facteurs d'instabilite des fractures du quart distal

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1 UNIVERSITÉ DE LIMOGES FACULTE DE MEDECINE VENDREDI 4 SEPTEMBRE 2009 FACTEURS D’INSTABILITE DES FRACTURES DU QUART DISTAL DU RADIUS DE L’ENFANT. MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L’OBTENTION DU DESC DE CHIRURGIE ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATOLOGIQUE Pierre-Sylvain Marcheix Né le 28 septembre 1978 à Limoges Mr le Professeur P. CHIRON Mr le Professeur J.L. CHARISSOUX Mr le Professeur T. FABRE Mr le Professeur D. MOULIES

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UNIVERSITÉ DE LIMOGES

FACULTE DE MEDECINE

VENDREDI 4 SEPTEMBRE 2009

FACTEURS D’INSTABILITE DES FRACTURES DU QUART

DISTAL DU RADIUS DE L’ENFANT.

MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L’OBTENTION DU DESC DE CHIRURGIE

ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATOLOGIQUE

Pierre-Sylvain Marcheix

Né le 28 septembre 1978 à Limoges

Mr le Professeur P. CHIRON

Mr le Professeur J.L. CHARISSOUX

Mr le Professeur T. FABRE

Mr le Professeur D. MOULIES

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UNIVERSITÉ DE LIMOGES

FACULTE DE MEDECINE

VENDREDI 4 SEPTEMBRE 2009

FACTEURS D’INSTABILITE DES FRACTURES DU QUART

DISTAL DU RADIUS DE L’ENFANT.

MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L’OBTENTION DU DESC DE CHIRURGIE

ORTHOPEDIQUE ET TRAUMATOLOGIQUE

Pierre-Sylvain Marcheix

Né le 28 septembre 1978 à Limoges

Mr le Professeur P. CHIRON

Mr le Professeur J.L. CHARISSOUX

Mr le Professeur T. FABRE

Mr le Professeur D. MOULIES

3

PLAN

INTRODUCTION GÉNÉRALITÉS

I- LES DIFFERENTS TYPES DE FRACTURES DU ¼ DISTAL DE L’AVANT-BRAS CHEZ l’ENFANT

I-I Les fractures du radius sans lésion du cartilage de conjugaison I-II Les fractures décollement épiphysaires

II FACTEURS D’INSTABILITES DES FRACTURES DU ¼ DISTAL DU RADIUS

II-I LES FACTEURS PREREDUCTIONNELS II-III LES FACTEURS POSTREDUCTIONNELS II-II LES FACTEURS POSTREDUCTIONNELS

MATÉRIEL ET MÉTHODE RÉSULTATS

DISCUSSION

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

4

INTRODUCTION

5

Les fractures du radius distal sont les fractures les plus fréquentes de l’enfant(20% à

36% des fractures de l’enfant selon les séries) 1-4. Dans 80% des cas, il s’agit de fractures

métaphysaires touchant le radius isolément dans 50% des cas ou bien les deux os de l’avant-

bras dans 50% des cas. Les autres fractures du radius distal de l’enfant sont représentées par

les décollements épiphysaires (20% des cas).

Les fractures du ¼ distal siègent au niveau de la jonction métaphyso-diaphysaire. Ces

fractures représentent un intermédiaire entre les fractures décollement épiphysaire et les

fractures diaphysaires2. La prise en charge de ces fractures reste très discutée. Il s’agit de

fractures dont la réduction par manœuvre externe est relativement facile à réaliser mais ou se

pose un problème de stabilité post-réductionnelle. Ainsi un certain nombres d’auteurs

préconise une stabilisation chirurgicale par un embrochage systématique1,2,5-7.

Cette étude rétrospective portant sur 60 fractures du ¼ distal du radius traitées par

réduction – plâtre sous anesthésie générale, a pour but de définir les facteurs de risque de

déplacements secondaires en rapport avec la fracture elle-même ou l’insuffisance du

traitement orthopédique.

6

GENERALITES

7

I- LES DIFFERENTS TYPES DE FRACTURES DU ¼

DISTAL DE L’AVANT-BRAS CHEZ l’ENFANT Ces fractures sont représentaient par deux types de fractures différentes :

- Les fractures sans lésion du cartilage de croissance

- Les fractures décollement épiphysaires

I-I Les fractures du radius sans lésion du cartilage de

conjugaison Il s’agit de fractures se situant à la jonction métaphyso-diaphysaire, là ou s’amincit la

corticale diaphysaire pour donner la corticale métaphysaire. Ces fractures peuvent être

associées ou non à une fracture de l’ulna distal.

Suivant l’importance du déplacement de la fracture, on définit trois types de fractures

à bascule postérieures :

- Les fractures en motte de beurre (Figure 1-C): principalement chez le petit

enfant, il n’existe alors pas de rupture corticale. Le déplacement est en

général faible et stable, imposant rarement une réduction sous anesthésie

générale. Le retard diagnostic est fréquent en raison d’une

symptomatologie souvent modérée.

- Les fractures en bois vert (Figure 1-B): il s’agit d’une rupture unicorticale

souvent à forte angulation nécessitant dans la majorité des cas une

réduction sous anesthésie générale. Leur potentiel d’instabilité est

relativement important. Il est nécessaire de bien les surveiller pendant les

quinze premiers jours.

- Les fractures complètes (Figure 1-A): il s’agit, alors, d’une rupture

bicorticale. Le déplacement est variable. Il s’étend de la fracture non

déplacée jusqu’au déplacement complet avec perte de contact entre les

fragments. Elles s’associent fréquemment à une fracture de l’ulna distal. Ce

sont des fractures potentiellement très instables.

8

Figure 1 :

A B C

En ce qui concerne les fractures à bascule antérieure : elles sont beaucoup plus rares

que les fractures à bascule postérieure. Dans ce cas, les déplacements secondaires sont

exceptionnels, la contention se fait soit en position, soit en légère hyperextension.

I-II Les fractures décollement épiphysaire Elles sont plus rares que les fractures précédentes (10 à 20% des fractures de l’avant-

bras). Le plus souvent, ce sont des fractures Salter II (Figure 2). L’ulna est la plus souvent

fracturé en position épiphysaire, traduisant systématiquement une lésion de l’articualtion

radio-ulnaire distale.

Dans les fractures décollement épiphysaire à bascule postérieure, la qualité du périoste

postérieure fait que les hypercorrections n’existent pas. Par contre, les hypocorrections sont

fréquentes. L’immobilisation se fera par un plâtre brachio-antébrachio-palmaire, coude à 90°.

Le foyer de fracture est mis en flexion en se servant du périoste postérieur comme hauban.

Alors que lorsque la bascule est antérieure, le foyer de fracture est mis en extension.

Les fractures Salter III-IV sont théoriquement possibles, mais très rares.

9

Figure 2 : Différents types de fractures épiphyso-métaphysaires selon Salter-Harris

Type 1 Type 2 Type 3 Type 4 Type 5

Type I : Il s'agit d'un décollement épiphysaire pur, sans lésion épiphysaire ou métaphysaire.

Ce type représente 6% à 8% de l'ensemble des lésions. Il s'observe plus fréquemment chez le

nouveau né et le nourrisson ou bien au niveau des phalanges. Le diagnostic est difficile en cas

de déplacement peu important, il faut s'aider alors des signes indirects. Le pronostic est

globalement bon après traitement.

Type II : Il s'agit d'un décollement épiphysaire associé à un fracture d'un fragment

métaphysaire, avec ou sans déplacement. L'épiphyse est intacte. La taille du fragment

métaphysaire est variable, des clichés en oblique peuvent être nécessaires pour mettre en

évidence des petits fragments. Ce type est le plus fréquent de l'ensemble des fractures

épiphyso-métaphysaires, 73% à 75%, il est largement prédominant au delà de l'âge de 4 ans.

L'extrémité inférieure du radius est particulièrement exposée à ce type de fracture, prés du

tiers ou de la moitié de l'ensemble des fractures de type 2. L'extrémité inférieure du tibia et du

péroné (fibula) et les phalanges sont les autres sites les plus exposés. Les complications à long

terme par épiphysiodèse partielle ou totale sont très rares.

Type III : Il s'agit d'une fracture épiphysaire avec décollement épiphysaire du noyau fracturé.

La métaphyse est normale. Le déplacement est habituellement peu important. Sa fréquence est

faible (6,5% à 8%). Les sites les plus exposés sont l'extrémité distale du tibia et des

phalanges, plus rarement celle du fémur. Elle survient en fin de maturation osseuse, peu avant

la fusion du cartilage.

Type IV : Il s'agit d'une fracture orientée verticalement, traversant la ligne de cartilage et

détachant un fragment métaphysaire solidaire d'un fragment épiphysaire. Sa fréquence est

10

évaluée à 10% à 12% de l'ensemble des lésions épiphyso-métaphysaires. Elle s'observe

surtout au niveau du condyle huméral et de l'extrémité distale du tibia. Le risque

d'épiphysiodèse est important dans ce type de fracture.

Type V : Il correspond à une impaction du noyau épiphysaire dans la métaphyse avec

écrasement du cartilage de croissance. Cette lésion est très rare (1%) et son diagnostic n'est

évoqué que rétrospectivement devant le développement d'une épiphysiodèse dans les suites

d'un traumatisme pour lequel les clichés paraissaient normaux. Le site d'élection est le genou.

II FACTEURS D’INSTABILITES DES FRACTURES DU

¼ DISTAL DU RADIUS

Les facteurs de risque de déplacement secondaire des fractures du ¼ distal du radius

chez l’enfant sont encore débattus.

II-I LES FACTEURS PREREDUCTIONNELS Les fractures complètes sont des fractures instables par la perte d’une charnière

osseuse stabilisatrice de la fracture2,3,8.

Le rôle d’une association à une fracture de l’ulna distal est très controversé. Pour les

auteurs Zamzam ou Bohn, cette association est un facteur de risque de déplacement

secondaire3,9. Pour les auteurs Alemdaroglu ou Proctor, cette association n’est pas un facteur

à prendre en compte4,8. Quelque soit les auteurs, le risque de déplacement secondaire d’une

fracture du radius distal associée à une fracture de l’ulna distal est en relation avec

l’importance du déplacement secondaire.

Les fractures à fort déplacement et les fractures avec perte de contact des deux

extrémités osseuses sont des fractures devant être surveillés étroite devant un risque important

de déplacement secondaire. L’importance du déplacement est souvent associé à une déchirure

du périoste de façon plus ou moins circonférentielle faisant perdre le rôle de hauban à ce

dernier2-5,8.

Finalement, plus la fracture est éloigné de la physe plus le risque de déplacement

secondaire est important. En effet, il est alors difficile, par une simple immobilisation, de

maintenir le foyer de fracture dans l’axe.

11

II-II LES FACTEURS POSTREDUCTIONNELS - Certains auteurs mettent en avant le manque d’expérience du chirurgien dans le

risque de déplacement secondaire des fractures du ¼ distal du radius10. En effet la technique

de réduction ainsi que la réalisation d’une immobilisation de bonne qualité nécessitent une

courbe d’apprentissage dans le cadre d’un parrainage entre les chirurgiens séniors et les

internes4,10.

- L’anesthésie locorégionale est remise en cause dans le traitement de ces fractures du

¼ distal du radius. Cependant pour Zamzam, le risque plus important de déplacement

secondaire en cas d’utilisation d’une anesthésie locorégionale n’est pas clairement

démontrer3. En effet le type d’anesthésie utilisée est fortement dépendant du type de fracture.

Ainsi une fracture à fort déplacement des deux os de l’avant bras bénéficiera

préférentiellement d’une anesthésie générale3.

II-III LES FACTEURS POSTREDUCTIONNELS - La qualité de la réduction est un critère important. En effet si la réduction n’est pas

anatomique le risque de déplacement secondaire est plus important2-5,8,10. Un défaut de

réduction s’associe à un défaut de contact entre les fragments osseux s’associant à une perte

de stabilité du foyer de fracture. Alors qu’une tendance à l’yperréduction du foyer de fracture

est un signe indirect devant faire évoquer une lésion des parties molles et notamment du

périoste qui n’assure plus sa fonction de hauban : le déplacement secondaire est alors à

craindre.

- La qualité de l’immobilisation postréductionnel : 5 index ont été développé afin de

juger de la qualité du plâtre en postopératoire :

- Cast index (Figure 3)11: diamètre intérieur du plâtre sur les cliché de profil

(a) / diamètre intérieur du plâtre sur les cliché de face (b) au niveau de la

fracture. Cet index doit être compris entre 0,7 et 0,8.

Figure 3 :

12

- Padding index (Figure 4)12: espace dorsal peau-plâtre (x) / espace

interosseux maximum sur les clichés de face (y). La valeur moyenne de cet

index est de 0,3. Cette formule s’applique aux fractures en extension. En

cas de fracture à bascule palmaire l’espace dorsal peau-plâtre doit être

modifié par l’espace palmaire peau plâtre.

Figure 4 :

- Canterbury index12: Cast index + padding index. La valeur moyenne

normale est de 1,1.

- Gap index13: [(espace peau-plâtre radial + espace peau-plâtre ulnaire) /

diamètre intérieur du plâtre sur les clichés de face] + [(espace peau-plâtre

dorsal + espace peau-plâtre palmaire) / diamètre intérieur du plâtre sur les

clichés de profil]. La valeur moyenne normale de cet index est de 0,15.

13

- Three point index (Figure 5)4: [(espace peau-plâtre à la partie distal du

radius (a) + espace peau-plâtre ulnaire en regard de la fracture (b)+ espace

peau plâtre à la partie proximal du radius (c)) / espace de contact entre les

fragments osseux radiaux sur les clichés de face(x)] + [(espace peau-plâtre

à la partie distal et dorsal du radius (d) + espace peau-plâtre à la partie

antérieure de la fracture (e) + espace peau-plâtre à la partie proximal et

dorsal du radius (f)) / espace de contact entre les fragments osseux radiaux

sur les clichés de profil (y)]. La valeur moyenne normale de cet index est

de 0,8.

Figure 5 :

Selon Alemdaroglu, l’index des trois points est le meilleur index pour juger de la

qualité de l’immobilisation réalisé. En effet, cet auteur a comparé le risque de déplacement

secondaire du foyer de fracture en fonction de la valeur des différents index ci –dessus.

L’index des trois points permet d’obtenir une sensibilité de 94.7% et une spécificité de 95.2%.

Ces valeurs sont bien supérieures que celle des autres index (schéma 1).

14

Schéma 1 :

Sensibilité (%) Spécificité (%)

Cast index 63.2 52.4

Padding index 15.8 82.5

Canterbury index 21.1 87.3

Gap index 63.2 76.2

Three point index 94.7 95.2

15

MATÉRIEL ET

MÉTHODE

16

Il s’agit d’une étude rétrospective, monencentrique, visant à répertorier les

facteurs de risque de déplacement secondaire des fractures du ¼ inférieur du radius de

l’enfant.

Cette étude a été menée au sein du service de chirurgie pédiatrique de l’hôpital

mère-enfant du CHU de Limoges entre janvier 2007 et janvier 2009.

Critères d’inclusion :

- enfants de moins de 16 ans.

- fracture du ¼ distal du radius (moins de 4 cm de la physe) à bascule postérieure

de plus de 20°, ou bien avec une perte de contact des fragments osseux

- fracture de l’ulna associé

- traitement orthopédique initial uniquement

- fracture fermé uniquement

Critères de non inclusion :

- enfant de plus de 16 ans

- fracture à bascule antérieure

- fracture ouverte

- fracture décollement épiphysaire

- fracture nécessitant une ostéosynthèse d’emblée

- enfant polyfracturé

Le recrutement des patients de cette étude s’est fait par l’intermédiaire du

service des urgences pédiatriques du CHRU de Limoges.

MODALITE DE SUIVI Les consultations de contrôle postopératoires ont été réalisées Dans le service de

chirurgie pédiatrique par trois seniors différents: Bernard Longis, Philippe Peyrou et

Pierre-Sylvain Marcheix.

Chaque enfant était revu à 8 jours, 15 jours, 6 semaines, 3 mois et 6 mois post-

opératoire.

Les dossiers, quand à eux, ont été revus par un chirurgien sénior unique : Pierre-

Sylvain Marcheix.

17

RECUEIL DES DONNÉES Les données suivantes ont été recueillies pour chaque patient :

- Nom et prénom de l’enfant

- Sexe

- Âge

- Date du traumatisme

- Côté atteint et côté dominant

- Type de fracture (complète ou non, angulation de la fracture en cas de fracture

non complète, distance de la fracture par rapport à la physe, fracture de l’ulna associée)

- Qualité de la réduction : Anatomique, bonne si l’angulation post réductionnelle

était inférieure à 10° et la translation résiduelle inférieure ou égal à 2mm, mauvaise si

l’angulation post réductionnelle était supérieure à 10° et la translation résiduelle

supérieure à 2mm4.

- Qualité du plâtre (index des trois points) et angulation du plâtre au poignet

- La date de l’intervention, le type d’anesthésie

- Les suites postopératoires à la recherche d’un déplacement secondaire et d’une

reprise chirurgicale éventuelle. Les critères de reprise étaient un déplacement secondaire

en angulation dorsal ou palmaire de plus de dix degrés et/ ou une translation de plus de

3mm4.

Á chaque consultation un examen clinique et radiologique était réalisé.

L’examen radiologique était réalisé pour tous les patients dans les mêmes

conditions : un cliché de profil strict, un cliché de face strict en prono-supination neutre.

DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES Un total de 60 enfants victimes d’une fracture déplacée du ¼ distal du radius ont

répondus au critère d’inclusion de notre étude. Il y a avait 14 filles (23.3%) pour 46

garçons (76.7%), l’âge moyen au moment de l’accident été de 9.8 ans (5-15). 37

fractures ont touchées le côté gauche (61.7%), contre 23 fractures du poignet droit

(38.3%). L’ulna distal était fracturé dans 43 cas (71.7%). Tous les enfants ont été traités

par un chirurgien sénior. Toutes les réductions ont été réalisées sous anesthésie

générale.

18

En préopératiore, nous retrouvions 32 fractures incomplètes (53.3%) et 28

fractures complètes (46.7%). En cas de persistance d’un contact entre les fragments

osseux, l’angulation dorsal préopératoire était en moyenne de 32° (σ : 7.9).

La réduction initiale était anatomique dans 33 cas (55%), bonne dans 22 cas

(36.7%) et mauvaise dans 5 cas (8.3%). Tous les enfants ont immobilisés dans un plâtre

brachio-antébrachio-palmaire en position de stabilité du foyer de fracture. La distance

moyenne de la fracture par rapport à la physe était de 1.7 mm (σ : 0.9). L’angulation du

poignet dans la plâtre était en moyenne de 55.5° (σ : 14.7).

Nous avons observé 22 déplacements secondaires dans cette étude soit 36.7%.

Ces déplacements secondaires se sont produits chez 17 garçons (77.3%) contre 5 filles

(22.7%). 5 déplacements secondaires ont nécessités une reprise chirurgicale soit par

reréduction soit par embrochage.

Le suivi postopératoire était pour tous ces enfants de 6 mois. Avec, à l’issu de

cette période, une consolidation osseuse obtenue de façon systématique, et une

disparition totale des troubles de réduction par remodelage d’un foyer de fracture.

CRITERE DE JUGEMENT PRINCIPAL Le critère de jugement principal reposait sur l’étude du déplacement secondaire

en fonction de la qualité de l’immobilisation postopératoire.

Par l’intermédiaire de l’étude des radiographies postopératoire, nous

recherchions à mettre en relation le risque de déplacement secondaire avec la qualité de

l’immobilisation par l’index des trois points.

CRITERE DE JUGEMENT SECONDAIRE Les critères de jugement secondaire recherchaient à mettre en relation les

déplacements secondaires avec les critères d’instabilités pré et postopératoires.

Critères préopératoires :

- Fractures complètes

- Angulation préopératoire de la fracture

- Fracture de l’ulna associée

19

- Fracture à distance de la physe

- Mauvaise réduction postopératoire

- Angulation du plâtre au poignet

- Age, sexe et côté de la fracture.

METHODES STATISTIQUE Les données de cette étude ont été analysées à l’aide d’un test de Chi2 de Pearsn

pour l’analyse univariée. Le degré de significativité retenu pour le risque global de

première espèce α a été fixé à 5% en situation bilatérale.

Nous avons également réalisé une étude multivariée. Pour déterminer les

facteurs associés avec un déplacement secondaire, les variables explicatives présentant

un degré de significativité inférieur à 20 % à l’issue des analyses univariées ont été

inclues dans le modèle logistique initial. Le modèle a été alors simplifié selon la

méthode pas à pas descendante, le degré de significativité d’entrée de la variable dans le

modèle étant de 20% et de 5% pour qu’elle reste.

Le logiciel utilisé pour cette analyse statistique a été le logiciel SAS, version

9.1.3, délivré par SAS Institute, Cary, Etats-Unis.

20

RÉSULTATS

21

Les tableaux 1et 2 rapportent le nombre de déplacements secondaires en

fonction des facteurs de risque de déplacement secondaire d’une fracture du ¼ inférieur

du radius de l’enfant.

Tableau 1 :

Déplacement

secondaire :

OUI

Déplacement

secondaire :

NON

p

Anatomique 9 (40.9%) 24 (63.2%)

Bonne 10 (45.5%) 12 (31.6%) REDUCTION

Mauvaise 3 (13.6%) 2 (5.3%)

p :0.199

Complète 13 (59.1%) 15 (39.5%) FRACTURE

RADIUS Non

complète 9 (40.9%) 23 (60.5%)

p : 0.142

NON 6 (27.3%) 11 (28.9%) FRACTURE

ULNA OUI 16 (72.7%) 27 (71.1%) p : 0.889

22

Tableau 2 :

Moyenne

(écart-type)

Déplacement

secondaire :

OUI

Déplacement

secondaire :

NON

P

ANGULATION

FRACTURE

DU RADIUS

-35° (σ : 9.4) -30.7° (σ : 7.1) p : 0.296

DISTANCE

FRACTURE-

PHYSE

1.8 cm (σ : 1.1) 1.6 cm (σ : 0.6) p : 0.908

ANGULATION

PLATRE 50.8° (σ : 17.5) 58.2° (σ : 12.3) p : 0.057

INDEX DES

TROIS

POINTS

1.8 (σ : 0.3) 0.8 (σ : 0.2) p < 0.0001

L’analyse statistique a permis de mettre en évidence des fractures du ¼ distal du radius

plus fréquente chez les garçons que chez les filles avec 46 fractures survenues chez les

garçons (76.7%) contre 14 fractures chez les filles (23.3%). Le côté gauche est plus

souvent atteint avec 37 fractures du côté gauche soit 61.7% contre 23 fractures du côté

droit soit 38.3%).

Il n’existe pas, dans notre étude, de différence statistiquement significative en ce

qui concerne le risque de déplacement de ces fractures en fonction du sexe de l’enfant,

du côté fracturé et de l’âge de l’enfant (p < 0.5) (schéma 3).

23

Tableau 3 :

Déplacement

secondaire :

OUI

Déplacement

secondaire :

NON

p

AGE 10.4 (σ : 3) 9.5 (σ : 3.3) p : 0.28

F 5 (22.7) 9 (23.7) SEXE

M 17 (77.3) 29 (76.3%) p : 0.932

D 8 (36.4%) 15 (39.5%) COTE

G 14 (63.6%) 23 (60.5%) p : 0.811

L’angulation de la fracture, la distance de la fracture par rapport à la physe ,

ainsi que l’association de la fracture du radius à une fracture de l’ulna distal ne sont pas,

dans notre étude, des facteurs de risque de déplacement secondaire du foyer de fracture.

La perte de contact des fragments osseux, la qualité de la réduction et

l’angulation du plâtre en postopératoire sont des facteurs à prendre en compte dans les

risques de déplacement secondaire du foyer de fracture. Le degré de significativité n’est

cependant pas atteint (0.05 < p < 0.2).

Il existe un risque important de déplacement secondaire du foyer de fracture

lorsque l’index des trois points est élevé (p<0.05).

24

DISCUSSION

25

Note étude rapporte 22 déplacements secondaires sur 60 fractures du ¼ distal du

radius chez l’enfant soit 36.7%. Sur ces 22 déplacements secondaires, seulement 5 ont

nécessité une reprise chirurgicale soit 8.3%. La littérature, quant à elle, rapporte un taux

de déplacement secondaire moyen de 29% (21% pour McLauchlan jusqu’à 39% pour

Miller)2,5,6,9,13. La littérature, comme notre étude, rapporte un taux de reprise

chirurgicale ou orthopédique moyen de 9% (4% pour Bohn jusqu’à 25% pour

Malviya)2,5,9,13-15.Nous avons démontré que le facteur de risque principal de

déplacement secondaire de ces fractures est la qualité de l’immobilisation postopératoire

représentée, dans notre étude, par l’index des trois points. Ainsi un index élevé est en

faveur d’une chambre entre la peau et le plâtre importante et d’un contact entre les

fragments osseux faible. Un index des trois points faible est la preuve d’une

immobilisation bien réalisée avec une réduction satisfaisante facteur de stabilisation du

foyer de fracture4. Ainsi, afin de réaliser une immobilisation la plus adapté possible,

nous préférons l’utilisation de trois jersey de protection plutôt que de la mousse,

l’utilisation de résine, par son incapacité à donner un « bon moulage du bras », étant

proscrite après réduction d’une fracture du ¼ distal du radius (cf : cas clinique 1).

L’importance de l’angulation du poignet dans le plâtre semble, dans notre étude,

être également un facteur de stabilisation du foyer de fracture en postopératoire. Plus le

poignet est fléchi dans le plâtre, moins le risque de déplacement secondaire est

important. Ainsi la mise en flexion du poignet sur des fractures en extension provoque

la mise en tension du périoste postérieur évitant tout déplacement de foyer de fracture

en avant et évitant le risque de déplacement secondaire du foyer de fracture. Cependant,

en cas de fractures complètes, le risque de déchirure du périoste est à craindre, la mise

en tension de ce dernier est, par conséquence, impossible, la fracture est alors

particulièrement instable. Pour Zamzam ce critère est le plus important3. Cet auteur

explique les déplacements secondaires des fractures complètes par un défaut de stabilité

post réductionnel de ces fractures. En effet l’importance du traumatisme et du

déplacement de la fracture provoque des lésions des tissus mous et notamment de

périoste qui n’assure plus la stabilisation du foyer de fracture3. Devant ce risque

important de déplacement secondaire des fractures complètes lié aux lésions du périoste,

un certain nombre d’auteurs préconisent la réalisation d’un embrochage des fractures à

26

déplacement important. Cependant ces auteurs rapportent un taux de complications plus

ou moins réversibles allant de 5 à 38% des cas1,5,6: infections des broches, migration de

broches, irritation voir rupture de tendon et irritation de la branche sensitive du nerf

radial.

La qualité de la réduction obtenue en préopératoire semble également être dans

notre étude un critère prédictif de déplacement secondaire du foyer de fracture. Ainsi

60% des déplacements secondaires se produisent en cas de réduction considérée comme

non anatomique. Pour Haddad et Williams, la réduction anatomique du foyer de fracture

est le critère pronostique de stabilité le plus important pour les fractures déplacées du ¼

distal du radius chez l’enfant3.

Pour éviter le risque de déplacement secondaire de ces fractures, il est nécessaire

de réaliser un plâtre de bonne qualité avec une réduction la plus anatomique. Ces deux

objectifs essentiels seront plus facilement atteints par un chirurgien expérimenté. Pour

Haddad et Williams, le manque d’expérience du chirurgien peut être considérer comme

un facteur de risque de déplacement secondaire du foyer de fracture10.

Notre étude ne nous permet pas de rapporter plus de déplacements du foyer de

fracture en cas de fracture de l’ulna distal associée. Pour McLauchlan et al, l’association

d’une fracture de l’ulna distal à une fracture du radius distal n’est pas un facteur

prédictif de déplacement secondaire du foyer de fracture5. Pour Gibbons et al une

fracture isolée du radius distal et une fracture hautement instable devant être

embrochée16. Zamzam, quand à lui, retrouve dans son étude plus de déplacements

secondaires en cas de fracture des deux os de l’avant bras3. Ainsi pour cet auteur, la

présence d’une fracture des deux os de l’avant bras est souvent le signe d’un

traumatisme important avec un déplacement initial important provoquant des lésions

des tissus mous adjacents et notamment du périoste.

Une facture éloignée de la physe n’est pour nous pas un facteur de risque de

déplacement secondaire. En effet la réalisation d’une immobilisation selon la règle des

trois appuis est plus aisément réalisée en cas de fracture haute, la stabilisation étant alors

de meilleure qualité.

Finalement notre étude ne met pas en évidence de relation entre le risque de

déplacement secondaire et l’importance de l’angulation du foyer de fracture en

préopératoire. Quelque soit l’angulation de foyer de fracture le périoste ne peut être lésé

27

par le traumatisme initiale, il garde ainsi, après réduction, sa qualité de hauban

stabilisateur du foyer de fracture.

Pour Bohm et Webb il n’existe pas de déplacement secondaire plus important en

cas d’immobilisation des fractures du ¼ distal du radius par une manchette plâtrée

comparé à l’utilisation d’un plâtre type brachio-antébrachio-palamire9,17. Pour

Alemdaroglu, la réalisation d’une manchette plâtrée facilite le moulage de

l’immobilisation4. En ce qui nous concerne, nous continuons à obéir à la règle de

l’immobilisation de l’articulation sus et sous-jacente. Nous commençons par réaliser

une manchette plâtré afin d’obtenir un index des trois points le plus faible possible, puis

nous finalisons l’immobilisation en plâtre brachio-antébrachio-palmaire. En effet la

réalisation de ce genre d’immobilisation permet d éviter la mobilisation du plâtre autour

de l’avant-bras lors de la fonte de l’hématome fracturaire.

Cette étude peut subir plusieurs critiques. Il s’agit d’une étude rétrospective

devant ouvrir sur la réalisation d’une étude prospective. Nos critères de déplacements

secondaires ont été appliqués quelque soit l’âge de l’enfant, or la capacité de

remodelage osseux est variable en fonction de l’âge de l’enfant. Le seul facteur de

risque de déplacement secondaire pouvant être affirmé avec certitude dans cette étude

correspond à la qualité de l’immobilisation post-opératoire. Il paraît fondamentale de

réalisé une étude avec un nombre de patients plus importants afin d’apporter des

conclusions certaines en ce qui concerne les autres facteurs.

28

CAS CLINIQUES

29

Cas clinique 1 : Louis, 13 ans, chute au ski, fracture ¼ distal du radius gauche, bascule dorsal

30°, fracture de la styloïde ulnaire associée :

Réduction sous anesthésie locorégionale, réduction anatomique :

30

Contrôle à 3 semaines dans notre service, déplacement secondaire, avec bascule

dorsale estimée à 25°:

- Défaut d’ hyperflexion du poignet dans la résine (25°)

- Index des trois points élevé (a+b+c)/x=0.43

(d+e+f)/y=0.8

Soit un index à 1.23

L’index est alors supérieur à sa valeur moyenne de 0.8. Le risque de

déplacement secondaire est alors très imortant.

31

b

c

x

32

y

33

CONCLUSION

34

La prise en charge des fractures du ¼ distal des deux os de l’avant-bras

chez l’enfant reste avant tout orthopédique : réduction sous anesthésie générale puis

plâtre. Cependant la décision définitive d’un traitement orthopédique se fait au bloc

opératoire devant l’obtention d’une fracture stable en flexion maximale du poignet pour

une fracture à déplacement dorsal. Tout signe peropératoire, en faveur d’une fracture

instable par la perte du hauban périosté, doit amener le chirurgien à embrocher le foyer

de fracture. Cependant une fois le traitement orthopédique décidé, l’enfant devra être

revu régulièrement afin de rechercher un déplacement secondaire : deux consultations

sont nécessaires pendant les quinze premiers jours. Ce suivi est d’autant plus important

chez l’adolescent pour qui la capacité de remodelage est faible.

35

BIBLIOGRAPHIE

36

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