste empêcheuse de tourner en rond.

Hugues se dit aussi « Ougo ». Car, pour ancré qu’il soit aux bords de Sèvre depuis trente ans, le Matapeste est nomade. De La Havane à Guadala-jara, d’ateliers en direction de mise en scène, il chante l’Internationale des clowns.

Les deux qui font la paire de nez rouges satellites du mot Terre ont pris goût aux itinéraires transconti-nentaux. Europe, Afrique, Vietnam, Moyen-Orient, Égypte…

« On a voulu témoigner de nos ren-contres  et  des  différentes  approches du  clown,  alors  on  a  invité  tous  ces artistes  avec  qui  on  a  travaillé  », ex-plique Charles/Francis, co-inventeur du TGCMC. Premier concile en 2003.

Dieu est clownAu train bisannuel où vont les

choses, le 5e TGCMC aura lieu les 27 et 28 mai. Après les mecs si clowns du Mexico et le duo Duong & Nhan d’Ha-noï, il y aura des Angloclowns, des Ja-poclowns, des Mannekenpisclowns. Il en viendra aussi de Russie, d’ailleurs, de partout. Et d’une récente rencontre en Palestine. Peut-être. Si ces clowns derrière les barbelés peuvent sortir du pays pour venir en parler comme les Matapeste ont parlé d’amour à

Ramallah. En octobre, leur tandem a roulé de Liban, Jordanie, Israël jusque dans les territoires occupés. Ils ont joué « Clic-clac les Z’amoureux », spectacle de rue avec appareil photo et objectif de composer des couples dans l’assistance. Au pire, David aura embrassé Narjissa. Le clown errant passeur de check point n’entend que les explosions du cœur ; et ses éclats de rire n’ont jamais tué personne.

« Nous étions là en tant qu’artistes. Donc neutres. Où que l’on aille, les pu-blics sont toujours les mêmes, faits de gens qui ont envie de se divertir. »

Au long des murs on murmure qu’un dieu sans religion porterait une petite pomme rouge pif au mi-lieu de la face. En attendant que son règne vienne, le Très Grand Palais – ancienne salle du patronage niortais convertie en théâtre – a été livré aux mains des Russes : quatre des cé-lèbres Licedei. Des modèles pour les Matapeste, pas peu flattés que ceux-là les appellent à diriger leur pro-chaine création en résidence à Niort. Des taiseux, les Licedei. Du clown qui parle avec son corps – en Russie, on ne rigole pas avec ça : c’est concours d’entrée et sept ans d’école. Mais Ma-tapeste a arrondi de sa folie latine la technique russe si sûre. À voir au festival d’Avignon, au TGCMC de mai, puis en juin dans les campagnes des Deux-Sèvres où il y aura Très Grand Lâcher de Mondoclowns. •

* À Niort la mutualiste, « compagnie artistique » se dit SCOP. La Société coopérative participative Matapeste (6 salariés) est logée par la Ville qui subventionne aussi, avec le conseil général, la Région et l’État. Le budget 2010 de la compagnie s’élevait à 330 000 € (dont 198 000 € de subventions). En 2011, année de TGCMC, il est de 600 000 €, subventionné à hauteur de 390 000 € (prévisionnel).

en saVoir plus

www.clownsmatapeste.com Pierre et Gudrun Albasser, mariés depuis quarante-six ans, artistes plasticiens du modeste, de l'art postal, leur vie de tous les jours comme source de création.

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expressions un maGazine à l’ouest14

coGnac West rock

La grenouille qui veut se faire aussi

grosse que la Sirène

pierre labardant

i ci, comme partout, la promotion des « musiques actuelles » a long-temps été le fait de quelques agi-

tateurs œuvrant avec des moyens réduits. Et sa diffusion, l’exclusivité d’un lieu. Les premiers sons amplifiés sont sortis du Petit Ramoneur, espace rattaché au théâtre de la ville (l’Avant-Scène) avant de passer sous la coupe du centre municipal d’animation, au même titre que les ateliers de cou-ture… En 2002, la petite salle de 250 places prend le nom de West Rock et entretient une vitesse de croisière de deux concerts par mois pendant plu-sieurs années. Avant de fermer, suite à des plaintes de riverains mécon-tents, et de voir ses concerts ballottés durant un an de salles municipales en salles des fêtes. Aujourd’hui, c’est au bord de la Charente, dans les anciens Abattoirs rachetés par la mairie à une maison de cognac et réhabilités pour recevoir un public de 500 personnes, que l’association organise ses soirées désormais sous le nom de West Rock (identique à celui de la salle), sous la « tutelle » bienveillante de la muni-cipalité mais indépendamment du centre d’animation.

Ce n’est pas la taille qui compteLe petit Poucet rock de Cognac peut

se vanter jusqu’à présent d’avoir attiré de belles têtes d’affiche. Du côté de la chanson française (Arthur H, Cœur de Pirate, Tété…), des références pop (Pony Pony Run Run, Kill the Young, A Place To Bury Strangers...) ou de la scène hip-hop (Sefyu, Sinik, Soprano…). Une programmation qui laisse néanmoins une large place à la découverte. Deux

Petit à petit, on est moins petit. On veut surtout devenir grand. Une aspiration qui guide le travail de West Rock, l’association qui sert le meilleur cocktail

musical de Cognac. Et lui fait espérer un destin digne de celui de XLR, la structure en charge de la gestion de la Sirène, la nouvelle salle de musiques

actuelles de La Rochelle.

Barbezieux : transmettre le son logé en songe entre ses oreilles. Un rêve formé dans les monophoniques an-nées 1960. Lui, pianiste et diplômé de l’Institut français d’électronique, décida d’« inventer la Hi-Fi » : «  Par insatisfaction de ce que je trouvais sur le marché, j’ai voulu d’abord me faire plaisir.  » Et aller le plus loin possible dans la « haute infidélité » : ne ja-mais chercher à donner l’illusion du concert (« Dans 25 m2 un orchestre fe-rait éclater les murs ») mais propager quelque chose de semblable dans une géométrie plus modeste. L’homothé-tie réussie.

Au long de sa carrière, JMR s’est attelé à chasser les scories du marke-ting (les produits de série et du goût commun en regorgent), à élaborer des systèmes sans compromis, à se rapprocher de l’intimité acoustique – pas du spectacle mais du cœur de la musique.

Une paire d’enceintes JMR est si-gnée d’un choix artistique, d’un phra-sé, d’une musicalité, d’une écoute. Car si le laboratoire trace ses courbes, Maître Reynaud ne se fie qu’à son oreille, son émotion – ultimes outils – pour les valider.

Modeste ou dandy – idem Gains-bourg, Tête de chou avait la feuille fine – savent brûler quelques billets pour le son haute couture de Barbe-zieux. Où l’on vérifie, enfoncé dans le fauteuil d’un salon sans prétention, qu’une enceinte parfaite s’oublie. Des Cantabile, on retient seulement qu’elles portent la voix de Neil Young, ses doigts sur sa guitare – live 1972 – et que l’on est vivant sous un frisson de peau, à côté de ces deux hommes, artistiques artisans, à partager le bonheur du moment. •

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www.jm-renaud.com

barbezieux Jean-marie reynaud

sculpteur de son haute infidélitéIngénieur mélomane, Jean-Marie Reynaud, à travers ses enceintes, joue à Barbezieux « sa » musique d’orfèvre en acoustique.

élian monteiro

J ean-Claude est revenu à Barbezieux et le cœur de Jean-Marie s’est remis à battre. Abandonner aux sirènes

d’un marché sourdingue à la juste couleur d’une viole de gambe la belle boîte à musique ouverte en 1967 ? Ça n’enchantait pas les tympans de Jean-Marie Reynaud. Or ici, l’ouïe c’est la vie. Son fils l’entendit de même. Il lais-sa à San Francisco son label Blue Coast pour dignement assurer la suite avec son oreille à lui, tendue entre Led Zep et Mozart. « Je suis né deux ans après que mon père a créé ses premières en-ceintes. Je suis tombé dedans ! » dit-il, parcourant l’atelier où l’on croirait à l’ébénisterie de campagne si le labo-ratoire ne ramenait discrètement au temple de la Hi-Fi made in France, vé-néré par-delà les océans.

Le lien du sonPlus fort que le sang, le son lie les

deux hommes.Quand l’œil de l’un vous dit qu’il a

pleuré en écoutant la musique d’une paire d’enceintes, l’œil de l’autre sou-rit tendrement.

Au sortir du festival de La Baule, les Modigliani venaient de jouer un quatuor, né du même arbre en 1863. Prodige de lutherie, prodigieuse harmonie. JMR était là. «  C’était  ex-ceptionnel  parce  que  ces  instruments étaient de la même essence. J’ai voulu que  toutes  nos  paires  d’enceintes soient  aussi  absolument  identiques, car  jusque-là  il  y  avait  des  tolérances de  différences  dans  les  composants d’un  haut-parleur  à  l’autre.  » À l’écoute de son grand-tout, de ses ju-melles modèles, JMR, oui, a pleuré. Bliss  Silver ou Suprême sont nées de la main et de l’oreille, comme des instruments de musique qui appro-cheraient l’idéal du grand faiseur de

le petit poucet rock de coGnac peut se Vanter d’aVoir attiré de belles têtes d’affiche

tendances qui se concrétiseront dès la reprise, le 4 mars 2011, par les concerts successifs de The Inspector Clouzo, pour la ferveur funk et rock, de Syd Matters, pour l’élégance pop et folk, et de Brune pour le répertoire de la nouvelle chanson française.

Mais l’association n’a pas pour seule vocation l’organisation de concerts. Elle gère également une West Rock School où les musiciens amateurs viennent répéter ou recevoir l’ensei-gnement de professeurs maîtrisant leur sujet (Wilfried Hildebrandt – le chanteur du groupe Coup d’Marron – ou le fameux DJ Moule). Elle appar-tient enfin au réseau M.I.R. (Musiques informations ressources) et assure au niveau départemental une mission de conseil à destination des futurs pro-fessionnels, musiciens ou techniciens, des musiques actuelles. Une somme de missions conséquente, pour un budget de 400 000 euros, que les trois permanents de l’association (Gaëtan Brochard, le directeur, Clément Mar-chal et Nicolas Morin) mènent en cœur pour devenir la plus belle scène Rock de tout l’West ! •

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Ouverture le 4 mars Toutes les infos sur www.westrock.org

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expressions un maGazine à l’ouest 15

littératurela rochelle calliGraphie artistiQue

Sur les traces de Salgon

L’esprit, le souffle, le geste

Jacky Flenoir

Chaos-mondesInattendu, surprenant, j’achève de lire

le dernier ouvrage de Jean-Jacques Sal-gon, Ma  vie  à  Saint-Domingue1,  un récit sur la vie de Toussaint-Louverture, lorsque j’apprends la mort du romancier, poète et philosophe antillais, Édouard Glissant. J’insiste sur le mot inattendu quant à l’écrivain martiniquais, pour qui « la créolisation,  c’est  un  métissage  d’arts  ou de  langages  qui  produit  de  l’inattendu  ». Soutenant la notion de « chaos-monde », ou la nécessité d’un entremêlement des cultures, de partage et d’« hybridation ». Motivé par l’action politique, révolté par les outrages du colonialisme, il écrira en 1961 une pièce de théâtre intitulée Mon-sieur Toussaint. Inattendu ?

L’autobiographie d’un autreJean-Jacques Salgon aime le hasard, se

laisser entraîner vers l’ailleurs, les liens et les lieux. Une curiosité d’esprit toute naturelle, il digresse, il vagabonde : le pèlerinage est son mode d’écriture. Au chemin, il préfère le sentier. En 1972, une pièce d’Ariane Mnouchkine sur Toussaint-Louverture crée l’émotion : l’homme incarne la révolte et la liberté, thèmes chers à l’écrivain. « J’ai  fait  mienne  cette histoire,  qui  en  réalité  était  déjà  mienne sans que je le sache », confie-t-il à propos du héros de la révolution à Saint-Domin-gue (aujourd’hui Haïti), père et martyr de l’indépendance. Quoique sur la vie de Toussaint-Louverture, le livre n’est pas une biographie historique, mais un en-chevêtrement d’événements et d’anec-dotes, où l’auteur, se jouant du temps, opère un retour sur soi, mettant en abîme sa propre révolte avec celle de son person-nage. C’est passionnant et très attachant. Comme lorsqu’en 2008 paraissait Le  Roi des  Zoulous2, récit fragmentaire sur les traces du peintre noir américain Jean-Mi-chel Basquiat, révolté lui aussi, et ô com-bien épris de liberté.

Les sources du Nil« Mettre  mes  pas  dans  les  pas  d’un 

autre » : Jean-Jacques Salgon en a suivi, des traces… Rimbaud à Massawa, René Caillé à Tombouctou, Tintin et Milou dans le tombeau de Kih-Oskh, SAMO sur les trottoirs de SoHo… et pourquoi ne pas en-dosser le costume d’aventurier d’un John Hanning Speke3 et découvrir les sources du Nil… à La Rochelle ! Sous l’influence toute « gracquienne » de La Forme d’une ville, est paru ce livre merveilleux4, suite de récits d’explorations de lieux rochelais, de préférence silencieux ou désaffectés : un ruisseau ou une voie de chemin de fer, un musée ou un cimetière. Et l’écrivain François Bon de conclure : « La ville n’est pas  si  grande  :  mais  elle  devient  comme une  conquête  d’enfant,  ce  grand  adulte  à pied ou en vélo qu’est l’écrivain5. » •

1. Éditions Verdier, 2011.2. Idem, 2008.3. Explorateur britannique à qui l’on attribue la découverte des sources du Nil à la fin du xixe siècle.4. Les Sources du Nil, L’Escampette éditions, 2005.5. http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1398

dany huc

c ’est en passionné du Japon qu’il s’initie à la langue dès le lycée. Au fil du temps se

confirme son désir d’aller plus loin ; il intègre, à vingt-six ans, l’Institut national des langues et civilisations orientales pour apprendre vraiment le japonais et viser une carrière de traducteur… mais le programme comprend une approche de la calli-graphie japonaise et c’est là que tout commence vraiment. Il ne va plus envisager autre chose, progressant, rencontrant des maîtres calligraphes, jusqu’à se sentir prêt. En 2001, il crée son école à La Rochelle. Aujourd’hui il reçoit une trentaine d’élèves par se-maine, dispense son enseignement dans le monde scolaire, tout en pour-suivant ses travaux – calligraphie et peinture, comme rêvées tant le regard s’y repose et la vie y palpite –, réguliè-rement exposés (en mars à la galerie La Manufacture à La Rochelle).

Un atelier, un monde,qui n’est pas très grand mais vaste

comme la vie, clair, harmonieux, apai-sant. Un attentif et respectueux com-pagnonnage s’échange ici, où tout est à sa place. Frédéric Kuhnapfel dit que

Le chant du signedesiGn GraphiQue

João Garcia

à propos de l’exposition que le musée des Arts décoratifs1 lui consacre, Michal Batory se dit

heureux de « pouvoir donner une place à cet objet » que l’on a pris l’habitude d’oublier : l’affiche. Il est pourtant rare qu'on passe une journée sans en voir une. C’est peut-être là une des raisons qui font qu’on ne les regarde plus, sans que ce soit pour autant la seule.

On croise régulièrement des images qui expliquent ce qu’elles nous mon-trent déjà, une répétition bavarde qui provoque, au mieux, un soupire blasé, au pire, l’indifférence. Le même Batory confie, dans un entretien à Libération2, qu’«  une  mauvaise  image  est  une image  qui  dit  “femme”  et  montre  une femme,  qui  dit  “pierre”  et  montre  une pierre,  qui  privilégie  les  informations au  lieu  de  créer  des  énigmes  ». Nous nous sommes habitués à la pauvreté des images et à leur manque d’ouver-ture au dialogue ; elles cherchent trop souvent à imposer un monologue au-toritaire que nous acceptons. Comme si notre capacité à leur parler s’était perdue quelque part entre l’innocence de l’enfance et l’impertinence de la jeunesse.

D’une enfance enchantée par les dessins animés

japonais à la pratique de la calligraphie japonaise,

Frédéric Kuhnapfel a suivi son inclination pour

cet art ancestral inscrit dans la philosophie zen

au même titre que la cérémonie du thé, le raku ou l’art floral.

Les images forment le regard que nous portons sur le monde. Il faudrait donc se demander d’où elles viennent, qui les fabrique. Pour quoi et pour qui ? Généralement objet d’une commande, les images naîssent souvent chez les graphistes : papa graphiste, maman commanditaire (ou l’inverse). Annick Lantenois3 résume la question de ma-nière efficace : «  Le  design  graphique est  toujours  une  recherche  d’équilibre 

entre  son  instrumentalisation  par les  pouvoirs  économiques,  politiques et  l’attitude  critique  des  designers  à l’égard de ces pouvoirs. Le vertige naît de la rupture de cet équilibre. » Ces pou-voirs sont soumis – et soumettent – à des pressions, plus ou moins déclarées, qui aboutissent au consensus. À force de vouloir plaire ou ne pas déplaire, ils édifient un ventre mou, entre les mots « gai » et « joli », qui ne sert qu’à ajouter une couche au mur déjà très épais qui nous sépare de la poésie et de l’intrigue. Ce cycle est à tendance reproductrice : plus on voit de mau-vaises images, plus on croit qu’elles font la norme. Idée dangereuse que celle-ci, son déploiement dans notre imaginaire engendre le refus de la dif-férence et, surtout, pousse à l’inaction. Si ce raisonnement vaut par ailleurs, avec l’image la tendance à la médio-crité est flagrante. Le manque de rêve visible dans les images publiques serait-il lié à un même manque dans la vie de leurs fabricants et comman-ditaires ?

Plus de place à l’énigme, aux images codées, au plaisir de la surprise. Plus de respect pour l’intelligence du pu-blic. Dans une époque où l’on appelle à faire savoir notre indignation, y voilà une courte contribution. •

1. Paris, jusqu’au 30 avril 2011.2. Libération, 15 et 16 janvier 2011.3. Le Vertige du funambule, le design graphique entre économie et morale, éditions B42, Cité du design.

la calligraphie japonaise est  «  simple et complexe à la fois ; il faut l’aborder l’esprit  neuf,  faire  le  vide.  Les  carac-tères  d’origine,  les  kanjis,  porteurs  de valeurs  sémantiques,  n’ont  pas  bougé mais  se  prêtent  à  l’interprétation  du calligraphe. » Il dit que le maniement du pinceau est toujours le même, sa tenue essentielle, que les valeurs, la vi-tesse, le rythme sont aussi importants, comme en musique, et que sept vertus sont liées à cet art : la concentration, la détermination, la spontanéité, l’énergie, la patience, l’acceptation, et le respect de l’héritage, qui ouvre la liberté de tracer. Il dit que c’est un art

toujours perfectible, regarder, regar-der encore, le quotidien, ce mystère présent. Il aspire à une interprétation libre tout en conservant l’essentiel de la calligraphie qui peut changer selon le moment, le temps, la lumière, la vibration de l’instant. Son école s’ap-pelle Tsukiyo, qui signifie clair de lune.

Toute une voie dans le clair-obscur, la nuance, la poésie diaphane, le mys-tère des choses… •

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Vernissage à La Manufacture (place de la Fourche, La Rochelle) le 10 mars à 18 h.École Tsukiyo – 05 46 00 09 17

© Michal Batory

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TOUTE LA PROGRAMMATION SUR WWW.CARRE-AMELOT.NET

ESPACE CULTUREL DE LA VILLE DE LA ROCHELLE

Réservations au 05 46 51 14 70

CINÉ-THÉÂTRE

Les Mondes animésThéâtre du Mantois

18+19mars 2011JE

UNE PUBLICexpressions un maGazine à l’ouest16

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Vr MARDI 01

■ BOTTES DE PRINCE ET BIGOUDISCompagnie Loba le Palace – Surgères 05 46 07 14 30■ GUEULES D'ÉTRAVESPhotos de Karim Amrani Café Ô Soleil La Rochelle Jusqu’au 30 avril■ PEREIRA BARBASCe monde étrange qui est le nôtre Médiathèque Michel-Crépeau – lr 05 46 45 71 71 Jusqu’au 30 avril■ PLUG-IN IIŒuvre de la Collection du FRAC Musée de l’île d’Oléron Saint-Pierre-d’Oléron 05 46 75 05 16 Jusqu’au 29 mai MERCREDI 02■ LEE FIELDS & THE EXPRESSIONS + CHARLES BRADLEY & THE MENAHAN STREET BAND Soul/Funk Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08■ KAFIFanfare métisse insolite la Passerelle – Mauléon 05 49 81 60 60■ DEBRUIT / KELPEConcert Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08 VENDREDI 04■ LA CHETIEKwal – Overland Inn Diff’art – Parthenay 05 49 94 48 10■ DAMIEN RABITAILLE + JUNE ET LULA Filage Chantier des Francos Salle du Chantier – la rochelle 05 46 28 28 28■ THE INSPECTOR CLUZO + CHOOGLINPop-rock / Folk les abattoirs – Cognac 05 45 32 17 28■ ANTOINE HERVIER TRIO AVEC MARCEL AZZOLA Concert unique Salle Mélusine – la Jarne 05 46 44 96 48 SAMEDI 05■ MANU + CLYTEM SCANNING + UNISON Festival Impulsions Femmes Camji – niort 05 49 17 50 45 DIMANCHE 06■ LES DAMES DU MARAISRencontres littéraires et artistiques Salle des fêtes - Saint-Hilaire-la-Palud 05 49 35 30 13 LUNDI 07■ MONDES ANIMÉS IICiné-théâtre la Maline - la Couarde 05 46 29 84 65 Jusqu’au 08 mars■ PRINTEMPS DES POèTESLa poésie infiniment déclinée... Saintes (plusieurs lieux) 05 46 92 88 79 Jusqu'au 20 mars MARDI 08■ VERS TOI TERRE PROMISETragédie dentaire théâtre d’angoulême 05 45 38 61 62 Jusqu’au 9 mars■ ALAIN RICHARDTrait, chair, corps le Pilori – niort 05 49 78 73 82 Jusqu’au 26 mars■ CHEMIN DE LA BELLE ÉTOILEDe Y. Jaulin & S. Bertrand le Gallia – Saintes 05 46 92 10 20■ BACK ENDCie Toufik OI Chapelle Fromentin – la rochelle 05 46 41 17 75 JEUDI 10■ AUTHENTIQUE – JAWAD AGZOULPhotographie Carré amelot – la rochelle 05 46 51 14 82 Jusqu’au 22 AVRIL■ ET PUIS J’AI DEMANDÉ À CHRISTIAN DE JOUER ZIGGY STARDUST Renaud Cojo – Cie Ouvre le Chien Salle des Fourriers – rochefort 05 46 82 15 15■ IVRE D’ÉQUILIBRECirque - De P. Rousseau le Gallia – Saintes 05 46 92 10 20■ DANAKILConcert espace Culturel leclerc – niort 05 49 17 39 17■ IBRAHIM MAALOUF SEXTETJazz la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00■ ÉRIC LAREINE ET LEURS ENFANTSSoirée débat – concert l’astrolabe – la rochelle 05 46 67 47 67■ MOURIR ? PLUTÔT CREVER !Ciné Siné Diff’art – Parthenay 05 49 94 48 10 Jusqu’au 11 mars

Envo

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mars

10 MARS À 20H30■ INOFFENSIF - LES EXPÉRIENCESCompagnie La Martingale « inoffensif » est un spectacle dans lequel Jérôme rouger y interrogera la parole et l’engagement particulièrement en matière politique (pris au sens large du mot). Comment les convictions se forgent-elles ? un personnage décalé, « l’inoffensif », interviendra où on ne l’attendra pas, dans le déroulement du spectacle. Théâtre de Thouars (79) 05 49 66 39 32

■ MYSTèRE TRIOBlues and Jazzile l’azile – la rochelle 05 46 00 19 19 VENDREDI 11■ IBRAHIM MAALOUFDiachronism théâtre d’angoulême 05 45 38 61 62■ IVRE D’ÉQUILIBREP. Rousseau la Maline – la Couarde 05 46 29 84 65■ MOTOBÉCANEBernard Crombey le Palace – Surgères 05 46 07 14 30■ BUCOLIQUE PANIQUEJulot Torride la Passerelle – Mauléon 05 49 81 60 60■ BENJI DOTTIImitations l’azile – la rochelle 05 46 00 19 19 Jusqu’au 13 mars■ SYD MATTERSPop-rock / Folk les abattoirs – Cognac 05 45 32 17 28■ LE MARIONNETTISTE DE LOTZDe G. Segal tréteau des 2 tours – la rochelle 05 46 41 89 35 Jusqu’au 13 et du 17 au 20 mars■ MALOHConcert Chantier des Francos Salle du Chantier – la rochelle 05 46 28 28 28■ SOIRÉE CULTURE CLUBI:Cube / Scratch Massive / Logo / Fangs Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08■ JOURNAL D’UN CHAT ASSASSIND’après A. Fine théâtre de l’éperon – angoulême 05 45 92 76 42■ 35 KILOS D’ESPOIRD’A. Gavalda théâtre de l’éperon – angoulême 05 45 92 76 42■ MOMENTS DE PINA BAUSCHProjection au théâtre avant-Scène – Cognac 05 45 82 32 78 SAMEDI 12■ JEUNE ORCHESTRE ATLANTIQUEViolon Solo A. Janiczek le Gallia – Saintes 05 46 92 10 20■ RENCONTRES DE BOîTESGratuit Site Boinot Cnar – niort■ THE SLUGZ + ALL MESSED UP !Concert la Poudrière – rochefort 05 46 82 67 77■ SACS DE FEMMESPar la troupe du Pertuis d’Antioche Beauséjour – Châtelaillon-Plage 05 46 30 49 50■ TONY SOULIÉPeinture Galerie eva Doublet – St-Georges-du-Bois 05 46 27 50 70 DIMANCHE 13■ LA TêTE DANS LES NUAGESFestival de spectacles pour enfants théâtre d’angoulême 05 45 38 61 62 Jusqu’au 20 mars■ CUISINESCompagnie Les Mots d’Images Salle des Fêtes – St-Jean-de-liversay 05 46 01 62 87 MARDI 15■ CHEMIN DE LA BELLE ÉTOILEDe Y. Jaulin avec S. Bertrand l’estran – Marennes 05 46 82 15 15■ DANSE ET VOUS6 soirées – 13 chorégraphes avant-Scène – Cognac 05 45 82 32 78■ MONDES ANIMÉS IICiné concert le Gallia – Saintes 05 46 92 10 20■ BACH HINDEMITHThomas Adès auditorium taP – Poitiers 05 49 55 91 10

■ LES ÉTUDIANTS À L’AFFICHEThéâtre, danse, expositions, performances Contact : Maison de l’étudiant - lr 05 46 45 87 74 Jusqu’au 15 avril■ LE CHANT DU DINDONCie Rasposo la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00 Jusqu’au 20 mars■ HANA NO MICHI Y. Allegret le Grand r – la roche-sur-Yon 02 51 47 83 83 Jusqu’au 17 mars■ FABIENNE RENAUDExposition photos et peintures Médiathèque – aytré 05 46 30 19 07 Jusqu’au 16 avril MERCREDI 16■ ALOE BLACC / MAYA JUPITERSoul / Hip Hop Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08■ LE MAîTRE DU TEMPSLes Contes à ouvrir le temps le Moulin du roc – niort 05 49 77 32 31■ MILLE FRANCS DE RÉCOMPENSETexte Victor Hugo la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00 Jusqu’au18 mars■ WEB TV FESTIVALFestival de télévision sur Internet la rochelle 01 43 40 30 97■ TRACESCie Le Petit Théâtre de Pain l’astrolabe – la rochelle 05 46 67 47 67 JEUDI 17■ BACH HINDEMITHThomas Adès Palais des Congrès – royan 05 49 55 91 10■ LA PREMIERE GORGÉE DE BIèREet autres plaisirs minuscules le Gallia – Saintes 05 46 92 10 20■ DOUBLE NELSON + PURTS METRAGES“Il faudra un jour changer la tapisserie” Camji – niort 05 49 17 50 45■ JEAN-PASCAL DUBOSTLecture publique le Grand r – la roche-sur-Yon 02 51 47 83 83■ BEAUTIFUL DJAZAIRCie Hors Série avant-Scène – Cognac 05 56 91 79 74■ NOUGAROLOGIEHommage à Nougaro - Soirée Cityjazzy Dom. du Seudre – St Germain du Seudre 06 08 61 13 95■ LE JARDIN DE CORDAGESCréation des élèves les Jardins de la Corderie – rochefort 05 46 87 88 80 SAMEDI 18■ LES MONDES ANIMÉSThéâtre du Mantois Carré amelot – la rochelle 05 46 51 14 82 Jusqu’au 19 mars■ TANGOS PARA BACHTango & classique le Grand r – la roche-sur-Yon 02 51 47 83 83■ CONCERT BACHOrchestre Poitou-Charentes Gymn. de la vieille Forme – rochefort 05 46 82 15 15■ JEAN LA CHANCEDe Bertolt Brecht – Cie Ilôt Théâtre la Maline – la Couarde 05 46 29 84 65■ A.P.A.T.T. / GREGALDURConcert Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08■ DIS-MOI OUI !De D. Helper théâtre de l’éperon – angoulême 05 45 92 76 42■ PARKING DE SCULPTURESMichel De Broin Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08

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L’académie rochelaise de la cuisine italienne et méditerranéenne

expressions un maGazine à l’ouest 17

■ DE A À B, DE B À PEntrepôt galerie Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08 Jusqu’au 08 mai■ LA PAIX DU MÉNAGEGuy de Maupassant l’azile – la rochelle 05 46 00 19 19 SAMEDI 19■ JAZZING FLAMENCOBallet de Madrid – A. Najarro le Moulin du roc – niort 05 49 77 32 31■ ELECTRIC WIZARDDoom Stoner Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08■ WATCH CLAN + SENS OF LUNAConcert Camji – niort 05 49 17 50 45■ DIDIER PORTE AIME LES GENS1e partie : Trapèze (La Martingale)Palais des Congrès - Parthenay 05 49 94 32 19 LUNDI 21■ DANSES NOIRES / BLANCHE AMÉRIQUEExposition itinérante Chapelle Fromentin – la rochelle 05 46 41 17 75 Jusqu'au 9 avril MARDI 22■ VOLIèRE D’HUMEURSCie Nickel Carton le Gallia – Saintes 05 46 92 10 20■ L’ICEBERGCirque chorégraphié théâtre d’angoulême 05 45 38 61 62 Jusqu’au 23 mars■ KATIA ET MARIELLE LABèQUE4 mains, 2 pianos le Moulin du roc – niort 05 49 77 32 31■ FESTIVAL NOUVELLE(S) SCèNE(S)Un peu partout à Niort asso nouvelle(s) Scène(s) – niort Jusqu’au 26 mars■ ALBAN LEFRANCLecture publique le Grand r – la roche-sur-Yon 02 51 47 83 83 MERCREDI 23■ MURRAY HEADConcert l’azile – la rochelle 05 46 00 19 19 JEUDI 24■ ANTIGONEDe Sophocle – Mise en scène R. Loyon Salle des Fourriers – rochefort 05 46 82 15 15 Jusqu’au 25 mars■ ORCHESTRE NATIONAL DE LILLEOrchestre de 90 musiciens la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00■ TRUE LIVE / OVERLAND INNHip Hop/Trip Hop Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08■ BÉRÉNICEL. Brethome le Grand r – la roche-sur-Yon 02 51 47 83 83■ DOM JUANCie Métro Mouvance le Gallia – Saintes 05 46 92 10 20 VENDREDI 25■ STAFF BENDA BILILITrès très fort théâtre d’angoulême 05 45 38 61 62■ BRUNEPop-rock / Folk les abattoirs – Cognac 05 45 32 17 28■ EN VÉRITÉ JE ME MENS !Avec A. Bernex & B. Lorenzo l’azile – la rochelle 05 46 00 19 19■ L’OCÉAN NOIRWilliam Wilson Musée du nouveau Monde – lr 05 46 41 46 50■ LES FRèRES BROTHERSChanson le Palace – Surgères 05 46 07 14 30■ PREMIER REGARD AVEC V. GARCIALes Éclats Chapelle Saint-vincent – la rochelle 05 46 43 28 82■ KARIMOUCHEConcert le Moulin du roc – niort 05 49 77 32 31■ DOYNAJazz Tzigane & Klezmer esplanade de la Gare – Saintes 06 08 61 13 95■ ORCHESTRE DES CHAMPS ÉLYSÉESProgramme pour 5 musiciens la Maline – la Couarde 05 46 29 84 65■ FRED PELLERINThéâtre la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00■ CASCADEUR / YETI LANEPop Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08■ LA CULTURE EN MAUVAIS ÉTATConversations université la rochelle 05 46 45 87 74■ D’ARMSTRONG À JIMI HENDRIXF. Lockwood & F. Sicart théâtre de l’éperon – angoulême 05 45 92 76 42

07 AVRIL À 20H30■ LE CHANT DES SIRèNESTexte : Pascal QUIGNARD – Mise en scène : Cédric ORAINun spectacle sur la relation passionnelle entre les hommes et la musique, à mi-chemin entre le théâtre et le concert. Théâtre des Fourriers – Rochefort (17) Renseignement : 05 46 82 15 15 - www.theatre-coupedor.com

avril

■ LES HYèNESConcert la Poudrière – rochefort 05 46 82 67 77 SAMEDI 26■ THE DISCIPLINESRock’n’Roll Diff’art – Parthenay 05 49 94 48 10■ ÇA C’EST PARISCompagnie Trabucco Beauséjour – Châtelaillon-Plage 05 46 30 49 50 LUNDI 28■ LA VIEILLE ET LA BêTEIlka Schönbein l’astrolabe – la rochelle 05 46 67 47 67■ DES ÉPREUVES POUR MARIVAUXDirigé par L. Andreini la Fabrique du vélodrome – lr 05 46 27 12 12 MARDI 29■ LE PAUVRE MATELOTComplainte lyrique Bar des Fourriers – rochefort 05 46 82 15 15■ QUATUOR LUDWIGTurina – Ravel – Schubert théâtre d’angoulême 05 45 38 61 62■ LE ROI SE MEURTD’Eugène Ionesco le Moulin du roc – niort 05 49 77 32 31■ DJ PREMIER / DJ NETIKHip Hop/Turntablist Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08 MERCREDI 30■ LA PANTOUFLETexte Claude Ponti la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00■ PHILIPPE DECOUFLÉDanse création 2010 la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00 Jusqu’au 02 avril JEUDI 31■ QUI A PEUR DU LOUP ?De C. Pellet le Gallia – Saintes 05 46 92 10 20■ JACQUES HIGELINConcert le Grand r – la roche-sur-Yon 02 51 47 83 83

JEUDI 07■ LE CHANT DES SIRèNESMise en scène de C. Orain Salle des Fourriers – rochefort 05 46 82 15 15■ ROY AYERS + BLITZ AND THE AMBASSADOR + RAASHAN AHMAD Hip Hop – Jazz la Sirène – la rochelle 06 34 87 78 77■ AS YOU LIKE ITComme il vous plaira le Gallia – Saintes 05 46 92 10 20■ GISELE BIENNELecture publique le Grand r – la roche-sur-Yon 02 51 47 83 83■ PREMIER REGARD DE JOHN BATEMAN Cie Chiroptera Chapelle Saint-vincent – la rochelle 05 46 43 28 82■ ARJA HYYTIÄINENPhotographie Carré amelot – la rochelle 05 46 51 14 82 Jusqu’au 21 avril VENDREDI 08■ CAMELIA JORDANA + BABETConcert espace Culturel leclerc – niort 05 49 17 39 17■ ET HOPChristèle Pimenta Carré amelot – la rochelle 05 46 51 14 82 Jusqu’au 9 avril■ BATLIKChanson le Palace – Surgères 05 46 07 14 30■ L’ENTRESŒURCompagnie Boutabouh le Moulin du roc – niort 05 49 77 32 31■ LA VIECabaret cirque la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00 Jusqu’au 9 avril■ BOIRE FUMER ET CONDUIRE VITEDe M. Sarraut Beauséjour – Châtelaillon-Plage 05 46 30 49 50 SAMEDI 09■ LES SONS DU CORPSMusique Danse la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00

■ DAVE HOLLAND QUARTETJazz le Moulin du roc – niort 05 49 77 32 31■ UN MONDE EN SOIDanse la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00■ LARDCirque le Grand r – la roche-sur-Yon 02 51 47 83 83 Jusqu’au 14 avril JEUDI 14■ JE ME SOUVIENSDe et avec J. Rouger le Gallia – Saintes 05 46 92 10 20■ MISTEUR VALAIRE / LOSERSÉlectro Hip Hop/Crossover Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08■ BARBE BLEUE ASSEZ BIEN RACONTÉ(E)De et avec Titus les Salons du Parc – Fouras 05 46 82 15 15■ ERIK TRUFFAZ QUARTET + CHOCOLATE GENUIS INC Jazz / Électro la Sirène – la rochelle 06 34 87 78 77■ BALIMURPHYApéro concert l’astrolabe – la rochelle 05 46 67 47 67■ DANIEL NOURAUDVisite de La Rochelle avec l'artiste Carré amelot – la rochelle 05 46 51 14 76■ MARLONDe et par A. Lachaise le Grand r – la roche-sur-Yon 02 51 47 83 83■ ÉRIC TOULISMusicien-humoriste le Moulin du roc – niort 05 49 77 32 31■ PIèCES MONTÉESCie L. Andreini Hôtel de ville – royan www.theatreamazone.com VENDREDI 15■ FAIM DE LOUPCompagnie Graine de Vie Carré amelot – la rochelle 05 46 51 14 82■ MANU KATCHÉ QUARTETJazz la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00

VENDREDI 01■ PETITES HISTOIRES.COMChor. de K. Attou – Cie Accrorap Hors les murs – rochefort 05 46 82 15 15■ LES TIT’NASSELSChanson la Maline – la Couarde 05 46 29 84 65■ L’OUVERTURE DE LA SIRèNEConcerts gratuits la Sirène – la rochelle 06 34 87 78 77■ AU FIL DU CONTE12e Festival du conteDivers lieux – CDa la rochelle 05 46 45 46 03 Jusqu’au 14 avril■ THE SUBS / TOXIC AVENGERElectro punk/ Turntablist Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08 SAMEDI 02■ DARK MATTERSDanse - K. Pivot – C. Pite théâtre d’angoulême 05 45 38 61 62■ COMME SUR DES ROULETTESParcours de motricité Carré amelot – la rochelle 05 46 51 14 82 Jusqu’au 16 avril MARDI 05■ LE BOUT DE LA ROUTEJ. Giono – F. Rancillac théâtre d’angoulême 05 45 38 61 62■ L’HOMME À TêTE DE CHOUChorégraphie J-C. Gallota le Moulin du roc – niort 05 49 77 32 31■ WALKING NEXT TO OUR SHOESChant traditionnel Zoulou le Grand r – la roche-sur-Yon 02 51 47 83 83■ LES CHAISESTexte Eugène Ionesco la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00 Jusqu’au 6 avril MERCREDI 06■ SECRET CHIEFS 3 / STANLEY KUBIRock psychédélique / Cabaret punk Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08■ À QUOI TU JOUES ?Compagnie 6 Pieds sur Terre la Passerelle – Mauléon 05 49 81 60 60■ LA MAGIE QUELLE HISTOIREPar P. Din Beauséjour – Châtelaillon-Plage 05 46 30 49 50■ HUGOFFENBACHConcert théâtre de l’éperon – angoulême 05 45 92 76 42 Jusqu’au 8 avril

■ KID CONGO AND THE MONKEY BIRDS + CHEVEU + 69 Club / Rock la Sirène – la rochelle 06 34 87 78 77■ DANYEL WAROBlues de la Réunion la Poudrière – rochefort 05 46 82 67 77 DIMANCHE 10■ LA CONSERVERIE DE VIEUXA. Fahrenkrug – C. Delhommeau le Gallia – Saintes 05 46 92 10 20 LUNDI 11■ LA NUIT DE VALOGNESCompagnie Est sans Ciel la Fabrique du vélodrome – lr 05 46 27 12 12 MARDI 12■ QUINTET 4’SOUSSurnatural Orchestra Salle des Fourriers – rochefort 05 46 82 15 15■ JULIEN LASSORTInstallation video le Pilori – niort 05 49 78 73 82■ CHEVALA. Defoort & J. Fournet le Grand r – la roche-sur-Yon 02 51 47 83 83 Jusqu’au 13 avril■ GENTLEMAN & EVOLUTIONReggae la Sirène – la rochelle 06 34 87 78 77■ LES RêVES DE MARGARETTexte P. Minyana la Coursive – la rochelle 05 46 51 54 00 MERCREDI 13

■ ASAConcert espace Culturel leclerc – niort 05 49 17 39 17 SAMEDI 16■ 69DB / CRYSTAL DISTORTION / DRAGONGAZ / KAFARNAUM Techno/Électro Confort Moderne – Poitiers 05 49 46 08 08■ NOFX + TEENAGE BOTTLE ROCKET + OLD MAN MARKLEY Punk Rock la Sirène – la rochelle 06 34 87 78 77 MARDI 19■ GRAFFFestival Hip Hop Médiathèque – aytré 05 46 30 19 07 Jusqu’au 14 mai JEUDI 21■ BEN MAZUÉHip Hop / Soul le Palace – Surgères 05 46 07 14 30 VENDREDI 22■ CHARLES PASI + GUILLAUME GRANDConcert espace Culturel leclerc – niort 05 49 17 39 17■ LYRE LE TEMPS + TRUE LIVERap / Hip hop / Slam les abattoirs – Cognac 05 45 32 17 28 SAMEDI 23■ ROCK THE CASBAH1ère édition Concert de 3 groupes rochelais la Sirène – la rochelle 06 34 87 78 77

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expressions un maGazine à l’ouest18

liVres, disQues, films...

internet exhausteurspierre labardant

www.mixtaroute.com

Mixe et dis bonjour à la dameCe site s’adresse aux jeunes. Jeunes et conducteurs. Un public à risque que l’on tutoie d’emblée. « Mix ta route » est la version internet, dans un langage châtié, du vociférant « tes papiers » entendu fréquemment lors des contrôles inopinés. Une tentative maladroite pour sensibiliser les novices aux dangers de la route et occuper leurs moments de désœu-vrement. Le boutonneux est invité à rejoindre le monde très prisé des DJs en mixant des sons du quotidien (rires, glaçons, boisson versée…) et des sons de la route (démarrage, klaxon, choc…) avec des samples d’artistes connus pour faire déraper sur les dancefloors. En rythme et à grands coups de trique ! •

www.numeridanse.tv

Danse en ligne et à traversNumeridanse se présente comme une sorte de cinéclub en ligne de la danse. Un lieu où l’on peut revoir les grands classiques ou découvrir des productions confidentielles. Ce projet ambitieux, mené par des acteurs majeurs du milieu (la Maison de la danse de Lyon et le Centre national de la danse) et de généreux mécènes (la fondation BNP Paribas), pose tout de même question. Ce site va-t-il sauver la danse grâce à une diffusion plus large de ses créations par Internet ou la tuer en vidant les salles par la mise en place d’un dispositif qui s’apparente à celui des complexes de cinéma qui diffusent en direct et simultanément dans toute la France des spectacles d’opéra ? •

http://usbek-et-rica.fr

Plus future sera la chute

Usbek & Rica est un objet fleuve de 200 pages qui paraît tous les trimestres. De ce foisonnement créatif, mêlant contenus magazine, incartades littéraires et productions BD, le site extrait le meilleur et présente un avant-goût des sujets du numéro (3) en cours : la torture présentée comme « L’herpès de l’espèce humaine », un débat titré « Manger bio est-il réac ? » ou un portrait consacré à Raël « Rock star cosmique ». On retrouve dans cette tête de gondole internet les deux fondements du support papier : l’actualité commentée et l’anticipation sur un futur (avec des « si » ). Du concentré de textes prêt à être dilué. •

Expressions inaugure avec cette chronique

consacrée à Usbek & Rica un tour d’horizon

des sites des supports indépendants qui

agitent la presse magazine.

DAVID BENITO, LAURENT BOURLAUD ET PATRICE CABLAT

nos GuerresCambourakis

Dix récits de guerre, dix voix, dix traite-ments graphiques distincts… Jouant de

l’histoire et de l’archive, Nos Guerres puise dans l’imaginaire et l’iconographie des

conflits du siècle passé pour rendre compte de destins ordinaires. Ce très bel album se conclut sur une danse macabre qui aura

mené ses pas, parfois estropiés, des élans futuristes au comique troupier version

Assiette au Beurre. L’exposition de planches originales est visible jusqu’au 30 avril

au musée de la Cité de la bande dessinée d’Angoulême. • P.G.

DASHIELL HAMMETT

coups de feu dans la nuit

omnibus

Il est toujours bon de se replonger dans les textes des grands auteurs. Dashiell Hammett

est un très grand écrivain et la référence en matière de roman policier, pratiquement

l’inventeur du détective « dur à cuire » amé-ricain. Les éditions Omnibus ont rassemblé,

pour la première fois, dans ce recueil de 1 300 pages la totalité de ses soixante-cinq nouvelles. Observateur lucide et acéré des

mœurs d’une société américaine gangrenée par l’argent et la soif de pouvoir, Hammett

est aussi un styliste remarquable, à la préci-sion et à la concision exemplaires. Un modèle aussi bien pour Raymond Chandler que pour

Georges Simenon. • P.T.

ENDLESS BOOGIE

full house headnoQ

Endless Boogie est un drôle de groupe sous la direction du guitariste Paul Major, un

résident new-yorkais. On ne sait pas depuis combien de temps il arpente les scènes,

mais la musique en est intemporelle, puis-sante, totalement psychédélique et labourée par des guitares folles. Après « Focus Level »,

« Full House Head » est leur deuxième chef-d’œuvre de rock en liberté dont les

morceaux, véritables invitations au voyage spatio-temporel, s’étirent, sans pause, ni fai-blesse, entre quatre et vingt-deux minutes.

Une expérience cosmique à conseiller à tous les jeunes de 7 à 77 ans. • P.T.

NOUVELLE VAGUE

couleurs sur parisbarClay/universal

De la guimauve comme s’il en pleuvait. Des versions doucereuses d’un répertoire

français qui, en son temps, avait enflammé les foules, fait couler le Rimmel des fans de Nicolas de Sirkis et rendu hispanophones

les rebelles pogotant dans les concerts de Mano Negra. Même Bertrand Cantat

a droit à un outrage féminin avec une re-prise (commise par Emily Loizeau) du pre-mier morceau du premier album de Noir Désir. Loin d’être de premier ordre. • P.L.

THE EIGHTIES MATCHBOx B-LINE DISASTER

blood & fireblaCk reCords

Ceux qui ont remisé leur platine depuis la mort de Lux Interior et qui voient dans la

reformation des Sonics une partie de bridge de grabataires du rock peuvent rouvrir leurs

garages. Le nouvel album de The Eighties Matchbox B-Line Disaster crache feu et

sang. Le groupe, mené par l'illuminé Guy McKnight, ramène le psychobilly dans les

débats. Et la reverb’ dans le son. • P.L.

MALICORNE

concert exceptionnel aux francofolies 2010

artstudio/masQ/sterne

Pour ceux qui ont eu la chance de voir Malicorne et ses invités aux dernières

Francofolies, unique concert de reforma-tion du groupe plus de vingt ans après sa séparation, ce disque rappellera la chaleu-reuse connivence entre les musiciens et les

spectateurs et la formidable qualité musicale de l’ensemble, entre chansons entraînantes et passages à la grâce mélancolique. Pour les autres, cette session de rattrapage montrera que Malicorne n’a rien perdu de ce qui en a

fait le meilleur représentant français du folk rock. Sans oublier la sortie concomitante d’un

DVD du spectacle (mêmes références). • P.T.

BENNY CHAN

connectedHk vidéo

Pour une fois, les Asiatiques prennent leur revanche en réalisant le remake d’un film

américain : Cellular. Si le postulat de départ reste identique, le déroulement de l’histoire

diffère et s’agrémente de beaucoup d’élé-ments, tant psychologiques que senti-

mentaux. Les invraisemblances évidentes n’empêchent en rien de s’immerger totale-ment dans cette histoire particulièrement

rythmée. Les comédiens ont été choisis en fonction de leur physique approprié à chacun des rôles, donnant ainsi un petit

côté humoristique à cette intrigue musclée et souvent violente. Saluons au passage

l’absence d’abus de bagarres à mains nues que le cinéma asiatique a tendance à trop

utiliser. • G.D.

J.T. PETTY

les créatures de l’ouest

metropolitan

Étonnant film que ce western ; très classique dans son déroulement, parfaitement réalisé dans les grands espaces qu’impose ce genre. Violent, mais sachant éviter les scènes gores, le scénario s’étale en un road movie haletant. Mais surtout, et c’est là l’originalité de cette œuvre incroyable, le fantastique vient mâ-tiner une ambiance des plus paranoïaques. Les créatures du titre sont à peine « expli-

quées », sans que ce soit important ; on suit cette bande de cow-boys avec plaisir tant les

surprises du scénario étonnent et captent l’attention. Pas de happy end habituel, pas de répit, une atmosphère oppressante : ces

atouts supplémentaires rendent ce film passionnant.• G.D.

ANNO SAUL

The doormetropolitan

Les films fantastiques allemands sont suffisamment rares pour être signalés… et

celui-ci fait montre d’évidentes qualités narratives. Passé l’aberration systématique concernant le paradoxe temporel (tous les films relatifs à ce thème en possèdent), le

scénario n’a de cesse de nous emmener où on ne l’attend pas. Abordant avec bonheur

les différents aspects de la rédemption et du sacrifice de soi, le réalisateur accouche d’un

film parfaitement huilé, dont le suspense fonctionne à fond. Si le final peut sembler prévisible à certains, il n’empêche qu’il pa-raîtra plus que plausible aux autres, et tous

en apprécieront la réalisation. • G.D.

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