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Fiche n° 1444 Fais de beaux rêves 28 décembre au 10 janvier 2017 http://cinemateur01.com Fais de beaux rêves De Marco Bellocchio 2h10 - Italie/France - VO -sortie 28/12/2016 avec Valerio Maastandrea, Bérénice Béjo Turin, 1969. Massimo, un jeune garçon de neuf ans, perd sa mère dans des circonstances mystérieuses. Quelques jours après, son père le conduit auprès d’un prêtre qui lui explique qu’elle est désormais au Paradis. Massimo refuse d’accepter cette disparition brutale. Année 1990. Massimo est devenu un journaliste accompli, mais son pas- sé le hante. Alors qu’il doit vendre l’appartement de ses pa- rents, les blessures de son enfance tournent à l’obsession… Ce film a été présenté hors Compétition en Ouverture de la Quinzaine des réalisateurs 2016. Le film est adapté de Fais de beaux rêves, mon enfant, un livre autobiographique écrit par Massimo Gramellini . Paru en 2013 en France, il a été un best-seller en Italie. Ce film est adapté du livre Fais de beaux rêves, mon enfant de Massimo Gramellini, grand succès de librairie de ces dernières années, auquel il est resté majoritairement fidèle, ne serait-ce que pour les faits et sentiments qui y sont décrits. « Ce n’est pas tant le best-seller qui m’a convaincu, mais son thè- me, le drame qu’ilcontient : la mort de la mère, le fait d’être or- phelin quand on est encore un enfant La douleur de Massimo qui perd sa mère adorée à l’âge de neuf ans (adorée parce qu’il s’agit d’un amour réciproque, absolu et exclusif), sa révolte contre cette tragédie injuste, puis, au fil du temps, son aptitude à survivre à cette perte incompréhensible. Aptitude à la vie qu’il paie au prix fort parce qu’elle obscurcit et réduit sa capacité à aimer. Elle l’é- teint, la supprime, créant des dommages qui se prolongeront à l’adolescence et qui perdureront jusqu’à sa vie d’adulte. Jusqu’à ce que des circonstances complexes et des rencontres a priori fortuites ne commencent à fissurer, telle une cuirasse, son indifférence. Massimo, alors journaliste confirmé, se “réveille” et affronte à nouveau la douleur “originelle” jusqu’à la découverte finale, ce vrai coup de théâtre qui ne peut être ici dévoilé. On pourrait parler de “guérison”, mais je préfère par prudence parler d’un réel processus de changement… Sans compter que les changements, les “guérisons” sont toujours instables ; on n’est jamais à l’abri d’une rechute. Cette histoire m’a beaucoup frappé, ému car elle évoque de nom- breux thèmes déjà abordés dans mes précédents films… La famille, la maman (détruite y compris au sens propre du terme, assassinée littéralement), le papa, l’appartement où se déroule la moitié du film, à différentes époques, trente ans au moins durant lesquels l’Italie change radicalement, y compris par-delà les fenêtres… Et enfin, Rome, Sarajevo, Turin, l’Italie vue et vécue par celui qui exerce le métier de journaliste. Massimo est journaliste dans un quotidien national important. Que signifie être journaliste, chroniqueur de la réalité, témoin distant et froid ou, au contraire, vouloir en devenir en quelque sorte l’in- terprète passionné ? C’est là également un thème, une question à laquelle le film tentera de répondre. » Marco Bellocchio Filmographie sélective 2015 SANGUE DEL MIO SANGUE 2012 LA BELLE ENDORMIE (Bella Addormentata) 2010 SORELLE MAI 2009 VINCERE 2006 LE METTEUR EN SCÈNE DE MARIAGES (Il Regista Di Matrimoni) 2003 BUONGIORNO, NOTTE 2002 LE SOURIRE DE MA MÈRE (L‘Ora Di Religione) 1999 LA NOURRICE (La Balia) 1997 LE PRINCE DE HOMBOURG (Il Principe Di Homburg Di Heinrich von Kleist) 1994 LE RÊVE DE PAPILLON (Il Sogno Della Farfalla) 1991 AUTOUR DU DÉSIR (La Condanna) 1988 LA SORCIÈRE (La Visione Del Sabba) 1986 LE DIABLE AU CORPS (Diavolo In Corpo) 1984 HENRI IV, LE ROI FOU (Enrico IV) 1982 LES YEUX, LA BOUCHE (Glio Occhi, La Bocca) 1980 LE SAUT DANS LE VIDE (Salto Nel Vuoto) 1977 LA MOUETTE (Il Gabbiano) 1976 LA MARCHE TRIOMPHALE (Marcia Trionfale) 1972 VIOL EN PREMIÈRE PAGE (Sbatti Il Mostro In Prima Pa- gina) 1971 AU NOM DU PÈRE (Nel Nome Del Padre) 1967 LA CHINE EST PROCHE (La Cina E Vicina) 1965 LES POINGS DANS LES POCHES (I Pugni In Tasca)

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Fiche n° 1444 Fais de beaux rêves

28 décembre au 10 janvier 2017

http://cinemateur01.com

Fais de beaux rêves De Marco Bellocchio

2h10 - Italie/France - VO -sortie 28/12/2016 avec Valerio Maastandrea, Bérénice Béjo

Turin, 1969.

Massimo, un jeune garçon de neuf ans, perd sa mère dans

des circonstances mystérieuses. Quelques jours après, son

père le conduit auprès d’un prêtre qui lui explique qu’elle

est désormais au Paradis. Massimo refuse d’accepter cette

disparition brutale.

Année 1990.

Massimo est devenu un journaliste accompli, mais son pas-

sé le hante. Alors qu’il doit vendre l’appartement de ses pa-

rents, les blessures de son enfance tournent à l’obsession… Ce film a été présenté hors Compétition en Ouverture de la Quinzaine des réalisateurs 2016.

Le film est adapté de Fais de beaux rêves, mon enfant, un livre autobiographique écrit par Massimo Gramellini. Paru en 2013 en

France, il a été un best-seller en Italie.

Ce film est adapté du livre Fais de beaux rêves, mon enfant de

Massimo Gramellini, grand succès de librairie de ces dernières

années, auquel il est resté majoritairement fidèle, ne serait-ce

que pour les faits et sentiments

qui y sont décrits. « Ce n’est pas tant le best-seller qui m’a convaincu, mais son thè-

me, le drame qu’ilcontient : la mort de la mère, le fait d’être or-

phelin quand on est encore un enfant La douleur de Massimo qui

perd sa mère adorée à l’âge de neuf ans (adorée parce qu’il s’agit

d’un amour réciproque, absolu et exclusif), sa révolte contre cette

tragédie injuste, puis, au fil du temps, son aptitude à survivre à

cette perte incompréhensible. Aptitude à la vie qu’il paie au prix

fort parce qu’elle obscurcit et réduit sa capacité à aimer. Elle l’é-

teint, la supprime, créant des dommages qui se prolongeront à

l’adolescence et qui perdureront jusqu’à sa vie d’adulte.

Jusqu’à ce que des circonstances complexes et des rencontres a

priori fortuites ne commencent à fissurer, telle une cuirasse, son indifférence. Massimo,

alors journaliste confirmé, se “réveille” et affronte à nouveau la

douleur “originelle” jusqu’à la découverte finale, ce vrai coup de

théâtre qui ne peut être ici dévoilé.

On pourrait parler de “guérison”, mais je préfère par prudence

parler d’un réel processus de changement… Sans compter que les

changements, les “guérisons” sont toujours instables ; on n’est

jamais à l’abri d’une rechute.

Cette histoire m’a beaucoup frappé, ému car elle évoque de nom-

breux thèmes déjà abordés dans mes précédents films… La famille,

la maman (détruite y compris au sens propre du terme, assassinée littéralement), le papa, l’appartement où se déroule la moitié du

film, à différentes époques, trente ans au moins durant lesquels

l’Italie change radicalement, y compris par-delà les fenêtres…

Et enfin, Rome, Sarajevo, Turin, l’Italie vue et vécue par celui qui

exerce le métier de journaliste.

Massimo est journaliste dans un quotidien national important. Que

signifie être journaliste, chroniqueur de la réalité, témoin distant

et froid ou, au contraire, vouloir en devenir en quelque sorte l’in-

terprète passionné ? C’est là également un thème, une question à

laquelle le film tentera de répondre. »

Marco Bellocchio

Filmographie sélective 2015 SANGUE DEL MIO SANGUE

2012 LA BELLE ENDORMIE (Bella Addormentata)

2010 SORELLE MAI

2009 VINCERE

2006 LE METTEUR EN SCÈNE DE MARIAGES (Il Regista Di Matrimoni)

2003 BUONGIORNO, NOTTE

2002 LE SOURIRE DE MA MÈRE (L‘Ora Di Religione)

1999 LA NOURRICE (La Balia)

1997 LE PRINCE DE HOMBOURG (Il Principe Di Homburg Di Heinrich von Kleist)

1994 LE RÊVE DE PAPILLON (Il Sogno Della Farfalla)

1991 AUTOUR DU DÉSIR (La Condanna)

1988 LA SORCIÈRE (La Visione Del Sabba)

1986 LE DIABLE AU CORPS (Diavolo In Corpo)

1984 HENRI IV, LE ROI FOU (Enrico IV)

1982 LES YEUX, LA BOUCHE (Glio Occhi, La Bocca)

1980 LE SAUT DANS LE VIDE (Salto Nel Vuoto)

1977 LA MOUETTE (Il Gabbiano)

1976 LA MARCHE TRIOMPHALE (Marcia Trionfale)

1972 VIOL EN PREMIÈRE PAGE (Sbatti Il Mostro In Prima Pa-gina)

1971 AU NOM DU PÈRE (Nel Nome Del Padre)

1967 LA CHINE EST PROCHE (La Cina E Vicina)

1965 LES POINGS DANS LES POCHES (I Pugni In Tasca)

Du 28 dec au 3 janvier

Louise en hiver de Jean-Rançois Laguionie

Du 4 au 10 janvier

La sociale de Gilles Perret

Du 11 au 17 janvier

LE DISCIPLE De Kirill Serebrennikov 1h58—VO—Russie

DIAMOND ISLAND De Davy Chou 1h41—VO– France/Cambodge

Une mère qui meurt, un appartement endeuillé : on ne peut, dès les premières minutes de Fais de beaux rêves, éviter de penser à cet autre film sur la perte d’une mère qui fit

pleurer Cannes l’an passé, le Mia Madre de Nanni Moretti. En aura-t-on jamais fini

avec la mamma ? La réponse est dans la question bien sûr, qui ne mérite d’être posée que parce qu’elle l’est à chaque fois différemment. Bellocchio, pour sa part, nous la

soumet avec bien plus de pathos, de symbolisme et d’emphase que son prédécesseur.

Et rien ne pourrait être plus différent que les mères de ces deux films : dans l’apparte-ment chargé de l’une, on devinait une vie pleinement habitée, alors que l’autre fait

d’emblée figure d’elfe fragile, papillonnant parmi les vivants sans parvenir à se lier à

eux.

L’action débute à Turin, en 1969. Massimo a 9 ans et perd sa mère dans des circonstan-ces que le spectateur devine bien avant lui et que son entourage va s’attacher à lui ca-

cher avec un empressement et une constance qui datent à eux seuls l’intrigue. L’enchaî-

nement rapide des séquences de la tragédie nous fait imaginer que la film va s’en tenir là et bondir de quelques décennies pour nous présenter Massimo adulte, portant les

stigmates de la catastrophe. Or Bellocchio prend le parti difficile de s’attacher longue-

ment au gamin, incarné pour ses plus jeunes années par Nicolo Cabras avec une autori-té époustouflante et nous le montrer passant par toutes les phases du déni et de la colè-

re, jusqu’à son invention d’un ami imaginaire qui n’est autre que Belphégor dont il re-

gardait les aventures blotti contre sa mère. On le suit adolescent, puis adulte devenu journaliste… sans jamais que ne se desserre la focale intime, le monde extérieur ne fai-

sant irruption, sous forme d’une scandale financier ou de la guerre en Bosnie, que pour

raviver ses névroses et détailler les infinies conséquences de cette disparition maternel-le.

Bellocchio, qui s’est inspiré de l’autobiographie d’un journaliste pour réaliser le film,

sème chemin faisant indices et présages. Certains sont d’une miraculeuse légèreté, d’autres bien plus pesants. Les amateurs de psychanalyse s’en réjouiront, qui trouve-

ront à travers ses bêtises d’enfant, voir de simples galipettes, quantité d’actes manqués

et autres compulsions de répétitions dont la pleine teneur ne se révélera qu’à la fin du film. Mais ne boudons pas notre plaisir, il est parfois délicieux de se laisser emporter

par le mélo. Et ce carton sombre où Massimo se réfugie avec sa mère lors d’un jeu de

cache-cache, on ne pourrait jurer ne pas avoir envie de la visite, de temps à autre. Libé