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FONDS AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT PROGRAMME D’APPUI D'URGENCE A LA GOUVERNANCE ET A LA REPRISE ECONOMIQUE (PAUGRE) PAYS : MALI RAPPORT D'ÉVALUATION Date : Décembre 2014 Equipe d’Evaluation Chargée du Programme : Carine DOGANIS, Chargée de Gouvernance Principale et Task Manager pour le Mali, OSGE.1 Equipe du Programme : Abdoulaye KONATE, Economiste-Pays Principal, ORWA/MLFO Hamaciré DICKO, Macroéconomiste Supérieur, ORWA/MLFO Mamadou SAKHO, Chargé des Programmes-Pays, ORWA/MLFO Emmanuel NYIRINKWAYA, Spécialiste des Opérations, ORTS.1 Hammadoun Amadou DIALL, Chargé des Investissements, OPSM.5/MLFO Maximin Enagnon Codjo ANASSIDE, Chargé Supérieur des Acquisitions, ORPF.1/MLFO Mohamed Aliou DIALLO, Chargé Supérieur de Gestion Financière, ORPF.2/MLFO Abdoulaye KANE, Chargé Principal des Décaissements, FFCO.3 Dilys ASUAGBOR, Juriste Supérieur pour le Secteur Public, GECL.1 Directeur Isaac LOBE NDOUMBE OSGE Directeur p.i. Directeur Janvier LITSE Sibry TAPSOBA ORWA ORTS Représentante Résidente Hélène N’GARNIM-GANGA MLFO Chef de Division p.i. Abdoulaye COULIBALY OSGE.1 Pairs Evaluateurs Emanuele SANTI, Economiste Régional en Chef, ORWA Emile Chancelier KEMAYOU, Economiste Politique Principal, ORTS.2 Alain EKPO, Macroéconomiste Principal, OSGE.1/CMFO

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FONDS AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT

PROGRAMME D’APPUI D'URGENCE A LA GOUVERNANCE ET A LA REPRISE ECONOMIQUE (PAUGRE) PAYS : MALI RAPPORT D'ÉVALUATION Date : Décembre 2014

Equipe

d’Evaluation

Chargée du Programme :

Carine DOGANIS, Chargée de Gouvernance Principale et Task Manager pour le Mali, OSGE.1

Equipe du Programme : Abdoulaye KONATE, Economiste-Pays Principal,

ORWA/MLFO

Hamaciré DICKO, Macroéconomiste Supérieur, ORWA/MLFO

Mamadou SAKHO, Chargé des Programmes-Pays, ORWA/MLFO Emmanuel NYIRINKWAYA, Spécialiste des Opérations, ORTS.1 Hammadoun Amadou DIALL, Chargé des Investissements, OPSM.5/MLFO Maximin Enagnon Codjo ANASSIDE, Chargé Supérieur des Acquisitions, ORPF.1/MLFO

Mohamed Aliou DIALLO, Chargé Supérieur de Gestion Financière, ORPF.2/MLFO Abdoulaye KANE, Chargé Principal des Décaissements, FFCO.3 Dilys ASUAGBOR, Juriste Supérieur pour le Secteur Public, GECL.1

Directeur Isaac LOBE NDOUMBE OSGE Directeur p.i. Directeur

Janvier LITSE Sibry TAPSOBA

ORWA ORTS

Représentante Résidente Hélène N’GARNIM-GANGA MLFO Chef de Division p.i. Abdoulaye COULIBALY OSGE.1

Pairs

Evaluateurs

Emanuele SANTI, Economiste Régional en Chef, ORWA Emile Chancelier KEMAYOU, Economiste Politique Principal, ORTS.2 Alain EKPO, Macroéconomiste Principal, OSGE.1/CMFO

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FONDS AFRICAIN DE DEVELOPPEMENT

MALI

PROGRAMME D’APPUI D'URGENCE A LA GOUVERNANCE ET A LA REPRISE ECONOMIQUE (PAUGRE)

RAPPORT D'EVALUATION

DEPARTEMENT OSGE Décembre 2014

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Table des Matières

I. PROPOSITION ........................................................................................................................ 1

II. CONTEXTE DU PAYS ET DU PROGRAMME .................................................................... 2 2.1 Développements politiques, sociaux et économiques récents, perspectives, contraintes et défis.............. .................................................................................................................................... 2 2.2 Stratégie globale de développement du Gouvernement et priorités de réformes à moyen terme. ............................................................................................................................................... 5 2.3 Situation du portefeuille du Groupe de la Banque ................................................................. 6

III. JUSTIFICATION, PRINCIPAUX ELEMENTS DE CONCEPTION ET SOUTENABILITE6 3.1 Lien avec le DSP, évaluation de l'état de préparation du pays et travaux analytiques sous-jacents ...................................................................................................................................... 6 3.2 Collaboration et coordination avec les autres bailleurs de fonds ........................................... 8 3.3 Résultats d'opérations similaires achevées ou en cours et enseignements tirés ..................... 9 3.4 Lien avec les autres opérations du Groupe de la Banque ....................................................... 9 3.5 Avantages comparatifs et valeur ajoutée du Groupe de la Banque ...................................... 10 3.6 Application des principes de bonnes pratiques en matière de conditionnalités ................... 10

IV. PROGRAMME PROPOSE ET RESULTATS ESCOMPTES .............................................. 10 4.1 But et objectifs du Programme ............................................................................................. 10 4.2 Composantes, objectifs opérationnels et résultats escomptés du Programme...................... 11 4.3 Besoins financiers et dispositions relatives au financement ................................................ 14

4.4 Bénéficiaires du Programme ................................................................................................ 16

4.5 Impact sur le genre ............................................................................................................... 16 4.6 Impact sur l’environnement.................................................................................................. 16

V. MISE EN ŒUVRE, SUIVI ET EVALUATION ................................................................... 16

5.1 Dispositions relatives à la mise en œuvre ............................................................................ 16 5.2 Dispositions relatives au suivi et à l’évaluation ................................................................... 18

VI. DOCUMENTS JURIDIQUES ET AUTORITE LEGALE .................................................... 18 6.1 Documents juridiques ...................................................................................................... 18 6.2 Conditions liées à l’intervention du Groupe de la Banque .............................................. 18 6.3 Respect des politiques du Groupe de la Banque .............................................................. 19

VII. GESTION DES RISQUES ..................................................................................................... 19

VIII. RECOMMANDATION ........................................................................................................ 19

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Tableaux Tableau 1 Conditions d’utilisation de l’instrument de l'Appui Budgétaire en Réponse aux 7 Crises Tableau 2 Besoins et sources de financement 2014 (En milliards de FCFA) 15 Tableau 3 Tableau récapitulatif de l'évaluation du risque fiduciaire et des actions 17 d’atténuation Tableau 4 Tableau récapitulatif des risques et des mesures d’atténuation 19 Encadré Encadré 1 Principaux objectifs du PAPU 2013-2014 6 Annexes Annexe 1 Lettre de politique de développement I Annexe 2 Matrice des mesures du Programme IX Annexe 3 Note sur les relations du pays avec le FMI X Annexe 4 Carte administrative du Mali XI

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Exercice budgétaire

1er janvier - 31 décembre

Equivalences monétaires Octobre 2014

1 UC 1,48 USD 1 UC 1,18 EUR 1 UC 772,87 FCFA

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i

Sigles et abréviations ABRC Appui Budgétaire en Réponse aux Crises AON API

Appels d'Offres Nationaux Agence de Promotion des Investissements

ANICT ARV

Agence Nationale d’Investissement des Collectivités Territoriales Antirétroviral

BAD Banque Africaine de Développement BCEAO BM

Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest Banque Mondiale

BSI CE

Budget Spécial d'Investissement Communauté européenne

CEDEAO Communauté Economique Des Etats d'Afrique de l'Ouest CFAA CNPM

Country Financial Accountability Assessment Conseil National du Patronat du Mali

CPAR Country Procurement Assessment Review

CSCRP II Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté de Deuxième Génération

CT-CSLP Cellule Technique - Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté CTRCA Comité Technique de Réformes du Cadre des Affaires CUT Compte Unique du Trésor DGABE Direction Générale de l’Administration des Biens de l’Etat DGDP DGI

Direction Générale de la Dette Publique Direction Générale des Impôts

DNB Direction Nationale du Budget DNMP Direction Nationale des Marchés Publics DNTCP Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique DSP Document de Stratégie Pays EDM-SA EPIP

Energie du Mali Evaluation des Politiques et des Institutions Pays

EUR FAD

Euros Fonds Africain de Développement

FCFA FCR

Franc CFA BCEAO Facilité de Crédit Rapide

FEC FMI

Facilité Elargie de Crédit Fonds Monétaire International

IIAG IDH

Indice Ibrahim de la Gouvernance Africaine Indice de Développement Humain

IPC LF LFI

Indice de Perception de la Corruption de Transparency International Loi de Finances Loi de Finances Initiale

LFR Loi de Finances Rectificative MEF Ministère de l’Economie et des Finances MINUSMA MLFO

Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali Bureau national de la Banque au Mali

OAP ODHD/LCP

Opérations d'Appui programmatique Observatoire du Développement Humain Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté

OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement

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ii

ONU OSC PAG

Organisation des Nations unies Organisation de la Société civile Programme d'Actions du Gouvernement 2013-2018

PAGAM/GFP Plan d’Actions Gouvernemental pour l’Amélioration et la Modernisation de la Gestion des Finances publiques

PAGE PANEA

Projet d'Appui à la Gouvernance Economique Plan d’Actions National pour l’Efficacité de l’Aide

PAP PAPU

Plan d'Actions Prioritaires Plan d’Actions Prioritaires d’Urgence

PASCRP Programme d’Appui à la Stratégie de la Croissance et de la Réduction de la

Pauvreté PEFA Public Expenditure and Financial Accountability PIB Produit Intérieur Brut PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PRED PTFs

Plan pour la Relance Durable du Mali 2013-2014 Partenaires Techniques et Financiers

PTI PUARE SCCS SIGMAP SO

Plan Triennal d'Investissement Programme d'Urgence d'Appui à la Reprise Economique Section des Comptes de la Cour Suprême Système Intégré de Gestion des Marchés Publics Sans Objet

TOFE Tableau des Opérations Financières de l’Etat UA UC

Union Africaine Unité de Compte

UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

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iii

Informations relatives au Prêt et au Don

Informations sur le Client EMPRUNTEUR: République du Mali AGENCE D’EXECUTION: Ministère de l’Economie et des Finances Plan de Financement

Institution Source/Montant

Instrument Statut

BAD Prêt FAD: 8,263 millions d'UC Appui budgétaire en réponse aux crises

En cours d'approbation

BAD Don FAD: 6,340 millions d'UC Appui budgétaire en réponse aux crises

En cours d'approbation

Union Européenne 100 millions d'EUR Appui budgétaire Approuvé Banque Mondiale 63 millions d'USD Appui budgétaire Approuvé France Subvention de 4 millions d'EUR

Prêt de 40 millions d'EUR Conversion de dette monétaire de 64,8 millions d'EUR

Approuvé

Informations sur le financement FAD

Monnaie de Don/Prêt

UC

Type de taux d’intérêt SO

Taux de base SO

Marge de taux d’intérêt SO

Marge de financement SO

Commission d’engagement (Prêt) 0,50%

Frais de services (Prêt) 0,75%

Maturité du Prêt 40 ans

Période de grâce (Prêt) 10 ans

Monnaie de Don UC Type de taux d’intérêt SO

Taux de base SO

Marge de taux d’intérêt SO

Marge de financement SO

Echéancier indicatif

Activités Date

1. Négociation des accords de Prêt et de Don Novembre 2014 2. Présentation au Conseil Décembre 2014 3. Mise en vigueur Décembre 2014 4. Décaissement de la tranche unique Décembre 2014 5. Supervision Mars 2015 6. Rapport d’achèvement Juin 2016

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iv

Résumé du Programme

Aperçu du Programme

Titre du Programme / Numéro: Programme d’Appui d'Urgence à la Gouvernance et à la Reprise Economique (PAUGRE) Portée géographique: Territoire national Délai global : 12 mois, du 1er décembre 2014 au 30 novembre 2015 Financement: 14,603 millions d’UC (Prêt FAD: 8,263 millions d’UC et Don FAD: 6,340 millions d’UC) Instrument opérationnel: Appui budgétaire en réponse aux crises (ABRC) Secteur: Gouvernance, réformes économiques et financières

Description du Programme

En dépit de quelques avancées, le Mali présente encore les caractéristiques d’un pays en crise tant sur les

plans politico-militaire que socio-économique: institutions affaiblies, infrastructures fragilisées dans le Nord du pays, capacités de l’Etat à fournir les services publics de base essentiels à la population érodées. A cet effet, une Stratégie d'Appui à la Gestion de la Transition 2013-2014 a été élaborée par la Banque pour le Mali, s'appuyant sur le Plan pour la Relance Durable du Mali 2013-2014 et le Plan d’Actions

Prioritaires d’Urgence (PAPU) 2013-2014 du Gouvernement. Le Mali a bénéficié, en 2013, d’un appui

budgétaire d’urgence (Appui Budgétaire en Réponse aux Crises) de 40 millions d’UC sur les ressources

du FAD: le Programme d'Urgence d'Appui à la Reprise Economique (PUARE). La mise en œuvre des mesures prévues dans le cadre de cet appui s'est poursuivie de manière satisfaisante. Le rapport d'achèvement y afférent est en cours de finalisation. La présente opération, d'un montant de 14,603 millions d’UC sur les ressources du FAD (Prêt FAD: 8,263 millions d’UC et Don FAD: 6,340 millions d’UC), constitue également un appui budgétaire d’urgence: le Programme d’Appui d'Urgence à la

Gouvernance et à la Reprise Economique (PAUGRE). Le PAUGRE vise à consolider les acquis du PUARE et à contribuer à la mise en œuvre des plans et stratégies de transition susmentionnés. Il se

décline en deux composantes principales : I - Améliorer la gouvernance de la gestion publique; II - Consolider la reprise économique.

Réalisations escomptées du Programme et bénéficiaires

Le PAUGRE doit contribuer à la consolidation des actions en matière de gouvernance de la gestion publique et de reprise économique entreprises par les autorités maliennes dans leurs efforts de sortie de crise. Les résultats spécifiques escomptés de la mise en œuvre du Programme sont: (i) l'amélioration de la gouvernance de la gestion publique en termes de transparence et de redevabilité; (ii) la consolidation de la reprise économique, notamment à travers la relance de la croissance qui devrait passer de 1,7% en 2013 à 5,5% en 2015 (FMI - communiqué de presse n°14/438 du 25 septembre 2014). La population malienne dans son ensemble bénéficiera de ce Programme.

Evaluation des besoins et pertinence du Programme

Les crises successives ayant affecté le Mali ont créé des besoins urgents en matière d'investissements, d'infrastructures et de capacités de l'Etat et de l’administration publique. Ces crises répétitives ont considérablement dégradé le tissu économique et social du pays. L'appui financier apporté à travers le présent Programme doit contribuer à créer l’espace budgétaire nécessaire pour permettre à l’Etat de

répondre à ses engagements et renforcer la résilience des populations maliennes, notamment les plus démunies, à ces crises. La mise en œuvre du PAUGRE, qui se traduit par un appui financier de 14,603 millions d’UC (Prêt FAD: 8,263 millions d’UC et Don FAD: 6,340 millions d’UC), sera renforcée par un appui institutionnel de 9,97 millions d'UC (le Projet d'Appui à la Gouvernance Economique - PAGE), qui a été approuvé par le Conseil d'Administration en 2013.

Avantages comparatifs et valeur ajoutée de la Banque

Les avantages comparatifs de la Banque résultent de l’expérience que celle-ci a acquise dans la mise en œuvre de programmes d’appui aux réformes dans des contextes d’urgence et des situations post-conflit (Côte d'Ivoire, République de Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Madagascar). La Banque possède une expérience avérée dans la conception de ce type d’opérations, destinées à aider les pays à rétablir l'autorité de l’Etat et à contribuer à la reprise économique. La valeur ajoutée de la Banque consiste également en sa réactivité dans le montage d'opérations d’appui budgétaire répondant aux priorités des pays en situation de crise. Par ailleurs, la Banque dispose d’une représentation au Mali qui lui permet de maintenir un dialogue

régulier avec les autorités et de les appuyer dans la formulation de réponses adaptées aux besoins les plus urgents de leurs populations.

Développements institutionnels et augmentation des savoirs

Le présent Programme, dont la mise en œuvre sera renforcée par un Projet de renforcement des capacités (le PAGE), contribuera au renforcement des institutions, notamment en termes de gouvernance économique et financière. Les travaux analytiques, ainsi que les différents projets de textes examinés en vue de la formulation du présent Programme, ont concouru au partage des connaissances et à l'amélioration de la qualité du Programme.

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v

CADRE LOGIQUE BASE SUR LES RESULTATS

Pays et titre du Programme : Mali - Programme d’Appui d'Urgence à la Gouvernance et la Reprise Economique (PAUGRE) But du Programme : Permettre au Mali de renforcer sa résilience à travers l'amélioration de la gouvernance de la gestion publique et la consolidation de la reprise économique.

CHAÎNE DES RÉSULTATS INDICATEURS DE PERFORMANCE MOYENS DE

VÉRIFICATION

RISQUES/ MESURES D’ATTÉNUATION

Indicateur (y compris les ISC)

Situation de référence Cible

IMP

AC

T Les conditions permettant

au Mali de sortir de sa situation de transition sont réunies

Taux de croissance du PIB 1,7 % en 2013 5,5% en 2015 Rapports MEF

Risques : Risque politique lié à la situation de transition du pays Mesures d’atténuation : L'adoption d'une feuille de route de la transition pour le rétablissement de l'intégrité territoriale du pays et l'organisation d'élections générales a permis le bon déroulement des élections législatives et présidentielles en 2013 Risques : Risque macro-économique lié à la vulnérabilité du Mali aux chocs externes Mesures d’atténuation : L’appui des partenaires aux efforts du Gouvernement visant le maintien des investissements productifs doit permettre de

Indice de développement humain (IDH)

0,407 en 2013 0,410 en 2015 Rapport du PNUD

EF

FE

TS

Effet I : La gouvernance de la gestion publique est améliorée et plus transparente

Importance des opérations non rapportées de l'administration centrale (PI-7-PEFA) (Montant des dépenses extrabudgétaires exprimé en % des dépenses totales)

Situation de référence en 2010: B+

A en 2014 A en 2015

Données PEFA et PAGAM/GFP

Effet II : La reprise économique est consolidée par le soutien à l'investissement public et privé

Taux d’investissements

publics en pourcentage du PIB

15,3% en 2013 16% en 2015 Données MEF

PR

OD

UIT

S

COMPOSANTE I : Amélioration de la gouvernance de la gestion publique

I.1 - Amélioration de la qualité de la dépense publique

Projet de LF 2015 prenant en charge des dépenses sociales de base en matière d'éducation et de santé d'un niveau supérieur au collectif de septembre 2014 (LFR de septembre 2014)

188,8 milliards de FCFA de dépenses d'éducation de base, 93,6 milliards de FCFA de dépenses pour l'enseignement secondaire et supérieur et 105,9 milliards de FCFA pour la santé dans le collectif budgétaire de septembre 2014

Au moins 188,8 milliards de FCFA de dépenses d'éducation de base, 93,6 milliards de FCFA de dépenses pour l'enseignement secondaire et supérieur et 105,9 milliards de FCFA pour la santé prises en charge dans le projet de LF 2015

Données MEF et ministères sectoriels

Arrêté fixant, limitativement, la liste des dépenses payées avant ordonnancement et les modalités de leur régularisation

Existence de dépenses extrabudgétaires non incorporées au budget de l'Etat et non régularisées

Signature, avant la fin de l'année 2014, d'un arrêté fixant la liste des dépenses payées avant ordonnancement et les modalités de leur régularisation*

Données MEF

I.2 - Renforcement des mécanismes de transparence de la gestion publique

Apurement, par la Section des Comptes de la Cour Suprême (SCCS), des comptes de gestion des comptables publics de 1960 à 2008

Validation des comptes des comptables publics de 1960 à 1991 par la loi n°2013-001 du 15 janvier 2013

Finalisation, en 2014, par la SCCS, de l'apurement des comptes de gestion des comptables publics de 1960 à 2008

Données SCCS

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vi

Décret fixant le régime des marchés de travaux, fournitures et services exclus du champ d’application du

décret n°08-485/P-RM du 11 août 2008 portant procédures de passation, d’exécution et

de règlement des marchés publics et des délégations de service public

Décret n°08-485/P-RM du 11 août 2008 portant procédures de passation, d’exécution

et de règlement des marchés publics et des délégations de service public

Signature, avant la fin de l'année 2014, d'un décret fixant le régime des marchés de travaux, fournitures et services exclus du champ d’application du

décret n°08-485/P-RM du 11 août 2008 portant procédures de passation, d’exécution

et de règlement des marchés publics et des délégations de service public*

Données MEF renforcer la résilience des populations et de réunir les conditions nécessaires à la reprise économique Risques: Risques liés aux capacités d’absorption du pays et de mise en œuvre des

réformes Mesures d’atténuation : Le Projet d’Appui à la

Gouvernance Economique (PAGE), qui sera mis en œuvre par la

Banque en complément au PAUGRE, prévoit le renforcement des capacités des structures en charge de la mise en œuvre

des réformes préconisées par le PAUGRE

COMPOSANTE II : Consolidation de la reprise économique

II.1. - Soutien aux investissements publics prioritaires

Opérationnalisation du comité de suivi des projets et programmes de développement à travers la création et le fonctionnement du comité technique de sélection des programmes et projets d'investissement public au Mali

Décret n°2013-778/PM-RM du 02 octobre 2013 portant création, attributions, organisation et modalités de fonctionnement du comité de suivi des projets et programmes de développement

Signature, avant la fin de l'année 2014, d'une décision de création et fonctionnement du comité technique de sélection des programmes et projets d'investissement public au Mali*

Données MEF et ministères sectoriels

Budget Spécial d'Investissement (BSI) intégrant, dans la LF 2015, des projets d'investissement prioritaires (secteurs sociaux, éducation, santé, infrastructures et hydraulique) dont la dotation est supérieure ou égale à 100 millions de FCFA

BSI (financement extérieur) de 315,5 milliards de FCFA et dépenses du BSI sur financement intérieur de 151,3 milliards de FCFA dans la LFR d'octobre 2014 (deuxième collectif budgétaire)

Inscription, dans le Budget Spécial d'Investissement de la LF 2015, de projets d'investissement prioritaires prenant en compte la dimension du genre (secteurs sociaux, éducation, santé, infrastructures et hydraulique) dont la dotation est supérieure ou égale à 100 millions de FCFA

Données MEF et ministères sectoriels

II.2 - Appui à la relance des activités du secteur privé

Provision dans la LFR 2014 pour l’apurement des arriérés de dettes fournisseurs de l'EDM-SA

Rapport d'évaluation des arriérés de la dette intérieure au 31 décembre 2012

Introduction d'une provision dans la LFR 2014 pour l’apurement des

arriérés de dettes fournisseurs de l'EDM-SA*

Données MEF et ministères sectoriels

Révision du décret 2009-127 modifié par le décret 2011-142 portant création du Comité mixte de suivi des réformes du cadre des affaires

Décret 2009-127 modifié par le décret 2011-142 portant création du Comité mixte de suivi des réformes du cadre des affaires

Révision des décrets portant création du Comité mixte de suivi des réformes du cadre des affaires avant la fin de l'année 2015

Données MEF et ministères sectoriels

Ressource : 14,603 millions d’UC (Prêt FAD: 8,263 millions d’UC et Don FAD: 6,340 millions d’UC)

(*) : Condition préalable à la présentation du Programme au Conseil d’Administration

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1

RAPPORT ET RECOMMANDATION DE LA DIRECTION CONCERNANT UNE PROPOSITION DE PRÊT ET DE DON EN FAVEUR EN FAVEUR DE LA REPUBLIQUE DU MALI EN VUE DE FINANCIER LE PROGRAMME D’APPUI D'URGENCE A LA GOUVERNANCE ET A LA REPRISE ECONOMIQUE (PAUGRE)

I. PROPOSITION

1.1 La présente proposition soumise à l’approbation du Conseil, d'un montant de 14,603 millions d'UC, porte sur un Prêt de 8,263 millions d'UC et un Don de 6,340 millions d’UC sur les ressources du Fonds Africain de Développement (FAD) en faveur de la République du Mali pour le financement d’un Programme d’Appui d'Urgence à la Gouvernance et à la Reprise Economique (PAUGRE). Il s’agit d’un appui budgétaire d’urgence (Appui Budgétaire en Réponse aux Crises) dont le but est de permettre au Mali de sortir de sa situation de transition pour se diriger vers une résilience progressive à travers l'amélioration de la gouvernance de la gestion publique (Composante 1) et la consolidation de la reprise économique (Composante 2). Le PAUGRE sera exécuté sur une période de douze mois.

1.2 En dépit de quelques avancées, le Mali demeure un pays qui présente des facteurs de fragilité, tant sur le plan politico-militaire que socio-économique: institutions affaiblies, infrastructures fragilisées dans le Nord du pays, capacités de l’Etat à fournir les services publics

de base essentiels à la population érodées1. A ces défis s’ajoute l’apparition récente du virus Ebola

au Mali qui constitue un problème de santé publique devant être traité de toute urgence pour éviter une propagation incontrôlée2. Si le virus venait à se propager, cela constituerait un risque important en termes de capacités du pays à préserver et consolider un certain nombre d'acquis aux plans macro-économique et social. A cet effet, une Stratégie d'Appui à la Gestion de la Transition 2013-2014 a été élaborée par la Banque pour le Mali, s'appuyant sur le Plan pour la Relance Durable du Mali 2013-2014 et le Plan d’Actions Prioritaires d’Urgence (PAPU) 2013-2014 du Gouvernement. Le PAUGRE doit contribuer à la mise en œuvre des plans et stratégies de transition susmentionnée.

1.3 La présente opération vise également à consolider les acquis du Programme d'Urgence d'Appui à la Reprise Economique (PUARE), un appui budgétaire d’urgence (Appui Budgétaire en

Réponse aux Crises) de 40 millions d’UC sur les ressources du FAD dont a bénéficié le Mali en 2013. La mise en œuvre des mesures prévues dans le cadre du PUARE s'est poursuivie de manière satisfaisante: budgétisation de provisions pour la réhabilitation de locaux abritant les services de l'administration publique et d'allocations pour les secteurs sociaux de base; redéploiement d'un certain nombre d'agents publics dans les régions du Nord du Mali; mise en place d'un cadre de concertation pour la sélection des programmes et projets d’investissements publics; production de rapports mensuels sur

les délais de paiement de l’Etat au profit de ses fournisseurs privés; évaluation des arriérés de la dette

intérieure au 31 décembre 2012; révision de décrets et arrêtés visant à améliorer les procédures de passation, d'exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de services publics3. Le rapport d'achèvement du PUARE est en cours de finalisation.

1.4 Le PAUGRE doit contribuer à la consolidation des actions en matière de gouvernance et de reprise économique entreprises par les autorités maliennes dans le cadre de la transition en cours et favoriser le relèvement du pays. Le Programme cherche à appuyer les efforts des autorités en matière de transparence et de redevabilité dans la gestion publique, visant le rétablissement du score de l'EPIP "gouvernance" relatif à la transparence, l'obligation de rendre compte et la corruption dans le secteur public à au moins 4 en 2015, ainsi que dans leur souhait de relancer la croissance, qui devrait passer de 1,7% en 2013 à 5,5% en 20154. Le PAUGRE vise les objectifs spécifiques suivants : (i) l'amélioration de la qualité de la dépense publique; (ii) le renforcement des mécanismes de transparence de la gestion publique; (iii) le soutien aux investissements publics prioritaires; et (iv) l'appui à la relance des activités du secteur privé. La population malienne dans son ensemble bénéficiera de ce Programme.

1 Voir en annexes techniques la matrice sur les caractéristiques de fragilité du pays. 2 Voir annexe technique sur l'état de la maladie à virus Ebola au Mali. 3 Pour plus de détails, voir annexe technique sur les résultats des opérations antérieures. 4 FMI - communiqué de presse n°14/438 du 25 septembre 2014.

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1.5 Le PAUGRE s’inscrit dans le cadre d’un effort concerté de la communauté internationale à rétablir l'autorité de l’Etat, favoriser la reprise économique et assister le Mali à faire face à la détérioration de la situation humanitaire engendrée par les crises successives qu'a traversées le pays depuis 2012. En effet, du fait de ces dernières, d’importants reculs ont été enregistrés sur le front de la lutte contre la pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Selon certaines estimations, près de cinq millions de maliens ont été directement affectés par les crises, dont 1,63 million de personnes vivant dans les trois régions qui étaient occupées par des groupes armés5.

1.6 A travers cette opération, la Banque pourra maintenir le dialogue avec le pays dans la perspective d’une reprise des réformes à l'issue de la période de transition. La mise en œuvre des activités du PAUGRE sera favorisée par l'existence du Projet d'Appui à la Gouvernance Economique (PAGE), un appui institutionnel d’un montant de 9,97 millions d’UC, signé en novembre 2013, dont

l’objectif est de contribuer à rétablir et renforcer les capacités de l’administration publique à fournir les

services essentiels aux populations et aux opérateurs économiques.

II. CONTEXTE DU PAYS ET DU PROGRAMME

2.1 Développements politiques, économiques et sociaux récents, perspectives, contraintes et défis

Contexte politique

2.1.1. Sur le plan politique, après deux décennies de stabilité marquées par des alternances réussies à la tête de l’Etat, le Mali vit, depuis mars 2012, une situation de transition difficile consécutive à un coup d’Etat et à une crise sécuritaire du fait de l’occupation, durant plusieurs mois, des régions

du Nord du pays par des groupes rebelles armés. Cette situation a considérablement affecté le fonctionnement des institutions politiques du pays. Pour sortir de la crise, les autorités de transition ont adopté, en janvier 2013, une feuille de route avec deux objectifs: (i) le rétablissement de l’intégrité

territoriale du pays par la reconquête des régions du Nord du pays; et (ii) l’organisation d’élections

générales avant le 31 juillet 2013. Ces deux objectifs ont été menés à bien avec le soutien de la communauté internationale. Ainsi, la tenue de l’élection présidentielle

6 en juillet-août 2013, marquée par la victoire de M. Ibrahim Boubacar Keita, et des élections législatives en novembre-décembre 2013, ont permis au pays d'engager un retour à l'ordre constitutionnel.

2.1.2. Sur le plan sécuritaire, la situation s’est améliorée mais reste très fragile au Nord avec la persistance d’attaques sporadiques perpétrées par des groupes armés contre les positions des forces de l'Armée malienne et de ses alliés. La progression des groupes armés vers le Centre du pays a été arrêtée en janvier 2013. Afin de consolider la paix et la sécurité dans les territoires libérés, la communauté internationale a mis en place en juillet 2013 une force internationale dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Si ces actions ont permis une certaine stabilisation du pays, la situation sécuritaire s’est de nouveau fortement dégradée depuis mai 2014 suite à de violents affrontements entre les forces armées maliennes et des groupes rebelles armés. La signature, le 23 mai 2014, d’un accord de cessez-le-feu sous les auspices de l’Union Africaine a, certes, mis fin aux hostilités, mais des groupes armés demeurent très actifs au Nord, où des attaques contre les forces de maintien de la paix de l’ONU ont fait plus de vingt morts depuis le début de la mission de celles-ci, et le problème sécuritaire reste entier à ce jour, en particulier dans la région de Kidal. Dans la perspective d'un accord global de paix visant à conduire le pays vers une situation de stabilité sur le long terme, les négociations dans le cadre d’un dialogue inter-malien inclusif entre le Gouvernement et les groupes armés, commencées le 16 juillet 2014, se poursuivent à Alger sous la médiation de l’Algérie, avec l’aide de la communauté internationale

(CEDEAO, UA, ONU). Toutefois, le processus de consolidation de la paix et de réconciliation nationale reste confronté à d'importants défis, notamment en termes de consolidation de l'Etat, de confiance en ses institutions, d'Etat de droit ou encore de mécanismes de contre-pouvoir.

5 Estimations de l’Observatoire du Développement Humain Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LCP). 6 Suite à la signature, le 18 juin 2013, de l'Accord de Ouagadougou entre le Gouvernement et les groupes armés rebelles.

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Facteurs de fragilité

2.1.3. Le Mali présente, à l'heure actuelle, un certain nombre de facteurs de fragilité aux plans économique, social, politique et environnemental qui posent la question de l'inclusion et de l'équité, notamment en matière d'accès aux services publics de base, et qui mettent à l'épreuve les capacités de l'Etat à y répondre7. Ainsi, malgré la tenue de l'élection présidentielle et des élections législatives en 2013, la confiance dans les institutions est érodée et la consolidation de l'Etat demeure une priorité, de même que les questions sécuritaires, dans la perspective du maintien de l'intégrité territoriale du Mali et de la restauration de la paix sur l'ensemble du territoire national. Le renforcement de l'Etat de droit, la lutte contre la corruption et l’impunité, le rétablissement de l'appareil judiciaire et la

mise en place de mécanismes de contre-pouvoir constituent des enjeux majeurs. Des mesures doivent également être prises pour renforcer les bases de l'économie et de la résilience des populations. A cet égard, l'amélioration de la gouvernance financière, qui est au cœur du présent Programme, constitue un

enjeu de taille, tant en termes de mobilisation des ressources intérieures qu’au regard de la qualité de la

dépense publique.

Contexte économique

2.1.4. Suite à la crise multidimensionnelle qu'a connue le Mali en 2012, le pays a enregistré un taux de croissance nul du PIB. Une timide reprise s'est amorcée en 2013, avec un taux de croissance réelle du PIB estimé à 1,7%, contre une prévision de 5,1%8. L’économie malienne a, en effet, connu, à cause de la crise, un taux de croissance du PIB réel nul en 2012, après avoir enregistré un taux de croissance moyen d’environ 5,5 % entre 2001 et 2011, supérieur à la moyenne de l’UEMOA (3,9%). La croissance en 2013 aura surtout été tirée par le secteur tertiaire. La mise en œuvre de la politique restrictive de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), combinée à la bonne campagne agricole 2012-2013, a permis de maîtriser l’inflation (0,6% en 2013 contre 5,3% en 2012). Toutefois, même si l'économie s’est montrée résiliente aux crises environnementales, sécuritaires et

politiques qu’a connues le pays, elle reste fragile, notamment du fait de sa dépendance vis-à-vis de l’agriculture qui, bien qu’assurant la survie de près de 90% de la population, reste de type familial.

2.1.5. La politique budgétaire pour 2014 a été conçue avec l'ambition de préserver la stabilité macro-économique et de contribuer à la reprise économique. Dans la LFR d'octobre 2014 (deuxième collectif budgétaire 2014), l’objectif révisé du taux de croissance économique est de 5,8% contre 6,5%

dans le premier collectif budgétaire (LFR de septembre 2014). La nouvelle cible du déficit budgétaire (sur base caisse) est fixée à 5,6% contre 4,9% du PIB dans le premier collectif budgétaire et celle du déficit budgétaire de base sera de 0,9% contre 0,7% du PIB dans le premier collectif budgétaire. Les augmentations ont également tenu compte de la capacité de mobilisation de ressources financières additionnelles sur le marché financier de l’UEMOA.

2.1.6. Le risque de surendettement du pays reste toujours modéré, selon l’analyse de soutenabilité

de la dette menée en 20139. La dette extérieure du Mali est entièrement publique (30% du PIB en 2013) et la dette intérieure reste faible, à environ 3,7% du PIB. Les autorités demeurent prudentes en ce qui concerne le recours à l’endettement et tiennent à maintenir ce dernier à un niveau viable. A cette fin, le

Gouvernement s’est engagé à limiter le financement extérieur de ses opérations aux dons et aux prêts

concessionnels. En ce qui concerne les comptes extérieurs, le déficit du compte courant (dons inclus) devrait se dégrader davantage en 2014 (6,8% du PIB contre 5,2% du PIB en 2013) en raison d’une

diminution de la valeur des exportations (baisse des cours de l’or et du coton) et d'une légère détérioration des termes de l’échange, soit -0,7% en 2014 contre -12,9% en 2013.

Gouvernance

2.1.7. La gouvernance s’est dégradée depuis la crise de 2012, et les progrès réalisés dans le cadre du Plan d’Action Gouvernemental pour l’Amélioration et la Modernisation de la Gestion des

Finances Publiques (PAGAM-GFP) 2011-2015 ont été fragilisés. Le classement du pays selon

7 Voir en annexes techniques la matrice sur les caractéristiques de fragilité du pays. 8 FMI - communiqué de presse n°14/438 du 25 septembre 2014. 9 L’analyse de soutenabilité a été menée conjointement par le FMI et la Banque Mondiale.

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l’Indice Ibrahim de la Gouvernance Africaine (IIAG) s’est détérioré, faisant passer le pays de la 27ème

place, avec un score de 50,7 sur 100 en 2013 à la 28ème place sur 52 pays avec un score de 49,5 en 2014, ce qui est inférieur au score moyen de l’Afrique de l’Ouest (52,5). Le score pour la gouvernance au titre de l'Evaluation des Politiques et des Institutions Pays (EPIP) était de 4 en 2013 contre 4,1 en 2011. S’agissant de la corruption, la perception de la corruption reste encore élevée, et le Mali est classé 127ème rang sur 177 pays en 2013 avec un score de 28 selon l’Indice de Perception de la Corruption de

Transparency International (IPC).

2.1.8. Plus particulièrement entre mars et septembre 2014, la situation en matière de gouvernance au Mali a pâti, avec la mise en lumière d'un certain nombre de transactions, notamment extrabudgétaires. Il s'agissait, principalement, de l’achat d’un aéronef (20 milliards de FCFA), d’un

contrat d'équipement de l'armée (fournitures autres que des armes et munitions) de 69 milliards de FCFA et de la garantie par l’Etat à hauteur de 100 milliards de FCFA d'un marché public lié à ce contrat ainsi

qu'à d'autres contrats. Il en a résulté un climat d'incertitudes qui a également retardé les revues du programme économique des autorités appuyé par la facilité élargie de crédit (FEC) du FMI et approuvé en décembre 2013.

2.1.9. Toutefois, la situation a évolué positivement ces derniers mois du fait de l'engagement des autorités dans une dynamique de progrès en matière de gouvernance10. La Banque a effectué une mission à Bamako en septembre 2014, concomitamment à celle du FMI, pour évaluer l'évolution de la situation, notamment en matière de gouvernance économique et financière. Une réunion technique sur la question a également eu lieu entre la Banque et le FMI à Washington, en marge des Assemblées Annuelles 2014 du Groupe de la Banque Mondiale et du FMI. Au terme de sa mission de septembre 2014 au Mali, le FMI a indiqué, par communiqué de presse n° 14/438 en date du 25 septembre 2014, qu'il était parvenu à un accord avec les autorités maliennes, lui permettant de soumettre à son Conseil d'Administration, en décembre 2014, la conclusion des première et deuxième revues du programme appuyé par la FEC, et que "les problèmes relatifs aux dépenses extrabudgétaires - liées à un avion présidentiel et à un contrat militaire - qui avaient retardé la première revue, initialement programmée pour juin, ont été résolus". Cette résolution s’est déclinée comme suit : publication des deux rapports indépendants d’audit sur ces transactions; communication relative aux processus de sanctions; correction

de la surfacturation des contrats militaires; application de contrôles rigoureux aux futurs marchés militaires; incorporation de toutes les dépenses extrabudgétaires au budget de l’État et leur élimination à

l’avenir. A la demande de la Banque, une lettre d'évaluation a également été émise par le FMI.

Contexte social

2.1.10. Sur le plan social, du fait des crises successives qui ont touché le pays, le Mali a enregistré d’importants reculs, en particulier sur le front de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Avant ces crises, le pays était en bonne voie pour atteindre certains de ces objectifs, notamment : la scolarisation primaire universelle (OMD 2), l’arrêt de la propagation du VIH-SIDA, la maîtrise du paludisme et des autres grandes maladies (OMD 6) et l’amélioration de l’accès à l’eau potable (OMD 7). Il était cependant peu probable que le Mali réalise l’objectif de réduction de deux tiers de la mortalité infanto-juvénile (OMD 4) et la réduction de trois quarts de la mortalité maternelle (OMD 5). Avec les crises susmentionnées, il est maintenant établi que le Mali ne pourra pas atteindre les objectifs des OMD, même ceux pour lesquels il avait enregistré des progrès notables.

2.1.11. La situation sociale du Mali, qui était déjà fragile, a connu une détérioration depuis la crise politico-institutionnelle de 2012 et l’occupation des régions du Nord. Même si le niveau de

pauvreté est en baisse par rapport en 2006, où il était de 47,5%, il reste préoccupant, avec des taux situés entre 41,7% en 2011 et 42,7% en 2012. Au plan du développement humain, le Mali doit faire face à des défis considérables. Selon le rapport 2013 du PNUD sur le développement humain, le pays se classe au 182ème rang sur 187 pays, avec un Indice de Développement Humain (IDH) de 0,34. La situation humanitaire est caractérisée par : (i) l’insécurité alimentaire et la malnutrition, avec des besoins

10 Voir annexe sur les relations du pays avec le FMI.

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immédiats d’aide alimentaire touchant près de 1,4 millions de personnes, dont près de 500 000 enfants de moins de 5 ans menacés de malnutrition aigüe, et (ii) le retour des réfugiés et des déplacés dans des conditions difficiles. La Banque a contribué, en 2013, à travers le PUARE, à restaurer les capacités de l'Etat à fournir les services sociaux de base en préconisant, notamment, la budgétisation, dans la LFR 2013, de ressources d'au moins 380 milliards de FCFA à allouer aux secteurs sociaux (éducation, santé).

2.1.12. L'épidémie d'Ebola montre d'inquiétants signes de progression au Mali au regard des facteurs de fragilité du pays11. Les autorités maliennes ont renforcé les mesures de vigilance et de suivi suite à la confirmation, en octobre 2014, du premier cas d’Ebola dans le pays. Selon les analyses de

l'OMS, à la mi-novembre 2014, sur les six cas probables ou confirmés d'Ebola au Mali, cinq se sont traduits par des décès12. L'urgence qu'il y a à traiter cette situation pour éviter la propagation incontrôlée du virus, caractéristique d'un certain nombre d'Etats voisins, se heurte au défi des capacités limitées des administrations publiques à élaborer et mettre en œuvre les mesures d'urgence appropriées.

Perspectives, contraintes et défis

2.1.13. Les perspectives macro-économiques à moyen terme s’annoncent bonnes, avec des

prévisions de taux de croissance de 5,5% en 201513. Ces perspectives seraient liées aux performances des secteurs agricole et aurifère et à un regain d’activités dans le secteur tertiaire. Toutefois, il existe des

risques susceptibles de compromettre ces perspectives plutôt favorables. Il s’agit, entre autres de : (i) l’instabilité politique, génératrice de possibles tensions sociales; (ii) la précarité des conditions de

sécurité dans les régions du Nord; (iii) des difficultés liées à la mobilisation des financements extérieurs et ; (iv) d'éventuels chocs exogènes tels que la variabilité du climat, la volatilité des cours de l’or et du

coton ainsi que la variabilité du change EUR/USD.

2.1.14. Une des principales contraintes à laquelle doit faire face le Mali découle de l’insuffisance

de ressources financières de l’Etat pour répondre aux besoins les plus urgents de la population. La suspension, sur une grande partie de l'année 2014, du fait d'une certaine détérioration des relations du pays avec le FMI (voir section "gouvernance ci-dessus), de l'aide publique au développement, qui constitue l’un des flux financiers les plus importants du pays, l'arrêt de nombreux projets d'investissement, la difficulté à mobiliser des ressources intérieures, la baisse d'activité de nombreux opérateurs économiques ont eu un lourd impact sur les conditions de vie de la population. La levée de ces contraintes est étroitement liée aux ressources financières que le Gouvernement pourra mobiliser pour mener à bien ses stratégies et programmes de transition. A cet effet, le Gouvernement compte sur le soutien technique et financier des partenaires (voir section "besoins de financement" ci-dessous), mais il lui est également nécessaire de réduire sa dépendance vis-à-vis de l'aide publique au développement.

2.1.15. Dans le cadre de la sortie de crise et de la transition du pays, et dans un contexte d'urgence, la Banque entend accompagner les autorités maliennes, par la présente opération, à relever le double défi: (i) de l'amélioration de la gouvernance de la gestion publique et (ii) de la consolidation de la reprise économique. L'amélioration de la qualité de la dépense publique et le renforcement des mécanismes de transparence de la gestion publique devraient susciter la confiance des parties prenantes, internes comme externes (citoyens, investisseurs, partenaires techniques et financiers, etc.) et stimuler leur adhésion à la dynamique de transition du Mali. Le soutien aux investissements publics prioritaires et l'appui à la relance des activités du secteur privé devraient consolider les bases d'une reprise économique inclusive (notamment pour les femmes et les jeunes), créatrice d'emplois, et durable en vue du dépassement des caractéristiques de fragilité.

2.2 Stratégie globale de développement du Gouvernement et priorités de réformes à moyen terme

2.2.1. Le cadre de référence à moyen terme de la politique de développement du Mali est le Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté de Deuxième Génération (CSCRP II), adopté en décembre 2011 pour la période 2012 - 2017. Le CSCRP II est assorti d’un Plan

11 Voir annexe technique sur l'état de la maladie à virus Ebola au Mali. 12 WHO, "Ebola Response Roadmap Situation Report", 19 November 2014. 13 FMI - communiqué de presse n°14/438 du 25 septembre 2014.

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d’Actions Prioritaires (PAP), dont l’ordre de priorité a dû être bouleversé du fait de la crise qui a frappé le pays en 2012. Le Plan d’Actions Prioritaires d’Urgence (PAPU) 2013-2014, élaboré par le Gouvernement en mars 2013, réajuste les actions du CSCRP II à moyen terme et sert de cadre de référence national pour les actions de développement sur la période 2013-2014. En cohérence avec le CSCRP 2012-2017, les nouvelles autorités ont élaboré et mettent en œuvre le Programme d’Actions du

Gouvernement (PAG) 2013-2018.

Encadré 1: Principaux objectifs du PAPU 2013-2014

Outre les deux objectifs majeurs liés à la transition politique, consistant en un rétablissement de l’intégrité territoriale du pays par la reconquête du Nord et en l’organisation d’élections générales transparentes et crédibles, le PAPU vise principalement à: (i) assurer la paix sociale ; (ii) permettre la relance économique ; (iii) améliorer les conditions de vie des populations du Nord (aide d’urgence, éduction, santé) ; et (iii) créer les conditions de retour à une vie normale dans les zones libérées par la réhabilitation des infrastructures administratives, économiques, sociales et le redéploiement des agents de l’Etat.

Les priorités en matière de dépenses demeurent le fonctionnement minimum de l’administration publique, les dépenses

militaires pour la reconquête des régions du Nord, le paiement de la dette intérieure et extérieure pour préserver la crédibilité de l’Etat, le maintien des acquis en matière d’accès aux services sociaux de base, la réhabilitation des infrastructures.

2.3 Situation du portefeuille du Groupe de la Banque

2.3.1. Au 30 septembre 2014, le portefeuille actif du Groupe de la Banque au Mali comprend douze opérations pour un montant total de 214,68 millions d'UC. Le taux de décaissement global est de 45,12%. En termes d'engagements, le portefeuille actif est reparti en cinq secteurs: i) quatre projets pour appuyer le développement rural (34,62%); ii) trois projets dans le secteur de l'eau et l'assainissement (39,31%); iii) deux projets dans le secteur social (6,99%); iv) deux études dans le secteur de l'énergie (0,45%) et v) un projet multisectoriel (18,63%). La performance globale du portefeuille est satisfaisante, avec une note de 2,13 sur une échelle de 3. L’âge moyen des opérations s’élève

actuellement à 4,86 ans contre 3,82 ans en 2012. Il est à signaler que l’amélioration de l’âge moyen du

portefeuille en 2012 était, en partie, due à la restructuration du portefeuille. Le portefeuille inclut deux projets âgés, à savoir le PROGEBE14 (8,6 ans) et le PADEC15 (8,10 ans). La clôture de ces deux projets est prévue pour les 29 et 31 décembre 2014, respectivement.

2.3.2. Lors de la reprise de la coopération avec le Mali, la Banque et les autorités maliennes ont décidé, d'un commun accord, de restructurer les projets non performants du portefeuille16 et de réallouer les ressources ainsi dégagées. Neuf opérations confrontées à des difficultés d'exécution ont été restructurées et sept opérations ont été réaménagées et/ou prorogées. Ceci a été fait dans l'optique d'augmenter l'impact des interventions de la Banque dans les pays-clients en adaptant les opérations aux changements intervenus sur le terrain. L’évaluation de l’état de mise en œuvre des recommandations

formulées à l’issue de la revue d’avril 2013, faisant suite à la restructuration du portefeuille, a mis en lumière que certaines recommandations n'avaient pas été mises en œuvre, ce qui s’est traduit par une

légère détérioration de la performance du portefeuille, dont la notation moyenne est passée de 2,35 en 2012 à 2,2 en 2013.

III. JUSTIFICATION, PRINCIPAUX ELEMENTS DE CONCEPTION ET SOUTENABILITE

3.1 Lien avec le DSP, évaluation de l'état de préparation du pays et travaux analytiques sous-jacents

3.1.1. Le PAUGRE est conforme à la stratégie d’intervention du Groupe de la Banque au Mali. Cette stratégie est reflétée dans la Stratégie d'Appui à la Gestion de la Transition 2013-2014 qui s’articule autour des deux piliers suivants : (i) atténuer l’impact de la crise et renforcer la résilience des populations ; et (ii) consolider la stabilité de l’Etat et les bases de la reprise économique. Le PAUGRE est en phase avec la Stratégie d'Appui à la Gestion de la Transition de la Banque en ce qu'il vise, d'une part, à améliorer la gouvernance de la gestion publique pour une plus grande transparence et efficacité 14 Projet Multinational de Gestion Durable du Bétail Ruminant Endémique - Mali. 15 Projet d'Appui au Développement Communautaire. 16 Conformément à la Politique de la Banque relative à la revue et à la restructuration du portefeuille (ADF/BD/95/01/Rev.3 et ADF/BD/95/01/Rev.3/Corr.1).

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des politiques publiques en faveur des populations (Composante 1) et, d'autre part, à consolider les bases de la reprise économique, à travers la priorisation des investissements publics et l'appui à la relance des activités du secteur privé (Composante 2).

3.1.2. Le PAUGRE s'inscrit dans le cadre de la Stratégie du Groupe de la Banque 2014-2019 pour remédier à la fragilité et renforcer la résilience en Afrique, fondée sur la conception de la "fragilité" comme "une situation à risque élevé d’effondrement social ou de conflit violent". Le Programme répond également aux priorités opérationnelles de la Stratégie de la Banque 2013-2022 que sont plus particulièrement la gouvernance et le développement du secteur privé, ainsi qu'aux trois piliers du Cadre Stratégique et Plan d'Action pour la Gouvernance 2014-2018 (GAP II) de la Banque, approuvé en mai 2014, visant à promouvoir la bonne gouvernance et la responsabilité pour la transformation de l’Afrique, à savoir: Pilier 1 - la gestion des finances publiques et le pilotage de l'économie; Pilier 2 - la gouvernance sectorielle; Pilier 3 - le climat d'investissement et des affaires.

3.1.3. L’opération proposée, qui est un Appui budgétaire en réponse aux crises (ABRC), est conforme à la politique de la Banque pour les opérations d’appui budgétaire. L’analyse de l’état de

préparation du pays, développée dans le tableau ci-dessous, confirme que le Mali répond aux conditions d’utilisation de l’ABRC.

Tableau 1 - Conditions d’utilisation de l’instrument de l'Appui Budgétaire en Réponse aux Crises

Conditions Evaluation de la satisfaction aux différentes conditions

Détermination du Gouvernement à lutter contre la pauvreté

Le Gouvernement malien est fermement engagé dans la voie du développement du pays et de la réduction de la pauvreté. Le cadre de référence de la politique de développement est le Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté de Deuxième Génération (CSCRP II) adopté en décembre 2011 pour la période 2012 - 2017. Le Gouvernement a élaboré un Plan d’Actions Prioritaires d’Urgence (PAPU) 2013-2014 qui résulte d’un

exercice de priorisation du Plan d’Actions Prioritaires (PAP) du CSCRP II afin de prendre en compte l'impact des crises successives qui ont affecté le pays. Les autorités concentrent leurs efforts sur la mise en œuvre des mesures prioritaires en faveur de la reprise de l’économie, mais entendent également poursuivre les réformes structurelles de gestion économique entamées avant la crise. En cohérence avec le CSCRP 2012-2017, les nouvelles autorités ont élaboré et mettent en œuvre le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) 2013-2018.

Stabilité macro-économique

Les perspectives macro-économiques à moyen terme s’annoncent bonnes, avec des prévisions de taux de

croissance de 5,5% en 2015. Ces perspectives seraient liées aux performances des secteurs agricole et aurifère et à un regain d’activités dans le secteur tertiaire. Toutefois, il existe des risques susceptibles de compromettre ces perspectives plutôt favorables. Il s’agit, entre autres de : (i) l’instabilité politique, génératrice de possibles

tensions sociales; (ii) la précarité des conditions de sécurité dans les régions du Nord; (iii) des difficultés liées à la mobilisation des financements extérieurs et ; (iv) d'éventuels chocs exogènes tels que la variabilité du climat, la volatilité des cours de l’or et du coton ainsi que la variabilité du change EUR/USD. La mission de septembre 2014 du FMI au Mali est parvenue à un accord avec les autorités, qui a permis de soumettre à l'approbation du Conseil d'Administration du FMI en décembre 2014 la conclusion des première et deuxième revues du programme appuyé par la Facilité Elargie de Crédit (FEC) approuvé en décembre 2013.

Evaluation satisfaisante du risque fiduciaire

Conformément aux dispositions du Document de politiques sur les OAP, la Banque a procédé à une évaluation du cadre fiduciaire dont les résultats sont présentés dans l'annexe technique sur l'analyse détaillée du risque fiduciaire. Le Mali avait réalisé des progrès importants en matière de gestion des finances publiques grâce, notamment, à la mise en œuvre du Plan d’Action Gouvernemental pour l’Amélioration et la Modernisation de la Gestion des Finances Publiques (PAGAM-GFP). Toutefois, la situation de fragilité institutionnelle du pays engendrée par la crise de 2012 a eu pour conséquence de dégrader l’environnement fiduciaire dans le pays. Ainsi,

à l’issue de l’évaluation, les risques fiduciaires ont été jugés importants. Dans le cadre du récent dialogue engagé avec les partenaires au développement, concrétisé par les conclusions de la dernière mission du FMI en septembre 2014 au Mali, les autorités maliennes se sont accordées avec les PTFs sur des actions urgentes et opérationnelles à mettre en œuvre pour atténuer et mitiger ces risques et restaurer le cadre de gestion des finances publiques. Les mesures inscrites dans le présent Programme, ainsi que le programme de réformes appuyé par la Facilité Elargie de Crédit (FEC) du FMI et les mesures promues par les OAP de la Banque Mondiale permettront d’atténuer, de

manière sensible, les risques fiduciaires. Il s’agit essentiellement des mesures ci-après : (i) réalisation des deux audits indépendants par, respectivement, la Section des Comptes de la Cour Suprême et le Bureau du Vérificateur du Mali, et publication des deux rapports d’audit sur les transactions extrabudgétaires; (ii) correction des

anomalies constatées et incorporation de toutes les dépenses extrabudgétaires au budget de l’État à travers une

Loi de finance rectificative; (iii) application de contrôles rigoureux aux futurs marchés militaires à travers, notamment, la révision des dispositions du Code des marchés fixant le régime des marchés de travaux, fournitures et services exclus du champ d’application du décret n°08-485/P-RM du 11 août 2008 portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de service public; et (iv)

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communication relative au processus de sanctions. Toutes ces mesures ont déjà été mises en œuvre, à l’exception

de celle relative au processus de sanctions, qui demande plus de temps, et dont la réalisation fera l’objet d’un

suivi conjoint par les PTFs.

Stabilité politique

Sur le plan politique, après deux décennies de stabilité marquées par des alternances réussies à la tête de l’Etat, le

Mali vit, depuis mars 2012, une situation de transition difficile consécutive à un coup d’Etat et à une crise

sécuritaire du fait de l’occupation, durant plusieurs mois, des régions Nord du pays par des groupes armés rebelles. Cette situation a considérablement affecté le fonctionnement des institutions politiques du pays. Pour sortir de cette crise, les autorités de transition ont adopté, en janvier 2013, une feuille de route avec deux objectifs: (i) le rétablissement de l’intégrité territoriale du pays par la reconquête des régions Nord du pays; et (ii) l’organisation

d’élections générales avant le 31 juillet 2013. La tenue de l’élection présidentielle en juillet-août 2013, marquée par la victoire de M. Ibrahim Boubacar Keita, et des élections législatives en novembre-décembre 2013, a permis au pays d'engager un retour à l'ordre constitutionnel, avec l’appui de la communauté internationale.

Harmonisation Suite à la reprise de la coopération du FMI avec le Mali, notamment à l'issue de la mission de septembre 2014 du FMI au Mali, les bailleurs de fonds ont confirmé leur soutien financier dans une logique d'harmonisation de leurs interventions durant la période de transition. Les cadres de concertation existant avant la crise, notamment l’Arrangement-cadre relatif aux appuis budgétaires initiés en 2012, ont été relancés. Les objectifs des Programmes d’appui budgétaire des différents bailleurs ont été harmonisés pour apporter un appui coordonné aux autorités durant la transition. Ainsi, le PAUGRE partage les mêmes objectifs que les programmes d’urgence de la

Banque Mondiale et de l’Union Européenne et la plupart des mesures de ces opérations sont conjointes. Par ailleurs, les partenaires techniques et financiers ont convenu d’adopter une matrice commune de mesures dès la reprise des appuis programmatiques pluriannuels à partir de 2015.

3.1.4. Un certain nombre de travaux analytiques et de consultations sous-tendent l’opération

proposée. Il s’agit notamment: (i) d’une étude sur les effets économiques et financiers de la crise sécuritaire et politique au Mali, réalisée en novembre 2012 par le Gouvernement et le PNUD ; (ii) d’une

étude sur l’évaluation de la fragilité et de la résilience du pays, réalisée par la Banque à travers son Département d'appui à la transition17; (iii) de la Stratégie d'Appui à la Gestion de la Transition 2013-2014 élaborée par la Banque. De ces travaux analytiques, il ressort principalement le constat d'une dégradation importante de la situation humanitaire et sociale dans le pays, et le besoin urgent d’accompagner les autorités à rétablir les capacités de l’Etat et à créer les conditions d'une reprise économique.

3.2 Collaboration et coordination avec les autres bailleurs de fonds

3.2.1.Les partenaires techniques et financiers (PTFs) du Mali ont mis en place des mécanismes de coordination de leurs efforts en termes de dialogue politique, d’alignement et d’harmonisation de

leurs interventions, qui demeurent fonctionnels en dépit de la situation de transition que traverse le pays. Ces mécanismes sont structurés à trois niveaux : (i) au niveau politique et diplomatique à travers le collectif des ambassadeurs, chefs d’agence et de mission, sous l’animation d'une "troïka" composée de

trois PTFs (le chef de file, le chef de file sortant et le futur chef de file), auquel s’est ajoutée, de façon

exceptionnelle, la MINUSMA ; (ii) au niveau sectoriel et thématique via des coordonnateurs de groupes désignés pour deux ans renouvelables ; et (iii) au niveau de différents sous-secteurs, à travers des coordonnateurs de sous-groupes. Dans le cadre du suivi de la conférence internationale des donateurs pour le développement du Mali qui s'est tenue à Bruxelles en mai 2013 et qui a généré 3,285 milliards d’euros d'appuis, un mécanisme spécifique a été mis en place afin d’assurer un suivi trimestriel des

engagements financiers. La Banque y joue un rôle fondamental en tant que coordonnateur du groupe thématique "Economie et Finances" qui assure le suivi conjoint des activités liées aux réformes économiques et financières. Dans le cadre des appuis budgétaires généraux, ce groupe contribue à la préparation des revues budgétaires conjointes et à l’élaboration de la matrice commune des mesures, et

participe aux réunions du comité technique du PAGAM/GFP, ainsi qu’aux revues annuelles du CSCRP.

3.2.2.Il est à noter qu’à l’instar de la Banque, la Banque Mondiale, l’Union Européenne et la France se sont engagées à apporter au Mali des appuis budgétaires en 2014 (voir plan de financement ci-dessus). Les mesures y afférentes ont été définies de manière conjointe, en coordination avec les autorités. La tenue, prévue en décembre 2014, d'une revue budgétaire conjointe (RBC) des

17 Voir également en annexes techniques la matrice sur les caractéristiques de fragilité du pays.

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PTFs est le reflet d'une volonté de coordination et d'harmonisation des approches, conformément à la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide au développement et au programme d'action d'Accra. Aussi, les mesures que vise à promouvoir le présent Programme ont-elles été choisies en fonction des avantages comparatifs et de la valeur ajoutée de chaque intervenant.

3.3 Résultats d'opérations similaires achevées ou en cours et enseignements tirés

3.3.1.Les leçons tirées de la mise en œuvre des précédentes opérations ont été reflétées dans la conception du présent Programme. Le rapport d’achèvement du PUARE est en cours de finalisation. Il est à noter que l'ensemble des mesures du PUARE convenues en 2013 ont été réalisées. Le PUARE aura notamment permis: (i) la budgétisation de provisions pour la réhabilitation de locaux abritant les services de l'administration publique et d'allocations pour les secteurs sociaux de base; (ii) le redéploiement d'un certain nombre d'agents publics dans les régions du Nord du Mali; (iii) la mise en place d'un cadre de concertation pour la sélection des programmes et projets d’investissements publics;

(iv) la production de rapports mensuels sur les délais de paiement de l’Etat au profit de ses fournisseurs privés et évaluation des arriérés de la dette intérieure au 31 décembre 2012; (v) la révision de décrets et arrêtés visant à améliorer les procédures de passation, d'exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de services publics18. La formulation du présent Programme a tenu compte des leçons tirées du précédent appui budgétaire en réponse aux crises au Mali (PUARE) mais également des opérations d’appuis budgétaires d’urgence financées par la Banque ces dernières années en Guinée (PAREF), en Guinée-Bissau (PUARB), en Côte d’Ivoire (PURSSAB) ou à Madagascar (PURE)19. Parmi ces leçons tirées, reflétées dans les différents rapports d’achèvement, il est à noter :

(i) La nécessité d’assurer une sélectivité pour des interventions adaptées au contexte de fragilité et d’urgence d’une situation de sortie de crise et de transition. Le Programme proposé appuiera les autorités à mettre en œuvre un ensemble restreint de mesures, ayant pour objectif de répondre aux besoins urgents liés à la situation de transition que traverse le pays.

(ii) La nécessité de maintenir un dialogue continu avec les autorités sur les objectifs du Programme. La Banque a mené un dialogue intensif avec les autorités pour ajuster les priorités de sortie de crise et connaître les besoins les plus urgents de la population, notamment grâce à la forte mobilisation du Bureau National de la Banque au Mali (MLFO) et à l'occasion de la mission du DSP de juin 2014, qui a permis une meilleure prise en compte des priorités gouvernementales dans les piliers d'intervention du DSP à venir, ou des missions qui se sont rendues au Mali en mars 2014 et septembre 2014 pour évaluer plus spécifiquement la situation en matière de gouvernance et de réformes économiques et financières. Ce dialogue a été élargi aux représentants du secteur privé et de la société civile dans un souci de prise en compte de la diversité des parties prenantes.

(iii) La nécessité d’une collaboration avec les autres partenaires dans la formulation et la mise en œuvre de l’opération. Outre les réunions régulières tenues dans le cadre du groupe thématique "Economie et Finances" et de l’Arrangement-cadre relatif aux appuis budgétaires, la Banque a consulté les bailleurs multilatéraux et bilatéraux dans une logique de coordination des différentes interventions, en prévision de la reprise des opérations au Mali.

3.4 Lien avec les autres opérations du Groupe de la Banque

3.4.1.L’appui proposé est en phase avec les autres opérations de la Banque. Le PAUGRE vise notamment à consolider les capacités de l'Etat à assurer ses missions de service public à travers une gestion publique améliorée, plus transparente et efficace. Ceci permettra la reprise d’une exécution normale des projets d’investissements publics appuyés par les partenaires techniques et financiers du Mali, dont la Banque. Le présent Programme vise également à soutenir les autorités dans leur volonté de subvenir aux besoins les plus urgents de la population, ce qui s'inscrit dans la continuité du PUARE. Les objectifs du PAUGRE sont également en concordance avec ceux des opérations sectorielles récemment approuvées par la Banque, notamment le Projet de renforcement de la sécurité alimentaire dans la région 18 Pour plus de détails, voir annexe technique sur les résultats des opérations antérieures. 19PAREF - Guinée : Programme d’appui aux réformes économiques et financières (2011) ; PUARB - Guinée-Bissau : Programme d’urgence d’appui aux

réformes budgétaires (2010) ; PURSSAB - Côte d’Ivoire : Programme d’urgence pour la restauration des services sociaux et administratifs de base (2011); PURE - Madagascar: Programme d'urgence pour la relance économique (2014).

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de Koulikoro dans le cadre du Programme Mondial pour l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire

(GAFSP), et le Programme régional de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire et

nutritionnelle au Sahel.

3.4.2.La mise en œuvre des réformes préconisées par le PAUGRE sera facilitée par un appui institutionnel d’un montant de 9,97 millions d’UC, le Projet d'Appui à la Gouvernance

Economique (PAGE), approuvé par le Conseil d'Administration en 2013, dont l’objectif est de contribuer à rétablir et renforcer les capacités de l’administration publique à fournir les services

essentiels aux populations et aux opérateurs économiques. Le PAGE sera mis en œuvre sur une période

plus longue que le PAUGRE pour permettre d’en consolider les résultats et d'en assurer la soutenabilité.

3.5 Avantages comparatifs et valeur ajoutée du Groupe de la Banque

3.5.1.Les avantages comparatifs de la Banque résultent de l’expérience que celle-ci a acquise dans la mise en œuvre de programmes d’appui aux réformes dans des contextes d’urgence, des situations post-conflit et de fragilité (Côte d'Ivoire, Guinée, Libéria, Guinée-Bissau, Madagascar). La Banque possède une expérience avérée dans la conception de ce type d’opérations, ciblées et de court terme, visant à aider les pays à sortir progressivement des situations de fragilité et à répondre aux besoins urgents des populations. La valeur ajoutée de la Banque consiste également en sa réactivité, lui permettant de concevoir rapidement des opérations d’appui budgétaire en réponses aux crises, et en sa flexibilité à ajuster son portefeuille de projets en vue de répondre aux priorités des pays. Le maintien, notamment à travers la représentation de la Banque au Mali (MLFO), d’un dialogue continu avec les autorités pour les appuyer à répondre le plus adéquatement possible à leurs besoins d'assistance, est également d'une forte valeur ajoutée. La combinaison entre appuis budgétaires en réponse aux crises (PUARE, PAUGRE) et appuis institutionnels (PAGE) revêt une importance particulière en termes d'appui à la transition du Mali.

3.6 Application des principes de bonnes pratiques en matière de conditionnalités

3.6.1. La conception du Programme a tenu compte des principes de bonnes pratiques en matière de conditionnalités, particulièrement en ce qui concerne l’appropriation des réformes par le pays.

Les autorités maliennes ont fait montre d’un fort engagement à mettre en œuvre des mesures importantes

pour préserver les fondamentaux macro-économiques du pays, condition nécessaire à la conduite de toute autre réforme. De même, malgré la situation exceptionnelle que traverse le pays suite aux crises successives, et en dépit d’une contraction budgétaire importante, les autorités ont tenté de préserver au mieux les dépenses prioritaires dans les secteurs sociaux et la rémunération des agents publics. Au vu de ces efforts et en raison de l’urgence liée à la situation sécuritaire du pays, engendrée par les crises successives, aucune condition préalable au décaissement de la tranche unique du Programme n’a été

retenue. Seules des conditions préalables à la présentation de l’opération au Conseil d’Administration

ont été retenues pour maintenir l’engagement des autorités à mettre en œuvre les réformes prioritaires.

IV. PROGRAMME PROPOSE ET RESULTATS ESCOMPTES

4.1 But et objectifs du Programme

4.1.1.Justification. Depuis 2012, le Mali a connu une succession de crises (sécuritaire, politique et institutionnelle) dont les conséquences économiques et sociales ont été très lourdes avec, notamment, des institutions affaiblies, les capacités de l’Etat à fournir les services essentiels à la

population érodées, des populations déplacées, le tissu social dégradé, des systèmes de santé et d’éducation désorganisés, et des infrastructures détruites dans certaines régions. Avec l’appui des

partenaires au développement, dont la Banque, à travers le PUARE, la mise en œuvre de la première

année du Plan d’Actions Prioritaires d’Urgence (PAPU) 2013-2014 du Gouvernement a permis de répondre aux besoins sociaux et économiques les plus urgents nés de ces crises. Ces actions ont contribué au rétablissement progressif du fonctionnement normal de l’administration et à la restauration

de l’accès des populations aux services sociaux de base. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour que le pays puisse sortir durablement de sa situation de fragilité, car il continue à faire face à des défis considérables.

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4.1.2. La présente opération se justifie par la nécessité : (i) d’une part, de consolider les réformes

soutenues dans le cadre du PUARE à travers le renforcement des systèmes de gestion des finances publiques et une meilleure mobilisation des ressources internes dans le but d’améliorer la capacité de

l’Etat à fournir les services sociaux de base aux populations et, (ii) d'autre part, de soutenir la réalisation

des investissements prioritaires et les politiques publiques susceptibles de contribuer à la relance de l’économie. A travers ce soutien, la Banque, à l’instar des autres partenaires, contribuera à la mise en

œuvre de la seconde et dernière année du Plan d’Actions Prioritaires d’Urgence (PAPU).

4.1.3. But et objectifs. Le but global du PAUGRE, qui constitue un appui budgétaire d'urgence, est de permettre au Mali de remédier à sa situation de fragilité et de renforcer sa résilience à travers l'amélioration de la gouvernance de la gestion publique et la consolidation de la reprise économique. Dans le cadre des interventions concertées de la communauté internationale au Mali pour rétablir l'autorité de l’Etat, favoriser la reprise économique, et assister le pays à faire face à la détérioration de

son tissu social, le Programme cherche à appuyer les efforts des autorités en matière de transparence et de redevabilité dans la gestion publique, visant le rétablissement du score de l'EPIP "gouvernance" relatif à la transparence, l'obligation de rendre compte et la corruption dans le secteur public à son niveau d'avant la crise, ainsi que dans leur souhait de relancer la croissance, qui devrait passer de 1,7% en 2013 à 5,5% en 201520.

4.2 Composantes, objectifs et résultats escomptés

4.2.1. Le PAUGRE vise les objectifs spécifiques suivants : (i) l'amélioration de la qualité de la dépense publique; (ii) le renforcement des mécanismes de transparence de la gestion publique; (iii) le soutien aux investissements publics prioritaires; et (iv) l'appui à la relance des activités du secteur privé.

4.2.2. Le PAUGRE se décline en deux composantes principales : (i) Amélioration de la gouvernance de la gestion publique et (ii) Consolidation de la reprise économique.

Composante I - Amélioration de la gouvernance de la gestion publique

4.2.3. Le PUARE visait, dans sa Composante I, à promouvoir le rétablissement du fonctionnement normal de l’administration publique et la restauration des capacités de l’Etat à fournir les services

sociaux de base à travers des mesures telles que la budgétisation de provisions pour la réhabilitation de locaux abritant les services de l'administration publique et d'allocations pour les secteurs sociaux de base, ou le redéploiement d'un certain nombre d'agents publics dans les régions du Nord du Mali. Il s'agit, dans la Composante I du PAUGRE, de consolider ces réalisations, à travers l'amélioration de la gouvernance de la gestion publique par: (i) l'amélioration de la qualité de la dépense publique et (ii) le renforcement des mécanismes de transparence de la gestion publique.

Sous-composante I.1 - Amélioration de la qualité de la dépense publique

4.2.4. Contexte et défis: Afin de favoriser le redéploiement des services de l’administration de l’Etat

dans les régions du Nord du Mali, qui avaient été occupées par des groupes armés, une provision budgétaire pour la réhabilitation des locaux abritant les services de l’administration publique de 11,5

milliards de FCFA avait été inscrite dans la LFR 2013, dont 10,5 milliards de FCFA ont été exécutés. Malgré les difficultés liées à la destruction et la détérioration des infrastructures dans les régions du Nord du Mali, les agents de l’administration publique ont pu être redéployés. Par ailleurs, afin de

restaurer les capacités de l’Etat à fournir les services sociaux de base, les allocations budgétaires aux secteurs sociaux de base ont représenté plus de 400 milliards de FCFA dans le cadre de la LFR 2013, dont 165,2 milliards de FCFA pour l'éducation de base, 92,8 milliards de FCFA pour l'enseignement secondaire et supérieur et 84,6 milliards de FCFA pour la santé. Face au défi de la dégradation du tissu socio-économique du Mali et à la nécessité d'améliorer les conditions de vie des populations, la qualité de la dépense publique passe par le maintien d'un niveau conséquent de dépenses sociales de base, notamment en matière d'éducation et de santé. Ainsi, le collectif de septembre 201421 prévoit 188,8 milliards de FCFA de dépenses d'éducation de base, 93,6 milliards de FCFA de dépenses pour

20 FMI - communiqué du 25 septembre 2014. 21 Loi n°2014-047 du 06 septembre 2014 portant modification de l’Ordonnance n°2013-021/P-RM du 03 décembre 2013 portant Loi de finances pour l’exercice 2014.

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l'enseignement secondaire et supérieur et 105,9 milliards de FCFA pour la santé. Il s'agit de confirmer, voire dépasser ces montants dans le cadre du projet de LF 2015.

4.2.5. Par ailleurs, la problématique des dépenses extrabudgétaires, mise en lumière à travers les échanges qui ont eu lieu entre mars et septembre 2014 entre le Mali et les services du FMI sur un certain nombre de transactions (achat d'un aéronef pour un montant de 20 milliards de FCFA, contrat de fournitures autres que des armes et munitions passé par le Ministère de la Défense pour un montant de 69 milliards de FCFA, octroi d’une garantie par l’Etat pour un montant de 100 milliards de FCFA liée à

ce contrat ainsi qu'à d’autres contrats), constitue un défi additionnel dans le domaine de la qualité de la dépense publique. C'est pourquoi le FMI a préconisé que toutes les dépenses extrabudgétaires soient incorporées au budget de l'Etat et éliminées à l'avenir, en demandant l'élaboration, au regard des pratiques en vigueur au sein de l'UEMOA, d'un arrêté fixant la liste (limitative) des dépenses payées avant ordonnancement et les modalités de leur régularisation.

4.2.6. Mesures du Programme: Face à ce contexte et ces défis, pour aider le Gouvernement à poursuivre ses efforts en matière d'amélioration de la qualité de la dépense publique, le PAUGRE propose d’appuyer les mesures suivantes: (i) la prise en charge, dans le cadre du projet de LF 2015, de dépenses sociales de base en matière d'éducation et de santé d'un niveau supérieur au collectif de septembre 2014 (LFR de septembre 2014); (ii) la signature, avant la fin de l'année 2014, d'un arrêté fixant la liste des dépenses payées avant ordonnancement et les modalités de leur régularisation.

4.2.7. Résultats attendus : Il est attendu qu'au moins 188,8 milliards de FCFA de dépenses d'éducation de base, 93,6 milliards de FCFA de dépenses pour l'enseignement secondaire et supérieur et 105,9 milliards de FCFA pour la santé figurent dans le projet de LF 2015. Ces mesures, soutenues par le PAUGRE, devraient permettre de renforcer les capacités de l’Etat à fournir des services sociaux de base aux populations, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation. Elles contribueront aussi à préserver les résultats atteints par le Mali avant la crise de 2012, en termes de couverture sanitaire et de scolarisation des enfants. En outre, la signature d'un arrêté fixant, limitativement, la liste des dépenses payées avant ordonnancement et les modalités de leur régularisation devrait mettre fin à l'existence de dépenses extrabudgétaires non régularisées et contribuer aussi à l'amélioration de la qualité de la dépense publique.

Sous-composante I.2 - Renforcement des mécanismes de transparence de la gestion publique

4.2.8. Contexte et défis : Les autorités maliennes sont engagées dans une démarche de renforcement des mécanismes de transparence de la gestion publique et de redevabilité des gestionnaires publics, notamment à travers la mise en œuvre du Plan d’Actions Gouvernementales pour la Modernisation et

l’Amélioration de la Gestion des Finances Publiques (PAGAM-GFP 2011-2015). D'importants efforts ont été consentis dans le cadre: (i) du contrôle externe (validation des comptes des comptables publics de 1960 à 1991 par la loi n°2013-001 du 15 janvier 2013; disponibilité des rapports de la Section des Comptes de la Cour Suprême (SCCS); prestation de serment des comptables publics; mise à disposition, auprès de la SCCS, d’auditeurs externes issus de cabinets privés pour l’appuyer dans ses missions); (ii)

de la transparence financière et la lutte contre la corruption (loi n° 2013-031 portant approbation du Code de transparence dans la gestion des finances publiques adopté par le Parlement le 23 juillet 2013; loi n°2014-015 portant prévention et répression de l’enrichissement illicite, promulguée le 27 mai 2014 par le Président de la République; élaboration, par le Gouvernement, d’un document-cadre de politique nationale de transparence au sein de l’administration publique).

4.2.9. Par ailleurs, la problématique des dépenses extrabudgétaires susmentionnée, portant, entre autres, sur des dépenses d'ordre militaire, qui avait provoqué un gel de l'aide du FMI au Mali sur une grande partie de l'année 2014, a souligné l'importance d'un renforcement du contrôle des marchés publics, en particulier des marchés de nature militaire.

4.2.10. Mesures du Programme : Dans ce contexte, le présent Programme soutient l'engagement des autorités à: (i) la finalisation, en 2014, par la Section des Comptes de la Cour Suprême (SCCS), de l'apurement des comptes de gestion des comptables publics de 1960 à 2008; (ii) la signature, avant la fin de l'année 2014, d'un décret fixant le régime des marchés de travaux, fournitures et services exclus du

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champ d’application du décret n°08-485/P-RM du 11 août 2008 portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de service public.

4.2.11. Résultats attendus : L'apurement, par la SCCS, en 2014, des comptes de gestion des comptables publics de 1960 à 2008, devrait mettre en lumière les éventuelles fautes de gestion et permettre d'agir en conséquence (ex.: arrêts de quitus pour les comptables sortis de fonction, décharge de gestion pour les comptables publics demeurés en fonction). Cet apurement devrait aussi permettre un jugement normal des comptes à partir de 2015, renforçant, ainsi, le contrôle juridictionnel de la gestion publique. La signature d'un décret fixant le régime des marchés de travaux, fournitures et services exclus du champ d’application du décret n°08-485/P-RM du 11 août 2008 portant procédures de passation, d’exécution et

de règlement des marchés publics et des délégations de service public devrait, notamment, donner un cadre aux contrats passés sous le sceau de "secret en matière de défense" ou sous le sceau "des intérêts essentiels de l'Etat" qui ne sont pas soumis aux méthodes de sélection et aux contrôles des organes prévus par le code des marchés publics, ce qui aura pour effet de renforcer les mécanismes de transparence de la gestion publique, y compris dans des domaines touchant au "secret en matière de défense" et aux "intérêts essentiels de l'Etat".

Composante II - Consolidation de la reprise économique

4.2.12. Le PUARE visait, dans sa Composante II, à appuyer la création des conditions nécessaires à une reprise rapide de l'économie à travers des mesures telles que la mise en place d'un cadre de concertation pour la sélection des programmes et projets d’investissements publics, la production de rapports mensuels sur les délais de paiement de l’Etat au profit de ses fournisseurs privés et l'évaluation des

arriérés de la dette intérieure au 31 décembre 2012, ou encore la révision de décrets et arrêtés visant à améliorer les procédures de passation, d'exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de services publics. Il s'agit, dans la Composante II du PAUGRE, de consolider ces acquis afin d'asseoir la reprise économique à travers: (i) le soutien aux investissements publics prioritaires et (ii) l'appui à la reprise des activités du secteur privé.

Sous-composante II.1 - Soutien aux investissements publics prioritaires

4.2.13. Contexte et défis : L’investissement public constitue un important levier de politique économique

dans le contexte de transition du Mali où la croissance est tirée, en grande partie, par la demande publique. La baisse des dépenses en capital a entraîné une détérioration des indicateurs sociaux et de développement au regard des OMD. Appuyé dans le cadre du PUARE, le décret n°2013-778/PM-RM du 02 octobre 2013 portant création, attributions, organisation et modalités de fonctionnement du comité de suivi des projets et programmes de développement a mis en place un cadre de concertation unique pour la sélection des programmes et projets d’investissement public qui doit être opérationnalisé à travers un comité technique de sélection des programmes et projets d'investissement public sous l'autorité du Ministre du Plan. Ce comité technique a vocation à étudier, évaluer et sélectionner les dossiers des projets d'investissement public à inscrire au Plan Triennal d'Investissement (PTI) et au Budget Spécial d'Investissement (BSI). Dans la LFR d'octobre 2014 (deuxième collectif budgétaire), le BSI (financement extérieur) est de 315,5 milliards de FCFA, tandis que les dépenses du BSI sur financement intérieur sont à 151,3 milliards de FCFA et incluent le financement d'infrastructures (ex.: travaux de construction du port sec en Guinée Conakry) et d'investissements dans le domaine social (construction de logements sociaux, de villages artisanaux, prise en charge du projet de plateforme multifonctionnelle de lutte contre la pauvreté en milieu rural, etc.).

4.2.14. Mesures du Programme: Dans son soutien aux investissements publics prioritaires, le PAUGRE vise à appuyer: (i) l'opérationnalisation du comité de suivi des projets et programmes de développement à travers la signature, avant la fin de l'année 2014, d'une décision portant création et fonctionnement du comité technique de sélection des programmes et projets d'investissement public au Mali; (ii) l'inscription, dans le Budget Spécial d'Investissement de la LF 2015, de projets d'investissement prioritaires prenant en compte la dimension du genre (secteurs sociaux, éducation, santé, infrastructures et hydraulique) dont la dotation est supérieure ou égale à 100 millions de FCFA.

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4.2.15. Résultats attendus: La mise en place du comité technique de sélection des programmes et projets d'investissement public au Mali permettra d'opérationnaliser le cadre de concertation pour la sélection des programmes et projets d'investissements publics à travers un dispositif de recueil des documents de programmes et projets d'investissement public, d'appui à la formulation des projets, d'analyse et d'évaluation (études de faisabilité) des projets et requêtes suivant des critères définis de rentabilité économique et financière. Ceci devrait également avoir un impact sur l’amélioration de la demande

publique, avec un taux d'investissements publics passant de 15,3% du PIB en 2013 à 16% du PIB en 2015. La démarche de priorisation et de suivi-évaluation des investissements contribuera, à la fois, à rationaliser la dépense publique pour permettre au pays de retrouver des marges de manœuvre

budgétaires et à promouvoir un cadre partenarial attractif pour le secteur privé, comme nouveau relai de croissance. Par ailleurs, l'inscription, dans le Budget Spécial d'Investissement de la LF 2015, de projets d'investissement prioritaires dont la dotation est supérieure ou égale à 100 millions de FCFA permettra de consolider l'appui aux secteurs sociaux, d'éducation, de santé, d'infrastructures et de l'hydraulique en faveur des populations.

Sous-composante II.2 - Appui à la reprise des activités du secteur privé

4.2.16. Contexte et défis: Le secteur privé malien, pourtant dynamique, a fortement pâti des effets des crises successives ayant affecté le pays, conduisant à des pertes d’emplois et des baisses de revenus. La crise a affecté le secteur privé à travers plusieurs canaux : la suspension de l'aide publique au développement, l'arrêt de nombreux projets d'investissement, la diminution des ressources intérieures, la réduction des allocations budgétaires et de la commande publique, la fermeture de nombreuses unités économiques, la destruction de capacités de production industrielle à différents endroits du territoire. Les difficultés de trésorerie dans le domaine des finances publiques ont, par ailleurs, entraîné une augmentation des créances des opérateurs privés envers l’administration. L’ensemble des chocs subis

par les entreprises a eu un impact négatif sur le secteur bancaire qui a vu le taux de créances en souffrance augmenter de façon significative. Ces difficultés ont provoqué une contraction de l’activité

économique, avec une baisse significative des investissements du secteur privé. Le soutien de l’Etat à la

redynamisation de l’investissement privé et à la reprise des activités du secteur privé devra, entre autres, se matérialiser par le paiement rapide des engagements financiers de l’Etat vis-à-vis de ses fournisseurs privés, en particulier dans des secteurs-clés comme l'énergie (cas de l'EDM-SA). Il est à noter que le rapport d'évaluation des arriérés de la dette intérieure au 31 décembre 2012 (une mesure soutenue par le PUARE) a été finalisé. Par ailleurs, le fait que les rapports mensuels sur les délais de paiement de l’Etat

au profit de ses fournisseurs privés soient produits de façon continue depuis 2013 constitue une avancée non négligeable. L'appui à la reprise des activités du secteur privé passe, d'une part, par le paiement par l'Etat de ses engagements financiers vis-à-vis du secteur privé et, d'autre part, par la mise en place d'outils de pilotage et de suivi des réformes de l'environnement des affaires.

4.2.17. Mesures du Programme: Dans cette logique, le présent Programme soutient: (i) l'apurement des arriérés de paiement de l'Etat vis-à-vis de ses fournisseurs; (ii) la révision du décret 2009-127 modifié par le décret 2011-142 portant création du Comité mixte de suivi des réformes du cadre des affaires.

4.2.18. Résultats attendus: L’apurement des arriérés de paiement de l'Etat vis-à-vis de ses fournisseurs, en particulier dans des secteurs-clés comme l'énergie (cas de l'EDM-SA), permettra aux entreprises privées de rembourser leurs créances auprès du secteur bancaire et à ce dernier d’avoir la capacité de financer les activités des opérateurs économiques, notamment dans des secteurs prioritaires comme l'énergie ou l'eau. Ces résultats escomptés devraient permettre au secteur privé de contribuer à une reprise rapide de l’économie. La révision des décrets portant création du Comité mixte de suivi des réformes du cadre des affaires permettra d'asseoir la reprise des activités du secteur privé et la relance de l'économie sur des bases solides en termes de suivi et de pilotage des réformes en faveur de l'amélioration de l'environnement des affaires.

4.3 Besoins financiers et dispositions relatives au financement

4.3.1. Le Gouvernement a poursuivi, en 2014, une politique budgétaire prudente mobilisant essentiellement les ressources internes. Selon la loi de finances initiale 2014, les besoins de financement pour l’année 2014 s’élèvent à 41,8 milliards de FCFA, comme indiqué dans le tableau ci-

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dessous. L’opération proposée par la Banque, d'un montant total de 14,603 millions d'UC (soit 11,3 milliards de FCFA) contribuera à répondre à hauteur de 27,8% aux besoins de financement tels que prévus dans la loi de finances initiale de 2014. Les besoins de financements restants seront couverts par les appuis budgétaires des autres partenaires, qui viendront soutenir l’effort concerté de la communauté

internationale destiné à rétablir l'autorité de l’Etat et à favoriser la reprise économique.

4.3.2. Examinée lors du Conseil extraordinaire des Ministres du 23 octobre 2014, la deuxième modification de la loi de finances 2014, après celle autorisée par la loi n°2014-047 du 06 septembre 2014 portant modification de l'ordonnance n°2013-021/P-RM du 03 décembre 2013 portant loi de finances pour l’exercice 2014, est justifiée par le souci d’améliorer l’exhaustivité et la transparence

dans la gestion budgétaire. Elle vise ainsi, d'une part: (i) à augmenter les recettes du budget général d’un montant de 47,232 milliards de FCFA imputable à un transfert des ressources du compte d’affectation "Fonds de remboursement des crédits TVA" d’un montant de 25,800 milliards de FCFA en

vue de tenir compte du niveau réel de remboursement eu égard à la situation d’exécution pour l’inscrire

dans les recettes fiscales du budget général ; une augmentation des prévisions de ressources d’appuis

budgétaires généraux de 21,432 milliards de FCFA pour tenir compte des annonces révisées de certains partenaires techniques et financiers (PTFs), faisant passer les prévisions d’appui budgétaire général de

168,668 milliards de FCFA à 190,100 milliards de FCFA dans le deuxième collectif ; et, d’autre part, (ii)

à inscrire des crédits dans le budget général d’un montant total de 41,365 milliards de FCFA pour la prise en charge d’une subvention supplémentaire de 7,000 milliards de FCFA en faveur de l’EDM-SA en vue d’éponger les arriérés de dettes fournisseurs et fiscales de la société ; de 0,850 milliard de FCFA pour le programme de construction de 50 000 logements sociaux ; de 0,170 milliard de FCFA dans le cadre des travaux de construction de villages artisanaux ; de 2,000 milliards de FCFA au titre du Recensement Administratif à Vocation d’Etat Civil (RAVEC) ; de 0,759 milliard de FCFA pour divers projets (soutien au développement de la pisciculture dans la zone de l’Office du Niger et appui aux commerçants détaillants) ; de 0,021 milliard de FCFA pour le projet de plateforme multifonctionnelle de lutte contre la pauvreté en milieu rural ; des contrats militaires pluriannuels conclus dont les équipements ont été réceptionnés en 2014 pour un montant de 22,000 milliards de FCFA ; de l’échéance

de paiement relative au port sec construit en République de Guinée Conakry pour 1,147 milliard de FCFA ; des protocoles de construction des infrastructures sportives réceptionnées en 2014, notamment le Palais des Sports et la salle Afro-basket pour des montants respectifs de 6,076 milliards de FCFA et de 1,342 milliard de FCFA. Ainsi, le deuxième collectif budgétaire 2014 se chiffre en recettes à 1 682,437 milliards de FCFA et en dépenses à 1 823,048 milliards de FCFA, soit un déficit de 140,611 milliards de FCFA. Ces augmentations ont tenu compte des objectifs macroéconomiques et de soutenabilité de la politique budgétaire de l’exercice budgétaire 2014.

Tableau 2 - Besoins et sources de financement 2014 (En milliards de FCFA) 2011 2012 2013 2014

Budget initial Collectif budgétaire

LFI LFR LFI LFR 2

Recettes totales et dons 1060,5 1220,3 941,3 1079,2 1204,2 1305,0 1448,8 Recettes totales 866,6 997 937,1 1018,3 1018,6 1106,4 1126,1 Dons 193,9 223,3 4,2 60,8 185,6 199 ,1 322,8

dont, Projets 97,1 145,3 3,6 60,8 60,1 48 117,0 dont, aides budgétaires 96,9 78 0,6 0 138,5 91,3 132,8

dont, FAD 11,25 6,6 0 0 15 - 4,9 dont, Banque mondiale - - - - 25 - - dont, Union européenne - - - - 78 65,7 65,6 dont, autres bilatéraux - - - - 20,5 16,4 20 Pays Bas

- 10,5

Canada

6,3 10,0 Danemark

2,9 2,8

Espagne

3,3 France

2,6

Dépenses totales et prêts nets 1247,4 1432,8 970,9 1207,6 1358,3 1438,7 1717,6 Dépenses courantes 710 793,5 738,3 772,6 850,3 851,7 874,7 Dépenses d'investissements 437,9 538,9 140,9 336,8 397,4 492,1 684,1 dont, sur ressources domestiques 184 180,8 136,6 163,5 208,4 251,6 296,4 Autres dépenses y/c variations d'arriérés -8,2 14,2 -10,4 -15,1 -29,8 -20,9 -63,9

Solde Budgétaire global (base caisse y/c dons) -192,8 -226,7 -43,4 -143,6 -163,1 -154,1 -331,1

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Financement 192,8 226,7 125,1 89 133,1 112,2 331,1 Extérieur 136,9 187 -35,8 74,7 86,3 146,9 221,0 dont, prêt budgétaires 24,7 45 56,3

dont, FAD 15 10 6,4 dont, Banque mondiale

35 28,5

AFD

16,4 Autres prêts budgétaires 9,7

Intérieur 55,9 39,7 0,5 14,3 46,8 -34,6 115,0 Ecart de financement 0 0 -81,8 54,6 30 41,8 0,0

Pour mémoire

Pour mémoire: PIB Nominal 5028 5529 5243 5642 5651

Source : Analyse des services de la Banque, données MEF et FMI

4.4 Bénéficiaires du Programme

4.4.1. Les bénéficiaires directs sont constitués à la fois : (i) des structures de l’administration publique en charge de la promotion de la transparence et de l’efficacité dans la gestion des finances publiques

(Section des Comptes de la Cour Suprême, Comité technique de sélection des programmes et projets d'investissement public); (ii) des structures d'appui au développement du secteur privé (Comité mixte de suivi des réformes du cadre des affaires); et (iii) du secteur privé, à travers les actions soutenues pour l’amélioration du climat des affaires et l'apurement des arriérés de dettes de l’Etat vis-à-vis de ses fournisseurs. Le programme bénéficiera, indirectement, à la population malienne dans son ensemble, soit près de 15,4 millions d’habitants, et, en particulier, aux couches les plus vulnérables (incluant les femmes) qui ont été privées d'accès aux services publics de base à cause du conflit. Il s’agit plus

spécifiquement de personnes vivant dans la précarité en raison de l’absence de services publics de base

dans les zones sinistrées et à l’engorgement des services publics dans les zones d’accueil.

4.5 Impact sur le genre

4.5.1. Les mesures du PAUGRE permettront d’atténuer l’impact de la crise sur les couches les

plus vulnérables de la population malienne, dont les femmes. En effet, la consolidation de l'autorité de l'Etat lui permettra de retrouver sa souveraineté sur l’ensemble du territoire et de remplir ses missions

essentielles de service public, notamment en faveur des populations déplacées, majoritairement constituées de femmes et d’enfants. Il est à noter que le Mali avait atteint, par le passé, en matière de services publics, des résultats importants en termes de scolarisation des filles, avec un taux de scolarisation atteignant les 75%. Le Programme proposé contribuera, indirectement, à consolider ce type d'acquis et à atténuer l’effet négatif sur l’accès aux services sociaux de base pour les femmes des

différentes crises qui se sont succédé depuis 2012. Par ailleurs, dans le cadre du soutien à l'investissement public et privé, le PAUGRE appuie l'inscription, dans le Budget Spécial d'Investissement de la LF 2015, de projets d'investissement prioritaires d'une dotation supérieure ou égale à 100 millions de FCFA, prenant en compte la dimension du genre dans différents secteurs (sociaux, de l'éducation, de la santé, des infrastructures et de l'hydraulique).

4.6 Impact sur l’environnement

4.6.1. Le Programme proposé est un Appui Budgétaire en Réponse aux Crises. S’agissant d’un appui

budgétaire général, il n’aura pas d’impact sur l’environnement, et est classé en catégorie III.

V. MISE EN ŒUVRE, SUIVI ET EVALUATION

5.1 Dispositions relatives à la mise en œuvre

5.1.1. Institution responsable : Le Ministère de l'Economie et des Finances (MEF) sera chargé de la mise en œuvre du PAUGRE. A cet effet, il veillera à ce que les Ministères et les structures concernés de l’administration malienne jouent pleinement leur rôle dans la mise en œuvre des mesures spécifiques

relevant de leurs domaines de compétences respectifs. Le suivi quotidien et l'évaluation du Programme seront de la responsabilité de la Direction Générale de la Dette Publique (DGDP), qui assure également la mise en œuvre de l’ensemble des programmes des partenaires. Cette structure a mis en œuvre d’une

façon satisfaisante les Programmes antérieurs financés par la Banque, et dispose de capacités suffisantes pour assurer le suivi de la mise en œuvre du PAUGRE. Le Programme proposé sera mis en œuvre sur

une période de 12 mois à compter de son entrée en vigueur.

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5.1.2. Décaissements : D'un financement de 14,603 millions d’UC, répartis entre un Prêt de 8,263 millions d'UC et un Don de 6,340 millions d'UC, le Programme sera décaissé en une tranche unique, sous réserve de la satisfaction par l’Emprunteur aux conditions générales et spécifiques y afférentes mentionnées ci-après. Le choix du décaissement en une tranche unique se justifie essentiellement par les raisons suivantes : (i) la nécessité de couvrir les besoins de financement les plus urgents, dans une année de transition, pour atténuer les effets des crises sur les populations et favoriser la reprise rapide l’économie ; (ii) l’engagement ferme du Gouvernement dans la mise en œuvre de mesures

urgentes, appuyées par l’effort concerté de la communauté internationale et destinées à rétablir l'autorité de l’Etat, à favoriser la reprise économique, et assister le pays à faire face à la détérioration de la situation humanitaire. A la demande de l’Emprunteur, la Banque décaissera les fonds dans un compte du Trésor Public.

5.1.3. Acquisitions des biens et services : Le PAUGRE constitue un Appui Budgétaire en Réponse aux Crises (ABRC). Par conséquent, sa mise en œuvre ne soulève pas de questions directes d’acquisitions de biens et services. La revue du système national de passation des marchés publics réalisée par la Banque en 2010 et actualisée de façon continue a conclu que la réglementation nationale est, pour une large part, conforme aux normes et standards de la Banque, à l’exception de quelques

faiblesses liées à la non-opérationnalisation du Système Intégré de Gestion des Marchés Publics (SIGMAP) ou encore l’absence d’un système d’archivage physique des documents d’acquisition. Ce

système n’a pas été fortement impacté par la crise et, durant la crise, la passation des marchés publics a

respecté le cadre légal et réglementaire en vigueur22. Les questions relatives à la fiabilité du système de passation de marchés continueront à faire l’objet d’un suivi dans le cadre des missions de supervision du

PAUGRE.

5.1.4. Gestion financière et audit : Le présent Programme étant un appui budgétaire, les ressources qui lui sont allouées passeront par le circuit de la dépense publique dans son intégralité (allocation des ressources, chaîne de la dépense, contrôle). Le MEF assumera la responsabilité de la gestion administrative, financière et comptable desdites ressources. Dans la mesure où le budget 2014 a déjà été élaboré, le montant de cette opération sera inscrit dans la loi de finances rectificative 2014 qui comportera une ligne "Appui de la BAD" du montant de l’opération. Une copie de cette loi sera envoyée à la Banque pour information après son adoption. L’enregistrement des fonds se fera à travers le

Système Intégré de Gestion des Dépenses qui permet la préparation en ligne du budget, ainsi que le suivi de l’exécution budgétaire en temps réel. Au niveau de la chaîne de dépense, il convient de relever que les dotations sont ouvertes périodiquement (par trimestre), permettant ainsi à l’ordonnateur de visualiser les crédits disponibles avant l’engagement de la dépense, la liquidation, l’ordonnancement et le

mandatement. Ces différentes étapes sont préalablement visées par le contrôle financier qui fait office de contrôleur interne dans le système. Les rapports d’exécution budgétaire sont publiés sur une base

trimestrielle. Le PAUGRE sera audité conformément aux dispositions de l’Arrangement-cadre relatif aux appuis budgétaires qui prévoit l’utilisation du dispositif national, en l’occurrence, la Section des

Comptes de la Cour Suprême qui assure le contrôle de l’exécution budgétaire. Le risque fiduciaire a été évalué important au Mali, bien que la mise en œuvre d'un certain nombre d'actions de sauvegarde en matière de gestion financière contribue à l'atténuer23 (cf. tableau ci-dessous).

Tableau 3 - Tableau récapitulatif de l’évaluation du risque fiduciaire et des actions d'atténuation

Objet

Risque initial avant action

Action

Risque résiduel après action

Budget (pilier 1)

Elevé

(i) Prise de sanctions administratives et judiciaires pour dissuader et prévenir tout acte de nature à porter atteinte à l’orthodoxie et à la transparence budgétaire; (ii) Mise en œuvre

effective des mesures préconisées par le Conseil des ministres extraordinaire du 19 septembre 2014, à savoir : un audit de l’ensemble des marchés sous le sceau du « Secret défense » par le Contrôle Général des Services Publics et la production, chaque année, par les ministres concernés, d’un rapport sur l’état d’exécution desdits marchés à l’attention du Président de la

République et du Premier Ministre avec, comme point de départ, l’année 2014.

Important

22 Pour plus de détails, voir annexe technique sur l'évaluation du système des marchés publics. 23 Pour plus de détails, voir annexe technique sur l'analyse détaillée du risque fiduciaire.

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Audit et information financière (pilier 2)

Important

(i) Renforcement des capacités de la Section des Comptes de la Cour Suprême (SCCS) en matière d’effectifs et d’équipement, lui permettant de continuer à effectuer pleinement ses missions; (ii) Organisation de sessions de formations à l’endroit des conseillers de la SCCS

avec au moins une première session avant la fin de l’année 2014; (iii) Transmission à

l’Assemblée Nationale, avant la fin de l’année 2014, de la Loi organique fixant organisation et règles de fonctionnement de la Cour Suprême et la procédure suivie devant elle.

Modéré

Corruption (pilier 4)

Important Accélérer la mise en application effective des mesures législatives (détaillées dans le présent document) prises par le Gouvernement dans le cadre de la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite et en faveur de la transparence financière.

Important

Risque total

Important Important

5.2 Dispositions relatives au suivi et à l’évaluation

5.2.1. Le cadre logique axé sur les résultats sera le cadre commun du suivi-évaluation du Programme. Le MEF assurera la collecte des données et la coordination du suivi-évaluation et mettra les informations à la disposition de la Banque. La Banque conduira des missions de supervision en concertation avec les autres PTFs pour évaluer les progrès accomplis sur la base des indicateurs convenus, et ce, conformément au nouveau cadre de suivi de l’exécution et des résultats établi par la

Banque. L’évaluation de la réalisation des résultats escomptés du PAUGRE sera suivie de façon continue avec l’appui du Bureau National de la Banque au Mali (MLFO). Il est à noter qu’un cadre de

concertation impliquant le Gouvernement, les PTFs, dont la Banque, et la société civile, sera mis en œuvre pour assurer le suivi et évaluation de la mise en œuvre des programmes d’appui budgétaire d'urgence. Une attention particulière sera portée à l’évaluation des résultats attendus de ces programmes dans les régions du Nord du pays. A la fin du Programme, un rapport d’achèvement sera préparé par la

Banque avec la collaboration du Gouvernement.

VI. DOCUMENTATION JURIDIQUE ET AUTORITE LEGALE

6.1 Documents juridiques

6.1.1. Les documents juridiques utilisés dans le cadre du Programme sont: (i) un Accord de Prêt entre la République du Mali et le Fonds Africain de Développement (le Fonds) ; et (ii) un Protocole d’accord de

Don entre la République du Mali et le Fonds.

6.2 Conditions liées à l'intervention du Groupe de la Banque

6.2.1. Conditions préalables à la présentation du PAUGRE au Conseil d’Administration : Sur la base du dialogue avec le Gouvernement, il a été convenu que le Gouvernement mette en œuvre un certain nombre de mesures préalables à la présentation du Programme au Conseil d’Administration, à savoir :

a) La signature d'un arrêté fixant la liste des dépenses payées avant ordonnancement et les modalités de leur régularisation;

b) La signature d'un décret fixant le régime des marchés de travaux, fournitures et services exclus du champ d’application du décret n°08-485/P-RM du 11 août 2008 portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de service public;

c) La signature d'une décision de création et fonctionnement du comité technique de sélection des programmes et projets d'investissement public au Mali;

d) L'introduction d'une provision dans la LFR 2014 pour l’apurement des arriérés de dettes fournisseurs

de l'EDM-SA.

6.2.2. Entrée en vigueur: L’entrée en vigueur du Prêt sera subordonnée à la satisfaction aux conditions

stipulées à la section 12.01 des Conditions générales de la Banque applicables aux Accords de prêt et aux Accords de garantie. L’entrée en vigueur du Don sera subordonnée à la satisfaction aux conditions

stipulées à la section 10.1 des Conditions générales applicables aux Protocoles d’accords relatifs aux dons du Fonds.

6.2.3. Conditions préalables au décaissement du Prêt et du Don: Outre les conditions d’entrée en

vigueur telles que précisées ci-dessus, le décaissement des ressources du Prêt et du Don est soumis à la

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condition préalable suivante : Fournir les références d'un compte du Trésor Public destiné à recevoir les ressources du Prêt et du Don.

6.3 Respect des politiques du Groupe de la Banque

6.3.1. Le PAUGRE répond aux priorités opérationnelles de la Stratégie de la Banque 2013-2022 que sont plus particulièrement la gouvernance et le développement du secteur privé, ainsi qu'au Cadre Stratégique et Plan d'Action pour la Gouvernance 2014-2018 (GAP II) de la Banque, approuvé en mai 2014, visant à promouvoir la bonne gouvernance et la responsabilité pour la transformation de l’Afrique. Il est également en conformité avec la Politique du Groupe de la Banque pour les opérations d’appui budgétaire, en particulier l’instrument relatif à l’appui budgétaire en

réponses aux crises. Aucune exception n’est demandée par rapport à ces Directives dans la présente proposition.

VII. GESTION DES RISQUES

7.1.1. Le tableau ci-après présente, d’une manière globale, les risques qui peuvent affecter la mise en

œuvre du Programme ou l’atteinte des résultats escomptés.

Tableau 4 - Tableau récapitulatif des risques et des mesures d’atténuation

Risques Mesures d’atténuation Risque politique et sécuritaire : ce risque est lié à la transition politique qui peut se manifester par des tensions au sommet de l’Etat ou encore par l’immixtion

des militaires dans les questions politiques. La libération des territoires occupés du Nord est susceptible d'engendrer des opérations émanant de poches de résistance des groupes armés avec, pour effet, l’enlisement de l’intervention militaire dans le Nord

Ce risque a été atténué par la tenue de l’élection présidentielle en

juillet 2013, marquée par la victoire de M. Ibrahim Boubacar Keita, et des élections législatives en novembre-décembre 2013, qui ont permis au pays d'engager un retour à l'ordre constitutionnel, avec l’appui de la communauté internationale. La présence de la MINUSMA attenue le risque sécuritaire. L’aboutissement éventuel à un accord global de paix des négociations en cours entre le Gouvernement et les groupes armés permettra une stabilisation du pays

Risque macro-économique: ce risque est lié à la vulnérabilité du Mali aux chocs externes qui auraient un impact négatif sur la croissance économique et les finances publiques

Ce risque est atténué par l’appui des partenaires au développement aux efforts du Gouvernement visant le maintien des investissements productifs pour la consolidation de la reprise économique et le renforcement de la résilience des populations dans une logique de diversification

Risque de capacités limitées pour la mise en œuvre

des mesures d’urgence : les capacités limitées de l’administration, aggravées par le dysfonctionnent de

l’administration publique et l'apparition récente du virus Ebola au Mali, risquent de ne pas permettre la mise en œuvre des mesures d’urgence proposées et d'entraîner des changements dans les priorités du Gouvernement

Le PAUGRE doit contribuer au renforcement des capacités de l'Etat à remplir ses missions de service public. Sa mise en oeuvre sera facilitée par l'existence d'un appui institutionnel (PAGE) qui prévoit le renforcement des capacités des structures en charge de mettre en œuvre les réformes. Ces opérations, combinées avec les opérations des autres PTFs, permettront d’atténuer le risque lié aux capacités limitées

VIII. RECOMMANDATION

8.1.1. Compte tenu de ce qui précède, il est recommandé au Conseil d’Administration d’approuver, sur

les ressources du FAD, un Prêt d'un montant de 8,263 millions d'UC et un Don d’un montant de 6,340 millions d’UC, sous forme d’appui budgétaire général en faveur de la République du Mali, en vue du financement du Programme d’Appui d'Urgence à la Gouvernance et à la Reprise Economiques

(PAUGRE).

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ANNEXE I

I

Lettre de politique de développement

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ANNEXE I

II

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ANNEXE I

III

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ANNEXE I

IV

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ANNEXE I

V

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ANNEXE I

VI

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ANNEXE I

VII

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ANNEXE I

VIII

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ANNEXE II

IX

MALI - Programme d’appui d'urgence à la gouvernance et à la reprise économique (PAUGRE)

Matrice des mesures du Programme

En gras figurent les conditions préalables à la présentation du Programme au Conseil d'Administration

Objectif Mesures du Programme

Composante I - Amélioration de la gouvernance de la gestion publique

I.1 - Amélioration de la qualité de la dépense publique

Prise en charge, dans le cadre du projet de LF 2015, de dépenses sociales de base en matière d'éducation et de santé d'un niveau supérieur au collectif de septembre 2014 (LFR de septembre 2014)

Signature, avant la fin de l'année 2014, d'un arrêté fixant la liste des dépenses payées avant ordonnancement et les modalités de leur régularisation

I.2 - Renforcement des mécanismes de transparence de la gestion publique

Finalisation, en 2014, par la Section des Comptes de la Cour Suprême, de l'apurement des comptes de gestion des comptables publics de 1960 à 2008

Signature, avant la fin de l'année 2014, d'un décret fixant le régime des marchés de travaux, fournitures et services exclus du champ d’application du décret n°08-485/P-RM du 11 août 2008 portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de service public

Composante II - Consolidation de la reprise économique

II.1 - Soutien aux investissements publics prioritaires

Opérationnalisation du comité de suivi des projets et programmes de développement à travers la signature, avant la fin de l'année 2014, d'une décision portant création et le fonctionnement du comité technique de sélection des programmes et projets d'investissement public au Mali

Inscription dans le Budget Spécial d'Investissement de la LF 2015 de projets d'investissement prioritaires prenant en compte la dimension du genre (secteurs sociaux, éducation, santé, infrastructures et hydraulique) dont la dotation est supérieure ou égale à 100 millions de FCFA

II.2 - Appui à la relance des activités du secteur privé

Introduction d'une provision dans la LFR 2014 pour l’apurement des arriérés de dettes fournisseurs de l'EDM-SA

Révision, avant la fin de l'année 2015, du décret 2009-127 modifié par le décret 2011-142 portant création du Comité mixte de suivi des réformes du cadre des affaires

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ANNEXE III

X

Note sur les relations avec le FMI Le Conseil d’administration du FMI achève les première et deuxième revues de l’accord avec le Mali au titre de la facilité élargie de crédit et

approuve un décaissement de 11.7 millions de dollars Communiqué de presse n° 14/546 Le 1er décembre 2014

Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé aujourd’hui les première et deuxième revues des résultats économiques obtenus

par le Mali dans le cadre du programme économique soutenu par un accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit (FEC). La décision du Conseil d’administration

ouvre la voie au décaissement immédiat d’un montant de 8 millions de DTS (environ 11.7 millions de dollars EU), ce qui porte le montant total des décaissements au titre de l’accord FEC à 14 millions de DTS (environ 20.5 millions

de dollars EU).

Le Conseil d’administration a approuvé l’accord au titre de la FEC en faveur du Mali

le 18 décembre 2013 pour un montant de 30 millions de DTS (environ 43.9 millions de dollars EU, soit 32 % de la quote-part) (voir communiqué de presse 13/524).

À l’issue des délibérations du Conseil d’administration, M. Naoyuki Shinohara, Directeur général adjoint et Président par intérim du Conseil d’administration, a publié la déclaration suivante :

«La reprise économique est en cours, mais elle reste fragile, et les perspectives sont assombries par une situation sécuritaire difficile et le risque d’une épidémie

Ébola. De graves manquements dans la gestion des finances publiques ont causé des retards dans la première revue du programme appuyé par le FMI et la fourniture d’aide au budget général. Afin de rétablir la confiance des entreprises,

des consommateurs et des bailleurs de fonds, il est essentiel de durcir l’application des règles budgétaires et de passation de marché, en s’appuyant sur les résultats

des audits officiels récents.

«La loi de finances 2015 remet les finances publiques sur une trajectoire soutenable. Elle met l’accent à juste titre sur la mobilisation des recettes, les

dépenses prioritaires en faveur de la croissance et du développement humain, et le recours limité au financement intérieur, laissant de la place au financement

bancaire du secteur privé.

«Il est urgent de redoubler d’efforts pour renforcer la gestion des finances publiques. Les réformes de la politique et de l’administration fiscales doivent être

accélérées pour accroître le produit de l’impôt. Un contrôle plus étroit des dépenses, soutenu par une meilleure gestion de la trésorerie, aidera à prévenir

l’accumulation d’arriérés. Une conclusion de l’audit des arriérés intérieurs et l’apurement rapide de ces arriérés favoriseront la reprise économique.

«Il est essentiel de mener des réformes visant à améliorer le climat des affaires afin

de rehausser les perspectives de croissance à moyen terme au Mali. Dans la période à venir, il sera crucial de poursuivre le renforcement du système financier,

d’alléger les contraintes administratives pour les contribuables, d’assainir les finances de la compagnie d’électricité et de lutter contre la corruption.»

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ANNEXE IV

XI

Carte administrative du Mali

Cette carte a été établie par le personnel du Groupe de la BAD exclusivement à l’usage des lecteurs du rapport

auquel elle est jointe. Les dénominations utilisées et les frontières figurant sur cette carte n’impliquent de la part

du Groupe de la BAD et de ses membres aucun jugement concernant le statut légal d’un territoire ni aucune

approbation ou acceptation de ses frontières.